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Mise à nue – Une décennie d’action Rapport d’activités de la Fondation Main dans la main Mars 2016 Cela fait maintenant une décennie que la Fondation Main dans la main s’engage en Haïti à côté de ses partenaires. Et en 10 ans que de chemins parcourus, que d’évènements vécus, que de leçons apprises, que de découragements parfois, mais aussi d’espoirs, que de choses à raconter et à espérer... Pour marquer ce 10ème anniversaire, nous avons souhaité faire une « pause » en faisant le bilan durant l’année 2015 de ces 10 ans d’action pour améliorer le quotidien de milliers de famille. Il s’agissait de retracer le chemin parcouru, de le confronter aux intentions qui ont conduit à la fondation de Main dans la main et de questionner la stratégie suivie ainsi que l’impact de nos actions. Pour ce faire, nous avons pu compter sur le regard externe d’une experte haïtienne. A travers ce rapport, nous souhaitons partager avec vous le bilan de ce regard rétrospectif, les doutes qui nous habitent et les perspectives pour la prochaine décennie. Le 29 février 2004, le Président Jean-Bertrand Aristide fut renversé, pour la deuxième fois, par un regroupement hétéroclite d’acteurs haïtiens – société civile, bourgeoisie, intellectuels, macoutes, criminels de droit commun... – et une partie de la communauté internationale –Etats-Unis et France en tête. La demande de réparation pour l’esclavage et de restitution de la dette de l’indépendance payée par Haïti à la France pour dédommager les anciens colons français a joué le rôle de détonateur chez ces derniers. Des considérations géostratégiques ont ensuite achevé cette alliance entre des Etats soucieux de défendre avant tout leurs intérêts. La chute d’Aristide a marqué le début d’une période d’extrême violence. Les habitants de Port-au- Prince furent quotidiennement confrontés aux assassinats, viols, kidnappings, etc. Les auteurs et commanditaires de ces faits étaient autant des jeunes désœuvrés, que des politiciens et des membres de la bourgeoisie haïtienne. C’est également quelques mois après la chute d’Aristide, et le retrait des troupes étatsuniennes, que débarqua la Mission des Nations-Unies pour la Stabilisation en Haïti (MINUSTHA) et ses 9'000 soldats et policiers. Toujours présente à ce jour en Haïti, la MINUSTHA aura dilapidé des milliards de dollars, commis quelques exactions et su créer une rare unanimité au sein de la population contre elle. En 2006, après deux ans de gouvernement de facto et d’omniprésence de la communauté internationale dans les affaires d’Haïti, des élections démocratiques furent organisées. René Préval accéda pour la seconde fois à la présidence, et cela en dépit d’une tentative de fraude du pouvoir en place, avec la probable complicité d’acteurs étrangers, pour l’en empêcher. Encore une fois, le respect de la volonté populaire ne fut pas du goût de tous. En 2010, suite au séisme du 12 janvier, 19'000 soldats américains revinrent en Haïti pour prendre le contrôle de l’aéroport, des ports et sécuriser les intérêts des Etats-Unis. Cette Une décennie à la recherche de la démocratie

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Mise à nue – Une décennie d’action

Rapport d’activités de la Fondation Main dans la main

Mars 2016

Cela fait maintenant une décennie que la Fondation Main dans la main s’engage en Haïti à côté de ses partenaires. Et en 10 ans que de chemins parcourus, que d’évènements vécus, que de leçons apprises, que de découragements parfois, mais aussi d’espoirs, que de choses à raconter et à espérer...

Pour marquer ce 10ème anniversaire, nous avons souhaité faire une « pause » en faisant le bilan durant l’année 2015 de ces 10 ans d’action pour améliorer le quotidien de milliers de famille. Il s’agissait de retracer le chemin parcouru, de le confronter aux intentions qui ont conduit à la fondation de Main dans la main et de questionner la stratégie suivie ainsi que l’impact de nos actions. Pour ce faire, nous avons pu compter sur le regard externe d’une experte haïtienne. A travers ce rapport, nous souhaitons partager avec vous le bilan de ce regard rétrospectif, les doutes qui nous habitent et les perspectives pour la prochaine décennie.

Le 29 février 2004, le Président Jean-Bertrand Aristide fut renversé, pour la deuxième fois, par un regroupement hétéroclite d’acteurs haïtiens – société civile, bourgeoisie, intellectuels, macoutes, criminels de droit commun... – et une partie de la communauté internationale –Etats-Unis et France en tête. La demande de réparation pour l’esclavage et de restitution de la dette de l’indépendance payée par Haïti à la France pour dédommager les anciens colons français a joué le rôle de détonateur chez ces derniers. Des considérations géostratégiques ont ensuite achevé cette alliance entre des Etats soucieux de défendre avant tout leurs intérêts.

La chute d’Aristide a marqué le début d’une période d’extrême violence. Les habitants de Port-au-Prince furent quotidiennement confrontés aux assassinats, viols, kidnappings, etc. Les auteurs et commanditaires de ces faits étaient autant des jeunes désœuvrés, que des politiciens et des membres de la bourgeoisie haïtienne. C’est également quelques mois après la chute d’Aristide, et le retrait des troupes étatsuniennes, que débarqua la Mission des Nations-Unies pour la Stabilisation en Haïti (MINUSTHA) et ses 9'000 soldats et policiers. Toujours présente à ce jour en Haïti, la MINUSTHA aura dilapidé des milliards de dollars, commis quelques exactions et su créer une rare unanimité au sein de la population contre elle.

En 2006, après deux ans de gouvernement de facto et d’omniprésence de la communauté internationale dans les affaires d’Haïti, des élections démocratiques furent organisées. René Préval accéda pour la seconde fois à la présidence, et cela en dépit d’une tentative de fraude du pouvoir en place, avec la probable complicité d’acteurs étrangers, pour l’en empêcher. Encore une fois, le respect de la volonté populaire ne fut pas du goût de tous.

En 2010, suite au séisme du 12 janvier, 19'000 soldats américains revinrent en Haïti pour prendre le contrôle de l’aéroport, des ports et sécuriser les intérêts des Etats-Unis. Cette

Une décennie à la recherche de la démocratie

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invasion militaire fut complétée par la suite par une invasion d’une autre nature, celle des ONG. L’anarchie qui prévalut lors de cette vaste opération humanitaire et les milliards qui furent engloutis pour des résultats fort contestables feront, à n’en pas douter, dates dans les annales de l’histoire humanitaire. Ce qui aura le plus frappé sur la route vers la démocratie, c’est la mise à l’écart de l’Etat haïtien, aussi faible fût-il, et des acteurs locaux en général dans les processus décisionnels. A ce jour, la « reconstruction » est devenue un mot vidé de tout son sens en ne se rapportant plus qu’au souvenir d’un espoir perdu de voir une nouvelle Haïti renaître… de ses décombres.

En octobre 2010, la population haïtienne fit l’amère découverte du choléra. Inconnu jusque-là en Haïti, il fut importé par un contingent de la MINUSTHA. A ce jour, l’épidémie continue de faire des victimes et son éradication ne semble pas être pour demain. Quant à l’ONU, elle refuse toujours de reconnaître sa responsabilité dans ce désastre, malgré les preuves scientifiques accumulées depuis. Et si une action en justice est en cours en vue d’un dédommagement des victimes, il est fort à parier que l’ONU réussira à se cacher derrière son immunité diplomatique ou tout autre artifice juridique. La lutte contre l’impunité n’est pas qu’une affaire de poursuites judiciaires contre des dictateurs !

En janvier 2011, Jean-Claude Duvalier surprend son monde en revenant en Haïti après 25 ans d’exil en France. Quelques jours après son arrivée en Haïti, Jean-Claude Duvalier est brièvement arrêté, puis assigné à résidence en raison de poursuites pour crime contre l’humanité et détournement de fonds publics. Malheureusement, il décèdera en octobre 2014 sans avoir eu à rendre compte à la nation. Pis encore, Jean-Claude Duvalier a joui d’une incroyable liberté durant ces 3 années en étant invité par le Président Martelly à siéger à ses côtés lors de célébrations officielles. Sans l’intervention d’organisations de défense des droits de l’homme, ce dernier lui aurait même offert des funérailles nationales. Et pour couronner le tout, Duvalier a même été nommé en 2011 parrain d’une promotion d’étudiants en droit ! L’amnésie qui frappe Haïti et sa jeunesse est des plus inquiétante et est le fruit des jeux politiques de ce quart de siècle de transition démocratique.

En mai 2011, Michel Martelly réussi ce qui jusqu’alors semblait improbable, devenir le nouveau Président d’Haïti. Arrivé troisième seulement du premier tour, il parvient, après des manifestations à Port-au-Prince et une intervention de la communauté internationale, à se hisser au deuxième tour de la présidentielle et à coiffer au poteau sa concurrente directe. Si la probité de cette élection laisse à désirer, ses conséquences auront été tout aussi dommageables pour l’avènement d’une véritable démocratie. En 5 ans de mandat, Michel Martelly n’est pas parvenu à mener la moindre élection à son terme.

Aujourd’hui, Haïti est empêtré dans des élections pour le renouvèlement des autorités locales, du parlement – députés et sénateurs – et assurer la succession à la présidence. Ce ne sont pas moins d’une centaine de « partis politiques » qui se sont affrontés lors des élections du 9 août et du 25 octobre et un peu plus de cinquante candidats pour la présidence. Résultat, le taux de participation fut respectivement de 18% et 30% – démontrant que la population n’y croit plus – une commission d’évaluation électorale a établi que la majorité des procès-verbaux étaient entachés d’irrégularités – démontrant que l’appareil électoral n’était pas prêt et qu’il y a eu des fraudes – le parlement n’est pas encore au complet en raison de l’annulation de certaines circonscriptions et le deuxième tour de la présidentielle et le premier tour des élections locales sont renvoyés à plus tard… Ces élections auront probablement été les plus mal organisées depuis la chute de Duvalier en 1986.

Si le bilan de la transition démocratique paraît bien sombre en ce début de millénaire, il importe toutefois de garder en tête que nos démocraties d’aujourd’hui sont le fruit de décennies, voire de siècles de luttes, que leurs avènements ont été émaillés de multiples entorses et que nous aussi nous avons connus quelques moments sombres ! Il importe donc de laisser le temps au temps, même si cela peut générer frustrations et colères.

Que peut donc bien faire une petite fondation comme Main dans la main dans un pays où les vicissitudes ne cessent de se succéder ? Au-delà de l’instabilité politique, ces dernières années auront été marquées par une incroyable succession de catastrophes : quelque douze cyclones sont passés par là, auxquels est venu s’ajouter un séisme destructeur et une sécheresse persistante depuis maintenant trois bonnes années. Et comme cela ne suffisait pas, voilà que des épidémies importées – choléra, chikungunya et maintenant zika – sont encore venues se greffer aux aléas de la nature.

Une décennie de tribulation sur la route de lendemains meilleurs

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Main dans la main a pour vocation à s’engager dans des projets de développement, que ce soit à travers la microfinance, la protection de l’environnement ou encore l’éducation. Mais tous ces évènements ont contraint plus d’une fois la Fondation à s’investir dans des actions d’aide d’urgence. Ces situations ont mobilisé une énergie et des ressources considérables tant de notre côté que de celui de nos partenaires, nous éloignant, malgré nous, de nos objectifs de développement. Mais comment ne pas intervenir dans ces situations ? Comment ne pas s’engluer dans une urgence permanente ? Et dans un tel contexte, comment réussir à planifier avec nos partenaires une véritable politique de développement ? Cette dernière question se pose avec d’autant plus d’acuité que le Nord d’Haïti attend avec angoisse un séisme annoncé par les sismologues pour un futur relativement proche, et que l’ensemble de la Caraïbe, en raison du réchauffement climatique, devra faire face à l’avenir à une augmentation de la fréquence et de la puissance des cyclones. Un difficile équilibre doit être trouvé entre ce que nous savons faire, ce que nous voulons faire, ce que nous devons faire et ce que nous ne pouvons faire. Malgré l’âpreté de la tâche, nous continuons à croire que notre action a été et continuera à être salutaire pour des milliers de personnes. A travers notre engagement et celui de nos partenaires, ce n’est certes pas l’avenir du pays qui est en jeu, mais plus fondamentalement celui d’hommes et de femmes en quête d’une dignité dans leur quotidien.

Une décennie d’action en faveur de milliers de familles

2004 : La tempête Jeanne inonde la ville des Gonaïves faisant plus de 3'000 morts.

2008 : Quatre cyclones – Fay, Gustave, Hanna et Ike – s’abattent sur Haïti et inondent de très nombreuses régions.

2010 : Un tremblement de terre tue plus de 220'000 personnes et fait plus de 1,5 million de sinistrés.

2010 : L’épidémie de choléra a touché à ce jour plus de 750'000 personnes et emporté plus de 9'000 d’entre elles.

2010 : Le cyclone Toma frappe le Sud d’Haïti et emporte avec lui de nombreuses maisons et récoltes à venir.

2012 : Les cyclones Isaac et Sandy ravagent de nombreux jardins et tuent une centaine de personnes.

2012-2015 : Une sécheresse sévit depuis 3 ans dans le Nord d’Haïti. Les pertes des récoltes se montent à certains endroits à plus de 80%. Les populations rurales sont confrontées à une situation alimentaire critique et un appauvrissement croissant.

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Le KOFIP en chiffre au 30 septembre 2014.

1158 MUSO composées de 31'064 membres – 18'454 femmes et 12'610 hommes.

Une épargne collectée et prêtée aux membres s’élevant à 2'187'036 USD

Un fonds d’aide d’urgence au service des membres et constitué à travers leurs cotisations de 390'814 USD

Un fonds de refinancement du KOFIP pour les projets entrepreneuriaux qui se monte encore, malgré les pertes liées aux catastrophes récurrentes, à 377'538 USD.

Microfinance – Les Mutuelles de Solidarité

Depuis ses débuts, Main dans la main a soutenu le Collectif du Financement Populaire (KOFIP). Une longue histoire nous unit au KOFIP. Ce dernier a pu compter sur l’engagement sans faille de Paola Iten dès sa création en 1996. Lors de ses cinq premières années, le KOFIP aura vu naître 300 à 400 groupes d’épargne et de crédit, appelés Mutuelles de Solidarité (MUSO), dans quatre départements d’Haïti. Ces MUSO, généralement établies en milieu rural, auront permis à des milliers de femmes et d’hommes d’accéder pour la première fois de leur vie à des services financiers élémentaires et à échapper à la mainmise des usuriers.

Entre 2001 et 2003, le KOFIP arrêta toute activité. Si toute l’administration du KOFIP fut mise en stand-by, la plupart des MUSO ont en revanche perduré, démontrant ainsi la durabilité de ces structures au-delà de l’intervention du KOFIP. C’est entre janvier 2003 et septembre 2004 que Nicolas Gachet et Paola Iten décidèrent de reconstruire le KOFIP. Cet intense travail permit de relancer le KOFIP sur des bases plus démocratiques et plus pérennes.

C’est donc tout naturellement que nous avons, dès 2005, activement soutenu le KOFIP. Au départ, ce soutien fut bien évidemment pécuniaire – financement des formations en gestion de MUSO et gestion entrepreneuriale, de fonds de crédits pour les membres des MUSO, des bureaux du KOFIP – mais pas seulement ! Encore en pleine structuration, le KOFIP aura également pu compter sur un important appui technique et institutionnel de la fondation qui, au fil des années, porta ses fruits. Non seulement le KOFIP a étendu sa gamme de services, notamment financiers en multipliant le type de crédits proposés, mais surtout, il est aujourd’hui totalement autonome dans sa gouvernance. Et si nous restons un fidèle partenaire financier, le KOFIP a réussi à gagner la confiance d’autres bailleurs, lui permettant de compter à présent sur leur appui pour développer ses services et l’impact de son intervention.

Tout ceci s’est traduit sur le terrain par l’établissement d’un vaste réseau de MUSO réparti à travers les 10 départements du pays. A ce jour, le KOFIP compte dans son réseau près de 1200 MUSO et offre des services financiers et non-financiers à plus de 31'000 membres, dont 60% sont des femmes. Avec un tel réseau de MUSO et des crédits offerts jusqu’au fin fond du pays pour, par exemple, l’achat de semence, de bêtes de somme ou encore la commercialisation de produits agricoles le KOFIP est aujourd’hui un acteur incontournable de la microfinance rurale en Haïti.

A l’avenir, nous poursuivrons notre engagement en faveur du KOFIP. Il s’agira principalement de continuer à soutenir la structuration du KOFIP et à financer des formations pour améliorer les compétences des membres des MUSO. D’autres formations, dispensées par des partenaires de Main dans la main, pourraient également être financées afin de profiter des synergies et avoir un impact le plus global possible. Finalement, les moyens dont nous disposons ne nous permettent pas de constituer des fonds de crédits susceptibles de financer le développement de véritables filières agricoles et ainsi permettre une réelle augmentation des revenus des populations rurales. Nous continuerons donc à chercher à initier des collaborations entre le KOFIP et d’autres bailleurs susceptibles de le faire.

Réunion des membres d’une MUSO. Mulet acheté grâce à un crédit du KOFIP.

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Assainissement – Les micro-organismes efficaces (EM)

Les micro-organismes efficaces (EM) furent introduits pour la première fois en Haïti en 2004 par Paola au Centre Catholique pour la Formation à la Protection de l’Environnement (CCFPE), à Bassin Magnan près des Gonaïves. A cette occasion, des groupes de jeunes ont appris à utiliser cette solution fermentée avec de la canne à sucre aussi bien pour l’agriculture que pour l’assainissement des latrines. Une première utilisation à grande échelle fut menée au début 2005. Il s’agissait alors de tester l’EM pour neutraliser les odeurs pestilentielles qui se dégageaient des ordures amassées en dehors de la ville des Gonaïves suite au passage du cyclone Jeanne et rendre ainsi l’environnement plus salubre. En 2008, suite au cyclone Hanna qui frappa à nouveau les Gonaïves, l’EM fut à nouveau expérimenté dans des écoles, des hôpitaux et même la prison pour désinfecter et libérer les lieux de la puanteur régnante.

Une année plus tard, dans le cadre d’un programme de crédits octroyés par le KOFIP pour l’achat d’ânes et de mules, l’utilisation de l’EM pour soigner les animaux fut testée et enseignée à des agents vétérinaires membres de MUSO. Ces derniers ont pu ensuite veiller à la bonne santé des bêtes de somme acquises dans le cadre de ce programme et aux animaux d’élevage. Les agents vétérinaires ont ainsi réussi à grandement limiter les pertes d’animaux de suite de maladie et à soigner rapidement les bêtes blessées.

Fort de notre expérience aux Gonaïves, de très grandes quantités d’EM furent rapidement utilisées après le séisme de 2010 dans les rues et sur les décombres, comme à l’Université de Port-au-Prince, afin de lutter contre les odeurs des corps en putréfaction et désinfecter les lieux. Ce sont également plus de 80 camps de sinistrés qui bénéficièrent de distributions régulières d’EM pour garantir un minimum de salubrité dans les douches et latrines. Par la suite, des collaborations furent établies avec les autorités publiques – Ministère de la Santé Publique, Ministère de l’Environnement, Service Métropolitain de Collectes des Résidus Solides et Ministère de l’Environnement – notamment pour traiter la décharge de Truitier et ses lacs fécaux. Le succès de ces expériences à grande échelle a conduit Mains-Unies à établir en 2013, en collaboration avec David Steiger, ingénieur agronome, spécialiste de l’EM et membre de la fondation, un ambitieux programme d’assainissement des lacs fécaux de Morne à Cabri et de Titanyen, des quartiers de sept communes de la zone métropolitaine ainsi que le renforcement des services d’assainissement de l’Etat haïtien (DINEPA). Cofinancé par la Chaîne du Bonheur, ce programme dû malheureusement être prématurément interrompu en raison de l’instabilité chronique des cartels de mairie nommés par le Président Martelly et l’absence de moyens alloués à la DINEPA pour entretenir les lacs fécaux de Titanyen et de Morne à Cabrit.

Au vu des résultats des expériences menées, nous poursuivrons nos efforts pour promouvoir cette technologie simple d’emploi et entièrement biologique pour assainir les latrines, les immondices et les égouts à ciel ouvert dans les écoles, marchés publics, quartiers populaires, etc. Et nous gardons bon espoir que le programme d’assainissement développé par Mains-Unies puisse être remis au goût du jour. Lorsque des nouvelles autorités communales et nationales auront enfin été élues, Main dans la main ne manquera pas d’aller frapper à la porte des Mairies, Ministères et Directions pour initier de nouvelles collaborations.

Accès à l’eau potable – Le système WATA

La problématique de l’accès à l’eau potable étant de première importance, Main dans la main a cherché dès 2008 une solution pour traiter l’eau. Grâce à divers contacts, nous avons fait connaissance avec le WATA, petit appareil permettant de produire en tout lieu des solutions chlorées à très bon marché. Estime Lorréus, membre de la Fondation, ainsi qu’une chimiste haïtienne, Alixe Pérard, ont été formées en Suisse à son utilisation. C’est en pleine réunion de préparation d’un projet avec Mains-Unies que le séisme de 2010 a surpris Paola et Alixe à Port-au-Prince. Contraintes par l’urgence, elles commencèrent dès le lendemain à utiliser les deux WATA à disposition pour traiter l’eau dans des camps improvisés.

Traitement à l’EM du lac d’excrétas de la décharge de Truitier.

Distribution d’EM dans les camps de sinistrés à Port-au-Prince.

Désinfection à l’EM de toilettes mobiles dans la commune de Cité Soleil.

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C’est en 2011, alors que l’épidémie de choléra atteignait son pic, que Mains-Unies commença son programme d’accès à l’eau potable dans les écoles. En collaboration avec l’Etat haïtien (Programme National des Cantines Scolaires) quelque 12'600 élèves de la capitale purent accéder à de l’eau potable. Malheureusement, le PNCS fut démantelé après l’élection de Michel Martelly. Des collaborations furent par la suite menées avec une trentaine d’écoles de l’Artibonite avec des résultats quelque peu décevants. Actuellement, Mains-Unies a choisi de concentrer ses efforts dans des écoles rurales du Nord-Ouest et de la Grand’Anse. Avec ces projets en cours, ce sont près de 10'000 élèves qui ont maintenant accès à de l’eau potable durant les cours.

L’expérience a montré que le WATA et les projets mis sur pieds sont malheureusement loin d’être des solutions parfaites. Sur le plan technique, la dégradation des solutions chlorée dans un laps de temps assez court ne va pas sans poser de problème pour le traitement de l’eau. Le besoin d’acheter en Suisse les réactifs pour tester les solutions chlorées et l’eau traitée est un deuxième problème majeur en vue d’une large diffusion de la méthode WATA. L’entretien des appareils et le respect des procédures pour la production des solutions et le traitement de l’eau sont deux autres problèmes importants. En outre, les projets mis en place garantissent un accès à l’eau potable seulement dans les écoles. Mais, si solution parfaite il doit y avoir, c’est celui d’un réseau d’eau potable arrivant dans chaque foyer et géré par les pouvoirs publics. Or, nous sommes loin d’une telle situation et le WATA reste pour l’heure la solution qui nous semble la plus adéquate pour opérer en milieu rural où il n’y a pas d’électricité et seulement quelques fontaines publiques.

Conscients de ces problèmes, il a été décidé d’investir davantage de ressources à l’avenir dans la formation et le suivi des écoles. Par ailleurs, des efforts seront également consentis pour sensibiliser les élèves et les populations locales en général à la problématique des maladies d’origine hydrique ainsi qu’à l’hygiène et l’assainissement. Des réflexions sont donc en cours pour que ces projets puissent compter sur l’appui d’agents de santé chargés de promouvoir de bonnes pratiques au sein de la population et garantir une meilleure utilisation de la méthode WATA. Il s’agira également d’impliquer les communautés locales pour définir les meilleures stratégies possible pour permettre un accès à l’eau potable non seulement dans les écoles, mais également dans les foyers des zones concernées. Finalement, nous espérons à moyen terme pouvoir produire localement les réactifs pour le contrôle des solutions chlorées et de l’eau traitée afin de ne plus dépendre d’une chaine d’approvisionnement peu propice à l’autonomie.

Aide d’urgence – Programme de la dignité humaine

Ce programme a été mis sur pied à la suite du séisme et la survenue de l’épidémie de choléra. En partenariat avec Mains-Unies, ce programme visait à offrir un minimum de dignité aux sinistrés et membres des réseaux de nos partenaires. Celui-ci s’est d’abord concentré sur les conditions de vie en matière d’hygiène et de salubrité des rescapés à travers l’utilisation de l’EM, à leur accès à l’eau potable grâce au système WATA et à la lutte contre la malnutrition à travers la distribution de mélasse de canne à sucre. Puis, avec l’irruption du choléra, la distribution de ces trois produits fut étendue aux membres des réseaux de nos partenaires. Afin de sensibiliser les populations aux causes, moyens de prévention et traitement du choléra, un livret d’information fut produit. Il fut largement diffusé sur le terrain sous format papier (5000 exemplaires) et au sein de nos réseaux sous format électronique. De larges quantités de Diarrix, un médicament naturel contre la diarrhée produit localement, furent également commandées et distribuées par nos partenaires.

En dépit du peu d’expérience en matière de distribution d’aide, le programme aura permis, grâce à la qualité des produits proposés, de sauver de nombreuse vie. Ainsi, après une phase de distribution gratuite, il a été décidé de commercialiser ces produits. Mais les succès ont été très variables. Il n’est pas toujours évident de

Initiation de Main dans la main à la méthode Wata.

Contrôle de l’hypochlorite par un enseignant.

Formation au traitement de l’eau d’enseignants dans des écoles rurales du Nord-Ouest.

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vendre des produits à des personnes qui les ont reçus gratuitement, ni d’établir une filière quand des dizaines d’autres ONG se relayent pour distribuer gratuitement durant quelques semaines ou quelques mois des produits de substitution. S’il est difficile de concevoir autre chose que des donations durant les phases critiques d’urgence, il est regrettable qu’elles se poursuivent sur le long terme, celles-ci conduisant à la mise en place d’un véritable système d’assistanat et de précarité. Il est donc indispensable que nous continuions à poursuivre nos efforts afin d’établir des filières de commercialisation de ces produits.

Sécurité alimentaire – Les mandallas

La technique du Mandalla fut introduite en 2009 auprès de notre partenaire Mains-Unis par un étudiant haïtien en agronomie de l’Earth University au Costa Rica. Séduite par cette technique de production agroécologique, Main dans la main décida alors de financer les premiers Mandallas afin d’apporter sa contribution à la problématique de la sécurité alimentaire. Les premiers Mandallas virent le jour dans l’Artibonite, puis d’autres suivirent dans le Nord-Ouest. Les premières implantations de Mandallas furent réalisées par David Steiger, également diplômé de l’Earth University, dans une logique de chantier-école afin de former des techniciens agricoles à cette technique agricole et à la permaculture. Actuellement, 14 Mandallas ont déjà été achevés et des fonds sont engagés pour la construction de Mandallas dans le Nord-Ouest.

Si les Mandallas se sont révélés être un succès à certains endroits, à d’autres les résultats furent plus mitigés et nécessitent de repenser en partie la démarche d’implantation et surtout d’appropriation par les communautés rurales. Bien que ce type de jardin soit parfaitement adapté à la production agricole familiale, divers obstacles s’opposent à une dissémination plus rapide. Tout d’abord, les agriculteurs ne disposent pas toujours d’un terrain à proximité d’une source d’eau indispensable pour alimenter le bassin et irriguer le jardin. Afin de résoudre partiellement ce problème, des tests de pompes hydrauliques ont été menés avec plus ou moins de satisfaction. Ensuite, il est indispensable d’offrir aux familles une solide formation en matière de maraîchage, de pisciculture et d’irrigation pour qu’elles acquièrent des compétences qui, bien souvent, leur font défaut.

Malgré la difficulté de la tâche, nous continuons à croire que cela vaut la peine de s’investir pour tenter d’ouvrir de nouveaux horizons aux populations rurales du Nord-Ouest. Cette technique continuera à être promue, notamment auprès des organisations paysannes partenaires. Il est toutefois indispensable de résoudre les problèmes d’appropriation par les familles de la technique du Mandalla. Un important investissement en matière d’accompagnement est donc nécessaire. Pour ce faire, Main dans la main peut maintenant compter sur un jeune agronome haïtien, également formé à l’Earth University, qui a accepté de s’engager dans ce projet et cela malgré les conditions de vie particulièrement spartiates auxquelles il est confronté. Quant à la question de l’accès à l’eau elle est d’autant plus sensible avec la sécheresse qui sévit actuellement dans le Nord-Ouest. La poursuite de la construction de lacs collinaires engagée depuis cinq ans par l’Etat pourrait toutefois apporter plus qu’une simple goutte d’eau pour améliorer la situation.

Lac collinaire construit par l’Etat dans le Nord-Ouest.

Jardin à proximité d’un lac collinaire dans le Nord-Ouest.

Les lacs collinaires permettent aux jardins à proximité d’être irrigués.

Construction d’un mandalla par l’organisation paysanne Tèt Kole en souvenir de Jean-Marie Vincent.

Le bassin du mandalla sert à l’irrigation et à la pisciculture.

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Aide humanitaire – Soutien aux écoles communautaires du Nord-Ouest

Depuis 2012, Main dans la main soutient une vingtaine d’écoles communautaires du Nord-Ouest. Ces écoles sont financées par les membres des mouvements de paysans Organisation de Développement Raymond (ODLR) et Union des Paysans Tèt Kole de Mahotière (UPTKMA). En raison de la sècheresse persistante et de ses conséquences en matière de production agricole, les parents de la zone tendent à retirer leurs enfants de l’école. Quant à ceux qui poursuivent les cours, ils peinent à rester attentifs le ventre vide. Un soutien nutritionnel a donc été mis en place pour réduire le taux d’abandon et d’échec scolaire. Ce sont environ 1'500 enfants qui reçoivent une collation faite de galettes de manioc agrémentées de beurre d’arachide et de mélasse de canne à sucre ou de poudre de Moringa tous issus d’une production haïtienne. Grâce à celles-ci, le taux d’abandon scolaire a pu être contenu et le niveau d’attention durant les cours maintenu. Afin de renforcer le soutien à ces écoles, les enseignants ont également reçu une formation pour la production et l’utilisation de solution chlorée pour le traitement de l’eau, ainsi qu’à l’utilisation de l’EM pour l’entretien des latrines afin de lutter contre l’épidémie de choléra.

Actuellement, l’aide alimentaire s’essouffle, faute de donateurs, et nous souhaiterions surtout pouvoir passer à une perspective de développement. Ainsi, nous avons demandé aux organisations paysannes de nous soumettre des propositions de projets agricoles qui pourraient répondre aux besoins de ces écoles.

Sécurité alimentaire – Le Moringa

Depuis environ trois ans, les Haïtiens (re)découvrent les vertus du Moringa. Cet arbre, dont les propriétés nutritives semblent prodigieuses, a retenu l’attention de nombreuses personnes aussi bien en Haïti que dans d’autres pays du Sud. Outre ses propriétés nutritives, le Moringa a pour particularité de pousser rapidement et d’être parfaitement adapté aux zones chaudes et arides. De cette (re)découverte naissent de grands espoirs dans la lutte contre la malnutrition, en particulier dans les zones touchées par la sécheresse.

Les organisations paysannes ODLR et UPTKMA recourent déjà à la poudre de Moringa dans le cadre des collations offertes aux écoles communautaires du Nord-Ouest. UPTKMA souhaiterait à l’avenir promouvoir la culture du Moringa et son utilisation à grande échelle afin de non seulement lutter contre les problèmes de malnutrition, mais également de développer de nouvelles sources de revenus pour les agriculteurs. Le marché tant au niveau international que national semble en effet être plutôt prometteur. Notre partenaire Mains-Unies a d’ailleurs déjà commencé à le vendre sur le marché local.

A l’avenir, nous poursuivrons nos efforts dans la transmission de connaissances et de savoir-faire en matière de production, transformation et utilisation d’aliments produits localement et pouvant contribuer à la lutte contre la malnutrition comme le Moringa ou la mélasse de canne à sucre. Il s’agira surtout d’agir afin de développer de véritables filières de commercialisation de ces produits pour toucher un maximum de personnes et permettre aux agriculteurs de trouver de nouvelles sources de revenus.

Education – Bourses d’études

Dès ses débuts, la fondation a financé un programme de bourses d’études géré par le Centre Haïtien de Recherche et de Développement (CHRD) pour les enfants des victimes du massacre de Jean-Rabel où, en 1987, au moins 139 paysans furent tués par des groupes paramilitaires et des macoutes à la solde de grands propriétaires terriens. Afin de permettre à leurs enfants de s’insérer professionnellement, des bourses leur ont été accordées pour leurs études classiques et leur formation professionnelle. Ce soutien a permis à des

Des femmes membres de Mutuelles de Solidarité achètent du manioc, le râpent et préparent des galettes pour les écoles.

Collation pour les élèves faite de mélasse de canne à sucre, de galettes de manioc, beurre d’arachide et poudre de Moringa.

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centaines de jeunes d’achever une formation et fut une entreprise de longue haleine – ce programme recevait déjà le soutien de Paola avant le début de la fondation – qui pris fin en 2012.

Au terme de ce programme, la fondation décida de mettre fin à son soutien pour ce type de bourse, en raison, d’une part, d’un investissement temporel trop important – une dizaine d’années par étudiant –pour lequel nous ne pouvions nous engager et, d’autre part, d’un questionnement éthique – sur la base de quel principe d’équité choisir les bénéficiaires de ces bourses ? En lieu et place, la fondation finance dorénavant des bourses pour des formations continues de courtes durées permettant l’acquisition de compétences techniques pouvant ensuite être directement transposables sur le terrain. Dans certains rares cas, des bourses ont également été accordées à des étudiants en dernière année de leurs études universitaires. Mais quel que soit le type de bourse offert, à chaque fois elle se fonde sur le même principe. La bourse est octroyée sous la forme d’un prêt, qui ensuite est remboursé non pas sous une forme monétaire, mais à travers un travail de terrain réalisé au profit de l’un de nos partenaires. Par exemple, un jeune ayant terminé ses études d’agronomie grâce à une bourse doit maintenant offrir l’équivalent de 12 mois de travail à mi-temps à l’organisation paysanne UPTKMA. Ce travail lui permet de s’acquitter de son dû tout en acquérant une première expérience professionnelle. Parallèlement, UPTKMA profite d’un soutien technique qu’ils n’auraient pu s’offrir s’ils avaient dû rémunérer ce travail.

Grâce aux soutiens – occasionnels ou réguliers – de centaines de personnes et d’organisations établies en Suisse, en Allemagne, en Belgique et aux Etats-Unis, la Fondation a pu financer les projets du KOFIP, de Mains-Unies, du CHRD, de la Fondation Jean-Marie Vincent, du GATAP, du CPRAH, de COTELAB, ADRUH et des organisations paysannes Tèt Kole, UPTKMA, ODLR et REMUSOV.

Année Economie Microfinance

Social Bourses – Eau

potable – Soutien nutritionnel

Environnement EM – Mandalla –

Moringa

Information et administration

Total En CHF

2005 247.69 247.69

2006 64'529.70 9'638.24 8'784.00 3'546.95 86'498.89

2007 32'816.68 23'319.47 13'069.68 732.60 69'938.43

2008 74'940.50 13'492.85 9'126.55 6'300.52 103'860.42

2009 27'426.10 14'408.37 25'931.60 2'519.05 70'285.12

2010 133'393.10 66'831.80 118'684.35 11'616.08 330'525.33

2011 82'040.33 103'339.95 61'487.15 14'625.33 261'492.76

2012 56'404.23 74'220.32 131'588.12 8'989.91 271'202.58

2013 19'877.29 74'550.76 73'235.79 13'953.34 181'617.18

2014 43'551.55 48'236.80 48'179.15 6'484.97 146'452.47

Total

en CHF 534'979.48 428'038.56 490'086.39 69'016.44 1'552'120.88

Et en chiffres, ça donne quoi ?

Notre partenaire Mains-Unies a accompli avec des élèves et des jeunes un formidable travail de reboisement à Bassin Magnan près des Gonaïves. En l’espace de dix ans, les mornes dénudés ont retrouvé une très belle couverture végétale.

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Décompte financier pour la période du 16 novembre 2014 au 15 novembre 2015

Entrées Sorties Fonds reçus 168'467 CHF Fonds pour les projets 98'317 CHF Frais administratifs 6'256 CHF

Total 104'573 CHF

Nous voilà maintenant entrés dans notre 2ème décennie ! Quelles leçons retenir de la première ? Qu’attendre de la deuxième ? Notre travail de développement a été entrecoupé de crises – environnementales, sanitaires, politiques – à répétition. Ces dix premières années se sont bien souvent apparentées au mythe de Sisyphe. Et rien ne semble laisser présager que cette prochaine décennie sera un long fleuve tranquille. Des moments de découragement nous accompagneront certainement dans cette quête de lendemains qui chantent. Mais Rome ne s’est pas bâtie en un jour ! Ni nos démocraties d’ailleurs ! Restons donc à l’écoute de nos partenaires pour

Engagements de Main dans la main en 2015

Partenaires Projets Dépenses en US $

CHRD : Centre Haïtien de Recherche et de Développement

Bourses d’études : formation initiale

Bourses d’études : formation continue

12'000 5'571

FJMV : Fondation Jean-Marie Vincent

Publication de brochures en créole, français et anglais à la suite de la commémoration du 20ème anniversaire de l’assassinat de Jean-Marie Vincent et mise à jour du site Internet de la FJMV

5'262

KOFIP : Collectif du Financement Populaire

Formation et crédits pour les Mutuelles de Solidarité

Soutien au bureau national du KOFIP dans le cadre de sa stratégie de renforcement institutionnel

5'294 15'000

MAINS-UNIES : Programme d’accès à l’eau potable dans les écoles

Soutien à un projet de réchauds alternatifs (pyrolyse)

Programme de la dignité humaine (mélasse de canne à sucre)

Soutien au bureau de coordination à Port-au-Prince

6'318 3'000 3'945 3'548

Organisations paysannes dans le Nord-Ouest (ODLR, UPTKAM, ADRUH, …)

Formation à l’agro-écologie et suivi des jardins Mandalla

Soutien nutritionnel dans 20 écoles communautaires

Réfection d’un toit d’une école communautaire

Achat de bancs et bureau pour des écoles communautaires

Soutien au renforcement d’organisations paysannes

15'497 19'520

1'260 812

1'290

TOTAL en US $ 98'317

Perspectives pour la prochaine décennie

Prix décerné par la Ville de Winterthur pour notre action en faveur de l’accès à l’eau potable.

Stand d’information sur Haïti et notre action au Forum Life Faire en 2010 à Zürich.

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poursuivre notre engagement afin d’améliorer l’accès à des services financiers, à l’eau potable, à des techniques agricoles écologiquement et économiquement viables, à un environnement sain, à … Ce que Main dans la main et ses partenaires peuvent apporter peut sembler bien peu de choses au regard de la situation du peuple haïtien. Mais ces peu de choses suffisent pour que des familles retrouvent une certaine dignité !

Tout au long de l’année 2015 nous nous sommes questionnés sur ce passé et surtout avons cherché à dégager des pistes pour l’avenir. Le regard externe à la Fondation d’une experte haïtienne fut salutaire pour percevoir au mieux les réussites et les échecs de nos actions, les limites et les opportunités, et définir des lignes directrices pour cette prochaine décennie. Il a ainsi été entendu que Main dans la main cherchera à :

Concentrer son appui sur quelques départements afin d’éviter un certain éparpillement qui a pu avoir lieu dans le cadre de certains programmes ;

Développer davantage les synergies entre les actions de nos partenaires pour proposer des projets intégrés afin que les communautés concernées puissent percevoir de réels changements au quotidien ;

Renforcer la participation dans l’élaboration de projet et laisser davantage d’initiative aux mouvements de base pour développer des projets répondant mieux à leurs aspirations et moins à ce que nous imaginons être les leurs ;

Collaborer autant que faire ce peu avec les pouvoirs publics dans les secteurs où ils sont directement concernés, comme l’assainissement, pour pérenniser nos actions et contribuer à l’indispensable renforcement de l’Etat haïtien ;

Continuer à faire le lien entre des bailleurs de fonds dotés de ressources financières plus importantes et/ou des organismes de développement disposant d’une plus grande expertise que nous et nos partenaires pour leur permettre de réaliser leurs projets.

Allant dans ce sens, un vaste projet de développement communautaire dans le Nord-Ouest est en gestation en collaboration avec des organisations paysannes, des Haïtiens de la diaspora souhaitant rentrer au pays et la jeunesse des zones rurales concernées. Nous espérons que cet ambitieux projet saura redonner espoir aux jeunes générations qui vivent en milieu rural et qui, bien souvent, ne rêvent que de capitale, voire d’exile.

Nous continuerons à vous tenir informer de la situation en Haïti, de l’avancement de nos projets avec leurs hauts et leurs bas à travers nos bulletins d’information et d’échanges formels et informels. A ces occasions nous nous engageons à faire preuve de la plus grande transparence tant sur l’engagement des fonds qui nous aurons été confiés, que sur les doutes qui nous habites et les espoirs qui nous font vivre.

Nos remerciements les plus sincères à toutes celles et tous ceux qui ont cru en nos partenaires et nous ont appuyés au cours de ces 10 ans. Ensemble, continuons à œuvrer pour qu’un autre Haïti soit possible !

Paola Iten Présidente

Nicolas Gachet Responsable des projets

N.B. Une attestation de don est envoyée au mois de janvier

Pour plus d’informations: www.solinos.ch/Organisationen/hand_in_hand/hand_in_hand.html

Coordonnées postales et bancaires Compte postal : Stiftung Hand in Hand 85-98306-4

Banque Alternative ABS Olten : IBAN CH81 0839 0222 6710 0100 1 ; Clearing 8390

En Euro : Banque Raiffeisen Zürich, IBAN CH68 8148 7000 0078 4647 1, SWIFT-Code RAIFCH 22

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Microfinance

Environnement - agriculture

Social

Mandalla – Moringa –

EM - Drainage

Assainissement –

Gestion des déchets

Mutuelles de solidarité

Accès à l’eau potable –

Lutte contre le choléra

Soutien nutritionnel

Bourses d’études

Projets de la Fondation Main dans la main