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92193 - n°11 - F : 4,00 RD Gérard DARMON Le chant du signe Alain DI CRESCENZO Le travail c’est sa santé Dossier Le CHOCOLAT Dossier Stéphane TRAPIER Le trait de la Biennale des Musiques Ibériques Printemps - été 2010 4

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92193 - n°11 - F : 4,00 € RD

GérardDARMONLe chant du signe

Alain DI CRESCENZOLe travail c’est sa santé

Dossier Le CHOCOLAT

Dossier Stéphane

TRAPIERLe trait de la Biennale

des Musiques Ibériques

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hers lecteurs, chers amis,

Comme je vous l’ai souvent confié, j’ai toujours hâte de voir sortir un nouveaunuméro de Mis’en Scène ; encore plus aujourd’hui… et ça s’explique : dans cette ambiance plutôt terne, mais qui tend à devenirplus rose (ça c’est mon côté optimiste ! ), j’essaie de trouver un peu d’oxygène et j’ose croire à chaque numéro, que Mis’en Scène est pour vous aussi, une source d’évasion…

Lors de ces multiples rencontres que nous permet le magazine, notre sensation commune reste la même :l’impression de rencontrer des personnes toujours différentes mais surtout… des personnes toujours exceptionnelles.Et ces rencontres, nous souhaitons vous les faire partager avec précision, au plus juste de nos émotions.J’espère qu’elles sont à la hauteur de vos attentes…

Vient le temps des remerciements…

Merci bien-sûr à Gérard Darmon, à Jacques Dutronc, un grand merci à Alain Di Crescenzo pour son accueil, sa disponibilité et son authenticité, merci à Olivier Sadran pour avoir su faire une exception en nous livrantun peu de lui… merci à Joël Collado, à Stéphane Trapier, à Manu, à Aurélien Bory pour la prise de vue,merci à David Berty, à M. Sallié de la chocolaterie Pillon qui nous a permis de nous infiltrerdans le laboratoire en période de préparation des fêtes de Pâques, merci à tous.

Un grand merci aussi à tous ceux qui contribuent tout simplement à faire que Mis’en Scène vive…

Et surtout merci à vous, fidèles lecteurs de nous laissez penser que la qualité est un gage de longévité.

Très bonne lecture.

Marie Eymond

Edito

5

C

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4 Edito

10 Le chant du signeGérard Darmon

16 Le travail c’est sa santé

Alain

Di Crescenzo

20 Ses truites au menu de l’Elysée,

ce n’est pas un poisson d’avril !

Danielle Bazelière

22 Le micro des ondesJoël Collado

24 Son silence est d’or

Olivier Sadran

27 Le cœur qui dériveen Garonne…Manu Larouy

28 Un Rapetoutqui touche

à toutVincent Moscato

30 Un extrajoujouqui fait encore crac boum hi

Jacques Dutronc

34 La décoration ?Une affaire de famille

Famille Schmit

36 Deux astres au firmament

Sylvie & Sébastien

Vauclair

40 La cave de rock fort

Gaëtan Roussel

Alain Di Crescenzo

“N’essayez pas de devenir unhomme qui a du succès. Essayezde devenir un homme qui a dela valeur”. Albert Einstein…

Manu Larouy

Manu Larrouy, trentenaire ténébreux et mystérieuxil ne confesse jamais son âge ettoulousain pure souche…

Jacques Dutronc

“Qu’est ce qu’un cynique, interrogeait Oscar Wilde, c’est unhomme qui sait le prix de toutechose, mais qui ne connaît…”

Gaëtan Roussel

L’ange et le démon. Les rockersont trop souvent cette tendancecapillaire à s’inhiber dans les eauxde ces deux personnages…

Som m a i r e

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aux

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8

42 Sclérose, viens que je te plaque

David Berty

45 Jeuneet déjà

de la bouteille Paul Fabre

46 Un drôle de marin face

aux eaux fortesDidier Castex

48 La science sur les Planches

Aurélien Bory

50 La cuisineen chantant

Jérôme & Christine

Navarre

52 Dessine moi l’absurde

Stéphane

Trapier

57 VOYAGENew-York

Amplitudes

60 REPORTAGE PHOTO

Le chocolat et la chocolaterie

Par Frédéric

Maligne

Som m a i r e

DIRECTRICE DE PUBLICATIONMarie EYMOND

REDACTEUR EN CHEFTristan NELSON

DIRECTION ARTISTIQUEAgence MCP

Marie EYMOND, Cécile ROBIN

ONT COLLABORE A CE NUMEROJean-Luc FEIXA

Cathy GALEY-LABAUTHEPhilippe GUIONIE

Frédéric MALIGNEOlivia MUNIERATristan NELSON

Hélène PAMBRUNCécile ROBINAline ROYER

MISE EN PAGE Agence MCP - Cécile ROBIN

CREDITS PHOTOGRAPHIQUES Philippe GUIONIE

MICHEL LABONNEFrédéric MALIGNEHélène PAMBRUN

Benni VALSON

SECRETARIAT COORDINATION TECHNIQUE

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David Berty

Les yeux d’un bel ovale s’immiscentà tâtons dans le camp du charme.Les mêmes qui, par contre sanslimitation de vitesse, dans l’élan…

Aurélien Bory

Un soir au théâtre, notre regardquitte la scène pour s’attardersur la centaine de spectateursqui contemple l’étrange…

Stéphane Trapier

Impossible de passer outre sesdessins et illustrations, qui descolonnes des journaux aux mursdes métros, plongent…

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GérardDarmon

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L e c h a n t d u s i g n eay Ban noires dans une salle noire. Provocou timidité ? On saura plus tard. Jean’s,bottes, pull et écharpe. La clop au bec et

ses volutes qui passeraient de sas en sas, comme sesélans qui l’entraîneraient vers d’autres riveraines, dansdiverses chambres noires où il révèlerait de l’étuve aublizzard ses faces pile d’artiste multicarte : as de piquecomédien épique, as de coeur chanteur crooner, asde trèfle sensible sur les planches, et sa dernière carte,as de carreau pari-héros d’entrepreneur dans la musique.Gérard Darmon, soixantaine, dégage une fausse indolencequi rappelle que la quiétude et la normalité sont toujours provisoires. En prime, il saittrès vite différer ce que l’on pourraitprojeter sur lui et en éloigner les contours. La preuve, quand ils’approprie le micro pour répéteravant son tour de chants sucré saléà Colomiers, il dégage une gestuelleGainsbourg fuyant le bonheur depeur qu’il ne se sauve. “Je n’ai jamaisvu Gainsbourg, j’ai une gestuellequi m’appartient, j’ai mes mimiques.Et puis Gainsbourg, je n’ai pas un millième de sontalent.” Provoc ou timidité? Né rue des Artistes, dans le14e arrondissement à Paris, eh oui, il n’y a pas dehasard, l’enfant en exil nocture faisait le mur visuelpour poser son regard comme une joue sur les imagesappétissantes de Gina Lollobrigida dans “Notre Damede Paris” et de Bardot dans le plus simple appareilqu’une petite serviette protégeait. Drôle de petit bonhomme, qui gosse dans les années soixante, avaitdéjà anticipé les divines idylles des ados des années2000 : “Je n’ai jamais rêvé d’être une rock star, acteur unpeu, mais surtout je voulais être footballeur professionnel.”La vie le taclera en plein dribble chaloupé, il ne serajamais Pelé ou Kopa. Alors, il s’en ira chasseur cueillirsur d’autres terrains. N’oubliant pas de semer commeun petit poucet dans le bois d’une existence rebelle

mais jamais canaille: la juste mandale filé à l’école àceux qui le traiteront de “sale juif”; son cocasse pastichedu jeu radiophonique de Zappy Max “Quitte ou double”en colonie de vacances en Bretagne alors qu’il n’a quedix piges, comme pour attirer vers lui, le timide, l’attention ; son exclusion du lycée en 3e pour avoirfait chanter “La Madelon” en cours de math; son passagebrillant dans une boîte à bac pour ne jamais passer lebac. Dans ses interstices de sa vie de bidasse sansfolie, Gérard Darmon s’en ira en mission littératureavalant du Musset, du Molière, du Marivaux, du Racine, jusqu’à l’indigestion. La soul music et la

découverte de la Motown lui faciliteront la digestion. Son arrêtbuffet dans une école d’art dramatiquelui avait ouvert cet appétit. Il s’osealors à aller au charbon chercher lahouille à la mine du Conservatoirenational d’art dramatique, et ouille,il est cassé par un jury qui lui signifiequ’il n’a pas le physique pour l’emploi.Morgue pleine, peine morne, il renaît de ses cendres pour allumer

le feu avec un pyromane d’avenir du spectacle, Jean-Michel Ribes. Il croisera la route d’autres bourlingueurs,Jean-Pierre Bacri, Philippe Khorsand et RolandBlanche. Nouvelle étoile sur toiles, le cinéma l’accueilleradans son ciel. Notamment le mâge Alexandre Arcadyet l’astre Claude Lelouch. Vit-il depuis le cinémacomme une famille? “Une famille, c’est un bien grandmot. Je n’ai fait partie d’aucune bande, ni celle deLelouch, ni celle d’Arcady. J’ai des amis dans lecinéma, comme dans la musique. C’est tout.” Bellegueule de gendre idéal sous sa toison capillaire grise,Gérard Darmon ne s’est pas positionné depuis 2003sur la portée musicale pour s’offrir une récréationdans la cour d’école artistique: “Je ne fais pas cela lesmains dans les poches bien au contraire. Certes c’estdivertissant, mais c’est un job.” Ne lui confiez pas non

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“Il n’y a pas de famille,

ni au cinéma, ni dans

la musique”

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plus qu’il est simplement chanteur pour dames enpanne ou encore crooner romantique : “Je ne marchepas aux étiquettes. Crooner romantique, je ne sais pasce que cela veut dire. Crooner, cela sonne d’ailleurs unpeu comme amateur. Par contre, je peux dire que jene suis pas un chanteur militant.” On sent bien queGérard Darmon, entre groove, rock, mambo, soul pulsée,ne cherche pas à prouver mais à éprouver. Entre leslignes de base, il intercale. “Je me refuse d’être dansun spectre restrictif.” Entre montré et dérobé, entreexhibition honnête et dissimulation coquine, celui quiavoue préférer Bob Dylan à Léonard Cohen, pour lasublime écriture du premier nommé, excelle. “J’aiconçu mon premier album avec la vieille gardecomme Roda-Gil mais aussi avec des jeunes loupsbrillants comme Sanseverino ou Camille Bazbaz.C’était un opus à textes. Mon second album était plusrécréatif, et ce dernier, je dirai qu’il est plus personnel.Je l’ai fait avec des très proches, Marc Lavoine et MarcEsposito. Il faut, et cela s’est vérifié, qu’il faut presquedix ans pour arriver à pondre un album très personnel.”Acquis de confiance après capital risques. Le chant dusigne. “C’est comme au théâtre, avec la dernière piècetirée du livre d’Ana Gavalda, j’ai pris une bonne dosede confiance.” Chantre de la diversité où cet amoureuxdes mots de l’écrivain Albert Cohen se plaît à forer lespuits de l’intime et du quotidien, Gérard Darmon vientd’ouvrir, avec d’autres passionnés, les vannes à unautre pipeline artistique: Allo Music, le premier siteeuropéen de toute la musique : “Il y a sur ce site toutce que vous voulez savoir ou écouter sur tous les genresmusicaux. Nous collectons toutes les news et les chatsdes artistes. Nous possédons un million et de demi de clips. C’est un chantier d’énorme envergure maisdiablement excitant. C’est un vrai boulot.” Comme lecinéma, la musique et le théâtre, où Gérard Darmoncombat sa timidité par des fausses provocations. UnGérard Darmon qui ne verrait pas qui pourrait bienjouer son rôle dans un biopic, mais qui confierait bienle volant de la caméra à “oui, pourquoi pas à PatriceLeconte ou peut-être à Tony Gatlif.”

S O N T O P F I V E M U S I C A L

Franck SinatraCharles AznavourGeorges BrassensClaude NougaroThe Beatles

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“Gainsbourg,

je n’ai pas un millième

de son talent”

Par Tristan Nelson

Photos : Philippe Guionie / Myop

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V u l c a i n b a r o u d e u r

Par Aline Royer - Photo : Philippe Guionie / Myop

n jean et bras de chemise, avec ses lunettesstructurées et son phrasé décontracté, Jean-PaulToutain est bien loin du scientifique stéréotypé,

austère et coincé. Normal me direz-vous, l’homme de 51 ans,physicien d’observatoire et spécialiste mondial des gaz volcaniques, est du genre baroudeur. Le Piton de laFournaise, le volcan Misti au Pérou, l’Etna, le Popocatepelmexicain… Jean-Paul Toutain a gravi les cimes de tous lesgrands volcans mythiques de la planète, s’écharpant lesgenoux sur la roche, suant à proximité de laves brûlantessous des ciels de fin du monde. “Jeune, on est d’abord attirépar la brutalité et le coté spectaculairedu phénomène. Ensuite l’implicationdans la surveillance et la préventionprend le dessus”, explique celui qui serêvait déjà en volcanologue à l’âge de10 ans, fasciné par le charisme et lesfilms d’Haroun Tazieff. “Il n’y avait aucunscientifique dans ma famille, alorsquand j’ai annoncé la couleur, tout lemonde m’a regardé avec des yeux ronds”, se souvient-il,amusé. Parisien d’origine bretonne, le Titi opta pour la fac desciences de la Terre à l’Université de Nanterre. Une thèse surles projections volcaniques et un premier tour du mondedes cratères plus tard, l’étudiant décrocha un post-doctoratà l’Observatoire du Vésuve à Naples, volcan “dormant” le plusinsondable et sans nul doute le plus menaçant de tous.“Ensuite j’ai été recruté à l’Institut de Physique du Globe deParis, avant de diriger quatre années durant l’Observatoiredu Piton de la Fournaise à la Réunion”. Rattaché depuis àl’Observatoire Midi-Pyrénées, qui abrite à Toulouse 1000 chercheurset une dizaine de laboratoires dédiés aux sciences de l’univers,Jean-Paul Toutain s’est fait une spécialité de la gestion desrisques. A ce titre, il dirige depuis 2004 le programme de coopération franco-indonésien, noué entre les deux paysdepuis 25 ans. Deux fois par an, il part en mission aider sesconfrères indonésiens à mieux contrôler les 120 volcans quifont de ce pays le plus vulnérable aux risques volcaniques.“Ce programme financé par l’Ambassade de France sert les

intérêts géostratégiques français, on ne développe pas cestransferts de compétences et de technologies par purebonté. Mais il a le mérite de faire avancer la recherche surl’instrumentation et la surveillance des volcans, là où enmétropole les sciences de la Terre ont de plus en plus de malà trouver des fonds publics.” Eviter la survenue de dramesapocalyptiques dans les Antilles, en Italie ou à Java, telle estl’obsession de ce chercheur CNRS, qui ne perd jamais de vueà quel point la civilisation humaine n’est que peu de choseface aux forces de la nature. “Attention, nous ne sommes nides têtes brûlées, ni des cow-boys qui, comme dans les films

montent sur un volcan, voient qu’il seréveille et courent alerter la population.Nous sommes juste des experts au ser-vice des gestionnaires de risques, etdonc des autorités.” Parallèlement,Jean-Paul Toutain effectue de fréquentsallers-retours sur les volcans italiens, oùil étudie les conséquences de leurdégazage dans l’atmosphère. “On sait

maintenant que les volcans émettent non seulement desgaz classiques type CO2 et dioxyde de souffre (SO2), mais aussides métaux lourds et polluants comme le mercure.”En Sicile,il tente ainsi de mesurer l’impact du dégazage de l’Etna quicrache en continu et hors éruption 10 000 tonnes de SO2 surla ville de Catane, métropole d’un million d’habitants au pieddu cratère. “L’Etna émet-il une quantité significative de mercurecomparé aux gaz d’échappements automobiles ? C’est unede nos interrogations.” Ce multi-instrumentiste passionné dejazz et de romans noirs balade souvent sa tribu lors de sesvoyages pas comme les autres. “Mes deux filles de 17 et 18 ansn’ont absolument pas l’esprit scientifique mais adorent venirsur les volcans, quant à ma femme, ethno-historienne, c’estaussi une nomade dans l’âme”. Après quinze ans dans la Villerose, le goût de l’aventure pourrait bien rattraper cet éterneljeune homme et lui donner rendez-vous sur de nouvellesterres inconnues.

“On est d’abord attiré par

la brutalité, le spectacle

phénoménal.

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essayez pas de devenir un homme qui adu succès. Essayez de devenir un hommequi a de la valeur”. Albert Einstein. Cette

frontière dialectique, Alain Di Crescenzo la franchitdepuis belle lurette. Et pourtant il suffit de substituerune lettre à son nom pour vite s’apercevoir à quellepointure du monde de l’entreprise on se frotte. Otezle Z pour un D, et son patronyme serait alors DiCrescendo. Crescendo comme la symphonie en utet en sol majeur de sa carrière. Il débranche vite lesamplis de la célébrité. Trop accroà la valeur travail. Aucune cure dedésintoxication ne pourrait sevrerson addiction. Une raison simple àcet état d’homme singulier.Comme Einstein, il sait que la vraievaleur d’un homme se détermined’abord en examinant dans quellemesure et dans quel sens il estparvenu à se libérer du Moi. En catimini, si on vous dit que lebonhomme est ingénieur de l’Ecole NationaleSupérieure des Arts et Métiers, titulaire d’un DEA deMathématiques Appliquées, de galons en expertisecomptable, PDG depuis 1988 du groupe IGE+XAO,un éditeur de logiciels destinés à la gestion de systèmeélectrique, membre du conseil de surveillance de laBanque Courtois, Président de la commission“International” de la Chambre Régionale deCommerce et d’Industrie de Midi-Pyrénées, Présidentdu Cercle d’Oc, Conseiller du commerce extérieur dela France… et puis ceci, et puis cela… et puis desprix et des nominations. Un monumental banc desardines qui boucherait le Port de Marseille, sa villenatale. Et ce n’est pas une galéjade que raconteraitPanisse en jouant à la belote avec Raimu. Reste qu’ila de quoi fendre le cœur des ratés des diplômes.Mais il ne se permettra jamais de juger les gens surles lignes de leur CV. Autrement, son passé viendrait

lui tirer les oreilles. Car pour lui, l’exigence n’a qu’unsynonyme le travail. “Tout ce qui est vraiment grandet inspiré n’a été réalisé que par des individus travaillant librement”. Einstein en version originale.”J’ai été élevé là dedans. C’est le poids agréable del’éducation. Mes parents n’ont pas fait d’études,mais ils ont sans cesse travaillé. Mon père m’a forgésur l’exigence et ma mère sur la générosité. Et mesgrands-parents sur les valeurs, le respect et le travail.Mon grand-père était pêcheur à Marseille. Avec lui,

j’ai vite compris” En express, mêmeet sans arrêt à la gare Saint-Charlesdans la cité phocéenne. “C’est vraique quand je suis rentré du servicemilitaire le 31 juillet 1988, j’aidébuté mon premier job le 1er août.Donc pas de vacances. Etaujourd’hui encore j’en prendstrès peu. Les seules que je prennes,je les passe avec ma famille, mafemme et mes trois garçons de 15,

11 et 5 ans. J’arrive à m’évader notamment en montagne. La journée, j’arrive à tout oublier, même si lesoir, en rentrant, je prends connaissance des dossiers, ets’il faut intervenir, j’interviens. J’aime aussi l’évasion parle golf. Toujours ce rapport avec la nature. Ah lanature…” Stakhanoviste du boulot, il n’est pourautant un forçat du résultat. Par contre, il peut êtrefrondeur pour celui qui dit : “Je refuserai toujours d’entendre de quelqu’un, ce n’est pas de ma faute, si…Je ne cesse de dire que si l’on respecte un parcours, on a aussi droit à l’erreur, mais il faut alors rapidementl’analyser pour ne pas la répéter ou trop vite démissionner”insistait ce cartésien sensitif. “ Je n’ai pas échoué , j’aitrouvé dix mille moyens qui ne fonctionnaient pas“soulignait Einstein, comme une particule élémentairede sa philosophie de vie. “Comme je dis à mesenfants, il faut dans la vie toujours être droit dans sesbottes et se regarder dans la glace. Tant que cela

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“Tant que ce n’est

pas fini, ce n’est

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n’est pas fini, ce n’est jamais perdu.” Une professionproférée qu’il fait foi comme un inéluctable : ”Nousaurons le destin que nous aurons mérité.” Alors endécathlonien des défis, il multiplie les efforts : “Des défis, j’en ai plein, et je les aime. Le défi familial,le défi de me rendre plus intelligent tous les joursavec cette devise : une âme saine dans un corps sain,même si je m’autorise quelques petits pêchés gourmands, le défi d’être un patron responsable de400 salariés et ce dans une entreprise depuis 23 ans,le défi d’accepter ses échecs, celui de savoir renvoyer la balle : le pourquoi de mon implicationdans la Chambre de Commerce et dans le Cercled’Oc.” Homme de convictions, il est aussi être decroyance. “Une personne qui n’a jamais commisd’erreur n’a jamais innové.” Einstein comme unrefrain pour sa chanson de gestes et d’actions.“Regardez ici à Toulouse, nous avons un tas de systèmes de bases avec les bonnes priorités. Nousavons le plus grand taux de chercheurs ; deux foissupérieur à la moyenne française . On a toutes lesbriques, il faut identifier comment les assemblerpour faire un champion. Je crise quand j’entendis direque Toulouse n’est pas une ville internationale. J’habiteà Pibrac, et quand je vais au marché le dimanche, j’entends parler allemand, anglais, espagnol…“ S’il aimela réaction, il fulmine contre l’inertie et l’inaction : “Je n’arrive toujours pas à comprendre comment àquelle vitesse, on a jugulé la crise économique etavec quelle inertie, on a laissé se passer la guerre enYougoslavie qui était à deux heures de chez nous.C’est là que je me dis tout de même que le mondesonne parfois faux.” Qu’en penserait Einstein qui disait : “J’ignore la nature des armes qu’on utiliserapour le troisième guerre mondiale, mais pour la quatrième, on se battra avec des bâtons et des pierres”.Reprenant ce propos au sommet du rebond, Alain Di Crescenzo avouait : “Si l’on me dotait aujourd’hui d’unpouvoir surnaturel, j’arrêterais la misère et la souffrancedans le monde”. Comme quoi, l’espace d’un instant, un cartésien pur jus peut se nourrir aussi d’illusion.

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“Des défis, j’en ai plein, et je les aime.

Le défi familial, le défi de me rendre plus intelligent tous les jours…”

Par Tristan Nelson

Photo : Hélène Pambrun

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ne voix tendre comme la chair d’une truite fario.A mâcher avec délectation sans la crainte del’intervention intempestive de l’arrête rebelle.

Danielle Bazellieres, salariée commerciale au sein de la pisciculturede son fils Xavier à Nant dans le marais aveyronnais du Larzac,en a pourtant avalé des arrêtes avec des fourches caudinesassassines : “Il y a un an j’ai perdu mon époux, un peu avant,j’ai perdu mon travail de secrétaire comptable. Entre la maladieet le chômage, ce n’était pas évident.” Avec une bouée nomméecourage, elle a tout fait pour ne pas couler au fond du bassindes lamentations. Dans le sillage de son fils, qui avait pris lepari fou de se jeter à l’eau du rachat decette pisciculture il y a cinq ans, Danielleet sa chevelure blonde comme le blébio qu’elle se verrait bien moissonner,“J’ai redécouvert dans ce monde agricole,agroalimentaire et bio toutes les bellesvaleurs d’antan : l’amour du travail, lavolonté de réussir en refusant de subir,et évidemment l’alimentation sainecomme je l’ai adorée gamine”, a recouvré la surface et la joiede nager à nouveau dans un bain aux remous simples. “Monfils n’avait pas de commerciale. Il m’a proposé le poste, je n’aipas hésité. J’ai commencé à faire du porte à porte chez lespoissonniers pour leur proposer nos produits ; la truite fario,la truite arc-en-ciel et le saumon de fontaine. Des poissonsd’eau douce délicieux. J’ai 58 ans, je ne suis plus une minette,les clients m’ont écoutée, et c’est comme cela que j’ai réussià convaincre. Aujourd’hui, j’ai aussi trois clients dans les troismarchés de Toulouse, aux Carmes, à Victor-Hugo et à Saint-Cyprien.” Dame à contre-courant de la célébrité, bridée àtoute gloriole, “Mon fils est encore pire. Il ne dit jamais rien deson travail”, ne restera pourtant pas muette comme unecarpe après avoir défrayé la chronique économique. Sans sedébâillonner aux éclats pour autant, elle révèle la pêchemiraculeuse. Avec des appâts basiques. L’Elysée a mordu àl’hameçon des poissons de Danielle.”Eh, oui, nous vendonsnos truites à l’Elysée”. A la table du président de la

République, diantre bleu ! Et ce n’est pas un poisson d’avril.Un canular qui circule sur Facebook, comme gambadent lesrumeurs. Quelle est la recette de ce succès qui fait tomber lesbabines de certains comme celle du loup de Tex Avery ? “Les Aveyronnais de Paris, vous savez, c’est une fratrie. Mon filsa des clients restaurateurs de l’Aveyron dans la capitale quine cessent de vanter la qualité de nos poissons, et l’informationest remontée au plus haut lieu de l’Etat. C’est comme celaque Xavier a été contacté par un des gestionnaires des cuisinesde l’Elysée.” Un plat qui a dû en faire tout un plat à Nant…”Pas du tout, ici, peu sont au courant. D’ailleurs, Xavier ne

cesse de me répéter : mais maman, ceschoses là, il ne faut pas les dire. Mais,moi, j’aime bien en parler un peu. Jesuis très fière de ce que font mon fils etma belle-fille ici à la pisciculture. Il fautdire que eux aussi, ce sont de sacrésbosseurs. Et puis, cette histoire, elle estbelle, n’est-ce pas?”. En effet, un contede fées…qui ne berce pas Danielle

dans le flot de l’illusion. “L’Elysée, c’est bien, mais si l’on n’avaitque cela, nous n’irions pas très loin.” Alors tous les matins, ellese replonge dans son quotidien avec allégresse. “Je suisdebout à cinq heures du matin pour aller livrer les clients. Lesamedi, je suis avec mon stand sur le marché bio dePechabou, un vendredi après-midi sur deux, je suis sur celuide Castanet-Tolosan. J’ai ma clientèle fidèle. Maintenant,j’aimerais bien séduire avec nos produits des restaurateurs

sur les belles tables de Toulouse et des environs.” Commeune pierre lancée sur un étang, il apparaîtrait étonnant queles truites de Danielle ne frétillent pas au ricochet du succès. “La démocratie dont je suis partisan, c’est celle qui donne à tous les mêmes chances de réussite, et ensuite à chacunselon sa capacité” aimait à souligner l’industriel américainHenry Ford, à l’origine apprenti et autodidacte. DanielleBazellieres en est la preuve à fleur d’eau.

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“A 58 ans, je ne suis pas

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Ses truites au menu de l’Elysée…ce n’est pas un poisson d’avril

Par Tristan Nelson - Photo : Philippe Guionie / Myop

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JoëlCollado

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Par Tristan Nelson - Photo : Philippe Guionie / Myop

oult auditeurs des antennes de Radio France,d’Inter à France Info, ne posent pas un visagesur sa voix au timbre rauque et rond comme un

Petrus grand cru avec une petite note nasillarde de fruitlégèrement acide. Il est “The Voice”, le Sinatra de la météo àla radio. Un mot prononcé et le charme opère. On pourraitpromulguer un édit sur son timbre car même si le ciel s’apprêteà nous réserver une journée froide comme un canard sortidu lac gelé de la Ramée près du siège de Météo France àToulouse, il ensoleille les âmes. Difficile de déceler avec facilitéla plasticité de cette égérie. Alors, brun ciel irradié d’orage,blond anticyclonique ou cheveu d’unblanc cumulonimbus. Equation àinconnue car Joël Collado loge dansun petit T2 dans le centre névralgiquede la météo, où trône le vieux microLem, et quatre écrans qui brassent lesimages satellite, les données desradars, les courbes des températures etle sens des vents. “Je suis très content que l’on ne connaissepas ma tête. C’est génial que l’on ne sache pas qui je suis,sinon par la voix. Cela m’autorise une liberté extraordinaire.Je suis bien derrière mon micro. La TV non merci, cela ne metente pas. La célébrité, je n’en veux pas . Je préfère l’anonymatet la complicité des copains. Inter et France Info meconviennent parfaitement dans mon travail de journalismede prévisions.” Son parcours, une étoile aux ramificationsmultiples nées du hasard et du talent. Comme la météo quiépouse les éléments. La mer le prend d’abord dans son ressacet la marine l’aspire dans sa vague. Mousse d’abord, puisl’école de Météo de Saint-Cyr, et à nouveau l’appel du large,Pacifique, Afrique, un tour du monde à bord de porte-avions où il pointe les cartes à l’ancienne. La mer l’incite, luile laboureur d’océan, à lever les yeux de leur sillon bien droitpour percer le mystère des phénomènes naturels. Retoursur le plancher des vaches à l’école du personnel volant deNîmes, où il enseigne aux pilotes et navigateurs, et à nouveauSaint-Cyr pour y former les marins. En 1982, la décentralisationde Météo France l’oblige à virer babord vers Toulouse où il

larguera ses amarres. Enseignant en 1987, il conduit ses élèvesà une petite émission à Sud Radio qui voulait créer unefenêtre météo sur sa programmation. “Un élève a eu peurau micro. J’ai pris sa place. Et Jean-Philippe Girard, le journalistede Sud, me dit : mais tu as une voix pour faire de la radio.” Et hop, l’éclaircie imprévue. En septembre de la même année,Joël Collado prend l’antenne pour une quotidienne d’uneminute. “Tout synthétiser en une minute, cela modifie lanotion du temps.” Et puis très vite, René Chabou, misterMétéo de Radio France, s’éclipse dans les nuages de laretraite. ”Pour moi, c’était le must”. Le jour se lève sur un destin

festin. Et ce rapporteur de l’histoire dutemps avec la tendresse d’un conteursera dorénavant le micro des ondes.Avec tous les matins dès 5h15, les orbitesrivées sur ses quatre écrans d’ordinateuret sa page blanche. “Mon outil de travail,c’est comprendre l’histoire du temps etdélivrer un texte méticuleusement

calculé. Je dois faire un travail de mémoire sélective pour en une minute donner le maximum d’infos. Je dois aussim’imprégner de ce qui se passe dans le monde car je nesuis pas à l’abri que sur Inter dans la tranche 6h-10h30,Patricia Martin ou Nicolas Demorand me questionnent surla météo d’un pays où il s’est passé quelque chose. Unetempête, une folie de la mer…Il faut avouer que je suis bienoutillé. Il n’en reste que tous les jours, je vis pour le lendemain,pour constater si la photo météo que j’ai donnée était labonne.” Joël Collado vulgarise au quotidien une sciencedélicate, mais aussi, comme dans le cas d’une tempête à risquesmajeurs, trouve le mot pour ne pas créer la psychose : “Je faisdu journalisme de prévisions. C’est terrible, si j’annonce unrisque de tempête et qu’il n’y a pas de victimes, l’info n’estpas forcément prise. Dans le cas contraire, elle ne m’appartientplus. Regardez, j’avais annoncé la tempête Klaus trois joursavant, elle n’a pas été relayée. C’est dur de constater que la dimension des risques n’a pas été considérée à 100%.”

“La TV, non merci, la célébrité, je n’enveux pas”

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apoléon se plaisait à titiller ses maréchaux :“Vous êtes grands, moi je suis haut.” Loin devouloir comparer l’imaginaire frondeur et le

sabre moqueur de l’empereur, il n’en reste qu’Olivier Sadran,de taille moyenne, est un haut-entrepreneur, un gratte-cielsur le bitume économique et sportif. Avec un ciment d’humilité qui soutient sa fondation intellectuelle. Aucuneextravagance satisfaite, bien loin des farauds en démonstrationperpétuelle sur pontons de la gloriole. Ne l’espérez sur unetable de baccarat ou ça flambe cristal. Ne l’attendez pasdans les coulisses de la vanité, il dribbleles mondanités avec la gestuelle d’unZidane. Lui, il touche et retouche sansflemme sa bosse du boulot. “Pourm’évader, je fais des sports de Belges :je fais du vélo, je nage et je cours (NDLR :3 h 23 au marathon de Toulouse en2009), souriait-il avant de chronométrerencore et encore son temps de travail.Avion, 10 heures, Paris, rendez-vous d’affaire. Email, l’ArabieSaoudite. Ca usine. Du Taylorisme intellectuel avec le prix dudanger comme moteur. En 1988, il se jette par dessus lepont de la tentation entrepreneuriale en créant sa premièresociété, Sport Pulsion, spécialisée dans… le saut à l’élastique.Sans filet. Et le bonhomme retombe sur ses pieds sansentorse. Alors, bing, appui sur le trampoline, et OlivierSadran fait s’envoler Catair, société de catering aérien. Touts’architecture comme un mécano parfait. Il revend en 1997Correst au géant de la restauration d’entreprise Sodexho.Les lauriers, il les repousse comme une mauvaise herbe,alors pensez bien qu’il ne va pas s’endormir dessus. En 2005,Newrest, son nouveau blason industriel, s’affiche sur lesmurs économiques, avec en 2001, sa reprise de volée duTFC, “une PME comme une autre avec une centaine de salariés.Je suis un fana de sport. Je n’ai repris le club que par passionet j’y ai remis 11 M€ il y a deux ans”. Carré Olivier Sadran, pascomme les pieds de certains footeux. Aujourd’hui, Newrestest implanté dans 28 pays avec 12 100 salariés pour 400 M€de chiffre d’affaires. “Nous fournissons des repas aux compagnies

aériennes (NDLR : plus de 200 dans le monde), et nouscréons des bases de vie pour nos clients dans des zonessouvent reculées” résume le boss. Et comme autre soulier àsa tenue de patron, Olivier Sadran a ajouté l’instauration etla gestion de base vie en zones isolées pour les exploitantspétroliers ou miniers. Il ne s’épanche pas sur le lit de la réussitepour autant. Discret. Comme quand il va au Stadium voir leTFC, les loges où ça brille, il zappe. Lui préfère l’anonymatdes tribunes. Si vous étiez… Un écrivain : Victor Hugo.Un roman : Germinal… Un héros de la littérature : San

Antonio. Un Beatles ou un Stones : unStones, Ron Wood. Une région viticole :La Bourgogne. Un grand cru : unRomanée-Conti. Un chiffre : le 6. Unmot : demain. Une odeur : de cuisine.Un bruit : le tonnerre. Une ville :Toulouse. Une couleur : le bleu. Un paysage : les plaines malgaches. Un pêché : la gourmandise. Une oeuvre :

Guernica. Un homme ou une femme politique : actuellement personne, sinon de Gaulle ou Churchill.Un pays rêvé : l’Argentine. Si vous aviez… Un super pouvoir :offrir le bonheur. Une autre vie : agriculteur. Un coup decoeur : mes enfants. La capacité d’effacer un évènement :tous les génocides. Avez-vous… Un premier geste au réveil :boire de l’eau. Une mauvaise habitude qui ne passe pas :être stressé. Une marotte : le sport. Un charmant défaut : ne pas être toujours objectif. Une mauvaise qualité : lejusqu’au boutisme. Si vous n’aviez… Que cinq minutes àvivre : alors du calme. Qu’un regret : de très mal parler leslangues étrangères. Qu’un remord : aucun. Qu’une qualité :la fidélité. Qu’un défaut : parfois le manque d’objectivité.Qu’une chanson à garder dans votre répertoire :“Amsterdam” de Jacques Brel. Qu’un souvenir d’enfance : le football. Quel serait… Votre épitaphe : no comment. Laqualité préférée chez un être : La loyauté. Le fait qui vous inspirele plus d’indulgence : la cupidité parce que cela se soigne.

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Par Tristan Nelson - Photo : Frédéric Maligne

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anu Larrouy, trentenaire ténébreux et mystérieux- il ne confesse jamais son âge - et toulousainpure souche, vient de vivre une année

exceptionnelle. Un premier album signé chez MotownFrance, le label dirigé par Diam’s, une tournée de quarante dates, et pour finir, l’auteur du tube “Mec à lacool” fut invité à assurer la première partie de MarcLavoine en janvier au Casino de Paris. “Je me suis éclaté,j’ai réalisé tout ce dont je rêvais : des concerts, de bellesrencontres…Etrangement, je continue à faire de la musiquedans le même esprit, pour faire marrer les potes ! “Volontiers séducteur dès qu’il montesur scène, Manu se révèle pudiquepour ne pas dire étonnammenttimide lorsqu’on l’invite à se livrer. Deson enfance à Arnaud Bernard, dudivorce de ses parents, de sa solitudeamoureuse, il n’en dira mot. Mieuxvaut le brancher sur l’unique chosequi ait de l’intérêt à ses yeux : la musique. ”J’ai commencéla guitare vers 11 ans. Au lycée, en pleine ère métal AC-DC,on me disait ’tu te débrouilles bien’ alors comme l’écoleça ne marchait pas, je me suis investi à 100%.” A 21 ans,Manu s’envole pour Nouméa, service militaire oblige. Il intègre la fanfare… aux cymbales et fait une rencontredéterminante : son voisin de chambrée, premier prix du Conservatoire qui lui enseigne le solfège et la guitareclassique. De retour à Toulouse, Manu travaille d’arrachepied pour entrer lui aussi au Conservatoire. Brillammentreçu, il y restera cinq ans. Pour gagner sa vie, le jeuneartiste donne des cours de guitare à Castelnaudary. Et monte un groupe d’électro-funk avec les copains.Durant six ans, le groupe répète dans une cave desCarmes et écluse les bars de la ville. “Au départ, c’était del’impro puis ça a dévié vers une musique plus construite,assez raga”. En 2003, le groupe se disloque et Manumonte à Paris. “C’est là que je me suis sérieusement mis àcomposer des chansons”. La toute première, Toulouse,figure sur son premier album “J’ai quitté ma ville car je m’y

asphyxiais. C’était une sale époque, celle de l’après AZF, del’affaire Baudis,… mais à peine installé à Paris j’ai souffertdu déracinement.” Par nostalgie, Manu écrit donc cettechanson où il invite sa ville à se réveiller ! “Ça m’a amuséaussi de marcher dans les pas de Nougaro, en toutemodestie bien sûr. J’ai lu que lui aussi a écrit sa chansonaprès être parti.” Porte-bonheur, ce texte lui permet designer son premier contrat d’édition chez WarnerChappell. Puis, malgré une participation en tant que jeunetalent aux Francofolies de La Rochelle en 2006 et des lienstissés avec M, le parcours est encore long et chaotique.

En revenant des Bars en Trans à Rennesfin 2006, Manu est victime d‘un graveaccident de la route qui l‘immobilisedurant des mois. Des galères, le jeunehomme en a vu d’autres. Et surtout, il nevit pas pour la musique. Il vit “dans” lamusique. Alors il reprend la plume, etquelques temps après la présidentielle,

écrit Mec à la cool, cette chanson entraînante, à la fois légèreet engagée, qui dénonce la dérive communautaire d’unesociété où le quotidien d’une France qui trime contrasteavec l’avènement d’une autre bling-bling. “Ni pédé, ni Juif,ni vendeur de splif, ni fils de, ni Franc-mac‘… je n‘irai pasdanser ce soir aux Fouquet‘s”chante Manu. “Cette chanson,je n’y croyais pas, je la trouvais un peu facile, je n’imaginaispas qu’elle allait changer ma vie.” Sitôt envoyée à l’éditeur,les coups de fils des maisons de disque pleuvent et Manus’offre le luxe de choisir son label. “J’ai posé de beaux jalons,à moi maintenant de transformer l’essai. Comme si j’étaismonté au premier étage d’un immeuble et qu’il m’en restaitdix pour atteindre le 7ème ciel !” Depuis la mi-mars, animéd’une “niaque” d’enfer, revoilà donc Manu en studio où ilenregistre son deuxième opus, qu’il nous prédit “plus popet plus chic”. “Sans trop en dévoiler, ça sera une sorte deconcept-album inspiré du vrai Romantisme”. Celui d’Alfredde Musset et de George Sand. On a hâte.

Un nouvel albumpour septembre

MLe cœur qui dérive en Garonne…

Par Aline Royer - Photo : Hélène Pambrun

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n pourrait l’imaginer taillé solide comme un fortdes halles, une forêt vierge à la manière méthodiqued’un jardin anglais. Une esthétique coincée entre

deux siècles, du brutal version “Tonton Flingueurs” faisant lecoup de poing “bourre-pif” à Lino Ventura remonté commeune pendule à coucou, à une odyssée lettrée sur les planchesjouant délicat “Le siècle sera féminin ou ne sera pas…” Avecun retour au naturel sur les ondes de RMC où sa gouaille, badigeonnée de belles fèves verbales que ses acolytes du“Moscato Show”, Eric di Meco ou Maryse Ewange Epée, persiflent quotidiennement, rappelle le Vincent Moscato petit prince deGaillac devenu roi de France du rugbyavec Bègles. Connu Rapetout, le Tarnaisest devenu Touche-à-tout. Mi mariole,mi sérieux, il aime à répéter qu’avec sa“tronche de cabossée, j’ai plus de chanced’attirer certains réalisateurs que desblonds premiers de la classe.” Comme ila su séduire son pote Philippe Guilard,l’ex-rugbyman, pour son premier film “Le Fils à Jo” sur l’univers campagne de l’ovalie qui se frotte auprofessionnalisme, tourné l’an passé dans le Tarn avec despotes nommés Lanvin et Marchal. “Il sort en fin d’année 2010”répétait Vincent Moscato, qui, en plus de ce retour sur ses terres,s’était offert une pause mariage à Técou. L’union de l’année,comme le soulignait, avec ferveur le maire, Jean-FrançoisBaulès, un vieux copain : “Marier un copain comme Vincent, çamet la pression et ça noue la voix”. La voix, unique, qui commeson physique de Chéri Bibi pouvait être un handicap dans la distribution d’un rôle au théâtre ou au cinéma. Il risquait lestéréotype. “ Mon physique, c’est comme l’accent. J’ai choisi dele garder. Je ne veux pas dénaturer ma personnalité. Et puisMolière a vécu à Narbonne. Alors…” Il n’en reste que moult segratte le cerveau pour savoir comment Vincent Moscato a réussi son transfert sur le terrain du 7e art. Flash-back moteur.C’est avec la chasuble de rugbyman qu’il a poussé les portesd’un casting pour une comédie policière. Un talonnage winnerqui le faisait sortir de son habituelle mêlée, même si au début,

ce n’est que du grignotage. Une mise en bouche dans un téléfilmde Philippe de Broca en 1993, des guignolades avec PhilippeGuillard. La comédie lui colle alors à la peau comme un maillotà même l’épiderme après 80 minutes de jeu. “J’ai beaucouptravaillé, dix ans, pris des cours, il me tarde maintenant d’avoirun vrai rôle. J’ai une sensibilité bien supérieure à l’aspect brutde ma personne” livrait-il il y a deux ans à une presse parisienne médusée, qui ne savait pas si c’était du lard ou ducochon. Se sentant balèze derrière sa carapace de sportifd’acier, il a toutefois dû user du glaive pour la casser : “J’étais fier de

mon passé de rugbyman. Pour décrocherun rôle, je pensais que ce serait utile. Et bien pas du tout, j’ai vite été cataloguécomme l’ancien sportif. J’ai donc préféréle dissimuler.” Un jeu de cache-cache quin’a pas pris au piège tout le monde. “ Y a toujours un clampin qui me reconnaît”.Qu’importe au final, il préfère savourer lareconnaissance de bêtes du cinéma :“Francis Weber m’a fait confiance deuxfois. Et puis, il y a Depardieu avec qui j’ai

tourné quatre fois.” Et notamment dans Astérix aux JeuxOlympiques où Moscato avait enfilé le costume du chef de latribu des Goths. Depardieu, un Moscato copier coller, certesavec moins d’aura. “Lui c’est un phénomène. J’aime ce typeentier“. Je n’en suis encore qu’à la construction de ma carrière.N’est pas Depardieu qui veut.” Sur le terrain, il a planté sescrampons qui laissent des traces sur un corps d’artiste avec lesfilms “Le Placard”, “Voyance et Manigance”, “Tais-toi !”, “A la petite semaine”, “36 quais de orfèvres”, “Un ticket pourl’espace”, “Astérix aux Jeux Olympiques”, “Le fils à Jo”, sansocculter sur les planches “l’Oscar” de Louis de Funès, revu et corrigé avec un certain Bernard Tapie, et cette année “Le siècle sera féminin ou ne sera pas…” Et de conclure enbélier courageux : Je préfère le théâtre, c’est franc du collier. La gratification ou la sanction sont immédiates. Bien sûr, un échecpeut tuer ton ego, mais j’ai toujours aimé être en première ligne.”

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Par Tristan Nelson - Photo : Frédéric Maligne

“Je préfère le théâtre,

La gratification ou

la sanction sont

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U n e x t r a j o u j o u q u i f a i t e n c o r e c r a c b o u m h iu’est ce qu’un cynique, interrogeait OscarWilde, c’est un homme qui sait le prix detoute chose, mais qui ne connaît la valeur

de rien.” Encore moins la valeur du sérieux commel’ex-trublion des sixties, Jacques Dutronc, qui auprintemps 68, scandait, sur fond de piano martelé,torturé, “L’opportuniste”, “Je retourne ma veste toujoursdu bon côté.” En 2010, il est le même extrajoujouincassable, d’abord pour les nostalgiques de toutpoil à gratter qui voyaient en un joli mois de mai derébellion un pamphlet antimilitariste dans son “Les rois de la réforme”, mais aussi pour les néo-dandysd’aujourd’hui modestes avec arrogance et plaisantins séducteurs.Il est toujours Dutronc, la vestecintrée en cuir ou le perfecto bienpatiné, les éternelles Wayfarer desybarite mondain, la coupe decheveux cossarde qui vireaujourd’hui au gris après le blondqui lui a rapporté du blé, mais toujours son rictusnarquois et sa morgue pleine. Si le Havane du cigares’est fait intermittent du spectacle, le gentlemangouailleur persifle et signe. Constat d’adultère a étéfait au Zénith de Toulouse en ce début d’année. Sansnouvel air. Rien de neuf sur le front de la chansonsarcastique et secouée sur lesquelles on ne savaitpas, et toujours pas aujourd’hui, sur quel pied danser,comme ce “700 millions de Chinois, et moi, et moi,et moi, avec ma vie, mon petit chez moi, mon mal detête, mon point au foie”. On a voulu revoir Dutroncet on a revu Dutronc. Tubes droit au but. A l’ancienne,avec son air de fiche du monde réfléchi ou naturel.17 ans après sa sortie de scène, on reste justetémoin de la scène sans toujours comprendre samise… en scène. Tout son show est classieux, classé.Sobriété assumée dans son “Petit jardin” hormis un“Fais pas ci , fais pas ça” hip-hopisé pour un petit

caca-boum Merde in France en goguenard inoxydablequ’il est pour l’éternité. Comique un peu troupier, il s’autorise dorénavant quelques incursions vocalesentre les chansons, surtout pour un compagnonéternel, “Je vais lui rendre un petit hommage dechèvre… en chantant L’hymne à l’amour moi lenœud”. Certainement concocté avec Gainsbarre unenuitée de bonne bourre. Tout à coup de baguettes,son batteur est flashé en excès de vitesse. Dutronc legendarme : “Oh, oh, doucement. Ce soir, il est pressécar chez vous à Toulouse, il y a des jolies filles.L’autre soir à Limoges, il l’était vraiment moins.”

Caustique acide juste ce qu’il fautpour que cela pique. Après avoirfait le mur du son, il rebranchait lejuke-box de ses hits et mettait lesdeux doigts dans une nouvelleprise de “J’aime les filles deToulouse” accompagné d’une naineclonée Betty Boop avec un drapeau

corse sur le dos. Forza Dutronc. Pour corser l’additionen négligé de choix, balançant des confettis vers la foule, il concluait : “Vous méritez bien un peud’ambiance ce soir.” Mais qui est Dutronc ? Le premierpunk with future. 1966, ces premiers airs de ne pasy toucher envahissent les transistors. D’une famille

bourgeoise du IXe arrondissement parisien, costuméet cravaté, Dutronc n’a rien du miston mais plus dufiston qui parapherait des contrats d’assurance enbéton. Mini-mini, tout n’est pas mini dans sa vie.Avec l’autre Jacques, le pote Lanzmann, inconnu dumilieu yéyé et simili-rock, c’est le… Jackpot. Il devient l’étoile adulé dans un Saint-Germain quin’y était peut-être pas près. Moqueur glandeur, il sefait rocker pour “La fille du Père Noël” , puis dézingueurpour “Les cactus”, puis joueur pour “L’hôtesse de l’air”,puis cambrioleur pour “L’Arsène” Lupin. Rebelle à tout ce qui bouge, et même à la plus petite rébellion.

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“Vous méritez bien

un peu d’ambiance”

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Jusqu’au silence. En 1975, le play-boy change decostume. Chaussé par Carlier, il est alors habillé parle ciné. Dans “L’important, c’est d’aimer” de Zulawski,ses fiançailles cinématographiques finissent enmariage avec la critique. Lelouch, Mocky, Sautet etd’autres lui passeront la bague au doigt. Jusqu’àPialat pour un somptueux “Van Gogh” en 1991, oùl’amuseur public numéro 1 désabusé se transformeen artiste torturé. Une partition jamais répétée hélas.

En 1980, il avait désassigné l’armistice avec la musiqueen sortant un “Guerre et pets” qui n’avait pas sentiaussi bon que son œuvre antérieure. Pas plus que“Madame l’existence” en 2003 qui fut un pet dansl’eau. Lui-même avouait sans confessionnal “C’étaitdes chinoiseries”. Fermez le banc de l’accusé. Etlevez la main droite, et jurez nous Monsieur Dutroncde rester, et c’est bien ici, l’extrajoujou qui faitencore crac boum hi.

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“Vous méritez bien un peu d’ambiance”

Par Tristan Nelson - Photo : Michel Labonne

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enmémoireJegarde

Une maison, comme une béquille ; celle qui vous permet d’avancer, de vous construire, de vousrappeler du passé, celle qui vous rend aussi nostalgique mais qui vous rappelle à vos racines, à vos origines, à votre enfance, à votre famille...

Dans l’imaginaire, j’ai toujours cru que cette maison était vivante, qu’elle pouvait ressentir ce que je ressentais et que, un peu comme une soeur, elle amortissait mes difficultés rencontrées,elle absorbait mes émotions négatives. J’étais dans le partage, comme on l’est avec un ami ;fidèle, présente, sans préjugés : une relation idéale.

Cette maison, qui a vu les plus belles années de ma vie d’enfant est aujourd’hui l’un des pilierde ma vie.

Pourtant rien de laissait croire, que moi Laura, issue d’une famille normalement équilibrée,n’ayant jamais subi de pression morale de mes parents sur l’attachement aux personnes, ni auxobjets, j’allais être happée par ce type de “syndrome”.... et pourtant, je n’ai su que tardivement que cette maison qui avait été notre maison familiale,deviendrait le lieu mythique de mon existence.

C’était il y a plus de 6 ans maintenant, lors d’un déjeuner familial, le couperet est tombé : “Nous allons vendre la propriété”. D’un seul regard, mes parents ont vite compris le malaise quirégnait. Ils nous demandaient de tourner la page sur celle qui m’avait toujours donné l’impression, tel un filet, de rassembler notre famille, de la protéger, de l’épargner.J’avais depuis peu, construit moi aussi ma famille... mais je ne voyais pas ma fille évoluer ailleurs que dans cette maison, qui m’avait apporté tant de satisfactions et tant d’émotions.Pourquoi n’aurait-elle pas elle aussi la chance de vivre comme moi ce privilège.Je voyais tout autour de moi s’écrouler : nos liens, nos rassemblements, nos fou rires, nos discussions, nos repas sans fin... Plus rien n’avait de sens. Pourquoi nos parents, si attachés à de telles valeurs, faisaient-ils aujourd’hui ce choix ?Bien sûr qu’ils avaient leurs raisons, mais à l’instant où la nouvelle est tombée, j’étais incapable de comprendre.

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C’est une maison bleue, adossee a la colline...de celle dont on ne peut se detacher...

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L a d é c o r a t i o n ?U n e a f f a i r e u n e f a m i l l e !

Par Jean-Luc Feixa - Photo : Frédéric Maligne

l est des lieux chargés d’histoire, dont les hautsmurs jadis étincelants, portent en leur surfaceles traces jaunies du passage des générations.

Ces endroits-là, sont les témoins précieux d’un passé révoluet appartiennent au patrimoine, comme des gardiens centenaires, à qui finalement nous ne saurions donner d’âge.Le magasin Schmit était de ceux-là, surplombant de ses lettresmajuscules le 34 rue de Boulbonne. Plus qu’une adresse,d’aucun s’accorde à lui conférer le titre de véritable institutiontoulousaine, dont les 150 mètres carrésde rayonnage exposaient aux regardsdes habitués, les dernières tendancesdéco. Mais en 2006, black out, les grillesau crissement d’antan se ferment unedernière fois. C’est la fin d’une époque,pire, la fin d’une légende vieille de plusd’un siècle. 1870-2006, sur l’épitaphede l’enseigne nous aurions pu alorsgraver ces mots si communs “mort de n’avoir pas eu d’héritier”. Mais les sinistres augures s’accordent seulementau conditionnel et dans le cas du magasin idole, c’est unscénario à happy end conjugué au futur qui rejaillit enpleine page du registre du commerce. Dans les rôles desbienfaitrices, Anne et Laure, deux des arrières petites fillesdu créateur de la grande maison. Entre les étals, courant etjouant avec les objets, ce sont elles, accompagnées de leursix autres frères et sœurs, que l’on pouvait croiser au hasarddes flâneries rue de Boulbonne. “A vrai dire, aucun de nousne pensait reprendre le magasin, puis finalement en 2008,j’ai quitté mon travail à Paris, et l’idée de revenir m’installerdans la ville rose et de rouvrir la boutique s’est présentée”,confie Laure. Ainsi, elle s’associe avec sa benjamine, et s’élancedans le labyrinthe fastidieux de la création d’entreprise. En décembre 2009, le chemin de croix et de paraphesdébouche sur la résurrection des six lettres dorées, invitantà visiter un nouveau local, certes plus réduit, mais dont leshauts plafonds laissent aux tenancières le loisir de faire

s’envoler leurs idées. “Anne a fait des études de comptabilité,et gère toute la partie chiffres. Je m’occupe du côté artistique,je choisis les designers, décide de l’agencement du magasin…Mais finalement, nos tâches ne sont pas cloisonnées et nosgoûts s’accordent assez bien”. Duo de choc, la mécaniqueentre les demoiselles est bien huilée, et le moindre accro serègle en famille, autour d’un bon repas. “On a toujours vécucomme une tribu, très soudée et aujourd’hui les moindresconseils et décisions se prennent en écoutant les aînés”.

La leçon est d’autant plus formatriceque coule dans leur veine, le mêmesang rouge passion pour l’art sous toutes ses formes. La grand-mère étaitarchitecte d’intérieur, la mère décoratriceet le père continu de peindre des toilesdont les couleurs embellissent le blancnacré du magasin. La vie n’a de valeurque si elle est un feu sans cesse

renaissant, et le nouveau décor composé avec soin par leduo atteste des bons mots de Pierre Valléry-Radot. Tout en restant fidèles à la tradition, elles multiplient lesincursions décoratives, et proposent à la vente un véritablecabinet de curiosités, composé de meubles signés de designers internationaux, dont les lignes affûtées mixentles tendances modernes et vintage. “J’aime l’harmonie et la géométrie qui fait sens, ici on compose un ensembleaux teintes variées mais qui au final répond toujours à lanotion d’équilibre”. L’équilibre, c’est justement ce qui explique la réussite de l’enseigne Schmit, qui au cours desâges, a fait reposer son identité sur deux valeurs essentielles,la famille, et l’amour de ses racines. “La ville rose est au cœur de notre épanouissement, notre enseigne estconnue des toulousains, et il était fondamental de rouvririci”. Une sage décision qui à n’en point douter, offre à l’enseigne ses lettres d’éternité.

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“On a toujours vécu

comme une tribu,

très soudée”

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ommes-nous faits de poussières d’étoiles ?Le soleil va-t-il s’éteindre un jour ? Quelleest l’origine des éléments ? Comment

l’univers évolue-t-il ? Le big-bang a-t-il vraiment eulieu ? Autant de questions que jeunes et moins jeunesleur posent sans cesse, avides de leurs réponses claires,précises et rigoureuses à la fois. Sylvie et SébastienVauclair ont alors l’œil qui pétille. L’astrophysiciennequi a collaboré au lancement de l’Observatoire Midi-Pyrénées, et son fils, détenteur d’une thèse encosmologie, ont pour passionchevillée au corps la vulgarisationscientifique. “Avec deux parentschercheurs en astrophysique, j’aieu la tête plongée dans les étoiles dèsl’enfance”, s’amuse Sébastien Vauclair,qui multiplie les interventionset ateliers sur l’astronomie auprèsdu grand public, des classes dematernelle jusqu’à l’université du3ème âge. Et tous écoutent avecautant d’attention ce jeune hommede 33 ans leur parler météorites, étoiles filantes etexoplanètes. “On nous pose souvent des questionspour lesquelles nous n’avons de réponses : qu’yavait-il avant le big bang ? Sommes-nous seuls dansl’univers ? Quand on fait de la recherche, il fautaccepter qu’il y ait des interrogations auxquelles onne puisse répondre”, estime-t-il. “L’homme a unbesoin ancré dès la naissance de comprendre l’universqui l’entoure. Le nourrisson, à quelques mois déjà, n’ a qu’une hâte : découvrir le monde. La curiositéest inhérente à l’homme”, souligne Sylvie Vauclair,qui a créé à la Cité de l’espace de Toulouse des coursd’astronomie pour tous. Décrite par ses prochescomme une forte personnalité, elle est égalementl’auteur de nombreux ouvrages de vulgarisation,dont un “Que sais-je” sur l’astrophysique nucléaire(écrit en collaboration avec Jean Audouze, éditions

PUF), ou encore en 2002, La chanson du soleil (aux éditions Albin Michel), qui a reçu le prix du livrescientifique d’Orsay. Le dernier ouvrage en date, La terre, l’espace et au-delà (Albin Michel), paru l’andernier, est préfacé par le célèbre astrophysicienHubert Reeves, lequel a d’ailleurs dirigé sa thèse surla composition des étoiles, soutenue en 1975. “J’aidonc eu l’occasion de rencontrer Hubert Reeves àde nombreuses reprises étant jeune, raconteSébastien Vauclair. C’est une personne qui marque

les esprits. Il est de ceux qui m’ontdonné envie de m’intéresser ànotre univers”. Et d’expliquer aussique “lorsque l’on tourne les yeuxvers le ciel, on relativise les problèmesterrestres”. Sylvie Vauclair, ancienneprésidente de la Société françaised’astronomie et d’astrophysique,tient, quant à elle, sa vocation desa mère, institutrice passionnéed’astronomie. Toute jeune déjà, ceprofesseur à l’Université de Toulouse,

voulait devenir “soit astronaute, soit astrophysicienne”.Ce sera finalement la deuxième option, après un parcours sans faute. Sébastien Vauclair avoue, lui,“n’avoir pas toujours été un bon élève”. Mais le goûtpour la science, et pour l’astronomie en particulier, le pousseront à continuer les études. Il intègrera ainsil’École nationale de physique de Strasbourg… qu’il quittera au bout d’un an pour s’asseoir sur les bancs de la fac. “On y enseignait surtout les sciences de l’ingénieur et il y avait pas assez decours de physique pour moi”, explique SébastienVauclair, qui poursuivra à l’université jusqu’au doctorat, après avoir hésité à devenir journalistescientifique. Mais, très vite, il s’aperçoit qu’il n’est pasnon plus fait pour la recherche, contrairement à ses parents. Lui qui, depuis l’âge de 16 ans, fait de l’animation scientifique auprès d’amateurs

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Sylvie & SébastienVauclair

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“Lorsque l’on tourne

les yeux vers le ciel,

on relativise les

problèmes terrestres”

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d’astronomie, veut continuer à toucher un largepublic. En 2004, en même temps qu’il soutient sathèse, il ouvre donc, avec son épouse Céline, uneboutique spécialisée en astronomie, baptisée la clefdes étoiles, à deux pas du Capitole à Toulouse.Pédagogues, passionnés et passionnants, Sylvie etSébastien Vauclair n’étalent pas leur science avecprétention mais transmettent leurs connaissancesavec une gourmandise certaine. Tous deux ont l’artet la manière d’attirer le commun des mortels versleur science, de la rendre attractive, en la mettant àla portée de tous. Et eux-mêmes s’étonnent de parvenir à mener tant de projets de front. 2009,année mondiale de l’astronomie, a d’ailleurs été particulièrement chargée. Sylvie Vauclair a coordonnél’évènement pour le grand sud-ouest. “C’est la régionde France où il s’est passé le plus de choses”, met enavant Sylvie Vauclair. Sébastien a, lui, mis sur pied,durant quatre jours, en avril 2009, “Ciel en fête”, ungrand rendez-vous de l’astronomie et de l’espace enMidi-Pyrénées, élu par le comité international des100 heures de l’astronomie deuxième événement aumonde, après celui organisé en Chine. Le succès aété tel qu’il est prévu de le renouveler en 2011. Maisce n’est pas tout. Le jeune homme a un autre objectifen tête : faire du pic du Midi, “une réserve internationalede ciel étoilé”, en abaissant la pollution lumineuseautour du site. “Nous sommes nombreux à nousmobiliser pour que le pic du midi décroche ce labeldécerné par l’International dark-sky association. Ce serait une première en Europe. Dans le monde,seul le mont Mégantic au Canada a obtenu un teltitre. Le dossier est en très bonne voie et nous avonsobtenu le soutien de nombreux élus de la région”,s’enthousiasme l’intéressé. “Sébastien est toujoursprêt à se relever de nouveaux défis. Et comme Sylvie,c’est quelqu’un de très persévérant, qui va jusqu’aubout des choses”, témoigne sa compagne. “Il a aussiun très bon relationnel, ce qui lui ouvre de nombreusesportes. Tous les deux se disent parfois fatigués, maisen réalité ils ne s’arrêtent jamais. Ils se lancenttoujours dans de nouveaux projets, malgré leursagendas surchargés”, ajoute-t-elle. Autre point commun

entre la mère et le fils ; leur passion pour la musique,dans des univers toutefois différents. Sébastien, qui alongtemps pratiqué la trompette, collectionne lesvinyles. Pendant plusieurs années derrière les platines,il a joué dans le groupe les Black Sun. “Je faisais le DJlors de soirées, mais maintenant avec le travail etmes trois filles, j’ai mis ce passe-temps un peu decôté”, dit-il. Sylvie Vauclair, qui joue du piano et de laflûte traversière, a même passé un diplôme d’éducationmusicale, le Willems. Si elle n’enseigne pas, en revan-che, elle est choriste dans l’ensemble vocalA contre-temps, qui se joint parfois à l’ensemblebaroque de Toulouse. Mais où puissent-ils tous deuxautant d’énergie ? Une chose est sûre, Sylvie etSébastien Vauclair ont l’art de mettre la science enmusique.

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Pédagogues, passionnés et passionnants, ils n’étalent pas leur science

avec prétention mais transmettent leurs connaissances avec

une gourmandise certaine

Par Olivia Muniera - Photo : Frédéric Maligne

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enmémoireJegarde

Suite de la page 33

Le deuil n’a pas pu se faire : je me suis lancée dans une lutte acharnée... dans un premier temps,j’ai essayé de convaincre mes parents de laisser tomber... en vain. Puis j’ai rassemblé mes frèreset sœurs... pour essayer de trouver une solution... en vain. Je sentais naître chez eux des oppositionsà ma démarche. Et je tournais en rond. C’était devenu obsessionnel, cela hantait mes journées.J’étais incapable de penser à autre chose. J’avais un sentiment d’échec total.Je ne suis pas d’un tempérament très ambitieux, mais je suis attachée aux choses qui me tiennentà cœur. Chez moi, la discussion était inutile ; “Tu n’as pas les moyens de réaliser ce caprice !”...

J’avais malgré tout, pris ma décision ; coûte que coûte, je ferai seule l’acquisition de notre propriété. Alors, bien soutenue en particulier par l’un de mes proches, j’ai fait le tour des banques... puis j’ai fait une proposition à mes parents... trop basse. Ils ne pouvaient pas me privilégier par rapport à mes frères et sœurs qui, pour certains d’entre eux, voyait déjà mal “l’affaire”.

L’attachement que l’on peut avoir pour un bien dont on veut ou dont on doit se défaire, faussela réalité de sa vraie valeur.

Mes parents, alors conscients de l’état dans lequel je me trouvais (je devais occuper pas malleur esprit) ont proposé une solution intermédiaire. “Nous allons mettre la propriété en vente àun certain prix pendant un an. Si elle se vend, personne n’aura de regrets car l’opération auraété bonne.” Je n’étais absolument pas satisfaite, mais je n’avais pas le choix. Si elle ne se vendaitpas, je pourrais en faire l’acquisition pour un montant supérieur à mes possibilités, mais tout restait Possible. Cela a duré plus d’un an... visites successives, vendue, pas vendue.

J’ai fini par faire l’acquisition de celle qui est restée notre maison familiale, notre lieu de rassemblement...nos repas sans fin, nos fou rire et nos peines... nos liens.

“Elle sera derniere a rester debout...”A mon Père.

VOUS SOUHAITEZ FAIRE PARTAGER VOTRE HISTOIRE, APPORTER VOTRE TÉMOIGNAGE, ÉCRIVEZ-NOUS. NOUS PUBLIERONS LES TEXTES SÉLECTIONNÉS - [email protected]

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GaëtanRoussel

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L a c a v e d e r o c k f o r t’ange et le démon. Les rockers ont trop souventcette tendance à s’inhiber dans les eaux de cesdeux personnages, avec au bout du bout le pire :

Janis Joplin, Jimi Hendrix, Jim Morrison, Brian Jones… La sérienoire orne les bibliothèques des amours défuntes. S’il en estun qui ne s’est jamais englué dans le prédéterminé des destinsbrisés par la célébrité, c’est bien Gaëtan Roussel. Pour lesinrockpubtibles, ce nom résonne comme une porte ouverte.Pour d’autres, il suffit de leur susurrer aux oreilles “LouiseAttaque”. Ah, Ok, “Viens je t’emmène au vent…” Le chanteurà la voix âpre, qui, avec ce groupe, détient la médaille d’or,jamais destituée à ce jour, de 2,8 millionsde ventes en 1997 pour un premieralbum éponyme. Certains auraientperdu les pédales, lui et ses potes sont bienrestés sur leur selle, en se calant justementdans un peloton où ils ont très vite ôtéce maillot jaune. La polarité inversée. “Lanon-célébrité, cela me va très bien” se plait-il à répéter commeun refrain oxygène. Il faut avouer qu’il nourrit sa face caméracachée. Les plateaux TV ne sont pas ses plateaux repas. Sonoriginel a sans aucun doute bâti son originalité. GaëtanRoussel est né à Rodez en 1972 dans cet Aveyron discret. Il y ausé ses bermudas bien loin de la sphère show bizz, avec safamille intellectuellement high level. A 10 ans, bye byel’Aveyron, après le divorce de ses parents, il prend son cartableavec celui de son père, qui accepte un poste de proviseurdans le Loiret. Elève brillant, matheux , il tripote à 14 ans lesgauloises et la guitare derrière le rideau de sa chambre, avecRobin Feix, qui deviendra le bassiste de Louise Attaque. Touten interne, comme dans son internat à Montargis, où les deuxlurons, études obligent, croisent la route en terminale d’AlexMargraff, qui mènera Les Louise à la baguette. Bac dans lapoche arrière de son jean, Gaëtan Roussel, tête bien faite, s’assoitensuite sur les bancs de Tolbiac en archi. Les fondations prennentmais il change le décor intérieur et prend un virage vers la sectionurbanisme où il y construit à la truelle son DESS : “L’urbanisme,c’est plus d’espace que l’architecture. Tu passes de la petiteéchelle à un espace public. C’est comme dans une chanson,

c’est un lien où il faut de la place pour les gens, et que chacuns’installe, pas forcément aux mêmes endroits.” La musique nereste pas pour autant dans la cave aux oublis. Le trio matièregrise crée le groupe Caravage. Le guitariste d’alors se défilejusqu’à ce que le fil d’Arnaud Samuel, prof de physique et violoniste, se couse à ce canevas. “Ils étaient dans une démarcheplus acoustique” rappelait-il, lors de l’éclosion de LouiseAttaque. Les Louise et leur force poétique se retrouvent viteestampillés “Nouveau Téléphone”. Gaëtan Roussel ne répondpas à ce numéro. Il débranche même toutes les communicationscélébrités trop vite mises en ligne. Il s’offre une autre sonnerie

musicale avec son ami Arnaud Samuelavec TaRMaC. Jusqu’à mettre en pauseles deux groupes pour d’autres aventures.“J’aime me laisser embarquer dans desaccidents heureux” confie-t-il souventaux médias. Des collisions magnifiquesin fine. C’est lui qui a écrit et composé le

dernier et sublime album de Bashung, “Bleu Pétrole”.“Bashung m’a appris la curiosité, à me laisser absorber par lesidées extérieures” soulignait -il. Un Gaëtan Roussel qui a aussiouvert un petit coin de Paradis en transformant en tube “Il y a”du dernier album de Vanessa. Aujourd’hui, c’est “Ginger”, ensolo. Un OMNI , un objet musical non identifié, dans le cielfrançais. Un album transgenre qui transpire dance rock,groove pop, folk épuré et reggae de velours, qui a dans lecorps des ritournelles aux déhanchements de comptines etdes respirations impressionnistes. “J’avais envie de faire un disqueque je savais ne pas pouvoir faire seul. Ne pas oublier ce quej’aime, écrire des chansons. Je voulais qu’’un morceau puissese faire malaxer par quelqu’un d’autre.” Ce cerveau s’est anastomosé à d’autres, en l’occurrence, Joseph Dahan, l’ex-bassiste de La Mano Negra, Gordon Gano (ViolentFemmes) et Renee Scroggins (ESG), mais aussi des producteursréputés comme Mark Plati (Bowie) ou Tim Goldsworthy, créateurde DFA, label à la pointe du groove new-yorkais . GaëtanRoussel ou la cave de rock fort, normal pour un Aveyronnais.

“Bashung m’a appris

la curiosité”

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Par Tristan Nelson - Photos : Benni Valson

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es yeux d’un bel ovale s’immiscent à tâtonsdans le camp du charme. Les mêmes qui, sur lespelouses de l’élite, foudroyaient la défense

adverse. Avec le Stade Toulousain, David Berty, l’ailier internationalqui a déposé sa marque de fabrique avec ses passes de quaterback du football américain, ballon torpille à l’épaulejeté, a connu les plus beaux stades de la gloire, avec lesN’Tamack, Cazalbou, Califano, Deylaud, Castagnede etconsorts. Au commencement de la vie d’un sportif, il y a unmystère : celui du talent inné. Ensuite, il y a la gestion de cegénie dans l’euphorie galopante et lesimpondérables. Et puis, il y a l’anormalité,le plaquage à retardement qui vousfusille en pleine course. Une rupture dutendon d’Achille qui vous flingue unecarrière. Un frein dans le moteur quiserre. La bielle de la vie qui coule.C’était en 1997. “ Du jour au lendemain, je n’étais plus dutout rapide. J’avais des problèmes visuels et je fatiguaisénormément.” Chienne d’histoire. Le brun ténébreux estpoussé vers le banc. Sans savoir le pourquoi du comment.Mais il résiste et montre qu’il existe. Il s’expatrie à Brived’abord pour remettre du gaz dans la mécanique, puis àMontauban et à Blagnac. Mais la machine est décidemmentgrippée. “Je ne savais pas ce que j’avais” répétait-il avant dedonner le coup d’envoi fictif du dernier France Angleterrepour l’octroi tricolore du Grand Chelem. Le mal insidieusementne livrait pas son identité. “ Quand on m’a enfin appris quej’avais une sclérose en plaques, j’ai été soulagé. Ca a durétrente secondes. Ensuite, je me suis vu comme un légumedans un fauteuil roulant.” La sclérose en plaques, cette maladieneurologique qui nuit à vos mouvements. Pendant trois ans,David Berty s’est enfermé dans le mutisme, clivant à tripletour la porte au monde de l’ovalie. “Oui, oui, pendant trois ans,je me suis mis en posture d’escargot. Certes, j’ai travaillé, j’ai élevé mes deux filles”. Pour mettre à nue la sclérose en plaques, pour l’affronter plein fer, et lui délivrer uncadrage débordement, il foule depuis deux ans le terrain ducombat. “Pour les gens, quand on dit sclérose en plaques,

ils pensent toute suite fauteuil roulant”. Et là, tel un sphinxmagnifique, il se hisse sur la barricade de la révolte : “Regardezmoi, je suis debout, je marche, je travaille.”Aujourd’hui,David Berty s’inscrit dans une autre performance que celledes joutes ovales. Il a remis le plein de super pour reprendrela route du milieu du rugby, affublé du maillot de parrain del’Association Française des Sclérosés en Plaques (AFSEP). “Je fais tout pour ouvrir les portes de la Fédération Françaisede Rugby pour, grâce à mon passé de joueur, utiliser les événements rugbystiques pour parler de cette maladie.

Car on connaît le nom, mais on ne saitpas tout ce qui se passe derrière. Je neveux surtout pas la banaliser. En Franceaujourd’hui, il y a 8000 sclérosés, et je peux vous dire qu’il y en a beaucoupcomme moi qui peuvent se déplacer.Vous ne pouvez pas deviner qu’ils sont

atteints. Et vous ne savez pas quelle est leur vie.” SaisissantDavid Berty, mais pas larmoyant. Au contraire, il brise leschaînes beau comme le conte de Monte Cristo pour pointerles vérités : “On manque de lits en France. Nous n’en avonsque 300 dans les centres spécialisés. Pour 8000 maladescomptabilisés, il en faudrait 3000. Le pire, c’est que quandvous n’êtes pas proches d’un centre, on vous hospitalisesouvent en psychiatrie.” Une ineptie. “Mon nouveau match,c’est de sortir les malades de l’isolement dans lequel lesplonge l’ignorance.” Lors du dernier face à face royal FranceAngleterre diffusé en 3D au Gaumont Labège, David Berty a vaincu son avatar : “J’ai reçu de la FFR des calendrierssignés par tous les joueurs. Jean-Marc Dupuy-Brandner, le délégué 31 de l’AFSEP, a pu, pendant que je donnais le coup d’envoi à Paris, faire un discours pour parler de l’association. Même si dans ce genre d’opérations, on nerecueille pas de fonds, le but est de faire savoir.” Après avoirjoué à cache-cache avec David Berty, maintenant la scléroseen plaques peut se présenter en opposition frontale,il sait la plaquer aux jambes avec fermeté.

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Par Tristan Nelson - Photo : Philippe Guionie / Myop

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J e u n e e t d é j à d e l a b o u t e i l l el n’aime pas trop faire péter le bouchon de labouteille de son histoire personnelle. Il a lamodestie accrochée à la grappe. Pourtant, elle

est d’un bel assemblage de cépages venus de terroirs distants de quelques milliers de kilomètres. Vie qui rime avecdéfis. En avance avec ce temps actuel où chacun chacune estincité à faire ce pas de côté qui le réinvente, qui le recrée, quile ressuscite dans un ailleurs, le pire étant de s’engluer dansle répété, dans le prédéterminé. Alors, il a tracé cette lignebrisée, pour revenir vers un départ qui répond à son origine.Aujourd’hui, Paul Fabre, directeur de l’interprofession desvins du Sud-Ouest, est la voix fédératricede 5000 vignerons, du Pays Basque, enpassant par Fronton, Madiran, les hautsde l’Aveyron, où les caractériels sontaussi forts en bouche qu’un Armagnac20 ans d’âge. Ce type atypique n’est paspour autant tombé dans le tonneau dumonde viticole par une simple glissade.“Natif de Narbonne, je suis d’une famille de viticulteurs du Languedoc-Roussillon. Même s’il est vrai que j’ai travaillé dans des milieuxtrès différents, je connais tout de même ce secteur depuisma vie estudiantine car j’ai bossé pour payer mes études dedroit à Toulouse”. Mais Paul Fabre sent que le droit et lui, çatourne au vinaigre. Alors, il jette sa bouteille à la mer…ducinéma. Clap moteur sur autre film d’aventure. “ Je suis rentrédans le milieu du théâtre et du cinéma comme assistant deproduction pour les sociétés AV Film et Paulo Film. On a faitpas mal de téléfilms. Ce qui m’a permis d’être souvent à Paris,mais aussi en Finlande. Oui, oui en Finlande. C’était histoirede voir autre chose.” Paul la bourlingue en revient avec undrôle de pass VIP qui lui ouvre la porte de la présidence dufestival de la semaine islandaise du cinéma à Toulouse. Dugenre à ne pas reproduire les scenaris, il déplace sa camérapour un flash-back estudiantin. “C’est vrai, j’ai alors 26 ans, etje décide de reprendre mes études en droit, tout en retravaillanten même temps dans la filière viticole. J’obtiens mon DEA dedroit économique et de la communication.” Après le froid

islandais, je suis parti travailler dans un cabinet d’avocats auCameroun pour l’harmonisation en Afrique du droit desaffaires.” Place alors à nouveau à sa géométrie professionnellenon euclidienne où profondeur et perspective bousculentencore les attentes de ses proches. De la viticulture, il connaîtla robe, mais pour l’enfiler , il lui a fallu avoir du corps. “Au seinde la fédération des vins du Languedoc-Roussillon, on m’aproposé de mettre en place une AOC, globale, la dernière enFrance.” Après cinq ans de travail, elle est enfin reconnue. J’ai appris ce que c’était de négocier. Mon expérience africaine m’a servi. J’avais appris à toujours recevoir et analyser

les arguments des autres. “ Il ne sirotepas pour autant le pinard de la gloire,ne s’enferme pas dans une cave pourvieillir comme un grand cru classé. “J’aivu une petite annonce des vins du Sud-Ouest qui cherchait quelqu’un au seinde son interprofession.” Nous sommesen 2007, et ce Marco Polo modernepose son sac de baroudeur dans la première couronne toulousaine à

Castanet pour un défi où il ne doit pas jouer le simple taste-vin :“J’ai deux chantiers : mettre en place l’interprofession uniquede bassin et dans le cadre de la segmentation du marché,mettre en place un plan stratégique marketing pour les vinsdu Sud-Ouest. Booster le marché français et l’export.” Assis à la table, il y a des forts en gueule, des bibis catcheurs,des muets qui n’en pensent pas moins. Toute une famille éclatée. “La situation économique est délicate, on en est tousconscients. Mais, je vois que même s’il y a de fortes disparités, tous reviennent à la table des négociations pourtrouver des compromis afin que cette interprofession marche unie avec toutes ses typicités. L’interprofession et ses 43 appellations a été officialisée le 1er août 2009.” Face à toutes ses énergies, Paul Fabre, 39 ans, a dû tout aspirerpour créer une synergie. Un filtre pour en dégager la meilleure cuvée.

“Dans ce milieu, j’ai

appris ce que c’était

de négocier”

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Par Tristan Nelson - Photo : Philippe Guionie / MyopRemerciements à Julien Fernandez

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l a quelque chose de ces marins qui ont trucidéleur premier océan. La tronche joliment castagnéede ceux qui remixent sans cesse la rudesse de la

vie baleinière. De cette trempe qui se frotte les mains d’allerbousculer cette flotte du passage nord-ouest où l’on troquel’Atlantique rebelle pour le Pacifique rancunier, le long du cerclepolaire, entre derniers ours blancs et inuits oxydés. Fortcontre les eaux fortes. Didier Castex, une gueule entre EricTabarly et Philippe Poupon, est aussi un fort à bras. Si lesmarins se sont gravés un palmarès hors pair, lui, il grave desoeuvres hors pairs. Didier Castex est undes derniers navigants dans la région àsillonner dans ce courant artistique. “Leseaux fortes sont en général plus desoeuvres qui répondent à une culturebritannique ou germanique. Cela se faitpeu en France ou dans le sud del’Europe, même si un artiste commePicasso y a touché. Car l’eau forte ou lalithographie sont des très vieilles techniques. Beaucoup d’artistes réputés s’y sont frottés un jour” confie le bonhommedans son antre qui s’assimile comme deux gouttes d’eau à unlogis d’un marin solitaire. Une large pièce, home made,vivant, un piano, des guitares, sans fanfreluches, économe, etson atelier. Comme un solitaire, il vit en autarcie bricoleuse àToulouse. Au fait, comment est-il tombé dans ce bain artistique ?Sa timidité brasse à petits bouillons avant qu’une rivière souterraine agitée en 1968 ne vienne crever le macadam.“ Et bien, voilà, j’étais aux Beaux-Arts à Toulouse, et en plein mai68, l’école était fermée, sauf l’atelier de gravure où il y avait unprof de talent, Monsieur Louvrier. Ce type m’a tout de suiteattiré. Avec des potes, on lui a porté des dessins. Et c’est ainsiqu’il nous a offert une place dans son atelier.” A 20 piges, il nelargue pas pour autant les amarres dans cette mer d’incertitudes.“Je suis tout de même resté dans les arts graphiques. J’aibossé dans la pub, j’ai fait beaucoup de roughs pour de multiplessociétés dans la région. Et puis un jour, j’ai dit basta et je mesuis rapproché de cette technique artistique. C’est un travailtrès méticuleux. Une gravure, ce n’est pas la copie d’un

original, c’est un travail de création. A partir d’un dessin, je faisune reproduction avec un vernis sur plaque de cuivre, quidevient un isolant. Ensuite, je dessine sur la plaque avec unepointe qui ôte tout le vernis. Le métal est à nu. Pour donnerde la matière, je mets de l’aquateinte, qui est de la résine depin pulvérisée. Je regarde ensuite ce qui a été pris pour voircomment le dessin a mordu sur la plaque, ensuite avec del’acide, je fixe le travail. On peut aussi utiliser du sucre pourrajouter un dessin au dessin original. On peut le faire à l’infini …Pour être honnête, je ne vis pas de ce travail, car mes client

sont surtout des Allemands et surtoutdes Anglais, car quand vous allez dansun pub en Angleterre, souvent des eauxfortes sont exposées” garantit celui, quipart l’entremise coup de poker de sonpote agent, Gilles Bensadoun, a réaliséune eau forte à destination de Sir PaulMc Cartney, le gaucher génial desBeatles, baptisée “Abeille rôde”.

“Au départ, j’ai réalisé un énorme rhinocéros à la peau bientannée. Et comme je suis un fan inconditionnel des Beatles,et après délires et discussions avec Gilles, j’y ai reproduit selonmon inspiration la pochette de l’album Abbey Road, d’ouAbeille rôde, où les quatre Beatles traversent la rue de leurstudio mythique.” Naviguant sur les flots de ses chimères, hissantaussi la voile de ce Toulouse qu’il chérit comme un océan depensées, Didier Castex a régionalisé son œuvre surréaliste :“Déjà, les Beatles avec un rhinocéros, je défiais la logique, alorspour poursuivre dans ce chemin un peu fou, j’ai ajouté laGaronne, des lieux symboliques de la Ville rose, mais aussi unAirbus dans le ciel.” Un peu branque en effet. Comme unmarin, avec un mode de gouvernance bien à lui, loin d’unKersauson absolutiste anxieux, mais plus proche d’un Covilleassez démocrate youp la boum, Didier Castex prend un malinplaisir à aller taquiner les eaux sans pour autant ébrécher lesvagues de la planète au hachoir de son orgueil. Castex, undrôle de marin face aux eaux fortes.

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“Cela répond plus à une

culture britannique

ou germanique”

IUn drôle de marin face aux eaux fortes

Par Tristan Nelson - Photo : Philippe Guionie / Myop

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AurélienBory

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L a s c i e n c e s u r l e s p l a n c h e s

Par Jean-Luc Feixa - Photo : Philippe Guionie / Myop

n soir au théâtre, notre regard quitte la scènepour s’attarder sur la centaine de spectateursqui contemple l’étrange ballet qu’exécutent

deux hommes et une machine usine. Malgré l’obscurité, ondevine la tension et l’émotion qui parcourent leur visage,dont les traits tirés, semblent suspendus aux pas aériens desdanseurs. Cette fois encore, l’écriture d’Aurélien Bory faitmouche et nourrit à l’encontre du personnage et de sessuccès une certaine fascination. Pour comprendre commentce metteur en espace prépare ses performances, il fautremonter à l’époque de ses années delycée, à l’heure où les questions d’orientations mettent à mal vos ambitionsde devenir astronaute. Son truc à lui,c’est la mécanique des corps, les nombresqui gouvernent le monde, et les loisqui garantissent les équilibres. Le jeuneélève originaire de Colmar opte alorspour des études de mathématiques etde physique, et se lance après le bacdans un cursus d’architecture acoustique.A cette époque, la voie vers une vie de scientifique lui sembleêtre toute tracée, mais un grain de sable vient enrayer la marcheaveugle de la destinée. En effet, depuis son adolescence,Aurélien pratique l’art du jonglage qu’il n’a de cesse de perfectionner durant l’université. Entre son amour des chiffreset du cirque, l’étudiant va devoir faire un choix et succomberaau final au charme des acrobaties. Il quitte alors Strasbourget le blanc des labos pour rejoindre, en 1994, les couleurs duchapiteau de l’école du Lido à Toulouse. “C’est là que je mesuis formé, que j’ai monté mon premier spectacle et quetout a réellement commencé”. Mladen Materic, directeur duthéâtre Tattoo, le repère, l’engage et met à profit son savoirfaire dans une pièce au nom prédestiné, “l’Odyssée”. Puis en 1999, il fait le grand pas et crée la compagnie 111 qui sertaujourd’hui de toile de fond à ses expérimentations “le jonglage obéit aux règles de la mécanique générale etdes équilibres et c’est par ce biais, et par l’art du cirque engénéral, que je suis venu au théâtre. Ainsi, j’utilise la scène

comme un terrain de jeu où les corps s’amusent avec les loisde la physique” élémentaire mon cher Albert ! Plus Einsteinque Molière, Aurélien Bory réconcilie ses deux amours, desplanches et de la science, pour composer un catalogued’œuvres visuelles, dont chaque page explore de nouveauxhorizons. Un concept mis en pratique dans sa trilogie sur l’espace qui apprivoise tour à tour, le jonglage (IJK), les performances acrobatiques (Plan B), et la grâce du mouvement (Plus ou moins l’infini). Etre à part, à la croiséedes arts, Aurélien Bory est un esthète énigmatique

dont l’hyperactivité trahit un culte del’instant “le spectateur, de part son histoire, témoigne d’un ressenti particulier face à une pièce, et cetteinteraction fait de lui un élémentessentiel dans mon travail. Chaque soirest différent, et l’existence de l’œuvres’inscrit dans un contexte et un lieupropre, et obéit de ce fait à un critèred’éphémérité.” Ainsi que ce soit à Tanger avec “Taoub” où plus encore

à Dalian, en Chine, pour son fameux “les Sept Planches de la ruse”, Aurélien Bory s’imprègne des identités locales et de tout ce qui fait l’histoire d’une terre pour enrichir sescréations. “Ma démarche est particulière, mais j’ai toujoursété soutenu par des mécènes, telle la fondation BNP Paribas,ou par de belles institutions, tels le théâtre Vidy Lausanne”.S’il est désormais installé à Toulouse, au cœur de ses “racinesthéâtrales”, le jeune metteur en scène ne cesse d’exporter ses talents et repart en tournée internationaleavec sa création “Sans objet” où il continue d’explorer les relations ambigües entre les Hommes et la technologie.De récompenses en applaudissements, Aurélien Bory écrit à l’encre de l’estime, le roman d’un itinéraire d’un enfantamoureux de la balle dont la préface pourrait emprunter ces quelques mots à Henry Bordeaux “Toute biographiedigne d’être écrite est le récit d’une ascension”.

“La scène est un terrainde jeu où les corpss’amusent avec les loisde la physique”

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u royaume des Navarre, le terroir et l’authenticitésont rois ! Devenus incontournables dans lepaysage gastronomique local, enviés, voire

jalousés par les “vrais” toqués, Jérôme et sa compagneChristine sont deux autodidactes de la restauration, empêcheursde tourner en rond, qui, avec leur crédo de la cuisine degrand maman servie sans fioritures, ont trouvé “la” recettepour réconcilier les Toulousains, en particulier les jeunes,avec le plaisir de faire bonne chère à la même tablée. Avecdes réservations bookées une semaine à l’avance pour lesoir, la table d’hôtes ouverte il y a troisans ne désemplit pas. Le midi, avocats,ouvriers et retraités partagent la mêmeripaille et le même banc. Car chez Navarre,menu et tarif sont le même pour tous :buffet d’entrées, plat du jour tradi, fromage et desserts maison, dont lefameux riz au lait qui a beaucoupœuvré pour la réputation du lieu. Dansce restaurant rustique et convivial, chacun se sert dans les plats,débarrasse son couvert et choisit son assiette dans le vieuxbuffet campagnard. A humer le fumet d’un pot au feuréchauffé au coin de la cheminée, on s’imagine mal queJérôme, 35 ans, look urbain et décontract’, sillonna dans uneautre vie les palaces de L.A., New York, Paris et Milan, pourshooter la crème des tops en tant que premier assistant deMichel Comte, photographe zurichois, mondialementconnu pour ses nus de Carla Bruni. “Un jour j’en ai eu marrede cette vie. Déjà à 20 ans, j’avais hésité entre CAP photo ourestauration”, raconte-t-il. “La cuisine était devenue uneobsession. Dès que je rentrais de voyage, je faisais le marchéà Paris et j’organisais des dîners pour les copains”. Besoind’air et de retour aux sources, en 2005 le photographeredescend à Toulouse dans l’idée d’ouvrir un resto terroir,sans serveur et bon marché. “J’ai quand même quelquesantécédents, mon père est boucher, et j’ai grandi àBoulogne-sur-Gesse”. A la maison c’est papa qui cuisinait, samère, médecin de campagne, n’avait pas le temps. “Je l’accompagnais souvent en visite chez les paysans, c’est

sûrement de là que me vient ce rapport rural à la cuisine”.Pour réussir sa reconversion, Jérôme a suivi une formation àl’école hôtelière, troquant les paillettes d’une vie facilecontre le bus du lundi matin, cartable sous le bras. Un vraipari. Le maître-mot de Jérôme, c’est la simplicité. “MichelComte m’a transmis le principe du less is more. Je m’en suisinspiré pour ma cuisine. Pour une bonne compote, nulbesoin d’ajouter de la cannelle, il faut juste de bonnes pommes,idem pour la purée, je ne l’aime pas hyper lisse mais avecdes morceaux, que ça fasse vraiment campagnard, pas

professionnel.” Impossible de trichersur la qualité des produits ; viande defermiers de l’Aveyron, primeurs locauxet pour le vin, Jérôme Navarre est unfanatique de vins bio et naturels.Le succès, il le partage aujourd’hui avecChristine, qui a ouvert il y a six mois lacantine vietnamienne “Chez Pham”.“Le boucher d’à côté prenait sa retraite,

alors on a eu l’idée de décliner le même concept de cuisinefamiliale, mais vietnamienne.” Lancé sur un plat unique - la soupe traditionnelle Phô - la cantine a fait le plein dès lapremière semaine. Au bout d’un mois, c’est un coup decœur du très branché guide Le Fooding qui auréolait lapetite affaire de cette ex-styliste de 39 ans, arrivée en Franceà l’âge de deux ans. “Mes parents sont restaurateurs enAndorre, mes frères cuisiniers, mais jamais je n’aurais imaginéouvrir un restaurant, c’est Jérôme qui m’a poussée” confiecette femme fluette et espiègle. Jérôme et Christine ou l’histoire d’une reconversion heureuse. Travailler en couple ?Aucun problème pour ces deux là. “Ca marche du tonnerre,on a aucune raison de s’engueuler ! On se fait des bisous encuisine ! ” plaisante Christine. Bien sûr les nuits sont courtespour ces parents de deux petits garçons. Il faut dire que chezNavarre, les dîners entre amis se prolongent souvent tardautour d’une bouteille de Marcel Lapierre. Pourvu que ça dure.Chez Navarre - 1 et 2 rue Mage, Toulouse

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L’H istoire d ’une

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Par ALine Royer - Photo : Philippe Guionie / Myop

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StéphaneTrapier D

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“ D e s s i n e m o i l ’ a b s u r d e ”mpossible de passer outre ses dessins et illustrations, qui des colonnes des journauxaux murs des métros, plongent notre

regard dans une mer couleur absurde. De leur auteur,pourtant, on ne sait rien, si ce n’est un nom et un prénom, dont la signature Stéphane Trapier, affichesouvent ses rondeurs tout de noir vêtu. Alors quand à l’occasion de la biennale ibérique de Colomiers cefantôme fait le déplacement, on ne rate pas l’occasionde mettre un visage et une voix sur un trait de crayonsi familier. Assis en face de vous, discret, modeste,l’homme se prête au jeu des questionsavec timidité, presque embarra.Quel thème aborder ? On tente sapassion pour le dessin “une vocation,j’ai été formé à l’école de CergyPontoise, et j’ai commencé à dessinerpour la jeunesse en collaborantavec divers magazines dans l’illustration”. Il s’arrête. “Puis j’en aieu marre, l’impression de tourneren rond, alors j’ai crée une agencede graphisme avec deux amis aveclesquels je collabore toujours”, sa réponse courtencore sur quelques phrases et puis point final.Efficace, certes, le dessinateur boucle en 5 minuteschrono le tour d’une vie, proches et parents compris,qui au regard de ses premiers dires s’apparente à unlong fleuve tranquille. Alors on revient à la charge,plusieurs fois, sans trop de succès, jusqu’à l’interrogersur l’explication même de son choix de carrière, luiqui à la différence de beaucoup d’autres aurait pu abandonner sa passion au seuil de ses 20 ans. Il réfléchît “c’est une très bonne question… Je pensesimplement que je n’ai pas eu d’autres choix quecelui de dessiner”. Le secret est là, tout simple etpourtant inexplicable. Stéphane Trapier crayonne carc’est inné, et cela ne s’interroge pas. Complice de la

confidence, il remonte alors le fil de son existence,analysant sous un nouveau jour chacune des étapesprécédemment déconsidérées. “Le dessin est un vecteurd’échange, qui m’a permis de découvrir des universtotalement différents et surtout de faire des rencontresfondamentales”. Il en est ainsi de son acolyte XavierBarral, au coté duquel il crée en 1992 l’agenceAtalante. Devenu depuis un fleuron de la communicationculturelle, la structure affiche à son répertoire unpatchwork de clients brodés en lettre d’or, dontl’Opéra de Paris, la fondation Cartier ou encore

et surtout le théâtre du rond point,dont le responsable Jean MichelRibes, fut une autre rencontre décisive”. “J’ai placé entre parenthèsesma carrière de dessinateur depresse, pour privilégier le graphismeet mon poste de directeur artistique.Puis, en 2005 Jean-Michel Ribes acommandé des affiches, il a aimémon trait, puis d’autres clients sontarrivés et de fil en aiguille j’ai remisle pied à l’étrier”. Véritable identité

visuelle pour le théâtre, ses dessins à l’esthétique etaux propos saugrenus, noircissent dès lors les pagesde nombreux livres et se déclinent régulièrementdans les colonnes du Monde, de Fluide Glacial ou deTélérama. On lui reproche son penchant pour lacruauté, lui, voit dans le déluge de têtes coupées etde dérision “de simples dessins, dont la violence estbien inférieure à celle véhiculée par nos sociétés”.Véritable énigme, Stéphane Trapier étonne par ledécalage qui se dégage entre son allure discrète etl’audace de ses croquis “l’ambivalence est au cœur dema personne, je me suis aperçu récemment que mavie était toujours en équilibre entre deux critères”. C’estd’ailleurs l’une des raisons qui le pousse, lui le dessinateuren proie à la solitude, à multiplier les collaborations

Stéphane Trapier

crayonne car c’est

inné, et cela ne

s’interroge pas.

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et à échapper à toute classification. “Dans le genre GlenBaxter est une véritable influence, il arrive à naviguer dudessin de presse, au mur des galeries, sans être clairementidentifié”. A cet égard, Stéphane Trapier, passa la semainequi suivit l’entretien à remplir la mission inédite de croquerl’ambiance du festival des biennales ibériques. Un exercicede style inédit qui confirme son statut d’OVNI du papier glacé.

Par Jean-Luc Feixa - Photo : Frédéric Maligne

“J’ai d’abord souhaité que la biennale ibérique de Colomiers reflète la richesse du patrimoine flamenco.

Très vite j’ai su qu’elle se devait d’être plus que cela. Il fallait aller plus loin, là où se situe la création :

à la croisée des chemins de la tradition et de la modernité.

Les artistes de la péninsule ibérique puisent leur énergie créatrice dans ces espaces essentiels

et nous offrent un florilège d’œuvres comparables à nulles autres,

mais qui parlent et sont destinées à tous.Certains disent que l’essentiel est perçu

par ceux qui ont des yeux pour voir et des oreilles pour entendre.

J’ai vu et j’ai entendu des hommes et des femmes, des Artistes.

Ils transmettent l’amour, la tristesse, la joie, l’exil… Avec talent, générosité et un supplément d’âme

qui transforme leur propos artistique en langage universel.

Cette édition a été plus que jamais le fruit des nombreuses rencontres qui animent la magie de mon métier.

Leurs restitutions artistiques ont été multiples, toujours surprenantes et intenses.

Béatrix BordesDirectrice Artistique

Festival la Biennale des Musiques IbériquesVille de Colomiers

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B I G A P P L EI S W A I T I N G F O R Y O U

Qui n’a jamais rêvé un jour de découvrir ou derevenir à New York et d’arpenter les grandesavenues, visiter des musées époustouflants,déjeuner à Central Park, chercher les galeriesunderground de Tribecca, découvrir Little

Italie, embrasser cette ville de lumière duhaut de l’Empire State Building, aller

au spectacle à Broadway...?

S É J O U R SA L A C A R T E

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Ville de tous les superlatifs, NewYork ne manque pas à sa réputation !Captivante, électrique, démesurée…celle que l’on surnomme “the bigapple” se croque en toutes saisonset s’avère, comme promis, pleinede saveurs insoupçonnées.Ville la plus représentée sur lesécrans de cinéma, de King Kong àWoody Allen, New York conservepourtant toute sa magie et sonmystère. Située à l’embouchure dela rivière Hudson et de l’East River,New York est divisée en 5 arron-dissements appelés “boroughs” :Manhattan, le Bronx, le Queens,Brooklyn et Staten Island.

Manhattan est une île nord-sud,divisée en trois zones : Uptown, deHarlem, au nord, jusqu’à la 59ème rue,essentiellement résidentiel. Midtown,le centre ville : quartier des affaires,des théâtres, des magasins et desrestaurants, jusqu’à la 14ème rue.Downtown, avec Soho, GreenwichVillage et Wall Street, la partie la plusancienne de New York, primitivementfondée à partir de la pointe sud del’île, qui a gardé son plan ancien etson cachet d’antan, à l’exception,bien sûr, des gratte-ciel de Wall Street.Quelques quartiers : le nom deSOHO provient de South ofHouston street. Soho est peut être

le quartier le plus hype deManhattan, Soho c’est le coin dushopping dans les boutiques décalées et originales, les nombreusesgaleries d’art contemporain.Agréable pour déambuler etdécouvrir un cadre architecturalvarié; des buildings mixant le styleart-déco, les poutres en acier, les escaliers de secours sur les façades.Greenwich Village est très recherchépour le charme européen de sespetites maisons et son atmosphèremythique liée à la vie nocturne où se produisent les meilleursmusiciens de jazz, de blues et de rock.

N E W Y O R K , La ville qui ne dort Jamais...

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Time Square est le cœur touristique de New York, l’une des placesles plus célèbres au monde, en constante effervescence àtoute heure du jour ou de la nuit, avec les théâtres deBroadway, les imposants néons publicitaires et écrans géants.Meatpacking district, c’est l’ancien quartier des abattoirs,considéré aujourd’hui comme l’un des plus branchés de laville. Place aux boutiques chics, aux restos, aux clubs, aux bars.Beaucoup de célébrités viennent s’y promener et de nombreuxcréateurs ont choisi d’y ouvrir une boutique.

Hôtel The Mave ***

L’hôtel est situé sur Madison Avenue, à quelquespas de l’Empire State Building et des magasins de luxe de la 5eme Avenue. Cet hôtel de caractèreoù vous attendent des chambres élégantes et modernes, des équipements dernier cri (écran plat, wifi, station d’accueil iHome, centre de remise en forme).

2 0 , r u e d u R e m p a r t S a i n t - E t i e n n e - T O U L O U S ETé l . : 0 5 6 7 3 1 7 0 0 0 – c o n t a c t @ a m p l i t u d e s . c o m

S É J O U R A M P L I T U D E S“ L E S S O L D E S A N E W YO R K AU M O I S D E J U I N ”Un séjour à moins de 1000 euros ( 5 jours / 3 nuits du 3 au 5 juin 2010), vols à bord de l’A380 d’Air France.

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Le

ChoColat …et la chocolaterie-

a matière donne de nombreuses possibilités esthétiques” Vincent 28 ans, maître chocolatier chezPillon, nous accueille dans le laboratoire aux stricts respects des règles d’hygiène et nous abreuve

sans retenue de son savoir-faire.Le chocolatier s’occupe de la production de A à Z et tous azimuts les informations pleuvent : “à sonarrivée à l’état brut, en bloc de 3 à 5 kg, le chocolat est transformé et passe par une courbe de cristallisation :

45°, puis 26° et remonté à 30 ° et là il est prêt à l’usage, à la consommation ou prêt à être moulé ; la Tempéreusegarde le chocolat à température qui conserve ainsi sa fluidité pour moules ou soudures.Un choc thermique est nécessaire lorsque le chocolat fondu est versé dans un moule, ensuite direction frigo, au moins1/4 d’heure”. De la plaque à chauffer pour souder, par fonte ou par ajout de chocolat, à la bombe qui accélère le processusde refroidissement, cette matière est travaillée telle la terre par un potier… Concentré sur son poste de travail,Vincent prépare tour à tour pâte, garniture, cuisson, décoration et verse, moule, décore, dose cette odorantetexture qui vraisemblablement prend toute sa dimension entre ses mains, car nul doute que le véritable talentde l’artiste n’est autre que l’association de créativité, d’imaginaire et d’habileté…

“C’est aussi une matière capricieuse”, ajoute notre jeune chef ; “le chocolat tolère mal la chaleur et aussi l’humidité”Quant au chocolat blanc… “Différentes molécules réagissent à la température qui fait que le chocolat blanchit”.

Ici, les moules utilisés sont en polycarbonate ; pour les commandes atypiques, la fabrication artisanale reste derigueur : moule en plâtre pour définir la forme, passé à la termoformeuse plastique pour faire le moule qui

recueillera le chocolat.

Plus de 14 variétés de chocolat “Grands Crus d’origine” ont été sélectionnéespar la Maison Pillon.

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Histoire du ChocolatCe sont les Mayas qui sont les premiers à cultiver un cacaoyer ; ils utilisent les fèves comme aliment, mais aussicomme monnaie d’échange et pour le paiement des impôts. C’est en 1519 que le chocolat est découvert parles Espagnols ; lors de l’arrivée de Hermann Cortes au Mexique, une boisson locale de bienvenue appelée leTCHOCOATI lui est servi…Le chocolat arrive en Espagne et devient peu à peu une “passion obsessionnelle”de la vie quotidienne..Ce n’est qu’au XVIIe Siècle que son importation devient européenne.L’Espagne garde malgré tout le monopole de l’importation en Europe ainsi que son secret de fabrication..Il faut attendre le XVIIIe Siècle pour voir sa production se développer et son usage se répandre.

Sa consommation commence à se vulgariser à partir de 1660 et les premiers ateliers de production et de traitement sont fondés au cours du XVIIe siècle à Bayonne ainsi que dans d’autres villes du sud ouest de la France.Le développement industriel commence au XIXe siècle et ce n’est qu’en 1847, qu’apparaît le brevet définitif defabrication du chocolat de confiserie tel que nous le connaissons aujourd’hui.

Les trois grandes variétés de cacaoyer les plus répandues, le Criollo, le Forastero et le Trinitario sont cultivéesau Venezuela, Cuba, Saint-Domingue, Trinidad, Sao Thomé, Nouvelle Guinée, Brésil, dans les caraîbes,l’Equateur, et l’océan Indien. Un véritable tour du monde des papilles.

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L e s V e r t u s d u C h o c o l a t e t d u C a c a oLe chocolat a mille vertus. Il est énergétique et reconstituant.100 g de chocolat noir apportent 520 kcal et 100 g de chocolat au lait apportent 540 kcal.

Le chocolat noir est riche en magnésium et apporte du fer, le chocolat au lait est riche en phosphore et apporte du calcium,du potassium et du sodium. Il contient de la théobromine et de la caféine qui lui confèrent des propriétés toniques et stimulantes.Considéré comme un antidépresseur, certains de ses composants, dont les vitamines, ont un effet euphorisant, qui créeraient un état de mieux-être et une meilleure résistance à la douleur. C’est un puissant protecteur des dommagesoxydatifs (vieillissement), il participe à l’élimination du cholestérol et prévient l’artériosclérose. Il constitue une sourceimportante de minéraux majeurs, d’oligoéléments et contient des fibres qui participent à l’élimination des calculs biliaires.

Le chocolat noir est donc neutre en terme de cholestérol et peut être consommé sans inquiétude par les sujets préoccupéspar leur taux de cholestérol.

La chocolaterie Pillon propose régulièrement des Ateliers / renseignez vous au 05 61 55 03 08

De la Fève au ChocolatSélection, séchage, torréfaction, broyage des fèves, mélange de la pâte de cacao avec du sucre et du lait, tempérage,moulage, la fabrication du chocolat résulte d’un véritable savoir-faire qui compte pas moins de 15 étapes entre larécolte de la cabosse, à l’autre bout du monde, et l’aliment gourmand, prêt à être dégusté par les petits etgrands. Le cacaoyer est un arbre fragile qui pousse uniquement dans les pays tropicaux. D’environ 7 mètres dehauteur à maturité, il produit de 500 g à 2 kg de fèves par an. Il existe 3 variétés de cacaoyers :• Le Forastero (70% de la production mondiale), qui produit des cacaos amers aux arômes légèrement acides,• Le Trinitario (20% de la production mondiale), qui développe un cacao fin à teneur élevée en matières grasses,• Le Criollo (près de 10% de la production mondiale), qui est à l’origine d’un cacao fin et aromatique.

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Fabrication : étapes principales

Un fruit : la cabosseLes cacaoyers produisent des fruits appelés les cabosses qui contiennent elles mêmes des graines de cacao. Il leurfaut 4 mois pour mûrir et acquérir leur couleur jaune orangée.

La récolteLa cueillette ne doit pas endommager le fruit, ni blesserl’arbre. Cette opération est très délicate surtout pour lesfruits situés en hauteur, on utilise des lames courbesfixées au bout d’une perche.

L’ écabossage et la fermentationL’écabossage consiste à extraire les graines de cacao (entre 20et 50) des cabosses avec un gourdin. Les graines sont enrobéesd’une pulpe blanche, appelée “mucilage”. 20 cabosses fraîcheséquivalent à un kilo de fèves séchées. Pour obtenir une fermentationrapide, celle-ci se pratique sur site favorisant la qualité ducacao. Les graines sont alors disposées dans des bacs de fermentation. Le mucilage se liquéfie et s’écoule. Des réactionschimiques naturelles développent les couleurs et les arômes.

Le séchage Durant 1 à 2 semaines, les graines, tournées régulièrementpour enlever pulpe et débris, sèchent de manière naturelleau soleil ou dans des séchoirs artificiels. Les graines deviennentalors des fèves de cacao : elles prennent alors leur couleurbrune caractéristique et elles sont prêtes pour l’exploitationou l’exportation. La torréfaction des fèves grillées est atteinteà 130°. Le cacao, comme le café développe son arôme et sacouleur une fois torréfié.

Le broyageLes grains torréfiés sont alors broyés pour donner unepâte de cacao appelée masse de cacao à partir delaquelle sera fabriqué le chocolat.

La fabrication de la poudre et du beurre de cacaoLa pâte de cacao est pressée dans des presses hydrauliquespour obtenir d’une part le beurre de cacao (liquide) qui seracoulé dans des moules pour obtenir des blocs solides, etd’autre part le tourteau (solide en forme de galette) destiné,une fois broyé à la poudre de cacao.

Le malaxageEn ajoutant du sucre, du lait, et du beurre de cacao, la pâtede cacao alors malaxée dans un pétrin servira à fabriquer la pâte homogène du chocolat. Passée dans une broyeuseaffineuse, la pâte est filtrée afin de diminuer au mieux la tailledes particules solides existantes.

Le conchage et le tempérageLa pâte de chocolat subit une agitation mécanique de 24 heuresenviron, pour lui procurer tout son arôme, son fondant etson onctuosité. Le chocolat est alors descendu en températurefavorisant sa cristallisation, sa brillance et son “croquant”.

Bonne dégustation ! Sachez abuser du chocolat sans modération…

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