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Création 2012 mise en scène par Elise Chatauret, mise en musique par Casey et Marc Sens interprété par Casey, Marc Sens, Jean-Christophe Folly, Hélène Avice et la Troupe Babel Antigone de Sophocle eltho eltho compagnie

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Page 1: Mise en page 1 - Compagnie Babel...a désobéi et a mis sa vie en péril en toute connaissance de cause. La tragédie se joue entre la course d’Antigone et celle de Créon, deux

Création 2012

mise en scène par Elise Chatauret, mise en musique par Casey et Marc Sens

interprété par Casey, Marc Sens, Jean-Christophe Folly, Hélène Avice etla Troupe Babel

Antigonede Sophocle

elthoelthocompagnie

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Texte : SophocleTraduction : I.Bonnaud et M.Hammou

Mise en scène : Elise ChatauretComposition musicale : Casey et Marc Sens

Scenographie : Natacha LeguenCréation lumières : Marie-Hélène Pinon

Costumes : Isabelle PasquierAdministration / Production : Marie Ben Bachir

AvecCasey ; Marc Sens ; Jean-Christophe Folly ; Hélène Avice ; Niffay Abdou ;

Laila El Moueddine ; Aziza Ouali Meleas ; Rhali Anis ; Sonia Tendron

Avec le soutien de La Ville de la Courneuve et du Conseil Général de Seine Saint Denis, duContrat Urbain de Cohésion Sociale et de la Fondation Anber.

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Antigone va s’opposer àson oncle Créon au risquede sa vie. Elle va enterrerson frère Polynice qui acombattu contre la Cité et aété condamné par lui à nepas recevoir de sépulture.Créon sort d’une guerresanglante, il doit rétablir lapaix, assurer l’ordre. A plu-sieurs reprises, il deman-dera à Antigone :connaissais-tu cet édit ? Astu recouvert ton frère deterre en pleine consciencede ce que tu risquais ?Mais Antigone savait. Elle

a désobéi et a mis sa vie en péril en toute connaissance de cause.

La tragédie se joue entre la course d’Antigone et celle de Créon, deux per-sonnages rattrapés par une vitesse qu’ils ont désirée. Antigone veut ense-velir son frère sans attendre : elle ne daigne pas envisager une probableintervention des dieux. Créon veut se débarrasser immédiatement de lamalédiction des Labdacides et faire un exemple dès le premier jour de sonrègne.

La puissance du texte de Sophocle vient de sa radicalité. Deux person-nages. Deux points de vue. Les deux s’entendent, les deux se compren-nent : conflit insoluble donc tragique. Antigone est une pièce surl’impatience, l’immense impatience de deux personnages qui veulent agirtout de suite et sans attendre.

Antigone est jeune. Elle s’appelle Aziza Ouali. Créon s’appelle Jean Chris-tophe Folly, il est originaire du Togo, il a grandi à Antony puis est venu àParis, a intégré le Conservatoire Supérieur d’Art Dramatique. Tiresias est une femme, Hélène Avice, elle jouait le choeur dans l’Electred’Antoine Vitez. Autour d’eux, cinq acteurs que j’ai rencontrés à la Courneuve qui formentaujourd’hui la troupe Babel. Ils joueront le choryphée, le garde, le messager,Antigone, Ismène, Hémon.

Note d’intention

AnTigonE / SopHoClE

AnTigonE AuJourd’Hui

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Le choeur s’appelle Casey,elle est chanteuse, sa voixa un timbre si singulierqu’elle fait trembler lesmurs. Elle est accompa-gnée du musicien MarcSens.

Ils sont chargés de fournirune réponse et une réso-nance musicales aux ac-teurs du drame. Ils sonttémoins officiels et porte-parole délégués par le pu-blic. Ils deviennent alorsune sorte de référent.

Tous les acteurs réunisportent en eux les conflits tragiques de notre époque avec une justesse sin-gulière. Cette vérité tragique qui les habite, parfois à leur insu, permet cetterésonance universelle des questionnements fondamentaux que pose letexte de Sophocle. Antigone refuse au péril de sa vie le compromis. Si sarévolte la conduit à la mort, est-elle aussi à considérer comme l’expressionla plus pure de sa liberté ? Quand la loi est injuste, faut-il se soumettre ourisquer sa vie pour un idéal?Interrogation sur la révolte, éloge de la désobéissance et de la résistance,Antigone questionne la confrontation entre la loi des hommes, l’ordre légi-time, institué, établi et l’insoumission possible des hommes face à cette loi.Antigone est-elle trop jeune et manque t-elle de raison ?Mais quand l’ordre est injustice, le désordre est-il alors un commencementde justice?

La vérité de la parole des acteurs conduit à un élargissement infini et à unerésonance sans limites de ce qu’est le tragique. La tragédie dévoile les pro-cessus et les conséquences des actions humaines en transcendant le rap-port social au monde et en les mettant en rapport avec l’ordre de l’univers.Les acteurs sont donc chargés de donner à voir et à entendre, à tous et àchacun, cette résonance du tragique, du poétique et de l’universel.

Le texte de Sophocle ressemble à du métal. Il est radical et dur comme uneflèche. Cette densité doit être donnée à entendre. Le texte est premier. Lesacteurs que j’ai choisis racontent avec leurs corps un conflit mais cela n’apas à être joué, souligné. Ils ne circonscrivent rien.Les acteurs sont les porteurs, les passeurs, les conducteurs du texte, dusens. Chaque mot est nécessaire. Sophocle c’est la concision. On donneà entendre le métal des mots, leur matière.

Nous travaillerons sur la traduction de I.Bonnaud et M.Hammou. Celle-cien effet traduit l’importance du rythme et du souffle du texte. Dans la piècemême, la parole humaine est associée au vent, aux rafales de la tempête.Les scènes de Sophocle sont écrites en vers, des vers d’une extrême den-

SopHoClE CoMME du MéTAl

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sité, rapides et terribles. Ilsmordent aux oreilles dit legarde. Ils sont autant deflèches brûlantes déco-chées sur leur cible, disentCréon et Tirésias. Nousavons voulu un texte fran-çais qui rendrait comptede cette vitesse, de cettebrûlure, de cette violencedans cette pièce qui appa-raît comme une perpé-tuelle course contre lamontre.

Nous travaillerons sur lerythme, la musicalité desmots, des phrases, sur la

musicalité de l’ensemble de la pièce. Nous avons le désir, avec Marc Senset Casey, de concevoir l’ensemble de la pièce comme une partition musi-cale avec des voix, des chants solistes et des duos et, comme des refrains,les passages du choeur.

On pourrait imaginer que tous les personnages de la pièce ne sont que desvoix dans la tête d’un seul homme. La tête de cet homme serait l’espacedu plateau. Il serait en proie à un conflit insoluble entre son existence et lemonde. Monde que ce même homme contiendrait en lui-même puisque lechoeur est présent sur le plateau.

J’ai travaillé sur l’intimité de la parole des acteurs . Sur scène, des micros.Parfois, les acteurs parlent au micro, parfois, les voix des acteurs sont en-registrées. Ils peuvent ainsi chuchoter. Le spectateur entend certainesphrases comme de la pensée dite à voix haute.

L’espace qui entoure les acteurs est peuplé de chaises, très nombreuses.Certaines sont occupées par des acteurs qui regardent les scènes se jouerdevant eux, certaines par le choryphée, le choeur, le musicien.La plupart sont vides, face au spectateur. Elles racontent la cité silencieusequi observe l’action des protagonistes. Elles racontent la tension souter-raine portée par le peuple, le politique, le collectif. Elles jouent avec les lu-mières comme un paysage : on les oublie, on les sent pourtant, on les voit,selon.Au centre, un espace vide, rappelant une arène, marquée par un rectangleau sol. Ce lieu est l’espace du palais et des déclarations publiques. Un autreespace, d’une forme plus oblongue, coexiste à un autre endroit du plateau.Au-dessus de lui, un châssis, suspendu dans les cintres, fait échos à l’arènecentrale. Il supporte un rectangle de la même matière, lui faisant ainsiéchos. Il permet une tension ciel-terre.

Les deux espaces au sol apparaissent comme des îlots au milieu deschaises.

pArolE ET ESpACE- inTiMiTE ET CiTE

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Les spectateurs sont en miroir des chaises vides. Ils sont à l’intérieur del’histoire. Tout se passe comme à l’intérieur d’une matrice, d’un noyau. Lesspectateurs entendent un point de vue, puis un autre.A la fin de la pièce, il n’y a pas de résolution du conflit mais une possibilitéde coexistence.Une coexistence pleine, douloureuse, vivante, terrible, mais d’une beautétragique.

Elise ChatauretSeptembre 2012

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Je travaille à partir des acteurs. Toute ma démarche de metteur en scènes’appuie fondamentalement sur les histoires qu’ils m’inspirent, sur ce qu’ilsont à dire, sur qui ils sont.Ils viennent de tous les horizons, je les connais souvent depuis longtemps.Je demande à ces acteurs de me donner à voir, à entendre, à ressentir cequ’ils sont pour en faire de la matière poétique. La troupe Babel, qui parti-cipe à ce spectacle, s'est constituée à partir d'un travail que j'ai mené avecdes lycéens de La Courneuve pendant plusieurs années.Certains d'entre eux ont décidé de continuer l'aventure et de se réunir sousforme de troupe.C’est à partir, pour et avec eux que j’ai écrit Babel. C’est toujours à partird’eux que l’évidence de travailler sur Antigone s’est imposée à moi. L’artse nourrit du réel, celui des auteurs, des metteurs en scène, des techni-ciens, des spectateurs.Dans le travail que je mène avec mon équipe depuis plusieurs années, lesquestions de la légitimité, de la désobéissance, des conflits entre loi de lafamille, loi de l’état et loi divine habitent souvent plateau. Ce qui se passesur scène part de leurs histoires, de leurs corps et de leurs imaginaires.

Dans chacun de nos spec-tacles, la musique est pré-sente. Nous travaillonsavec des musiciens quisont sur le plateau et n’uti-lisons que très rarement lamusique enregistrée.l 'es thét ique musica lecherche une forme au plusproche d’une réalité éprou-vée, ressentie, aujourd’hui,ici, maintenant. Nous ten-tons de nous approcher leplus prêt possible de cequi nous touche et nousmeut.

La Compagnie Eltho, que je dirige en tant que metteur en scène et auteur,travaille à la fois sur des textes contemporains et sur des textes classiques.Ma démarche de metteur en scène s’appuie fondamentalement sur les ac-

La Compagnie

lES CoMédiEnS : unE TroupE

lA MuSiquE

dEMArCHE

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teurs avec qui je travaille et sur une observation rigoureuse de ce qui m’en-toure. Elle repose ensuite, dans un deuxième temps, sur un travail de traductionde ce que j’ai pu ressentir et observer. Je travaille à la transformation mé-taphorique et radicale de différents vécus en objet méconnaissableuniversel et poétique. Cette traduction peut avoir lieu grâce à un textecontemporain, à une création collective autour du mythe de Babel ou à untexte de Marivaux ou de Sophocle.J’ai pu expérimenter cette démarche de travail avec Chanson contre l’oubli,né d’un voyage au Japon où j’ai interrogé des survivants d’Hiroshima etNagazaki. Puis, en 2009, j’ai passé plusieurs mois en Espagne à recueillirles paroles des républicains espagnols, de leurs enfants et petits-enfants.De cette matière, est né Où vas-tu Pedro ? une transposition poétique dela réalité historique créée notamment avec des acteurs espagnols. Cesdeux spectacles sur une réalité historique visaient à résonner de la façonla plus large possible.Dans Où vas-tu Pedro? par exemple, nous explorions l’histoire d’un silence,histoire qui résonne infiniment ailleurs, autrement, intimement, collective-ment.Depuis quatre ans, la compagnie est implantée dans la ville de La Cour-neuve. Avec les acteurs et l’équipe de la compagnie, nous y avons trouvéune matière poétique passionnante. Très loin d’un travail de « collecte deparoles » ou de pléonasme du réel, je mène un travail d’investigation, à lamanière d’une sonde, afin de pouvoir, à partir d’un travail très exigeant d’en-quête, proposer une métaphore et une transformation totale de la réalitééprouvée. J’ai observé un centre de santé, une école, un lycée, le quai duRER B, un supermarché. J’ai échangé avec un sociologue, un historien, unarchitecte, un scientifique. J’ai découvert cent dix nationalités, cent dix cul-tures.Constatant à chaque instant que la problématique du langage était centrale,j’ai progressivement choisi comme fil conducteur, mais aussi comme caissede résonance ou prisme, le mythe de Babel. La forme finale du spectaclen’est en aucun cas une photographie réaliste du travail de terrain. Chaqueparole, chaque idée, chaque rencontre a été sculptée, jusqu’à devenir mé-connaissable. Il s’agit pour moi de déceler, à partir de l’exploration d’un mi-crocosme, les éléments qui ont trait à des problématiques plus larges.

La question centrale de Babel est celle de la possibilité d’une identité sin-gulière au coeur d’une construction et d’une organisation collective. DansAntigone, nous continuons ce questionnement, nous l’étendons grâce autexte de Sophocle.

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Elise Chatauret a commencé le théâtre enfant au Théâtre des Quartiersd’Ivry. Elle s’est ensuite formée à l’Ecole Claude Mathieu et à l’école inter-nationale Jacques Lecoq. Très intéressée par les formes de théâtre tradi-tionnelles, elle suit pendant un an une formation de Kathakali en Inde ausein de l’Ecole Nationale du Kalamandalam et a étudié le Théâtre Nô auJapon. En parallèle, elle suit une formation en classes préparatoires litté-raires puis à la Sorbonne. En tant que comédienne, elle joue sous la direc-tion de Catherine Dasté, Christian Germain, Jean Bellorini, Marie Ballet,Serge Lipsyc, Pierre Vial, Alain Batis, Kenan Ozturk et avec la compagnieOposito.Elle assiste à la mise en scène Elisabeth Chailloux sur La Fausse suivantede Marivaux au Théâtre des Quartiers d’Ivry. Elle est co-auteure et person-nage du film de Marcel Trillat et Maurice Failevic : L’Atlantide.En 2008 elle créé Eltho Compagnie avec Thomas Bellorini, et se consacreà la mise en scène. Au sein de la compagnie, ils travaillent ensemble sur lelien entre musique et théâtre.Naissent ainsi Chanson contre l’oubli, spectacle musical créé à partir detémoignages de survivants d’Hiroshima et Nagazaki, Traces de doigts surun comptoir, spectacle musical, Tout autour de la Terre, spectacle jeunepublic écologique et musical écrit autour de textes de Jacques Prévert, Ro-berto Zucco de BM Koltès. Littoral de Wajdi Mouawad, L’Île des esclavesde Marivaux.En 2009, Elise Chatauret a mis en scène Où vas tu Pedro ?, spectacle écrità partir des témoignages de républicains espagnols. Ce projet, soutenu parARCADI et l’Association Beaumarchais, a été joué au Centre Culturel de

Equipe artistique

EliSE CHATAurET – METTEur En SCènE

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La Courneuve, à Confluences, au Théâtre du Lierre à Paris et au Festivalde Coye-la-Forêt en Picardie (25 dates). Dans le cadre de la Saison de laTurquie en France et avec l’aide de Culturefrance, la compagnie a égale-ment créé Sur le Seuil de Sedef Ecer (Quinze dates au Centquatre, SACD,La Maison des Métallos, Centre Culturel de La Courneuve, Centre Créationartistique de Fécamp.)Depuis janvier 2010, la compagnie est en résidence triennale au CentreCulturel de La Courneuve et soutenue par le Conseil Général de Seine-Saint-Denis. Elise Chatauret y a créé l'année dernière Babel. Elle y metcette année en scène Antigone de Sophocle. Elle est par ailleurs actuelle-ment élève stagiaire mise en scène au Conservatoire National Supérieurd'Art Dramatique.

Formée à l'Ecole nationale supérieure des Arts décoratifs (Paris), diplôméede scénographie. Elle a d'abord commencé comme assistante de C. Tho-mas et de Barbara de Limbourg, scénographes de L. Pelly. Pour le théâtre :L’Opéra de quat’sous, (Comédie Française 2011), Talking heads (TNT, Tou-louse et Théâtre du Rond-Point à Paris). Pour l'opéra, elle travaille pour :Les Boréades (Opéra de Lyon), L’Elixir d’Amour (Opéra Garnier), La Vieparisienne (Opéra de Lyon), La Voix humaine et Le Château de Barbe-Bleue (Opéra de Lyon). La Fille du Régiment (Coven Garden de Londres), Pelléas et Mélisande(Theater an der Wien), Hansel et Gretel (Glindbourn, Angleterre), La petiteRenarde rusée (Matsumoto, Japon).Avec C.Thomas, elle cosigne décors et costumes des mises en scène deM. Giardelli à l'Atelier des Musiciens du Louvre pour Le Jeu de la Grenouilleet Un Roi sans divertissement (Grenoble). Elle a créé des décors pour Q.Defalt, Compagnie Teknaï Aztèques (Théâtre 13 Paris), Mr Martinez (LeHavre, Théâtre du Rond- Point), Brita Baumann, (théâtre 13). Elle a récem-ment collaboré avec J.-P. Scarpitta pour Didon et Enée, Sancta Susannaet Le Château de Barbe-Bleue (Opéra de Montpellier).Après La Flûte Enchantée, (Nuremberg, Bordeaux), elle va de nouveau tra-vailler avec la metteur en scène L. Scozzi sur les décors des Indes Galantesde Jean-Philippe Rameau (Capitole de Toulouse, mai 2012). Au CRéAd'Aulnay sous Bois, avec Dancing Palace, elle vient récemment de signerson deuxième décor pour le CRéA après les Sales Mômes (2010).

Elle éclaire des spectacles depuis une vingtaine d’années et a été priméepar le Molière 2009 de la création lumière pour la pièce « Le Diable Rouge» d’A. Rault, mise en scène de Christophe Lidon.Après avoir fait ses classes auprès de J-L. Martin-Barbaz au CDN de Bé-thune en 1989, puis auprès des éclairagistes T.D’Oliveira et D.Mabileau,elle rencontre le metteur en scène C.Lidon, avec qui elle collabore depuis1991. Elle a travaillé dans de nombreux théâtres parisiens (Montparnasse,Champs-Elysées, Hébertot, Marigny, Comédie Française) et éclairé C.Rich,D.Sandre, D.Darieux, J-C.Brialy, J.Weber, S.Labarthe, D.Lebrun,R.Hirsh...sur des scénographies de P.Marioge, C.Lemaire, C.Bluwal (Mo-lière 2009 de la création de décor).Elle travaille régulièrement pour des compagnies de théâtre contemporain,pour le Centre national des arts du cirque de Châlons (2002), et avec la

MAriE-HélènE pinon – CréATion luMièrES

nATACHA lEguEn – SCénogrApHiE

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chorégraphe M.H Gil de 1991 à 2007, elle a collaboré avec la Compagniede théâtre musical « Le Grain » dirigée par C.Dormoy (oeuvres de M.Mus-seau, V.Novarina, G.Aperghis, Stockhausen, Giacinto Scelsi....)Récemment, elle a éclairé la flute enchantée de Mozart (coproductionOpéra de Nuremberg/Bordeaux mise en scène par L.Scozzi 2009/2010).

Tout comme ses acolytes d’Anfalsh et de La Rumeur, Casey revendiqueson rap comme étant du rap de fils d’immigrés et non du rap français. Sonpremier album, Tragédie d’une trajectoire, est sorti le 27 novembre 2006.L’album comprend un duo avec Ekoué de La Rumeur, On ne présente plusla famille. Casey en profite également pour rapper sur ses origines dans lachanson Chez moi. C’est aussi en 2006 que Casey sort deux autres projets indépendants : En-nemi de l’Ordre et Hostile au stylo en forme de rétrospective sur onze ansde sa carrière. En 2009, Casey joue dans la pièce de théâtre Timon d’Athènes de Sha-kespeare et Slam1, 2 de la metteur en scène Razerka Ben Sadia-Levant.Dans cette adaptation de la pièce de Shakespeare en partie rappée etslammée, Casey joue le rôle d’Apemantus, un philosophe cynique et re-vêche. En 2011, du 22 février au 12 mars, la pièce a été rejouée à la Maison desMétallos. Casey a également travaillé avec le collectif Zone libre, un projetrock qui associe l’ancien guitariste de Noir Désir Serge Teyssot-Gay, le gui-tariste de Yann Tiersen Marc Sens et le batteur de Sloy Cyril Bilbeaud.Hamé (La Rumeur) et B james (Anfalsh) collaborent également. Le premieralbum L’Angle mort est sorti en 2009 et il est suivi d’une tournée en France.En 2011, le collectif sort un nouvel album Les Contes du Chaos.

Guitariste, Marc Sens commence son itinéraire musical en 1993. Son pre-mier concert solo a lieu aux Instants Chavirés, en 1998 à Paris. Il enregistredeux albums solo : Greum, en 1999 et Faux ami (Shambala Record) en2001 et un album duo, Scrape, avec Cyril Bilbeaud, batteur de Sloy. Il ren-contre Caspar Brotzmann et joue en première partie de Noir Désir, tourneavec Rodolphe Burger puis avec Yann Tiersen avec qui il enregistre troisalbums... Avec Serge Teyssot-Gay (Noir Désir), il enregistre Contre avecl’écrivain Lydie Salvayre (Verticales). Il fonde Zone Libre avec Cyril Bilbeaud, et enregistrent un album en 2007qu’ils tournent en France et à l’étranger. Marc Sens crée par ailleurs plusieurs musiques originales pour le cinéma(Yamana, documentaire de Fabrice Marquat en 2008), la danse (Crash, deBruno Geslin, 2008), ou la radio (France Culture, 2007).

Formé au Conservatoire National Supérieur d’Art Dramatique de Paris(CNSAD) dont il sort en 2007 et à l’école Claude Mathieu de 2000 à 2004,Jean-Christophe Folly travaille aujourd’hui à la fois pour le cinéma, le théâ-tre et la télévision.

De 2007 à 2010, il collabore à plusieurs longs métrages dont, notamment, Vous

MArC SEnS – MuSiCiEn

CASEy – CHAnTEuSE

JEAn-CHriSTopHE Folly – CoMédiEn

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n’avez encore rien vu d’AlainResnais et Bruno Podaly-dès, La maladie du sommeild’Ulrich Kohler (ours d’ar-gent du meilleur réalisateur– Berlin 2011), Eden àl’Ouest de Costa Gavras,Cliente de Josiane Balasko,Villa Amalia de Benoit Jac-quôt ou encore 35 rhums deClaire Denis. Au théâtre, il joue dans LaCerisaie mise en scène deJean-René Lemoine, Yermamise en scène de Jean Bel-lorini et L’Opérette imagi-naire mise en scène parMarie Ballet au Théâtre de laCité Internationale en 2008.

Formée notamment à l’école de Chaillot, Hélène Avice-Belot y suit les en-seignements d’Antoine Vitez, Y. Kokkos, G. Aperghis, J.M.Winling, D. Sal-lenave, L.Iriarte, A Recoing ou encore M. Marion.Au théâtre, elle joue dans Electre de Sophocle mise en scène par AntoineVitez et collabore au travail de nombreux autres metteurs en scène dontnotamment Mi. Taieb, E. Lewingson, A. Roquelaure, P. Poulain, M. Marionou J.L.Martin –Barbaz.Egalement formatrice et pédagogue, elle anime des ateliers de formationartistique auprès d’enfants, d’adolescents ou d’étudiants, et dirige desstages en direction d’acteurs professionnels autour notamment du théâtrede Tchekhov, celui de Marivaux ou encore à propos de la tragédie antiqueet classique.Sa collaboration avec Elise Chatauret commence en 2007 à l’occasion d’unspectacle jeune public intitulé Tout autour de la terre. Elle se poursuivraavec les créations de Où vas-tu Pédro ? et Sur le seuil en 2009 et 2010.

Après l’obtention d’un bac scientifique, Aziza Ouali mène aujourd’hui defront ses études de médecine et son activité de comédienne au sein de lacompagnie Eltho. Elle suit les ateliers d’Elise Chatauret depuis plusieursannées et participe à deux créations de la compagnie : Babel, territoirespoétiques en 2009 et Littoral de W. Mouawad en 2010.Elle suit également une formation de musique andalouse au conservatoireet de danse moderne jazz.

Elève au Conservatoire de Région La Courneuve-Aubervilliers au dépar-tement théâtre, elle poursuit les ateliers de la compagnie Eltho depuis plu-sieurs années et s’engage plus profondément dans les projets de lacompagnie à partir à partir de 2009 avec la création de Babel, territoires

HélènE AViCE-BEloT – CoMédiEnnE

AzizA MElAS-ouAli – CoMédiEnnE

niFFAy ABdou MAkAdiri – CoMédiEnnE

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poétiques puis de Littoral de W. Mouawad en 2010. Elle suit égalementune formation de chant Banlieue Bleue au TGP de Saint-Denis et poursuitdes études de communication.

Actuellement en licence de coréen et élève au Conservatoire de RégionLa Courneuve-Aubervilliers au département théâtre, Anis Rhali est très im-pliqué dans les projets de la compagnie Eltho depuis plusieurs années. Ala fois comédien et collaborateur artistique, il assiste Elise Chatauret dansses ateliers menés en direction des publics scolaires de La Courneuve etdu service jeunesse de Villetaneuse. Comme comédien, il participe à plu-sieurs projets de la compagnie Eltho : l’Île des esclaves, Roberto Zuccoou encore Babel, territoires poétiques.

Actuellement en classe préparatoire littéraire, Sonia Tendron a intégré lacompagnie Eltho de manière professionnelle depuis le projet Babel, terri-toires poétiques en décembre 2009. Elle a également suivi les ateliersmenés par la compagnie en milieu scolaire pendant plusieurs années.

Aujourd’hui en 3e année de licence de Droit, science politique et socialesà l’Université de Paris XIII, c’est après avoir suivi pendant plusieurs annéesles ateliers menés par la compagnie en milieu scolaire que Laïla El Moued-dine intègre la compagnie Eltho de manière professionnelle. Comédienneelle participe à plusieurs projets de la compagnie : l’Île des esclaves, Ro-berto Zucco, Littoral ou encore Babel, territoires poétiques.Elle est également élève au Conservatoire de Région La Courneuve-Au-bervilliers au département théâtre.

AniS rHAli – CoMédiEn

SoniA TEndron – CoMédiEnnE

lAïlA El MouEddinE – CoMédiEnnE

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Durée du spectacle : 1 heure 25

Equipe :9 comédiens1 metteur en scène2 régisseurs

Eléments de décor- 54 chaises grises- 1 châssis mobile dans les cintres 3,10 m x 2 m- 1 grand sol gris (lino) 5,3 m x 3 m- 1 petit sol gris (lino) 2,75 m x 1,60 m- moquette noire au sol

Prémontage / MontageUn prémontage peut être envisagé1 service de réglages / Conduite (après marquage au sol du décor)

Fiche technique son et lumières disponible sur simple demande

Informations techniques

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Presse Babel (création2011)

France inter / «périphéries»6 novembre 2011"Périphéries" animé par Edouard Zambeaux sur France Inter consacre son émission du dimanche6 novembre à 13h20 au spectacle Babel et à sa troupe.ECOUTE DISPONIBLE SUR WWW.ELTHOCOMPAGNIE.COM

France inter / «l’humeur vagabonde»7 novembre 2011lundi 7 novembre dans l'émission "Humeur Vagabonde" à 20h, reportage dédié à Babel.ECOUTE DISPONIBLE SUR WWW.ELTHOCOMPAGNIE.COM

France inter / «un temps de pauchon»23 novembre 2011«Un temps de Pauchon» est venue se promener lors d’une répétition de Babel au Centre culturelJean-Houdremont. Diffusé le 23 novembre à 10h55.ECOUTE DISPONIBLE SUR WWW.ELTHOCOMPAGNIE.COM

France inter / «Studio Théâtre»25 novembre 2011Laure Adler a accueill Elise Chatauret et deux comédiens de la troupe de Babel sur son plateaulors de son émission du 25 novembre à 23h.ECOUTE DISPONIBLE SUR WWW.ELTHOCOMPAGNIE.COM

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lemonde.fr05 octobre 2011

du théâtre, pas du socioculturelMais que fait donc cette jeune fille qui arpente la place, feuilles à la main en ce début de soirée ?On s'approche... Elle répète ! Elle se dirige vers le centre culturel Jean Houdremont. Nous la sui-vons...Derrière la porte c'est un vrai brouhaha... Puis soudain, un silence incroyable... écoutez :"La pièce raconte l'histoire d'un couple qui rêve d'une vie modèle dans une belle tour. On interrogeen fait le mythe de Babel de construire un monde commun avec toutes nos différences", expliqueélise Chatauret qui a écrit le spectacle à partir d'une longue enquête dans le quartier des 4000,notamment au centre de santé. "Ici, ce qui est extraordinaire c'est le rapport à la langue, danscette ville aux 110 nationalités. Mais le spectacle est une transformation très éloignée de ce quej'ai collecté, davantage dans la métaphore de ce que j'ai pu ressentir. Et il y a aussi un peu deshistoires de chaque comédien : ce sont des petites tours de Babel à eux tous seuls !" plaisante-telle.Assis tout autour, les comédiens sourient. Âgés de 18 à 21 ans, ils se nomment Allison, Niffay,Anis, Margot, Ejaz, Sélin, Aziza, Sonia et Laïla. Leurs parents sont nés en France, au Maghreb,aux Antilles, aux Comores, en Turquie, à l'Ile Maurice... Eux ont grandi aux 4000, au Bourget, àDugny... Scolarisés au lycée Jacques Brel de La Courneuve, ils ont un jour poussé la porte del'atelier théâtre qu'anime Elise Chatauret. "Pour être franc, au départ c'était surtout pour gagnerquelques points pour le bac confie Ejaz, 20 ans, aujourd'hui en fac de droit. Et ça a marché : j'aieu le bac de justesse ! Mais cette expérience m'a apporté bien plus. Humainement d'abord, pourceux que j'ai rencontrés et aussi parce que j'adore être sur scène, c'est fantastique."Chez Ejaz, comme chez la plupart de ses camarades, on n'allait pas au théâtre. "Pour ma famille,c'était plutôt synonyme de pièces classiques et de mots compliqués." Niffay, 18 ans, en DUT ges-tion-administration des entreprises, a dû endurer les moqueries de ses frères qui ne voyaient pasl'intérêt. Mais sa récente admission au conservatoire de région d'Aubervilliers fait finalement lafierté de tous.Les pieds ancrés au sol, la voix posée, les voilà sérieux qui clament un texte exigeant où il estquestion de Dieu, d'origines, de transmission. On est loin d'une adaptation de Molière version rap,casquette à l'envers, qu'on nous sert parfois comme moyen de mettre la culture classique à la por-tée du plus grand nombre. "Il n'y a aucune raison de ne pas être exigeant. Ces jeunes que j'ai ren-contrés au lycée étaient à 16 ans dans des problématiques très compliquées, du type : Suis-je dece pays-là ? Qu'est-ce qu'avoir plusieurs cultures ? Qu'est-ce que réussir sa vie ? J'ai été frappéepar la maturité qui surgissait dans les ateliers. C'est là que j'ai compris que les questions qui tra-vaillent les gens d'ici sont en fait des questions métaphysiques fondamentales. C'est le rôle duthéâtre de parler de ce qui questionne la cité, au sens de 'ville'. C'est donc cela que racontent nosspectacles.""ici les gens de la Courneuve sentent qu'ils ont leur place"Mais nous ne sommes pas non plus dans la programmation élitiste de certains théâtres de ban-lieue qui présentent notamment des spectacles en langue étrangère sous-titrés, pour un publicplutôt intellectuel et plutôt parisien.

La fierté d’élise et des neuf comédiens est justement de réussir à présenter des spectacles exi-geants mais qui font toujours le plein de public courneuvien. En juin, la représentation de Littoral,en présence de l'auteur, Wajdi Mouawad, devant familles et amis, fut un énorme succès qui alaissé à tous un souvenir exceptionnel."Le théâtre est trop souvent la chasse gardée d'une certaine classe sociale. Ici, nos spectaclessont toujours plein des gens de La Courneuve, dont beaucoup ne sont pas franco-français. Lesproblématiques qu'on met au centre de nos pièces les touchent profondément ; elles sont portéespar des gens qui ne parlent pas de façon intellectuelle, dans des codes très éloignés des leurs.

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Ces questions existentielles, ici on les pose ensemble, les spectateurs sentent qu'ils ont leurplace. Et il me semble alors que le théâtre joue vraiment son rôle et que cela a pleinement sonsens d'avoir un théâtre au milieu de cette cité", explique avec passion élise Chatauret.

"ils viendront par compassion mais vous les mettrez tapis"L'atelier du lycée est devenu troupe, la troupe "Babel" avec neuf comédiens. Elle s'est démenéecette année pour pouvoir les rémunérer parce qu'elle leur demande pendant presque deux moisd'être là trois heures tous les soirs. Même ceux qui comme Aziza sont étudiants en médecine. "Jeleur demande un travail professionnel, je trouve normal de payer pour ça. Moi je ne fais pas d'éco-nomie sur leur dos et eux n'ont pas à chercher de petit boulot pour payer leurs études", expliqueélise. En tout, ils toucheront un petit SMIC. "Certaines de leurs familles n'avaient jamais penséque leurs enfants pourraient ramener un petit salaire en faisant du théâtre !"Mais même dans ses recherches de subventions, elle tient plus que tout à ce que ces jeunes-làsoient considérés et pris au sérieux d'abord comme des acteurs professionnels et pas comme unetroupe de jeunes de banlieue. "A partir du moment où on fait du théâtre en banlieue, en plus avecdes jeunes noirs et arabes, on pense tout de suite qu'on fait de la 'socio-culture' et on nous dirigevers des subventions d'aide à la jeunesse plutôt que des aides artistiques. Ce sont deux mondestrès cloisonnés, dit-elle, presque en colère. Mon ambition avec ce projet est de permettre à desgens à qui le théâtre n'appartient pas de se le réapproprier professionnellement et d'être vus etentendus par tous et dans tous les théâtres, pas seulement dans les maisons de quartier !"Surtout pas de condescendance. Qu'on ne vienne pas voir par compassion des banlieusardsmonter sur les planches. Ou plutôt mieux, qu'ils viennent pour ça et repartent émerveillés.La pièce "Babel" se jouera au centre culturel Jean Houdremont les 25, 26 et 27 novembre. Enmars, la troupe, avec d'autres comédiens et la rappeuse Casey, présentera "Antigone" de Sopho-cle, "un personnage qui dit non à la loi institutionnelle, ça, ça intéresse profondément les gensd'ici, vous savez !"(Nous ferons bientôt mieux connaissance avec la troupe... A suivre)

A.L.

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la Terrassenovembre 2011

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lecourant.info20 novembre 2011

« Babel », tour de force théâtralReportage - On est au coeur de la cité des 4000 à la Courneuve. Mais le Centre culturel JeanHoudremont n’abrite pas la Troupe Babel « pour faire du social » jure la metteur en scène, EliseChatauret. Pour elle comme pour ses comédiens, il s’agit de défendre une démarche. Un projetartistique.Beaucoup de douceur mais un soupçon de méfiance dans la poignée de main d’Elise Chataureten ce jeudi 10 novembre au soir. Elle n’apprécie pas forcément les raisons pour lesquelles lesjournalistes ou les politiques s’intéressent au projet Babel. Interrogée sur France Inter pour l’émis-sion Périphériques le dimanche précédent, elle avait asséné : « Ils vont venir voir le spectacle parcompassion mais quand ils arrivent, là il faut les mettre tapis ».Les répétitions ont débuté fin septembre. Deux mois de travail pour quatre représentations du 25au 28 novembre prochains. Les comédiens, tous âgés entre 18 et 21 ans, sont des profession-nels.Le projet a débuté à travers un atelier théâtral scolaire au Lycée Jacques-Brel il y a un an etdemi mais désormais, la troupe est financée, et les acteurs rémunérés, grâce aux subventions duConseil général de Seine-Saint-Denis et de la ville de la Courneuve.« Babel a été fait à partir d’ impros » réalisées en juillet, raconte la comédienne Niffay Abdou, 18ans et étudiante pétillante en gestion des entreprises. Il est 17h passé au premier étage du centreculturel et on parle d’emblée jeu, théâtre, travail. « Ces impros interrogent la question de la nais-sance du langage, de l’interculturalité et de la liberté » indique Laïla El Moueddine, étudiante en li-cence de droit au sourire fin et qui joue depuis cinq ans sous la direction d’Elise.Pourquoi « Babel » ? Parce qu’à la Courneuve, « on parle 110 langues différentes » rappelle AzizaOuali, comédienne et également en première année de médecine. Selon cette légende biblique,un peuple se serait uni pour édifier une tour s’élevant jusqu’aux nuages. Menaçant d’atteindre leciel et donc d’ébranler sa puissance, Dieu choisit alors de châtier ce peuple en éparpillant salangue en une infinité d’idiomes.« Moi, j’ai vécu en Algérie et, il y a deux ans, je ne parlais pas très bien le français », sourit Aziza.Se construire collectivement à travers la langue, tel est le souhait émis par la compagnie dans sa« note d’intention ». « Nous, on fait du théâtre et on est juste implantés à la Courneuve », tient àsouligner Niffay.

la jouissance de la scènePas de revendication identitaire, sociale ou autre. Faire du théâtre dans une « ville-monde », c’est« représenter l’humanité dans toute sa complexité » résume Elise. Et pourtant, la volonté de ré-duire ce travail à un « théâtre de banlieue » est fréquente. « Quand on fait du théâtre avec desnoirs et des Arabes, on est vus péjorativement, soutient calmement la metteur en scène. On estperçus comme faisant du social. Or c’est douteux de devoir se justifier artistiquement. C’est mêmepervers parce que, pour émerger, il faut bosser dix fois plus dur. »Le Babel 1 qui durait 40 minutes, présenté il y a un an, s’est allongé d’une heure. Il a nécessité «beaucoup plus de travail et de texte » détaille Niffay, « et plus de matière » médite Aziza. Un si-lence.Puis tout à coup, la conversation s’arrête. Il est 19h, les musiciens ont fini d’enregistrer lesmorceaux qui passeront pendant le spectacle et la répétition débute par le mouvement final. Unsouffle violent et une émotion rare.Une heure plus tard, à la pause, on peine à se remettre de l’intensité et de l’énergie déployées. «J’avais une tension là ! » s’amuse Niffay. A côté d’elle, Sonia Tendron, également membre de latroupe, tire d’un mouvement sec sur sa cigarette. La scène est dure. Et ça n’est sans doute pas unhasard si à la moindre occasion, les acteurs se témoignent une immense affection. Des câlins,des caresses sur le dos, des rires qui résonnent, des paroles gentilles mais aussi des railleries

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amicales. Tout pour évacuer, l’espace d’un instant, ce projet si fort mais si prenant.En outre, « les deux semaines prochaines, ce sera du 14h-22h les sept jours » précise Niffay. « On est des professionnels mais on le ferait sans rémunération » s’empresse d’ajouter, mi-sé-rieuse, mi-rieuse, celle qui interprète « une princesse au bois dormant ».La reprise se fait à travers une grande scène collective. Le chorégraphe Philippe Ménard prend lerelais. Le décor, fait de boîtes-cercueils-maisons, est en perpétuel mouvement grâce aux comé-diens.Philippe se retourne vers Elise : « Tu vois, un truc genre ça ». Une énergie phénoménale.Un plaisir qu’on peut respirer.Le texte procure une sensation à mi-chemin entre le coup de poing et le coup de rein. Entre chocet jouissance. Oscar Clarck, le guitariste de la bande, joue avec ses lèvres tandis qu’Anis Rhali,une bouteille de bourbon à la main, crève la scène dans son rôle de « poète punk ». Au terme deplus de trois heures de répétition, Elise et Philippe se congratulent, « ça prend forme ». « On sedétend, c’est fini le stress » conclut Niffay. Jusqu’au surlendemain.

Roland RICHARD

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Bondy blog20 novembre 2011

Babel, le théâtre au pied des toursA La Courneuve, les jeunes comédiens de la troupe Babel ont joué à guichets fermés les 25, 26 et27 novembre au Centre culturel Jean Houdremont. A des kilomètres du théâtre amateur, rencontreavec un projet unique en Seine-Saint-Denis.Sur scène, des sortes de cercueils noirs auxquels il manque le couvercle donnent le ton. Des co-médiens qui répètent une dernière fois avant de filer se préparer. Quelques larmes que le trac faitcouler discrètement et la voix en cours d’extinction d’une des comédiennes restent encore à gérer.« Qui aurait de la cortisone ?» demande Elise Chatauret, la metteur en scène, à Philippe Ménard,le chorégraphe, qui finit de donner ses derniers conseils pour ce soir de première.Salle comble. Il est 20h30. Le texte est fort. Fait presque des trous à la chignole dans le ventre.Aucune trace d’accent banlieusard, uniquement du bon français, terriblement moderne. Presqueune invitation aux méditations métaphysiques. En plein 9-3. « Je parle l’indicible couramment ! »prévient le poète punk interprété par Anis. A travers le mythe de Babel, c’est une métaphore de lacité qui est présentée ici. Toute ressemblance avec la cité des 4 000 à la Courneuve ne serait peutêtre pas fortuite. Au fond, comment construire un monde commun avec des hommes et desfemmes différents les uns des autres ? Pour répondre à cette question, défilent tour à tour, lecouple modèle, la working girl, la princesse, le poète désenchanté, l’adolescente anorexique,…On y parle de Dieu, de réussite, d’étiquette, de manque d’air, de formatage. Le bassiste, OscarClark, joue de la guitare avec les dents, comme pour convertir un peu plus encore les notes demusique en langue.Elise Chatauret aime ses comédiens. Pas comme une artiste bobo ferait sa B.A en exportant saculture de l’autre côté du périph’ mais plutôt comme une metteur en scène exigeante. Normal, elletravaille avec des professionnels.Pas de langue de bois ni de phrases toutes faites pour la presse lorsqu’elle parle des jeunes co-médiens de la troupe ; « Si je travaille avec des jeunes d’ici, c’est que j’y trouve profondémentmon compte. Au coeur de ma démarche, il y a l’échange, le véritable. On ne reste pas sept ansdans un endroit comme celui-ci sans échange.Ces gens et ces territoires m’ont beaucoup apportée et comme dans toute relation humaine, c’està double sens ». Pour la metteur en scène, il est « odieux de dire à la banlieue : je vais vous ap-porter la culture, le théâtre. Je savais juste des choses que je leur ai apporté et eux, en savaientd’autres, qu’ils m’ont donnée en retour ».Lorsque l’on aborde ses débuts en banlieue, Elise nous raconte une histoire d’amour : « C’estinexplicable. Je suis tombée amoureuse des gens d’ici. Je me suis aussitôt sentie à la maison.C’était simple. Une évidence.»Dans sa recherche artistique, la jeune metteur en scène reconnaît à la banlieue un caractèreunique, propice à l’inspiration et à la création théâtrale. Avec ses 110 nationalités différentes, LaCourneuve c’est des histoires d’exil, de doubles et de triples cultures. « Pour un artiste, la ban-lieue n’est pas un lieu comme un autre, c’est un prisme par lequel parler du monde dans lequel onvit devient juste fascinant. Ce sont des territoires en souffrance qui n’ont pas droit aux mêmeschoses qu’ailleurs. La marge ou la périphérie interpellent car ce sont des endroits dont on peut ob-server le monde différemment ; davantage que du centre où finalement, il n’y a que des idées re-çues ».Magie. De l’atelier théâtre pour obtenir des points supplémentaires au bac, vers un théâtre de pro-fessionnels. « C’est un projet atypique » avertit d’emblée Elise Chatauret. « J’ai tout de suiteadoré faire du theatre à l’atelier du lycée Jacques Brel et c’est pour cette raison que j’ai proposéune ouverture professionnelle à quelques lycéens.Les spectacles que je montais là-bas étaient incroyables. Les comédiens apportaient quelquechose de si différent que c’est avec ces acteurs que j’ai eu envie de travailler de façon profession-nelle. Il y a eu une sélection qui s’est faite avec le niveau d’exigence et la masse de travail à four-nir ; il y a ceux qui ont tenu et les autres. »

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Loin des idées préconçues de ce qu’est le théâtre et allégés d’un héritage qui aurait pu les handi-caper, les comédiens de Babel ont réinventé le théâtre au milieu d’une cité. « Ils expriment unesorte de nécessité à être la, à être vus et entendus si différente de celle de jeunes qui viendraientde milieux plus favorisés et qui auraient été mis en valeur à coups de cours de danse et de violon.» explique la metteur en scène.Pour Elise, être comédien professionnel signifie devoir consacrer toute sa vie au théâtre, pendantun temps donné, et être rémunéré. Pour pouvoir verser des cachets aux jeunes de la troupe, lametteur. en scène a vécu un parcours du combattant lorsqu’elle est allée à la pêche aux subven-tions. « C’était compliqué de faire entrer le projet dans une case, de lui trouver une place. Je nevoulais pas des subventions du service jeunesse ; il s’agit d’un spectacle professionnel comme unautre et malgré leur jeune âge, les comédiens ne sont plus des enfants » confie-t-elle. « Au-jourd’hui, nous sommes payés pour chacune des représentations que nous faisons. Enéchange : on travaille et on s’engage à continuer nos études» témoigne Allisson, 20 ans, étudianteet ancienne assistante d’Elise dont les cachets de la saison participeront à financer son stage defin d’études à l’étranger.En France, le théâtre est fait par et pour les mêmes milieux socioculturels. Il est à la limite de laconsanguinité sociologique, du vase clos asphyxiant. Pour celle qui a fait le pari de monter du Mari-vaux, du Koltès, et bientôt du Sophocle à la Courneuve, « c’est la rencontre des cultures qui estbelle. Il faut rester dans l’échange et le dialogue ». Pour y arriver, Elise Chatauret parle d’exigence.Pas de place pour la médiocrité et les membres de la troupe le confirment. « Nous répétons tousles jours de 18h à 22h ainsi que les week-ends et même davantage les semaines précédents lesreprésentations » précise Aziza, 19 ans, étudiante en première année de médecine.« Concilier la fac et le théâtre est parfois difficile mais je m’arrange pour rattraper les cours sur In-ternet grâce à la visio-conférence.»Pour Sonia, le deal était clair dès le départ. « C’était un challenge que nous avons tous accepté. C’estvrai qu’Elise est exigeante, que l’on travaille beaucoup mais elle a toujours été transparente avecnous. Ce n’est pas toujours facile mais c’est grâce à cette exigence qu’on arrive à un résultat profes-sionnel ». « Elise n’aime pas jouer le rôle de professeure avec nous » confie Allisson. Pour elle, unefois sur le plateau, un comédien professionnel se doit de travailler et c’est ce que nous faisons ».« Dès lors que l’on fait autre chose que du sport ou du rap, il y a des préjugés. En réalité, je suisjuste une comédienne qui a la chance d’être professionnelle » avoue Sonia, 19 ans, étudiante enAnglais. L’étiquette comédienne de banlieue ne dérange pas Sonia, « il faut juste se battre contreles idées reçues qui collent encore à la banlieue. » Allisson aussi assume de vivre en banlieue. «On vient d’ici. Les gens devraient nous prendre comme l’on est. S’ils viennent aux représenta-tions, ils verront bien que ce n’est pas du travail de maison de quartier. C’est du travail de profes-sionnels. Nous travaillons à partir de textes profonds. Nous sommes vraiment loin du spectaclede fin d’année », ironise-t-elle.Elise s’imprègne de la vie de ses comédiens pour élaborer ses textes. Lorsque Aziza, qui campele rôle de la working girl rigide, parle d’adaptation, de la mise aux oubliettes de la langue mater-nelle, de cheveux frisés, d’exercices d’articulation, cela donne une certaine couleur aux répliques.« Il y a beaucoup de mon personnage en moi.Je suis arrivée d’Algérie il y a seulement deux ans et j’avais un léger accent ; les »an » ressemblaient unpeu trop aux »on ». J’ai eu droit au crayon dans la bouche pour corriger ma prononciation », s’amuse Aziza.Même constat pour Ejaz, 20 ans, étudiant en droit. Pour ce passionné de films de Bollywood, lethéâtre est un tremplin pour faire carrière dans le cinéma indien. « Avec les chants et la danse quisont très présents, je vois une influence bollywodienne dans Babel et cela me rapproche de monrêve d’enfant. En attendant, j’apprends le hindi » confie-t-il.Artistiquement fascinée et plus libre grâce à la banlieue, Elise Chatauret a trouvé des choses àdire ici, des choses qu’elle n’aurait pas pu dire ailleurs ou pas de cette façon. « J’ai la sensationd’être sur la plaque sensible du monde, d’être là ou je dois être. C’est ici que cela se passe etc’est ici que c’est le plus riche. J’ai plus de matière qu’ailleurs pour travailler » estime-t-elle.

Mona Choule

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