N°60 � SEPTEMBRE 2017 — 29 —

MÉTROLOGIE

Comprendre les concepts clés de l’ISO 9001:2015

Marc PRIELExpert du Collège français

de métrologie

Bernard LARQUIERDirecteur – BEA Métrologie

Marine ESCUILLIÉChef de projets du Collège français

de métrologie

© D

R.

Question(s) de

2.Rappel de l’Article 7.1.5 del’ISO 9001:2015 (1)

7.1.5 Ressources pour la surveillance etlamesure7.1.5.1 GénéralitésL’organisme doit déterminer et fournir lesressources nécessaires pour assurer desrésultats valides et fiables lorsqu’une sur-veillance ou une mesure est utilisée pourvérifier la conformité des produits et desservices aux exigences.L’organisme doit s’assurer que les res-sources fournies sont : appropriées pour letype spécifique d’activités de surveillanceet de mesure mises en œuvre ; maintenuespour assurer leuradéquation.L’organisme doit conserver les informa-tions documentées appropriées démon-trant l’adéquation des ressources pour lasurveillance et la mesure.

7.1.5.2 Traçabilité de lamesure[…]b) identifié afin de pouvoir déterminer lavalidité de son étalonnage; […]

3. Les exigences de l’article7.5.1

Dans l’article, plusieurs notions impor-tantes sont abordées.

1. La nouvelle version de lanorme ISO 9001

La nouvelle version de la norme ISO9001:2015 introduit la notion de risques :économiques, juridiques et d’image.Pourgérer ces risques, l’entreprise s’appuiesur desmesures. La fonctionmétrologiese trouve donc en première ligne, nonseulement pour l’étalonnage et la vérifi-cation desmoyens demesure, mais éga-lement pour la surveillance desmesures.Cette version prend le relai de la version2008 et sera la seule version applicableà partir du 1er novembre 2018. La struc-ture de cette version 2015 a été refondueen profondeur.

La fonction métrologie doit répondreaux exigences des articles suivants etprincipalement le 7.1.5 traitant des res-sources pour la surveillance et la mesure.Mais d’autres articles sont égalementconcernés ; l’article 7.2 traitant des com-pétences ; les articles 4.4 et 6.1 où la notionde risque est abordée ; les articles 8.1 ; 8.2 ;8.4 ; 8.5 concernant l’opérationnel ; enfinles articles 9.1 traitant de la surveillance,mesure, analyse et évaluation et 9.3 trai-tant de la revue de direction, sont aussià prendre en considération.

3.1. « Ressources »Il fautaborderceconceptenréfléchissantà laméthodedes5M.Lesressourcessonttoutes les composantes du processus demesure : main d’œuvre, moyen, milieu,méthode etmatière.

3.2. « Résultats valides et fiables »Pour démontrer la fiabilité des résultats,il est souvent nécessaire de réaliser destests de répétabilité et de reproductibi-lité du processus de mesure. La notion devalide/validité est apportée avec laconnaissance de la capabilité du proces-sus.La capabilité du processus de mesure estfréquemment définie par :

Avec :T représentant la toléranceU représentant l’incertitude de mesureélargie : U = 2 uc.

Lavaleurde la capabilité vaêtredirecte-ment liée au risque envisageable, maiselle peut aussi être fortement impactée

(1) Extrait reproduit avec l’autorisation de l’Afnor

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MÉTROLOGIEQuestion(s) de

par la valeur de la tolérance définie parle concepteur, valeur qui peut être sou-vent bien plus exigeante que ce quenécessiterait le besoinréel.

3.3. « Vérifier la conformité »Il faut donc se prononcer à l’issue demesures effectuées sur la conformité, etvérifier signifie que l’on peut apporterlapreuvede lapertinencede ladécisionet,sinécessaire,d’évaluerlerisqueassociéàcettedécision.

3.4. « Conformité… aux exigences »Mais que sont les exigences ? Exigencesspécifiées ? Déterminées ? Fonction-nelles ? Tout un débat !

Cette notion d’exigence renvoie vers lanotion du besoin. Le besoin est souventmalexprimé,malcomprisou encore maldéfini tout simplement.

3.5. « Ressources appropriées »La notion de « ressources appropriées »fait référence à la maîtrise du processus,les 5M, la capacité de processus de mesureet la traçabilité de ces informations.

3.6. « Surveillance »La surveillance est un véritable outild’amélioration des performances et dela productivité. Le processus de surveil-lance permet : de réagir rapidement,d’impliquer le personnel de productiondans la maîtrise des processus, d’inter-venir au plus tôt (le produit n’a pas atteintle maximum de sa valeur ajoutée), et derépondre aux exigences normatives.

3.7. « Traçabilité »Cette exigence n’a pas évolué par rap-port à la version précédente.

Cette notion comprend plusieurs aspects :l’étalonnage, mais aussi la vérification,l’optimisation des périodicités qu’im-plique la maîtrise des processus, la tra-çabilité métrologique (raccordementau SI).

3.8. « Identification »Chaque instrument doit être identifié, lanotion de vérification est sous-entenduedans ce passage. L’utilisateur est libre duchoix de l’identification (étiquette,numéro de série gravé sur l’équipement,code- barres…)

La notion de validité d’étalonnage estabordée aussi. Parler de validité d’éta-lonnage est un abus de langage, puisqu’unétalonnage n’est valable qu’à l’instant oùil est réalisé, il donne des informations surle passé et l’évolution d’un équipementsur une période donnée, mais ne peuthélas pas prédire l’avenir !

4. Et si on allait plus loin ?4.1. Domaine d’application – Art. 1L’article 1 de la norme demande de« démontrer son aptitude à fournirconstamment des produits et des servicesconformes aux exigences… »

Pour démontrer la conformité il faut mesu-rer, maîtriser son processus de mesure etavoir compris les exigences. C’est uneréflexion partagée entre la conception, lafabrication et la métrologie.

4.2. Compétences – Art. 7.2Cet article exige de « déterminer les com-pétences nécessaires ». Ces compétencesconcernent tout le personnel, celui de lafonction métrologie bien sûr, mais aussi,bien évidemment toutes les personnesqui font des mesures, puisqu’elles sontparties intégrantes du processus demesure.

Pour déterminer les compétences néces-saires il est possible d’effectuer des testsde répétabilité et de reproductibilité.Il est possible aussi de définir des cri-tères de quantification (z-score, écartnormalisé…).

Il est indispensable de former le per-sonnel à chaque nouvelle méthode demesure afin de garder la compétence.

4.3. Réalisation des activités opéra-tionnelles – Art.8Dans cet article il est question de déter-miner les exigences relatives au produitet aux services.Il est important de s’interroger afin desavoir si les exigences seront mesura-bles… et réalisables. Cette déterminationest une réflexion commune entre concep-tion, fabrication et métrologie.

Cet article exige aussi de déterminer lesressources nécessaires pour obtenir laconformité aux exigences relatives auxproduits et services.Obtenir la conformité demandera deréfléchir à quels moments les mesuresseront les plus pertinentes pour obtenircette conformité. Ce ne sera pas néces-sairement sur un contrôle final, maispeut-être très en amont.« Mesurer bien pour produire bien », telest l’esprit de cet article.

4.3.1. Revue des exigences relatives auxproduits et service – Art.8.2.3Ce passage interroge sur les attentes nonformulées par le client.C’est une réflexion fondamentale, car lesoublis peuvent être lourds de consé-quences.

4.3.2. Éléments d’entrée de la conceptionet du développement – Art.8.3.3Cette nouvelle exigence demande auxorganismes de déterminer les exigencesde fonctionnement et les exigences deperformance.Les exigences fonctionnelles ne deman-deront peut-être pas de mesure : la voi-ture doit me permettre d’aller d’un pointA à un point B.Mais les exigences de performance endemanderont : à quelle vitesse, enconsommant quelle quantité de carbu-rant, en émettant quel taux de gaz à effetde serre ?Des mesures parfois nombreuses et com-plexes. Il convient donc dès le départ desavoir si elles sont réalisables et à quelscoûts !

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Pour des informations plus complètes,

voir l’ouvrage Audit de la fonction métrologie, com-

ment s’y préparer ?, Collège français de Métrologie.

en plus

www.cfmetrologie.com

MÉTROLOGIEQuestion(s) de

d’amélioration et non de contrôle final. Lamesure est actrice de la production etnon plus passive et correctrice : mesurerbien pour produire bien.

5. ConclusionLa mesure uniquement utilisée pourdéclarer la conformité d’un produit n’apas de valeur ajoutée, elle aide juste àvalider le produit final.La mesure doit être faite pour maîtriserles processus de fabrication afin de réa-liser des produits conformes. Elle doitservir à détecter une anomalie dans laproduction, pour réagir avant que le pro-duit ne soit fini.

La métrologie permet d’adapter lesmoyens au juste nécessaire et d’avoirconfiance dans les résultats pour prendredes décisions pertinentes. Elle a alorstoute sa valeur ajoutée.C’est là toute la philosophie de la nouvelleversion de l’ISO 9001 version 2015.

4.3.3. Éléments de sortie de la conceptionet du développement – Art.8.3.5Ici la norme impose que les éléments desortie contiennent ou fassent référenceà des exigences de surveillance et demesure.Il est souhaitable que la fonction métro-logie valide ces exigences et critères pouréviter de mauvaises surprises…

4.3.4. Maîtrise des processus, produits etservices fournis par des prestatairesexternes – Art. 8.4La norme stipule « l’organisme doit s’as-surer que le processus, produits et ser-vices fournis par des prestataires externessont conformes aux exigences ».C’est un vaste programme à mettre enplace, avec beaucoup de risques à maî-triser.

4.3.5. Maîtrise de la production et de laprestation de service – Art.8.5.1Dans cet article, il est question d’utiliserla mesure comme outil de prévention et

Elle met en avant la métrologie commeoutil de progrès, qui a sa place dans lecontrôle, mais aussi dans la conception,la production et dans le management del’entreprise �