Migration interne et participation au marché du travail en R.D. Congo

Sous la direction de

Pr Roger TSAFACK NANFOSSOProfesseur Titulaire, Université de DSCHANG

Pr Benjamin FOMBA KAMGAMaitre de Conférences, Université de YAOUNDE II-SOA

Par KIKANDI KIUMA Alain

Plan de la présentation

1. Contexte et problématique2. Objectifs3. Méthodologie et résultats4. Conclusion

I. Contexte et problématique• L’intérêt des économistes pour la question de mobilité des travailleurs

remonte à Smith (1776). En cause: les déséquilibres régionaux entre offre et demande.

• Idées des Smith: base de l’analyse de la migration internationale et interne.

• Au niveau de la migration interne: deux approches de base. Approche de de développement duale (Lewis, 1954) et approche probabiliste (Harris et Todaro, 1970).

 Lewis (1954) : Modèle de développement duale, plein emploi)

Harris et Todaro (1970) : Economie duale (sous emploi)

Sect. Moderne Sect. Traditionnel

M.O abondanteEconomie stagnanteProductivité nulle

Croissance d’activitéCroissance d’emploiSalaires élevésBesoin en main d’œuvre

Migration

Sect. Rural Sect. Urbain

M.O abondanteFaibles salairesPeu d’opportunités d’emploi

Chômage élevéPeu d’emploi formel

Migration

Accès emploiSalaire élevé

Accroit ChômageAlimente Secteur informelDifficulté d’accès à l’emploi

Context…cont

• Ces deux approches présentent deux visions opposées de la migration.

• Chez Lewis: elle est utile à la croissance; chez HT elle alimente le chômage et ne favorise la précarité des migrants.

• L’approche par le capital humain (Sjaastad, 1962) tente de concilier les deux.

• Migration=investissement dont les rendements peuvent être immédiats ou différés.

• CCL: Théoriquement l’Influence de la migration sur les outcomes sur le marché du travail est indéterminée.

Context…cont• Sur le plan empirique: Des résultats aussi mitigés.

• Par exemple Yanoussi et Piché (2005):effet positif sur l’accès à l’emploi, et Adepoju (1988): effet négatif

• Tsafack et Zamo (2009): influence positive sur le salaire.

• Vijververg et Zaeger (1994): une influence négative sur le revenu, mais avec assimilation avec le temps.

Context…cont• En dépit de son étendue (2,3 millions Km²) et de sa population

d’environs 70 millions d’habitants: les travaux sur la migration en lien avec le marché sont rares en RDC.

• Durant les deux décennies qui ont suivi l’instauration du multipartisme en 1990, l’économie congolaise a été marquée par une longue période d’instabilité.

• Plusieurs conséquences :

- Détérioration des infrastructures de base,- sous emploi de masse (56% en milieu urbain) et 73% en

milieu rural - Accroissement du taux de chômage: 4.6% dans l’ensemble

et plus de 17% en milieu urbain (INS, 2014)

Context…cont

• Explosion du secteur informel: près de 90% de la population active (Makabu et al. (2007));

• Pauvreté élevé (de 65% de personnes vivant en dessous du seuil de pauvreté (INS, 2012))

• Parallèlement à cette dégradation, un phénomène s’est développé: la Forte mobilité interne de la population active (20% en 2006 et plus de 18% en 2012), à la recherche d’opportunités d’insertion professionnelle et de revenus élevés.

• Ces observations conduisent à soulever l’interrogation sur l’efficacité de la stratégie de migration en ce qui concerne la participation au marché du travail (accès, qualité, revenu et heures travaillées).

Context…cont

• Plus concrètement, cette thèse cherche à répondre à la question:

Quel est l’impact de la migration interne sur la participation au marché du travail en République démocratique du Congo ?

Elle se décline en deux questions subsidiaires:

1/ Comment la migration influence – t – elle l’accès à l’emploi ?

2/ Comment la migration interne influence-t-elle le revenu, le comportement d’assimilation et d’offre de travail ?

2. Objectifs

• L’objectif principal de cette recherche est d’évaluer l’impact de la migration interne sur la participation au marché du travail en RD Congo.

• Les objectifs secondaires sont les suivants : 1. Evaluer empiriquement l’influence de la migration interne sur l’accès et la qualité de l’emploi ;2. Evaluer empiriquement l’influence de migration interne sur le comportement des revenus et d’offre de travail.

3. Les données• Les données utilisées sont celles de l’enquête 1-2-3 de 2012 (INS). Il

s’agit de données de la phase I qui portent sur les individus et leur activité sur le marché du travail (Phase Emploi).

• 88600 individus ont été enquêtés durant cette phase. Après avoir traité la base, 11669 individus ont été retenu dont 21.29% de migrants.

4. Méthodologie et résultats1. Méthodologie objectifs 1.a.: Evaluer l’impact de Migration sur l’accès à l’emploi

Estimation de l’influence de la migration sur l’accès à l’emploi: un modèle probit bivarié récursif afin de résoudre le potentiel biais d’endogénéité lié aux facteurs inobservables entre migration et accès à l’emploi

Test de robustesse des résultats : usage de la méthode d’appariement des scores (PSM).

Méthodologie objectif 1.b: Évaluer impact de la migration sur la qualité d’emploi

Méthod…con• 3.2.2. Migration interne et qualité de l’emploi

• Construction d’un indice de qualité d’emploi: Utilisation d’une extension de la technique ACP (voir Kolenikov et Angeles (2004)

• Elargir l’approche de Heneeus et Landerretche,2012): Construction d’une variable ordonnée de la qualité de l’emploi suivant la distribution des valeurs de l’indice. Estimation d’un modèle logistique ordonné pour apprécier l’influence de la migration sur la qualité de l’emploi.

• Résultats Objectif 1

Variable Emploi Emploi salarié Emploi indépendant Privé formel Public Privé informel

Migration 0.206 0.036 0.139 0.045 0.064 0.109

  (0.010)*** (0.009)*** (0.018)*** (0.003)*** (0.006)*** (0.009)***

Primaire -0.015 0.002 -0.012 0.005 0.011 -0.007

  (0.004)*** (0.001)* (0.005)*** (0.002)** (0.0032)*** (0.004)**

Secondaire -0.002 0.028 -0.015 0.003 0.059 -0.005

  (0.006) (0.008)*** (0.004)*** (0.006)*** (0.0081)*** (0.005)

Universitaire 0.054 0.073 -0.008 0.066 0.123 0.035

  (0.025)* (0.022)*** (0.008) (0.014)*** (0.0186)*** (0.010)***

oLa migration influence positivement la probabilité d’accès à l’emploi (accroit la probabilité d’accéder à l’emploi de 20.6%)

oElle est forte pour les emplois informel (et indépendant), et faible pour les emplois salarié.

*p<0.1;**p<0.05;***p<0.01/SE entre parenthèses

Quelques résultats du modèle probit bivarié récursif : Effets marginaux pr(migration=1), pr(emploi=1)

• Ces résultats ont été confortés par ceux obtenus par la méthode PSM

Quelques résultats du modèle logit ordonnéEffets marginaux

coef Très faib Faible Moyenne Bonne qualitéAge 0.038 -0.005 0.002 0.012 0.001  (0.004)*** (0.000)*** (0.0002)*** (0.0001)*** (0.000)***Primaire 0.903 -0.077 0.048 0.024* 0.005  (0.087)*** (0.006)*** (0.004)*** (0.002)*** (0.001)***

Secondaire 2.522 -0.375 0.189 0.146 0.040  (0.096)** (0.014)*** (0.008)*** (0.00)*** (0.004)***

Supérieur 2.949 -0.477 0.215 0.201 0.061  (0.160)** (0.034)*** (0.009)*** (0.019)*** (0009)***

Migration 2.461 -0.028 0.136 0.110 0.036  (0.290)** (0.022)*** (0.016)*** (0.013)*** (0.005)***

gen_resid -1.311 0.150 0.072 -0.058 0.019  (0.175)*** (0.020)*** (0.009)*** (0.008)*** (0.002)***

• Les résultats montrent que la migration permet d’accroître la qualité de l’emploi

• Accroît de 3.6% la probabilité pour du migrant à accéder à un emploi de bonne qualité et de 11% celle d’accéder à un emploi de qualité moyenne.

• Il est important de souligner l’influence positive du niveau d’éducation sur la qualité de l’emploi.

Méthodologie objectif 2. Analyser l’influence de la migration sur le revenu et les heures travaillées• Estimation de la fonction de revenu corrigée du potentiel biais de sélection. • Estimation de : • Estimation de la fonction d’assimilation: Estimation du modèle de

Chiswick (1978) dans le secteur formel et informel. .• La durée de séjour est introduite parmi les variables explicatives X

pour capter l’assimilation.

Influence de la migration sur le nombre d’heures travaillées

• Estimation de l’équation du nombre d’heures travaillées :

• Avec

• Correction de l’endogénéité et de la sélection

Résultats OLS de l’influence de la migration sur le revenuVariables

explicatives Modèle non corrigé Modèle corrigéEstimations séparées

Migrants Non migrants

Migration 0.166 0.148(7.59)*** (7.66)***

Primaire 0.10 0.12 0.205 0.116(2.73)*** (2.40)** (2.52)** (2.34)**

Secondaire 0.39 0.43 0.495 0.42(11.29)*** (11.19)*** (6.72)*** (9.61)***

Supérieur 0.91 0,98 1.014 1.13(16.06)*** (17.57)*** (10.45)*** (20.12)***

Lambda_M 0.58 0.75 -0.06(2.29)** (2.55)** (0.12)

Lambda_P -0.82 -0.80 -0.86(3.18)*** (1.71)* (2.85)***

N 10,272 10,272 2,246 8,026F(.. ;..) F(16,10255)=188.7 F(18,10253)=169.6 F(17,2228)=35.64 F(17,8008)=148.66Prob>F 0.000 0.000 0.000 0.000R2 0.234 0.237 0.221 0.239

oMigration accroit le revenu de 15,6% (exp(0,148)-1)o Le rendement du niveau primaire et secondaire est supérieure chez les

migrants que les sédentaires

Assimilation des revenus (pour les femmes)Variables explicatives LnRevenu informel LnRevenu formel Secteur (Formel=1)

Migration 0.299(3.86)*** -0.334(1.67)* -0.378(2.75)***

Durée séjour*Migration 0.008(2.06)** 0.025(1.91)* 0.019(2.72)***

  0. 618(9.31)***  

-0.326(1.68)*    

Wald chi2(16) : 330.53; prob>chi2 : 0.0000 Log pseudo LL : -7092.05

Wald test indép. Equations: 87.15 Proc>chi2 :0.0000 N: 4214

o Le mécanisme d’assimilation se produit chez les femmes migrantes dans le secteur formel. Initialement défavorisé, elles voient leur revenu augmenter avec le temps.

o Dans l’informel, elles entrent directement avec des niveaux des revenus supérieurs à ceux de leurs homologues non migrantes.

Influence de la migration sur le nombre d’heures

variablesLn heures

Ensemble Sect formel Sect. informel

LnReven(predicted) 0.557 0.439 0.594  (11.83)*** (6.99)*** (9.44)***Migration (predicted)

0.777 0.092 0.982

  (2.34)** (0.19) (2.29)**Femme*Migration 0.058 0.039 0.062  (2.60)*** (0.91) (2.31)**Lambda 1.450 1.056 1.504  (6.11)*** (2.94)*** (4.95)***R2 0.05 0.05 0.05N 10,272 3,268 7,004o Dans l’ensemble, un effet positif sur le nombre d’heures travailléeso Les femmes migrantes consacrent aussi plus d’heures au travail que les non

migrantes

Conclusion• Améliorer les infrastructures favorisant la mobilité des travailleurs • Soutenir le système éducatif de manière à pousser les individus à

achever au moins le niveau secondaire• Mettre sur pied des mécanismes favorisant la transition de l’informel

au formel

MERCI!