métiers porteurs : le rôle de l’entrepreneuriat, de la formation et de l’insertion...

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  • 8/6/2019 Mtiers porteurs : le rle de lentrepreneuriat, de la formation et de linsertion professionnelle (AFD/2011)

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    Mtiers porteurs : le rle de lentrepreneuriat, de laformation et de linsertion professionnelle partir de lanalyse de trois pays en dveloppement

    Sandra Barlet (Gret), Christian Baron (Gret) et Nicolas Lejosne (AFD)

    Contact : Nicolas Lejosne, AFD

    [email protected]

    Agenc

    eFranaisedeD

    veloppement

    111avril 2011

    Agenc

    eFranaisedeD

    veloppement

    Agence Franaise de Dveloppement

    Direction de la Stratgie

    Dpartement de la Recherche

    5 rue Roland Barthes

    75012 Paris - France

    www.afd.fr

    Dpartement de la Recherche

    document

    de travail

    Agenc

    eFranaisedeD

    veloppement

  • 8/6/2019 Mtiers porteurs : le rle de lentrepreneuriat, de la formation et de linsertion professionnelle (AFD/2011)

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    Directeur de la publication : Dov ZERAH

    Directeur de la rdaction : Robert PECCOUD

    ISSN : 1958-539X

    Dpt lgal : 2me trimestre 2011.

    Mise en page : Laurence Wunderle

    AFD Document de travail n 111 Mtiers porteurs : le rle de lentrepreneuriat, de la formation et de linsertion professionnelle avril 2011

    2

    Avertissement

    Les analyses et conclusions de ce document de travail sont formules sous la responsabilit de ses auteurs. Elles ne refltent

    pas ncessairement le point de vue de lAgence Franaise de Dveloppement ou de ses institutions partenaires.

    Remerciements

    Les auteurs remercient les agences de Madagascar, du Congo Brazzaville et du Sngal pour leur disponibilit et leur intrt

    manifest autour de la mise en uvre de cette tude. Nous remercions aussi toutes les personnes interviewes et la richesse

    des changes que nous avons pu avoir avec elles, en esprant que cette tude demeurera fidle leurs propos. Enfin, nous

    tenions plus particulirement remercier pour leur relecture et leurs conseils aviss : Sylvaine Bernard-Srinivasan, Gilles

    Beville, Catherine Bonnaud, Mostefa Boudiaf, Isidore Boursier-Mougenot, Philippe Cabin, Olivier Cador, Herv Dubreuil,

    Emmanuel Fourmann, Jean-Claude Galandrin, Herv Gallepe, Grard Gaveau, Alexandre Kolev, Annie Lopez-Portzert, Alain

    Masetto, Alix Pinel, Daniele Rabenirina, Alain Ries, Armand Rioust de Largentaye, Camille Severac, Marie-Ccile Thirion,

    Ccile Valadier, Richard Walther, Alain Widmaier et Laurence Wunderle.

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    Sommaire

    AFD Document de travail n 111 Mtiers porteurs : le rle de lentrepreneuriat, de la formation et de linsertion professionnelle avril 2011

    3

    Rsum 5

    Avant-propos 7

    1. Cadrage de ltude 9

    1.1 Cadre gnral 9

    1.2 Mtiers porteurs , entrepreneuriat, formation et insertion professionnelle6 10

    1.3 Mthodologie et objectifs de ltude 11

    2. Les enseignements des tudes terrains 13

    2.1 Des enjeux conomiques et sociaux communs dans les trois pays 13

    2.2 Les mtiers et secteurs identifis comme tant porteurs 15

    2.3 Les diffrentes voies de linsertion professionnelle 23

    2.4 La cration dentreprise, une solution rarement accessible pour linsertion des jeunes 24

    2.5 Les contraintes au dveloppement des entreprises 27

    2.6 Etat des progrs raliss et poursuivre dans le domaine de la formation technique et professionnelle 29

    2.7 Absence de dispositif dappui linsertion 33

    3. Comment favoriser le dveloppement de mtiers porteurs ? 35

    3.1 Identifier et appuyer des mtiers porteurs 35

    3.2 Promouvoir linnovation dans les MPME 40

    3.3 Promouvoir lentrepreneuriat 45

    3.4 Gnrer la capacit dentreprendre 46

    3.5 Appuyer la cration et le dveloppement des entreprises 49

    3.6 Poursuivre et accentuer les efforts engags en matire de formation professionnelle 50

    3.7 Prendre en compte la dimension territoriale 56

    3.8 Renforcer larticulation et la cohrence entre les acteurs concerns 57

    3.9 Favoriser la cration de dispositifs dappui linsertion 60

    Conclusion 63

    Annexe 1. Outil danalyse des filires 67

    Annexe 2. Objectifs spcifiques des tudes terrain (extrait de la proposition technique du Gret) 76

    Liste des sigles et abrviations 78

    Bibliographie 82

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    Les rvoltes qui ont agit de nombreux pays dans un pass

    rcent, telles celles de 2011 au Maghreb ou celles de 2008

    lors des meutes de la faim , apparaissent souvent

    comme la manifestation du dsarroi ressenti par une part

    trs importante dune population dsempare face une

    situation socioconomique ne leur laissant entrevoir aucun

    avenir. Dans ce contexte, une prise de conscience de plus

    en plus forte sopre, au niveau international, des enjeux

    qui entourent lappui au secteur priv et la formation profes-

    sionnelle comme vecteur dinsertion socioprofessionnelle et

    de stabilit sociale. Ce constat a conduit les pouvoirs en

    place vouloir prioriser leurs secteurs dintervention pour

    favoriser le dveloppement de mtiers porteurs , en vue

    dune amlioration importante de lemploi. Cette perspecti-

    ve sest accompagne dtudes visant dfinir des sec-

    teurs porteurs de lconomie, ainsi que des mtiers que

    la formation professionnelle devrait plus particulirement

    favoriser. Alors mme que certaines actions sont mises en

    uvre dans ce sens, un paradoxe apparat peu peu : les

    secteurs porteurs et les mtiers porteurs qui taient

    censs apporter des solutions aux problmes sociocono-

    miques rencontrs semblent, lissue des actions dappui

    au secteur priv et des formations dispenses par lensei-

    gnement technique et la formation professionnelle (ETFP),

    plutt alimenter les chiffres du chmage et de la frustration

    sociale, alors mme que les formations traditionnelles telles

    que lapprentissage reprsentent plus que jamais une sou-

    pape sociale de scurit incontournable.

    Un lment important de la comprhension des mtiers por-

    teurs aurait-il t oubli ? Il ne suffit pas de dvelopper des

    formations dans les nouvelles technologies de linformation et

    de la communication (NTIC), par exemple, pour que lon

    assiste au dploiement effectif, dans lconomie, de nom-

    breux mtiers dans ce domaine. La mise en uvre dun

    mtier ncessite plusieurs lments qui semblent avoir t

    oublis par lETFP. Les formations classiques dispenses par

    les Etats, mme bases sur lapproche par les comptences,

    semblent en effet plus destines former des salaris dun

    secteur moderne modeste, offrant 10 30 % des emplois,

    alors mme que lauto-emploi et les trs petites entreprises

    (TPE) du secteur informel reprsentent la trs grande majori-

    t des emplois. De mme, la question de lappui au secteur

    priv, et notamment de laccs au service aux entreprises,

    apparat comme un des lments essentiels au dveloppe-

    ment dactivits conomiques, sans pour autant tre en com-

    plte adquation avec les besoins exprims par les TPE. Ces

    paradoxes sont probablement au cur du problme actuelle-

    ment rencontr par lETFP qui, de fait, ne permet le plus sou-

    vent pas le dploiement de mtiers porteurs . Le rle de

    lentrepreneuriat, de linsertion et de la formation profession-

    nelle a t occult au profit dorientations macroconomiques

    qui ne peuvent avoir de sens sans ces aspects.

    Cest dans le cadre dune rflexion, engage depuis plu-

    sieurs annes, visant explorer les articulations entre for-

    mation professionnelle, dveloppement conomique et

    accs lemploi dans les pays du Sud, que lAFD a men

    cette tude. Son objectif est danalyser les besoins qui

    entourent les mtiers pour quils deviennent porteurs dune

    valeur ajoute, que celle-ci soit conomique, sociale,

    humaine, voire cologique. Elle sappuie sur lanalyse de

    trois pays (le Congo, Madagascar et le Sngal) caractri-

    ss par des difficults conomiques relles, en dpit des-

    quelles des expriences pilotes, tournes vers ces

    mtiers porteurs , ont t mises en uvre. Leur descrip-

    tion et leur analyse visent mieux cerner les lments

    incontournables au dploiement dun mtier porteur ,

    dont lentrepreneuriat, linsertion et la formation profession-

    nelle reprsentent des aspects constitutifs essentiels.

    Rsum

    Un seul pilier ne fait jamais une maison.

    Proverbe malink, Mali

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    Avant-propos

    Lexpression mtiers porteurs revt de multiples

    facettes. Celles-ci varient fortement en fonction de la natu-

    re des acteurs socioconomiques qui lutilisent. Ainsi, il ne

    sera pas rare dentendre, par exemple, qu informaticien

    est un mtier porteur. Pourtant, cette phrase sera compri-

    se diffremment en fonction de lactivit de celui qui lutili-

    se. Ainsi, lentrepreneur y verra lexpression dopportunits

    daffaires ; un gouvernement, la possibilit de dvelopper

    une filire forte valeur ajoute ; un jeune, un moyen din-

    sertion socioconomique ; un centre de formation, un

    module trs pris par les lves ou les parents. Cette diver-

    sit de comprhensions ne signifie toutefois pas quune

    analyse de ce sujet conduirait une impasse, ds lors que

    lon souhaiterait mieux en apprhender la ralit. En effet,

    si les tudes qui formulent des recommandations visant

    privilgier les mtiers porteurs dans tel ou tel secteur

    foisonnent, leurs dclinaisons en une action qui ait un seul

    des sens relevs prcdemment semblent beaucoup plus

    rares. Ds lors, il semble intressant de mieux comprendre

    ce qui permet un mtier de dvelopper une relle valeur

    ajoute, que ce soit en termes dinsertion, de nouvelles

    activits, dinnovation, demplois, de revenus, etc. Les

    mthodologies permettant de dterminer sur le plan

    macroconomique des secteurs prioritaires de lconomie

    sont en effet lgion, pourtant les besoins transverses que

    ncessite le dveloppement de nimporte quel mtier sem-

    blent msestims.

    Lobjet de cette tude est de rendre compte de certains pr-

    requis qui permettent, de manire gnrale, un mtier

    dtre porteur et de dvelopper une valeur ajoute,

    quelle quen soit la nature (conomique, sociale, humaine,

    cologique, etc.). En effet, celle-ci ne dpend pas tant de la

    mthodologie adopte mais bien plus de lobjectif vis par

    lacteur impliqu. Cest donc cette question que nous

    nous intresserons. Ainsi, alors que les entrepreneurs

    pourront avoir des objectifs diffrents en fonction des

    opportunits daffaires quils souhaitent dvelopper, cer-

    taines caractristiques communes apparatront et permet-

    tront de dfinir ces acteurs comme entrepreneurs. Ce sera

    galement le cas pour des mtiers porteurs qui, bien

    que dveloppant une valeur ajoute diffrente, prsente-

    ront des points communs dans leur mise en uvre.

    Le but principal de cette recherche est donc de rendre

    compte de la ralit qui entoure cette terminologie couram-

    ment utilise par les acteurs impliqus dans le dveloppe-

    ment socioconomique de leur pays. Elle sappuie, pour

    lessentiel, sur des exemples concrets rencontrs dans les

    trois pays tudis qui mettent en exergue un certain

    nombre dlments de comprhension utiles au dveloppe-ment de mtiers porteurs . Paradoxalement, la littratu-

    re portant sur les pays du Sud na jamais rellement abor-

    d cette question ni propos de dfinition. De ce fait, ce tra-

    vail reste en partie exploratoire et est le reflet des para-

    doxes et ambiguts qui entourent le sujet trait.

    A titre dexemple, mme si ltude distingue clairement les

    notions de secteurs porteurs et de mtiers porteurs1,

    celles-ci apparatront parfois de manire beaucoup moins

    distincte partir des tmoignages des acteurs rencontrs.

    La complexit qui entoure la ralit de ces mtiers est pro-

    bablement synonyme dune potentielle richesse danalyse.

    Cette tude nest, de ce point de vue, quune premire

    tape quil appartiendra aux diffrents acteurs concerns

    de creuser et daffiner. Ce document nest, ce stade de

    comprhension, que le reflet des diffrentes qualits mises

    1 Un secteur peut tre dfini comme porteur ds lors quil apporte une vritable valeur

    ajoute au dveloppement du pays mais ne pas tre constitu de mtiers porteurs avec

    des emplois, par exemple peu qualifis, sinscrivant plus dans une logique de survie. A lin-

    verse, dans un secteur considr comme non porteur, certains mtiers peuvent faire appel

    un rel sens de linnovation, apporter une vritable valeur ajoute et tre ainsi perus comme

    porteurs .

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    en uvre par les acteurs socioconomiques pour dvelop-

    per les mtiers qui leur tiennent cur. Dans ce contexte,

    trois lments cls se dtachent pour le rle important

    quils jouent dans le dveloppement de mtiers por-

    teurs : lentrepreneuriat, linsertion et la formation profes-

    sionnelle. Il sagit, dune certaine manire, du triptyque prin-

    cipal ncessaire au dveloppement de mtiers por-

    teurs . Ils sont le pendant des quatre capitaux ncessaires

    au dveloppement dune activit socioconomique : le

    capital humain, social, technique et financier.

    Lobjectif de cette tude nest donc pas de dfinir les

    mtiers quil sagit dappuyer ou de dvelopper de manire

    prioritaire, mais bien plus dessayer de dterminer quels

    sont les lments essentiels qui permettent un mtier

    donn dapporter une valeur ajoute dans sa mise en

    uvre. Une distinction forte est donc faite par rapport aux

    actions aboutissant des mtiers que lon pourrait associer

    une logique de subsistance (dans le secteur informel,

    mais galement dans lconomie formelle ou administrative

    subventionne) ou des logiques de court-terme sans

    apport de valeur ajoute (telle que les formations noffrant

    aucune insertion). Cette tude ne saurait prtendre lex-

    haustivit, compte tenu du nombre important de facteurs

    ncessaires la russite dun mtier porteur ; elle sou-

    haite simplement faire apparatre certains lments qui

    semblent primordiaux cette dynamique.

    Avertissement

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    1. Cadrage de ltude

    LAFD mne depuis plusieurs annes une rflexion visant

    explorer les articulations entre formation professionnelle,

    dveloppement conomique et accs lemploi dans les

    pays du Sud :

    En 2004/2005, une premire tude a port sur les mca-

    nismes de financement de la formation professionnelle

    travers une comparaison Afrique-Europe2.

    Une deuxime tude a port sur la formation profession-

    nelle en secteur informel identifi comme le principal seg-

    ment du march de lemploi en Afrique subsaharienne.

    Diffrents documents de travail relatifs chacun des septpays concerns par cette tude et le document de syn-

    thse3 ont permis de dresser un tat des lieux prcis de

    la situation, de raffirmer le rle stratgique de la forma-

    tion professionnelle comme lieu de dynamisation du sec-

    teur informel et de proposer une srie de recommanda-

    tions.

    Une troisime tude portant sur les nouvelles formes dap-

    prentissage en Afrique de lOuest4 identifiait plusieurs prio-

    rits parmi lesquelles la ncessit de faire de lapprentis-

    sage restructur une filire dexcellence et de favoriser son

    volution vers des mtiers porteurs accessibles autant aux

    hommes quaux femmes .

    Enfin, une quatrime tude5 portant sur litinraire profes-

    sionnel des jeunes Africains soulignait le fait quau-del de

    la question des formations, labsence dinformation sur le

    march du travail et ses perspectives dvolution ne faisait

    que renforcer la difficult des jeunes trouver un emploi.

    Les jeunes enquts soulignaient le fait quaccder au mar-

    ch du travail passait par des formations des mtiers

    existants ou en mergence .

    Ces diffrentes tudes ont fourni un matriau de qualit

    pour alimenter la rflexion de lAFD concernant ses inter-

    ventions en matire de formation professionnelle dans les

    pays du Sud. Elle a souhait poursuivre ce processus par

    une tude intitule Mtiers porteurs, dynamiques entre-

    preneuriales et insertion professionnelle .

    Cette tude part dun constat largement partag : dans les

    pays du Sud en gnral, et dans les pays africains en par-

    ticulier, cest le secteur de la micro, petite et moyenneentreprise (MPME) qui est le principal vecteur dinsertion

    professionnelle, notamment pour les jeunes. Or, cette rali-

    t reste insuffisamment prise en compte dans les politiques

    et, surtout, dans les stratgies de dveloppement de la for-

    mation professionnelle dont loffre, que ce soit en termes de

    contenu ou de modalits, ne rpond que partiellement aux

    besoins de comptences des MPME. La dimension entre-

    preneuriale, plus particulirement, est souvent absente des

    formations proposes. Pourtant, la dynamique entrepre-

    neuriale cest--dire la volont dentreprendre et la capa-

    cit didentifier une opportunit et de la transformer en une

    activit conomique gnrant un revenu dans un contexte

    (conomique, social, technologique, administratif et fiscal)

    donn est le moteur de ce secteur.

    Lhypothse sur laquelle sappuie lAFD est que les

    mtiers porteurs correspondent des ralits profes-

    1.1 Cadre gnral

    2 Cf. Walther (2005).

    3 Cf. Walther et Filipiak (2007b).

    4 Cf. Walther et Filipiak (2007a).

    5 Cf. Walther et Tamoifo (2009).

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    sionnelles qui mriteraient dtre mieux comprises pour

    permettre de renforcer la cohrence et lefficacit des poli-

    tiques et interventions dans les secteurs de lETFP, du

    dveloppement conomique et de linsertion professionnel-

    le des jeunes.

    1. Cadrage de ltude

    AFD Document de travail n 111 Mtiers porteurs : le rle de lentrepreneuriat, de la formation et de linsertion professionnelle avril 2011

    10

    1.2 Mtiers porteurs , entrepreneuriat, formation et insertion professionnelle6

    Lexpression mtiers porteurs peut revtir diffrentes

    acceptations : mtiers porteurs dintgration sociocono-

    mique, de croissance conomique, dinnovations, de dve-

    loppement durable (lide, dans ce dernier cas, tant de

    transformer la contrainte environnementale en opportunits

    de dveloppement de nouveaux mtiers : notion de mtiers

    verts, de green business, etc.).

    La notion de mtiers porteurs ne renvoie pas ncessai-

    rement celle de nouveaux mtiers. Les proccupations

    relatives la scurit alimentaire, qui animent la commu-

    naut internationale, constituent, par exemple, une oppor-

    tunit potentielle pour la promotion de mtiers traditionnels

    du secteur agricole et agroalimentaire. Nanmoins, dans

    un certain nombre de cas, les volutions technologiques

    sont porteuses de nouvelles activits professionnelles

    (mtiers lis aux NTIC, par exemple), ou dune ncessit

    dvolution de mtiers existants (la matrise de llectro-

    nique pour les mcaniciens automobile, par exemple).

    De manire gnrale, on peut considrer que ces diff-

    rentes acceptations sont complmentaires les unes des

    autres.

    La dimension entrepreneuriale est essentielle dans le sec-

    teur des MPME, la plupart de ces entreprises relevant du

    secteur informel ou semi-formel. Pourtant, les formations

    existantes nintgrent que rarement des notions dentrepre-

    neuriat appliques des mtiers dont la matrise passe par

    des savoirs, des savoir-faire, un savoir-tre mais aussi par

    une connaissance du contexte qui permet ces savoirs de

    sintgrer dans une ralit socioconomique donne. De

    mme, la formation doit permettre une relle autonomie de

    lapprenant dans son activit, non pas seulement par la

    mise disposition dun certain nombre de savoirs, maisgalement par la transmission dune capacit les actuali-

    ser, les complter, les enrichir et pouvoir les adapter un

    contexte volutif.

    On retiendra la dfinition suivante, issue des premiers tra-

    vaux liminaires cette tude : Il est entendu par mtier

    porteur toute activit rgulire, occupation, profession utile

    la socit, donnant des moyens dexistence celui qui

    lexerce et dont le contenu favorise le dveloppement, tant

    dun point conomique que social . Cette dfinition dis-

    tingue ainsi les mtiers porteurs des activits conomiques

    de survie ; la distinction est galement faite par rapport aux

    mtiers noffrant pas de dbouchs ou aux mtiers noffrant

    pas de perspective dvolution ou dadaptation au contexte

    socioconomique. Les besoins en comptences et les

    rponses associes ne se limitent donc pas aux seuls

    aspects techniques, mais englobent une comprhension

    systmique permettant de saisir ce quest la mise en uvre

    effective et spcifique dun mtier porteur .

    6 La partie qui suit rsume une note de N. Lejosne portant sur la dfinition de la notion de

    mtiers porteurs .

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    1.3.1 Objectifs

    Ltude propose dapporter des lments de rflexion pour

    mieux articuler formation, insertion professionnelle et dvelop-

    pement socioconomique par lutilisation de la notion de

    mtiers porteurs .

    Lobjectif de cette tude est ainsi de comprendre la ralit de ce

    qui constitue les mtiers porteurs et, plus particulirement :

    - analyser comment sont compris et mis en uvre les mtiers

    porteurs ;

    - identifier les actions et les dispositifs permettant le dvelop-

    pement de ces mtiers porteurs, que ce soit par le dvelop-

    pement des comptences ou laccompagnement linser-

    tion ;

    - dfinir les conditions et les modalits permettant la mise en

    uvre des mtiers porteurs.

    1.3.2 Mthodologie

    Le rapport de synthse de ltude sur les mtiers por-

    teurs sappuie sur trois tudes de cas ralises au

    Congo, Madagascar, et au Sngal. Ces trois pays ont

    t slectionns de manire disposer de contextes pr-

    sentant des caractristiques diffrentes, que ce soit sur le

    plan dmographique (nombre dhabitants et densit de

    population), conomique (poids relatif des grandes entre-

    prises et du secteur informel, poids du secteur agricole) ou

    sur ltat de la mise en uvre de leurs politiques publiques

    relatives aux questions de formation professionnelle et

    demploi (relativement avance au Sngal, intermdiaire

    au Congo, inexistante Madagascar).

    Les trois tudes pays sont parties de la mme dfinition

    dun mtier porteur et de lhypothse selon laquelle le

    recours cette notion pouvait permettre de faciliter larticu-

    lation entre les rponses apporter aux problmatiques de

    la formation professionnelle, de linsertion sociocono-

    mique des jeunes et du dveloppement conomique (en

    particulier par le dveloppement des entreprises du secteur

    informel dans lequel les dynamiques entrepreneuriales

    jouent un rle essentiel).

    Il avait t initialement envisag de procder un travail tho-

    rique pralable ; ce choix a finalement t abandonn, en rai-

    son de la raret de la documentation sur la notion de mtiers

    porteurs .

    Pour chaque pays, une quipe a t constitue de trois per-

    sonnes, dont un consultant national disposant dune bonne

    connaissance de ces questions. Elles ont toutes trois suivi la

    mme dmarche :

    - identification et revue de la documentation pertinente dans le

    pays (stratgie nationale de lutte contre la pauvret, documents

    de politique nationale relatifs la formation professionnelle et

    au dveloppement du secteur priv, tudes portant sur des th-

    matiques voisines, etc.) ;

    - identification et rencontre, sur la base dune grille dentretien,

    avec :

    - des reprsentants des ministres concerns,

    - des reprsentants des bailleurs de fonds finanant des

    projets dans ces domaines,

    - des responsables des organisations professionnelles

    dentrepreneurs (syndicats, associations profession-

    nelles dartisans, etc.),

    - des responsables dinstitutions financires (banques et

    institutions de microfinance),

    - des responsables de projets de dveloppement interve-

    nant sur ces questions,

    - des responsables de services dappui non financier aux

    entreprises,

    - des entrepreneurs (petites, moyennes ou grandes entre-

    prises),

    - des jeunes.

    Les tudes terrain se sont attaches reprer les dynamiques

    entrepreneuriales et les contraintes auxquelles elles taient

    confrontes :

    1. Cadrage de ltude

    AFD Document de travail n 111 Mtiers porteurs : le rle de lentrepreneuriat, de la formation et de linsertion professionnelle avril 2011

    11

    1.3 Mthodologie et objectifs de ltude

  • 8/6/2019 Mtiers porteurs : le rle de lentrepreneuriat, de la formation et de linsertion professionnelle (AFD/2011)

    12/89

    - les stratgies dentrepreneurs qui ont russi dvelopper

    leurs activits, plus particulirement les stratgies pour

    accder aux comptences techniques et entrepreneu-

    riales ;

    - les dynamiques des acteurs de la formation professionnel-

    le : identification des besoins du march du travail (notam-

    ment des MPE), rponses apportes en termes doffre de

    formation adapte, prise en considration de la dimension

    entrepreneuriale au sein des formations, orientation des

    personnes sur les choix de formation, accompagnement de

    linsertion ;

    - les stratgies mises en place par les personnes en

    recherche demploi (jeunes, chmeurs, personnes dsirant

    crer leur entreprise) pour accder un emploi (dvelopper

    une activit ou tre employes) et de meilleurs revenus.

    Lanalyse des stratgies des diffrents acteurs dans leur

    contexte respectif a permis, dune part, de dgager les fac-

    teurs qui facilitent ou au contraire handicapent la cra-

    tion demplois et de revenus et, dautre part, didentifier

    comment mieux intgrer lentrepreneuriat et les besoins du

    march de lemploi dans les cursus de formation profes-

    sionnelle.

    Les tudes terrain ont galement permis didentifier etdanalyser les contraintes politiques et institutionnelles la

    promotion dune culture dentrepreneuriat et la prise en

    compte concrte des besoins du march du travail dans les

    dispositifs de formation professionnelle.

    Enfin, elles ont cherch identifier les actions daccompa-

    gnement en cours ou mettre en uvre pour faciliter le

    dveloppement de ces activits.

    Ce travail dtude repose donc largement sur des observa-

    tions et des changes de terrain. Les rapports pays fournis-sent de nombreux exemples qui illustrent lorigine des l-

    ments danalyse prsents dans le rapport de synthse.

    Ltude sappuie notamment sur des success stories avec

    pour objectif de voir quels ont t les facteurs cls de rus-

    site dans la mise en uvre des mtiers porteurs .

    La grille dentretien utilise, adapte chaque catgorie

    dinterlocuteurs, visait identifier les lments principaux

    qui influent sur la mise en uvre des mtiers por-

    teurs , que ce soit en termes de processus, dindividus ou

    de structures permettant leur dveloppement. Leur compr-

    hension sest beaucoup appuye sur lanalyse des interac-

    tions des diffrents acteurs impliqus dans la mise en

    uvre de ces mtiers.

    La mthodologie adopte dans chaque pays a galement

    cherch identifier des liens entre des domaines (forma-

    tion professionnelle, services dappui aux entreprises,

    accompagnement de linsertion professionnelle) trop sou-

    vent considrs de manire isole, alors que leurs interac-

    tions sont sources de comprhension des obstacles ou

    au contraire des facteurs favorables au dveloppement

    des mtiers porteurs . Le croisement entre des compr-hensions micro et mso relve de la mme logique.

    Lune des difficults mthodologiques auxquelles ont t

    confronts les responsables de cette tude a t de distin-

    guer la notion de mtiers porteurs de celle de filires ou

    secteurs porteurs. Lincidence de cette distinction est pour-

    tant essentielle dans cette tude. On constate en effet quil

    ny a pas forcment de corrlation entre secteur et mtier

    porteur. Il nest pas ncessaire ni suffisant dtre dans un

    secteur porteur pour dvelopper un mtier porteur. On

    constate que des business models originaux peuvent tout-

    -fait tre mis en uvre sur des marchs saturs et gn-

    rer une forte valeur ajoute ainsi quune insertion sociale

    russie. Ds lors, la comprhension de ce qui fait le succs

    de ces mtiers porteurs apparat aussi dterminante que la

    capacit identifier un secteur porteur. Cette dernire

    dmarche occulte le plus souvent la prcdente au risque

    de ne rester que trs limite dans ses effets. De fait, la

    notion de mtiers porteurs permet daffiner un niveau

    micro socioconomique des choix oprs un niveau

    mso ou macro socioconomique, et ceci de manire

    transverse lconomie du pays.

    La perception diffrente de la ralit des mtiers porteurs

    selon les acteurs rencontrs justifie a posteriorique le focus

    nait pas privilgi lun dentre eux, cette perception multiple

    tant porteuse denseignements sur ce qui constitue un

    mtier porteur dans ses diffrentes composantes.

    1. Cadrage de ltude

    AFD Document de travail n 111 Mtiers porteurs : le rle de lentrepreneuriat, de la formation et de linsertion professionnelle avril 2011

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    AFD Document de travail n 111 Mtiers porteurs : le rle de lentrepreneuriat, de la formation et de linsertion professionnelle avril 2011

    13

    Les trois pays tudis prsentent bien videmment des spcifi-

    cits historiques, dmographiques, sociopolitiques, cono-

    miques et cologiques. Mais ils sont tous les trois confronts

    des enjeux communs qui confrent une pertinence la rflexion

    sur les mtiers porteurs .

    2. Les enseignements des tudes terrains

    Encadr 1. Donnes socioconomiques des trois pays tudis (2008)

    Madagascar

    Population : 19,1 millions habitants

    Superficie : 587 041 km

    Densit : 33 habitants/km

    Taux de croissance de la population : 2,8 %

    Population urbaine : 22 % Population de moins de 20 ans > 50 %

    PNB : 7,9 milliards USD PNB/habitant : 420 USD Taux de croissance : 6,9 %

    Pourcentage de la population vivant sous le seuil de pauvret : 69 %

    Sngal

    Population : 12,21 millions habitants

    Superficie : 196 700 km

    Densit : 62 habitants/km

    Taux de croissance de la population : 2,6 %

    Population urbaine : 53 % de la population a moins de 20 ans

    100 000 jeunes entrent chaque anne sur le march du travail ; 3 % sont diplms de lETFP.

    PNB : 13,21 milliards USD PNB/habitant : 1 081 USD Taux de croissance : 6,9 %

    Pourcentage de la population vivant sous le seuil de pauvret : 54 %

    2.1 Des enjeux conomiques et sociaux communs dans les trois pays

  • 8/6/2019 Mtiers porteurs : le rle de lentrepreneuriat, de la formation et de linsertion professionnelle (AFD/2011)

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    Madagascar, le Sngal et la Rpublique du Congo doivent

    faire face la pauvret dune partie importante de leur

    population. Ils doivent ds lors dfinir et mettre en uvre

    des politiques conomiques favorables au plus grand

    nombre et viter de laisser se creuser les ingalits.

    Les trois pays connaissent des taux de croissance dmo-

    graphique levs (dans une moindre mesure pour leCongo) ; cette croissance, ainsi que lappauvrissement de

    la population rurale (la plus vulnrable), entranent un

    exode rural important et un afflux de population dans les

    villes. Les milliers de jeunes qui arrivent chaque anne sur

    le march du travail, en particulier dans les villes, sont en

    demande dinsertion professionnelle. Cette demande est

    dautant plus difficile satisfaire que leurs exigences et

    leurs attentes ont volu sous linfluence des mdias (tl-

    vision et Internet), maintenant trs largement rpandus. La

    simple reproduction des vieux mtiers ou des mtiersdu village est souvent vcue comme un chec.

    Loffre dETFP formelle existante, publique et prive, nest

    pas en mesure dabsorber la demande manant des

    jeunes. La plupart nont dautre solution, pour accder un

    emploi, que dentrer en apprentissage dans les MPME.

    Encore trs largement traditionnel, cet apprentissage joue,

    certes, un formidable rle de formation et dintgration

    sociale et professionnelle, mais prsente toutefois des

    limites importantes et notamment une logique de reproduc-

    tion de gestes plus que dapprentissage technique et tho-

    rique des bases dexercice et de dveloppement dun

    mtier.

    Bien que la structure des conomies des trois pays diffre,

    les MPME8 y reprsentent un poids important, que ce soit

    en termes de contribution au PIB, lemploi et linsertion

    des jeunes. De fait, ce sont dans ces entreprises que la

    majorit des jeunes sortant du systme scolaire se forme et

    sinsre.

    2. Les enseignements des tudes terrains

    AFD Document de travail n 111 Mtiers porteurs : le rle de lentrepreneuriat, de la formation et de linsertion professionnelle avril 2011

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    Rpublique du Congo

    Population : 3,62 millions habitants

    Superficie : 342 000 km

    Densit : 11 habitants/km

    Taux de croissance de la population : 1,8 %

    Population urbaine : 60 % - Population de moins de 20 ans : 50 %

    PNB : 10,7 milliards USD PNB/habitant : 2 955 USD Taux de croissance : 5,6 %

    Pourcentage de la population vivant sous le seuil de pauvret : 50 %

    Sources : Banque mondiale (2008)7; Agence nationale de la statistique etde la dmographie (2008) pour le Sngal (http://www.ansd.sn/publica-tions/annuelles/SES_2008.pdf)

    7 Donnes disponibles sur le site Web de la Banque mondiale : http://ddp-

    ext.worldbank.org/ext/ddpreports/ViewSharedReport?&CF=&REPORT_ID=9147&REQUEST

    _TYPE=VIEWADVANCED

    8 Dans les faits, il sagit surtout des micro et petites entreprises du secteur informel. Les

    auteurs ont ici choisi de ne pas utiliser la notion de secteur informel principalement pour deux

    raisons : tout dabord cause de la connotation ngative du terme, qui ne donne pas une

    image fidle de ce qui constitue une part essentielle des conomies des pays du Sud ; mais

    galement parce que la frontire entre informel et formel nest pas vidente pour de nom-

    breuses MPME qui, mme si elles ne disposent pas dun statut juridique, vont souvent payer

    un certain nombre de taxes.

  • 8/6/2019 Mtiers porteurs : le rle de lentrepreneuriat, de la formation et de linsertion professionnelle (AFD/2011)

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    Si le rle de ce secteur est de plus en plus reconnu10 dans

    les politiques nationales (politiques de dveloppement co-

    nomique et/ou de dveloppement du secteur priv, de la

    formation professionnelle, de lemploi, de dveloppement

    du secteur de lartisanat, etc.), la dfinition et la mise en

    uvre de programmes adapts restent limites.

    2. Les enseignements des tudes terrains

    AFD Document de travail n 111 Mtiers porteurs : le rle de lentrepreneuriat, de la formation et de linsertion professionnelle avril 2011

    15

    Encadr 2. Les MPME : des acteurs importants dans les conomies des pays

    Madagascar

    Sur les 213 318 entreprises officiellement dclares en 2005, 88 % taient des microentreprises, 11 % des PME et 1 % des grandes

    entreprises.

    Sngal

    97 % des emplois crs entre 1995 et 2004 lauraient t dans le secteur informel.

    Congo - Pointe Noire

    La ville compte environ 1 million dhabitants soit 25 % de la population du pays. Selon le recensement des petites et moyennes

    entreprises (PME) et industries (PMI) ralis en 2007, la ville comptait 5 642 entreprises ; 46 % dentre elles dclaraient employer

    un salari et 39 %, entre 2 et 6 salaris.

    Sources : Instat, 2005 (Madagascar) ; Moriset et al., 2007 (Sngal) ; Observatoire des marchs de lAssociation Pointe Noire industrielle 20089

    9 Etude sur les besoins en main duvre dans les entreprises de Pointe-Noire.

    10 On peut utilement se rfrer aux travaux que met en exergue la revue Lactualit des ser-

    vices aux entreprises http://www.gret.org/ressource/bds.asp, cofinance par la DDC et lAFD

    et publie par le Gret.

    2.2 Les mtiers et secteurs identifis comme tant porteurs

    2.2.1 Pour les acteurs directement concerns

    Pour les dcideurs politiques

    Les politiques nationales de dveloppement conomique

    des trois pays identifient des priorits sectorielles.

    Formules de manire trs gnrale et en termes de pers-

    pectives davenir, elles sont voques par les responsables

    politiques comme tant des secteurs porteurs. Pour les

    identifier, les critres retenus concerneront prioritairement

    la cration de valeur ajoute, la participation la cration

    demploi et, ventuellement, la contribution aux exporta-

    tions. Ces priorits ne sont pas dclines en termes de

    mtiers.

  • 8/6/2019 Mtiers porteurs : le rle de lentrepreneuriat, de la formation et de linsertion professionnelle (AFD/2011)

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    Pour les entrepreneurs

    Mtier ou secteur porteur nest pas vraiment une

    notion que les entrepreneurs utilisent spontanment. Ils

    prfreront parler de march existant ou potentiel pour des

    produits ou des services qui se vendent bien, ou qui pour-

    raient se vendre. La notion de mtiers pourra tre utilise

    ensuite en lien avec une comptence dont ils ont besoin

    pour leur activit (ex : les entreprises ptrolires de Pointe

    Noire disent avoir besoin dlectromcaniciens).

    Pour les jeunes

    Pour les jeunes, un mtier porteur est avant tout un

    mtier qui gnre un bon revenu, qui garantit une certaine

    scurit (contrat de travail, activit durable), qui offre des

    perspectives de dveloppement long terme (i.e. qui per-

    met dapprendre et dvoluer) et qui donne une bonne

    image (mtiers modernes versus anciens ; mtiers intellec-

    tuels versus manuels; mtiers de la ville versus mtiers du

    village ; mtiers du tertiaire prfrs ceux du secteur pri-

    maire ; etc.).

    Concrtement, pour la grande majorit des jeunes, un

    mtier porteur correspond un emploi salari formalis

    dans une grande entreprise moderne . Cette aspiration

    est dautant plus forte que le niveau de formation est lev,

    certains jeunes nhsitant pas dire quils tudieront tant

    quils ne trouveront pas un emploi rpondant leurs exi-

    gences. Ltude mene Madagascar a, par exemple, mis

    en vidence le fait que les jeunes issus de milieux aiss ne

    sintressent pas aux formations techniques de niveau

    intermdiaires (BT, BTS, etc.), alors que les entreprises ont

    des besoins de recrutement important dans ce domaine : ilsprfrent poursuivre des formations suprieures offrant

    moins de perspectives.

    Pour les centres de formation

    Pour les centres de formation, un mtier porteur est un

    mtier demand par les entreprises. Cest galement un

    mtier qui attire les jeunes, pour lequel ils vont souhaiter se

    former. Cette perception est nuance pour les centres de

    formation privs, pour lesquels un mtier porteur est

    galement un mtier prsentant une demande solvable deformation manant des jeunes et de leurs parents. Cela ne

    signifie pas toujours quil y a une demande des entreprises,

    les parents pouvant avoir une vision errone du march du

    travail ou illusoire de certaines formations presti-

    gieuses .

    2. Les enseignements des tudes terrains

    AFD Document de travail n 111 Mtiers porteurs : le rle de lentrepreneuriat, de la formation et de linsertion professionnelle avril 2011

    16

    Encadr 3. Les secteurs porteurs identifis dans les trois pays

    Madagascar :

    mines, tourisme, agriculture et agro-industries, NTIC, transport, btiments et travaux publics (BTP)

    Congo :

    agriculture, industrie ptrolire, bois, BTP, tourisme, services

    Sngal :

    agriculture et agro-industrie, produits de la mer et aquaculture, textile et confection, tourisme et artisanat, NTIC.

    Sources : Madagascar Action Plan, Document stratgique de rduction de la pauvret (Congo) et Stratgie de croissanceacclre (Sngal).

  • 8/6/2019 Mtiers porteurs : le rle de lentrepreneuriat, de la formation et de linsertion professionnelle (AFD/2011)

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    2.2.2 Pour les dcideurs et les partenaires

    techniques et financiers

    Lorsque lon voque la notion de mtiers porteurs avec

    des dcideurs politiques ou des acteurs sintressant cesquestions (personnes ressources, bailleurs de fonds, orga-

    nisations non gouvernementales ONG, structures dappui,

    etc.), ces derniers voquent quasi systmatiquement, dans

    les trois pays, les trois secteurs dactivit dont ils ont pu

    observer le dveloppement.

    1. Le secteur de linformatique/internet a suscit la

    cration de nouvelles entreprises et de nouveaux

    mtiers lis la vente et linstallation des quipe-

    ments et des logiciels, leur maintenance, la forma-

    tion leur utilisation et la vente de services (cafs

    Internet, bureautique, sites, etc.).

    2. Le dveloppement de la tlphonie mobile a permis

    de nombreux recrutements dans les compagnies tl-

    phoniques (aux postes de techniciens, de commer-

    ciaux ou des fonctions administratives) et dans les

    entreprises qui se sont paralllement dveloppes

    (vente de tlphone, vente de cartes, ventes de com-

    munications, etc.11).

    3. Le secteur du BTPa tir profit des taux de croissan-

    ce relativement levs quont connu les pays ces der-

    nires annes ; cela sest traduit par des investisse-

    ments importants dans ce secteur, avec la cration et

    le dveloppement dentreprises qui ont recrut diff-

    rents niveaux pour tous les mtiers (maons, peintres,

    plombiers, lectriciens, carreleurs, etc.).

    Dautres secteurs sont galement voqus, de manire

    plus ou moins rgulire, selon les pays :

    - la cration dune offre prive dans les secteurs de la sant

    et de lducation, pour pallier la dfaillance des services

    publics, a t source de cration dentreprises (coles,

    centres de formation, cabinets mdicaux, cliniques prives,

    etc.) et de recrutement ;

    - le secteur de la scurit et du gardiennage a galement

    connu un essor important dans les trois pays ;

    - la transformation agroalimentaire, destine lapprovi-

    sionnement des marchs locaux, sest dveloppe (plusfaiblement Madagascar) avec lmergence dune petite

    classe moyenne de consommateurs urbains plus exi-

    geants (en matire de qualit, dhygine, demballage, etc.)

    et disposant du pouvoir dachat leur permettant de payer

    plus cher des produits quils vont en gnral se procurer

    dans des petits magasins modernes ; les productions

    agricoles priurbaines, intensives en main duvre (pro-

    ducteurs marachers et petits levages priurbains) ont pu

    participer lapprovisionnement de ce march.

    Il existe ensuite des secteurs considrs comme por-

    teurs parce quils permettent de valoriser les potentialits

    spcifiques de chacun des pays (tourisme Madagascar et

    au Sngal, mines Madagascar, ptrole et bois au

    Congo), de participer la cration de la valeur ajoute et

    aux exportations.

    On peut cependant constater que les grandes entreprises

    faible intensit de main duvre (mines, ptrole) ont un

    faible impact en matire demplois directs car elles recou-

    rent beaucoup aux quipements et aux machines et ontsurtout besoin de profils hautement qualifis, que loffre de

    formation des pays dans lesquelles elles sont implantes

    nest pas en mesure de satisfaire.

    Le secteur industriel des trois pays est dimportance inga-

    le : relativement important au Congo avec le secteur ptro-

    lier et paraptrolier, modeste Madagascar (avec notam-

    ment des industries dans les secteurs textile et minier qui

    utilisent une main duvre trs faiblement qualifie) et trs

    modeste au Sngal.

    Les conomies des trois pays sont marques par le poids

    important des activits commerciales dans lemploi total, et

    des activits qui lui sont lies (transport des marchandises

    et des personnes, stockage/entrepts, activits portuaires,

    etc.).

    2. Les enseignements des tudes terrains

    AFD Document de travail n 111 Mtiers porteurs : le rle de lentrepreneuriat, de la formation et de linsertion professionnelle avril 2011

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    11 Les deux secteurs (informatique et internet dune part, tlphonie mobile de lautre) peu-

    vent tre en partie assimils au secteur des NTIC.

  • 8/6/2019 Mtiers porteurs : le rle de lentrepreneuriat, de la formation et de linsertion professionnelle (AFD/2011)

    18/89

    Par ailleurs, les interlocuteurs rencontrs dans les trois pays per-

    oivent tous des potentiels de dveloppement demplois dans

    lartisanat aussi divers que le sont les mtiers. On peut toutefois

    dgager quelques pistes gnriques :

    - la structuration et la rglementation des activits peu-

    vent reprsenter une source de dynamisation des

    MPME et,plus largement, de consolidation de filires :

    les mtiers artisanaux sont souvent porteurs demplois

    ds lors quils sont plus organiss, lexemple des

    transports au Sngal ;

    - lartisanat de production, tout comme lagriculture, se

    trouve face lenjeu majeur de parvenir concurren-

    cer les produits imports : fabrications dustensiles

    divers, confection textile, produits alimentaires, etc. Lavalorisation des produits locaux pourrait permettre de

    mieux tirer partie de lavantage comparatif que repr-

    sente la prsence de matires premires locales

    moins chres que celles importes. Un autre enjeu de

    lartisanat de production, qui est fortement ressorti des

    trois tudes, est de pouvoir faire voluer les comp-

    tences et daccder des technologies adaptes pour

    rpondre aux besoins des marchs qui voluent ;

    2. Les enseignements des tudes terrains

    AFD Document de travail n 111 Mtiers porteurs : le rle de lentrepreneuriat, de la formation et de linsertion professionnelle avril 2011

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    Encadr 4. La part des activits commerciales dans les conomies des trois pays

    Congo - Pointe Noire : 58 % des entreprises recenses sont des entreprises commerciales.

    Madagascar: 48 % des PME enregistres sont des entreprises commerciales.

    Sngal : 32 % des entreprises dclares au Centre unique de collecte de linformation (CUCI) sont commerciales.

    Sources : BDEF, 2005 (Sngal) ; MICDSP, 2007 (Madagascar) ; DSRP (Congo)

    Encadr 5. Pape Senghane Diouf, un exemple de success storysngalaise dans lagroalimentaire

    Aprs 10 ans dans la zone franche de Dakar, Pape Senghane Diouf quitte son poste de directeur administratif dune grande

    entreprise, en recherche dun panouissement professionnel diffrent.

    Cest par hasard que Pape Senghane Diouf se lance avec la collaboration de lInstitut de technologie alimentaire (ITA)

    de Dakar sur le crneau de la transformation agroalimentaire. Un des ses proches travaille dans cet institut sur un projet

    de production darraw base de mil (financ par Usaid). Cherchant prolonger cette exprience, Pape Senghane Diouf

    cre le groupement dintrt conomique (GIE) de promotion des crales locales (Proceloc). Lentreprise se dveloppe etrapidement se pose le problme de laccs des technologies adaptes. Lentrepreneur se rend alors aux Etats-Unis, la

    recherche dune solution. En vain : les quipements proposs y sont de trop grande capacit pour une activit semi-

    industrielle. Pape Senghane Diouf dcide alors de faire fabriquer localement une machine. Il identifie ainsi ce qui deviendra

    lactivit principale de son entreprise : la cration dunits de production et de transformation de proximit, utilisant des

    matires premires locales, en substitution aux importations.

  • 8/6/2019 Mtiers porteurs : le rle de lentrepreneuriat, de la formation et de linsertion professionnelle (AFD/2011)

    19/89

    - dans les trois pays, lartisanat de services dispo-

    se datouts de taille : le cot de la main duvre y

    est faible et ce secteur est difficilement concurren-

    c par les importations. Les pays du Sud ont donc

    tout intrt tirer profit de ces avantages dans

    des secteurs comme ceux de linformatique ou de

    la tlphonie (cf. ci-avant), en employant des

    salaris forms aux diffrents mtiers.

    Certains mtiers traditionnels de proximit tels que

    les trois c (coiffure, confection, cuisine) pour les

    femmes ou les trois m (menuiserie, mtal, mcani-

    cien) pour les hommes exigent des adaptations pour

    rpondre aux volutions de la demande locale. Pour les

    trois c , ces adaptations sont lies aux volutions de

    la mode ; pour les trois m , on constate aussi une

    ncessaire adaptation technologique, notamment avec

    lintgration de llectronique.

    2. Les enseignements des tudes terrains

    AFD Document de travail n 111 Mtiers porteurs : le rle de lentrepreneuriat, de la formation et de linsertion professionnelle avril 2011

    19

    Suite ce premier succs, il identifie dautres filires o une transformation locale pourrait se substituer des produits

    imports, crant localement emplois et valeur ajoute. En parallle, il structure ces filires. Aprs la transformation de

    crales (Proceloc et entreprise La Vivrire), il applique cette dmarche aux fruits et lgumes (entreprise Maria Distribution,Association des transformateurs de fruits et lgumes Transfruleg). Cette activit savre rentable, compte tenu du cot

    peu lev de la main duvre (comparativement lEurope) ; il faut dsormais que stablissent de nouvelles habitudes :

    la consommation de produits locaux.

    Encadr 6. La ncessaire adaptation des mtiers traditionnels : les mcaniciens de Pikine face

    llectronique embarque (Sngal)

    Pikine, en banlieue de Dakar, est un quartier o travaillent de nombreux mcaniciens automobiles. Suite aux importations

    de nouveaux types de vhicules (notamment ceux de la marque indienne Tata), ils nont dautre choix que de renforcer leurs

    comptences. En particulier, la matrise des nouvelles technologies et de linformatique embarque devient une ncessit.

    Les artisans se sont donc regroups en GIE pour pouvoir bnficier dappuis ; ils nont toutefois pas encore pu accder

    des formations leur permettant de se mettre niveau sur ces nouvelles technologies. LONG Action Jeunesse

    Environnement, active dans les domaines de lducation, de la formation et de lentrepreneuriat et prsente dans ce

    quartier, intervient auprs deux. Sur les deux premiers volets, ses activits se concentrent sur lalphabtisation, la dfinition

    du contenu de lapprentissage jusqu la libration (fin de lapprentissage) et linsertion. La structure a mis en uvre dans

    le quartier le concept datelier-cole, tenant compte du rapport des apprentis et du patron, qui joue la fois un rle de pre

    de famille, dducateur et de chef dentreprise. Si ces actions sont utiles, elles ne suffisent toutefois pas contrer le dclin

    des activits, faute dune adaptation aux avances technologiques. Plusieurs entreprises du quartier voient ainsi leurs

    effectifs baisser rgulirement.

  • 8/6/2019 Mtiers porteurs : le rle de lentrepreneuriat, de la formation et de linsertion professionnelle (AFD/2011)

    20/89

    Quil sagisse du Congo, du Sngal ou de Madagascar, le

    secteur du BTP manque structurellement demploys

    qualifis. Pourtant, les expriences de lAgence dexcution

    des travaux dintrt public contre le sous-emploi

    (Agetip12) dans diffrents pays dAfrique ont montr que le

    dveloppement de MPE/PME structures est possible sur

    le long terme.

    On peut galement noter que, dans les trois pays,

    la fonction publique nest plus considre comme un

    secteur porteur demploi. Ce nest plus un choix pour les

    jeunes diplms : pour eux, laccs lemploi passe

    videmment par le secteur priv.

    Enfin, notons le rle demployeur que joue le secteur de la

    coopration dans les trois pays : ONG locales et internatio-

    nales, organisations internationales, bailleurs de fonds,

    projets, etc., reprsentent une part non ngligeable de lem-

    ploi des cadres diplms de lenseignement suprieur. Ces

    employeurs sont gnralement recherchs, les conditions

    de travail favorables quils proposent tant particulirement

    attractives (conditions salariales, couverture sociale, accs

    la formation continue, etc.).

    2.2.3 Les cas particuliers des entreprises

    rurales et des mtiers verts

    Les entreprises rurales

    Les entreprises rurales (dfinies par leur localisation plus

    que par les produits et les services quelles fournissent) ne

    sont que rarement mentionnes comme faisant partie des

    secteurs porteurs , gnrant de lemploi. Elles reprsen-

    tent pourtant un enjeu important13 en termes de rponses

    une demande trs locale de produits et de services, de

    valorisation des produits agricoles par une premire trans-

    formation locale, de revenus complmentaires ceux tirs

    de la production agricole pour les familles de paysans, et de

    motivation des jeunes rester dans les zones rurales.

    A partir de ce constat, des programmes dappui visant sp-

    cifiquement les microentreprises rurales ont t mis en

    uvre, avec lappui notamment du Fonds international de

    dveloppement agricole (FIDA)14 au Sngal (Promer) et

    Madagascar (Prosperer, cf. encadr 7).

    2. Les enseignements des tudes terrains

    AFD Document de travail n 111 Mtiers porteurs : le rle de lentrepreneuriat, de la formation et de linsertion professionnelle avril 2011

    20

    12 LAgetip est un outil de dveloppement mis en place en juillet 1989 par lEtat du Sngal,

    avec lappui des partenaires de dveloppement, la tte desquels figure la Banque mondia-

    le. Cette volont politique sest traduite par une nouvelle stratgie de mise en uvre des pro-

    jets, travers la matrise douvrage dlgue (MOD), pour excuter de manire efficace des

    travaux conomiquement et socialement rentables. Ainsi, pour la premire fois, lEtat a accep-

    t de dlguer une partie de ses missions une structure en dehors du secteur public. Pour

    permettre lAgetip de grer des fonds publics, lEtat du Sngal a sign avec elle une

    convention cadre rgissant ses activits et lui a octroy un statut dassociation but non

    lucratif rgie par la loi du 1er juillet 1901. Toutefois, elle fonctionne comme une entreprise du

    secteur priv soumise des contraintes defficacit. En effet, elle ne reoit aucune subven-

    tion de lEtat ou des bailleurs pour assurer son fonctionnement. Cest pourquoi, pour couvrir

    ses charges de fonctionnement et dpenses dinvestissement, elle se fait rmunrer sur ses

    prestations. Le modle institutionnel mis en place par lAgetip a incit le gouvernement du

    Sngal procder une approche dagenciation dans les secteurs prioritaires de la vie

    conomique et sociale du pays pour accrotre lefficacit des institutions charges de la mise

    en uvre des projets/programmes de dveloppement. Au niveau international, dautres pays

    ont entrepris de promouvoir cette forme de gestion prive des marchs publics. Ainsi, le

    modle dorganisation a t dupliqu dans seize pays africains et Agetip Sngal en a assu-

    r le leadership. Lensemble de ces agences africaines sont regroupes dans une associa-

    tion dnomme Africatip (http://agetip.sn/about/).

    13 Voir Broutin et Bricas (2006).

    14 Le FIDA finance des programmes de ce type dans de nombreux autres pays africains.

  • 8/6/2019 Mtiers porteurs : le rle de lentrepreneuriat, de la formation et de linsertion professionnelle (AFD/2011)

    21/89

    Les mtiers verts

    Au niveau international, les enjeux des mtiers verts appa-

    raissent tout--fait significatifs au regard des chiffres don-

    ns par le rapport publi en 2008 par le Programme desNations unies pour lenvironnement (PNUE) : 148 mil-

    liards USD ont t investis dans les technologies propres

    en 2007, soit 60 % de plus que lanne prcdente.

    Pour les pays en dveloppement, ces nouveaux domaines

    dactivits reprsentent des espaces dinnovation et dop-

    portunit dont limpact dpasse largement les aspects co-

    nomiques, abordant des questions environnementales et

    sociales tout--fait importantes que peuvent sapproprier

    les MPME.

    Les mtiers porteurs sont souvent constitus dactivits

    qui existent depuis longtemps, accompagnes parfois de

    quelques volutions induisant lapparition de nouveaux

    domaines de production. Les mtiers verts reprsentent

    une illustration significative de ce constat.

    Lconomie informelle regorge dactivits qui sappuient sur

    la valorisation des dchets comme matire premire de

    production : les pneus sont transforms en semelles de

    chaussures, les sachets plastiques sont recherchs pour

    certains tissages, les dchets en aluminium servent la

    fabrication dustensiles de cuisine, les dchets ferreux sont

    utiliss tant dans lartisanat dart que dans les micro-fonde-

    ries, le fer est rcupr par les forgerons. Le paradoxe rsi-

    de dans le fait que la plupart de ces entrepreneurs, tout

    comme les institutions tatiques, nont pas conscience que

    ces diffrentes activits peuvent tre considres comme

    sinscrivant dans une logique de green business. De ce fait,

    elles demeurent pour lessentiel trs largement dvalori-

    ses et ne bnficient daucun soutien spcifique. Ces

    entreprises constituent pourtant des relais essentiels entre

    les activits forte intensit en main duvre et celles per-

    mettant le dveloppement dune valeur ajoute. En effet,

    lutilisation et la valorisation des dchets gnre lapparition

    dun march de la collecte des dchets, lui-mme crateur

    de nombreux emplois. Outre le bnfice environnemental,

    limpact social et conomique de ces activits mrite dtre

    relev.

    Quelques initiatives individuelles, clairement inscrites dans

    ces domaines, ont t identifies au cours des tudes pays

    (construction base de matriaux cologiques, production

    de produits biologiques, dveloppement des nergies

    renouvelables, etc.) ; elles restent cependant marginales.

    2. Les enseignements des tudes terrains

    AFD Document de travail n 111 Mtiers porteurs : le rle de lentrepreneuriat, de la formation et de linsertion professionnelle avril 2011

    21

    Encadr 7. Programme de soutien aux petites entreprises rurales et aux conomies rgionales (Prosperer)

    Madagascar

    Prosperer est n en 2008 afin dappuyer le dveloppement des petits mtiers non agricoles en zones rurales et de toucher

    21 000 microentreprises rurales (MER). Il est mis en uvre travers cinq composantes : i) mobilisation des MPE rurales

    et des associations ; ii) formation, alphabtisation et apprentissage ; iii) accs la microfinance ; iv) infrastructure et plan

    de dveloppement de filires ; v) valuation et communication.

    La formation, propose aux MER en exercice, porte sur la culture entrepreneuriale, la gestion simplifie et le marketing (ces

    deux dernires formations ayant trois niveaux possibles en fonction du bnficiaire). Lapprentissage des mtiers concerne

    les jeunes qui veulent crer ou trouver un emploi ; ils sont accueillis par des MER (pour linstant une dizaine pour environ

    235 apprentis). Lalphabtisation permet un rattrapage scolaire avant lapprentissage ou la formation professionnelle (sur 13

    mois maximum). Pour les adultes, il sagit plus dalphabtisation fonctionnelle (au maximum sur 6 mois) qui permet ensuite

    daborder la recherche demploi ou la cration dactivit. La formation professionnelle (de 6 24 mois), quant elle, est plus

    thorique et est combine des stages en entreprise (processus de formation initiale). Les conseillers dentreprise du

    programme sont chargs didentifier les besoins des MER. A partir de ces besoins ou demandes, ils identifient des

    prestataires qui dispensent des formations. La formation technique est galement externalise mais prend la forme dune

    formation continue. Lapprentissage des jeunes dure 12 mois ; celui des adultes, 6 mois.

  • 8/6/2019 Mtiers porteurs : le rle de lentrepreneuriat, de la formation et de linsertion professionnelle (AFD/2011)

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    2. Les enseignements des tudes terrains

    AFD Document de travail n 111 Mtiers porteurs : le rle de lentrepreneuriat, de la formation et de linsertion professionnelle avril 2011

    22

    Encadr 8. Exemple dinitiative verte : Proplast (Sngal)

    Lentreprise Proplast retraite les dchets plastiques en les transformant en granuls quelle vend ensuite trois industriels :

    la Socema, qui fabrique des nattes ; Simpa, qui produit des raccords de tuyaux ; et FST, producteur dardoise. La raret de

    telles initiatives conomiques justifie probablement que les partenaires techniques et financiers sont nombreux la soutenir,

    notamment : Lay Volunteers International Association (LVIA), la rgion Lombardie, la coopration japonaise et lUnion

    europenne (UE).

    A lorigine du projet se posait un problme dinsalubrit du quartier o rien ne poussait en raison des dchets . En 1997,

    une activit de ramassage est lance en vue de leur transformation. A ses dbuts, le ramassage cotait 25 FCFA/kg ; le

    prix a presque doubl pour atteindre, en 2010, 40 FCFA/kg, permettant la cration de nombreux emplois.

    Lactivit ne gnrait toutefois pas une marge suffisante pour permettre des investissements significatifs. En 1999, Proplast

    a reu un appui de lUE pour construire la plupart des btiments actuels. Lentreprise a cr, dans ce cadre, un groupement

    de promotion de femmes (GPF) constitu de quatorze membres paules par une dizaine demployes. Lentreprise a ainsi

    pu mobiliser aussi un broyeur, une lessiveuse et plusieurs densifieuses .

    En dpit de lexistence dun march local, lentreprise doit faire face deux difficults majeures qui peuvent freiner

    gravement son activit :

    - la premire porte sur la rgularit et le cot de lapprovisionnement en lectricit qui demeure trs fluctuant, au point

    dentraner parfois des interruptions de la production durant plusieurs mois soit faute de trsorerie, soit faute dlectricit en

    continu15 ;

    - la seconde difficult porte sur le prix de vente, qui oscille entre 300 FCFA et 550 FCFA/kg, suivant les cours du ptrole.

    Si cette variation permet de concurrencer limportation beaucoup plus onreuse de matire plastique pure (dont les prix

    varient entre 600 FCFA et 2 000 FCFA/kg), la fourchette basse ne permet pas datteindre le seuil de rentabilit de

    lentreprise, qui voit alors trs rapidement sa trsorerie stioler.

    Contrairement aux pays industrialiss, il nexiste pas dans ce contexte de mcanisme local de garantie des prix avec

    des systmes dassurance. De mme, les modes opratoires tels que ceux mis en uvre par les acteurs du commerce

    quitable (qui garantissent notamment un prix minimum) ne font pas partie de lappui fourni par les partenaires impliqus

    dans ce projet. La prennit de cette entreprise, dont lintrt en termes social, cologique et mme conomique semble

    flagrant, se voit donc en permanence remise en cause par un environnement des affaires instable dans ce secteur.

    15 La facturation, quant elle, ne tient pas compte de ces variations.

  • 8/6/2019 Mtiers porteurs : le rle de lentrepreneuriat, de la formation et de linsertion professionnelle (AFD/2011)

    23/89

    Lexercice dun mtier repose sur deux pralables : des

    entreprises qui recrutent, ou que lon cre, et des comp-

    tences utiles et recherches que lon peut mettre profit

    dans un contexte donn.

    Les changes mens avec les diffrents interlocuteurs

    dans les trois pays ont permis de mettre en vidence les

    chemins que les jeunes empruntent pour accder lem-

    ploi. Ces chemins dpendent trs largement des origines

    sociales de ces jeunes.

    Pour la grande majorit dentre eux, qui ne possdent que

    peu ou pas de formation (qui sont parfois analphabtes), le

    chemin le plus frquent est celui de lapprentissage tradi-

    tionnel (sans alternance dans un centre de formation pro-

    fessionnelle) dans le secteur des MPE16. Lapprenti

    deviendra employ de lentreprise qui laura form. Ce che-

    min ne dbouchera pas toujours sur l autonomisation par la

    cration dentreprise (auto-entrepreneuriat). Une autre voie

    dinsertion de cette population consistera accder des

    emplois sans qualification dans les plus grandes entre-

    prises ou leurs sous-traitants (manutention, gardiennage,

    etc.). Un certain niveau dducation est cependant gnra-

    lement ncessaire pour pouvoir accder ce type dem-

    plois (pour pouvoir lire des consignes, des rgles de scu-

    rit, des procdures respecter, des tiquettes demballa-

    ge, remplir des fiches de prsence, des fiches de stocks,

    etc.).

    Pour les jeunes issus de milieux un peu plus aiss, dispo-

    sant dun niveau dducation ou de formation plus lev,

    laccs des emplois salaris peu qualifis devient envisa-

    geable. Ces emplois seront proposs par des petites et

    moyennes entreprises (boutiques, services, etc.). Cet

    accs sera plus ou moins facilit par le rseau social consti-

    tu par le jeune et, surtout, par sa famille : les patrons de

    PME recrutent avant tout en recourant leur rseau de

    connaissances.

    Pour les jeunes issus des milieux les plus aiss (ou, ce qui

    est plus rare, pour les jeunes issus de milieux dfavoriss

    qui ont russi trouver les moyens financiers ncessaires),

    la priorit sera donne lobtention dun diplme dtudes

    suprieures (un diplme obtenu dans un pays du Nordtant un vritable ssame pour lemploi). Lobjectif sera

    daccder un emploi salari dans le secteur moderne, for-

    mel, dans des grandes entreprises. Ces jeunes peuvent

    parfois passer de nombreuses annes en formation avant

    dobtenir le diplme vis.

    A ct de ces trois grands chemins, il existe bien entendu

    de nombreuses autres voies plus ou moins frquentes

    (reprise de lentreprise familiale17, alternance entre priode

    de formation et priode demploi, migration, etc.).

    Il nexiste pas, sauf au Sngal, de dispositif dappui

    lorientation et linsertion des jeunes pouvant leur donner

    laccs linformation et au conseil pour faire leur choix en

    matire de formation puis de recherche demploi.

    Linsertion professionnelle est plus complique pour les

    jeunes filles : laccs aux formations leur est plus difficile, le

    mariage et la naissance du premier enfant peuvent inter-

    rompre ou arrter le parcours professionnel dans lequel

    elles se sont engages.

    2. Les enseignements des tudes terrains

    AFD Document de travail n 111 Mtiers porteurs : le rle de lentrepreneuriat, de la formation et de linsertion professionnelle avril 2011

    23

    2.3 Les diffrentes voies de linsertion professionnelle

    16 On ne traite pas ici du cas des agriculteurs (mtier qui se transmet de pre en fils), qui

    reprsentent encore la part la plus importante de lemploi dans les trois pays. Le chemin est

    toutefois plus ou moins le mme, lapprentissage se faisant sur lexploitation familiale.

    17 Dans le secteur des MPE artisanales, on constate souvent une transmission de pre en

    fils.

  • 8/6/2019 Mtiers porteurs : le rle de lentrepreneuriat, de la formation et de linsertion professionnelle (AFD/2011)

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    La cration dentreprise est parfois voque comme solution

    potentielle linsertion professionnelle des jeunes. Les trois

    tudes pays ont permis dapprofondir et de mettre en question

    cette hypothse.

    Si la cration dentreprise peut tre considre comme une

    alternative pour certains jeunes, lissue de leur priode dap-

    prentissage (notamment dans le cas de reproduction de petites

    activits artisanales peu sophistiques sur le plan technique et

    peu exigeantes en capital de dmarrage), dans la plupart des

    cas, elle est rarement envisageable pour des jeunes qui sortent

    de formation car il leur est beaucoup plus difficile de runirtoutes les conditions pralables.

    En effet, les expriences des crateurs dentreprises rencontrs

    dans les trois pays ont mis en vidence les contraintes face aux-

    quelles ils avaient d trouver des solutions en termes de mobili-

    sation de diffrents types de capital.

    La cration puis la gestion dune entreprise exigent de pou-

    voir mobiliser un capital social , constitu du rseau de

    relations indispensables au bon fonctionnement de lentre-

    prise : relations commerciales avec les fournisseurs et lesclients, connaissance de leurs pratiques, matrise des

    rgles informelles rgissant le fonctionnement dun

    secteur18, comprhension des relations avec les adminis-

    trations (fiscales, du travail, en charge de lapplication de la

    rglementation propre un secteur dactivit, etc.). Il est

    galement plus largement constitu dun rseau de rela-

    tions (famille, amis, camarades de promotion, membres

    dune mme organisation caractre professionnel, reli-

    gieux, gographique, etc.) qui pourront, le cas chant,

    fournir appuis et conseils. Lenvironnement familial joueraun rle souvent dcisif en incitant ou au contraire en frei-

    nant les initiatives. Il constituera galement trs souvent

    le premier vivier dans lequel ira puiser lentrepreneur pour

    constituer les ressources humaines dont il aura besoin.

    La cration dentreprise exige galement la mobilisation

    dun capital technico-technologique . Il est en effet

    ncessaire de matriser les procds etprocess dune acti-

    vit, dvaluer la nature et la qualit des matires premires

    ncessaires, de dterminer les quipements ncessaires et

    de savoir auprs de qui les acqurir (un exercice complexe

    en cas dimportation). Ce capital technique est propre

    chaque mtier et pourra sacqurir par la formation et par la

    pratique. Il devra tre complt par les comptences trans-

    versales ncessaires la gestion dune entreprise (gestion

    budgtaire, planification/programmation, organisation et

    gestion des ressources humaines, gestion de stocks, etc.).

    Enfin, la cration dentreprise nest possible que si le pro-

    moteur a pu acqurir le capital financier ncessaire, non

    seulement au financement de linvestissement et du fonds

    de roulement, mais galement pour faire face auxdpenses familiales durant la priode comprise entre la

    ralisation de linvestissement et lobtention des premiers

    revenus.

    Le niveau requis pour chaque type de capital dpend

    videmment de la nature de lactivit et de son envergure.

    Le dmarrage dune petite activit commerciale (boutiques)

    nentranera pas les mmes exigences que celui, par

    exemple, dune entreprise de ventes et dinstallation de

    panneaux solaires. Les tudes terrain ont mis en vidence

    le fait que la cration dentreprises de ce second type tait

    souvent le fait de promoteurs qui avaient eu loccasion de

    travailler dans un pays tranger (ex : au Congo avec les

    entrepreneurs appuys par lAssociation Pointe Noire

    industrielle APNI ou Madagascar avec les entrepre-

    neurs membres du Jeune patronat malgache JPM ou

    de Goticom) et/ou qui avaient eu loccasion doccuper un

    emploi dans une grande entreprise (comme Challenge

    Futura ou DES, au Congo), ce qui leur avait permis de

    constituer le capital financier ncessaire et dacqurir une

    bonne partie des comptences techniques.

    Les tudes ont galement rvl que la cration dentrepri-

    se ntait pas un parcours ncessairement linaire, tel

    quon peut le concevoir avec une vision trop occidenta-

    le . Lentreprise ne dmarre pas le jour du dpt du statut

    2. Les enseignements des tudes terrains

    AFD Document de travail n 111 Mtiers porteurs : le rle de lentrepreneuriat, de la formation et de linsertion professionnelle avril 2011

    24

    2.4 La cration dentreprise, une solution rarement accessible pour linsertion des jeunes

    18 Le Boterf (in Le Boterf, 2000) identifie lensemble des rgles morales spcifiques la

    communaut dappartenance comme lune des quatre caractristiques dun mtier (les trois

    autres tant le corpus de savoirs et de savoir-faire, lidentit associe au mtier permettant

    de se dfinir socialement, et la perspective dapprofondir ces savoirs et ces savoir-faire par

    lexprience accumule).

  • 8/6/2019 Mtiers porteurs : le rle de lentrepreneuriat, de la formation et de linsertion professionnelle (AFD/2011)

    25/89

    auprs du centre des formalits des entreprises : cest un

    processus qui sinscrit dans la dure, constitu dtapes

    plus ou moins longues (schma 1), parfois interrompues

    par des priodes de retour au salariat.

    2. Les enseignements des tudes terrains

    AFD Document de travail n 111 Mtiers porteurs : le rle de lentrepreneuriat, de la formation et de linsertion professionnelle avril 2011

    25

    Encadr 9. Exemples de crations dentreprises au Congo et Madagascar

    1. Parcours de crateurs dentreprise dans le secteur du BTP au Congo

    Un jeune va gnralement dmarrer comme apprenti au sein dune entreprise du secteur ; il y apprendra alors les

    rudiments du mtier. Pendant cette priode, il lui sera difficile daccumuler des ressources financires. Au contraire : au

    Congo, la priode dapprentissage est surtout une priode dinvestissement sans revenus, parfois mme demprunt pour

    rmunrer lentrepreneur formateur.

    La seconde tape est celle de louvrier sac dos (journalier). Ce dernier passera ainsi dans plusieurs entreprises pour

    des dures variables, en fonction de leurs besoins. Son niveau de qualification restera faible mais il pourra acqurir

    quelques comptences supplmentaires. Il pourra galement, en parallle, commencer raliser quelques petits travaux

    son compte qui lui permettront dacqurir un premier niveau dquipements de base.

    Progressivement, il dlaissera les contrats de journalier pour se concentrer sur le dveloppement de sa propre activit, en

    Schma 1.Les trois phases de la vie dune entreprise

    Phase de cration

    Durant cette phase lentreprise cherche surtout ne pas disparaitre. Le trs court terme est privilgi, la gestion se fait largement au

    jour le jour de manire trs opportuniste. Cette priode ne permet rellement linsertion que du seul entrepreneur. Dans la trs grande

    majorit des cas, lentreprise reste informelle.

    Phase daccumulation

    Lobjectif de cette priode est de dgager des marges suffisantes pour sortir de la logique de survie et permettre la mise en place dune

    organisation plus structure et prenne autour dune activit principale. Elle passe souvent par laccs un march plus important qui,

    travers les moyens financiers quil gnre, permet de dvelopper le rseau de relations et de renforcer la matrise des techniques uti-

    lises. Lentreprise dbute sa formalisation en ayant pignon sur rue et paye les taxes les plus courantes (le plus souvent la patente ainsi

    que la carte de commerant). Cette phase saccompagne des premiers recrutements de salaris ou dapprentis, amorant propre-

    ment parler une participation effective loffre dinsertion professionnelle.

    Phase de dveloppement et de diversification

    Lentreprise cherche renforcer son avantage comparatif en accdant des marchs plus forte valeur ajoute, ce qui passe le plus

    souvent par une amlioration significative de la qualit des produits, ou de ses services, et de loriginalit de sa production. Cette phase,

    souvent source dinnovations, ncessite de complter la formalisation (pour accder aux marchs cibls) et de dvelopper les res-

    sources humaines spcialises. Cette phase est certainement la plus porteuse dinsertion, dans la mesure o elle permet lemploi dune

    main duvre plus diversifie, voire le dveloppement dune sous-traitance.

  • 8/6/2019 Mtiers porteurs : le rle de lentrepreneuriat, de la formation et de linsertion professionnelle (AFD/2011)

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    combinant quelques petits travaux son compte et le dveloppement dune activit en tant que sous-traitant de plus

    grandes entreprises. Il pourra alors toffer son rseau de relations professionnelles et ses comptences en gestion de

    petits contrats. Il commencera alors lui-mme faire appel des journaliers ou des apprentis. Lun des enjeux majeurs

    de ce secteur est daccder directement des marchs publics, ce qui suppose davoir formalis lentreprise, de disposer

    des relations ncessaires et de lexprience de la gestion des contrats avec ladministration.

    Au cours de ces diffrentes tapes, qui ne senchanent pas ncessairement de manire linaire (il y a parfois des allers-

    retours dune tape lautre), le promoteur devra progressivement constituer les ressources financires pour investir dans

    des quipements.

    2. Parcours de crateurs dentreprise dans le secteur de la menuiserie au Congo

    La premire tape consistera gnralement dvelopper une petite activit de rparation en parallle une formation par

    apprentissage ou un emploi salari dans un atelier. La dotation en quipements que certains apprentis ont pu recevoir

    lissue de leur formation semble avoir jou un rle de facilitation important : le menuisier va fabriquer des produits simples

    avec loutillage limit quil aura pu acqurir. La deuxime tape visera se mettre son compte et capter des commandes

    plus importantes. La troisime tape consistera acqurir un premier niveau dquipement (scie circulaire, tour, etc.) et

    recruter des apprentis. La quatrime tape consistera acqurir des quipements pour assurer une meilleure qualit de

    finition des produits et toffer lquipe pour pouvoir rpondre des commandes plus importantes.

    3. Cration dune entreprise ddition Madagascar

    Marie-Michle Razafintsalama a cr son entreprise ddition, Prdiff, aprs avoir travaill plusieurs annes au sein dune

    librairie. Cette exprience lui a permis de mieux apprhender le march, de dcouvrir lensemble des activits de cette

    profession ainsi que les erreurs qui ont conduit la faillite de lentreprise qui lemployait. Durant ces annes de salariat, elle

    a galement pu suivre des formations la carte, en marketing, librairie, dition, et livres pour enfants. Initialement forme

    lInstitut national de sciences comptables et de ladministration dentreprises (Inscae), elle matrisait par ailleurs dj la

    gestion dentreprise.

    Durant les deux premires annes de vie de lentreprise, lactivit a principalement consist vendre des revues par

    abonnement (une activit ncessitant peu de trsorerie). Deux ans aprs, M.M. Razafintsalama sest lance dans

    limportation de livres. Elle a cependant d restructurer son activit face une difficult imprvue : alors quelle avait pass

    un gros volume de commandes ltranger (afin de bnficier de tarifs avantageux), la dprciation de la devise locale a

    mis en difficult son commerce. Cette contrainte la incite dvelopper une activit ddition locale quelle avait depuis

    longtemps envie de lancer mais sans oser franchir le pas afin de pouvoir substituer des livres dits localement aux

    importations devenues inaccessibles aux consommateurs malgaches. Cette activit reprsente aujourdhui la part la plus

    importante de son chiffre daffaires.

    2. Les enseignements des tudes terrains

    AFD Document de travail n 111 Mtiers porteurs : le rle de lentrepreneuriat, de la formation et de linsertion professionnelle avril 2011

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  • 8/6/2019 Mtiers porteurs : le rle de lentrepreneuriat, de la formation et de linsertion professionnelle (AFD/2011)

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    Les jeunes sont finalement assez conscients des contraintes

    de la cration dentreprise. Sils sont nombreux lenvisager

    moyen terme, pour pouvoir disposer dune plus grande autono-

    mie et de revenus plus importants, ils vont trs rarement se lan-

    cer dans cette aventure ds la fin de leur formation. Il existe

    cependant des projets qui visent les accompagner dans cette

    dmarche en vue de leur permettre de franchir le pas plus rapi-

    dement (cf. encadr 10).

    2. Les enseignements des tudes terrains

    AFD Document de travail n 111 Mtiers porteurs : le rle de lentrepreneuriat, de la formation et de linsertion professionnelle avril 2011

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    Encadr 10. Projet dappui la formation professionnelle fminine (Forprofem) - Sngal

    Le Forprofem (financ par la coopration belge entre 2008 et 2010) sinscrit dans la rforme de lETFP et dveloppe des

    dispositifs daccompagnement des sortantes vers lemploi, que ce soit en entreprise ou en auto-emploi et/ou activit

    gnratrice de revenus (AGR). Il vise aussi amliorer loffre de formation via ladaptation des programmes existants aux

    besoins potentiels du march du travail et le renforcement de la gestion et de linsertion des centres de formation dans leur

    environnement, ainsi que de leurs comptences.

    Des cellules dinsertion ont t cres au sein des centres de formation partenaires ; elles y ont notamment introduit la

    ralisation dun stage au cours de la formation. Il est prvu que les lves qui ne seront pas embauches en fin de formation

    y crent leurs activits sous forme de GIE.

    Si elle permet aux lves daccder un certain degr de formalisation et dtre accompagnes, cette stratgie semble

    toutefois risque pour ces jeunes femmes sans exprience, qui ne sont pas toutes des entrepreneures dans lme, et

    qui ne sont quau dbut de leur vie dadulte. Certaines abandonneront probablement le GIE pour se marier, laissant

    dventuels remboursements demprunts leurs collaboratrices.

    2.5 Les contraintes au dveloppement des entreprises

    Si lexistence dentreprises qui se dveloppent et qui recru-

    tent est une condition pour crer des perspectives dinser-

    tion des jeunes, force est de constater que, dans les trois

    pays, les contraintes auxquelles elles doivent faire face res-

    tent trs nombreuses. Si les politiques de dveloppement

    du secteur priv y ont fait de substantiels progrs (avec, par

    exemple, la mise en place de guichets uniques ddis ou

    une simplification des dmarches administratives), leurmise en uvre reste encore trs partielle.

    Les entreprises continuent dvoluer dans un environne-

    ment qui leur est peu favorable, que ce soit en termes de

    qualit des infrastructures (accs lnergie, leau, aux

    moyens de communications moderne, etc.), de relations

    avec les administrations, de fiscalit, de rglementation ou

    encore dapplication du droit des affaires. Le recrutement

    de personnel prsentant les qualifications recherches

    (techniciens intermdiaires Madagascar, par exemple) et

    le comportement des employs dans lentreprise (respect

    des horaires, des consignes, capacit travailler de mani-

    re autonome et prendre des dinitiatives, absentisme,

    fidlisation, etc.) sont galement voqus comme tant des

    contraintes importantes pour des entreprises disposantdj dune certaine taille et/ou dun potentiel de dveloppe-

    ment.

    Au Congo et Madagascar, et dans une moindre mesure

    au Sngal (o il existe un plus grand nombre dinstitutions

    financires19 ), laccs au financement reste une contrain-

    te majeure dont les causes sont bien connues20 . Dun ct

    19 Dans le domaine des PME, toutefois, ces institutions ne sintressent gure quau finan-

    cement du commerce et du transport.

    20 On parle ici des entreprises dont les besoins de financement se situent dans le crneau

    de la msofinance, cest--dire entre ce que font habituellement les institutions de microfi-

    nance, dun ct, et les banques, de lautre.

  • 8/6/2019 Mtiers porteurs : le rle de lentrepreneuriat, de la formation et de linsertion professionnelle (AFD/2011)

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    les entrepreneurs ne connaissent pas et ne comprennent pas

    les exigences des institutions financires (productions dinfor-

    mations comptables, formalisation, exigence en fonds propres

    et en garanties, prsentation dun plan daffaires prcis, etc.),

    de lautre, les institutions financires ne veulent pas faire les

    efforts ncessaires (structuration dun dpartement PME dispo-

    sant des mthodologies, des outils et des produits adapts

    cette clientle) pour toucher ce segment de march tant

    quelles ne le considrent pas comme stratgique21 .

    Dans les trois pays, laccs aux services non financiers de

    dveloppement des entreprises22 (comptabilit, gestion,

    conseil, accs linformation technique, commerciale, accs

    au march, etc.) est galement peu dvelopp, alors que les

    besoins sont importants. Les grandes entreprises arrivent se

    doter de rponses internes ces besoins. Ce nest pas le cas

    pour les PMI/PME qui doivent se dbrouiller avec les

    moyens dont elles disposent.

    2. Les enseignements des tudes terrains

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