memento de l’agronome - · pdf filerechercher et comparer les coûts...

Download Memento de l’agronome - · PDF fileRechercher et comparer les coûts d’opportunités Quelle durée utiliser pour le calcul de l’amortissement ? Lorsque les aménagements sont

If you can't read please download the document

Upload: ledien

Post on 06-Feb-2018

218 views

Category:

Documents


1 download

TRANSCRIPT

  • Techniques de pisciculture : lamnagement des tangspiscicoles

    Avec des tudes de cas en Cte dIvoire et en Guine forestire

    M. OSWALD, F. SANCHEZ, P. TRELLU, F. GLASSER et F. LAUBIER (Ong APDRA-F, Voisins le bretonneux, France)Schmas et figures V. SAMMARITANPhotos (prises en Cte dIvoire, en Guine et au Togo) P. TERLLU, C. BOULAN, J. CHAMOIN, C. FRANOIS, F. SANCHEZ, M. OSWALD

    La pisciculture est encore une activit trs marginale en Afrique subsaharienne. Son volution dpen-dra de lamnagement de structures dlevage aptes la production piscicole ; au sein de celles-ci,les tangs restent les plus privilgis. Sur le plan mondial, cest dailleurs en tangs que la majoritde la production est ralise, particulirement dans les zones intertropicales.

    Comme pour lensemble des amnagements hydro-agricoles, la russite de limplantation de nou-veaux tangs piscicoles dpend autant de facteurs techniques que sociaux. Les tangs restent avanttout des amnagements agricoles et on ne peut considrer quils sont fonctionnels que sils sont uti-liss, entretenus et mme reproduits par les producteurs. Une vision conomique de lamnagementest donc indispensable. Ds le dpart, certaines questions doivent tre poses :- que reprsente la construction dun tang pour loprateur conomique qui se lance dans la pisci-culture ?- quelle est la valeur relle de cet investissement ?- quen attend-il ?

    Investissement piscicole

    Un calcul complexe : la valeur de lamnagementSi un paysan dispose rgulirement dun bas-fonds, le calcul de la valeur de son amnagement (cest--dire le cot que reprsente cet investissement pour le producteur, qui nest pas forcment la valeurdtermine par le march) se rvle tout de suite dlicat. En effet, la construction de ltang mobili-se la fois temps, surface, capital et travail. Par exemple, la construction des tangs ncessite desliquidits pour lachat des matriaux et des outils ; elle demande galement un investissement en tra-vail fourni par le pisciculteur ou sous trait des tcherons. Quelle valeur donner ces facteurs ? Endautres termes, combien le travail, le capital, la terre, utiliss pour construire ltang, cotent-ilsrellement au paysan ? Plusieurs approches sont possibles (voir paragraphes ci-aprs).

    Fixer une valeur moyenneLapproche la plus frquente consiste affecter le cot moyen fix par le march du travail dun actifagricole et de la rmunration de lpargne. Ce calcul a le mrite de rechercher une norme en condi-tion paysanne mais il est souvent faux..En premier lieu, le travail dun actif agricole na pas la mme valeur sil sagit dun chef dexploitationgrant une dizaine dactifs ou dun manuvre. Selon les opportunits disponibles, la valeur diffrera .Ainsi, en priode morte, on peut considrer que le travail ne vaut pas grand chose. En revanche, ensituation de forte contrainte, il faut estimer ce quoi renonce le paysan, tche trs difficile car nonmesurable.La valorisation de lpargne disponible dun paysan est tout aussi complexe. Comment choisir entreles offres de rmunration par les systmes usuriers traditionnels et quelle fiabilit leur accorder ?Comment choisir entre les possibilits de valorisation du fonds de roulement, variables en fonctiondes diffrentes productions, sachant quil faut aussi prendre en compte le risque financier (de par sonstatut, un chef dexploitation doit faire face certains imprvus ) ?Pour des raisons voisines, attribuer une valeur une surface agricole est tout aussi difficile.

    Se fonder sur le march des prestatairesUne deuxime approche consiste estimer la quantit en travail (exprime en homme/jour) et lesliquidits ncessaires correspondant au prix dun contrat de travail avec un prestataire. Si cetteapproche donne une bonne estimation du cot, il sagit du prix fix par le march. Elle ne permet pasde bien rendre compte de la valeur que linvestissement reprsente pour le paysan (notamment ce quoi renonce le paysan pour faire son barrage). Or, cette valeur conditionne laccessibilit de linves-tissement pour le paysan. Notons que cette mthode ignore aussi le travail ncessaire pour lacontractualisation avec le prestataire et pour lapprentissage la gestion de lamnagement.

    1

    Mem

    ento

    de

    lagr

    onom

    e

  • Rechercher et comparer les cots dopportunitsQuelle dure utiliser pour le calcul de lamortissement ? Lorsque les amnagements sont entretenus,ils sont encore parfaitement fonctionnels au del de 20 ans.

    Ces difficults rvlent deux points prendre en compte :- la valeur dun investissement piscicole ne peut tre apprcie qu la condition davoir une bonnecomprhension de lensemble du systme de production du paysan. Il faut tre en mesure dappr-cier les cots dopportunits des facteurs investis dans la construction de ltang ;- la comparaison dexploitations ayant adopt la pisciculture avec des exploitations ne layant pasadopt permet dapprcier de la manire la plus juste possible la valeur dun investissement piscico-le. Ceci sous-entend le choix dun chantillon dexploitations similaires et une excellente comprhen-sion des pratiques paysannes.

    Evaluation qualitativeFace cette complexit, lapproche qualitative ne doit surtout pas tre carte. Lhistoire rvlera,bien mieux que tout type de calcul, le niveau de satisfaction des paysans vis--vis de leurs amna-gements. Si les tangs sont entretenus et si de nouveaux tangs sont construits, cest un tmoigna-ge prendre en compte .Sils sont dlaisss, voire abandonns, cest quils ne rpondent pas lat-tente des paysans, quel que soit le discours que ces derniers tiennent A ce titre, le temps ncessai-re pour quun dsintrt sinstalle est rvlateur : en Cte dIvoire, les producteurs mettaient entre2 et 4 ans pour abandonner des tangs qui navaient jamais produit correctement de poissons. Lorsdes premires annes des projets, il faut donc se mfier des valuations qui ne font que redcouvrirune grande motivation pour la pisciculture (qui sera peut-tre une nouvelle fois due quelques tempsaprs).

    Premier exemple de lestimation du cot des tangs : cas dun pisciculteur ivoirien en zonepriurbainEn 2002, les dpenses mini-males par tang stablis-sent comme suit :- ouvrage de vidange : delordre de 30 000 FCFA, soit46 (1,5 tuyau de PVC de125 mm, sacs de ciment,location du moule pour laconfection du moine) ;- matriel de terrassement :prix du matriel neuf delordre de 45 000 FCFA, soit68 (brouette, daba,machette, lime) ; le pisci-culteur dispose souvent deces outils avant de dbuterles travaux.

    La quantit de travail nces-saire est variable selon lanature du terrain, la forme de ltang et la quantit de terre dblayer. En moyenne, un homme seultravaillant plein temps met entre deux et trois mois pour raliser un tang de 4 5 ares (dans lecas o dblais et remblais squilibrent). Les priodes creuses du calendrier agricole dans le Centre-ouest de la Cte dIvoire, rendent possibles de telles ralisations par les paysans.

    Lestimation suivante a t obtenue en recherchant le prix du march des diffrents facteurs utiliss( lexception de la terre qui tait considre comme acquise). Bien que datant de 1992, cette tudereste trs actuelle quant la proportion de variation des cots.

    Selon les deux situations extrmes envisageables, le cot du travail peut svaluer comme suit(tableau 1) :- situation 1 : entre 45 000 et 60 000 FCFA pour un tang de 4 5 ares ralis par un tcheron rmu-nr par le pisciculteur (entre 137 et 183 ).- situation 2 : entre 21 000 et 36 000 FCFA (entre 32 et 59 ) correspondant au cot dopportuni-t de la journe de travail dun manuvre (valu 350 FCFA/j 1,1 /j), enqutes ralises auprsde manuvres ne vendant que leur force de travail aux environs de ces chantiers.

    Il est intressant de constater que les rares ventes dtangs avaient t ralises un prix nettementsuprieur (plus de 200 000 FCFA/ tang soit 610 ).

    2

    Mem

    ento

    de

    lagr

    onom

    e

    Photo 1 : tcherons construisant un tang en zone priurbaine (Cte dIvoire).

  • Second exemple de lestimation du cot des tangs : cas dun paysan guinen en zone ruraleLexemple prcdent ne tenait pas compte du cot dopportunit des diffrents facteurs. Le prsentexemple montre quil est parfois indispensable den tenir compte. Tir dune situation relle (donnesfournies par le projet Piscicole de Guine forestire, matre douvrage ministre de la pche et delaquaculture, mise en uvre Association franaise des volontaires du progrs AFVP sur financementAFD), ce cas est celui dun paysan qui ralise lui-mme son barrage. En Guine forestire, la diff-rence de la Cte dIvoire, le calendrier des cultures est trs charg et bien rparti sur les diffrentessaisons.

    Les cots directs de la construction du barrage slvent 314 000 FGNF ( peu prs 180 ). Ils com-prennent tout les frais engags pour faire venir des travailleurs et pour acheter le ciment (dbrous-saillage, nettoyage, dfrichement, dessouchage, confection de louvrage de vidange, construction dela digue, etc.).

    Par enqute, le projet a pu estimer les pertes dues au renoncement dautres travaux agricoles parmanque de temps ou de finance :- 2 champs de riz enmoins : perte estime 875 000 FGNF environ ;- 4 plantations de cafdfriches une seule foisperte de 146 000 FGNFenviron.

    Linvestissement en tra-vail et en trsorerie sur laconstruction de son bar-rage a donc entran unmanque gagner de 1021 000 FGNF (prs de590 ), soit plus de troisfois les cots directsentrans par la construc-tion elle mme.

    Pour valuer le cot reldun amnagement rali-s par un paysan, uneconnaissance fine de sasituation et de son syst-me de production estindispensable.

    Un objectif de rentabilit bien plus clair quil ny paratLa perception de linvestissement par les paysans est souvent une question occulte (discours : lespaysans ne prvoient pas... ). Pourtant, le travail suivant ralis en 1998 prouve le contraire. Lesplanteurs peroivent la ralisation dune pisciculture comme un investissement au mme titre que laconstruction dune