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Aurélie Denoual-Hosotte
La marqueterie de
paille Savoir-faire de tradition et matériau d’avenir
21/11/2010
Marqueterie de paille Aurélie Denoual-Hosotte Lycée Poinsot-Chapuis Section marqueterie 2
SommaireSommaireSommaireSommaire
Introduction............................................................................................................................................. 3
Historique ................................................................................................................................................ 4
XVème-XVIème siècles ........................................................................................................................ 4
19ème siècle production des bagnards et des prisonniers................................................................. 5
20eme siècle : André Groult, Jean-Michel Franck............................................................................... 6
Aujourd’hui : la renaissance ................................................................................................................ 7
Les pailles ................................................................................................................................................ 8
Les techniques en marqueterie paille ..................................................................................................... 8
Marqueterie en applique .................................................................................................................... 8
La marqueterie par incrustation ou élément par élément ................................................................. 9
Marqueterie par superposition, technique dite « Boulle »................................................................ 9
Procédé et méthode.............................................................................................................................. 10
Préparation de la paille ..................................................................................................................... 10
Confection d'une planche ................................................................................................................. 11
Le nettoyage...................................................................................................................................... 11
La mise sous presse ........................................................................................................................... 12
Finition............................................................................................................................................... 12
Conclusion ............................................................................................................................................. 13
Bibliographie.......................................................................................................................................... 14
Marqueterie de paille Aurélie Denoual-Hosotte Lycée Poinsot-Chapuis Section marqueterie 3
Introduction
La marqueterie de paille est un procédé de décor qui consiste à assembler et à
coller sur un bâti de bois ou de carton des morceaux de paille de couleurs variées.
Technique d’ornementation moins connue que la marqueterie de bois, la marqueterie
de paille a pourtant servi à décorer depuis des siècles nombre de pièces d’un grand
raffinement :cadres, coffrets, étuis, poudriers, écrins, plumiers, nécessaires à couture,
reliures, paravents, panneaux muraux, éléments de mobilier…
La marqueterie de paille à proprement parler est une production spécifique de
l’Europe occidentale et plus particulièrement observée en France, en Espagne, en
Italie, en Allemagne, en Hollande et en Angleterre.
Ensemble d'objets divers en marqueterie de paille
Marqueterie de paille Aurélie Denoual-Hosotte Lycée Poinsot-Chapuis Section marqueterie 4
Historique
XVèmeXVèmeXVèmeXVème----XVIème sièclesXVIème sièclesXVIème sièclesXVIème siècles
Il est très difficile de dater avec précision l’apparition de l’emploi de la paille
en marqueterie. Il semblerait toutefois qu’elle coïncide avec la naissance de la
marqueterie de bois, c’est-à-dire aux XVème-XVIème siècles. Son développement fut
alors favorisé par le coût extrêmement élevé des bois exotiques, et son
approvisionnement aisé. Une des plus anciennes œuvres répertoriées à ce jour semble
être une couverture de livre de chants datée de 1711, signée Carl Hinrich Hering,
Pendant la même période, dans les couvents, les moniales pratiquaient la
marqueterie paille avec virtuosité. Une façon de combattre l'oisiveté, ces ouvrages
de marqueterie étaient faits pour honorer Dieu et propager la foi à travers le pays,
ils rapportaient aussi au couvent des ressources supplémentaires. En France, le
commerce de meubles et d'ouvrages en marqueterie de paille qui étaient vendus par
les marchands merciers et les tabletiers a surtout été florissant à Paris des années
1750 jusqu'à la Révolution.
Meubles en marqueterie de paille
Au centre, un secrétaire, style Louis XV, vers 1750, estampillé Alain Delorme et François
Garnier
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Boites en marqueterie de paille
19ème siècle19ème siècle19ème siècle19ème siècle production des bagnards et des prisonniers production des bagnards et des prisonniers production des bagnards et des prisonniers production des bagnards et des prisonniers
On assista à une intense activité de marqueterie de paille dans les bagnes ou
les prisons. C’est la production la plus connue, la plus répandue dans l’opinion
publique que celle des prisonniers et des bagnards, diffusant alors une image
d’artisanat populaire
Coffre de bagnard en marqueterie de paille XIXème
Marqueterie de paille Aurélie Denoual-Hosotte Lycée Poinsot-Chapuis Section marqueterie 6
20eme siècle : André Groult, Jean20eme siècle : André Groult, Jean20eme siècle : André Groult, Jean20eme siècle : André Groult, Jean----Michel FranckMichel FranckMichel FranckMichel Franck
Après une longue période de purgatoire,
certainement due à la cherté de ces productions
et à la très forte augmentation du coût de la vie
pendant tout ce XIXème siècle si instable, il
fallut attendre les années 1920 pour assister à un
renouveau de l’art de la paille.
Paravent à cinq feuilles en marqueterie
de paille blonde réalisé par André Groult
pour l’exposition des Arts Décoratifs de
1937.
Deux grands décorateurs parisiens, André Groult
et Jean-Michel Franck, redécouvrirent la paille et
l’employèrent à grande échelle. Délaissant les
mignardises, André Groult recouvrit des meubles,
des murs d’appartements ou les salons de luxueux
transatlantiques, dont le fameux Normandie. Il
réalisa une multitude d’objets et de meubles
d’appoints, ainsi que de somptueux paravents.
Jean-Michel Franck, associé à l’ébéniste Adolphe
Chanaux, ancien collaborateur de Groult, n’utilisa
que de la paille monochrome. Il réalisa de très nombreux meubles à décors
géométriques appelés éventails ou soleils. Il décora également des murs
d’appartements.
Cabinet en marqueterie paille éventail Jean-Michel Franck vers 1925
Collection Y.St Laurent et P. Bergé
Marqueterie de paille Aurélie Denoual-Hosotte Lycée Poinsot-Chapuis Section marqueterie 7
Les incertitudes du temps, les bouleversements sociaux, l’augmentation
considérable du coût de la vie brisèrent cet élan. Il fallut attendre les années 1950
pour pouvoir admirer les meubles de Jean Royère, très actif au plan international,
de Daniel Langlois-Berthelot et de Bernard Ayard, spécialisés dans la tabletterie.
Buffet Jean Royère, 1947, marqueterie de paille
Aujourd’Aujourd’Aujourd’Aujourd’hui : la renaissancehui : la renaissancehui : la renaissancehui : la renaissance
Petite-fille d'André Groult, Lison de Caunes a relevé le flambeau. Maître
d'Art, elle a longtemps et obstinément guerroyé seule pour assurer la pérennité d'un
art si merveilleux. Rien ne saurait mieux illustrer cette renaissance que l'attribution
en 2007 du premier titre jamais offert d'"Un des Meilleurs Ouvriers de France", dédié
à la marqueterie de paille. Marine Fouquet, de Paris, et Sandrine Viollet, de New
York, les deux lauréates, ont ouvert une voie nouvelle à un mode d'expression où la
sensibilité, la créativité, le sens esthétique et l'innovation technique se sont
admirablement mis au service d'une virtuosité sans égale.
Meuble pyramide à 10 tiroirs, Lison de Caunes
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Les pailles
La paille utilisée en
marqueterie peut être de blé, de
seigle, d’orge ou d’avoine. Elle
présente des qualités
indéniables pour le travail de
marqueterie. En effet, sa
surface extérieure est formée
d’une fine pellicule de silice qui
non seulement la rend
imperméable mais lui donne
également un aspect lisse et
brillant. Sa surface intérieure est, au contraire, poreuse et fibreuse facilitant ainsi
son encollage. Bien qu’elle offre une large gamme de tons à son état naturel, la paille
peut être teintée pour augmenter la palette des couleurs et disposer notamment de
couleurs vives. Les couleurs artificielles sont obtenues par trempage de la paille dans
un bain de colorant.
Les techniques en marqueterie paille
Marqueterie en appliqueMarqueterie en appliqueMarqueterie en appliqueMarqueterie en applique
Il s'agit d'élaborer un décor sur un objet
quelconque en collant sur sa surface des petits
morceaux de paille de couleurs et de tailles adaptées au
projet. L'objet en question aura été au préalable peint,
ou recouvert de feutrine adhésive, ou revêtu d'un
papier peint, de la couleur voulue. Cette couleur sera le
fond de votre composition. Et c'est sur elle que l'on
collera nos petites pièces en paille dont la beauté sera
mise en valeur par l'opposition entre leurs couleurs et
le sombre du fond.
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La marqueterie par incrLa marqueterie par incrLa marqueterie par incrLa marqueterie par incrustation ou élément par élémentustation ou élément par élémentustation ou élément par élémentustation ou élément par élément
Il s'agit de placer des éléments découpés au préalable dans
des "logements" réservés à cet effet dans un support. La
paille se travaille pratiquement
comme le bois, à quelques
nuances près. La technique
adoptée dans ce cas précis est dite élément par élément,
avec usage exclusif du cutter bien qu'il soit possible, dans
certains cas, de la constituer en paquets, et de la
découper à la scie électrique alternative.
Marqueterie par superposition, technique dite « Boulle »Marqueterie par superposition, technique dite « Boulle »Marqueterie par superposition, technique dite « Boulle »Marqueterie par superposition, technique dite « Boulle »
La réalisation de certains motifs nécessite de superposer les planches avant la
découpe. Recouvertes d’un papier-calque sur lequel est tracé le décor et enserrées
entre deux contreplaques, les planches superposées sont découpées simultanément.
Cette technique, particulièrement délicate avec la paille, permet de découper
plusieurs épaisseurs à la fois dans le but de reproduire le décor ou bien de découper
en même temps le fond et le motif qui y sera incrusté. Chaque élément est ensuite
dissocié de la planche puis assemblé au décor. Cette technique est directement issue
de la technique de marqueterie Boulle.
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Procédé et méthode
Préparation de la paillePréparation de la paillePréparation de la paillePréparation de la paille
Le fétu de paille est d’abord fendu dans le sens de
la longueur au moyen d’un fendoir, à l’ongle ou
au cutter. Les filets de paille sont ensuite aplatis
au marteau à plaquer ou même au fer à repasser
afin d’écraser les fibres pour obtenir une matière
amincie et parfaitement plane.
Le plioir, ou le fer, doit être appliqué et appuyé
progressivement de façon à ne pas marquer le
matériau. On le passe côté intérieur du fétu pour enlever le plus de moelle possible (la
moelle étant la substance mate qui se trouve au centre du cylindre central de la tige
et qui a nourri la paille), puis du côté extérieur brillant jusqu'à ce que le brin
commence à s'enrouler sur lui-même. S'il
s'agit de couleurs claires, le fer chaud est à
prohiber côté brillant car il y a grand
risque de brunissage.
La paille est ensuite coupée selon les
dimensions et les motifs prévus puis, collée
parfois directement sur le support définitif
généralement en bois ou, le plus souvent,
sur un support en papier. Les brins de paille
de même couleur sont alors collés bord à
bord pour former une planche. Cela consiste à coller
des fétus ouverts, côte à côte, afin d'obtenir une
surface d'un seul tenant dans laquelle il sera possible
de découper dans tous les sens des contours plus
compliqués.
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Confection d'une plancheConfection d'une plancheConfection d'une plancheConfection d'une planche
Le tube de paille étant tronconique, le filet obtenu est plus étroit à une
extrémité qu'à l'autre. Les fétus doivent par
conséquent être collés tête-bêche afin d’éviter des
décalages disgracieux par rapport à la verticalité
idéale. Sur une feuille de papier, coller les fétus la
face mate contre le papier, côte à côte, en veillant
bien à ce qu'ils ne se chevauchent pas, la face
brillante étant imperméable, la colle ne prendrait
pas.
Muni d’un cutter ou d’un scalpel, le
marqueteur découpe dans la planche ainsi
réalisée différents morceaux en tenant compte
du sens du fil de la paille. Pour créer les motifs, il
fixe ces morceaux à la colle de relieur en les
appliquant délicatement au plioir tout en
exerçant une pression uniforme sur la paille afin
de ne pas la marquer. Le décor final est ainsi
composé petit à petit sur le support définitif.
Le nettoyageLe nettoyageLe nettoyageLe nettoyage
La colle ne tenant pas du côté brillant de la paille, il devient facile de la
débarrasser des remontés et des surplus de colle encombrant le matériau. Passez un
chiffon doux humidifié par une solution composée d'eau et de vinaigre à 50%,
vinaigre blanc pour éviter les éventuelles tâches. La salive est également très
efficace. D'une façon générale l'alcool, du vinaigre à l'alcool à brûler, dissout les
particules de colle.
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La mise sous presseLa mise sous presseLa mise sous presseLa mise sous presse
En humidifiant le papier, la colle donne à la paille le loisir d'exercer sa
mémoire de forme, de tenter de retrouver son aspect cylindrique. C'est pourquoi il est
impératif de revenir régulièrement au plioir sur les pailles déjà collées en faisant
glisser l'outil fortement dans le sens des fibres. On colle quelques pailles et on revient
régulièrement en arrière, jusqu'au séchage complet.
Lors de la mise sous presse il faut humecter le papier en cas de besoin pour le
détendre et lui permettre de retrouver sa planéité première. Ensuite il faut nettoyer
la paille des surplus de colle restante et placer la planche de paille entre deux
supports plans et lisses, la paille étant un matériau très fragile la moindre aspérité
sur le support la marquerait de façon définitive. Insérer des feuilles type papier
sulfurisé, afin que la paille n’adhère pas au support. Maintenir l’ensemble sous presse
jusqu’au séchage complet de la colle (indications du fabricant).
FinitionFinitionFinitionFinition
Pour parachever le nettoyage et intensifier l’aspect brillant et satiné de la
paille, l’ouvrage peut être frotté à la peau de chamois. En finition, la marqueterie ne
sera pas vernie (le vernis ne pouvant pénétrer la paille) mais plutôt cirée dans le
sens du fil de la paille. Véritable moire végétale, scintillante, la paille permet
notamment de réaliser des compositions monochromes dont la subtilité des détails et
des effets visuels dépend simplement de la façon dont les fibres sont placées.
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Conclusion
L’utilisation de la paille en marqueterie, broderie, pailleur de chaise,
taxidermie, chapellerie s’est développée assez logiquement en raison de son
accessibilité (peu chère) et de sa disponibilité en grande quantité. En effet ces céréales
étaient cultivées à grande échelle, et la paille utilisée pour le paillage des bêtes, le
garnissage des literies (paillasse), la construction des maisons (torchis). Facile à
teindre, peu sensible aux variations de température et d’hygrométrie, le travail de la
paille en marqueterie demande en outre peu d’outillage autant pour la découpe que
pour l’ombrage (plioir, cutter, règle et fer à repasser). La finition des marqueteries
de paille n’appelle ni raclage ni ponçage, mais un simple nettoyage et éventuellement
un peu de cire. La paille brille naturellement, et mise en lumière elle dévoile ses
chatoiements.
Par contre, la paille réagit à la lumière en brunissant et ternissant lorsqu’elle
est exposée trop longtemps au soleil. Fragile, le moindre coup malheureux marque la
paille définitivement.
Marqueterie de paille sur carton, André Groult, 1925
Marqueterie de paille Aurélie Denoual-Hosotte Lycée Poinsot-Chapuis Section marqueterie
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Bibliographie
La marqueterie de paille par Lison de Caunes, Serge Goldszal, Catherine
Baumgartner les Editions de l'amateur
La paille en marqueterie, site internet Gérard Morin
Regard d’antiquaire, site internet
Les arts décoratifs, site officiel