7. l’europe s’ouvre sur le monde - etienne de flacourt · -zafimaniry : (les descendants qui...
TRANSCRIPT
7. L’Europe s’ouvre sur le monde 7.1. Découvertes et conquêtes
- Comment les Européens découvrent-ils le monde ?
- Quelles sont les conséquences des découvertes ?
C’est à partir du XV° siècle que les premiers navigateurs sillonnent les océans et
découvrent de nouveaux territoires. Les découvertes ont été possibles grâce aux progrès
nautiques, aux nouveaux navires et aux instruments de navigation de plus en plus
perfectionnés tels le globe terrestre, les portulans (cartes marines), la boussole, le compas et le
sablier, l’astrolabe ou l’arbalète pour le calcul de la latitude.
Ces premiers navigateurs sont espagnols et portugais. Ils veulent de l’or et de l’argent et
cherchent des routes maritimes permettant d’atteindre directement l’Asie d’où proviennent les
épices. Ils veulent aussi répandre le Christianisme. Soutenu par la couronne d’Espagne,
Christophe Colomb découvre l’Amérique en 1492 en cherchant à rejoindre l’Asie par
l’Atlantique. De 1519 à 1522, la flotte de Magellan, partie d’Espagne, fait le premier tour du
monde. Les Portugais longent la côte d’Afrique et, en 1498, Vasco de Gama parvient en Inde
après avoir contourné l’Afrique du Sud…
En 1494, Portugais et Espagnols se partagent le monde à découvrir : se créent un
hémisphère espagnol et un hémisphère portugais selon le traité de Tordesillas.
A la suite de leurs découvertes, les conquistadores espagnols détruisent les empires
aztèque, maya et inca et s’emparent de vastes régions en Amérique Centrale et du Sud (à
l’exception du Brésil, découvert par les Portugais en la personne de Cabral en 1500). Les
Portugais créent des comptoirs, c’est-à-dire des entrepôts de marchandises en terres
conquises. Ainsi naissent les premiers empires coloniaux et les colons imposent le
catholicisme en évangélisant les Indiens et en éradiquant leurs croyances. On a relevé qu’en
quarante ans, à cause de la tyrannie espagnole, seraient morts plus de 12 millions d’hommes,
de femmes et d’enfants. Ils employèrent deux méthodes pour rayer de la terre ces peuples : la
première, ce furent des guerres injustes, cruelles, synonymes de génocides ; la seconde fut le
travail forcé dans les mines ou sur les plantations.
Les ports européens de l’Atlantique (Séville, Lisbonne…) connaissent un essor
considérable. L’Europe profite de l’afflux d’or et d’argent et étendent leurs connaissances sur
le monde et dans les colonies. Ils découvrent de nouvelles plantes (maïs, tomate, cacao,
vanille, pomme de terre, haricot vert, fraise… et tabac) qui vont jouer un grand rôle dans
l’alimentation des Européens.
Madagascar, pour sa part, située dans l’hémisphère portugais, est découverte en 1500 par
les navigateurs portugais Diego Diaz et Suarez. Ils donneront leurs noms à la ville où ils
accostèrent. L’île fut appelée San Lorenzo avant d’être rebaptisée Saint Laurent par des
colons français par la suite. En outre, il est bon de noter qu’Hollandais et Anglais
l’exploitèrent également.
Avant ces conquêtes, d’autres peuples (non Européens) découvrirent Madagascar et s’y
installèrent. Voyons donc dès à présent comment ce peuple malgache se forma jusqu’à donner
ce qu’il est aujourd’hui.
7.2. Formation du peuple malgache
- Comment se serait peuplé Madagascar ?
- Quelles sont les conséquences de ces divers métissages ?
7.2.1. La période paléo malgache
De nombreuses recherches pluridisciplinaires – archéologiques, génétiques, linguistiques
et historiques – ont déjà démontré une origine indonésienne des Malgaches. Arrivés
probablement sur la côte Ouest de Madagascar en canoës à balancier, vers 300 A.C. selon les
archéologues, ces pionniers navigateurs austronésiens sont connus de la tradition orale
malgache sous le nom de Ntaolo (« les hommes d’avant » ; les « anciens » en proto-Malayo-
Polynésien). Il est également probable que ces anciens se nommaient eux-mêmes les Vahoaka
(de Va-waka « peuple/ceux des canoës » ou « peuple de la mer »), terme signifiant
simplement aujourd’hui le « peuple » en malgache.
Ces Vahoaka Ntaolo (« peuple d’origine/premier ») austronésiens sont à l’origine de la
langue malgache commune à toute l’île, ainsi que de tout le fond culturel commun: coutumes
anciennes (comme celle d’ensevelir les défunts dans une pirogue au fond de la mer ou d’un
lac), agriculture ancienne (la culture du taro-saonjo, de la banane, de la noix de coco et de la
canne à sucre), l’architecture traditionnelle (maison végétale à base carrée sur pilotis), la
musique (les instruments comme la conque marine antsiva, le tambour de cérémonie
hazolahy, le xylophone atranatrana, la flûte sodina ou encore la valiha) et la danse
(notamment la « danse des oiseaux » que l’on retrouve à la fois dans le centre et dans le Sud)
Au tout début du peuplement appelée « période paléo malgache », les Ntaolo se
subdivisèrent, selon leurs choix de subsistance en deux grands groupes : les Vazimba, « Ceux-
de-la forêt » qui s’installèrent - comme leur nom l’indique – dans les forêts de l’intérieur, et
les Vezo, Ceux-de-la-côte, qui restèrent sur la côte Ouest. Le qualificatif Vazimba désignait
donc à l’origine les Ntaolo chasseurs et/ou cueilleurs qui décidèrent de s’établir dans la forêt,
notamment dans les forêts des Hauts Plateaux centraux de la Grande Ile et celles de la côte Est
et Sud-Est, tandis que les Vezo étaient les Ntaolo pêcheurs qui restèrent sur les côtes de
l’Ouest et du Sud (probablement les côtes du premier débarquement).
Dès la fin du premier millénaire jusqu’à 1600 environ, les Vazimba de l’intérieur autant
que les Vezo des côtes accueillirent de nouveaux immigrants moyen-orientaux (Perses
Shirazi, Arabes Omanites, Juifs arabisés) et orientaux (Indiens Gujarati, Malais, Javanais,
Bugis) voire européens… Après les Portugais, Hollandais, Anglais, et bien sûr Français
tenteront de même d’exploiter cette terre…
Bien que minoritaires, les apports culturels, politiques et technologiques de ces nouveaux
arrivants à l’ancien monde Vazimba et Vezo modifièrent substantiellement leur société et
seront à l’origine des grands bouleversements du XVI°siècle qui conduiront à l’époque
féodale malgache.
7.2.2. La féodalité malgache
A l’intérieur des terres, les luttes pour l’hégémonie des différents clans Vazimba des
Hauts Plateaux centraux (que les autres clans Vezo des côtes appelaient les Hova) aboutirent à
la naissance des ethnies et/ou royaumes Merina, Betsileo, Bezanozano, Tsimihety et
Sihanaka. Sur les côtes, l’intégration des nouveaux immigrés orientaux, moyen-orientaux et
africains donnèrent naissance aux ethnies et/ou royaumes Antakarana, Boina, Menabe et
Vezo (Côte Ouest), Mahafaly et Antandroy (Sud), Antesaka, Antanala, Betsimisaraka (Côte
Est). La naissance de ces grands royaumes modifièrent la structure politique de l’ancien
monde des Ntaolo, mais la grande majorité des anciennes catégories demeurèrent intactes au
sein de ces nouveaux royaumes : la langue commune, les coutumes, les traditions, le sacré,
l’économie, l’art des anciens furent préservés dans leur grande majorité, avec des variations
de formes suivant les régions.
Les 19 ethnies « officielles » sont les suivantes :
- Merina (Ceux des hauteurs) : d’origine asiatique (indonésienne) assez marquée, et
résident en principe au centre de l’île et sur les Hautes Terres.
- Betsileo (Ceux qui sont invincibles) : ils vivent dans la région de Fianarantsoa et
sont d’excellents riziculteurs et artisans du bois.
- Betsimisaraka (Ceux qui ne se séparent pas) : tribu la plus importante vivant le
long de la côte Est. Ils cultivent le café, le girofle et la canne à sucre.
- Sakalava (Ceux des longues vallées) : ils occupent un territoire très vaste sur toute
la côte Ouest. Il y a les Sakalava du Boina et ceux du Menabe.
- Antaisaka (Ceux qui viennent des Sakalava) : ils résident dans la région aux
alentours de Vangaindrano.
- Antandroy (Ceux des épines) : ils vivent à l’extrémité Sud de l’île, entre les
Mahafaly et les Antanosy.
- Mahafaly (Ceux qui font des tabous) : voisins des Antandroy, ce sont des
sculpteurs (aloalo) et leur région est aussi connue pour ses tapis mohair.
- Vezo (Ceux qui rament) : ce sont des gens de la mer, pêcheurs. Leur région se
situe entre Toliara et Morombe.
- Bara (vient du mot « bras » en bantou) : ils sont essentiellement éleveurs de zébus.
- Antakarana (Ceux de l’ankarana la falaise) : ils sont pêcheurs et éleveurs. Ils
vivent au Nord des Sakalava.
- Antemoro : « Ceux du littoral » sont en partie des cultivateurs. Ils vivent à
Manakara et environs.
- Antaifasy : « Ceux qui vivent dans les sables » sur la côte Est, aux alentours de
Farafangana.
- Masikoro: agriculteurs du Sud de l’île. Descendants des Sakalava situés en
dessous de Morondava. Cette ethnie est réputée pour sa musique (spécialistes de
l’accordéon malgache).
- Antambahoaka : groupe du Sud Est d’origine arabe. Ils vivent autour de
Mananjary.
- Tsimihety (Ceux qui ne se coupent pas les cheveux) : vivent dans le milieu de la
forêt, dans le Nord-Ouest. Ils sont éleveurs et riziculteurs.
- Tanala (Ceux qui vivent dans la forêt) : Ils se situent dans les falaises de la côte
Est, dans les forêts. Ils détiennent un grand savoir sur les plantes médicinales.
- Bezanozano (Ceux aux petites tresses) : ce sont des forestiers de la côte Est.
- Antanosy (Ceux de l’île) : ils sont pêcheurs et éleveurs et résident aux alentours de
Fort-Dauphin.
- Zafimaniry : (Les descendants qui espèrent) : ce sont d’excellents artisans du bois
(marqueterie). Minoritaires, ils résident dans les forêts à l’Est d’Ambositra
- Sihanaka : (Ceux qui vivent aux abords du lac) : ce sont des riziculteurs et des
pêcheurs d’eaux douces.