marie-franÇoise plissart
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NOCES (EXTRAIT), 1988-1995 © GILBERT FASTENAEKENS
Expo Museum : Dossier pédagogique
BOTANIQUE : rue Royale 236 Koningsstraat | Bruxelles 1210 Brussel | INFOS : 02 218 37 32 - WWW.BOTANIQUE.BE
Expo Museum
03.12.15 - 31.01.16
MARIE-FRANÇOISE PLISSARTAqua Arbor
Expo Museum : Dossier pédagogique
BOTANIQUE : rue Royale 236 Koningsstraat | Bruxelles 1210 Brussel | INFOS : 02 218 37 32 - WWW.BOTANIQUE.BE
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TABLE DES MATIERES
PREAMBULE .......................................................................................................................... 2
PORTRAIT DE L’ARTISTE ................................................................................................... 3
La photo ............................................................................................................................... 4
Les films .............................................................................................................................. 5
Le roman-photo .................................................................................................................. 6
Collaborations ..................................................................................................................... 7
GENESE DES ŒUVRES ...................................................................................................... 8
Les marines ......................................................................................................................... 8
Les arbres ........................................................................................................................... 9
Le fleuve Congo ............................................................................................................... 10
PROCESSUS DE TRAVAIL ............................................................................................... 11
Les marines ....................................................................................................................... 11
Les arbres ......................................................................................................................... 12
LA SERIE EN PHOTOGRAPHIE ...................................................................................... 14
Définition ............................................................................................................................ 14
La série en peinture ......................................................................................................... 14
La série en photographie ................................................................................................ 15
Le lien : le pictorialisme ............................................................................................... 15
Le style documentaire ................................................................................................. 16
La photographie autonome ......................................................................................... 16
La photographie en série ............................................................................................ 17
LA RE)COMPOSITION DE L’IMAGE ................................................................................ 24
PISTES DE TRAVAIL .......................................................................................................... 26
EN CONCLUSION ............................................................................................................... 26
AUTOUR DE L’EXPOSITION ............................................................................................ 27
1. POUR TOUS ............................................................................................................. 27
2. POUR LES ECOLES ............................................................................................... 28
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PREAMBULE
Marie-Françoise Plissart est l’une des figures majeures de la photographie belge.
Si jusqu’à présent nous connaissions surtout ses photographies urbaines, ses films sur la construction ou la rénovation de bâtiments emblématiques, son travail sur les villes et la place de l’homme dans son milieu, peu nombreux sont ceux qui connaissent sa recherche sur les réseaux et les liens qui nous relient à notre environnement.
Pour cette exposition au Botanique, Marie-Françoise Plissart présente pour la première fois deux nouvelles séries, l’une consacrée aux mers du monde entier qu’elle photographie depuis une quinzaine d’année, l’autre dédiée aux arbres, également photographiés tout autour de la planète. A cela s’ajoute un film réalisé sur le fleuve Congo à Kinshasa en 2003.
Ces deux séries distinctes se répondent naturellement et offrent au regard du visiteur une multitude de variations sur un même thème : le réseau et les liens chers à l’artiste.
Ce dossier pédagogique propose donc d’aborder l’exposition selon divers angles et a pour objectif de constituer une ressource documentaire afin de comprendre l’œuvre de l’artiste : dans un premier temps, nous présentons l’artiste, la genèse et le processus de travail de ces deux séries ; nous donnons ensuite quelques repères pour mieux appréhender la question de la collecte d’image, qu’elle soit sérielle ou individuelle.
En clôture de ce dossier, vous trouverez le détail des différentes activités que propose le Botanique aux écoles ainsi que toutes les informations pratiques relatives à votre visite.
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PORTRAIT DE L’ARTISTE
Marie-Françoise Plissart est née à Bruxelles le 13 juillet 1954. Artiste pluridisciplinaire, vidéaste et photographe, sa vie se décline comme une mosaïque d’expériences qui se lient les unes aux autres et qui nourrissent toute sa création.
Depuis le début, son travail se traduit par la multiplicité des thèmes et des supports permettant de garder intacte sa liberté de création. L’architecture, le théâtre, le portrait ou l’illustration sont autant de sujets sur lesquels elle porte un regard original et singulier et dans lequel l’humain occupe une place centrale.
C’est en 1970 qu’elle découvre la photo lors d’un stage d’été et c’est en 1973 qu’elle rencontre Benoit Peeters. C’est une rencontre déterminante car elle va déboucher sur de nombreuses collaborations entre les deux artistes, notamment une recherche sur les romans - photos dès 1983.
Après avoir été chauffeur de taxi la nuit et libraire tout en développant une pratique artistique, elle devient photographe free-lance en 1987 et se consacre dès lors uniquement à son activité créatrice. Elle puisera dans son expérience de taxiwoman nocturne l’inspiration pour photographier Bruxelles la nuit, ce qui donnera une vision tout à fait inédite de la ville.
Quant à son métier de libraire, il lui a fait découvrir l’univers des livres, intimement lié à sa vie et à son travail.
En un mot, s’il est un terme qui peut caractériser l’artiste tout autant que son œuvre, c’est la multiplicité. Multiplicité des sujets et des formes, multiplicité des regards.
© Marie-‐Françoise Plissart
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LA PHOTO
Fascinée par l’humain et par les formes qu’il construit, Marie-Françoise Plissart photographie la ville selon une conception fluide et mouvante qui tient compte de l’espace qui existe et qui change dans une ville en mutation permanente.
L’artiste propose un regard sans cesse renouvelé sur la cité, son architecture et les habitants qui la composent. De Kinshasa à Bruxelles, elle fait dialoguer l’humain et son environnement, sublimant l’un et l’autre.
Bruxelles constitue pour l’artiste un lieu d’inspiration inépuisable. Ses photographies permettent de l’aborder selon de nouvelles dimensions et de prendre une certaine hauteur par rapport aux changements perpétuels qui la caractérisent et aux critiques qui en découlent.
Son projet sur Kinshasa est le fruit d’un travail minutieux et d’une approche qui se veut la plus respectueuse possible. Son regard nous apporte – une fois de plus – une vision poétique et alternative d’une réalité complexe d’un pays qui l’est tout autant.
Ses photographies ont été notamment exposées à Bruxelles, Liège, Paris, Genève, Amsterdam, La Haye, Rotterdam, Berlin et Vienne.
Un Lion d’or à la Biennale d’architecture de Venise lui a été décerné pour son travail sur Kinshasa, en 2004 et une rétrospective personnelle A world without end lui a également été consacrée au Fotomuseum d’Anvers en 2008.
Marie-‐Françoise Plissart, Kinshasa, 2003
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LES FILMS
Egalement vidéaste, captivée par l’exploration du tissu urbain et par ses transformations, elle a réalisé entre autres L’occupation des sols en 2002, L’Atomium, in/out en 2006, Le quatrième mur en 2013, relatant la construction du Théâtre de la Place à Liège ainsi que D’errance et de Racines en 2014.
Pour son film L’occupation des sols, Marie-Françoise Plissart filme une ville, Bruxelles. Cette ville qui l’inspire et qui est régulièrement au cœur de son travail.
L’Atomium, in/out en 2006 propose une découverte alternative d’un des grand symboles belges lors de sa rénovation entre 2004 et 2006. Pendant une année, Marie-Françoise Plissart a placé sa caméra au coeur de l’Atomium pour en filmer la mise à nu et la reconstruction. Des hommes minuscules suspendus au Géant d’acier oeuvrent à lui redonner l’éclat des premiers jours.
Le quatrième mur quant à lui raconte la construction, sur le site de l’Emulation, du Théâtre de Liège inauguré en 2013. Pendant deux ans, Marie-Françoise Plissart filme ouvriers, créateurs et architectes réunis autour de la naissance de ce nouveau bâtiment. Le portrait d'un des grands chantiers culturels de la ville de Liège en même temps qu'une réflexion originale sur l'identité du théâtre.
Dans le cadre de la 25ème édition d’Europalia Turquie, Marie-Françoise Plissart propose un film sur les ponts. Ce film, réalisé avec Jacques André, évoque les liens que les ponts suggèrent et qui sont les symboles de la relation par excellence.
« En fait, elle filme la Ville, l'urbanité, sa vie, son espace et sa respiration, ses lieux et leurs mouvances. Pour ce faire, elle a mis sa caméra sur les sommets, les pics et les tours de la ville. Elle filme d'en haut, en prenant distance, en regardant de loin. (…) et L'urbanité se révèle dans ce qu'elle a de plus vrai et de plus terrible ».Philippe Simon in Cinergie.be, Webzine n°66, novembre 2002.
© Marie-Françoise Plissart
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Marie-Françoise Plissart – Sinan Istanbul
Que ce soit comme photographe ou comme vidéaste, nous retrouvons donc régulièrement la ville comme point de départ à une recherche qui mêle l’humain, aux ensembles construits.
LE ROMAN-PHOTO
S’il est une recherche qui a passionné Marie-Françoise Plissart, ce sont les rapports qui peuvent s’installer entre un texte et une image. Dès ses débuts, elle s’est intéressée au texte, aux mots, aux livres qui sont au cœur de son inspiration. Selon Benoît Peeters, c’est en effet par le livre et la littérature qu’elle a véritablement trouvé sa voie. Elle a tenté de renouveler en profondeur le genre du roman-photo, qu’il serait plus exact de requalifier de récit photographique, tant il s’éloigne du roman-photo traditionnel.
De Fugues au Mauvais œil en passant par Droit de regards (tous trois publiés aux éditions de Minuit), Prague (Autrement) et Aujourd’hui (Arboris), ces ouvrages offrent une lecture visuelle tout à fait particulière puisqu’ils proposent une narration à deux voix où le récit se fait l’écho du regard et où l’écriture rejoint la photographie.
Marie-Françoise Plissart, Droit de regards.
« Au départ, la figure du « pont » s'était imposée, comme une nouvelle figure de l'horizon ouverte à l'attente et à l'exploration, adéquate dans son apparente simplicité au projet de construire le portrait d'un festival, EUROPALIA. Plus précisément de son travail voué depuis 25 éditions à ouvrir l'ici -Bruxelles, la Belgique et au-delà-, aux venues d'œuvres d'art de l'ailleurs.» - Jacques André, réalisateur.
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COLLABORATIONS
Marie Françoise Plissart a collaboré à plusieurs reprises aux travaux de François Schuiten et Benoît Peeters‚ notamment dans la BD L’Enfant penchée dans lequel elle intervient avec un roman-photo qui apporte un contrepoint original. Cela va contribuer à donner à cet album une position toute particulière dans la série des Cités Obscures.
Il y a également Voyages en utopie (Casterman) et une collaboration pour La Maison Autrique (Les Impressions Nouvelles) pour laquelle elle réalisera les photos.
Avec Benoit Peeters toujours, elle publiera Bruxelles, Horizon vertical. Ce livre propose une soixantaine de photos de Bruxelles vue d’en-haut. Des photos d'une ville pleine de surprises qui a gardé ses allures d'hier et qui intègre l'architecture contemporaine tout à fait naturellement :
A cela s’ajoute une autre collaboration sur le livre Jacques Dupuis l’architecte de Maurizio Cohen et Jan Thomaes (2000, La Lettre volée). Il s’agit de la première monographie consacrée à cet architecte, considéré comme l’un des plus originaux de l’après-guerre en Belgique. Les auteurs proposent une biographie insistant sur ses influences architecturales et analysent ses réalisations de 1937 à 1984. En guise d’introduction, les photographies de Marie-Françoise Plissart offrent un regard contemporain sur l’œuvre de Jacques Dupuis.
« Je croyais connaître Bruxelles. Mais en prenant de la hauteur, la photographie en fait un espace neuf, intrigant. Dans le chaos, elle trace des lignes, dessine des figures, révèle des structures inattendues Au premier coup d'oeil, souvent, je ne m'y retrouve pas. Les lieux les plus familiers me déconcertent. Où sommes-‐nous ? D'où cette vue a-‐t-‐elle été prise ? Quelle est donc cette avenue, ce parc immense ? La ville, d'abord, redevient étrangère». Marie-‐Françoise Plissart in Horizon Vertical.
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GENESE DES ŒUVRES
Marie-Françoise Plissart nous présente pour la première fois Aqua Arbor, deux ensembles initiés il y a déjà plusieurs années.
LES MARINES
En 2003, une demande lui est faite d’investir la station « Parc » afin d’y réaliser une œuvre dans le cadre du projet de la STIB qui tend à promouvoir l’installation d’œuvres d’art dans le métro1.
L’inspiration viendra dans le port de Shanghaï en Chine où l’artiste prend tout à coup conscience de l’immense réseau que constituent les mers et les océans. Le rapprochement avec le métro est alors flagrant. Le métro est en effet un grand réseau où les individualités se croisent, se rencontrent et où l’homme tient une place centrale. Tout est en connexion avec tous.
L’évidence est telle pour Marie-Françoise Plissart qu’elle propose un projet qui sera rapidement accepté.
L’artiste va donc sillonner les mers du monde entier durant plus d’une décennie afin d’en capter le mouvement et d’en saisir toute les nuances. Ces voyages vont l’emmener dans des contrées parfois sauvages et reculées – en Tasmanie, en Chine ou au Chili - ou plus près de chez nous, à Ostende.
Quel que soit l’endroit, ces images nous décrivent avec une poésie et une force évidentes l’histoire de ces lieux soigneusement choisis par l’artiste. Et chaque photo porte en elle un récit particulier et personnel que Marie-Françoise Plissart nous livre avec son regard singulier.
La présentation est multiple, toujours. Une composition de plusieurs photos noir et blanc aux formats carrés agencées systématiquement autour d’une ligne d’horizon centrale. Une reconstruction et une réinterprétation de la mer qu’elle photographie.
1 Depuis les années 1970, les stations de Métro du réseau bruxellois sont investies par différents artistes afin de rendre ces espaces plus conviviaux et d’en faire des lieux de rencontre entre l’art et le grand public.
©Marie-Françoise Plissart
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LES ARBRES
Plus récemment, elle a travaillé sur les arbres qu’elle a également photographiés aux quatre coins de la planète. Cette série plus confidentielle offre un pendant aux marines.
En effet, si l’univers de la mer se décline à partir de point de vue originaux et met en exergue l’horizontalité propre au sujet, la série des arbres apporte un équilibre vertical à l’ensemble.
Tout a débuté lorsque son ami Pierre Hebbelinck, architecte, lui demande de rejoindre son projet de faire participer des amis artistes à sa maison. Il propose pour ce faire que chacun investisse les lieux et c’est ainsi que Marie-Françoise Plissart va passer quelques temps dans la maison de l’architecte. Pierre Hebbelinck lui propose de réaliser un livre sur les arbres.
Après des hésitations sur l’angle à aborder, c’est finalement depuis cette maison que les arbres vont venir à elle : en effet, là où elle se trouve, les arbres sont soignés, élagués et donnent imperturbablement leurs fleurs et fruits chaque année. C’est une belle source d’inspiration sur le temps qui passe. Et le jour où Pierre Lesage, grand spécialiste des arbres, arrive le 30 juin 2010 pour élaguer un poirier de 150 ans afin de prolonger son existence (photo 35), c’est le déclic, il dit cette phrase et tout prend sens :
©Marie-Françoise Plissart
La mer, les arbres, tout se rejoint.
C’est alors le début d’un long travail de recherche pour Marie-Françoise Plissart. Le réseau l’inspire depuis toujours, les liens qui unissent les êtres entre eux ou les choses entre elles étant au cœur de sa réflexion. L’artiste n’a eu de cesse de relier ces photos d’arbres prises chez Pierre Hebbelinck à d’autres arbres, dans cet esprit de réseau. Les unes ont alors appelé d’autres plus anciennes et ont fini par former un ensemble plus que cohérent. Chaque photo présente un lien avec les autres. Par un effet de ricochet, nous pouvons associer une image avec une autre.
« Le web n’a rien inventé, ce sont les arbres qui depuis toujours forment le plus grand des réseaux par leurs racines qui vont jusqu’à la mer ».
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La série questionne des sujets comme la mort, la spiritualité, le sexe, la vie. Cela se retrouve dans les photos qui chacune raconte une histoire qu’elle montre : cimetières, sanctuaires, temple à la fertilité ou dans les photos représentant l’élagage ou le chaulage des arbres.
©Marie-Françoise Plissart
LE FLEUVE CONGO
Ce film est issu de la série « Un jour l’avenir nous donnera raison », réalisé en collaboration avec l’anthropologue Filip De Boeck.
Il s’agit d’un long travelling de 18 minutes qui nous montre Kinshasa – les industries, les marchés, les anciens bâtiments coloniaux, des places abandonnées, les paysages des environs, les stratégies de survies… Le fleuve est présenté tel qu’il est, sans mise en scène. Parce qu’il forme la frontière entre Kinshasa, capitale de la République démocratique du Congo et le Congo-Brazzaville, le fleuve Congo est perçu comme une zone interdite.
En 2004, une première version du film a été montrée avec d’autres photos et vidéos dans le pavillon belge pour la 9è biennale internationale d’architecture de Venise. Le pavillon belge a par ailleurs reçu le Lion d’Or pour ce travail sur Kinshasa.
Marie-‐Françoise Plissart © the artist(s) & producer(s)
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PROCESSUS DE TRAVAIL
LES MARINES
Pour sa série sur la mer, Marie Françoise Plissart travaille selon un principe d’assemblage d'images en noir et blanc. Il s’agit d’un procédé qui consiste à récolter des images selon un protocole précis : les mers sont photographiées pour la plupart au même endroit à des moments différents. Ensuite, le travail de déconstruction et reconstruction commence avec la ligne d’horizon comme repère central. Et c’est autour de cet horizon que va se construire l’image finale ; Chaque composition présente donc une multitude de facettes d’un même lieu.
Le choix de la grille n’est pas anodin chez Marie-Françoise Plissart. Selon l’artiste, ce processus de reconstruction de la photo donne la liberté de ne pas avoir immédiatement une image définitive et permet de reconstituer le mouvement du sujet :
©Marie-Françoise Plissart
En effet, la photo marine a déjà bénéficié d’énormément d’intérêt et de travail photographique au cours du temps. C’est un sujet souvent photographié, étudié et qui porte en lui un passé très présent dans l’imaginaire collectif.
Le processus utilisé permet donc d’apporter un regard différent sur la mer et d’en saisir toute la beauté et le mouvement.
« La grille partage des similarités avec un clavier. On peut choisir une touche, l’accommoder avec une autre, plus ou moins proche (…) J’ai créé des grilles en procédant par énumération (pour la série des semences), ou par combinaison (pour la ville de Kinshasa). La forme de la grille est tout à fait rigide alors que son processus est parfaitement permissif. Elle permet de rapprocher des éléments qui sont séparés dans la géographie et le temps, de créer un sens, qui pourrait s’effondrer par la suite, mais que la forme retient ou contient. » (A World Without End, Catalogue de l’exposition, Marie-‐Françoise Plissart, p. 134)
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LES ARBRES
Pour sa série sur les arbres, les images se répondent les unes aux autres, liées par un réseau que l’artiste a elle-même créé et qui symbolise ce lien invisible, existant entre les arbres du monde entier.
L’idée est aussi que chacun puisse créer les liens entre les photos.
« Je passe d’un pays à l’autre en retrouvant exactement les mêmes dispositifs, les mêmes envies2 », c’est cette cohérence qui sera traduite dans ses photos. Pour l’artiste, chaque image est représentative du pays où elle a été prise.
Si nous regardons l’ensemble de la série, nous retrouvons souvent des arbres réparés, coupés, abîmés parfois. L’homme est également très présent dans les images, il ne s’agit pas de forêts primaires mais de lieux où la main de l’homme est toujours bien présente.
Les arbres sont aussi des symboles politiques forts, c’est le cas d’une image de cabanes dans les arbres, où des écologistes ont tenté de sauver un bois près de Bruges. Ils ont investi les lieux, y ont logés et sont devenus des symboles de la lutte pour la protection de la nature en Flandre, sans y parvenir puisque les arbres seront finalement abattus le 4 mars 2010, après 9 années de lutte.
©Marie-Françoise Plissart
2 Extrait de la conférence Voyages Immobiles au centre Pompidou, 2011.
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Un rapport évident est également établi avec la spiritualité, liée à l’idée de l’au-delà et du côté souvent sacré des arbres. Nous retrouvons en effet des images liées à la mort :
Ou encore la spiritualité :
La technique pour la série des arbres varie : le numérique ou l’argentique. L’artiste aura également recours au téléphone portable pour deux des œuvres.
Il ne s’agit donc pas de photos majeures ou prises comme telles, la particularité de ces photos résidant aussi dans le fait d’avoir été prises - pour la plupart - sans but de publication, mais résultant d’un besoin impératif de les photographier.
Province de Guizhou, Chine, Octobre 2010. Dans ce village de Deming, chaque habitant prépare son cercueil creusé dans un tronc, sous le grenier de la maison.
Katanga, Congo, Mai 2007. Dans un jardin secret, avant une séance de sorcellerie, arbre coupé, bandé avec un feuille
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LA SERIE EN PHOTOGRAPHIE
Marie-Françoise Plissart présente deux séries de photos pour cette exposition Aqua Arbor. La série des arbres est clairement un réseau de photos liées les unes par rapport aux autres, chaque photo faisant partie de l’ensemble alors que la série des marines présente des images qui fonctionnent aussi bien dans l’ensemble que de façon autonome et indépendante. Cependant, nous parlons bien ici de séries.
Quel est le principe de la série et quel est son parcours en histoire de l’art ?
DÉFINITION
D'une manière générale, le mot « série » exprime la notion d'enchaînement d'entités. Pour le Larousse, la série est une suite, une succession de choses de même nature, où les objets sont réunis par rapport à un certain critère.
Appliqué à la photographie, il s’agit d’une volonté de faire des photos qui présentent un lien entre elles afin de constituer un ensemble.
LA SÉRIE EN PEINTURE
Avant d’être présente en photographie, la série a été beaucoup utilisée en peinture. L’un des peintres les plus célèbres ayant utilisé ce procédé n’est autre que Claude Monet (1840-1926) :
La cathédrale de Rouen, dans les années 1892-1893.
Les Nymphéas 1915-1917
L'objet de l'étude est un autre sujet que le sujet du tableau lui-même : ici, la recherche est surtout centrée sur la lumière et la couleur. Le principe de la série met en exergue les changements de lumière, de tonalité en fonction des heures et des saisons.
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LA SÉRIE EN PHOTOGRAPHIE
Lorsque la photographie apparaît en 1839, le domaine de la représentation appartient jusqu’alors au dessin et à la peinture.
Or, très vite, la photographie connait sur le terrain un engouement immense en raison de la fidélité de la représentation. Mais en art, la photographie n'est pas la bienvenue. Les peintres, qui sont nombreux à vivre des commandes de portrait bourgeois, la perçoivent comme un concurrent redoutable et lui nient tout caractère artistique.
Comment monter la photographie au niveau de l'art et le photographe au niveau de l'artiste?
Nous allons présenter ici deux des voies qui furent utilisées par les photographes :
- Le pictorialisme - voie qui a été abandonnée mais qui a le mérite d’avoir établi le lien entre la peinture et la photo. - le style documentaire et la série : qui sont toujours bien présents dans les travaux actuels, dont celui de Marie-Françoise Plissart.
Le lien : le pictorialisme
Les photographes évaluent ce qui manque à la photographie par rapport à la peinture. Et ils vont tenter d'ajouter à la photographie ces éléments qui lui font défaut. On tente de faire de la photographie une œuvre d’art, notamment en intervenant manuellement sur le cliché Le photographe, lui, fait l'artiste : il adopte une approche esthétisante et poétique de la réalité, il multiplie les effets de cadrage, de composition, de lumière etc, et les tirages sont uniques et signés.
1908 : Steichen photographie une œuvre de Rodin
Le pictorialisme va être abandonné car il est rejeté par les peintres d’une part qui le considèrent comme une imitation médiocre de la peinture, et par de nombreux photographes d’autre part qui prônent au contraire le réalisme et recommande de jouer avec les qualités objectives de la photographie.
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C’est dans cette volonté de réalisme que les portraits-photos vont se répandre de plus en plus et vont permettre aux photographes de devenir professionnels, la photographie devenant alors un métier à part entière. Par la suite, son rayonnement va connaître un tournant sensible avec l’arrivée du style documentaire et de la série ;
Le style documentaire
Parallèlement aux portraits, le style documentaire va également jouer sur le principe de représentation fidèle de la réalité. Il va contribuer à donner ses lettres de noblesse à la photographie car c’est le triomphe de l'idée que la photo est un document. Par la suite, le style documentaire ne sera pas toujours considéré comme artistique, mais comme le reflet de la réalité.
La photographie autonome
Une photographie comme celle présentée ci-dessous de Cartier-Bresson existe indépendamment d’autres images. Elle rassemble en elle tout le visible, elle est une totalité de formes, de signes et d’évènements. Le regard du spectateur la parcourt autant qu’il la contemple ; ce qu’elle représente est réparti dans le cadre ; et elle souligne cette vision par l’importance donnée au passage : le passage physique (les escaliers) fait écho à celui de l’œil. La photographie constitue un monde clos : elle dit tout de ce qu’elle a à dire.
Henri Cartier-Bresson, Abruzzi, Italia, 1951
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La photographie en série
D’une autre côté, la photographie qui se travaille en série : le principe est qu’une image ne se comprend pas seule, elle doit être mise en relation avec les autres photos de la série. C’est la série qui donne alors la clef de l’ensemble, c’est elle qui permet de saisir le projet du photographe. Exemple type, les époux Becher, fondateurs de l’Ecole de Düsseldorf, photographiant l’architecture sidérurgique comme un patrimoine en voie de disparition. Ici, une seule photo serait difficile à interpréter. C’est la répétition des images et leur assemblage en grille qui dévoile le projet : formel (les chevalements de mines dressent une sorte d’alphabet graphique), historique (la fin de la sidérurgie), esthétique (ces séries se sont d’abord appelées Sculptures anonymes).
Bernd & Hilla Becher, Winding Towers, 1966-97
Ce qui fait la force des photographies du couple Becher, c’est l’homogénéité des images : même distance, même hauteur de vue, même lumière, sans ombre, noir et blanc. On dira que les paramètres de la prise de vue sont constants et uniformes. Il s’agit d’un dispositif de prise de vues répété d’image en image.
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Ces dispositifs /contraintes peuvent adopter des formes multiples et devenir un formidable moteur de travail.
Série d'églises par Walker Evans (vers 1930) Par exemple, Walker Evans propose des photos ayant comme unique lien entre elles le sujet et le traitement en noir et blanc.
Walker Evans : voyageuses dans le métro (vers 1970). Ici, la série se repose sur différents portraits de femmes prises dans le métro, le tout mis côte à côte. Nous pouvons ajouter que les modèles portent toutes un chapeau. Dans ce cas-ci, le portrait rencontre la série.
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Cependant, le dispositif fait-il la série ?
Ce n’est pas parce que nous avons dix portraits d’adolescents piochés dans un périmètre limité, photographiés avec une lumière similaire, avec le même angle et le même cadrage que nous obtiendrions une série intéressante. Sans une idée ou une démarche qui la soutient, une série née d’un tel dispositif à paramètres constants ne jouerait que sur un principe de ressemblances et de différences. Un principe qui est intéressant car il semble laisser au spectateur sa liberté d’interprétation, mais qui peut déboucher sur un résultat banal et attendu : partout c’est pareil et partout c’est différent.
Ari Versluis and Ellie Uyttenbroek, Les filles du 7e, 2008, un travail sur la difficulté à exprimer sa personnalité dans une société où les codes vestimentaires sont si forts.
« Les peintres ont un style, lié à leur touche, à leur palette de couleurs, à leur façon de travailler la matière. Mais les photographes, eux, doivent-‐ils avoir un style ? Est-‐ce si important que l’on reconnaisse un photographe en voyant une seule image de lui (ou quelques-‐unes) parce qu’il aurait une manière reconnaissable de photographier ? Car c’est ici que la notion de dispositif pourrait déboucher sur une singerie de style, et même une paresse de réflexion. Le dispositif, parce qu’il engendrerait des photos qui se ressemblent, pourrait se confondre avec le style. Ce serait un mauvais calcul : un dispositif ne fera pas naître des idées, ce sont les idées qui doivent imposer le dispositif. Bruno Dubreuil, in Webzine « La Question Photo », 9 avril 2014 »
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PISTES DE TRAVAIL
Quels sont les dispositifs utilisés par Marie-Françoise Plissart pour les marines ?
Observez les différentes photos. Que remarque-t’on ?
Chaque photo de mer représente une mer mouvementée, une image de mer calme aurait cassé la dynamique de la grille. De même pour le ciel, voilé, qui induit un temps incertain. La ligne d’horizon se situe toujours au centre des compositions et c’est autour de cette ligne centrale que s’articule l’ensemble de la grille. L’unité de la composition vient également de l’utilisation du noir et blanc.
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Les arbres, le dispositif est plutôt à chercher dans le sujet. Ici, chaque photo renvoie à la suivante par un lien. La légende aide à établir les relations entre les photos.
Le lien des 3 premières photos pourrait être : le soin des arbres, la vie, la préservation de l’environnement.
Plateau des Bateke, Congo. Dans les marais, arbres qui ont échappé à la déforestation pour la fabrication du charbon de bois.
Othée, Belgique. Pruniers, pommiers, poiriers, cerisiers chaulés pour éviter que les larves et parasites ne s’installent sous l’écorce durant l’hiver et ravagent l’arbre une fois le printemps venu.
Othée, Belgique. Pierre Lesage taillant les parties malades du poirier pour lui donner quelques années de plus.
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Nous pouvons voir qu’ici, les photos sont liées les unes aux autres par le sujet évoqué, le soin apporté aux arbres par des hommes qui souhaitent les voir grandir et se développer.
Le lien entre les photos pourrait être :
Puntas Arenas, Patagonie, Chili. Cyprès centenaires dans un cimetière militaire.
Province du Guizhou, Chine. Dans ce village de Deming, chaque habitant prépare son cercueil creusé dans un tronc, sous le grenier de sa maison.
Gare de Saint Pancras, Londres, UK. Le poète Thomas Hardy aurait réuni ces tombes autour de ce frêne, lors du démantèlement du cimetière pour la construction de la gare en 1860.
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Sophie Calle3 a également travaillé sur le lien qui relie les photos entre elles. Par exemple, elle a observé, photographié et noté les détails et habitudes de la vie de ses clients alors qu’elle s’était fait engager comme femme de ménage dans un hôtel vénitien :
The Hotel, Sophie Calle, 1981
Nous avons ici la notion de territoire : un même lieu est photographié à des moments différents. La série est intrinsèque à ce travail car elle permet à chaque photo d’exister l’une par rapport à l’autre. C’est parce que nous savons qu’il s’agit d’un même lieu (un hôtel vénitien) que le terme « série » prend tout son sens : le papier peint que l’on retrouve sur plusieurs photos établit ce lien et met les photos en relation les unes par rapport aux autres.
3 Sophie Calle, née à Paris le 9 octobre 1953, est une artiste plasticienne, photographe, femme de lettres et réalisatrice française. Son travail d'artiste consiste à faire de sa vie une oeuvre, et notamment des moments les plus intimes. Pour ce faire, elle utilise tous les supports possibles : livres, photos, vidéos, films, performances, etc.
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LA RE)COMPOSITION DE L’IMAGE
Il existe plusieurs méthodes pour récolter des images selon l’usage que nous voulons en faire : inventaires, séries, collections, classifications, relevés de traces, lieux de récoltes ou prises de vue selon un point de vue identique.
La série devient un des outils pour la recomposition de la photo.
De nombreux artistes ont eu recours à ces procédés, notamment :
Hans-Peter Feldmann4 a photographié « Birgit » se maquillant sous un point de vue identique dans une série de 72 images consécutives, ce qui amène le spectateur à penser et observer comme un anthropologue.
Birgit, Hans-‐Peter Feldmann, 2006
La notion de temps est ici au centre du travail : un même sujet pris à différents moments. L’œil reconnait tout de suite la succession et fait le lien immédiatement entre les photos. Cette notion apporte toute la nuance et la force à la série.
4 Hans-‐Peter Feldmann, né en 1941 à Düsseldorf, est un artiste visuel allemand. L’approche de Feldmann sur l’art est une approche de collectes, de mise en ordre et de représentation.
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Stefan de Jaeger5 est un des premiers plasticiens à utiliser la photographie instantanée à partir d'appareils Polaroid afin de réaliser des grandes compositions qui rappellent la peinture. Cette technique - qui rappelle sans conteste la grille de Marie-Françoise Plissart - consiste ici à prendre plusieurs polaroïds d'un même sujet sous des angles différents et à les assembler ensuite en (re)créant un tableau.
Anouk par Stefan de Jaeger, 1980
Le résultat révèle les émotions de l'artiste face à son modèle et l'interprétation quasiment picturale qu'il en donne.
5 Stefan de Jaeger est un photographe plasticien belge, né à Bruxelles en 1957.
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PISTES DE TRAVAIL
è photographier un paysage/sujet au choix dans l’environnement quotidien et réfléchir à la manière de découper l’image et de la reconstruire par la suite. Quels sont les dispositifs utilisés ? Quelles sont les lignes directrices ?
EN CONCLUSION
Le travail de Marie-Françoise Plissart nous amène à faire des liens, à établir des réseaux et à nous mettre en relation les uns avec les autres. Par la photographie ou la vidéo, l’artiste s’interroge sur ce qui nous (re)lie au monde.
Toute sa réflexion se porte sur ce sujet éminemment central dans son travail qu’est le lien. Les idées se rejoignent, les éléments sont en relation et tout devient cohérent.
Par cette approche, nous nous retrouvons confrontés à la place que nous occupons dans ces réseaux et à ce qui nous constitue réellement.
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AUTOUR DE L’EXPOSITION
Toutes les modalités de votre venue peuvent être discutées, n’hésitez pas à nous contacter afin de trouver la formule la plus adaptée à vos attentes.
Contact : [email protected] ou au 02 228 12 18
1. POUR TOUS
Visite guidée pour les groupes
Plongez avec votre groupe dans l’univers artistique de Marie-Françoise Plissart en compagnie de l’un de nos guides spécialisés. Ces visites guidées sont adaptées à l’âge, aux acquis et au nombre de participants. Durée : 1h30 / 25 participants maximum / À partir de 12 ans Langue : FR/NL Forfait groupe jeune (-26 ans) : 55€ + droit d’entrée à l’exposition Forfait groupe adulte : 65€ + droit d’entrée à l’exposition Accompagnateurs gratuits.
Visites guidees pour individuels Venez découvrir l’exposition grâce à une visite guidée pour individuels. Il vous suffit de vous rendre sur le site pour connaitre les dates proposées Tarif : 5€ + droit d’entrée à l’exposition
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2. POUR LES ECOLES
Préparer la visite en classe L’assistante pédagogique des expositions vient à la rencontre de votre groupe, avant votre venue au Botanique, pour préparer la visite. Au cours de cette séance d’introduction, les participants sont invités à s’approprier quelques outils pour aborder l’oeuvre de Marie Françoise Plissart. L’occasion de susciter la curiosité du groupe à l’égard de l’exposition tout en préservant la surprise liée à la découverte de l’oeuvre ! Durée : 50 min. / 25 participants maximum / Gratuit À partir de 7 ans / Langue : FR Uniquement à Bruxelles
Visite guidée
Visite guidée adaptée au public scolaire présentant le travail de l’artiste Durée : 1h30 / 25 participants maximum / À partir de 12 ans Langue : FR/NL Forfait groupe jeune (-26 ans) : 55€ + droit d’entrée à l’exposition Forfait groupe adulte : 65€ + droit d’entrée à l’exposition Accompagnateurs gratuits.
Visite interactive avec la valise pedagogique Cet outil vous permet de partir à la découverte du travail de Marie-Françoise Plissart de manière ludique, interactive et concrète grâce à la valise pédagogique. Durée : 1h30 I 25 participants maximum I 7-12 ans I 6€/personne Accompagnateurs gratuits/Langue : FR
HORAIRE D’OUVERTURE Le Musée est ouvert du mercredi au dimanche de 12.00 à 20.00 (fermé les lundis et mardis). Pour les groupes, nous ouvrons le Musée en dehors des jours et horaires d’ouverture. Nous vous invitons à privilégier cette option. INFOS & RÉSERVATIONS Pour toutes les activités, informations et réservations indispensables au 02 226 12 18 ou à l’adresse [email protected] (du lundi au vendredi). DOSSIER PÉDAGOGIQUE Le dossier pédagogique lié à l’exposition sera disponible sur le site du Botanique dès le 28/11/2015. TARIFS 5,50€ : prix plein 4,50€ : seniors, étudiants, groupes, enseignants, JAP 3,50€ : Bota’carte, groupes scolaires, demandeurs d’emploi Gratuit : pour les habitants de Saint-Josseten- Noode les dimanches sur présentation de la carte ID et pour les enfants de moins de 12 ans accompagnés de leurs parents.
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BIBLIOGRAPHIE
-‐ Catalogue de l’exposition d’Anvers en 2008, A world Without End, Marie-Françoise Plissart, pp. 130-134
-‐ Voyages Immobiles, selon Benoît Peeters au Centre Pompidou, France 2011.
-‐ Enoncé d'un cours sur perception du temps, du mouvement, du territoire - Alexandre Zaldua, Delphine Deridder et Françoise Ernotte: chargés de cours à l’IHECS - 2014
-‐ Bruno Dubreuil, in Webzine « La Question Photo », 9 avril 2014