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APNÉE SPORTIVE NIVEAU 1

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Manuel de l'élève pour le cours d'apnée niveau I par Apnée Aventure

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Page 1: Manuel niveau I

APNÉE SPORTIVE NIVEAU 1

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Table des matières

0) Avant-propos .................................................................................................... 4

1) Introduction ..................................................................................................... 5

1.1) Disciplines ............................................................................................... 5

1.2) Sport extrême et attitude sécuritaire..................................................... 5

1.3) Compensation ......................................................................................... 6

2) Matériel de base .............................................................................................. 8

2.1) Masque ................................................................................................... 8

2.2) Palmes..................................................................................................... 9

2.3) Lunettes et tuba ................................................................................... 10

3) Propulsion ...................................................................................................... 11

3.1) Position et techniques de nage ............................................................ 11

3.2) Immersion « canard » ........................................................................... 12

3.3) Palmer en apnée ................................................................................... 12

4) Lois physiques ................................................................................................ 14

4.1) Pressions ............................................................................................... 14

4.2) Flottabilité (Archimède) ....................................................................... 16

4.3) Variation des volumes d’air (Boyle/Mariotte) ...................................... 17

4.4) Pression partielle (Dalton) .................................................................... 19

4.5) Diffusion des gaz (Henry) ...................................................................... 20

5) Anatomie et physiologie ................................................................................ 21

5.1) Des voies aériennes supérieures jusqu’aux poumons ......................... 21

5.2) Système cardio-respiratoire ................................................................. 24

5.3) Les réserves d’oxygène ......................................................................... 26

5.4) L’évolution des gaz au cours de l’apnée ............................................... 26

5.5) La ventilation ........................................................................................ 27

6) Dangers et préventions .................................................................................. 30

6.1) Syncope................................................................................................. 30

6.2) Barotraumatismes ................................................................................ 30

6.3) Autres dangers et préventions ............................................................. 31

6.4) Les dix commandements ...................................................................... 35

7) Sécurité .......................................................................................................... 36

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7.1) Signes et symptômes ............................................................................ 36

7.2) Protocoles de surveillance .................................................................... 37

7.3) Sauvetage ............................................................................................. 39

8) Notions d’entraînement................................................................................. 41

8.1) Travail en hypercapnie ......................................................................... 41

8.2) Travail en hypoxie ................................................................................. 41

9) Conclusion ...................................................................................................... 42

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0) Avant-propos

L’apnée au Québec est associée aux noms d’Yves Charland et Johan Valentin. Dans la province, ils ont développés différentes structures pour l’initiation et la pratique de l’apnée sportive. En 2000, ils créent le Club d’Apnée Sportive de Montréal (CASM). À travers ce club, ils donnent plusieurs formations dont l’initiation à l’apnée en piscine et en profondeur. Ce club a aussi pour objectif de rassembler une jeune communauté d’apnéistes à travers divers sorties et activités de plongée. En 2006, afin de faire évoluer le volet formation, Yves et Johan créent une deuxième structure : l’école Apnée Aventure, le développement du volet récréatif étant laissé au CASM.

De par son statut d’école, Apnée Aventure facilite la dispense de cours au sein du Centre d’éducation physique et des sports de l’Université de Montréal (CEPSUM). Son objectif premier est de donner les outils essentiels à une pratique sécuritaire de l’apnée sportive et, par conséquent, de contribuer efficacement au développement de l’apnée au Québec. Ainsi, l’école élabore et améliore régulièrement ses standards de formation en collaboration avec la Confédération mondiale des activités subaquatiques du Québec (CMAS Québec). Cette dernière, reconnue à travers le monde pour son sérieux dans les domaines de la formation et de la sécurité, délivre actuellement pour Apnée Aventure les brevets apnéistes allant du niveau 1 à celui de moniteur.

Le cours niveau 1, consacré à l’initiation de l’apnée sportive, ne s’adresse pas uniquement aux futures apnéistes sportifs. Il touche un éventail plus large de personnes. Le cours que nous délivrons est, en outre, adapté à la pratique du « snorkeling », de la chasse sous-marine, de la plongée autonome ou de toute autre activité nécessitant une aisance subaquatique, un contrôle du stress et/ou une bonne gestion de son air.

Le cours se déroule sur quinze heures, incluant une partie théorique (1/3 temps) et une partie pratique (2/3 temps). Le contenu se scinde en quatre thèmes principaux :

l’apnée sportive, le matériel, les disciplines et les structures sportives,

les connaissances théoriques sur l’anatomie, la physiologie et les phénomènes physiques,

les techniques et habiletés de l’apnée sportive,

et finalement, les dangers et la sécurité.

Finalement, ce guide dédié au niveau 1 regroupe de nombreux textes, illustrations et tableaux afin de soulager de la prise de note et améliorer la visualisation de certains concepts. Ce guide n’est cependant pas complet. Par conséquent, nous invitons l’élève à poser toutes les questions qu’il jugera opportunes.

Bonne session à tous!

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1) Introduction

La plongée en apnée n'est pas récente. Elle a longtemps été une activité de survivance et d'approvisionnement pour de nombreuses civilisations. Généralement utile à la pêche ou la cueillette de coquillages elle fût aussi et pendant longtemps le seul moyen de récupérer divers objets engloutis par les eaux. Petit à petit, des technologies plus modernes ont relégué cette pratique à l'histoire, mais pas tout-à-fait. De nos jours il subsiste quelques groupes de pêcheurs/cueilleurs, disséminés sur la planète, qui plongent encore en apnée. Mais avant tout, deux nouvelles activités sont apparues et ont placé l'apnée sous un tout nouvel éclairage : la chasse sous-marine dite récréative et, qui nous concerne plus particulièrement, l'apnée sportive.

1.1) Disciplines

L'apnée sportive est un sport relativement récent, les premiers records remontant aux années 1950 avec Bucher, Falco ou Novello. De nos jours, il est toujours en phase de développement, tant au niveau du regroupement de ses adeptes qu'au niveau de ses structures sportives. Mais les disciplines qui le représentent sont assez bien définies.

L'apnée statique (STA) qui consiste à retenir son souffle le plus longtemps possible avec les voies respiratoires immergées.

L'apnée dynamique avec palme(s) (DYN), ou sans palme (DNF), qui consiste à s'immerger et à parcourir la plus grande distance horizontalement.

L'apnée en profondeur qui consiste à s’immerger et à parcourir la plus grande distance verticalement sous la surface de l’eau. On trouve plusieurs sous-disciplines comme le poids constant avec ou sans palme (CWT/CNF), le poids variable, l’immersion libre (FIM) ou encore le no limit. Cette dernière est notamment célèbre en raison du film

de Luc Besson (Le grand bleu). Elle consiste à descendre à l’aide d’une gueuse et à remonter à

l'aide, généralement, d'un ballon gonflé d'air.

1.2) Sport extrême et attitude sécuritaire

L'apnée sportive est classée parmi les sports dits « extrêmes ». Elle doit cette étiquette aux risques de syncope (perte de conscience causée par une trop faible oxygénation du cerveau) et éventuellement de noyade encourus par le pratiquant.

Fig. 1 : Immersion libre

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Effectivement, loin d’être un poisson, l’homme ne peut maintenir son souffle sous l'eau qu'avec l'objectif raisonnable de refaire surface. Lors d’apnées prolongées, en compétition ou à l’affût d’un poisson, on hypothèque grandement ses réserves d’oxygène. Le risque de syncope devient alors élevé et, malgré certains symptômes annonciateurs, on n’a pas toujours le temps de refaire surface. La syncope arrive vite!

Occasionnellement des décès surviennent en mer ou dans des bassins privés. Après analyse des accidents, on cible toujours au moins une des trois causes suivantes : le fait de pratiquer seul, l’inexpérience ou l’excès de confiance. Des trois, la première est sans doute la pire de toutes. Dans tous les cas, on constate une mauvaise sécurité ou pas de sécurité du tout.

1.3) Compensation

En fonction de la profondeur de plongée, la pression exercée par l’eau varie. Dans le corps il existe plusieurs cavités (bouche, fosse nasale, oreille moyenne…) qui sont remplies d’air (Fig. 9-11). En tout temps, les pressions qui règnent à l’extérieur et à l’intérieur de ces cavités doivent être les même. Si ce n’est pas le cas, à cause de la pression, une force s’exerce sur les parois des cavités et provoque alors une douleur intense. La plupart des cavités s’équilibrent automatiquement. Cependant, l’oreille moyenne, derrière les tympans, fait exception. Dans ce cas, l’équilibrage (dans notre jargon la compensation) s’effectue par la trompe d’Eustache, un petit conduit connecté à la gorge et qui a tendance à se contracter sous l’effet de la pression.

Plusieurs techniques de compensation de l’oreille existent. Dans ce cours nous verrons les deux plus courantes, c’est-à-dire la manœuvre de Valsalva et la manœuvre de Frenzel ou du « piston » (voir les capsules « applications » ci-dessous).

La compensation n’est pas toujours facile à réaliser. Mal faite, elle peut être la cause de barotraumatismes. L’apprentissage auprès d’une personne expérimentée est plus que conseillé. Lorsqu’on débute, le stress est souvent un facteur d’échec. Pas de panique! L’art de compenser vient petit à petit avec les séances d’entraînement. Surtout, ne jamais forcer, les tympans sont précieux!

À retenir :

1ere Règle de l’apnée

Ne jamais pratiquer l’apnée sans la présence d’un autre apnéiste!

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À retenir :

Ne jamais forcer la compensation!

Et , ne jamais compenser pendant la remontée!

Application :

Manœuvre de Frenzel

Pincer le nez, fermer la bouche et bloquer la gorge à la hauteur des cordes

vocales.

En utilisant les muscles du cou, exercer une pression vers l’arrière de la gorge. Le

« pop » caractéristique se fait entendre!

Application :

Manœuvre de Valsalva

Pincer le nez, fermer la bouche et garder la gorge ouverte.

En contractant légèrement les abdominaux, créer une surpression dans les

poumons, la bouche et les trompes d’Eustache. Un « pop » se fait entendre dans

chaque oreille. Attention! Ne jamais forcer, il y a un risque d’endommager les

oreilles!

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2) Matériel de base

Un cours d'initiation à l’apnée se déroule soit en piscine soit en eaux libres où les conditions de visibilité et de température sont bonnes. La profondeur de plongée y est aussi limitée. Dans ce cas, le matériel de base se résume à un « bon » masque et une « bonne » paire de palme.

2.1) Masque

Pour la pratique de l’apnée, les caractéristiques essentielles qu’on recherche dans un masque sont les suivantes :

Englobe le nez essentiel pour l’équilibrage du masque en tout temps.

Possède un petit volume ceci facilite la compensation en profondeur.

Étanche

Souple

Confortable.

On préfère aussi les masques ayant des verres non fumés pour une meilleure sécurité. Un apnéiste en état de panique se remarque à ses yeux exorbités. Il est aussi préférable de choisir un masque à jupe noire. Il résiste mieux aux attaques de l’environnement (soleil, chlore en piscine). Il est aussi bon de savoir que pour certains masques on peut y adapter des verres correcteurs.

Fig. 2 : Masques « petit volume ».

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2.2) Palmes

Chaussantes transfert de puissance optimal.

Confortables séances ou sorties de plusieurs heures.

Taille et dureté de la voilure adaptées à la masse de l’apnéiste, à sa musculature et au type de plongée (dynamique, profondeur…)

Matériel thermo-plastique, fibre de verre ou fibre de carbone, coût, résistance.

Fig. 3 : Palmes chaussantes et à grande voilure.

À propos :

Avec l’aide des meilleurs apnéistes, les fabricants ont su adapter les nouveaux

matériaux (néoprène, fibre de verre, fibre de carbone) à un équipement spécialisé

afin de le rendre plus performant. Les équipements d’apnée sont encore

actuellement le fruit de belles innovations, souvent personnelles.

Conseil :

Pour débuter, une

bonne palme doit être

ni trop grande ni trop

rigide! Elle doit faciliter

le passage d’un

battement de surface

efficace à un

battement

subaquatique.

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2.3) Lunettes et tuba

Fig. 4 : Lunettes de natation et tuba.

Les lunettes sont très utiles pour un entraînement en surface ou à faible

profondeur (1,5 m). Avec un pince-nez, elles sont idéales pour pratiquer l’apnée dynamique. Elles sont moins encombrantes et plus hydrodynamiques. Attention cependant, elles ne sont pas du tout adaptées pour faire de la plongée profonde. Comme il est impossible d’équilibrer les volumes d’air, on ne peut éviter le plaquage des lunettes sur le visage, ce qui conduit inévitablement à un barotraumatisme.

Le tuba n’est pas très adapté à l’apnée sportive. En effet, dans la plupart des cas il nuit à la ventilation lors de la préparation ou lors de la récupération. La raison est qu’il ajoute un volume d’air « mort ». De plus, il nuit à l’hydrodynamisme pendant la nage.

Néanmoins il est très utile pour la sécurité quand il s’agit de suivre à partir de la surface un apnéiste qui performe. Certain l’apprécie aussi pour se relaxer avant une apnée profonde, le retirant pour les dernières ventilations. Mais, bien sûr, il reste indispensable pour le chasseur!

À retenir :

Lunettes de natation

Ne jamais aller en profondeur avec des lunettes de natation!

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3) Propulsion

En apnée sportive, avoir une technique de propulsion de qualité est un atout indéniable. Cela permet d’atteindre des distances plus grandes pour une consommation d’oxygène moindre. À ce propos, des notions d’hydrodynamisme telles que la position de nage (tête, bras, jambes), l’immersion « canard » ou encore le palmage stéréo sont abordées.

3.1) Position et techniques de nage

Fig. 5 : Positions du palmage en apnée.

Position longiligne : meilleure glisse

Bras en flèche : meilleure pénétration dans l’eau

Bras le long du corps : meilleure aisance

Monopalme : très bonne efficacité mais stabilité moyenne

Bi-palmes : efficacité moyenne

mais bonne stabilité

Genoux trop fléchis : frein hydrodynamique,

dépense élevée d’énergie

Amplitude du palmage : ni trop ample ni trop petite

Position de la tête : normale dans le prolongement du corps

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3.2) Immersion « canard »

Fig. 6 : L’immersion « canard »

3.3) Palmer en apnée

Un des enjeux est d’arriver à diminuer sa consommation d’oxygène. Dans cette optique, améliorer sa propulsion revient à augmenter le rapport rendement obtenu / effort effectué. Ceci peut se faire, entre autre, par une meilleure utilisation des muscles liés à la propulsion. Souvent, on sollicite exagérément ses quadriceps, ces muscles puissants des cuisses et très consommateur d’oxygène. Il convient alors de modifier sa

Application :

Immersion « canard »

Se donner une impulsion à la surface, l’immersion est alors facilitée (Fig. 6).

Se courber à 90° au niveau des hanches, garder les jambes le plus droit possible.

Propulser les jambes à la verticale, hors de l’eau, et effectuer simultanément un

mouvement de brasse avec les bras. Cela permet d’atteindre 3 à 4 mètres de

profondeur d’un seul coup.

Ne commencer à battre des jambes qu’une fois les palmes immergées.

Notez la position de la tête, dans le prolongement du corps!

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technique afin de redistribuer l’effort vers les muscles du haut du corps comme les abdominaux (exemple : nage de type dauphin).

D’un point de vue pratique, pour se rendre compte de sa propre progression il existe un bon moyen : compter le nombre de coups de palmes par longueur de bassin, et essayer de le diminuer à chaque nouvelle longueur. Cet exercice oblige à ressentir et à profiter au maximum de ce que les nageurs appellent la glisse.

Application :

Palmage stéréo

Amorcer le mouvement à partir des hanches

Battre des jambes en ciseaux, en veillant à garder le plus possible les genoux

tendus et les pieds pointés.

Conseil :

En apnée, notre palme ne doit pas

être utilisée comme outil de

puissance (contrairement à la nage

palmée). Elle doit servir à

transformer souplement les

mouvements du corps en

propulsion.

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4) Lois physiques

Comme pour toute activité, le plaisir vient en partie du contrôle que l’on peut avoir sur le déroulement de celle-ci. Ce contrôle a comme effets de réduire le stress et d’augmenter la détente. Une compréhension des phénomènes physiques aide certainement dans ce sens. En apnée, parmi les principaux phénomènes physiques, on retrouve la flottabilité (poussée d’Archimède) ainsi que la variation des volumes gazeux (loi de Boyle/Mariotte). Ils sont, de notre point de vue, les plus importants à saisir. Pour le premier il s’agit de la force qui s’exerce sur notre corps lorsqu’on le plonge dans l’eau, à l’instar de la gravité que l’on ressent quand on est sur la terre ferme. Pour le deuxième, il est directement lié aux dangers de barotraumatismes ainsi qu’au travail de compensation. Les sections qui suivent se proposent d’en décrire les grandes lignes.

4.1) Pressions

La pression se définit comme « une force appliquée sur une surface ». Elle peut cependant avoir plusieurs origines, donc différents noms. Nous allons voir celles qui nous concernent. Elle aussi avoir différentes unités, mais dans le cadre de ce cours, nous utiliserons le « bar ». C’est une unité simple d’utilisation et très répandue dans le monde de la plongée.

La pression atmosphérique (Patm). Elle représente la pression qu’exerce une colonne atmosphérique sur une aire de 1 m2 à la surface de l’eau ou au sol (Fig. 7).

Patm ~ 1 bar.

La pression hydrostatique (Phyd). Elle représente la pression qu’exerce l’eau par unité d’aire sur un objet immergé (sous-marin). La pression hydrostatique augmente de 1 bar chaque fois que le sous-marin descend de 10 mètres.

La pression totale (Ptot). Elle représente la pression réelle ressentie par le sous-marin. C’est-à-dire l’addition de la pression atmosphérique et de la pression hydrostatique.

Ptot = Patm + Phyd.

À retenir :

Phyd = + 1 bar chaque 10 m.

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Fig. 7 : Pressions atmosphérique, hydrostatique et totale.

Table 1 : Évolution des pressions en fonction de la profondeur.

Profondeur (metres)

Pression Atmosphérique

(bar)

Pression Hydrostatique

(bar)

Pression Absolue

(bar)

0 1 0 1

10 1 1 2

20 1 2 3

30 1 3 4

40 1 4 5

50 1 5 6

100 1 10 11

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4.2) Flottabilité (Archimède)

Dans l’eau, le poids apparent d'une personne est donc la différence entre son poids réel et la poussée d'Archimède qui la repousse vers la surface. Par exemple, un apnéiste d'un volume corporel de 80 litres va recevoir une poussée d’Archimède de 80 kg (1 litre d'eau pèse environ 1 kg). Cette poussée diminue son poids réel de 80 kg. Si la masse de l’apnéiste est de 90 kg, son poids apparent est de 90 kg - 80 kg = 10 kg.

La poussée d’Archimède est bien connue des plongeurs. Elle explique le phénomène de flottabilité, c’est-à-dire la tendance d’un corps à rester à la surface de l’eau ou à couler. En jouant sur certains paramètres le plongeur peut ainsi changer de profondeur. Par exemple en gonflant ses poumons, il remonte. En expirant son air, il coule.

En apnée sportive, on n’a pas le loisir de remplir ou vider ses poumons durant la plongée. La poussée d’Archimède demeure cependant très importante. Elle aura un impact sur l’effort à fournir pour descendre et pour remonter. Il faut donc bien apprécier le phénomène et savoir jouer sur d’autres paramètres, tels que :

● Le volume pulmonaire

● Le lestage plus ou moins d’efforts à la descente / remontée.

● La combinaison

À retenir :

En apnée la flottabilité est non contrôlée pendant la plongée.

À propos :

Poussée d’Archimède

Tout corps plongé dans l’eau subit une force verticale, dirigée de bas en haut, égale

au poids du volume d’eau déplacé.

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4.3) Variation des volumes d’air (Boyle/Mariotte)

Cette loi s’applique aux gaz comme l’oxygène ou l’azote contenus dans l’air. Elle stipule que dans les conditions où la température ne varie pas (ce qui est le cas dans le corps humain), le produit de la pression d’un gaz par son volume reste constant. Il s’en suit qu’un volume de gaz diminue quand la pression augmente avec la profondeur et vice et versa. La Fig. 8 à gauche illustre la diminution d’un volume gazeux en fonction de la profondeur et de la pression hydrostatique. De la Fig. 8 à droite on constate que le volume ne décroît pas linéairement avec la profondeur. Les changements de volume les plus importants se produisent proche de la surface. Ils sont aussi la raison pour laquelle les risques de barotraumatismes et de syncopes sont plus élevés proche de la surface.

Fig. 8 : Variation des volumes en fonction de la profondeur

À propos :

Loi de Boyle/Mariotte

À température constante, Pression * Volume = constante.

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En apnée, la loi de Boyle/Mariotte est particulièrement importante car elle a des effets directs et indirects sur plusieurs aspects sensibles de la plongée :

La flottabilité; elle change en fonction du volume.

La compensation; avec la profondeur, on a moins d’air disponible pour pousser vers les trompes d’Eustache. La compensation devient difficile.

Les barotraumatismes; à cause de la variation rapide des volumes gazeux.

La syncope; par la chute rapide de la pression d’O2 dans les poumons.

Application :

Calcul d’un volume pulmonaire à une profondeur donnée.

Quelle serait le volume pulmonaire V2 au fond de la piscine (5 mètres, Phyd = 0.5 bar)

considérant qu’on part avec V1= 6 litres d’air de la surface?

Réponse :

P1 = 1 bar P2 = Patm + Phyd = 1 bar + 0.5 bar

V1 = 6 litres V2 = ?

1 bar x 6 litres = P1 x VI = constant = P2 x V2 = 1.5 bar x V2

V2 = 6/1.5 = 4 litres (à 5 mètres de fond)

Loi de Boyle/Mariotte

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4.4) Pression partielle (Dalton)

La pression partielle (Pp). Dans un mélange de plusieurs gaz, elle représente la pression d’un gaz pris distinctement. Par exemple, la pression de l’air correspond à la somme des pressions partielles des gaz qui le composent :

Pair = Pdiazote + PO2 + Pargon + PCO2 + … = 1 bar

Donc les pressions partielles d’O2 et de diazote dans l’air sont :

Pdiazote = 78% Pair = 0,78 bar

PO2 = 21% Pair = 0,21 bar

Dans le cadre de ce cours, la loi de Dalton permet essentiellement d’introduire le concept de pression partielle. À la section (5.4), nous regarderons comment les pressions partielles d’oxygène (PO2) et de gaz carbonique (PCO2) évoluent dans nos poumons au cours d’une apnée.

À propos :

Loi de Dalton

Dans le cas de gaz parfaits, la pression totale est la somme des pressions partielles.

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4.5) Diffusion des gaz (Henry)

En plongée autonome, on sait que plus la pression augmente, plus les gaz qu’on respire se dissolvent vite dans le sang et les tissus. C’est un effet direct de la loi de Henry. Avec l’effort le dioxygène est consommé, mais à l’inverse, l’azote se concentre dans les tissus. Lors d’une remontée rapide, la pression partielle diminuant trop vite, l’azote n’a pas le temps de passer des tissus au sang et ensuite du sang aux poumons. Il tend alors à former des bulles dans les tissus et le sang, exposant le plongeur à un accident de décompression.

Concernant l’apnée sportive le risque est moins grand. Tout d’abord, la quantité de gaz embarquée se limite à un volume pulmonaire. L’azote n’est donc pas renouvelé au fur et à mesure qu’il se concentre dans les tissus. Ensuite, le temps d’une apnée profonde, où la pression est importante, est court. Ceci limite aussi le temps de diffusion de l’azote dans les tissus.

Toutefois, notons que l’apnéiste peut également être sujet à de tels accidents de décompression. Lorsqu’il plonge profond, de manière répétitive et à une fréquence élevée (10 à 12 par heure pendant 3 à 4 heures pour une profondeur supérieure à 20m). On parle alors d’accident du « taravana », dont les premiers diagnostiques ont été posés sur des pêcheurs polynésiens.

À propos :

Loi de Henry

À température constante et à saturation, la quantité de gaz dissous dans un liquide

est proportionnelle à la pression partielle qu’exerce ce gaz sur le liquide.

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5) Anatomie et physiologie

Des connaissances de base en anatomie et en physiologie sont un atout indéniable pour la sécurité du plongeur. Elles permettent de comprendre les mécanismes physiologiques impliqués au cours de l’apnée. Qu’il s’agisse de la respiration ou de tout autre phénomène corporel liés directes de la poussée d’Archimède ou à la loi de Boyle/Mariotte.

5.1) Des voies aériennes supérieures jusqu’aux poumons

Le passage de l'air commence dans les voies aériennes supérieures (Fig. 9). Il passe par le nez et la cavité buccale, puis par le pharynx et le larynx avant de se rendre aux poumons via la trachée. À la hauteur du pharynx, on remarque l'orifice de la trompe d'Eustache. Cette dernière est un petit conduit qui relie la fosse nasale et l’oreille moyenne. On note aussi la présence de plusieurs sinus à la hauteur du visage (Fig. 10). Toutes ces cavités (bouche, sinus, oreille moyenne…) sont en contact les unes avec les autres et doivent être équilibrées à la pression hydrostatique. Chez l'apnéiste, elles sont sujettes à des changements de pression abrupts à cause de la vitesse de descente. Il est donc nécessaire qu'elles ne soient pas obstruées, notamment la trompe d’Eustache qui se coince facilement par contractions musculaires, torsion du cou ou irritation. Une sinusite ou une mauvaise compensation sont le plus souvent à l’origine des barotraumatismes des voies aériennes supérieures.

La Fig. 11 présente l'oreille. En allant de la gauche vers la droite, on a le pavillon puis le conduit auditif qui font partie de l'oreille externe. Sous l'eau, ils sont à pression hydrostatique. Ensuite, on arrive au tympan qui sépare l'oreille externe de l'oreille moyenne. Dans l’oreille moyenne se trouve les osselets et la trompe d'Eustache. Finalement, à droite, on a l'oreille interne avec les canaux semi-circulaires. Ces canaux jouent un rôle essentiel pour l’orientation chez l’homme. Dans le cas d’un barotraumatisme de l’oreille, le plongeur peut être désorienté à tel point qu’il ne sache rejoindre la surface. À grande profondeur, il fait sombre et comme la poussée d’Archimède annihile la sensation de gravité, il n’est pas souvent aisé de distinguer le haut du bas.

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Fig. 9 : Voies aériennes supérieures.

Fig. 10 : Les sinus du visage.

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Fig. 11 : L'oreille.

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5.2) Système cardio-respiratoire

Venant des voies aériennes supérieures, l'air poursuit son chemin à travers la trachée, les bronches, les bronchioles, les vésicules pulmonaires et finalement les alvéoles pulmonaires (Fig. 12). C'est dans ces dernières que s'effectuent les échanges gazeux entre l'air et le sang. Le sang va du cœur aux alvéoles pulmonaires via l'artère pulmonaire et les capillaires sanguins. Il retourne au cœur par les veines pulmonaires. Ce circuit constitue la petite circulation sanguine. Elle se compare à la grande circulation qui transporte le sang par l'aorte et les veines caves aux différents tissus du corps. Attention, les conduits tels que la trachée, qui apportent l'air jusqu'aux vésicules pulmonaires, sont faits de cartilage peu souple. Ces conduits peuvent être irrémédiablement endommagés si on les sollicite inadéquatement lors d’une plongée profonde (voir risques et dangers, section 6.3). Finalement notons la présence du diaphragme, principal muscle impliqué lors de l’inspiration.

Au cours du métabolisme le corps consomme du dioxygène (O2) et produit du gaz carbonique (CO2). Par la suite, le CO2 est rejeté dans l’air via les poumons.

À propos :

Engorgement du cœur.

Lorsqu’on s’immerge (voies respiratoires à la surface), l’eau exerce une pression sur

tout le corps et, notamment, sur la cage thoracique et l’abdomen. Les poumons

s’affaissent car ils subissent la différence des pressions hydrostatique et

atmosphérique. Ceci entraîne une remontée du diaphragme et des viscères. Par

ailleurs, le sang qui est contenu dans les membres se redistribue et vient engorger le

cœur, là où la pression est plus faible. Ainsi, le volume pulmonaire est réduit

d’environ 500 ml. Combiné à la pression hydrostatique, ceci rend la respiration plus

difficile.

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Fig. 12 : Arbre bronchique.

Fig. 13 : Alvéole pulmonaire.

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5.3) Les réserves d’oxygène

Dans le corps humain, les réserves d’oxygène se situent dans les trois endroits suivant : le sang avec environ 51%, les poumons avec 36% et les tissus musculaires avec 13% (Fig. 14). Il est très difficile de changer la répartition de ces réserves. Il est plus simple d’augmenter la quantité totale d’oxygène qu’on emporte avec une respiration profonde. Un entraînement spécifique consiste à assouplir la cage thoracique et à augmenter le volume pulmonaire total. Augmenter la quantité d’hémoglobine est aussi faisable mais cela représente un apport minime.

Fig. 14 : Réserve de dioxygène (ex : homme, 70 kg, 1,95 L)

5.4) L’évolution des gaz au cours de l’apnée

La Fig. 15 montre l'évolution des pressions partielles alvéolaires en fonction du temps, en condition d’apnée statique (en surface). On remarque que la pression alvéolaire d'oxygène (PAO2) diminue régulièrement au cours du temps tandis que pression alvéolaire de gaz carbonique (PACO2) augmente vite au début et tend à se stabiliser après 1 minute. Ce ralentissement dans le changement de PACO2 est causé par l'absorption du CO2 dans les tissus. On le retrouve alors sous forme d'acide lactique et il n’est relâché vers les poumons que très lentement.

Sur la même figure sont représentés le seuil syncopal et le seuil de « soif d’air ». Pour le premier, il s’agit de la pression d’O2 en-dessous de laquelle la syncope anoxique se produit. Elle varie d’une personne à l’autre et dépend fortement de la condition physique de l’instant. Elle est souvent comprise entre 20 et 40 mm de mercure (mmHg). Pour le second, il s’agit de la pression de CO2, variant autour de 40 mmHg, au-dessus de laquelle les symptômes d’envie de respirer se font sentir. Les symptômes les plus courants sont l’impression d’écrasement thoracique et le spasme abdominal.

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Telle que représenté sur le graphique, on peut diviser la durée de l’apnée en trois zones distinctes, chacune d’elles correspondant à un état psychologique spécifique :

La zone d’aisance; confort, plaisir, du début de l’apnée jusqu’au seuil de soif d’air (début des spasmes).

La zone d’effort; déplaisante mais les spasmes sont gérables.

La zone de lutte; douloureuse, les spasmes sont intenses, nécessite de la volonté pour continuer.

Fig. 15 : Évolution des pressions partielles d'O2 et de CO2 dans les poumons.

5.5) La ventilation

La respiration regroupe deux sous-aspects : la ventilation et la respiration tissulaire. La ventilation fait référence aux mouvements mécaniques d'entrée et de sortie de l'air des poumons. La respiration tissulaire, quant à elle, est liée aux échanges gazeux qui se produisent entre les alvéoles pulmonaires et le sang et entre le sang et les tissus (voir les sections ci-dessus).

À la Fig. 16 sont représentés les principaux muscles impliqués dans la ventilation. À gauche de la figure, on trouve les muscles de l’inspiration : diaphragme, intercostaux externes et sterno-cléido-mastoïdiens. À droite de la figure, on a les muscles de l’expiration : intercostaux internes, obliques et abdominaux.

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La Fig. 17 à gauche montre les différents volumes respiratoires en fonction de la dilatation des poumons. Le volume courant, de 600 ml est la quantité d’air qu’on renouvelle habituellement, c’est-à-dire dans une situation au repos, sans en prendre conscience (voir Table 2). Les volumes inspiratoire et expiratoire de réserve (1,8 litre chacun) correspondent à la ventilation en régime d’hyperventilation, lors de l’essoufflement. Le volume résiduel correspond au volume minimal qu’on peut atteindre à l’aide de ses muscles (abdominaux, intercostaux, obliques). Le volume mort représente l’ensemble des cavités non déformables du corps (trachée, bouche, nez…). La Fig. 17 à droite décrit les différents volumes et capacités pulmonaires en fonction d’un cycle de respiration.

Le premier travail de l'apnéiste consiste à améliorer ses capacités pulmonaires en modifiant la répartition entre les différents volumes respiratoires. Ceci ce fait principalement en travaillant l'ensemble des muscles impliqués dans la ventilation ainsi qu'en prenant conscience de sa respiration, pendant l’entraînement, mais aussi de manière quotidienne.

Fig. 16 : Muscles impliqués dans la ventilation.

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Fig. 17 : À gauche : les volumes respiratoires. À droite : cycle respiratoire.

Table 2 : Volumes et capacités standards, homme adulte moyen (capacité totale = 6 L).

Volumes respiratoires Poucentage de

la capacité pulmonaire totale

Valeur moyenne (ml)

Description

Volume Courant (VC) 10% 600 Quantité d'air échangée lors d’une ventilation au repos.

Volume Inspiratoire de Réserve (VRI)

30% 1800 Quantité d'air inspirée au-delà du volume courant. Ventilation soutenue.

Volume Expiratoire de Réserve (VRE)

30% 1800 Quantité d'air expirée en-deçà du volume courant. Ventilation soutenue.

Volume Résiduel (VR) 16% 950 Quantité d'air restant après expiration forcée. C’est un volume compressible.

Volume Mort (VM) 14% 850 Quantité d'air qui peut être expirée avec un effort après une expiration courante.

Capacité pulmonaire totale (CPT) 100% 6000 Quantité maximale d’air après inspiration forcée.

VC + VRI + VRE + VR + VM = 6 litres

Capacité Vitale (CV) 70% 4800 Quantité minimale d'air après expiration forcée. VC + VRI + VRE = 4.2 litres

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6) Dangers et préventions

Parmi les principaux dangers qu’on rencontre en apnée il y a la syncope et les barotraumatismes. Avec un minimum de connaissances ils deviennent prévisibles et facilement évitables.

6.1) Syncope

La syncope est une perte de connaissance brutale avec retour rapide à l’état conscient. Elle s’accompagne d’une perte du tonus, de troubles du jugement et de perte de la mémoire à court terme. Elle se déclenche lorsque le taux d'oxygène cérébral passe en dessous d'une valeur critique qu’on appelle le « seuil syncopal » (Fig. 15). Ce phénomène se produit quand il y a nécessité pour le corps d’économiser l’oxygène pour les organes nobles comme le cerveau, le cœur ou le foie.

Sous l’eau, quand une personne fait une syncope, la bouche et la gorge se ferment. L’eau n’est pas inhalée. Plusieurs dizaines de secondes après, un premier réflex ventilatoire se déclenche, faisant rentrer de l’eau dans les voies supérieures. L’eau est alors bloquée à l’entrée de la trachée par un spasme réflex du larynx. C’est seulement lors d’un deuxième réflexe ventilatoire que l’eau pénètre dans les poumons. On parle alors de noyade.

La syncope est précédée de symptômes caractéristiques (voir section 7.1) mais qui varient d’une personne à l’autre. Du point de vue de l’apnéiste, les symptômes qui annoncent la syncope sont brefs et il est souvent trop tard pour l’éviter. Même si l’apnéiste sort de l’eau avant la syncope il n’est pas forcément tiré d’affaire. Il faut réaliser qu’après la reprise ventilatoire, plusieurs secondes s’écoulent, entre 5 et 10, avant que l’oxygène ne se rende au cerveau. Il y a donc toujours un risque de syncope. En conséquence, les apnéistes dédiés à la sécurité des performeurs doivent maintenir leur vigilance un certain temps et surveiller des signes comme par exemple la « samba ». Il s’agit de mouvements et tremblements incontrôlés, causés par la perte de contrôle moteur et qui annonce souvent une syncope imminente.

6.2) Barotraumatismes

Les barotraumatismes sont des blessures causées par une différence de pression entre l’environnement et les cavités corporelles. En apnée les barotraumatismes les plus fréquents se situent au niveau des voies aériennes supérieures (sinus, oreille moyenne). La façon de les éviter est principalement d’être à l’écoute de son corps. Par exemple, lors d’une descente, si la compensation ne passe pas et que la douleur se fait sentir aux tympans, on ne cherche pas à équilibrer à tout prix mais on remonte immédiatement. De plus, on évite absolument de plonger en état congestionné. Plus systématiquement, en eaux profondes et à chaque nouvelle séance, on utilise les premières plongées pour s’acclimater et retrouver ses sensations et repères. On évite la tentation d’aller trop loin trop vite!

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6.3) Autres dangers et préventions

Le tableau qui suit résume les principaux risques liés à la pratique de l’apnée sportive, que cela soit en piscine, en eaux libres ou en eaux profondes.

RISQUES RELIÉS AU MILIEU ET À L’ENVIRONNEMENT

RISQUE FACTEUR de RISQUE CONSÉQUENCE PRÉVENTION PROBA-BILITÉ

Eau froide Exposition brusque ou prolongée.

Bradycardie extrême. Troubles arythmiques.

Hydrocution; hypothermie.

Mort subite d’origine cardiaque.

Se vêtir d’une combinaison isotherme appropriée; Immersion progressive; limiter la durée.

Faible.

Eau chlorée Exposition fréquente à l’eau chlorée.

Otite externe dite otite du nageur.

Éviter le nettoyage à l’aide d’un coton tige ou l'introduction de savon dans les oreilles, ainsi que le « grattage » du conduit auditif. En cas de récidive, consulter un O.R.L.

Moyenne.

Eau trouble Visibilité réduite (- de 5 m) ou nulle (- de 1 m).

Surveillance difficile, sécurité réduite.

Relier l’apnéiste à la ligne de vie* au moyen d’une longe*.

Élevée.

Courant, vagues, marée

Force et vitesse des courants; conditions difficiles en surface.

Éloignement de la ligne de vie ou de son binôme; fatigue et essoufflement.

Vérifier les conditions locales et adapter ou annuler l’activité au besoin.

Faible.

Faune et flore

Contact avec des organismes vivants.

Piqûres, éraflures, morsures, empoisonnement.

Connaissance de la faune et de la flore; prudence.

Très faible.

Cavernes naturelles et épaves

Anfractuosité permettant le passage du corps en totalité ou en partie.

Éraflures, coupures; accrochage, coincement.

Connaissance du milieu; prudence.

Faible.

Objets et débris reliés à l’activité humaine

Filets de pêche, lignes de pêche, cordages, objets tranchants.

Éraflures, coupures; accrochage, coincement.

Choisir un milieu approprié à la pratique de l’apnée.

Très rare.

Circulation maritime

Proximité d’embarcations.

Collision; mutilation. Éviter les endroits trop fréquentés ; utiliser les bouées et drapeaux de signalisation; affecter un apnéiste à la sécurité de surface.

Faible.

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RISQUES RELIÉS À LA NATURE DE L’ACTIVITÉ

RISQUE FACTEUR de RISQUE CONSÉQUENCE PRÉVENTION PROBABI

LITÉ

Hyper-ventilation

Perte de conscience. Noyade. Ne pas s’hyperventiler sans une stricte supervision par des formateurs accrédités.

Moyenne.

Apnée prolongée

Perte de contrôle moteur (samba*).

Perte de conscience anoxique* (syncope*).

Contractions musculaires involontaires; étouffement.

Noyade.

Respecter les zones de travail correspondant à son niveau; utiliser des tables d’entraînement certifiées; ne jamais pratiquer l’apnée sportive sans la présence d’un autre apnéiste.

Moyenne.

Apnées répétitives

Hypercapnie* lente. Essoufflement; nausée, céphalée; anxiété; crampes; baisse de vigilance et de jugement.

Respecter des temps de récupération adéquats; utiliser des tables d’entraînement certifiées; avoir un matériel adapté.

Moyenne.

Apnée profonde Progression et/ou descente trop rapide; manque de souplesse thoracique; effort violent (palmage, compensation); fatigue.

Saignements de la trachée; crachat sanguinolent; douleur thoracique; difficultés respiratoires; œdème pulmonaire.

Échauffement et progression adéquate; technique de compensation adaptée à la profondeur; éviter de plonger en état de grande fatigue.

Moyenne.

Apnées profondes répétées

Accumulation d’azote dans le sang et les tissus.

Accident de décompression.

Respecter les tables de décompression spécifiques à l’apnée.

Très faible.

Remontées rapides répétées

Accumulation de dioxyde de carbone dans le sang et les tissus.

Narcose carbonique; perte de conscience; noyade.

Éviter de remonter trop rapidement à la surface.

Très faible.

Immersion prolongée

Diurèse. Déshydratation. S’hydrater avant, pendant et après la plongée.

Élevée.

Effort important

Âge; condition physique; antécédents cardiaques.

Crise cardiaque. Examen médical. Très faible.

Alimentation Plonger l’estomac plein. Gastralgie, reflux gastrique, ballonnements.

Éviter les aliments acides et trop sucrés ainsi que les boissons gazeuses. Respecter un temps de digestion adéquat.

Moyenne.

Diabète Hypoglycémie. Perte de conscience; noyade.

Examen médical. Très faible.

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LES RISQUES RELIÉS À LA PRESSION

RISQUE FACTEUR de RISQUE CONSÉQUENCE PRÉVENTION PROBABI

LITÉ

Oreille externe et moyenne

Mauvaise technique de compensation; cagoule trop serrée; bouchon de cérumen; congestion de la sphère O.R.L.

Otite barotraumatique aiguë; déchirure ou rupture du tympan; douleur vive; perte du sens de l’équilibre et de l’orientation; surdité.

Connaître les techniques de compensation; remonter dès l’apparition d’une douleur anormale; éviter de « surcompenser ».

Très élevée.

Oreille interne Compensation trop violente et forcée; compensation durant la remontée.

Barotraumatisme de l’oreille interne; vertige; sifflement aigu; cécité transitoire; perte du sens de l’équilibre et de l’orientation; surdité.

Éviter de forcer la compensation; ne jamais compenser à la remontée.

Élevée.

Sinus Congestion nasale. Barotraumatisme des sinus.

Éviter l’apnée en cas de rhume. Ne pas pratiquer en cas de sinusite.

Élevée.

Dents Carie. Barotraumatisme dentaire.

Arrêter la plongée, consulter un dentiste.

Très faible.

Poumons Respirer de l’air sous pression durant l’immersion; pratique de la technique dite de la carpe*.

Surpression pulmonaire; pneumothorax; affaissement pulmonaire; embolie gazeuse.

Ne jamais respirer d’air sous pression en apnée. Ne pas pratiquer la technique de la carpe sans supervision adéquate par des formateurs accrédités.

Faible.

Yeux et visage

Utilisation de lunettes de natation; utilisation d’un masque à gros volume

Placage des lunettes ou du masque.

Ne pas utiliser de lunettes de natation à une profondeur supérieure à 2 m. Expirer de l’air par le nez dans le masque lors la descente.

Élevée.

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LES RISQUES RELIÉS À L’ÉQUIPEMENT

RISQUE FACTEUR de RISQUE CONSÉQUENCE PRÉVENTION PROBABI

LITÉ

Mise en place de la ligne de vie*

Organisation déficiente; visibilité réduite; absence de mécanisme de blocage de la corde et/ou d’enrouleur.

Emmêlement dans la ligne de vie et entraînement vers le fond; choc violent d’un plongeur avec le lest de la ligne de vie; noyade.

Bonne organisation; avoir un matériel adéquat et en bon état.

Faible.

Lestage Apnéiste trop lesté.

Essoufflement; crampe. Effectuer un test de lestage; s’assurer d’avoir une flottabilité positive au moins jusqu’à 12 m de profondeur.

Moyenne.

Combinaison Trop serrée ou trop ample. Mauvaise ventilation; froid.

Utiliser du matériel adapté. Moyenne.

Palmes Trop serrées ou trop amples. Crampes; ampoules. Utiliser du matériel adapté. Élevée.

Équipement Allergie au néoprène. Eczéma de contact; choc anaphylactique.

Utiliser du matériel adapté. Très faible.

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6.4) Les dix commandements

À retenir :

Les dix commandements de l’apnéiste

❶ Pratiquer en présence d’un autre apnéiste. ❷ Connaître les risques et les dangers de la pratique de l’apnée sportive. ❸ S’assurer que son binôme connaît les protocoles d’entraînement, qu'il sait

reconnaître les signes et symptômes pré-syncopaux et syncopaux et qu'il maîtrise les manœuvres de sauvetage.

❹ Établir un plan d’urgence et connaître les procédures en cas d’accident. ❺ Rester toujours attentif à son binôme. La sécurité est l’affaire de tous; pas

uniquement des responsables, des moniteurs ou des sauveteurs. ❻ Prévenir son binôme et les moniteurs en cas de sortie momentanée du lieu

de pratique. ❼ Pratiquer dans un lieu sécuritaire et adapté à son niveau. ❽ Rester à l’écoute de ses sensations : les progrès viennent avec

l’entraînement. ❾ Maintenir une bonne condition physique. ❿ Après un arrêt prolongé, réévaluer son niveau de performance.

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7) Sécurité

En apnée sportive la sécurité est essentielle. Elle est garante de notre survie et indirectement du plaisir de plonger. Il est rare d’être témoin d’une syncope pendant un cours d’initiation car les apnéistes sont encadrés et les exercices sont bien adaptés. Cependant, dès qu’on assiste à des entraînements poussés ou à une compétition, les syncopes ne sont plus rares. Dans les chapitres suivants, nous donnerons les bases d’une sécurité efficace et facile d’application.

7.1) Signes et symptômes

Lorsqu’un apnéiste de sécurité surveille un performeur, que doit-il regarder précisément? Quels signes annoncent la syncope? Idem du côté du performeur, quels symptômes va-t-il ressentir? La Table 3 résume les signes et les symptômes tout en les classant suivant deux catégories : pré-syncopaux et syncopaux. Une personne peut avoir une ou plusieurs caractéristiques à la fois.

Table 3 : Signes et symptômes pré-syncopaux et syncopaux.

SIGNES SYMPTÔMES

PRÉ-SYNCOPAUX

Regard inquiet et pupilles dilatées

Visage et mâchoire crispés, tendus

Coloration anormale des lèvres

Mouvements précipités

Accélération en fin d’apnée

Lâcher de bulles ou expiration

Ne répond pas adéquatement au signal convenu

Tremblements

Perte de contrôle physique

Picotement dans les extrémités des membres

Sensation de confort inhabituelle

État de panique et d’angoisse

Disparition de l’envie de respirer ou de remonter

Lourdeur dans les membres propulseurs

Sensation de chaleur intense

Troubles visuels (étoiles, obscurcissement, champ visuel rétréci, variation des couleurs)

Perte partielle du sens de la réalité (espace, temps)

SYNCOPAUX

Regard vide

Visage, mâchoire très crispés

Lâcher de bulles ou expiration

Ralentissement ou arrêt soudain des mouvements

Durée excessive et/ou inhabituelle de l’apnée

Ne répond pas au signal convenu

Tremblements

Perte de contrôle physique

(perte de conscience)

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7.2) Protocoles de surveillance

Les protocoles de surveillance décrivent les étapes à suivre pour effectuer adéquatement et efficacement la sécurité d’un autre apnéiste.

Quand doit-on appliquer de tels protocoles? Pour répondre à la question, regardons à nouveau la Fig. 15 sur l’évolution des gaz en fonction du temps. Tant que l’apnée se déroule dans les zones d’aisance et d’effort, une sécurité rapprochée n’est pas nécessaire. Par contre dès qu’on prévoit faire un exercice dans la zone de lutte il est impératif de prévoir un apnéiste de sécurité, dévolu entièrement au performeur.

Les protocoles de surveillance pour l’apnée dynamique et l’apnée statique sont très semblables à quelques détails près. Retenez qu’ils se déroulent en 5 étapes dont voici les descriptions :

À retenir :

Protocole en apnée dynamique

Communication

Le performeur choisi un apnéiste pour faire sa sécurité. Il lui annonce sa

performance (AP).

Préparation

Palmes, planche et masque en place sur le visage pour l’apnéiste de sécurité.

Le performeur se prépare.

Vérification

Il incombe au performeur de s’assurer qu’il a un apnéiste de sécurité et que ce

dernier est prêt.

Suivi de la performance

L’apnéiste de sécurité suit le performeur à la verticale ou légèrement en avant

(1 ou 2 m) et surveille les signes et symptômes.

TPR

Tendre un objet : l’apnéiste de sécurité tend la planche au performeur comme

support.

Parler et Regarder : le performeur effectue un signe « ok » visuel et verbal.

L’apnéiste de sécurité jauge l’état de conscience du performeur par des questions…

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À retenir :

Protocole en apnée statique

Communication

Le performeur choisi son apnéiste de sécurité. Il annonce sa performance (AP). Ensemble, ils conviennent d’un « signal » (serrer la main, toucher l’épaule…) pour vérifier l’état de conscience du performeur. Le signal peut être donné chaque :

1 minute avant l’AP,

30 secondes avant l’AP,

AP,

15 secondes après l’AP.

Pour chaque signal donné, le performeur doit répondre par un « signe » clair (serrer la main, signe « ok » visuel…). Dans le cas d’un premier manquement, l’apnéiste de sécurité réitère la demande. Si le performeur ne répond toujours pas, l’apnéiste de sécurité le sort sans plus attendre.

Préparation

Idem qu’en DYN (la planche et les palmes ne sont pas nécessaires).

Vérification

Idem qu’en DYN.

Suivi de la performance

Idem qu’en DYN.

TPR

Idem qu’en DYN (pas de planche à tendre).

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7.3) Sauvetage

Essentiellement dû aux risques liés à la syncope, le sauvetage fait partie intégrante d’une formation d’initiation à l’apnée. C’est la raison d’être de la première règle de l’apnéiste : ne jamais pratiquer sans la présence d’un autre apnéiste!

Le principe de base du sauvetage consiste à ne jamais perdre le contact visuel avec l’apnéiste. Ensuite, s’il y a syncope, la récupération doit s'effectuer avec diligence, sans brutalité mais de façon ferme, le but étant de ramener le syncopé à la surface et de conserver ses voies aériennes hors de l’eau. La capsule suivante détaille une technique de sauvetage simple et efficace.

Application :

Sauvetage

Se placer derrière le syncopé. Placer un bras sous son aisselle et venir saisir la

mâchoire. Placer l’autre main dans le dos, à la hauteur des omoplates afin de

manipuler le corps aisément (Fig. 18).

Effectuer la remontée en maintenant le corps ni trop proche (pas dans les palmes)

ni trop loin (augmente inutilement la traînée hydrodynamique).

Avant de percer la surface, incliner le corps vers l’arrière, de manière à pouvoir le

coucher sur soi. La flottabilité s’en trouve améliorée.

Une fois à la surface, libérer les voies aériennes du syncopé en enlevant son

masque. Ne jamais lâcher le menton, ses voies aériennes ne doivent pas retourner

dans l’eau.

Effectuer un appel à l’aide audible. Et remorquer l’apnéiste tout en le stimulant

pour l’aider à reprendre conscience.

Attention! Si l’apnéiste est en samba, il pourrait se cogner la tête contre le bord du

bassin ou du bateau…

Fig. 18 : Prise du corps et de la mâchoire.

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À propos :

La sécurité est l’affaire de TOUS et en TOUT temps. Gardez toujours un œil sur vos

partenaires de plongée.

L’efficacité avec laquelle vous réagirez en cas de syncope se reflètera dans la facilité

avec laquelle l’apnéiste recouvrera ses esprits. De plus, votre savoir bien faire

augmentera la confiance que les autres apnéistes vous porteront.

À retenir :

De retour à la surface, il est primordiale de maintenir les voies

aériennes du syncopé hors de l’eau.

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8) Notions d’entraînement

8.1) Travail en hypercapnie

L’hypercapnie correspond à un taux anormalement élevé de CO2 dans le sang. Un entrainement en hypercapnie consiste par exemple à effectuer de courtes apnées avec peu de temps de récupération (10 x 25 m avec 30 s de repos). Dans ces conditions, le CO2 n’est pas complètement éliminé d’une apnée à l’autre et son taux sanguin augmente. Au fur et à mesure, les apnées deviennent de plus en plus difficiles et douloureuses car, on s’en souvient, c’est le CO2 qui est à l’origine des symptômes de soif d’air (spasmes thoraciques et abdominaux). Il les déclenche de plus en plus tôt.

Dans un entraînement en hypercapnie, on cherche donc à augmenter la tolérance au CO2, principalement en contrôlant son stress et en favorisant autant que possible la détente. Un entrainement régulier améliore aussi l’absorption du CO2 par les tissus musculaires et donc diminue la vitesse d’augmentation de son taux (pression partielle) dans le sang. Du côté cérébral, il n’a jamais été noté d’amélioration au cours de l’entrainement, le cerveau restant très sensible au CO2. Donc, attention aux céphalées avec ce type d’entrainements!

Finalement, bien que ce type de travail puisse être douloureux et « suffoquant », il n’y a que peu de chance de faire une syncope. En effet, le taux d’O2 reste toujours assez loin du seuil syncopal.

8.2) Travail en hypoxie

L’hypoxie correspond à un taux anormalement bas d’O2 dans le sang. Un entrainement en hypoxie consiste à effectuer de longues apnées avec de longs temps de récupération (exemple : plusieurs 75 m avec un minimum de 3 minutes de repos). Dans ce type d’exercice, le CO2 est normal à chaque début d’apnée, 3 à 5 minutes de repos suffisent à éliminer l’excès dans le sang et les tissus.

Dans un entraînement en hypoxie, on cherche également à contrôler son stress et à favoriser le relâchement, la détente. Mais cette fois-ci on le fait proche de son seuil syncopal. C’est un travail complémentaire du travail en hypercapnie où de nouvelles sensations se rajoutent (douleur liée à l’acide lactique, tentation d’accélération en fin d’apnée, symptômes pré-syncopaux…).

Qui dit travaille en hypoxie dit zone de lutte avancée (voir Fig. 15). La syncope n’est pas très loin. Il est alors évident que ce genre d’entrainement doit se faire exclusivement avec la présence d’un apnéiste de sécurité. Sa présence permet, entre autre, de se rassurer et de rester confiant. Ainsi, on peut repousser ses limites.

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9) Conclusion

Les motivations qui poussent à suivre un cours d’initiation à l’apnée sportive sont diverses. Parmi celles-ci on trouve la curiosité d’un nouveau sport, qui va souvent de pair avec le défi de voir de quelles performances on est capable. On trouve également le besoin d’approfondir ses connaissances ou encore de comprendre certains aspects qui divergent de la plongée autonome.

À travers ce guide nous avons essayé d’une part de présenter les thèmes et concepts de base spécifiques à l’apnée sportive et, d’autre part, de répondre à la plupart des questions les plus souvent posées. Nous nous sommes concentrés principalement sur l’apnée statique et l’apnée dynamique, en piscine. L’apnée profonde, qui fait l’objet d’un cours avancé, n’a été abordée qu’à travers les lois physiques et certains risques et dangers. Ce choix d’en parler, même succinctement, découle de la nécessité de donner une vision la plus globale possible de l’aspect sécurité en apnée.

En outre, nous espérons que ce cours d’initiation aura su répondre à la plupart de vos attentes et que cela vous incitera à poursuivre et à progresser dans ce sport complet, fascinant, et qui vous promet de longues heures de plaisir et de pur bonheur!

L’équipe d’Apnée Aventure.

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