manuel de la confrérie du saint-scapulaire · ne croyez pas que le simple fait d’afficher un...
TRANSCRIPT
A propos de ce livre
Ceci est une copie numérique d’un ouvrage conservé depuis des générations dans les rayonnages d’une bibliothèque avant d’être numérisé avecprécaution par Google dans le cadre d’un projet visant à permettre aux internautes de découvrir l’ensemble du patrimoine littéraire mondial enligne.
Ce livre étant relativement ancien, il n’est plus protégé par la loi sur les droits d’auteur et appartient à présent au domaine public. L’expression“appartenir au domaine public” signifie que le livre en question n’a jamais été soumis aux droits d’auteur ou que ses droits légaux sont arrivés àexpiration. Les conditions requises pour qu’un livre tombe dans le domaine public peuvent varier d’un pays à l’autre. Les livres libres de droit sontautant de liens avec le passé. Ils sont les témoins de la richesse de notre histoire, de notre patrimoine culturel et de la connaissance humaine et sonttrop souvent difficilement accessibles au public.
Les notes de bas de page et autres annotations en marge du texte présentes dans le volume original sont reprises dans ce fichier, comme un souvenirdu long chemin parcouru par l’ouvrage depuis la maison d’édition en passant par la bibliothèque pour finalement se retrouver entre vos mains.
Consignes d’utilisation
Google est fier de travailler en partenariat avec des bibliothèques à la numérisation des ouvrages appartenant au domaine public et de les rendreainsi accessibles à tous. Ces livres sont en effet la propriété de tous et de toutes et nous sommes tout simplement les gardiens de ce patrimoine.Il s’agit toutefois d’un projet coûteux. Par conséquent et en vue de poursuivre la diffusion de ces ressources inépuisables, nous avons pris lesdispositions nécessaires afin de prévenir les éventuels abus auxquels pourraient se livrer des sites marchands tiers, notamment en instaurant descontraintes techniques relatives aux requêtes automatisées.
Nous vous demandons également de:
+ Ne pas utiliser les fichiers à des fins commercialesNous avons conçu le programme Google Recherche de Livres à l’usage des particuliers.Nous vous demandons donc d’utiliser uniquement ces fichiers à des fins personnelles. Ils ne sauraient en effet être employés dans unquelconque but commercial.
+ Ne pas procéder à des requêtes automatiséesN’envoyez aucune requête automatisée quelle qu’elle soit au système Google. Si vous effectuezdes recherches concernant les logiciels de traduction, la reconnaissance optique de caractères ou tout autre domaine nécessitant de disposerd’importantes quantités de texte, n’hésitez pas à nous contacter. Nous encourageons pour la réalisation de ce type de travaux l’utilisation desouvrages et documents appartenant au domaine public et serions heureux de vous être utile.
+ Ne pas supprimer l’attributionLe filigrane Google contenu dans chaque fichier est indispensable pour informer les internautes de notre projetet leur permettre d’accéder à davantage de documents par l’intermédiaire du Programme Google Recherche de Livres. Ne le supprimez enaucun cas.
+ Rester dans la légalitéQuelle que soit l’utilisation que vous comptez faire des fichiers, n’oubliez pas qu’il est de votre responsabilité deveiller à respecter la loi. Si un ouvrage appartient au domaine public américain, n’en déduisez pas pour autant qu’il en va de même dansles autres pays. La durée légale des droits d’auteur d’un livre varie d’un pays à l’autre. Nous ne sommes donc pas en mesure de répertorierles ouvrages dont l’utilisation est autorisée et ceux dont elle ne l’est pas. Ne croyez pas que le simple fait d’afficher un livre sur GoogleRecherche de Livres signifie que celui-ci peut être utilisé de quelque façon que ce soit dans le monde entier. La condamnation à laquelle vousvous exposeriez en cas de violation des droits d’auteur peut être sévère.
À propos du service Google Recherche de Livres
En favorisant la recherche et l’accès à un nombre croissant de livres disponibles dans de nombreuses langues, dont le frano̧ais, Google souhaitecontribuer à promouvoir la diversité culturelle grâce à Google Recherche de Livres. En effet, le Programme Google Recherche de Livres permetaux internautes de découvrir le patrimoine littéraire mondial, tout en aidant les auteurs et les éditeurs à élargir leur public. Vous pouvez effectuerdes recherches en ligne dans le texte intégral de cet ouvrage à l’adressehttp://books.google.com
1
Kr-Tvi
'"V.
'4**--
---"''-•-"--
UBLIOTHECA S. J.
Maison Saint-Augustin
ENGHIEN
.*m
rn
- ;.«»V
l-^'^.;*
/
f$1
MANUEL
CONFRÉRIE DU SCAPULAIRE.
/ '-:- ^
V'- •:•.>>
On trouve, chez les mêmes Libraires , les
autres ouvrages du même auteur.
BEC*..,, supplémentaire de nouveau, Canines pour
la première Communion, avec la Mus.que.
Manuel des Dévotions et Indulgences autorisees par 1.
SainWSiége.
MasVW. M PÉPITE»!, ou Conduite pou, la Contai»»
et la Confession. Nouvelle édition.
JOURNEE piatique du Chrétien.
Consolations dela Croix.
Essai de Discussion sur les bals.
D.scouaspour la première Communion.
Discouas sur la Piété envers les Morts.
Discovjas pour unMariage.
RECUEIL des Neuvaines de la sainte Vierge , approuve»
ct enrichies d'Indulgences parle Saint-Siège.
Le Chapelet de Nom Seign.ur.
Abrégé de la Doctrine chrétienne.
DÉVOTION de la voie de la Croix.
Règle de conduite chrétienne.
Amotjb de la Croix.
Le Petit OFFice perpétuel du Chrétien.
ÉlÉmens d'Histoire et de Géographie, en vers.
L\ Mtthologie poétique, en scènes.
IMPRIMERIE DE MOQUET ET C».
RUE DP, LA HARPK , «° »o-
MANUEL
DE LA
CONFRÉRIE DU SCAPULAIRE,
D'APûÈS LES DOCUMENTS LES PLUS AUTHENTIQUES.
PAR M. L'ABBÉ DE SAMBTJCV.
tnduxi vos in terratn•Carm*ti , ut
comedereti* fructum cjtu «f optimm
•mus .
Je toub aî introduit dans la terre
de"détices du Carmel, afin que tous
puissiez en fou1er 1es fruits et entrer
DIL71 I^VTVlï*'/,"\t tf?• «•Mouipsance de ses biens les plus
BliUW I nCUUC p9«iJT ( Urémie , c. > , t. 7- )
40- CHANTttJLY_„
A PARIS,
TOULOllSE, EUE DU FOIH-S.-JACQUES, K. 8?
AD. LE CLÈRE ET O, quai des augustins, m.'35.
GAUME, IDE OU POT-DE-FER-SAINT-SULPICE, H. 5.
JEANTHON, place saint-andbé-des-arcs, h. ii.
VATON-POTEY, «ue du »ac, x. 46.
185iî.
APPROBATION.
Hyacinthe-Louis de QUELEN, par la mi.
séricorde divine et la grâce du Saint Siège
Apostolique, Archevêque de Paris , etc.
La Dévotion au Saint-Scapulaire , de jour
en jour plus répandue , nous a fait apprécier
l'utilité du Manuel de la Confrérie du Sca-
pulaire , que M. l'abbé de Sambcct vient de
publier en un volume in-18; et l'examen de
cet ouvrage, que l'auteur nous a soumis, nous
a convaincu qu'il ne renferme rien qui ne soit
orthodoxe sous le rapport de la doctrine. En
conséquence nous avons approuvé et approu
vons, par ces présentes, la publication de ce
livre, que nous regardons comme très propre
à faire connaître l'excellence de cette dévo
tion, et à en faciliter les pratiques.
Donné à Paris , sous le seing de notre Vi
caire-Général, le sceau de nos armes et le con
tre-seing de notre Secrétaire, le trois septem
bre mil huit cent trente-cinq.
Boudot, Yic.-Gén.
L. * S.
Par Mandement de Monseigneur
l'Archevêque de Paris,
Molirie», Chan. -Secret.
"V
MANUEL
CONFRÉRIE DU SCAPULAIRE.
INTRODUCTION.
1.
Des Confréries en general.
Les confréries sont des compagnies de
-personnes associées pour des bonnes œu
vres et des exercices de piété.
Quelques dévots exagérés se persua
dent que l'on ne peut se sauver , dans le
monde, que par le moyen des confréries :
.sans doute elles sont très-utiles au salut et
(fort avantageuses à la piété ; mais elles ne
ij INTRODUCTION.
sont pas nécessaires ; il en est même dont
les pratiques sont incompatibles avec les
devoirs d'état de la plupart des fidèles. On
doit donc choisir entre les confréries et
savoir se borner, pour ne pas être sur
chargé de pratiques et d'obligations; il
ne faut adopter que les confréries qui
nous sont plus faciles , ou plus analogues
à nos besoins et à nos emplois : voilà la
vraie dévotion.
Les hommes du monde, au contraire, con
cluent , en sens inverse , que les confréries
sont inutiles et même dangereuses , parce
que, disent-ils, elles sont un obstacle à l'édi
fication commune , et que l'on y préfère
toujours au devoir tout ce qui n est que de
subrogation : rien de plus faux que cette
assertion; car les confréries sont, au con
traire, un lien de piété ou de charité, et un
spectacle d'édification. S'il existe des abus
soles , parmi les confrères , peuvent-ils
INTRODUCTION. llj
préjudicier à la masse ? Doivent-ils former
ou autoriser un préjugé quelconque contre
des institutions saintes , approuvées , con
firmées et préconisées par l'Eglise.
Dans les beaux jours de l'Eglise nais
sante , où la multitude des croyants ne for
mait qu'un cœur et une âme (Act. des
apôtres, ch. 4, v. 32), il y avait un saint
concert de vertus , qui rendait le secours
des confréries moins nécessaire; mais,
dans ces jours de dépérissement , où la
foi est si rare , la piété si affaiblie , le zèle
découragé et la cbarité refroidie , qui
pourrait .blâmer, repousser ou négliger
même ces institutions, qui sont une puis
sante ressource pour tant d'âmes faibles ?
Où trouveront-elles plus sûrement un sujet
d'émulation et une occasion de vertu , sinon
dans les exemples et le concours de
associés?
D'ailleurs quoi de plus saint que la fin
JV INTRODUCTION.
des confréries , savoir : l'honneur de Dieu ,
l'imitation de notre seigneur Jésus-Christ
ou de la sainte Vierge et des saints? Quoi
de plus excellent que les effets qui en
résultent , c'csi-à-dire la réforme des pas
sions , la pratique des vertus et des bonnes
œuvres? Quoi de plus précieux que les
avantages dont elles peuvent jouir? Dieu
répand ses grâces avec plus d'abondance
sur ceux qui s'unissent et se rassemblent en
son nom ; l'Eglise ouvre tous ses trésors
aux confréries qu'elle a autorisées ; et les
confrères entrent dans une participation de
secours, de bonnes œuvres et de mérites.
Combien de fois et en combien de lieux
n'ont- elles pas contribué à la décence
du culte , au soulagement des malheureux ,
et au maintien des bonnes mœurs ? On doit ,
il est vrai , ne pas trop les multiplier , les
tenir dans une subordination convenable ,
n'y point tolérer les abus , les surveiller
INTRODUCTION. V
de fort près et ne les établir régulièrement
que dans les églises , où elles peuvent être
dirigées, encouragées et soutenues; mais
on doit en faire une très-grande estime ,
à l'exemple de saint François de Sales qui
disait souvent : Dans les confréries , on
peut touty gagner , sans jamais y perdre.
Il faut se dire à soi-même et répé ter sou
vent aux autres au sujet des confréries,
ou des congrégations instituées en l'hon
neur de J.-C. , de Marie ou des saints ,
et autorisées par l'Eglise , surtout de celles
qui se parent par dévotion de quelque
emblème ou symbole, soit scapulaire ou
rosaire , ceinture ou cordon , croix ou mé
daille, que tout cela est bon, utile, salu
taire , pourvu qu'on ne regarde pas ces
livrées comme des signes certains de salut ,
des marques infaillibles de prédestination ,
et des gages assurés d'une alliance éter
nelle. Unir l'esprit à la lettre, l'âme au
VJ INTRODUCTION.
corps, la substance et la moelle à l'écorce ,
le culte intérieur des vertus au culte exté
rieur des pratiques; voilà le grand moyen
de salut , la marque non équivoque de pré
destination , et la voie sûre pour obtenir
la protection de la mère de Dieu et les
faveurs de son divin fils.
INTRODUCTION. Vlj
2.
Du Carmel.
Le mot carmel, en hébreu, veut dire :
moisson ou épi plein , vigne (le Dieu , lieu
délicieux on fertile. Il y avait une ville et
deux montagues de ce nom.
La ville du Carmel , ville de la tribu de
Juda , était située près d'une montagne du
même nom, dans la partie la plus méridio
nale de la Terre-Sainte.
Il y avait deux montagnes du Carmel.
La première montagne du Carmel, située
dans la partie méridionale de la tribu de
Juda , près des frontières d'Edom, est le lieu
où Saùl érigea un arc de triomphe comme
un monument de sa victoire sur les Amalé-
cites. C'était là qu'habitait Nabal du Car
mel , mari d'Abigaïl.
La seconde montagne du Car1ncl , qui est
Viij INTRODUCTION".
plutôt une chaîne de montagnes, s'étendanf
vers la mer, sur les limites des tribus d'Aser,
de Zabulon et d'issachar, a treize lieues de
circuit. Elle fut célèbre, du temps des Juifs,
par les miracles et le séjour du prophète
Elie , qui fit descendre sur son sommet îe
feu du ciel, pour confondre les prêtres et les
prophètes de Baal. Sa distance de Nazareth
est peu considérable : il y a deux lieues en
viron.
Une'pieuse tradition nous a transmis que"
la sainte Vierge a visité le Carmel ; il n'y a,
en cela , rien d'improbable : puisque Marie
a été visiter sa cousine Elisabeth à Hébron,
ville de Judée, a 25 ou 3o lieues, elle a
bien pu visiter aussi le saint lieu du Car
mel , qui était si proche de Nazareth.
Vers le pied de la montagne principale,
on voit la grotte d'Elie , qui est fort honorée
aujourd'hui , non seulement des Chrétiens ,
mais des Turcs , des Maures et des Arabes.
INTB.oDUCTIoH. IX
«Cette grotte, évidemmenttailléedansle roc
le plus dur, est, dit M. de Lamartine dans
son voyage d'Orient, une salle d'une pro
digieuse élévation ; elle n'a d'autre vue que
la mer sans bornes , et on n'y entend d'autre
bruit que celui des flots , qui se brisent con
tinuellement contre l'arête du cap. Les tra
ditions disent que c'est là l'école où Elie
enseignait ses disciples. L'endroit était ad
mirablement choisi; et la voix du vieux
prophète, maître de toute une innombrable
génération de prophètes , devait majestueu
sement retentir dans le sein creusé de la
montagne qu'il sillonnait de tant de prodi
ges , dans cette grotte à laquelle il a laissé
son nom. »
Au dessus on voit la grotte d'Elisée , dis
ciple d'Elie ; plus haut encore , est la fon
taine d'Elie , que ce prophète fit sortir de
terre par ses prières.
11 y a aussi sur le Carmel , entre les dé
1.
x INTRODUCTION.
bris de plusieurs solitudes ruinées, unher-
mitage des Carmes , environné de plusieurs
cellules, creusées aussi dans le roc, sur le
penchant du cap, qui regarde le Septentrion,
l'Occident et le Midi , avec un oratoire dé
dié à Marie , où tout respire la piété et la
ferveur du premier sanctuaire érigé en
l'honneur de la sainte Vierge.
Cette montagne, couverte de bois, sin
gulièrement fertile par elle-même, a été
souvent abandonnée, tantôt à cause des
incursions des Sarrazins, tantôt à cause des
rapines des Arabes , qui ont souvent fait
déserter la montagne sacrée , parce qu'ils
emmenaient avec eux les religieux eux-
mêmes, pour exiger le prix de leur rançon.
Elle est maintenant à l'abri de ce danger,
dontla seule appréhension troublaitle repos
des solitaires.
Les solitudes du Carmel , différentes des
monastères, où l'on pratiquait la vie céno
INTRODUCTION. XJ
bitique, consistaient autrefois dans quelques
cellules , bâties dans un désert, sépare'eo
les unes des autres sans clôture , ayant seu
lement au centre un oratoire commun , où
les frères s'assemblaient pour les prières et
le service divin. C'est afin de conserver
l'esprit de cet ordre primitivement érémiti-
que , que chaque province des Carmes dé
chaussés doit avoir un désert , et au milieu
un hermilage, environné de cellules ou
maisonnettes, qui ne peuvent excéder le
nombre de vingt , ordinairement habitée»
par quelques religieux , qui y mènent une
vie très austère , et y gardent un silence
presque continuel. Au bout d'un m'ois ou
d'un an , suivant l'usage des lieux , ils re
tournent dans le monastère, ou passent dans
un autre désert, avec la permission des su
périeurs. Un des plus beaux hermitages des
Carmes était celui que Louis XIV fit bâtir
à une lieue de Louviers, au diocèse d'E
XI] INTRODUCTION.
vreux en Normandie. Il existait un hermi-
tage à Paris , dans l'enclos du couvent des
Carmes de la rue de Vaugirard , entre la
place des Carmes et la rue du Regard.
INTRODUCTION. Xttj
3.
Des Carmes.
Les Carmes sont un ordre religieux , qui
tire son nom et son origine de la montagne
du Carmel , habitée par les prophètes Elie
et Elisée. Les Carmes regardent ces deux
prophètes comme leurs patriarches ; et en
effet, dans l'office de la fête d'Elie, ap
prouvé par la Congrégation des Bits, Elic
est qualifié fondateur et instituteur de
l'ordre des pères du Carmel. Les premiers
Carmes ont vécu long-temps séparément
sur le mont Carmel , excepte ceux qui des
servaient, en communauté , la chapelle dé
diée à la sainte Vierge. Aimeric , légat du
saint-siége, en Orient, sous Alexandre III,
les avait réunis dans un monastère sur le
moni Carmel, auprès de la fontaine d'Elie.
Le B. Albert, patriarche de Jérusalem,
XIV INTRODUCTION..
ayant recueilli toutes les traditions des dif
férentes solitudes du Carmel, en forma un
corps , ou recueil de statuts ; c'est une for
mule ou plan de vie , c'est-à-dire une règle
qu'il donna en l2o5 aux pères du Carmel,
qu'il trouva réunis sous l'obéissance du
R. P. Brocard, leur prieur. Cette règle fut
approuvée par Hpnorius III, l'an 1226.
D'où l'on vqit que les Cannes étaient anté
rieurs au B. Albert.
Les Carmes portaient d'abord des habits
blancs ; mais le préjugé des Sarrazins ; qui
en prenaient ombrage , parce que chez eux
le blanc était un signe de noblesse, les ayant
forcés de le quitter, ils se revêtirent d'étoffes
rayées , à la manière des Orientaux ; et de
là vint qu'on les appelait : les pères Ra-
diuti, Stragulati, Birrati ou Barrés, à cause
de leur vêlement barré de diverses cou
leurs , selon le costume de l'Orient, où leur
ordre avait pris naissance. Plus tard ils re
INTRODUCTION. XV
prirent leurs manteaux blancs, qu'on voulut
leur disputer en Occident, mais que le pape
Martin V leur assura enfin irrévocablement,
ainsi que le nom de Carmes. Les papes les
ont appelés aussi les frères de la bienheu
reuse Vierge Marie , à cause de leur dévo
tion particulière à la Mère de Dieu , dont ils
ont été les premiers promoteurs sur le Car-
mel.
Il conste par des monuments authenti
ques de l'autorité publique et par les titres
de fondation des Carmes , rapportés par le
P. Lczana , au 3° tome des annales de l'or
dre, que, dès le commencement du huitième
siècle, d'où datent les fondations de Flo
rence et de Sienne , les pères du Carmel
avaient fondé en diverses contrées de l'Eu
rope plusieurs solitudes, pour leur servir
d'asile contre la persécution des Sarrazins ,
qui commença dès le septième siècle, au
rapport de S. Cyrille, général de l'ordre,
XV) INTRODUCTION.
dans son ouvrage : Deprocessuet variisrâ'
gulis Carmelitarum.
Les Carmes se sont réformés en trois
congrégations différentes : celle de la ré
forme dite de'Mantoue en Italie; celle de la
réforme de la province de Tours en France,
et celle des Carmes déchaussés en Espagne.
La congrégation deMantoue était composée
de 5o monastères , tous en Italie.
Suivant la dénomination adoptée partout
aujourd'hui , cet ordre se divise en deux
corps religieux distincts , savoir : les grands
Carmes ou de l'ancienne observance , et les
Carmes déchaussés (nu-pieds) ou de
l'étroite observance.
Les grands Carmes de France étaient de
la réforme de Tours et avaient , en France,
plus de 15o couvents, dépendants de huit
provinces, savoir : de Narbonne, de France,
d'Acquitaine , de Provence, de Toulouse,
de Gascogne, de Tours, des Gallo-Belges.
INTRODUCTION. XTtj
Leurs constitutions furent revues et corri
gées, en 1771, à Paris, dans le chapitre
national de l'ordre , tenu au grand couvent
dela place Mauberl, avec le consentement
et sous l'autorité de leur général Ximéuès;
approuvées par la bulle : Ineffabili Dei
bonitate du pape Clément XIV, en 1772;
autorisées la même année par Louis XV et
munies du sceau royal.
Les Carmes déchaussés ou de l'étroite
observance étaient de la réforme de sainte
Thérèse et de S. Jean de la Croix, divisés en
deux congrégations: celle d'Espagne, qui
ne s'étend pas hors de l'Espagne , et celle
d'Italie. Ce sont les Carmes déchaussés de
la congrégation d'Italie , que le pape Paul V
envoya en France, sous le règne de Lo;1is
XIII, qui leur permit de s'établir d'abord,
à Paris, rue de Vaugirard. La reine Marie
de Médicis posa, en 16l3, la première
pierre de leur église.
XVlij INTRODUCTION.
Le R. P. Hilaire avait établi une nou
velle réforme à Charenton , sous l'influence
de Mme Louise de France , religieuse car
mélite de S. Denys , dite en religion Thé
rèse de S. Augustin. Ce couvent, qui était
aussi régulier que s'il sortait- des mains de
sainte Thérèse , a offert , jusqu'à la des
truction des ordres en France , le spectacle
de la plus étonnante ferveur. Cette nouvelle
réforme fut autorisée par un bref du pape
Pie VI , (en date du ) que
S. Eminence le cardinal de Bernis avait
sollicité, par ordre du roi.
Le général des grands Carmes , de l'an
cienne observance, demeure, àRome, dans
le couvent de Ste.-Marie delia transpontina,
entre le Vatican et le château Saint-Ange.
Le général des Carmes déchaussés , de
l'étroite observance , réside au couvent de
Sainte-Marie delia scala, non loin de la
place du palais Farnèse.
INTRODUCTION. XIX
a.
Du Scapulaire.
Le scapulaire est aujourd'hui une partie
de l'habillement de plusieurs ordres reli
gieux , qui se met par-dessus leur robe ;
il est composé de deux bandes de drap ,
qui couvrent le dos et la poitrine , et qui
pendent jusqu'aux pieds. Ceux des frères
lais ou convers ne vont que jusqu'aux ge
noux. On l'appelle scapulaire, parce qu'il
repose sur les épaules ; il dérive du mot
latin scapula.
Le scapulaire des Carmes est le seul qui
jouisse des prérogatives que la sainte Vierge
y a attachées , en le donnant à cet ordre
privilégié.
On distingue , chez les Carmes , le grand
et le petit scapulaire.
Le grand scapulaire des religieux est
dans le fond le même que celui de la con
XX- INTRODUCTION.
frérie de Notre-Dame du Mont-Carmel ; il
n'en diffère que par la grandeur et la
forme.
Le petit scapulaire est propre aux con
frères seulement, soit religieux d'un autre-
ordre, soit ecclésiastiques ou laïques, admis
et inscrits dans la confrérie. On l'appelle
le petit habit parce qu'il consiste en deux
petits morceaux de drap de deux pouces
environ en carré, qui sont attachés par
deux cordons ou rubans. C'est celui-ci que
portent les confrères du scapulaire en
s,igne de dévotion envers la sainte Vierge.
1° Le scapulaire doit être d'un drap de
laine , d'une couleur tannée ou café , car
melite ou brune; en deux parties unies par
un passement ou cordon de fil , ou de
coton, de soie, ou de laine, à la volonté
de chacun absolument.
2° L'image peinte ou imprimée de la
sainte Vierge, qui est cousue ordinairement
INTRODUCTION. XX]
au scapulaire , n'est pas nécessaire; c'est
un usage pieux et louable : le scapulaire
simple , sans ornement , suffit pour gagner
les indulgences.
3° On doit toujours porterie scapulaire,
jour et nuit; il doit pendre d'un côté, ou des
deux côtés , le cordon appuyé sur les épau
les , selon l'origine du mot scapulaire. On
ne le porte pas en poche, mais autour
du cou; en dessus , ou en dessous des vête
ments , au gré d'un chacun.
4° Le premier scapulaire dont on a été
revêtu , au premier jour de sa réception
dans la confrérie , a dû être bénit par un
religieux Carme , ou par un prêtre muni
des pouvoirs nécessaires; mais les autres sca-
pulaires peuvent ne pas être bénits.On peut,
par précaution, en conserver plusieurs, bé
nits ou non bénits , pour en changer à son
gré , selon le besoin et les occasions , afin de
ne pas s'en trouver dépourvu s'il venait à
s égarer.
XXlj INTRODUCTION.
De l'Office et de la Fête de Notre-Dame du
Monl-Carmel.
Benoît XIV assure que , lorsque le saint-
siége accorde quelque nouvel office d'un
saint ou d'une fête particulière , il ne com
pose les légendes qu'à la suite d'un mûr
examen et d'après des monuments ou des
faits authentiques ( traité de canonizatione
sanclorum , partie i, livre 3, chap. 8,
n» 8, etc. , et part. 2 , livre 4 , chap. io ,
n° 6) ; et il s'exprime dans les termes sui
vants ( dans le traité defeslis , tome 2 ,
part. 2, page 338 -33g) : « Il en est de
même pour l'office et la messe de la solen
nité de Notre-Dame du Mont-Carmel; ce
n'est qu'à la suite de savantes controverses
et de discussions approfondies , que le
INTRODUCTION. XXIIJ
saint-siége a établi , par un décret solen
nel , la fête de Notre-Dame du Mont-Car-
mel , avec un office et messe propres pour
toute l'Eglise. Sixte V avait déjà approuvé
cette fête pour l'ordre des Carmes , en
i 587 ; et Paul V , par un décret de la
Congrégation des Rits, avait introduit,
dans l'office de la fête, de nouvelles leçons,
revues par le vénérable et docte Bellarmin,
( comme on peut le voir dans l'ouvrage :
Claris aurea du P. Paul de tous les Saints,
page i80). Dans des temps plus rappro
chés de notre siècle , les souverains pontifes
étendirent la fête , avec la concession de
l'office, à des villes, des provinces et des
royaumes, pour déférer aux instances des
évêques , aux sollicitations des rois et des
princes, et au vœu des peuples , ( comme
il est constant par les actes de la Congré
gation des Rits , et par les décrets qui se
trouvent au tome 2 du bullaire des Carmes ,
XXIV INTRODUCTION.
pages 6i4 , 627 , 632', 636). Benoît XIV ,
dans l'ouvrage de la Canonisation des saints,
livre 4, partie 2 , chap. 8, n° i0, où il
avait dit déjà la même chose , nous apprend
que, lorsqu'il n'était encore que promo
teur de la foi , il avait été question d'éten
dre la fête et l'office à toute l'Eglise, d'a
près la demande du roi de France ;
Benoît XIII , déférant au vœu du roi très-
chrétien, l'étendit à toutel'Eglise catholique,
ayant toutefois fait insérer dans les leçons
du a" nocture quelques clauses , à l'abri de
toute équivoque , pour obvier de plus eu
plus aux difficultés qui auraient pu renaî
tre ; et la Congrégation des Rits a fait de
même pour les leçons de l'office du B. Si
mon Stock , afin de terminer toutes les
controverses.
La seule messe de Notre-Dame du Mont-
Carmel , approuvée par Benoît XIII , est
celle dont l'introït est : Gaudeamus (S.
INTRODUCTION. XX
Congrégation des Rits , n° 38g4 , page 22o
du tome 4)-
La fête de Notre-Dame du Mont-Carmel
est fixe au 16e jour du mois de juillet; elle
ne peut être transférée au dimanche sui
vant (S. Congrégation des Rits , n° 3328 ,
page 275, tome 3).
A l'époque où Louis XV sollicitait le
souverain pontife pour l'extension de l'of
fice de Notre-Dame du Mont-Carmel dans
toute l'Eglise et par conséquent pour la
France, le pieux archevêque de Paris,
monseigneur de Vintimille , voulait que ,
dans le nouveau bréviaire de Paris qu'il
devait faire imprimer pour son diocèse , on
insérât ( sans égard au projet de ré
forme pour la plupart des offices) , l'office
de Notre-Dame du Mont-Carmel, comme
un office privilégié au 16 juillet. Nous igno
rons par quelle raison ce vœu de son cœur
est demeuré sans effet , surtout lorsque le
XXVJ INTRODUCTION.
roi lui-même en avait hâté , à Rome , la
concession , par ses instances. Du reste on
en faisait l'office à la chapelle du roi , au
jour fixé pour toute l'Eglise.
INTRODUCTION. XXVtj
6.
De la controverse sur l'origine primitive et
les privilèges de tordre de Noire-Dame
du Mont- Carmel.
C'est rendre hommage à la vérité, que
d'en séparer jusqu'à l'ombre même de l'er
reur; c'est respecter et défendre la Religion
que d'éclaircir tout ce qui semble douteux
ou équivoque ; mais, lorsque l'autorité de
l'Eglise s'est expliquée , toute controverse
doit cesser ; il faut savoir se soumettre et se
taire : le silence assoupit les différends , et
la paix règne dans les cœurs. C'est ce qui
est arrivé, entre les Jésuites et les Carmes,
touchant la question de l'origine et des
privilèges des Carmes. Le P. Papebroeck,
savant 'jésuite, avait, .dans les Actes des
Saints de l'édition des Bollandistes, dont
il était le continuateur, donné, à l'ordre des
xxviij iNTRODCcnoir.
Carmes , une origine nouvelle et un fonda
teur nouveau. L'ouvrage fut déféré , par
les Carmes, d'abord à la Congrégation ro
maine de VIndex, puis à l'inquisition d'Es -
pagne. Le P. Sébastien de S.-Paul donna
alors au public un ouvrage plein d'érudition
intitulé : Exhibilio errorum quos Papebro-
chius in notis ad acta sanctorum commisit ,
où il signala plus de 2000 erreurs, échap
pées au savant éditeur. L'inquisition d'Es~
pagne condamna les notes du P. Pape-
broeck : celui-ci demanda un nouvel exa
men, et fit paraître une réponse : Responsio
ad exhibitionem errorum, etc. Dans l'inter
valle, le tribunal de l'inquisition, fatigué de
cette affaire , défendit également les écrits
pouret contre; etle saint-siége mit fin à cette
longue querelle , en imposant silence aux
deux parties , sur la question de là primi
tive origine de l'ordre du Carmel. Depuis
cette époque, le saint-siége, dans l'office de la
INTRODUCTION. XXIX
fête d'Elie , qui a été approuvé par la Con
grégation des Rits , qualifie Elie, fondateur
de l'ordre du Carmel ; et , lorsque tous lès
ordres religieux obtinrent de placer , dans
l'église de Saint-Pierre de Rome, les statues
de leurs fondateurs , les Carmes s'empres
sèrent d'y placer celle d'EKe , au bas de
laquelle on lit aujourd'hui cette inscription :
« L'ordre entier des Carmes à son fondateur
Elie. » Universus Carmelitarum ordo fun-
datorisuo Elice. Ainsi se termina cette pre
mière controverse.
Une nouvelle controverse, touchant deux
privilèges de cet ordre, vint de nouveau
mettre les deux parties en présence. Con
sultons Benoît XIV, dont le jugement,
toujours le fruit et l'expression d'une sage
critique , fait loi aujourd'hui dans ces sortes
de matières ; et parcourons le récit qu'il en
fait, dans le traité de/estis, partie 2°, art.
73 , tome a, p. 3ao, et suivantes.
2.
XXX INTRODUCTION.
« Au 1 3e siècle , dit-il , mourut le B. Si
mon, homme d'une grande sainteté de vie.
Long-temps avant sa mort, la sainte Vierge
lui avait apparu , et lui avait donné le sca—
pulaire comme une distinction de l'ordre du
Carmel et le gage de sa protection spéciale.
5o ans après, elle apparut au pape Jean
XXII, et l'avertit de plusieurs grâces d'in
dulgences qu'elle avait obtenues de son divin
fils pour les confrères et consœurs de son or-
dre.Le pape Jean XXIIen fit la promulgation
le 3 mars de l'année 13?.3 , par une bulle ,
dite Sabbatine , pour la raison que nous fe
rons connaître ci-après. Le privilège de
cette bulle a été confirmé par les souve
rains pontifes Clément VII , Pie V , Gré
goire XIII ; et la bulle, quoiqu'elle ne soit
pas insérée dans le bullaire romain , a été
imprimée dans plusieurs ouvrages, et se
trouve dans le bullaire des Carmes , que le
P. Elisée Monsignani , procureur-général
INTRODUCTION. XXXj
de l'ordre, a donné au public. (1re partie,
page 61 , etc.)
Le docteur Launoy , dans son ouvrage :
[De Simonis Stochii visa , de Sabbatinœ
Bullce privilegia et de scapularis Carmeli-
tarum sodalitate dissertationes quinquc ,
mis à l'index par le décret du 29 mai
169o), avait attaqué, avec une fureur in
croyable, les deux privilèges de l'ordre,
fondés sur la vision du B. Simon et sur la
bulle de Jean XXII. Deux Carmes, le P.
Daniel de la Vierge Marie (dans ses deux
ouvrages: Vinea Carmeli , et speculum
Carmclitarum) ; lé P. Paul de tous les
Saints (dans l'ouvrage : Claris aureà) , ainsi
que le P. Théophile Raynaud , jésuite ,
tome y" de ses ouvrages, prirent en main la
défense des deux privilèges. Le P. Pape-
broeck, au contraire, sembla d'abord se ran
ger du côté du docteur Launoy ; mais ,
vivement pressé par le P. Sébastien de S.
XXXIJ 1NTR0DUCTION.
Paul , qui dressa une accusation sévère
contre lui, il ne put s'empêcher de se discul
per (dans la 3e partie de ses réponses) , en
reprenant d'abord toute la suite des contro
verses soulevées entre les Carmes et lui ,
pour faire voir qu'il n'avait eu, dans ces
discussions , que des procédés pleins de
droiture et d'équité; mais il soutint d'abord,
au sujet de la vision du B. Simon , que ,
s'il avait dit que cette vision avait paru
suspecte à Launoy , il n'avait jamais dé
claré qu'il adhérait à l'opinion de Launoy
( 1™ partie de ses réponses à la 2" , 3e et 4e
accusation); ensuite, dans la continuation
de l'ouvrage des Bollandistcs , en parlant
du B. Simon , au 16 mai , il se plaignit de
ce que les Carmes ne lui avaient pas commu
niqué la vie du saint par le P. SuWauing-
ton , auteur contemporain , pour éclairer
son jugement par l'examen de cette pièce.
Le P. Papebroeck avoue néanmoins qu'il
INTRODUCTION. XXXttj
nvait en effet cru , avec Launoy , que la
bulle du pape Jean XXII était supposée.
( ire réponse à l'article 3, section i5c.)
Voilà donc les deux questions agitées
entre les savants controversistes :
La vision du B. Simon est-elle vraie ?
L'e privilège de la bulle de Jean XXII
est-il authentique ?
« i° La vision du B. Simon est véritable ,
continue Benoît XIV , et il ajoute : Nous
pensons que tout le monde doit la regarder
aussi comme véritable.
» En effet, le P.Suwanington, compagnon
et secrétaire du B. Simon, la rapporte fidè
lement , et il atteste l'avoir apprise de sa
propre bouche : « J'écrivais, dit-il, quoique
indigne, sous sa dictée. » L'autographe a été
long-temps renfermé dans les archives du
couvent de Bordeaux ; il en a été retiré à
l'époque des contestations ; et le P. Jean
Chéron , prieur du couvent, l'a fait impri
XXXIV INTRODUCTION.
mer dans son ouvrage : Vindiciœ scapu-
laris, page 157, etc.
« Il est parlé de cette vision dans le bré
viaire romain (office de Notre-Dame du
Mont-Carmel) ; et quoique dans les leçons,
il y soit dit seulement que la sainte Vierge
donna au B. Simon le céleste habit du sca—
pulaire, comme un signe distinctif de Vor
dre et une sauve-garde contre les périls ,
sans faire mention du privilège que celui
qui mourra (pieusement) , revçtu de ce sca~
pulaire, sera préservé des feux de l'Enfer;
ce silence ne préjudicie en rien à la vérité
de la vision. » (En effet, depuis, dans l'office
de S. Simon Stock, ce privilège y est rap
porté tout au long, avec le mot piè , pieuse
ment. Dans le principe le mot piè n'avait
pas été inséré ; mais l'absence de ce mot
ayant nécessité beaucoup d'explications et
fait naître beaucoup de difficultés, il a été
mis dans la légende de l'office du B. Stock
INTRODUCTION. XXXV
approuvé parle saint-siége , afin de termi
ner toutes les contestations. )
» Au reste, dit Benoît XIV, le P. Da
niel de la Vierge Marie, dans l'ouvrage:
Speculum Carmelitarum, tom. 1, part, 2,
page 433 , a donné une interprétation par
faite du sens orthodoxe de ce privilège ,
ainsi que le P. Paul de tous les Saints dans
l'ouvrage : Claris aurea , part. 1 , ch. 12 ;
et le P. Papebroeck a déclaré, avec cette
candeur d'âme qui lui est propre , qu'a
près avoir lu la relation du P. Suwaning-
ton , il n'avait trouvé rien d'équivoque ou
de répréhensible dans la vision , et au n° 38
des explications que les Carmes donnent au
privilège : In quo (/1ris moriens œternum
non patietur incendium, il ajoute : « Je n'y
vois plus aucune difficulté. Car les PP. Car
mes donnent une interprétation si accommo
dante à ce privilège , qu'il est désormais à
î'abri de toute sorte de censure, et qu'il
XXXVj INTRODUCTION.
n'autorise nullement, dans les pécheurs im
pénitents , une fausse confiance pour leur
salut, comme plusieurs l'avaient supposé
dans leurs calomnies. »
. %° « Le privilège de la bulle de Jean
XXII est incontestable. »
Car la bulle de Jean XXII promet que
la sainte Vierge retirera des feux du pur
gatoire les confrères de Notre-Dame du
Mont-Carmel le premier samedi après leur
mort , et c'est la raison pour laquelle on
l'appelle bulle Sabbatine; or, sans nous ar
rêter aux arguments appuyés sur des choses
invraisemblables , par exemple que l'on
n'a jamais retrouvé l'original autographe,
etc. , il nous suffira d'avertir que lorsque,
dans le Portugal, il s'éleva à l'occasion de
cette, bulle une foule de contestations ,
propagées depuis dans tout l'univers , dont
le P. Paul de tous les Saints nous a donné
l'histoire dans le Claris nurea, part. 2 ,
INTROnUCTIOK. XXXVÏj
ehap. i5,Paul V termina toute contro
verse par un décret, auquel le docteur
Launoj lui-même ne put refuser ni son
approbation , ni des éloges. Le voici tel
que Benoît XIV l'a extrait du bullaire
des Carmes (tome i , page 62 , et tome 2,
page 60i). « On doit permettre aux Car-
» mes de publier , dans leurs prédications ,
» que le peuple chrétien peut croire pieu-
» sement , au sujet du soulagement des
» âmes des confrères, décédés dans la
» charité , que la sainte Vierge aidera de
,, sa continuelle intercession, de ses suffra-
» ges , de ses mérites et de sa protection
» spéciale, après leur mort, et principale-
» ment le samedi , jour qui lui est consa-
» cré , les confrères qui auront porté le
» scapulaire pendant leur vie, gardé la
» chasteté propre à leur état, récité le
« petit office, ou qui, ne pouvant pas le
» réciter, auront observé les jeûnes de
3
XXXVIlj INTRODUCTION.
» l'Eglise et l'abstinence des mercredis et
» samedis, excepté le jour de Noël. »
« Les leçons du 2e nocturne de la fête
de Notre-Dame du Mont-Carmel, dans le
bréviaire romain , sont conformes à ce
décret. On y lit que les âmes des fidèles ,
qui , admis dans la confrérie du scapulaire,
auront observé pendant leur vie les œuvres
de dévotion qu'elle prescrit , seront aidés
par la sainte Vierge le plus promptement
possible (quantociàs) après leur mort,
pour passer du purgatoire dans le séjour
du ciel , selon une pieuse croyance , ul piè
creditur. »
Concluons donc , avec Benoît XIV , dont
nous avons extrait tout cet article, que,
puisque toutes les difficultés qui pouvaient
naître de la vision du B. Simon et de la
bulle Sabbatinc ont été totalement éclair-
cies par de savants controversistes et réso
lues par le décret de Paul V , et que d'ail
INTRODUCTION. XXXIX
leurs, au milieu de toutes ces contestations,
personne n'a ose improuver la dévotion à
Notre-Dame du,Mont-Carmel, enrichie de
de tant de précieuses indulgences par les
papes , et favorisée de tant de miracles ,
par l'intercession de Marie; il s'ensuit né
cessairement , d'après l'aveu même du plus
consciencieux adversaire, le P. Pape-
broeck, (part. 2e de ses réponses, art. 2o,
11° 28) que quiconque oserait aujourd'hui
révoquer en doute la solidité de la dévotion
du scapulaire de Notre-Dame du Mont-
Carmel, ou nier les grâces et les privilèges
dont elle a été enrichie par plusieurs sou
verains pontifes , ou fermer les yeux aux
merveilles multipliées que le ciel a fait
éclater en sa faveur, celui-là serait un
contempteur superbe de la Religion : Im-
probus porrà sk , qui neget , multis roma-
norum pontijicum gratiis et privilegiis or-
natam, multis etiam divinis beneficiis
xl INTRODUCTION.
comprobatam fuisse istam scapularis ma
riant religionem.
MANUEL
DE LA
CONFRÉRIE DU SCAPULAIRE.
rasnuiE partis.
MANUEL
CONFRÉRIE DU SCAPULAIRE.
PREMIERE PARTIE.
Origine et progrès de VOrdre et de la
Confrérie du Mont-Carmel.
CHAPITRE PREMIER.
Origine des Ordres Religieux.
L'illustre apologiste du christianisme ,
M. de Chateaubriand , a tracé un magnifi
que tableau de l'origine et de l'antiquité des
ordres religieux , dans le 3e livre de la 4e
partie du Génie du christianisme, intitulé:
Origine de la vie monastique.
« Il faut convenir, dit-il , que la vie mo
nastique a quelques droits à notre admira
tion. Elle remonte aux premiers âges du
2 MANUEL
monde. Le prophète Elie, fuyant la corrup
tion d'Israël, se retira le long du Jourdain,
où il vécut d'kerbes et de racines, avec quel
ques disciples.... Cette source des ordres
religieux nous semble assez merveilleuse.
Que n'eussent point dit les poètes de la
Grèce,' s'ils avaient trouvé pour fondateur
des colléges sacrés un homme ravi au ciel
dans un char de feu, et qui doit reparaître
sur la terre au jour de la consommation des
siècles ?
De là, la vie monastique, par un héri
tage admirable , descend à travers les Pro
phètes et S. Jean-Baptiste , jusqu'à Jésus-
Christ, qui se dérobait souvent au monde
pour aller prier sur les montagnes... "Sous
S. Paul, S. Antoine et S. Pacôme, parais
sent ces saints de la Thébaïde qui remplirent
le Carmel et le Liban des chefs-d'œuvre de
la pénitence. Une voix de gloire et de mer
veilles s'éleva des plus affreuses solitudes :
des musiques divines se mêlaient au bruit
des cascades et des sources ; les séraphins
visitaient l'anachorète du rocher ou enle
vaient son âme brillante sur les nues ; les
DO SCAPULAIBE. S
lions servaient de messagers au solitaire , et
les corbeaux lui apportaient la manne cé
leste. Des cités jalouses virent tomber leur
réputation antique : ce fut le temps de la re
nommée du désert.
Marchant ainsi d'enchantement en en
chantement dans l'établissement de la vie
religieuse, nous trouvons (en Orient) une
seconde sorte d'origines locales , c'est-
à-dire certaines fondations d'ordres et de
couvents : ces origines ne sont ni moins
curieuses ni moins agréables que les pre
mières.
Et que de choses admirables l'Occident
nenousmontre-t-il pas, à son tour, dans les
fondations des communautés !... Les cœurs
tendres auront, dans ces origines de cou
vents, de quoi se satisfaire
Les persécutions contribuèrent d'abord à
peupler les solitudes. . . Des congrégations se
formèrent dans les forêts et dans les lieux les
plus inaccessibles. Les plaines fertiles étaient
en proie à des sauvages qui ne savaient pas
les cultiver, tandis que sur les crêtes arides
des monts habitait un autre monde , qui ,
i man-Cel DU SCAPtltAIRE.
dans ces rochers escarpés, avait sauve
comme d'un déluge , les restes des arts et
de la civilisation. Mais, de même que les-
fontaines découlent, des lieux élevés pour
fertiliser les vallées ; ainsi les premiers ana
chorètes descendirent peu-à-peu de leurs
hauteurs pour porter aux Barbares la parole
de Dieu et les douceurs de la vie. »
M. de Chateaubriand , en traçant ce ta
bleau de l'origiue des ordres religieux , a
ébauché celui de l'origine de l'ordre du
Carmel , qui a toujours reconnu le prophète
Elic pour son fondateur, le Carmet pour
son berceau , et les vertus des premiers mo
dèles des mœurs monastiques comme une
partie de son héritage , et le plus bel apa
nage de sa succession.
CHAPITRE SECOND.
Ancienneté et célébrite de l'Ordre de Notre-
Dame du Monl-Carmel.
Les bonnes œuvres font Ia gloire du chris
tianisme et en sont la meilleure apologie;
c'est pourquoi les hérétiques comme les in
crédules n'ont rien omis pour rendre sus
pectes et odieuses toutes les associations
qui tendent à les multiplier. Croirait-on que
la plus ancienne de toutes , l'association des
frères du Mont-Carmel , dont l'origine se
perd dans la nuit des temps , a fourni ,-
dans son antiquité même, le prétexte de
toute sorte de railleries, provoquées par les
contes ridicules dont on a environné l'obs
curité de son berceau; on lui a épargné,
il est vrai], les invectives, que l'on a prodi
guées à d'autres aggrégations , parce que
l'esprit inoffensif du Carmel, ami de la
retraite et du silence , de la prière et de
6 MANCE1
l'humilité , n'a pas éveillé des soupçon*
d'orgueil et d'ambition ; mais on a outré les
preuves de son antique origine , et inventé
une succession de profès et de généraux
de l'ordre , que l'on a été chercher au mi
lieu de l'idolâtrie comme dans la vraie re
ligion , parmi les pontifes de l'ancien Tes
tament comme parmi les philosophes et les
rois du paganisme, dans l'olympe même
des faux dieux , et dans le temple des prê
tres des idoles et des vestales du feu sacré.
Bizarre et impie amalgame ! qui paraîtrait
incroyable si un abbé Musson , dans un
ouvrage intitulé : ordres monastiques, con
damné par le saint-siége (Décret de l'Index
du i4 avril i755), n'avait, de son propre
aveu, pris à tâche de réunir toutes ces
fables comme s'il les approuvait, et d'y ajou
ter même des contes (Traité préliminaire,
page 28). Le bon sens a suffi pour faire
justice de ces rêveries inouies , qui néan
moins , par une singulière providence,
n'ont pu affaiblir ni altérer le respect des
peuples pour cette antique institution du
Carmel ,
DU SCAPULMRE. 7
En effet , quoique même des hommes
graves , auteurs de dictionnaires théologi-
ques et historiques , ou historiens eux-mê
mes, imbus de préjuges contre le Carmel,
n'aient pas rendu justice à l'antiquité de
cet ordre, la vérité s'est fait jour à tra
vers les préventions et les réticences,
comme à travers les critiques et les attaques
en tout genre ; et ce n'est pas sans raison
que l'on s'étonne aujourd'hui que ces au
teurs, si distingués d'ailleurs par leurs lu
mières, aient traité si légèrement ce point
de controverse , tandis qu'on a vu le plus
grand adversaire des Carmes, le P. Pape-
broeck , rendre hommage lui-même à l'an
tiquité de cet ordre; et le docte cardinal
Bellarmin , après un examen sévère et con
sciencieux , faire consigner son origine an
tique dans l'office de Notre-Dame xlu Mont
Carmel, comme une pieuse tradition, digne
du respect des peuples. Ce jugement de
l'Eglise sera notre guide et notre boussole
dans cet ouvrage , comme conforme à toutes
les bulles émanées du saint-siege, quisem
8 MANUEL
blent avoir définitivement fixé l'opinion de
toute la chrétienté.
Nous allons rapporter ici , pour l'instruc
tion des fidèles et la garantie de nos asser
tions, les leçons du deuxième nocturne de
la fête de Noire-Dame du Mont-Carmel, rédi
gées sous la sage influence du cardinal
Bellarmin , relatées dans le décret de la
Congrégation des Rils du 20 juin i609,
approuvé et sanctionné par Paul V.
Légende de lafêle de Notre-Dame du Mont--
Carmel.
Leçon IF'.—k Le saint jour de la Pente--
côte, lorsque les apôtres, inspirés d'en haut,
parlaient diverses langues et faisaient des
prodiges par la seule invocation du nom
de Jésus , beaucoup d'hommes qui , selon
la tradition , avaient suivi les exemples des
sain (s prophètes Elie et Elisée , et avaient
été préparés à la venue de Jésus-Christ par
la prédication de S. Jean-Baptiste, s'étant
convaincus de la vérité de la doctrine des
apôtres et de leurs miracles , embrassé-
DU SCAPULAIRE. 9
ruiit la foi évangélique, et commencèrent à
honorer, d'uue tendresse si filiale , la très-
sainte Vierge, qu'ils purent jouir, avec un
bonheur indicible , du charme de sa pré
sence et de sa conversation , tant qu'elle
vécut , et ils furent, après sa mort, les
premiers qui élevèrent une chapelle en
l'honneur de Marie, au lieu même du Mont-
Carmel , où le prophète Elie avait vu une
nuée brillante , symbole de cette Vierge
auguste , s'élever vers les cieux.»
Leçon V,—« Assidus, chaque jour, à se
rassembler souvent dans la nouvelle cha
pelle, ils y honoraient, par toute sorte de
prières, de cantiques et de pieux exercices,
la très-sainte Vierge, comme auguste protec
trice de leur ordre ; c'est pourquoi on com
mença dès-lors à les appeler partout les frè
res de Notre-Dame du Mont-Carmel ; et les
souverains pontifes confirmèrent non-seule
ment ce titre , mais ils accordèrent des in
dulgences particulières à ceux qui en déco
raient l'ordre ou ses membres. La sainte
Vierge, si magnifique envers cet ordre par
ce titre glorieux et parla protection dont elle
10 MANUE!
l'environnait, le fut encore davantage par
le privilège du saint scapulaire qu'elle donna
au bienheureux Simon, Carme anglais, afin
que ce céleste habit devînt comme un signe
distinctif de l'ordre du Carmel et une sauve
garde contre les périls. L'ordre du Carmel
avait été autrefois inconnu en Europe ; beau
coup de personnes, par ce motif, en sollici
taient la suppression auprès d'Honorius III ;
mais la très-sainte Vierge apparut en songe
à Honorius, et lui ordonna d'accueillir avec
bienveillance cet ordre et ses membres.»
Leçon VI.— « La sainte Vierge, dont la
puissance et la bonté sont si efficaces , ne
borna pas au siècle présent les faveurs et les
prérogatives qu'elle prodigua à un ordre qui
lui était si agréable et si cher ; elle voulut
encore , par un effet de sa sollicitude et de
sa tendresse maternelle , pourvoir dans le
siècle futur , au salut de ceux de ses enfants ,
qui, admis dansla confrérie duS. scapulaire,
et fidèles à pratiquer une légère abstinence ,
ou à réciter quelques prières, garderaient la
chasteté propre à leur état ; et elle leur pro
mit de les consoler. dans le purgatoire, après
DU SCAPULAIRE. Il
leur mort; ce qui a donné lieu de croire
pieusement que Marie leur obtient de Dieu
l'entrée du Ciel, le plus promptement possi
ble. C'esten mémoire de tant de bienfaits que
cet ordre privilégié célèbre, tous les ans, la
fête solennelle de Notre-Dame du Mont-
Carmel, en l'honneur de son auguste pa
tronne.» •
D'aprèsce tableau (del'ordre prophétique
d'Elie) qui est conforme à tout ce que la tra
dition sacrée et profane nous a laissé de mo
numents à l'appui , il paraît incontestable
que , sous la loi, il y a eu une succession de
disciples d'Elie, qui se sont maintenus tout
le temps de la synagogue , et n'ont pas péri
sous ses ruines. Aussi tout homme sensé se
fait honneur aujourd'hui d'adopter un senti
ment que plusieurs pères de l'église grec
que et latine , S. Basile et S. Grégoire de
Nazianze, S. Jérôme et S.Ambroise ont ren du
respectable ; et les souverains pontifes l'ont
autorisé par des bulles, dont l'autorité con
vainquit Suarez, et lui fit envisager toute
autre preuve ultérieure comme superflue.
Il paraît probable que ce fut en l'annéc1oo
1 2 mandkL
de l'ère chrétienne que le Carmelcommença
à se peupler de nouveaux religieux et à atti
rer la vénération même des payens.Ces reli
gieux s'accrurent encore en l'année 4oo, lors
qu'une foule de moines se retirèrent dans la
Palestine , sur le Mont-Carmel ; où, dans le
silence et la prière, ils embrassèrent, avec
ferveur, tous les exercices de la vie reli
gieuse , les uns dans des solitudes séparées ,
les autres dans quelques réunions de leurs
frères. LeB. Albert, patriarche de Jérusa
lem , leur donna une règle sous l'autorité
d'Innocent III, vers l'an 12o5 : elle fut ap
prouvée par Honorius III , mitigée ensuite
par Innocent IV , et modi fiée pour l'habille
ment par Honorius IV. C'est cette règle
jointe aux constitutions des" frères de Notre-
Dame du Mont-Carmel de l'ancienne obser
vance, dits les grands Carmes, qui a été re
vue et corrigée à Paris, dans la congrégation
nationale de l'ordre, en l'année 177o.
DU SCAPULAIBE. i 3
TABLEAU SUCCINCT
Des Bulles ou Decrets approbatifs du Saint-
Siége, enfaveur de l'Ordre et de la Con
frerie du Mont-Carmel.
L'histoire des Carmes , depuis S. Albert ,
ne souffre plus aucune diff1culté historique
qui puisse donner lieu à la moindre criti
que; mais des écrivains obstinés se sont
plu à regarder comme l'époque de la
naissance de l'ordre du Carmel , l'année de
la règle de S. Albert (12o5), qui n'est tn
effet que l'année de sa renaissance. Il suf
fit de présenter ici la liste des papes qui
ont tous favorisé cet ordre, et quelques-
uns plus de 4oo an9 avant l'époque de
S. Albert, pour convaincre tout homme de-
bonne foi.
Léon IV 847
Adrien II 807
Etienne V 885
Scrgius III 904
14 MANUEL
Jean X 914
Jean XI 931
Grégoire V 996
Sergius IV 1009
Alexandre II 1061
Grégoire VTI. ........ 1073
Lucius III 1181
Grégoire VIII 1187
Clément III. . ....... 1187
Honorius III 1217
Innocent IV. ....... 1247
Clément IV 1265
Honorius IV . 1285
Benoît XI 1303
Jean XXII 1322
Urbain VI 1378
Alexandre V 1409
Nicolas V 1447
Sixte IV 1477
Clément VII 1528
1530
Paul III 1534
S. Pie V . 1566
Grégoire XIII 1577
Sixte V 1587
DU SCAPULàIRE. ' 1 5
Paul V 1606
1609
1614
Grégoire XV 1621
Urbain VIH 1624
Clément X 1670
1670
1672
1672
1673
1674
Innocent XI 1676
La Congrégation des Rits , 1 609
et 1628.
La Congrégation du S. Office , 1613.
La Congrégation des Indulgences, 1675
et 1818.
CHAPITRE TROISIEME. v
Institution de la Confrérie de Notre-Dame
du Mont-Carmel.
La confrérie de Notre-Dame du Mont-
Carmel a pris naissance , comme l'ordre
lui-même , sur cette sainte montagne. L'af-
fluence des fidèles sur le Carmel, leur
empressement pour fréquenter l'oratoire
de Marie , et pour y assister aux saints of
fices et aux pieux exercices des religieux ,
leur assiduité constante aux assem
blées ou réunions particulières , tout
concourait à former entre eux des liens
étroits d'une sainte confraternité ; d'où est
résultée la confrérie de Notre-Dame du
Mont-Carmel. Il serait difficile d'eu fixer
l'origine précise; mais elle est antérieure
assurément à l'année' 847 , époque où le
pape Léon IV lui accorda des indulgences.
La confrérie de Notre-Dame du Mont-
Carmel est donc la plus ancienne des con
MANUEL DU SCAPULAIRE. 17
fréries, comme elle a toujours été la plus
favorisée de Dieu , de la sainte Vierge et
du saint-siége.
Les religieux du Carmel , célèbres de
puis tant de siècles dans la Palestine, pas
sèrent d'Orient en Occident et vinrent
édifier l'Europe par leurs vertus , dans les
premières années du treizième siècle , vers
l'an 1212 , avant l'époque des croisades de
S. Louis, pour se soustraire aux persécu
tions des Sarrazins. Les uns s'arrêtèrent
en Italie, les autres en France : quelques-
uns passèrent en Angleterre, où il fondè
rent deux hermitages dans des lieux déserts.
Deux seigneurs anglais, qui avaient connu
ces religieux en Palestine, leur firent bâtir,
plus tard, deux hermitages. Le premier,
Jean, lord Vcscy , fonda celui de Holme
dans la forêt du même nom , près d'Al-
newich dans le Northumberland ; et le
second, Richard, lord Graj de Codnor,
fonda celui d'Aylesford , près de Rochester,
dans le comté de Kent : ces deux hermi
tages devinrent fort célèbres et répandirent
au loin l'odeur de leurs vertus.
18 MANUEL
Cet ordre, néanmoins , confine' dans des
solitudes , était encore peu connu; mais
S. Louis , au retour de sa première expé
dition dela Terre-Sainte,ayant amené de la
Palestine de nouveaux religieux Carmes ,
l'ordre et la confrérie commencèrent à se
répandre dans l'Occident. Le pieux monar
que avait été si frappé de la vie angélique que
ces solitaires menaient en Asie, où, malgré
les fréquentes incursions des Sarrasins ,
ils s'étaient maintenus dans les cavernes du
Mont-Carmel , qu'il crut faire un riche pré
sent à la France que de les y propager.
Il ne fut pas trompé dans son attente. Les
déserts se peuplèrent d'anges innombra
bles qui vivaient dans des corps mortels ,
sans tenir à la terre : les solitudes sauvages
fleurirent; et les villes appelèrent, dans
leur enceinte , les religieux du Carmel , qui
se montrèrent autant d'apôtres dans tous
les lieux de la France , où le saint roi les
avait établis; mais leur zèle s'y trouvant
dans des bornes encore trop resserrées ,
quelques-uns se retirèrent dans les monas
tères de leur ordre en Angleterre , où d'au
DU SCAPULA1RE. 19
très les avaient précédés , et où Dieu leur
avait préparé , depuis plusieurs années, en
Ia personne du bienheureux Simon Stock ,
un des plus grands saints et des plus beaux
ornements de leur ordre.
CHAPITRE QUATRIÈME.
Origine de la Confrerie de Scapulaire.
La confrérie de Notre-Dame-du-Mont-
Carmel, la plus ancienne de toutes les con
fréries, la source et le modèle des autres, a
reçu un nouvel éclat et le plus prodigieux
accroissement par le privilège singulier du
scapulaire dont elle porte aujourd'hui le
nom. Ce don du ciel , la gloire du Carmel,
la récompense de la dévotion de l'ordre au
culte de la sainte Vierge, devenu depuis la
marque distiuctive de la confrérie, la pré
cieuse livrée des confrères , le gage glorieux
deleur adoption parmi les enfants de Marie,
et l'instrument de tant de merveilles , fut le
fruit des prières du B. Simon.
Le B. Simon Stock , issu de la famille
illustre des barons de ce nom, en Angle
MANUEL DU SCAP0LÀ1BE. 21
terre, naquit en 1164, dans le comté de
Kent, au châleau d'Hcstford, dont son
père était gouverneur; et il reçut sur les
fonts de baptême le prénom de Simon.
Le nom de Stock n'est pas, comme l'ont
cru plusieurs auteurs, un nom dérivé, par
étymologie , du mot anglais Stock , qui veut
dire tronc darbre, et donné au B. Si
mon, parce qu'il s'était retiré dans le creux
d'un arbre ; ce nom est le nom d'une famille
distinguée. L'histoire de l'église d'Angle
terre parle d'un Jean Stock , religieux do
minicain , docteur de Cambridge, et d'un
Guillaume Stock , moine du célèbre monas
tère des Albons : le premier cousin , le se
cond neveu de B. Simon. Les centuries des
écrivains illustres d'Angleterre placent, avec
les plus grands éloges,au nombre de 1/jo doc
teurs célèbres de l'ordre des Carmes, Pierre
Stock , petit-neveu du B. Simon , lequel ,
en 1 382 , fut choisi par Guillaume de Cuw-
nay , archevêque de Cantorbery , pour faire
l'examen et la censure de la doctrine de
Wiclef.
Illustre par sa naissance , le B. Simon ne
4
22 MANUEL
tarda pas à le devenir encore plus par sa
piété. Dès son enfance il se sentit un attrait
si marqué pour la solitude et un goût si vif
pour les rigueurs de la pénitence, qu'on ne
saurait en général donner une plus juste
idée des austérités de sa vie qu'en les com
parant à celles de Jean-Baptiste au désert.
A peine Simon eut-il atteint l'âge de douze
ans, que, faisant un divorce éternel avec le
monde, il se retira dans la forêt des seigneurs
de Toubersville dans le comté de Kent,
près d'Oxford , où il n'eut pour logement
•que le creux d'un arbre immense, 'dont la
cavité lui offrit un asile , et un sanctuaire
où il dressa un oratoire , orné d'un crucifix,
d'une image de Marie et du psautier de
David : il n'eut d'autre vêtement que des
peaux de bêtes ; d'autre nourriture, que des
herbes et des racines sauvages ; d'autre
boisson, que l'eau du rocher; d'autre exer
cice du corps , que ses macérations ; d'autre
occupation, que la méditation et la prière;
d'autre conversation, que dans les cieux.
Les auteurs de sa vie assurent qu'il vit
renouveler, au sein de sa solitude , les mer
DU SCAPULAIRE. 25
reilles de la Thébaïde. L'animal domesti
que du château voisin , messager fidèle ,
conduit par un instinct miraculeux , lui
apportait le pain de plusieurs jours: comme
le corbeau, devenu intelligent, le portait au
saint hermite Paul ; les anges du Seigneur
lui apparaissaient, comme autrefois ils visi
taient l'anachorète du désert ; la Vierge
immaculée venait elle-même le consoler;
et son âme ravie , dans une présence intime
avec Dieu , et dans de sublimes communi
cations , jouissait des douceurs ineffables
d'un paradis anticipé.
Il y avait déjà vingt ans que le B. Simon
menait, dans sa retraite, cette vie céleste ,
lorsque la sainte Vierge lui révéla (en l'an
née 1 196,) l'existence des pères du Carmel
en Angleterre , et le lieu où il les trouve
rait. Après lui avoir témoigné combien cet
ordre lui était cher, elle lui ordonna d'y
entrer. Simon se hâta d'obéir aux ordres
du ciel, cl joignit ces fervents religieux,
dont la sainteté et la doctrine jetaient déjà un
grand éclat en Angleterre. Il fut accueilli
par eux , comme aurait pu l'être un ange
24 MARUEL
descendu du ciel. Il reçut du B. Alain ,
prieurdela solitude, le sainthabitde l'ordre ;
et après un noviciat court et fervent , il fit la
profession solennelle des vœux religieux.
Aussitôt que leB. Simon se vit associé à la
famille de la très-sainte Vierge dans l'ordre
du Carmel, il souhaita d'aller visiter les
saints lieux que Jésus-Christ a sanctifiés
pendant sa vie mortelle, par sa présence et
ses travaux évangéliques. A peine avait-il en
cela satisfait sa dévotion , qu'il se rendit au
Mont-Carmel , pour y puiser ce double es
prit , que le prophète Elie a laissé à ses en
fants , et qui se trouve là comme dans sa
source. Il y demeura six ans, pendant les
quels sa vie fut presque une continuelle
extase. On assure que , durant cet es
pace de temps, la sainte Vierge daigna
pourvoir elle-même à sa nourriture d'une
manière toute miraculeuse. Simon ne pou
vait plus se résoudre à quitter un si saint
lieu , le berceau de l'ordre et le premier
sanctuaire de la dévotion à Marie; mais Dieu
lui ayant fait connaître que sa sainte volonté
était qu'il allât répandre ailleurs le feu sa-
DU SCAPULAiRK. 25
cré dont il venait d'être embrasé sur le
Carmel, il retourna en Angleterre; et le
nombre des merveilleuses conversions qu'il
y opéra fut d'autant plus prodigieux , que
ses prédications , déjà soutenues parla sain
teté de sa vie, étaient encore appuyées par
des miracles. On ne pouvait concevoir com
ment il avait la force , surtout parmi tant de
macérations , de résister à des travaux si
multipliés. Mais, quoiqu'il eût été alors élu
sixième général de l'ordre pour succéder
au B. Alain, cinquième général latin des
Carmes, ce nouveau poids, ajouté à tant
d'autres , n'empêcha pas qu'il ne fût tou
jours également appliqué aux fonctions du
zèle , et toujours également assidu à passer
une grande partie du jour et de la nuit en
prières.
Sa grande peine était de voir qu'en ce
monde on soit communément si peu touché
des maux de l'autre vie. Il ne pouvait pen
ser ni aux supplices éternels des réprouvés
dans l'enfer, ni aux horribles tourments des
âmes justes dans le purgatoire, sans se sentir
les entrailles émues de la plus vive coin
26 MAHcex
passion. Il aurait souhaité quelque faveur
singulière de la sainte Vierge pour préser
ver les hommes de ce malheur. Sans cesse
il avait recours à cette mère de miséricorde,
pour en obtenir cette grâce. Enfin , après
quelques années de vœux et de prières ,
de soupirs et de larmes, de jeûnes et de
veilles , qu'il offrait dans cette double vue ,
il eut la consolation d'être exaucé d'une
manière surprenante , au-delà de toutes
ses espérances. Voici quelle en fut l'occa
sion.
Quoique les enfans du Carmel fussent
sous la protection de la mère de Dieu , ce
pendant ils*furent en butte à toute sorte de
préventions , d'injustices , de clameurs et
de contradictions; une persécution violente
éclata bientôt , soulevée par les passions
les plus viles de la jalousie et de la calom
nie. Tandis que l'orage grondait de toutes
parts contre l'ordre du Carmel, leB. Simon,
plein de confiance en Marie , au milieu de
la plus horrible tempête, ne cessa de la
conjurer de prendre sa cause en main et
de soutenir les intérêts dela famille qu'elle
DU SCAPUtAIRE. \ 27
avait adoptée et favorisée en tant d'occa
sions : « O Marie, disait-il , vous nous avez
adoptés pour vos enfants, montrez que vous
êtes notre mère : monslra le esse matrem;
vous êtes notre espérance, puissions-nous
triompher par votre secours et vous appeler
notre sauve-garde et notre salut : Spes
noslra, salve ; ô Vierge sainte, donnez-moi
un signe de votre prédilection pour votre
ordre qui puisse étonner nos adversaire»
et confondre vos de'tracteurs : fac mecum
signumin bonum, ut videant quioderuntme
et confundantur (ps. 85,v. 16)j et il lui adres
sa la belle prière \flos Carmeli etc., que les
Carmes adressentsi souventà la sainte Vier-
ge,leur reine et leur patronne, en substituant
aux paroles : da privilegia , ces mots: eslo
propitia. (Voyez, dans la troisième partie, la
prose de la messe de Notre-Dame du Mont-
Carmel. )
Ainsi priait ce saint religieux, portant,
dans un cœur vaste,toutes les douleurs de ses
frères. Enfin sa persévérance fut couronnée,
et sa prière , comme celle d'Elie , ouvrit les
cieux et en fit descendre la reine des anges.
28 MANUEL
Au moment où son âme s'élevait dans une
sublime contemplation , la sainte Vierge lui
apparut , environnée d'une multitude d'es
prits célestes, tenant en main le scapulaire
del'ordrejetelleleluiremiten lui adressant
ces paroles: «Reçois, mon cherfils,ce sca-
» pulaire de ton ordre , comme le signe dis-
» tinctif de ma confrérie , et la marque du
» privilège que j'ai Obtenu pour toi et les en-
» fants duCarmel : celui qui mourra pieuse-
j, ment revêtu du scapulaire, sera préservé
» des feux éternels; c'est un signe de salut,
» une sauve-garde dans les périls , etle gage
» d'une paix et d'une protection spéciale
» jusqu'àla fin des siècles. » La sainteVierge,
avant de disparaître, avertit le B. Simon de
députer quelqu'un vers le Vicaire de son fils,
Innocent IV , qui ne manquerait pas de re
médier auxmaux de Tordre , comme il le fit
en effet. L'annonce de cette nouvelle faveur
mit le comble à la joie que le saint éprou
vait déjà d'une si belle promesse. Mais quel
que magnifique que fût cette première pro
messe , ce n'était encore là qu'une partie
de ce que le B. Simon avait demandé. Pour
DU SCAPULAIRE. 29
l'exaucer pleinement, la sainte Vierge lui fit
une seconde promesse , en faveur des reli
gieux Carmes et des confrères du scapulaire,
et , pour la mieux constater , ce fut cette
lois au pape Jean XXII qu'elle apparut.
Elle lui dit, selon la teneur même de la bulle :
« Jean , vicaire de mon fils , vous m etes re-
» devable de la haute dignité où vous êtes
» élevé par mes sollicitations pour vous, au-
» près de mon fils; et , comme je vous ai
» soustrait aux embûches de vos adversaires,
» j'attends de vous une ample et favorable
» confirmation du saint ordre des Carmes,
•, qui a pris naissance au Carmel , et qui ,
« descendant d'Elie et d'Elisée, m'a tou-
» jours été singulièrement dévoué ... et
» si , parmi les religieux ou confrères , qni .
» quitteront le siècle présent, il s'en trouve
» dont les péchés auraient hâté l'entrée dans
» le purgatoire, je descendrai, comme leur
» tendre mère , au milieu d'eux , dans le
» purgatoire , le samedi après leur mort ; je
» délivrerai ceux que j'y trouverai ; et je
» les ramènerai , sur la montagne sainte ,
» dans le séjour heureux de la vie éternelle» »
50' manuel du scapulaire.
Yoilà, dit-on, deux promesses bien sin
gulières et bien avantageuses, dont la sin
gularité peut faire naître des doutes, et
dont les avantages peuvent faire craindre
des abus. Ce sont là les deux difficultés
que la mauvase foi, l'ignorance ou la ma
lignité n'ont pas craint de soulever, pour
affaiblir la dévotion des peuples envers la
sainte Vierge et pour combattre en parti
culier celle du scapulaire : il suffira, pour
éclaircir ces promesses, d'en prouver la vé
rité et la catholicité , leur certitude et leur
orthodoxie, conformes à la sainteté des plus
pures maximes de la religion : deux points
de controverse à approfondir, pour la con
solation des fidèles, afin de détruire toute
•imputation odieuse et toute fausse interpré
tation, qui induiraient les fidèles dans l'er
reur.
CHAPITRE CINQUIEME.
-Orthodoxie des promessesfaites en faveur
de la Confrerie du Scapulaire.
Nous rougissons vraiment d'être obligé
«le prouver l'orthodoxie des promesses de
Marie; mais, dans un siècle où l'on veut
voir tout éclairci , nous devons- tout expli
quer , parce que nous sommes redevables à
tous , aux croyants et aux mécréants , aux
savants et aux ignorants; nous allons donc
donner une explication orthodoxe des deux
promesses.
1°.
Explication de la promesse de prcservation
de l'Enfer.
La première promesse a trait aux peines
-éternelles de l'enfer; c'est une promesse
de préservation. La sainte Vierge annonce
32 MANUEL
aux religieux et confrères du scapulaire
que celui qui mourra dans ce saint habit
ne l Souffrira pas les peines éternells ;
voyons quel eu est le sens propre.
l°. La sainte Vierge ne peut promettre
qu'en quelque état que meure un confrère
duscapulaire,ilne laissera pasd-'ëtre sauvé,
quand même il mourrait dans l'état de pé
ché , pourvu seulement qu'il meure avec le
scapulaire. Cette interprétation serait révol
tante ; or, de même que, pour gagner une
indulgence plénière , il faut être en état de
grâce, soit dans, le cours de la vie, soit à
l'article de la mort , de même il faut ici
sous-entendre le motpiè (que l'Eglise a aj oulc
dans la légende de l'office de la fête du
B. Simon , et que les Carmes eux-mêmes
ont soin d'ajouter maintenant pour pré
venir toute équivoque) : ainsi , on doit dire
que celui. qui mourra pieusement dans ce
saint habit ne souffrira pas les peines éter
nelles : in quo quis piè moriens œtérnum
non patietur incendium. En effet, pour
mieux faire comprendre le véritable sens
de la promesse de préservation , commen-
DU SCÀPULA1RK. 55
vons d'abord par demander à tout fidèle de
bonne foi , si , lorsque Jésus-Christ a dit
que celui qui croira et sera baptisé sera
sauvé (Marc, c. 16. ) , cela signifie qu'un
adulte n'a pas d'autres devoirs à remplir ;
et que, quand il vivrait 1oo ans, sans faire
aucune bonne œuvre , il sera sauvé , pour
vu seulement qu'il ait la foi et le baptême ?
assurément ce serait tirer une fausse con
séquence de la proposition du fils de Dieu.
De même, quand Jésus-Christ a dit :
celui qui mangera ma chair et qui boira
mon sang aura la vie éternelle, a-t-il voulu
dire qu'il suffit de communier, et qu'en
quelque état que l'on communie , même en
état de péché, on obtiendra la vie éternelle ?
cette pensée seule ferait horreur. Il fautdonc
raisonner de la promesse de préservation
de Marie , comme des deux promesses du
fils de Dieu ; et dire que, comme le fils n'a
prétendu accorder le salut qu'à ceux qui
joindront les autres devoirs de chrétien aux
deux préceptes qu'il nous impose, de même
la sainte Vierge n'a promis de s'intéresser
<jue pour ceux-là seulement, qui joindront
34- MANUEL
aux devoirs des confrères les devoirs plus
essentiels encore de chrétiens. Car il ne
suffit pas d'être confrère de nom seule
ment , d'avoir reçu le scapulairc , de s'être
fait inscrire dans la confrérie, d'en rem
plir même les obligations extérieures , par
la ponctualité à observer les réglements, et
l'assiduité à assister aux exercices de la
confrérie ; il faut encore éviter le péché et
ne pas s'exposer à être surpris par la mort,
dans l'état de péché mortel ; on reconnaît
là un vrai serviteur de Marie. Les con
frères sans doute ne sont pas impeccables ,
mais ils doivent être disposés à ne pas
vivre ou persévérer dans le péché, et s'a
dresser à la sainte Vierge , pour en sortir :
alors celte tendre mère leur obtiendra la
grâce de ne pas être surpris de la mort en
état de péché mortel ; fallût-il, en bien des
occasions, par une protection miraculeuse ,
écarter de funestes accidents, pour les pré
server de la mort; ou prolonger la vie aux
malades, pour leur ménager un moment
favorable de conversion et de salut : voilà le
sens naturel et le seul légitime de la pre
DU SCAPULAIRE. 35
mière promesse de Marie : et ce n'est que
dans ce sens que l'on peut s'écrier comme
saint Anselme (dans ses allocutions célestes,
n° 27) : Aucun vrai serviteur de Marie ne
peut périr, parce qu'il est impossible, ô
Marie, que celui qui s'adresse à vous pé
risse jamais. Cliens Mariœ nullus œternùm
peril:... o beatissima ;.. omnis ad te con
venus impossibile est ut pcreat.
2° Mais tout confrère ne pcut-il pas se
regarder comme assuré de son salut , en
portant toujours le scapulaire , sans jamais
le quitter ni jour ni nuit? Non assurément :
nul homme ne peut avoir cette assurance ;
car nul ne sait s'il est digne d'amour ou de
haine : nemo scit an amore aut odiodignus
sit. Rendons cette vérité sensible par deux
exemples.
Jésus-Christ promet l'exemption des flam
mes à tout pécheur qui confessera ses pé
chés ; s'ensuit-il de là qu'au sortir du con
fessionnal tout pécheur puisse s'assurer
d'éviter l'enfer ?
Le souverain pontife accorde une indul
gence plénière, c'est-à-dire la remise entière
56 MANUEL
des peines temporelles dues au péché , à tous
ceux qui rempliront les conditions prescrites
par sa bulle. Des milliers de fidèles tâchent
de se conformer à ces conditions , pour
gagner l'indulgence plénière : s'ensuit-il de
là qu'il y en ait un seul parmi eux , qui
puisse s'assurer que toute peine temporelle
due à ses péchés , lui a été remise ? . . . que
faudrait-il donc, même en exécutant de
point en point tout ce qui est prescrit , pour
être assuré pleinement d'avoir obtenu l'in
dulgence promise? Il faudrait que ceux qui
ont été confessés et ont communié, pussent
être certains d'avoir fait une confession et
une communion parfaites, et d'avoir rempli
toutes les conditions de la bulle, avec toutes
les dispositions requises;or personne ne peut
avoir cette assurance sans une expresse ré
vélation , sur laquelle on ne peut compter.
Il en est de même des confrères du sca—
pulaire , même les plus exacts à leurs de
voirs.Pourêtre certains d'avoir part à la pro
messe de la sainte Vierge, il faudrait qu'ils
pussent s'assurer d'avoir rempli tous leurs
devoirs avec les dispositions requises. Ils peu
DU SCAPULAIRE. 37
vent éprouver une grande confiance, conce
voir une vive espérance,avoir même quelque
fois une espèce d'assurance morale d'y avoir
part ; mais ils ne peuvent en avoir une as
surance totale , que par suite d'une formelle
et expresse révélation.
2°.
Explication de la promesse de Délivrance
du Purgatoire.
La seconde promesse concerne les peines
du purgatoire : c'est une promesse de dé
livrance. La sainte Vierge promet aux con
frères qu'elle viendra les délivrer le samedi
après leur mort; or cette promesse a paru
suspecte à quelques esprits ombrageux ,
pour deux raisons bien peu solides.
l° Pourquoi, dit-on, un terme fixe et un
jour marqué , auquel tout confrère sera
délivré du purgatoire? Cette difficulté prouve
déjà combien la critique est injuste, et avec
combien peu de fondement on a attaqué ces
38 MANUEL
promesses. Qu'il nous suffise ici , pour toute
réponse , de produire un seul exemple :
les bulles même, où les souverains pontifes
accordent des indulgences plénières ou les
indulgences extraordinaires du jubilé. La
comparaison sera d'autant plus sensible,
que , dans ces bulles des papes comme dans
la seconde promesse de la sainte Vierge , il
s'agit expressément et uniquement de la
délivrance, ou même de l'exemption des
peines du purgatoire.
En effet, est-ce que les bulles d'indulgence
plénière ne fixent pas un jour précis, au
quel on pourra gagner cette indulgence?
ce jour est tellement fixe, que c'est ce jour-
là nommément, et non un autre jour, qu'on
peut la gagner. Ce jour spécial doit être
connu de tous les fidèles qui voudraient en
profiter : les pre'dicateurs l'annoncent d'a
vance, dans les chaires, et on l'affiche
même aux portes de l'église. C'est ainsi
que, dans tous les ordres religieux , il y a
une indulgence plénière affectée au jour de
la fête du saint fondateur ; et , sans sortir
de notre sujet, n'y a-t-il pas , tous les mois ,
DU fCAPVLAlBF.. 59
une indulgence plénière pour le S. scapulai-
re, attachée au premier dimanche de chaque
mois ; il faut donc nécessairement , ou que,
contre la foi de l'Eglise, on nie la validité
des indulgences , parce qu'il y a commu
nément un jour affecté pour les gagner ; ou
qu'en l'admettant , comme tout catholique
y est obligé , on admette aussi la promesse
de la sainte Vierge, quoiqu'elle indique le
jour où elle doit s'effectuer.
2° Le court intervalle qui peut se trouver
entre le jour du décès d'un confrère et le
premier samedi d'après sa mort ne peut-il
pas favoriser le relâchement dans la péni
tence ?... Ceux qui ont les premiers ima
giné cette difficulté , peuvent-ils ignorer que
la puissance de Dieu pourrait faire souf
frir, aux âmes du purgatoire , en un mo
ment, un tourment égal en intensité à
celui de la durée de plusieurs jours, mois
ou années, s'il n'avait pas résolu d'abréger
le temps, en faveur du patronage de Marie ;
les confrères ne peuvent donc se prévaloir
de cette réduction du temps, pour se relâ
cher sur les œuvres satisfaetoires qu'ils dei
40 MANUEL
vent accomplir pour l'expiation de leur»
péchés. D'ailleurs leur confiance en la dé
livrance de Marie ne peut être fondée que
sur leur ferveur dans l'accomplissement de
leurs devoirs; et Marie n'usera jamais de
son crédit auprès de son (ils que pour les
confrères qui , assidus à .leurs devoirs , sont
jaloux de l'honorer par leurs vertus. La
dévotion du scapulaire , loin d'être relâchée
dans ses principes et dans ses effets , pré
vient le péché , retire les confrères de tous
les désordres , leur inspire la pureté de leur
état, et l'amour de la prière, de la pénitence
et de la piété la plus solide comme la plus
fervente.
Qui pourrait maintenant se persuader
que Marie, qui est toute puissante par ses
prières, n'aurait pas assez de crédit auprès
de Dieu même , pour obtenir la délivrance
des âmes du purgatoire , ni le droit d'en
assignerle jour lorsque Dieu l'y a autorisée ?
Ne peut-elle donc , du haut du ciel , comme
mère du fils de Dieu , ce que peuvent les
papes sur la terre , comme vicaires de Jésus-
Christ , surtout lorsque , selon l'ordre
DU SCAPULAIRE. 41
établi dans la sainte Eglise, elle fait les papes
eux-mêmes confidents, dépositaires et exé
cuteurs ou promulgateurs de ses promesses
et de ses faveurs?
CHAPITRE SIXIEME.
Certitude des deux Promesses.
On ne peut douter que la sainte Vierge
ait réellement fait les deux promesses au
B. Simon et au pape Jean XXII ; car deux
sortes de voix s'unissent pour en attester la
certitude : l'autorité de Dieu , et celle de
l'Eglise.
1° L'autorité de Dieu, En effet, Dieu
n'autorise jamais l'erreur et le mensonge
par des miracles ; il répugne même à sa
sainteté qu'il puisse le faire ; or , de toutes
les pratiques de piété qui ont été inspirées
pour honorer la mère de Dieu, il n'en est
aucune, sans exception, qui ait été plus vi
siblement autorisée jde Dieu par des mira
cles. Combien de fois' un scapulaire jeté au
milieu d'un vaste embrasement, n'a-t-il pas
comprimé toul-à-coup l'ardeur des flammes
ou éteint les plus violents incendies, ga
ranti jusqu'aux habits de ceux qui le por—
MANUEL DU SCAPULAIBE. 45
taient sur eux, et paru lui-même incom
bustible au milieu des plus ardents bra
siers ? Combien de fois n'a-t-il pas écarté la
foudre, ou préservé des atteintes du ton
nerre ? Combien de fois n'a-t-il pas protégé
ceux qui en étaient revêtus, soit en les sau
vant du naufrage, soit en les arrêtant ou en
les tenant comme suspendus en l'air, au-
dessus d'affreux précipices ? Combien de
fois il a dissipé, de violentes tentations,
amorti des coups meurtriers et guéri des
maladies incurables?
2°. L'autorité de l'Eglise. Que n'ont pas
fait les souverains pontifes pour ne laisser
dans les esprits aucun doute sur la vérité de
ces promesses? Consulté sur la première,qui
regarde les flammes de l'enfer, Jean XXII
déclare dans une première bulle faite ex
près, en 1316, l'avoir examinée au poids
du sanctuaire et l'avoir trouvée très-véri
table: quant à la seconde, qui concerne les
peines du purgatoire, il atteste que c'est
personnellement à lui que la sainte Vierge,
dans une apparition, a fait cette promesse.
Pour mieux attester la chose, il donne
U- MANUEL BU SCAPULAIRE.
une seconde bulle, en 1 322, où il renouvelle
la première. Près d'un siècle après, Alexan
dre V fait sur le même sujet une bulle
en 14og, où il confirme celle de Jean XXII;
Paul V en donne une plus explicative en
core en 16o6, suivie de deux autres ; en un
mot, sans parler de dix-huit papes qui ont
fait des bulles en faveur de l'ordre du Mont-
Carmel, on en compte au moins quinze, de
puis Jean XXII, qui se sont expliqués,
dans le même sens, au sujet de la confrérie
du scapulaire , dans des jugements so
lennels. On en nomme un plus grand nom
bre encore qui se sont fait une loi de porter
toujours sur eux le scapulaire jusqu'à la
mort.
CHAPITRE SEPTIEME.
Progrès de F Ordre des Carmes sous la
protection de Marie.
Les pères du Carmel jouissaient en paix,
à l'ombre de leurs solitudes, du titre glo
rieux de frères de Notre-Dame du Mont-
Carmel que la sainte Vierge leur avait donné
et que les souverains pontifes avaient con
firmé, lorsque tout-à-coup il éclata contre
eux une de ces persécutions violentes que
l'enfer seul peut susciter aux amis de Dieu
et aux serviteurs de Marie. Cet ordre, quoi
que encore peu répandu en Europe et moins
connu que ceux qui y avaient prisnaissance,
excita néanmoins la jalousie des uns et la
persécution des autres. La fureur et l'achar
nement contre cet ordre furent tels, que
l'on osa faire les plus vives instances à Ho
norais III, non seulement pour ôter à l'or
dre le titre approuvé du saint-siége, dont
il avait été décoré, mais pour le détruire et
46 MANUEL
l'annuler entièrement avec ses priviléges,
sous prétexte qu'il n'avait pas été confirmé
encore, en définitive, par la bulle pontificale
de confirmation. Honorius III , d'abord
irrésolu, puis fortement déterminé, se dis
posait à prononcer la destruction de l'ordre
du Carmel, lorsque dans la nuit, la sainte
Vierge lui apparut, non avec un visage doux
et serein, mais avec un regard sévère et
menaçant, et l'avertit qu'ayant pris sous sa
protection spéciale l'ordre du Carmel, qui
portait son nom, elle lui intimait de ne défé
rer, en aucune manière, aux instances de
ses conseillers perfides , mais d'honorer et
de favoriser son ordre, d'en confirmer la
règle, le titre etles priviléges;et elle ajouta:
« Non est adversandum in his dum jubeo,
» nec dissimulandum dum promoveo Ma
» volonté doit être exécutée sans réplique
» comme sans délai » ; car cette nuit même
vos deux conseillers intimes, les plus grands
adversaires de mon ordre, chargés de pré
parer le bref de destruction que leur haine
a provoqué, seront tous les deux frappés
d'une mort imprévue au milieu de leur son" -
-y
00 SCAPULAIRE. 4-7
mcil. Le pape Honorius III, instruit, à son
réveil, de la mort subite des deux person
nages de sa cour, fut saisi tout-à-la-fois d'é
pouvante et d'étonnement. 11 fit assembler
aussitôt le sacré collége des cardinaux, leur
raconta la vision de la nuit, ainsi que le ré
sultat de la révélation de la sainte Vierge,
qui s'était vérifiée, dans la nuit même, par
la mort funeste des deux cardinaux
qu'elle lui avait prédite ; et, en plein con
sistoire, il approuva l'ordre de Notre-Dame
du Mont-Carmel, par une bulle spéciale, et
en confirma le titre, si jalousé et si contrarié
par ses ennemis. C'est en mémoire de ce
prodige, que l'on a institué depuis la fête
solennellede Notre-Dame du Mont-Carmel,
fixée au 16 juillet.
MANUEL
CONFRERIE DU SCAPULAIRE.
SECONDE FABTII.
MANUEL
CONFRÉRIE DU SCAPULAIRE.
SECONDE PARTIE.
De la Devotion du Scapulaire.
Pour^bien apprécier une dévotion, avant
de se déterminer à l'embrasser , il faut la
connaître à fond , savoir quels sont les en
gagements que l'on doit contracter, et les
avantages qui doivent en résulter pour le
salut de son âme; il faut donc, pour appré
cier la dévotion du scapulaire, connaître
parfaitement l'excellence de cette dévotion
et les devoirs qu'elle impose , ses avantages
et ses pratiques.
CHAPITRE PREMIER.
Excellence de la Dcvotion du Scapulaire.
Une dévotion justifiée par la raison, con
sacrée par l'autorité , confirmée par la tra
dition , autorisée par des miracles , favorisée
par le concours unanime des fidèles , en
richie enfin des plus précieuses indulgences
de l'Eglise et des priviléges les plus magni
fiques, ne peut être qu'une très-excellente
dévotion. Or la dévotion du scapulaire
réunit tous ces titres; envisageons-les avec
un sentiment de foi , nous y trouverons la
plus éclatante justification, la sanction la
plus solennelle et' le plus magnifique té
moignage des faveurs du ciel.
MANUEL DU SCAPULAIRE . 53
ARTICLE PREMIER.
La Dévotion du Scapulaire de Notre-Dame
du Mont - Carmel est justifiee par la
raison.
En effet , la dévotion à Marie est un de
ces premiers principes de religion , inné
dans le cœur des fidèles ; c'est un dévoue
ment d'amour , d'estime et de vénération ,
qui lui est dû à toutes sortes de titres ; mais
peut-on se flatter d'être dévoué à quel
qu'un , quand on se borne à des sentiments
stériles? Le vrai dévouement ne peut se
contenir au dedans ; il doit se produire au
dehors , porter les livrées de ce qu'il aime ,
en cbérir les gages , en faire trophée : car
le dévouement est ingénieux et inépuisable
dans les inventions de son amour ; or voilà
précisément les effets de la dévotion du
scapulai1e. On solennise des fêtes en l'hon
neur de Notre-Dame du Mont-Carmel ; on
porte le scapulaire ou la livrée du manteau
5-4 MANUEL
de Marie; on forme une association de
prières et de saints exercices. Il n'y a rien
en cela que de conforme à la plus saine
raison.
i°. On solennise des fêtes pour célébrer
les bienfaits reçus du ciel ; or rien de plus
ordinaire dans toutes les religions et dans
tous les pays. Le paganisme avait ses fêtes;
la loi Juive en prescrivait aussi : les fêtes de
pâque , de pentecôte , des tabernacles , de
Judith , d'Esther , étaient des jours mémo
rables chez le peuple de Dieu. Les princes
solennisent le jour de leur couronnement ,
les particuliers le jour de leur naissance,
les peuples les jours de leurs triomphes :
l'Eglise compte aussi par des fêtes les bien
faits qu'elle a reçus de Dieu : pourquoi la
confrérie du scapulaire ne consacrerait-
elle pas des jours de fêtes en l'honneur de
Marie , sa mère, et de ses fondateurs ?
2 . On porte le scapulaire de Marie ; or
cet usage ne blesse en rien les coutumes de
la société civile ou religieuse.
L'envisagez-vous comme la marque d'une
association ? les agents du prince, le magis
DU SCAPULAIRE. 55
trat ou le soldat , comme les ministres du
Seigneur, n'ont-ils pas des habits qui les
distinguent ?
Le regardez-vous comme une distinction
d'ordre? la croix des ordres civils ou mili
taires, de Malte, de Notre-Dame du Mont-
Carmel , de S.-Lazare, de S. -Louis, la
Toison-d'Or, les cordons bleus ou rouges,'ne
sont-ils pas des distinctions de ces corps ?
pourquoi ne s'houorerait-on pas des livrées
de Marie ?
Est-ce un signe à vos yeux , pour rap
peler ou un engagement, ou la mémoire
d'un fait? Les Juifs ne portaient-ils pas des
franges au bas de leurs robes, pour con
server le souvenir de la loi? Un serviteur de
Marie peut-il ne pas adopter un signe qui
lui remet sous les yeux la mémoire de l'ob
jet révéré de ses hommages.
Enfin le portez-vous comme un gage des
bontés de Marie, ainsi que l'on porte les cor
dons de S. François et le rosaire de la sainte
Vierge ? N'en doutez pas , vous y trouverez
aussi un gage précieux des faveurs et privi
léges qu'elle a daigné promettre à l'associa
5G mahuel
tioD , au nom de son divin (ils: hoc tui or-
dinis scapulare , mea confraternitatis sig-
num, tibiet cunclis carmelitis privilegium.
3°. On forme une pieuse association pour
honorer Marie , et pour lui présenter un
concert unanime de louanges ; on s'entr'aide
par des prières communes , on s'édifie par
des exemples réciproques, on est soutenu,
encouragé par de saintes exhortations. C'est
l'image de la ferveur qui animait la charité
des premiers chrétiens, lorsque, unis par
les liens d'une même foi , ils environnaient
le tombeau des martyrs , ou l'autel des
saints mystères ; c'est l'image dela réunion
des fidèles Israélites aux solennités du
temple pour y invoquer le Dieu de leurs
pères, ou des captifs de Babylone, dans
l'enceinte de ses murs, pour se consoler de
leur exil. Pourrait-on rougir de faire partie
d'une si sainte confrérie, dans un temps où
l'on se fait gloire de faire partie de tant d'as
sociations, dont quelques unes sont assuré
ment moins utiles , et dont plusieurs sont
dangereuses.
DU SCAPULAIRE. 57
ARTICLE SECOND.
La Dévotion du Scapulaire a été consacrée
par l'autorité de l'Eglise.
L'autorité de l'Eglise doit être, en tout,
la règle de nos sentiments et de notre con
duite, de notre foi et de nos mœurs ; et
c'est par la voix des souverains pontifes
qu'elle nous transmet ses oracles ; or les
chefs augustes de l'Eglise ont été les pro
moteurs et les défenseurs les plus zélés de
la dévotion du scapulaire. En effet , sans
parler des 18 papes qui, avant le pape
Jean XXII , ont donné des bulles en fa
veur de l'ordre de Notre-Dame du Mont-
Carmel, on compte, y compris Jean XXII
lui-même , \\ papes qui ont publié des
bulles, en faveur dela confrérie du S. sca
pulaire.
( Innocent XI a ratifié le décret de la
congrégation des indulgences du 22 mars
6
58 MANUEL
1678, en faveur de la confrérie du scapu-
laire.
Et Pie VII a approuvé le décret des
indulgences pour les confrères, en date du
13 juillet 1818.
Antérieurement à Jean XXII, le pape
Innocent IV, en confirmant l'ordre des
Carmes parsa bulle de 1247, avait, dit-on,
approuvé de vive voix la confrérie du Car-
1nel ; et Urbain IV, dans sa bulle : Vobis
ad hoc, du 8 mai 1262, semblait avoir eu
en vue les confrères du scapulaire : nous
en faisons seulement ici la remarque , afin
de n'offrir aucun prétexte d'altérer la date
de l'époque présumée de l'origine du sca
pulaire. )
1° Jean XXII est le premier qui ait
donne une bulle explicite par laquelle il
confirme l'indulgence obtenue de Jésus-
Christ par la sainte Vierge, en faveur des
confrères du scapulaire: « J'accepte, dit-il,
je corrobore et je confirme sur la terre cette
indulgence que Jésus-Christ a daigné ac
corder, dans les cieux, à cause des mérites
de sa sainte mère. Istam ergo sanctam in
DU SCApula1re. 59
dulgentiam accepto, roboro, ac in terris
conjirmo, sicut propler merita Virginis ma-
tris graliosè Christus concessit in cœlis.n
Cette bulle, qui commence par ces mo1s :
Sacratissimo uti culmine,donnée en 1316,et
renouvelée le 3 mars 1322, fut déposée
dans les archives de l'ordre, en Angleterre,
comme l'atteste un écrivain , antérieur au
schisme anglican, Paléonidore, dans ses
antiquités du Carmel : on en conservait une
copie dans le Ilainaut.
2° Urbain VI se montra également favo
rable à la confrérie dans sa bulle de
13-78.
3° Alexandre V , convaincu, après un
mûr examen , de l'authenticité de la bulle
sabbat in r, nous assure que lui-même il a vu
et examiné, avec tout le soin possible, la
bulle de Jean XXII ; et qu'il l'insère en en
tier dans sa bulle, pour la confirmer plei
nement et en donner une certitude irréfra
gable. Ce sont les paroles mêmes du com
mencement de sa bulle du y décembre 1 4o9:
Tenore cujusdam privilegii felicis recor-
dationis Joannis vigesimi secundi, ordini
60 MANUEL
Carmelitarumconcessi, per nos visi et dili—
genter inspecli, ut de ipso in poslerum ple-
nior certitudo habeatur. On trouve la bulle
d'Alexandre V dans le bullaire de l'ordre,
dans celui de Rodericus ou Rodrigue?,, et
dans celui de Chérubin, imprimé à Rome,
en 1638. II y en avait un exemplaire ancien
et authentique dans les archives du couvent
des Carmes d'Avignon.
4° Nicolas V, en 1447, montra le même
zèle pour les intérêts de l'ordre et de la
confrérie.
5° Sixte IV honora pareillement de sa
faveur l'un et l'autre, dans sa bulle : Dùm
attenta, du 1er avril 1477-
6° Clément VII a donné deux bulles à
ce sujet :
La première : Dilectifilii NicolaiAudeth,
de 1528, contient l'analyse de la bulle de
Jean XXII et de celle d'Alexandre V, re
nouvelle l'une et l'autre, les confirme et les
munit de toute son autorité.
La seconde : Ex dementi sedis aposto-
licœ, en date du 12 août 163o, confirme
aussi celles de Jean XXII et d'AlexandreV,
DU SCAPULA1RE. 61
et s'exprime avec force contre ceux qui se
mettraient en opposition avec ces bulles.
Elle ren ferme en outre deux priviléges :
l'un, la faculté de se faire absoudre de quel
ques cas réservés, par le confesseur de l'or
dre ou par un prêtre approuvé ; l'autre, le
pouvoir de gagner les indulgences stationa-
les hors de Rome ( et même dans Rome,
sans être obligé de se transporter dans les
églises stationales).Le bullairede Rodericus
et d'autres auteurs rapportent cette bulle.
■j0 Paul III ne crut pouvoir mieux signa
ler le commencement de son pontificat qu'en
donnant une preuve solennelle de sa piété
envers Notre-Dame du Mont-Carmel. Il
publia à cette effet sa bulle : Provisionis
nostrœ, le 3 novembre 1534, ou , après
avoir rapporté tout au long celle de Clé
ment VII , il finit en disant : « Nous or
donnons que l'on accorde aux copies de
cette bulle , la même foi que l'on ajouterait
aux originaux , si on les avait présents sous
les yeux. »
8° Pie V , de sainte mémoire , ne fut pas
moins zélé que ses prédécesseurs pour le
62 MANUEL
maintien de cette confrérie dans tous ses
droits. Ce saint pontife la confirma , motu
proprio , par sa bulle : Supernà disposi-
tione , du 20 avril i 566 , dont on conserve
l'original à Rome dans les archives du cou
vent de Santa-Maria delia transpontina ,
résidence du général des grands Carmes.
q° Grégoire XIII , dans sa bulle : Ut
laudes, du i 8 septembre i577 , semble
avoir voulu , par une noble émulation , en
chérir sur ses prédécesseurs. Après avoir
rapporté tous les priviléges qu'ils avaient ac
cordés aux confrères du scapulaire , il veut
que tout le contenu de leurs bulles soit tenu
pour suffisamment exprimé dans la sienne ,
qu'il donne pour confirmer les faveurs déjà
accordées et pour en augmenter le nombre :
et en renouvelant les bulles de Jean XXII
et d'Alexandre V, il assure les avoir vues ,
lues , tenues entre les mains , saines , en
tières , et sans aucune sorte d'avarie ou d'al
tération : supra dictas litteras aposlolicas
ad manus nostras recepimus, iiidimus ,
legimus, tenuimus, palpavimus , sanas at—
DB SCAPULAIRE. 65
que integras ac illœsas ab omni prorsùs
vitio et corruptione carere reperimus.
lo° Sixte V a publié, pour le même
effet, sa bulle : Reddituri , en date du n
juillet 1587, dans laquelle il accorde de
nouvelles indulgences.
Il* Paul V voyant renaître, sous son
pontificat, des difficultés touchant les pré
rogatives de la confrérie du scapulaire, les
fit examiner de nouveau par les congréga
tions du S. office et des rits; et sur leur
rapport, d'après un mûr examen , ce sou
verain pontife donna 3 bulles :
En 16o6, 3o octobre, la bulle : Cum
certas ;
En 16og, 11 août, la bulle : Piorum
hominum ;
En 1614 , 19 juillet, la bulle : Alias
volentes.
( On les trouve dans le traité du P. Irénée
de S. Jacques. )
Dans ces trois bulles , Paul V confirma
de nouveau la confrérie , et lui accorda
plusieurs autres privilèges: il fit plus en
core ; après avoir exposé la vérité dans tout
6-1 MANUEL
son jour, pour laisser une règle de con
duite à l'abri de toute discussion , il per
mit aux Carmes de soutenir hautement
leurs privilèges dans leurs écrits ; aux pré
dicateurs , de les publier dans les chaires
évangéliques ; et aux fidèles , de les re
garder désormais comme l'objet d'une pieuse
croyance. Il semble qu'après un si magni
fique témoignage, la confrérie n'avait plus
rien à redouter de ses adversaires , ni rien
à attendre de plus de la bienveillance des
papes. Cependant les papes suivants vou
lurent encore coopérer à son triomphe.
1 2° Grégoire XV donna , à cet effet ,
en 1622 , le 19 septembre, sa bulle : Splen-
dor paternœ gloriœ.
13° Urbain VIII publia aussi, en 1624 ,
le 10 mai , sa bulle : Splendor œternce
gloriœ.
140 Clément X, par un surcroît de fa
veur , donna successivement plusieurs bul
les , savoir :
En 167o , 1 1 août, la bulle : Agni im-
maculati;
167o, 31 octobre, la bulle: Ad uberes;
DU SCAPULAIHE. 65
1672, 2 janvier, la bulle: Cum sicut ac-
cepimus;
1672 , 16 mai , la bulle : Cœlestium;
167 3, 8 mai , la bulle : Commissa nobis;
16?4> 26 septembre, la bulle :Exponi
nobis;
Dans lesquelles il accorda de nouvelles
grâces ou confirma les anciennes ; et dans
sa bulle Commissa nobis divinitàs il eut
soin de faire insérer un sommaire des bul
les ou brefs en faveur de la confrérie, dressé
par son éminence le docte et judicieux
cardinal Bona, afin de confirmer, en dé
tail, toutes les prérogatives et indulgences
dont la confrérie avait été enrichie par la
pieuse libéralité de ses prédécesseurs.
l5* Innocent XI , ce vénérable pontife,
voulant aussi faire taire l'envie qui s'effor
çait de réveiller encore ses préventions injus
tes et ses perfides accusations, à l'exemple
de Paul V, chargea les cardinaux de la con
grégation des indulgences de revoir encore
ces priviléges; la congrégation les trouva si
conformes à la vérité , si solidement éta
blis sur l'autorité la plus légitime, et si utiles
66 MANUEL
à l'accroissement de la piété envers la sainte
Vierge , qu'elle les approuva avec éloge ; et
le pieux pontife ratifia avec la plus tendre ef
fusion de cœur le décret de la congréga
tion du 22 mars, en 1678, ordonnant de
publier le sommaire des indulgences de la
confrérie du scapulaire , pour l'opposer à
un bref supposé , qu'en 1677 on avait voulu
faire publier , clandestinement et sans auto
rité , contre les indulgences de plusieurs
confréries.
160 Benoît XÏV enfin, dans un de ses
ouvrages immortels, intitulé : defestis, tra
duit sous ses yeux, de l'italien en latin , par
un de ses chapelains intimes, Michel-Ange
de Giacomcllis, et imprimé , sous son pon
tificat , à Padoue, en I75l , a traité à fond
les plus grandes difficultés relatives au
scapulaire, et les a résolues avec une sagesse
et une maturité de jugement si remarqua
bles, qu il a mis un terme à toutes ces con
troverses qui agitaient l'Eglise et troublaient
la piété des fidèles.
Les cardinaux des consrrés:ations du S.
DU SCAPCLAIRE. G7
•office, des rits et des indulgences , ont con
couru pareillement à protéger et à propager
cette confrérie.
1° La congrégation des rits (où prési
dait le cardinal Bellannin ) , par son dé
cret du 20 juin , 16o9 , approuvé de Paul
V ; la même congrégation (où présidait le
cardinal Torrès) par son décret du 12
juin 1628, approuvé d'Urbain VIII}
2° La congrégation du saint -office, par
son décret du15 février 161 3 , approuvé
de Paul V ;
3° La congrégation des indulgences ,
par le décret du 27 juin 1673 , approuvé
de Clément X ; par le décret du 22 mars
1678, approuvé d'Innocent XI; et par
le décret du 13 juillet 1818, approuvé
de Pie VII.
La dévotion du scapulaire , approuvée
parles bulles, tant de fois renouvelées ou
confirmées, des souverains pontifes, qui
tous, d un commun accord, ont vengé tour-
à-tour cette confrérie des imputations de
l'ignorance ou de la mauvaise foi ; et favo
6S MAHUEL
risée par plusieurs décrets des congréga
tions du saint-office , des rits et des indul
gences, est donc une dévotion consacrée
par l'Eglise.
DU SCAPIJLAiRE. 69
ARTICLE TROISIEME.
La Dévotion du Scapulaire est confirmée par
la tradition.
Une dévotion si favorisée de l'Église ne
pouvait pas manquer d'être adoptée par
l'épiscopat et par les pasteurs, par les doc
teurs des universités, par les hommes apos
toliques de tous les ordres et de toutes les
classes , et par une multitude d'auteurs
religieux ou ecclésiastiques.
i° Les évêques , dans toutes les contrées
de l'univers catholique, se sont fait une
gloire d'autoriser , d'encourager et de pro
pager cette dévotion. Sans parler des évê
ques étrangers, nous ne voyons point que
ceux de France se soient jamais immiscés
dans les querelles des controversistes, si l'on
excepte un évêque de Perpignan, dont
l'opposition n'a laissé aucune trace; mais
les uns , comme l'archevêque de Rouen en
7
70 MANUEL
1648. et l'archevêque de Paris en 1699 ,
surent consulter ou déférer aux décisions
des universités, comme nous le verrons
dans le n° 2 de cet article ; les autres pri
rent la plume, ou pour venger cette dévo
tion, ou pour en éclairer la pratique.
Pierre Lafitau , évèqne de Sisteron , pré
conisa cette dévotion dans son ouvrage de
la vie et des mystères de la sainte Vierge ,
tome 2, ch. 1.
Henri de Belsunce , évêque de Mar
seille, en 1752 , recommandant un ouvrage
sur le scapulaire à ses diocésains , s'expri
mait ainsi : « Cet ouvrage peut sans doute
contribuer beaucoup à entretenir, à augmen
ter et à perpétuer, parmi les fidèles de
notre diocèse, cette solide et édifiante dévo
tion à la mère de Dieu, et cette sainte et
entière confiance dans sa puissante protec
tion, que nous avons toujours eu la sensible
satisfaction de voir éclater dans tout notre
diocèse, et surtout dans cette grande ville.. .
Nous exhortons donc nos diocésains d'ob
server les louables pratiques qui y sont
proposées à leur dévotion : elles ne con
DU SCAPULAIRE.
tiennent rien d'outré ou d'exagéré, rien qui
puisse les rendre suspectes de nouveauté et
de fausseté ; et elles sont enfin autorisées
par l'Eglise. »
Guy de Sève de Rochechouart , évêque
d'Arras, censura dans son mandement du
a1 juillet l6g7 , les propositions exagérées ,
sur le scapulaire, d'un prédicateur qui avait
refusé obstinément de se rétracter; mais,
dans la crainte d'altérer le moins du monde
la dévotion envers Marie , il eut le soin d'y
substituer des maximes et règles pour l'é
clairer et l'entretenir dans le cœur des fi
dèles. Voici un extrait de 3 maximes plus
importantes :
« Combattre cette dévotion , parce que
plusieurs en abusent, c'est ouvrir la porte à
l'erreur et défendre l'usage de ce qu'il y a
de meilleur dans l'Eglise, 1 re maxime. »
« Tenons-nous-en aux dévotions que
l'Eglise approuve , suivons les pratiques
qu'elle autorise. 3e maxime. ,■
•• Sur ce principe, on peut établir avec
assurance, sans craindre de se tromper,
que la confrérie du scapulaire étant auto
72 MANUEL
risée par l'Église est une chose bonne et
sainte. 4e maxime.
On trouve cette censure et ces règles fort
au long, dans l'ouvrage intitulé : Biblio
thèque sacrée, parles RR. Pères Domini
cains, Richard et Giraud, au mot scapulaire.
Nous observerons ici que cette censure
sévère et les maximes sages du judicieux
évêque d'Arras sont, dans leurs détails,
inoins propres à la lecture des simples
fidèles , mais très-utiles pour servir à ceux
qui doivent les instruire sur cette matière ;
et pour apprendre aux prédicateurs la ma
nière dont ils doivent en juger et en parler.
Au reste, ces maximes s'appliquent à toutes
les confréries, pour en surveiller les abus et
en régler les pratiques.
D'autres évêques ont prêché cette dévo
tion avec zèle et avec succès , entr'autres
deux de nos grands orateurs chrétiens du
temps de Louis XIV, Jean de Fromentières,
évêque d'Aire , et Jules Mascaron , évêque
d'Agen : leurs discours sont très-remar
quables ; ils ont su répandre , dans un
sujet qui pouvait paraître stérile , des beau
DU SCAPULA1RE. 73
tés réelles , et inspirer aux fidèles la dévo
tion qu'ils prêchaient. (Le sermon de
Mascarou se trouve dans le dictionnaire
apostolique du P. Montargon , tome 13,
p. 189.)
Les pasteurs secondaires n'ont pas été
moins empressés de faire connaître cette
dévotion à leurs paroissiens. Dans le temps
où les églises des Carmes et des Carmélites
attiraient la foule des fidèles, le zèle des
curés paraissait moins sensible dans les pa
roisses; mais , depuis que les couvents des
Carmes ont été détruits en France , et ceux
des Carmélites réduits pour le nombre, on
voit une,infinité de curés sollicitera l'envi ,
au près du saint-père et des évêques, les pou
voirs et l'autorisation d'ériger la confrérie
du scapûlaire dans leurs paroisses, d'y con
sacrer un autel à Notre-Dame du Mont-
Carmel, d'en solenniserla fête, et d'y établir
les différents exercices propres à cette dévo
tion, aux jours consacrés par les souverains
pontifes.
2°. Les docteurs des plus célèbres uni
74 MANUEL
versités se sont prononcés en faveur de cette
dévotion.
L'université de Salamanque, en 156g,
ayant appris que des imposteurs osaient ré
pandre partout en Espagne que le saint
concile de Trente avait anéanti les privilèges
de la confrérie du scapulaire, s'éleva avec
force contre ce mensonge et vengea la vérité
par l'approbation la plus solennelle de la
confrérie et de ses privilèges.
L'université de Paris , en 1648, fut con
sultée par l'archevêque de Rouen ( le car
dinal de Joyeuse ) au sujet de la confrérie
du scapulaire. Il s'était élevé une sorte de
conjuration , en Normandie , contre la dé
votion du scapulaire. L'archevêque, pri
mat de Normandie, pénétra d'abord la
trame odieuse qui s'ourdissait, sous le voile
spécieux du bien ; il répondit aux auteurs
de ce complot, qui venaient lui demander
la suppression de la confrérie , qu'il y réflé
chirait. En effet , pour accréditer davan
tage sa réponse , il consulta la faculté de
théologie de Paris , composée alors des plus
célèbres docteurs : Hennequin , Cherton ,
DU SCAPULAIBE. 75
Perciret, Grandit) , Lemaîtrc , Duval, Hal-
lier, et le fameux maître de Bossut-t, Nicolas
Cornet.
APPROBATION
Des Docteurs de la sacrée Faculté de Paris
du 1o août 1648, touchant la Confrérie du
S. Scapulaire.
Nous soussignés docteurs en la faculté de
théologie de Paris, après avoir vu plu
sieurs pièces à nous présentées, entr'au-
tresles copies des bulles de Clément VU de
l'an 163o , de Paul III de l'an l634
( avec l'approbation de monseigneur le car
dinal de Bourbon, archevêque de Bouen ) ;
de Grégoire XIII et de Paul V ( avec
la permission de M. Buyon , vicaire géné
ral de monseigneur le cardinal de Joyeuse,
archevêque de Bouen ) , pour la publica
tion d'icelles , etc. ; nous avons été et som
mes d'avis : Premièrement, pour ce qui
concerne ladite confrérie, que monseigneur
76 MANUEL
l'archevêque pourra, s'il lui plaît, per
mettre l'érection de ladite confrérie ès
lieux de son diocèse où il trouvera bonne
ladite érection ; et ès autres lieux où elle est
déjà canoniquement érigée, il peut la con
server , et en permettre l'exercice. Secon
dement , quant aux indulgences accordées
aux confrères de ladite confrérie , publiées
dans le diocèse de Rouen par la permission
de nosseigneurs les cardinaux de Bourbon
en 16o7 , et par la permission de monsei
gneur l'archevêque de Rouen , peut conti
nuer la licence et permission de publier
lesdites bulles , etc. Troisièmement , pour
ce qui regarde la bulle sabbatine , il nous a
semblé ( sous le bon plaisir de mondit sei
gneur ) très-à-propos qu'il ordonne l'exacte
observance du décret de Paul V. Délibéré
à Paris le 19 août 1648. Signez Jacques
Hennequin , J. Cherton , J. Percyret ,
R. Duval, H. Hallier, N. Cornet, M.
Grandin , et Le Maître.
L'archevêque de Paris (le cardinal de
Nouilles), en 169g, poussé par un parti
ennemi de la confrérie du scapulaire, avait
DU SCAPULAIRE. 77
eu le dessein de la supprimer ; mais un des
plus savants docteurs de Sorbonne, l'abbé
Pirot, indigne de voir que l'on cherchait à
ébranler les fondements de cette dévotion ,
fit un écrit pour affermir la dévotion du
scapulaire, dans tous ses droits et ses pré
rogatives, et réussit à détourner le coup
fatal.
Les docteurs des universités de Coïmbre
en Portugal, de Bologne en Italie, et de
Cambridge en Angleterre , se sont montrés
aussi défenseurs zélés de la dévotion du
scapulaire.
3° Les hommes apostoliques de tous les
ordres et de tous les temps ont fait retentir
partout les chaires chrétiennes , des louan
ges de Notre-Dame du Mont-Carmel et des
prérogatives de la dévotion du scapulaire.
Le nombre des prédicateurs des autres
nations qui ont traité ce sujet est infini ;
mais , sans sortir de notre France , nous
trouvons parmi nos prédicateurs de zélés
promoteurs de cette dévotion :
Parmi les Carmes , le P. Léon de S.
7.
78 MANUEL
Jean, et le P. Simon de la Vierge, tous
deux de la province de Touraine, et le P.
Daniel de S. Joseph.
Parmi les Bénédictins, Jacques Biroat de
l'ordre de Clugny.
Parmi les Franciscains, Augustin de
Narbonne, Félix Cueillens, François de
Toulouse, Nicolas de Dijon.
Parmi les Jésuites, Bretonneau, Houdry,
La Colombière , Texier.
Parmi les Oratoriens , Mascaron , Mas-
son, Lejeune.
Parmi les autres orateurs chrétiens ,
Ballet, Latour, La Volpilière, Molinier
(Etienne) , Richard .
4° Par une foule d'auteurs religieux et
ecclésiastiques.
Presque tous les auteurs religieux et
ecclésiastiques, qui ont eu occasion de par
ler de la dévotion à la sainte Vierge , ont
eu soin de recommander la dévotion dur
scapulaire : le nombre en est infini ; mais ,
parmi ceux qui ont traité la question spé
cialement, on peut citer avec éloge :
BU SCAPULAIRE. 79
Parmi les Jésuites , les Pères Théophile
Raynaud, Crasset, Croiset, Griffet, Bois-
sieu,Pallu,Barel.
Parmi les Franciscains, le P. Jean de
Carthagène.
Parmi les Dominicains, les Pères Richard,
Girault et Poiré.
Parmi les Carmes, près de cinq cents
auteurs, soit étrangers, soit nationaux.
On distingue , entre tous les Carmes,
principalement,
Les RR. Pères :
Lézana. Maria patrona.
Théodore Strazio. Inslruclio pro Carmelitis.
Daniel de la V. Marie. Speculum Carmelita-
rum.
Idem. Vinea Carmeli.
Isidore de S. Gilles. Corona stellarum duo-
decim.
Jos. M. Fornari. Anno memorabile Carme1i~
tarum.
80 MANUEL
Idem. Documenti spirituali.
Elisée Monsignani. Bullarium Carmelitarum.
Jos. Bertet. Is1ruzioni intorno al S. Abitino.
Simon Grassi. Compendiosa Narrazione dell'-
indulgente, privilegi, e grazie concesse ail'
ordine, confraternitate e chiese delia glo-
riosissima Madre di Dio Maria Vergine
del Carmine.
Cosme de S. Etienne (de VilKers). Bibliotheca
Carmelitana.
Paul de tous les Saints. Clavis aurea.
Irénée de S. Jacques. Tractatus theologicus
de singulari immaculatce Virginis protec-
t1one.
JeanFeyxoode Villalobos. Hislorico - sacra et
theologico-dogmatica disserta1io de verâ
origine et progressu n%nasticis.
Philibert Fezay. Duplex privilegium sacri
Scapularis.
MathiasdeS. Jean. An véritable devotion du
S. Scapulaire.
en scapulaire . 8<
Thomas Chais. Excellence de la dcvotion au
S. Scapulaire.
CélestinBellotdeS.René. Heures de Notre-Da
me du Mont-Carmel.
Alexis de sainte Anne. Exercices de piété en
faveur des confrères du Scapulaire.
Jérosme. L'institution et les merveilles du S.
Scapulaire, composé en i724., parle père
P. F.
Augustin Lesbazeilles. Dissertations et dis
cours, à la suitede l'ouvrage du P.Panetier.
Panetier. Instruction pour la Confrérie de
Notre-Dame du Mont-Carmel.
Pierre Suwanington. Vie du B. Simon Stock.
Michel de laFuente. Abrégé historique des
grâces et bierfaits obtenus de ciel par le
Scapulaire et l'invocation de Notre-Dame
du Mont-Carmel.
Jean-Baptiste Mantouan , général des Carmes.
Patronage de Marie.
F. L.... Instruction abrégée sur la Confrérie
du Scapulaire.
Martin de Hoogue. De la Confrérie, du Sea
pulaire.
82 MANUEL
Georges Colvener. Le Calendrier de la sainte
Vierge.
Christophe le Roy. Le Jardin de la vie con
templative.
Aubert Myrée. De l'origine et des progrès de
l'ordre des Carmes.
DU SCAPULAIRE. 83
ARTICLE QUATRIEME.
La Dévotion du Scapulaire a été autorisée
par des Miracles.
Les miracles sont le sceau de l'autorité
divine ; Dieu ne peut les opérer que pour
rendre témoignage à la vérité de la foi , ou
pour confirmer la solidité des dévotions que
l'Eglise propose à la piété des fidèles: plus
il les multiptie , plus il veut autoriser une
vérité ou une dévotion ; aussi, de toutes les
dévotions adoptées par l'Eglise , il n'en est
aucune qui ait été autorisée par des miracles
plus nombreux , plus éclatans et plus au
thentiques. Nous citerons de préférence les
faits qui sont ou plus connus dans l'histoire,
ou plus authentiques par leur publicité
8-4 MANUEL
Miracles de Protection publique.
1°. Au quatorzième siècle, l'Espagne se
trouvait à la veille de voir périr tous ses ha
bitants par une disette générale de toute
sorte de grains ; c'était l'époque où Notre-
Dame du Mont-Carmel commençait à faire
éclater les merveilles du scapulaire, On
ordonna une procession générale au milieu
de laquelle on porta en triomphe le saint-
scapulaire ; aussitôt l'abondance revint et
ramena dans tous les cœurs la joie et la
consolation. (Pierre Lafitau, éfé'que de Sis-
teron, p. 13.)
2°. L'an 1565 , l'île de Malte , ayant
été assiégée par une armée formidable de
Turcs , vit périr dans le premier combat
un grand nombre de chevaliers ; mais après-
un siége de 4 mois , l'île fut délivrée mira
culeusement par la protection spéciale de
DU SCAPULAIRE. 85
Notre-Dame du Mont-Carmel. En effet , les
troupes auxiliaires du roi d'Espagne , qui
devaient partir de Naples , le jour de la fête
du scapulaire , s'élant vouées à la sainte
Vierge , arrivèrent heureusement , avec les
vents les plus favorables, au moment où
l'île , réduite à la dernière extrémité , était
sur le point de devenir la proie de la flotte
ottomane. Dieu bénit leurs armes d'une ma
nière visible ; le siége fut levé aussitôt ; et
Malle se vit , contre son attente , entière
ment délivrée de la fureur de ses ennemis.
En conséquence, le Grand-Maître et tous les
chevaliers , entièrement persuadés qu'ils
étaient redevables de leur délivrance à la pro
tection spéciale deNotre-Damedu Mont-Car
mel , envoyèrent , au couvent des Carmes
de Naples , un ex-voto , avec un des boulets
formidables des Turcs , et l'acte juridique
de la délivrance miraculeuse , pour être ex
posés dans la chapelle de la sainte Vierge et
perpétuer à jamais la mémoire de ce pro
dige. ( Pierre Lafitau , — Daniel de la
Vierge Marie dans /«speculum, où l'acte
authentique est transcrit.)
86 MANUEL
3°. En 15g7 , lorsque la Hollande faisait
une guerre cruelle aux Espagnols dans les
Pays-Bas, les troupes hollandaises , s'étant
aperçues que la ville de Gueldre était dé
pourvue d'hommes et de munitions, vinrent
fondre sur elle , avec toute sorte de ma
chines de guerre , nécessaires pour la sur
prendre ; les gardes , qui étaient en faction
sur les murs , découvrant les manœuvres de
l'ennemi , se hâtèrent d'en donner avis au
gouverneur et aux magistrats. Ceux-ci
n'ayant aucune ressource pour se défendre,
et à la veille d'une ruine inévitable , eurent
recours au ciel ; et , au lieu d'appeler aux
armes les citoyens , ils allèrent dans l'église
des Carmes, pour se jeter aux pieds de
1 image de Notre-Dame que l'on avait portée
en procession à la solennité du jour précé
dent. Le gouverneur , à la tête des magis
trats et d'une foule immense de suppliants ,
se prosterna donc devant Marie, et déposant
les clefs de la ville sur son autel , éleva les
yeux vers le ciel , en adressant à la sainte
Vierge cette prière : « O Vierge sainte,
mère du Seigneur des armées et du Dieu de
DU SCAPOLilBE. 87
la loi et de la religion catholique que nous
tâchons de conserver dans toute sa pureté,
soyez aujourd'hui notre refuge , défendez-
nous de vos ennemis et des nôtres. »
Au même moment , chose admirable ! une
tempête violente éclata tout-à-coup dans les
airs ; et il tomba , comme par torrents , une
pluie si impétueuse , que les ennemis , ne
pouvant subsister dehors , se retirèrent en
désordre; et , le bruit s'étant répandu, dans
l'armée assiégeante, que l'on avait vu la
sainte Vierge en habit de carmelite , avec
une épée flamboyante en main , à la tête
d'une armée de combattants ceints d'é-
charpes rouges, l'épouvante fut si générale,
que tous les assiégeants prirent la fuite,
abandonnant leurs bagages avec leurs armes
et leurs machines. Les assiégés, délivrés si
miraculeusement , allèrent le lendemain ra
masser les dépouilles de l'ennemi , et ap-
pendirent à l'autel de Notre-Dame du Car-
mel les principaux trophées de la victoire ,
pour en faire hommage à la sainte Vierge ,
et mirent au bas cette inscription rapportée
par le P. Lézana :
88 MANUEL.
Virgo Maria, tuas cur bellica pendit ad aras
Machina , belligeri tantaque signa dei F
Sat scio prob! quantastibi debet Gucldria grates!
Gueldria, per namen libera ab hostetuum.
La ville , pour éterniser la mémoire de
ce bienfait signalé et sa reconnaissance en
vers Marie , ordonna et consigna dans ses
registres que , tous les ans, on ferait autour
de la ville une procession générale, qui se
rendrait à l'église des Carmes , pour y as
sister à un salut solennel d'actions de grâces ,
en l'honneur de Notre-Dame du Mont-
Carmel. (Le P. Jér0me, p. g5.)
4*. Au seizième siècle, en Sicile, le ciel s'é
tait fermé , comme aux jours d'Elie ; et la
stérilité régnait , comme au temps deJoseph.
Marie fut invoquée , et le scapulaire , offert,
dans les rues , à la vénération des peuples;
tout-à-coup le ciel , auparavant d'airain , se
fondit en eau ; et les peuples eurent bientôt
leurs greniers d'abondauce.(Be/junce.—Le
P. Chais, p. 43. )
5°. Au dix-se ptième siècle, en 16 1 9, Maxi
DU SCAPULAIRE. 89
milieu, duc de Bavière , étant généralissime
de l'armée impériale dans la guerre de
Prague , pour attirer la bénédiction de Dieu
sur ses armes , se mit sous la protection de
la sainte Vierge, en recevant le S. scapu-
laire avec toute son armée. Plein de con
fiance dans ce précieux étendard de la reine
des cieux, il livra bataille au prince Palatin,
usurpateur de la couronne, et remporta
sur cet ennemi de l'empire une victoire
complète , sans presque aucune perte des
siens. L'empereur Ferdinand II, voulant
donner à la sainte Vierge un témoignage
public de sa reconnaissance pour le bienfait
signalé de sa protection, reçut, ainsi que
l'impératrice et les princes de sa cour, le
S. scapulaire des mains du P. Dominique,
Carme déchaussé. {Don Jean Caramuel, cé
lèbre Bénédictin , histoire de Prague.)
6°. En 1629, toute la Provence, livrée
à la plus affreuse désolation , était en proie
aux ravages d'une funeste contagion , qui
la dépeuplait entièrement. Pour en pré
venir les mortelles atteintes , une seule ville
eut recours à la vertu du S. scapulaire: elle
90 MANUEL
l'exposa à la vénération publique ; elle le
suivit en procession , en y joignant les plus
ferventes prières, et elle attacha au succès
de sa demande une marque éternelle de sa
reconnaissance. Marseille , en récompense
de sa dévotion au S. scapulaire, fut la seule
ville de la Provence préservée alors du fléau
de la peste ; et elle consacra la mémoire de
cette insigne faveur par un monument digne
de l'assistance de Marie et de la piété de ses
habitants. {Lafitau , p. i4. — Belsunce. —
Le P. Chai», p. 43!) ( Un siècle plus tard ,
en i720 et i72i, si elle fut infectée de cette
contagion , tout le monde connaît le dévoue
ment de son évêque , Henri de Belsunce,
et le vœu de la ville de Marseille au sacré-
cœur de Jésus , qui la délivra de ce fléau. )
ij°. La nature et les éléments ont sou
vent respecté la présence ou la vertu du
S. scapulaire. On a vu , dans l'Anjou , des
maladies jusqu'alors inconnues, qui, triom
phant de l'habileté des médecins , dépeu
plaient les villes et les campagnes ; on
arbora, comme un étendard sacré, lescapn-
laire de Marie, et la mortalité cessa aussitôt.
DU SCAPULAIRE. 91
Combien de fois en Savoie , en Sardaigne
et ailleurs , le scapulaire , honoré publique
ment, a-t-il écarté ou dissipé des orages
prêts à fondre sur les campagnes ?
Combien de fois la mer , prête à franchir
les limites que le doigt de Dieu lui a tracées,
s'est-elle arrêtée devant le scapulaire, comme
devant une digue insurmontable ? à l'instant
son orgueil s'est brise' , et ses flots soulevés
sont rentrés respectueusement dans leurs
limites ordinaires. ( Belsunce. — Le P.
Chais, p. 43—44-)
2:
Miracles de Protection particulière.
Les miracles de protection particulière
sont des prodiges de préservation ou de
délivrance, de guérison et de conversion.
La dévotion du scapulaire a été l'occasion
d'un nombre infini de ces prodiges. La
sainte Vierge, qui les a obtenus de Dieu,
semble les avoir prodigués aux confrères
du scapulaire.
92 MANUEL
Nous en ferons un choix ; car il faudrait
des volumes entiers pour les raconter tous.
i ° Prodiges de preservation ou de délivrance.
Prodiges préservatifs des artifices du dé
mon, maléfices, etc. Dès qu'on croit à l'E
vangile, qui atteste l'existence des démons,
et à l'Eglise, qui en reconnaît la malignité,
c'est faiblesse d'esprit et défaut de jugement
de ne pas croire aux artifices du démon ;
mais, s'il ne faut pas attribuer toujours au
malin esprit mille choses sinistres, dont on
ignore la cause, comme font les gens de la
campagne ou les habitants des montagnes ;
s'il n'est pas besoin de recourir aux démons
pour expliquer des effets que les causes
secondes et la malice des hommes peuvent
produire et produisent souvent , il n'est pas
moins vrai qu'il y a- eu des maléfices et
qu il peut y en avoir encore ; mais depuis
la venue de Jésus-Christ, le démon, auteur
de tout mal, a perdu le pouvoir de nuire ;
ou, si Dieu lui permet d'en user, ce n'est
DU SCAPUL.URE. 93
que très rarement, comme épreuve ou pu
nition i ainsi, on ne peut révoquer en doute
ce genre de superstition, par lequel on pro
cure du mal, soit aux hommes, dans leur
personne ou dans leurs biens, soit aux ani
maux ou aux fruits, etc. Cette superstition
est un péché grave, à cause du pacte avec
le démon : il faut, pour se délivrer des malé
fices, en brûler soigneusement tous les si
gnes, comme titres ou écrits, et en attendre
de Dieu seul la préservation ou la cessation.
Outre l'eau bénite, le signe de la croix, les
reliques, la prière et ks sacremens , le sca-
pulaire est un des plus efficaces remèdes
pour en détruire les prestiges et les effets.
l° L'an i620, une fille de Cologne, ma-
léficiée, devenue furieuse au point qu'il
fallait la lier avec des chaînes de fer, fut
délivrée par la seule réception du scapulaire;
mais, ayant eu l'imprudence de le quitter,
elle retomba dans son premier état ; elle
s'en revêtit aussitôt et fut délivrée de nou
veau ; elle eut le malheur de quitter le sca
pulaire une seconde fois et subit encore le
même sort ; enfin, pénétrée du danger au
8
94 MANUEL
quel elle pouvait s'exposer, elle ne le quitta
plus, et le conserva avec tant de soin qu'elle
fut préservée de tout accident nouveau.
( Le P. Jérôme, p. 86.1
2° Un jeune homme de la ville de Pa-
doue , qui s'était livré à la magie, devint si
forcené qu'il se donna trois coups de poi
gnard dans le sein pour se tuer. Le coup
porta chaque fois sur le scapulaire qu'il
avait reçu pendant le cours de ses études,
et qu'il n'avait point quitté au milieu de
ses désordres. A la vue du prodige qui avait
rendu son scapulaire. impénétrable comme
une cuirasse de fer, il fut vivement touché
de ce trait de providence, effet de la pro
tection de Marie. Il se convertit à Dieu, et
fit une sévère pénitence le reste de ses jours,
qu'ilconsacra au service de la sainte Vierge
du Carmel. ( Trésor duS. Sépulcre.)
3° Un lieutenant du régiment de Clin-
chant en Lorraine, atteint de la peste, était
à l'agonie, avec le dessein prémédité de ne
pas renoncer au démon : on le presse de
se prévaloir des grâces attachées au saint
scapulaire , et des faveurs que la sainte
DUSCAPUL4IRE. 95
Vierge a promises à ceux qui le portent.
La lutte contre sa conscience dura huit
jours, malgré l'effervescence de la maladie,
qui aurait dû l'emporter au premier mo
ment. Cette prolongation de la vie,qui était
un effet de la protection de Marie, faisait
espérer qu'il profiterait de ce délai pour se
convertir. Vaine attente! faux espoir! ce mal
heureux, nevoulant ni vivre, ni mourir en
chrétien , arrache, dans un moment de fré -
nésie, le scapulaire de son cou, le jette
hors de son lit et meurt en réprouvé. (Le P.
Jérôme, p. 84-. )
A" Un marchand de la fosse de Nantes,
livré au démon , entra dans un affreux dés
espoir, à la suite de quelques affaires
malheureuses dans son négoce. Vainement
il voulut se jeter dans la Loire , en prenant
son élan à plusieurs reprises ; un bras in
visible semblait toujours l'arrêter, lors-
qu'enfin, après avoir enlevé et jeté son sca
pulaire, il s'y précipita comme un enragé.
Les témoins en firent la déposition devant
96 MANUEL
Philippe de Cospéan, évêque de Nantes,
en 1622. {Le P. Jérôme, p. 85-86.)
(Voyez ci-après, à l'article des prodiges
-deconversion, celle de Walter.)
20 Prodiges préservatifs des périls de la
guerre.
1° Edouard II, roi d'Angleterre, instruit
des prodiges qui s'opéraient de toutes parts
dans son royaume par la vertu du S. sca-
pulaire, fut un des princes qui. se revêtit le
premier du seapulaire, et il reçut avec piété
ce précieux gage de Marie ; aussi, peu de
temps après, il éprouva l'effet sensible de
la protection de la sainte Vierge, à laquelle
il s'était voué. Son armée ayant déjà subi
deux échecs, et étant sur le point d'une en
tière défaite, il invoqua Marie et lui pro
mit de fonder un monastère de l'ordre du
Carmel: aussitôt, par une assistance mi
raculeuse , il remporta une victoire com
plète sur ses ennemis qui s'applaudissaient
déjà de la victoire. Edouard , voulant per
DU SCAPULAIRE. 97
péluer la mémoire de cette puissante pro
tection , et acquitter son vœu , donna aux
religieux Carmes son palais d'Oxford, pour
y fonder un monastère. [Le P . Théophile
Raynaud , Marialia , p. 3o4- —Bullaire des
Carmes , p . 6o9 . )
Jean XXII, dans une bulle adressée aux
Carmes , pour confirmer la fondation du
roi Edouard , constate ce fait miraculeux.
La bulle, rapportée tout au long par Tho
mas Bradeley , évêque de Dromore, en Ir
lande , dans sa supplique au pape Eugène
IV, est datée d'Avignon le 13e des ides de
mars (20 mars), sixième année de son pon
tificat.
2°. Au siége de la ville de Montpellier,
en 1622, il s'opéra un miracle éclatant à
la vue de toute l'armée et sous les yeux du
roi Louis XIII. Dans un assaut général
qui se donnait à la place, un de ses officiers,
de Beauregard-Champrond, reçut, de la
part des assiégés , un coup de mousquet ,
et fut atteint d'une balle à la poitrine . Le
coup devait être mortel ; mais la balle ,
après avoir percé les habits, vint s'aplatir
8.
MANUEL
contre le scapulaire, sans faire à l'officier
le moindre mal., celui-ci, étonné du mira
cle , le proclama autour de lui ; ceux qui
l'environnaient, témoins du prodige, le ré
pandent dans l'armée : de rang en rang, la
nouvelle parvient jusqu'aux oreilles du mo
narque : Louis XIII s'avance pour voir la
merveille qui lui avait été annoncée ; il
examine soigneusement le fait, et après
s'être convaincu, par ses propres yeux, de
la réalité du prodige, il voulut se revêtir
de cette armure céleste, recevoir le sca-
pulaire des mains des religieux Carmes, et
e inscrit en tête des membres de la con
frérie.
Ce fait miraculeux est trop connu, pour
avoir besoin deciterici d'autres témoignages
que ceux de Pierre Lafitau, et du P. Théo
phile Raynaudjjésuite,traité du scapulaire,
chap. 6, page i .
LeP.Raynaud, témoin oculaire d'un sem
blable prodige arrivé à Grenoble, en i628,
en dressa lui-même l'acte authentique, de
vant l'évêque de Grenoble, Pierre Scarron ,
DU SCAPULAIRE. 99
après les informations juridiques faites par
l'ordre du prélat .
3° En 1 64o , sur les frontières de la Lor
raine, à trois lieues de Pont-à-Mousson , une
escouade de Cravates ayant été surprise par
la compagnie des chevaux légers de M. de
Maupas , ce capitaine ordonna qu'on ne fît
point de quartier aux soldats de cette milice
â cheval. Un de ces malheureux Cravates,
appelé Le Cadet, ayant été percé de plusieurs
coups , qui ne lui donnaient point la mort ,
les soldats français , pour l'achever , lui as
senaient sur le corps et sur la tête des coups
de crosse de mousquet, lorsqu'il leur dit
avec un sang-froid qui les étonna : « Vous
» faites de vains efforts pour m'ôter la vie ,
» je ne mourrai pas sans confession : je suis
» enfant de Marie et je porte son scapu-
« laire. »— Que ne le disais-tu plus tôt, dit
un cavalier , nous t'eussions donné la vie.
Crois-moi , fais un acte de contrition , car il
n'y a pas de prêtre ici. — J'espère, dit le
Cravate , que Dieu me fera grâce. En effet ;
il survécut à tant de blessures mortelles ,
et quoiqu'ainsi mutilé, il se traîna, comme
1 00 MAHUEL
par inspiration , sur le chemin de Metz :
un prêtre , conduit par la providence, vint
à passer; le soldat lui lit sa confession, en
reçut l'absolution , que son âme semblait
attendre de la protection de Marie, comme
un dernier bienfait ; et il mourut aux pieds
du prêtre , plein de foi , en la paix du
Seigneur. ( Le P. de La Colombiers, tome3,
p. 65. — Le P. Jérôme, page i29. )
3° Prodiges prcservatifs d'accidents d'ar
mes, etc.
io Un chevalier de l'ordre de Malte ,
appelé Jean Le Blanc, qui portait avec une
singulière dévotion le scapulaire de Notre-
Dame du Mont-Carmel, fut préservé par
la protection de Marie de trois grands périls.
En i638 , dans un des plus rudes com
bats qu'on puisse soutenir contre un corsaire
turc , quoique ses habits fussent criblés de
coups , et que la bague d'or qu'il portait
au doigt fût brisée , il ne reçut pas la moin
dre blessure.
DU SCAPULA1RE. 101
En 1632 , ayant fait naufrage sur un
rocher près de Mycoli dans l'Archipel , il
sejeta dans la mer, en se recommandant à
la sainte Vierge, et se trouva par miracle
soudainement attiré vers le rivage.
En l637, soixante soldats et quinze
matelots de l'équipage , s'étant révoltés sur
le vaisseau , le jetèrent dans la mer ; il se
recommandai Marie, qui lui fit trouver
une planche , à l'aide de laquelle il nagea
pendant trois lieues. Les révoltés coururent
sus pour s'en défaire ; et l'ayant pris et lié,
ils eurent la barbarie de le laisser en cet
état dans une île infertile et inhabitée. Il y
était déjà depuis vingt jours, lorsqu'une
barque de Candiots , qui passait dans ces
parages, le ramena dans Candie. {Marty
rologe de Malte. )
2o. En 1628, le 11 septembre, Jean Mon
tagne , notaire royal de la maison de Cré-
qui,étantàla chasse, près de la ville de Gre
noble, et ayant pris, de la main d'un de ses
cousins , une arme à feu par le bout du ca
non , en reçut la balle dans l'estomac; mais
la balle , ayant rencontré l'attache on pas
10.2 MAMJEL
sement du scapulairc , s'y aplatit , sans
laisser d'autre trace qu'une légère meurtris
sure à l'endroit de la chair où la balle avait
touché. L'évêque de Grenoble, Pierre Scar-
ron , à qui le notaire en fit le rapport, ainsi
que les ducs de Crequi et du Sault, frap
pés de ce prodige , se revêtirent du scapu-
laire et se firent inscrire dans la confrérie.
3°. En l639 , un capitaine de vaisseau ,
combattant contre un Turc , reçut un coup
de mousquet, qui , après avoir percé les ha
bits de dessus , vint s'arrêter sur le scapu-
laire , en effleurant seulement la peau. L'é
vêque de Toulon , Jacques Danès , après
une information juridique , lui permit d'at
tacher Vex-voto de ce miracle dans la
chapelle de la sainte Vierge de l'église des
Carmes de Toulon .
4°. Après le siège d'Ypres, on présenta
à l'archiduc Léopoldune balle de mousquet
tirée dans la poitrine d'un soldat, également
aplatie contre lescapulaire. (£e P. Jér0me,
p. 11a.)
5° En 1690, un armurier de la porte
Saint-Antoine à Paris, voulant mettre en
DU SCAPULAIRE. 103
état un mousqueton, chargé depuis quelque
temps , tira sans trop y penser ^ et la balle
alla frapper dans le côté d'un des soldats
de la Bastille , qui passait par là ; mais
heureusement la balle , ayant rencontré le
scapulaire que le soldat portait avec dévo
tion , s'y aplatit et ne laissa de son passage
aucune autre trace qu'une légère meurtris
sure, à l'endroitdu coup. {Le P. Jér0me,
p. n3. )
4° Prodiges preservatifs d'accidents,d'assas
sina1s, duels, etc.
1° En 165î,à Bordeaux, un conseiller au
parlement, M. d'Andraut, fut attaqué de
nuit parun assassin,qui luidéchargea un coup
de pistolet à la poitrine ; mais le scapulaire,
qu'il portait avec beaucoup de piété et de
confiance, le délivra du danger qu'il avait
couru. La balle dont il fut frappé , s'étant
aplatie sur son scapulaire , il n'en reçut
aucun mal. Ce prodige fut si public que
l'information juridique fut envoyée à Rome,
par ordre du général des Carmes , et rap
iO-4 MASUEL
portée dans les journaux du temps. ( Voyei
laGazette de. Parcs, 1\ novembre i652 .—Le
P. Panetier , nouvelle instruction, p. i25.)
2° En 1622, Alexandre Dominici, sol
dat lyonnais, étant à Avignon , rencontra,
au sortir du bain , son ennemi , armé d'un
pistolet: aussitôt, tout éperdu et ne sachant
comment se soustraire au danger, il se re
commande à Notre-Dame du Mont-Carmel ,
dont il n'avait pas quitté le scapulaire. La
balle du pistolet vint s'aplatir contre le
scapulaire, sans lui faire aucun mal qu'une
légère contusion. (Le P. Jérôme, p. io4-)
3» En i636 , un jeune Lorrain , nommé
Coquart, fut frappé de fort près d'un coup
de pistolet. Celui qui l'avait tiré , le voyant
immobile , lui en décharge un second au
cœur ; les deux balles avaient percé les ha
bits et la chemise de part en part, sans qu'il
en fût blessé. L'assassin étonne le dépouilla
de ses habits ; et ne trouvant sur son corps
que le scapulaire, lui donna la vie. Tous
deux , réconciliés à la suite de ce prodige ,
en firent juridiquement le rapport. ( Ber-
1holet , archidiacre de Sens. )
DU SCAMJLAiRB. 105
4° Voici un fait authentique qui a été cons
taté juridiquement et avec tant de soin que
nous croyons devoir rapporter l'extrait
même du procès-verbal qui en fut dressé.
D'un procès-verbal , à l'occasion d'un non
veau prodige du Scapulaire.
Le ig août i675, au champ de Brugelette,
après midi, en présence de M.Maximilian de
Jausse , comte de Mastaing ; de M. François Ou-
vertaux, chapelain de M. le comte de Mastaing,
du R. P. Joseph , prieur des Carmes de Bruge
lette , du P. Barnabe de S. Paul, sous-prieur, du
P. Bené de Sainte-Thérèse, du P. Thomas
de S. Pierre, etc.; comparurentVincent Mathieu,
dit, en son nom de guerre , Maison^Dieu , gen
darme de Mgr. le Dauphin ; et Nicolas Pierrot ,
dit La Plaine, trompette des gendarmes, lesquels
déposèrent qu'ayant eu querelle , le dit Vincent
Mathieu lui tira un coup de pistolet, à dix
pieds de distance, ou environ; mais par bon
heur la balle ayant rencontré son scapulaire, il
9
106 MANUEL
ne reçut qu'une légère contusion , qui a paru
aux yeux des assistants et témoins , quoique la
dite balle eût percé «a casaque et sa chemise ,
et qu'elle se soit trouvée aplatie d'un tiers au
milieu de l'estomac et 3 bons doigts au
défaut des côtes.
Louis Amelot, gendarme de la dite com
pagnie , natif d'Auxcrre , vit donner le coup ;
Jean Cadot, sieur d'Orgeneuvilles , de la même
compagnie, en fut aussi témoin et vit le scapu-
laire attaché et collé à la contusion. Le chirur
gien y trouva la balle dans la chemise. M.
Brojart, maréchal des logis, M. de Lestre , bri
gadier, en sont témoins; M- Visancourt en est
aussi témoin et vit tirer le coup ; MM. les
aumôniers du comte de Broglie et du marquis
de Fervaques ont vu la contusion et les ouver
tures de la balle au juste - au-corps et à la
chemise.
Or les dits Vincent Mathieu et Nicolas Pierrot,
après s'être pardonné l'un à l'autre , et em
brassé comme de bons chrétiens , ont déposé
la chose sur leur serment , comme aussi tous
les assistants qui ont vu la contusion , la balle
aplatie et les ouvertures du juste-au-corps et
de la chemise, louant Dieu et la bonne Vierge
DU SCAPDLAiRE. 107
d'avoir fait paraître un miracle si visible de sa
protection par le moyen de son scapulaire.
Ce vingt d'août i675.
Signé: Le comte de Mastaing, Mathieu de Mai.
son-Dieu , Nicolas Pierhot, Louis Amelot;
J. Cadot, sieur d'ÛRGENEUviLLE ; Brojart ,
deLESTRE , F. de Visancouht, A. Héliaud,
P. Aumônier; A.Viomabt, aumônier des
chevaux légers de la reine.
Fr.E.Antoine Dcpain, gardien des récollets de
Chateau-Vilain, confesse être véritable tout ce
que dessus.
Attestations de Messieurs les Officiers
présents.
M. le marquis de Sebbeville , sous-lieutenant
des gendarmes de Bourgogne; M. le comte de
Lusignan , sous-lieutenant des gendarmes écos
sais ; M. le chevalier de La Guette , sous-licute-
nant des gendarmes anglais ; M. de Sanguin ,
enseigne des gendarmes de Bourgogne, étant
survenus pendant qu'on vaquait à ce présent
acte, ont attesté d'avoir vu la contusion et
l'effet du miracle.
Signé: Sebbeville, Lusignan deLszAi, La
Guette , Sanguin.
108 MANUEL
Témoignage de Messieurs les Comtes de
Marchin et d'Atlilly.
M. le comte de Marchin, capitaine lieutenant
des gendarmes flamands , atteste avoir vu ce
que dessus , ainsi que M. d'Attilly , cornette des
chevaux-légers de la reine.
Signé: Ferdinand de Mabchih, d'AniLLY.
Certificat de M. le doyen d'Anthoin.
Je soussigné prêtre licencié es lois , doyen et
chanoine de l'église collégiale, ayant examiné le
soldat , et entendu les témoins , atteste la chose
être véritable.
Signé: C.François des MARBAïs(acecparaphe)
doyen d'Anth jin.
Déclaration du Chirurgien.
Je soussigné chirurgien major de la garde de
Monseigneur le Dauphin, étant venu pour pan
ser Nicolas Pierrot , trompette , dans la croyance
qu'il devait être blessé , j'ai trouvé la balle dans
DU SCAPULAIRE. 109
«a chemise, après avoir percé la casaque et che
mise du dit trompette, et n'y ai vu qu'une légère
contusion : ce qui ne peut se faire sans miracle,
vu que c'était au milieu de l'estomac.
Signé: Nuet.
Approbation de Monsieur le Pasteur de
Brugelette.
Je soussigné, pasteur de Brugelette, bachelier
formé en la sainte théologie, atteste que Vincent
Mathieu , Maison-Dieu de son nom de guerre,
soussigné à la relation,folio ante verso, a déposé
encore la même chose en ma présence , ce 21
août 16^5. Au même instant a aussi ratifié sa
déposition le sieur Nuët , chirurgien major des
chevaux-légers de la garde de Monseigneur le
Dauphin , soussigné le 21 août 1675.
S1gné il est ainsi: Nuet de Leuse.
Declaration du Colonel de cavalerie M. le
Comte de S.-Aignan, premier gentilhomme
de la chambre du Roi , écrite de sa propre
main.
J'ai vu, jurle corps du trompette, la contusion
110 MANUEL
du coup qu'il a reçu très-bien marquée ; et on
m'a montré un morceau de galon de sa casaque,
de la doublure et de la chemise , tout percé
par la balle que j'ai tenue, qui était plate d'un
côté: en foi de quoi j'ai signé le 21 août 1675.
Signé: S.-A1ghan.
5° Prodiges préservatifs de la Captivite', etc.
1°. En 14'95 Jean V, duc de Bretagne ,
étant tombé entre les mains de ses ennemis,
lut renfermé dans une affreuse prison : il en
fut miraculeusement délivré, après s'être
voué à Notre-Dame du Mont-Carmel. A
peine fut-il rendu à la liberté , qu'il vint
à Nantes accomplir son vœu , dans l'é
glise des Carmes , et y fit placer , dans la
chapelle de la Vierge , un beau monument,
pour perpétuer le souvenir de sa délivrance
- et de sa reconnaissance . {Le P. Léon, Des
cription de V Observance de Rennes ;—le P.
Panetier, p. 26.)
20. En 135g, Charles, comte de Vérone,
ayant été fait prisonnier et esclave par les-
Turcs , commençait à désespérer de pou
DU SCÀPtJI.AIRE. M
voir jamais sortir des liens de la captivité.
Persuadé qu'il n'y avait plus de ressource
que dans la protection de la sainte Vierge,
il se voua à Notre Dame du Mont-Carmel,
et prit l'engagement de se revêtir du sca-
pulaire et d'entrer dans la confrérie dès qu'il
aurait recouvré la liberté. Bientôt, contre
toute espérance, il fut délivré miraculeuse
ment d'entre les mains des Turcs. Ce sei
gneur alors, plein de reconnaissance, s'enta
pressa de venir accomplir son vœu , dans
l'église des Carmes de Naples , et publia
lui-même ce fait miraculeux. (Le P. Benoit
Gonon , Célestin , chronique de la sainte
Vierge.—J.-B.Mantouan, généraldes Car
mes, Patronage de Marie, livre \".)
3°. En iG25 , Jean Boflus fut pris à Cré
mone et mis en prison pour quelques cri
mes présumés , dont on l'avait accusé assez
légèrement. Il eut recours à la sainte Vierge;
et pour mieux mériter sa protection , il
fut plus assidu aux devoirs des confrères
du scapulaire , et y ajouta , de son propre
mouvement, le vœu de jeûner tous les
mercredis en son honneur , afin d'être dé
•H 2 MANUEL
livré de la mort honteuse à laquelle il de
vait s'attendre. Après trois ans de prison r
il fut conduit au supplice. L'exécuteur fit
son office ; mais la corde s'étant rompue , il
tomba à terre, la face vers le ciel, plein de
vie. On le ramena en prison , pour y être
de nouveau interrogé par les commissaires.
Ceux-ci lui ayant demandé comment H
avait échappé à la strangulation , il leur
répondit :« J'ai prié constament Notre-Da
me du Mont-Carmel , dont je porte le sca-
pulaire comme un gage de protection ;' et
j'ai jeûné, en son honneur, tous les mer
credis, depuis trois ans, pour obtenir ma
délivrance. » Dès que le rapport de ce fait
eut été connu, le duc de Crémone et de Mi-
•an , par respect pour l'insigne protection
de la sainte Vierge, lui accorda la liberté et
'a vie. {Le P. Laurent Chrysogon, Jésuite.)
4°Eu Flandre, un soldat condamné à pas
ser par les armes , après avoir été écroué
en prison , fut conduit , lié et garrotté , au
lieu du supplice. Après trois décharges
sur lui, aucune balle ne l'avait atteint;
et elles étaient en partie tombées à ses
DU SCAPULATRE. 113
pieds. Les officiers surpris "s'avancent et
l'interrogent. Il proteste qu'il n'a usé d'au
cun artifice , et qu'il n'a pour toute défen
se que le scapulaire de Notre-Dame du
Mont-Carruel. On le dépouille, on le visite,
on ne trouve en effet que le scapulaire,
et point de blessure ; à la vue de ce gage
d'une protection visible , le commandant
lui obtint la liberté et la vie. (Le P. Jé
rôme, p. 90.)
5°. Antoine Pisconi ayant été surpris à
Bénévent , et arrêté avec plusieurs vo
leurs, au milieu desquels il s'était mal
heureusement trouvé par hasard , fut
condamné à être pendu avec eux ; mais
ayant fait un vœu à Notre-Dame du Mont-
Carmel, dont il portait le scapulaire, et
lui ayant recommandé son innocence , la
sainte Vierge vint à son secours. Lorsque
le bourreau l'eut attaché à un arbre et
tiré la corde pour l'étrangler , elle se rom
pit en quatre parties , en présence de
tous les assistants et du prévôt qui, frappé,
avec eux, de ce singulier événement, crut
devoir faire subir à Pisconi un nouvel in
4 MANUEL
rrogatoire ; "il découvrit son innocence ,
il lui fit grâce de la vie. {Le P. Jér0me ,
6° Prodiges preservatifs des Naufrages.
Partout où Marie aperçoit l'étendard du
Carmel , sur terre ou sur mer, elle se rend
propice à tous les vœux qu'on lui adresse.
1° Parmi le grand nombre de ceux qui
ont été préservés de naufrages, ou arrachés
à la fureur des flots , par la vertu du sca-
pulaire , le roi saint Louis tient le premier
rang. Sur le point de faire naufrage à la vue
du Carmel, dans Tannée 1254, à l'époque
de la première expédition delaTerre-Sainte
contre les infidèles, il se voua à la Vierge
du Carmel : aussitôt le péril cessa , et il
aborda heureusement au pied de cette
sainte montagne , où il accomplit son vœu
en donnant le premier à son armée l'exemple
de recevoir le scapulaire des mains des reli
gieux du Carmel , et de s'inscrire dans le
registre des confrères de l'ordre. Ce fut pour
perpétuer sa reconnaissance envers Notre
DU SCAPULAIRE. 115
Dame du Mont-Carmel , que le saint roi
emmena en France , au retour de son expé
dition , six religieux de cet ordre pour les
quels il fonda un monastère, à Paris. (Guil
laume de Sawico , prieur du Carmel ,
témoin oculaire , dans sa chronique. —
Henri de Sponde , éeeque de Pamiers ,
annales de i254, "os M et i2.)
20 Voyez ci-dessus les deux prodiges ar
rivés à un chevalier 4e Malte , Jean Le
Blanc, page i00.
3° Un malheureux avait tenté plusieurs
fois de se noyer, mais sans pouvoir réussir
dans son coupable dessein. Ne sachant à
quoi attribuer un événement si prodi
gieux , il s'aperçoit enfin qu'il avait son
scapulaire : ce forcené ne doute plus que
ce ne soit là le préservatif qui met ob
stacle à son funeste projet ; il l'arrache avec
violence et le jette loin de lui. Il se précipite
de nouveau pour la quatrième fois dans la
mer; les flots, qui l'avaient épargné jusqu'a
lors , l'étouffent en un moment. Il mourut
amsi dans son péché , et en commettant le
plus grand des crimes ; mais il ne put mou .
1|6 MANUEL
rir qu'après s'être volontairement dépouillé
du scapulaire , ce vêtement de salut , sous
lequel un vrai chrétien sera préservé d'une
mort funeste et des feux éternels.(Z« Co
lombie™, t. 3, p. 68.)
n. b. Ce même trait de démence s'est re
produit , dans une femme , sur les eaux de
la Seine, au milieu de Paris, il y a quelques
années. Après s'être jetée dans la rivière,
cette femme surnageait toujours, à la vue
de tout le monde qui la regardait, lorsque
tout-à-coup on la voit faire au-dessus de
l'eau un mouvement, comme pour se débar
rasser d'un objet importun; c'était son sca
pulaire qu'elle rejetait loin d'elle. Aussitôt
après elle disparut; et le batelier, qui se hâ
tait d'arriver pour la sauver, ne put atteindre
que le scapulaire qu'elle avait si malheu
reusement rejeté.
4° En i 35g , plusieurs mariniers , aussi
avides d'or qu'ils étaient cruels, ajant à
bord de leur vaisseau un marchand très-
tiche qui portait avec lui une grande somme
d'argent, le saisirent et le jetèrent, pieds
DU SCAPULAIRE. 117
et poings liés, dans la mer, afin de s'em
parer de son trésor. Le marchand se re
commande, au milieu des eaux, à Notre-
Dame du Mont-Carmel , dont il portait le
scapulaire ; il réclame le secours qu'elle a
promis à ses enfants. La sainte Yierge ne le
délaisse pas dans cet affreux péril: tout-à-coup
ses liens se trouvent rompus , et il arrive au
port sain et sauf. ( Benoît Gonon, Célestint
dans sa chronique de la sainte Vierge.)
5° En 1Ô25 , M. de Montigny, gouver
neur de Dieppe , venant par mer à Toulon,
fut assailli par une si violente tempête que
le navire coula à fond, avec deux officiers
et plusieurs soldats , qui furent noyés. Dès
le premier moment de la bourrasque, le
gouverneur s'était recommandé à Notre-
Dame du Mont-Carmel , dont il portait le
scapulaire ; il ne tarda pas à en éprouver la
protection. Au milieu de la tempête , il fut
conduit au port et sauvé , sans savoir com
ment il avait été soustrait au danger.
6° En 163g, le jour où Henri de Lor
raine , comte d'Harcourt , se rendit maître
des îles de Saint-Honorat et de Sainte-Mar
148 MANUEL
guerite , dont les Espagnols s'étaient em
parés , Georges Jessery, natif de Toulon,
voulant entrer un des premiers dans l'île,
s'approcha de si près du canon qui tirait ,
que le feu brûla toute sa chemise et le jeta
tout en feu dans la mer, où il demeura quel
ques moments, si étourdi du coup, qu'il ne
savait que faire et n'avait pas même la pen
sée ni la force de nager. Tout-à-coup, il se
rappelle qu'il avait le scapulaire; il prend
courage , réclame le secours de la sainte
Vierge , et se trouve porté vers le rivage.
Son scapulaire n'avait été ni atteint par le
feu , ni mouillé par l'eau , quoique ses vête
ments eussent été brûlés et ses épaules
noircies et tavelées par le feu. Toute l'armée
fut témoin de cette merveille; on en dressa
un procès-verbal. M. le cemte d'Harcourt
et M. de Châteauneuf y apposèrent leur
signature , et reçurent le saint scapulaire
eux-mêmes, pour donner à l'armée une
preuve de leur conviction sincère de la pro
tection de Marie. {Le père Jerôme, p. loi.)
DO SCAPULAIRE. 119
7° Prodiges préservatifs du tonnerre.
Le feu du ciel , à la subtilité et activité
duquel rien ne peut résister sur la terre ,
a trouvé plus d'une fois un obstacle dans le
scapulaire. Ce feu , quelquefois allumé
par la colère de Dieu , a respecté ,
souvent d'une manière singulièrement
extraordinaire, le S. scapulaire, et épar
gné ceux qui en étaient revêtus , en ne
leur faisant aucun mal , tandis qu'il consu
mait ceux qui n'avaient pas su profiter de
cet avantage , en se couvrant des livrées de
Marie.
l° En i6o2, le 27 août, Barthélemi
Lopez, soldat espagnol, de service au
château S.-Elme, à Naples, s'acquittait de
quelques prières pour le scapulaire dont il
était revêtu, lorsque tout-à-coup l'éclair
luit , et le tonnerre éclate au-dessus de sa
tête : la foudre lui frappe l'épaule ; et , sans
lui faire aucune lésion, laisse, sur sa peau
l'empreinte d'une croix, f, comme un signe
de salut , pour lui attester que c'était à
120 MANUEL
un secours d'en haut qu'il devait la faveur
d'avoir été préservé des terribles effets
du tonnerre. {Belsunce ; — le P. Chais, p.
44 i — ?e P- Jérôme, p. io3.)
2° Un homme illustre par sa naissance
et par sa piété fut frappé de la foudre , et
sa chemise fut consumée par ce feu sub
til. Saisi de ce coup imprévu, il porta la
main à son scapulaire qu'il trouva intact ,
comme tout son corps ; le feu avait respecté
l'un et l'autre. ( Le P. Boissieu , jésuite ,
traité de la dévotion à Marie. )
3°. Aux environs de la ville d'Aix, en
Provence , un vigneron se trouvant au
milieu de ses camarades pendant un violent
orage, un grand éclat de tonnerre frappa
de mort subitement tous les compagnons
du vigneron, qui n'avaient pas eu soin de se
revêtir du scapulaire : lui seul , revêtu de
ce précieux gage de la protection de Marie,
fut préservé de la foudre. (Le P. Théo
phile Raynâud, jésuite , -]e tome , p. 286.
DU SCAPULAIRE. 121 .
8" Prodiges préservatifs d'incendie.
Rien n'a été n1 plus fréquent ni plus
universellement connu que les miracles
opérés , à l'occasion des incendies , par la
vertu du scapulaire; beaucoup de villes en
France et à l'étranger en ont éprouvé
des effets merveilleux.
l° En 1636 , dans la ville de Périgueux,
un horrible incendie s'étaut déclaré , et tous
les moyens humains pour l'arrêter ayant
été insuffisants, on jeta un scapulaire au
milieu des flammes , et l'incendie fut éteint
par la vertu de ce saint habit. Le magistrat
de la ville en dressa le procès-verbal.
2° En 1656, dans le même diocèse de Pé
rigueux, à Saint-Aulayc , ville de la Sain-
tonge , vers les dix heures du soir , le feu
prit à une maison, avec beaucoup de vio
lence ; et le peuple s'y porta en foule , pour
en arrêter les progrès. Les missionnaires
de Périgueux donnaient alors une mission
à Saint-Aulaye. Un d'eux, à la vuedel'in
122 MANUEL
cendie, se rappelle que vingt ans aupara
vant, un grand incendie , survenu dans la
ville de Périgueux, avait été éteint mira
culeusement par la vertu du scapulaire ; il
appelleun jeune homme de 25 ans, nom
mé Jalage , plein de foi et de piété , qui
était au service des missionnaires depuis
cinq ans , et il lui dit : « Jalage , prenez
» votre scapulaire et allez le jeter au plus
» fort de l'incendie , il s'éteindra assurc-
» ment par la protection de Notre-Dame du
» Mont-Carmel. » Le jeune homme obéit
aussitôt avec une telle confiance qu'en fen
dant la foule , il criait : « Priez la sainte
» Vierge : je vais éteindre le feu. » En
effet, il jette son scapulaire au plus fort de
l'incendie. A l'instant même on vit un tour
billon de flammes s'élever du milieu de
l'incendie à l5 pieds de haut , puis retom
ber sur elles-mêmes, s'amortir et s'éteindre
tout-à-fait. Le lendemain, on trouva le
scapulaire , dans les débris de l'incendie ,
intact et sans aucune lésion, quoiqu'il
sentît le brûlé. Ce miracle fut si public et
si évident que les protestants eux-mêmes ,
DO SCAPULAIRE. 123
témoins de cette merveille , disaient entre
eux à voix basse : « C'est incroyable! Il
faut que ce garçon soit sorcier!» Quel aveu
glement déplorable! Ces insensés , sembla
bles aux pharisiens , aimaient mieux attri
buer au démon l'œuvre de Dieu, que de
reconnaître le pouvoir de Marie ; et ils
osaient blasphémer , tandis que les catholi
ques admiraient la vertu du scapulaire et
exaltaient la puissance de la sainte Vierge.
Tel est le récit que les missionnaires, té
moins oculaires, en ont fait au P. Le Jeune.
( Le P. Daniel de la Vierge , dans le
Speculum carmel1tarum , part. 3, c. 6.
—Le P. Le Jeune , tome 4 , serm. 1 18,
p. 41g.)
3° En 1727, la ville d'Agen fut témoin
d'un grand incendie. Après avoir épuisé
toutes les ressources humaines, pour arrêter
la violence du feu, les échevins de la ville
eurent recours aux RR.PP. du Carmel; les
Carmes, à la sollicitation des échevins,ayant
fait sonner solennellement la procession ,
sortirent de leur église, la croix en tête
ornée d'un scapulaire , eu chantant les lita
124- MANUEL
nies de la sainte Vierge; et étant arrivés
au lieu de l'incendie , ils jetèrent le scapu-
laire au centre du feu : l'activité des flammes
se ralentit bientôt , et l'incendie cessa en
tièrement. Le scapulaire fut retrouvé , au
lieu même où il avait été jeté , sans avoir
reçu aucune atteinte du feu. La procession
générale, qui se faisait tous les ans à Agen
en action de grâces de ce bienfait , attestait
hautement la vérité de ce fait miraculeux.
9° Prodiges d'incombustion du Scapulaire.
Parmi les prodiges sans nombre que le
ciel a fait éclater en faveur du scapulaire ,
il y en a deux d'un genre particulier, que
Dieu ne semble avoir opérés que pour in
spirer aux peuples un saint respect pour ce
précieux gage de la protection de Marie, et
pour leur révéler les bienfaits qu'il y a atta
chés. Tels sont les prodiges suivants d'in-
combustiou et d'incorruption du scapu
laire.
i°. En 1720, un miracle, le plus célèbre
DÛ SCAPULAIRE. 125
et le plus connu de tous ceux que nous si
gnalons, arriva dans le hameau de Ballon
du diocèse de Metz , près d'Arnaville. Un
violent incendie était prêt à consumer le
hameau , lorsque la confiance en la protec
tion de Notre-Dame du Mont-Carmel inspi
ra la résolution de jeter, au milieu des
flammes, lescapulaire, pour en comprimer
la violence et en arrêter la fureur. En effet,
à peine le scapulaire eut-il été jeté dans
une maison toute en feu, que l'incendie se
calma et donna la facilité à tout le monde
de contempler le scapulaire conservé mira
culeusement sur une poutre embrasée pen
dant l'espace d'une demi-heure ; et après
l'extinction totale de l'embrasement, on le re
trouva sur la même poutre, aussi intact que
lorsqu'il y avait été jeté. L'évêquedeMetz,
après avoir fait constater ce miracle juridi
quement et fait dresser un procès-verbal, en
son nom , le fit imprimer et voulut qu'un
exemplaire fût envoyé à toutes les confréries
du royaume ; et il ordonna que , tous les
ans , il serait fait une procession solennelle
au dit lieu , et que l'on chanterait un Te
1 26 MANUEL
Deum en action de grâces de la protection de
Notre-Dame du Mont-Carmel.
EXTRAIT
D'un procès-verbal, à l'occasion du miracle
du Saint Scapulaire, arrivéau hameau de
Ballon, près d'Arnaville, diocèse de Metz,
le g juillet 1719.
Henri-Charles du Cambout , par la permission
de Dieu évéque de Metz, prince du S. Empire,
duc de Coislin, pair de France, baron des ancien
nes baronnies de Pont-Château et de La Roche-
Bernard , pair et président né des états de Bre
tagne, premier baron de Champagne , comte
de Crécy et autres lieux, premier aumônier du
roi , et commandeur de l'ordre du Saint-Esprit.
Vu la requête à nous présentée par les maîtres
et associés de la confrérie de Notre-Dame du S.
scapulaire, érigée en la chapelle de Ballon,
hameau dépendant du village d'Arnaville , de
notre diocèse , à ce qu'il nous plaise permettre
de faire informer des faits par eux exposés,
concernant la conservation miraculeuse d'un
DU SCAPULAIRE. 127
scapulaire dans son entier au milieu du feu ,
pendant un incendie arrivé au dit lieu : Notre
décret du deux décembre dernier, portant
commission au sieur Esselin , curé de Bayon-
ville, pour informer des dits faits, circonstances
et dépendances, en dresser procès-verbal, pour,
icelui à nous rapporté , être statué ce qu'au cas
appartiendra : Autre requête présentée par les
dits maîtres et associés de la dite confrérie au
dit sieur Esselin , pour être par lui préfixé jour,
lieu et heure, pour faire assigner les témoins
qu'ils désirent faire entendre , et nommer un
sergent commis pour donner les assignations :
Décret du dit sieur Esselin du quinze décembre
dernier, portant désignation du vingt-un du dit
mois , à dix heures du matin et deux heures de
relevée, et de la maison curiale d'Arnaville,
pour entendre les dits témoins, et commission à
Jean Etienne,habitant d'Arnaville,pour faire tous
les actes et significations : Procès-verbal d'infor
mation fait par le dit sieur Esselin, au lieu
d'Arnaville, le dit jour vingt-un décembre der
nier , composé des dépositions de vingt-un
témoins : tout considéré.
Le saint nom de Dieu invoqué , et .après
avoir eu l'avis de plusieurs théologiens , versés
dans la science des dogmes catholiques et des
128 ' MANUEL
saints canons ; nous avons déclaré et déclarons
par ces présentes , qu'il y a preuve suffisante en
l'information , que le neuf juillet dernier , dans
le fort de l'incendie arrivé au dit hameau de
Ballon , un scapulaire ayant été jeté au milieu
du feu qui consumait la maison du nommé Di
dier Naudin, le dit scapulaire étant resté dans
le feu pendant plus d'une demi -heure, fut
conservé entier , et retiré d'une poutre em
brasée , sans avoir été aucunement brûlé ni en
dommagé; que toutes les circonstances de ce fait
prouvent solidement que Dieu a voulu récom
penser la foi et la confiance en l'intercession de
la bienheureuse vierge Marie, mère de Dieu, par
un miracle public et dûment avéré ; et désirant
que la mémoire d'une si insigne faveur du ciel
soit conservée, et serve à l'édification des fidèles
et à l'augmentation du culte de la très-sainte
Vierge , si bien établi par toute la tradition de
l'Eglise ; nous ordonnons que tons les ans à per
pétuité , on ajoutera , le second dimanche de
juillet, aux pieuses cérémonies et dévotions qui
se pratiquent par les dits maîtres et associés de
la dite confrérie, au dit lieu de Ballon, une pro
cession autour du dit hameau , au retour de
laquelle on chantera le Te Deum en actions de
grâces de ce miracle , dont il a plu à la divine
DU SCAPULAIRE. 129
bonté d'honorer le dit lieu , fortifier la foi et la
dévotion de ceux qui recourent à lui par une
louable confiance à l'intercession de la bienheu
reuse Marie : et seront les présentes enregistrées
en notre chambre épiscopale. Donné à Metz en
notre palais épiscopal , sous notre seing, le
sceau ordinaire de nos armes, et le contre-seing
du secrétaire de notre dite chambre, le douze
janvier mil sept cent vingt.
Signé : -j- Henri-Charles du Cambout , évê-
que de Metz , duc de Coislin.
Par Monseigneur, C. H. Dolzé.
2*. Le même miracle s'est renouvelé
en beaucoup d'endroits.
D'abord en 1 599, le 1 5 juin, dans la ville
de Salerne. Le feu ayant pris rapidement
dans la maison d'un fournier, Jean Sereno,
elle fut embrasée en un moment. Sa femme
Béatrix, éplorée , jeta son scapulaire dans
le feu, en s'écriant: « Marie des Carmes,
sauvez-nous; » et aussitôt le feu s'éteignit,
et le scapulaire, quoique au milieu du bra
sier , pendant quatre heures , n'en reçut
aucune atteinte.
10
| 50 MANUEL
En 1639, à Toulon , àl'abbaye de Git; à
La Charité sur Loire,dans le couvent dit du
Mont-de-Piété, 1er décembre.
En l644, à Angers, chez un pâtissier,
appelé Galisson 5 dans l'île S.-Aubin du
pont de Gey, chez un marchand nommé
Chabot. ( Gazette de Paris de 1644)
En 1648, le jour de Noël , au château de
Raguin,dontle seigneur,M. de La Courbe
du Bellay, et M. le baron de Souche, son fils,
ont signé le procès-verbal.
En 1652, au monastère des Loges, de
l'ordre de Fontevrault , proche Saumur.
En1654,à Mont-Lige,proche la Guerche,
dans l'évêché de Rennes.
En 1656 , dans une étable d'un village,
proche LeTail, au même diocèse, où l'on
trouva le scapulaire, et deux hommes cou
chés sains et saufs, quoique au milieu de
l'incendie et de la fumée.
En 1658, proche de Nantes chez M. de
Boisbraut.
En 1664 , à Paris , chez un orfèvre , rue
S.-Gervais, où l'on vit.au grand étonnement
de tout le monde, un vaste incendie, qu1
DU SCAPULAIRE. 131
menaçait d' embraser l'églisede S.-Gervais,
s'éteindre aussitôt qu'on y eut jeté le sca-
pulaire , que l'on retrouva tout entier sur
les charbons ardents. {Le P.Jérôme, p. i34-)
En i665, à S.-Fortunade, près de Tulle.
( Le P. Le Jeune, tome 4, />• 420.)
10° Prodiges d'incorruption du Scapulaire.
Après avoir raconté tant de prodiges
d'incombustion , nous raconterons ici quel
ques faits d'incorruption miraculeuse du
scapulaire.
i ° Vers le milieu du i 7" siècle , dans la
ville de Rio-Janeiro , au Brésil , une dame
avait ordonné à ses héritiers de la faire
ensevelir avec sou scapulaire, selon l'usage
de la confrérie. Seize ans après, la sépul
ture de cette dame ayant été ouverte, pour
y déposer son mari, ou trouva , parmi les
débris du cadavre entièrement consumé, le
scapulaire sans aucun vestige de corrup
tion. Les Jésuites, dans l'église desquels se
trouvait cette sépulture, en ayant faitle
132 MANUEL
rapport, l'évêque fit dresser, selon les for
mes juridiques , un procès-verbal du fait ,
avec permissidn de le publier en chaire et de
conserver, dans un reliquaire, ce.scapu-
laire miraculeux, pour être porté publi
quement , tous les mois , à la procession de
la confrérie du scapulaire. {Le P. Martin
de Hoogue, au ch./f de la confrérie du sca
pulaire ; —le P.Léon, au ck. i5e du traité
de l'alliance spirituelle;—Daniel de la p^.
Marie, part. 3e, ch. 3* du spéculum, etc.
2° En i643 , dans la ville de Castres-sur-
Moselle, au diocèse de Toul, on ouvrit la
sépulture d'une demoiselle, huit ans après
son décès; et le scapulaire avec lequel on
l'avait ensevelie , quoique couvert des dé
bris du cadavre , fut trouvé dans un état
d'incorruption parfaite. Le prodige dûment
constaté , dans un examen juridique, par
des témoins oculaires dignes de foi, qui
déposèrent, avec serment, la vérité du fait
miraculeux , fut publié par l'autorité de
l'évêque. M. Berthelot , grand- vicaire de
Sens, transcrivit lui-même l'extrait de eet
acte authentique des archives du palais
X,
DU SCAPULA1RE. 153
épiscopal de Toul. (On le trouve dans Cou-
vragë du P. Daniel ci-dessus , part. 3%
ch. 3e.)
3° Malgré la certitude du miracle,quelques
personnes semblaient se refuser à l'évidencei
l'attribuant à quelque cause de localité;
mais la Providence, dans le même diocèse et
< 1 : 1 1 1 s la même année 1643, en permit un
nouveau , pour confirmer le premier. Dans
l'église des Minimes de Toul , à l'occasion
des obsèques d'un gentilhomme, M. de
Baillive , on trouva dans le tombeau de
son Gis, mort de Ia peste depuis neuf uns,
le cadavre revêtu d'un scapulaire parfaite
ment sain , quoique, selon la déposition des
témoins , ou n'eût , depuis un temps immé
morial , aperçu une pareille incorruption
dans les habits de laine des religieux Mini
mes , enterrés au même endroit. ( Ber-
thelot, Recueil des miracles du S. Scapu
laire; le P. Daniel, idem. )
4° En 1733, dans l'église des Carmes du
couvent de Bordeaux , le caveau des fonda
teurs ayant été ouvert, à l'occasion des
obsèques de madame la comtesse de Bel
1 34 MANUEL
lisle , on découvrit , au milieu de plusieurs
cercueils de plomb , un cercueil de bois , où
était renfermé , depuis 2g ans, le corps
d'un jeune seigneur de ladite famille. A la
première secousse , le cercueil s'ouvrit et
s'éboula entièrement ; on vit les restes du
cadavre , surmontés d'un scapulaire sans
tache comme sans corruption. Ce fait mira
culeux fut examiné et approuvé par des
hommes doctes et pieux; et le P. Panetier,
carme de Bordeaux , et du même couvent,
mort confesseur de la foi , en 1 792 , tenait
ce fait miraculeux de la bouche même des
témoins oculaires. ( Voyez son ouvrage :
Instruction sur la confrérie de Notre-Dame
du Mont-Carmel , nouvelle édition, aug
mentée par son confrère le P. Augustin
Lesbazeilles , chap. II , paragr. lv , p. 49)
5° En 1751, ce même prodige s'est re
nouvelé dans le monastère de la Madeleine
de Bordeaux , sous les yeux de plusieurs
te'moins dignes de foi , à l'ouverture d'une
des sépultures du chœur, dans le cercueil
de mademoiselle Luc , Américaine, morte
âgée de quatorze ans, et ensevelie, en 1731,
DU SCAPULAIRE. 135
avec son scapulaire , retrouvé sain et entier,
vingt ans après. (Le P. Panetier, idem.
p. 5o.)
6° Au milieu du chœur de l'église des
Carmes de Nantes s'élevait un mausolée
d'une structure admirable , où les ducs de
Bretagne avaient leur sépulture. Anne de
Bretagne , qui fut successivement épouse de
deux rois de France , le fit élever en l'hon
neur de François II et de Marguerite de
Foix , ses père et mère. Son corps y fut
déposé, après sa mort, en 1514, entre les
cercueils du duc et de la duchesse. Le cœur
de la reine, avec son scapulaire , inclus par
son ordre, était renfermé dans un cœur
d'or ; le cœur d'or dans un coffre de plomb ;
le coffre de plomb dans un coffre de bois.
En 17o9, une grande inondation des ri
vières voisines et un débordement extraor
dinaire de la Loire , ayant inondé une par
tie de la ville de Nantes et spécialement le
quartier de l'église des Carmes , l'eau péné
tra dans les souterrains de l'église et par
conséquent dans le caveau des ducs de Bre
tagne. Elle y fit même un long séjour,
136 MANUEL
parce que l'inondation dura long-temps , et
elle se fit passage dans les cercueils, dans
les coffres et dans le cœur d'or. On le re
connut à des marques certaines en 1727.
La cour en fut informée : elle désigna des
commissaires pour vérifier les dégâts. Le
tombeau fut ouvert et visité à fond. On
trouva les coffres encore humides , et dans
le cœur d'or une goutte d'eau seulement ,
à la place du cœur de la reine Anne , dont
le scapulaire qui y était inclus , et qui aurait
dû être corrompu par l'humidité , fut trouvé
néanmoins entier, sain et sauf. Les commis
saires du roi préposés à l'ouverture et à la
visite du tombeau , témoins du prodige ,
consignèrent le fait dans le procès- verbal ,
y apposèrent leur signature et le transmirent
au roi. ( Hellol, Heures du Mont-Carmel ,
t. II, p. 383.)
7° En 1 64 1 , à Chastel, sur la Moselle, en
Lorraine , faisant une fouille dans- le ca
veau de la chapelle du château de Chatté,
on trouva le scapulaire d'une jeune demoi
selle , dite Gabrielle de Chatelcu , qui y
avait été enterrée huit ans auparavant ,
nU SCAPULAIRE. 137
aussi entier que le jour où il y avait été dé
posé, quoique le cercueil, le corps et les
habits fussent tout consumés par l'humidité
du lieu. Ce scapulaire miraculeux attira
l'attention de tout le monde; pour faire l'é
preuve de ce miracle , on le posa sur un
agonisant, à qui il rendit en un instant la
santé et la vie. On dressa un procès-verbal
de ce double miracle , le 4 septembre i644;
il fut signé par M. le grand-vicaire de Tou)
et muni du sceau de l'évêque. ( Le P. Je
rome, p. gi.)
i i" Prodiges prcservatifs des calamitcs
publiques, etc.
En i636 , où. la peste faisait en Flandre
d'affreux ravages, un homme appelé Jean
Paludan , du bourg de Véline, attaqué de
cette contagion funeste , se trouva tout à
coup réduit à la dernière extrémité, au
point que les médecins, le croyant sans
espoir de guérison, engageaient sa femme a
se retirer, pour se soustraire à la maladie ,
138 MANUEL
dont tous ses soins ne pourraient sauver son
mari. Cette pieuse femme , inconsolable, ne
pouvant se résoudre à s'en séparer, et
voyantqu'il n'y avait plus aucune ressource
humaine , eut recours à la vertu du scapu-
laire, dont elle avait souvent entendu ra
conter des merveilles. Elle prend le scapu-
laire , dont son mari était déjà revêtu ; elle
applique les deux morceaux sur les deux
ulcères que la peste avait formés ; ensuite
elle répand devant Dieu ses larmes et ses
prières , et implore la protection de Notre-
Dame du Mont-Carmel. Aussitôt son mari
ouvre les yeux , regarde de côté et d'autre ,
et l'appelle. Alors sa confiance se ranime ;
elle presse son mari de se joindre à elle
pour obtenir de Dieu , par l'intercession de
Marie , une parfaite guérison. La sainte
Vierge eut égard à la ferveur de leurs prières
et se rendit propice à leur vœux. Le même
jour, la contagion disparaît , les ulcères se
ferment, et le malade est entièrement réta
bli par la vertu du scapulaire. Jean Palu-
dan , pour laisser un monument public de
sa reconnaissance dans sa paroisse , remit à
DU SCAPULAIRE. 139
son pasteur, M. Jean Baex , le scapulaire
qui avait été l'instrument de sa guérison ,
dans une châsse embellie de précieux orne
ments, af1n de le déposer,comme un ex-voto,
dans la chapelle de la confrérie. (Le P.Da
niel , idem, part. III , ch. 14-)
1 2° Prodiges preservatifs des atteintes mor
telles d'animaux, etc.
En 163o,8 décembre , il arriva, dans
l'enclos du monastère de Montmartre, un
accident qui retentit bientôt dans tout Paris.
La mère Martine de sainte Apollonie,
religieuse de Montmartre, se trouva atta
quée violemment par deux dogues furieux,
qui s'étaient introduits, on ne sait trop com-
ment,dans l'enclos du monastère de l'abbaye.
Privée de tout secours pour se défendre, et
se voyant tout en sang et couverte de plaies,
n'ayant plus rien sur elle qui ne fût déchiré
ou en lambeaux r excepté son scapulaire de
Notre-Dame du Mont-Carmel , que ces ani
maux avaient respecté ; elle pensa, et avec
140 MANUEL
raison, qu'ils pouvaient l'étrangler; alors,
s'armant de courage et de confiance en la
sainte Vierge, elle prend son scapulaire , et
le tient avec ses deux mains collé sur sa
gorge, eu implorant le secours de Marie :
elle échappa ainsi au danger qui la mena
çait. Rentrée dans le cloître de la maison,
après s'être retirée et rhabillée dans sa cel
lule , elle vint attester le fait à la supérieure
et devant toute la communauté, en les priant
de bénir Dieu avec elle de l'avoir sauvée de
la fureur de ces deux dogues, par l'interces
sion de Marie.
i3° Prodiges prcservatifs de morts subites.
Les miracles de protection à l'article de
la mort, ont été souvent renouvelés à l'é
gard des confrères du scapulaire. Combien
de fois surpris par un accident subit, ou
se trouvant dans une criseimprévu , ou
dans un état désespéré, et abandonnés des
médecins , ils ont obtenu du ciel , par la
111- SCAPULAIRE. 1 41
vertu du scapulaire , la grâce du temps né
cessaire pour recevoir les sacrements et se
préparer à la mort ! Combien de personnes
ont été ainsi préservées d'une mort subite!
Combien doivent leur salut à ce secours
miraculeux !
1° En 1636, M. deCuge, seigneur pro
vençal et cornette de la compagnie du che
valier de Vitry, traversant le fleuve du
Tésin , reçut un éclat de bombe, dans la
poitrine , qui lui déchira le cœur, dans le
quel pénétra aussi son scapulaire , que le
chirurgien retira , après avoir sondé la
plaie. Il devait naturellement mourir sur le
coup; il a recours à la sainte Vierge, ré
clame sa puissante protection auprès de
Dieu, et il a le bonheur de jouir encore de
trois heures de vie pour mettre ordre à sa
conscience, recevoir les sacrements et faire
son testament. M. le vicomte d'Annecy fut
témoin du fait. On assure que lorsque Vic-
tor-Amédce , duc de Savoie , eut succédé
à son père, Charles-Emmanuel II, frappé
du récit de cet événement miraculeux, il
ordonna que l'on procédât aux informa-
11
142 MANUEl
tions juridiques et en procura l'authenticité
auprès de l'archevêque de Turin. (Zc jP.
Théophile Raynand, tome 7, p. 26g.)
20 En 164o , est arrivé le trait d'un sol
dat Cravate , cité .à la page 99 ci-dessus.
3° En l653 , un chirurgien, nommé Leo
nard Tamin , du bourg d'Oradour, dans
l'Ile-de-France, ayant été blessé au cœur
d'un coup d'épée, en pleine campagne, et
dépourvu de tout secours , se recommanda
No1re-Dame du Mont-Carmel , afin d'ob
tenir de Dieu , par son intercession , le délai
nécessaire pour ne pas mourir sans confes
sion. Cette grâce lui fut accordée par une
singulière providence. Il survécut neuf heu
res au coup qu'il avait reçu ; il eut le bon
heur de recevoir tous les sacremens , et
aussitôt après il rendit son âme à Dieu
dans la paix du Seigneur, après avoir par
donné à son assassin. Le P. Le Jeune déclare
avoir extrait lui-même l'histoire de ce fait
miraculeux de l'acte authentique du procès-
verbal, signé par les témoins , où se trou
vait la déposition du prêtre qui l'avait
administré.
DO SCAPtUAIRE. 143
4° En 1664 , un seigneur de la province
d'Anjou, beau-frère d'un duc et pair de
France , ayant reçu le scapulaire , dans
l'église du couvent des Carmes , à Arras ,
eut le malheur , 4o ans après , de se battre
en duel, à Paris. II reçut un coup d'épée
dans le cœur. Renversé par terre , il devait
ne pas survivre un instant. 11 invoque la
sainte Vierge , baise affectueusement son
scapulaire et demande un confesseur : ses
gens survenus le portent au couvent des
Carmes déchaussés de la rue de Vaugirard
au faubourg S.-Germain, où il eut le temps
de se confesser et de recevoir les autres sa
crements : il édifia tout le monde, en mou
rant dans les plus vifs sentiments de repen
tir, et de confiance en la miséricorde de
Dieu. Ayant fait l'autopsie du corps, on fut
convaincu que la profondeur de la blessure
était telle qu'il n'avait pu survivre un ins
tant que par un miracle insigne; aussi tout
Paris retentit de ce prodige , qui donna lieu
de bénir Dieu et d'accroître la dévotion au
S. scapulaire. {Le P. Jérôme , p. 126.)
5° Dans la même année 1664, l'écuycr
144 MANUEL
de la marquise du Bellay reçut au cœur
un coup de fusil ; le péricarde fut rompu,
et le poumon percé ; l'écuyer tomba comme
mort de son cheval : s'étant recommandé
à la sainte Vierge , dont il portait le scapu-
laire, il fit effort pour arriver chez M. le
prieur de Giseu , proche le château ; il se
confessa et pardonna à son ennemi; il reçut
ensuite les autres sacrements, mit ordre à ses
affaires et mourut en priant la sainte Vierge
avec une ferveur édifiante, mêlée de la plus
tendre reconnaissance envers cette mère, le
refuge de ses enfants. L'acte juridique de
cette merveille fut dressé et revêtu de la
signature de trente personnes , de M. le
prieur de Giseu et de M. Bourgoin , son
vicaire. Ce prodige ranima tellement la dé
votion au S. scapulaire , que la mar
quise fut obligée de faire venir les Car
mes d'Angers , pour donner le scapulaire
à tous les habitants du château , qui sollici
taient la faveur d'être inscrits et reçus dans
la confrérie.
6° Combien de fois au milieu des camps,
ou sur le théâtre de la guerre , n'a-t-on pas
DU SCAI'LLAIKE. 145
vu des officiers et des soldats , mutilés et
mourants , obtenir de Dieu le temps néces
saire pour se reconnaître ? En Saintonge ,
au mois d'avril 1652, lorsque le marquis du
Plessis-Bellièvre assiégeait Saint-Surin , on
a vu un prodige en ce genre si étonnant, que
toutes les gazettes le publièrent comme un
phénomène inouï.
Le cardinal de Sourdis , archevêque de
Bordeaux , grand- amiral de France , ayant
mouillé l'ancre à Belle-Islc , pour rafraîchir
l'équipage de sa flotte, et ayant abordé sur
les côtes de Vannes, pour se rendre à Sainte-
Anne, près d'Auray, raconta aux Carmes
de ce lieu , les RB. PP. Léon et Mathias,
une foule de prodiges arrivés aux gens de
guerre, par la protection de la sainte Vierge
et la vertu du scapulaire. J'en ai vu et con
fessé , leur disait-il , un nombre infini , hor
riblement mutilés, les uns percés de coups ,
les autres privés de jambes ou de bras ,
revêtus du S. scapulaire, et tous moribonds,
n'expirer qu'après avoir reçu l'absolution.
(Le P. Mathias, véritable dévotion du sca-
dulaire, ch. 2 3, p. 365.)
146 MANUEL
14° Prodige d'un mort ressuscite.
Si la sainte Vierge a , plusieurs fois , en
faveur de sa confrérie , opposé à la mort
le S. scapulaire, comme une barrière in
surmontable , pour détourner ou retar
der ses coups , funestes au salut des
âmes , elle lui a aussi quelquefois arraché
sa proie, et elle a rappelé à la vie du
corps des personnes déjà mortes, afin de
leur procurer, par la vertu des sacrements,
la vie de la grâce. Choisissons un des exem
ples les plus frappants , qui réunisse les
preuves d'une authenticité irrécusable.
En 1655, près de la ville de Douai,
dans un lieu alors du diocèse d'Arras , un
enfant vint au monde, sans aucun signe
de vie , mort dans le sein de sa mère. Les
parents inconsolables , mais pleins de foi ,
ne cherchèrent pas, dans des secours
humains ,un salut impossible , selon l'oracle
des livres saints : Fana salus hominis.
Leur confiance en Marie était si vive , qu'ils
eurent recours à sa divine protection. Ils
DU SCAPULAiRE. 147
vont à l'église paroissiale , où la confré
rie du Mont-Carmel était érigée, depuis
deux jours; ils déposent l'enfant aux pieds
de Notre-Dame du Mont-Carmel : leurs
vœux furent sans succès. Ils emportent leur
enfant dans leur maison, et se livrent à une
douleur pleine d'une sainte résignation à
la volonté de Dieu, mais inconsolable,
parce que leur enfant était mort sans bap
tême. Je ne sais quel secret pressentiment
vient tout-à-coup ranimer leur confiance; ils
rapportent l'enfant à l'église, fondant en
larmes ; ils le vouent à la sainte Vierge ,
font bénir un scapulaire , le revêtent de
ce signe de salut; puis ils entendent la
messe , qu'ils font dire en l'honneur de
Notre-Dame du Mont-Carmel; et, d'une
voix entrecoupée de sanglots , ils réclament
de Dieu , par les mérites de Je'sus et de
Marie , quelques instants de vie , pour
faire jouir leur enfant de la grâce du
baptême. Pendant la messe , l'enfant com
mença à donner des signes de vie, qui pa
rurent encore équivoques : mais ils de
vinrent plus sensibles; néanmoins le curé,
148 MANUEL
dans la crainte de compromettre son mi
nistère, s'il donnaitle baptême à un enfant
mort, crut devoir consulter les docteurs de
l'Université de Douai , et il leur exposa
le fait dans toutes ses circonstances. Ils
décidèrent que les signes étaient suffisants
pour baptiser l'enfant. Le curé , pour
s'assurer davantage de la réalité du mira
cle , retarda le baptême , peut-être im
prudemment , jusqu'au onzième jour
après sa naissance , et l'enfant se conserva
toujours sans corruption. Enfin le jour fixé
étant arrivé, le curé baptisa le nouveau-né
avec une grande solennité , au milieu du
concours immense de personnes accourues
de toutes parts. Pendant la cérémonie du
baptême, on vit les yeux de l'enfant s'ou
vrir, devenir de plus en plus clairs et bril
lants; on aperçut de la salive dans sa bou
che; des mouvements sensibles dans sa tête,
et une beauté ravissante dans tous ses
traits. On exposa le saint sacrement , et on
chanta un Te Deum solennel d'actions de
grâces.
Lorsque la cérémonie du baptême et les
DU SCAFULAIBE. 149
solennelles actions de grâces furent termi
nées, les signes de vie, que l'enfant avait
donnés , commencèrent peu à peu à dispa
raître insensiblement ; les couleurs s'effacè
rent , le visage pâlit , et le corps commença
aussi à offrir des traces de corruption. Il
fut enseveli trois jours après. Dieu ne lui
avait rendu la vie du corps, que pour lui pro
curer la grâce du baptême.
L'autorité ecclésiastique, c'est-à-dire les
vicaires-généraux capitulaires, le siége va
cant , crurent devoir constater et vérifier
ce miracle et faire procéder à l'examen le
plus rigoureux, selon les formes juridiques,
et dans toute l'exactitude des règles pres
crites par le S. concile de Trente. M. Char
les François de Lauretten , archidiacre et
vicaire général capitulaire du diocèse d'Ar-
ras , donna la commission de l'enquête à
l'université de Douai , en la priant de join
dre au procès-verbal une décision formelle.
L'université nomma quatre docteurs de la
faculté de théologie , qui , de concert avec
les professeurs de médecine, d'anatomie et
«le chirurgie, ayant juridiquement interrogé
1 50 MANUEL
les témoins, mûrement examiné et vérifié
les faits et les circonstances , . déclarèrent
que cet enfant avait été véritablement res
suscité , et que tous les faits jusqu'à son
baptême étaient au-dessus des forces de la
nature ; qu'en conséquence le miracle était
incontestable et digne d'être approuvé
comme très- authentique par l'autorité
ecclésiastique. Les vicaires-généraux capi-
tulaires publièrent donc le miracle de cette
résurrection comme un effet de la toute-
puissance de Dieu , par l'intercession ée
Notre-Dame du Mont-Carmel. (On trouve
l'extrait dans le P.Daniel de la Vierge Ma
rie, en son ouvrage , part. 3, eh. 3.)
2°. Miracles de guérisons.
Le scapulaire a été l'occasion , la source
et l'instrument de tant de miracles de gué-
risons, si authentiques et si connus dans tou
tes les parties du monde chrétien,surtout eu
France, qu'il nous suffira d'en relater ici
trois plus mémorables des pajs étrangers.
DU SCAPULA1BE. 151
1° Au seizième siècle, une demoiselle de
très-noble extraction, nommée Catherine
de Taide, de la ville d'Otissipe, en Espa
gne , était paralytique depuis neuf mois,
sans pouvoir trouver aucun remède ou sou
lagement dans les secours de la médecine.
Une soudaine inspiration du ciel lui fait
naître la pensée de se vouer à la sainte
Vierge du Carmel. Elle ordonne qu'on la
transporte à l'église des Carmes de cette
ville, dans sa chapelle; et aussitôt qu'elle
eut fait sa prière pour se vouer à Notre-
Dame du Mont-Carmel , elle fut à l'instant
parfaitement guérie , au grand étonnement
de tous les assistants, qui coururent au cou
vent pour en faire le rapport au R. P.
prieur. Il fit assembler sur le champ les
religieux dans le chœur, pour chanter le
Te Deum en actions de grâces de ce pro
dige. Le lendemain, après un examen juri
dique de cette guérison subite et miracu
leuse, lorsque le miracle eut été constaté
selon les formes prescrites , on annonça
une procession, comme un témoignage so
lennel d'actions de grâces pour un si écla
152 MANUEL
tant bienfait. Tout le clergé de la ville se
rendit à l'église des Carmes, pour se join
dre à la procession et unir ses actions de
grâce à la reconnaissance publique. La de
moiselle miraculée , si impotente avant
sa guérison , suivit la procession à pied ,
sans le secours de personne, et devint
comme un monument vivant de l'assis
tance de Marie.
Le P. Louis de Grenade, ce célèbre do
minicain espagnol, non moins illustre par
ses lum1ères que par sa piété, témoin ocu
laire de ce fait miraculeux qu'il raconte
lui-même dans son introduction au sym
bole de lafoi, fut si frappé de la vérité de
ce prodige qu'il ne craignait pas de dire :
« Le miracle de cette guérison a été si
» éclatant , si certain , si évident , et si bien
» soutenu , que , si j'étais payen , il me suf-
» firait pour me démontrer la vérité de la
» religion chrétienne et m'engager à l'em-
« brasser.» {Louis de Grenade ,dans fou
rrage cité ci-dessus . )
2° Dans la capitale de l'île Mayorque ,
v» gentilhomme distingué de la ville était
DU SCAPULAIRE. 155
réduit à la dernière extrémité , à cause
d'une perte de sang, qu'un accident impré
vu avait occasionnée, et dont on ne pouvait
arrêter le cours. On employa sans succès
tous les moyens indiqués par les plus ha
biles médecins et tous les secours ordinaires
suggérés par le zèle dans les cas extrêmes ;
enfin , une respectable dame , Eléonore
d'Ortiz,tierçaire de l'ordre des Carmes, con
seilla au malade de s'adresser à Notre-Dame
du Mont-Carmel. Celui-ci , sans balancer,
à la persuasion de cette dame, implore la
protection de la Vierge du Carmel, reçoit le
scapulaire et fait le vœu de le porter publi
quement pendant un an ; alors le sang qui
découla it d e la blessure s'arrêta tout-à-cou p ,
et le malade fut si parfaitement guéri , que
le miracle de la guérison fut constaté par la
voie d'une information juridique , faite par
l'évèque même de Mayorque , Simon de
lieaucas, et publié par son ordre. Le gentil
homme miraculé se rendit avec toute la
noblesse et les premiers magistrats de la
ville, dans l'église des Carmes, où l'on
célébra une grande solennité d'action de
154 MANUEL
grâces et où l'on fit un sermon analogue au
miracle, pour ranimer la dévotion au S.
scapulaire , et exciter la confiance et la
reconnaissance publique envers Marie. On
trouve ce fait miraculeux dans l'abrégé his
torique des grâces et bienfaits obtenus du
ciel par le S. scapulaire et l'invocation de
N.-D. du Mont-Carmel, parle P.Michel de
laFuente, Carme contemporain. [Le P.
Michel de la Fuente, dans son ouvrage ci-
dessus , liv. 4> ch. 4- )
3° En 1645 , à Prague , en Bohême , un
illustre magistrat de la ville , Jean-Baptiste
Castel, étant encore peu instruit des avanta
ges etdes merveilles du scapulaire,se raillait
souvent de son épouse, qui le portait avec
respect , et il lui en parlait avec mépris.
Son épouse un jour , blessée jusqu'au vif
de ses reproches injustes et de ses blasphè
mes outrageants , lui répondit : prenez
garde que ce mépris insultant ne vous attire
la malédiction de Dieu ; peu de temps
après,il fut atteint d'une ophtalmie très dan
gereuse. Ayant épuisé inutilement tout l'art
des médecins et l'expérience des plus ha-
DU SCAPULAIRE. 155
biles oculistes , il fut forcé de reconnaître
que sa maladie était une punition de Dieu,
à cause du mépris injurieux qu'il avait fait
du scapulaire ; il prit la résolution de
chercher sa guérison dansle signe même de
salut qu'il avait méprisé par ignorance : il
se disposa donc à recevoir saintement les
sacrements , pour mériter la protection de
Marie; et il reçut, avec autant de respect
que de confiance, le scapulaire , qui, par la
miséricorde de Dieu et l'intercession de la
sainte Vierge , devint tout-à-coup la cause
d'une si parfaite guérison qu'il se trouva ,
depuis ce jour là , en état d'exercer ,
sans interruption , toutes les fonctions
de la magistrature. Ce magistrat dressa
lui-même un mémoire authentique de sa
guérison miraculeuse. {Voyez le P. Daniel,
dans son ouvrage, part. 3, ck. 14. )
Les monuments et les ex-voto , si mul
tipliés dans l'enceinte des chapelles et au
tour des autels dédiés à Notre-Dame du
Mont-Garmel , dans toutes les parties du
monde chrétien, attestent hautement les in
nombrables guérisons dues au S. scapulaire
^Ô MANUEL
et prouvent qu'il n'est pas un genre de cala
mité , de douleur ou d'infirmité , qui n'ait
trouvé son remède dans ce signe de salut ,
gage toujours subsistant de la protection de
Marie. (Le P. Philibert Fezay , dans le livre :
Duplex privilegium sacri scapularis. )
3° Miracles de conversions.
Si la sainte Vierge opère tant de mer
veilles pour la guérison des corps , elle
assiste à plus forte raison , dans les besoins
de l'âme , tous ceux qui sont revêtus de ses
livrées. Quel est l'enfant de Marie , le con
frère du scapulaire, qui, durant le cours de
sa vie , ou au lit de la mort , n'a pas éprouve
les effets salutaires de ses promesses? N'est-
ce pas à la vertu du scapulaire que tant de
jeunes gens et de jeunes personnes ont dû
le bonheur de conserver leur innocence ?
Combien d'autres, jetés dans le tourbillon
du monde, lui ont été redevables de leurs
victoires contre les attaques du démon , la
révolte des sens et les efforts de l'enfer ?
Quelquefois un seul regard , ou un simple
DU SCAPULAIRE. 1 5T
souvenir du scapulaire a suffi, pour mettrele
tentateur en fuite et pour rendre le calme
et la paix à une âme agitée, parce que cette
armure céleste rend comme invulnérable,
aux traits envenimés du démon, la jeunesse
précautionnée qui a soin de porter ce vê
tement de salut avec un vif sentiment de foi
et de piété*
Mais combien d'innombrables conver
sions dans toutes les contrées de l'univers ,
opérées par la vertu du scapulaire ? On en
voit des traces partout dans les chapelles de
la sainte Vierge , environnées de tant d'ins
criptions ou de trophées , en témoignage de
ce bienfait , que l'on peut dire , avec vérité,
que les murs de ces sanctuaires de Marie
parlent en faveur de la dévotion du scapu
laire. Choisissons quelques-uns de ces traits
éclatants de conversion, qui ont consolé
l'Eglise et édifié le prochain.
1° Ecoutons un saint évèque,leB. Alphon
se Liguori , qui nous atteste le fait suivant.
« Un prêtre , dit-il , le compagnon de
mes travaux et de mes voyages , était dans
une église, au confessionnal. Il voit passer
158 MANUEL
un jeune homme : quoiqu'il n'eût donné
aucun signe de piété en entrant, néanmoins
son air embarrassé annonçait quelque com
bat secret dans son âme : le missionnaire
en pénétra la cause. Aussitôt, quittant le tri
bunal , il s'approche de lui et lui dit :
«Mon ami , peut-être vous voulez vous con
fesser ?» — Le jeune homme lui répondit
oui, en balbutiant, et il ajouta: « Ce sera
une bien longue confession ; si vous pouviez
m'entendre en un lieu à l'écart. » Il était
honteux de lui-même et voulait rendre au
ministre de Dieu une hostie consacrée qu'il
avait emportée. Lorsqu'ils furent seuls , le
jeune homme lui parla ences termes: « Mon
père, je suis un gentilhomme étranger à
ce pays. J'ai tant offensé Dieu en ma vie ,
je suis couvert de tant de crimes que je n'o
serai jamais me persuader que je puisse de
venir l'objet de la miséricorde de Dieu. Sans
vous parler encore des meurtres et des in
famies en tout genre dont je suis coupable,
je vous dirai d'abord , qu'en désespoir de
mon salut , je me livre à tous les crimes ,
moins pour satisfaire mes passions que pour
DU SCAP0IA1RE. 159
outrager Dieu et assouvir la haine que je
lui porte. Je portais sur moi un crucifix, je
l'ai jeté par mépris loin de moi. Ce matin
même.... j'ai horreur de vous le dire.... je
suis allé à la sainte table pour commettre le
plus horrible sacrile'ge , avec le projet scé
lérat de foulera mes pieds la sainte hostie...
J'allais exécuter mon dessein.... La pré
sence seule de quelques personnes m'a re
tenu... O mon père, la voilà... Prenez-la; je
serais encore capable de ce déicide. En
passant devant cette église , un mouvement
intérieur presque irrésistible m'a poussé
dans le temple, malgré mon indignité. Mon
cœur , assiégé de remords , a fait entendre
nu dedans de moi ce cri perçant du re
pentir , qui réveille le coupable ; et une
pensée vague de me confesser s'est élevée
dans mon âme. Tandis que j'approchais de
votre confessionnal , je sentais mes genoux
fléchir, et mon courage défaillir : l'horreur
de moi-même , la terreur d'un Dieu ven
geur du crime me laissait sans espoir; et je
chancelais au point de vouloir sortir : je
me sentis retenu comme par une main in
160 MANUEL
visible , lorsque vous m'avez abordé. O mon
père, je suis à vos genoux.... Je me con
fesse... Il me semble que c'est un songe ,
tantje suis étonné de tout ceci.» Le mission
naire lui dit alors : « Mon ami , d'où peut
vous venir la grâce qui vous amène à mes
pieds? avez-vous aujourd'hui fait quelque
bonneceuvre , ou quelque pratique de piété ?
peut-être vous aurez offert quelque sacri
fice à Dieu , quelque prière à la sainte
Vierge ? car une telle conversion , une telle
grâce doit partir de son cœur maternel ;
vous aurez imploré son assistance auprès de
Dieu. » — « Moi , des sacrifices ! moi , des
prières ! vous êtes dans l'erreur , mon père ;
quoi ! un pécheur sans espoir ,uu pied déjà
dans l'enfer, oserait lever les yeux vers
Marie !» — « Mais, mon ami, réfléchissez
un instant. » — « Hélas ! mon père , que
puis-je vous dire ? » Puis portant la main
sur sa poitrine 'qu'il découvre : «Tenez,
mou père, voilà tout ce que j'ai conservé.»
Et il lui montre son scapulaire. « Ah ! mon
fils , s'e'cria le missionnaire attendri , mon
cher fils, ne le voyez-vous pas clairement ?
DU SCAPULAIRE. 161
c'est la sainte Vierge qui vous a obtenu
cette grâce ; l'église où vous êtes entré
par une soudaine inspiration lui est consa
crée.» A ces mots, le jeune homme fond en
larmes : il pousse un long soupir ; ce fut
le moment dela grâce. 11 l'ait au prêtre le dé
tail de sa vie criminelle ; et sa douleur-, in
terrompue par ses sanglots , allant toujours
croissant , il tomba évanoui aux pieds du
confesseur... Mais enfin revenu à lui-même,
il acheva sou accusation , se disposa à l'ab
solution , la reçut dans les plus vifs senti
ments de repentir , s'approcha de l'auguste
sacrement de l'eucharistie , et permit à son
confesseur de publier partout la grande
miséricorde de Dieu à son égard , par l'en
tremise et la protection de Marie.
2° Eu 1253, le 16 juillet, le B. Simon
Stock se rendait à Winchester, avec le P.
Suwanington, son secrétaire et le directeur
de sa conscience, pour obtenir de l'évêque
de cette ville des lettres pour le souverain
pontife Innocent IV , lorsqu'il vit venir à
cheval, en grande hâte à sa rencontre,
Pierre de Lynthon, doyen de l'église de Ste.
1 62 MANUEL
Hélène , de Winchester , qui le supplia en
grâce de vouloir bien l'accompagner sur le
champ , pour sauver l'âme de son frère ,
qui mourait en désespéré. Ce moribond s'ap
pelait Walter; c'était un homme arrogant,
effronté , querelleur, adonné à l'art magi
que , contempteur des sacrements et singu
lièrement à charge à tout le voisinage. Or,
un jour qu'il avait insulté un gentilhomme,
il fut appelé en duel , et il reçut dans le
combat un coup mortel. Alors se voyant
prêt à paraître devant le tribunal de Dieu,
et le démon lui rappelant tous les détails
de sa vie criminelle, pour le jeter dans un
affreux désespoir, il ne voulut plus entendre
parler de Dieu, ni des sacrements; mais il
s'écriait en blasphémant: « Je suis damné; je
te charge, ô démon, d'être l'instrument de
mavengeance sur celui qui m'a tué.» Arrivés
à la maison du malade , ils entrent dans
la chambre de ce malheureux. Quel spec
tacle ! Il écumait de rage, il grinçait des
dents ; et ses yeux égarés roulaient d'une
manière effrayante dans leur orbite. Le B.
Simon, voyant que ce moribond désespéré
DU SCAPULAIRE. 16J
n'avait plus l'usage des sens,fait le signe de la
croix surle malade,le revêt duscapulaire,se
met à genoux, lève les yeux au ciel et de
mande à Dieu pour cet infortuné le délai de
temps nécessaire pour mettre ordre à sa con
science, afin que cette âme, rachetée par le
sang de Jésus-Christ, ne devienne pas la
proie du démon. Tout-à-coup, chose ad
mirable! le moribond revient à lui, comme
quelqu'un qui se réveille d'un profond som
meil; ses forces se raniment, il recouvre l'u-
soge des sens et de la parole, fait le signe
de la croix; et, au milieu de mille impréca
tions contre le démon, il verse un torrent
de larmes, puis il s'écrie à haute voix : « Ah!
malheureux que je suis ! Je serai donc dam
né éternellement , si Dieu ne fait luire sur
moi un rayon de ses miséricordes infinies :
j'ai horreur de moi : le nombre de mes ini
quités surpasse celui des grains de sable
de la mer. Oh ! mon Dieu ! Votre miséri
corde n'éclate-t-elle pas au-dessus de votre
justice ? ayez pitié de moi.... et vous, ô
Père, aidez-moi : je veux me confesser. » A
ces mots' le P. Sivwanington se retire; et,
164 MANUEL
durant le temps de la confession du malade,
voici quel fut l'entretien du frère du mori
bond avec le P. Suwanington lui-même :
« Mon Père, lui dit-il, après mille efforts et
tentatives inutiles auprès de mon frère,
voyantson impéniten ce obstinée ,jeme retirai
dans une chambre voisine, et je me mis en
prière, pour fléchir le cœur de Dieu, et ob
tenir de sa divine clémence le salut de l'âme
de mon frère. Au milieu de ma prière, j'en
tends une voix qui dit: «Pierre, levez-vous,
et cherchez mon serviteurfidèleSimon;il est
en route sur le grand chemin , amenez-le ici.»
Je me retourne, je regarde autour de moi
d'où peut venir la voix, je ne vois personne :
la voix répète une seconde et une troisième
fois les mêmes paroles. Alors ne pouvant dé
couvrir d'où peut partir cette voix, j'obéis
à cet ordre qui me semble descendu du
ciel, je monte achevai, persuadé que je
rencontrerai ce bon père, et je rends grâces
à Dieu de l'avoir trouvé si à propos. »
Pendanttout cet entretien, D1eu avait tou
ché le cœur de Walter et assuré son repen
tir par les soins et l'assistance du B. Simon.
DU SCAPULA1RE, 165
Aussitôt que la confession est terminée ,
Walter renonce publiquement à la magie et
au démon, et donne les marques les plus tou
chantes d'une vraie et sincère pénitence ; il
dicte son testament, fait promettre, avec ser
ment, à son frère, qu'il fera toutes les restitu
tions qu'il lui indiquent réparera tous lestorts
qu'il a pu faire; il pardonne enfin généreu
sement et de bon cœur à son ennemi , en
union avec Jésus-Christ sur la croix. Il re
çoit ensuite l'absolution de ses crimes et les
sacrements de la sainte Eglise apostolique
et romaine. Vers le milieu de la nuit , il
mourut dans la paix du Seigneur , et il
apparut à son frère pour l'assurer de son
salut, dont il se disait redevable au S. sca-
pulaire et à la protection puissante de
Marie.
Le bruit de ce miracle se répandit bien
tôt dans toute la cité. Pierre de Lynthon
en instruisit l'évêque de Vinchester et lui
en donna un récit détaillé par écrit , ne
voulant rien publier sans son agrément.
L'évêque, étonné de ce fait si miraculeux ,
crut devoir en référer à son conseil. Il fut
12
166 MANUEL
décidé que l'on interrogerait, sur la vertu
du S. scapulaire le B. Simon. Il se rendit
au vœu de l'évêque ; et après lui avoir tout
raconté en détail , il en dressa un acte au
thentique , sous le sceau du serment.
Le doyen de Sainte-Hélène , en recon
naissance de ce prodige insigne de grâce
et de conversion , fit bâtir aux RR. PP.
Carmes un couvent plus commode et plus
spacieux. Son exemple fut imité en beau
coup d'endroits , et beaucoup de grands
personnages se firent inscrire dans la confré
rie et reçurent le scapulaire, pour participer
aux avantages qu'il assure , à ceux qui en
sont revêtus , en ce monde et en l'autre.
Ces prodiges du scapulaire ne doivent
pas nous étonner. La puissance miraculeuse
de Marie ne doit-elle pas être plus
étendue que celle de ses serviteurs ? Si le
manteau d'Elie , si les ossements d'Elisée
ont été les instruments de bien des prodiges;
si l'ombre seule du corps de S. Pierre , les
vêtements de S. Paul ont été l'occasion de
guérisons miraculeuses ; à combien plus
juste titre le S. scapulaire de la sainte Vierge
DU SCAPOLAIRK. 167
a-t-il pu et dû être l'instrument de nom
breuses guérisons, et une source de grâces
et de bénédictions abondantes !
168 MANUEL
ARTICLE CINQUIEME.
La dévotion du Scapulaire est justifiée par
le concours unanime des Fidèles.
Si la dévotion du scapulaire est de toutes
les. dévotions celle qui a été favorisée par
un plus grand nombre de miracles , elle est
aussi incontestablement la dévotion la plus
répandue , et qui compte le plus d'associés
dans toutes les parties du globe, dans toutes
les classes de la société ; dans toutes les
villes , dans tous les bourgs et villages ;
et même parmi tous les ordres religieux
étrangers à celui des Carmes.
10 Dans le haut clergé comme dans le
clergé inférieur, on a vu les souverains pon
tifes , les princes de l'Eglise , les pasteurs
des peuples , se faire gloire d'appartenir à
l'ordre privilégié de Marie et de porter les
livrées du Carmel.
....1° Parmi les souverains pontifes , on
compte beaucoup de papes qui étaient re
DU SCAPULA1RF. 169
vêtus du srapulaire ; on cite , entre tant
d'autres , plusieurs qui en ont donné quel
ques indices plus remarquables : Léon X
(Medicis) ; Grégoire XIII (Boncompagni) ;
Grégoire XIV (Sfrondati) ; Clément VIII
(Aldobrandini) ; Paul V (Borghèse) ; Gré
goire XV (Ludovisi) ; Urbain VIII (Barbe-
rini); Innocent X (Pamphili) ; Alexandre
VII (Chigi),etc.
Nous citerons plus particulièrement deux
traits mémorables de Léon X et d'Alexan
dre VII , qui sont dignes de leur piété.
Léon X , issu de la maison souveraine
des ducs de Florence , ayant été élu pape ,
et se disposant à la cérémonie de son exal
tation , fut successivement dépouillé de ses
habits cardinalices , pour être revêtu des
insignes de la papauté , par les prélats as
sistants, lorsqu'un d'en d'eux , apercevant
le scapulaire de Notre-Dame du Carmel ,
que Léon X avait toujours porté à son cou ,
depuis sa plus tendre enfance , fit un mou
vement comme pour le retirer , dans la
persuasion où il était que les vêtements
du pape étaient d'une dignité plus relevée ,
•f TO MANUEL
et jouissaient du privilège de tous les autres-
habits , même les plus saints. Le pape s'en
aperçut , et faisant signe avec la main , lui
dit : Arrêtez; laissez-moi Marie, afin que
Marie ne me délaisse pas. Le fait a été at
testé par le P. Sergero di Paolo, qui avait
vu la lettre d'un évêque assistant et témoin
oculaire. (Voyez le P. Isidore de S. Gilles
dans son ouvrage : Corona stellarum duo-
decim , stell. i0, adi3, n. i4oi. )
Alexandre VII, dès que le pape Inno
cent X cul rendu le dernier soupir , se re
tira aussitôt dans le couvent des Carmes
de l'ancienne observance, à Santa-Maria
délia transpontina , afin de se disposer à
entrer au conclave, par la retraite et le
recueillement ; il voulut recevoir le scapu-
laire des mains du R. Père Mario Ventu-
rini , général de l'ordre , et faire maigre ,
le mercredi, comme les pères Carmes:
usage qu'il s'imposa volontairement pour
tout le reste de sa vie , tous les mercredis ,
par simple dévotion , et pour honorer le
jour de son élection à la papauté , qui avait
été eu effet un mercredi ; ce qui faisait dire
DU SCAPULAIRE. 171
que la sainte Vierge avait protégé son élé
vation au trône pontifical.
.... 2o Parmi les cardinaux , il faudrait nom-
mer toutes les familles papables, outre celles
que nous avons nommées , les Orsini , les
Colonna, lesSforzia, les Caraffa, etc. ; toutes
les familles cardinalices , etc. ; mais il serait
impossible de ne pas en omettre une infi
nité , qui néanmoins ont donné l'exemple
d'une vraie dévotion à Notre-Dame du Car-
mel.
....3° Parmi les anciens princes électeurs
de l'empire d'Allemagne , on se plaisait à
nommer les archevêques électeurs de
Trêves, de Cologne et de Mayence , qui
étaient revêtus du scapulaire.
...-4° Parmi les patriarches, archevêques et
évêques, qu'il nous suffise, au milieu de
tant de noms illustres, de nommerS. Charles
Borromée , S. François de Sales , Fléchier,
évêque de Nîmes ; Mascaron , évêque
d'Agen , Lafitau , évêque de Sisteron ,
Belsunce, évêque de Marseille, etc., qui ont
préconisé et encouragé cette dévotion dans
leurs diocèses.
172 Manuel5o Parmi les pasteurs ou prêtres du se
cond ordre, le nombre des confrères du
scapulaire est innombrable; les curés, les
prédicateurs et les missionnaires se sont
tous empressés à l'envi d'exciter la dévotion
des fidèles pour le S. scapulaire par leurs
instructions comme par leurs exemples;
ils ont fait ériger partout dans les églises ,
des autels en l'honneur de Notre-Dame du
Carmel, et sollicité des évoques l'autorisation
d'établir des confréries du scapulaire.
2o Les ordres religieux , étrangers à
l'ordre des Carmes , non contents de per
mettre aux membres de leur corps de se
faire inscrire dans la confrérie du scapulaire,
leur ont inspiré le zèle de propager cette
dévotion partout où ils devaient annoncer
l'évangile ou donner des missions. Nous
avons signalé plus haut les noms honora
bles des jésuites , des oratoriens , des fran
ciscains , etc. ; mais nous devons ici faire
mention de deux faits qui honorent la com
pagnie de Jésus et l'ordre de S. François.
En i609 , à l'époque où il s'éleva un
orage en Portugal contre la confrérie du
DU SCAPULAIRE. 173
scapulaire , l'affaire relative aux difficultés
survenues ayant été renvoyée à une con
grégation de cardinaux à Rome, le R. P.
Claude Aquaviva, général de la compagnie
de Jésus , si sage dans son administration et
si prudent dans ses démarches , prit en
main le soin de la défense de la cause du
scapulaire, et s'employa avec zèle pour en
assurer le succès. Lorsque le Carmel eut
triomphé de ses ennemis , et que le succès
eut couronné les efforts du Pi Claude Aqua
viva, il se rendit chez le général des Carmes
pour le féliciter, et il l'assura qu'il avait
tellement à cœur cete dévotion , qu'il la re
commanderait à tous les pères de la compa
gnie. En effet, il leur fit savoir qu'il lui se
rait agréable de les voir se revêtir des li
vrées de Marie, et qu'il les exhortait à
entrer dans la confrérie du Carmel et à re
cevoir le scapulaire , pour mieux honorer la
sainte Vierge. Depuis ce temps les jésuites
ont été les plus zélés promoteurs etpropaga-
teurs du scapulaire : ils conseillent partout
cette dévotion , soit dans leurs instruction?
174- MANUEL
publiques, soit dans leurs exhortations par
ticulières.
En i65o environ, lorsque le R. P. In
nocent Catalagirone , général de l'ordre des
capucins , fit la visite des maisons de son
ordre en France , . où il laissa partout des
vestiges d'une haute sainteté , il se plaisait
à entrer dans les couvents des Carmes du
voisinage , et il leur disait : « Je me fais
gloire de porter le scapulaire , pour lequel
j'ai une singulière dévotion ; et je vois avec
plaisir que les pères de l'ordre séraphique
de S. François aiment , comme moi , à se
dire les confrères duCarmel, à se confondre
avec tous les associés , au jour de vos so
lennités; et j'estime singulièrement ceux de
nos religieux qui inspirent cette dévotion
aux fidèles, soit dans leurs sermons , soit
au saint tribunal , dans l'exercice de la
direction des consciences.
Il n'est aucun ordre religieux qui n'au
torise la dévotion du scapulaire ; et , dans
tous les lieux où il n'existe pas de couvent
de Carmes , on voit un grand nombre d'or
dres religieux , dont les R.R. PP. supé
DU SCAPULAIBE. 175
rieurs ont reçu de l'un des généraux de
l'ordre du Carmel les pouvoirs d'établir ,
dans leurs églises, un autel de la confrérie,
de bénir et de donner le scapulaire aux
fidèles , de former et de diriger même cette
sainte association.
Toutes les congrégations religieuses de
femmes , à l'exemple des Carmélites , ou
Thérésiennes, propagent également la dévo
tion au scapulaire de Marie; et partout où
elles ont des couvents éloignés de ceux des
Carmes ou Carmélites , elles y suppléent ,
dans leurs églises , en obtenant pour leurs
aumôniers ou chapelains , les facultés ne'-
cessaires pour bénir ou distribuer ce saint
habit. On a vu surtout les religieuses béné
dictines, bernardines, augustines, ursulines,
et les congrégations de Notre-Dame , de la
Visitation , et du S. Cœur de Jésus, se dis
tinguer plus particulièrement par leur zèle
à étendre cette dévotion , à cause des fruits
merveilleux qu'elle produit , persuadées
avec raison que cette dévotion est un des
moyens les plus propres à faire honorer
176 MANUEL
Marie, et un des plus efficaces pour assu
rer le salut.
Une dévotion si autorisée de l'Eglise,
si favorisée de ses pontifes , et si accréditée
dans tous les ordres religieux , ne pouvait
manquer de serépandre parmi les chrétiens
fidèles; aussi nous voyons les rois et les peu
ples, les princes et les sujets montrer une
noble émulation , pour s'engager dans cette
noble milice , et rendre à l'envi leurs hom
mages à Notre-Dame du Carmel.
3° Parcourons successivement les royau
mes de l'Europe , et nous verrons avec édi
fication que cette dévotion s'est introduite
dans les palais des rois comme dans la
chaumière du pauvre.
....i* En Angleterre , avant le schisme de
ses rois , on a vu Edouard II , son épouse
Isabelle et ses enfants , le roi d'Ecosse et
beaucoup de seigneurs du royaume, Henri,
duc deLancastre , Henri, duc de Northum-
brie , la plupart des seigneurs de la
Grande-Bretagne , et les comtes d'Irlande ,
dela Hollande, de la Zélande, s'honorer des
livrées de Marie.
DU SCAPULAIRE. 1 77
*...2° En Allemagne, parmi les empereurs
et les impératrices, on distingue Ferdi
nand II , et Marie-Thérèse d'Autriche ;
toute leur auguste famille , ainsi que tous
les princes catholiques de l'empire , se fai
saient gloire aussi d'être décorés du sca-
pulairede Marie.
....3° En Espagne, dans ce royaume si émi
nemment catholique par le titre de ses rois
et par sa foi vive , et où la dévotion à Notre-
Dame du Carmelest si ardente, Philippe II
entr'autres, se revêtit du scapulaire, et toute
sa famille a donné constamment depuis
d'illustres exemples de cette dévotion à
toutes lesEspagnes.
. ...4° En Portugal , le roi Sébastien et Nu-
nos Alvarez Péreïra de la maison de Bra-
gance , se sont inscrits dans la confrérie du
scapulaire , en tête des princes et seigneurs
du Portugal.
....5° Dans les Pays-Bas, l'archiduc Albert
et l'archiduchesse Isabelle ont signalé leur
piété f1liale envers Marie , jusqu'à porter
sur leurs vêtements extérieurs, à découvert,
15
178 MANUEL
le S. scapulaire , comme leur plus bel orne
ment.
6° En Pologne , les rois et les reines ont
communiqué aux seigneurs et dames catho
liques du royaume leur pieux enthousiasme
pour Notre-Dame du Carmel.
....70 En Italie, les rois de Sardaigne ,
comme les ducs de Savoie ; les rois de Na-
ples, comme les grands -ducs de Toscane ,
les ducs de Milan, de Modènc, do Plai
sance, de Parme, de Lucques ; et, dans les
anciens états de Venise et de Gênes, les fa
milles patriciennes, mettaient au premier
rang de leurs dévotions envers Marie ,
celle du scapulaire, comme la plus ho
norable de toutes.
Il est constant que cette dévotion a tou
jours été héréditaire dans toutes ces cours
royales ou princières.
....8o Tous les grands - maîtres de Malte
ont tenu à honneur d'être revêtus du S.
scapulaire de Notre-Dame du Carmel,
qu'ils honorent comme la protectrice de
l'ordre.
....9» Parmi tous les monarques de l'Eu-*
DD SCAP0LAIRE. 179
rope , les rois de France offrent les plus
illustres modèles de cette dévotion depuis
S. Louis jusqu'à ses derniers neveux.
Louis IX , contemporain du B. Simon ,
reçut le scapulaire sur le Mont-Carmel ;
il le portait extérieureurement , comme un
précieux insigne de son affiliation à l'ordre
même ; et il légua son manteau royal au
couvent des grands Carmes de la place
Maubert, h Paris, comme un gage de sa ten
dre affection pour Marie et pour son ordre.
Henri IV , dès qu'il eut embrassé la re
ligion catholique , se plut à honorer la sainte
Vierge sous le titre de Notre-Dame du
Mont-Carmel. Non content d'avoir reçu et
de porter le scapulaire , il érigea un ordre
de chevalerie , sous le titre de Notre-Dame
du Mont-Carmel , approuvé par deux
bulles de Paul V. Cet ordre , réuni depuis à
celui de S. Lazare, était composé de 1oo
chevaliers, dont le manteau portait, sur le
bras gauche, une croix de couleur mi-partie
de brun et de blanc , qui sont les couleurs
de l'ordre des Carmes , afin qu'ils fissent
180 MANUEL
comme une profession ouverte d'apparte
nir à Marie.
Marie deMédicis, son auguste épouse,
avait reçu le scapulaire à Florence; mais
elle voulut par dévotion le recevoir, une se
conde fois, des mains des Carmes d'An
gers.
Louis XIII , le fils de ces grands mo
narques , se montra aussi le digne héritier
de leur dévotion envers Marie , à laquelle
il consacra, depuis, son royaume et sa per
sonne, par le vœu solennel du jour de l'As
somption ; après être entré triomphant
dans Montpellier, en 16»2 , ce roi reçut
publiquement le scapulaire , pour faire
hommage de sa victoire à Notre-Dame du
Carmel ; et durant sa dernière maladie , il
avait une continuelle sollicitude pour ne ja
mais le quitter. . .
Louis XIV , digne imitateur de la con
fiance de S. Louis envers Marie , voulut,
encore jeune, en donner à son peuple un
témoignage public. Le jour de l'Assomption,
s'étant confessé et ayant communié , le ma
tin , à la messe , il assista l'après-diné aux
DU SCAPUIA1KE. "181
vêpres et au sermon , et fit avertir le P.
Léon de S. Jean, son prédicateur ordinaire,
qu'à l'issue de la procession du vœu de
Louis XIII , il voulait recevoir de ses mains
lescapulairede Marie. En effet, lorsque la
procession fut rentrée, il reçut le scapulaire,
au milieu de tous les princes de sa famille
et des seigneurs de sa cour. Rare exemple
dans un prince de 15 ans !
Ce trait de piété si édifiante frappa sin
gulièrement la cour et y laissa de profondes
impressions; la plupart des seigneurs imi
tèrent son exemple ; et le souvenir s'en con
serva si long-temps, qu'après la mort de ce
grand roi , Louis XV , encore enfant ,
étant tombé dangereusement malade , Mme
la duchesse de Ventadour, sa gouvernante ,
ne crut pas pouvoir trouver une ressource
plus assurée que de le vouer à Notre-Dame
du Carmel,dont elle lui fit donner le scapu-
laire par les mains du P. Denys Duffaud ,
religieux du couvent de la place Maubert.
( On peut voir dans l'ouvrage du P. Alexis
de Sainte-Anne, Exercices de piété, page 1 1,
les noms des autres princes ou princesses du .
182 MANUEL
Sang qui se sont revêtus du scapulaire, le
lieu , l'année et le jour où ils l'ont reçu. )
«4°. De si hauts exemples de dévotion au
scapulaire , dans tous les royaumes et prin
cipautés, devaient rendre cette dévotion
populaire : aussi s'est-elle répandue et pro
pagée, au milieu des populations les plus
éloignées } avec la rapidité de l'éclair : ses
progrès ont été singulièrement miraculeux ;
elle a pénétré partout depuis six siècles.
Nulle interruption de temps, nulle excep
tion de pays , nulle distinction d'âge , de
sexe et de condition ; partout le même em
pressement , le même zèle , pour se revêtir
du scapulaire , et pour en solenniser la
fête. Quel ravissant spectacle dans les pays
catholiques , lorsqu'on voit les grands et
les riches du siècle se plaire à se confondre
avec le peuple, soit dans les temples de Ma
rie , soit dans les processions de la confrérie
du scapulaire ! Au jour dela fête de Notre-
Dame du Mont-Carmel , toutes les popula
tions voisines se rendent à l'église princi
pale de la confrérie , pour se joindre à la
procession générale , ayant en tête leur
DU SCAPULAIRK. 185
pri1uicier, prince ou prélat. Chaque corps
différent, avec sa bannière, magnifique
ment ornée , vient se réunir autour de la
statue de la sainte Vierge , parée des cou
leurs de l'ordre, enrichie de pierreries, et
tenant en main le S. scapulaire. Les rues ,
par où la sainte Vierge doit passer ,
sont couvertes de tentures , jonchées de
fleurs ; toutes les fenêtres pavoisées de
riches étoffes; et, dans les carrefours, s'é
lèvent des arcs de triomphe et des reposoirs,
embellis de fleurs et de feuillages verts , et
de vases de parfums.
La cloche du temple annonce la sortie à la
troupe innombrable des f1dèles : le signal est
donné; la procession commence à défiler
dans un ordre solennel; les tambours, les
fifres, les trompettes ouvrent la marche et
font retentir toute la ville de l'écho de la so
lennité. Les chœurs, entremêlés dans la pro
cession , alternent avec le chant pieux des
confrères , et font retentir les airs de leurs
cantiques harmonieux. Les confrères, revê
tus, selon l'usage de chaque pays , de leur
costume de cérémonie , empreint de l'i
1 84 MANOTX
mage de Notre-Dame duCarmel, marchent
deux à deux , et environnent la statue delà
sainte Vierge. Les prélats et les seigneurs
suivent après, avec des flambeaux de cire
blanche allumés , et précèdent les religieux
du couvent. Telle est à peu près l'esquisse
de la pompe religieuse qui environne le
cortège de Marie , en Italie , en Espagne , en
Portugal et dans la Belgique , et que l'on
voyait aussi autrefois en France, lorsque
son ordre y subsistait. Les cœurs , à la vue
de ce spectacle , étaient épanouis : les
pauvres étaient consolés de voir honorer
leur mère; et, tandis que les jeunes gens
parcouraient les rues du passage de la
procession pour admirer l'élégance des fes
tons ou la richesse des ornements variés de
chaque reposoir, les jeunes vierges accom-
pagnées de leurs mères , allaient se reposer,
comme dans un jour de triomphe , sous les
berceaux de fleurs , autour des autels que
l'innocence du jeune âg. avait élevés à la
Reine du ciel et de la terre, dans des re
traites champêtres. Tel est , dans tous les
pays, le concours unanime des f1dèles; et
BU SCAPULAiRE. 185
si nos fêtes de Notre-Dame du. Carmel n'of
frent plus, en France, une pompe aussi écla
tante au dehors , la dévotion des fidèles ,
concentrée dans l'enceinte des temples ,
n'en est ni moins vive , ni moins fervente ;
elle se propage, s'accroît tous les jours,
dans les villes et les campagnes, sous la sage
influence de pasteurs zélés , et devient
comme une source intarissable de grâces et
de bénédictions.
186 MANUEL
ARTICLE SIXIEME.
La dévotion du scapulaire est enrichie des
plus précieuses indulgences et de magnifi
ques privilèges.
Les souverains pontifes ne peuvent mieux
nous faire apprécier l'excellence d'une dé
votion , que lorsqu'ils la jugent digne d'être
propagée parmi les fidèles, et en favorisent
la propagation par la concession de toute
sorte d'indulgences et de priviléges ; or la
dévotion du scapulaire est, de toutes les dé
votions approuvées par l'Eglise , celle à la
quelle les papes ont attaché de plus pré
cieuses indulgences , et de plus magnifiques-
priviléges.
1° Quant aux indulgences propres à la
confrérie du scapulaire, elles sont fort éten
dues : il faut que l'Eglise ait eu bien à cœur
de favoriser cette dévotion ; car elle les a
accordées avec une sorte de profusion , qui
a été souvent le prétexte ou la source des
DO SCAPULAIRE. 187
contradictions que l'ordre du Carmel a
éprouvées. Nous ne rapporterons pas ici les
bulles des papes en faveur de la confrérie
du scapulaire, dont nous avons déjà la no
menclature détaillée au second article de la
seconde partie , page 51} -, mais nous nous
réservons de donner ci-après le sommaire
des indulgences , extrait de ces bulles, avec
les conditions requises pour les gagner. Il
sera facile d*en conclure que leur multipli
cité est une preuve irréfragable de l'estime
et de l'affection des souverains pontifes
pour l'ordre du Carmel et la confrérie du
scapulaire.
2° Pour les deux priviléges, dont nous
avons déjà démontré l'authenticité , dans
le numéro 6 de l'introduction et dans les
chapitres 5 et 6 de la première partie, il est
impossible d'en trouver de plus magnifiques:
aussi ces priviléges extraordinaires ont été
long-temps un sujet de contestations , et
seraient peut-être encore un objet de con
tradiction, si le saint-siége ne s'était pas
prononcé avec une souveraine autorité, pour
188 MANUEL DU SCAPULAIRE.
en assurer la libre possession aux confrères
du scapulaire.
La dévotion du scapulaire est donc très
excellente, puisqu'elle réunit tous les titres
d'une solide dévotion, et que tout concourt
pour la justifier aux yeux de tout le monde.
CHAPITRE SECOND.
Avantages de la devotion du Scapulaire.
Le propre de toute dévotion , établie
sur de solides fondements, est de procu
rer de grands avantages à ceux qui se
rendent dignes d'en jouir : telle est la dévo
tion du scapulaire ; aussi utile dans ses effets
que solide dans ses principes , elle assure
aux membres de la confrérie de précieux
avantages. Elle les associe à un des ordres
les plus saints de l'Eglise ; elle les rend par
ticipants de tous les mérites des confrères ;
enfin elle leur donne droit aux indulgences
et priviléges du scapulaire.
190
ARTICLE PREMIER.
Association à un des ordres les plus saints.
Le scapulairc que les confrères ont l'hon
neur de porter n'est pas un symbole vain ;
en recevant des mains des religieux du
Carmel une portion de leur babit , ils entrent
dans une sainte association avec cet ordre
illustre, que son antiquité, sa sainteté et ses
vertus ont rendu si vénérable aux yeux de
la foi. Quel honneur pour eux de devenir
les membres de l'ordre de Marie , ses frères
privilégiés et ses enfants adoptifs ! quelle
gloire d'appartenir plus spécialement à une
mère si tendre et à une si puissante protec
trice ! peut-il y avoir une union plus intime,
une affinité plus étroite , des rapports plus
utiles et des liens plus doux? C'est d'ailleurs
l'Eglise elle-même, qui , par le ministère de
son chef visible, forme le nœud de cette
sainte union.
DU SCAPULAIRK. 191
ARTICLE SECOND.
Participation aux merites de l'ordre et de la
confrérie.
Il existe , en vertu de l'article du symbole :
Je crois la communion des saints , un rap
port , une liaison entre les saints, c'est-à-
dire entre les fidèles en état de grâce pour
mériter ; en sorte que , par une espèce de
transfusion ou communication réciproque ,
ils entrent mutuellement en participation
des mêmes avantages et des mêmes biens
selon l'esprit ; de même, en vertu du même
principe , et d'après l'autorisation des sou
verains pontifes , en devenant membres de
l'ordre du Carmel , par la prise du saint
habit et par les liens d'une pieuse confédé
ration , approuvée de l'Eglise , ils entrent
en participation de leurs mérites et bonnes
œuvres. Que de richesses cette étroite union
leur communique !
1° Ils participent aux mérites de l'ordre
du Carmel. Cet ordre se compose de deux
192 MAHUEL
corps : les Carmes et les Carmélites , tous
deux dirigés par la même règle , tous deux
également formés sous le nom et la protec
tion de Marie et qui s'efforcent d'en retracer
toutes les vertus. Avez-vous jamais porté vos
regards sous les cloîtres , ou dans le choeur
de ces religieuses Carmélites , que les 'anges
voient, tantôt recueillies autour du sanc
tuaire, ou prosternées dans leurs ora
toires , tantôt occupées dans l'exercice de
leurs observances régulières , ou appliquées
au travail des mains; que de trésors de
grâces elles accumulent chaque jour et à
toute heure !
Avez-vous vu les religieux Carmes ,
tantôt au pied des saints autels , abîmés ,
devant Dieu , dans leur néant ; tantôt ,
dans leurs cellules , livrés tout entiers
à l'étude des livres saints ? Voués aux
exercices de la pénitence et de la contem
plation , ou aux travaux du zèle et de l'apos
tolat, combien le tre'sor de leurs bonnes œu
vres grossit! Eh ! bien , si vous êtes inscrits
et reçus dans la confrérie du scapulaire ,
vous participerez à toutes lesbonnes œuvrrs
DIT SCAPULAIRE. 193
de l'ordre : aux veilles, jeûnes, abstinences,
larmes , prières , oraisons, pénitences , ma
cérations , austérités, sacrifices, etc.
2o Ils .participent aux mérites et bonnes
œuvres de tous les membres dela confrérie ,
des papes , évêques , pasteurs , prêtres , re
ligieux , empereurs , rois , princes , sei
gneurs, etc. ; des grands et des petits, des
savants et des idiots , des riches et des pau
vres, des maîtres et des serviteurs , en un
mot de tous ceux qui sont affiliés à la con
frérie. Quel plus précieux avantage ! non
seulement appartenir à tant de dignes con
frères , mais pouvoir encore se dire, avec le
roi prophète , participant de leurs propres"
mérites : Particeps ego sum omnium timen-
tium te et custodientium mandata tua ( Ps.
ii8. v. 63 ); peut-il y avoir rien de plus
consolant et de plus glorieux ?
194
ARTICLE TROISIEME.
Droits aux indulgences et privilèges du sca-
pulaire.
La dévotion au scapulaire et l'admission
dans la confrérie donnent droit aux indul
gences et aux priviléges que les papes y ont
attachés , si on est fidèle à remplir les con
ditions prescrites pour y participer. Vou
drions-nous , par une coupable négli
gence , nous priver de ce trésor abondant
de satisfactions, heureux complément de
l'imperfection de nos prières et de nos œu
vres ? Il faut par conséquent avoir une idée
précise des indulgences et des priviléges de
l'ordre , ainsi que des conditions relatives
aux uns et aux autres.
INDULGENCES EN FAVEUR DE LA CONFRÉRIE
DU SCAPULAIRE.
Il y a deux sortes d'indulgences en fa
veur de la confrérie du scapulaire , ac
cordées par les souverains pontifes : les
DU SCAPULAIRE. 195
unes, aux confrères du suapulaire ;les au
tres , à tous les fidèles , qui , quoique non
agrégés à la confrérie, sont fidèles à certai
nes pratiques en usage parmi les confrères.
Indulgences particulières à la confrerie du
scapulaire.
Les indulgences , accordées à la confrérie
du scapulaire par la libéralité des souve
rains pontifes , sont ou personnelles ou loca
les. Les indulgences personnelles sont celles
qui sont accordées immédiatement aux per
sonnes ; elles sont tellement attachées aux
individus , que chacun les porte , en quelque
sorte, avec soi, et peut les gagner partout où
il se trouve. Les indulgences locales sont
celles qui n'ont pas été accordées immédia
tement aux personnes , mais aux églises ,
afin que les fidèles , en les visitant , ou en y
faisant quelques prières ou exercices de
piété , puissent gagner les indulgences qui
y sont attachées.
1 96 MANUEL
Indulgences personnelles particulières à la
confrerie du scapulaire.
Les indulgences personnelles qui sont
propres uniquement à l'ordre et à la con
frérie , sont ou plénières , ou non plénières.
L'indulgence plénière est la remise entière
de toutes les peines temporelles , dues au
péché , après que la tache en est effacée
dans le sacrement de pénitence , lorsqu'on
n'y apporte aucun obstacle.
L'indulgence non plénière , appelée aussi
partielleou limitée, estlaremise d'unepartie
des peines dues au péché. Elle est bornée
à un certain nombre d'années ou de jours ;
par exemple à 4" ans , ou à 4o jours, plus
ou moins. *
Indulgences plcnières.
Il y a- une indulgence plénière pour tous
les confrères de l'un et l'autre sexe :
— Le jour de l'entrée dans la confrérie.
DU SCAPULAIRE. 197
de Notre-Dame du Mont-Carmel , c'est-à-
dire le jour où, ayant reçu le scapulaire ,
ils se feront inscrire dans le registre de la
confrérie, pourvu que contrits et confessés,
ils communient ce jour-là ; ( Paul V. ) et
prient pour la concorde des princes chré
tiens, l'extirpation des hérésies, l'exalta
tion de la sainte Eglise , en un mot selon
les intentions du souverain pontife.
— Le jour de la fête de Notre-Dame du
Mont-Carmel, 16 juillet, aux mêmes con
ditions ci-dessus. (Paul V.)
— Le dimanche qui suit la fête de No
tre-Dame du Mont-Carmel , si par excep
tion , ou pour cause ou circonstance grave ,
on a obtenu du souverain pontife la per
mission spéciale de transférer la fête; ce
qui est contre l'usage du rit romain. ( Clé
ment X. )
— A l'article de la mort , pour les con
frères ou consœurs qui invoquent le S.
nom de Jésus , au moins de cœur s'ils ne
peuvent de bouche; et aux conditions ci-
dessus autant qu'elles seront possibles.
( Paul V. )
198 MANTTEL
— Un dimanche de chaque mois , à tons
les confrères qui assisteront à la procession
de la confrérie , autorisée par l'évêque , et
avec les conditions ci-dessus. (Paul V.)
Exceptions. Les confrères et consœurs ,
qui ne pourront se trouver à la procession,
peuvent néanmoins gagner l'indulgence
plénière accordée par Paul V à ceux qui
y assistent, s'ils visitent dévotement la
chapelle de la confrérie , et prient selon les
intentions du souverain pontife avec les
autres conditions ci-dessus. (Clément X.)
— Les malades , les prisonniers , les
voyageurs , qui ne pourront visiter la cha
pelle de la confrérie, gagneront néanmoins
l'indulgence plénière, s'ils récitent où l'office
de la sainte Vierge , ou 5o Pater et 5o Ave,
Maria , pourvu qu'ils joignent , à la con
trition de leurs fautes , le ferme propos de
se confesser et de communier le plus tôt qu'il
leur sera possible : ce qu'ils seront obligés
de faire absolument pour gagner l'indul
gence plénière. ( Clément X. )
— Les religieux et les religieuses de
l'ordre du Carmel , dans les glises des
DU SCAPULAIRE. 199
quels ladite confrérie n'est pas érigée, ni
la procession établie , pourront gagner l'in
dulgence plénière , pourvu que les uns ou
les autres récitent , dans leur chœur , les li
tanies des saints, s'ils le peuvent ; ou,
même en leur particulier , dans le cas
d'impossibilité légitime , toujours avec
les conditions ci dessus de Paul V. (Clé
ment X. )
jjt Toutes ces indulgences plénières sont
applicables aux âmes du purgatoire. (Clé
ment X. )
Indulgences partielles ou non plenières.
— Cinq ans d'indulgence et autant de
quarantaines , à ceux qui , revêtus du sca-
pulaire , contrits et confessés , communie
ront une fois par mois , et prieront selon
les intentions du souverain pontife. (Paul V.)
— 300 jours d'indulgence chaque fois à
ceux qui s'abstiendront volontairement de
manger de la viande ( outre le vendredi )
les mercredis et les samedis , qui ne seraient
pas prescrits par l'Eglise , à certaines épo
200 MANUEL
ques, ( excepté toutefois le jour de Noël ,
où tout le monde fait gras ). ( Paul V. )
— 100 jours d'indulgence , chaque fois ,
à ceux qui réciteront dévotement l'office
de la sainte Vierge. ( Paul V.)
— 40 jours d'indulgence , chaque jour
où on récitera de son plein gré , sans y être
nullement obligé , 7 Pater et 7 Ave , Maria,
en l'honneur des sept allégresses de la sainte
Vierge. (Paul V.)
— 3 ans d'indulgence et autant -de qua
rantaines, chaque fois, aux confrères qui,
contrits et confessés, communieront à quel
que fête que ce soit de la sainte Vierge ,
et prieront selon les fins du souverain pon
tife. ( Paul V. )
— 5 ans d'indulgence et autant de qua
rantaines, chaque fois , à ceux ou celles de
la confrérie, qui accompagneront avec un
flambeau ou cierge allumé , le saint viatique,
quand on le porte aux malades , et qui
prieront pour eux. (Paul V. )
— 100 jours d'indulgence , chaque fois,
à ceux qui accompagneront au cimetière
le corps des défunts, confrères ou non con
DU SCAPULURE. 201
frères , et prieront pour la délivrance de
leurs âmes. (Paul V. )
— 100jours d'indulgence, ou de remise
des pénitences canoniques imposées ou en
courues selon les règles de l'Eglise, à tous
les confrères , chaque fois qu'ils feront une
des œuvres-pies suivantes , savoir :
Assister aux messes ou offices , qui se cé
lèbrent dans l'église, chapelle ou oratoire
de la confrérie.
Etre présents aux assemblées publiques
ou particulières de la confrérie, en quelque
lieu que soit la réunion.
Procurer un domicile aux pauvres.
Soulager les nécessiteux , ou les aider
dans leurs besoins.
Retirer, par quelques secours, de l'occa
sion prochaine du péché, les personnes qui
y sont exposées.
Faire quelque aumône spirituelle ou tem
porelle.
Se réconcilier, ou réconcilier les autres
avec des ennemis.
Ramener dans le sentier de la vertu
14
202 MANUEL
quelque ame égarée dans les voies du
vice.
Enseigner aux ignorants les préceptes de
Dieu et de l'Eglise et les vérités nécessaires
au salut.
Exercer enfin quelque acte de charité ,
ou une œuvre de piété ou de dévotion ,
quelle qu'elle soit.
>Jt Toutes ces indulgences partielles sont
applicables aux âmes du Purgatoire. (Clé»
mentX.)
2o.
Indulgences communes aux confrères du
scapulaire et à tous les fidèles.
C'est aux instances des RR. PP. de
l'ordre du Carmel que les souverains pon
tifes ont accordé des indulgences communes
à tous les fidèles de l'un et l'autre sexe et
aux confrères duscapulaire. Ces indulgences
sont ou personnelles ou locales.
DU SCAPULAIRE. 203
1°. Indulgences communes personnelles aux
confrères du scapulaire et à tous lesfidèles.
— 300 jours d'indulgence , chaque fois ,
à ceux qui réciteront les litanies approuvées
du S. Nom de Jésus. ( Sixte V. )
— 200 jours d'indulgence , chaque fois ,
à ceux qui réciteront les litanies de la sainte
Vierge. ( Sixte V. )
— 50 jours d'indulgence , chaque fois , à
ceux qui diront en quelque langue que ce
soit : Loué soit J.-C; et à ceux qui répon
dront : toujours ou ainsi-soil-il. ( Sixte V. )
— 25 jours d'indulgence , chaque fois , à
ceux qui prononceront avec respect les
noms de Jésus et de Marie. ( Sixte V. )
— 25 jours d'indulgence, chaque fois ,
à ceux qui , dans leurs discours , exhorte
ront les auditeurs à se saluer , en louant le
nom de J.-C. , ou à prononcer ou à invoquer
les noms de Jésus et de Marie. (Sixte V. )
— 25 jours d'indulgence , chaque fois, à
ceux qui introduiront ce salutaire usage
MANUEL
de faire honorer ainsi les noms de Jésus et
de Marie. ( Sixte V. )
— 13 années d'indulgence et autant de
quarantaines , chaque fois , à tous ceux qui
donneront aux religieux du Carmel le titre
de frères de Notre-Dame du Carmel, que
le saint-sicge leur a assuré , et qui diront ,
par exemple : Que les frères de la Mère de
Dieu , Notre-Dame du Carmel, soient bénis!
(Urbain VI avait accordé 3 ans et 3 qua
rantaines. Nicolas V a accordé en deux
fois le complément des 15 années et d'au
tant de quarantaines. )
Indulgence plénière.
— Une indulgence plénière , à l'article
de la mort, pour tous ceux , qui, étant
dans l'usage de saluer ou de nommer le
nom de Jésus , l'invoqueront au dernier
moment de leur vie, au moins de cœur,
s'ils ne peuvent de bouche. ( Sixte V. )
a" Indulgences communes locales.
Les indulgences locales sont aussi ou
DU SCAPULAiRE. 205
plénières ou partielles , pour des jours de
fêtes , ou pour certains jours de la semaine,
ou pour chaque jour ; nous allons en donner
le détail successivement.
Indulgences locales plénières propres à
certaines fêles de l'année.
Il y a une indulgence locale, plénière,
pour tous les fidèles, confrères ou non con
frères du scapulaire, qui> vraiment con
trits , confessés et communies, visiteront
une église du Carmel , en y priant Dieu
dévotement selon les intentions du souve
rain pontife.
i°. Aux jours de fête suivants.
— La. fête de la purification de la sainte
Vierge , le 2 février. ( Clément X. )
— La fête de S. André Corsini , évêque,
Carme, le 4 février. ( Clément X. )
— La fête de S. Joseph, époux de la
sainte Vierge, le i9 mars. ( Clément X. )
— La fête de l'Annonciation de la sainte
Vierge, le 25 mars. (Clément X.)
— La fête de S. Ange , martyr , Carme ,
le 5 mai. ( Clément X. )
206 MANUEL
— La fête de sainte Marie Madeleine de
Pazzi , Vierge , Carmélite , le 25 mai. ( Clé
ment X. )
— La fête de la Visitation de Marie , le
2 juillet. { Clément X, )
— La fête de Notre-Dame du Mont-
Carmel, le 16 juillet. ( Clément X. )
— La fête du prophète Elie, fondateur
de l'ordre du Carmel, le 2o juillet. ( Be
noît XIII. )
— La fête de S. Albert, confesseur ,
Carme, le 7 août. ( Clément X. )
— La fête de l'Assomption de la sainte
Vierge, le 15 août. ( Clément X. )
— La fête de la Nativité de la sainte
Vierge , le 8 septembre. ( Clément X. )
—- La fête de sainte Thérèse , Vierge ,
Carmélite, le l5 octobre. (Grégoire XV. )
— La Présentation de la sainte Vierge ,
le 21 novembre. ( Clément X. )
— La fête de S. Jean de la Croix , con
fesseur , Carme , le 24 novembre. ( Be
noît XIII. )
— La Conception immaculée de la sainte
Vierge , le 8 décembre. ( Clément X. )
DU SCAPULAiRE. 207
2° Une indulgence locale plénière, une
fois l'année seulement, aux jours des4o heu
res , dans chacune des églises de l'ordre, où
le S. Sacrement sera exposé à cet effet,
avec le consentement de l'ordinaire, pour
f"us ceux qui y passeront quelque espace
de temps , en adoration devant Notre-Sei-
gneur Jésus-Christ. ( Urbain VIII. )
Indulgences locales partielles attachces à
quelquesfêtes ou autresjours de l'annce.
Il y a des indulgences locales partielles ,
propres à certains jours ou fêtes de l'année
pour tous les fidèles , confrères ou non con
frères du scapulaire, qui remplissent les
conditions prescrites.
i°. 7 ans d'indulgence et autant de qua
rantaines à tous les fidèles qui visiteront
une église des Carmes ou des Carmélites ,
aux fêtes ou aux jours suivants :
Aux fêtes de N.-S. , Noël, Pâque et
la Pentecôte; aux fêtes de la sainte Vierge,
la Nativité , l'Annonciation , la Purification
et l'Assomption ; aux fêtes de la Croix ,
l'Invention et l'Exaltation ; aux fêtes de S.
Jean-Baptiste , des apôtres S. Pierre et S.
Paul, de S. Michel, des saints Fabien et
Sébastien, et de la Toussaint. ( Léon IV. )
— A chaque jour de leurs octaves.
(Léon IV.)
— Aux fêtes du patron titulaire de
chaque église de l'ordre du Carmel. ( Léon.
IV.)
2° . Au jour du vendredi saint, 127 ans
d'indulgence et autant de quarantaines à
ceux qui visiteront une église de l'ordre du
Carmel. ( Léon IV a accordé 7 ans et au
tant de quarantaines; Honorius IV, 4oal,ij
et autant de quarantaines ; Benoît XI, en
core 4° ans et autant de quarantaines ;
Nicolas V, 4o autres années et autant de
quarantaines. )
3o. Aux 4 fêtes suivantes de la sainte
Vierge : la Nativité , l'Annonciation , la
Purification et l'Assomption.
— 127 ans d'indulgences et autant de qua
nu scapulaihe. 209
lo1ntaines par des concessions successives
de Léon IV , Clément IV , Benoît XI ,
Nicolas V , à ceux qui visiteront une des
églises de l'ordre du Carmel.
— 16y ans d'indulgence etautantde qua
rantaines, accordés par les mêmes, et par
Honorius IV, à ceux qui seront contrits et
confessés , au jour de la visite de l'église.
— So ans d'indulgence et autant de qua
rantaines , pendant tous les jours de l'Oc
tave , aux mêmes. (Sixte IV.)
4°. Aux 3 autres fêtes de lasainlcViergc-.
la Conception, la Présentation et la Visita
tion , 3o ans d'indulgence et autant de qua
rantaines (Sixte IV. )
5o. Aux fêtes de l'Invention de la sainte
Croix, le 3 mai, et de l'Exaltation, le 14
septembre , 167 ans, comme au n°. 3 ci-
dessus.
6o. Aux fêtes des patrons titulaires des
églises de l'ordre du Carmel , 167 ans, etc ,
comme aux n0' . 3 et 5 ci-dessus; et3o ans
encore d'indulgence et autant de quaran
taines, comme au n° 4-
210 MANUEL
Indulgences locales partielles pour tous les
jours.
1° Un pardon général à tous ceux qui,
vraiment contrits et confessés , visiteront
une église de l'ordre du Carmel. ( Hono-
rius III et Nicolas IV. )
REMARQUE ESSENTIELLE.
Ces expressions des bulles mêmes : par
don général , ne laissent dans l'esprit rien
que de vague. Ce pardon n'est limité ni
pour le nombre, ni pour le temps : plusieurs
Carmes en ont conclu qu'il s'agit ici d'une
indulgence plénière , parce que ce pardon
indéfini équivaut, disent-ils,à un pardon uni
versel , en sorte que , selon eux , il y au-
Tait, tous les jours , indulgence plénière,
pour quiconque visiterait une église des
Carmes ou des Carmélites : c'est entr'autres
le sentiment du R. P. Théodore Strazio
au chap. 1g de son ouvrage italien : ins
tructions pour les Carmes , imprimé n
DIT SCAPULAIEE." 211
Rome , en 16/fo ; et celui du P. Grassi , au
ch. 13, paragraphe 2, n. l , 17 édition
romaine, de 1827, p. 7o et 71. Nous ne
voulons pas combattre cette opinion , parce
que nous n'avons pas les documents néces
saires ; nous ne pouvons pas non plus l'a
dopter , parce que nous n'avons pas des
preuves positives suffisantes ; il n'appar
tient qu'au saint-siége de prononcer, ou à la
congrégation des indulgences d'éclaircir le
doute , ou de résoudre la difficulté.
2°. 7 ans d'indulgence et autant de qua
rantaines , joints à 160 jours accordes anté
rieurement, à ceux qui réciteront un Pater
et un Ave dans une église de l'ordre , pour
les vivants et pour les morts. ( Innocent IV,
Grégoire VIII , Benoît XI, Nicolas V. )
3o. 1oo jours d'indulgence à ceux qui
assisteront au Salve Regina des complies ,
dans une église de l'ordre , et prieront pour
les vivants et pour les morts. ( Clément X. )
Pie VI a attaché d'autres indulgences ,
même plénières, à ceux qui récitent le Salve
Regina tous les jours. (Voyez le Manuel des
dévotions et indulgences, p,62g). "•'. •
212 MANUEL
Indulgences locales partielles , pour certains
jours de la semaine.
i°. i00 jours d'indulgence , chaque fois,
à ceux qui entendront la messe du S. Sa
crement dans une église de l'ordre , les
jeudis, non empêchés par un office de neuf
leçons. ( Sixte V. )
2Q. ioojours d'indulgence, chaque fois, à
ceux qui y assisteront à un discours sur le
S. Sacrement ou à une lecture de la parole
de Dieu. ( Sixte V. )
3°. 5o jours d'indulgence, chaque fois , à
ceux qui y feront , dans le même temps ,
quelques moments d'oraison. (Sixte V. )
/[". 3 ans et 3 quarantaines d'indulgence,
chaque fois , à ceux qui , s'étant confessés ,
y communieront le même jour. ( Sixte "V. )
5o. 87 ans d'indulgence et autant de qua
rantaines, tous les samedis, à ceux qui,
contrits et confessés , visiteront une église
de l'ordre dans ces jours-là. (Léon IV,Be
noît XI , Nicolas V. )
6°. 87'ans d'indulgence et autant de qua
DU SCAPULMRE. 213
rantaines , tous les dimanches de l'année,
à ceux qui , contrits et confessés , visiteront
une église del'ordre. (Léon IV, Benoît XI,
Nicolas V. )
7° 87 ans d'indulgence et autant de qua
rantaines, dans le temps du Carême, à ceux
qui, contrits et confessés, visiteront une
église de l'ordre 3 fois la semaine , savoir:
le lundi , mercredi et vendredi. (Léon IV,
Benoît XI , Nicolas V. )
Indulgences stationnâtes.
Les églises de l'ordre du Carmel jouissent
duprivilège des églises stationnates de Rome,
en sorte qu'on peut y gagner les indulgences
des stations de Rome, comme à Romemême,
en visitant les églises del'ordre, honorées
de ce privilége.
On peut voir la liste des jours, des
églises staiionnales , et des indulgences at
tachées aux stations de Rome , dans le
Manuel des dévotions et indulgences .
que nous avons donné au public, à la page
335 et suivantes, où tout se trouve déve
i5
21 A MANUEL
loppé. ( On le trouve chez les mêmes li
braires que le manuel du scapulaire. )
Toutes les susdites indulgences , person
nelles ou locales , ont été confirmées spé
cialement et nommément par Clément X,
après avoir été revues et examinées avec
soin par le cardinal Bona, comme on peut
le voir dans la bulle : Commissa nobis di-
viniiùs , en date du 8 mai i673.
Innocent XI, son successeur, ajant or
donné une suspension générale de toutes les
indulgences, pour les réviser, les indul
gences de l'ordre et dela confrérie du Car-
mel furent, avant toutes les autres, confir
mées de nouveau par le décret de la con
grégation des indulgences et saintes reli
ques, en date du 22 mars i678, approuvé
par InnocentXI lui-même.
CONDITIONS POUR GAGNER LES INDULGENCES.
Il y a des conditions générales ou com
munes à tous les fidèles, pour gagner les
indulgences, et des conditions particulières
DU SCAPULAIRE. 215
à l'ordre du Carmel ou à la confrérie du
scapulaire.
Conditions générales pour gagner les indul
gences.
Il y a deux sortes de conditions re
quises pour gagner les indulgences , savoir :
Les dispositions intérieures personnelles ,
et les œuvres extérieures prescrites par les
bulles , brefs ou décrets relatifs à chaque
dévotion.
1° Les dispositions intérieures personnel
les, nécessaires pour gagner les Indulgences,
se réduisent à trois.
....1° Etre en état de grâce.
... .2* Avoir l'intentionformelle de gagner
les indulgences attachées aux œuvres que
l'on doit faire ; ou avoir eu , dans le jour
même , cette intention.
....3° Faire, avec une vraiepiété,et une
sincère contrition , les œuvres prescrites.
Les personnes pieusesfont , à cette
216 MANUEL
intention , précéder , le plus souvent, ces
œuvres, d'un acte de Contrition, qui est
d'ailleurs prescrit formellement dans les
brefs, décrets, rescrits , etc. ; et, pour ga
gner Vindulgence plénière , elles ne con
servent aucune affection au péché véniel, et >
s'excitent à une grandeferveur.
2* Les œuvres extérieures prescrites pour
gagner les indulgences plénières , sont ou
générales ou particulières ; les œuvres géné
rales sont :
i° La confession, qui doit avoir lieu au
moins dans les 8 jours qui précèdent la
communion. ( Décret de Pie VII , i2 juin '
i822 : Cùm non pauci, etc., qui étend à
tous lesfidèles de Vun et de Vautre sexe , le
Décret de Clément XIII , du 9 décembre
i763.)
. . . . 2°La communion', qui doit se faire dans
un des jours libres , ou aux jours désignés,
fête ou veille de fête ( même Décret ) , si
elle est exigible ; car pour l'indulgence plé"
nière de l'article de la mort , de la voie de
la croix , etc. , elle n'est pas nécessaire.
3° Les prières prescrites , à l'intention
1)0 SCAPULA1RE. 21 T
du souverain pontife ( mais dont le choix
est libre ,) sont ou 5 Pater et Ave Maria,
ou toute autre prière équivalente ou ana
logue , pour l'exaltation de la sainte église
romaine , l'extirpation des schismes et des
hérésies, la paix entre les princeschrétiens,
les besoins et la prospérité de la religion
catholique.
Les œuvres particulières sont les pra
tiques :
l° Déterminées à un temps , comme
YAngelus, en 3 heures distinctes de la
journée; le De profundis à la première
heure de la nuit, etc. ;
20 Déterminées à un lieu, par ex., une
visite au S. Sacrement , à une station , à
une église , etc. ;
3° Déterminées à un objet , comme aux
crucifix , croix, médailles , chapelets , etc.
4° Déterminées à une dévotion ou prière
particulière, désignée par la plupart des
indulgences.
^^» II faut accomplir chaque œuvre
particulière , selon la teneur du bref et
l'espr1t de la concession; et remplir toutes
218 MANCEL
les conditions prescrites , sans lesquelles il
est impossible de gagner les indulgences re
latives.
Conditions particulières à l'ordre du Carmel
ou à la confrérie du scapulaire.
Les conditions particulières à l'ordre ou
à la confrérie, sont, conformément aux
bulles , celles qui suivent :
1° Porter sur soi le scapulaire, tous les
jours, sans le quitter.
2° Visiter une église de l'ordre , ou de
la confrérie, aux jours marqués.
3° Visiter la chapelle de la sainte Vierge
du Carmel , si la bulle le prescrit , mais
sans se croire obligé d'entrer dans l'inté
rieur ; il suffit d'être dans un endroit de
l'église , d'où l'on puisse apercevoir l'au
tel ou la chapelle de la sainte Vierge ,
surtout s'il y a un grand concours de
monde, comme il est d'usage pour la visite
d1' 3 , 5 ; ou 7 autels , soit dans les basi
DU SCAPULAIRE. - 219
liques, soit dans les églises privilégiées, où
il se rencontre une foule immense de fidèles
pour le même objet. On conçoit que ce dé
placement perpétuel, de jeunes femmes par
exemple ou de jeunes personnes, offrirait
aux yeux quelque chose d'inconvenant dans
une église.
On sera étonné de n'avoir pas
trouvé, dans la liste des fêtes et des indul
gences plénières.
— La fête de S. Simon Stock, VI* gé
néral de l'ordre des Carmes, et l'instituteur
du scapulaire, le 16 mai.
Mais c'est pour les deux raisons sui
vantes :
1° L'indulgence pléuière n'est pas géné
rale pour tous les lieux; elle n'a été accor
dée par Paul V et Urbain VIII , que pour
Bordeaux, où repose son corps.
2* La solennité et l'indulgence ont été
transférées au dimanche après la fête-
MATÏUEt
ARTICLE TROISIEME.
Droits aux privilèges de tordre du Carmel
et de la confrérie du scapulaire.
Les souverains pontifes ont accordé à
l'ordre du Carmel et à la confrérie du sca
pulaire de grands et de nombreux privi
léges; les uns sont locaicx, les autres per
sonnels.
Privilèges locaux.
Les priviléges locaux , c'est-à-dire , at
tachés aux églises de l'ordre du Carmel ,
sont:
1° Un autel privilégié, quotidien, per
pétuel , dans chaque église des Carmes ou
des Carmélites , érigée ou à ériger , dans
tout l'univers catholique. (Clément XII,
décret du 6 octobre 1 738. )
2° Tous les autels privilégiés à perpé
tuité , dans les églises des Carmes ou des
Carmélites , au jour des obsèques des reli
DU SCAPDlAIRE. 221
gieux ou des religieuses. ( Clément XII ,
décret du 3 décembre 1738. )
3° L'absolution générale , et la bénédic
tion papale, aux 4 grandes fêtes de l'année:
Noël , Pâques, la Pentecôte et la Toussaint,
que les RR. PP. Carmes peuvent don
ner dans leurs églises propres , et non ail
leurs , pas même dans l'église des Carmé
lites. ( Benoît XIII, décret du 1 6 mars
^2g. )
Privilèges personnels.
De tous les priviléges que l'Eglise a ac
cordés à ses enfants, nous n en voyons pas
un qui ait plus de ressemblance avec les
deux insignes priviléges du Carmel, que celui
dit de la portiuncule , ou de l'église de
Notre-Dame des anges , dans l'ordre de S.
François ; et voici les caractères de ressem
blance.
1° S. François prie dans l'église de
Notre-Dame des anges , et demande à la
saiute Vierge de lui obtenir de J.-C. , son
divin fils , une faveur particulière pour les
pécheurs qui visiteront cette église. S.
222 MANUEL
François est digne d'être exaucé : c'est un
saint , pauvre volontaire , crucifié , désin
téressé pour lui-même et zélé pour le pro
chain.
2" Marie intercède pour S . François par
deux motifs : celui de piété maternelle en
vers S. François et son ordre , qui faisait
profession de lui être dévoué ; celui d'in
térêt propre, en favorisant un ordre qui
devait être un des plus ardents défenseurs
de son immaculée conception.
3* J.-C. , qui accorde immédiatement,
en faveur de Marie, à S. François, une des
faveurs les plus signalées , communiquée au
souverain pontife , confirmée par Hono-
rius III, et étendue depuis à toutes les
églises du premier , du second et du tiers
ordre de S. François, par Sixte IV, Léon
X , Paul V et Grégoire XV ; attestée par
des miracles certains, et répandue partout ,
avec un merveilleux progrès.
Ainsi s'exprimait le sage et judicieux
fiourdaloue, dont nous avons extrait cette
analyse du sermon pour la fête de Notre-
Dame des anges , tome XI, page 82 ; or, la
DU SC4P0LAIRE.
faveur duscapulaire offre les mêmes détails
de la plus parfaite similitude.
i° Le B. Simon demande à la sainte
Vierge de lui obtenir de J.-C. quelque
signe de protection pour son ordre , et une
faveur pour les pécheurs. LeB. Simon , qui
est reconnu unanimement pour un des plus
saints et des plus éclairés serviteurs de
Dieu et de Marie , ne méritait-il pas d'être
exaucé ? il ne parlait que dans l'intérêt de
l'ordre de Marie et pour les pécheurs.
2° Marie intercède en faveur du B. Si
mon ,' par les mêmes motifs ; et elle obtient
un signe de salut distinctif pour son ordre
de prédilection, afin de récompenser son
antique dévouement à son service et sa dé
votion pour son immaculée conception, dont
l'ordre du Carmel célébrait autrefois la fête ,
comme sa première solennité , avant l'éta
blissement de la fête de Notre-Dame du
Mont-Carmel.
3° J.-G. accorde un double privilège
à l'ordre et à la confrérie du Carmel. Marie
communique elle-même avec Honorius III,
pour lui recommander son ordre ; et avec
Jean XXII , pour lui expliquer les faveurs
obtenues de son fils, parce que toute révé
lation doit être soumise au jugement de
l'Eglise. Ces priviléges sont reconnus et
confirmés par 14 papes , entr'autres par
Sixte IV, B. Pie V , Paul V et Grégoire
XV; attestés ou vérifiés par des miracles
certains , et propagés partout , avec un zèle
extraordinaire et un progrès merveilleux.
Tels sont les différents traits de ressem
blance, avec la faveur obtenue par Marie,
pour S. François d'Assise : la seule différence
qui existe, c'est que le privilége de l'indul
gence de Notre-Dame des anges a été
communiqué à tous les fidèles , au lieu que
les deux priviléges du Carmel sont propres
à l'ordre lui-même ou à la confrérie seule
du scapulaire , et sont plus magnifiques.
PREMIER PRIVILÈGE.
L'Exemption desflammes de l'Enfer.
Le premier privilége est l'exemption des
flammes de l'enfer : Tout confrère, qui
DU SCAPULAIRE". 225
mourra pieusement , avec le scapulaire, sera
préservé des feux éternels ; il mourra sans
présomption comme sans indifférence pour
son salut; il mourra dans le Seigneur, dans
la grâce de J.-C. , en joignant à la foi les
oeuvres qui sont indispensables; et si , dans
ce moment décisif pour l'éternité, le péché
vit encore dans son âme, ah ! du moins il
n'y fixera ni son séjour , ni son empire ; la
samte Vierge luiménagera quelque heureuse
ressource de conversion , afin qu'il puisse
opérer son salutavec crainte ettremblement,
et qu'il ne soit pas exclus de l'héritage cé
leste.
SECOND PRIVILEGE.
La prompte délivrance du Purgatoire.
Le second privilége est la prompte déli
vrance du Purgatoire.
« Si , parmi les religieux ou confrères,
qui quitteront le siècle présent, il s'en
trouve dont les péchés auraient mérité
l'entrée dans le Purgatoire, Marie, comme
226 MANUEL
leur tendre Mère , descendra au milieu
d'eux, dans le Purgatoire , le samedi après
leur mort, et elle délivrera ceux qu'elle y
trouvera. » ( Ce sont les expressions de la
bulle de Jean XXII.) ClémentVII , dans sa
hxxWe:Dilectifilii, de i 528,et Grégoire XIIIr
dans sa bulle : Ut laudes, du i8 septembre
i5^7 , font aussi mention spéciale du sa
medi; maisPaul Vs'exprime d'une manière
plus précise encore dans sa bulle : Supernd
dispositione, du 2 o avril i606 : « Le peuple
chrétien , dit-il, peut croire pieusement au
sujet du soulagement des âmes décédées
dans la charité , que la sainte Vierge aidera
de sa continuelle intercession , de ses suf
frages , de ses mérites et de sa protection
spéciale, après leur mort, et principalement
le samedi , jour qui lui est consacré , les
confrères qui , pendant leur . vie , auront
porté le scapulaire , etc. »
Enfin l'Eglise , dans l'office de Notre-
Dame du Mont-Carmel , étendu a toute la
chrétienté, ne voulant pas borner la puis
sance et la bonté de Marie à un jour fixe ,
nous assure que la sainte Vierge, a promis
DU SCAP-ULAIRE. 227
de consoler les confrères , dans le Purga
toire , après leur mort; et elle ajoute : « Ce
qui a donné lieu de croire pieusement que
Marie leur obtient de Dieu l'entrée du ciel,
le plus proniptement possible. ( Quanto-
ciùs. ) »
Les confrères du scapulaire , qui ne dou
tent ni du pouvoir de Jésus-Christ , ni du
crédit de Marie , doivent donc être bien
consolés de pouvoir penser qu'ils jouiront
de cette belle prérogative , s'ils sont fidèles
aux obligations prescrites pour y participer.
Mais quels sont ces devoirs prescrits ?
Nous les expliquerons en détail dans le
chapitre troisième, page 23i.
MANUEL
ARTICLE QUATRIÈME.
Droits à la protectionde Marie.
Le scapulaire , en nous donnant accès
dans la confrérie de Marie , nous fait de
venir les heureux objets de sa prédilection;
dès lors Marie nous adopte pour ses enfants,
et en vertu de ce titre , elle nous couvre de
sa protection pendant la vie et à l'heure de
la mort.
Quoi de plus honorable , quoi de plus
précieux quel'adoption de Marie. Lorsqu'on
lit dans les livres saints , que Moïse , en
core au berceau , et abandonné sur les
eaux du Nil , fut recueilli par la fille de
Pharaon, adopté comme son enfant , il n'est
personne qui n'admire le bonheur ' de ce
jeune Hébreu; les enfans eux-mêmes tres
saillent de joie, en voyant ce trait d'une di
vine providence. En effet l'adoption est le
le gage le plus heureux et le plus certain
d'une tendre prédilection ; elle est comme
les prémices de tous les biens qui doivent
DU SCAPULA1RE. 829
en résulter. Qui pourrait dire toutes les at
tentions doDt Moïse fut l'objet, lorsque sa
mère Jochabed, après sa première enfance,
le livra à la fille de Pharaon , pour être
élevé dans le palais du roi ? Combien de
soins lui furent prodigués , pour orner son
esprit et former son cœur! et quel avenir
préparait au futur législateur des Hé
breux , ce bienfait de l'adoption royale 1...
Plus heureux que Moïse , les confrères du
scapulaire , dès le jour de leur réception ,
deviennent les enfans adoptifs de Marie. Dès
lors elle les environne de sa tendresse, comme
d'une double haie; et cette adoption leur
porte bonheur. Qui pourrait raconter tout
ce que la reine des cieux leur ménage de
ressources , de conseils , d'exemples de
vertus dans un père ou une mère, dans un
parent ou un ami? combien elle prévient
de périls, écarte de dangers, éteint de
passions ? combien de ses enfants elle a
préservés des atteintes du vice , retirés du
milieu desscandales, séparés de la masse de
perdition, arrachés aux séductions du plaisir
et de la volupté ! combien de fois elle les a
230 MAWUEL DU SCAPULAIRE.
fortifiés contre l'ardeur de l'âge , l'impé
tuosité des désirs , la fougue du tempéra
ment! combien de fois elle les a rendus vic
torieux contre le déréglement de l'imagina
tion, contre les erreurs de l'esprit, contrelcs
illusions du cœur ! Biens précieux ! biens
inestimables ! sources de gloire et de bon
heur ! Moïse lui-même, devenu grand , pré
féra les dons de la grâce et de la vertu aux
délices de la cour de Pharaon et aux trésors
des Egyptiens : que tout confrère duscapu-
laire envisage, à son exemple, la récompense
future; et il ne balancera pas à se jeter dans
le sein de Marie > pour acquérir un jour ,
par sa médiation , ce poids éternel d'une
gloire incomparable.
CHAPITRE TROISIÈME.
Obligations et devoirs de la confrerie du
scapulaire.
Quelque précieuses que soient les indul
gences du scapulaire , quelque magnifiques
que soient les priviléges qui y sont attachés,
les indulgences seraient perdues et les pri
viléges demeureraient inutiles et sans fruit ,
si les confrères ne s'acquittaient pas des
obligations et des devoirs prescrit s à tous les
membres; ils doivent donc les remplir avec
fidélité et dévouement , pour avoir droit à
ces faveurs.
£52
ARTICLE PBEMIER.
Obligations des confrères du scapulaire.
On distingue les obligations générales et
les obligation s particulières , les obligations
incommutables et les obligations commu-
tables.
Les obligations générales sont celles qui
sont nécessaires pour être membres de la
confrérie du scapulaire et pour avoir droit
aux avantages de l'association.
Les obligations particulières sont celles
qui sont nécessaires pour avoir droit à tel ou
tel privilége,
Les obligations incommutables, ou réduc
tibles, sont celles qui ne peuvent pas être com
muées ou réduites, changées ou diminuées.
Les obligations commutables sont celles
qui peuvent être commuées ou diminuées.
DU SCAPULAIRE. 233
Obligations générales.
Les obligations générales , pour être
membre de la confrérie du scapulaire , et
pour avoir droit aux avantages propres de
la confrérie , c'est-à-dire à la participation
des mérites de l'ordre du Cannel, aux in
dulgences personnelles de la confrérie, et
à la protection de Marie , sont :
i° Recevoir le scapulaire bénit , des
mains soit d'un religieux Carme , soit d'un
prélat , ou prêtre , munis des pouvoirs né
cessaires pour le bénir et le donner.
2° Être inscrit comme confrère du sca
pulaire, dans le registre d'une confrérie du
Carmel , érigée canoniquement.
3° Le porter au cou, nuit et jour, en
santé et en maladie , à la vie et à la mort.^
Voilà les seules obligations générales né
cessaires pour tous les confrères : il n'y a
ni prières , ni abstinences, nijeûnes extraor •
dinaires, qui leur soient prescrits pour être
membres de la confrérie. L'Eglise n'exige
rien au-delà des trois obligations ci-dessus;
S34 MANUEL
il leur suffit d'être chrétiens, c'est-à-dire de
joindre au titre de serviteurs de Marie les
vertus du chrétien. Peut-il y avoir une dé
votion plus commode, une confrérie moins
assujétissante, un engagement plus fac1le,
des liens plus doux ?
Obligations particulières.
Les obligations particulières des con
frères du scapulaire sont relatives au pre
mier ou au second privilège de l'ordre , ou
de la confrérie du Carmel.
Obligation particulière relative au premier
privilège d'une bonne mort, ou de la pré
servation de l'Enfer.
Quoique les obligations générales puissent
suffire, pour jouir de ce premier privilége ,
cependant il y en a une parmi elles , qu'i
devient une obligation particulière, propre
à ce privilége d'une bonne mort ; la voici :
Il faut porter toujours , et surtout à
l'heure de la mort, le scapulaire , comme
DC SCAPULAIRE. 235
un signe distinctif de tordre et une sauve
garde contre les périls , parce que celui qui
mourra pieusement , avec ce saint habit ,
sera préservé des feux de FEnfer. Ce sont
les expressions de l'Eglise. ( Voyez l'intro
duction , page 34- )
Obligations particulières relatives au second
privilège de la prompte delivrance du
Purgatoire.
Pour jouir du privilége de la bulle sab-
batine, c'est-à-dire de la prompte délivrance
du Purgatoire , il faut non seulement s'ac
quitter des obligations générales ci-dessus ,
savoir :
l° Avoir reçu le scapulaire , bénit par
qui de droit.
20 Etre inscrit au registre de la confré
rie du scapulaire.
3° Porter toujours au cou ce saint ha
bit;
Mais il faut encore s'acquitter des obliga
tions particulières propres à ce second pri
vilége , c'est-à-dire :
S36 MANUEL
Pour tous les confrères.
Observer la chasteté propre de son état :
La chasteté virginale dans l'état du cé
libat ,
La fidélité conjugale dans l'état du ma
riage,
La continence dans l'état de viduité.
Pour ceux qui savent lire.
Réciter tous les jours l'office canonial
de l'Eglise , ou le petit office de la sainte
Vierge.
Et pour ceux qui ne savent pas lire.
Y suppléer par les deux observances qui
suivent :
Ne manquer aucun des jeûnes prescrits
par l'Eglise ,
Faire maigre le mercredi , outre le ven
dredi et le samedi , excepté le jour de Noël ,
s'il tombe un de ces 3 jours.
DU SCAPULAIRE. 237
Ces obligations sont fondées sur trois au
torités.
1° La bulle de Jean XXII, Sacratis-
simo ,rapporte ces paroles de la sainteVierge :
« Si les confrères qui embrasseront celte
dévotion , portent le sçapulaire, promettent
la continence dans la viduité , la virginité
dans le célibat, la foi conjugale, selon la loi
de l'Eglise, dans le mariage.... et récitent
lés heures canoniales, selon le besoin , je les
délivrerai du Purgatoire , le samedi après
leur mort. »
2° La bulle de Paul V nous dit :
« La sainte Vierge-aidera , 'de ses suf
frages et de sa pretection , après leur mort,
surtout le samedi , jourjqui lui est consacré,
les confrères décédés dans la charité , qui
auront porté le scapulaire pendant leur vie,
gardé la chasteté propre à leur état , récité
le petit office , ou qui , ne pouvant pas le
réciter, auront observé les jeûnes de l'E
glise et l'abstinence des mercredis , vendre
dis et samedis , excepté le jour de Noël. »
3° L'Église, dans la leçon 6e de l'office de
Notre-Dame du Carmel , s'exprime ainsi :
16
238 MANCEL
« La sainte Vierge a voulu pourvoir, dans
le siècle futur , au salut de ses enfants qui ,
admis dans la confrérie du scapulaire , et
fidèles à pratiquer une légère abstinence , ou
à réciter quelques prières , garderaient la
chasteté propre à leur état; et elle leur
promet de les consoler dans le Purgatoire ,
d'où est venue la pieuse croyance qu'elle
leur obtient l'entrée du ciel , le plus promp-
tement possible, après leur mort. »
Obligations incommutables.
Les obligations incommutables ou non
réductibles , que l'on ne peut ni commuer
ou changer, ni réduire ou diminuer, sont:
Parmi les obligations générales :
1° La réception du scapulaire bénit.
2° L'inscription au registre de la con
frérie.
3° Le port continuel du scapulaire.
Parmi les obligations particulières :
1° La chasteté propre à chaque état.
2° L'office canonial de l'Eglise , ou le
petit office de la sainteViergc ,(qui serait obli
DP 8CAPULA1RE. 259
gatoire pour lesprêtres, religieux ou religieu
ses , en vertu de leur état ; car alors il
n'appartient qu'aux supérieurs ecclésias
t1ques ou religieux d'en juger. )
3° Les jeûnes ou les abstinences de
l'Eglise, dont l'Église seule a le droit de
d1spenser.
Toutes ces obligations sont strictement
r1goureuses et ne peuvent être commuées
ou changées.
Obligations commutables.
Les obligations commutables, ou réduc
tibles, qui peuvent être commuées ou chan
gées , réduites ou diminuées, selon le be
soin ( ut opus est ) , par Ceux qui en ont
reçu le pouvoir , sont :
1° Le petit office des confrères , pour
ceux qui savent lire.
2. L'abstinence volontaire des mercredis,
et celle des samedis du temps de Noël, pour
ceux qui ne savent pas lire.
240 MANUEL
Nous indiquerons , dans les éclaircisse
ments suivants , te genre des commutations
analogues à l'office ou à l'abstinence.
OBSERVATION ESSENTIELLE.
Parmi toutes les obligations ci-dessus ,
qui ne sont que de pure dévotion , il n'en
est aucune qui oblige sous peine de péché ,
même véniel , mais seulement sous peine
de privation des grâces , indulgences , ou
priviléges relatifs à chacune , si on les né
glige; on doit néanmoins y être fidèle , afin
de ne pas se rendre indigne de la tendresse
et de la protection de Marie.
La transgression des préceptes de Dieu
et de l'Eglise , ainsi que des vœux de reli
gion ,ou de l'office canonial obligé par état,
peut seule ici constituer un péché.
ÉCLAIRCISSEMENTS DES OBLIGATIONS GÉNÉ
RALES.
i" Par rapportait scapulaire. Nous avons
DU SCAPULAIRE. 241
donné déjà des éclaircissements sur le
scapulaire , à la page x1x de L'introduc
tion.
Tous les confrères , même entrés depuis
dans un ordre religieux, doivent le porter
comme les simples fidèles; et c'est en effet
ce qui se pratique dans l'ordre des francis
cains , des jésuites , etc.
Dans plusieurs pays, des charlatans col
porteurs ont essayé plusieurs fois de sub
stituer, aux scapulaires de laine, des scapu-
laires de métal , par exemple de cuivre ,
d'étain,etc, avec l'empreinte de la Madone
du Carmel; mais ces scapulaires métalliques
ne sont susceptibles ni des indulgences , ni
despriviléges de la confrérie du scapulaire,
et ne sont propres qu'à faire des dupes ,
parmi les gens simples de la campagne.
D'autres personnes aussi portent des
scapulaires profanes , non bénits , tissus d'or
et d'argent, comme des objets de parade ,
pour servir de vaine parure à leur toilette.
Ces scapulaires , ornements de vanité hu
maine plutôt que des symboles d'une
piété chrétienne , sont également sans
242 MANUEL
vertu, comme incapables de bénédiction.
2° Par. rapport à la réception du sca-
pulaire. Il ne suffit pas de prendre soi-même
unscapulaire d'un homme vivant ou défunt,
lors même qu'il serait miraculeux ou bénit ;
il faut l'avoir reçu , au jour de son entrée
dans la confrérie; et cette première inves
titure suffit.
3° Par rapport à la bénédiction du sca
pulaire. Il suffit que le premier scapulaire
ait été bénit ; on peut -, sans aucune sorte
de scrupule , en avoir un autre ou plu
sieurs non bénits , pour en changer à son
gré ; ou de variés dans les images em
preintes, ou ornements figurés, selon les
temps de l'année, ou les occasions, pour
satisfaire sa dévotion. Les personnes
pieuses préfèrent toujours en avoir un ou
deux en réserve , plutôt que de s'exposer
à en manquer.
4° Par rapport au dispensateur du sca
pulaire. Il faut que celui qui impose le
scapulaire en ait reçu le pouvoir du S.
Père , ou d'un des généraux de l'ordre , ou
du provincial du district de la confrérie.
DU SCAPULAIRE. 245
Les généraux des deux ordres des Car
mes peuvent conférer partout et sans li
mites , à leurs religieux prêtres, et aux
prêtres réguliers ou séculiers , le droit de
bénir ou de donner le scapulaire aux fidèles;
mais les provinciaux ne peuvent déléguer
ces pouvoirs que pour trois ans, jusqu'à
l'expiration de leur triennat, dans la
seule circonscription de leurs provinces , et
toujours par écrit.
On conçoit qu'en France, depuis la des
truction des couvents , les religieux qui ont
survécu avaient obtenu , dès le premier mo
ment , des pouvoirs plus étendus , dont
quelques-uns usent encore pour les com
muniquer aux prêtres et propager la dévo
tion du scapulaire.
5° Par rapport à l'inscription au registre
de la confrérie. Elle est absolument essen
tielle; et doit avoir lieu, le jourmême de l'ad
mission dans la confrérie , pour donnerdroit
à l'indulgence plénière du jour de l'entrée.
Les prêtres, quiont le pouvoir de donner et
benir le scapulaire , doivent ne pas oublier
cetle formalité , exprimée dans le texte
244- MANUEL
des diplômes de concession : Dummodù
nomina in libro sodalitatis canonicè erectœ
describantur. .
6° Par rapport à l'érection canonique de
la confrérie. Il ne peut être ici question des
confréries établies dans les églises des Car
mes , puisque le prieur de tous les couvents
des Carmes a le droit de les y établir et
d'y bénir et donner le scapulaire. Mais par
tout ailleurs il est nécessaire que la con
frérie y soit canoniquement. érigée , même
dansles églises des Carmélites. (Voyez la 3e
partie , où se trouve le mode d'érection
canonique de la confrérie. )
Quant aux Carmélites de France , il n'y
a pas de difficulté. En 179», les Carmélites
du premier couvent de l'ordre en France ,
dit alors du faubourg S. Jacques , à Paris ,
ayant demandé au TA. P. général des Carmes
déchaussés , à Rome , un diplôme pour tous
les aumôniers et chapelains de tous les
monastères des Thérésiennes eu France , le
R. P. général Adrien de Sainte-Thérèse
envoya un diplôme , qui confère tous les
pouvoirs aux aumôniers et chapelains
00 SCAPULAIBE. 245
de tous les susdits monastères , daté du
couvent de Sainte-Thérèse et de S.-Jean
de la Croix , de Rome , le 24 août 1791.
Le R. P. provincial de Paris et commissaire
général de l'ordre des Carmes déchaussés ,
en France , le P. Bruno de S. Sulpice ,
encore vivant , a revu et reconnu le dit di
plôme comme authentique jusqu'à révoca
tion du R. P. général pro tempore.
y° Par rapport au port continuel du
scapulaire. Plusieurs personnes attachent, la
nuit et quelquefois le jour, leur scapulaire à
un clou, ou elles le mettent aux pieds d'un
Crucifix , soit pour leur commodité , soit
par scrupule ; elles se trompent gravement.
Elles doivent porter toujours le scap1daire
au cou , jour et nuit , sans le quitter jamais,
sous quelque prétexte que ce soit; et, si
elles l'ont quitté quelquefois pour un temps,
par négligence , elles doivent le reprendre
aussitôt qu'elles s'en aperçoivent, et té
moigner à la sainte Vierge le regret d'avoir
été si négligentes à son service.
Il est une seule circonstance , où il serait
peut-être difficile de le conserver ; c'est
246 MANUEL
lorsqu'on entre dans un bain: on peut alors,
sans crainte de perdre ses droits aux indul
gences et priviléges de la confrérie, le dé
poser, par respect, pour ce peu de temps ,
auprès de soi ; mais il faut le reprendre avec
ses habits; et , dans les endroits périlleux ,
il vaut mieux courir le risque de le mouiller,
que d'être privé de ce signe de salut, au
moment du danger. On n'excepte d'ailleurs
aucun temps, en pleiue santé, comme en
maladie, et, à l'article surtout de la mort, il
faut le porter toujours et demander même
à être enseveli, avec son scapulaire , dans le
tombeau.
80 Par rapport à la conclusion des obli
gations générales , ainsi conçue : « Il n'y a
ni prières, ni abstinences, ni jeûnes, qui
soient prescrits aux confrères, pour être
membres de la confrérie. » Tous les Carmes
sont unanimes ; le R. P. Mattias de S.
Jean , provincial des Carmes de la province
de Tourainc , dans son pieux et docte ou
vrage de la véritable dévotion du S. scapu
laire, p. 452 de l'édition de 1656, est celui
qui s'explique avec plus de précision et de
DU SCAPULAIRE. 247
clarté. La sainte Vierge , dit-il , en donnait t
ce saint habit au B. Simon , n'a obligé ceux
qui le porteront ni à aucune abstinence, ni à
jeûnes, ni à prières particulières, nia au
cune autre œuvre. » Le P. Panetier, Carme
du couvent de Bordeaux, dans son excel-
leute instruction pour la confrérie de Notre-
Dame du Mont-Carmel , p. y5 de l'édition
de i834, revue et considérablement aug
mentée par le savant Carme , le B.. P. Au
gustin Lesbazeilles , ancien confrère du
P. Panetier, s'exprime en ces termes : « Ni
la sainte Vierge dans ses promesses , ni
l'ordre (du Carmel) , ni les bulles des papes
n'ont jamais fixé aucune prière d'obligation
à ce sujet. » Cependant il faut l'avouer: là,
où il est question d'obligations , les Carmes
français nous parlent toujours de prières
d'usage , quoique non obligatoires : ce qui
a donné lieu partout de confondre l'usage
avec l'obligation ; nous montrerons ci-après ,
pagc257,que cet usage même est un abus,
qui jette les fidèles dans l'erreur. »
248 MANUEL
ÉCLAIRCISSEMENTS DES OBLIGATIONS PARTICU
LIERES.
Les éclaircissements des obligations par
ticulières sont relatifs au premier ou au
second privilége de la confrérie.
Éclaircissements des obligations du pre
mier privilège.
Il n'y a quSwe seule obligation particu
lière, proprement relative au premier privi
lége de l'ordre et de la confrérie : c'est le
port continuel du scapulaire. Nous avons
suffisamment éclairci cette obligation , qui
est tout à la fois générale et particulière ,
a l'éclaircissement n° 7 , des obligations gé
nérales. Nous ne pouvons ici que recom
mander aux confrères de veiller soigneuse
ment , dans les maladies , à leur scapulaire,
aûn de ne le' quitter jamais , et de prévenir
leurs gardes-malades d'avoir auprès d'eux
la même vigilance et le même soin.
DU SCAPt I AIRE. 249
Éclaircissements des obligations du second
privilège.
i" Pour tous les confrères.
Par rapport à la chasteté propre de son
état. Cette obligation relative est un devoir
-général et rigoureux dans tous les états ;
mais, si elle devient ici une obligation parti
culière, pour donner droit aux avantages
de la prérogative de la bulle sabbatine ,
c'est que la sainte Vierge a voulu inspirer
aux confrères plus particulièrement le res
pect des mœurs et l'amour de la pureté ,
comme un des plus sûrs moyens de mériter
sa protection. Les prêtres et les religieuses
sont obligés à la plus stricte chasteté, comme
toutes les autres personnes également liée»
par le vœu de virginité. Cette obligation
n'empêche pas une vierge , libre de tout
vœu, de se marier ; ni une veuve de convo
ler en seconde ou troisième noce; ni des
«poux de satisfaire à leur devoir mutuel ;
«lie exige que chacun , dans son état , sache
250 MANUEL
se conserver pur devant J)ieu , comme un
vase d'honneur et de sanctification.
2° Pour ceux qui savent lire.
1° Par rapport à l'office canonial de l'E
glise. Les personnes qui sont tenues de le
réciter pour cause ou par devoir de béné
fice ou d'état , de vœu ou de pénitence
imposée , satisfont à cette obligation par
ticulière en même temps , sans être obligés
de le réciter une seconde fois.
2° Par rapport au petit office de la sainte
Vierge , il en est de même ; l'obligation de
le réciter pour quelque raison que ce soit ,
supplée à l'obligation présente , et en tient
lieu.
3° Pour ceux qui ne savent pas lire.
1° Par rapport aux jeûnes de l'Eglise.
Cette obligation, étant déjà prescrite par
l'Eglise , suffit et n'exige aucun sorte d'é
claircissement, sinon qu'il n'appartient qu'à
l'Eglise d'en dispenser , dans les cas de
nécessité.
DU SCAPULAIRE. 251
20 Par rapport à l'abstinence du mer
credi. Il y a des royaumes où elle est fort
en usage, par exemple en Espagne ; et, à ce
propos , on rapporte un trait de Philippe
III, roi d'Espagne , honorable pour un vrai
serviteur de Marie. Plusieurs personnes de
sa cour voulaient lui conseiller de suppri
mer l'abstinence du mercredi, parce qu'elle
faisait tort , au trésor, de plus de 3oo,ooo
écus par an ; il leur fit cette réponse , digne
du roi catholique : « J'aime mieux voir s'ac
croître le nombre des serviteurs de Marie ,
parmi mes sujets , que le nombre de mes
revenus dans mes caisses.» Cette abstinence
a pour fin de réparer l'injure du crime de
la trahison de Judas, par cet acte de morti
fication , qui a été en usage autrefois dans
les premiers temps de l'Eglise naissante ,
et dont l'Eglise a conservé un souvenir aux
mercredis des quatre-temps et à certains
jours des jubilés.
252 MANUEL
Eclaircissements des obligations incommu-
tables.
Les obligations incommutables sont :
La réception du scapulaire , des mains
d'un prêtre Carme ou de tout autre muni
des pouvoirs nécessaires ;
L'inscription au registre de la confrérie ;
Le port continuel du scapulaire ;
L'observance de la chasteté propre à l'é
tat , soit des personnes consacrées à Dieu ,
soit des personnes vierges , veuves , ou ma
riées.
Personne n'a reçu le pouvoir de dispenser
de ces obligations, ni de les commuer en
aucune manière ; et elles sont si claires par
elles-mêmes , et par tout ce que nous avons
déjà dit , qu'elles n'ont besoin d'aucun
éclaircissement ultérieur.
Eclaircissements des obligations commuta-
bles.
Les obligations commutables , ou réduc
DU SCAPULA1RE. 253
tib\es , que l'on peut changer , ou diminuer,
sont au contraire susceptibles de plusieurs
éclaircissements in dispensables.
1°. Eclaircissements pour ceux qui savent
lire.
1° Par rapport à l'office canonial. Ceux
qui y sont obligés par état ne sont astreints
à aucune autre obligation ; il leur suffit de
diriger leur intention à cette fin ; quant aux
confrères pour lesquels il ne serait que de
pure dévotion, l'Eglise a pris soin de le
commuer. Le pape Paul V , par sa déclara
tion de 1613, lui a substitué le petit office
de la sainte Vierge, pour tenir lieu des
heures canoniales , au gré et au choix des
confrères.
2° Par rapport à la récitation du petit
office de la sainte Vierge. Si on peut le ré
citer, il faut dire, ou le petit office des
Carmes, ou le petit, office de la sainte
"Vierge du bréviaire romain.
Il s'élève ici plusieurs questions. Peut on
commuer l'office de la sainte Vierge en eu
25-4 MAMUEt,
tier , ou en partie ? Quelles prières peut-on
y substituer ? Quelles personnes ont droit
de faire cette commutation ?
...l° On ne peut pas commuer ou suppri
mer l'office de la sainte Vierge en entier , à
ceux qui savent Tire , parce que c'est une
obligation précise, de tous les jours , dont
on ne peut être dispensé en totalité que
pour, cause d'impossibilité absolue , par
exemple pour cause de maladie , ou par
défaut d'office de la sainte Vierge , quand
on ne peut s'en procurer un exemplaire.
Aucune autre prière ne peut le suppléer
intégralement.
....2° On peut commuer le petit office en
partie , c'est-à-dire le réduire ou diminuer ,
à ceux qui ont des empêchements légitimes;
par exemple , lorsqu'il serait incompatible
avec les devoirs de l'état de chacun •, mais
comme on doit , chaque jour , en dire quel
que partie , alors on peut autoriser les
confrères , à le partager en sept par
ties, pour chaque jour de la semaine , ou,
ce qui est plus commode , à réciter ,
chaque jour , YAve Maris Stella, et le Ma
DU SCAPULAIEE. 255
gn.if.cat, comme partie de l'office ( de vê
pres ) , et à y joindre le Salve Regina ,
parce que cette antienne finale de l'of
fice est une partie intégrante des heures
canoniales des Carmes , qui les terminent
par cette antienne , huit fois par jour. Il y
a d'ailleurs des indulgences partileles et
même plénières , attachées à la récitation
quotidienne de cette antienne. Cette règle
de conduiteélait celle des RR. PP. Carmes
déchaussés de la rue de Vaugirard, à Paris;
et le R. P. Bénigne , prieur de ce couvent,
en i789 , nous a tracé à nous-même cette
conduite , à l'égard des personnes à qui
nous aurions occasion de donner le scapu-
laire, en vertu des pouvoirs qu'il nous a
transmis. D'ailleurs la réduction du petit
office à peu de prières est conforme à
l'esprit de l'Eglise, qui nous assure, dans
la 6° leçon de l'office de Notre-Dame du
Mont-Carmel , qu'il n'y a que peu de
prières obligées : preces paucas preescrip-
tas.
...3° On ne peut substituer des prières ar
bitraires au petit office : aucune autre ne
356 MANUEL
peut le suppléer; ni les litanies de la sainte
Vierge ni le Memorare , ni les 7 Pater et
Ave Maria , que des prêtres, moins ins
truits que lés Carmes , ont toujours con
seillés ou imposés aux confrères, sans en
avoir le droit. Ils ont cru que , parce que les
Carmes leur imposaient la récitation de
YAve maris Stella , du Magnificat , ou
du Salve Regina, ils pouvaient bien aussi leur
imposer des prières à leur choix et à leur
dévotion, sansfaire attention que les Carmes,
en donnant à réciter cette hymne, ce can
tique et cette antienne, donnaient en effet
quelque partie du petit office. Au reste la
substitution de prières étrangères à l'of
fice est un ù1bus véritable et regardé comme
tel par les Carmes. Voici le sentiment du R.
P. Simon Grassi , ( mort le 29 janvier
1723 , ) dans son ouvrage : Compendiosa
Narrazione , etc., réimprimé depuis à Rome
par les soins du P. Antoine Léonard Sassi ,
en 1 827 , avee la double approbation de
l'ordinaire et de l'ordre. Le P. Grassi , au
chapitre quinzième, page-g1, de la dix-sep
tième édition romaine, s'exprime ainsi : « La
DU SCAPULAIRE. 257
plus grande partie des confrères du scapu-
laire confond la dévotion des sept allégresses
de Marie avec celle du scapulaire , et récite
les 7 Pater et Ave , propres à la dévotion
des sept allégresses, comme prières obligées
du scapulaire, en sorte que les confrères
croient avoir satisfait à l'obligation journa
lière du petit office , et acquis un droit aux
indulgences et priviléges de la confrérie du
scapulaire, quand ils lui ont substitué la
récitation quotidienne des 7 Pater et Ave ;
cette fausse persuasion est tellement enra
cinée dans beaucoup de confrères qu'ils ont
coutume de se confesser, au saint tribunal,
de l'omission des 7 Pater et 4ve du sca'pu-
laire , disent-ils , comme d'un péché ; mais
cette opinion est entièrement erronée ,
parce qu'il n'y a nulle obligation de réciter
chaque jour 7 Pater et Ave pour le scapu
laire » : « Questa opinione è un manifeslo
errore, non essendo tenuto per obligo chi
porta fabito del Carmine al reciiare ogni
giorno questi sette Pater è Ave. »
Ilne reste donc que l'obligation des prières
intégrales ou partielles du petit office de la
25b MANUEL
sainte Vierge, qu'il faut réciter chaque jour;
mais, si on est autorisé à ne dire qu'une
partie dû petit office, il ne faut pas oublier
que , les dimanches et les jours de fêle , où
on a souvent plus de loisir et de facilité, on
doit se faire un devoir d'offrir à Marie le
tribut entier de l'hommage qui lui est dû ,
en récitant les heures intégrales de la sainte
Vierge , ou chez soi dans l'intervalle des
offices , ou à l'église pendant les offices de
l'après midi, par exemple aux vêpres ou au
salut. Le père Mathias de S. Jean et le père
Panetier recommandent avec raison cette
pratique aux confrères, sans leur en faire un
devoir rigoureux.
...•40 Les religieux Carmes et les prélats
ou prêtres qui ont reçu du saint-père ou
d'un des genéraux de l'ordre les pou
voirs de donner et bénir le scapulaire , sont
les seuls qui puissent commuer les obliga
tions commutables, soit du petit office, soit
de 1 abstinence. «Celui, dit le même père
Grassi , page 63 , qui , pour quelque raison
urgente ou indisposition corporelle, sera
dans l'impossibilité de faire l'abstinence ré
DU SCAPULAIUE. 259
gulière du mercredi , etc. , ou de réciter ,
chaque jour , le petit office , peut se faire
commuer ces obligations par des confesseurs
Carmes ( ou munis des pouvoirs néces
saires), selon leur prudence et à leur choix;
Glipotrà essere cià commutatodà confessori
Carmelitani.
Le pouvoir de bénir et de donner le sca-
pulaire , non seulement donne le droit de
commuer les obligations commulables,mais
celui de donner aux confrères l'absolution
et l'indulgence plénière de l'ordre , à l'ar
ticle de la mort. Tout prêtre , prieur
ou chef d'une confrérie érigée canonique-
ment , a de plus la faculté de substituer
à sa place le prêtre qu'il voudra , pour
le remplacer , dans le cas où il serait
forcé de 'absenter , ou retenu par quelque
empêchement légitime , selon la teneur
même du diplôme : Facultatem R. D... ej'us-
que successoribus facimus henedicendi sa
crum scapulare illudque imponendiutriusque
sexûsfidelibus.... ipsisque in articulomor1is
constitutis absolutionem et indulgentiam
plenar1am impertiendi ; sed et potestatem ci'
260 MANUEL
damus rubslituendi quetncumque alterum
sacerdotem sibi bene visum , in casu quo ipse
legitima impedimenta detineatur.
2° Éclaircissementspourceux qui ne savent
pas lire,
1* Par rapport aux jeûnes de l'Eglise.
L'obligation de n'en manquer aucun est si
claire, qu'il n'y a rien à expliquer, sinon
que , dans une impossibilité réelle de jeû
ner, on doit faire commuer cette obligation
en autre privation ou bonne œuvre , par un
simple confesseur ordinaire.
2° Par rapport à l'abstinence du mer
credi , etc. Il faut remarquer ici que ce
n'est une obligation que pour ceux qui ne
peuvent pas lire ; et que ceux qui peuvent
lire, n'ont pas même le droit de préférer, à
l'office, l'abstinence des mercredis, etc. ,
prescrite par les bulles.
Il est vrai que cette abstinence sans
jeûne , quoique de pure dévotion pour
ceux qui savent , lire , est un usage en
plusieurs contrées d'Italie , d'Espagne , da
Flandre et d'Irlande , et qu'il y a eu de
DO SCAPOL1IRE. 861
grands exemples pourl'encourager. Alexan
dre VII a observé l'abstinence du mercredi
toute sa vie , malgré la faiblesse de sa santé,
comme l'atteste son confesseur , le P. J.
B. Lancelot , jésuite , dans l'épître dédi-
catoire des annales de la sainte Vierge.
Philippe III , roi d'Espagne, de concert
avec Marie de Médicis , reine de France ,
pria le pape Paul V d'autoriser cet usage
par des indulgences : ce qu'il fit en effet, en
accordant par un bref particulier 3oo
jours d'indulgence , tous les mercredis, aux
confrères qui feraient celte abstinence ;
mais ce n'est qu'un usage, une simple dé
votion pour ceux qui savent lire. Aussi
ceux qui se sont imposé volontairement cette
dévotion peuvent s'en faire relever par un
confesseur quelconque, qui peutla commuer
dans ce cas-là, comme Paul Y le décida au
sujet d'une consultation d'une de ses nièces,
la princesse Camille des Ursins; ainsi que
le R. P. général des Carmes, Grégoire Cav
nalis. Il n'en est pas de même pour ceux
qui ne savent pas lire j la commutation de
l'obligation , rigoureuse pour eux , de l'abs-
262 MANUEL
tinence du mercredi, etc. , est du ressort du
confesseur , Carme , ou muni des pouvoirs
nécessaires , dit le P. Grassi , page 64 :
possono farsi commutare , dal confessore
Carmelita.no , Vobligazione.
11 s'agit maintenant de savoir deux choses :
dans quels cas peut-on commuer l'abstinence
du mercredi : par quelles œuvres de com
mutation peut-on y suppléer ?
On peut commuer l'abstinence du mer
credi dans plusieurs cas , entr'autres dans
ceux qui suivent. Supposez'd'abord un père,
un mari , ou un chef de maison, qui désirent
prendre du bouillon et des aliments gras ,
et qui ne veulent pas que leurs enfants ,
leurs femmes ou leurs subordonnés fassent
maigre les mercredis; alors, pour ne pas
les indisposer ou les aigrir , on peut com
muer , aux confrères , l'obligation du
maigre.
Un confrère est invité à un repas le
mercredi ; et il ne peut éviter, ni refuser
cette invitation, peur des raisons particu
lières : mais la table sera servie en gras ;
il sait que sa résolution de faire maigre sera
DD SCAPULAIRE. 263-
taxéed'impolitcsse, ou regardée comme une
dévotion exagérée en un jour qui n'est
pas un jour d'abstinence générale dans l'E
glise : alors , pour ne pas choquer la bien
séance et ne pas se trouver désormais dans
un cas semblable, il demande la commuta
tion de l'abstinence : rien de plus juste ; on
doit la lui accorder pour toujours, afin de
prévenir cette fausse position.
Les œuvres que l'on doit imposer , pour
suppléer à l'abstinence , ne peuvent être ni
des lectures de piété , ni l'office , puisqu'il
ne s'agit ici que de personnes qui ne savent
pas lire ; il faut donc convertir l'abstinence
en d'autres obligations pour tous les mer
credis de l'année , comme par exemple :
entendre la messe ; aller , dans une
église , pour y adorer le T. S. Sacre
ment; entrer dans un oratoire, ou dans une
chapelle de la sainte Vierge , pour adresser
quelque prière à Marie; faire quelque au
mône , ou quelque œuvre de charité.
Telles sont les compensations que les con
frères doivent offrir à Notre-Dame du
Mont-Carmel , s'ils ne peuvent remplir les
264 MANU E1
obligations prescrites, pour cause de mala
die ou d'impossibilité. « Néanmoins, dit le
judicieux père Mathias de S. Jean , il faut
prendre garde à ne point se flatter ; et ,
comme la délivrance du purgatoire est un
des plus grands biens qu'on puisse recevoir,
il faut de son côté tâcher de mériter cette
faveur et ne pas épargner un peu de peine
de corps , pour mettre son âme en assu
rance d'être bientôt délivrée des peines du
purgatoire , et admise au sein dela gloire.»
( Le P. Mathias, p. 45r. )
Il ne faut pas conclure de ce que nous
avons dit de la fidélité à remplir toutes ces
obligations, que ceux qui y manquent soient
déchus pour toujours de leurs droits soit aux
indulgences , soit aux priviléges dela sainte
Vierge en faveur de l'ordre : non sans
doute ; mais ils doivent se relever de leurs
chûtes , surtout s'ils ont violé la loi de la
chasteté , reprendre l'habitude de leurs
obligations , se repentir de leur négligence
passée , et remplir désormais toutes leurs
obligations avec plus de fidélité et de fer-
DU SCAPULAIRE. 265
ARTICLE SECOND.
Devoirs de la dévotion du scapulaire.
Les obligations de surérogation d'une
confrérie ne peuvent remplacer les de
voirs essentiels de la religion ; cependant
la plupart des confrères du scapulaire sont
si exacts à porter le scapulaire, qu'ils se
font souvent un plus grand scrupule de le
quitter que d'abandonner leurs mauvaises
habitudes. Une heure passée dans l'oubli
du scapulaire les inquiète , et une vie écou
lée dans le désordre les laisse sans re
mords I... A quoi donc sert le manteau
chrétien, s'il n'en inspire pasles vertus? Le
vêtement de la modestie chrétienne estnn
grand bienfait sans doute , dit Tertullien ;
mais ce n'est seulement que, lorsque le
souvenir de ce précieux don fait rougi1
les mœurs du chrétien vicieux qui le
porte : Grande pallii beneficium , sub
cujus recogitatu improbi mores erubescuntf
( Tert. de pallia, c. 6. )
266 MANUEL
Il faut donc , pour être un digne con
frère du scapulaire , faire profession d'être
serviteur de Marie et imitateur de Jésus-
Christ.
l° Il faut nous montrer serviteurs de
Marie et porter toujours le scapulaire de la
sainte Vierge. On dit qu'autrefois on voyait,
dans une forêt de César , une biche favo
rite, qui portait au cou un collier d'or avec
cette inscription : Cœsaris sum, nemo me
tangat : « J'appartiens à César : que per
sonne n'ose me faire du mal : » de même
portons aussi le précieux insigne de Marie ,
avec cette devise : Marice sum , nemo me
tangat : « J'appartiens à Marie , que per
sonne n'ose m'attaquer. » Nous sommes sûrs
que cette profession d'être serviteurs de
Marie nous garantira de tous les piéges de
l'ennemi du salut. La sainte Vierge nous
couvrira de l'ombre de sa protection ; et
nous reposerons en sûreté sous ses aîles.
Son vêtement sera , pour nous , un bou
clier et une armure impénétrable : nous ne
craindrons plus ni les périls de la nuit, ni
la flèche meurtrière du jour , ni la séduc
DU SCAPCLAIRE. S67
tion , qui circule dans les ténèbres, ni le
souffle brûlant du démon du midi. Le sca-
pulaire sera un signe de salut , une sauve
garde dans tous les dangers : Signum salu-
tis... Salus in periculis. Mais , pour obte
nir cette protection , il est nécessaire de le
porter sans aucune tache , comme l'Eglise
vous le dit , en vous le donnant : ut illum
perferas sine macula : l'innocence de la
vie, voilà le plus beau titre d'adoption pour
les eufants de Marie : voilà votre gloire ,
votre sécurité , votre couronne : heee est
vestra dignitas , hœc securitas, hœc corona.
( S. Chrys. )
Une suffit donc pas d'être de nom servi
teurs de Marie, il faut encore en avoir les
vertus ; il faut être réellement chrétiens ,
c'est-à-dire imitateurs de J.-C.
. 2° Il faut être imitateurs deJésus-Christ ,
à l'exemple de Marie , qui semble nous
dire : « Soyez mes imitateurs , comme je l'ai
été de Jésus-Christ» : Imitatores meiestote,
sicut et ego Christi. ( Ep. i, Cor. c. 4,
v. 16. ) Nous devons donc penser en chré
tiens, parler en chrétiens, agir en chrétiens.
268 MAHOJEL
vivre en chrétiens , persévérer en chrétiens ;
ce sont les devoirs que la religion impose à
tous les fidèles; ce sont les vertus que la
confrérie exige de tons les confrères et que
l'Eglise demande à Dieu pour eux, au jour
de leur réception , lorsqu'elle dit à chacun:
o Daigne le Seignenr vous accorder , par
son fils unique , médiateur entre Dieu
et les hommes, le temps de bien vivre , les
occasions de bien faire et la persévérance
constante dans le bien , qui seule rend digne
de l'héritage et de la couronne céleste. »
Si vous êtes enfants de Marie, soyez donc
des enfants chrétiens , évitez le mal et faites
le bien.Vous avez la foi, faites-en les œuvres;
aimez à vous réunir dans nos temples , à
assister à la messe et aux saintes offices ;
approchez constamment des divins sacre
ments ; observez les préceptes de Dieu et
de son Eglise. « Revêtez-vous , comme les
élus chéris de Dieu, d'entrailles de miséri
corde , de douceur, d'humilité, de modestie
et de patience. Supportez-vous les uns les
autres; pardonnez -vous réciproquement
comme le Seigneur vous a pardonné ; con
DO SCAPULAIRE. „ 269
servez, surtout entre vous la charité qui est
le lien de la perfection , et sojez toujours
reconnaissants des grâces que vous avez
reçues. » (Ep. Col. c. 3 , v. î2.)
En vain vous vous appelez les enfants
adoptifs de Marie,si votreconduite ne répond
pas au nom que vous portez. «Pourquoi por
ter un nom, qui doittourner à votre honte?et
que pouvez-vous vous promettre d'un titre,
dont vous ruinez toutes les espérances , et
dont vos vices effacent toutl'éclat? » Quid
gestas cognomen , quodpersonœ probro sit?
cur appellations, cujus virtute cares , con-
tumeliam irrogas, ( S. Basilius, seleuc. )
Toutesles fois que votre scapulaire vient
frapper votre vue, dites-vous à vous-même :
de qui est-ce l'image ? cujus est imago hœc?
et au souvenir de Marie , prenez des senti
ments plus élevés, à l'exemple du sage Bo-
leslas IV, roi de Pologne. Ce prince portait
jour et nuit , à son cou , le portrait de son
père , comme le témoin de sa conduite et
le guide de ses actions. Fallait-il prononcer
un arrêt ; s'agissait-il de quelque haut in
térêt pour sa couronne ou pour la gloire de
270 MANUEL DU SCAPULAIRE.
son nom , il regardait d'abord fixement l'i
mage de son père , et lui disait ces paroles
admirables : « Mon père , ne souffrez ja
mais que je trahisse votre sang : ne per
mettez pas que ma langue prononce aucune
parole , ou que ma main fasse aucune action
indigne de votre nom et du haut rang où
vous m'avez placé. » De même, à la vue de
votre scnpulaire et de l'image de Marie qui
y est jointe , écriez-vous : 0 ma mère , ne
permett1ez pas quejefasse jamais rien qui
soit indigne de votre nom, ou qui puisse
déshonorer le titre de mon adoption.
MANUEL
CONFRÉRIE DU SCAPULAIRE.
TROISIEME PARTI!.
MANUEL
CONFRERIE DU SCAPULAIRE.
TROISIEME PARTIE.
Usages , exercices , et prières libres de la
confrerie du scapulaire.
Quoique la confrérie du scapulaire n'exige
de ses membres , ni des pratiques particu
lières , ni des réunions communes , parce
que tout y est libre et de pure dévotion ,
néanmoins il y a de pieux usages , d'utiles
exercices de piété, et des prières propres à
la confrérie, qu'il est avantageux de se rap
peler , lors même que les devoirs d'état ou
de société, les occupations de famille ou
de service ne permettent pas d'y participer ;
nous allons les faire connaître suecessive-
menl.
18
CHAPITRE PREMIER.
Usages de la confrerie du scapulaire.
Parmi les usages de la confrérie du
scapulaire , il nous paraît inportant de
signaler le voûment des enfants à Notre-
Dame du Carmel , le mode d'érection de la
confrérie , le cérémonial de la réception
des confrères.
MANUEL OU gCAPULAIRE. 275
ARTICLE PREMIER.
Voûment des enfants à No1re - Dame du
Carmel.
L'usage de vouer les enfants à la très-
sainte Vierge, avant leur naissance , est
très ancien. L'exemple de tant de saints
dont. Dieu a béni la naissance et sanctifié la
vie , nous prouve combien cet acte de piété
lui est agréable ; aussi l'on a vu de tout
temps des mères chrétiennes vouer , avec
succès, à la sainte Vierge, les enfants
encore dans leur sein , dans la crainte de
les voir périr pour le temps et pour l'éter
nité , avant d'avoir reçu le jour.
« Autrefois aussi, dit Fénélon, on ne
craignait pas de consacrer les enfants ,
avant qu'ils eussent l'usage de la raison.
Les parents, sans craindre de les tyranniser,
croyaient pouvoir les vouer à Dieu , dès le
berceau. » Heureux ceux à qui il était
donné de comprendre et de goûter ce bel
276 mahuel
exemple ! plus heureux ceux à qui il était
donné de le suivre l
Combien encore de mères, en signe de
leur reconnaissance ou de leur engagement,
vouent leurs enfants au blanc , pendant six
mois , ou un nn , en l'honneur de la très-
sainte Vierge ! mais cet usage , si louable
et si beau , éprouve quelquefois , dans cer
taines familles , quelques contradictions de
la part de quelques parents , à cause des
soins multipliés que nécessitent des vête
ments blancs, naturellement plus suscep
tibles de se salir en mille manières.
L'usage du voûment des enfants à Notre-
Dame du Carmcl n'offre aucun inconvé
nient de ce genre. Si quelques mères en
ceintes n'ont pas encore reçu le scapulaire ,
elles s'empressent de le recevoir et de se
vouer , avec le fruit de leurs entrailles , à
la mère de Dieu , pour obtenir , par son in
tercession, une heureuse délivrance , comme
l'ont éprouvé tant de mères chrétiennes; et,
après le baptême de leurs enfants, elles si
gnalent leur reconnaissance envers la
Vierge immaculée du Carmel) en présen
BIT SCAPULAIRE. 277
tant leur enfant aux pieds de son autel ,
pour lui faire imposer un scapulaire bénit ,
et pour mériter ainsi la continuation de sa
protection spéciale , par cette marque
publique de leur parfait devouement à
son service. Beaucoup cl 'enfants ont reçu
aussi le scapulaire , lorsqu'ils étaient en
un grand danger. Nous avons rapporté ,
à la page 181 , le trait de la duchesse de
Vcntadour, gouvernante de Louis XV, en
core enfant, qui lui fit imposer le scapulaire,
dans une maladie dangereuse , afin d'obte
nir sa guérison , par la médiation de Notre"
Dame du Carmel. L'imposition de ce saint
habit n'est pas la réception même du sca
pulaire , que l'enfant recevra , en âge de
raison , avec connaissance de cause , s'il le
désire; les parents, par cet acte de dévotion,
ne s'engagent qu'au simple revêtement du
scapulaire par l'enfant, pendant un an ou
plus , au gré des parents , sans aucune obli
gation de lui donner- des vêtements d'une
couleur obligée de blanc, ou de brun , ou
de bleu. L'enfant peut porter toute sorte du
vêtements , et de différentes couleur» ; li
278 manuel
n'est obligé seulement qu'à porter le scapu-
laire , jusqu'à l'expiration du temps fixe
par les parents.
Quoique les parents ne soient astreints à
aucune sorte de pratique , il est néanmoins
difficile qu'une mère pieuse n'offre pas à
Dieuquelquepiière pour son enfant. Combien
de fois des mères chrétiennes nous ont prié
de leur en composer une , pour satisfaire
leur dévotion ! c'est pour correspondre au
vœu de leur cœur que nous avons fait celle
qui suit.
Prière d'une mère chrétienne à Noire-Dame
du Carmel pour sonjeune enfant.
Vierge immaculée du Carmel , dont
la présence carme les saintes colères du
Très-Haut , je me prosterne à vos pieds ,
pénétrée d'amour et de reconnaissance pour
vos bienfaits ; ô Marie , notre plus douce
espérance, soyezbénie ! spes nostra, salve'.
O mère de toute grâce , sauve-garde de
l'innocenceetmodèle du plus tendre amour,
montrez, à ceux qui vous invoquent, ce vi
DU SCAPULAIRE. 279
sage serein qui console les mères dans cette
vallée de larmes, et réjouit les anges dans les
cieux.Voici devant vouscetenfant (nouveau-
né), que je vous offre (au sortir des eaux du
baptême): soyez sa mère adoptive, je releve
rai pour vous, comme fit autrefois la mère de
Moïsepourla fille dePLaraon. Prenez pos
session de ce cœur , encore si pur, environ
nez-le de vos vertus •, et puisque vous êtes la
dépositaire et la dispensatrice de toutes les
grâces , versez-y , à pleines mains , les
dons célestes , afin qu'il soit comblé de
toutes les bénédictions temporelles et spi
rituelles, en J.-C. notre Seigneur. Ainsi
soit-il.
280 MANUEL
ARTICLE SECOND.
Mode de férection canonique de la confrerie
du scapulaire.
L'établissement canonique d'une église
de religieux Carmes dans un lieu , em
porte nécessairement l'érection canonique
dela confrérie dans la dite église, sans qu'il
soit besoin d'autres formalités ; et dans le
cas d'un établissement nouveau , l'église du
dit lieu où se trouverait une pareille con
frérie, déjàérigée avantle dit établissement,
perdrait entièrement son privilége , si elle
n'était qu'à trois milles de dislance , parce
que ce privilége n'a pu être accordé qu'à
cette condition , selon la teneur du diplôme
d'érection : Si religiosis nostris se obtulerit
occasio.... ad Via milliaria propinquis lo-
cis fundandi aliquam ecclesiam cassa
erit. et nulla ipso facto erectio confrater-
nitatis , ac si nunquàm illafuisset erecta.
Cette clause est si rigoureuse que , lors
que deux couvents , soit des grands Carmes,
DU SCAPULAIRE. 281
soit des Cannes déchaussés , sont enclavés
dans le rayon de trois milles, ces deux mai
sons de l'une et l'autre observance ne
peuvent avoir toutes les deux à la fois le
droit de confrérie. Conformément au con
cordat passé entre les généraux de l'une
et l'autre observance , le plus ancien des
deux couvents a seul le droit de confrérie ,
à l'exclusion de tout autre ; mais les reli
gieux de l'un et l'autre couvent peuvent
également donner le scapulaire par com
mission de leurs supérieurs ; et ceux qui
sont reçus ou agrégés par les religieux des
deux monastères , sont tous membres de la
même confrérie. Mais quelles sont les con
ditions requises pour ériger canonique-
ment une confrérie du scapulaire ? les voici.
Lorsqu'il s'agit d'établir uue confrérie du
scapulaire dans une église séculière, afin
qu'elle soit érigée canoniquement , confor
mément à la bulle : Quœcumque à sede
apostolicâ, de Clément VIII, ou doit y
observer trois conditions :
i° L'église qui désire jouir del'avanlagc
de la confrérie du scapulaire doit obtenir
282 MANUEL
préalablement de son évcque des lettres
testimoniales , par lesquelles il constc et de
l'utilité de l'érection de la confrérie dans le
dit lieu , et du consentement de l'évêque.
20 Le titulaire de l'église, curé ou autre,
présente au général de l'ordre des Car
mes au nom des habitants ou paroissiens ,
une supplique , dans laquelle il expose
leur vœu , et l'utilité de la confrérie ,
avec les lettres testimoniales de l'évêque
annexées à la supplique.
3° Il faut l'agrément du père provincial
des Carmes , dans la province duquel se
trouve la dite église de la confrérie , qui, de
concert avec le général , doit décider si la
distance d'une des églises de l'ordre est con
venable, quoiqu'elle ne soit pas rigoureuse
ment à 3 milles de distance.
4° On doit se faire inscrire dans une
des confréries canoniquement érigées ,
avec ses noms et prénoms , aussitôt après
sa réception ; et si quelque prêtre sé
culier , légitimement délégué pour don
ner le scapulaire , a le pouvoir de les
inscrire dans un registre particulier , les
DU SCAPULAIEE. 283
noms doivent être envoyés à une des con
fréries les plus proches , pour être inscrits
dans les registres matriculaires.
5° Si on fait quelque offrande , elle doit
être remise à la confrérie à laquelle on ap
partient , pour l'entretien de la chapelle de
la confrérie et du culte divin , jamais au
profit du prêtre ; et le taux de l'offrande
volontaire , { ordinairement de cinq sous ,)
doit être fixé par l'évêque du lieu ; car
telles sont les prescriptions de la bulle de
Clément VIII , à laquelle on doit se con
former pleinement.
284 MANUEL
ARTICLE TROISIÈME.
Ceremonial pour bcnir et donner le saint
scapulaire de Notre-Dame du Mont-
Carmel.
AVIS ESSENTIEL.
Les Pieligieux Carmes , ou tous les prêtres seculiers
ou-réguliers , qui ont obtenu le pouvoir de recevoir les
fidèles dans la confrerie du Mont-Cabmel et de bénir
le S. Scapulaire, pour les en revêtir, sont strictement
obligés de leur donner une connaissance parfaite , et des
obligations particulières qu'ils vont contracter , et des
conditions qu'il faudra remplir pour gagner les indul
gences, et pour jouir du privilège de la Bulle Sabbatine.
Plusieurs d'entre eux neanmoins sont dans une erreur
grossière , par rapport aux obligations rigoureusement
exigibles : Gomment les fidèles ne seraient-ils pas aussi
dans l'ignorance de leurs devoirs, si on ne les en instruit
pas?
Celui qui doit être reçu dans la confrérie du Scapu
laire , se met à genoux au pied de l'autel , ou devant
la sainte Vierge, et depose snr l'autel ou sur une table,
couverte d'une nappe, le Scapulaire que le prêtre doit
DU SCAPULAIRE. 285
bénir. Lorsque les cierges sont allumés et que l'eau
bénite est préparée sur la table , le prêtre, revêtu d'un
surplis , ou d'un rochet et d'une étole blanche , monte
à l'autel ; et tourné vers la croix , dit avec le répondant,
les prières suivantes.
Nota. On peut omettre les deux psaumes
ci-après , et ne commencer qu'à l'antienne
Suscepimus , etc. , lorsque la réception n'est
pas solennelle , et lorsqu'il y a un grand
concours , ou quelque autre raison.
psalmtjs 47.
Magnus Dominus , et laudabilis nimis ;*
in civilate Dei nostri , in monte sancto
ejus.
Fundatur exultatione universae terra:
mons Sion : * latera aquilonis, civitas
Regis magni.
Deus in domibus ejus cognoscetur ; *
cum suscipiet eam.
Quoniam ecce reges terrœ congregati
sunt : * convenerunt in unum.
Ipsi videntrs , sic admirati sunt, contur
286 MANUEL
bati sunt , commoti sunt : * tremor appre—
hendit eos.
Ibi dolores ut parturientis : * in spi-
ritu vchementi contcres naves Tharsis.
Sicut audivirt1us , sic vidimus in civitate
Domini virtutum, in civitate Dei nostri: *
Deus fundavit eam in aeternum.
Susccpimus,Deus,misericordiamtuam, *
in medio templi tui.
Secundùm nomen tuum , Deus, sic et laus
tua in fines terrae : * justitiâ plena est
dextera tua.
Laetetur mons Sion , et exultent filiœ
Judae , * propter judicia tua , Domine.
Circumdatc Sion , et complectimini eam :
* narrate in turribus ejus.
Ponite corda vestra in virtute ejus ; *
et distribuée domos ejus , ut enarretis in
progenie altera.
Quoniam hic est Deus, Deus nostcr in
aeternum, et in saeculum saeculi : * ipse re-
get nos in saecula.
Gloria patri, etc.
DU SCAPULAIRE. £87
1
PSALMUS 132. ■
Eccc quàm bonum et quàm jucundum,
* habitare fratres in unum !
Sicut unguentum in capite , * quod des
cendit in barbam , barbam Aaron ;
Quod descendit in oram vestimenti ejus :
* sicut ros Hermon , qui descendit in
montem Sion.
Quoniam illic mandavit Dominus bene-
dictionem ; * et vitam usque in seculum.
Gloria patri, etc.
Ant. S1Kcepimus , Deus , misericordiam
tuam in medio templi tui : secundùm no-
men tuum , Deus , sic et laus tua in fines
terrae ; justitiâ plena est dextera tua.
Kyrie, eleison. Cbriste, eleison. Kyrie,
eleison.
Pater nostcr, etc.
)f . Et ne nos inducas , etc.
fif. Sed libera nos à malo.
ii . Salvos fac servos tuos ( salvas fac an-
cillas tuas ) ,
î^. Deus meus , sperantes in te ;
f. Mitte eis, Domine, auxilium de
sancto;
'288 MANUEL
1^. Et de Sion tuere eos (eas).
f. Nihil proficiat inimicus in eis.
Bl. Et filius iniquitatis non apponat no-
cere eis.
/. Domine, exaudi orationem n1eam,
1^ Et clamor mens ad te veniat.
~fi. Dominus vobiseum,
$1 Et cum spiritu tuo.
Suscipiat te (vos) Christus in numero fi-
delium suorum : et nos licet indigni te (vos)
suscipimus in orationibus nostris. Concedat
tibi (vobis) Deus per unigenitum suum ,
mediatorem Dei et hominum , lempus benè
vivendi, locum benè agendi , constantiam
benè perseverandi , ad aeternae vitae hsere-
dilatetn feliciter perveniendi; et , sicutnos
hodiè fraterna charitas spiritualiter jungit
in terris, ità divina pietas, que dilectionis
est anctrix et amatrix , nos cum fideïbus
suis conjungere dignetur in cœlis ; Per
eumdem Christum Dominum nostrum. nf.
Amen.
DU SCAP0LA1RE. 289*
OaEMUS.
Adesto , Domine , supplicationibus nos-
tris , et hune famulum tuum , quem ( hanc
famulam tuam , quam ) vel hos famulos
tuos , quos (l1as famulas tuas , quas ) in tuo
sancto nomine , ad participationem om
nium bonorum spiritualium , et fraternita-
tenr recipimus sacrae Carmelitarum Religio-
nis , beatae genilrici tuas Virgini , et matri
Mariae specialiter dedicatae , bene iff. diccre
dignetis : et praesta ut , te largiente , devo-
tus (devota) devoti (dovotae) in Ecclcsiâ per-
sistere valeat (valeant) cum augmento \ir-
tutum , atque suffragiis hujusmodi sacri
ordinis adjutus (adjuta) adjuti (adjutae) ,
vitam percipere mereatur (mereantur) aeter-
nam ; Per Christum Dominum nostrum.
9\ Amen.
Rit etformule pour bénir le scapulaire.
Le prêtre, se tournant ensuite vers l'habit du Carmel
pour le bénir, dit :
f. Ostende nobis , Domine , misericor-
clia1n tuam ; ,
Rf. Et salutare tuum da nobis.
290 MANUEL
j?. Domine , Deus virtutum , converte
nos;
$. Et ostende faciem tuam , et salvi eri-
mus.
jf. Domine, exaudi orationem meam ;
Itf. Et clamor meus ad te veniat.
jf. Dominus vobiscum ;
i^. Et cum spiritu tuo.
OREMUS.
Suppliciter te , Domine , rogamus , ut
super hunchabitum servo tuo ( ancilke tuae)
imponendum, oahoshabitus servis t'iis(an-
cillis tuis) imponendos , bene ^ uictio tua
benigna deseendat , ut sit bene jJ' dictus
( ut sint bene ^ dicti) , atque divinâ virtute
procul pellantur hostium noslrorum visibi—
lium et invisibilium tela nequissima.
Bf. Amen.
Caput omnium fideliuin Deus et humain
generis Salvalor , hune babitum , quern
BU SCAPULAIRE. 291
(hos habitus , quos) propter nom en tuum
tuaeque Genitricis Virginis Mariée de Monte
Carmeli amorem atque devotionem servus
tuus esl delaturus ( anciila tua estdelatura)
servi tui sunt delaturi, (ancillae tus sunt
delaturae ' , dexterâ tuâ sancti %- fica ; ut
hoc , quod per illos mysticè datur intelligi ,
tuâ semper custodiâ corpore et animo ser-
vetur , et, ad remunerationem perpetuam ,
cum sanctis omnibus felicissimè perduca-
tur ; Qui vivis , etc.
OKEMUS.
Creator , Conservator et Salvator om
nium , largitor humanoe salutis , Deus , el
dator gratiae spiritualis, bene ifc. dictionen1
tuam super hune habitum ( Los habitus
i1nmitte , ut qui illum gestaverit ( ilios ges-
taverint) , cœlesti virtutemunitus (muniti)
f1dem integram , spem firmam et caritaterr
desideratam teneat( teneant) , et à te nun-
quam separari permutas; Qui vivis et re
gnas, etc.
292 MANUEL
Le prêtre jette ensuite de l'eau bénite sur le Scapu-
laire ; et dit, en le mettant autour du cou du Récipien
daire, après le lui avoir donné à baiser.
Accipe, vir devote ( virgo i,e/ mulierde-
vota), hune habitum benedictum , precans
sacratissimam Virginem ut ejus meritis il-
lum perferas sine macula , et te ab omni
adversitate defendat , atque ad vitam per-
ducat seternam. Rj. Amen.
Ensuite il ajoute :
Ego ex potestate mihi traditâ et con cessa
suscipio ac accipio vos ad participationem
omnium orationum , disciplinarum , pre-
cum , suffragiorum , eleemosynarum , jeju-
niorum , vigiliarum , missarum , horarum
canonicarum , ac cseterorum bonorum spiri-
tualium , quae passim die noctuque , coope
rante misericordiâ Jesu Christi , à religiosis
totius sacra Religionis de Monte Carmeli
peraguntur. In nomine Patris , et Filii , et
Spiritûs sancti. R(. Amen.
Puis il bénit le Récipiendaire , en disant :
DU SCAPULAIRE. 293
'■
Bene ^t dicat te (vos) conditor cœli et
terra, Deus omnipotens, qui te (vos) eligere
dignalus est ad beatissimœ Virginis Marix
de Monte Cam1eli Socictatem et Confrater-
nitatem , 1juam precamur , ut , in horâ obi-
tûs tui (vestri) conterat caput serpentis, qui
tibi ( vobis ) est adversarius , et tandem tan-
quàm victor (viclrix) victores (victrices)
palmam et coronam s,empiterna: hareditatis
consequaris (consequamini); Per Christum
Dominutn nostrum. 1^. Amen.
Le prêtre jette ensuite de l'eau bénite sur la personne
qu'il a revêtue du Scapulaire , et l'inscrit sur le registre
des réceptions de la confrérie.
Bit etformule pour donner l'absolution gene
rale aux confrères agonisants du Saint-
Scapulaire.
i
Le prêtre., député de la confrérie , étant entré dans
la ebambre de l'infirme, qui doit avoir déjà reçu les
derniers sacrements , autant que possible, dira :
jf. Pax huic domui,
1^. Et omnibus babitautibus in eâ.
Ensuite , après s'être approché du malade , il lui de
'§94 ' • MANU El.
mander» s'il a autour du cou le S. Scapulaire ( et s'il
ne l'a pas, il le lui fera mettre, ). Il le préparera ensuite
à l'absolutiou générale , en lui inspirant tous les sen
timents de dévotion et de confiance à l'égard de Dieu et
de la très-sainte Vierge ; et après s'être revêtu d'un ro-
chet ou surplis et d'une étole violette, il aspergera
d'eau bénite l'infirme , le lit , la chambre et les assis
tants , eu disant : ,
Antiphona. Asperges me, Domine, hys-
sc-po , et mundabor : lavabis me , et super
nivem dealbabor.
y. Miserere mei, Dcus , secundum ma-
gnam miscriçordiam tuant,
$. Et secundum multitudinem miseratio-
num tuarum dele iniquitatem meam.
f . Gloria Patri , etc.
Bf. Sicut crat, etc.
Ant. Asperges me, etc.
f. Ostendenobis, Domine, misericor-
diam tuam ,
1^. Et salutare tuum da nobis.
oremus.
Exau H nos, Domine sancte , Pater omnK
p0tens, aeteme Deus , et mittere digneris
BU SCAPULAIRE. 295
sanctum Angelum tuum de cœlis , qui cus-
todiat,foveat, protegat , visitet atque defen.
dat omnes habitantes in hoc habitaculo; Per
Christum Dominum nostrum. F/. Amen.
Le prêtre se met ensuite a genoux avec les assistants ,
«t recite avec eux devotement les Litanies de la sainte
"Vierge. ( Fojez page 32-j- )
Pater noster, etc.
f. Et ne nos inducas in tentationem.
Hf. S d libc ra nos à nialo.
f. Salvum tac servum tuum, vel (snlvam
lac ancillam tuam) .
Kf. Deusmeus, sperantem in te,
f. Nihil proficiat inimicus in eo {yel eâ)
p|. Et iilius iniquitatis non apponat no-
cere ei.
f. Mitte ei , Domine , auxilium de sanc-
t0'
b/. Et de Sion tuerc eum (eam).
y. Orà pro eo ( eâ ) . sancla Dei Genitrix,
p|. Ut dignus (digna) efficiatur promissio-
nibus Chiisti.
f. Domine, cxaudi orationem mcam,
4. Et clamor meus ad te veniat.
296 MANUEL
~f . Dominus vobiscum,
v[. Et cum spiritu tuo.
OBEMOS.
Concede, quœsumus. Domine Deus, hune
famulum tuum (hanc famulam tuam) per
petuâ mentis et corporis sanitate gaudere ,
et gloriosâ beatae Mariae semper Virginis
intercession e à praesentr liberari tristitiâ et
œternà perfrui lœtitiâ.
Omnipotens sempiterne Deus , conserva-
tor animarum , qui,quos diligis, corripis ;
et, quos recipis, piè ademendationem coer-
ces, te , Domine, deprecamur, ut medelam
tuam conferre .digneris in animam famuli
tui , qui ( famulae tua; , quae ) in corpore pa-
titur membrorum debilitatem,viam laboris,
stimules infirmitatum : daei , Domine, gra-
tiam et misericordiam tuam , ut in horâ exi-
tûs illius de corpore , absque peccati macu
la , Creatori proprio, per manus sanctorum
Angelorum, ejus anima repraesentari me-
reatur.
Omnipotens et elementissime Deus, qui
DU SCAPULAIRE. 297
Montis Carmeli ordinem gloriosissimx
Virginis Marine Genitricis Filii tuiDomini
nostri Jesu Christi sacrato titulo insiguitum,
sanctorum tuorum Eliae et Elisaei propheta-
rum; Angeli , Petri -Thomœ et Anastasii
martyrum ; Cyrilli , Andreae , et Alberti
confessorum ; Euphrasiae , Theresise et
Marias Magdalenae virginum ; et aliorum
plurimorum'meritis decorasti : tribue huic,
quœsumus, ut per eorum suflragiaab instan-
tibus malis animas et corporis liberatus
( liberata ) ad te , vcrum Carmeli verticem,
gaudens pervenire mereatur ; Per eumdem
Christum Dominum nostrum.
b[. Amen.
Le prêtre , a'étant relevé , exhortera le malade à
supporter en patience les souffrances que Dieu lui en
voie ; à lui offrir, en expiation de ses fautes , sa ma
ladie , la mort même , si c'est la volonté' de Dieu ; et
surtout à exciter , dans son cœur , une vraie douleur de
ses péchés , et à la demander à Dieu avec ferveur. Il
lui inspirera aussi de prononcer souvent les noms de Jé
sus et de Marie , au moins de «Heur , s'il ne peut plus
le faire de houche.
Ensuite il fera dire au malade , ou a quelqu'un des
assistants , le Conjîtcor, etc. ; et, après avoir dit le Mi
298 MANUEL
sereatur, etc. et Indulgentiam , il prononcera la for
mule suivante.
Formule d'absolution générale , pour l'appli
cation de l'indulgence pléniere , accordée
aux confrères du scapulaire, à l'article de
la mort.
Dominus noster Jcsus-Christus Dei Fi-
lins, qui omnia ntirabilia tormcnta pro pec-
catoribussubiit,ut eos ad vitam revocaret ;
qui salvat omnes, et neminem vult perire;
nec mortem peccatoruin , sed vitam semper
inquirit : ipse nunc sua piissimâ misericor-
diâ te respiciat , avertat omnem iram et in-
dignationem , atque per indulgenlissima rni-
sericordiae suœ viscera tibi remittat univer-
sas iniquitates tuas , et quascumque pœnas
ex rigore justitiœ suae debit <s.
Ego autem ipsius Domini nostri Jesu
Christi indignus famulus et minister, ex
anctoritate sanclorum Apostolorum Petri et
Pauli , ac sanclse Romanse Eccleslae , et ex
privilegiis per sunimos Pontifices eoncessis
fratribus et confratribus sanctissimae Virgi-
nis Mariée de Monte Carmelo, in quantum
DU SCAPULAIRE. 299
possum et debeo , declaro te consequi indul-
gentiam plenariam et remissionem omnium
peccatorum tuorum , si tamen liâc vice è
vitâ migraveris ; aliàs eamdem tibi rcservo
indulgentiam pro ultimo niortis tuse artieu-
lo : In nomine ïff. Patris , et Filii, et Spi-
ritûs sancti. 1^ Amen.
Ensuite le prêtre ajoute la formule rela
tive aux négligences commises dans le cours
de la vie , par rapport ausaint Scapulaire,
en ces termes :
Item invocatis augustissimis nbminibus
Jesu et Mariœ et suffragantibus meritis, ac
intercessionibus eorum neenon omnium
sanctorum et sanctarum Dei :
Ego eâdem auctoritate tibi dispenso su
per omni negligentiâ , si qaam contraxisti
istum sacrum habit um deferendo aut dese-
rendo; et declaro ac significo te creaturam
Dei fore absolutam hîc , et ante tribunal
Domini nostri Jesu Christi , ab omnibus
posais tibi in Purgatorio debitis, propter
peccata quœ contra bonitatem Dei vivi et
.Veri commisisti ; teque manifesto restitulam
300 MAI* C KL
illi innoceutia- , quâ , in Baptismo , per sa
crum Salvatoris layacrum iud ul a fuisti ; In
nomine iff Patris , et Filii , et Spiritûs
sancti. Amen.
OBEMUS.
Dominus nosler Jesus Christus , pater
misericordiarum, et consolator peccatorum ,
qui dixit : Nolo mortem peccatorù , sed
magis ut convertatur et vivat... et... non
veni vocare juslos sed peccalores ad pœni-
tentiam , ipse suà ineifabili miscricardià et
solitâ pietate, ad veram cordiscontritionem
te vocet , et gratiam devolae pœnitentiae in-
spiret , ut dignè remissionem negligentia-
rum tuarum acquirere, et indulgentias Lu-
jus sancti Carmelicihabitûs obtinere, atque
cum electis ejus ad aeterna gaudia valeas fe
liciter pervenire , qui cum Patre et Spiritu
sancto vivit et regnat in sœcula saeculoru1n.
$ Amen.
Adesto, Domine, supplicationibus. nos
DU SCAPULA1BE. 301
tris , et istam creaturam , ad tuam sanctis-
simam imaginem creatam , tuo proprio san
guine redemptain, tuâ providentiâ ineffabili
conservatam , gubernatam , custoditam et
salvatam, quam nos, in tuosancto nomine,
ad participationem omnium bonorum spi-
ritualium et fraternitatem recepimus , be-
ne >X< dicere digneris; et prœsta, ut te
largiente , devotè te diligat, te quaerat, te
inveniat, ad te tendat, etsuffragiis bujus
sancti ordinis beatae Yirginis Maria; adjuta,
vitam percipere mereatur aete1cam : Per
Christum Dominum nostrum. Rf Amen.
Maria , mater gratiae,
Mater misericordia? ,
Tu nos ab hoste protege ,
Et horâ mortis suscipe.
f. Ora pro eo (eâ) , sancta Dei Genitrix,
V}. Ut dignus (digna) efficiatur promis-
sionibus Christi.
OB.EMUS.
Defende, quoesumns, Domine , beatâ Ma
ria semper Virgine intercedente , istam ab
omni adversitate creaturam tuam , et toto
302 MANUEL
corde tibi prostratam , ab hostium propitius
tuere clementer insidiis ; Per Christum Do-
minum nostrum. Amen.
In omni tribulatione etangustiâ succurrat
tibi Virgo Maria. Amen.
Pax et Benedictio Dei omnipoteiitis ,
Pa ^ tris , et Fi ^ lii et Spiritûs ,jc sancti
descendat super te et maneat seuiper.
1^ Aitfen.
Le prêtre doit se rappeler ici qu'ilfaut
recommander au malade de conserver tou
jours le saint Scapulaire sur soi; et aux
personnes qui le servent , de ne pas le lui
ôter
Autreformule abrégced'absolution gcnerale,
en cas de péril de mort imminent.
Coucedotibi plenariam indulgeutiam pec-
catorum tuorum , facultate mihi concessâ et
commissâ, virtute Bullarum ordinis nostri :
quod si prœsens mortis periculum,. ( Deo
favente) evaseris, sit tibi indulgentia pro
vero mortis articulo reservata , in nomine
Pa >jf tris, et Fi ^ lii, et Spiritûs ^sancti.
Amen.
CHAPITRE SECOND.
Exercices libres de la confrérie du scapu-
laire.
1° Le premier exercice de la confrérie
est celui de la réception des confrères ; et
le premier devoir des confrères est de
bien apprécier la dévotion du scapulaire.
— 1° Il faut donc, avant la réception
du saint habit , connaître d'abord à fond
tout ce qui concerne cette confrérie et se
préparer à la réception du scapulaire par
les dispositions chrétiennes , nécessaires
pour gagner l'indulgence plénière du jour
de l'entrée ; s'approcher, le jour même,
des sarrements de pénitence et d'eucha
ristie, et se rendre digne, par sa ferveur,
de la protection de Marie.
....20 Durant la cérémoniedel'admission
dans la confrérie , le récipiendaire doit se
vouer, de cœur et d'affection , au service de
la sainte Vierge; plein de confiance en ses
304 ' MANUEL
promesses , avec un sincère désir d'imiter
ses vertus.
....3* Après la cérémonie, le nouveau
confrère doit remercier la très-sainte Vierge
de ce qu'elle a daigné le recevoir au nombre
de ses enfants adoptifs, et lui donner droit ,
par cette adoption , aux mérites de tous les
membres de sa sainte famille, et aux biens
spirituels et aux priviléges qu'elle a promis
à ses enfants pour assurer leur salut. Il
doit aussi porter toujours avec respect le
scapulaire dont il est revêtu, comme le
titre de son affiliation à l'ordre du Carmel ,
le symbole des vertus de Marie , le gage de
son amour et de son alliance , et le signe
miraculeux de sa protection dans tous les
dangers.
2° Le second exercice de la confrérie est
l'assiduité aux assemblées; ces réunions ont
lieu, en beaucoup d'endroits , pour traiter
des intérêts temporels et spirituels de la
confrérie, de l'embellissement de la cha
pelle ou de l'oratoire de Notre-Dame du
Carmel , de la décoration de son autel , des
besoins des pauvres , de la visite des mala
DD SCAPULAIRE. 305
des , du soulagement des défunts , de l'ob
servation des réglements. Il est donc bien
utile d'y être assidu, afin de prendre intérêt
à tout ce qui regarde la gloire de Marie et
le bonheur de ses enfants.
3° Le troisième exercice de la confrérie
est l'assistance aux solennités et aux of
fices de l'ordre ou de la confrérie même.
1° A la Grand-messe du jour de la
fête de Notre-Dame du Mont-Carmel , le
1 6 juillet, ainsi qu'aux vêpres , sermon ,
procession , salut et bénédiction du même
jour.
....20 Aux offices des autres fêtes de la
sainte Vierge et des saints de l'ordre.
....3° Tous les seconds dimanches du
mois , à la procession dela confrérie.
....4° Tous les samedis ou mercredis de
chaquesemaine , selon l'usage des lieux ,
à la messe dite de la dévotion , où l'on
chante les litanies de la sainte Vierge, et où
l'on récite y Pater et 7 Ave , en mémoire
des sept allégresses de Marie. — Dans les
églises de l'ordre du Carmel, c'est un an
cien usage d'exposer le S. Sacrement ,
306 MANUEL
tousles mercredis de l'année. Benoît XIII ,
le4 mars 1727 , a accordé une indulgence
plénière à tous ceux qui assistent à cette
exposition , ou à la bénédiction , ou qui
font une visite au S. Sacrement exposé :
cette indulgence n'est pas pour tous les
mercredis , mais pour un seul mercredi du
mois , qui doit être fixé par l'évêque du
diocèse , selon les localités.
....5° Aux services solennels pour les
confrères défunts , le lendemain de la fête
de Notre-Dame du Mont-Carmel ; et aux
trois suffrages , dits Ternaires , pour les
mêmes , qui consistent en services et offices
de morts , qui se célèbrent pendant 3 jours,
immédiatement après les octaves de Pâques,
de la Pentecôte et de S. Michel.
Voilà des exercices assurément conformes
à une piété éclairée. En effet n'est-il pas
convenable que, dans les jours solennels
de fête, les confrères , réunis dans le sanc
tuaire de Marie , y renouvellent leur acte
de consécration à son service ? qu'ils y don
nent l'exemple d'une sainte émulation de
vertus , qu'ils y recueillent des fruits de
DU SCAPULAIRE. 307
grâce et de sainteté ? qu'ils invoquent la
sainte Vierge et les saints de l'ordre , leurs
protecteurs , leurs frères et leurs interces
seurs, afin d'obtenir, par leur crédit auprès
de Dieu , le bonheur de leur être réunis ?
N'est-il pas juste aussi , et dans l'ordre
de la charité chrétienne, de réunir les con
frères dans de saints exercices établis pour
leurs frères decédés , aux jours où tout
l'ordre des Carmes sollicite la miséricorde
de Dieu , par des suffrages publics , en fa-
vear de ces âmes souffrantes dans le pur
gatoire , afin d'accélérer leur délivrance et
de leur assurer le repos éternel ?
CHAPITRE TROISIEME.
Offices et prières libres de la confrérie du
scapulaire.
Nous ne cesserons de répéter ici que ,
comme en exhortant les confrères à beau
coup d'assiduité et d'exactitude aux assem
blées de la confrérie , nous n'avons pré
tendu retirer personne , ni des exercices
de sa paroisse, ni des devoirs de son état:
de même nous devons protester ici contre
tous les écarts d'une dévotion indiscrète et
mal entendue , qui se persuaderait que la
dévotion du scapulaire impose les prières
qui suivent : tout est libre, dans les prières
de la confrérie ; nous ne les avons placées
dans ce manuel , qu'afin que les confrères y
trouvent tout réuni, et avec plus de soin
que partout ailleurs.
DU SCAPULAIRK. 509
MESSE
DE NOTRE-DAME DU MONT-CARMEL,
Dont lafête se célèbre le i6juillet.
Rcjouissons-nous tous
dans le Seigneur, en celé
brant ce jour de fête en
l'honneur de la bienheureu
se Vierge Marie, dont la so
lennité est un sujet de joie
pour les Anges qui en bé
nissent le Fils de Dieu.
Ps. Mon cœur a enfante
un cantique • sublime ; je
l'ai consacré au souverain
Roi.
jf. Gloire, etc.
Gaudeamus omnes in
Domino, diem festum cele
brantes sub honore bealre
Mariœ Virginis ; de cujus
solemnitate gaudent Angeli,
et collaudant Filium Dei.
Ps. Eructavit cor meum
verbum bonum : dico ego
opera mea Regi.
jf. Glom, etc.
O Dieu, qui avez daigné
honorer l'ordre du Garinel
du titre glorieux de laBien-
beureuse Marie , votre
Mère, toujours vierge, ac
cordez-nous, s'il vous plaît,
la grâce de la protection de
celle dont nous célébrons
aujourd'hui la mémoire so
lennelle,afin que nous puis
sions parvenir au bonheur
ëternel,Vo"us,qui vivez,etc.
Deus , qui beatissimœ
semper Virginis et Genitri-
cis (uœ Maria; siugulari ti-
tulo Carmeliordinem deco-
râsti ; concede propîtius ,
ut cujus Iiodiè commemo-
rationem solemni celebra-
mus officio , ejus muniti
prresidiis ad gaudia sempi-
terna pervenire mereamur :
Qui vivis.
20
31 a
J'ai pousse des fleurs
d'une agréable odeur com
me la vigne, et mes fleura
sont des fruits de gloire et
d'abondance. Je suis la
mère du pur amour , de la
crainte, de la science et de
l'espérance sainte; en moi
est toute la grâce de la voie
et de la vérité' ; en moi
est toute l'espérance de la
vie et de Ja vertu. Venez à
moi, vous tous qui me dé
sirez avec ardeur; et rem
plissez-vous des fruits que
je porte. Car mon esprit
est plus doux que le rayon
de miel ; et mon heritage
surpasse en douceur le
miel le plu3 excellent. La
mémoire de mon nom pas
sera dans la suite de tous
les siècles. Ceux qui me
mandent auront encore
Tirée du livre de VEcclésiastique, Ch. 24• v- 23.
Ego quasi vitis fructicavi
suavitatem odoris : et flores
mei fructus honoris et ho-
nestatis. Ego mater pul-
chrœ dilectionis , et timo
ns, et agnitionis, et sancta;
spei. In me gratia omnis
viœ et veritatis, in me om
nis spes vi1aj et virtutis.
Transite ad me, omnes qui
concupiscitis me ; et à gene-
rationibus meisimplemini.
Spiritus enim meus super
mel dulcis , et hœreditas
mea super mel et favum :
memoria mea in gencratio-
nes sœculorum. Qui eu! mi1
mc, adhuc esurient; et qui
bibunt me, adhuc sitient.
Qui audit me, non conf'un-
detur ; et qui operantur in
me, non^eccabunt.Qui elu
cidant me, vitam œternam
habehunt.
faim, et ceux qui me boivent auront encore soif. Celui
qui m'écoute ne sera pas confondu: et ceux qui agissent
pour moi ne pécherontpoint.Ceux qui me font connaître
auront la vie éternelle.
GKAqUEL.
Benedicta et venerabilis
es, Virgo Maria : quse sine
tactu pudoris, inventa es
Mater Salvatoris.
Que vous êtes digne do
vénération , Marie, Vierge
sainte,qui, sans rien perdre
de votre virginité, êtes de
venue la mère du Sauveur '.
DU SCAPULMRE. 311
lf .Vierge, Mère de Dieu,
celui dont tout l'univers ne
peut contenir la grandeur,
a bien voulu , en se faisant
Homme, se renfermer dans '
votre sein. Loues Dieu.
Louez Dieu.
Mère de Dieu, c'est vous"
qui nous avez rendu la vie
que nous avions perdue, en '
donnant au monda un Sau- j
veur. Louez Dieu. |
•f. Virgo Dei Genitrix,
quem to1us non capitorbis:
in tua se clausit viscera ,
factus Homp. Alleluia. Al
leluia.
f. Perte, Dei genitrii,
nobis est vita perdita data :
quae de cœlo suscepisti pro-
lem et mundo genuisliSaU
valorem. Alleluia.
Composée par le B, Simon Stock.
Fleur du Carmél,
Vigne fleurie,
Splendeur du Ciel,
O Mère-Vierge
Incomparable.
O Mère aimable
Et toujours Vierge,
A vos enfans
Soyez propice.
Astre des mers.
Flos Carmcli,
Vitis florigera ,
Splendor cœli,
Virgo puerpera ,
Singularis.
Mater mitis,
Sed viri nescia,
Carmelitis
*Esto propitia,
Stella Maris.
ÉVANGILE
Selon S. Luc. Cb. n. v. 27.
En ce temps-là, lorsque
Jésus parlait au peuple,
une femme de la troupe ,
élevant sa voix , lui dit ;
In illo tempore :loquen-
te Jesu ad turbas , extol-
lens voeem quaedam mulier
de turbâ, dixit illi : beatus
* Le B. Simon Slock ara^t mis ces mots :
Da privilégia : Donnst noui dei privilégêt du prottetion.
51 Si MANUEL
venter qui le portavit, et
ubera qu» suxUti. At ille
dixit : quinimô beati qui
audiunt vcrbum Dt*ï et cus-
todiuat1llud.
heureux les flancs qui vous
ont porté ! heureuses les
mamelles 'que vous avez
sucées ! Mais Jésus reprit :
Plus beureux ceux qui écou
tent la parole de Dieu et la
mettent en pratique !
OFFERTOIRE.
Recordare, Virgo Mater,
in conspectu Dei, ut loqua-
ris pro nobis bona , et ut
avertas indigna tionem suam
à nobis.
Rappellez-vous, ô Mère-
Vierge , en la présence de
Dieu, de lui demander dea
biens pour nous, et de dé
tourner son indignation de
dessus nos têtes,
SECRÈtE.
Sanclifica, Domine, qua:-
sumus , oblata libamina ;
et beatse Dei Geuitricis
Mariae saluberrimâ inter-
cessione nobis salutaria fo
re concede ; Per eum-
dem, etc.
Sanctifiez , Seigneur ,
nous vous en supplions ,
les dons qui vous sont of
ferts en sacrifice;etdaignez,
parlaglorieuse 1ntercession
de la bienheureuse Marie ,
Mère deDieu,nous les ren
dre salutaires ; par le
même J.-C.N. S.
COMMUNION.
Regina mundi, dignissi-
ma Maria, virgo perpetua
intercede pro nostrâ pace
et salute , quae genuisti
Cbristum dominum salva-
torem omnium,
Reine du monde, très-
auguste Marie , toujours
vierge , intercedez pour
nous obtenir la paix et le
salut auprès de votre fils
J.-C. no1re seigneur, le di
vin sauveur de tous les
hommes.
FOSTCOMMUNION.
Adjuvet nos, quaesumus, l Faites , Seigneur, nous
Domine , glorios» tu» Ge- I vous eu supplions , que la
DU SCAPULAiRE. 315
puissante intercession de
Marie , votre glorieuse Mè
re, toujours Vierge , nous
soit en aide ; afin que ceux
qu'elle a comblés de conti
nuels bienfaits , étant déli
vrés de tous les dangers par
sa protection, soient unis
éternellement par votre
amour,ô Jésus.qui vivez,etc.
nitricis semperque Virginia
Mariœ intercessio veneran-
(1,! ; ut, quos perpetuis cu-
mulavit beneficiis , à cunc-
ti:i periculis absolutos tuâ
facias pietate concordes :
Qui vivis, etc.
VÊPRES
DR NOJKKDAME DC MOJÏT-C AKMKL.
O Dieu ! yenex à mon
aide.
Seigneur, hâtez-vous de
me secourir.
Gloire soit au Père , au
Fils , et au Saint-Esprit.
A présent et toujours ,
comme dès le commence
ment , et dans tous les siè
cles des siècles. Ainsi 3oit-
il.
Deus,in adjutorium meum
intende.
Domine, ad adjuvandum
me festina.
Gloria Patri , et Filio t
et Spiritui Sancto.
Sicut erat in principio ,
et nunc , et semper, et in
sœcula sœculorum. Amen.
Le Seigneur a dit à mon
Seigneur : « Asseyez-vous
à ma droite.
» Jusqu'à ce que j'aie fait
«le vos ennemis L'escabeau
de vos pieds.
» Le Seigneur va faire
sortir de Sion le sceptre de
votre règne : vous domine
rez au milieu de vos enne
mis.
» La puissance souve
raine dont vous êtes revê-
PtiAL'MK IO9.
Dixit Dominus Domino
nieo : Sede à dextris meis.
Donec ponam inimicos
tuos scabellum pedum tuo-
rum.
Virgamyirtutis t^seemit-
tet Dominus ex Sion : do-
minare in medi* inimico-
rum tuorum.
Tecum principium in
die virtutis tuœ, insplen-
51-4 MAN
doribus Saactorum : ex ute
ro ante luciferum genui
te.
Ju ravit Dominus et non
pœnitcbit cum : tu es sa-
cerdos in œternum, secun-
dùm ordînem Melclùse -
deet.
Dominas à dextris tuis :
confregit in die ira suœ re-
ges.
Judicabi1 in natlonibus.
implebit ruinas ; conquas-
sabi1 capita in terrâ multo-
rum.
De torrente în via bibet,
proptercà exaltabit caput.
Gloria Patri , etc.
Ânt. Dum esset Rex in
decubilu suo , nardus mea
dedit udorem suavitatis.
tu , se révélera au jour où
vous paraîtrez au milieu des
splendeurs des Saints , dans
tout l'éclat de votre gloire
et de votre majesté : car je
vous ai engendré de mon
sein , avant l'aurore.
h Le Seigneur l'a juré ,
et il ne révoquera point son
serment : vous serez le prê
tre éternel,, selon l'ordre
de Melchisédech.
O Dieu ! Le Seigneur ,
votre Fils , esta votre droi
te : Je le vois foudroyant
les rois,aujour de sou cour
roux.
11 exercera sur les peu
ples la rigueur de ses juge
ments ; il comblera les val
lées de ses morts , et il
portera le trepas sur une
vaste étendue de contrées.
Cependant il boira de
l'eau du torrent, dans le
calice de la vie ; c'est pour
quoi il s'elèvera dans la
gloire.
Gloire soit au Père, etc.
Ant. Lorsque le Boi se
reposait , un parfum ex
quis répandait une odeur
douce et suave.
PSAUME ii3.
Laudate , pucri , Domi-
unm : laudate nomen Do -
mini.
Sit nomeu Domini bene-
O serviteurs du Très-
Haut , louez le Seigneur ;
louez le nom de votre Dieu!
Que le nom du Seigneur
DU SCAPCLAIRE. 315
soit h4ni aujourd'hui et à 1 diclum : ex hoc nunc et
jamais ! I usque in saeculum.
Depuis le lever du soleil
jusqu'à son. couchant, le
nom de Dieu est digne de
A Bolis ortu usque adoc-
casum , laudabile nomen
Domina.
toute louange
Le Seigneur est élevé au-
dessus de toutes les na
tions ; et sa gloire brille au
plus haut des cieux.
Qui est semblable au
Seigneur, notre Dieu? Il
est assis dans les cieux , à
une hauteur infinie ; il vnl
à une profondeur immen
se , sur la terre.
Il tire le faible de la
poussière , et il élè.ve Ie
pauvre du sein de l'abjec
tion,
Pour le faire asseoir avec
les princes , avec les prin
ces de son peuple.
Il fait asseoir l'épouse
stérile aw sein de sa famil
le ; mère heureuse , envi.
ronnée de ses enfants.
Gloire soit au Père, etc.
y.! n1. Sa main gauche
soutient ma tête , et sa
droite m'environnera com- I amplexabitur me
me d'un rempart
Excelsus super omnea
gentes Dominus, et super
ccelos gloria ejus.
Quis sicut Dominus ,
Deus nosler, qui in altis
habitat, et humilia respi-
cit in ccelo et in terra.
Suscitans àterrâinopcm,
t de stercore erîgeus pau-
perem.
Ut collocet eum cum
principibus, cum principi-
bus populi sui.
Qui habilare facit sleri-
lem in domo , malrem rï-
liorum laetantem.
Gloria Patri. etc.
Ant. Leeva ejus snb ca-
pite meo , et dextera illius
PSACMB 121.
J'ai tressailli d'allègres- ! Leetatus sum in lus quae
se , en entendant dire au- J dicta sunt mihi : in domum
tour de moi : « Allons à la | Domini ihimus.
maison du Seigneur. »>Tos pieds sont levés vers Stanles crant pedes nos-
316 MA
tri in atriis tuis , Jerusa
lem.
Jerusalem , quae aedifica-
tur ut civitas, cujus parti-
cipatio ejus in idipsum.
Illuc enim ascenderuut
tribus 1 tribus Domini;
testimonium Israel, ad con-
fîlendum nomiai Domini.
Quia illic sederunt se-
des in judicio , sed.es super
domum David.
Rogate quae ad pacem
sunt Jerusalem : et abun-
dantia diligentibus te.
Fiat pax in virtute tuâ;
et abuudautia in turribus
tuis.
Propter fratres meos et
proximos meos , loquebar
pacem de te.
Propter domum Domi
ni Dei nostri, quaesivi bona
tibi.
Gloria Patri , etc.
Ant. Nigra sum, sed
formosa , filiae Jerusalem :
ideo dilexit me Res , et in-
troduxit in cubiculum
suum.
le seuil de tes parvis , 6
Je'rusalem '.
Jerusalem ! tu t'élèves ,
comme une cité peuplée
d'une foule immense de
citoyens, réunis sous uue
même loi ,
Où montent toutes les
tribus d'Israël, comme au
lieu fixé pour y rendre bom
mage au nom du Seigneur.
C'est là que sont établis
les tribunaux de la justice
et le trône de David.
Faites des vœux pour la
prospérité de Jérusalem :
qu'ils soient beureux ceux
qui te chérissent, ô cité
sainte .'
Que la paix règne dans
tes murs , et l'abondance
sous tes portiques.
Pour l'amour de mes frè
res et de mes proebes , je
ne proférerai sur toi que
des paroles de bénédiction;
Et pour le zèle que je
porte à la maison du Sei
gneur notre Dieu, je ne
cesserai de demander pour
toi le bonbeur.
Gloire soit au Père, etc.
Ant. Je suis noire, ô
filles de Jérusalem ; mai*
ma beauté intérieure a
attiré les complaisances
du Roi , et m'a mérité
l'entrée de son sanctuaire.
DO SCÀPULMRE. 3U
PSAUME i26.
Nisi Dominus œdificaverit
domum , in vanum labora-
verunt qui œdificant eam.
Nisi Dominus custodie-
rit civitatem , frustra vigi-
lat qui custodit eam.
Vanum est vobis antelu-
cem surgere : surgite , post-
quani sederitis , qui man-
ducatispancmdoloris, cum
dederit dilectis buis eom-
num.
Ecce hœreditas Domini,
filii ; niercea , fructus ven-
tris.
Sicut sagittœ in manu
poteatis : ita filii excusso-
rum.
Beatus vir qui implevit
desiderium suum ex ipsis ;
non confundetur, cùm lo-
quetur inimicissuis in por
ta.
Gloria Patri , etc.
ÂnX. Jam hicrns transiit,
imber abiit et recessit ; lar
ge , amica mca , et veni.
Si le Seigneur ne met la
main à l'édifice, ceux qui
le construisent travaillent
en vain.
Si leScigneur ne garde la
cité , en vain la sentinelle
veille autour de son encein
te.
Vous , qui bâtez votre
réveil avant le jour , vos
soins sont superflus : hâtea
plutôt l'heure de votre re
pos, vous, qui mangez le
pain de l'angoisse , parce
que le Seigneur laisse goûter
le repos à ses bien -aimés.
De nombreux enfants ,
voilà l'héritage que Dieu
leur réserve : les fruits de
la fecondité , voilà leur ré
compense.
Comme des flèches, entie
les mains du guerrier, pour
le défendre ; tels les enfans
fruits de la vigueur du jeu
ne âge , pour soutenir leurs
parents.
Heureux l'homme qui
en a recueilli abondamment!
il n'aura point à rougir,lors-
qu'il défendra sa cause con
tre ses ennemis, aux portes
de la cité.
Gloire soit aa Père, etc.
Ânt. Déjà l'hiver est passe:
les pluies se sont dissipées
et ont cessé entièrement;
518 MAKUEL
Lauda, Jerusalem, Do-
ruinum : lauda Deuni tuum,
Sion.
Quoniam confortavit se
ras purtarum tuarum, be-
nedixit filiis tuis in te.
Qui posuit fines tuos pa-
cc1n , et adipe frumen tt sa-
tiat te.
Qui munit, eloquium
suum terrae : velociter cur-
rit sermo ejus.
Qui dat nivc1n sicut la -
11 am , nebulam sicut uine-
rem spargit,
MiUit crystallum suam
sicut bucceltas : anto fa-
ciem frigorisejus quis SUS-
tinebit i1
Emil1et verbum suam,
et liquefaciet ea : flabitspi-
ritus cjus, et fluent aquae.
Qui annuntiat verbum
suum Jacob , justitias et
judicia sua Israël.
Non fecit taliter ou1 ni
nationi, et judicia sua non
manifestavil eis.
Gloria Patri , etc.
Ânt. Speciosa facta es ,
levez vous , mon épouse
chérie , et venez jouir du
printemps.
Jerusalem , loue le Sei
gneur : Sion , chante ton
Dieu.
Chante celui qui affermit
les verrous de tes portes ,
qui bénit tes enfants dans
ton enceinte.
Il fait régner la paix dans
tes confins , il te nourrit
du froment le plus pur.
Il envoie ses ordres à la
terre ; et sa parole est ra
pide comme l'éclair.
Il jette la neige comme
des tlocons de laine, il sè
me, comme dela poussière,
la rosee condensée.
Il envoie la glace par
grêlons : qui pourra soute
nir la rigueur de son froid?
Mais bientôt le souffle de
sa parole fond ces grêlons
etles résout en eaux, qui
alimentent les fleuves.
11 a fait entendre sa voix
à Jacob, dicté ses comman
dements et ses lois à Israel.
Il n'en a jamais fait au
tant pour aucun autre peu
ple ; et il ne leur a point
fait connaître ses oracles.
Gloire soit au Père. etc.
Ant. O sainte mère de
I DU SCAPULAIRF.. 519
Ab initio , et ante seecu
la creata sum , et usque ad
futurum sœculum non de-
sinam , et in babitatione
sanctâ coram inso minis-
travi.
Dieu , vous êtes belle et I et suavis in deliciis , aancfa
pleine de cnarmes , aux t)ei Gcnitrix.
yeux de vos enfants. ;
Capitule.
J'ai été crëée dès le com
mencement et avant les siè
cles ; je ne cesserai point
d'être dans la suite des
ages: déjàj'ai exercé devant
lui mon ministère dans la
maison sainte.
tTYMNE
dSa';it ! ô étoile
mrrs ; salut ! 6 aimable
Marie , mère de Dieu
et toujours vierge; vous
êtes devenue pour nous, la
porte du ciel.
Recevez l' hommage de
l'archange Gabriel ; et ren
dez aux hommes la paix,
que leur avait ravie la pre
mière Eve. -
Nous sommes coupables,
brisez nos chaînes ; nous
sommes aveugles, éclaiiez-
nous ; éloignez de vos en
fants tousles maux , et pro
curez-leur la jouissance de
tous les biens.
O Marie, montre* gue
vous êtes notre mère ; et
offrez vous-même nos priè
res à votre fils, qui, pour
nous sauver, a bien voulu
naître de vous.
"Vierge incomparable , et
le plus parfait modèle de
Ave , maris Stella ,
Dei Mater aima ,
Atque scmper Virgo :
Felix cœli porta.
Sumens illud ave
Gabrielis ore .„
Funda nos in pace,
Mutans Evœ nomen.
Solve vincla reis ;
Profer lumen cœcis ;
Mala noslra pelle ;
Bona cuncta posce.
Mpnstra te esse Matrem:
Sumat , per te, preces ,
Qui , pro nobis natus ,
Tulit esse tuus.
Virgo singularis ,
Ihter omnes mitis ,
320 MANUEL
Nos , culpis solutos .
Miles fac et castos.
Vila1n praesta puram ,
1 ter para tu tum
Ut videntes Jesum ,
Semper collaetemur.
Sit laus Deo Patri ,
Summo Chrislo decus ,
Spiritui Sancto ,
Tribus hoDor unus.
Amen.
jf. Dignare me iaudare
te , Virgo sacrata ,
p£. Da mihi rirtutem
contra hostes tuos.
douceur, ob tenez- nuus le
pardon de nos fautes et la
grâce de devenir , comme
tous , chastes et doux.
Conduisez-nous par le
sentier d'une vie pure; fai-
tes-nons marcher dans la
voie pleine de securité , qui
conduit au séjour des joies
divines , af1n que nous puis
sions y contempler Je'sus-
Christ dans un éternel ra
vissement.
Gloire à Dieu le Père I
louange à Jésus-Christ son
tils, honneurau Saint-Esprit!
rendons tous un même
hommage aux trois per
sonnes de la Très-Sainte-
Trinité.
Ainsi soit-il.
-f . Agréez que j'annonce
vos louauges,ô vierge sainte.
Y{. Fortifiez-moi contre
vos ennemis.
CAUTIQrjH DB LA
Saint JLuC.
Magnificat anima mea
Dominum.
Et exultavit spiritus
meus , in Deo Salutari meo.
Quia rexpexit humilita-
tem ancillae suec : ecce enim
ex hoc beatam me dicect
«a1nes geuerationes ;
Quia fecit mihi magna
SAIKTB TIKBGI.
Cl. T. 46.
Mon âme glorifie le Sei
gneur.
El mon esprit est ravi
de joie , eu Dieu mon Sau
veur. /
Il a daignéjeler les yeux
sur l'humble abjection de
sa servante ; et voilà que
tous les siècles m'appelle
ront bienheureuse.
Car celui qui est tout
DU SCAPULAIRE. 521
puissant a opéré en moi
de grandes merveilles :
c'est le Dieu trois fois saint
dont le nom soit béai.
Et sa miséricorJe s'etend
sur ceux qui le craignent ,
de génération en genéra-
tion.
Il a signalé la puissance
de son bras ; il a confondu
les superbes et dissipé leurs
orgueilleuses pensées.
Il a fait descendre les
monarques de leurs trônes
et il a élevé les humbles.
Il a comblé de biens ceux
qui étaient affamés ; et il a
renvoyé, les mains vides,
ceux qui étaient dans l'a
bondance.
Il a pris , sous sa sauve
garde, Israël son serviteur;
parce qu'il s'est souvenu de
sa miséricorde.
Selon les promesses qu'il
avait faites à nos pères , à
Abraham et à sa postérité
pour toujours.
Gloire soit au père , etc.
Ânt. La gloire du Liban
lui est échue, et la beauté
de Saron et du Carmel lui
est réservée comme son
apanage. Louez Dieu.
qui potens est , et sanctum
nomen ejus.
Et misericordia ejus à
progenie in progenies : ti-
mentibus enm ,
Fecit potentiam in bra-
chio suo : dispersit super -
bos mente cordis sui.
Deposuit potentes de se-
de , et exaltavit humiles.
Eiiiriente; implevit bo
nis , et divites dimisit ina-
nes.
SuscepiL Israël puerum
suum , recordatus miseri
cordia; suœ.
Sicut locutus est ad pa
tres nostros, Abraham et
semini ejus in srecula.
Gloria patri , etc.
Ânt. Gloria Lihani data est
ei decor Carmcli et Saron.
Alleluia.
L'Oraison des Vêpres est la même que celle
de la Messe ci-dessus3 page 3oo.
322 MAJN'UEb
Antiennefinale de l'office.
Salve, regina , mater misericordiœ , vita,
dulcedo, et spesnostra, salve. Ad te clama-
mus exules filii Evae. Ad te suspiramus ge-"
mentes , et flentes in hac lacrymarum valle
Eia ergo , advocata nostra , illos tuos m1se
ricordes oculos ad nos couverte. Et Jesum
benedictum fructum ventris tui nobis post
hoc exilium ostende. OClemens, ô Pia , ô
Dulcis Virgo Maria.
f. Ora pro nobis , sancta Dei Genitrix.
Vf.. Ut digni efficiamur promissionibus
Christi.
ohemcs.
Omnipotens sempiterne Deus , qui glo-
riosae Virginis Matris Mariae corpus et ani
mant , ut dignum filii tui habitaculum effici
mereretur, Spiritu Sancto cooperante prœ-
parasli : da ut cujus commemoratione lœ-
tamur, ejus piâ intercessione , ab instanti-
bus malis, et à morte perpetua liberemur.
Per eumdem Cbristum Dominum nostmm .
1^, Amen.
DU SCAPOLAIRE. 233
La même en français.
Nous vous saluons, ô Reine, mère de mi
séricorde : nous vous saluons , ô notre vie ,
notre consolation et notre espérance ; nous
élevons nos cris vers vous , pauvres exilés
et misérables enfants d'Eve ; nous soupi
rons, vers vous, enpleurantet en gémissant
dans cette valléedelarmes. O notre avocate,
jetez sur nous un œil de compassion; et
obtenez-nous la grâce de voir , après notre
exil, Jésus , le fruit béni de vos entrailles ,
ô Marie , Vierge compatissante , pleine de
douceur et de bonté pour nous.
f. Priez pour nous , ô sainte Mère de
Dieu.
I^. Afin que nous devenions dignes des
biens que Jésus-Christ nous a promis.
PRIONS.
Dieu tout puissant et éternel , qui avez
préparé, par l'opération du Saint-Esprit, le
corps et l'âme de la bienheureuse Marie ,
5^4. MANUEL
Vierge mère , pour en faire une demeure
digne de votre fils : accordez, à ceux qui
célèbrent sa mémoire avec joie , la grâce
d'être délivrés , par son intercession , des
maux qui nous pressent, et de la mort éter
nelle , par le même Jésus-Christ , notre
Seigneur.
Ainsi soit-il.
LITANIES DE NOTRE-DAME DU MONT-CABMEL.
Kyrie, eleison.
Christe, eleison.
Kyrie , eleison. ^
Christe, audi nos. , S"
Christe , exaudinos. «
Pater de cœlis Deus , s
Fili, redemptormundi.Dcus,
Spiritus sancte , Deus ,
Sancta Trinitas , unus Deus ,
Sancta Maria , ora pro nobis.
Sancta Dei Genitrix , ;
oSancta Virgo Virginum , c
Mater Christi ,
a
■3
S
s
DO SCAPI7LAIRE.
a
Mater divinae gratis ,
Mater purissima ,
Mater castissima ,
Mater inviolata , ~°
3Mater intemerata , a
o
Mater amabilis , 5!
Mater admirabilis ,
Mater Creatoris,
Mater Saivatoris ,
Mater, Decor Carmeli ,
Virgo prudentissima,
Virgo veneranda , .
Virgo prsedicanda ,
Virgo potens,
Virgo clemens , S?
Virgo fidelis , «u
Virgo , flos Carmeli, °
Speculum justitiae, g;
Sedes Sapientiœ,
Causa nostrse lsetitlse ,
Vas Spirituale ,
Vas honorabile ,
Vas insigne devotionis,
326 MANUEL
Rosa mystica ,
Turris Davidica ,
Turris eburuea ,
Domus aurea ,
1Fœderis arca ,
Janua Cœli ,s
Stella matutina ,1
Salus infirmorum ,
Refugium peccatorum ,
Consolatrix afflictorum ,
Auxilium Christianorum ,
Regina Angelorum ,
Regina Patriarcharum ,
Regina Prophetarum ,
Regina Apostolorum ,
Regina Martyrum ,
Regina Confessorum ,
Regina Virginum ,
O
s
1B
f-
Regina Sanctorum omnium ,
Vt'
Spes omnium Carmelitarum,
Agnus Dci , qui tollis peccata
parce nobis , Domine.
mundi,
DU SCAPULA1BE. 327
Agnus Dei , qui tollis peccata muudi ,
exaudi nos, Domine.
Agnus Dei , qui tollis peccala mundj ,
miserere nobis.
Christe , audi nos.
Christe , exaudi nos.
ir. Ora pro nobis , Sancta Dei Genitrix ,
lVr. Ut digni efficiamur promissionibus
Christi.
OREMUS.
Gratiam tuam , qussumus , Domine ,
mentibus nostris infunde , ut qui , Angelo
nuntiante , Christi filii tui Incarnationem
coguovimus, per passionem ejus etCrucem,
ad resurrectionis gloriam perducamur. Per.
eumdem Christum Dominum nostrum.
Amen.
Les mêmes enfrancais.
Seigneur , ayez pitié de nous.
Christ , ayez pitié de nous.
Seigneur , ayez pitié de nous.
328 MANBKt,
a
Christ, écoutez-nous.
Christ , exaucez-nous.
Dieu le Père, descieuxoù vous êtes , *3
Dieu le fils , rédempteur du monde ,
Dieu le Saint-Esprit,
Trinité sainte, un seul Dieu , »
Sainte Marie , priez pour nous. g
Sainte Mère de Dieu , r
Sainte Vierge des Vierges ,
Mère de Jésus-Christ,
Mère de l'auteur de la grâce ,
Mère très-pure ,
Mère très-chaste ,
Mère d'une virginité inviolable ,
Mère d'une vertu sans tache ,
Mère toute aimable , ^
Mère toute admirable , g"
Mère du Createur , U
Mère du Sauveur , "
Mère , Gloire du Carmel , e
Vierge , douée d'une haute prudence ,
Vierge , digne de toute vénération,
Vierge , digne de toute louange ,
DU SCAPULAIRE. 329
5H
s'
1
Vierge, très-puissante auprès de Dieu,
Vierge, pleine de bonté et de clémence,
Vierge , toujours fidèle à Dieu ,
Vierge, fleur du Carmel ,
Modèle de sainteté ,
Trône de la sagesse divine ,
Source de notre joie , o
Vase orné des dons du Saint-Esprit ,
Vase d'honneur et de gloire ,
Vase précieux dela plus tendrepiété ,
Rose , pleine de l'odeur des vertus ,
Tour de David , inaccessible aux en
nemis,
Tour d'ivoire , d'une pureté éclatante,
Temple brillant de l'or de la charité,
Arcbe de la nouvelle alliance , 2
Porte du Ciel ,
Etoile du matin , S;
Salut des infirmes ,
Refuge des pécheurs ,
Consolatrice des affligés ,
Auxiliatrice des chrétiens ,
Reine des Anges ,
-a
r
330 MANUEL
Reine des Patriarches ,
Reine des Prophètes, •?
Reine des Apôtres , N
Reine des Martyrs , g
Reine des confesseurs , b
Reine des Vierges , g
Reine de tous les saints ,
Espérance de tout l'ordre du Carmel,
Agneau de Dieu , qui effacez les péchés du
monde , pardonnez-nous , Seigneur.
Agneau de Dieu , qui effacez les péchés du
1nonde , exaucez-nous , Seigneur.
Agneau de Dieu , qui effacez les péchés du
monde , faites-nous miséricorde , Sei
gneur.
Christ , écoutez-nous.
Christ, exaucez-nous.
f . Sainte Mère de Dieu, priez pour nous.
iV- Afin que nous devenions dignes des
biens que Jésus-Christ nous a promis.
nu scapulaire. 531
PRIONS.
Nous vous prions , Seigneur , de ré"
pandre votre grâce dans nos âmes , afin
qu'après avoir connu, parla voix de l'Ange,
l'incarnation de votre fils , nous puissions ,
par les mérites de sa passion et de sa croix,
parvenir à la gloire de sa résurrection; par
le même Jésus-Christ, notre Seigneur.
Ainsi soit-il.
SALUTS DE LA CONFRÉRIE.
HYMNE AU S. SACREMENT.
Tantum ergô sacramenturr1
Veneremur cernui ;
Et antiquum documentum
Novo cedat ritui :
Praestet fides supplementum
Sensuum defectui.
Genitori Genitoque
Laus et jubilatio,
Salus, honorj' virtus quoque.
538 MANUEL
Sit et Bencdictio :
Procedent! ab utroque
Compar sit laudatio. Amen.
Autre Hymne.
O salutaris hostia,
Quae cœli pandis ostium,
Bella premunt hostilia ;
Da robur, fer auxilium.
Qui carne nos pascis tua,
Sit laus tibi, pastorBone,
Cum patre, cumquc spiritu,
In sempiterna saecula. Amen.
PROSE A LA SAINTE VIERGE.
Pour le salut de lafête de Notre-Dame du
Carmel.
Flos Carmeli, vitis florens,
Splendor Cœli, Virgo manens
Acto puerperio:
DU SCAPULA1RE. 353
Mater mitis, expers viri,
Carmelitis, tuae proli,
Confer privilegia.
Sic precatur Dux Carmeli,
Sic precantur et alumni
Ad parentem Virginem.
Sic, nec frustra : nam (le Cœlo
Fulgor surgens io CarmeTo,
Noctis umbram dissipat.
Gaude,Cœlum, et mirare ;
Psalle, terra ; gaude, mare :
Novum sidus oritur.
O quàm felix fuit hora,
Quâ consurgens haec aurora,
Carmelum illuminat!
O quàm pium fert amorem,
Quantum praestat et honorem
Virginis praesentia !
Tegit nudos veste sacra,
Et imbelles cingit parmâ,
Nunquam expugnabilj.
334 MANUEL
Nihil in nos fraus serpentis,
Nih.il in nos vis frementis
Poterit invidiae.
Draco victus profligatur,
Et abhorrens efFugatur
Inimica legio.
Quisquis ergè sis, memento,
Quantum nostri munimento
Favor prosit Virginis.
Mortem pellit, pestem fugat,
Mare placat, ventos sedat,
Imbrem spargit uberem.
Frustra furil ignis edax,
Blando nutu flamma vorax
Citiùs extinguitur.
Ergô Matrem Salvatoris
Votum cordis et vox oris
Celebrent in jubilo.
Ad baec doua, Rex suprême,
Nos accendas, nos extremae
Solvas irae vinculis.
DU SCAPULA1RE. 335
Parcas reis, firmes justos:
Et aeternis fortunatos
Cœli jungas pabulis.
Amen.
Pour le Salut du second dimanche du mois.
Gaude, virgo, Mater Christi,
Quae per flameu concepisti,
Gabriele nuntio.
Gaude, quia Deo plena,
Peperisti sine pœnâ,
Cum pudoris lilio.
Gaude, Magos advenisse,
Thus, aurum , myrrham tulisse
Tuo unigenito.
Gaude, quia tui nati,
Quem dolebas mortem pati,
Fulget resurrectio.
Gaude, Christo oriente,
Quia ipso triumphante,
Fit nostra redemptio.
336 MANUEL
Gaude, Christo ascendonlc,
Qui in cœlum , te vidente,
Motu fertur proprio.
Ubi fructus ventris tui,
Per te deturnobis frui,
In perenni gaudio.
Amen.
Pour le Salut des autresfêtes.
Ave, stella matutina,
Peccatorum medicina,
Mundi princeps et regina.
Virgo sola digna dici ;
Contra tela inimici,
Clypeum pone salutis,
Tua; titulum virtutis.
Tu es enim virga Jesse, '
In quâ Deus fecit esse
Aaron Amygdalum,
Mundi tollens scandalum.
Tu es arca compluta,
Cœlesti rore imbuta,
Sicco tamen vellere.
DU SCAPULAIRE. 337
Tu nos, in hoc carcerc,
Solare propitia,
Dei plena gratiâ.
O sponsa Dei electa,
Esto nobis via recta
Ad aeterna gaudia
Ubi pax est et gloria.
Tu nos semper aure piâ
Dulcis, exaudi, Maria.
Amen.
Autre prose.
Ave, Virgo gratiosa,
Stella sole clarior,
Mater Dei gloriosa,
Favo mellis duleior.
Tu es illa speciosa,
Quâ nulla est pulchrior,
Rubicunda plus quam rosa,
l.ilio candidior.
Praesta misellis juvamen,
Regina clementise ;
338 MANUEL
Mœrentibus fer solamen,
Aurora laetitiae.
Praedulcis fous pietatis,
Dona m obis veuiam;
Et purgatos à peccatis
Duc ad cœli patriam.
Amen.
Autre prose.
Salve, Mater misericordiae,
Mater Dei et Mater veniae,
Mater speiet Mater gratiae,
Mater vera sancla- laetitiae,
O Maria !
Salve, decus humani generis,
Salve, virgo dignior cseteris ,
Que virgincs omnes transgrederis,
Et altiùs sedes in superis,
O Maria!
Esto, Mater, nostrum solatium ;
Nostrum esto,tu virgo, gaudium;
DU SCAPULAIRE. 339
Et nos tandem, post hoc exilium,
Lœtos jungechoris cœlestium,
O Maria !
Amen.
Pour le salut de la bonne mort.
Maria, Mater gratiae,
Mater misericordiae,
Tu nos ab hoste protege
Et horâ mortis suscipe.
Pour la Confrérie du Scapulaire.
Mater, post fil i um,
Tu spes, vita, salus ;
Affer auxilium;
Namque tuum genus
Nefas despicere.
Quos tegis parmulâ
Perire nùm sines ?
Quâ praeis semitâ,
Da sequi dociles,
Natoque perfrui.
Amen.
3.40 MANUEL
ANTIENNE
Pour se mettre sous la protection de Marie.
Sub tuum prœsidium confugimus, sancta
Dei genitrix, nostras deprecationes ne des-
picias in necessitatibus; sed à periculis
cunctis libera nos semper , Virgo gloriosa
et benedieta.
f. Pancm de cœlo prsestitisti eis ,
i^. Omne delectamentum in se haben—
tem.
>f . Ora pro nobis , sancta Dei genitrix,
Hf. Ut digni efficiamur promissionibus
Christi.
f. A subitaneâ et improvisa morte,
Pi. Libera nos , Domine.
f. Memor esto congregationis tuas,
1^. Quam possedisti ab initie
DU SCAPULAIRE. 341
ORAISONS
du S. Sacrement.
Deus qui nobis sub sacramento mirabil;
passionis tua: memoriam reliquisti : tribue,
queesumus , ità nos corporis et sanguinis tui
sacra mysteria vénerari , ut redemptionis
tuae fructum in nobis jugitersentiamus , qui
vivis et regnas Deus.
De Notre-Dame du Carme/.
OREMUS.
Deus, qui beatissimae, etc. Voy. /,. 3og.
De la sainte Vierge.
OREMUS.
Dcfende , quaesumus , Domine , beatâ
Mariâ scmpcr virgineintercedente, istamab
omni adversitate fumiliam, et toto corde tibi
prostratam ab hostium propitius tuere cle-
menter insidiis. Per Christian, etc.
342 MANUEL
Pour obtenir une bonne mort.
OREMUS.
Exaudi nos , Deus salutaris noster ; et ne
dies nostros antèfiniri jubcas,quampeccala
dimittas; et, quia in inferno superflua pœ-
nitentia est , et nullum spatium corrigendi ;
hincte, supplices rogamus, etpetimus, ut
ubi das spatium supplicandi, jubeas et pec-
cata dimitti , per Dominum , etc.
Pour les confrères du scapulaire.
OREMUS.
Adjuvet nos, quœsiimus, Domine, tuae
genitricis semperque virginis Maria; inter-
cessio veneranda : quae sanctam Carmeli
confraternitatem, suinominis titulo decora-
tam, confirmandam inspiravit: qui vivis,etc.
Pour la fête du B. Simon Stock.
OREMUS.
Deus, qui, precibuset meritis B. Simonis
DU SCAPULAIB.E. 545
confessons , Carineli montis ordinem , per
maires genitricis filii tui Domini nostri
Jesu Christi , singulari privilegio decorasti :
concede ut, ipso interveniente , ad gloriam,
quam diligentibus te prseparasti , pervenire
valeamus , per eumdem , etc.
Autre pour le même.
OREMUS.
Plebstibi , Domine, Virginique Matri di-
cata , beati Simonis , quem ei Reclorem et
Patrcm dedisti, solemnitate laetetur; etsicut
per eum tantae protectionis signum obtinuit,
ita praedestinationis aeternœ munera consc-
quatur ', per Dominum , etc.
Pour tous les Saints de Fordre.
OBEmus.
Omnipotens et clementissime Deus , qui
montis Carmeli ordinem gloriosissimae vir-
ginis MariaB genitricis filii tui Domini noslri
Jesu Christi, sacrato titulo insignitum , sanc
344 MANUEL
torum patris nostri Elise et Elisaei propheta-
rum , Angeli et Anastasii martyrnm, Cyrilli
et Alberti confessorum,Euphrasiœ, There-
siae , et Marke Magdalen® virginum , et
aliorum plurimorum meritis decorasti : tn-
bue nobis,quaesumus, ut per eorum suffra-
gia , ab instantibus malis animai et corporis
liberati,ad te verum Carmeli verticem gau-
dentes , pervenire valeamus , per eum-
dem , etc.
SALliTS DE LA CONFRERIE, EN FRANÇAIS.
Hymne au très S. Sacrement.
Révérons donc, dans un profond anéan
tissement , un Sacrement si auguste : que
toutes les ombres de la loi ancienne cèdent
à ce mystère de la loi nouvelle ; et qu'une
foi vive supplée au défaut de nos sens.
Gloire , louange , Honneur , salut , force
et benédiction au Père, au Fils, et au S. Es
prit, qui procède du Père et du Fi's.
Ainsi soit-il.
DU SCiPULAIRE. 5-45
Autre hymne.
Hostie de paix et de salut , qui nous
ouvrez la porte des cieux , de puissants en
nemis nous obsèdent : environnez-nous du
secours de votre protection, et armez-nous
de la force de voire bras.
Bon Pasteur, qui nous nourrissez de votre
chair , gloire à vous , gloire au Père, gloire
nu S. Esprit, dans tous les siècles.
Ainsi soit-il.
Prose pour la fêle de Notre -Dame du
Carmel.
Fleur du Carmel, vigne fleurie , splen
deur du ciel, Marie, mère toujours Vierge :
Mère aimable , féconde surnaturellement
par la vertu d'eu haut , accordez vos fa
veurs aux enfants du Carmel, quisontaussi
les vôtres.
Telle était la prière d'un chef de l'ordre
du Carmel ; telle est celle que ses disciples
adressent à leur mère et protectrice.
Leurs vœux sont exaucés ; une lumière
<H6 MANU EL
céleste apparaît sur le Carmel et dissipe les
ombres de la nuit.
0 ciel, réjouissez -vous et soyez dans
l'étonnement ! ô terre , faites entendre vos
chants d'allégresse ! ô mer , applaudissez I
un nouvel astre se lève sur l'horizon.
Quelle heure fortunée fut celle qui vit le
lever de cette aurore, dans tout son éclat ,
sur le Carmel !
Quel gage d'amour plus tendre, quelle
faveur plus précieuse pouvait offrir la
Vierge du Carmel à son ordre !
Elle revêt ses enfants d'un saint habit ;
elle les couvre d'une armure impénétrable.
Désormais ils seront à l'abri des traits de
l'ennemi , et des fureurs de l'envie.
Le démon vaincu est terrassé ; et la lé
gion ennemie est en pleine déroute.
O vous tous , qui que vous soyez , voyez
combien nous est avantageuse la protection
du cette puissante Vierge.
Elle chasse la mort, bannit la peste, fait
taire les vents, calme les flots de la mer et
répand sur la terre une rosée abondante.
En vain le feu déploie sa violence: un seul
DU SCAPULAIRE. 347
de ses regards propices éteint les flammes
dévorantes.
Que nos cœurs et nos voix s'unissent
donc pour célébrer les louanges de la mère
du Sauveur.
O souverain Roi du ciel et de la terre ,
inspirez-nous une sainte ardeur pour un
don si précieux ; afin de nous préserver
des feux de votre colère , au jour des di
vines vengeances.
Accordez le pardon aux coupables , la
persévérance aux justes , et le bonheur
éternel à tous , en nous faisant asseoir au
banquet des anges , dans les cieux.
Ainsi soit—il .
Prose pour le second dimanche du mois.
Réjouissez-vous, ô Marie, mère de J.-
C. , qui, à la voix de l'Arohange Gabriel ,
l'avez conçu par la vertu d'en haut.
Réjouissez-vous, ô Vierge pleine de Dieu,
de l'avoir enfanté sans peine et sans détri
ment de votre virginité.
Réjouissez- vous d'avoir vu les mages
548 MANUEL
offrir, à votre fils, l'encens, l'or et la myrrhe,
avec l'hommage de leurs cœurs.
Réjouissez-vous d'avoir contemplé J.-C.
ressuscité , après avoir pleuré amèrement
ses souffrances et s.•, mort.
Réjouissez-vous de ce que sa mort a
été notre rédemption, et sa résurrection le
triomphe de notre foi.
Réjouissez-vous d'avoir joui du spec
tacle de J.-C. , montant aux cieux par sa
propre vertu.
Réjouissez-vous de pouvoir nous obtenir
la grâce de le contempler aussi et de le
posséder nous-mêmes dans le séjour des
joies éternelles. Ainsi soit-il.
Prose pour les autres fêtes.
Salut, Etoile du matin , refuge des pé
cheurs, et Souveraine de l'univers.
Vierge , seule digne de ce nom , opposez
votre protection aux traits de nos ennemis
comme un bouclier de salut.
Vous êtes la tige de Jcssé, unie à la
DU SCVPULAIRK. 54d
verge d'Aaron , qui a produit ce fruit sa
lutaire qui ôteles péchés du monde.
Vous êtes cette aire miraculeuse , péné
trée de la rosée du ciel , au milieu de la
toison toujours sèche.
O vous , qui êtes pleine de Dieu , soyez-
nous propice ; et consolez-nous dans cette
triste prison du corps, en y faisant pénétrer
la grâce.
Epouse, choisie de Dieu, conduisez-nous
dans la voie du ciel , introduisez-nous dans
l'heureux séjour de la paix et de la gloire.
O Marie, prêtez-nous toujours une oreille
favorable ; exaucez tous nos vœux.
Ainsi soit-il.
Autre prose.
Je vous salue , Vierge pleine de grâce ,.
étoile plus brillante que le soleil qui nous
éclaire, glorieuse mère de Dieu, plus douce
que le rayon de miel.
Votre beauté surpasse l'éclat de toutes
les beautés , la pourpre des roses et la blan
cheur des lys.
O reine de clémence, secourez-nous dans
350 MANUEL
notre misère : aurore de notre joie, consolez-
nous dans noire affliction.
Source d'une aimable bonté , obtenez-
nous le pardon de nos offenses; et faites que,
purifiés de nos péchés, nous puissions,
sous vos auspices , parvenir à la céleste
patrie. Ainsi soit-il.
Autre prose.
Je vous salue , mère de miséricorde ,
mère de Dieu et mère de pardon , mère de
l'espérance et mère de la grâce , vraie mère
d'une sainte joie. O Marie !
Je vous salue , ornement du genre hu
main, la plus excellente des Vierges, qui
les surpassez toutes en mérites , et qui oc
cupez un trône bien plus élevé dans les
cieux. O Marie !
Mère , consolez vos enfants ; Vierge ,
faites-nous part de votre joie ; et enfin ,
après l'exil de cette vie, daignez nous in
troduire au milieu des chœurs des anges.
O Marie ! Ainsi soit-il.
)
DU SCAPULAIRE. 351
Pour la bonne mort.
O Marie , mère de grâce , mère de misé
ricorde, défendez-nous contre nos enne
mis ; et protégez-nous à l'heure de la
mort.
Pour la confrérie du scapulaire.
Tendre mère , qui êtes , après votre di
vin fils , notre espérance, notre vie et notre
salut , environnez-nous du secours de votre
protection : pourriez-vous dédaigner le soin
de vos enfants ?
Laisserez - vous périr ceux que vous avez
couverts de votre livrée , comme du sceau
de votre protection ? ah ! plutôt faites que ,
fidèles imitateurs de vos vertus, ils marchent
sur vos traces , dans l'heureux sentier de la
perfection , afin de pouvoir jouir éternelle
ment de la vue de votre fils, dans les cieux.
Ainsi soit-il. . .
352 MANUEL
ANTIENNE
Pour se mettre sous la protection de Marie.
C'est sous votre protection , ô sainte
mère de Dieu , que nous venons nous réfu
gier; ne repoussez pas nos prières , dans
nos pressantes nécessités. Ah ! plutôt ,
Vierge aimable , délivrez-nous de tous les
dangers , et couvrez-nous de la gloire de
votre protection , et des bénédictions de
votre amour.
Versets.
f. Vous leur avez donné le pain du
eiel !
$. Rempli de toute sorte de délices.
f . Sainte mère de Dieu , priez pour
nous ,
B/. Afin que nous devenions dignes des
biens que J.-C. nous a promis.
f. D'une mort subite et imprévue,
Bj. Délivrez-nous , Seigneur.
y. N'oubliez pas votre confrérie ,
>
DU SCAPULAIRB. 355
vl. Que vous avez adoptée dès le com
mencement.
Oraison du S. Sacrement.
PRIONS.
O Dieu , qui, dans cet admirable Sacre
ment, nous avez laissé la mémoire de votre
passion , accordez-nous la grâce de révérer
les sacrés mystères de votre corps et de votre
sang , de telle sorte que nous puissions tou
jours conserver dans nos âmes le fruit de
la rédemption que vous avez accomplie ,
vous qui , étant Dieu , vivez et régnez
dans les siècles des siècles. Ainsi soit-il.
De Notre-Dame du Carmel.
O Dieu , qui avez daigné , etc. , voyti
page 3og.
Autre de la sainte Vierge.
Daignez, Seigneur, nous vous en supplions,
nous préserver de toute adversité par l'in
354 MANUEL
tercession de la bienheureuse Marie , tou
jours Vierge, et garantir de toutes les em
bûches de l'ennemi cette famille qui se jette
à vos pieds et se donne à vous de tout son
cœur, parJ.-C. N.-S.
Pour la bonne mort.
Exaucez-nous , ô Dieu Sauveur , et ne
permettez pas que nos jours finissent avant
que vous ayez effacé nos péchés ; et , puis
que , dans l'enfer , la pénitence est superflue,
et qu'il n'y a plus de temps pour se corriger,
nous vous supplions , ô vous , qui nous
donnez encore le temps de vous prier , de
nous accorder aussi le pardon de nos péchés,
par J.-C. N.-S.
Pour la confrérie du scapulaire.
Nous vous supplions, Seigneur, d'agréer
favorablement la médiation de Marie
votre mère , toujours Vierge , qui , pleine
de tendresse pour la confrérie décorée de
son nom , a inspiré à vos pontifes la pensée
I,U SCAPTJLA1RE. 355
de la confirmer par leur approbation , vous
qui vivez et régnez, etc.
Pour lafête du B. Simon Stock.
O Dieu , qui , en vue des prières et des
mérites du B. Simon , avez décoré l'ordre
du Carmel, par les mains de l'auguste mère
de J.'C, votre fils, d'une singulière préro
gative ; accordez-nous la grâce de pouvoir ,
par son intercession , arriver àla gloire que
vous avez préparée à ceux qui vous aiment,
par le même J.-G. N.-S. , etc.
Autre en l'honneur du même Saint.
Seigneur , permettez que la confrérie
qui vous est consacrée, ainsi qu'à Marie
votre mère toujours Vierge, se réjouisse en
cette fête solennelle du B. Simon , que vous
lui donnâtes pour père et pour chef, afin
qu'après avoir obtenu ici bas , par l'effet de
ses prières, un signe d'une haute protection,
nous puissions recueillir, dans les cieux ,
les fruits d'une éternelle prédestination ,
par J.-C. N.-S. , etc.
356 MANUEL
En l'honneur de tous les Saints de l'ordre.
Dieu tout-puissant et plein de bonté ,qui,
non content d'avoir honoré l'ordre du Car-
mel du titre glorieux de la B. Vierge
Marie , mère de votre divin fils , l'avez en
core enrichi des mérites de notre père Elie
et d'Elisée , vos prophètes ; des martyrs
Ange etAnastase ; des confesseurs ou justes
Cyrille et Albert; des Vierges Euphrasie ,
Thérèse et Madelaine ( de Pazzi ) et de tant
d'autres saints; accordez-nous, nous vous
en supplions , de pouvoir , aidés de leurs
suffrages, être délivrés de tous les maux de
l'âme et du corps , et parvenir , pleins de
joie, au bonheur de vous posséder, vous
qui êtes le Dieu de toute perfection , et qui
vivez et régnez dans les siècles des siècles.
DU SCAVVt.URE. 557
PRIÈRES DIVERSES.
Amende Honorable à noire Seigneur Jesus-
Christ pour le iS* jour de chaque mois.
Fils unique du Dieu vivant , qui , par
l'excès d'un prodigieux amour, non coutent
d'être descendu dn ciel , pour vous incar
ner dans le sein d'une Mère Vierge, re
nouvelez encore tous les jours à nos yeux ,
et perpétuez sur nos autels , le mystère
ineffable de votre incarnation ; recevez
dans ce divin sanctuaire , où votre amour
^ ous rend réellement présent aux yeux de
notre foi , recevez, nous vous en conjurons,
le tribut de nos cœurs , en union des hom
mages si purs , que le ciel et la terre vous
rendaient avec Marie et Joseph, dans l'é-
table de Bethléem , Au jour glorieux de
votre naissance.
Mais hélas 1 ô Verbe incarné ! tandis
que , souslc voile du sacrement adorable de
l'Eucharistie, la doucenr de votre divine
présence embrase nos cœurs des flammes
23
558 MANUEL
de votre amour , pénètre nos âmes de la
plus vive reconnaissance, et nous transporte
d'une sainte allégresse , le spectacle sacri
lège qu'offrent chaque jour , aux yeux de
l'Eglise affligée , les systèmes monstrueux
de l'impiété ainsi que la dépravation des
nations impies réunies contre le Seigneur et
contre son Christ, changent aujourd'hui nos
cantiques de joie en une profonde tristesse,
et nous forcent de convertir nos actions de
grâces en une amende honorable.
Animés du zèle de votre gloire , ô divin
Jésus! nous venons dans ce saint lieu, ré
parer autant qu'il est en notre pouvoir l'ou
trage fait au mystère ineffable d'un Dieu
fait homme pour le salut de l'homme in
grat.
Prosternés ici devant votre divine ma
jesté , l'âme transpercée d'un glaive de
douleur , nous sommes profondément af
fligés, au seul souvenir des blasphèmes des
ennemis de votre gloire j de l'incrédule su
perbe, qui méprise vos oracles ; du Juif
perfide, qui en abuse ; de tant de chrétiens
infidèles , qui , toujours eu contradiction
DU SCAPULAIRK. 359
avec eux-mêmes, renient, parleurs actions,
le Dieu qu'ils confessent de bouche, et ne
rougissent pas de profaner dans leur corps,
par leurs désordres , des membres qui vous
sont si intimement unis , des temples vi
vants que votre divin Esprit s'est consacrés.
Gémissant dans toute l'amertume de
notre cœur, sur tant et de si horribles for
faits, nous détestons l'attentat sacrilège de
tous ceux qui vous déshonorent , et l'ingra
titude criminelle de ceux qui vous rejettent;
nous anathématisons toutes les impiétés de
ceux qui vous blasphèment. Nous recon
naissons , ô divin Jésus ! et nous confessons
de cœur , comme de bouche , que vous êtes
le Christ, Cls unique du Dieu vivant, vérita
blement né de la Vierge Marie ; et que
cette Vierge incomparable est véritable
ment votre mère. Nou£ désirerions, de tout
notre cœur, pour rendre témoignage à notre
foi , et exprimer l'ardeur de notre amour ;
nous désirerions être sacrifiés aux pieds de
vos autels, comme des victimes immolées
à votre gloire : nous voudrions instruire et
confondre vos ennemis par la voix de notre
3G0 MARCEL
propre sang, et apprendre à tous les hom
mes à vous connaître, à vous adorer et à
vous aimer comme leur Sauveur et leur
Dieu.
Vierge sainte , digne Mère de Dieu , fait
ebairpour notre amour, béni soit à jamais
le fruit de vos ebastes entrailles; offrez-lui,
nous vous en conjurons, nos vœux et nos
hommages ; suppléez aujourd'hui , par l2
grandeur de votre foi , l'ardeur de votre
amour, et l'excellence de votre pureté vir
ginale , aux faibles sentiments de nos cœurs.
Ainsi soit-il.
ACTE DE CONSÉCRATION A LA SAINTE VIERGE,
Pour tous les membres de la confrerie du sca-
pulaire, surtout pour le jour ou l'anniver
saire de leur réception.
Vierge très-sainte, la gloire et l'appui du
Carmel, la joie et la consolation de tous vos
enfants , je vous reconnais pour la Mère de
mon Dieu Jésus-Christ, fils unique du Dieu
vivaht; je me réjouis de toutes 1rs préroga
DU SCAPULAiRE. 361
lives singulières qui , en cette qualité , vous
élèvent au-dessus de toute créature ; et je
m'unis à tous les hommages que vous rece
vez sur la terre et dans les cieux.
Je vous ai choisie pour ma mère, ma sou
veraine , ma médiatrice auprès de votre di
vin fils; vous avez daigné m'adopter au
nombre de vos enfants ; rempli de confiance
en vos promesses, je remets entre vos mains
mon corps et mon âme ; et sincèrement
résolu de travailler de toutes mes forces,
avec la grâce de Dieu, à me rendre digne
de vos faveurs, par une fidèle imitation de
vos vertus, je me repose entièrement sur
les soins et la tendre sollicitude de votre
charité maternelle, pour mon salut éternel.
O bienheureuse Reine du Ciel et de la
terre ! faites qu'après m'avoir associé à vo
tre sainte famille, et assisté de votre puis
sant secours, je devienne un véritable en
fant de Dieu, une Copie vivante de Jésus-
Christ votre fils, et que je persévère jusqu'à
la fin de mes jours dans ces sentiments in
variables. Ainsi soit- il.
362
à No1re-Dame de toute puretè'.
O divine Marie ! Reine des anges et mo
dèle des vierges; vous êtes la Mère de toute
pureté; souvenez-vous que j'ai le bonheur
de vous appartenir d'une manière toute
spéciale, par mon association à un ordre
qui vous a toujours été entièrement dévoué.
Je suis du nombre de vos enfants , et re
vêtu de vos livrées, ne souffrez pas , ô ma
mère! que, par la plus affreuse ingratitude,
je rompe jamais le lien sacré qui m'attache
à votre service ; ne permettez pas que, sé
duit par mes passions, je sois jamais assez
malheureux pour souiller honteusement le
saint sca pula ire dont vous avez daigné me
revêtir , par un bienfait spécial de votre
prédilection. Hâtez-vous de me secourir,
divine protectrice, au milieu de tant de fu
nestes écucils où ma faible vertu , exposée
de toutes parts, court risque defaire un triste
DU SCAPULAIRE. 563
naufrage.Viergetoute pure! par votre sainte
virginité et par votre immaculée conception,
purifiez mon esprit et mon cœur. Venez, ô
ma mère, éclairer mes ténèbres, dissiper mes
illusions, calmer le trouble d'un cœur agité;
et, daignez, par la force toute-puissante de
votre protection , m'arracher à la séduction
du vice , rendre la paix à mon âme, et
m'obtenir, avec le pardon de mes nombreu
ses infidélités , la grâce de persévérer jus
qu'à la mort dans cette parfaite pureté, à
laquelle je me suis engagé par ma consé
cration à votre service. Ainsi soit-il.
A Notre-Qame de prompt secours.
O Mar'e, dont la protection est si puis
sante, et dont le secours est si prompt et si
eff1cace auprès de Dieu, je viens déposer à
vos pieds toutes mes peines, remettre entre
vos mains toutes mes espérances, vous con
fier tous mes intérêts : daignez , ô Vierge
sainte, m'assisler, par votre médiation,
et m obtenir, parles mérites de votre divin
36i MANUEL DO SCAPULAIRE.
Fils, toutes les bénédictions spirituelles en
Jésus-Christ, mon Sauveur j alin qu'heu
reux ici-bas par la jouissance de vos céles
tes bienfaits , je puisse désormais , chaque
jour de ma vie, vous offrir mes consolations
et ma reconnaissance, comme à la mère la
plus tendre et la plus aimable. Ainsi soit-il.
ERRATA.
L'exactitude à faire copier scrupuleusement une ap
probation desdocteurs de Paris, dans un ouvrage estime,
nous a induit en erreur et occasionné les fautes à rec
tif1er, savoir :
Page 6o, ligne 24 , iu l1eu de 163o, lisez: 153o.
P. y.]. 1. 12, au lieu de Cardinal de Joyeuse, mettes;
François de Harlay.
P. j5, 1. 12, an lieu de 163o-1634, Usez: ï53o-1534-
P. 76i1. Il, supprimez en 16o7, et mellez: et de
Joyeuse.
P. 98, 1. 14* suppléez le mot passe: êlre.
P. 124, U dernière, au lieu de 172o, lisez: 1719.
P. 14o, 1. 19, au lieu de imprévu, lises: imprévue»
P. 142. 1. 1 11 supplées le mot passé: à.
P. 198, 1. dernière, au lieu de gliscs, lisez: Églises.
P. 22o,1. ifp, au lieu de troisième , lisez: quatrième.
P. 228, 1. 1r', au lieu de quatrième, lisez: cinquième.
P. 277, 1. dernière au lieu de li, Uses: il.
TABLE
DES MATIÈRES.
Introduction.
Des Confreries en général
Du Carmel • . T"
Des Carmes • • •
xixDu Scapulaire.
De l'office et de la fête de N.-D. du Mont-Car-
mel. . . «"
De la controverse sur l'origine primitive et les
privilèges de l'ordre de N.-D. du Mont-Car-
mel
pnonkr.F. PABTiE.
Origine et progrès de l'ordre et de la confrérie
du Mont-Carroel.
Chap. Ier. Origine des ordres religieux. . . I
Chap. 2«. Ancienneté et célébrité de l'ordre
de N.-D. du Mont-Carmel 5
Légende dela fête de N.-D.duMont-Carmel. . 8
. Tableau succinct des Bulles ou Décrets appro-
batifs du Saint-Siège, en faveur de l'ordre et
dela confrérie du Mont-Carmel ™
Chap. 3e. Institution de la confrérie de N.-D.
du Mont-Carmel ,6
xxvu
566 TABLE.
Chap. 4'- Origine de la confrérie du Scapulaire. 2o
Cbap. 5e- Orthodoxie des promesses faites en
faveur de la confrérie du Scapulaire. . 3l
1°. Explicat1on de la promeise de préservation
de l'enfer 3 1
20. Explication de la promer.se de délivrance du
purgatoire 37
Chap. 6e. Certitude des deux promesses, . 43
Chap. 7e. Progrès de l'ordre des Carmes sous
la protection de Marie l\~,
SECONDE PAAtiE.
De la dévotion du Scapulaire
Chap, 1er. Excellence dela dévotion du Sca
pulaire.
Art. Ier. Justifiée parla raison. ...
Art. 2e. Consacrée par l'autorité de l'Église
Art. '.,''. Confirmée par la tradition.
Art. 4e. Autorisée par des miracles. .
10. Miracles de protection publique. .
2°. Miracles de protection particulière.
..,.1°.Miracles de préservation on de délivrance
— Prodiges préservatifs des périls de la guerre
— préservatifs d'accidents d'armes
etc
— préservatifs d'assassinats , etc.
— • préservatifs de la captivité, etc.
—- préservatifs des naufrages. .
— préservatifs du tonnerre.
5t
52
53
5?
(*)
83
84
91
9*
9«
100
1o3
no
"4
"9
TABLE. 36T
—" preservatifs d'incendie 121
— d'incombuslion du Scapulaire. . t2.\
— d'i ii corruption dn Scapulaire. . 131
— préservatifs des calamites publiques,
etc 137
— preservatifs des atteintes mortelles
d'animaux, etc 1."W>
— préservatifs de morts subites. . 1^0
— Prodige d'un mort ressuscité 146
.,..2°. Miracles de guérisons. . . ' . . . 15o
. . . .3°. Miracles de conversions* ... 1 56
Art. 5e. La dévotion du Scapulaire justifiée par
le concours unanime des fidèles 168
Art. 6e. La dévotion du Scapulaire enrichie des
plus précieuses indulgences et de magnifiques
privilèges 186
Chap. 2e. Avantages de la dévotion du Scapulaire. 189
Art. Ier. Association à un des ordres les plus
saints. 190
Art. 2e. Participation aux mérites de l'ordre et
de la confrérie 191
Art. 3e. Droits aux Indulgences du Scapulaire. 194
— Indulgences en faveur de la confrérie du Sca
pulaire 194
10, Indulgences particulières à la confrérie du
Scapulaire 19:*,
— Indulgences personnelles particulières à la
confrérie du Scapulaire 196
....Indulgences plénières 196
....Indulgencei partielles ou non plénières. . 199
2a. Indulgences communes aux confrères du
368 TABLE.
Scapulaire et à tous les fidèles 202
....l°. Indulgences communes personnelles aux
confrères du Scapulaire et à tous les fidèles. 2o3
....Indulgence plénière 2o4
....2° Indulgences communes locales. . . . 2o.\
....Indulgences locales plénières, pour certaines
fêtes de l'année 2o5
....Indulgences locales partielles, pour quelques
fêtes ou autres jours de l'année 2o7
— Pour tons les jours 21o
— Pour certains jours de la semaine. . . . 212
3°. Ind ulgences stationnates 2 1 3
4°. Conditions pour gagner les indulgences. . 214
. ...1°. Conditions générales pour gagner les in
dulgences 2l5
....2° Conditions particulières à l'ordre du Car-
mel, ou à la confrérie du Scapulaire. . . . 218
Art. 4e* Droits aux privilèges de l'ordre du Car-
mel et de la confrérie du Scapulaire. . . . 22o
1» Privilèges locaux 220
2° Privilèges personnels 221
.*..1° L'exemption des flammes de l'Enfer. . 224
....2° La prompte délivrance du Purgatoire. . 225
Art. 5e. Droits à la protection de Marie. . . 228
Cbap. 3<*. Obligations et devoirs dela confrérie
du Scapulaire 23 1
Art. ye'.Obligations des confrères du Scapulaire. 232
10 Obligations générales 233
2° Obligations particulières 231
— Obligation particulière 1clalive au premier
TABLE. 569
privilège d'une l1onne mort, ou <le la préser
vation de l'Enfer. . v 2.1-t
— Obligations particulières relatives au second
privilege de la prompte délivrance du Purga
toire 235
...,l°. Pour loua les confrères 236
,...2°. Pour ceux qui savent lire 236
....30 Pour ceux qui ne savent pas lire. . 236
3°. Obligations incommutables 238
4°. Obligations commutantes. ...... 23g
5°. Eclaircissements dea obligations générales. 24o
— Des obligations particulières 248
— Dca obligations du premier privilège. . . 248
— Des obligations du -second privilège. . . 249
.... 1 ° Pour tous les confrères 249
... 3° Pour ceux qui savent lire 25o
....3° Pour ceux qui ne savent pas lire. . . 25o
— Des obligations incommutables 252
— Des obligations commutables 252
...,I°. Pour ceux qui savent lire 253
....2°. Pour ceux qui ne savent pas lire. . . 26o
Art.2*. Devoirs de la dévotion du Scapulairc. . 2Ô3
TROISIÈME PARTIE.
Usages , exercices et prières libres de la confré
rie du Scapulaire 273
Chap. 1*r. Usages de la confrérie du Scapulairc. 274
Art. 1*p. Voûment des enfants à Notre-Dame du
Carmel 275
Pièrè d'une mère chrétienne à Jî.-D. du Car-
370 TABLE.
mel , pour son jeune en/ant. ..... 278
Art. 2*. Mode de l'érection canonique de la con
frerie du Scapulaire 280
Art. 3e. Cérémonial pour bénir et donner le
Scapulaire 284
1°. Rit et formule pour bénir le Scapulaire. . 189
20. Pour donner le Scapulaire 292
3°. Pour l'absolution générale des confrères
agonisans ■ 293
4°. Pour l'indulgence pléuière à l'article de la
mort 298
5°. Pour l'absolution des négligences par rap
port au Scapulaire 299
6°. Formule abrégée en cas de danger. . . 302
Chap. 2e. Exercices libre* de la confrérie du
Scapulaire 3o3
Chap. 3e.Offices et prières libres de lu confrérie. 3o8
Messe de Îî.-D. du Mont-Carmel 309
Vêpres de N.-D. du Mont-Carmel 313
Dixil Dominus. . 3l3
Laudate pueri 3t4
Laetatus s m m 315
Nisi Dominus 31y
Lauda , Jerusalem 3 18
Ave, maris Stella. 3 19
Magnificat. 320
Salve' , Regina 322
La même antienne , en français 323
Les litanies de N. - D. du Carmel, en latin. 'S'?.\
Les mêmes , en français, 327
TABLE. 571
Saluts de la confrérie, en latin 33 1
Hymnes au S. Sacrement 33 I
Ta11U1m ergo o3 1
O salutaris hostia 332
Proses à la Sainte Fierge 332
FIos Carmeli , vilis florens 33a
Gaude , Virgo , mater Chnsti 335
Ave, Stella matulina • 336
Ave , Virgo gratiosa 337
Salve, Mater misericordiae 338
Maria , Mater gratise 33t)
Mater , -post filium 33g
antienne. Sub tuum praesidium 34o
Versets et oraisons 34<,
Deus , qui nobis sub sacramento 34 *
Deus , qui beatissimae 34*
Defende , quaesumus , Domine. ..... 341
Exaudi nos , Deus , salutaris noster .... 342
Adjuvet nos, quaesumus, Domine. , . . 342
Deus,, qui precibus et meritis 342
Plebs tibi , Domine 343
Omnipotens et clementissime Deus. . . . 343
Saluts de la confrérie, en français. . . . 3^4
Hymnes au S. Sacrement 344
Autre hymne 345
Prose pour la fête de N.-D. du Garmel. . . 345
— pour le second dimanche du mois. • 347
— pour les autres fêtes 348
Autre prose 349
Autre prose 3:,o
372 TABLE.
Prose pour la bonne mort 35 1
— pour la confrérie du Scapulaire. ... 35 1
Antienne pour se mettre sous la protection de
Marie 35a
Versets et oraisons 35z
Oraisons du S. Sacrement 35.1
DeN.-D.duCarmel 353
De la Sainte Vierge. ...".. 353
Pour la bonne mort 354
Pour la confrérie du Scapulaire. . . ' . . . 354
Pour la fête du B. Simon Stock 355
Autre oraison en l'honneur du même Saint. . 355
En l'honneur de tous les Saints de l'ordre. . . 356
Prières diverses 357
Amende honorable à N.-S. J.-C. , pour le 25e
jour du mois 35j
Acte de consécration à la Sainte Vierge. . . 36o
Prière à N.-D. de toute purete* 362
Prière à N.-D. de prompt secours 363
Errata 364
Table des matières du Manuel 365
FIN DE LA TABLE.
'\
4A..W"
î
ir:-..;
m
V "•
rsSk
<*"->*•'-'--".
*->-:-. ■'■■■■.. --■•.
S! "'-•'-
9"