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Manu Codjia (g), Jérôme Regard (cb), Philippe Garcia (dm) Il y a des moments où l’on tombe, comme ça sur des petits bijoux. De vraies madeleines que l’on déguste avec un irrépressible plaisir. L’album du guitariste Manu Codjia avec son exceptionnel trio composé de Jérôme Regard à la contrebasse et de Philippe Garcia à la batterie est assurément de cette trempe-là. D’abord parce que l’on entre dans cet album en terrain connu. L’univers nous est en effet familier. En s’attaquant à son propre « Pop-Real book », Manu Codjia nous livre sa passion pour ces chansons incrustées depuis des lustres dans notre propre patrimoine musical. Elles sont signées Michael Jackson (Beat it), Leonard Cohen (Halleluyah), Bob Marley (Redemption song, Natural Mystic), Tom Waits (Martha), Gainsbourg (Requiem pour un confusionné avec Je t’aime moi non plus), Bill Evans (sublime version de Children’ play song) ou encore A-ha ( Hunting high and low). On les connaît par cœur. Ou du moins le croyait t-on. Car il a ce chic, Manu Codjia de nous faire tout redécouvrir. Et, sous les doigts du guitariste, ils semblent appartenir à d’autres répertoires. Ils auraient pu avoir été dessinés par les évanescences de Metheny, venir du sud profond de Bill Frisell ou avoir été colorisés avec le bleuté de John Scofield. Tout l’art de Manu Codjia est là : parvenir à se les approprier totalement tout en gardant leur saveur mélodique. Les amener sur son propre terrain, les détourner sans jamais les dévoyer. Et Manu Codjia nous fait alors entendre autrement ces thèmes du reggae qu’il rend à une musicalité à laquelle ils accèdent trop peu souvent comme sur ces deux versions exceptionnelles de Redemption Song et de Natural Mystic. La trame mélodique toujours là mais elle s’ouvre sur des espaces d’improvisations remarquables. La guitare de Manu Codjia nous fait entendre mille sonorités et surtout un phrasé d’une incroyable richesse. Guitare moelleuse et tendre sur Rédemption Song, nerveuse sur Beat it, teintées de blues un peu sale sur Martha, mariée d’électronique sur cette magnifique intro sombre et ténébreuse sur Hunting high and Low ou encore ouverte aux harmonies subtiles sur ce sublime Children’s play song. Manu Codjia a l’agilité et la souplesse d’un chat. Sa guitare de velours chante dans le suave avec sensualité ou se teinte de mauvais airs comme ceux d’un Mike Stern par exemple. Sans jamais n’en faire trop, ses impros ne se perdent jamais dans des méandres infinis mais redéfinissent la musique avec un sens exceptionnel de la guitare. Derrière, cela tourne admirablement. Exact point de fusion des énergies. Sa rythmique lui va comme un gant. Indissociable. Jérôme Regard et Philippe Garcia accèdent à l’entente parfaite, faisant corps indissociable avec le guitariste. Regard apporte une profondeur de champ là où Philippe Garcia anime le propos à la fois coloriste et porteur de pulse. Ces trois-là ne donnent pas dans la facilité. Ils jouent de standards avec ce supplément d’âme qui nous fait accéder facilement à leur discours. On chante sur ce disque-là et l’on suit leur cheminement dans la musique avec une gourmandise pus que délicieuse. Jouissive ! Jean-Marc Gelin (les dernières nouvelles du jazz)

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Manu Codjia (g), Jérôme Regard (cb), Philippe Garcia (dm)

Il y a des moments où l’on tombe, comme ça sur des petits bijoux. De vraies madeleines que l’on déguste avec un irrépressible plaisir. L’album du guitariste Manu Codjia avec son exceptionnel trio composé de Jérôme Regard à la contrebasse et de Philippe Garcia à la batterie est assurément de cette trempe-là. D’abord parce que l’on entre dans cet album en terrain connu. L’univers nous est en effet familier. En s’attaquant à son propre « Pop-Real book », Manu Codjia nous livre sa passion pour ces chansons incrustées depuis des lustres dans notre propre patrimoine musical. Elles sont signées Michael Jackson (Beat it), Leonard Cohen (Halleluyah), Bob Marley (Redemption song, Natural Mystic), Tom Waits (Martha), Gainsbourg (Requiem pour un confusionné avec Je t’aime moi non plus), Bill Evans (sublime version de Children’ play song) ou encore A-ha ( Hunting high and low). On les connaît par cœur. Ou du moins le croyait t-on.

Car il a ce chic, Manu Codjia de nous faire tout redécouvrir. Et, sous les doigts du guitariste, ils semblent appartenir à d’autres répertoires. Ils auraient pu avoir été dessinés par les évanescences de Metheny, venir du sud profond de Bill Frisell ou avoir été colorisés avec le bleuté de John Scofield. Tout l’art de Manu Codjia est là : parvenir à se les approprier totalement tout en gardant leur saveur mélodique. Les amener sur son propre terrain, les détourner sans jamais les dévoyer. Et Manu Codjia nous fait alors entendre autrement ces thèmes du reggae qu’il rend à une musicalité à laquelle ils accèdent trop peu souvent comme sur ces deux versions exceptionnelles de Redemption Song et de Natural Mystic. La trame mélodique toujours là mais elle s’ouvre sur des espaces d’improvisations remarquables. La guitare de Manu Codjia nous fait entendre mille sonorités et surtout un phrasé d’une incroyable richesse. Guitare moelleuse et tendre sur Rédemption Song, nerveuse sur Beat it, teintées de blues un peu sale sur Martha, mariée d’électronique sur cette magnifique intro sombre et ténébreuse sur Hunting high and Low ou encore ouverte aux harmonies subtiles sur ce sublime Children’s play song. Manu Codjia a l’agilité et la souplesse d’un chat. Sa guitare de velours chante dans le suave avec sensualité ou se teinte de mauvais airs comme ceux d’un Mike Stern par exemple. Sans jamais n’en faire trop, ses impros ne se perdent jamais dans des méandres infinis mais redéfinissent la musique avec un sens exceptionnel de la guitare. Derrière, cela tourne admirablement. Exact point de fusion des énergies. Sa rythmique lui va comme un gant. Indissociable. Jérôme Regard et Philippe Garcia accèdent à l’entente parfaite, faisant corps indissociable avec le guitariste. Regard apporte une profondeur de champ là où Philippe Garcia anime le propos à la fois coloriste et porteur de pulse. Ces trois-là ne donnent pas dans la facilité. Ils jouent de standards avec ce supplément d’âme qui nous fait accéder facilement à leur discours. On chante sur ce disque-là et l’on suit leur cheminement dans la musique avec une gourmandise pus que délicieuse. Jouissive !

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WEB All About Jazz, Jeff Dayton-Johnson

Is Steamin' with the Miles Davis Quintet (Prestige, 1956) a "covers" album? Not a single Davis-penned original on the record. But, of course, performing other composers' material is the jazz musician's stock in trade. No, the notion of "covers" is more recent, and its use in jazz today evokes the ironic rock-weaned hipster, exemplified by The Bad Plus's borrowings from the songbooks of Black Sabbath or Nirvana.

Now, guitarist Manu Codjia enters the fray with his own covers album. At first blush, Codjia, whose style owes as much or more to rock guitarists Jimmy Page or Jimi Hendrix as it does to jazz players, might seem to fit the bill of the studied po-mo pop-savvy slacker. But that would be a misleading impression. This record has its lighthearted moments, but it's not arch or ironic.

Indeed, though his solos frequently wail in rock-derived electric glory, Codjia's career is that of a resolute jazz man, with a decidedly old-school attention to craft. He has taken nearly five years to record his three albums as leader, each meticulously arranged and performed. Like the earlier records—Songlines (Bee Jazz, 2006); Manu Codjia (Bee Jazz, 2009)—Covers is built around the appealing format of an acoustic jazz trio with an electric lead instrument. The bass and drums are sensitively recorded, while the full sonic splendor of Codjia's electric guitar is evenly presented in the mix. He is, as ever, an imaginative soloist as concerned with the shape and texture of sounds as with the melodic lines. The novelty in his playing on this disc is a slightly grittier, John Scofield-like approach.

Some songs are pleasingly pretty, like Tom Waits' "Martha" or Leonard Cohen's "Halleluyah." Bob Marley's "Redemption Song" is true to the original's folksy character, only to explode in a swirling psychedelic interlude (a second Marley cover here, "Natural Mystic," reveals a bass line that owes its lineage to the portentous bass motif from the "Acknowledgement" section of John Coltrane's A Love Supreme (Impulse!, 1964)). The only unambiguously "jazz" number is "Children's Play Song," a lesser-known Bill Evans tune from his Verve years that's among this album's subtler pleasures.

Drummer Philippe Garcia—formidably creative on the earlier Manu Codjia—often sounds uninspired by the simpler rhythmic material he has to work with here. Michael Jackson's "Beat It" is given a wittily forward beat, de-emphasizing the number's R&B elements, and on the Evans track his delicate jazz chops are evident, but elsewhere Garcia sticks to somewhat bland rock patterns.

Most compositions on previous Codjia albums were originals—elliptical, open-ended numbers like some high-modal mid-sixties Miles Davis tunes. The intrinsic approachability of the "covers" conceit might attract some first-timers to the work of this guitarist; they will not be disappointed by what they find in his larger catalog.

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