maladies cryptogamiques du bois de la vigne

Maladies cryptogamiques du

bois de la vigne :

symptomatologie et agents

pathognes

Larignon P. 2016. Maladies cryptogamiques du bois de la vigne : symptomatologie et agents

pathognes. http://www.vignevin.com, 2me dition, janvier 2016.

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http://www.vignevin.com/



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3

1 Lanthracnose ponctue ou grandine

(Fabre et Dunal, 1853)

2 Esca (dessin de H. Boisgontier) (Viala

1926)

3 Esca (dessin de H. Boisgontier) (Viala 1926)

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4 Esca (dessin dA. Millot) (Viala 1926)

5 Esca (dessin de H. Boisgontier) (Viala 1926)

Maladies cryptogamiques du

bois de la vigne : symptomatologie

et agents pathognes




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Maladies cryptogamiques du bois de la vigne :

symptomatologie et agents pathognes

Dr Philippe Larignon

Institut Franais de la Vigne et du Vin

Les maladies du bois sont considres comme trs dommageables pour la prennit du

patrimoine viticole car les champignons responsables de ces maladies attaquent les organes

prennes de la vigne, provoquant plus ou moins long terme la mort du cep. Dans le

vignoble, elles se manifestent par diffrentes symptomatologies au niveau de la partie

herbace. Elles peuvent se caractriser par des formes plus ou moins svres allant jusqu

lapoplexie ou par des formes lentes conduisant laffaiblissement progressif de la plante

(perte de vigueur), pour aboutir la mort dune de ses parties (coursons, bras), puis sa

totalit. Ces dernires sexpriment soit par des zones ncrotiques sur les feuilles se traduisant

par quelques taches ou par des zones beaucoup plus importantes donnant un aspect de tigrure

la feuille, soit par des rabougrissements de la vgtation. Selon leur gravit ou la priode

pendant laquelle elles se manifestent, elles peuvent toucher les inflorescences ou les fruits.

Ces derniers peuvent ne pas atteindre leur maturation, se desscher ou encore prendre un

aspect millerand. Les fruits peuvent aussi se tacheter rendant ainsi non commercialisable les

raisins de table. Il est galement possible dobserver la mort de la plante sans quil y ait

expression de symptmes visibles. Dans le bois, ces affections se traduisent par diffrentes

ncroses qui sont plus ou moins dveloppes allant de quelques vaisseaux obstrus jusqu la

formation de chancres. Le bois peut prsenter diffrents aspects de dgradation. Ces maladies

peuvent toucher les jeunes plantations et les vignes plus ges.

Cet article est consacr ltude des maladies du bois sur la priode allant de

lAntiquit au Sicle des Lumires et fait le point sur leur symptomatologie et les agents qui y

sont associs, ou qui en sont responsables. Les maladies (Pourridis) se caractrisant par

une attaque du collet ou des racines pouvant se traduire par des symptmes similaires ne

seront pas abordes dans cet article.




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1 - Historique des maladies du bois :

De lAntiquit au sicle des Lumires

A travers les anciens crits grecs, latins, arabes et ceux du Moyen-Age et de lEpoque

moderne traitant de la viticulture, il est difficile de savoir avec certitude si les maladies du

bois existaient ces poques suite aux descriptions trop sommaires que les agronomes en

donnaient. Nanmoins, des indices rapports dans ce chapitre permettent de penser leur

prsence ces priodes.

Le premier tmoignage de lexistence de dprissements chez la vigne est rapport par

Theophraste (371 av. J.C. 287 av. J.C.). A travers son ouvrage

(Recherches sur les plantes 1), il dcrit le dclin de ceps et rapporte les pratiques utilises

cette poque pour y faire face (dchaussage dun ct du cep, lagage des racines) 2. Ralise

peu prs tous les dix ans lorsque la vigne priclite, cette pratique permettait de maintenir la

plante pendant de nombreuses gnrations sans jamais couper les ceps. Les agronomes dhier

ou daujourdhui nen font aucune allusion dans leurs ouvrages, et consquemment, il en est

difficile didentifier leur origine.

Outre ces vignes en voie de dclin, il cite comme maladies de dprissement les

coups de soleil, le pourridi 3 . Les coups de soleil affectent surtout les jeunes vignes 4 et se

manifestent au moment de lt comme il le dfinit dans son ouvrage (Les

Causes des phnomnes vgtaux 5) : sont frapps de sidration 6 surtout les plants et les

jeunes pousses cause de leur faiblesse. Cette maladie se produit quand ils ne peuvent puiser

de lhumidit dans le sol dessch ; aussi se manifeste-t-elle surtout la Canicule 7 .

Theophraste dfinit trois causes pour expliquer ces coups de soleil, ct dune autre

affection appele la strilit des boucs 8 : soit que ses bourgeons aient t casss par le

vent, soit quelle ptisse de la manire dont elle est cultive ou, en troisime lieu, quelle ait

t taille la section vers le haut 9 . Theophraste prcise galement in , que

De lavis de certains, la plupart des affections, peu de chose prs, proviennent dun coup :

les sujets quon dit frapps dinsolation et ceux qui sont atteints du pourridi ne le sont-ils pas

parce que leurs racines souffrent de ce coup ? Or, leur avis, ce sont prcisment les deux

seules maladies ; sur ce point toutefois on ne saccorde gure 10 . Lhllniste Amigues

1 Les deux ouvrages Recherches sur les plantes et Les causes des phnomnes vgtaux sont tirs du Vaticanus

Urbinas Graecus 61. Il sagit dun manuscrit sur parchemin copi Constantinople aux IXe - Xe sicle. 2 Theophraste. In , Livre IV Les vgtaux et leur environnement, paragraphes 13.5 et 13.6. (Traduction Suzanne Amigues 2012). 3 Ibidem, paragraphe 14.2. : . 4 Ibidem 5 Cf. note 1 6 Action funeste des astres sur les plantes. Ici, il sagit du coup de soleil. 7 Theophraste. In . Livre V, paragraphe 9.1. 8 Theophraste. In , Livre II, paragraphe 7.6. Selon Amigues, Aristote (HA 546 a 1-3) donne de cette expression image lexplication suivante : Les boucs, sils sont gras, sont moins bons reproducteurs :

do lexpression faire le bouc applique aux vignes qui ne produisent pas . 9 Ibidem, Livre IV, paragraphe 14.6. :

, . 10 Ibidem, paragraphe 14.7. : , ,

.

.

http://www.vignevin.com/https://fr.wikipedia.org/wiki/Causes_des_plantes



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(2012) pense que linsolation conscutive une lsion des racines est en fait une maladie

cryptogamique telle que lesca, et non plus la dshydratation due aux coups de soleil .

Cependant, cette maladie naffecte pas le systme racinaire et par consquent il est peu

vraisemblable quil sagisse delle (cf & 3.1.1). Il est plus probable que ces deux maladies

ne soient que deux formes dexpression dune mme affection, comme le Pourridi 11. Le

desschement peut aussi provenir de la partie arienne comme lvoque Theophraste : De

mme que si leurs racines sont blesses au cours du piochage, sabtardissent et

vont souvent jusqu tre malades et se desscher, de la mme manire force est de penser

aussi des parties ariennes chez ceux qui ne peuvent pas les

supporter 12 .

Il est difficile aujourdhui daffirmer la prsence des maladies du bois cette poque

du fait des descriptions trop succinctes. La sentence quelle ait t taille la section vers le

haut comme tant une cause daffection suggrerait nanmoins cette existence. Les

techniques mises en uvre aujourdhui pour les viter comme la protection des plaies de taille

indiqueraient cette possibilit.

Les maladies que cite Theophraste chez la vigne sont reprises par Pline lAncien dans

son ouvrage Naturalis Historia (Histoire Naturelle), crit au 1er sicle aprs J.C. Il les

applique galement lensemble des arbres : la sidration et les douleurs des membres, qui

produisent la dbilit des parties 13 . Selon le latiniste Andr 14 (2003), le terme dolor

membrorum utilis par Pline lAncien ne rend pas bien compte de la signification exacte du

terme signifiant gangrne . Ce dernier est aussi utilis pour dsigner la

sidration, Theophraste 15 accorde quil sagit peut-tre du mme phnomne sous deux noms

diffrents. Billiard 16 (1913) songe au Court-Nou. Levadoux 17 pense au contraire qu il

sagit ici dune mort brusque de la souche, occasionne par le dveloppement de champignons

du bois, maladie dnomme apoplexie ou esca. Il arrive que cette brusque dessiccation soit

prcde de rabougrissements souvent confondus avec le Court-Nou . Enfin, Amigues

(2012) traduit par le Pourridi 18. Pline lAncien reprend les trois mmes causes

dcrites par Theophraste pour expliquer la maladie qui frappe les articulations, et non plus les

affections correspondant au coup de soleil et la strilit des boucs : La premire est

la destruction des bourgeons par la violence des temptes, la seconde, comme la not

Thophraste, une section de taille tourne vers le haut, la troisime, les dommages causs par

une culture malhabile. Tous leurs dgts se font sentir dans les articulations 19 .

11 Le Pourridi est une maladie cryptogamique qui sexprime sous deux formes dans le vignoble. La premire se

caractrise par un rabougrissement des rameaux (entre-nuds courts, feuilles plus petites mais dapparence

normale) et parfois au milieu de lt un rougissement des feuilles (cpage noir) ou un jaunissement (cpage

blanc) avant une dfoliation prmature. La deuxime forme se traduit par une forme apoplectique

(desschement brutal de ceps en pleine vgtation). 12 Theophraste. In , Livre III, paragraphe 7.12. : , ,

u . (Traduction Suzanne Amigues 2012). 13 Pline lAncien. In Naturalis Historia, Livre XVII, & 218 : Communis vermiculatio et, sideratio, ac dolor

membrorum, unde partium debilitas . (Traduction de Jacques Andr 2003). 14 Ibidem, commentaire paragraphe 218. 15 Theophraste. In , Livre V, paragraphe 9.7. 16 Billiard R. (1913). In La Vigne dans lAntiquit. Page 381.

17 Prcisions apportes par Levadoux dans les commentaires de Jacques Andr portant sur la traduction du livre

XVII de Naturalis Historia de Pline lAncien. Page 177. 18 Cf. note 11.

19 Pline Ancien. In Naturalis Historia, Livre XVII, & 226 : una ui tempestatius germinibus ablatis, altera, ut

notauit Theophrastus, in supinum excisis, tertia culturae imperitia laesis . (Traduction de Jacques Andr 2003).




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Plusieurs textes font tat dun desschement de la vigne. Il est voqu avant le dbut

de lre chrtienne dans le Xme Eglogue de Virgile. La vigne dessche y languit entre les

bras de lormeau 20 : telle est limage que prsente ce vers : cm moriens alt liber aret in

ulmo 21 . Au 1er sicle aprs J.C., Pline lAncien distingue deux types de maladies qui

affectent les arbres qui conduisent au desschement. Il considre que l'arbre 22 est comme

l'homme, sujet des maladies des nerfs, et de deux sortes galement : la violence de la

maladie attaque ou les pieds, cest--dire les racines, ou les jointures, cest--dire les doigts,

la cime, qui poussent lextrmit de lensemble du corps. Ces parties se desschent donc, et

les Grecs ont un nom particulier pour lune et lautre maladie ( et ). Cest dabord une douleur diffuse, puis un amaigrissement des parties atteintes rendues cassantes,

enfin la pourriture et la mort, le suc narrivant pas ou ne circulant pas 23 . Il signale ce

desschement sur des vignes caries dans cette phrase : on se borne couper les parties de

la vigne gtes et commenant se desscher 24 . Il voque galement limportance des

constellations sur le devenir de la vigne. Il dcrit sa mort au moment des chaleurs de lt :

Toutefois, cest la sidration quappartient en propre, au lever de la Canicule 25, le coup de

chaleur de la scheresse, qui tue les greffes et les jeunes arbres, surtout le figuier et la vigne 26 . A cette mme poque, Columelle mentionne aussi son desschement dans son ouvrage

De Re Rustica (De lAgriculture). Il crit : Suce d'un seul ct, toute la sve s'y porte, y est

puise, et la plante se dessche comme si elle avait t frappe de la foudre 27 . Au Ve

sicle, Palladius le spcifie galement dans son ouvrage De Re Rustica : Mais il faut veiller

ce que les sarments que lon conserve ne soient pas tous du mme ct, car alors la vigne se

dessche comme si elle tait frappe de la foudre 28 . Il indique galement le desschement

de vignes qui pleurent en abondance : Quand les vignes se desschent 29 par la trop grande

abondance de la sve qui monte, et qu force de pleurer elles privent le fruit de la vertu que

20 Arbre utilis pour supporter la vigne (Columelle in De Re Rustica, Livre V, VI ; Pline lAncien in Naturalis

Historia, Livre XVII, XXXV, 37 ; Ovide in les Mtamorphoses, Livre XIV) 21 Gnisset F.J. (1804). In Examen oratoire des Eglogues de Virgile. Page 286.

22 La vigne a t considre comme un arbre durant lAntiquit : Theophraste in (Recherches sur les Plantes), Xnophon in (De lEconomie), chapitre XIX ; Pline lAncien in De Re Rustica et Justinien in Digeste, Livre XLVII, Titre VII, 3. 23 Pline lAncien. In Naturalis Historia, Livre XVII, & 224 et 225 : Verum ut homini nervorum cruciatus, sic et arbori, ac duobus aeque modis. Aut enim in pedes, hoc est, radices, irrumpit vis morbi : aut in articulo, hoc

est, cacuminum digitos, qui longissime a toto corpore exeunt. Inarescunt ergo : et sunt apud Grecos sua nomina

utrique vitio. Undique prime dolor, mox et macies earum partium fragilis, postremo tabes, morsque, non intrante

succo, aut non perveniente : maximeque id fici sentiut . (Traduction de J. Andr 2003). 24 Ibidem. Livre XVII, & 213 : cariosasque tantum uitis partes, incipientesque inarescere deputando .

(Traduction de J. Andr 2003). 25 Le mot "canicule" vient du latin canicula, signifiant "petite chienne", appliqu ltoile Sirius le chien

dOrion , de canis chien (Dictionnaire Le Grand Robert). A lpoque Romaine, Sirius se levait en mme

temps que le soleil vers le 20 juillet, priode correspondant gnralement au dbut des plus fortes chaleurs. 26 Ibidem. Livre XVII, & 222 : Proprium tamen siderationis est sub ortu Canis siccitatum uapor, cum insita ac

nouellae arbores moriuntur, praecipue ficus, et uitis . (Traduction de J. Andr 2003). 27 Columelle. In De Re Rustica, Livre IV, XXIV : Quo fit ut ea vena, cujus omnis humor absumilur, velut icta

fulgure arescat . (Traduction de Louis Du Bois 1844).

28 Palladius. In De Re Rustica, Livre III, paragraphe XII-6 : Sed prouidendum, ne in una parte sint sarmenta,

quae seruas ; quod cum fit, uitis, tamquam si fulgure tangatur, arescit . (Traduction de C. Guiraud et R. Martin

2010). 29 Ce terme a t traduit par Guiraud et Martin (2010) par pourrissent .




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renferme leur bois 30 . Au Moyen-Age, Ibn al-Awam 31 ( ) lvoque galement

lorsquil donne une solution pour rgnrer les vignes qui en sont atteintes : Quand on

ajoute la prparation de lhuile dolive et de leau, et quon les mle intimement ensemble,

elle contient un principe de vitalit (de regnration) pour la vigne dessche, prive de sve

qui semble morte, au point quon la considre seulement comme du bois brler 32 . Plus

tardivement, Pierre de Crescens dans le Ruralium commodorum opus 33 fait allusion de

sarments qui schent comme ils taient brls par la foudre et le tonnerre lorsquil dcrit la

manire de tailler et de nettoyer les vignes : Et doit len garder que en nulle partie il n y ait

serms secs et ares car se ilz y estoyent tout ardroit et secheroit cme se tout estoit feru de

fouldre ou de tnoirre. Tout de qui nait en la groe cuie de la Vigne doit etre trche 34

(Traducteur inconnu 1486). Il est aussi voqu par Olivier de Serres dans le Thtre dagriculture

et mesnage des champs 35 : De mesme est-il des ardantes chaleurs, ous lequelles, ny le bois de

la Vigne ne peut etre de longue duree, par telle intemperie, trop e deechant au danger de a

vie ; ny les raiins y fructifier, aini quil appartient, par sy bruiler durant les iours

Caniculaires 36 . Il est aussi dsign dans le Trait sur la nature et sur la culture de la vigne (1759)

au XVIIIe sicle sous le nom de phtifie 37, qui comme le dcrivent Bidet et Du Hamel du

Monceau est pour les Plantes, une maladie qui les deche & les conume, & en particulier

pour la Vigne, dont, par faute dune uiante nourriture convenable a nature ; les feuilles,

de mme que le bois e dechent & e rtrcient 38 . Ces symptmes semblent tre en

relation avec des altrations dans le bois, les auteurs crivent : pour gurir la Vigne de cette

dangereue maladie, on doit commencer par racler la partie deche du ep, & la parer de

celle qui e porte le mieux . Ils voquent limportance du vent du Sud travers cette phrase

qui puie les forces de toute la nature, qui nerve la vigueur des Plantes, fait ceer la ve,

echer le bois, faner & mourir les feuilles 39 et aussi celui de lardeur du soleil sur le

desschement de la vigne. Ils crivent : dans lexpoition au Levant, lorque la nuit a t

frache & froide, les rayons du soleil, qui on lever on vifs & ardens, tombent ur les

feuilles, dilatent, divient les fibres des feuilles que le froid avoit reerres ; interceptent le

cours des ucs nourriciers ; de orte que ces feuilles, faute de vie, echent & brlent, & del

30 Palladius. In De Re Rustica, Livre III, XXX : Vites quae lacrimarum nimietate tabescunt, et deplorando uim

roboris sui auertunt a fructu . (Traduction de D. Nisard 1864). 31 Son nom complet est Abou Zakaria Yahia Ibn Mohammed Abou Ahmed Ibn al-Awam al-Ichbili al-Andaloussi. Agronome andalou qui a vcu au XIIe sicle, il est lauteur du trait Le livre de lagriculture ( Kitab-al-

Felhah ), qui runit toutes les connaissances agronomiques de lpoque allant des auteurs de lAntiquit aux

agronomes andalous et apporte une contribution personnelle. Cet ouvrage a t traduit de larabe par J.J.

Clment-Mullet (1864).

32 Ibn al-Awam. In Le Livre de lagriculture. Tome premier. Chapitre XIV. Page 554. (Traduction J.J. Clment-

Mullet 1864). 33 Le Ruralium commodorum opus rdig partir de 1304 par Pierre de Crescens, agronome italien, a t traduit

sous lordre de Charles V en franais en 1373 et appel sous le nom de Livre des prouffitz champestres et

ruraulx ou Rustican. Il a t imprim en 1486 sparment par Antoine Vrard et Jean Bonhomme. Cette uvre

rassemble toutes les connaissances agronomiques mdivales. 34 Pierre de Crescens. In Livre des prouffitz champestres et ruraulx. Le Quart Livre. Page 117. 35 Cette oeuvre est considre comme un tmoignage sur la faon dont on concevait lconomie rurale et sur

ltat de celle-ci dans le France mditerranenne et les rgions voisines la fin du seizime sicle. Vingt-cinq

ditions sont connues dont la premire date de 1600. 36 Olivier de Serres (1605). In Le Thtre dagriculture et mesnage des champs. Livre troisime, chapitre II. Page

147. 37 Terme de mdecine signifiant consomption lente (Littr). Ce terme a t donn en considration du dclin de

consomption qui lui donne quelque analogie avec la maladie humaine du mme nom. 38 Bidet N. & du Hamel du Monceau H.L. (1759). In Trait sur la nature et sur la culture de la vigne, sur le vin,

la faon de le faire et la manire de le bien gouverner. Pages 494-495. 39 Ibidem. Page 154.




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provient la chte ou le dfaut de maturit des raiins 40 . Le terme de phtisie est utilis de

nouveau pour dsigner cette maladie par Alletz 41 (1760) et Maupin et Buchoz 42 (1799).

Alletz, Maupin et Buchoz, Bidet et du Hamel de Monceau 43 dcrivent aussi un autre accident

conduisant la fanaison des feuilles qui semble correspondre ce que dcrit Palladius 44 in De

Re Rustica : La trop abondante euion de ve hors du bois, vers le Printems. On peut

saurer de cette perte de ve, quand on voit la Vigne languiante & que es feuilles e

fanent. Cette perte net occaionne que par une trop grande abondance dhumeur ; qui prend

on cours uniquement par louverture de la taille, & ne e rpand en aucune faon, du moins

bien peu, dans le armens . Estienne et Liebault (1572) mentionnent dans les diffrentes

ditions de lAgriculture et la Maison Rustique 45 aussi ces vignes qui rendent quelquesfois grande

quantit de larmes, dou advient quelle perd a force totalement 46 , maladie quil appelle la

larme de la vigne, et quon retrouve ensuite dans les ouvrages de Chomel 47 , Liger et Besnier 48 ou de De Saussure 49 (1778) : Il e fait quelquefois une trop grande eusion de feve hors

du bois au printems ; ce quon reconnot aiment, parce que les feuilles e anent . Estienne

et Liebault en donnent aussi les remdes 50 qui taient auparavant dcrits par Palladius 51 .

Ltat de langueur de la vigne est rapport par labb Rozier dans le cours complet

dagriculture thorique, conomique, et de mdecine rurale et vtrinaire 52 (1796). Sans avoir donn de

nom cet accident, il le dfinit comme suit : Une vigne na pas t frappe par une gele

rcente ; son fruit na pas coul et cependant elle prsente un aspect affligeant ; quoique

jeune , elle a lair de languir ; les ptioles sont mous ; les feuilles sont penches ; quelques-

unes mme palissent ; son fruit est fan , quand il devroit tre lisse et rebondi ; quelquefois la

plus grande partie des ceps annonce une vgtation saine et vigoureuse ; mais il en est un

certain nombre qui annonce de la souffrance ; ainsi le mal peut tre gnral ou ntre que

partiel .

40 Bidet N. & du Hamel du Monceau H.L. (1759). In Trait sur la nature et sur la culture de la vigne, sur le vin,

la faon de le faire et la manire de le bien gouverner. Pages 139-140. 41 Alletz A.P. (1760). In Lagronome. Dictionnaire portatif du cultivateur. Page 624.

42 Maupin et P.J. Buchoz (1799). In Mthode de Maupin, sur la manire de cultiver la vigne, et lart de faire du

vin. Page 158. 43 Cf note 39 (page 624), note 40 (pages 157-158), note 37 (page 492). 44 Cf. note 30. 45 LAgriculture et maison rustique est la traduction franaise du Praedium rusticum de Charles Estienne

publie en 1554. Louvrage a t publi aprs sa mort par son gendre, Liebault qui la complt (Renouard

1843). Cette uvre a t ensuite remplace par la Nouvelle maison rustique de Liger (1658 1717) imprime en

13 ditions au cours du XVIIIe sicle (jusquen 1804). 46 Estienne C. & Liebault J. (1572). In Agriculture et la Maison Rustique Livre V, chapitre 50. Page 208. 47 Chomel N. (1761). In Dictionnaire oeconomique, contenant divers moyens daugmenter son bien et de

conserver sa sant. Page 350. 48 Liger L & Besnier H. (1777). In La Nouvelle Maison Rustique ou Economie gnrale de tous les biens de

campagne ; la manire de les entretenir et de les multiplier. Livre VI, Chapitre II. Page 357.

49 De Saussure N. (1778). In Articles, Vignes, Vins, Raisins, Vendanges et Vins de toutes les qualits du monde.

Page 28.

50 Estienne C. & Liebault J. (1572). In Agriculture et la Maison Rustique. Livre V, chapitre 50, Page 208 : Le

remde et de faire au tronc vn ulcere, & oindre la playe avec huile cuite iuques la moiti, ou bi avec lie

dhuile, n alee, puis larrouer avec du plus fort vinaigre quil era poible de trouver .

51 Palladius. In De Re Rustica, Livre III, paragraphe XXX : Trunco earum lacerato Graeci sinum fieri iubent ;

si hoc minus proderit, radicum robur pingue rescindi, ut adferat medicinam uulnus inpressum . Il faut selon les

Grecs, lacrer leur tronc pour y faire une poche ; si cela reste inoprant, ils recommandent douvrir le bois des

pais des racines pour que la blessure ainsi inflige remdie au mal. (Traduction de C. Guiraud et R. Martin

2010). 52 Appel aussi Dictionnaire Universel dAgriculture, rdig par lAbb Franois Rozier. Tome dixime. Page

257.




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Ces diffrents extraits des crits latins, arabes, mdivaux ou de lpoque moderne 53

tmoignent de lexistence de lapoplexie 54 . Lapparition brusque de ce desschement,

symbolis par les termes fulgure , foudre et tonnerre, lpoque de leur manifestation, au

moment de lt, traduite par les termes Canicule ou ardeurs du soleil, sont deux

caractristiques de cette affection. Cependant, ses causes sont multiples et par consquent, il

est difficile den connatre rellement son origine. Toutefois, quelques indices laissent penser

que les desschements, du moins certains, seraient lis aux maladies du bois, Pline lAncien 55

et Bidet et Du Hamel de Monceau 56 signalent la relation entre les symptmes sur la partie

herbace avec les zones de bois caries ou dessches, et proposent un procd permettant

dassainir les ceps malades, connu aujourdhui sous le nom de curetage. Cette mthode

utilise par les vignerons de Smyrne pour lutter contre une des maladies du bois, liska, est

rapporte au dbut du XXe sicle par Pavlou (cf & 3.1.1., encadr 7) dans une lettre publie

par Ravaz (1906) dans le Progrs Agricole et Viticole 57.

Une autre expression des maladies du bois sur la partie herbace est un moindre

dveloppement de la plante (vgtation rabougrie). Un tel tat est dcrit par Pline lAncien :

Si une vigne maigre na pas de sarments convenables 58 , par Columelle : Mais pour une

vigne de mauvaise varit et improductive, dont les parties suprieures sont grles et

malingres 59 ou par Palladius 60 : si en grossissant elle a dj affaibli lun ou lautre de ces

bras, cest lui quil faut couper, pour quelle pousse sa place . Au Moyen-Age, Pierre de

Crescens voque des vignes i feble et i chetive de oi quelle fait chetifz raceaulx et chetif

fruit 61 et Olivier de Serres (1605) lpoque moderne des ceps de mauvaie nature ou de

peu de rapport quils font 62 . Au XVIIIe sicle, le terme chenevotter est utilis pour dsigner

des vignes qui ne se dveloppaient pas trop : Les vignes nont fait que chenevotter cette

anne cest--dire nont pas pouss comme il faut, nont donn du bois que comme des

chenevottes, marque daltration au-dedans du ep (Liger) 63 . Ces crits tmoignent de

rabougrissements de la vgtation. Leurs causes sont multiples et par consquent il est

difficile den identifier leur origine. Ils semblent toutefois tre en relation avec des altrations

du bois comme le mentionne Liger.

Bien quil soit difficile didentifier avec certitude lorigine de ces rabougrissements et

de ces desschements, qui touchent soudainement la plante ou lune de ses parties, dautres

observations apportes par ces agronomes semblent conforter lexistence des maladies du bois

ces poques. La pourriture du bois, une de leurs caractristiques (cf paragraphe 3.3.1.), et les

53 Priode de lHistoire de France commenant la Renaissance et se terminant la Rvolution franaise (1789).

54 Terme introduit par Mars en 1865 dans le Livre de la Ferme et aujourdhui usit. 55 Cf note 24. 56 Cf note 37. 57 Ravaz L. (1906). In Progrs Agricole et Viticole. Sur le folletage ou apoplexie de la vigne. Pages 690-692. 58 Pline lAncien. In Naturalis Historia, Livre XVII, & 193 : Si macra uitis idoneos palmites non habeat .

(Traduction de J. Andr 2003). 59 Columelle. In De Arboribus, VI, 5 : At quae mali generis et infructuosa uinea est summasque partes

eiuncidas et exesas habet . (Traduction de Goujard 2002). 60 Palladius. In De Re Rustica, Livre III, paragraphe XII, 2 : Qui si pinguedine sua brachium quodcumque

proximum debilitarit, illo deciso ipse succedat . (Traduction de C. Guiraud et R. Martin 2010). 61 Pierre de Crescens. In Livre des prouffitz champestres et ruraulx. Le quart livre. (Traducteur inconnu 1486). 62 Olivier de Serres (1605). In Le Thtre dagriculture et mesnage des champs. Livre troisime, Chapitre V.

Page 193. 63 In Dictionnaire de Trvoux. Ouvrage historique synthtisant les dictionnaires franais du XVIIe sicle rdig

sous la direction des Jsuites entre 1704 et 1771.

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pratiques utilises comme le curetage, le recpage, la protection des plaies, le greffage,

lentreplantation et le marcottage sont autant dindices montrant leur existence, ces mthodes

sont les mmes aujourdhui pour faire face ces maladies.

La pourriture du bois est souvent traduite dans les crits des agronomes latins sous les

noms de caries (caries), de bois pourri (putresco). Pline lAncien utilise plusieurs reprises le

terme caries. Il la considre comme un vice qui provient de la nature du sol : Reportons-

nous la carie du bois, et nous trouverons que ces vices si dtests sont ceux d'un terrain

aride, crevass, raboteux, blanchtre, vermoulu et semblable la pierre ponce 64 et propose

pour soigner la vigne malade, couper les parties de la vigne gtes 65 . Cette pourriture

est aussi dcrite par Columelle : Car une large plaie, si elle na au-dessus delle une portion

de bois bien portante avec laquelle elle puisse prendre de la consistance, est brle par

lardeur du soleil, et bientt les roses et les pluies y dterminent la pourriture 66 . Palladius 67 parle de tronc creux suite laction du soleil, de la pluie et des animaux nuisibles ou de

plaies qui pourrissent 68. Cela est aussi voqu au Moyen-Age par Pierre de Crescens lorsquil

dcrit la manire de tailler et de nettoyer les vignes : se le tronc est cave du soleil de pluies

ou de bestes on doit oster tout 69 . A un niveau moins important de dgradation que la

pourriture, le bois peut prsenter aussi des sections noires au niveau du sarment comme le

mentionne Pline lAncien lorsquil traite de la taille : quand la section est noire, on juge que

la vigne est gte et quil faut la tailler jusqu ce quon arrive la partie saine, puisque ce qui

est mauvais ne peut donner un bois utile 70 . La prsence de bois pourri, issu de diverses

blessures, est une constante proccupation de ces agronomes qui donnent des conseils pour

lviter. Theophraste souligne que les plaies orientes vers le ciel sont nfastes car elles sont

une des causes des maladies observes chez la vigne 71. Pline lAncien reprend cet tat de

fait 72. Il spcifie que la plaie de la taille devra toujours tre oblique, pour que la pluie

scoule facilement, et tourne vers la terre ; on fera une cicatrice aussi lgre que possible

avec le tranchant bien affil de la serpe et on polira la plaie 73 . Columelle donne aussi des

conseils sur lorientation des plaies et les formes leur donner que ce soit des plaies venant de

la taille du courson ou celles formes sur le tronc. Dabord, la plaie ne doit pas tre

horizontale et regarder le ciel, mais oblique et dirige vers la terre : par cette prcaution, elle

se garantit elle-mme des frimas et de lardeur du soleil 74 . Et celles quelle reoit sur son

64 Pline lAncien. In Naturalis Historia, Livre XVII, III, & 34 : Redigamus ad ligni cariem, et inveniemus illa, quae, in tantum abominatur, vitia, aridae, fistulosae, scabrae, canescentis, exesae, et pumicosae . (Traduction de J. Andr 2003). 65 Ibidem. Livre XVII, XXXV, & 213 : cariosasque tantum uitis partes . (Traduction de J. Andr 2003). 66 Columelle. In De Re Rustica, Livre IV, XXII : siquidem vastior plaga, nisi habeat superpositam valentem

materiam, qua possit inolescere, solis halitu torretur mox deinde roribus putrescit et imbribus . (Traduction de

Louis Du Bois 1844). 67 Palladius. In De Re Rustica, Livre III, XII, 4 : Quod si truncus uitis sole aut pluuiis aut noxiis animalibus est

cauatus . (Traduction de C. Guiraud et R. Martin 2010). 68 Ibidem. Livre IV, VII, 3 : Num plerumque uastior plaga sole putrescit et roribus . (Traduction de C.

Guiraud et R. Martin 2010). 69 Pierre de Crescens. In Livre des prouffitz champestres et ruraulx. Le quart livre. (Traducteur inconnu 1486). 70 Pline lAncien. In Naturalis Historia, Livre XVII, paragraphe 193 : Nigram exesam existimant et, donec ad

sincera ueniatur, recidendam, quoniam e uitioso materia utilis non exeat . (Traduction de J. Andr 2003). 71 Cf note 9. 72 Cf note 19. 73 Pline lAncien. In Naturalis Historia, Livre XVII, XXXV, & 192 : plagam omnem obliquam fieri, ut facile decidant imbres, et ad terram uerti quam leuissima cicatrice acie falcis exacuta plagaque conleuata .

(Traduction de J. Andr 2003). 74 Columelle. In De Re Rustica, Livre IV, XXIV : Primum, ne resupina coelum, sed prona potius plaga terram

spectet : sic enim et gelicidiis ipsa se tegit, et ab sole obumbratur . (Traduction de Louis Du Bois 1844).




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tronc doivent tre rendues obliques et rondes : elles se gurissent ainsi plus promptement et,

jusqu ce que la plaie soit cicatrise, leau sen coule avec plus de facilit ; tandis que

lorsquelles sont horizontales elles reoivent et retiennent plus deau. Le vigneron vitera

donc cette faute avec soin 75 . Palladius en fait allusion aussi dans son ouvrage : les plaies

que lon fera la vigne dans son bois dur devront tre obliques et rondes 76 . Pierre de

Crescens 77 le mentionne galement dans Ruralium commodorum opus : q len y doie faire playe

elle doit eftre oblique et ronde , ainsi quOlivier de Serres dans son trait : On la fera en

biais & pendante derriere lil, pour de ce cot l faire vuider les eaux de la pluie, & celle

que la Vigne iette delle-meme en pleurant, ans incommoder le bourgeon 78 . Bidet et du

Hamel de Monceau le spcifient aussi dans leur ouvrage : Quil faut faire la taille en biais

ou talus, & pendante au derriere & ct oppo lil , pour faire couler par ce ct leau de

la pluie 79 .

Columelle avertit aussi les vignerons bien aiguiser les outils de taille car sils sont

mousss, ils dchirent la vigne : do il arrive souvent quon est oblig de rompre ce quon

aurait d couper, et que lhumidit pourrit la vigne qui est ainsi dchire et raboteuse, sans

que les plaies qui ont t faites puissent se gurir 80 . Cette recommandation est reprise par

Olivier de Serres : La taille e fera avec des erpes bien tranchtes, legeres & ubtiles, pour

neclater le bois 81 ou encore par Bidet et du Hamel de Monceau : que celui qui taille la

Vigne doit e ervir dune erpette bien tranchante afin de ne pas faire clater le bois 82 .

Un autre conseil donn par Palladius 83 est dviter de blesser la vigne lors du binage.

Dans les Goponiques 84, selon Anatolius 85 : il faut prendre garde en binant | ne pas

endommager le cep en le blessant ou en le heurtant avec le hoyau deux pointes, car la vigne

blesse tombe malade et devient strile 86 . Cette prconisation est aussi spcifie au

Moyen-Age par Ibn al-Awam : car la vigne atteinte ou blesse par le fer prouve de laffai-

75 Columelle. In De Re Rustica, Livre IV, XXIV : PIagae, quas in duro vitis accipit, obliquae rotundaeque

fieri debent; nam citius convalescunt, et quamdiu cicatricem non obduxerint, commodius aquam fundunt

transversae plus humoris et excipiunt, et continent ; eam culpam maxime vinitor fugito . (Traduction de Louis

Du Bois 1844). 76 Palladius. In De Re Rustica, Livre III, XII, 5 : Plagae quas in duro uitis accipiet, obliquae et rotundae esse

debebunt . (Traduction de C. Guiraud et R. Martin 2010). 77 Pierre de Crescens. In Livre des prouffitz champestres et ruraulx. Le quart livre. (Traducteur inconnu 1486). 78 Olivier de Serres (1605). In Le thtre dagriculture et mesnage des champs. Livre troisime, Chapitre IV.

Page 172. 79 Bidet N. & du Hamel du Monceau H.L. (1759). In Trait sur la nature et sur la culture de la vigne, sur le vin,

la faon de le faire et la manire de le bien gouverner. Page 344. 80 Columelle. In De Re Rustica, Livre IV, XXIV : Tum etiam plagae asperae atque inaequales vites lacerant.

Neque enil uno sed saepius repetito ictu res transigitur. Quo plerumque fit, ut quod praecidi debeat

praefringatur, et sic vitis laniata scabrataque putrescat humoribus, nec plagae consanentur . (Traduction de

Louis Du Bois 1844). 81 Olivier de Serres (1605). In Le thtre dagriculture et mesnage des champs. Livre troisime, Chapitre IV.

Page 172. 82 Cf note 77. 83 Palladius. In De Re Rustica, Livre IV, VII, 5 : Cum uitis bidente laedatur aut ferro . (Traduction de C.

Guiraud et R. Martin 2010). 84 Les Goponiques retracent les connaissances en agriculture depuis lAntiquit. Cette encyclopdie de vingt

volumes a t compose au Xe sicle sur lordre de lempereur byzantin Constantin VII Porphyrognte. Cette

uvre nest quun remaniement des Eclogues de lagronome Cassianus Bassus Scholasticus (V ou VIe sicle) (C.

Guignard 2009). Cet auteur a complt et rvis une compilation antrieure appele Runion (Synagog) de

pratiques agricole, crite au IVe sicle par lrudit grec Vindonius Anatolius de Beyrouth. Il fut lune des sources

de luvre de lagronome andalou Ibn al-Awwam appele le Livre de lagriculture (Kitb al-fila) crite probablement la fin du XIIe sicle, et exploit aussi par lagronome latin Palladius (Ve sicle). 85 A noter que la plupart des noms dauteurs donns chaque chapitre sont arbitraires (C. Guignard 2009). 86 In Les Goponiques, Livre V, paragraphe 25. (Traduction de J.P. Grlois et J. Lefort 2012).




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blissement ; cest pour elle une sorte de poison qui lui cause de ltiolement et qui amne de

la diminution dans son produit, et parfois les grappes perdent en grosseur 87 , et par les

agronomes de lpoque moderne (Estienne et Liebault 88, Olivier de Serres 89, Liger et Besnier 90). Dautres mesures de prophylaxie sont donnes par Columelle. Il recommande de couper

avec la serpe les bras desschs et vieillis pour ne conserver que les bras verts et tendres 91.

Cette mesure est aussi spcifie par Palladius : Coupez aussi les onglets desschs des

coursons et ceux qui ont un an, ainsi que tout ce que vous trouverez de vieux ou de galeux 92

. Cela est aussi voqu au dbut de lpoque contemporaine, dans le Rglement pour les

vignerons qui cultivent des vignes rire de la Brvarderie 93 (1796), les vignerons sont obligs de faire

la promesse entre dautres de retrancher toutes les cornes feches, fans dchirer &

endommager les ceps 94 .

Les pratiques utilises pour restaurer les souches sont bien illustres par Columelle. Il

prconise de retrancher le bois mort la doloire et de nettoyer jusquau vif avec la serpette

afin que la cicatrice se forme sur une aire saine 95. Ce procd, dsign aujourdhui sous le

nom de curetage, est aussi rapport par dautres agronomes latins comme Pline lAncien :

on se borne retrancher les parties de la vigne caries 96 et Palladius si le tronc dune

vigne est creus, [], on retranchera tout le bois mort 97 , mdivaux comme Pierre de

Crescens : se le tronc est cave du soleil de pluies ou de bestes on doit oster tout ce qui et

mort 98 et des temps modernes comme Bidet et Du Hamel du Monceau (1759) : pour

gurir la Vigne de cette dangereue maladie, on doit commencer par racler la partie deche

du ep, & la parer de celle qui e porte le mieux 99 . Columelle dtaille une autre pratique de

restauration des souches, le recpage. Il le dcrit comme tel : Si pourtant il est ncessaire de

couper un cep, on commencera par le dchausser; ensuite on l'amputera un peu au-dessous du

sol, afin que la terre dont on le recouvrira le protge contre la violence du soleil, et permette le

passage des nouveaux sarments qui s'lanceront des racines, lesquels pourront, soit tre

maris leurs chalas, soit revtir de provins ceux qui se trouveraient vacants leur

proximit 100 . Il prcise que ce procd ne devrait tre applique que dans le cas o les

87 Ibn al-Awam. In Le Livre de lagriculture. Tome premier. Chapitre X. Page 494. (Traduction J.J. Clment-

Mullet 1864). 88 Estienne C. & Liebault J. (1572). In Agriculture et la Maison Rustique. Livre V, chapitre 50. Page 207. 89 Olivier de Serres (1605). In Le Thtre dagriculture et mesnage des champs. Livre troisime. Page 237. 90 Liger L & Besnier H. (1777). In La Nouvelle Maison Rustique ou Economie gnrale de tous les biens de


91 Columelle. In De Re Rustica, Livre IV, XXIV Braciiia tenera et viridia servalu ; arida et vetera falce

ampulato . (Traduction de Louis Du Bois 1844). 92 Palladius. In De Re Rustica, Livre III, XII, 5 : Vngues etiam custodum siccos et annotinos recide et omnia

quae uetera uel scabra repperies . (Traduction de C. Guiraud et R. Martin 2010). 93 Proprit viticole de Neuchtel (Suisse).

94 Anonyme (1796). In Rglement pour les vignerons qui cultivent des vignes rire la Brvarderie. Page 3. 95 Columelle. In De Re Rustica, Livre IV, XXIV : Si vero trunci pars secta solis afflatu peraruit, aut aquis

noxiisve animalibus, quae per medullas irrepunt, cavata vitis est, dolabella conveniet expurgare quicquid

emortnum est : deinde falce eradi vivo tenus, ut a viridi cortice ducat cicatricem . (Traduction de Louis Du Bois

1844). 96 Cf note 24. 97 Palladius. In De Re Rustica, Livre III, XII, 4 : Quod si truncus uitis sole aut pluuiis aut noxiis animalibus est cavatus, purgamus quicquid est mortuum . (Traduction de C. Guiraud et R. Martin 2010). 98 Pierre de Crescens. In Livre des prouffitz champestres et ruraulx. Le quart livre. (Traducteur inconnu 1486). 99 Bidet N. & du Hamel du Monceau H.L. (1759). In Trait sur la nature et sur la culture de la vigne, sur le vin,

la faon de le faire et la manire de le bien gouverner. Tome premier. Page 495.

100 Columelle. In De Re Rustica, Livre IV, XXII : Attamen quum est utique vinea recidenda, prius ablaqueare, deinde paulum infra terram convenit amputare, ut superjecta humus vim solis arceat, et e radicibus novellos

prorumpentes caules transmittat, qui possint vel sua maritare statumina, vel si qua sunt vidua in propinquo,

propaginibus vestire . (Traduction Louis Du Bois 1844).




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vignes sont plantes profondment, n'ont pas leurs racines vacillant fleur de terre, et sont

d'une bonne espce autrement, ce serait en pure perte qu'on ferait un tel travail, puisque des

ceps dgnrs, mme tant ainsi renouvels, conservent le vice de leur origine, et que ceux

qui tiennent peine au fonds prissent avant d'avoir pouss 101 . Cette technique est aussi

utilise pour des vignes qui prsentent des gourmands dans sa partie infrieure pour la

renouveler comme le mentionne Columelle dans cette sentence : moins que la vigne,

s'levant au-dessus du joug 102, n'ait besoin d'tre renouvele par les sarments infrieurs 103 .

Comme le prcisent Pline lAncien 104 ou Columelle, elle est employe pour des vignes qui

manifestent des desschements de fruits : Si le raisin se dessche avant de mrir, de recper

la vigne ou pour des vignes maigres. Si une vigne maigre n'a pas de bois dans l'tat

dsirable, il est trs avantageux de la couper ras terre, et de lui faire produire de nouvelles

pousses 105 . Les prconisations donnes par Columelle pour effectuer un bon recpage sont

reprises par Palladius : Certains viticulteurs tronquent dans cette priode (mois de mars) les

vieilles vignes un peu au-dessous du sol, en vue de les renouveler ; mais cest un tort, car le

plus souvent la plaie trop large pourrit, sous laction du soleil et des pluies. Il faut par

consquent procder de la faon suivante : on commencera un dchaussage en profondeur,

jusqu faire apparatre la tte des racines ; on coupe ensuite le cep au dessus de celle-ci et en

dessous du niveau du sol, de manire que, une fois recouvert de terre, il nait rien craindre

du froid ni du soleil. Cela nest valable que pour une vigne dexcellence espce et

profondment enracine 106 . Il voque que, parmi dautres conseils, elle peut tre utilise

pour soigner les vignes malades : ou bien on les coupera au ras du sol 107 . Cette technique

est aussi dcrite par Damgrn 108 dans les Goponiques : Certains coupent les vignes

malades au ras du sol, puis couvrent lgrement avec la terre voisine laquelle ils ont ml un

peu de fumier 109 .

Enfin, Columelle voque un troisime procd pour restaurer les souches malades, le

greffage : Mais pour une vigne de mauvaise varit et improductive, dont les parties

suprieures sont grles et malingres, si elle a des racines assez profondes, le mieux est de la

greffer ainsi 110 . Palladius ajoute qu il vaudra mieux greffer avec de bons sarments 111 .

101 Columelle. In De Re Rustica, Livre IV, XXII : Haec autem ita fieri debebunt, si vineae altius positae, nec in

summo labantes radices habebunt, et si boni generis erunt ; namque aliter incassum dependitur opera, quoniam

degeneres etiam renovatae pristinum servabunt ingenium ; at quae summa parte terrae vix adhaerebunt, (eae)

deficient, antequam convalescant . (Traduction de Louis Du Bois 1844) 102 Support pour soutenir la vigne.

103 Columelle. In De Re Rustica, Livre IV, XXIV : nisi si jugo superjecta vitis desiderabit ab inferiore parte

revocari . (Traduction de Louis Du Bois 1844). 104 Pline lAncien. In Naturalis Historia, Livre XVII, XLVII & 262 : quod si fructum non maturent prius

inarescentem . (Traduction de Jacques Andr 2003). 105 Ibidem. Livre XVII, XXXV, & 193 : Si macra uitis, idoneos palmites non habeat, ad terram recidi eam,

nouosque elici utilissimum . (Traduction de Jacques Andr 2003). 106 Palladius. In De Re Rustica. Livre IV, VII, 3 : Vineas ueteres nunc aliqui a terra altius truncant studentes

reparationi, sed uitiosum est. Num plerumque uastior plaga sole putrescit et roribus. Quare hoc genere

reparetur : prius ablaqueabitur altius, donec eius nodus adpareat ; deinde infra terrum supra nodum reciditur,

ut operta de frigore et sole nihil timeat. Hoc faciendum est, si optimi generis uitis est et alte posita . (Traduction

de C. Guiraud et R. Martin 2010). 107 Ibidem. Livre IV, VII, 4 : aut incisas circa terram . (Traduction de C. Guiraud et R. Martin 2010). 108 Cf note 83. 109 In Goponiques, Livre V, paragraphe 37. (Traduction de J.P. Grlois et J. Lefort 2012). 110 Columelle. In Liber de Arboribus, VI, 5 : At quae mali generis et infructuosa uinea est summasque partes

eiuncidas et exesas* habet, si radices eius satis alte positae sunt, optime inseretur . (Traduction de Goujard 2002). 111 Palladius. In De Re Rustica, Livre IV, VII, 3 : alioquin generosis melius erit inserenda sarmentis .

(Traduction de C. Guiraud et R. Martin 2010).




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Cette technique apparat ensuite dans le Thtre dAgriculture et mesnage des champs dOlivier de

Serres (1605) : Lvtilit denter la Vigne et, que par l, les ceps de mauvaie nature ou de

peu de rapport quils font, deviennent dans peu de temps en bonne & fertile race; ans e

donner peine duer de changement de plantes : en quoy y a de la longueur, & de lincertitude

non eulement en la reprine, mais aui en la duree 112 .

Pour viter les accidents qui pourraient sensuivre ces oprations, il est conseill de

protger les plaies avec diffrents enduits. Pour celles manant du curetage, Columelle 113

recommande de les enduire aussitt lorsquelles sont bien polies avec de la terre dtrempe

dans de la lie dhuile. Il en est de mme pour Palladius : on enduit les plaies avec de

lamurque et de la terre 114 . Pierre de Crescens (1486) propose d estouper la playe de

terre ou dautre choes 115 . Enfin, Bidet et Du Hamel du Monceau (1759) conseillent

d enduire la plaie de cendres fortes mmes avec du vinaigre. La cendre du arment et

prrable toutes autres 116 . Quant aux plaies de recpage, elles sont juste protges par de

la terre comme le prcisent Columelle 117 et Palladius 118, par un mlange compos de fort

vinaigre et de vieille urine ou encore de terre mle de fumier comme le spcifient

respectivement Pline lAncien 119 et Damgrn 120 . Pour les plaies occasionnes lors du

greffage, Columelle recommande denduire la coupe dun mastic ptri avec de la paille et

de ligaturer pour que leau ou lair ne puisse pntrer et ensuite de recouvrir le mastic de

mousse et de bien ficeler pour viter le desschement et fournir de lhumidit 121.

Des enduits de composition diffrente sont galement utiliss pour protger les

blessures occasionnes par les outils utiliss pour le binage ou le dchaussage pour viter

laffaiblissement des vignes. Palladius conseille dappliquer les plaies de crotte de brebis ou

de chvre et de lier avec de la terre prise au pied 122. Cassianus 123 propose denduire les plaies

dhuile bouillie avec de lasphalte. Varron 124 prconise d appliquer sur la blessure de la

terre trs fine, mlange du fumier de chvre ou de mouton, et faire une ligature . Cette

composition est reprise dans les ouvrages des temps modernes. Estienne et Liebault 125 (1577)

recommandent de couurir le lieu ble avec ien de cheure ou de brebis, mel avec terre

bien deliee, & hour ouuent la terre dalentour . Olivier de Serres 126 (1605) suggre que

112 Olivier de Serres (1605). In Le Thtre dagriculture et mesnage des champs. Livre troisime, Chapitre V.

Page 193. 113 Columelle. In De Re Rustica Livre IV, XXIV : Neque est difficile mox allevatas plagas terra, quam prius

amurca madefeceris, linere . (Traduction Louis Du Bois 1844). 114 Palladius. In De Re Rustica, Livre III, XII, 4 : plagasque eas amurca linimus et terra . (Traduction de C.

Guiraud et R. Martin 2010). 115 Pierre de Crescens. In Livre des prouffitz champestres et ruraulx. Le quart livre. (Traducteur inconnu 1486). 116 Bidet N. & du Hamel du Monceau H.L. (1759). In Trait sur la nature et sur la culture de la vigne, sur le vin,

la faon de le faire et la manire de le bien gouverner. Page 495.

117 Cf note 98. 118 Cf note 104.

119 Pline lAncien. In Naturalis Historia, Livre XVII, XLVII, & 262 : praecisarum ad radices plagam

fibrasque aceto acri et urina uetusta . (Traduction de Jacques Andr 2003). 120 In Goponiques, Livre V, paragraphe 37. (Traduction de J.P. Grlois et J. Lefort 2012). Cf note 83. 121 Columelle. In De Arboribus, VIII, 2 : luto subacto paleato oblinito plagam et alligato, ne aqua uentusue

penetrare possit ; deinde supra lutum muscum imponito et ita deligato e ares praebet humorem nec inarescere

sinit . (Traduction de Goujard 2002). 122 Palladius. In De Re Rustica, Livre IV, VII, 5 : adline stercore ouillo nel caprino ; tunc terra mixta et

circumfossa ligare curato . (Traduction de C. Guiraud et R. Martin 2010). 123 In Goponiques, Livre V, paragraphe 36. (Traduction de J.P. Grlois et J. Lefort 2012). Cf note 83. 124 In Goponiques, Livre V, paragraphe 42. (Traduction de Grlois et Lefort 2012). Cf note 83. 125 Estienne C. & Liebault J. (1572). In Agriculture et la Maison Rustique. Livre V, chapitre 50. Page 207.

126 Olivier de Serres (1605). In Le Thtre dagriculture et mesnage des champs. Livre troisime, Chapitre V.

Page 199.




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la playe du cep ble avec le hoyau, eclat ou fendu par aucun euenement, era conolide,

en y appliqut vn emplatre fait de ien de brebis ou de buf, avec de la terre grae,

enueloppez dans vn drapeau, ly faiant tenir tant longuement quon pourra, le mal etant ou

dehors ou dedans la terre . Liger et Besnier (1777) conseillent de couvrir lendroit oen

avec du fumier de chevres , brebis ou vaches , mle de terre bien lie 127 . Ibn Al-Awwam

rapporte un autre procd que dcrit Koutsami : Il dit quon traite les plaies et les blessures

dont les vignes sont affectes avec de leau, de lhuile et du vinaigre amens ltat de

mlange intime, soit en les exposant au feu et les portant lbullition en mme temps quon

remue (sans interruption), soit en agitant fortement dans une bouteille de verre 128 . Tous les

agronomes prcisent que cette pratique doit tre accompagne par un serfouissage des ceps

ainsi traits. Labb Rozier (1796), quant lui, prconise pour les blessures anciennes o le

suintement est mdiocre dappliquer longuent de Saint-Fiacre 129, ou seulement de largile,

ou encore de la suie ou de la fine poussire de charbon, mls avec du savon mou, et rduits

en consistance de pte . Pour celles qui sont rcentes, lapplication de longuent [], celle

de la cire molle, du goudron, et mme dun fer chaud, est quelquefois insuffisante , il

propose ce procd : dpouillez de sa premire enveloppe extrieure, toute la partie du cep

qui avoisine la blessure : pompez-en lhumidit avec un linge us, ou mieux encore, avec une

ponge, et enveloppez la branche ou la tige blesse dun morceau de vessie ou de baudruche,

enduit de poix, forme dempltre ; on assujettit cet appareil avec un gros fil cir ; on le laisse

subsister pendant un mois. Le point important est de soustraire la blessure au contact de

lair 130 .

A ct de ces oprations de restauration et de protection des plaies, Columelle

recommande une autre pratique, lentreplantation, qui devrait tre utilise dans le cas o le

dclin de la plante est invitable. Elle consiste lextirper entirement et en planter une

autre si le sol est assez bon pour y engager 131 . Cette technique est aussi dcrite par Olivier

de Serres (1605) pour remplacer les ceps morts : Avssi donnerez ordre quen la place des

ceps morts, en oient ubrogez des vifs, lequels y ferez planter tous enracinez,& ce dans la

premiere ou la econde annee, car dattendre plus longuement, eroit peine perdu : dautant

plus que les racines des premiers ceps auroient tellemt occup le terroir, quelles nen

pourroient ourir dautres pres delles 132 .

Enfin, il propose le marcottage permettant de combler des vides : revtir de provins

ceux qui se trouveraient vacants leur proximit 133 . Palladius prconise de renouveler en

sautelle les vignes vieilles et ruines, dont le bois dur aura pris trop daccroissement. On

parle de sautelle chaque fois quune sorte darc est laisse au dessus de la terre, le reste de la

vigne tant enfoui. [...]. Au bout de deux ans, on coupe les sautelles dans leur partie suprieu-

127 Liger L. & Besnier H. (1777). In La Nouvelle Maison Rustique ou Economie gnrale de tous les biens de

campagne ; la manire de les entretenir et de les multiplier. Livre VI, Chapitre II. Page 357. 128 Ibn al-Awam. In Le Livre de lagriculture. Tome premier. Chapitre XIV, Page 562. (Traduction J.J. Clment-

Mullet 1864). 129 Nom donn un mlange de boufe de vache ou de buf avec de largile ou autre terre tenace ; il a t

appel de faint Fiacre, parce que ce faint eft le patron des jardiniers . (Rozier 1796, in Cours complet

dagriculture, Tome dixme, page 258). 130 Rozier F. (1796). In Cours complet dagriculture thorique, conomique, et de mdecine rurale et vtrinaire.

Tome dixime. Page 258-259. 131 Columelle. In De Re Rustica, Livre IV, XXII : altera funditus exstirpanda et reserenda, si modo soli bonitas

suadebit . (Traduction de Louis Du Bois 1844). 132 Olivier de Serres (1605). In Le Thtre dagriculture et mesnage des champs. Livre troisime, Chapitre IV.

Page 170.

133 Columelle. In De Re Rustica, Livre IV, XXII : uel siqua sunt uidua in propinquo, propaginibus

uestire . (Traduction de Louis Du Bois 1844).




19

re et on laisse en place les vignes bien adaptes. Mais, ce quaffirment les agriculteurs, si on

les coupe au bout de deux ans, elles ont presque toujours des racines sans vigueur et elles

auront tt fait de prir 134 . Aux temps modernes, Olivier de Serres dtaille cette mthode

pour montrer le moyen de remettre en vigueur vne vigne languiante ; e perdant [...]. Cela

e fera en lhyuernant extraordinairement, cet dire en la bechant plus profondement quon

a accoutum, & ce en Hyuer, tant profit, que comme vn replantement nouueau, la terre e

renuere sen-deus-deous, prenant la vigne preques des on fondement, tout-dvne main,

couppant toutes les racines, par l e decouurans : afin que les ceps dechargs de telles

uperfluitez, puient par-apres reprendre nouuelle force 135 . Olivier de Serres recommande

cette pratique pour les vignes pour lesquelles lentreplantation nest plus possible : Laage

de la Vigne change lordre den reparer es defauts. En on commencement, au lieu des ceps

morts, on y en urroge des vifs enracinez, aini qua et montr ; mais paruenu en

accroiement , cela et hors dvage , pour limpoibilit de faire reprdre les nouuelles

plantes parmy les vieilles cause du preplantement de celles-cy opprimans celles-l, dont faut

recourir de neceit au prouignement, eul affleur moien de remedier telles

defectuoitez 136 . Elle est galement reprise au XVIIIe sicle par Bidet et Du Hamel du

Monceau (1759) : Dans tout terrein , on ne peut mieux remplacer les eps de Vignes qui

prient , que par des provins ; cest la maniere la plus re & la plus courte. Ce provin donne

ordinairement un ou deux raisins la premire anne ; il ne porte point de fruit la feconde ;

mais la troiieme il en donne , & il en augmente la quantit ucceivement les annes

uivantes ; mais il faut pour avoir cette reource que les eps voiins fournient ces provins

dune groeur , longueur & vigueur convenable , & que le ep oit lui-mme en bon tat pour

bien nourrir on provin 137 , par Alletz (1760) : Provignement de la Vigne (le) na pour

objet que de remplacer les pieds de Vigne qui ont manqu 138 ou encore par lAbb

Rozier (1796) : Le provignage est le grand moyen que les cultivateurs ont imagin pour

regarnir les espaces vuides, dans les vignes dun certain ge 139 .

Pour les vignes pour lesquelles un trs grand nombre de plantes manquent, Boullay

(1739) prconise de les arracher : il arive as ouvent quon a de vieilles Vignes , dont le

complant net pas galement bon , & il manque une i grande quantit de eps , quau lieu de

remplir par des foes , des auteles ou de lentreplant , le vuide qui sy trouve , on e

dtermine plutt les aracher , parce que les Vignerons font mal les foes & les auteles , &

quils dient que lentreplant ne rit pas 140 .

Enfin, Columelle mesure limportance du choix de la vigne. Il faut prfrer celle qui

se dfend en mme temps aisment contre les geles, le brouillard et la brlure, sans que la

pluie la pourrisse 141 .

134 Palladius. In De Re Rustica, Livre III, XVI : Mergum dicimus, quotiens uelut arcus supra terram relinquitur

alia parte uitis infossa. [...]. mergi uero post biennium reciduntur in ea parte quae supra est, et in loco iustas

uites relinquunt. Sed, ut agricolae adserunt, post biennium si recidas, plerumque infirmas habent radices et

simul repente perierunt . (Traduction de C. Guiraud et R. Martin 2010). 135 Olivier de Serres (1605). In Le Thtre dagriculture et mesnage des champs. Livre troisime, Chapitre IV.

Page 178. 136 Ibidem. Livre troisime, Chapitre IV. Page 177. 137 Bidet N. & du Hamel du Monceau H.L. (1759). In Trait sur la nature et sur la culture de la vigne, sur le vin,

la faon de le faire et la manire de le bien gouverner. Tome premier. Chapitre XL. Page 419.

138 Alletz P.A. (1760). In Lagronome. Dictionnaire portatif du cultivateur. Tome second. Page 628.

139 Rozier F. (1796). In Cours complet dagriculture thorique, conomique, et de mdecine rurale et vtrinaire.

Tome. Page 265. 140 Boullay J. (1739). In Manire de bien cultiver la vigne, de faire la vendange et le vin dans tous les vignobles.

Page 291.

141 Columelle. In De Re Rustica Livre III, II : quin etiam pruinas, et caliginem, et carbunculum facile

propulsat, eademque nec imbribus putrescit . (Traduction de Louis Du Bois 1844).




20

A ct de ces symptmes dapoplexie et daffaiblissements des ceps, dautres sont

dsigns comme pouvant tre un symptme desca 142. Ces symptmes sont mentionns tout

dabord dans les Goponiques par Cassianus 143 Des vignes astroplgoi. Astroplgoi signifie

littralement frapp par un astre 144 . On reconnatra les vignes astroplgoi leurs

feuilles toutes rougetres 145 . Dans le livre dagriculture dIbn al-Awamn, cette maladie est

dsigne sous le nom de calamit des toiles. Il en donne cette description : Quand la

rougeur des feuilles attaque la vigne depuis lpoque de la feuillaison jusqu la fin dleul

(septembre), on observe les symptmes suivants : le feuillage de la vigne prend une couleur

rouge trs intense, pure ; une partie des vrilles et la queue du raisin tout entire deviennent

rouges aussi ; la partie de la branche qui entoure la feuille malade prend une teinte noire : la

tige et les grosses branches se couvrent dune corce rugueuse ; la grappe jaunit ; elle est peu

juteuse ; elle reste petite 146 . La description qui en est donne, certes trs brve, et les

remdes pour la combattre crits dans les Goponiques sont repris lEpoque moderne dans

les diffrentes ditions de lAgriculture et la Maison Rustique de Charles Estienne et de Liebault

(1577). Ils crivent dans le paragraphe la vigne seiche du chapitre portant sur les

maladies : Les vignes eront congnues avoir default dhumidit, quand elles auront des

fueilles fort rouges : & ce faut remedier par larrouement deau marine, ou vrine dhomme

ou de femme 147 . Ce texte est repris par Liger et Besnier dans la Nouvelle maison rustique au

XVIIIe sicle (1777) : Leau de mer ou de la vieille urine, mle de fumier & de terre font

merveilles [] celles (les vignes) dont les feuilles rougient faute dhumidit 148 . Cette

rougeur des feuilles est galement dcrite par Bidet et Du Hamel du Monceau (1759) ou

Maupin (1799) 149 . Les premiers soulignent galement limportance de la canicule sur son

expression : Quand on voit au mois dAot la Vigne prendre un rouge pourpre, on peut

conclure quelle et bien malade & prte de mourir. Cela provient de ce quelle a t frappe

des ardeurs de la canicule ou de quelques autres influences 150 . Dans son ouvrage nologie,

ou Discours sur la meilleure mthode de faire les vins et de cultiver la vigne, Bguillet (1770) utilise le

nom de Rougeot. Enfin, tous accidents ou maladies qui bouchent ou interceptent la forte

tranpiration de la Vigne, comme le Rougeot, la perte des feuilles, &c. la font prir ou

empchent son fruit de mrir 151 . LAbb Gandelot (1772) mentionne la prsence de cet

accident dans le vignoble de Bourgogne 152 .

Au vu de la description donne dans les diffrents ouvrages jusqu la fin du XVIIIe

sicle, il est difficile de reconnatre laccident qui touche la vigne. Les techniques utilises

142 In Grlois et Lefort page 90 (2012). Les auteurs suggrent lesca (cf Dalby, page 142, n. 1) ou le rougeot (cf.

G. Chappaz, le vignoble et le vin de Champagne, Paris 1951, pages 259-267. 143 Cf note 83. 144 In Goponiques, Livre V, paragraphe 36. (Traduction de J.P. Grlois et J. Lefort 2012). 145 Ibidem. 146 Ibn al-Awam. In Le Livre de lagriculture. Tome premier. Chapitre X. Page 547. 147 Estienne C. & Liebault J. (1572). In Agriculture et la Maison Rustique. Livre V, chapitre 50. Page 208.



149 Maupin et Buchoz P.J. (1799). In Mthode de Maupin, sur la manire de cultiver la vigne ; et lart de faire le

vin. Page 158-159. 150 Bidet N. & du Hamel du Monceau H.L. (1759). In Trait sur la nature et sur la culture de la vigne, sur le vin,

la faon de le faire et la manire de le bien gouverner. Tome premier. Pages 495-496. 151 Bguillet E. (1770). In nologie, ou Discours sur la meilleure mthode de faire le Vin et de cultiver la Vigne.

Page 56.

152 Gandelot L. (1772). In Histoire de la ville de Beaune. Observations sur lHistoire naturelle. Page 267.




21

lpoque romaine et ensuite reprises dans les diffrents crits (Bidet 153 , Chomel 154 , Liger et

Besnier 155) pour y faire face ne permettent pas non plus dapporter dlments pour pouvoir

identifier cette affection. Ces procds pour soigner ces vignes malades sont la perforation du

cep avec une tarire et en y fichant un piquet de chne rouvre comme le dcrit : Ou bien

lon dchaussera un peu de la racine, on fichera de la mme faon un piquet et lon remettra la

terre : ainsi soignera-t-on la vigne . Dautres, comme en Bithynie, ont appris par

exprience soigner les vignes astroplgoi en transperant les ceps avec un clou. Dautres

enfin rpandent de lurine humaine sur le cep et sur les racines 156 . Ibn al-Awamn rapporte

aussi ces mthodes de lutte dans le Livre de lagriculture. Il ajoute que Iamoushad dit : On peut

gurir cette maladie de la vigne, si pendant huit jours, de deux jours lun, on verse de lurine

humaine sur le tronc ; cest trs utile dans lespce. On met une interruption de huit jours,

ensuite on prend du dibs, ; cest du miel de datte ; on le dlaye dans leau, on le remue

bien, afin doprer un mlange qui ne soit ni trop liquide, ni trop pais ; on en frotte la tige et

les grosses branches de la vigne. Koutsami dit : Quand on a dissous du miel de datte dans du

vinaigre de vin, trs acide, en parties gales, et quon a, avec ce mlange, enduit la vigne, si

ensuite, prenant une certaine quantit de glands de chne, quon les brle, quon en recueille

la cendre, quon mouille avec de lurine de vache, et si on rpand ce mlange sur le pied de

vigne, deux reprises diffrentes ; on fait une opration utile. Il en est qui disent quon gurit

le rougeau avec de lurine de vache mle de vin quon verse sur le pied de vigne, et dont on

arrose les grosses branches, cest encore trs avantageux. Certaines populations de la Chalde

versant sur le pied des vignes qui sont dans cet tat de la piquette, et larrosent constamment

avec le mme liquide jusqu ce que la nuance rouge ait disparu entirement des feuilles et

des vrilles, et que la peau qui stait spare (du bois) sy soit fixe de nouveau, ou bien

quelle soit tombe et remplace par une autre qui a pris sa place (Agr. Nab., f227, v).

Koutsami dit (Agr. Nab., ibid.) : Ce traitement, prescrit par Enoch et Thamitri le Chananen,

est applicable aux rgions froides ; mais celui qui convient pour les rgions plus chaudes doit

tre diffrent, et alors les vignes (rtablies) vivent (longtemps) 157 .

Ces diffrents procds ne correspondent aucune mthode de lutte connue

aujourdhui pour lutter contre les maladies du bois. Ainsi, il est peu vraisemblable que ces

symptmes correspondent ces maladies.

De lAntiquit lEpoque moderne, il est vraisemblable que les maladies du bois aient

exist. Il est difficile den mesurer vritablement leur ampleur mais travers les conseils

donns par les agronomes des diffrentes poques pour que les vignerons puissent mener

bien leur vignoble, il apparat quelles prenaient une grande place, ct des Pourridis, de

lAnthracnose, des dgts lis aux insectes et dautres maladies pour lesquelles il est difficile

den identifier les causes en raison de leur description trop brve.

153 Bidet N. & du Hamel du Monceau H.L. (1759). In Trait sur la nature et sur la culture de la vigne, sur le vin,

la faon de le faire et la manire de le bien gouverner. Pages 496. 154 Chomel N. (1761). In Dictionnaire oeconomique, contenant divers Moyens daugmenter son bien et de conserver sa sant. Tome second. Page 350.


campagne ; la manire de les entretenir et de les multiplier. Livre VI, Chapitre II. Page 357. 156 In Goponiques, Livre V, paragraphe 36. (Traduction de J.P. Grlois et J. Lefort 2012).

157 Ibn al-Awam. In Le Livre de lagriculture. Tome premier. Chapitre X. Page 548-549. (Traduction J.J.

Clment-Mullet 1864).




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23

2 - Les maladies du bois des jeunes plantations

Ce sont des maladies qui affectent les jeunes plantations, ges de 2 7-8 ans, voire 10

ans, et qui se caractrisent par un affaiblissement de la vgtation, conduisant invitablement

la mort des jeunes plantes ou par des apoplexies plus ou moins totales. Certaines

sexpriment sur des plantes qui prsentent une vigueur excessive.

2.1. Le Pied noir

Le nom de Pied noir a t donn cette maladie en raison de la prsence dune

ncrose brune noire au niveau du talon du porte-greffe (Badour, 1969). Ce dprissement a

t tout dabord dsign sous le nom de gangrne (Vigneron Champenois, 1961).

Cette maladie est observe dans la majorit des vignobles (fig. 1) : Afrique du Sud

(Fourie et Halleen 2001), Australie (Sweetingham 1983, Whitelaw-Weckert et al. 2007),

Brsil (Garrido et al. 2004b), Canada (OGorman et al. 2009, Petit et al. 2011), Chili (Auger

et al. 2007b), Espagne (Alaniz et al. 2007), Etats-Unis (Gugino et Travis 2003, Petit et Gubler

2005, 2007), France (Descotes et al. 1991, Maluta et Larignon 1991, Dumot et al. 1999), Irak

(Haleem et al. 2012a), Iran (Mohammadi et al. 2009, Arabnezhad & Mohammadi 2012),

Italie (Grasso 1984), Liban (Choueiri et al. 2009), Nouvelle-Zlande (Bonfiglioli 2005, Probst

et al. 2007), Prou (Rodrguez-Glvez et al. 2013), Portugal (Rego 1994, Rego et al. 2000),

Turquie (zben et al. 2012a) et Uruguay (Abreo et al. 2010).

Figure 1 Rpartition gographique du pied noir.

Ses symptmes

Il sexprime au niveau des organes ariens soit par une absence de dbourrement, soit

par la prsence dune vgtation affaiblie (fig. 2), qui le plus souvent se dessche au cours de

la saison (fig. 2). Lexamen du systme racinaire de telles plantes montre des racines qui ont

la particularit de se dvelopper peu profondment et paralllement la surface du sol.

http://www.vignevin.com/http://apsjournals.apsnet.org/action/doSearch?Contrib=rodriguez-galvez%2C+e



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Frquemment, un niveau suprieur sur le porte-greffe, on observe un deuxime plateau de

racines (fig. 2) qui permet plus ou moins grande chance la survie de la jeune plante. Il est

noter que les racines du premier plateau sont ncroses ; elles prennent une couleur grise

noire selon le degr dattaque. Dans le bois, le pied noir se traduit par la prsence dune

ncrose noire qui part du talon et remonte dans le porte-greffe (fig. 3), et se dveloppe de

lcorce vers la moelle (fig. 3). A ct de ces symptmes bien caractristiques de la maladie,

certains auteurs ne dcrivent dans le bois que la prsence de brunissements vasculaires

(Scheck et al. 1998b, Rego 1994, Rego et al. 2000, Mohammadi et al. 2009, Hassan et al.

2013). Ces symptmes non typiques ressemblent galement ceux de la maladie de Petri (cf

& 2.2.).

Figure 2 A gauche,

affaiblissement de la

vgtation. Au milieu,

desschement de la

vgtation au cours de

lt. A droite, double

plateau de racines (Photo :

Arnaud Descotes, CIVC).

Figure 3 A gauche, mise en

vidence aprs enlvement de

lcorce de la ncrose brun noir

partant du talon et remontant dans le

porte-greffe (Photo : Arnaud

Descotes, CIVC). A droite, coupe

transversale montrant la ncrose

brune partant de la priphrie vers la

moelle.

Ses agents pathognes

Deux principaux agents sont responsables du Pied noir :

Cylindrocarpon liriodendri J.D. MacDon. & E.E. Butler 1981. Ce champignon fut

auparavant appel sous le nom de Cylindrocarpon destructans (Zinssm.) Scholten 1964

(anamorphe de Neonectria radicicola (Gerlach & L. Nilsson) Mantiri & Samuels 2001). Les

tudes phylogniques (Halleen et al. 2006) ont permis de le distinguer des autres isolats de C.

destructans trouvs chez dautres plantes. Il est fort vraisemblable que C. destructans trouv

chez la vigne (Grasso 1984, Sweetingham 1983, Maluta et Larignon 1991, Fischer et

Kassemeyer 2003, Gugino et Travis 2003, Garrido et al. 2004b, Gatica et al. 2001) avant cette

tude taxonomique corresponde ce champignon.

Dactylonectria macrodidyma (Halleen, Schroers & Crous) L. Lombard & Crous 2014.

Selon les travaux de Halleen et al. (2004), il est possible que ce champignon ait t

auparavant incorrectement identifi sous le nom de Cylindrocarpon obtusisporum (Cooke &

Harkn.) Wollenw. 1996 (Grasso et Magnano di San Lio 1975, Scheck et al. 1998b).




25

Les tests de pathognie montrent que ces champignons sont capables de provoquer les

symptmes caractristiques du Pied noir. Les tests ont t effectus soit sur des boutures

(Grasso 1984, Rego et al. 2001, Halleen et al. 2004, Petit et Gubler 2005, Mohammadi et al.

2009, Santos et al. 2014b), soit sur des plantules (Alaniz et al. 2009b). Pathrose et al. (2010)

montrent leur caractre pathogne sur des racines dtaches de la plante. Santos et al. (2014c,

2015) mettent en vidence celui de Cylindrocarpon pauciseptatum aprs inoculation sur

des boutures enracines ; les plantes prsentent aprs quatre mois un systme racinaire rduit,

des ncroses vasculaires et des rameaux fltris.

En Afrique du Sud, cette maladie est galement associe au champignon du genre

Campylocarpon Halleen, Schroers & Crous. Deux espces sont dcrites : C. fasciculare

Schroers, Halleen & Crous et C. pseudofasciculare Schroers, Halleen & Crous (Halleen et al.

2004). La premire espce est galement trouve en Espagne (Alaniz et al. 2011) et au Brsil

(Correia et al. 2013, Santos et al. 2014a), son caractre pathogne a t montr sur des

plantules (Alaniz et al. 2011) ou des boutures (Santos et al. 2014a). La deuxime est observe

en Uruguay (Abreo et al. 2010) au Brsil (Correia et al. 2013), au Prou (Alvarez et al. 2012,

Munive et al. 2013) et en Turquie (Akgl et al. 2014c). Akgl et al. (2014c) montrent sa

capacit provoquer des dcolorations lorsquil est apport des boutures dont les racines ont

t blesses.

Deux autres espces sont associes cette maladie. Il sagit de Cylindrocladiella

parva (P.J.Anderson) Boesew. 1982 et de Cylindrocladiella peruviana (Bat., J.L. Bezerra &

M.P. Herrera) Boesew. 1982. La premire est signale en Nouvelle-Zlande (Jones et al.

2012) et en Espagne (Agust-Brisach et al. 2012), la deuxime au Prou (Alvarez et al. 2012,

Munive et al. 2013), en Californie (Bettiga et al. 2014) et en Espagne (Agust-Brisach et al.

2012). Leur inoculation des plantules montre leur caractre pathogne. Les symptmes

dvelopps vingt jours aprs linoculation sont des chloroses et des ncroses sur feuilles, des

lsions ncrotiques du systme racinaire, une rduction de la vigueur et de la biomasse

racinaire et occasionnellement la mort de la plante. Ces deux espces ont t auparavant

observes en Afrique du Sud chez des vignes en voie de dprissement mais leur caractre

pathogne na pu tre montr lors de tests effectus sur des rameaux verts ou ligneux dtachs

de la plante (van Coller et al. 2005). Deux autres espces sont galement dcrites par van

Coller et al. (2005). Il sagit de : Cylindrocladiella viticola Crous & G.J. van Coller et

Cylindrocladiella lageniformis Crous, M.J. Wingf. & Alfenas. Cette dernire espce est aussi

trouve en Californie (Bettiga et al. 2014).

Dautres espces sont trouves chez la vigne, mais aucune tude na t ralise pour

montrer leur caractre pathogne (Tableau I).

Tableau I Liste des Cylindrocarpon trouvs chez la vigne, leur forme tlomorphe (en

violet) et leur rpartition gographique. Espces Rpartition gographique

Cylindrocarpon destructans (Zinssm.) Scholten

1964

Basionyme : Ramularia destructans Zinssm. 1918

Canada (Petit et al. 2011), Japon (Cruz et al.

2014), Nouvelle-Zlande (Probst et al. 2007)

Cylindrocarpon destructans var. crassum

(Wollenw.) C. Booth 1966

Basionyme : Cylindrocarpon radicicola var.

crassum Wollenw. 1931

Ilyonectria crassa (Wollenw.) A. Cabral & Crous

Uruguay (Abreo et al. 2010)

http://www.vignevin.com/http://www.mycobank.org/MycoTaxo.aspx?Link=T&Rec=276043http://www.mycobank.org/MycoTaxo.aspx?Link=T&Rec=276043http://www.mycobank.org/MycoTaxo.aspx?Link=T&Rec=276043



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2012 (Cabral et al. 2012a)

Cylindrocarpon didymum (Harting) Wollenw. 1928

Basionyme : Fusisporium didymum Harting 1846

Canada (Petit et al. 2011)

Cylindrocarpon liriodendri J.D. MacDon. & E.E.

Butler 1981

Ilyonectria liriodendri (Halleen et al.) P. Chaverri &

C. Salgado (Chaverri et al. 2011)

Basionyme : Neonectria liriodendri Halleen, Rego

& Crous (Halleen et al. 2006)

Afrique du Sud (Halleen et al. 2006), Australie

(Whitelaw-Weckert et al. 2007), Brsil (Russi et

al. 2010), Canada (Petit et al. 2011, rbez-

Torres et al. 2014a), Californie (Petit et Gubler

2007), Espagne (Alaniz et al. 2007, De

Francisco et al. 2009, Agusti-Brisach et al

2013a), France (Halleen et al. 2006), Iran

(Mohammadi et al. 2009, 2013a), Nouvelle-

Zlande (Halleen et al. 2004, Probst et al. 2007,

Manning et Mundy 2009), Portugal (Halleen et

al. 2006, Reis et al. 2013), Suisse (Casieri et al.

2009), Turquie (Savas et al. 2015), Uruguay

(Abreo et al. 2010)

Dactylonectria macrodidyma (Halleen, Schroers &

Crous) L. Lombard & Crous (Lombard et al. 2014)

Basionyme : Neonectria macrodidyma Halleen,

Schroers & Crous (Halleen et al. 2004)

Ilyonectria macrodidyma (Halleen, Schroers &

Crous) P. Chaverri & C. Salgado (Chaverri et al.

2011)

Cylindrocarpon macrodidymum Halleen, Schroers &

Crous 2004 (Halleen et al. 2004)

Afrique du Sud (Halleen et al. 2004), Australie

(Tasmanie, Halleen et al. 2004), Brsil (Santos

et al. 2014b, 2015), Californie (Petit et Gubler

2005), Canada (Halleen et al. 2004, Petit et al.

2011, rbez-Torres et al. 2014a), Chili (Auger

et al. 2007b), Espagne (Alaniz et al. 2007, De

Francisco et al. 2009), Nouvelle-Zlande

(Halleen et al. 2004, Probst et al. 2007),

Portugal (Rego et al. 2006, Cabral et al. 2012b,

Reis et al. 2013), Suisse (Hofstetter et al. 2009),

Turquie (zben et al. 2012a), Uruguay (Abreo

et al. 2010)

Cylindrocarpon olidum (Wollenw.) Wollenw. 1916

Basionyme : Ramularia olida Wollenw. 1913

Espagne (De Francisco et al. 2009)

Cylindrocarpon olidum var. crassum Gerlach 1959 Uruguay (Abreo et al. 2010)

Dactylonectria pauciseptata (Schroers & Crous) L.

Lombard & Crous (Lombard et al. 2014)

Basionyme :

Cylindrocarpon pauciseptatum Schroers & Crous

2008 (Schroers et al. 2008)

Brsil (Santos et al. 2014c, 2015), Canada

(OGorman et Haag 2011, rbez-Torres et al.

2014a), Espagne (De Francisco et al. 2009,

Martin et al. 2011c), Nouvelle-Zlande

(Schroers et al. 2008), Slovnie (Schroers et al.

2008), Alaniz et al. 2007, 2009a), Portugal

(Cabral et al. 2012a, Reis et al. 2013), Uruguay

(Abreo et al. 2010)

Dactylonectria alcacerensis (A. Cabral, Oliveira &


Basionyme : Ilyonectria alcacerensis A. Cabral,

Oliveira & Crous (Cabral et al. 2012b)

Espagne (Agusti-Brisach et al. 2013b, Portugal

(Cabral et al. 2012b)

Dactylonectria estremocensis (A. Cabral,

Nascimento & Crous) L. Lombard & Crous

(Lombard et al. 2014)

Basionyme : Ilyonectria estremocensis A. Cabral,

Nascimento & Crous (Cabral et al. 2012b)

Portugal (Cabral et al. 2012b, Reis et al. 2013)

Ilyonectria europea A. Cabral, Rego & Crous

(Cabral et al. 2012a)

Portugal (Cabral et al. 2012a, Reis et al. 2013)

http://www.vignevin.com/http://www.mycobank.org/MycoTaxo.aspx?Link=T&Rec=196487http://www.mycobank.org/MycoTaxo.aspx?Link=T&Rec=230017



27

Ilyonectria lusitanica A. Cabral, Rego & Crous

(Cabral et al. 2012a)

Portugal (Cabral et al. 2012a)

Dactylonectria novozelandica (A. Cabral & Crous)

L. Lombard & Crous (Lombard et al. 2014)

Basionyme : Ilyonectria novozelandica A. Cabral,

Nascimento & Crous (Cabral et al. 2012b)

Afrique du Sud (Cabral et al. 2012b), Espagne

(Agust-Brisach et al. 2013a), Etats-Unis

(Cabral et al. 2011), Nouvelle-Zlande (Cabral

et al. 2011), Prou (Alvarez et al. 2012, Munive

et al. 2013)

Ilyonectria pseudodestructans A. Cabral, Rego &

Crous (Cabral et al. 2012a)

Portugal (Cabral et al. 2012a)

Ilyonectria robusta (A.A. Hildebr.) A. Cabral, Rego

& Crous (Cabral et al. 2012a)

Basionyme : Ramularia robusta A.A. Hildebr. 1935

Brsil (Santos et al. 2014d, 2015), Canada

(rbez-Torres et al. 2014a), Portugal (Cabral et

al. 2012a)

Dactylonectria torresensis (A. Cabral, Rego &


Basionyme : Ilyonectria torresensis A. Cabral, Rego

& Crous (Cabral et al. 2012b)

Afrique du Sud (Cabral et al. 2012b), Australie

(Cabral et al. 2012b), Canada (Cabral et al.

2012b, rbez-Torres et al. 2014a), Espagne

(Agust-Brisach et al. 2013a), Etats-Unis

(Cabral et al. 2012

maladies cryptogamiques du bois de la vigne

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