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Coraf Action Coraf Action 4e bimestre 2015 PRODUCTEURS ET UTILISATEURS AU CENTRE DE LA RECHERCHE AGRICOLE N° 79 www.coraf.org LETTRE D'INFORMATION BIMESTRIELLE POUR LA RECHERCHE ET LE DÉVELOPPEMENT AGRICOLES EN AFRIQUE DE L'OUEST ET DU CENTRE Sénégal, Cameroun et Niger Maïs et niébé : après lutte et conservation contre les insectes, leurs produits dérivés prêts-à-consommer Accroître la productivité agricole et promouvoir les technologies après-récoltes a pour toile de fond une situation malencontreuse où les pertes sont incontestablement très élevées. Et ceci est d’autant plus problématique qu’elles touchent essentiellement les deux spéculations de base que sont le maïs et le niébé. C’est ce qu’indique le rapport 2012 du Projet post-récolte. Suite et fin. A PRÈS LE DÉVELOPPEMENT DES TECH- nologies de lutte contre les insec- tes des stocks de maïs et de niébé (voir les deux éditions précédentes), le Projet post-récolte s’est consacré aux activités qui les suivent naturellement : leur transformation secondaire en farines et en farines composées et leur transfè- rement stratégique en milieu artisanal, industriel et consommateur. Les résultats préliminaires, atteints en 2012, attestent que les chevilles ouvrières que sont ses équipes nationales coordonnées par une équipe sous-régionale sont sur la bonne voie menant à 2013 qui en est le ter- minus. Répondant au vrai nom de Projet sous- régional « Promotion de technologies

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Coraf ActionCoraf Action

4e bimestre 2015PRODUCTEURS ET

UTILISATEURS AU CENTRE DE LA RECHERCHE AGRICOLE

N° 79www.co

raf.org

LETTRE D'INFORMATION BIMESTRIELLE POUR LA RECHERCHE ET LE DÉVELOPPEMENT AGRICOLES EN AFRIQUE DE L'OUEST ET DU CENTRE

Sénégal, Cameroun et NigerMaïs et niébé : après lutte et conservation contre lesinsectes, leurs produits dérivés prêts-à-consommer

Accroître la productivité agricole et promouvoir les technologies après-récoltes a pour toile de fond une situation malencontreuseoù les pertes sont incontestablement très élevées. Et ceci est d’autant plus problématique qu’elles touchent essentiellement lesdeux spéculations de base que sont le maïs et le niébé. C’est ce qu’indique le rapport 2012 du Projet post-récolte. Suite et fin.

APRÈS LE DÉVELOPPEMENT DES TECH-nologies de lutte contre les insec-tes des stocks de maïs et de niébé

(voir les deux éditions précédentes), leProjet post-récolte s’est consacré auxactivités qui les suivent naturellement :

leur transformation secondaire en farineset en farines composées et leur transfè-rement stratégique en milieu artisanal,industriel et consommateur. Les résultatspréliminaires, atteints en 2012, attestentque les chevilles ouvrières que sont ses

équipes nationales coordonnées par uneéquipe sous-régionale sont sur la bonnevoie menant à 2013 qui en est le ter-minus.Répondant au vrai nom de Projet sous-régional « Promotion de technologies

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ECHOS DE LA RECHERCHE REGIONALE

CORAF ACTION N° 79 JUILLET-AOÛT 2015

post-récoltes de conservation et de transformation du maïs etdu niébé pour réduire les pertes et améliorer leur qualitémarchande en Afrique de l’Ouest et du Centre », il sert auxSystèmes nationaux de recherche agricole (SNRA) duSénégal, de la Guinée, du Niger et du Cameroun, appar-tenant au CORAF/WECARD soutenu par le DFID (Depart-ment for International Development) du Royaume-Uni, quil’ont initié, d’arriver à la sécurité alimentaire et à la réductionde la pauvreté, au niveau sous-régional.

Transformation par concassage au moyen d’un moulin à meule

Mais si, depuis 2011, leur équipe nationale sénégalaise, conduitepar l’Institut de technologie alimentaire (ITA), guinéenne,conduite par l’Institut national de recherche agronomique deGuinée (IRAG), et camerounaise, conduite par l’Institut derecherche agricole pour le développement (IRAD), s’est dé-foncée sur le volet technologies améliorées de transformationet du maïs et du niébé, l’équipe nationale nigérienne, condui-te par l’Institut de recherche agronomique du Niger (INRAN),a tout misé sur celle du niébé, en l’occurrence, vu les avan-tages comparatifs dont dispose le pays.Et c’est ainsi qu’au Sénégal, l’équipe nationale du Projet a misau point et testé des formules de farines infantiles facilementutilisables par les populations locales. Dix formules, essen-tiellement à base de maïs et de niébé et contenant d’autresingrédients comme l’arachide, la carotte ou le Moringa, ontété soumises à l’appréciation d’un groupe de dégustateurs.Au préalable, il lui a fallu procéder à la sélection des formules,au traitement des ingrédients de base et à l’analyse sen-sorielle des farines.

Au Cameroun, l’équipe nationale du Projet a conduit desopérations de transformation par concassage au moyen d’unmoulin à meule qui écrase les condiments, l’arachide et latomate ainsi que des opérations technologiques chez lestransformatrices.

Quant aux formulations des farines composées, elle a procé-dé à des essais préliminaires qui ont porté sur 5 formulationsde farines instantanées testées à micro-échelle (moins de500 grammes, mouture manuelle des ingrédients à la machi-ne au labo) qui asseoient les conditions expérimentales ini-tiales, de même qu’à la procédure expérimentale à échelleartisanale.

Mise en place de la Plateforme et la diffusion des prixsur les marchés

Au Niger, l’équipe nationale du Projet a développé l’incorpo-ration du niébé dans la fabrication du pain acceptable jusqu’à20 %, la formulation d’aliments de complémentation pourenfant à 30 % de niébé, l’amélioration du procédé de fabrica-tion de la farine de niébé, l’optimisation participative desprocédés de fabrication des beignets, appelés kossai ouakara, et des boulettes de niébé, appelés dan waké ougabda. Pour ce faire, elle a coopéré avec 14 groupements fémininsqui ont vu leurs besoins de formation identifiés et permis à 2 techniciens du développement rural de niveau BAC + 1 desoutenir leur mémoire de fin de cycle. Elle est égalementdevenue partenaire d’un centre de formation en boulangerie,répondant au nom d’Agape (qui veut dire « amour » engrec), pour le développement des technologies de panifica-tion. Puis, elle a signé, avec l’INRAN et le PRODEX (Projetde développement des exportations et des marchés agropas-toraux) une convention pour le développement et la diffusiondes technologies de transformation du niébé ainsi qu’unaccord de collaboration avec la Plateforme paysanne duNiger installée par le Projet « Partenariat entre la rechercheet les Organisations de Producteurs pour une améliorationde la qualité, une labellisation et une meilleure mise enmarché des produits transformés des filières agricoles priori-taires au Sénégal, au Togo, au Niger et au Bénin » lancé parle CORAF/WECARD.Lors de la journée portes ouvertes, organisée dans le cadrede la célébration de la Journée nationale de la femme nigérien-ne (JNFN), à Niamey, et à la onzième édition du Forumrégional de la recherche et de l’innovation technologique(FRSIT) à Ouagadougou, ces derniers ont été exhibés. Sanscompter que la mise au point des produits diversifiés à hautevaleur ajoutée et appréciés des consommateurs, le test de fabrication de pain composite niébé-blé, l’évaluationsensorielle des pains à 15 % et des pains à 20 et 25 % d’in-corporation de la farine de niébé, la détermination des carac-téristiques de la pâte et du pain composite, l’optimisation et ladiffusion des bonnes techniques de fabrication des farinesinfantiles à haute valeur nutritive. Mais la mise en place de la Plateforme et la diffusion des prixsur les marchés, les seules activités n’ayant pas été exé-cutées, quand vont-elles l’être ?

Contact : Anatole Yékémian KonéCORAF/WECARD, BP 48 Dakar RPCP 18523, Dakar, Sénégal Tél. : (221) 33 869 96 18 Fax : (221) 33 869 96 31E-mail : [email protected] : www.coraf.org

Des farines à base de maïs et de niébé dégustés par des testeurs, àl’Institut de technologie alimentaire (ITA), au Sénégal.

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ECHOS DE LA RECHERCHE NATIONALE

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Au Sénégal, les farinesde maïs et de niébé

inventées bousculentles limites de l’invention

POUR QUELLE FIN LUTTE-T-ON EN PRÉSERVANT LES CULTURES DUmaïs et du niébé si ce n’est pour voir leurs récoltestransformées en sous-produits destinés à la consom-

mation ? En 2012, de tels produits dérivés étaient déjà dis-ponibles sur le « marché » grâce au Projet post-récolte, deson vrai nom Projet sous-régional « Promotion de technolo-gies post-récoltes de conservation et de transformation dumaïs et du niébé pour réduire les pertes et améliorer leurqualité marchande en Afrique de l’Ouest et du Centre ».De 2011 à 2013, ses initiateurs, que sont les Systèmes natio-naux de recherche agricole (SNRA) du Sénégal, de la Guinée,du Niger et du Cameroun membres du CORAF/ WECARD,entendent contribuer à la sécurité alimentaire et à la réduc-tion de la pauvreté, en Afrique de l’Ouest et du Centre, avec

Tableau 1 : Formules retenues pour les tests des farines infantiles

Avant de penser à manger, pensons avant tout de ce qui nous fait manger ! N’est-ce pas là gage de durabilité de la fourni-ture alimentaire que de se préoccuper des technologies de lutte contre les insectes des stocks de maïs et de niébé, de laproduction et de la fabrication de ses sous-produits. Après les technologies de lutte et de conservation développées, la séried’articles commence et prend fin sur les technologies de transformation réalisées au Sénégal, au Cameroun et au Niger.

le soutien du DFID (Department for International Develop-ment) du Royaume-Uni.Comment leur Projet post-récolte commun s’y est-il pris ?Premièrement, en inventant des farines et des farines com-posées à base de maïs et de niébé, au moyen des procédésde transformation habituels. Commençant par la mise aupoint de farines infantiles facilement utilisables par les popu-lations locales, l’équipe nationale sénégalaise a procédé àdes tests, dans le labo de la division nutrition de l’ITA. Il en est

ainsi de 10 formules contenant aussi l’arachide, la carotte et leMoringa, qu’un panel de dégustateurs ont bien voulu apprécier.

La farine fermentée permet non seulement de réduireles chaînes d’amidon, donc facilite la digestion…

Pour y parvenir, elle les a élaborées, testées et sélectionnées(voir tableau 1), selon la valeur nutritive des ingrédients debase — le maïs pour sa valeur énergétique et le niébé pourson apport en protéines —, la disponibilité des matières pre-mières et leur prix sur le marché local, leur innocuité auprèsdes enfants après l’élimination des facteurs anti-nutritifs et lerespect des doses maximales de compléments minérauxvitaminés (CMV) recommandées, la facilité de préparation etd’utilisation de ces farines.

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Deuxièmement, l’équipe nationale s’est adonnée au traitementdes ingrédients de base, dont elle s’est procuré les matièrespremières sur le marché local, tout de même en veillant scru-puleusement à leur qualité phytosanitaire due à l’absence decorps étrangers, tels les insectes, la moisissure, etc. Concer-nant le maïs, elle a travaillé sur plusieurs formules : la farine demaïs simple, la farine de maïs germé et la farine de maïs fer-mentée.Pour fabriquer la farine de maïs simple, il leur a fallu laver etdésinfecter le maïs avec de l’eau bouillante, puis le sécher àl’étuve à 35° C, pendant 24 heures, broyer ce maïs séchépour obtenir une farine tamisée puis torréfiée à feu doux, pen-dant 15 minutes.S’agissant de la fabrication de la farine de maïs germé, elles’est souciée d’assurer que le maïs soit bien germé (on ditqu’il est arrivé au maltage), en lavant et en désinfectant500 grammes dans 1 litre d’eau additionné de 3 bouchonsd’eau de Javel. Après rinçage, elle trempe le maïs dans 1 litred’eau, pendant 24 heures, pour laisser les grains absorberl’eau. A la fin du trempage, elle égoutte les grains puis lesdispose, dans un plateau préalablement recouvert de cotonimbibé d’eau, les laisse à la température ambiante, pendant48 heures, les dégerme, les sèche, les broie et tamise lafarine obtenue. Enfin, elle en fait des alpha-amylases qui faci-litent la digestion de la bouillie par les enfants.

Voici de la farine de maïs maltée.

En ce qui se rapporte à la farine de maïs fermentée, elle laveet désinfecte également 1 kilo de brisures de maïs à l’aide de3 bouchons d’eau de Javel pour 1 litre d’eau. Après égouttage,elle trempe les brisures dans 2 litres d’eau contenus dans unseau fermé pour favoriser la fermentation anaérobie (sansair). Au bout de 24 heures, elle égoutte et sèche les brisuresfermentées à l’étuve à 35° C, pendant 24 heures, et réduit lesbrisures sèches en farine. De ces faits, la farine fermentéepermet non seulement de réduire les chaînes d’amidon, doncfacilite la digestion, mais aussi d’introduire une saveur acidedans la bouillie et d’améliorer sa stabilité en limitant la crois-sance de certains micro-organismes.

Voici de la farine de maïs fermentée.

Pour ce qui est du niébé, l’équipe nationale s’est soigneu-sement mise à son triage, à son lavage et à sa désinfectionavec de l’eau javellisée. Elle l’a, ensuite, trempée, pendant 6 heures. Après égouttage, elle lui a enlevé la pellicule, puisl’a séchée et lui a broyé les graines sèches. La farine obtenueest tamisée et torréfiée à feu doux, pendant 15 minutes.

Les gens qui vont les déguster parmi les agents de l’ITA

Quant à l’arachide, elle trie et torréfie ses graines. Après déger-mage, elle leur enlève la pellicule, les vanne et les moud afind’en tirer une pâte. Le traitement qu’elle a fait à l’oignon vert etau Moringa est le même. Elle les trie, les lave soigneusement,les désinfecte, les découpe en petits morceaux et les sècheà l’étuve. A l’aide d’un mixeur, elle réduit leurs feuilles sèchesen farine. La banane étant de la partie, elle la choisit mature mais pastrop. Après pelage et découpage en lamelles, elle les sècheà l’étuve et les mixe pour obtenir une farine. Il en va de mêmedu complément minéral et vitaminé composé de fer, de Zincet de vitamine A, et dont l’application de la dose recomman-dée est de 0,2 % équivalant à 1 gramme pour 500 grammesde farine.Les œufs, l’huile de palme et le lait en poudre, par contre, elleles achète sur le marché local (ainsi que la farine de fonioauprès d’une coopérative locale) et les intègre dans certainesformules pour augmenter leur valeur nutritive. De bien enten-du, elle incorpore le sucre dans toutes ces formules.

Voici de la farine avec de l’huile de palme.

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Troisièmement, l’équipe sénégalaise du Projet en arrive àla phase d’analyse sensorielle des farines mises au point.Elle choisit les gens qui vont les déguster parmi les agentsde l’ITA. Pas en une fois, mais en plusieurs séances pourcomparer leur odeur, goût, texture, couleur et acceptabilitégénérale. Ce dernier paramètre mesure la préférence de cesgens compte non tenue de la valeur intrinsèque de lafarine.Des notes, allant de 0 à 5, sont attribuées à chaque para-mètre. Les résultats ont été analysés sur Minitab 16.0. Uneanalyse de la variance, suivie du test de Fischer, a permisde ressortir les différences existant entre farines pour lescinq critères soumis à évaluation.

Un autre facteur participe à leur dépréciation générale

Parmi ces derniers, citons, d’abord, l’odeur. Aux dires desgens de l’équipe, les tests d’homogénéité des moyennes(ANOVA), qu’ils ont réalisés, donnent un F = 18,39 ; un ddl =9 ; un P = 0,000 au seuil de 5 %. Car ils observent des dif-férences hautement significatives entre farines. Autant direque vu la figure 1, sous l’angle groupal, celui dont l’odeurest la moins appréciée est formé par les farines F8, F9 etF10, alors que celui, constitué de F7, de F2, de F6, de F5,de F4, de F1 et de F3, voit son odeur passer relativementpour la plus appréciée, même si, statistiquement, celle deF7 sort du lot.

Figure 1 : Appréciation de l’odeur des farines (les moyennes, nepartageant aucune lettre, sont sensiblement différentes.).

Prenons, ensuite, le goût. L’ANOVA y donne un F = 13,54 ; unddl = 9 ; un P = 0,000 au seuil de 5 %. Ce critère fait voir queles farines entretiennent des différences hautement significa-tives. Ci-contre, la figure 2 met bien en évidence une appré-ciation bien différenciée de ce critère chez les 10 farinesemployées. Tout comme pour l’odeur, le goût rend la farineF7 plus attractive, tout comme F2. Cette dernière forme ungroupe statistique avec F6, F5, F4 et F1, à l’intérieur duquelse distinguent les sous-groupes F2-F6 et F5-F4-F1. Lessuivent la farine F3 qui forme un sous-groupe intermédiaire etles farines F10, F9 et F8. Le goût de F10 se différencie, néan-moins, de manière significative de celui de F8.

Figure 2 : Appréciation du goût des farines (les moyennes, ne partageantaucune lettre, sont sensiblement différentes).

Figure 3 : Appréciation de la texture des farines (les moyennes, nepartageant aucune lettre, sont sensiblement différentes).

Considérant aussi la couleur, l’ANOVA révèle des différenceshautement significatives entre les farines, puisque F = 6,63,ddl = 9 et P = 0,000 au seuil de 5 %. Autant la couleur de F7,de F5, de F4 et de F6 ne diffère pas significativement de cellede F2 et de F1, autant celle de ces deux dernières est iden-tique à celle de F9. Du reste, si également cette dernièreprésente une couleur moins appréciée que celle de F7, deF5, de F4 et de F6, il se trouve que celle de F10, de F8 et deF3 est beaucoup moins appréciées que celle de toutes lesautres, comme le montre la figure 4.

Tenons également compte de la texture qui indique des dif-férences hautement significatives entre farines. L’ANOVAdonne donc un F = 6,63 ; un ddl = 9 ; un P = 0,000 au seuilde 5 %. A la figure 4, la texture des farines F7, F2, F5, F4 etF6 est presque semblable, mais elle est légèrement meilleurechez F7. Statistiquement, il est pareil chez les farines F1, F9et F10, exception faite de F7. A contrario, F8 et F3 présententla texture la moins appréciée de toutes !

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Figure 4 : Appréciation de la couleur des farines (les moyennes, nepartageant aucune lettre, sont sensiblement différentes).

Terminons, enfin, par l’acceptabilité générale. Il est clairque les différences, mises en exergue par ce critère, sonthautement significatives, puisque l’ANOVA donne un F =15,33 ; un ddl = 9 ; un P = 0,000 au seuil de 5 %. Enrevanche, si les farines F7, F6, F5, F1, F4 et F2 sont lesplus appréciées selon ce critère, les dégustateurs appré-cient bien moins celui de la farine F8. A souligner que,statistiquement, les farines F9 et F3 forment un groupehomogène de même que F3 et F10.

Figure 5 : Appréciation de l’acceptabilité générale des farines (lesmoyennes, ne partageant aucune lettre, sont sensiblement différentes.).

Arrêtons-nous, un instant, pour réfléchir sur ces résultats préli-minaires et discuter leur sens. Vu depuis l’angle de la com-position de ces farines, dont le groupe le plus apprécié estF7, F6, F5, F1 et F2, la variation de la quantité de maïs, quise situe entre 40 et 50 %, n’a point d’effet sur la manière dont

les dégustateurs les ont classés par ordre de préfé-rence.Pourtant, les membres de l’équipe ne peuvent en dire autantpour la fraction de niébé, les meilleures farines comportant18 ou 15 % de niébé. Les farines les moins appréciées — F9,F3, F10 et F8 — en contiennent 10 %, exception faite de F3.Ceci montre qu’au moins un autre facteur participe à leurdépréciation générale.

En 2013, ils poursuivront le travail d’évaluation sensorielle…

Avant d’en arriver aux autres facteurs, disons que l’examende la composition de la farine F8, manifestement la moinsprisée tant pour les critères pris séparément que pour l’ac-ceptabilité générale, fait ressortir quelques explications possi-bles. En effet, la teneur en sucre, qui est la même que cellede F9 et de F10, est moindre que celle des 7 autres farines.La présence de Moringa, de la carotte ou de l’oignon peutêtre l’élément de la discrimination négative ou y contribuer. Ilen est de même du maïs fermenté dans F3 ou encore desœufs dans F10. Le fait qu’ils y aient incorporé de la pâte d’arachide sembledéfavoriser les farines F8, F9 et F10, ce qui ne l’est, toutefois,pas avec F5 et F6 qui font partie du groupe de farines le plusprisé. Cependant, le lait et (ou) le maïs germé sont sansdoute à la base du choix de F7.Il apparaît donc pour les membres de l’équipe que le choixd’un type de farine donnée reste très complexe. Selon eux, latexture apparaît comme le critère le moins discriminé et, ainsi,participerait peu à la cotation générale. Peut en être une descauses la faible variation du maïs et du niébé dans les dif-férentes farines. Ils préconisent alors de faire des tests, grandeur nature, pourles farines F7, F6, F5, F1 et F2 – cette classification ne tient,cependant, pas compte de leur valeur nutritive intrinsèque. Ilssuggèrent aussi d’effectuer des analyses chimiques complé-mentaires pour déterminer exactement leur valeur nutrition-nelle, tout comme, d’ailleurs, pour planifier, sur au moins 6 mois,une étude relativement à la stabilisation des farines.A cet égard, ils mettent au point 6 autres farines, en utilisantdeux types de compositions — mil, sorgho, niébé, sésame,huile d’arachide, pain de singe, Moringa et sucre — et 3 pro-cédés : la co-fermentation des ingrédients en farine, la fermenta-tion des grains et la torréfaction des ingrédients. Les ingrédientsutilisés sont de ces compositions. La valeur nutritionnelle de cesnouvelles inventions a été déterminée et des échantillons ontété placés au laboratoire pour analyse complémentaire de ladensité énergétique et de la viscosité. Les caractéristiques nutri-tionnelles sont consignées dans le tableau 2.

Tableau 2: Caractéristiques nutritionnelles des 6 autres formules

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Comment fabrique-t-on le kossey ?l Le niébé est acheté sur le marché local ;l il est concassé pour détacher la pellicule et réduire la

taille des grains ;l il est vanné, afin de permettre d’éliminer la pellicule et

les débris ;l ses grains concassés sont trempés, dans de l’eau, à

la température ambiante de 30 minutes à 1 heure detemps, pour les faire gonfler et les ramollir ;

l les laver plusieurs fois, afin d’enlever les yeux noirs etrouges et les pellicules résiduels, ce à quoi les trans-formatrices ajoutent l’oignon et (ou) l’ail et le piment ;

l ils sont broyés pour obtenir la pâte à laquelle estajouté du sel ;

l débute alors l’opération de la rendre homogène ;l commence la friture que précède l’addition de l’extrait

gluant du « kellé », une écorce séchée. La pâte estmise dans l’huile chaude à l’aide d’une cuillère, lesbeignets sont remués à l’aide d’un bout de bois etcuits lorsque leur couleur est dorée.

ECHOS DE LA RECHERCHE NATIONALE

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En 2013, ils poursuivront le travail d’évaluation sensorielleet l’étude de stabilisation de ces farines. Enfin, au courant des mois de février et de mars 2012, unetrentaine d’acteurs ont bénéficié de formation sur les tech-nologies de conservation et de transformation du maïs etdu niébé et leur transformation primaire et secondaire.

Contact : Armand FayeCORAF/WECARD, BP 48 Dakar RPCP 18523, Dakar, Sénégal Tél. : (221) 33 869 96 18 Fax : (221) 33 869 96 31 E-mail [email protected]

[email protected] : aramandfaye MY : armand.faye Internet : www.coraf.org

Au Cameroun, les voisins pas la seulerichesse, les dérivés dumaïs et du niébé aussi

VOICI UN PAYS QUI N’EST PAS SEULEMENT RICHE DE SES MULTI-ples voisins, ceinturé qu’il est, au Sud-Ouest par l’O-céan Atlantique, à l’Ouest par le Nigéria, au Sud par le

Congo, le Gabon et la Guinée Équatoriale, à l’Est par laRépublique Centrafricaine et au Nord-Est par le Tchad et… leLac Tchad. Il l’est tout autant de son agriculture vivrière, soclede son économie et principal vecteur de sa croissance. Laculture, la production, la conservation, la transformation et lacommercialisation du maïs et du niébé s’y ayant fait uneplace de choix, l’on saisit toute l’importance que leur accordele Projet post-récolte présent dans l’Extrême-Nord, depuis2011, pour un séjour jusqu’en 2013.En 2012, le Projet sous-régional « Promotion de technolo-gies post-récoltes de conservation et de transformation dumaïs et du niébé pour réduire les pertes et améliorer leurqualité marchande en Afrique de l’Ouest et du Centre », deson vrai nom, s’active toujours aussi énergiquement, dans lazone soudano-sahélienne et, plus spécifiquement, la Valléede la Bénoué, où se trouve la ville de Garoua située au sud-ouest de Maroua (voir article de l’édition précédente). A l’ins-tar de ses institutions sœurs du Sénégal, de la Guinée, duNiger, toutes membres du CORAF/WECARD soutenu par leDFID (Department for International Development) du Royaume-Uni, l’Institut de recherche agricole pour le développement(IRAD) pilote l’équipe nationale camerounaise qui se donnecorps et âme à contribuer à la sécurité alimentaire et à laréduction de la pauvreté, dans la sous-région.Pour y parvenir, il y a quatre chemins que l’équipe nationalea empruntés. Ce sont les opérations de transformation, les

opérations technologiques, la formulation de farines com-posées ainsi que la formation des cadres.Pour ce qui est des opérations de transformation, elles sedéroulent chez le seul opérateur de la contrée rencontré aumarché de Yelwa, un garçon âgé de 18 ans. Il travaille, tousles jours sous une véranda, avec un moulin à meules, équipéd’un moteur électrique, qui écrase les condiments, l’arachide,la tomate. Il concasse le niébé en tasses, en seaux et ensacs.

Les ingrédients locaux peuvent être mis à contribution

S’agissant des opérations technologiques, elles sont effec-tuées par les transformatrices, des femmes de 18 à 50 ans,qui travaillent pour leur compte personnel, dans la ville deGaroua et ses environs. S’approvisionnant en matièrespremières mises en sacs, en seaux et en tasses selon leursmoyens, elles fabriquent des gâteaux et beignets de niébéqui ont respectivement pour nom « koki » ou « alélé » (voirencadré 2) et « kossey » (voir encadré 1), une à sept foispar semaine. Certaines achètent le niébé en grains etd’autres déjà concassé. Au moyen du bois et du charbon,certaines font la cuisson là où elles vendent même, à l’abrid’un hangar en paille, tandis que d’autres le font à la maisonavant d’aller vendre. Elles les vendent emballés dans dessachets plastiques. Périssables, ils sont immédiatementconsommés à la maison ou distribués hors du cercle familial.

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Tableau 1 : Formulations des farines composées à basede maïs et de niébé

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Pour la fabrication des farines et des farines infantiles,l’équipe nationale a jugé utile de visiter la littérature traitantde leur composition. Elle en a tiré la leçon suivante : lesingrédients locaux peuvent être mis à contribution. Ainsielle propose une formule contenant 2 volumes de céréales– maïs – et un volume de légumineuses – 33 % d’arachide,de soja et de niébé.

Le Programme pilote d’appui à la mise à niveau

Passant à l’acte de production, elle a procédé au tri, à l’en-lèvement de leur pellicule suivi de la torréfaction, de lamouture et du tamisage pour obtenir les farines fines. Eva-luant les paramètres physico-chimiques de ces farinesainsi que les facteurs nutritionnels de ces farines infantiles,en recueillant les impressions de mères de familles expéri-mentées avant la production de masse, l’équipe nationalea effectué plusieurs essais, dans les laboratoires de tech-nologie agroalimentaire de l’IRAD, à Nkolbisson, en ban-lieue yaoundaise, et à Garoua.

A l’échelle artisanale, en vertu de la procédure expérimenta-le, ses observations préliminaires ont permis de retenir 4 for-mulations — F1, F3, F4, F5 —, d’évaluer, à une échelle plusgrande (2-3 kilos, mouture des ingrédients au moulin chezdes prestataires), de reconstituer et d’analyser les prépara-tions selon le tableau 2.

Tableau 2 : Paramètres et méthodes d’appréciation despréparations reconstituées

Les tableaux 3 et 4, qui suivent, donnent les conditions de re-constitution des farines instantanées et les caractéristiquesde préparation comparées à 3 témoins de fabrication indus-trielle. A l’issue de ces travaux et après discussion, le labora-toire de l’IRAD à Garoua est évalué pour acquérir prochainementle matériel pour atteindre une production plus importante.

Tableau 3 : Conditions de reconstitution des farines instantanées

Comment fabrique-t-on le Koki ?l Le niébé est acheté sur le marché local ;l il est concassé pour détacher la pellicule et réduire la

taille des grains ;l il est vanné, afin de permettre d’éliminer la pellicule et

les débris ;l ses grains concassés sont trempés, dans de l’eau, à

la température ambiante de 30 minutes à 1 heure,pour les faire gonfler et les ramollir ;

l les laver plusieurs fois, afin d’enlever les yeux noirset rouges et les pellicules résiduels, ce à quoi cer-taines transformatrices ajoutent du piment ;

l ils sont broyés pour obtenir la pâte à laquelle estajouté du sel, de l’huile de palme préchauffée et del’eau parfois chauffée ;

l débute alors l’opération de la rendre homogène, lemélange se faisant énergiquement ;

l la pâte est conditionnée dans des sachets plastiqueset sa cuisson dure au moins deux heures.

Donnant suite à ces essais préliminaires, elle a conçu 5 for-mulations de farines instantanées (voir tableau 1) qui sontdes farines composées testées à micro-échelle, autrementdit à moins de 500 grammes de mouture manuelle des in-grédients à la machine du labo.

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ECHOS DE LA RECHERCHE NATIONALE

CORAF ACTION N° 79 JUILLET-AOÛT 20159

Figure 1 : Aperçus des farines composées (de gauche à droite : F1, F3, F4, F5, Cérélac, Phosphatine, Blédine).

Tableau 4 : Caractéristiques des préparations comparées à 3 témoins de fabrication industrielle

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ECHOS DE LA RECHERCHE NATIONALE

Dans les mêmes labo, l’équipe nationale est en train decaractériser les farines mises au point.

Au Niger, seuls les sous-produits du niébé

occupent le haut… de la marmite

QUI PEUT LUI REPROCHER D’AVOIR CHOISI LE NIÉBÉ ET NON LEmaïs ? Personne. Le pays est suffisamment réalistepour ne baser ce choix que sur ses avantages compa-

ratifs que lui offre cette légumineuse. Et les résultats préliminai-res de 2012 n’ont pas loupé, bien au contraire ! En concentrantses efforts sur la transformation du niébé, l’équipe nationalenigérienne, managée par l’Institut national de la rechercheagronomique du Niger (INRAN), du Projet post-récolte niébé-maïs fait du deuxième volet de ce dernier la source de sessuccès de l’année.Depuis 2011 jusque et y compris 2013, le Projet sous-régio-nal « Promotion de technologies post-récoltes de conserva-tion et de transformation du maïs et du niébé pour réduire lespertes et améliorer leur qualité marchande en Afrique del’Ouest et du Centre », de son vrai nom, a donné le meilleurde lui-même pour véritablement promouvoir et développerles technologies améliorées de transformation du niébé. Acôté des autres équipes nationales du Sénégal, de la Guinéeet du Cameroun qui ont aussi embrassé le premier volet depromotion des technologies de conservation, de battage oude décorticage et de conditionnement des grains de maïs etde niébé, il a contribué, à sa manière, à la sécurité alimen-taire et à la réduction de la pauvreté dans la sous-région. Etce, sous les auspices de leur Organisation sous-régionale, lebien nommé CORAF/WECARD soutenu, sans relâche, parle DFID (Department for International Development) duRoyaume-Uni, durant toutes les trois années d’existence duProjet sous-régional. En 2012 donc, l’équipe nationale a mis au point 4 technolo-gies : une incorporation de 20 % de niébé dans la fabricationdu pain, la formulation d’aliments de complémentation pourenfant à 30 % niébé, l’amélioration du procédé de fabricationde la farine de niébé, l’optimisation de l’utilisation des procé-dés de fabrication des beignets dits « kossai » ou « akara »et des boulettes dits « dan waké » ou « gabda ». Elle a, en outre, identifié, de façon précise, 4 groupementsféminins ainsi que leurs besoins en formation ; elle a permisà deux techniciens de niveau BAC + 1 de l’IPDR (Institut pra-tique de développement rural) de soutenir leur mémoire defin de cycle ; elle a développé 3 partenariats avec le Centre

Le volet formation des cadres de l’IRAD, lui, est pris encharge par le Programme pilote d’appui à la mise à niveau,la normalisation et la qualité (PPAMNQ). Et il portait sur lesbonnes pratiques de fabrication, les bonnes pratiques d’hy-giène, la méthode d’analyse des risques pour leur maîtrisedite système HACCP (Hazard Analysis Critical ControlPoints), et la traçabilité en entreprise agroalimentaire.

Contact : Ousmane NdoyeCORAF/WECARD, BP 48 Dakar RPCP 18523, Dakar, SénégalTél. : (221) 33 869 96 18Fax : (221) 33 869 96 31E-mail : [email protected] : www.coraf.org

Figure 2 : Aperçus des préparations reconstituées (de gauche à droite : F1, F3, F4, F5, Cérélac, Phosphatine, Blédine).

Remarquons que l’échantillon F3 (ci-dessus), reconstitué àla proportion 1/2 v/v, était très épais. Il a été repris à la pro-portion 1/3 v/v, tel que montré ci-dessous.

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Directeur de publicationHarold Roy-Macauley

Directeur de la rédactionAbubakar Njoya

Directeur adjoint de la rédactionAnatole Yékéminan Koné

Rédacteur en chefArmand Faye

Comité de rédaction et de lectureErnest Assah Asiedu, George Muluh Achu

Abdourahamane Sangaré, Hamadé Kagoné,Abdulai Jalloh, Niéyidouba Lamien,Yacouba Diallo, Francis Ofoe Konu,

Julienne Kuiseu

Mise en pagesNgor Sarr

Alassane Dia

Postage en ligneGorgui Alioune Mbow,Ndèye Oulèye Anne

Documentation, édition et diffusionCORAF/ WECARD

Version anglaise disponible

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ISSN : 0850 5810

Coraf Action

Lettre d’information trimestrielle du Conseil Ouest et Centre africain pour la recherche et le développement agricoles. Le CORAF/WECARD est une association internationale a but non lucratifnée, en mars 1987, et regroupe actuellement 22 Systèmes nationaux de recherche agricole (SNRA) de la sous-région. Il s’appelait alors la Conférence des responsables de recherche agronomique africains etfrançais, changée, en 1995, en Conférence des responsables de larecherche agricole en Afrique de l’Ouest et du Centre, puis, en son actuelnom, en 1999. Le CORAF/WECARD a pour vision et pour mission la réduction durable de la pauvreté et de l’insécurité alimentaire par une augmentation de la croissance économique induite par l’agriculture et l’amélioration durabledu système de recherche agricole, de la productivité, de la compétitivité etdes marchés par la satisfaction des principales demandes des acteursadressées aux SNRA.Parmi celles-ci, les données et informations scientifiques vulgarisées quevéhicule, depuis octobre 1996, Coraf Action éditée avec à travers leProgramme sur les semences en Afrique de l’Ouest du CORAF/WECARD,le présent appui financier bureau Afrique de l’Ouest de l’USAID (UnitedStates Agency for International Development).

CORAF ACTION N° 79 JUILLET-AOÛT 20151111

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de formation en boulangerie (AGAPE) pour le dévelop-pement des technologies de panification ; l’INRAN a signé uneconvention avec le PRODEX (Projet de développement desexportations et des marchés agro-sylvo-pastoraux) pour ledéveloppement et la diffusion des technologies de transfor-mation du niébé ; la Plateforme paysanne du Niger a contracté un accord de partenariat de collaboration avec leProjet « Partenariat entre la recherche et les Organisationsde producteurs pour une amélioration de la qualité, une label-lisation et une meilleure mise en marché des produits trans-formés des filières agricoles prioritaires au Sénégal, Togo,Niger et Bénin », initié par le CORAF/WECARD.

Elle attribue la note 1 au pain le plus apprécié (classé premier) et la note 4…

Cerise sur le gâteau, les sous-produits ou dérivés du niébé,qui sont de pures inventions de cette équipe, ont été dévoilésau grand public et aux autorités politiques, lors de la journéeportes ouvertes organisée à l’occasion de la célébration de laJournée nationale de la femme nigérienne, à Niamey, maisaussi de la tenue, à Ouagadougou, de la 10e édition du Fo-rum régional de la recherche et de l’innovation technologique.Le seul hic noté est l’absence de mise en place de laPlateforme d’innovation technologique et la non-diffusion desprix sur les marchés.Quant aux appréciations des pains fabriqués à partir de fari-nes composées de blé et de niébé faites, notamment, par lesdégustateurs, l’on a pu mieux mesurer la qualité des dif-férentes farines dépendant de l’effet de la variété ainsi que dutype de farine. Tout comme le recueil des impressions, pro-venant des transformatrices ayant participé aux tests d’utili-sation des farines des 7 variétés ayant servi à la confectiondes beignets et boulettes cités plus haut, montre que l’effetde la variété sur la qualité du produit fini est bien perçu.A l’étape de la fabrication de pain composite niébé-blé, l’é-quipe a développé et diffusé 7 variétés améliorées de niébéacquises auprès de l’unité semencière de l’INRAN. Pourmener à bien cette expérimentation, il lui a fallu tester l’effetde la variété sur la qualité du produit fini. Vingt et une farinesen sont fabriquées, soit 3 types — F1, F2, F3 — par variété. Ainsi, à l’AGAPE où se sont déroulées les 16 tests, l’équipea cherché à déterminer la variété la mieux adaptée, lemeilleur taux de substitution du blé par le niébé et le meilleurtype de farine de niébé. Trois taux d’incorporation du niébésont testés : 15, 20 et 25 %. Le dispositif expérimental, unfactoriel de 7 X 3 X 3 = 63 essais mis en place, est appropriémais difficile à réaliser, vu le temps et le coût de la prestationau niveau de la boulangerie. C’est pourquoi, dans un premiertest, l’équipe a réalisé un test préliminaire pour évaluer lescaractéristiques organoleptiques des pains des 27 farines.Trois farines sont tirées au hasard du lot, à chaque séance,pour fabriquer le pain à 15 % niébé. Dans un second test, elle effectue, pour les différentes varié-tés et pour un type donné de farine, un criblage ou screening,en utilisant un test axé sur le produit. Les caractéristiques desdifférents pains sont relevées, au cours de la fabrication. Lespains composés ainsi que le pain à 100 % blé (pain de blé)fabriqués et codifiés sont soumis à l’appréciation d’un jurycomposé essentiellement de la clientèle de la boulangerie,

qui en a apprécié la couleur, la flaveur, la texture, le goût etl’acceptabilité générale (ag). Les farines des variétés retenues sont mises en compéti-tion avec comme seuls juges les consommateurs et en

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CORAF ACTION N° 79 JUILLET-AOÛT 201512

Tableau 1 : Caractéristiques organoleptiques des pains à15 % de farine de niébé

Nombre de dégustateurs = 10 ; significative à P < 0,05

Les dégustateurs ont bien apprécié tous les pains compa-rables au pain de blé, à l’exception du pain de la farine 1de la variété 1 (V1), à cause de sa flaveur et de sa texture.De surcroît, ils trouvent le goût du pain de la farine de lavariété 7 meilleur que celui du pain de blé.

Tableau 2 : Caractéristiques organoleptiques des pains à15 % de farine de niébé

Nombre de dégustateurs = 10 ; significative à P < 0,05

Au troisième test, le pain de la farine 1 de la variété 3 serévèle généralement accepté plus que le pain de blé,tandis que le quatrième test indique que tous les pains deniébé sont significativement plus appréciés que le pain deblé. En revanche, l’équipe n’a observé, sur les cinquième,sixième et septième tests, aucune différence entre les

Tableau 3 : Caractéristiques de la pâte et du pain à 15 %de substitution de la farine 1

Nombre de répétitions = 3 ; * significative à P ² 0,05

Les résultats attestent que la farine 1 des variétés 4, 6 et 7donne des pains de volumes faibles et de densité un peuélevée par rapport à ceux du pain de blé, mais cette dif-férence n’est pas significative. Par contre, ils sont très dif-férents quant à leur taux d’hydratation et à la températurede la pâte. La farine de la variété 1 a le plus grand tauxd’hydratation et donne une pâte de température élevée.Contrairement à cette farine 1, celle dite 2 comporte despâtes et des pains de farine aux caractéristiques très dif-férentes, sauf quand il s’agit de la température de la pâte.Les pains de farine 2 des variétés 3 et 5 sont denses et depetits volumes.A part la température de la pâte, toutes les caractéristiquesdes pâtes et des pains de farine 3 sont très différentes decelle du pain de blé. Les pains des variétés 1, 3, 2 et 7 sontles pains les plus denses et de plus faibles volumes.A 20 % d’incorporation de la farine 1, la pâte présente descaractéristiques pratiquement identiques, et il en est demême des pains des différentes variétés de niébé, maistous les pains sont différents du pain de blé du point de vuevolume, densité et poids total.

augmentant la part du niébé à 20 et à 25 %. Le test d’homo-généité des moyennes, dit ANOVA, lui a servi pour analysertous les résultats d’analyse des caractéristiques de fabri-cation et organoleptiques des pains à l’aide du logiciel GEN-STAT. A la suite de quoi, elle passe à l’évaluation sensorielle despains à 15 % niébé. Elle recourt au test de classement parrang pour obtenir une indication sur la couleur, la texture, legoût et l’acceptabilité générale (ag) des pains des différentesvariétés. Elle attribue la note 1 au pain le plus apprécié (clas-sé premier) et la note 4 au pain classé dernier. Les tableaux1 et 2 en illustrent quelques résultats.

pains à 15 % de farine 1 des variétés 6 et 5, de farine 3 dela variété 3 et le pain de blé.

La différence entre les pains à 20 % niébé et le pain de blé n’est pas significative

Mesuré au goût et à l’acceptabilité générale, le pain à 15 %de farine 3 de la variété 1 surclasse le pain de blé ; tandisque le pain à 15 % de farine 3 de la variété 2 a une flaveuret une texture meilleures que celles du pain de blé ; et lepain à 15 % de farine 1 de la variété 4 n’est pas du toutapprécié pour sa flaveur et son goût.L’équipe consigne, sur les tableaux 3, 4 et 5, les donnéesrelatives à la détermination des caractéristiques de la pâteet du pain composite.

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Tableau 4 : Caractéristiques de la pâte et du pain à 20 %de substitution de la farine 2

Nombre de répétitions = 3 ; ** très significative à P < 0,05

Par rapport au pain de blé, la pâte et les pains sont de carac-téristiques très différentes. Le pain de la variété 7 a lemeilleur volume après le pain de blé. Les farines 3 à 20 %ont un taux d’hydratation élevé. Tous les pains sont dif-férents du pain de blé du point de vue volume, densité etpoids total. Pour obtenir une indication sur la couleur, la texture, le goûtet l’acceptabilité générale des pains des différentes variétés,l’équipe a conduit une évaluation sensorielle des pains à 20et à 25 % d’incorporation de la farine de niébé. Pour mettreen pratique le test de classement par rang, elle attribue lanote 1 au pain le plus apprécié et la note 4 au pain classédernier. Les tableaux suivants en illustrent quelques résultats.

Tableau 5 : Caractéristiques organoleptiques des pains à20 % de farine 1 de niébé

Nombre de dégustateurs = 19 ; * non significative à P = 0,05

La différence entre les pains à 20 % niébé et le pain de blén’est pas significative. La flaveur du niébé semble être plusprononcée à partir de 20 % chez la variété 5. Les pains sontacceptables jusqu’à 25 % d’incorporation du niébé qui amé-liore, du reste, leur couleur.

L’équipe en a mis au point 6 au moyen de 2 types de composition et de 3 procédés

La différence entre le pain de blé et les pains de farine 3est très significative, sauf dans le cas du pain de la farine 3de la variété 6. Donc cette dernière donne un pain accep-table identique à celle du pain de blé.

Tableau 6 : Caractéristiques organoleptiques des pains à25% de farine F3 de niébé

Nombre de dégustateurs = 15 ; *non significative ; **trèssignificative à P < 0,05

Tous les pains à 25 % de farine 3 ne sont pas appréciéspar les dégustateurs. La différence entre ces pains et lepain de blé est très significative compte tenu de tous lesparamètres organoleptiques.Pour tester la fabrication des beignets kossai ou akara etles boulettes dan waké, l’équipe a fabriqué 7 farines deniébé de granulométrie bien donnée, à partir des 7 var-iétés, avec la collaboration des transformatrices. Les prin-cipaux résultats obtenus sont consignés dans les tableauxci-dessous.

Tableau 7 : Caractéristiques technologiques des boulettesgabda ou dan waké

Les farines n’ont pas le même comportement, lors des trai-tements technologiques. Pour la préparation du gabda, la fa-rine des variétés 2 et 5 absorbe moins d’eau, tandis que lafarine de la variété 4 est avide d’eau. Toutefois, l’écart entreces taux d’hydratation n’est pas grand. Après hydratationet battage des farines, les pâtes des variétés 5, 7 et 6 ontles poids les plus élevés. La pâte des variétés 5 et 3 a lesmeilleurs taux de gonflement à l’eau, lors de la cuisson.Les variétés 1 et 4 ne sont pas performantes pour la confec-tion de gabda, malgré le taux d’hydratation élevé de leurfarine.

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En vue d’optimiser et de diffuser les bonnes techniques defabrication de farines infantiles à haute valeur nutritive,l’équipe en a mis au point 6 au moyen de 2 types de compo-sition et de 3 procédés : la co-fermentation des ingrédientsen farine, la fermentation des grains et la torréfaction des

Tableau 9 : Caractéristiques nutritionnelles des formules

Tout ce qui précède inspire l’équipe de recommander auCORAF/WECARD d’organiser une formation sur la Pla-teforme d’innovation et à la coordination nationale du Projetsous-régional de travailler en synergie avec l’Organisationnéerlandaise de développement (SNV) et le PRODEX pourla mise en place prochaine d’une Interprofession nationalede la filière pouvant, demain, servir de Plateforme d’inno-vation technologique.

Contact : Ernest Assa AsieduCORAF/WECARD, BP 48 Dakar RPCP 18523, Dakar, Sénégal

Tél. : (221) 33 869 96 18 Fax : (221) 33 869 96 31E-mail : [email protected] Skype : ernestasieduInternet : www.coraf.org

Pour la préparation du kékéna, la farine des variétés 4, 3 et5 ont les meilleurs taux de gonflement. Mais les pâtes n’ontpas le même comportement à la friture, la pâte de la varié-té 3 absorbe plus d’huile par rapport aux deux autres. Pource qui est du kékéna, la variété 5 donne un rendement plusfaible, alors que les deux autres enregistrent un rendementsupérieur à la moyenne. La farine de la variété 1, malgré safaible capacité d’absorption d’eau, donne un bon rendementde kékéna, avec un taux de consommation d’huile un peuélevé. Les variétés 4, 5 et 1 peuvent être recommandéesaux vendeuses de kékéna ou de kossai.

Tableau 8 : Caractéristiques technologiques des beignetskékéna ou kossai

ingrédients. Le mil, le sorgho, le niébé, le sésame, l’huiled’arachide, le pain de singe, le Moringa et le sucre leur ontservi d’ingrédients. La valeur nutritionnelle des 6 formulesest déterminée et des échantillons sont placés, au labora-toire de l’ITA de Dakar, pour analyse complémentaire de la densité énergétique et de la viscosité. Les caractéris-tiques nutritionnelles des formules sont consignées sur letableau 9.

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NOTE DE LECTURE

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Actes de la Conférence continentale sur les liens entreles preuves produites par la recherche et les politiquespour une adaptation aux change-ments climatiques en Afrique. Compterendu d’Armand Faye, du Sénégal.Sur le climat, les conférences, qui s’ytiennent, de partout dans le monde, seressemblent presque, sauf, pour le mo-ment, celle qui vient de se tenir, à Nairobi,c’était du 10 au 12 mars 2015. Son seulsujet aurait pu suffire pour en administrerla preuve : Conférence continentale surles liens entre les preuves produites parla recherche et les politiques pour uneadaptation aux changements climatiquesen Afrique !Conviés par « AfricaInteract » et « Agri-culture en intelligence (sensible au) avecle climat », deux grands Projets conti-nentaux du Forum pour la rechercheagricole en Afrique exécutés par ses OSR(Organisations sous-régionales derecherche agricole), ils étaient 180 parti-cipants venant de toute l’Afrique subsa-harienne au nom du landernau scien-tifique, de la Société civile, des Orga-ni-sateurs de producteurs, des Organi-sations non gouvernementales, de lasphère politique, des Plateformes régio-nales d’AfricaInteract, du Partenariat audéveloppement ainsi que des autressecteurs non-étatiques du monde agri-cole, sanitaire, urbain soucieux de laquestion genre. L’intention comme lavisée étaient de les faire se rencontrerpour partager la masse de données etd’informations produites et forger une perspective et un cadrede collaboration au sein et à travers les 4 sous-régionsafricaines. AfricaInteract (voir www.coraf.org), qui était sur la sellette decette conférence, est coordonnée, depuis 4 années (2011), parla Conseil Ouest et Centre africain pour la recherche et ledéveloppement agricoles (CORAF/WECARD), en la personnede son responsable du Programme gestion des ressourcesnaturelles, Dr Abdulai Jalloh, et financièrement soutenu par lebureau régional pour l’Afrique sub-saharienne du Centre derecherches pour le développement international (CRDI) duCanada, basé à Nairobi et dirigé par le Dr Simon Carter.Des 17 communications, âprement discutées et disséquées, ilressort ce que l’assemblée, réunie en des commissions et enune séance plénière, ont retenu des conclusions et ficelé desrecommandations envers toutes les parties prenantes, quivous sont exposées dans les deux précédentes éditions. Apartir de celle-ci, nous vous livrons toutes les présentationsrésumées.Au premier thème des résultats de la recherche et les poli-tiques en matière d’adaptation aux changements climatiquesdans l’agriculture, Dr Jalloh a donné à l’assistance une visionpanoramique des projets. Pour l’histoire, il fait savoir que celafait quatre ans maintenant que AfricaInteract et deux ans que

Dr Abdulai Jalloh (en chapeau), coordonnateur d’AfricaInteract, présentant la première communication de laConférence.

Depuis 2011, en effet, le CORAF/WECARD, une des Organisations sous-régionales membres du FARA, l’Organisationcontinentale faîtière, assure la coordination du Projet Africa-Interact que soutient financièrement le bureau Afrique sub-saharienne du Centre de recherches pour le développementinternational (CRDI). Leur intention, à eux tous, est de fairequ’il s’accomplisse dans la promotion effective du dialogue etde la prise de décision. Car ceux-ci sont bien à même deconduire les populations vulnérables à adapter aux impacts duchangement climatique leur agriculture, système de santé,préoccupations urbaines comme l’eau et la question genre.Ainsi l’AfricaInteract travaille à analyser les écarts notés dansles importantes options politiques qui fournissent l’informationaux décideurs, à organiser des ateliers et tables rondesstratégiques impliquant les scientifiques et décideurs poli-tiques, à former un éventail de groupes sur les questions cru-ciales qui leur permettent d’analyser, de manière effective, lesquestions liées au changement climatique et d’y mener lesnégociations concrètes, à procurer des supports d’identifica-tion des champions pouvant assister aux conférences interna-tionales et à harmoniser les différentes positions sur le sujet. Depuis 2013, cette fois-ci, c’est le FARA même qui s’appliqueà mettre en œuvre le second Projet, l’Agriculture en intelligence(ou sensible au) avec le climat (CSA), financé par le NORAD(Norwegian Agency for Development Cooperation ou Agence

la CSA ont été mis en œuvre sous le parapluie du FARA, dansles quatre régions de l’Afrique sub-saharienne.

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Dr Sicily Kanini Kariuki, Secrétaire principale au département kényan de l’agriculture, qui a officiellement ouvert la conférence, recevant ici des mainsdu Dr Paco Sérémé, directeur exécutif par intérim du CORAF/WECARD, le rapport continental de synthèse des résultats et évaluations des écarts dela recherche et des politiques : les zones urbaines, l’agriculture et la santé.

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NOTE DE LECTURE

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norvégienne pour le dévelop-pement international), avecl’active collaboration de l’ASA-RECA (Association for Strengh-tening Agricultural Research inEastern and Central Africa), duCCARDESA (Centre for theCoordination of AgriculturalResearch in Southern Africa) etdu CORAF/WECARD (Ouestet Centre africain pour larecherche et le développe-ment agricoles/West and Cen-tral Africa for AgriculturalResearch and Develop-ment). Cette solide coalitionentend faire en sorte que leProjet CSA encourage lacompréhension des facteurslocaux d’économie politiqueet autres qui stimulent unelarge adoption de cette nou-velle forme d’agriculture.Pour y parvenir, le ProjetCSA entreprend l’élaborationdes termes de références desétudes de génération des don-nées et informations sur la

question genre dans 12 pays,le passage en revue lesPlans nationaux d’investisse-ment d’au moins 10 pays dela CEDEAO (Communautééconomique des Etats del’Afrique de l’Ouest) afin d’i-dentifier les écarts et pointsd’entrées pouvant permettreà la recherche de faire frontaux préoccupations soule-vées par l’arrivée de cettenouvelle forme d’agriculture,l’étude d’impact de cettedernière sur l’ensemble desfacteurs agricoles de la pro-ductivité et le développementdes règles, systèmes et mé-thodologies pour inclure laCSA dans les initiatives exis-tantes ou planifiées de 10pays.D’après le présentateur, tousles deux Projets sont par-venus à atteindre leurs objec-tifs, d’où cette Conférence !Présentant le second thèmerelatif à la synthèse des

résultats de la recherche etles politiques agricoles en ma-tière d’adaptation aux chan-gements climatiques en Afriquesub-saharienne, Dr EmmaLiwenga, de l’Université deDar-Es-Salam, signale, d’en-trée de jeu, l’excessive vul-nérabilité de l’agriculture de cetterégion à ce phénomène. Decette affirmation, il tire la con-séquence qui est qu’elle requiertdonc le fort secours de larecherche et de la politique pourson adaptation.Pour y arriver, une étude d’en-vergure continentale est en-treprise. Dans les quatre sous-régions, regroupées au seindes Organisations économi-ques régionales (OER) quesont la CEDEAO, la CEEAC(Communauté économiquedes Etats de l’Afrique Cen-trale), l’EAC (East AfricanCommunity ou Communautéde l’Afrique de l’Est) et laSADC (South African Devel-

opment Community ou Com-munauté de développementde l’Afrique Australe), sont àl’étude les sous-secteurs dela production vivrière, de l’é-levage, du pastoralisme et dela pêche.Selon lui, l’étude fait partie in-tégrante des activités d’adap-tation, menées dans le cadredu Projet AfricaInteract, par laPlateforme pour le partagedes connaissances entre scien-tifiques et décideurs politiques.Financée par ce bureau régio-nal du CRDI et coordonnée parle CORAF/ WECARD, sous lahoulette du FARA entré enpartenariat avec le FANRPAN(Food, Agriculture and NaturalResources Policy AnalysisNetwork ou Réseau d’analysedes politiques sur l’alimentation,l’agriculture et les ressourcesnaturelles), la COMIFAC (Com-mission des forêts d’AfriqueCentrale), ENDA Tiers-mondeet l’ASARECA.