magazine ulp.sciences n° 1 - octobre 2000 · 2009. 10. 23. · 4 , rue blaise pascal• 67070...

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o c t o b re 2000 t r i m e s t r i e l 1 5 F / 2,29 e n°1 Les nouvelles filières de la rentrée Une journée avec une doctorante Faire de la science une seconde nature La santé des étudiants

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  • o c t o b re 2000t r i m e s t r i e l

    1 5 F / 2,29 €

    n ° 1

    Les nouvelles filières de la rentrée

    Une journée avec unedoctorante

    Faire de la science une seconde nature

    La santé des étudiants

  • 2 [ u l p . s c i e n c e s- n°0 - mai 2000

    Initiatives L’observatoire astronomique virtuel 3La Maison Arconati Visconti 3

    Vie étudianteUn étudi@nt,un e-mail 3Le tutorat,pour quoi faire? 3Étudiants citoyens 4Université,l’école de la solidarité 4Faire face à la précarité 4

    Repères Ressources humaines et moyens : 4 ans de projets 5

    InternationalCap sur Taïwan et Hong-Kong 6

    DossierLa santé des étudiants :à la re c h e rche de l’équilibre 7La prévention,une question de responsabilité 7Comportement des étudiants :une sagesse surprenante 8Rythmes biologiques et vie étudiante 9Vivre à l’université avec un handicap 9Voir un psy ? 10Risque et jeunesse,un couple indissociable 10Parler de sexualité 11La prévention des accidents en laboratoire 12

    FormationEnseigner à distance avec l’internet 13Les nouvelles filières de la rentrée 14Cursus internationaux 15Harmonisation européenne des diplômes 15La validation des acquis professionnels 16

    RechercheQuelle politique pour la recherche à l’ULP ? 17Le CNRS en Alsace 17RÉALISE,le réseau environnement 18La Génopôle :du gène au médicament 18Une journée avec une doctorante 19L’impact économique du pôle universitaire strasbourgeois 20

    CultureFaire de la science une seconde nature 21Fou de sciences 22

    > Agenda culturel 22/23> Livres/multimédia 23

    PortraitJean-Jacques Mercier Des particules aux planches 24

    sommaire]

    > Université Louis Pasteur : 4 , rue Blaise Pascal • 67070 Strasbourg Cedex • t é l . 03 88 41 60 00fax 03 88 60 75 50 • site web : w w w - u l p.u-strasbg.fr > directeur de la publication : Je a n - Y ves Mérindol > rédacteur en chef: Eric Heilmann > coordination de la publication :Agnès V i l l a nu eva > contact de la rédaction - service communication de l’ULP:4 , rue Blaise Pascal • 67070 Strasbourg Cedex • t é l . 03 88 45 46 53 > comité de rédaction :V é ronique A n d r é ,Valérie A n s e l ,F l o rence Beck,Yann Bugeaud, G é r a rd Clady,Je a n - M a rc Félix, Eric Heilmann, Shirin Khalili, R i c h a rd Kleinschmager, Isabelle Kraus,Je a n - M a rc Lepoittev i n , Renaud Pierro n ,G i l b e rt V i c e n t e, Agnès V i l l a nu ev a> ont participé à ce nu m é ro: Pascal Aimé (P. A . ) , V é ronique André (V. A . ) ,F l o rence Beck (F. B . ) ,Sylvie Bouteaudou (S.B.), Deborah Boxberger (D. B . ) , Guy Chouraqui (G.CH.), G é r a rd Clady (G.C. ) ,Mathilde Elie (M.E.), Eric Heilmann (E.H.), Shirin Khalili (S.K.), L u d ovic Turlin (L.T.) > re m e rciements pour le dossier: Sylvie Berger, Marie-Odile Bre t t e, Catherine Delannoy, Claude Geist,Philippe Giorgetti, Louis Gruel, Shirin Khalili,D avid Le Breton , Corinne Le Gal-Clarac,Ghislaine Lemarq u a n d , Danielle Live t ,Alain Muzet, Israël Nisand,Anne-Sylvie Pasques, Michel Patris,B e rtrand Pire t , Patrick Schmitt,Annette Ju n g ,G i l b e rt V i c e n t e, Jean Zwiller> illustration couve rt u re et dossier: Christine Michot > photograp h i e s: B e r n a rd Braesch (sauf mention) > conception graphique et maquette :THS > imprimeur : Unal-67200 Strasbourg > tirage : 10 0 0 0 e xe m p l a i res > n° ISSN : en cours > n°commission paritaire: 0605 E 05543

    é dit oCette rentrée universitaire ouvre une année importante avec quelques rendez-vous quimarqueront l’évolution de l’ULP. L’un d’entre eux est la négociation,puis la signature ducontrat d’établissement, qui va lier pour 4 ans (2001-2004) notre université, les minis-tères de l’éducation nationale, de la recherche, et le CNRS.Le projet de contrat d’éta-blissement a été examiné en juillet dernier dans nos instances. Avec ce projet, l’ULPentend mobiliser ses efforts pour se faire connaître auprès des lycéens,pour dévelop-per ses formations pro fessionnelles et pour rénover ses DEUG. Dans le contexteactuel de compétition entre les universités au niveau international,l’ULP se place dansune stratégie d’ouve rt u re, tant pour le recrutement des enseignants-chercheurs quepour l’accueil des étudiants étrangers. Dans le même état d’esprit, les formations desecond cycle sont appelées à s’organiser afin de permettre à nos étudiants de passer unsemestre à l’étranger. Le programme d’échange d’étudiants Strasbourg Universities Studyabroad program auquel participent les universités de Strasbourg,de Grenoble et les uni-versités impériales japonaises constitue une expérience prometteuse.La re c h e rche et sa valorisation constituent un point déterminant de notre pro j e t .Notre université doit poursuivre son effort de structuration,en s’appuyant sur les pos-sibilités ouve rtes par les financements obtenus dans le contrat de plan État-Région.Certains secteurs,tels que la biologie, les matériaux,les sciences de l’information vontc o n n a î t re des évolutions très import a n t e s . P l a t e - forme de lancement de l’incubateurd’Alsace (SEMIA), l’ULP a mis en place avec ses part e n a i res (unive r s i t é s , c o l l e c t i v i t é sterritoriales,etc.) une structure de développement d’entreprises innovantes issues desactivités de la recherche.Nous souhaitons ainsi continuer à remplir au mieux les missions de formation et dere c h e rche qui sont les nôtre s , tout en réalisant des projets ambitieux en matière devalorisation et de culture scientifique et technique, ce qui marque notre volonté denous ouvrir toujours plus vers la cité.

    Au-delà de ces pro j e t s , ce mois d’octobre ouvre un nouveau cycle annuel au coursduquel étudiants, enseignants-chercheurs,enseignants et personnels IATOS vont s’im-pliquer dans la vie de l’université. À tous, je souhaite une fructueuse année.

    Pour toute suggestion au comité de rédaction,une adresse e-mail :[email protected]

    Jean-Yves Mérindol

    Président de l’Université Louis Pasteur

    de Strasbourg

  • 3octobre 2000 - n°1 - u l p . s c i e n c e s ]

    Un étu d i@nt, un e-ma i lDepuis la rentrée 1999,chaque étudiant de l’ULP peut disposerd’une boîte aux lettres électronique . Sa consultation s’effectue àpartir de n’importe quel ordinateur équipé d’un navigateur, sur lecampus ou à domicile , en se connectant à l’adresse web suivante:http://ulp.u-strasbg.fr. Quels avantages ce service présente-t-il parrapport aux offres proposées par les fournisseurs d’accès privés?Pour Roland Wiest,directeur du Centre universitaire régional deressources informatiques,le dispositif technique mis en œuvre sur le campus est bien plus performant: “La vitesse du réseau,lapuissance du serveur et une interface spécifique qui permet une priseen main rapide de l’outil,apportent une plus-value à notre système.Un enseignant peut également utiliser la messagerie pour adresser desmessages à un groupe d’étudiants , pour les informer d’un changementd’horaire dans l’emploi du temps par exemple.” 3000 boîtes aux lettresont été utilisées au cours de l’an passé et le nombre de messagesdiffusés sur le réseau n’a cessé d’augmenter au fil des mois. “Pour quecette messagerie devienne un véritable outil professionnel, ajouteRoland Wiest, il faudrait que les enseignants l’utilisent beaucoup pluspour communiquer avec leurs étudiants. Or seule une vingtaine d’entreeux s’en servent régulièrement à l’heure actuelle”.

    E.H.

    C’est en centaines de millions de mégaoctets que se comptent les flux d’infor-mations concernant les grands projets astronomiques.Le Centre de donnéesastronomiques de Strasbourg se préoccupe de développer des stratégies pour lagestion de cette masse phénoménale de données. Il s’agit de re n d re accessible toutesles arc h i ves éparpillées dans le monde et de créer les outils informatiques pour clas-ser et comparer toutes ces données,“pour extraire les pépites de la mine”. L’équipey travaille depuis 1972, et cette année, le sujet a pris une ampleur internationalelors d’une conférence tenue à Caltech en Califo r n i e.L’ O b s e rv a t o i re virtuel veut pro-poser un recensement complet du ciel.Cette cartographie fine permettra de cher-cher des objets rares qui pourraient aider à répondre à la question: de quoi estfaite la matière noire qui semble peupler l’Univers ?

    M.E.

    La Maison A r c o n a t iV i s c o n t iL’ULP innove avec le pôleuniversitaire européen enlançant la première maisond’accueil pour enseignants-chercheurs.Situé au 38boulevard d’Anvers,la MaisonArconati Visconti devrait ouvrirses portes avant la fin del’année et offrir une trentainede logements permettantl’accueil de personnes,seulesou accompagnées,pour desséjours dont la durée ne devrapas excéder trois mois.Gérée par le Crous et ouverte aux trois universitésstrasbourgeoises,cette nouvellestructure d’accueil offrira auxchercheurs le confort et tousles services nécessaires au bondéroulement de leur séjour.Les amateurs d’anecdoteshistoriques noteront quel’immeuble, acquis grâce à unimportant legs de la marquiseArconati Visconti,à la fin de lagrande guerre par l’Universitéde Strasbourg, avait été utilisépar l’armée française, commetribunal militaire .

    L.T.

    Sur le web : http://cdsweb.u-strasbg.fr/CDS-f.htmlInformations:

    Crous - tél.03 88 21 28 00

    Cette image est une vue de l’univers le plus lointain jamaisobservé,et révèledes centaines de galaxiesdont certaines sontsituées à plus de dix milliards d’années-lumière.

    La Maison Arconati Viscontiau 38 boulevard d’Anvers

    à Strasbourg

    L’ o b s e r v a toir ea s t r o nomiq u evirt uel

    Le système du tutorat ne fait pas beaucoup d’émules parmi les étudiants.Pourquoi? Sept universités, dont l’ULP, mènent à ce sujet une recherche pilo-tée par l’Institut national de recherche pédagogique. Pourtant le concept est pro-m e t t e u r.Des tuteurs, étudiants de maîtrise pour la plupart , aident pendant trois moisles nouveaux étudiants de DEUG à découvrir l’université : comment recueillir desinformations auprès du SIOE,comment faire une recherche en bibliothèque, com-ment se servir d’un traitement de texte, etc. Et suivant l’inspiration du tuteur, ilsvisitent un laboratoire ou un musée, bénéficient d’un atelier de révisions… mais pasde soutien disciplinaire. L’ULP considère en effet que le rôle des tuteurs n’est pasde donner des cours. L’expérience est enrichissante,même si les tuteurs sont déçusde sa faible audience. Le tutorat répond-il aux problèmes de massification et d’échecen DEUG,pour lesquels il a été mis en place? Nicole Poteaux,chargée de conduirecette recherche à l’ULP, n’en est pas convaincue:“le problème est complexe et ne sau-rait se réduire aux clichés sur le manque d’encadrement et l’anonymat de l’université”.Au contraire, il ressort des premières analyses que, pour les étudiants,l’universitéest synonyme d’indépendance. Et le tutorat, dans sa forme actuelle, semble peuadapté à ce désir d’indépendance.

    M.E.

    i n itiativ e s[

    vie étudia n t e[

    Une moyenne de10000 messagesest diffuséechaque semainesur le réseau.

    Le tutorat, pour quoi faire?

    L’ o b s e r v a toir ea s t r o nomiq u evirt uel

  • 4 [ u l p . s c i e n c e s- n°1 - octobre 2000

    vie étudia n t e]

    Élections des représentants étudiants aux grands conseils de l’ULP

    É t u diants citoyens

    U niv e rsit é :l’ é cole de la soli d a rit é

    a politique menée par l’ULPdepuis quelques années a

    permis de dépasser le stade de l’intégration de l’étudiant dans la communauté universitaire poura t t e i n d re celui d’acteur à partentière. Électeur et éligible, il a desd evoirs et des droits politiques.Son devoir est de désigner sesreprésentants et de faire entendresa vo i x , à travers eux, dans lesconseils qui go u vernent l’institu-t i o n ,dans un esprit de concert a t i o nmu t u e l l e. Son droit est d’êtreécouté, de pouvoir s’exprimer, devoir ses opinions prises en compte,

    mais aussi d’être informé correc-tement des enjeux des décisions.34 étudiants seront élus endécembre prochain pour siéger ausein des grands conseils, Conseild’administration (CA),Conseil desétudes et de la vie universitaire(CEVU) et Conseil scientifique( C S ) . Ils sont mandatés pendantdeux ans pour défe n d re les intérêtsde l’ensemble des étudiants. Ils par-ticipent aux débats et aux décisionsau même titre que les enseignants-c h e rcheurs et le personnel del’ULP. Ils représentent un quart desmembres du CA et 40% des élus

    du CEVU. Le nouveau vice-prési-dent étudiant, qui sera élu par leCongrès (assemblée des tro i sconseils) en janvier 2001, siège auBureau de l’université et participechaque semaine à l’élaboration dela politique de l’unive r s i t é .E t u d i a n t sde l’ULP, les 5 et 6 décembre 2000,faites entendre votre voix : votez !

    S.K.

    epuis la rentrée 1999, l’ULPp ropose un enseignement

    d ’ o u ve rt u re intitulé “ A c c o m p a g n e -ment et intervention sociale enmilieu urbain”. Mis en place à l ’ i n i t i a t i ve du Bureau de la vie étudiante, dans le cadre d’un par-tenariat avec l’Association de lafondation étudiante pour la ville( A F E V ) , il a pour objectif dep re n d re en compte l’implicationbénévole des étudiants dans desactions de solidarité, et de leurproposer de s’inscrire dans unelogique de réflexion dans l’action,tout en leur apportant les outilsn é c e s s a i res par la fo r m a t i o n .

    Le partenariat avec l’AFEV s’estcréé tout naturellement. Partantdu constat que l’université faitpartie intégrante de la cité,l’ULP aeu le souci de participer non seu-lement à la réflexion mais aussi auxinitiatives engagées sur le terrainpour répondre aux préoccupa-tions sociales concernant l’intégra-tion et le devenir des jeunes end i f f i c u l t é . Le bilan de l’année1999/2000 s’avère très positif : surles 700 étudiants bénévoles del ’ A F E V, 55 étudiants issus de toutesles filières de l’ULP se sont inscritsà cet enseignement, 41 ont suivi les25 heures d’enseignement théo-

    rique et ont également effectué unstage de 50 à 80 heures sous laforme d’une intervention dans lec a d re de dispositifs d’insert i o n ,d’accompagnement judiciaire ouscolaire. L’AFEV souligne que detelles collaborations méritentd’être développées avec d’autresuniversités.

    S.K.

    Faire face àla précarit éLa grande précari t é ,s y n o nyme dem i s è r e, é p a rgne la majorité desétudiants mais demande la miseen place d’aides exceptionnelles.“1 ou 1,5% des étudiants vivent ensituation de pauvreté chronique, c equi correspond à plus de vingt millep e rsonnes en Fra n c e” estime LouisG ru e l , sociologue à l’unive rsité deRennes et co-auteur d’uno u v rage de référence en lam a t i è r e( 1 ). “Le recours à une aidesociale est un bon indicateur desdifficultés gra v e s, quand unétudiant ne peut plus compter sursa famille ni sur les prêts d’uneb a n q u e.” p o u rs u i t-i l . À Stra s b o u rg ,des aides fi n a n c i è r e sexceptionnelles sont délivréesrapidement en cas d’urgence etse révèlent une bouée des a u vetage indispensabl e. E l l e ssont financées par le fonds socialdu Crous et un budget annuel del’ordre de 100 0 0 0 F débl o q u épar le Bureau de la vie étudiantede l’ULP. Quand les comptes enbanque des étudiants sont tropd é b i t e u rs , l’aide peut êtredélivrée autrement que parc h è q u e.“Nous avons mis en place,depuis trois ans, une aidealimentaire sous fo rme der e c h a rgement de la carte de R.U.pour les situations d’urg e n c ea b s o l u e.” indique Mari e - O d i l eB r e t t e, c o o r d i n a t rice au Crous.

    S. B.

    Contacts :Bureau de la vie é[email protected]

    tél.03 88 41 61 43AFEV

    11 Bd de la Victoire 67000 Strasbourgtél.03 88 37 05 62

    Les aides ponctuelles,m o n é t a i res ou sous forme de

    c a rtes de R.U. , sont géréespar le Cro u s .

    Contact:Marie-Odile Brette

    Service Social du Crous1 quai du Maire Dietrich

    67000 Strasbourgtél.03 88 21 28 48

    (1) Les conditions de vie desétudiants.Enquête del’Observatoire de la Vie Étudiante,sous la direction de ClaudeGrignon,éd. P.U.F (2000)

    Contact:Bureau de la vie étudiante

    tél.03 88 41 61 [email protected]

    L

    D

  • octobre 2000 - n°1 - u l p . s c i e n c e s ]

    re p è r e s[

    La division des personnels de l’ULP dirigée par Marylène Oberlé

    R essources humaines etm o y e n s: 4 ans de projets

    5

    Le projet de contratd’établissement

    2001-2004 del’université a étéapprouvé par le

    Conseild’administration le

    11 juillet dernier.Une phase de

    discussions et denégociations

    s’engage avec leMinistère de

    l’éducation nationale,le CNRS et

    l’INSERM pourfinaliser un contratdéfinitif à l’horizon

    de juillet 2001.

    e projet décrit les orientationsstratégiques de l’Unive r s i t é

    Louis Pasteur en matière de fo r m a-t i o n , de re c h e rc h e, de valorisationet de relations internationales àt r avers des actions qui visent à re n-fo rcer son attractivité, son rayo n-nement et son autonomie. Il pré-sente aussi des mesures qui per-m e t t ront de continuer à faire évo-luer les modes de gestion et defonctionnement dans le sens d’unmeilleur service rendu auxm e m b res de la communauté uni-ve r s i t a i re et d’une plus grande effi-c a c i t é . Un des axes primordiaux ducontrat s’articule autour du déve-loppement d’une politique de ges-tion des re s s o u rces humaines.Po u rles enseignants-cherc h e u r s , u n eattention part i c u l i è re sera port é een matière de recrutement à l’ou-ve rt u re vers des candidats exté-r i e u r s , notamment étrangers, et àla capacité d’attirer à l’ULP defuturs responsables d’équipes dere c h e rche ou de fo r m a t i o n . L’ U L Pf avorisera la préparation de thèsespour ses enseignants PRAG( 1 ) et del’habilitation à diriger des re c h e r-ches pour ses maîtres de confére n-c e. La période 2001-2004 ve rr as’engager le mouvement ded é p a rts à la re t r a i t e, qui pre n d r acependant une ampleur plus signifi-c a t i ve lors du contrat suivant. E l l eutilisera les marges de manœuvreainsi créées pour procéder à des

    re d é p l o i e m e n t s . Enfin des créditssignificatifs seront réservés aufinancement de l’installation den o u veaux collègues et à la réalisa-tion de travaux scientifiques trans-versaux à plusieurs disciplines. L agestion des personnels IATOS del ’ u n i versité sera dynamisée à tra-vers l’engagement d’une politiquede requalification des emploistechniques et de re d é p l o i e m e n tvers les composantes. Des bilansa n nuels d’activités, p ro g re s s i ve-ment expérimentés puis générali-s é s , p e r m e t t ront notamment, d ere n fo rcer la politique de fo r m a t i o nc o n t i nu e. Un bilan social présentédès 2001, la création d’une cellule“ c a rr i è re” à la division des person-n e l s , la mise en cohérence des poli-tiques indemnitaire s , l ’ e x p é r i m e n-tation d’une pro c é d u re de mu t a-tion type “ A F I P ”( 2 ) pour quelquesemplois affectés dans des unités dere c h e rc h e, la prise en comptec roissante des questions d’hy g i è n eet de sécurité et l’accentuation desm oyens confiés au Service unive r-s i t a i re d’action sociale constituentles pistes principales de travail quis e ront suivies dans les pro c h a i n sm o i s . En terme de gestion, l econtrat d’établissement présenteprincipalement des projets per-mettant de mieux mutualiser lescompétences techniques à trave r sdes équipements et des serv i c e sp a rt a g é s: installation d’un nouve a u

    s t a n d a rd téléphonique, é l a r g i s s e-ment du magasin de chimie à lab i o l o g i e, création d’une imprime-r i e / re p ro g r aphie centrale, re n fo r-cement de la division logistiquei m m o b i l i è re. De nouvelles ap p l i c a-tions informatiques de gestion sontp ro p o s é e s , parmi lesquelles l’entre-pôt de données est sans contestele projet le plus nov a t e u r. C e te n t repôt de données re g ro u p e r ades informations figurant dans lesd i f f é rentes applications de gestionde scolarité, de gestion financièreet des personnels… Il permettra àl’ensemble des décideurs, au nive a uc e n t r a l , au niveau des composanteset des unités de re c h e rche d’accé-der de façon simple à des donnéesd i verses qu’ils pourront cro i s e rselon leurs besoins. Cet outild evrait faciliter le pilotage des dif-f é rentes instances de l’unive r s i t é .Le contrat d’établissement 2001-2004 est un véritable projet d’ave-nir pour l’ensemble des acteurs etdes décideurs de l’Université LouisP a s t e u r. Il porte les projets néces-s a i res à l’évolution de l’institutionafin de répondre le plus efficace-ment possible aux défis scienti-fiques et sociaux qui s’engagent.Les inflexions qui touchent à la ges-tion des re s s o u rces humaines et àl’optimisation des moyens y tro u-ve ront toute leur place.

    P.A.

    (1) Professeurs agrégés du second degré

    (2) Affichage des fonctionsd’intérêt prioritaire, procédure

    mise en place par le CNRS

    L

  • 6 [ u l p . s c i e n c e s- n°1 - octobre 2000

    Contact:Service des relations

    internationalestél.03 88 41 61 99

    Sur le web :> Academia sinicawww.sinica.edu.tw/

    > Tsing-Hua Universitywww.nthu.edu.tw/

    > Hong Kong University ofScience and Technology

    www.ust.hk/> The Chinese University of

    Hong Kongwww.cuhk.edu.hk/

    > Consulat général deFrance à Hong Kongwww.france.com.hk

    > Institut français de Taipeiwww.fi-taipei.org/

    i n t e r n a tio n a l]

    l’image de la Faculté de médecine, fo rt e m e n tengagée dans des partenariats avec Shanghai II,

    Suzhou et V i e n t i a n e, les laboratoires strasbourgeois ontmultiplié ces dernières années les échanges avec leS u d-Est asiatique, notamment en direction de Taiwan etplus récemment de Hong Ko n g . Fil rouge de ce mou-vement de “ p roximité” au cœur duP a c i f i q u e, le secteur de la chimie a joué unrôle moteur dans le patient maillage descontacts avec Ta i p e i ,p a rt i c u l i è rement ave cl’Academia Sinica, la plus importante ins-titution scientifique du pay s . P l u s i e u r sséjours et missions récipro q u e s , ainsi quela participation active de chercheurs del’ULP à certains symposiums japonais ett a i w a n a i s , ont favorisé l’émergence d’unfaisceau de projets conjoints, c o u ro n n épar la signature en février 1996 d’una c c o rd de coopération avec l’AcademiaS i n i c a . Focalisé au départ sur la chimie, l ’ a c c o rd n’ex-cluait pas son extension ultérieure à d’autres disciplines.Cette volonté d’élargissement s’est traduite, au moisd ’ avril dernier, par le déplacement à Taipei d’une délé-gation de l’ULP composée du président Je a n - Y ve sMérindol et des vice-présidents Bernard Ehre s m a n n( R e c h e rche) et Michel Hoffe rt (Politique internationale)ainsi que de Jean-François Biellmann, d i recteur dere c h e rche au CNRS (Chimie) et “ c h eville ouvrière” dela coopération ULP-Ta ï w a n .À l’issue d’une pre m i è re journée consacrée à la visitede la National Tsing-Hua Unive r s i t y,du synchro t ron tai-wanais et du Hinschu Industrial Park, i m p re s s i o n n a n t ep é p i n i è re d’entre p r i s e s , les représentants de l’ULP ontété accueillis à l’Academia Sinica par le pro fesseur Yu a n -Tseh Lee, Président en exe rcice depuis 1994, P r i xNobel de chimie (1986) et Docteur honoris causa del’ULP (1998). La découve rte rigo u reusement pro g r a m-mée d’un panel ciblé d’instituts de l’Académie a permisd’identifier de nouveaux axes de coopération (échangesde jeunes cherc h e u r s ,co-tutelles de thèse,e t c.) dans les

    domaines des sciences de la terre, de la biologie et del ’ i n fo r m a t i q u e. Une nouvelle mission de l’Academiasinica à Strasbourg, à l’automne pro c h a i n , p e r m e t t r ad’affiner ces orientations et d’ap p ro fondir les contactsavec cette institution, n a t u rellement tournée ve r sl’Ouest mais également soucieuse de renouer des liens

    constructifs par-delà le détroit deFo r m o s e, avec des établissements homo-logues de la République populaire deC h i n e. Une Chine continentale en pleine s s o r, a b o rdée dans la foulée par la délé-gation de l’ULP via le terr i t o i re interface deH o n g - Ko n g , qui compte pas moins de septu n i versités parmi lesquelles la Hong-Ko n gU n i versity of Science and Te c h n o l o gy(HKUST) ainsi que la Chinese University ofH o n g - Kong (CUHK), dont les dirigeantsont été accueillis à Strasbourg au courantdu premier semestre 2000.

    À la re c h e rche de part e n a i res internationaux, la HKUSTprésente une certaine analogie avec l’ULP (sciences ettechnologies) sans toutefois disposer de facultés depharmacie et de médecine. La CUHK re g roupe toutesles disciplines et dispose du second centre hospitalieru n i ve r s i t a i re de Hong-Ko n g , au sein duquel les techno-logies de pointe côtoient la pratique de la médecine tra-ditionnelle chinoise. Se distinguant des autre su n i versités hongko n g a i s e s , la CUHK dispense ses ensei-gnements en anglais et en chinois, optimisant ainsi lesrelations avec ses consœurs de Chine continentale,re g roupées pour certaines en un réseau des unive r s i-tés du Pacifique.Autant de nouveaux part e n a i res poten-tiels donc, mais surtout un contexte géopolitique enr apide évo l u t i o n ,p a rt i c u l i è rement propice à l’établisse-ment de liens pérennes avec la communauté scientifiquec h i n o i s e, objectif d’ores et déjà inscrit dans le contratd’établissement pour les quatre années à ve n i r, p a r m iles axes prioritaires de la politique d’ouve rt u re inter-nationale de l’ULP.

    G.C.

    Cap sur Tai w a net Hong-Kong

    À Taiwan,

    la découverte d’un

    panel ciblé d’instituts

    de l’Academia Sinica

    a permis d’identifier

    de nouveaux axes de

    coopération dans les

    domaines des sciences

    de la terre, de la

    biologie et de

    l’informatique.

    Le professeur Lou-sing Kan lors de la visite du synchrotron Radiation Research Center - Taïwan

    Arrimée au socle de ses relationsdésormais bienétablies avec le

    Japon,l’ULP porteson regard en

    périphérie,élargissant

    progressivement son champ decoopération à

    d’autres pays d’Asiedu Sud-Est.

    CORÉE

    JAPON

    HONG-KONG

    TAÏWAN

    À

  • octobre 2000 - n°1 - u l p . s c i e n c e s ]

    d o ssi e r[

    “Capital santé” ou “prévention des maladies cardio-vasculaires”,autant de notions qui rebutent les 18-25 ans : ilsjouissent généralement d’une bonne santé et n’envisagent pas l’avenir sous cet angle. Pourtant,grâce à des consultationsdiversifiées,le Service interuniversitaire de médecine préventive et de promotion de la santé de Strasbourg (SIMPS) asu attirer nombre d’étudiants.Sur le même lieu,le Centre d’accueil médico-psychologique universitaire de Strasbourg(CAMUS) offre, depuis 1996, une aide face à la détresse psychologique qui touche un nombre croissant d’étudiants.

    In t e rrogez d’anciens étudiants sur la méde-cine préve n t i ve unive r s i t a i re : au mieux, ils ses o u v i e n d ront d’une visite obligatoire, s t a n d a r-d i s é e, vite oubliée car peu propice à l’échange.Depuis dix ans, et sous l’influence du docteurDanielle Live t , responsable du serv i c e, c e t t ei m a g e, c e rtes re s p e c t a b l e,mais un peu vieillotte,s’est transfo r m é e.Au SIMPS, on tro u ve désor-mais à qui parler. “80% des consul-tations se font à la demande del ’ é t u d i a n t , c o n t re 20% qui sont obli-g a t o i res dans certaines fi l i è re s. Il y adix ans, la pro p o rtion était inv e rs e.”Une réussite alors que 90% des étudiants affi-chent une bonne santé. “Nous ne nous arrêtonspas à cette fa ç a d e, précise le docteur DanielleL i ve t , car les comportements à risques ou unemauvaise hygiène de vie touchent près de la moitiédes étudiants.42% sont fumeurs,20% souffrent dud o s, 10% dorment mal, 46% ont des ra p p o rt ssexuels non protégés et 32% ne pratiquent aucuns p o rt .” Mauvaise hygiène de vie et prise derisques sont corrélées à de multiples facteursfamiliaux ou sociaux, mais ils dépendent ausside la responsabilité individuelle, sur laquelle leSIMPS fonde son action. “L’ i n formation seule nes u f fit pas à modifier les comport e m e n t s, m a i sparler des maladies sexuellement tra n s m i s s i b l e s(MST) avec un gynécologue lors d’une pre s c ri p t i o n

    de pilule, discuter de la prise de risque au détourd’un test de dépistage du sida, peuvent être l’oc-casion d’une vraie prise de conscience.”S’il faut parfois attirer les étudiants vers lesconsultations médicales, ils sont ve nus enn o m b re vers l’équipe du Camus qui compre n ddes psychiatre s , des psychologues, u n ec o n s e i l l è re d’orientation-psychologue et des

    assistantes sociales.“Les étudiantsont de plus en plus de pro b l è m e sp s y ch o l og i q u e s, explique le pro-fesseur Michel Patris, p s y c h i a t re,d i recteur médical et créateur du

    C a mu s , parce que la vie étudiante, e x i geante surle plan pédagog i q u e,a p p o rte en retour peu de ch a-leur commu n a u t a i re. Fra g i l i s é s, les étudiants viventmal la séparation avec la fa m i l l e, ils souffrent ded é p re s s i o n s, d ’ a n x i é t é , de troubles des conduites ali-m e n t a i res ou de dépendance.” Inquiétantes parleur diffusion dans la population étudiante, c e sdifficultés se dénouent souvent en quelquese n t re t i e n s , sans médicament, et presque tou-jours sans recours à une hospitalisation.La jeu-nesse a de la re s s o u rc e !

    S . B.

    La prévention, une questio nde responsabilit é

    L’information seule ne

    suffit pas à modifier

    les comportements.

    La santé des étudia n t s :à la recherche de l’équilibre

    Contact:SIMPS - 6,rue de Palerme

    67000 Strasbourg- tél.03 88 36 02 34

    Activité chiffrée du SIMPS

    7

  • Contrairement à une opinion solidement ancrée,les étudiants ne s’écartent guère des habitudesa l i m e n t a i res de la population standard . S e l o nl’Observatoire de la vie étudiante (OVE), ils mangentà leur domicile plus des deux tiers deleurs repas (69%), en prennent un survingt seulement dans un café, un res-taurant ou un fast food(1).Mieux : ils s’in-t é ressent à la nu t r i t i o n . Le docteurCorinne Clarac,nutritionniste au SIMPS,reçoit 80% de filles. Elles ont souvent pris du poidsparce qu’elles mangent pour compenser la solitude.Une majorité d’entre elles sont plus ou moins végéta-riennes. “Elles oublient que, mal conduit, ce régime peutaussi mener au surpoids, précise Corinne Clarac. Je suiségalement confrontée à des demandes non justifiées, chezdes jeunes filles qui ne sont pas en surpoids, je refuse alorsd ’ i n t e rv e n i r, je discute avec elles et je les oriente parfois versle CAMUS.”A u t re fausse impre s s i o n : les étudiants boivent etfument certainement trop, mais moins que les jeunesde leur âge. Selon l’OV E , 71% sont non fumeurs contre52% des moins de 35 ans(1). Les plus pauvres,par ascé-tisme obligé, sont les plus tempérants. Difficile, enrevanche, de prendre la mesure de la consommation

    de drogues illicites. Pour le docteur A n n e - S y l v i eP a s q u e s , responsable du Centre de dépistage anony m eet gratuit du sida, ce problème reste marginal en termede santé, même si la polyconsommation progresse.

    “Nous ne voyons pas, au SIMPS , les consom-mateurs abusifs, toxicomanes, souvent exclusdu cursus avant le Bac . Ceux qui consommentdes drogues illicites exclusivement en groupe oulors de fête, s’en sortent bien.Je m’inquiète, enrevanche, pour les déprimés qui prennent des

    produits pour combattre la solitude .”La période des études reste une période riche en ren-contres qui posent le problème de la contraception.“Certaines jeunes filles associent encore pilule et stérilitéet s’interrogent sur la virginité” , note GhislaineLemarquand, gynécologue au SIMPS. Le manque d’in-formation prend parfois des allures de retour à lanature.“Certains jeunes élevés à l’homéopathie , dans desfamilles qui refusent les vaccins, pratiquent de bonne foi leretrait ou la méthode des températures, jugés plus natu-rels que la pilule.” Des ap p roximations très graves quandelles se payent d’une IVG.

    S.B.

    8 [ u l p . s c i e n c e s- n°1 - octobre 2000

    d o ssi e r]

    C omp ortement des étudia n t s :une sagesse surprenante

    Je m’inquiète pour les

    déprimés qui prennent

    des produits pour

    combattre la solitude.

    É t u diant =assuré socialTous les étudiants bénéficient,à leur inscription,d’unecouverture sociale de base.“Certains renâclent parce qu’ilsoccupent par ailleurs un emploisalarié et cotisent déjà,maisnous ne délivrons pasd’inscription à l’université sansune affiliation à la sécuritésociale, car le statut d’étudiantprime sur celui de salarié”,indique Shirin Khalili,responsable administrative duBureau de la vie étudiante . Àcette couverture de base peutse rajouter la souscription àune mutuelle étudiante, oubien,ce que l’on sait moins,auprès de toute compagnied’assurance qui propose uncontrat étudiant.Il n’existe pasd’enquête récente sur le sujet,mais il est clair pour tous lesacteurs de santé qu’unnombre croissant d’étudiantsrenoncent par choix oumanque d’argent à cettedémarche élémentaire deprévention et se trouvent trèsdémunis au moindre souci desanté. “Pour ceux qui ne sont pasaidés par leur famille, les soinsdentaires ou optiques sontgénéralement hors de portéemême avec l’apport de lamutuelle, précise Shirin Khalili.Nous accordons des aidesponctuelles pour ne plus voir tropde lunettes “réparées”avec dupapier collant .”

    Contact:Bureau de la vie étudiante

    tél.03 88 41 61 [email protected]

    > Activité du SIMPSLes consultations du SIMPS concernent lamédecine du sport,la médecine tropicale, lanutrition et la gynécologie . On y trouve un Centrede dépistage anonyme et gratuit du sida.Desentretiens d’information sur la contraception,la sexualité et les maladies sexuellementtransmissibles.Une aide au sevrage tabagique.Il délivre des certificats médicaux pour lesexamens en cas de handicap permanent outemporaire.

    (1) Les conditions de vie des étudiantsEnquête OVE sous la direction de Claude Grignon - PUF, 2000

    L’équipe du SIMPS

  • À 23 ans, après une maîtrise de mathématiquesdiscrètes,Frédéric Schmitt envisage un troisièmecycle en informatique. Il avoue n’avoir pasrencontré de grosses difficultés dans une disciplinequi le passionne, mais regrette de ne pas goûterdavantage à la vie étudiante .“Je poursuis unescolarité normale grâce à un étudiantaccompagnateur, indemnisé par l’université,qui ouvreles portes pour moi et me photocopie ses courspuisque je ne peux pas prendre de notes.Je rentre chez moi après chaque série de cours,car il n’y a aucun lieu adapté où je puisse me reposer.Je préférerais rester à l’université toute la journée,mais il m’est impossible de manger ou d’aller auxtoilettes sans l’aide d’une personne compétente et ce n’est pas , bien sûr, le rôle de mon accompagnateur.Ces allers et retours me pèsent et me font perdrebeaucoup de temps.Ils m’empêchent aussi de m’intégrer à plein temps à la vie universitaire. Pour obtenir un transport adapté il faut s’y prendre au moins 24 heures à l’avance.Il m’est arrivé de p a rticiper à un pot le soir, mais il faut prévoir !”

    S.B.

    Vivre à l’universitéavec un handicap

    > FrédéricSchmitt

    9octobre 2000 - n°1 - u l p . s c i e n c e s ]

    R y thmes biolo giq u e set vie étudia n t eQuestions à un spécialiste,Alain Muzet,du Centre d’études de physiologie appliquée (CNRS).

    L’heure de cours est-elle une bonneunité de travail ?

    > Alain MuzetL’histoire qui a fixé l’heure de cours nedoit rien à la connaissance des rythmesbiologiques, mais nous avons constatéque les rythmes ultradiens,fluctuationsassez rapides du niveau d’éveil et duniveau attentionnel,correspondentgrossièrement à une heure. L’individuhumain n’est pas fait pour travailler à un rythme constant permanent et élevépendant trois ou quatre heures de suite.Ou alors il puise énormément dans ses réserves et le paye par une fatigueexcessive.Au bout de cinquante ouquatre-vingt-dix minutes selon lesindividus,l’attention se relâche sans que l’on en ait conscience.

    Quel est le bon rythme pourl’organisation de la semaine de cours?

    L’idéal pour les performancesintellectuelles serait un rythme le plusrégulier possible sur sept jours.Maisrien n’empêche de travailler pendant un long week-end !

    Sait-on quelle est la durée de sommeil optimale pour les 18-25 ans?

    C’est une donnée individuelle comprisegénéralement entre 6 heures 30 et

    9 heures.Dans les années 1970,nousavons exploré les rythmes d’unéchantillon de 9000 étudiants de l’ULP.La tendance était à un couchersensiblement à la même heure lasemaine et le week-end et un leverdécalé d’une heure et demie à deuxheures les week-end.Cette différencedémontre une privation chronique de sommeil,pénalisante pour lesperformances.

    10% des étudiants disent dormir malou très mal.

    Les troubles du sommeil sont souventen lien avec une privation chronique.Ce n’est pas parce qu’on est fatigué que l’on dort bien.Et en particulier,l’adoption de rythmes très irréguliers,coucher à 3 heures du matin puis à 21heures,est usante pour l’organisme.

    S.B.

    d o ssi e r[

    Contact:Philippe Giorgetti (dans les locaux du SIMPS)

    6,rue de Palerme - tél.03 88 36 02 34

    > Le Point Accueil HandicapIl informe les étudiants handicapés sur leurs droitset les moyens d’obtenir des aménagementspendant les examens.Sur la foi d’une attestationmédicale et avec l’accord du président del’université,un tiers temps supplémentaire, unsecrétaire ou une aide technique peuvent êtreaccordés.Bon à savoir : un étudiant handicapétransitoirement par une maladie ou un accidentpeut bénéficier de ces dispositions.

    Contact:Alain Muzet

    Centre d’étude de physiologie appliquée(CNRS)

    S.O. 8580 - 21,rue Becquerel67087 Strasbourg Cedex - tél.03 88 10 63 01

  • 10 [ u l p . s c i e n c e s- n°1 - octobre 2000

    d o ssi e r]

    Dans une enquête de la SOFRES,e f fectuée en 1997 à la demande dela MNEF, 44% des étudiants déclaraientavoir traversé des périodes de grandeanxiété au cours de l’année écoulée.Seulement 9% d’entre eux av a i e n tconsulté un psychologue,un psychiatre ou un psy-c h a n a ly s t e. La grandeenquête de l’Observ a t o i rede la vie étudiante qui aporté, à la même époquesur près de 30000 étu-diants, notait que “20,6%ont l’habitude de prendre unmédicament stimulant avantles examens : 17,1% prennent souvent ouparfois des calmants, des antidépresseursou/et des somnifère s.” Pour résoudreleurs difficultés psychologiques, l e sjeunes ont massivement recours à l’ar-moire à pharmacie. Comme on ne saitpas forcément très bien de quoi onsouffre, on avale des pilules dont on nesait pas vraiment ce qu’elles soignent.Le fonctionnement du CA M U S , q u iassocie le travail des psychiatres, desp s y c h o l o g u e s , des assistantes socialeset d’une conseillère d’orientation-psy-chologue aide à démêler cet écheveaucompliqué.“Certains racontent qu’ils sonts c o t chés devant la télévision des nuitsentières, sans plaisir, à regarder des sériesa m é ri c a i n e s, d ’ a u t res qu’ils restent desheures devant une page de livre sans êtrecapable de la finir”, rapporte BertrandPiret,psychiatre.“La plupart se plaignentd ’ ê t re seuls, c e rtains ne dorment plus,d’autres s’enferment dans leur chambre etviennent nous consulter poussés par unvoisin qui s’inquiète” remarque AnnetteJung, conseillère d’orientation-psycho-logue. “Mis en demeure de trouver leurautonomie en quelques semaines, les nou-veaux venus, s u rtout lorsqu’ils arri v e n td’une ville plus petite, ne trouvent pas les

    ressources nécessaire s, note le pro fe s s e u rMichel Patris, d i recteur médical duCAMUS. Ils se retrouvent complètementperdus, déstabilisés par la vie étudiante etun rythme pédagogique qu’ils n’arrivent pasà pre n d re.” Difficultés singulière s , c a s

    particuliers : on n’aime pas,au CA M U S , donner desexplications définitives àtoutes ces souffrances quis ’ e x p r i m e n t .On n’étiquettepas d’emblée “ p s y ” , “ p ro-blème social” ou “ e rre u rd ’ o r i e n t a t i o n ” , tout est siparfaitement imbriqué. Il estclair pourtant, que l’origine

    sociale des étudiants joue un rôle.L’université accueille une fraction gran-dissante d’une classe d’âge, mais placed evant un obstacle supplémentaire ceuxqui ne sont pas issus de familles où l’en-seignement supérieur fait partie de lav i e. “C e rtains échecs sont évidemmentnévrotiques, estime Bertrand Piret. Pourles enfants d’ouvriers, réussir signifie aussiquitter symboliquement le monde du père.Certains se sabotent, parce qu’ils ne peu-vent pas assumer ce qu’ils re s s e n t e n tcomme une trahison. Pour les étudiantsétrangers qui viennent de pays pauvres,cette histoire se joue souvent sur plusieursgénérations, et la rupture est alors doulou-reusement vécue avec les grands-parentsgardiens de la tradition.”

    S.B.

    Voir un psy?

    “Les étudiants se

    retrouvent

    complètement perdus,

    déstabilisés par la vie

    étudiante et un

    rythme pédagogique

    qu’ils n’arrivent pas à

    prendre”.

    Le point de vue de David Le Breton,sociologue à l’Université Marc Bloch Le fait de fumer est rarement considéré par les jeunesgénérations comme une prise de risque. J’ai vu desadolescents dire en rigolant : je fume un jour de ma vie.L’infinie lenteur du risque le rend abstrait.On peut y voiraussi un effet de la stigmatisation de la vieillesse,maladroite dans le paysage de la modernité,dérisoire,voire méprisable . Pourquoi penser à ce que je serai danstrente ou quarante ans? À cela s’ajoute le sentiment trèsfort dans la jeunesse d’être spécial,d’avoir une prescienceparticulière, notamment pour la conduite automobile :“Mon copain est mort sur la route mais je conduis mieuxque lui et,bien sûr, je tiens mieux l’alcool.Je roule sanscasque, mais je sens bien le mouvement des voitures.”On retrouve la même certitude d’exception au sujet des relations sexuelles non protégées . Certains jeunesexpliquent qu’ils savent au premier regard évaluer lesrisques encourus avec un nouveau partenaire. Certainesconduites à risque pour la santé sont liées au mal devivre et même parfois à une volonté délibérée de sedétruire doucement.La santé de ces jeunes dépressifs est mise en danger de façon beaucoup plus directe parun éventuel passage à l’acte suicidaire qu’au fait de boireou de fumer. On peut parler de remèdes paradoxaux.Fumer, boire ou se droguer reste une manière de semaintenir la tête hors de l’eau.Dans les conduites à risques , il y a ce paradoxe d’une souffrance énorme et d’une tentative de reprise en main en traversant la souffrance comme un phénix pour se prouver que l’on a été plus fort.”

    S.B.

    David Le Breton est l’auteur d’un ouvrage sur le sujet, Passions durisque, réédité cette année aux éditions Métailié.

    “Dans les conduites

    à risques,il y a ce

    paradoxe d’une

    souffrance énorme

    et d’une tentative

    de reprise en main

    en traversant la

    souffrance comme

    un phénix pour

    se prouver que

    l’on a été plus fort.”

    Risque et jeunesse, uncouple indissociable?

    CAMUS - 6,rue de Palerme 67000 StrasbourgPour prendre un rendez-vous: 03 88 521 551

    Coupés de leurs bases familiales, certains étudiants ont du mal à affronter les exigences d’une vie nouvelle.

    Face à leur détresse psychologique, le CAMUS offreune aide précieuse.

  • 11octobre 2000 - n°1 - u l p . s c i e n c e s ]

    d o ssi e r[

    Les étudiants vous semblent-ils bieninformés en matière de sexualité?

    > Israël NisandJamais le sexe n’a été plus dévoilé,plusvulgaire et plus violent que celui auquel lesjeunes ont accès sur le net,au cinéma ou à la télévision.Et jamais on n’en a moinsparlé.J’appelle cela de la barbarie. Leprincipal organe de la sexualité,dansl’espèce humaine, c’est le cerveau,à traversla parole. Les étudiants ont peut-être unebonne information sur la mécanique, maisils ont rarement eu l’occasion de parleravec un adulte de la sexualité commemodalité fondamentale de la relation àautrui. Je crois qu’il n’y a pas “d’éducationsexuelle” possible, tout simplement parcequ’il n’y a pas de norme en matière de

    sexualité et rien à enseigner. Mais lesadultes,à condition qu’ils sachent créer une relation non autoritaire, peuventdélivrer aux jeunes la parole humanistedont ils manquent.

    Quel pourrait être le contenu de cetteparole humaniste ?

    La morale dit peu de choses : est réputénormal tout ce qui a lieu entre personnesconsentantes. Encore faut-il comprendrece que cela implique. Dans le cadre d’unjeu convenu,le sadomasochisme ne posepas de problème. Mais il faut répéter auxjeunes filles qu’un garçon qui devientviolent pendant les rapports est gravementmalade. Il faut le quitter à la première gifleet lui conseiller ensuite une aide

    psychologique. La violence sexuelle est un véritable fléau dont on ne parle pas.

    Comment communiquer sur ce thème ?

    Par la parole, irremplaçable. Mais je croisaussi au projet de site internet “Info-Ado”de l’ULP-Multimédia dirigé par Alain Jaillet.Il fonctionnera sur la base de l’anonymatavec un système de questions et deréponses en ligne sur la sexualité:les sites canadiens sur ce modèle marchenttrès bien.

    S.B.

    (1) Syndicat inter-hospitalier de la Communauté urbaine deStrasbourg - Centre médico-chirurgical et obstétrical.19,rue Louis Pasteur - 67300 Schiltigheim Tél.03 88 62 83 00

    Le Camus VENIR AU CAMUS: AVANT TOUT UNEDÉMARCHE PERSONNELLE.Très peu médicalisé,le Camus reçoit desétudiants qui viennent par choix personnelà 67%. 15% ont été poussés ouconseillés par leurs amis ou leur famille.Le cheminement plus institutionnel(établissement,médecin traitant,servicesocial,SIMPS,hôpital) reste marginal.

    DE QUOI SOUFFRENT LES ÉTUDIANTS?Les chiffres du Camus sont en accord avec de nombreuses enquêtes sur le mal-êtredes jeunes. L’anxiété et l’angoisse viennent en tête, avec les névroses et les étatsdépressifs.Psychose et troubles de la personnalité sont présents comme dans toutepopulation jeune où ces difficultés émergent.Les troubles du comportement alimentaire ne sont pas exceptionnels mais tendraient à progresser.

    LES FILLES LARGEMENT MAJORITAIRES74,69% de filles, 25,31% de garçons consultent le SIMPS.Les filles sont plusvulnérables à l’angoisse et à la dépression,les troubles de la conduite alimentaire lestouchent en priorité.À moins qu’elles ne soient plus conscientes et plus désireusesde remédier à leurs difficultés que les garçons?

    S.B.

    P arler de sexualit é

    On ne saurait parler du Camus sans évoquer la mémoirede Rolande Colucci, décédée en 1998, qui en a été lap re m i è re inspiratrice. Je a n - M a rc Régnier, d i re c t e u rgénéral de la Fondation santé des étudiants de Fr a n c eParis se souvient:“Rolande Colucci était, pour la Fo n d a t i o n ,d i rectrice de la clinique Georges Dumas, près de Gre n o b l e,qui accueille des étudiants en difficulté psychiquep o u rs u i vant leur curs u s. S t rasbourgeoise de naissance et dec œ u r, elle connaissait bien l’absence dans le grand Est des t r u c t u res spécialisées dans la souffrance mentale desé t u d i a n t s, elle qui avait vécu en 1967 leur disparition sous lescoups de la critique situationniste! Elle a réussi à réunirsolidement les unive rsités de Stra s b o u r g , les Hôpitauxu n i ve rs i t a i res de Stra s b o u r g , le Rectorat et la Fo n d a t i o nautour d’une structure souple permettant une orientationefficace grâce aux réseaux des différents part e n a i re s. L eC a mus lui surv i t ,s ’ é t o f f e, et a obtenu cette année, les moye n sf i n a n c i e rs de pérenniser son action.”

    S.B.

    Questions à Israël Nisand, gynécologue au SIHCUS-CMCO (1), professeur à la Faculté de médecine de l’ULP

    Rolande Colucci,à l’origine du Camus

  • 12 [ u l p . s c i e n c e s- n°1 - octobre 2000

    d o ssi e r]

    La prévention des a ccidents en la b o r a toire Claude Geist est l’ingénieur “Hygiène et Sécurité” del ’ U L P.Elle coordonne la plupart des actions de sécu-rité comme la collecte et l’élimination des déchets chi-m i q u e s , les exe rcices d’évacuation et les formations ensécurité incendie. Mais il y a encore énormément d’ha-bitudes à mettre en place.“Dans le cas d’accidents qui peu-vent être gra v e s, ce sont les pre m i è res minutes qui comptent”e x p l i q u e-t-e l l e.À l’ECPM( 2 ), plusieurs gro u p e sd’étudiants ont été formés comme sauve-teurs secouristes du travail (SST), “ce quiconstitue aussi un plus sur leur CV” , s o u l i g n el ’ i n g é n i e u r. L’école organise également àchaque rentrée une semaine sécurité pourles étudiants de pre m i è re année. À l’IUTLouis Pasteur et à la Faculté de chimie, la pré-vention est faite au début des T P. C h r i s t o p h eJe a n d o n , responsable de TP en chimie,explique à chaque fois les bons gestes ettente de faire pre n d re conscience aux étu-diants du danger de ce qu’ils manipulent :“Souvent ils n’ar-rivent pas à évaluer correctement le dange r, ou trop ou pasa s s e z . Avec 64 étudiants par séance de TP en maîtri s e, l e sq u a t re enseignants doivent constamment être sur le qui-vive.”

    H e u reusement il n’y a jamais eu d’accident grave, s e u l e-ment des accidents mineurs comme des coupure s .R e s t equ’il est difficile de connaître toutes les mesures de pré-vention prises par les UFR qui sont chargées de fo r m e rles étudiants en la matière. Dans ce contexte, C l a u d eGeist a défini des priorités pour l’ave n i r : la formation del’ensemble des responsables de TP comme SST, le re c e n-sement exhaustif des accidents et des incidents surve-nus aux étudiants et bien sûr la sensibilisation desétudiants aux dangers liés à leur activité en laboratoire.H e u re u s e m e n t , la sécurité est de moins en moins perçue

    comme une contrainte. “Le but du service Hygiène etS é c u rité n’est pas d’affoler les ge n s,p r é c i s e - t - e l l e, mais de leurfa i re pre n d re conscience des risques encourus afin qu’ils re s-pectent les règles fondamentales de sécuri t é .” Les risquesdépendent de chaque activité, même si certains sontc o m muns à tous comme les accidents ou les incendies.En chimie, les risques majeurs sont la manipulation de la

    ve rre r i e, la toxicité des pro d u i t s , sans oublierles dangers liés aux réactions non contrôlées.Les risques biologiques sont notamment liésà la manipulation de micro-organismes patho-gènes qui peuvent provoquer une infe c t i o nou une intox i c a t i o n .R e s p i rer des poussière sc o n t a m i n é e s , se piquer ou se couper avec unustensile souillé, ê t re mordu pendant la mani-pulation d’un animal sont autant de façonsd ’ ê t re contaminé,sans oublier des gestes plusa n o d i n s : f u m e r, se ronger les ongles, s u c e rson stylo ou manger et boire dans le labora-

    t o i re. Il y a encore les risques liés à la manipulation desp roduits radioactifs, dus à une exposition interne oue x t e r n e, et aussi des lasers qui peuvent provoquer deslésions irr é versibles de l’œil.Ces dangers sont limités par

    le respect des bonnes pratiques de laboratoire spéci-fiques à chaque discipline, e n t re autre, par le port per-manent des protections minimales : une blouse fe r m é e,des lunettes et des gants.

    M . E .

    (1) Publication de l’Observ a t o i re national de la sécurité des établissementss c o l a i res et d’enseignement supérieur

    (2) École européenne de chimie, p o ly m è res et matériaux de Strasbourg

    “Le but du

    service Hygiène

    et Sécurité n’est

    pas d’affoler les

    gens,mais de

    veiller à ce qu’ils

    respectent

    les règles

    fondamentales

    de sécurité”.

    “La politique deprévention des risques

    professionnels estencore balbutiante et

    doit se poursuivre dansles établissements de

    l’enseignementsupérieur”,estime le

    rapport de lacommission Sécurité- Santé - Hygiène de

    1999(1). Il déplore queles personnels aient

    une culture “hygièneet sécurité”

    insuffisante et que laformation des

    étudiants soit si peudéveloppée. Quelle

    est la situation pourles étudiants à l’ULP ?

    Contact:Service Hygiène et Sécurité - 18 rue Goethe - Tél.03 88 35 84 01

    [email protected]

  • Depuis les années 60,on annoncerégulièrement une révolution del’enseignement liée à l’émergence denouvelles techniques comme la TV, lavidéo ou la micro-informatique.L’internet n’est-il pas une nouvellechimère entretenue par des pédagoguesen quête d’innovation?

    > Alain JailletLes technologies de l’information et de lacommunication (TIC) ont toujours alimentédes espérances et des fantasmes.Dansl’enseignement,la révolution est loin d’avoireu lieu.On a simplement posé du vernis,les TIC, sur des pratiques classiques.Mettreun terminal d’ordinateur à la place d’unenseignant ne change pas grand chose auniveau de l’interactivité : à chaque fois,elleest faible. De même, la politique conduitepar le Centre national d’enseignement àdistance a perpétué un système ancestral :le fascicule envoyé par la poste a remplacéla parole, mais le professeur reste toujoursl’intermédiaire autorisé entre le savoir etl’apprenant.Télécharger des cours enformat PDF s’inscrit dans la même logique,celle d’un enseignement parcorrespondance, où le développement desréseaux n’a pas énormément d’impact surla façon d’enseigner. Ça ne veut pas direque ces pratiques ne sont pas pertinentes!Elles le sont mais uniquement lorsquel’étudiant peut se débrouiller tout seul avecses difficultés,ce qui limite beaucoup le rôlede l’enseignant.Le développement del’enseignement à distance est un fait etl’ULP est déjà engagée dans plusieursprojets.Mais on peut aller plus loin et faire évoluer les pratiques pédagogiques enmettant en œuvre un enseignement àdistance à interactivité plus forte .Les expériences conduites depuis un an sur le campus virtuel de l’ULP(http://vcampus.u-strasbg.fr) vont dans cesens et elles seront étendues pendant toutela durée du prochain contrat quadriennal.

    Que faut-il entendre par “interactivitéplus forte” ?

    Il s’agit de concevoir un dispositif où lesavoir n’est plus seulement un contenu quitransite entre un détenteur et un aspirant,mais une construction sociale faited’interactions diverses. La plate-formed’EAD développée ici permet de répondreà cet objectif. Elle est composée deplusieurs espaces ayant des fonctionnalitésspécifiques comme les “salons” qui sontinvestis pour des communicationssynchrones ou asynchrones (mail, forum de discussion, etc.) autour d’unethématique donnée ou librement,enfonction du cheminement d’un groupe detravail,le “bureau” où l’étudiant disposed’un logiciel de travail dit collaboratif pourélaborer des documents accessibles àplusieurs, le “carnet de bord” où l’étudiantconsigne ses intérêts,sa progression ou ses difficultés,un espace “ressources” oùsont stockés des textes et des images,desfoires aux questions,des bibliothèques designets,etc. La dynamique du processusd’apprentissage repose ainsi sur unedémarche collective où chacun doitintégrer les représentations (choix desmots, des notions et des concepts) à l’œuvre dans le restedu groupe, distinguerce qui est nécessaireà plusieurs et ce qui nel’est pas.Ce processusd’appropriation dessavoirs n’est pas simplemais il se réalise plusaisément si un groupe,et non plus un individuseul, s’y implique.

    Suivre une telle formation exige tout demême certaines compétences eninformatique, et une grandedisponibilité des étudiants comme desenseignants!

    Notre conception de l’EAD avec l’internets’appuie sur l’idée qu’il ne doit pas êtreréservé à des personnes maîtrisantl’informatique. Ce qui explique notammentl’attention portée à l’ergonomie de laplate-forme. Reste que cette formationexige en effet beaucoup de rigueur etd’organisation dans le travail et la gestiondu temps car elle repose essentiellementsur les interactions de l’étudiant avecd’autres étudiants et enseignants.Autrement dit,il n’y a pas de place sur le campus virtuel pour du “tourismeuniversitaire”.

    E.H.

    13

    formatio n[

    E n seigner à dist a n c eavec l’ i n t e r n e tChargé depuis 1998 de diriger le service ULP Multimédia,Alain Jaillet milite pour l’intégration des nouvellestechnologies de l’information et de la communication dans les dispositifs d’enseignement à l’université.Développerl’enseignement à distance (EAD) en utilisant les ressources des réseaux électroniques constitue l’une de ses prioritéspour l’avenir.

    octobre 2000 - n°1 - u l p . s c i e n c e s ]

    Le Diplôme d’Université “Utilisation

    des TIC dans l’éducation” est la

    première formation à distance mise

    en œuvre par l’ULP, avec l’appui de

    l’Agence universitaire de la

    francophonie et plusieurs autres

    universités européennes.

  • 14 [ u l p . s c i e n c e s- n°1 - octobre 2000

    formatio n]

    Pour la rentrée 2000,l’ULP élargit son offre de for-mation en lançant cinq nouvelles filières. L’IUP de“Technologies avancées des sciences du vivant”, lalicence pro fessionnelle “ Techniques nu c l é a i res et radio-protection”, la licence professionnelle “Eau et envi-ronnement”, le DESS “Substances naturelles végétalesd’intérêt économique” et le DESS “Management deprojet industriel international”. Si la nature de cescursus varie, leur objectif reste cependant le même. Ils’agit de proposer aux étudiants des filière sprofessionnelles, préparant à des métiersde pointe, dans des domaines où l’offre estparticulièrement déficitaire. Est-ce à direque ces nouveaux cursus risquent deremettre en cause les formations universi-t a i res classiques? Certainement pas. L are c h e rche aura toujours besoin d’unive r s i-t a i res pour continuer à pro g re s s e r.Néanmoins, une diminution des effectifsdans les formations longues est prévisible,principalement au niveau des deuxième et troisièmecycles. À une époque où le degré de technicité desmétiers ne cesse de croître, la notion de “profession-nalisation” de l’enseignement supérieur, d evient un élé-ment pro p re à attiser l’intérêt de nombreux candidats.Pour l’université, l’enjeu est de taille car, confrontée àune diminution sensible des inscriptions aux fo r m a t i o n sinitiales (32% d’inscriptions en moins aux DEUGsciences, entre 1995 et 1999), l’institution se doit derelancer l’intérêt des jeunes pour ses filières. Il en vade sa mission même d’enseignement et d’aide à l’inté-gration professionnelle des individus. C’est pourquoi,

    dans le cadre du nouveau plan quadriennal 2001-2004,l’ULP va proposer au Ministère de l’éducation natio-nale, la création de 22 nouvelles filières professionna-lisantes.

    Souvent initiés par des enseignants-chercheurs possé-d a n t ,de par leurs activités, une bonne connaissance desbesoins de l’industrie, ces cursus répondent tous à unedemande parfaitement ciblée. La présentation de cour-

    riers d’entreprises motivant la créationd’une formation est d’ailleurs l’un des prin-cipaux critères de sélection retenu par leMinistère de l’éducation nationale, lors del ’ a n a lyse d’un dossier de candidature.Poussée à l’extrême, la logique du plébis-cite par les entreprises peut mêmec o n d u i re à la création de filières initiées enp a rtenariat avec ces dernière s .Ce fut le casavec la licence “Ingénierie électrique”ouverte en collaboration avec la société

    A l c a t e l .M a i s ,l ’ a rrivée en fo rce de filières unive r s i t a i re sp ro fessionnalisées de niveau Bac+3 à Bac+5, n erisque-t-elle pas, à terme, de concurrencer les écolesde commerce et d’ingénieurs? A u t re fois boudés par lesentrepreneurs,les diplômes universitaires,notammentdepuis la création des DESS, voient leur côte de popu-larité grimper en flèche. Le lancement récent deslicences professionnelles devrait renforcer cette ten-d a n c e. Si la perplexité est encore de mise chez cert a i n senseignants,les responsables d’entreprises suivent cesnouvelles formations avec un réel intérêt. La crise del’embauche dans le milieu de l’informatique conduit lesresponsables des ressources humaines à raisonner deplus en plus en terme de profils et de savoir-faire etnon plus simplement en terme de niveau d’étude oude label d’origine. Signe du lancement de nouveaux par-tenariats,la licence professionnelle “Eau et environne-ment” sera co-habilitée par l’ENGEES (École nationaledu génie de l’eau et de l’env i ronnement de Strasbourg),et le DESS “Management de projet industriel interna-tional” sera développé en partenariat avec l’École desMines de Nancy.

    L.T.

    Les nouvell e sfilières de la

    r e n t r é ePlébiscités par les

    entreprises etattendus par les

    étudiants,cinqnouveaux cursus

    offrent unealternative aux voies

    de formation plusclassiques.

    Pour plus d’information sur ces filières :Service information,orientation et emploi

    tél.03 88 41 53 99

    Dans le cadre

    du nouveau plan

    quadriennal

    2001-2004,

    l’ULP va proposer

    au ministère,

    la création de

    22 nouvelles filières

    professionnalisantes.

    Entretien au SIOE

    Les bornes d’inscription

  • 15octobre 2000 - n°1 - u l p . s c i e n c e s ]

    formatio n[

    L’ULP propose actuellement,enpartenariat avec certaines uni-versités allemandes et sous l’égidede l’Université Franco-Allemande( U FA ) , plusieurs cursus intégrésconduisant à des doubles diplômes.Les étudiants français et allemandss u i vent un parcours commu n ,réparti à égalité entre les universi-tés partenaires,la durée de séjourdans chaque établissement étantd’au moins trois semestres. En finde cursus, ils obtiennent le diplômeterminal de chaque unive r s i t é .C’est le cas à l’École européennede chimie, polymères et matériaux(ECPM), à l’Institut professionneldes sciences et des technologies(IPST),en sciences physiques et ensciences économiques.Indépendamment de l’UFA , l aFaculté de médecine organise descursus intégrés dans le cadre dedeux Diplômes unive r s i t a i res ( D U ) , celui de primatologie avec les

    facultés de Bochum et de Liverpool et celui d’initiation à l’andrologie en partenariat avec Bâle etFribourg sous l’égide d’EUCOR(Confédération des Universités duRhin Supérieur).Il existe aussi à l’ULP des forma-tions européennes conduisant à undiplôme unique reconnu dans lesp ays des universités part e n a i re s .L’École supérieure de biotechnolo-gie de Strasbourg (ESBS) dispensepar exe m p l e, dans le cadred ’ E U C O R , une formation euro-péenne d’ingénieurs en biotechno-logie commune aux universités deB â l e, F r i b o u r g , Karlsruhe etS t r a s b o u r g . Les étudiants, p a r m ilesquels 45% d’Allemands et deSuisses, se déplacent et reçoiventdes enseignements dans les quatreinstitutions. L’ECPM offre quant àelle une formation euro p é e n n ed’ingénieurs trilingues en chimie etaccueille à Strasbourg 25% d’étu-

    diants de nationalités euro p é e n n e s .L’ULP est également membre d’uneassociation européenne inter-uni-ve r s i t a i re, à l’origine du mastere u ropéen “ S o c i é t é , Science etTechnologie en Europe”.Après unpremier semestre à Strasbourg,lesétudiants de l’ULP sont invités às’inscrire dans l’une des spécialisa-tions offe rtes en sciences humainespar les quinze universités parte-naires.Le futur contrat d’établissement2001-2004 met clairement en av a n tla volonté de l’ULP d’ouvrir davan-tage ses formations à l’internationaldans les années à ve n i r.Cela dev r a i tse traduire par une intensificationdes échanges dans le cadre deréseaux de type Socrates et la pro-motion active des langues étran-gères,mais aussi par la création denouveaux cursus internationaux etl’augmentation des effectifs au seindes formations déjà en place.

    F. B.

    Cursus in t e r n ationaux

    H a r m o n i s a t i o ne u r o p é e n n edes diplômes: “3, 5 ou 8”où en est-on?Les ministres européens del’éducation ont exprimé àp l u s i e u rs reprises depuis 1998leur volonté de bâtir un espaceeuropéen de l’enseignements u p é rieur fondé sur deux curs u s:un cursus pré-licence à bac+3 etun cursus post-licence avec le“ m a s t a i r e ” à bac+5, le doctora tétant fixé à bac+8. En Fra n c e, l e sdébats autour de ce schémabaptisé “ 3 , 5 ou 8” ont abouti àc e rtaines modifications dansl’architecture de l’enseignements u p é ri e u r. Dans le cursus pré-l i c e n c e, un nouveau diplômenational de licencep r o fessionnelle a été créé “ d a n sun objectif d’insert i o np r o fe s s i o n n e l l e ”( a rrêté du 17n ovembre 1999, J . O. du 24n ovembre 1999). Près de 200licences profe s s i o n n e l l e s ,accueillant 4000 étudiants,ve rront ainsi le jour à la rentrée2 0 0 0 . S’agissant du cursus post-l i c e n c e, un texte officiel a instauréle grade de “ m a s t a i r e ” (décret du30 août 1999, J . O. du 2septembre 1999) qui regrouped é s o rmais sous une mêmeappellation tous les diplômes detroisième cycle à bac+5 (DESS,D E A , titres des Écolesd ’ i n g é n i e u rs ) . D’autre part , àcompter de la rentrée 2000, l ep a r c o u rs à bac+8 menant aud o c t o rat se fe ra pri n c i p a l e m e n tau sein d’Écoles doctora l e s ,p rivilégiant l’initiation à larecherche et l’insert i o np r o fessionnelle des futursd o c t e u rs .

    F. B.

    > Doubles diplômes préparés à l’ULP dans le cadre de l’Université Franco-Allemande

    UFR UNIVERSITÉS PARTENAIRES DOUBLES DIPLÔMES FRANCO-ALLEMANDS

    ECPM Université de la Sarre Ingénieur ECPM - Diplomchemiker UdS

    Université technique de Dresden Ingénieur ECPM - Diplomchemiker TUD

    Sciences physiques Université de Kaiserlautern DEA de Physique - Diplom Physiker

    Sciences économiques Université de Paderborn Maîtrise “Economie et gestion de l’entreprise”

    Diplom Kaufmann

    Maîtrise “Monnaie et finance” - Diplom Volkswirt

    Maîtrise “Analyse et politique économique” - Diplom Volkwirt

    Cérémonie de remise de diplôme d’ingénieur en biotechnologie,promotion 99 Jean Weissenbach ESBS

    Le Portfolioeuropéen des languesConçu en 1998,puis expéri-menté dans 14 pays,lePortfolio européen des languessera lancé à grande échelle parle Conseil de l’Europe en 2001,“Année européenne deslangues”.Ce document,destinéà mettre en valeur l’appren-tissage des langues tout au longde la vie, a pour but de faci-liter la mobilité professionnelleet éducative en Europe. Il seratesté dès cet automne danscertaines filières à l’ULP.

  • Depuis douze ans, Marie travaille dans un labora-toire d’analyses médicales.Consciente des évolu-tions de son métier, elle décide de re p re n d re sesétudes afin de réactualiser ses connaissances. Elle pre n dcontact avec le Département d’éducation permanentede l’ULP (Depulp) puis s’inscrit en licence de Chimie-biologie-géologie (CBG). O u ve rte dans le cadre de l’en-seignement continu, cette formation lui permet debénéficier des mêmes cours théoriques que ceux dis-pensés dans la licence CBG classique. M a i s , compte tenude son expérience,Marie est exemptée de travaux pra-tiques et de travaux dirigés. Afin de concilier au mieuxles impératifs scolaires avec les obligations profession-nelles,les emplois du temps sont organisés de manièrespécifique. Chaque mois, Marie se rend à l’universitépour y suivre une semaine de cours théoriques inten-sifs. “Cette formule est éprouvante car elle étire le cursussur une année civile entière, mais elle a le mérite d’êtremieux acceptée par l’employeur. Si tout avait été placé sur3 mois d'affilée, il n’est pas certain que j’aurai pu suivre cetenseignement”.Sitôt sa licence acquise , Marie décide defaire jouer la loi du 20 juillet 1992 sur la validation desacquis professionnels (VAP).Cette législation permet àdes personnes possédant une expérience de plus de 5ans, de bénéficier d’une équivalence leur permettantd’entamer un cursus universitaire diplômant d’Etat,dedeuxième voire de troisième cycle. Cette validationn’est cependant jamais automatique et chaque dossierde candidature est étudié par un jury spécial.“La constitution d’un dossier VAP n’est pas une partie deplaisir” remarque Nathalie. Informaticienne dans unesociété de la région parisienne, Nathalie a dû quitterson poste lorsque son mari a été muté en Alsace.Elle décide alors de tirer parti de cette transition pro-fessionnelle pour se “remettre au goût du jour” et tente de s’inscrire dans un DESS d’informatique. Maisà chaque fois, son profil pose problème. Malgré ses 15années d’expériences,Nathalie reste en effe t , un “ s i m p l eB a c + 2 ” . Les responsables de formation l’aiguillent alors vers le DESS Compétences complémentaires en

    informatique (CCI) qui vient tout juste de s’ouvrir à laformation continue. Pour s’y inscrire, Nathalie doitd’abord effectuer une demande de VAP.“La constitutionde mon dossier a été assez complexe. Il m’a fallu présen-ter et analyser l’ensemble des missions que j’avais étéamenée à conduire durant toute ma carri è re.De plus, il m’afallu rassembler la liste de toutes les formations complé-m e n t a i res auxquelles j’avais part i c i p é . En apporter la pre u v ematérielle n’a pas toujours été facile. Mais au final, mesefforts n’ont pas été inutiles car, en moins d’un an, j’ai puconvertir mon expérience professionnelle en niveau d’étudeet passer ainsi d’un statut de Bac+2 à celui de Bac+5. Ilest certain que sans ce diplôme, je ne serais pas aujourd ’ h u ichef de projet informatique à la Communauté Urbaine deStrasbourg.” Si la VAP permet à certains de progresserdans leur métier, elle permet à d’autres,d’évoluer versde nouveaux domaines d’activité. Ancien dire c t e u rrégional d’une société de transport , Jean-Luc étaitattiré depuis longtemps par le monde de l’info r m a t i q u e.Conscient de ses lacunes, Jean-Luc décide de se mettreà niveau. Il quitte son entreprise et s’inscrit au DESSCCI.Après analyse de son dossier, sa demande de VAPest acceptée. “Mon intérêt pour cette formation et mamotivation ont très certainement joué en ma faveur. Maisje pense que ce qui a retenu l’attention des membres dujury, c’est mon parcours professionnel : mes débuts en tantque chauffeur, l’obtention de mon attestation de capacitéde transport,ma participation aux formations complémen-taires IBM et enfin mes activités d’encadrement.” Grâce àsa double compétence en informatique et en logistiquedes transport s , Jean-Luc devrait prochainement intégre rle secteur des progiciels spécialisés dans ce champ d’ac-tivités.

    L.T.

    16 [ u l p . s c i e n c e s- n°1 - octobre 2000

    formatio n]

    Pour plus d’informations :Depulp

    tél.03 88 40 75 30sur le web :

    depulp.u-strasbg.fr

    La vali d ation des a c q uis professio n nels

    La loi du 20 juillet1992 sur la validation

    des acquisprofessionnelspermet à des

    personnes possédantune expérience de

    plus de 5 ans,debénéficier d’uneéquivalence leur

    permettantd’entamer un cursus

    universitairediplômant d’Etat

  • 17octobre 2000 - n°1 - u l p . s c i e n c e s ]

    re c h erc h e[

    Quels sont les grands objectifs de l’ULP enm a t i è re de re c h e r c h e?

    > Bernard Ehre s m a n nL’ULP est une université scientifique pluridisciplinairedont le rayonnement a largement dépassé nosf ro n t i è re s .N o t re objectif est de confo rter ses pôlesd’excellence et de re n fo rcer les secteurs quinécessitent des effo rts pour acquérir ou re t ro u ver leurplace dans la compétition internationale. Nous vo u l o n ségalement développer les disciplines d’interface (enp a rticulier entre la phy s i q u e, la chimie et la biologie), l ab i o i n fo r m a t i q u e, afin d’aborder avec le maximum desuccès les grands programmes transversaux touchantaux préoccupations actuelles telles quel ’ e nv i ro n n e m e n t , la santé, e t c. Nous voulons égalementc o n fo rter notre partenariat avec les grands organismesde re c h e rche (CNRS, I N S E R M , INRA) et re n fo rcer lesliens entre re c h e rche et enseignement via les écolesd o c t o r a l e s .

    Comment allez-vous pro c é d e r ?

    Afin d’augmenter le potentiel de re c h e rc h e, l’ULP vap o u r s u i v re son effo rt de re g roupement desl a b o r a t o i res en fédérations de re c h e rc h e. C e t t estructuration part du postulat que la re c h e rc h efondamentale repose sur la créativité individuelle aus e rvice d’une ambition collective. Le rôle desfédérations est de permettre une réflexion permanentesur la politique scientifique à moyen terme et depenser les moyens de sa mise en œuvre, d ud é veloppement d’une politique d’équipementc o m mu n e. Parallèlement nous essaye rons également desoutenir les équipes en émergence par une politique derecrutement judicieuse, o u ve rte sur l’extérieur, d ejeunes enseignants-cherc h e u r s , et par le déve l o p p e m e n td’actions incitatives attray a n t e s . L’ULP confo rt e r aégalement sa politique de formation par et pour lare c h e rche à travers les écoles doctorales.

    (1) Institut des sciences et d’ingénierie supramoléculaire s(2) Institut Charles Sadro n

    Quels sont les grands projets de politique derecherche pour les quatre prochaines années?

    O u t re les grands projets immobiliers tels que laconstruction d’ISIS( 1 ) et le déménagement de l’ICS( 2 ) àC ro n e n b o u r g , le prochain contrat d’établissementd evrait permettre le développement des grands pro j e t scités précédemment. Au moment où le génomehumain est sur le point d’être décry p t é , un des grandsdéfis est “ l ’ ap r è s - g é n o m e ” , à travers la génopôle,opération nationale pour laquelle Strasbourg a étésélectionnée et dont l’ambition est de développer desre c h e rches allant du gène au médicament. L’ u n i ve r s i t édoit également développer le soutien aux créateursd ’ e n t reprises et re n fo rcer son partenariat avec lescollectivités régionales.

    De quelle façon les grands organismes dere c h e r c h e, comme le CNRS et l’INSERM, s o n t - i l sassociés aux activités de l’unive rs i t é?

    L’ULP et les grands organismes, en particulier le CNRS,sont indissociables en matière de re c h e rc h e. N o t reobjectif est évidemment de confo rter ce part e n a r i a t .Nos liens avec d’autres organismes vont également êtrere n fo rc é s . Une convention vient d’ailleurs d’être signéeavec l’INSERM qui s’est déjà traduite par lareconnaissance de deux unités mixtes de re c h e rc h eU L P / I N S E R M .D ’ a u t res demandes sont en cours. N o sliens avec l’INRA se concrétisent par la demande enp a rticulier de la création d’une unité mixte ULP/INRA.

    Que souhaitez-vous pour la formation doctora l e?

    Nous voulons nous ouvrir sur l’extérieur en facilitantles thèses en cotutelle avec d’autres unive r s i t é s .C ’ e s tle meilleur moyen de s’ouvrir l’esprit et de déve l o p p e rdes collaborations. Nous voudrions aussi que tous lesDEA soient intégrés dans des écoles doctorales. C e sécoles doctorales assure ront en particulier un suivi desétudiants pendant leur thèse et ap r è s , afin de leurdonner le maximum de chance de réussir leur insert i o np ro fe s s i o n n e l l e.

    M.E.

    > LeCNRS enAlsace Pour Alain Nouailhat,délégué régional du

    C N R S , le paysage de lare c h e rche en Alsace n’a rien à voir avec celui des Pays de la Loire et de la Bretagne qu’il a quitté voici un an. “Ici lare ch e r che est très concentréeg é og raphiquement et s’organiseautour de deux part e n a i re sp u i s s a n t s : l’ULP et le CNRS.Elle est globalement bonne, a v e cdes pôles d’excellence même si certaines disciplines comme les sciences pour l’ingénieurdoivent être plus développées.Bien sûr il me fa u d ra plus d’un anpour me fa i re une idée précise.”La région Alsace constitue le troisième pôle régional du CNRS par ses effectifs (1500 personnes) et le budgetconsolidé de ses 60 laboratoire ss ’ é l è ve à 600MF par an.La contractualisation tripart i t emise en place récemment, q u iva permettre d’avoir une visionglobale des re s s o u rces desUnités mixtes de re c h e rc h e( U M R ) ,d evrait re n fo rcer lesliens entre les universités et le CNRS.Ce changement ne dev r a i tp o u rtant pas beaucoup affe c t e rl’Alsace puisque “l ac o n t ractualisation est déjàh i s t o riquement mise en œuvre.P ratiquement toutes les unités sont labellisées CNRS. La symbioseest fo rte entre l’ULP et le CNRS.”To u t e fois l’université et leCNRS ont “chacun leur ra i s o nd ’ ê t re et des objectifs différe n t s.Ils doivent travailler sur des pro j e t sc o m muns en se respectant et en gardant leurs spécifi c i t é s.” À l’ave n i r, Alain Nouailhatvoudrait que le CNRS ait uneaction plus visible en région e t , compte tenu de la positionde Strasbourg, augmente ladimension européenne de ses part e n a r i a t s , avec les MaxPlanck Instituts par exe m p l e.

    M.E.

    Délégation du CNRS en Alsace

    sur le web www.dr10.cnrs.fr

    Bernard Ehresmann,vice-président en charge de la recherche et des écoles doctorales, expliquela politique de l’université pour les quatre années à venir.

    Q u elle p oli t ique pour larecherche à l’ULP?

  • Qu’est-ce que des scientifiques,des juristes ou des économistespeuvent bien avoir à se dire? Bien des choses, ont pensé lescréateurs du projet RÉALISE(1), premier réseau alsacien sur l’envi-ronnement. Dans le cadre du contrat de plan État-Région, l’ULP avoulu fédérer les nombreuses compétences qui existent dans la régionsur ce thème. “Le rôle d’un pôle est de faire échanger des idées à despersonnes qui n’auraient pas forcément eu l’occasion de se rencontrer,commente Jean-Claude Hubert, vice-président des personnels del’ULP et coordinateur du projet. De la discussion naissent les idées. Lepôle est l’occasion de faire émerger de nouveaux sujets, de se demanderce que les différentes équipes pourraient apporter auxsujets déjà existants.” Ce projet transdisciplinaireregroupe des partenaires divers : l’ULP, l’universitéde Haute Alsace, l’université Robert Schuman, leCNRS et l’ENGEES(2). Chacun apporte ses compé-tences spécifiques: c h i m i e, d ro i t ,b i o l o g i e,é c o n o m i eou physique. 21 millions de francs sur sept ans ontété débloqués pour faire de RÉALISE un réseaud’échange dans lequel tous les partenaires devrontapprendre à travailler ensemble. Un conseil scien-tifique est en train de se constituer pour arbitrerla priorité des pro j e t s .“RÉALISE peut devenir un outilde pointe, si tous les acteurs jouent le jeu” estime Je a n -Claude Hubert. La balle est maintenant dans lecamp des chercheurs et le travail ne manque pas.Il faut mettre en place un observatoire pour faireun état des lieux sur l’environnement en Alsace etsuivre en temps réel ce qui s’y passe tout en fai-sant progresser la recherche dans le domaine. Lecaractère transdisciplinaire du réseau fait la forcede RÉALISE et constitueson atout majeur pourl’avenir.“La science dans dixans sera une science de lat ra n s v e rs a l i t é , estime levice-président. L’avenir estaux interfaces des grandesdisciplines, comme la bioé-thique qui fait appel à desconnaissances en biolog i e, e ndroit et en philosophie. Et

    RÉALISE est un exemple de projet transversal.” Jean-Claude Huberte s p è re même que l’indispensable dialogue entre les sciences et la phi-losophie pourra se faire grâce à des pôles comme RÉALISE.

    M.E.

    (1) Réseau Alsace de laboratoires en ingénierie et sciences pour l’environnement(2) École nationale du génie de l’eau et de l’environnement de Strasbourg

    18 [ u l p . s c i e n c e s- n°1 - octobre 2000

    re c h erc h e]

    La Génopole :du gène au médicament

    La Génopole Strasbourg Alsace-Lorraine a été créée en 1999dans le cadre du programme“Génome” lancé par le Ministèrede l’éducation nationale, de larecherche et de la technologie.Elle appartient au réseau desgénopoles françaises quicoordonnent le décryptage etl’exploitation des génomes.Après le décryptage, les gènesresponsables de maladies sont

    identifiés.Ces gènes pathologiques sont les plans de montage deprotéines dont il faut moduler l’action.Le criblage permet de découvrirdes molécules capables de contrôler les protéines pathogènes.Ces molécules seront peut-être à l’origine d’un nouveau médicament.La génopole strasbourgeoise utilise en particulier trois approchescomplémentaires: l’étude de la fonction des gènes,la compréhension des liens qui existent entre la structure et la fonction des protéines (voir “Une journée avec une doctorante”) et la pharmacologie.Les compétences existent à Strasbourg,mais le travail sur la masse degènes maintenant disponibles,qui doit permettre de tester un nombreconsidérable de molécules pour augmenter les chances de découverte,ne peut se faire que par un changement d’échelle dans les moyensapportés à la génopole. Un réaménagement de l’enseignement est prévupour intégrer les bouleversements fondamentaux qui ont eu lieu enbiologie depuis une dizaine d’années et les nouvelles technologies qui les ont accompagnés.

    M.E.

    R É A LIS E,le réseau e nvir o n neme n t

    nos partenaires sur le web:www.univ-mulhouse.fr

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    Zone portuaire à Strasbourg

  • 19octobre 2000 - n°1 - u l p . s c i e n c e s ]

    re c h erc h e[

    > 9 heure sA n n e - L a u re m’attend dans le hall spacieux del ’ I G B M C( 2 ) où elle prépare sa thèse. À son bure a u ,elle m’explique le sujet de sa re c h e rc h e :“R e l a t i o ne n t re la structure et la fonction de la Stromélysine-3 de souri s” . La Stro m é lysine-3 est une enzyme quii n t e rvient dans les cancers inv a s i f s , en particulier dansles cancers du sein. Cette enzyme facilite l’essaimagedes cellules cancéreuses dans l’organisme, l e u rpermettant de migrer de la tumeur primaire ve r sd ’ a u t res tissus pour former des tumeurs secondaire s .Elle est donc une cible thérapeutique intére s s a n t e :si elle pouvait être stoppée, la dissémination destumeurs serait ralentie… Les chercheurs connaissentdéjà une molécule capable de neutraliser efficacementla Stro m é ly s i n e - 3 . Mais cette dernière n’est pas laseule à être inhibée. Le trav a i ld ’ A n n e - L a u re consiste à compre n d reles mécanismes de l’inhibition decette enzyme, ce qui permettra defabriquer un inhibiteur puissant etspécifique de la Stro m é ly s i n e - 3 .Po u rquoi travailler sur des enzymesde souris? “La Stromélysine-3 de souri sest très pro che de celle de l’homme,e x p l i q u e - t - e l l e, mais elle est plus facile à sure x p ri m e r,c ’ e s t - à - d i re à pro d u i re en grande quantité.”

    > Pause caféUn laboratoire sans machine à café est-il concev a b l e?Cette institution est l’indispensable lieu de re n c o n t redes cherc h e u r s , un indicateur fiable de l’ambiance dug ro u p e. M a rc Ruff, le superviseur d’Anne-Laure est là.Ils en profitent pour prévoir une répétition del ’ i n t e rvention qu’elle fera lors d’un congrès auxÉ t a t s-U n i s .E n s u i t e, A n n e - L a u re me montre lapaillasse où elle a fait ses expériences au début de sat h è s e. C’est là qu’elle a sure x p r i m é , purifié etcristallisé la Stro m é lysine-3 avec son inhibiteur.La cristallisation permet d’ordonner l’enzyme pourson analyse par rayons X. C’est la phase la plus

    l o n g u e: près de 1700 essais ont dû être réalisés av a n td’obtenir un monocristal qui diffracte les rayons X.“Quand j’ai observé mes pre m i e rs cristaux aum i c ro s c o p e, j’ai couru annoncer la bonne nouvelle à toutle labo” se souvient-e l l e. Le cristal obtenu après tantd ’ e f fo rts est soumis aux rayons X pour obtenir des“clichés” de l’enzyme.A n n e - L a u re les a pris aus y n c h ro t ron de Gre n o b l e:“La liste d’attente est longue,nous n’avons que 24 heures pour réaliser nos mesure s.Il n’est pas question de dormir et il faut que l’expéri e n c esoit bien préparée pour ne pas perd re de temps.”Dans la salle de modélisation moléculaire, d epuissants ordinateurs permettent de résoudre las t r u c t u re obtenue par diffraction des rayons X.Il s’agit d’attribuer la place de chaque atome dansl’espace à partir de la carte de densité électro n i q u e

    du cristal. Ce travail a duré plus d’un an. Puis la structure en tro i sdimensions a été analy s é e.“O nre g a rde comment l’inhibiteur s’ajustedans l’enzyme, explique A n n e - L a u re.En affinant sa forme et ses intera c t i o n savec l’enzyme, on pourra mettre aupoint un inhibiteur plus spécifi q u e.”

    > 13 heure s“Souvent je ne mange qu’un sandwich ou une salade”raconte la doctorante.“Exceptionnellement nousd�