TransactionsLe marché attendavec impatiencele déconfinementL’immobilier a lui aussi souffert du confinement, visites, signatures et déménagements ayant été impossibles à réaliser.Pour autant, les Français n’ont pas abandonné leurs projets. La pierre est toujours une valeur refuge.

i d l d i d d li i i blLes prix des logements devraient se tasser, dans des limites raisonnablesCrédits Les taux restent très attrayants, mais les conditions se resserrentSCPI La réouverture des commerces est une bonne nouvelle

Dossier réalisé par Sandra Mathorel

De mémoire d’agentimmobilier ou denotaire, on n’avaitjamais vu ça... en

dehors de la Première et

Seconde Guerre mondiale.

Agenceset études closes,chan-tiers de construction à l’aban-don, visites inexistantes (entout

cas officiellement), signatures

impossibles...Dansles jours qui

ont suivi l’annoncedu président

de la République, le marchéimmobilier s’est brutalement

paralysé, même dans les zones

trèsdemandées.«Lemarchés’esttotalementarrêtépendantlestroispremièressemainesdu confine-

ment»,témoigne GermainTour-

noys,du réseauBarnesà l’Île de

Ré,enCharente-Maritime.

Ce coup d’arrêt a été d’autantplus dur à avaler pour la profes-

sion que «la criseest intervenue

dans un contexte euphorique»,

déplore Thibault de Saint Vin-

cent, président du groupe Bar-nes. Après une montée en

puissanceprogressive, les deux

dernières annéesont été excep-

tionnelles,le nombre detransac-

tions en 2019 ayant mêmefranchi la barre du million, un

record absolu.

CHUTEDESTRANSACTIONS

«Le constat est sans appel : le

nombre de promessesde vente

signéesdurant les six premières

semainesdeconfinementa baissé

de75%», révèleMeilleursAgents

dans sa dernière étude. De

même, le nombre de nouveaux

biens mis en vente a chuté de66%...Or, le printemps esthabi-

tuellement la saisonreine pour

le marché immobilier. Par pro-

jection, c’estdonc «120.000ven-

tes environ qui n’ont pas étéréalisées», calcule Meilleurs-

Agents.

L’année2020s’annonced’oreset

déjà en demi-teinte. « Il va y

avoir une chutetrès sensibledesmutations.Onva redescendretrès

en deçà du million de ventes »,

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nous confiait, fin mars, Jean-

FrançoisHumbert, président du

Conseilsupérieur dunotariat.

Pour autant, le tableau n’estpassi noir. Une fois le premier choc

passé, études notariales et

agentsimmobiliers sesont rapi-

dement organiséspour mainte-

nir le lien avecles clients. GrâceàInternet, le marchéa continué

de vivoter sous perfusion. Des

offres d’achat,des signature de

mandat de vente et même de

compromis ont ainsi puêtre réa-

liséesà distancegrâceàla signa-ture électronique et aux visites

virtuelles de biens.

De plus, depuis qu’une date de

déconfinement a été fixée, les

Français manifestent de nou-

veau leur intérêt pour la pierre.

«Ona sentiunelibération chezles

acquéreurset chezles vendeurs

quand la date du 11mai a été

annoncée», confie Guillaume deBlay, de Barnes Trocadéro, à

Paris.Les demandes de visites,

certaines programmées dès

lundi 11, reprennent chez les

agents.«Depuisunequinzainede

jours,nousconstatonsunehausse

des connexions sur notre site

Internet : + 42% de recherches,

aussibienpour l’achatquepour la

location, s’est réjouie, de son

côté,Christine Fumagalli, prési-

dente du réseauOrpi, lors d’uneconférence immobilière fin

avril. Cen’estpasencorel’eupho-rie, mais le marché est dans

l’attentedela reprise.»

Il pourrait mêmey avoir un cer-tain engorgement chezles pro-

fessionnels et les notaires en

mai, «une mécaniquederattra-pagedueà un effetdereport pour

régulariserl’ensembledesactes»,indiquent les NotairesdeFrance

dans leur dernière note de

conjoncture. Selon Philippe

Buyens, directeur général de

Capifrance, il y auramême

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«unephasedesurchauffeen

mai etenjuin aveclesprojetsdiffé-

rés». Le marché stricto sensu

(nouveaux biens en vente et

nouveaux acheteurs) devrait,

lui, ne reprendre que progressi-

vement.«Laconfiancedansl’éco-nomie est écornée. Or, sans

confiance,lemarchéneretrouvera

pasdefluidité tout desuite», ana-

lyseSébastiende Lafond, cofon-

dateur de MeilleursAgents. Les

professionnels tablent sur un

trou d’aird’environ trois mois et

une reprise plus soutenue enseptembre-octobre.

BESOIND’ESPACEToutefois, les Français ont tou-

jours de l’appétit pour la pierre.Elle reste une valeur refuge, au

sensfiguré comme ausenspro-

pre. «Neuf Français sur dix

n’abandonnent pas leur projet

immobilier», informe Meilleurs-

Agents, s’il concerne leur rési-dence principale. A l’inverse, un

tiers deceuxqui avaientun pro-

jet d’investissement locatif y

renoncent pour le moment.« Il yaurasûrementunafflux deventes

et dedemandesaprèsledéconfine-

ment : descouplesvont seséparer,

pourd’autresla familleva s’agran-dir, et certains vont se rendrecomptequeleur logementn’estpas

adapté», prédit Thierry Dele-

salle,notaire àParis.

Sur ce plan-là, les demandesse

font déjà sentir, et la maison

pourrait bien être la nouvelle

martingale de l’immobilier. «Il yauneenviepersistantedechange-

ment, confirme Ludovic

Huzieux, cofondateur d’Artémiscourtage.Touslesjours,noscour-

tiers effectuent des simulations

pour le compte de potentiels

clients qui veulent acheter plus

grand avec un extérieur. » Un

récent sondagedu courtier, réa-

lisé avec OpinionWay, montreque 18 % des Français, qu’ilssoient locataires ou propriétai-

res, réfléchissent à acheter un

logement avec terrasse ou jar-

din, 14% dans une autre ville,

voire à la campagne,et 6 %veu-

lent un logement plus grand.

«Nousconstatonsunintérêtgran-

dissantpour leszonesplusrurales

et les villes moyennes», ajoute

Christine Fumagalli.

Cette nouvelle donne pourrait

bien doper encore davantagele

prix des maisons ou desappar-tementsavecterrasse.Surunan,

entre mars2019et mars 2020,la

haussedes prix a déjà été plus

forte pour lespavillons (+ 6,2%)

que pour les appartements

(+ 4,8 % sur l’ensemble de laFrance), d’aprèsSeLoger.

Danstoutes lesgrandesvilles, la

valeur de la pierre a considéra-

blement augmentécescinq der-

nières années, et les douzederniers mois (de mars à mars)

ne font pas exception : + 5,8%

à Paris,+ 12,6% àNantes,+ 11%àToulouse,+9%àLyonn(pour les

appartements anciens,selon les

donnéesde SeLoger,voir carte

pageprécédente)...Pour l’instant,«la haussedesprix resteaussivive

sur la ville centrequesurlesmar-

chésdescommunesadjacentes,en

dépitdu repli del’activitéconstaté

sur l’ensemble du territoire »,

constate l’économiste MichelMouillart, spécialistede l’immo-bilier.

VERSUNTASSEMENTDESPRIX

A moyen terme, la crise sani-

taire pourrait tout demême, au

moinstemporairement, ralentir

cette folle ascension.Les ache-

teurs, eux,y croient dur commefer ! « Ils anticipent dèsmainte-

nant unebaissedesprix del’ordrede10%,annonce Sébastien de

Lafond,deMeilleursAgents. Dèsla sortie du confinement, des

négociations plus rudes et plus

longuessontà attendreentreven-

deurs et acheteurs.» Gare à ne

pas être trop gourmand, sans

quoi le bien pourrait vous pas-ser sous le nez. « En avril, un

client a voulu renégocierun bien

10%moinscherquesonoffre ini-

tiale, mais d’autresacheteursenont profité pour sepositionner»,raconte Germain Tournoys, de

Barnes. Et ce n’est pas le seulexemple.

«Un impact sur les prix paraît

toutefois inévitable », anticipe

Sébastien de Lafond. Le recul

devrait être «modéré», selon ce

dernier, pas plus de 5% ou 6 %

dans les zones tendues. Bien

entendu, cette correction pour-

rait être plus sensiblesi un nou-veau confinement devait avoirlieu... Mais, sur le long terme,

l’immobilier reste une valeur

sûre.

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– 452009 2010 2011 2012 2013 2014 2015 2016 2017 2018 2019 2020

+ 2,7

C\ nombre de transactions plonge en mars

0

45

Rythme annuel à fin mars

<mfclk`fe gXi ki`d\jki\ glissant, en%

- 4,3 + 3,4 + 10,1 - 10,5 - 23,5+ 18,7 + 1,3

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