l'udi peut -elle rivaliser avec l'ump

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mardi 5 février 2013 LE FIGARO A QUESTION : SOUHAITEZ-VOUS QU’AUX ÉLECTIONS LOCALES... % DE BONNES OPINIONS % DE BONNES OPINIONS Hommes Femmes 18-24 ans Ouvriers Sans diplômes Proches partis de gauche Proches EELV 65 ans et plus Cadres, prof. intellectuelles sup. Diplômés ensei- gnement sup. Proches MoDem Proches UMP Source : Baromètre Figaro Magazine TNS Sofres / Sopra Group réalisé du 23 au 26 novembre 2012 auprès d’un échantillon national de 1 000 personnes représentatif de l’ensemble de la population âgée de 18 ans et plus Électeurs Bayrou 2012 Électeurs Hollande 2012 Électeurs Le Pen 2012 Électeurs Sarkozy 2012 ... L’UMP ET L’UDI DE J.-L. BORLOO PASSENT DES ACCORDS ÉLECTORAUX ... L’UMP ET LE FN PASSENT DES ACCORDS ÉLECTORAUX Sympathisants... OUI NON ... de droite ... UDI ... UMP ... FN ... de droite ... UDI ... UMP MoDem UMP UDI Nouveau Centre ... FN Sympathisants... ZONES DE FORCES ZONES DE FAIBLESSES OUI NON Juin 2012 Sept. 2012 Évolution juin 2012-février 2013 Fév. 2013 Le souhait d’accords électoraux Forces et faiblesses de l’ UDI Les formations centristes dans l’opinion % DE CEUX QUI SOUHAITENT LUI VOIR JOUER UN RÔLE IMPORTANT DANS LE MOIS ET LES ANNÉES À VENIR Les leaders du centre et de droite dans l’opinion François Bayrou Hervé Morin Jean-Louis Borloo François Fillon Alain Juppé Nicolas Sarkozy Christine Lagarde Jean-F. Copé 38 36 29 33 28 24 18 36 35 27 13 16 16 13 Mars 2012 Juin 2012 Septembre 2012 Décembre 2012 32 28 14 14 13 31 34 31 43 41 38 37 34 36 31 33 34 41 37 33 24 25 19 -10 60 % 24 % 24 % 26 % 26 % 42 % 26 % 40 % 27 % 13 % 13 % 13 % 12 % 15 % 14 % 16 % 9 % 40 % 79 % 21 % 75 % 25 % 23 % 77 % 50 % 50 % 13 % 87 % 44 % 56 % 73 % 27 % -1 = -5 -1 +3 -8 -5 15 % des 18-24 ans et 27 % des femmes souhaitent que Jean-Louis Borloo « joue un rôle important au cours des mois et des années à venir ». Faiblesse dans les milieux populaires On retrouve la même faiblesse dans l’image de l’UDI telle qu’elle a été ap- préciée dans un sondage réalisé à la fin de novembre 2012. Le nouveau parti de centre droit s’est solidement affirmé dans l’espace centriste (42 % de bonnes opinions chez les sympathisants du Mo- dem, 40 % chez les anciens électeurs de Bayrou), mais aussi, bien sûr à un moin- dre degré, chez les anciens électeurs de Nicolas Sarkozy (27 %) et dans des clientèles socio-démographiques pro- ches de la droite (personnes âgées, ca- dres et professions intellectuelles supé- rieures, diplômés de l’enseignement supérieur). En revanche, la faiblesse de l’UDI est patente dans les milieux popu- laires (13 % chez les ouvriers), mais aussi parmi les électeurs de ce « cen- trisme de substitution » que peut être l’écologie politique (14 %) et qui ne sont pas insensibles à l’action que Jean-Louis Borloo avait pu mener lorsqu’il a été, de 2007 à 2010, ministre de l’Écologie, de l’Énergie et du Développement durable. L’enracinement populaire et la capta- tion d’une clientèle d’électeurs de cen- tre gauche déçus par le nouveau pouvoir sont, indépendamment de la saine et vive émulation entre l’UMP et l’UDI pour fidéliser les soutiens traditionnels de la droite classique, les principaux dé- fis que cet héritier lointain de la défunte UDF aura à relever dans les mois qui viennent avant les premiers affronte- ments électoraux de l’année 2014 où le baptême du feu électoral décidera du destin de l’UDI. de notoriété. C’est certainement un des principaux fronts sur lequel l’UDI aura à batailler dans les mois qui viennent. L’image positive, mesurée pour la pre- mière fois par la Sofres en décembre 2012, reste pour l’instant modeste : 18 % des personnes interrogées décla- rent avoir une bonne opinion de l’UDI (contre 43 % pour le PS, 37 % pour Eu- rope Écologie-Les Verts, 27 % pour l’UMP et 24 % pour le Modem). Mais, dans l’espace de la droite et du centre, tous les partis stagnent ou régressent depuis un an (- 12 points pour le Mo- dem, - 2 pour l’UMP, 0 pour le Nouveau Centre). Dans ce contexte général, l’UDI récupère une partie des orphelins du « centrisme indépendant » du Mo- dem et quelques soldats perdus du cen- trisme qui ne se trouvaient plus à l’aise au sein de l’UMP. Toutefois, à la suite du spectacle de division fratricide qu’a offert l’UMP pendant de longues semai- nes, le mouvement de récupération n’est pas très important. Réponse au problème de leadership La situation est meilleure en termes de leadership dans la mesure Jean- Louis Borloo, président de l’UDI, fait partie des quelques leaders de droite et du centre auxquels les Français prêtent un avenir. Dans le dernier baromètre Figaro Magazine-Sofres de février, le nouveau patron de l’UDI fait partie du quintette des leaders de droite qui ont à la fois une grande visibilité et un sou- tien significatif en termes d’opinion : François Fillon (38 % de cote d’avenir), Alain Juppé (36 %), Nicolas Sarkozy (34 %), Christine Lagarde (33 %), Jean- Louis Borloo (31 %). Ce dernier est le seul – avec Nicolas Sarkozy - à ne pas avoir connu de décote depuis l’alter- nance de mai-juin 2012. Ainsi, avec le choix de Jean-Louis Borloo, l’UDI ap- porte une réponse au problème de lea- dership évanescent qui avait été la fai- blesse constante de l’ancienne UDF. Certes, le président de l’UDI devra s’imposer à des troupes diverses et sou- vent rétives, de par leur culture politi- que, à la férule d’un chef trop évident. Mais Jean-Louis Borloo est, dans cette famille du centre droit, le premier lea- der, depuis de longues années, à avoir une réelle existence en termes d’opi- nion. Il domine maintenant un François Bayrou dont l’étoile de popularité est déclinante et il relègue son ancien chal- lenger, Hervé Morin, dans les tréfonds des classements de popularité. On constate cependant que le prési- dent de l’UDI et son parti ont des fai- blesses dans certains milieux qui ne sont pourtant pas particulièrement al- lergiques à la référence centriste : les femmes, les jeunes. Dans le baromètre Figaro Magazine de février 2013, seuls LA RELATIVE fragmentation politique qui est caractéristique des droites et du centre aujourd’hui pose la question des alliances qui seront décisives pour l’avenir. Mais cette question dépasse le seul univers de la droite. La gauche, en dépit de la position hé- gémonique du Parti socialiste, est tra- versée de profonds clivages internes. Ces clivages sont sensibles dans la mauvaise humeur récurrente du Front de gauche vis-à-vis des choix politi- ques et économiques du nouveau pou- voir et dans les critiques régulières de l’allié-rival écologiste par rapport au gouvernement et à la majorité parle- mentaire socialiste. À terme se pose donc la question de l’éventuelle recom- position des alliances pour un pouvoir socialiste affaibli et à la recherche d’un second souffle. Dans ce cadre, l’ouver- ture de la majorité actuelle ne pourrait se faire qu’au centre. Cette « tentation centriste », même si elle existe chez certains responsables socialistes, se heurte à un double obsta- cle. D’abord, les « tables de la loi » d’un parti socialiste qui s’est reconstruit dans les années 1970 autour d’une stra- tégie d’union de la gauche où « l’enne- mi » commence aux confins du centre gauche. Cet ostracisme rend difficile et pé- rilleux le ralliement du Modem et de François Bayrou à une majorité de gau- che, même si Stéphane Le Foll, ministre de l’Agriculture et proche de François Hollande, n’excluait pas, dans un en- tretien à France Info, le 12 novembre 2012, la perspective d’une telle évolu- tion : « La question ne se pose pas enco- re », disait-il. Ensuite, l’UDI, nouveau parti centriste, s’affirme de « centre droit » ; les sympathisants de l’UDI privilégient une alliance électorale avec l’UMP, ils rejettent des alliances tour- nées ou bien vers la gauche socialiste ou bien vers le Front national. Volonté d’alliance À cet égard, les électeurs proches de l’UDI et ceux proches de l’UMP ont la même volonté d’alliance pour gagner les élections locales à venir. Leurs re- gards convergent ; ils rejettent toute al- liance avec la gauche ou un accord local avec le Front national. Même si, pour les sympathisants de l’UMP, le tropis- me frontiste n’est pas absent. Ce qui rassemble à droite et au centre est l’alliance UDI-UMP. Ce qui divise, en revanche, a trait à la position à adopter par rapport au FN. L’UDI et « Jean-Louis Borloo est, dans cette famille du centre droit, le premier leader, depuis de longues années, à avoir une réelle existence en termes d’opinion. Il domine François Bayrou dont l’étoile de popularité est déclinante (...) et son ancien challenger, Hervé Morin » DESSIN DOBRITZ étudesPOLITIQUES Figaro-Cevipof LA CRÉATION de l’Union des démocrates et indépendants (UDI) a fermé la parenthèse de l’union des droites et du centre instaurée par l’UMP en 2002, formation qui, comme le rappelle Pascal Perrineau, « a tenté d’imposer l’idée d’un parti unique de la droite et de ses diverses sensibilités ». Le directeur du Cevipof analyse l’accueil réservé par les sympathisants et les électeurs à ce retour d’une droite binaire française alors qu’en Grande- Bretagne, un grand parti conservateur rassemble les forces de droite, qu’en Espagne la droite fédère dans le Parti populaire tandis qu’elle agrège dans la CDU-CSU en Allemagne. « Les formations centristes ont un problème de notoriété, c’est l’un des principaux fronts sur lequel l’UDI aura à batailler dans les mois qui viennent », affirme Pascal Perrineau. Contrairement aux attentes du parti de Jean-Louis Borloo, la crise de l’UMP n’a pas apporté le flot de ralliements escomptés. Le pouvoir d’attraction de l’UDI s’exerce rarement au-delà du cercle des orphe- lins de centrisme indépendant de Fran- çois Bayrou et de celui des centristes hébergés par l’UMP. Boudée par les femmes et les jeunes, l’UDI séduit « les clientèles socio-démographiques proches de la droite ». La question des alliances est le défi à relever pour exister et pros- pérer. Sympathisants et électeurs plai- dent clairement pour une « alliance avec l’UMP pour gagner les élections locales à venir ». Et rejettent toute alliance avec la gauche et le Front national ainsi qu’une ouverture au centre faite par le pouvoir en place. JOSSELINE ABONNEAU l’UMP partagent le même credo unitai- re que celui qu’ont porté pendant des décennies l’UDF et le RPR. Cependant, la dialectique de l’union et de la diffé- rence qui préside aux relations entre deux associés-rivaux est fragile. Cette dialectique de l’union et de la différence doit être maniée avec subtilité : il lui faut préserver, d’une part, la première position électorale de la droite par rap- port au Front national partout où celui-ci est une force signi- ficative et, d’autre part, per- mettre le rassemblement unitaire des voix de droi- te et du centre au se- cond tour. P. P. Le parti de Jean-Louis Borloo parie sur le retour d’un duopole à droite et au centre. PASCAL PERRINEAU DIRECTEUR DU CENTRE DE RECHERCHES POLITIQUES DE SCIENCES PO (CEVIPOF) ÉTUDE L’Union des démocrates et in- dépendants (UDI) a maintenant trois mois. Elle marque le retour de la droite française à un système binaire d’orga- nisation. Celui-ci a d’ailleurs été la rè- gle du milieu des années 1970 au début des années 2000. En effet, l’Union pour la démocratie française (UDF), fondée en 1978 par le fidèle de Valéry Giscard d’Estaing Michel Poniatowski, sur une idée des leaders centristes qu’étaient Jean Lecanuet et Jean-Jacques Servan- Schreiber, a perduré jusqu’à la naissan- ce de l’UMP en 2002, qui a tenté d’im- poser l’idée d’un parti unique de la droite et de ses diverses sensibilités. Tout en n’ignorant pas la pérennité des différences qui distinguent les familles de la droite et du centre, l’UMP ne dé- sespérait pas de parvenir à la fusion or- ganisationnelle de tempéraments pour- tant distincts. Cette tentative de faire vivre un système moniste d’organisa- tion de la droite française n’a, au fond, été qu’une parenthèse dans l’histoire longue des droites et du centre. Le retour à un dispositif qui rappelle le duopole UDF-RPR des deux derniè- res décennies du XX e siècle semble avoir été plutôt bien accueilli, avec, ce- pendant, une certaine hésitation et parfois une réelle indifférence. Dans le baromètre Figaro Magazine-Sofres de décembre 2012, où un échantillon re- présentatif de Français a été consulté sur l’image des partis, 41 % des person- nes interrogées déclarent ne pas avoir d’opinion sur l’UDI. C’est, de très loin, le parti qui suscite le plus d’ignorance, juste devant le Nouveau Centre (38 % de sans opinion), autre formation cen- triste aujourd’hui intégrée à l’UDI. Les formations centristes ont un problème mardi 5 février 2013 LE FIGARO A mardi 5 février 2013 LE FIGARO A 14

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Page 1: L'UDI peut -elle rivaliser avec l'UMP

mardi 5 février 2013 LE FIGARO

A

QUESTION : SOUHAITEZ-VOUS QU’AUX

ÉLECTIONS LOCALES...

% DE BONNES OPINIONS

% DE BONNES OPINIONS

Hommes Femmes

18-24 ans

Ouvriers

Sans diplômes

Proches partisde gauche

Proches EELV

65 ans et plus

Cadres, prof.intellectuelles sup.

Diplômés ensei-gnement sup.

Proches MoDem

Proches UMP

Source : Baromètre Figaro Magazine TNS Sofres / Sopra Group réalisé du 23 au 26 novembre 2012 auprès d’un échantillon national de 1 000 personnes représentatif de l’ensemble de la population âgée de 18 ans et plus

Électeurs Bayrou2012

Électeurs Hollande2012

Électeurs Le Pen2012

Électeurs Sarkozy2012

... L’UMP ET L’UDI DE J.-L. BORLOO

PASSENT DES ACCORDS ÉLECTORAUX

... L’UMP ET LE FN PASSENT

DES ACCORDS ÉLECTORAUX

Sympathisants...

OUI NON

... de droite

... UDI

... UMP

... FN

... de droite

... UDI

... UMPMoDem

UMP

UDI

NouveauCentre

... FN

Sympathisants...

ZONES DE FORCES ZONES DE FAIBLESSES

OUI NON

Juin 2012 Sept. 2012

Évolution juin 2012-février 2013

Fév. 2013

Le souhait d’accordsélectoraux

Forces et faiblesses de l’UDI Les formations centristes dans l’opinion

% DE CEUX QUI SOUHAITENT LUI VOIR JOUER UN RÔLE IMPORTANT DANS LE MOIS ET LES ANNÉES À VENIR

Les leaders du centre et de droite dans l’opinion

François Bayrou Hervé Morin Jean-Louis Borloo François Fillon Alain Juppé Nicolas Sarkozy Christine Lagarde Jean-F. Copé

38

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Mars 2012 Juin 2012 Septembre 2012 Décembre 2012

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13 % 87 %

44 % 56 %

73 % 27 %

-1 = -5 -1 +3 -8 -5

15 % des 18-24 ans et 27 % des femmessouhaitent que Jean-Louis Borloo« joueun rôle important au cours des mois etdes années à venir ».

Faiblesse dans les milieuxpopulairesOn retrouve la même faiblesse dansl’image de l’UDI telle qu’elle a été ap-préciée dans un sondage réalisé à la finde novembre 2012. Le nouveau parti decentre droit s’est solidement affirmédans l’espace centriste (42 % de bonnesopinions chez les sympathisants du Mo-dem, 40 % chez les anciens électeurs deBayrou), mais aussi, bien sûr à un moin-dre degré, chez les anciens électeurs deNicolas Sarkozy (27 %) et dans desclientèles socio-démographiques pro-ches de la droite (personnes âgées, ca-dres et professions intellectuelles supé-rieures, diplômés de l’enseignementsupérieur). En revanche, la faiblesse del’UDI est patente dans les milieux popu-laires (13 % chez les ouvriers), maisaussi parmi les électeurs de ce « cen-trisme de substitution » que peut êtrel’écologie politique (14 %) et qui ne sontpas insensibles à l’action que Jean-LouisBorloo avait pu mener lorsqu’il a été, de2007 à 2010, ministre de l’Écologie, del’Énergie et du Développement durable.

L’enracinement populaire et la capta-tion d’une clientèle d’électeurs de cen-tre gauche déçus par le nouveau pouvoirsont, indépendamment de la saine etvive émulation entre l’UMP et l’UDIpour fidéliser les soutiens traditionnelsde la droite classique, les principaux dé-fis que cet héritier lointain de la défunteUDF aura à relever dans les mois quiviennent avant les premiers affronte-ments électoraux de l’année 2014 où lebaptême du feu électoral décidera dudestin de l’UDI. �

de notoriété. C’est certainement un desprincipaux fronts sur lequel l’UDI auraà batailler dans les mois qui viennent.L’image positive, mesurée pour la pre-mière fois par la Sofres en décembre2012, reste pour l’instant modeste :18 % des personnes interrogées décla-rent avoir une bonne opinion de l’UDI(contre 43 % pour le PS, 37 % pour Eu-rope Écologie-Les Verts, 27 % pourl’UMP et 24 % pour le Modem). Mais,dans l’espace de la droite et du centre,tous les partis stagnent ou régressent

depuis un an (- 12 points pour le Mo-dem, - 2 pour l’UMP, 0 pour le NouveauCentre). Dans ce contexte général,l’UDI récupère une partie des orphelinsdu « centrisme indépendant » du Mo-dem et quelques soldats perdus du cen-trisme qui ne se trouvaient plus à l’aiseau sein de l’UMP. Toutefois, à la suite duspectacle de division fratricide qu’aoffert l’UMP pendant de longues semai-nes, le mouvement de récupérationn’est pas très important.

Réponse au problèmede leadershipLa situation est meilleure en termes deleadership dans la mesure où Jean-Louis Borloo, président de l’UDI, faitpartie des quelques leaders de droite etdu centre auxquels les Français prêtentun avenir. Dans le dernier baromètreFigaro Magazine-Sofres de février, le

nouveau patron de l’UDI fait partie duquintette des leaders de droite qui ont àla fois une grande visibilité et un sou-tien significatif en termes d’opinion :François Fillon (38 % de cote d’avenir),Alain Juppé (36 %), Nicolas Sarkozy(34 %), Christine Lagarde (33 %), Jean-Louis Borloo (31 %). Ce dernier est leseul – avec Nicolas Sarkozy - à ne pasavoir connu de décote depuis l’alter-nance de mai-juin 2012. Ainsi, avec lechoix de Jean-Louis Borloo, l’UDI ap-porte une réponse au problème de lea-

dership évanescent qui avait été la fai-blesse constante de l’ancienne UDF.Certes, le président de l’UDI devras’imposer à des troupes diverses et sou-vent rétives, de par leur culture politi-que, à la férule d’un chef trop évident.Mais Jean-Louis Borloo est, dans cettefamille du centre droit, le premier lea-der, depuis de longues années, à avoirune réelle existence en termes d’opi-nion. Il domine maintenant un FrançoisBayrou dont l’étoile de popularité estdéclinante et il relègue son ancien chal-lenger, Hervé Morin, dans les tréfondsdes classements de popularité.

On constate cependant que le prési-dent de l’UDI et son parti ont des fai-blesses dans certains milieux qui nesont pourtant pas particulièrement al-lergiques à la référence centriste : lesfemmes, les jeunes. Dans le baromètreFigaro Magazine de février 2013, seuls

LA RELATIVE fragmentation politiquequi est caractéristique des droites et ducentre aujourd’hui pose la question desalliances qui seront décisives pourl’avenir. Mais cette question dépasse leseul univers de la droite.

La gauche, en dépit de la position hé-gémonique du Parti socialiste, est tra-versée de profonds clivages internes.Ces clivages sont sensibles dans lamauvaise humeur récurrente du Frontde gauche vis-à-vis des choix politi-ques et économiques du nouveau pou-voir et dans les critiques régulières del’allié-rival écologiste par rapport augouvernement et à la majorité parle-mentaire socialiste. À terme se posedonc la question de l’éventuelle recom-position des alliances pour un pouvoirsocialiste affaibli et à la recherche d’unsecond souffle. Dans ce cadre, l’ouver-

ture de la majorité actuelle ne pourraitse faire qu’au centre.

Cette « tentation centriste », mêmesi elle existe chez certains responsablessocialistes, se heurte à un double obsta-cle. D’abord, les « tables de la loi » d’unparti socialiste qui s’est reconstruitdans les années 1970 autour d’une stra-tégie d’union de la gauche où « l’enne-mi » commence aux confins du centregauche.

Cet ostracisme rend difficile et pé-rilleux le ralliement du Modem et deFrançois Bayrou à une majorité de gau-che, même si Stéphane Le Foll, ministrede l’Agriculture et proche de FrançoisHollande, n’excluait pas, dans un en-tretien à France Info, le 12 novembre2012, la perspective d’une telle évolu-tion : « La question ne se pose pas enco-re », disait-il. Ensuite, l’UDI, nouveau

parti centriste, s’affirme de « centredroit » ; les sympathisants de l’UDIprivilégient une alliance électorale avecl’UMP, ils rejettent des alliances tour-nées ou bien vers la gauche socialiste oubien vers le Front national.

Volonté d’allianceÀ cet égard, les électeurs proches del’UDI et ceux proches de l’UMP ont lamême volonté d’alliance pour gagnerles élections locales à venir. Leurs re-gards convergent ; ils rejettent toute al-liance avec la gauche ou un accord localavec le Front national. Même si, pourles sympathisants de l’UMP, le tropis-me frontiste n’est pas absent.

Ce qui rassemble à droite et au centreest l’alliance UDI-UMP. Ce qui divise,en revanche, a trait à la position àadopter par rapport au FN. L’UDI et

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du centre droit, le premier leader, depuis de longues années,

à avoir une réelle existence en termes d’opinion.

Il domine François Bayrou dont l’étoile de popularité

est déclinante (...) et son ancien challenger,

Hervé Morin »

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étudesPOLITIQUES Figaro-Cevipof

LA CRÉATION de l’Union desdémocrates et indépendants (UDI)a fermé la parenthèse de l’uniondes droites et du centre instaurée parl’UMP en 2002, formation qui, commele rappelle Pascal Perrineau,« a tentéd’imposer l’idée d’un parti unique dela droite et de ses diverses sensibilités ».

Le directeur du Cevipof analysel’accueil réservé par les sympathisantset les électeurs à ce retour d’une droitebinaire française alors qu’en Grande-Bretagne, un grand parti conservateurrassemble les forces de droite, qu’enEspagne la droite fédère dans le Partipopulaire tandis qu’elle agrège dansla CDU-CSU en Allemagne.« Les formations centristes ont un

problème de notoriété, c’est l’un desprincipaux fronts sur lequel l’UDI auraà batailler dans les mois qui viennent »,affirme Pascal Perrineau. Contrairementaux attentes du parti de Jean-LouisBorloo, la crise de l’UMP n’a pas apportéle flot de ralliements escomptés.Le pouvoir d’attraction de l’UDI s’exercerarement au-delà du cercle des orphe-lins de centrisme indépendant de Fran-çois Bayrou et de celui des centristeshébergés par l’UMP. Boudée par lesfemmes et les jeunes, l’UDI séduit« lesclientèles socio-démographiques prochesde la droite ». La question des alliancesest le défi à relever pour exister et pros-pérer. Sympathisants et électeurs plai-dent clairement pour une« alliance avecl’UMP pour gagner les élections localesà venir ». Et rejettent toute allianceavec la gauche et le Front national ainsiqu’une ouverture au centre faite par lepouvoir en place. � JOSSELINE ABONNEAU

l’UMP partagent le même credo unitai-re que celui qu’ont porté pendant desdécennies l’UDF et le RPR. Cependant,la dialectique de l’union et de la diffé-rence qui préside aux relations entredeux associés-rivaux est fragile.

Cette dialectique de l’union et de ladifférence doit être maniée avecsubtilité : il lui faut préserver,d’une part, la première positionélectorale de la droite par rap-port au Front national partoutoù celui-ci est une force signi-ficative et, d’autre part, per-mettre le rassemblementunitaire des voix de droi-te et du centre au se-cond tour. � P. P.

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Le parti de Jean-Louis Borloo parie sur le retour d’un duopoleà droite et au centre.

PASCAL PERRINEAUDIRECTEUR DU CENTRE DE RECHERCHES POLITIQUESDE SCIENCES PO (CEVIPOF)

ÉTUDE L’Union des démocrates et in-dépendants (UDI) a maintenant troismois. Elle marque le retour de la droitefrançaise à un système binaire d’orga-nisation. Celui-ci a d’ailleurs été la rè-gle du milieu des années 1970 au débutdes années 2000. En effet, l’Union pourla démocratie française (UDF), fondéeen 1978 par le fidèle de Valéry Giscardd’Estaing Michel Poniatowski, sur uneidée des leaders centristes qu’étaientJean Lecanuet et Jean-Jacques Servan-Schreiber, a perduré jusqu’à la naissan-ce de l’UMP en 2002, qui a tenté d’im-poser l’idée d’un parti unique de ladroite et de ses diverses sensibilités.Tout en n’ignorant pas la pérennité desdifférences qui distinguent les famillesde la droite et du centre, l’UMP ne dé-sespérait pas de parvenir à la fusion or-ganisationnelle de tempéraments pour-tant distincts. Cette tentative de fairevivre un système moniste d’organisa-tion de la droite française n’a, au fond,été qu’une parenthèse dans l’histoirelongue des droites et du centre.

Le retour à un dispositif qui rappellele duopole UDF-RPR des deux derniè-res décennies du XXe siècle sembleavoir été plutôt bien accueilli, avec, ce-pendant, une certaine hésitation etparfois une réelle indifférence. Dans lebaromètre Figaro Magazine-Sofres dedécembre 2012, où un échantillon re-présentatif de Français a été consultésur l’image des partis, 41 % des person-nes interrogées déclarent ne pas avoird’opinion sur l’UDI. C’est, de très loin,le parti qui suscite le plus d’ignorance,juste devant le Nouveau Centre (38 %de sans opinion), autre formation cen-triste aujourd’hui intégrée à l’UDI. Lesformations centristes ont un problème

mardi 5 février 2013 LE FIGARO

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