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Université Paris 1 Ecole nationale d’administration Master « Relations Internationales et Actions à l’Etranger » Parcours « Administration publique et Affaires Internationales » L’ouverture de la formation des attachés dans les Instituts régionaux d’administration aux élèves étrangers : quelle pertinence pour un auditeur sénégalais ? Sous la direction de Monsieur Gilbert ELKAIM Directeur de l’IRA de Lille Soutenu par Mouhamadou Moustapha SOW CIP Promotion Lucie Aubrac (2012-2013)

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Page 1: Louverture de la formation des attachés dans les Instituts ......apporter intègrent tous les défis et enjeux de la MAP. 1.1.1 Les grands enjeux dans la fonction publique sénégalaise

Université Paris 1

Ecole nationale d’administration

Master « Relations Internationales et Actions à l’Etranger »

Parcours « Administration publique et Affaires Internationales »

L’ouverture de la formation des attachés dans les

Instituts régionaux d’administration aux élèves

étrangers : quelle pertinence pour un auditeur

sénégalais ?

Sous la direction de

Monsieur Gilbert ELKAIM

Directeur de l’IRA de Lille

Soutenu par

Mouhamadou Moustapha SOW

CIP Promotion Lucie Aubrac (2012-2013)

Page 2: Louverture de la formation des attachés dans les Instituts ......apporter intègrent tous les défis et enjeux de la MAP. 1.1.1 Les grands enjeux dans la fonction publique sénégalaise

I

Thème :

L’ouverture de la formation des attachés dans les Instituts

régionaux d’administration aux élèves étrangers : quelle

pertinence pour un auditeur sénégalais ?

Page 3: Louverture de la formation des attachés dans les Instituts ......apporter intègrent tous les défis et enjeux de la MAP. 1.1.1 Les grands enjeux dans la fonction publique sénégalaise

II

Remerciements

Je voudrais, tout d’abord, remercier mon tuteur, Monsieur Gilbert ELKAIM, qui a

guidé, corrigé et suivi ce travail de sa conception à sa réalisation. Ses remarques

pertinentes et ses conseils pointus et subtils ont facilité sa rédaction.

Mes remerciements vont aussi à tous mes collègues et amis du CIP et du CSPA

ainsi qu’à tout le personnel de l’ENA. Sans leur aide et leurs conseils, le fardeau de la

rédaction aurait été plus dur à supporter.

Je remercie aussi ma femme, Seinabou, et ma mère, Amina, dont les

encouragements ont entretenu le feu de la motivation malgré les difficultés liées à

l’éloignement.

Je ne saurais terminer sans remercier tout le personnel de l’IRA de Metz, en

particulier, M. François CHAMBON et Mme Marie-Laure-DURAND pour l’aide

matérielle qu’ils m’ont apportée et pour leur générosité.

Qu’ils veuillent bien trouver ici l’expression de ma profonde reconnaissance.

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III

Liste des abréviations

ATE : Administration territoriale de l’Etat

AC : Administration centrale

AIRAM : Association des élèves de l’institut régional d’administration de Metz

BOP: Budget opérationnel de programme

CDSMT: Cadre de dépenses sectorielles à moyen terme

CISAP: Cycle international spécialisé d’administration publique

CIMAP : Comité interministériel pour la modernisation de l’action publique

CHEE: Cycle des hautes études européennes

CIC: Cycle international court

CIP: Cycle international de perfectionnement

CiIRA: Cycle international des IRA

CIL: Cycle international long

DREAT: Délégation à la réforme de l'Etat et de l'assistance technique

DFCC : Direction de la formation continue et des coopérations

DES : Direction des études et des stages

DGAFP : Direction générale de l’administration de la fonction publique

EGRH : Ecole de la gestion des ressources humaines

ENA: Ecole nationale d'administration

EPLE : Etablissement public local d’enseignement

FDCL: Fonds de dotation des collectivités locales

GRH : Gestion des ressources humaines

GPEEC: Gestion prévisionnelle des emplois, des effectifs et des compétences

INET: Institut national des études territoriales

INSET: Institut national spécialisé d’études territoriales

IRA: Institut régional d'administration

LOLF: Loi organique relative aux lois de finances

MAE: Ministère des affaires étrangères

MAP : Modernisation de l’action publique

PGN: Plan géomatique national

PFRH : Plateforme régionale d’appui interministériel à la gestion des ressources humaines

PNBG: Programme national de bonne gouvernance

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IV

REATE: Réforme de l’administration territoriale de l’Etat

RESP Réseau des écoles de service public

RIME: Répertoire interministériel des métiers de l’Etat

RH: Ressources humaines

RGPP: Révision générale des politiques publiques

SDMAP: Schéma directeur de la modernisation de l’action publique

UA: Union africaine

UEMOA: Union économique et monétaire ouest africaine

UE: Union européenne

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V

Sommaire

Remerciements

Liste des abréviations

Introduction .................................................................................................................................... 1

1. Les caractéristiques de la demande dans l’administration sénégalaise et celles de l’offre de

formation d’attachés dans les IRA ............................................................................................... 3

1.1 Caractéristiques de la demande sénégalaise ............................................................................ 3

1.1.1 Les grands enjeux dans la fonction publique sénégalaise .......................................................... 3

1.2.2 En quoi le Sénégal a-t-il besoin d’un attaché d’administration du niveau français ? ................. 6

1.2 Caractéristiques de l’offre de formation des IRA ................................................................... 9

1.2.1 Genèse de l’offre CIRA : un exemple de partenariat institutionnel ........................................... 9

1.2.2 Comment sont formés les attachés dans les IRA ? Les principales caractéristiques des

formations continue et initiale : méthodes, techniques et moyens .................................................... 11

2. Facteurs clés de succès du CiIRA : contraintes et perspectives d’évolution ................... 14

2.1 L’offre actuelle est-elle adaptée à la demande ? .................................................................... 14

2.1.1 Corrélation du CiIRA actuel à la demande sénégalaise ........................................................... 15

2.1.2 Parallélismes dans la prise en charge des grands enjeux d’un service public performant en

France et au Sénégal .......................................................................................................................... 19

2.2 Le CiIRA contribue-t-il à l’influence française ? Les avantages et les limites de l’offre

de formation : quelles solutions pour l’améliorer ............................................................................ 21

2.2.1 Impact de la formation sur les attachés stagiaires et sur les auditeurs : Contribution

mutuelle au développement des ressources humaines ....................................................................... 22

2.2.2 Contraintes et recommandations stratégiques .......................................................................... 25

Conclusion .................................................................................................................................... 29

Bibliographie

Annexes

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1

Introduction

La France et le Sénégal entretiennent depuis très longtemps des rapports privilégiés. Ceux-ci ont

tantôt été émaillés par des velléités d’indépendance politique et économique de la part du Sénégal,

tantôt voulus et même activement recherchés par des autorités sénégalaises nostalgiques de

l’organisation administrative française. Sous ce rapport, les deux administrations – française et

sénégalaise – nourrissent l’ambition de développer des relations de coopération bilatérale à travers les

différents processus de modernisation de l’Etat et la mise en œuvre d’une série de réformes de

l’administration.

Ainsi, la France, véritablement inscrite dans une dynamique de promotion de « son modèle de

bonne administration et de bonne gouvernance » entend mener une véritable stratégie d’influence à

travers son offre de formation d’auditeurs à partir de l’ENA, l’Ecole nationale d’administration et des

IRA, les Instituts régionaux d’administration. La formation devient alors, au même titre que la

présence militaire et les représentations diplomatique et consulaire, un instrument de politique

étrangère.

Depuis 1960, les autorités sénégalaises sont alors dans une dynamique de réformes découlant

d’une évolution des environnements politique, économique et social. Ces évolutions ne se limitent pas

seulement à des impératifs au plan national mais la ratification des différents traités africains – union

Africaine - et sous régionaux – UEMOA - obligent le jeune Etat sénégalais à se mettre à niveau par

rapport à de nouvelles normes imposées par des administrations supra nationales.

En conséquence, se pose la question de savoir comment conduire le changement à travers toutes

ces réformes visant une modernisation de l’action publique tout en s’inspirant d’un triptyque incluant

une prise en compte de l’originalité sénégalaise, d’un modèle français à travers l’offre de formation

des IRA et d’un cadre principiel imposé par la charte africaine de la fonction publique. En d’autres

termes, l’offre actuelle de formation des attachés d’administration en France répond-elle à la demande

sénégalaise de réforme de l’administration publique ?

Ce travail se veut une réflexion sur l’intérêt pour le Sénégal d’envoyer des auditeurs en

formation dans les Instituts régionaux d’administration. Mais au-delà de cet intérêt, il s’agit de

réfléchir sur la pertinence du modèle français pour une administration sénégalaise en mutation

organisationnelle représentée dans son schéma directeur. Il se veut aussi une analyse du cycle

international qui devra accueillir ces auditeurs étrangers dans les IRA.

L’intérêt de l’étude se situe à plusieurs niveaux : d’abord pour l’Etat du Sénégal, ce travail

constitue une base de réflexion sur les réformes en cours qui se sont inspirées du modèle français non

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2

encore évalué et qu’il faut dès lors considérer avec plus de circonspection. Ensuite pour les IRA, il

pourrait être un baromètre de la performance de l’offre CiIRA. Les conclusions de cette étude

pourront être déterminantes dans la suite qui sera donnée à l’organisation des cycles internationaux

courts dans les IRA. Enfin, pour le stagiaire, c’est l’occasion de faire sienne une réflexion sur la

conduite des réformes et de diagnostiquer la question de la modernisation de l’action publique au

Sénégal en partant des méthodes françaises de formation des ressources humaines. C’est aussi un

signal lancé aux autorités sénégalaises par rapport à des décisions approximatives qui auront,à coup

sûr, des répercussions sur l’efficacité du système administratif sénégalais et par ricochet sur la qualité

du service public.

Une recherche bibliographique relative aux IRA, aux réformes de l’administration en France et

au Sénégal, aux grandes lignes de la diplomatie ‘soft power’de la France est un préalable à cette

étude. Elle s’avère difficile étant donné l’insuffisance de la littérature secondaire sur la question. Elle

s’appuie sur des travaux de recherche effectués au Sénégal, sur des ouvrages généraux, des articles et

des revues. De même, une observation participante des élèves français et auditeurs étrangers à l’IRA

de Metz ainsi qu’un recueil de données formelles à travers un questionnaire conçu à cet effet et des

données informelles recueillies à travers les échanges avec les auditeurs étrangers du cycle

international de perfectionnement de l’ENAseront mis à profit. Le statut d’auditeur étranger à l’ENA

ayant effectué son stage en administration dans un IRA, sera un éclairage supplémentaire par rapport

à la thématique.

Ce travail se propose dès lors, dans sa première partie, d’identifier les besoins du Sénégal en

termes de réformeet de modernisation de l’action publique et les caractéristiques de l’offre de

formation des attachés d’administration des IRA. Les réflexions seront alimentées pour une large part

par le schéma directeur de la réforme de l’Etat 2011 – 2015 qui constitue, au Sénégal, la feuille de

route qui inspire toutes les initiatives MAP. La deuxième partie part de l’évaluation du cycle actuel de

formation des auditeurs étrangers dans les IRA et fait des propositions et recommandations

stratégiques en vue d’améliorer le futur cycle international des IRA. Le stage effectué à l’IRA de

Metz en constituera la base de réflexion.

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3

1. Les caractéristiques de la demande dans l’administration sénégalaise et

celles de l’offre de formation d’attachés dans les IRA

L’administration sénégalaise est héritière des pratiques en vigueur dans l’administration

française. En attestent les similitudes dans les conceptions, les processus et les difficultés de mise en

œuvre des nombreuses réformes de l’administration dans les deux pays. Les récentes décisions de la

France et du Sénégal de moderniser leur action publique illustrent encore cet état de fait. Ces affinités,

s’accompagnent d’une volonté presque obsessionnelle des autorités sénégalaises de se tourner vers la

France quand il s’agit de former les élites surtout politiques. La question est de savoir dès lors si cette

demande sénégalaise en termes de formation de cadres de l’administration peut être satisfaite par une

offre française en mutation.

1.1 Caractéristiques de la demande sénégalaise

La jeunesse de l’administration sénégalaise explique en partie la multitude de réformes

entreprises entre 1960 et 2013. Les régimes qui se sont succédé ont chacun essayé de marquer leur

présence en initiant des réformes tous azimuts. Celles-ci ont été voulues soit pour des raisons

politiques – avoir la mainmise sur l’appareil d’Etat et par là-même satisfaire une clientèle politique –

soit pour des raisons socio-économiques avec les bouleversementsdes environnements politique,

économique et géostratégique. Le nouveau régime a décidé alors de faire de la modernisation de l’Etat

à travers la réforme de l’administration, son bras armé, le fer de lance de sa politique de

développement. Pour ce faire, les besoins doivent être clairement identifiés afin que les réponses à

apporter intègrent tous les défis et enjeux de la MAP.

1.1.1 Les grands enjeux dans la fonction publique sénégalaise

Les récents bouleversements dans la vie politique sénégalaise ont attiré l’attention des autorités

sur le gap entre la qualité du service public et les exigences des usagerscitoyens ou entreprises. Cette

volonté de se rapprocher de l’usager et d’adapter l’administration aux enjeux stratégiques d’un monde

en mutation transparait clairement dans les propos de l’actuel président. Cette MAP à la sénégalaise a

pour objectif d’asseoir les bases d’une nouvelle culture administrative intégrant la performance. Il a

ainsi demandé que le schéma directeur de la réforme de l’Etat soit « le cadre stratégique de la

modernisation de l’administration sénégalaise, en l’inscrivant sous l’angle de la simplification des

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procédures d’offre de services publics et de la déconcentration du processus décisionnel pour le

rapprocher de la demande. »1

C’est donc le SDMAP qui circonscrit les enjeux fondamentaux de l’efficacité et de la

performance du service public à travers des propositions de réformes. Celles-ci exigent, selon les

termes du schéma « une réorganisation des structures, une rationalisation des procédures internes et

l’amélioration de la qualité de la gestion des structures administratives, afin de porter plus

efficacement la mise en œuvre des politiques publiques tout en réalisant des économies et des gains de

productivité»2. L’objectif est d’améliorer la qualité du service public du point de vue des démarches et

procédures administratives.

Ce schéma directeur s’organise autour de trois axes stratégiques (voir annexe 1) :

- Axe 1 : amélioration de la qualité des services rendus aux usagers ;

- Axe 2 : rénovation de l’organisation administrative ;

- Axe 3 : amélioration de la qualité de la gestion publique.

Le premier axe se fixe comme objectif la conception de réformes visant une simplification et

une modernisation des procédures et formalités administratives, une modernisation de la politique

d’accueil du public ainsi que la promotion de l’administration électronique. Le schéma propose une

réduction des délais et coûts des procédures et un accès plus facile au service pour les usagers. Pour

accompagner ces réformes, des mesures politiques, législatives et opérationnelles seront prises. A titre

d’exemples : l’adoption de la charte de la qualité du service public, la révision des horaires de travail

de certains services et l’élaboration d’un baromètre de la satisfaction des usagers. Le schéma relève

aussi la nécessité d’élaborer le PGN, Plan géomatique national pour une meilleure exploitation des

données socio-économiques.

Le deuxième axe propose une modernisation du cadre organisationnel de l’administration qui a

pour objectif de rationaliser les structures en intensifiant la décentralisation et la déconcentration.

L’objectif étant de rapprocher l’usager des centres de décision. Pour atteindre ces objectifs, il faudra

entre autres, regrouper les directions nationales ayant des missions complémentaires, mettre en place

des structures de planification et de suivi et renforcer l’encadrement intermédiaire au niveau des

services déconcentrés. Pour une gestion plus efficiente des ressources, le schéma propose un

regroupement des services déconcentrés régionaux et départementaux pour plus de synergies dans

1 . Agence de presse sénégalaise, Communiqué du Conseil des ministresde la République du Sénégal. Jeudi 11 avril

2013, www.aps.sn 2 . DREAT, Schéma directeur de la réforme de l’Etat 2011 – 2015 : une administration moderne, axée sur les

résultats de développement, au service du citoyen. Partie1, Introduction générale, Dakar, Présidence de la

République, Secrétariat général, Août 2010.

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5

l’action publique au niveau local. En d’autres termes, des directions interministérielles territoriales

devront être créées pour accompagner le pilotage des politiques publiques au niveau local.

Le troisième axe se focalise sur la modernisation de la gestion des ressources humaines qui

devront intégrer la culture du résultat et de la responsabilité. La professionnalisation de la fonction RH

passe nécessairement par une formation adéquate des représentants de l’administration territoriale et

les chefs de services régionaux. Les préfets et gouverneurs sont des administrateurs civils de

hiérarchie A1 (A+ en France) et les sous-préfets sont pour la plupart, des secrétaires d’administration

de la hiérarchie B du niveau bac +2. Les critères de nomination des sous-préfets sont à améliorer car

ils sont appelés à piloter les politiques publiques dans les arrondissements. On pourrait par exemple

exiger qu’ils soient de la hiérarchie A3 (bac + 4) étant donné qu’ils exercent des fonctions

d’encadrement intermédiaire.

Les chefs de services régionaux représentent, quant à eux, des ministères techniques et sont plus

dans des fonctions techniques spécifiques que dans le management ou l’encadrement intermédiaire.

Le schéma a également proposé la mise en place d’une GPEEC, Gestion prévisionnelle des emplois,

des effectifs et des compétences dans toutes les administrations. Cette GPEEC s’accompagne d’une

élaboration d’un RIME, répertoire interministériel des métiers de l’Etat à l’image de ce qui se fait en

France ainsi que d’une systématisation d’une fiche descriptive de poste.

A cela s’ajoute l’introduction d’un nouveau dispositif d’évaluation de la performance des agents

à travers l’entretien professionnel. Il y a derrière ce concept des enjeux très importants : la fiche sera à

la fois un outil de management et un outil RH. Les autorités sénégalaises veulent réformer le système

d’évaluation des agents qui remplacerait la note chiffrée. Les entretiens devront donner une idée assez

précise sur les résultats professionnels obtenus au regard des objectifs assignés, sur les nouveaux

objectifs et les perspectives d’amélioration, sur les acquis de l’expérience professionnelle et les

perspectives d’évolution. L’entretien permettra également au supérieur hiérarchique d’avoir un retour

sur son propre style de management et sur l’impact de celui-ci sur la performance et le fonctionnement

du service. Une véritable révolution administrative qui donne la parole aux agents. Celle-ci passe

cependant par une formation adéquate des agents aux techniques d’entretien et une mise à leur

disposition d’un guide complet pour les préparer à cette évaluation.

Les mesures opérationnelles viseront à améliorer « les compétences des agents publics de l’Etat

en adaptant les programmes de formation initiale et continue à tous les niveaux, aux besoins actuels

et futurs de l’administration »3

3. Ibidem. Partie 3.3, Axe stratégique N°3 : amélioration de la qualité de la gestion publique, Sous-axe1 : la

modernisation de la gestion des ressources humaines.

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6

La promotion de la bonne gouvernance à travers la lutte contre la corruption surtout lors de la

passation de marchés publics est aussi un défi majeur au Sénégal. En effet, selon l’indice Mo Ibrahim

de4 bonne gouvernance, le Sénégal se situerait certes à la 16

e place sur 53 Etats parce qu’il dispose du

dispositif institutionnel adéquat. Mais, le mauvais leadership politique et institutionnel a beaucoup fait

régresser le Sénégal. Une bonne gouvernance va forcément avec de bons dirigeants. De même, sur

l’indice de corruption 2010 publié par AidTransparency et repris par HDA-infos5, le Sénégal se situe à

la 105e place et récolte un score de 2.9 sur une échelle allant de 10 - haut niveau d’intégrité - à 0 - haut

niveau de corruption.Ce qui confirme que la lutte contre la corruption n’est pas seulement une affaire

de bonne gouvernance avec la création d’une kyrielle d’institutions de contrôle, mais l’application qui

est faite des décisions et le suivi des recommandations de ces institutions impactent le comportement

des agents et des usagers du service public.

D’autres défis sont relatifs à la lutte contre l’absentéisme et le manque de productivité. La

ponctualité etla rigueur dans le travail ne sont pas du tout l’apanage des agents d’encadrement chargés

d’impulser leur équipe par l’exemple. La nouvelle administration sénégalaise en a fait son fer de lance.

Pour y répondre, seules des ressources humaines bien formées pourront conduire le changement

en instaurant une nouvelle culture administrative qui intègre harmonieusement la modernisation et

l’efficacité du service public. C’est la fonction dévolue aux attachés d’administration du type français.

1.1.2 En quoi le Sénégal a-t-il besoin d’un attaché d’administration du

niveau français ?

Le Sénégal est un Etat à la fois centralisé et décentralisé. Il a besoin de ressources humaines

qualifiées pour exercer soit au niveau central, soit au niveau déconcentré ou décentralisé des missions

de service public. Cependant, le pays ne dispose pas d’attachés du type français, formés dans une

école d’administration et appelés à exercer des missions aussi variées dans une direction centrale,

régionale ou départementale. La formation des agents d’encadrement supérieur, les administrateurs

civils, est assurée par l’Ecole nationale d’administration. Seulement, ce sont les élèves de l’ENA qui

n’ont pas satisfait aux conditions de passage lors de l’examen de sortie – moyenne générale supérieure

ou égale à 12 - qui sont recrutés dans le corps des attachés d’administration. Autrement dit, ces agents

ont suivi la formation des agents d’encadrement supérieur, les administrateurs civils. Par conséquent,

4. L’indice Ibrahim de la Fondation Mo Ibrahim est composé de 88 indicateurs à travers lesquels sont mesurés la

bonne gouvernance et le leadership d’excellence en Afrique. La fondation n’a pas décerné de prix d’excellence ces

trois dernières années car un recul a été noté concernant beaucoup d’indicateurs comme le respect des droits de

l’homme, la législation contre les violences faites aux femmes, les ratios recettes / dépenses budgétaires entre autres. 5 . HDA-Infos livre des réflexions sur l’actualité internationale à travers des publications, des contributions et des

rapports internationaux d’organisations non gouvernementales ou des thinks-tanks. http://www.hda-

info.com/pages/informations-generales/hda-indice-de-corruption-2010-classement-des-pays.html

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le Sénégal ne forme pas d’agents d’encadrement intermédiaire du type français qui exercent aussi bien

des fonctions d’encadrement que des fonctions d’exécution, amenés à travailler dans des services

spécialisés ou des services chargés de questions d’administration générale comme les questions

budgétaires, de management des ressources humaines etc.

Dans le cadre des réformes décrites dans le schéma, il est question de modernisation des

ressources humaines et de création de direction interministérielle au niveau déconcentré. Les besoins

du Sénégal se situent dès lors au niveau central, au niveau local et au niveau de l’administration

scolaire et universitaire.

Les besoins sont plus accrus au niveau des deux dernières administrations car : d’une part,

l’éducation nationale qui englobe les enseignements préscolaire, primaire, moyen, secondaire et

supérieur représente, à elle toute seule, plus de 40% du budget du pays et la gestion budgétaire et

financière de ses structures est largement décriée. D’autre part, en ce qui concerne les administrations

décentralisées, le problème se pose avec acuité ; le Sénégal ne disposant pas d’école de formation

d’agents publics territoriaux. Ce qui explique les difficultés auxquelles sont confrontés les élus et qui

ont une répercussion assez négative sur le développement de nos collectivités.

L’administration centrale, quant à elle, a besoin d’être modernisée pour des raisons liées aux

nouvelles réformes annoncées et en partie initiées. Cette modernisation requiert des agents polyvalents

certes, mais avec des compétences techniques ciblées qui leur permettent d’exercer des missions

variées.

L’éducation nationale constitue, pour sa part, le domaine dans lequel l’Etat sénégalais doit très

vite intervenir. L’administration centrale du ministère de l'éducation nationale de même que son

administration déconcentrée à travers les inspections d'académie et les pôles régionaux de formation

est essentiellement composée de fonctionnaires enseignants en détachement. Ces agents, pour la

plupart, n'ont suivi aucune formation initiale en administration et doivent alors se rabattre sur la

formation continue. Mais, comme l’attestent les conclusions de l’enquête menée auprès de ces agents,

un grand nombre estime que les acquis de la formation continue sont inadaptés à leurs tâches

quotidiennes. Cette formation continue se focalise plutôt sur la bureautique et suscite très peu de

réflexions sur les grands enjeux de l’éducation nationale.

Dans les inspections d'académie, tout le personnel est composé d’enseignants en détachement.

Aussi bien le personnel d’encadrement supérieur que les agents d’encadrement intermédiaires. Ces

agents ont certes acquis une expérience dans le temps, mais ils déplorent presque tous le manque de

formation ou l’inadéquation entre les formations reçues et les tâches auxquelles ils sont assujettis.

Dans les lycées et collèges, le personnel administratif est composé uniquement d’enseignants. A

priori, ceci ne pose pas de problème lorsque les tâches sont répétitives et concernent directement la

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fonction enseignante. Mais, une récente mission d’inspection pilotée par l’administration centrale du

ministère de l’éducation, a révélé des problèmes de gestion et de management importants. Ces

difficultés proviennent du fait que les chefs d’établissement – proviseurs, principaux – sont esseulés

dans leur mission de management quotidien des ressources humaines et financières. Esseulés, non pas

parce qu’ils ne sont pas assistés par des agents, mais les ressources humaines mises à leur disposition

n’ont pas les compétences requises pour les assister qualitativement dans des tâches de gestion

matérielle, financière et administrative. Ces fonctions sont exercées par un ‘intendant’ qui, très

souvent, est issu du milieu enseignant. Pour toutes ces raisons, la décision a été prise, depuis trois

années,de créer un nouveau corps des administrateurs scolaires essentiellement composé de chefs

d’établissement. Ceux-ci seront formés aux techniques du management, de la gestion et de la

conception d’un budget. Ce projet peine cependant à voir le jour.

Le Sénégal a alors besoin d’un attaché d’administration de l’éducation nationale et de

l’enseignement supérieur gestionnaire ou non gestionnaire en établissement. Mais, étant donné que les

établissements scolaires sénégalais sont moins complexes que ceux en France, l’attaché pourrait alors,

comme c’est le cas en France, assister l’agent comptable dans la tenue de la comptabilité générale, le

recouvrement des recettes et le paiement des dépenses. Il pourrait également jouer le rôle de relais

dans les partenariats que ces établissements sont appelés à nouer avec des partenaires extérieurs.

Les attachés permettront ainsi une plus grande transparence dans la gestion des affaires

publiques et une plus grande fluidité du service. Les attachés en centrale travailleraient en synergie

selon un système d’organisation à méditer qui intégrerait la gestion rapide des dossiers d’avancement

ou de nomination des agents.

Dans les nouvelles directions interministérielles, dont la création est recommandée par le

schéma directeur, il faudra nécessairement des attachés. Au Sénégal, la mise en œuvre des politiques

publiques se fait dans les deux échelons : régional et départemental. Les compétences des attachés

constituent, à ce niveau, des profils incontournables pour une meilleure traduction de la vision de

l’autorité. La création de ces nouvelles directions implique une disparition de plusieurs services

régionaux dont les missions vont se fondre dans celle de la direction interministérielle.

Au niveau des administrations décentralisées, les agents recrutés ne peuvent que suivre la

formation continue. Et pourtant, le nouveau président vient d’annoncer l’acte 2 de la décentralisation

dont la mise en œuvre requiert la participation d’agents formés, motivés et compétents.

L’administration locale étant plus encline à recruter des agents contractuels pour satisfaire la clientèle

politique qu’à s’inscrire véritablement dans une dynamique de développement des collectivités

locales. A cet effet, il a été proposé que ces agents soient intégrés dans la fonction publique. Cela

demande cependant un dispositif réglementaire adéquat.

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9

Outre ces raisons qui impactent directement le fonctionnement de l’administration sénégalaise,

on pourrait ajouter les raisons diplomatiques. En effet, le Sénégal négocie régulièrement avec la

délégation de l’union européenne sur des questions relevant d’aspects politiques, économiques et

techniques. La présence d’agents formés dans une école française, rompus aux techniques de

négociation utilisées par les négociateurs européens serait un grand atout. En plus, dans ces

négociations, la connaissance d’éléments interculturels permet d’éviter certains écueils techniques.La

formation de ce type d’attaché au profil identique à celui formé dans les IRA parait dès lors opportune

et utile pour accompagner la réforme pour une modernisation de l’action publique au Sénégal.

1.2 Caractéristiques de l’offre de formation des IRA

Les Instituts régionaux d’administration forment des attachés de catégorie A – niveau A3 au

Sénégal. Depuis le 23 août 2007, un nouvel arrêté définit les objectifs de la formation des attachés

dans les IRA capables d’évoluer aussi bien en administration centrale, déconcentrée que dans les

établissements scolaires et universitaires. Ces agents devront alors acquérir une culture administrative

dans toutes ses composantes : conception, organisation, mise en œuvre, évaluation et suivi. En tant

que cadre intermédiaire, ils devront encadrer des équipes, animer des réseaux et projets et faire preuve

d’innovation et de créativité. Entre autres, ils devront s’approprier et transmettre à leurs équipes les

valeurs de la fonction publique.

Comme stipulé dans l’article 3 des dispositions générales de l’arrêté du 23 août 2007 relatif à la

formation initiale, « la formation dispensée dans les instituts régionaux d’administration a pour

objectif général de rendre les élèves aptes à concevoir, élaborer et mettre en œuvre des politiques

publiques ministérielles et interministérielles et à exercer des fonctions de conception, d’expertise, de

gestion, de pilotage et d’encadrement d’unités administratives ».

1.2.1 Genèse de l’offre CIRA : un exemple de partenariat institutionnel

Les IRA ont une longue tradition d’accueil d’étudiants ou d’agents publics étrangers. Le travail

collectif des cinq instituts a abouti à l’accueil de stagiaires africains, ukrainiens, haïtiens et

québécois.Mais, cette année, les autorités françaises ont décidé d’organiser un cycle international des

IRA dénommé CiIRA et ouvert à des auditeurs étrangers. Les objectifs de ce cycle sont déclinés sur le

site web de l’ENA6 qui reprend les termes du télégramme diplomatique portant campagne de sélection

des candidats étrangers aux cycles internationaux de l’ENA et des IRA7. Il s’agit de « découvrir la

6. www.ena.fr

7 . Ce télégramme est confidentiel. Il a été adressé à toutes les parties prenantes du CiIRA.

Page 16: Louverture de la formation des attachés dans les Instituts ......apporter intègrent tous les défis et enjeux de la MAP. 1.1.1 Les grands enjeux dans la fonction publique sénégalaise

10

culture du service public, d’appréhender les pratiques de l’administration publique et de s’approprier

le positionnement et le rôle du cadre dans la fonction publique ».Le CiIRA est un exemple de

partenariat institutionnel entre l’ENA, les IRA, la DGAFP, Direction générale de l’Administration et

de la fonction publique et le MAE, Ministère des affaires étrangères. Ce cycle a été créé pour deux

raisons :

D’abord, les raisons sont diplomatiques : comme le dit François Fillon, le réseau que constituent

les anciens élèves des cycles internationaux contribue « à diffuser les compétences et les valeurs que

la France tient à promouvoir… La France est mieux connue et mieux comprise dans le monde … »8Il

s’agit alors pour la France d’être présente sur l’échiquier diplomatique international. De ce point de

vue, la formation devient un instrument de politique étrangère. La France entend promouvoir ses

valeurs républicaines comme la démocratie, le respect des droits de l’homme, la bonne gouvernance

etc. A ce titre, les écoles d’administration – ENA, IRA – deviennent des partenaires de la politique

étrangère du gouvernement français. En 2002, un décret confiait à l’ENA une mission de coopération

internationale, bilatérale et multilatérale dans le domaine de l’administration publique. Les partenariats

que les écoles d’administration nouent avec des institutions ou écoles de formation en administration

publique de pays étrangers ne sont point motivés uniquement par des intérêts économiques, mais la

volonté de présence française à travers un réseau dense de hauts fonctionnaires et décideurs est un

investissement dans l’avenir qui devra servir ses futurs intérêts géostratégiques.Comme on le voit, le

CiIRAs’insère dans cette politique d’influence. Il permet à la France, « de mener une véritable

stratégie d’influence, de promouvoir son modèle de bonne administration et de bonne gouvernance, et

de mobiliser son vivier de professionnels et d’experts. »9

Ensuite, les raisons sont d’ordre organisationnel : les cycles internationaux sont depuis très

longtemps organisés par l’ENA. Celle-ci a noué des partenariats avec beaucoup de pays ou

d’institutions à l’étranger dans le cadre de sa nouvelle mission de coopération multilatérale. A cet

effet, plusieurs cycles internationaux cohabitent à l’ENA : le CIL, Cycle international long, le CIP,

Cycle international de perfectionnementet le CISAP, Cycle international spécialisé d’administration

publique. Le CiIRA s’inscrit dès lors dans cette dynamique d’ouverture des écoles françaises aux

auditeurs étrangers. Compte tenu de la restructuration de l’ENA qui voit ses missions de plus en plus

rationalisées, il a été décidé de créer un produit particulier. De même, les IRA ont des capacités

d’absorption d’auditeurs étrangers importantes. Dans le cadre de la réforme de l’administration

publique, l’utilisation rationnelle des ressources est un impératif inscrit dans la modernisation de

8 . ENA, Discours du Premier ministre François Fillon, 60

e anniversaire de l’ouverture internationale de l’ENA,

Hôtel Matignon, 16 octobre 2009. www.ena.fr/index.php?/fr/content/download/338/2258/file/Discours-ENA-Francois-Fillon.pdf 9 . ibidem

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11

l’action publique initiée par le gouvernement Ayrault. Les cinq IRA ayant globalement une capacité

de 30 places, il serait économiquement souhaitable d’exploiter ces possibilités qui, rappelons-le, ne

constituent pas de surcoût important pour eux. Les auditeurs étant directement intégrés dans le cycle

de formation des attachés stagiaires français.Par conséquent, il s’agit de s’interroger sur la façon dont

sont formés les attachés d’administration dans les IRA. Ceci permettra de voir si la formation

correspond aux attentes des administrations d’origine des auditeurs étrangers et si elle s’insère

harmonieusement dans le dispositif de l’aide publique au développement de la République française.

1.2.2 Comment sont formés les attachés dans les IRA ? Les principales

caractéristiques des formations continue et initiale : méthodes,

techniques et moyens

Les attachés d’administration sont formés pendant une période de 12 mois. Comme le stipulent

le décret du 10 juillet 1984 et l’arrêté du 23 août 2007, les enseignements délivrés dans le cadre de la

formation sont d’ordre professionnel, généraliste et interministériel. Cette formation initiale

s’accompagne d’une formation continue qui, elle, est ouverte à tous les agents publics et a pour

objectif principal la mise à niveau des agents par rapportaux objectifs, pratiques et enjeux dans la

fonction publique d’Etat. Elle joue à cet effet un rôle primordial dans l’accompagnement des agents

dans le cadre de la modernisation de l’action publique. La formation initiale comprend des cours et

conférences, des travaux de groupe, deux stages de sept et neuf semaines en administration et des

visites professionnelles. Elle se structure en deux périodes : un tronc commun du mois de septembre à

la fin février et une spécialisation dans un univers professionnel. Les trois univers sont : l’ASU,

Administration scolaire et universitaire, l’ATE, Administration territoriale de l’Etat et l’AC,

Administration centrale. L’accent est certes mis sur les trois niveaux de compétences : savoir, savoir-

faire et savoir être. Mais, l’objectif reste de les mettre en situation réelle dans le cadre, par exemple,

d’une prise de décision, d’un avis juridique entre autres. Les commandes d’administration auxquelles

ils doivent répondre jouent un rôle très important. Ainsi, ils doivent acquérir une culture administrative

de base qui implique une prise en compte des grands enjeux dans la fonction publique française,des

réflexes, codes et postures attendus chez un cadre et des compétences techniques et opérationnelles.

Les intervenants sont, pour la majeure partie, des praticiens chevronnés qui transmettent leur savoir-

faire aux attachés stagiaires. Comme stipulé dans l’article 3 des dispositions générales de l’arrêté du

23 août 2007 relatif à la formation initiale, « la formation dispensée dans les instituts régionaux

d’administration a pour objectif général de rendre les élèves aptes à concevoir, élaborer et mettre en

Page 18: Louverture de la formation des attachés dans les Instituts ......apporter intègrent tous les défis et enjeux de la MAP. 1.1.1 Les grands enjeux dans la fonction publique sénégalaise

12

œuvre des politiques publiques ministérielles et interministérielles et à exercer des fonctions de

conception, d’expertise, de gestion, de pilotage et d’encadrement d’unités administratives ».

Le cadre imparti à cette étude oblige à présenter la formation dans les IRA à partir des

compétences à développer au niveau des attachés stagiaires10

. La formation comprend les modules du

tronc commun et ceux des univers spécialisés11

. Pour le tronc commun, il s’agit de rendre les élèves

capables de :

- identifier les problématiques de la modernisation de l’État et de repérer les

techniques permettant sa mise en œuvre ;

- identifier les enjeux et d’appréhender l’impact de la construction européenne

sur l’action publique ;

- identifier les problématiques de la modernisation del’État et de repérer les

techniques permettant sa mise en œuvre ;

- participer à la coopération, à la mise en œuvre et à l’évaluation des politiques

publiques ;

- analyser, en fait et en droit, des situations administratives et de proposer des

solutions fondées juridiquement dans une perspective de prise de décision ;

- rédiger desactes administratifs avec l’objectif de prévenir le contentieux et, le

cas échéant, de traiter celui-ci.

Pour l’univers ‘administration centrale’, l’élève devra être capable de :

- repérer et de connaître les enjeux, les modalités d'intervention et

d'organisation et les caractéristiques propres des administrations centrales ;

- participer au processus de préparation des textes législatifs et réglementaires

et savoir les rédiger en bonne forme, maîtriser la transposition des textes et normes

européennes dans le droit français ;

- participer, dans un cadre interministériel et partenarial, au processus

d'élaboration, de suivi et d'évaluation des politiques publiques ;

- connaître et maîtriser les enjeux, les méthodes et les outils de la gestion

budgétaire et financière dans les administrations centrales ;

- Connaître et maîtriser les enjeux, les méthodes et les outils de l’information et

de la gestion des ressources humaines dans les administrations centrales ;

- S’exprimer, à l’écrit comme à l’oral, sur des thématiques administratives et

10

. La liste des modules et l’organisation des enseignements sont décrites dans les annexes 2 et 3. 11

. L’organisation de la formation est intégralement décrite dans la circulaire du 30 août 2007 portant réforme de la

formation initiale dispensée au sein des instituts régionaux d’administration (IRA).

Page 19: Louverture de la formation des attachés dans les Instituts ......apporter intègrent tous les défis et enjeux de la MAP. 1.1.1 Les grands enjeux dans la fonction publique sénégalaise

13

techniques dans la langue étrangère choisie.

Pour l’univers ‘administration territoriale de l’Etat’, l’élève devra être capable de :

- repérer et de connaître les enjeux, les modalités d'intervention et

d'organisation et les caractéristiques propres des préfectures et des services déconcentrés

de l'Etat ;

- participer au contrôle de légalité des actes administratifs et financiers et à

l'élaboration des actes réglementaires dans un objectif de prévention du contentieux et

être apte à traiter, le cas échéant, celui-ci ;

- participer, au niveau local et dans une logique partenariale, à la mise en

œuvre des politiques publiques et à leur évaluation et de conduire un projet ;

- prendre en charge la gestion administrative, financière et celle des ressources

humaines d'un service déconcentré ;

- s’exprimer, à l’écrit comme à l’oral, sur des thématiques administratives et

techniques dans la langue étrangère choisie.

Pour l’univers ‘administration scolaire et universitaire’, l’élève devra être capable de :

- repérer et connaître les enjeux, les modalités d’intervention et d’organisation et

les caractéristiques propres des administrations centrales, des services académiques, des

universités et des établissements publics d’éducation ;

- assurer, de manière autonome et comme membre de la communauté éducative,

la gestion administrative, matérielle et financière d’un établissement public local

d’enseignement ;

- prendre en charge la gestion administrative, financière et des ressources

humaines d’un service académique, d’une université ou d’un centre des œuvres

universitaires ;

- conduire, animer et gérer une équipe de travail en milieu scolaire.

En plus des modules du tronc commun et des univers spécialisés, la formation s’accompagne de

deux stages pratiques dans une administration. L’objectif est de permettre à l’attaché stagiaire de

confronter les techniques apprises dans une véritable mise en situation. Ces stages sont une immersion

dans le milieu professionnel et lui permettent de participer à la vie administrative, de s’approprier les

grands enjeux dans la fonction publique et de découvrir les cultures administratives françaises. Les

retours de stage constituent dès lors des moments d’échanges de pratiques et d’expériences sur fond

d’interactivité.

L’autre pilier de la formation repose sur l’offre de la formation continue. Celle-ci accompagne

Page 20: Louverture de la formation des attachés dans les Instituts ......apporter intègrent tous les défis et enjeux de la MAP. 1.1.1 Les grands enjeux dans la fonction publique sénégalaise

14

les agents en activité sur des thématiques d’actualité. Elle s’appuie sur une vision très prospective des

grands enjeux. A cet effet, la direction en charge de la formation continue est très souvent prestataire

de service pour d’autres agences ou opérateurs dont l’une des principales missions consiste à

accompagner les agents dans la conduite du changement à travers des offres de formation.

En outre, les visites d’études organisées par les IRA complètent la formation et permettent aux

élèves de découvrir les grandes structures dont les activités impactent la vie administrative et le service

public. Il s’agit de la chambre de commerce et des métiers, du Conseil général, du tribunal de grande

instance et des institutions européennes à Strasbourg – pour le cas de l’IRA de Metz. Autant

d’expériences qui forgent le fonctionnaire et le rendent plus responsable face aux grands enjeux de la

modernisation de l’action publique. Ces structures constituent des parties prenantes, des acteurs

importants dans la mission de service public qu’il soit français ou européen.

Il convient alors de voir comment l’offre CiIRA actuelle est articulée et comment les auditeurs

étrangers qui ont suivi cette formation se sont appropriés le contenu. L’expérience initiée à l’IRA de

Metzest une première dans les annales des IRA, en ce sens que la durée de la formation est plus

importante que celle des précédentes formations d’auditeurs étrangers. Son analyse est doublement

utile : elle constitue un diagnostic de l’offre par rapport à la demande et, comme tout diagnostic, elle

débouchera sur des recommandations stratégiques en vue d’une amélioration de l’offre.

2. Facteurs clés de succès du CiIRA: contraintes et perspectives

d’évolution

Entre septembre 2012 et avril 2013, l’IRA de Metz a accueilli trois auditeurs étrangers qui ont

suivi la formation des attachés d’administration. Ils ont été intégrés dans les différents groupes

d’élèves et ont participé à tous les modules de formation et ont même été classés pour leur permettre

d’avoir une idée de leur performance. Ces auditeurs ont suivi les modules du tronc commun avant

d’être affectés dans deux univers spécialisés : AC, Administration centrale et ATE, Administration

territoriale de l’Etat.

2.1 L’offre actuelle est-elle adaptée à la demande ?

Pour répondre à cette question, nous avons choisi de faire passer un questionnaire et

d’interviewer les trois auditeurs étrangers. Il s’agit, à travers l’expérience du CiIRA de Metz, de voir si

les compétences développées pendant ce nouveau cycle expérimental correspondent aux besoins

d’une administration sénégalaise dont les grandes orientations ont été décrites plus haut. Pour ce faire,

il convient de partir de l’évaluation que les auditeurs eux-mêmes ont faite par rapport à cette formation

au regard des besoins de leur administration d’origine. Les opinions de deux d’entre eux originaires de

Page 21: Louverture de la formation des attachés dans les Instituts ......apporter intègrent tous les défis et enjeux de la MAP. 1.1.1 Les grands enjeux dans la fonction publique sénégalaise

15

la Tunisie et du Cameroun sont très utiles étant donné les similitudes de ces administrations avec celle

du Sénégal. De même, les trois pays – le Sénégal, la Tunisie et le Cameroun - s’inspirent d’une part

de la charte africaine sur les valeurs et les principes du service public et de l’administration et ils ont

tous un schéma directeur de réformes de l’Etat, qui ressemble, à maints égards, au schéma sénégalais.

D’autre part, les futurs attachés ou agents publics ayant le profil d’attaché d’administration, peuvent

exercer des fonctions dans une future fonction publique africaine.

2.1.1 Corrélation du CiIRA actuel à la demande sénégalaise

L’exploitation des données recueillies a produit des résultats en termes de savoir, savoir-faire et

savoir-être.L’échantillon sur lequel s’appuie cette étude étant très limité, les résultats de l’exploitation

des données ne sauraient, à eux seuls, qualifier la valeur du cycle expérimental. Et vu le cadre imparti

à ce travail, ils seront présentés sous une forme plus ou moins lapidaire.

D’abord, en termes de savoir, les auditeurs interrogés estiment mieux comprendre maintenant la

culture administrative de base de la France. Celle-ci est constamment mise en perspective par rapport

à la leur. Les échanges fructueux avec les élèves français attachés stagiaires, surtout avec ceux issus du

concours externe, leur ont permis cependant de nuancer les opinions sur certaines thématiques. Tant

du point de vue des grands enjeux de la fonction publique au regard des tendances évolutives de la

société française qu’au niveau de l’impact de la construction européenne sur l’action publique, les

connaissances acquises donnent un nouvel éclairage sur l’idée préconçue qu’ils se faisaient de la

France. La France n’est plus cet eldorado tant chanté et adulé à l’extérieur. A l’instar des autres pays,

elle connait également des difficultés liées à l’évolution de plusieurs sociétés qui se côtoient et dont les

images, stéréotypes et façons de faire se reproduisent au sein de l’administration.

Ensuite, concernant le savoir-faire, ils s’estiment capables d’identifier et d’utiliser les moyens et

méthodes de l’administration française. De même, en tant que cadres, ils se sont bien appropriés les

outils du management public et disent que le savoir-faire dans ce domaine développé à l’IRA leur sera

d’une grande utilité dans la gestion et l’animation d’une équipe, dans l’élaboration et la conduite des

projets et surtout dans la construction d’un plan de communication efficace. L’exploitation des

entretiens informels montre qu’ils sont capables de participer à l’élaboration, la mise en œuvre et

l’évaluation d’une politique publique et de fonder plus ou moins juridiquement leur argumentaire

avant de prendre des décisions. A l’issue de la formation, ils ont compris le nouveau positionnement

de l’attaché d’administration qui est ainsi au carrefour des fonctions de cadre manager et de cadre

opérationnel.

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16

Enfin, en tant que cadres, ils estiment que la formation leur a donné suffisamment d’outils qui

leur permettent de gérer des ressources humaines et de développer leur adaptabilité. De même, les

cours de déontologie qui ont mis l’accent sur le caractère indissociable des valeurs éthiques de la

fonction publique et des valeurs humaines comme gage de performance de l’action publique, leur ont

été d’une grande utilité. Sur le plan organisationnel, la durée de la formation, les épreuves et les

conditions d’évaluation sont jugées satisfaisantes et adaptées.

Mais, ces compétences acquises à l’issue de la formation ne sauraient, à elles seules, justifier

l’utilité de la formation pour une administration sénégalaise. Certes, ces compétences sont recherchées

mais, le vrai besoin est dans l’univers ASU, Administration scolaire et universitaire. Comme évoquée

tantôt, les autorités sénégalaises ont émis l’idée de réformer profondément l’administration scolaire

pour la rendre plus efficace et plus performante.

La formation des agents spécialisés dans l’univers ASU est destinée à les rendre capable entre

autres deconnaître les enjeux et l’organisation des services académiques, des universités et les

établissements publics d’éducation ; d’assurer la gestion administrative, matérielle et financière d’un

EPLE, Etablissement public local d’enseignement, d’une université ou d’un centre des œuvres

universitaires. L’attaché devra également être capable de conduire, d’animer et de gérer une équipe de

travail en milieu scolaire12

.

Les établissements scolaires et universitaires sénégalais souffrent d’un manque criard de ce type

de compétences. Ce qui explique le recours fréquent à des agents en détachement qui n’ont pas le

profil requis pour exercer certaines missions ou des recrutements tous azimuts basés sur des

appartenances politiques, sur des affinités ethniques ou sur des relations de parenté.

C’est moins dans le domaine du management et de l’encadrement des agents que le déficit se

fait sentir. C’est plutôt dans le pilotage financier et budgétaire, dans la passation de marchés publics et

dans l’élaboration et l’exécution du budget que le Sénégal peine à trouver des profils adéquats.

De ce point de vue, un attaché du type français, peut, dans certains cas, devenir un conseiller du

chef d’établissement car il a une vision transversale des défis de la structure. Ses fonctions à la fois de

gestionnaire comptable et d’agent d’encadrement l’obligent à avoir un regard plus objectif sur

certaines questions. D’ailleurs un décret précise désormais que le directeur d’Etablissement public

local d’enseignement est assisté de deux adjoints : l’un des adjoints sera chargé des affaires

pédagogiques et l’autre des affaires financières13

. Une vraie direction bicéphale.

Au Sénégal, les grèves perlées ou continues du personnel enseignant sont récurrentes. L’Etat

peine à trouver des solutions et le problème se complexifie d’où la création du poste de médiateur

12

. Voir à ce propos l’annexe 3 13

. Cf. le décret n° 2011 – 1716 du 1er

décembre 2011 relatif à l’organisation et au fonctionnement des EPLE

Page 23: Louverture de la formation des attachés dans les Instituts ......apporter intègrent tous les défis et enjeux de la MAP. 1.1.1 Les grands enjeux dans la fonction publique sénégalaise

17

dans les universités.Cette situation de conflits permanents paralyse pendant de longues semaines tout

le fonctionnement du système éducatif. Cependant, une anticipation des difficultés par un dialogue

préventif avec les personnels pourraient dénouer les noyaux de crise. C’est en cela que les modules

« manager les situations de crise au sein du personnel » et « gestion de crise » prennent tout leur sens.

L’attaché formé à ce type de négociation avec le personnel, à ce type de dialogue constructif

permanent ayant pour objectif la résolution des conflits avant qu’ils ne surviennent, sera très utile dans

le dispositif sénégalais.

De même, les établissements sont dans un état vétuste qui présente des dangers pour les

personnels et pour les apprenants. L’exemple du lycée SeydinaLimamoulaye dans la banlieue

dakaroise de Guédiawaye illustre cet état de fait.14

Aucun agent n’y est responsable de la gestion des

risques et des accidents. Alors, la présence dans l’équipe managériale d’un agent ayant suivi la

formation « gestion des risques et prévention des crises post-accidentelles » serait d’un apport certain

pour ce type d’établissement. Il faudra cependant qu’un dispositif réglementant les différents niveaux

de responsabilité des agents soit mis en place, régulièrement suivi et évalué.

Ensuite, pour ce qui concerne l’univers AC, les besoins du Sénégal se limitent à ceux identifiés

par le schéma directeur. Il s’agit principalement de former des agents capables de participer dans un

cadre interministériel au processus d’élaboration, de suivi et d’élaboration des politiques publiques. Le

projet de création de nouvelles directions interministérielles rend obligatoire une GPEEC. Par

conséquent, la formation d’un attaché du type AC dans les IRA est utile pour le Sénégal puisque

l’Ecole nationale d’administration du Sénégal ne prend pas encore en charge ce type de formation.

En outre, les agents en centrale participent aux négociations internationales. La maîtrise du

processus décisionnel de l’UE et des modalités de transposition des directives européennes pourrait

être utile aux agents en situation de négociation dans les institutions de l’UA, l’Union africaine. Etant

donné que sur bien des aspects institutionnels, le fonctionnement de l’UA ressemble à celui de l’UE.

Enfin, dans l’univers ATE, l’IRA forme des agents appelés à exercer des missions en

déconcentré, c’est-à-dire, dans les directions départementales et régionales. Au Sénégal, ces directions

n’existent pas encore, car l’Etat est fortement centralisé. Les gouverneurs de régions, les préfets de

département et les sous-préfets d’arrondissement ont des cabinets composés de très peu d’agents. Ce

sont surtout les services régionaux des ministères qui ont la charge de certaines missions techniques.

Les besoins se font moins sentir en ATE qu’en AC ou ASU compte tenu de la configuration

administrative du Sénégal. Mais, les propositions de réformes incluant la création de directions

14

. Il s’agit du plus grand lycée de l’Afrique de l’ouest puis qu’il regroupe toutes les filières d’enseignement

reconnues au Sénégal. Le bâtiment préfabriqué a été construit sur un sol mouvant. Chaque année, l’Etat du Sénégal

promet de construire de nouveaux bâtiments annexes, car l’actuel met en danger élèves et personnels.

Page 24: Louverture de la formation des attachés dans les Instituts ......apporter intègrent tous les défis et enjeux de la MAP. 1.1.1 Les grands enjeux dans la fonction publique sénégalaise

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interministérielles au niveau départemental ou régional impliquent une formation de ressources

humaines capables de gérer ces directions et de piloter les politiques publiques à ce niveau. A cet effet,

la formation d’auditeurs sénégalais dans le CiIRA constitue une logique GPEEC et l’expérience

française dans ce domaine est d’une grande importance compte tenu des missions que ces agents sont

appelés à exercer sur l’échiquier administratif sénégalais. Ainsi, ils sont appelés à élaborer des plans

de communication, à gérer des risques et à prévenir des crises post-accidentelles, à participer à

l’élaboration des politiques publiques à travers la remontée des informations, à former le personnel de

l’accueil, à faire le contrôle de gestion et l’analyse financière et surtout à mettre en œuvre l’achat

public. Ces nouveaux agents vont constituer l’épine dorsale de l’administration sénégalaise au niveau

territorial.

Le défi est alors d’articuler, de façon harmonieuse, les missions des agents de ces nouvelles

directions départementales et régionales interministérielles avec celles des agents de l’administration

décentralisée pour éviter ainsi de se retrouver dans un mille-feuille administratif comme c’est le cas

pour la France où « les réformes ont conduit à des reconfigurations et des rationalisations, elles ont

entraîné, conjuguées aux conditions actuelles d’exercice des fonctions d’administrateur, un réel

désenchantement, contre lequel il convient de lutter.15

»

Les stages jouent, à cet effet, un rôle important. Ils permettent à la fois un dialogue permanent

avec les principaux acteurs et une sensibilisation sur les méthodes de travail. Les comportements des

stagiaires sont ainsi rationalisés. Ils sont ainsi amenés à réfléchir à des solutions par rapport aux

problèmes auxquels l’administration est confrontée. Dans la sensibilisation des élèves, on retrouve des

similitudes dans les grands enjeux de la modernisation de l’Etat entre la France et le Sénégal. Il

convient alors de voir comment les grandes problématiques de la MAP se déclinent en termes de

formation dans les IRA et si cette prise en charge convient à un auditeur sénégalais.

15

. Sauvé Jean Marc, « les enjeux et défis de l’administration publique en 2012 », Revue française d’administration

publique, n°143, 2012, p.817 - 827

Page 25: Louverture de la formation des attachés dans les Instituts ......apporter intègrent tous les défis et enjeux de la MAP. 1.1.1 Les grands enjeux dans la fonction publique sénégalaise

19

2.1.2 Parallélismes dans la prise en charge des grands enjeux d’un service

public performant en France et au Sénégal.

Il s’agit de voir le parallélisme entre la déclinaison des grands enjeux de la réforme à travers le

schéma directeur au Sénégal et le contenu de la formation des attachés d’administration. Les IRA ne

sont pas seulement chargés de former des attachés, ils ont également pour mission la formation

continue des agents. Dans ce cadre, ils reçoivent régulièrement des commandes de formation sur des

thématiques précises. Ces commandes sont, depuis quelques temps, passées par la PFRH, la

Plateforme régionale d’appui interministériel à la gestion des ressources humaines. Les destinataires

sont tous les agents de la fonction publique, car la formation en France est un droit. Ainsi, les

auditeurs peuvent s’inscrire et suivre telle ou telle formation selon les disponibilités de leur emploi du

temps. Une telle disposition n’existe pas au Sénégal où les agents peinent à trouver une place dans une

session de formation.

Alors, tant au niveau de la formation initiale que de la formation continue, les agents ont la

possibilité de se mettre au diapason des grands enjeux dans l’administration. Ces enjeux relèvent pour

la plupart, de la modernisation de la fonction RH. Il convient dès lors de ne pas se focaliser

uniquement sur les modules de formation initiale, mais il faut intégrer dans l’analyse des modules de

formation continue.

Dans les modules de tronc commun, on retrouve très peu d’enseignements qui prennent en

charge la question des enjeux fondamentaux. On pourrait citer entre autres : les grandes règles des

finances publiques et leur évolution actuelle, la politique de Grenelle et du développement durable,

dialogue social dans la fonction publique, le management et la prévention des risques déontologiques,

la déontologie et les valeurs de la fonction publique. Un module d’un volume horaire de trois heures et

demie est intitulé : les grands enjeux actuels. Pour le cas de l’IRA de Metz, un module est consacré

aux enjeux économiques de la Lorraine pour faire prendre conscience aux auditeurs et élèves français,

les spécificités économiques de la région lorraine. Pendant le séminaire, les réflexions, assez

génériques, tournent autour de l’histoire des réformes, de la LOLF, Loi organique relative aux lois de

finances, la RGPP, Révision générale des politiques publiques, de la REATE, réforme de

l’administration territoriale de l’Etat et la MAP, modernisation de l’action publique. Le traitement de

ces questions permet aux élèves d’avoir une idée de la genèse des réformes.

La MAP qui a pour objectifs principaux l’édification d’un nouveau modèle français et une

contribution au redressement des finances publiques et à la compétitivité des entreprises, constitue

réellement un enjeu pour le Sénégal car le pays s’est inscrit, à l’instar de la France, dans cette

Page 26: Louverture de la formation des attachés dans les Instituts ......apporter intègrent tous les défis et enjeux de la MAP. 1.1.1 Les grands enjeux dans la fonction publique sénégalaise

20

dynamique de modernisation de l’action publique. D’ailleurs, le gouvernement actuel a entrepris

deconfier cette MAP à la DREAT qui deviendra bientôt le ministère de la réforme. En France, les

missions sont confiées au SGMAP, placé sous l’autorité du Premier ministre mais mis à la disposition

du ministère de la Réforme de l’Etat, de la décentralisation et de la fonction publique. La DGAFP a

entre autres missions l’obligation d’accompagner les agents. A ce titre, les Directionsde la formation

continue dans les IRA sont chargées, soit en autonome, soit sous la forme de commande de la PFRH,

de décliner les objectifs de la MAP en contenus de formation.

Les grands axes de la MAP correspondent point par point à la MAP à la sénégalaise. Il s’agit de

simplifier l’action publique, de mesurer la qualité du service public, d’accélérer la transition

numérique, d’évaluer pour moderniser les politiques publiques et d’intégrer les agences et les

opérateurs dans la modernisation de l’action publique.C’est véritablement dans la formation continue

que sont prises en charges les questions d’enjeux de la MAP. Les modules des univers spécialisés sont

plus techniques et sont plus orientés vers des besoins opérationnels.

En outre, les nouvelles lois sur la décentralisation – acte 2 au Sénégal et acte 3 en France – ont

quelques similitudes ; mais, il faut reconnaitre que le Sénégal a encore des efforts à faire surtout en ce

qui concerne le FDCL, fonds de dotation des collectivités locales. Ceci constitue un frein au

développement des collectivités locales au Sénégal.

Des modules comme ‘le management des équipes d’accueil’ et ‘la charte Marianne’ sont d’un

grand intérêt pour un auditeur sénégalais. Et comme en France, le nouveau schéma directeur a

proposé : que la parole soit donnée aux agents afin de recueillir leurs propositions pour éliminer

certaines incohérences dans le fonctionnement des services, qu’une révision de l’état des lieux des lois

sur la décentralisation soit faite et que la gestion des ressources humaines soit érigée en chantier

prioritaire.

D’autres modules comme ‘prévention et lutte contre les discriminations’ et ‘gestion du

handicap’ ne constituent pas au Sénégal des questions fondamentales dans la fonction publique. Par-

contre ‘la déontologie et les valeurs de la fonction publique’ est d’une importance capitale pour les

auditeurs étrangers en général et sénégalais en particulier. En effet, le cours sur la déontologie dans la

fonction publique est fondamental dans toute formation. Former un agent respectueux des règles

déontologiques est l’objectif principal auquel toute formation devrait tendre. Au Sénégal, la lutte

contre la corruption et la concussion des agents de la fonction publique est devenue le fer de lance des

nouvelles autorités. Même si le Sénégal dispose de toutes les institutions et structures de contrôle à

tous les échelons hiérarchiques, le pays reste fragile. En attestent les récents scandales de corruption

au sommet de l’Etat où des structures chargées du contrôle ont été épinglées.

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Seulement, ce n’est pas en France que les Sénégalais vont apprendre à lutter contre la corruption

et la concussion. La France connait aussi des problèmes liés à la corruption, à la fraude fiscale au

sommet de l’Etat, aux financements occultes entre autres. Ces questions de moralité, d’assainissement

de la vie politique, de probité et d’éthique sont certes internationales mais la spécificité de la question

sénégalaise demande une réponse sénégalaise. La formation dans les IRA pourrait, à la limite,

sensibiliser davantage les agents sur les enjeux qu’auraient des écarts de comportement vertueux sur la

qualité d’un service publique durable et sain. L’IRA n’apprend pas aux attachés stagiaires et auditeurs

à lutter contre la corruption, il sensibilise par rapport au travail que l’homme doit faire sur l’homme ;

une sorte d’auto-consultation source d’auto-révolution. Les auditeurs, eux, peuvent observer le

fonctionnement des instruments et mécanismes mis en place par la France et susceptibles de lutter

contre la corruption et s’inspirer de ces derniers pour améliorer les propres systèmes de lutte contre ce

fléau qui gangrène toutes les économies surtout celles des pays en voie de développement.

2.2 Le CiIRA contribue-t-ilà l’influence française ? Les avantages et les

limites de l’offre de formation : quelles solutions pour l’améliorer.

Le cycle international des IRA, à l’instar des cycles internationaux de l’ENA et des autres écoles

nationales de formation constitue un instrument de politique étrangère. L’admission d’auditeurs

étrangers n’est pas fortuite : l’objectif est d’abord de faire connaître le modèle français et de tisser un

réseau international d’auditeurs dans une logique de stratégie d’influence et ensuite d’aider certains

pays à améliorer leur système administratif pour une plus grande efficacité du service public.

Rappelons que dans la politique étrangère de la France est restée une constante : la volonté de

rayonner dans le monde. Toute la diplomatie culturelle française de De Gaulle à François Hollande en

passant par tous les présidents de la cinquième république obéit à cette logique qui veut que la France

soit présente partout à travers sa langue, son modèle de société, son modèle de système administratif.

Il s’agit véritablement de l’expression singulière d’une même préoccupation politique au service de

laquelle un instrument diplomatique très dynamique se donne pour mission principale de justifier,

légitimer et faire essaimer les spécificités économiques, politiques et administratives françaises.

Outre la percée du modèle anglo-saxon, la mondialisation et l’émergence de modèles

syncrétiques, deux évènements majeurs autres obligent cependant la France à revoir la trajectoire de sa

diplomatie culturelle sans pour autant en modifier les objectifs principaux : la création de l’Union

européenne et l’émergence de nouveaux marchés dynamiques. Pour ce qui concerne l’UE, les

normesdeviennent désormais supranationales et remettent en question la notion ‘d’exception’. Il faut

alors s’ouvrir vers les nouveaux pays européens, les amener à rallier la ‘cause ‘ française de plus en

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plus décriée devant d’autres modèlesqui font leur preuve. L’émergence de ces nouvelles économies –

africaine, asiatique, latino-américaine – oblige la France à adapter son modèle à une nouvelle donne.

La diplomatie devient économique et à ce titre, la formation devient un instrument de politique

étrangère. D’où l’ouverture du cycle international à des ressortissants de pays en plein essor

économique où la France a des intérêts multidimensionnels.En outre, en intégrant les auditeurs dans le

groupe de formation des attachés stagiaires, la France poursuit un autre objectif : développer l’esprit

d’ouverture de ces cadres.

Cependant, malgré le caractère louable des objectifs poursuivis, les informations recueillies

dénotent un certain nombre de difficultés liées entre autres aux conditions d’organisation et au

caractère inadapté de certains modules pour les auditeurs étrangers. Il convient alors de trouver des

solutions en vue d’améliorer l’offre actuelle. L’accueil d’auditeurs étrangers ne doit pas entrainer pour

autant une remise en question de la formation des élèves français.

2.2.1 Impact de la formation sur les attachés stagiaires et sur les

auditeurs :Contribution mutuelle au développement des ressources

humaines

Au-delà des acquis en termes de savoirs, savoir-faire et savoir-être, le CiIRAa un impact positif

sur les attachés stagiaires et sur les auditeurs ; à en juger par les propos recueillis pendant la durée du

stage en administration.

D’abord, pour les attachés stagiaires, la présence des auditeurs est une ouverture sur le monde.

En effet, d’aucuns estiment que le simple fait de collaborer avec les auditeurs dans le cadre des

travaux d’équipe, les a poussé à faire des recherches pour mieux connaitre leurs pays. C’est un

enrichissement personnel mu par la volonté de découvrir.

Puis, les différentes présentations des auditeurs les ont sensibilisés aux autres systèmes

administratifs. Un dialogue a pu s’établir entre des manières de voir, de concevoir l’administration,

entre des cultures administratives que tout sépare mais que la mondialisation rapproche. Cela pousse

l’attaché stagiaire à réfléchir sur son propre modèle d’administration, sur les limites de celui-ci et sur

les solutions trouvées et développées ailleurs.

Ensuite, la mixité de la formation permet aux attachés stagiaires de redécouvrir l’autre à travers

sa culture, ses langues, ses traditions, sa civilisation et sa vision du monde. L’autre n’est plus celui

qu’on découvre dans des reportages ou documentaires télévisés qui donnent une vision trop

approximative de la réalité ; il est celui qu’on côtoie, qui partage avec nous les mêmes réflexions. Les

attachés découvrent d’autres modèles de développement basés sur des cultures et des

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traditionsdifférentes, des modèles qui résistent à la mondialisation des valeurs et à l’uniformisation des

règles.Pendant la formation, les auditeurs sont éparpillés dans les différents groupes. C’est vraiment

pendant les travaux intitulés ‘commande d’administration’ que les rapports gagnent en singularité et

en profondeur. De même les rencontres culturelles organisées par l’association des élèves constituent

un creuset d’échanges où des amitiés se nouent et se consolident. L’attaché stagiaire découvre ainsi la

symbolique du temps chez l’autre.

Enfin la France, n’étant plus le centre de l’Europe, la nouvelle politique étrangère est une

politique d’adaptation aux évolutions du monde. D’abord, les attachés stagiaires sont obligés de se

référer à des normes supranationales et donc communautaires. Ensuite, il y a une volonté de faire

partager l’exception du modèle administratif français. Le dialogue qui s’instaure avec les autres

citoyens européens est constructif en cela qu’il permet une remise en question d’un modèle que la

France aimerait bien exporter. Cela permet également aux attachés stagiaires d’avoir une idée de la

perception du modèle français dans les pays de l’Union.

L’intérêt de la participation d’un auditeur sénégalais pour un attaché stagiaire se situe à plusieurs

niveaux : d’abord, le Sénégal a des rapports privilégiés avec la France et la connaissance des

fondements de ce pays sera un atout lors des négociations bilatérales ; ensuite, le Sénégal est cité

comme modèle de démocratie en Afrique. C’est l’un des rares pays à ne pas avoir connu un coup

d’Etat et à avoir installé le multipartisme déjà dans les années 60s. A cet effet, comprendre les

caractéristiques de ce ‘miracle’ sénégalais à travers des échanges avec l’auditeur est bénéfique. Enfin,

la forte présence de la communauté sénégalaise en France rend nécessaire la compréhension de la

façon de penser et de vivre du Sénégalais, aspect déterminant dans la résolution des conflits

communautaires.

Avec les auditeurs non-européens, un autre dialogue est initié qui vise également à comprendre

les mécanismes de fonctionnement des ensembles auxquels ils appartiennent. Ainsi sont introduits des

débats sur les politiques étrangères de l’UE et de l’UA, sur les nouveauxenjeux dans le grand

Maghreb, sur la crise en Tunisie et le ‘printemps arabe’ entre autres. Autant de questions qui trouvent

des réponses dans les échanges avec les natifs de ces régions ; échanges à la fois formels – pendant le

cours – et informels – pendant les pauses-café, les déjeuners et les rencontres en ville. Pour d’autres,

les rencontres sont un espace d’échanges sur les préjugés, les clichés et autres stéréotypes avilissants

qui découlent très souvent d’une méconnaissance de l’autre parce que toujours perçu à travers le

prisme des médias occidentaux.

Pour l’auditeur étranger, c’est également un enrichissement personnel outre les connaissances

acquises et les nouvelles compétences développées. L’occasion lui est donnée de découvrir les

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cultures du terroir et de rencontrer les futurs concepteurs des politiques publiques françaises. Le

CiIRA va permettre à l’auditeur sénégalais de découvrir les facettes des villes qui abritent les IRA.

Une sorte de diplomatie culturelle où l’auditeur va à la rencontre de l’autre à travers l’expression

artistique et culturelle. A titre d’exemple, un CiIRA à Metz permettrait à l’auditeur de revisiter

l’histoire partagée de l’Allemagne et de la France en s’intéressant aux différents monuments dédiés

aux combattants et qui sont érigés un peu partout en Moselle. Ensuite, la découverte de l’architecture

messine sous l’annexion et ses emblèmes : quartier des allemands ; porte des allemands ; la cathédrale

St-Etienne, appelée ‘Lanterne du bon Dieu’, un pur joyau de l’art gothique flamboyant ; le quartier

impérial où trône la gare de Metz, l’une des plus belles de France qui rappelle la présence prussienne

après la défaite de 1870. Autant de monuments qui, même pour une conscience qui se nourrit d’une

histoire d’ailleurs, impriment le devoir de souvenir et rappellent à l’homme l’impératif de repenser la

fraternité des peuples.

La visite de la maison ‘Robert Schuman’ à Scy-Chazelles, aux portes de Metz, transporte le

visiteur dans la vie de Schuman, l’un des hommes politiques français les plus importants du 20e siècle.

Pour l’auditeur, la visite du musée Schuman rappelle les moments forts de la création de l’Europe

avec la déclaration du 9 mai 1950.

Enfin, la visite du centre ‘Georges Pompidou’, expérience de décentralisation d’un

établissement culturel national, élargit le spectre de la découverte artistique de l’auditeur. Il y découvre

les expositions temporaires d’art moderne et contemporain car le centre possède un atout unique :

celui de pouvoir puiser dans la célèbre collection du Centre Pompidou, Musée national d’art moderne.

Toutes ces possibilités sont offertes à l’auditeur étranger en général et sénégalais en particulier.

Par conséquent, le CiIRA n’est pas seulement un espace de formation à des techniques

administratives, de management et de gestion des ressources humaines. Il permet aussi aux auditeurs

de se former davantage en profitant des diverses possibilités de découverte de la France provinciale à

travers ses villes pleines de vie artistique et culturelle. Des amitiés naissent et à travers elles, des

réseaux et des espaces d’échanges d’expériences et de pratiques se constituent.

Outre ces avantages liés à la découverte artistique, le CiIRA favorise la rencontre avec d’autres

peuples et d’autres civilisations. A ce titre, il constitue également pour l’auditeur sénégalais une

opportunité d’ouverture et d’enrichissement. Cette ouverture s’accompagne de connaissances sur le

fonctionnement des institutions européennes et les enjeux de l’UE. De même, il est sensibilisé sur le

phénomène de la lutte contre la discrimination et ses critères identifiés en France.

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2.2.2 Contraintes et recommandations stratégiques

Les aspects positifs de l’offre CiIRA ne devraient pas occulter certaines difficultés. En effet,

même si les auditeurs donnent un satisfécit tant par rapport au concept, à l’organisation et au contenu

de la formation, il n’en demeure pas moins que l’exploitation des données de l’enquête a montré

certaines imperfections surtout liées au manque de temps dans la mise en place de l’offre.

En effet, il est certes admis en science de gestion - pour emprunter son vocabulaire à cette

discipline scientifique - qu’un même produit peut cibler différents segments de clientèle. Mais, cette

dernière devrait faire l’objet d’une segmentation qui n’est rien d’autre qu’une différenciation de la

cible.

Les écueils sont de plusieurs ordres : ils sont relatifs d’abord aux modules, ensuite à la durée de

la formation et au volume horaire de certains modules et enfin au recrutement.

La première critique à l’encontre du CiIRA, est liée au fait que les auditeurs et les attachés

stagiaires reçoivent les mêmes offres de formation.Cela pourrait paraitre fortuit a priori de vouloir

séparer les deux groupes, tant les avantages que procure l’intégration sont énormes.En effet, il est

ditdans l’article 41 du règlement intérieur de l’IRA de Metz que « les auditeurs participent aux travaux

et stages de l’institut dans les mêmes conditions que les élèves de la promotion à laquelle ils sont

rattachés. La formation commence et se termine aux mêmes dates que celles fixées pour cette

promotion. Ils subissent les mêmes épreuves. Le jury peut proposer qu’il leur soit délivré une

attestation d’études, en fin de formation. »16

Selon ses dispositions, auditeurs et élèves stagiaires suivent les mêmes enseignements et sans

distinction. Mais même si la recommandation va vers un maintien du modèle actuel, il va sans dire

que pour certains modules, la participation d’auditeurs étrangers reste inutile et constitue une perte de

temps considérable. En guise d’exemple, le module intitulé ‘les objectifs et enjeux de CHORUS’17

n’a

suscité aucun intérêt pour les auditeurs interrogés. En effet, cette application est conçue pour et par

une administration française. Par conséquent, elle n’aurait pour un auditeur sénégalais, aucune utilité

de retour dans son administration. Ensuite, les enseignements dispensés ne permettent pas à un

auditeur d’être performant par défaut de pratique quotidienne. L’utilisation de ce type de progiciel

relève plus de compétences techniques développées par la routine de l’utilisation que par la formation

qui, du reste, reste très vague et approximative. Si l’objectif du module est de lui donner des

16

. Règlement intérieur de l’IRA de Metz, article 41, titre 6 - Auditeurs 17

. CHORUS est un progiciel utilisé dans l’administration en France qui permet de gérer la dépense, les recettes non

fiscales et la comptabilité de l’Etat. Ce système d’exploitation est utilisé par les acteurs financiers des services

centraux et déconcentrés de l’Etat dans le cadre de la LOLF.

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compétences par rapport à l’utilisation de ce logiciel dans la fonction publique, il convient d’en revoir

les termes de références. Ce qui peut paraitre intéressant pour un auditeur sénégalais relève plus de la

comparaison de CHORUS avec le CDSMT, Cadre de dépenses sectorielles à moyen terme. Ce cadre

est au même titre que le progiciel français, un outil de gestion des finances publiques utilisé par tous

les ministères et qui, du point de vue de la gestion budgétaire, devrait assurer la transparence, dans le

pilotage, l’exécution et le suivi-évaluation des politiques publiques et des programmes de

développement. La présentation par un auditeur sénégalais d’une étude comparative de ces deux outils

dans le cadre du CiIRA serait intéressante. Elle consisterait à analyser comment le Sénégal renforce

les capacités de ses ressources humaines dans le domaine de la formulation des stratégies et politiques

sectorielles surtout en matière de lutte contre la pauvreté et l’exclusion.

De ce point de vue, le parallélisme avec la France concernant le suivi des dépenses publiques

orientées vers les résultats dans le cadre de la LOLF, de la RGPP et récemment de la MAP permettrait

de revisiter la pertinence des méthodes et stratégies choisies dans les deux pays. L’intérêt pour les

auditeurs et pour les élèves stagiaires consiste à échanger sur les stratégies et politiques publiques.

Chacun devra alors présenter les fondamentaux dans son pays, les difficultés, la pertinence des choix

au regard des résultats. Ces échanges s’appuieraient alors sur une pédagogie des adultes interactive.

Dans le même ordre d’idées, le renforcement des capacités des ressources humaines en matière

d’amélioration de la qualité du service public, de la décentralisation locale, et de la bonne gouvernance

judiciaire constitue le défi le plus important pour le Sénégal. Certes, le CiIRA intègre la donne

‘amélioration de la qualité du service publique’ à travers des modules sur la rationalisation des

structures administratives, la charte Marianne, et le renforcement de la décentralisation et de la

déconcentration et les procédures de passation et d’exécution des marchés publics qui constituent les

vrais chantiers de la réforme au Sénégal. Mais sur des aspects relevant, par exemple, de la stratégie de

bonne gouvernance, comme c’est le cas au Sénégal dans le cadre du PNBG, programme national de

bonne gouvernance, l’offre CiIRA reste assez évasive. Il ne s’agit pas d’insérer dans le portefeuille de

modules le PNDL, mais d’expliquer plutôt, à travers un module, les stratégies de promotion de l’Etat

de droit dans une société démocratique où les droits de l’homme seraient promus dans les textes des

lois, respectés par tous et où toute entorse à ces principes fondamentaux serait réellement sanctionnée.

Un module sur les techniques et stratégies de lobbying serait bien à propos et l’auditeur sénégalais

pourrait bien faire un exposé sur la promotion des valeurs et vertus de l’Etat de droit au sommet de

l’Etat et sur les enjeux de la bonne gouvernance judiciaire et ses limites.

Une étude comparée des différents systèmes juridiques et judiciaires grâce auxquels les lois sont

définies et uniformément appliquées par un pouvoir indépendant serait d’une grande utilité. Cela

permettrait de voir comment se manifeste la corruption lors des attributions de marchés publics où

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sont systématiquement contournés les organes de contrôle désignés. La mise à contribution des

auditeurs étrangers sur ces grandes problématiques sera d’un grand apport pour tous : auditeurs, élèves

stagiaires et intervenants.

De même, l’Offre CiIRA est trop axée sur la fonction publique d’Etat alors que le chantier

sénégalais de l’approfondissement de la décentralisation locale demande, en plus d’un transfert de

moyens budgétaires et financiers, une capacitation des ressources humaines locales. D’où la nécessité

d’assouplir ou d’étendre les critères de sélection des candidats au concours. Car ce sont véritablement

ces ressources humaines qui vont constituer la cheville ouvrière du développement local. A cet effet,

une action concertée des différents partenaires – MAE, DGAFP, IRA, ENA et les administrations des

principaux pays concernés – sera un préalable pour que l’offre soit plus adaptée à la demande en ce

qui concerne le Sénégal.

D’ailleurs, les cours seront d’autant plus animés et interactifs car la plupart des auditeurs

viennent de pays qui ont un système d’administration entièrement décentralisée.

D’autres modules comme ‘BOP 333 et politique immobilière de l’Etat’, ‘l’opérateur national de

paye’, ‘moderniser la politique nationale de paye’ sont, du point de vue des auditeurs du CiIRA 2012

– 2013,sans grand intérêt.

Sur la durée de la formation, deux choses sont à relever. D’une part certains modules franco-

français sont d’intérêt moindre pour les auditeurs étrangers. Ils devraient être considérés comme

secondaireset un volume horaire minimal devrait leur être alloué. Par contre, d’autres qui constituent

vraiment le fer de lance de la formation, devraient être plus valorisés en termes de temps consacré.

D’autre part, les auditeurs et les attachés stagiaires n’ont pas le même temps de formation. En effet, la

version actuelle du CiIRA dure huit mois alors que pour leurs collègues français, elle va bien au-delà.

Un écart qu’il faudra corriger pour atteindre les objectifs de la formation. De même, les auditeurs

pourraient à la place de certains modules, assister à des interventions dans le cadre de la formation

continue.

En troisième lieu, il convient de revoir les critères de recrutement par souci d’efficacité de la

formation RH pour une meilleure adéquation de la formation et de l’emploi. La difficulté réside dans

le fait que la formation n’est ouverte qu’aux agents de la fonction publique, pour le cas du Sénégal.

Ceci est stipulé dans l’article 40 du même règlement intérieur qui cite d’ailleurs une disposition de

l’article 19 du décret n°84-588 du 10 juillet 1984 modifié. Cet article dit que « conformément aux

dispositions de l’article 19 du décret n°84-588 du 10 juillet 1984 modifié, des ressortissants étrangers

appartenant ou destinés à appartenir à la fonction publique de leur pays peuvent être admis à suivre les

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28

formations dispensés à l’institut, selon les conditions prévues par le ministère chargé de la fonction

publique.18

».

Mais, pour un pays où les autorités encouragent le secteur privé et développent le partenariat

public-privé, il serait judicieux d’ouvrir le concours aux agents du privé, parce qu’il est l’épine dorsale

de nos économies fragilisées par l’omniprésence d’un Etat providence. D’ailleurs, le recrutement

n’est-il pas ouvert aux ressortissants des pays de l’Union européenne qui, en grande partie, sont des

agents non fonctionnaires de leur Etat ? Cette partie du décret qui délimite les critères de recrutement

devrait alors faire l’objet d’une modification par le ministère chargé de la fonction publique en

synergie avec les autres partenaires du cycle.

Si l’objectif est d’aider un pays comme le Sénégal à améliorer son organisation administrative,

il faudrait mettre à sa disposition des ressources humaines compétentes formées non pas uniquement

pour une administration publique. La mission de service public étant dévolue également aux agents du

service privé. En plus, le Sénégal est, depuis 1996, dans une dynamique de décentralisation qui a vu le

transfert de neuf compétences aux collectivités locales. Et comme mentionné plus haut, les agents de

ces collectivités peinent à avoir une formation convenable – le Sénégal ne disposant pas

d’établissements comme l’INET ou les INSET qui forment des cadres supérieurs et des cadres

intermédiaires exerçant dans l’administration des collectivités. Une telle formation serait une

opportunité pour le Sénégal, en attendant qu’une école de ce type voie le jour.

Relevé des recommandations Acteurs

concernés Dispenser les auditeurs de certains modules et à la place proposer certains

modules de la formation continue.

IRA

Revoir les critères de recrutement en acceptant la candidature des agentsdes

collectivités locales.

MAE – DGAFP -

Faire participer davantage les auditeurs à l’offre de formation à travers des

exposés, table-rondes, conférences sur les enjeux et défis dans leur propre

administration.

IRA

Faire une évaluation post-formation (année N+1) sur l’impact du cycle sur

l’évolution professionnelle des anciens auditeurs.

DGAFP - IRA

18

. Règlement intérieur de l’IRA de Metz, article 40, titre 6 - Auditeurs

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29

Conclusion

Au terme de cette étude qui se voulait entre autres une réflexion surl’ouverture de la formation

des attachés dans les Instituts régionaux d’administration aux auditeurs, il convient d’observer que

malgré toutes les difficultés, le CiIRA propose un modèle adapté mais dont il faudra revoir certaines

caractéristiques.Il en està sa phase expérimentale.L’objectif reste de promouvoir des valeurs

républicaines au niveau des acteurs du service public. Ces acteurs, véritables parties prenantes de

l’action publique, peuvent relever des secteurs public et privé.

Les caractéristiques de la demande sénégalaise sont en grande partie prises en charge par le

CiIRA. En effet, tant du point de vue de la prise en charge par la formation des grands enjeux actuels

des fonctions publiques française et sénégalaise, qu’en ce qui concerne la capacitation des ressources

humaines, le cycle international propose sur le plan organisationnel une offre adaptée à la demande.Il

constitue, à cet effet, un instrument de politique étrangère efficace et raffermit les relations bilatérales

entre la France et le Sénégal.Ce n’est pas un hasard si la 29e promotion de l’IRA de Metz porte le nom

du poète et homme politique, Léopold Sédar Senghor, l’homme des métissages et de la rencontre du

donner et du recevoir. Il a compris très tôt, l’intérêt pour les deux pays de tisser des relations

bilatérales durables, dans le respect des spécificités socio-culturelles, politiques et administratives.

En tout état de cause, le CiIRA doit rester arrimé au cycle normal de formation des attachés

pour que l’intégration des auditeurs soit totale : il ne s’agit pas seulement de développer des habiletés

techniques mais plus encore de favoriser des échanges entre auditeurs et attachés stagiaires à partir

desquels vont se nouer des amitiés constructives et des partenariats durables. Le noyau unique

permettra également de familiariser l’auditeur sénégalais aux réalités du management de la génération

Y et comment celle-ci voit l’évolution des pratiques administratives. Le fait de côtoyer différents

groupes générationnels rend la formation plus enrichissante pour les uns et pour les autres.

Cependant, les identités dans la façon de prendre en charge les grands enjeux n’occultent pas la

nécessité de revoir le mode de recrutement pour le Sénégal. L’approfondissement de la

déconcentration et surtout de la décentralisation rend obligatoire la formation de ressources humaines

à même de relever l’éternel défi : la lutte contre la pauvreté et l’exclusion. Si les agents formés dans

les IRA se focalisent davantage sur le pilotage et l’exécution des politiques publiques en

administration centrale, le fossé se creusera avec les collectivités alors qu’elles ont principalement en

charge les vraiesmissions de service public au Sénégal. C’est alors un impératif pour l’administration

sénégalaise qui doit mieux outiller ses agents des collectivités locales. Pour ce faire, elle pourrait tout

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aussi bien s’inspirer de modèles différents du modèle français parce que plus orientés vers une

administration entièrement décentralisée et les adapter à ses propres préoccupations.

Mais, malgré les reproches faits au modèle français – par les agents français eux-mêmes -, il

reste la référence pour les administrateurs sénégalais. Les principes du service public promus dans

l’administration française sont presque universels. L’attention à la compétence, le respect de la

hiérarchie, la responsabilité, la discrétion et la continuité sont des principes communs à tous les

services publics. Tout agent du service public doit incarner certaines valeurs même si celles-ci peuvent

parfois suggérer des attitudes très complexes auxquelles il est souvent très difficile d’adhérer.

Conduire le changement, demande une adhésion totale aux valeurs qui fondent nos républiques. Une

coopération plus marquée des écoles d’administration dans le cadre du RESP, Réseau des écoles de

service public constituerait un espace d’échanges profitable aux différentes administrations.

En définitive, il ne s’agit pas de créer un cycle international des IRA taillé sur mesure pour la

demande sénégalaise. Ce n’est pas sa vocation première. Une telle ambition pourrait être poursuivie

dans le cadre de relations bilatérales entre la France et le Sénégal avec une offre de formation

entièrement adaptée et dont les principales spécificités techniques émaneraient de l’administration

sénégalaise.Dans le CiIRA, se côtoient différentes administrations qui s’inspirent du modèle français

pour améliorer le leur. Les modules franco-français sont dispensés à titre informatif. Alors seules les

contributions des auditeurs à travers des tables-rondes, des exposés, des conférences pourraient donner

à la formation son caractère international. La mission de l’auditeur sénégalais consisterait alors à

comparer les techniques et stratégies françaises de prise en charge des enjeux fondamentaux.

Mais quel que soit le niveau d’adaptation de l’offre CiIRA à la demande sénégalaise, c’est aux

Sénégalais de prendre en charge leur propre destinée. Il ne s’agit pas de se tourner irrémédiablement

vers la France pour chercher des réponses à des questions sénégalaises. Les difficultés de

l’administration sénégalaise prennent racine dans les mauvais comportements quotidiens face aux

usagers du service public. La véritable formation devient alors un défi qui consiste à former un

nouveau type d’acteur, ayant le sens de l’équité, épris d’initiatives personnelles et mu par l’ardent

désir de servir ; un véritable Prométhée des temps nouveaux, formé à l’école de la vie, patriote et

engagé dans la lutte pour l’éradication de la pauvreté chez ses concitoyensafricains.

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OKRET Christine et TRIMBUR Dominique (2002), "Entre rayonnement et réciprocité.

Contributions à l'histoire de la diplomatie culturelle." Publication de la Sorbonne, 197 p.

4. LE BRIS Raymond-François " Réflexions et propositions sur l'organisation et le

fonctionnement des services de l'Etat à l'étranger". Rapport au premier ministre, Paris, 2005

5. MARCHESNAY M., (1997) « Management stratégique », Paris : Ed. Dunod, 347p.

6. MORISSET Jacques, « Création d'emplois au Sénégal: l'équation des entreprises

formelles ». [consulté le 11 janvier 2009], www.blogs-afrique.info

7. PLANTEY Alain, (2000) "Principes de diplomatie", Paris: Editions A. Pedone, p.458

8. WADE, Abdoulaye, (1989) "Un destin pour l'Afrique". Paris: Karthala, 190 p.

9. WADE, YOUSSOUFA (2002). « initiatives permettant de promouvoir des emplois de qualité

et d'améliorer la productivité dans le secteur informel: une étude de cas au Sénégal », BIT,

Genève

DOCUMENTS

1. AGENCE DE PRESSE SENEGALAISE (2013) "Communiqué du Conseil des ministres de la

République du Sénégal du Jeudi 11 avril 2013", www.aps.sn

2. Comité interministériel pour la modernisation de l'action publique, Relevé de décisions, 2 avril 2002

3. ENA, Discours du Premier ministre François Fillon, 60e anniversaire de l’ouverture internationale

de l’ENA, Hôtel Matignon, 16 octobre 2009

4. ENA, Rapport de stage de SOW Mouhamadou Moustapha effectué à l'Institut régional

d'administration de Metz", avril 2013

5. IRA de Metz: "Règlement intérieur », Metz, 2012 – 2013

6. REPUBLIQUE DU SENEGAL (2002). « Document de Stratégie de Réduction de la pauvreté »,

Dakar.

7. Schéma directeur de la modernisation de l'Etat au Sénégal 2011 - 2015, DREAT

8. SOW Mouhamadou Moustapha (2008) "Diagnostic stratégique de la promotion de l'employabilité

des jeunes en milieu urbain". Dakar, Centre africain d'études supérieures en administration et gestion

CESAG, 89 p.

REVUES ET PERIODIQUES

1. Lettre IRA de Metz, avril 2013

2. Revue trimestrielle d'histoire: "Relations internationales. Les nouveaux outils de la diplomatie

au 20e siècle" (2005), PUF

3. SAUVE Jean Marc, « les enjeux et défis de l’administration publique en 2012 », Revue française

d’administration publique, n°143, 2012, p.817 – 827

SITES INTERNET

1. Gouvernement du Sénégal : www.gouv.sn

2. ENA : www.ena.fr

3. IRA : www.ira-metz.gouv.fr

Page 38: Louverture de la formation des attachés dans les Instituts ......apporter intègrent tous les défis et enjeux de la MAP. 1.1.1 Les grands enjeux dans la fonction publique sénégalaise

Annexes

Annexe1 : schéma directeur de la réforme de l’Etat

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Annexe 2 : Planning des interventions Tronc commun

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Annexe 3 : Planning des interventions Univers spécialisés

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Annexe 4 : Questionnaire à l’endroit des auditeurs (version simplifiée)

Ce présent questionnaire a pour objet d’évaluer l’adéquation du programme de formation

aux besoins des auditeurs étrangers de l’IRA de Metz. Les informations recueillies

permettront d’améliorer la grille des modules dans les cycles internationaux de formation

des attachés.

1. Données personnelles

1.1 Dans votre pays, vous travaillez dans une administration :

□ Centrale □ déconcentrée □ décentralisée □ autre à préciser

1.2 Votre expérience professionnelle

□ 0 – 5 ans □ 5 – 10 ans □ plus de 10 ans

1.3 Avez-vous été proposé par votre administration lors du concours?

□ Oui □ non

1.4 Votre administration a-t-elle eu connaissance du contenu de la formation ?

□ Oui □ non

1.5 Aviez-vous des attentes par rapport à la formation ?

□ Oui □ non □ pas spécialement

1.6 Aviez-vous des informations sur l’IRA de Metz,

□ Oui □ non □ pas spécialement

1.7 Aviez-vous des informations sur le contenu de la formation ?

□ Oui □ non □ pas spécialement

1.8 Pensez-vous que vous avez acquis de nouvelles compétences en terme de :

- savoirs : □ oui □ non □ pas spécialement

- savoir-faire : □ oui □ non □ pas spécialement

- savoir-être : □ oui □ non □ pas spécialement

1.9 Pensez-vous avoir contribué positivement à la formation des auditeurs français ?

□ oui □ non □ pas spécialement

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2. Questions sur l’IRA

2.1 Les conditions d’études à l’IRA sont-elles globalement :

□ très satisfaisantes □ satisfaisantes □ moyennement satisfaisantes

2.2 Comment jugez-vous globalement l’accueil et l’accompagnement qui

vous ont été réservés par le personnel de l’IRA ?

□ très satisfaisant □ satisfaisant □ peu satisfaisant

2.3 Le planning des enseignements à l’IRA est-il :

□ très satisfaisant □ satisfaisant □ peu satisfaisant

2.4 Les conditions de recherche documentaire à l’IRA sont-elles :

□ très satisfaisantes □ satisfaisantes □ peu satisfaisantes

2.5Les conditions de restauration à l’IRA sont-elles :

□ très satisfaisantes □ satisfaisantes □ peu satisfaisantes

2.6 Les horaires de cours à l’IRA sont-ils :

□ très satisfaisants □ satisfaisants □ peu satisfaisants

2.7 Avez-vous échangé avec les élèves français en dehors des cours à l’IRA ?

□ Oui □ non □ pas spécialement

2.8 Vos collègues français vous ont-ils paru intéressés par la culture administrative

dans votre pays d’origine ?

□ Oui □ non □ pas spécialement

3. Formations et épreuves d’évaluation

3.1 Comment jugez-vous les enseignements ?

□ Plutôt théoriques □ plutôt pratiques □ les deux

3.2 La durée de la formation vous a-t-elle semblé ?

□ adaptée □ trop courte □ trop longue

3.3 La durée du stage en administration vous a-t-elle paru ?

□ suffisante □ moyennement suffisante □ pas du tout

3.4 Le rythme de la formation vous a semblé :

□ adaptée □ trop dense □ trop dense mais adapté

Page 43: Louverture de la formation des attachés dans les Instituts ......apporter intègrent tous les défis et enjeux de la MAP. 1.1.1 Les grands enjeux dans la fonction publique sénégalaise

3.5 Les épreuves d’évaluation vous ont-elles paru :

□ faciles □ adaptées □ difficiles et inadaptées

4. Questions sur les enseignements : il s’agit d’évaluer les modules de

formation suivis par rapport à votre propre parcours professionnel, donc à vos

besoins et à ceux de votre administration d’origine.

4.1 Les modules d’enseignements transverses

4.1.1 A l’issue de la formation, êtes-vous capable d’identifier les problématiques de la

modernisation de l’État et de repérer les techniques permettant sa mise en œuvre ?

□ oui □ non □ plus ou moins

4.1.2 Etes-vous capable d’identifier les enjeux et d’appréhender l’impact de la

construction européenne sur l’action publique ?

□ oui □ non □ plus ou moins

4.1.3 Etes-vous capable d’identifier les problématiques de la modernisation de

l’État et de repérer les techniques permettant sa mise en œuvre ?

□ oui □ non □ plus ou moins

4.1.4 Êtes-vous capable de participer à la coopération, à la mise en œuvre et à

l’évaluation des politiques publiques ?

□ oui □ non □ plus ou moins

4.2 Les moyens et méthodes de l’administration

4.2.1 Êtes-vous capable d’analyser, en fait et en droit, des situations

administratives et de proposer des solutions fondées juridiquement dans

une perspective de prise de décision ?

□ oui □ non □ plus ou moins

4.2.2 Êtes-vous capable de rédiger des actes administratifs avec l’objectif de

prévenir le contentieux et, le cas échéant, de traiter celui-ci ?

□ oui □ non □ plus ou moins

4.2.3 Êtes-vous capable de préparer, d’analyser et d’interpréter des documents

comptables et financiers et de participer à la mesure et au contrôle de la

performance ?

□ oui □ non □ plus ou moins

Page 44: Louverture de la formation des attachés dans les Instituts ......apporter intègrent tous les défis et enjeux de la MAP. 1.1.1 Les grands enjeux dans la fonction publique sénégalaise

4.2.4 Êtes-vous capable de lire, d’interpréter et de mettre en forme des données

statistiques ?

□ oui □ non □ plus ou moins

4.2.5 Êtes-vous capable de participer à l’élaboration et à la mise en œuvre de

l’achat public ?

□ oui □ non □ plus ou moins

4.2.6 Êtes-vous capable d’utiliser les technologies de l’information et de la

communication ?

□ oui □ non □ plus ou moins

4.3 les modules d’enseignements liés au management

4.3.1 Êtes-vous capable de vous positionner en tant que cadre ?

□ oui □ non □ plus ou moins

4.3.2 Êtes – vous capable de gérer un service, d’animer une équipe et d’en évaluer

l’action et les résultats ?

□ oui □ non □ plus ou moins

4.3.3 Êtes-vous capable de participer à l’élaboration et à la conduite d’un projet ?

□ oui □ non □ plus ou moins

4.3.4 Êtes-vous capable de comprendre les enjeux de la communication interne et

externe ?

□ oui □ non □ plus ou moins

5. Les modules de l’univers ATE

5.1 Êtes-vous capable de repérer et de connaître les enjeux, les modalités

d'intervention et d'organisation et les caractéristiques propres des préfectures et

des services déconcentrés de l'Etat ?

□ oui □ non □ plus ou moins

5.2 Êtes-vous capable de participer au contrôle de légalité des actes administratifs

et financiers et à l'élaboration des actes réglementaires dans un objectif de

prévention du contentieux et être apte à traiter, le cas échéant, celui-ci ?

□ oui □ non □ plus ou moins

5.3 Êtes-vous capable de participer, au niveau local et dans une logique

Page 45: Louverture de la formation des attachés dans les Instituts ......apporter intègrent tous les défis et enjeux de la MAP. 1.1.1 Les grands enjeux dans la fonction publique sénégalaise

partenariale, à la mise en œuvre des politiques publiques et à leur évaluation et de

conduire un projet ?

□ oui □ non □ plus ou moins

5.4 Êtes-vous capable de prendre en charge la gestion administrative, financière et

celle des ressources humaines d'un service déconcentré ?

□ oui □ non □ plus ou moins

5.5 Êtes-vous capable de vous exprimer, à l’écrit comme à l’oral, sur des

thématiques administratives et techniques dans la langue étrangère choisie?

□ oui □ non □ plus ou moins

6. Les modules de l’univers AC

6.1 Êtes-vous capable de repérer et de connaître les enjeux, les modalités

d'intervention et d'organisation et les caractéristiques propres des administrations

centrales ?

□ oui □ non □ plus ou moins

6.2 Êtes-vous capable de participer au processus de préparation des textes

législatifs et réglementaires et savoir les rédiger en bonne forme, maîtriser la

transposition des textes et normes européennes dans le droit français ?

□ oui □ non □ plus ou moins

6.3 Êtes-vous capable de participer, dans un cadre interministériel et partenarial,

au processus d'élaboration, de suivi et d'évaluation des politiques publiques ?

□ oui □ non □ plus ou moins

6.4 Êtes-vous capable d’identifier les enjeux et d’utiliser les méthodes et les outils

de l'information, de la gestion financière et de la gestion des ressources humaines

dans les administrations centrales ?

□ oui □ non □ plus ou moins

6.5 Êtes-vous capable de vous exprimer, à l’écrit comme à l’oral, sur des

thématiques administratives et techniques dans la langue étrangère choisie?

□ oui □ non □ plus ou moins

7. Liste de nouveaux modules à insérer dans le programme de formation

des auditeurs.

Page 46: Louverture de la formation des attachés dans les Instituts ......apporter intègrent tous les défis et enjeux de la MAP. 1.1.1 Les grands enjeux dans la fonction publique sénégalaise

8 . Avez-vous d’autres modules à proposer ? □ oui □ non

si oui, lesquels ?

9. Autres questions 9.1 Avez-vous participé à des activités culturelles organisées par la ville de Metz ?

□ Oui □ Non □ Très peu □ pas intéressé (e)

9.2 Pensez-vous que l’IRA a organisé suffisamment des activités d’intégration

culturelle ?

□ Oui □ Non □ Très peu □ pas intéressé (e)

9.3 Avez-vous participé à des activités culturelles organisées par l’IRA ou l’AIRAM?

□ Oui □ Non □ Très peu □ pas intéressé (e)

9.4 Avez-vous participé à des programmes de formation continue à l’IRA ?

□ Oui □ Non □ Très peu □ pas intéressé (e)

9.5 Avez-vous profité de votre séjour lorrain pour visiter les pays frontaliers ?

□ Oui □ Non □ Très peu □ pas intéressé (e)

9.6 Avez-vous des perspectives d’évolution dans votre administration d’origine

après votre formation ?

□ Oui □ non □ ne sait pas

9.7 Aimeriez-vous recevoir de l’IRA :

□ Un diplôme □ Une attestation □ aucune importance

9.8 Pensez-vous que vous avez été l’ambassadeur de votre pays auprès de vos collègues

français ?

□ Oui □ Non □ Très peu □ pas d’avis

10. Avez-vous d’autres commentaires ou suggestions à faire pour améliorer

la formation des auditeurs à l’IRA de Metz ?