l'odorat et ses troubles

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L'Odorat et ses troubles, par le Dr Collet,... Source gallica.bnf.fr / Bibliothèque nationale de France

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  • L'Odorat et sestroubles, par le Dr

    Collet,...

    Source gallica.bnf.fr / Bibliothque nationale de France

  • Collet, Justin-Frdric (Dr). L'Odorat et ses troubles, par le Dr Collet,.... 1904.

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    et ses Troubles

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    Le Dr COLLETProfesseuragrg la FacultdeMdecinedeLyon

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    SES TROUBLES

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    pSTRODUCTION8ihlis-Le temps est dj loin o Hipp. Cloquet crivait

    sous le nomd'Osphrsiologie un vritable trait desmaladies des fosses nasales. Depuis cette poque,.la rhinologie s'est constitue et transforme, elleest devenue une spcialit importante ; mais lesinnombrables travaux des rhinologistes ont eupresque uniquement pour objet l'tude du nezrespiratoire. Au-dessus de lui, il y a le nez senso-riel, organe de l'olfaction, et pendant bien long-temps il a t laiss, ou peu prs, dans l'oubli.L'odorat et les odeurs n'intressaient que quel-ques naturalistes ou quelques mdecins cher-cheurs : il n'en est plus de mme aujourd'hui. Cemouvement est d en grande partie l'impulsionde Zwaardemaker (d'Utrecht). Depuis 1888, dated'apparition de son premier olfactomtre, lascience s'est enrichie de ses nombreuses publica-tions, de celles de Reuter, de Rollett, de Graderiigo,de Grazzi, etc. En France, qu'il me suffise de citerles noms de Fr, de Jacques Passy, de V. Henry,de Toulouse et Vaschide, parmi tant d'autres.

    L'tude des organes des sens est toujours pleine

  • 8 APPAREILNERVEUXDE L'OLFACTION.

    d'attraits, cause de la multiplicit des pointsde vue qu'elle dcouvre: le physiologiste, le psy-chologue, le neurologiste, le pathologiste, l'ali-niste y trouvent des problmes. L'olfaction ne faitpas exception cette rgle. J'espre en donner uneide par ces quelques pages qui ne sont qu'unsimple rsum, et contribuer inspirer le gotde ces recherches.

    1. - APPAREIL NERVEUX DE L'OLFACTION

    La muqueuse olfactive n'est qu'un dparte-ment trs restreint de la pituitaire : elle est re-connaissable, sans plus ample examen, sacoloration jaune, attribue aux granulationspigmentaires qui sigent dans les cellules pith-thliales. Cette coloration occupe (1) la mu-queuse de la lame crible, la face convexe ducornet suprieur, la partie antrieure de la faceconvexe du cornet moyen, les os propres du nez,la cloison o elle couvre une surface demi-circu-laire dans un rayon de 2 centimtres partir dela lame crible de l'ethmode .

    Toutefois, Brnn (2) considre la colorationde la muqueuse comme insuffisante nous ren-seigner sur les limites de la zone olfactive; ila vu que les cellules olfactives n'existaient quedans une rgion beaucoup plus restreinte, occu-pant une partie seulement du cornet suprieur etla rgion du septum situe en face de lui (fig. 1) ;elle ne serait que de 250 millimtres carrs.

    (1)CH.RJIY,Thse d'agrgation, Paris, 1878.(2)Archivfi, mikr. Anal., 1892.

  • APPAREILNERVEUXDE L'OLFACTION. 9

    Examine au microscope, la muqueuse oliactivese montre constitue par deux ordres de cellules :

    Fig. 1. Rgion olfactivede la muqueuse uasa]eJsitue surle cornet suprieur et en face de lui, elle est reprsente plusteinte que le reste de la muqueuse).1,cornetinfrieur;2,cornetmoyen;3, cornetsuprieur;4,muqueusede

    lacloisonnasalereleveet rigne; ii,sphnode.

    1 Les cellules cpithehales allonges et a pro-longement profond ramifi; leur surface libreprsente des cils vibratiles, mais d'une faon

  • 10 APPAREILNERVEUXDE L'OLFACTION.

    inconstante chez l'homme, peut-tre cause dela frquence des inflammations nasales (Schultze,Klliker) ; -

    2 Les cellules olfactives de Max Schultze.Ce sont des lments fusiformes situs entre

    les cellules prcdentes qui les soutiennent. Leurnoyau, arrondi ou ovalaire, est entour d'unecouche de protoplasma qui s'effile aux deuxextrmits.

    Le prolongement priphrique affleure la sur-face de la muqueuse o il se termine par deux outrois cils rigides (poils olfactifs), trs altrables :ils se ratatinent facilement sous l'influence del'eau, tandis que les cils vibratiles des autrescellules continuent s'y mouvoir pendant desheures. Ce seul fait, cette vulnrabilit, montrebien l'importance des irrigations nasales commecause d'anosmie.

    Le prolongement central est l'origine d'unefibre du nerf olfactif qui, traversant la lame cri-ble de l'ethmode, va aboutir au bulbe olfactif.

    A chacun des deux bulbes olfactifs fait suite labandelette olfactive, couche comme lui dans unsillon que prsente la face intrieure du lobefrontal. Elle donne naissance plusieurs racines.

    La racine externe, la plus im portante, et d'ail-leurs la seule qui soit constante, part de l'angleexterne du trigone olfactif ou base de la bande-lette et va aboutir au lobule de l'hippocampe;c'est cette circonvolution, situe la partie in-terne du lobe temporal, et dont l'extrmit ant-rieure se recourbe en crochet, qui est considrecomme le centre principal de l'olfaction.

    La racine olfactive interne aboutit la partie

  • APPAREILNERVEUXDEL'OLFACTION. Ilantrieure de la circonvolution du corps calleux,ou lobe calleux (Broca), aprs avoir contournla face interne de l'hmisphre correspondant.

    Cette terminaison est incertaine : d'aprs Bech-terew et Obcrsteiner, elle aboutirait la commis-sure blanche antrieure, et, d'aprs Zuckerkandl,au faisceau olfactif de la vote trois piliers.

    La racine olfactive moyenne se divise en finsramuscules qui s'puisent dans l'espace perforantrieur.

    Quant la racine grise de Smmering, ainsiappele par opposition aux trois autres racinesqui sont de coloration blanche, elle unit la face su-prieure de la bandelette la face infrieure dulobe frontal, c'est--dire au centre frontal del'olfaction.

    La description des racines olfactives est ensomme facile, puisqu'on n'a qu' les suivre avecle scal pel, mais on rencontre de grandes diffi-cults quand il s'agit de prciser la situation descentres corticaux de l'olfaction, aussi peut-ondire que cette tude n'est encore qu' l'tatd'bauche. En effet, certaines des rgions del'corce auxquelles les racines vont aboutir ne sontque les vestiges de centres fonctionnels qui ontperdu chez l'homme toute leur importance etsont rduits l'tat de rudiments. Broca (1), il ya vingt-cinq ans, a tudi chez les animaux osma-tiques la circonvolution qui entoure le corps cal-leux et Je pdoncule crbral et qui, en raison de sasituation au seuil mme de l'hmisphre, mritele nom de lobe limbique. Chez l'homme et chez

    (1) BROCA,Bevzied'anthropologie,1878.

  • 12 APPAREILNERVEUXDE L'OLFACTION.

    les animaux microsmatiques, cette disposition,dcrite chez la loutre, n'existe qu' l'tat de ves-tige; de cet anneau, il ne reste que l'arc suprieurtrs aminci (c'est la circonvolution du corpscalleux) et l'arc infrieur recourb en crochet etrenfl son extrmit antrieure (c'est le lobulede l'hippocampe ou circonvolution unciforme).Ces deux circonvolutions sont restes, chezl'homme, des centres olfactifs, mais seulementdans leur extrmit antrieure. On y rattachegalement la corne d'Ammon, formation iden-tique, mais replie sur elle-mme et saillantedans le ventricule latral. L'excitation du subi-culum de la corne d'Ammon chez le chien, lechat, le lapin, le singe, est suivie, d'aprs Ferrier,d'un mouvement de torsion de la narine dumme ct, comme si l'animal flairait une odeurforte. Enfin, la partie de la face infrieure dulobe frontal qui avoisine la bandelette olfactiveet lui est relie par la racine grise est aussi consi-dre comme un centre olfactif.

    Les rapports des fibres olfactives avec lesnoyaux centraux sont encore discuts. Willis,Vieussens, Meynert admettaient des rapportsavec le corps stri : peut-tre quelques filetsvont-ils dans la tte du noyau caud.

    Quant la couche optique, Luys considreson noyau antrieur comme un centre olfactif oconvergeraient les impressions avant de s'ir-radier vers l'corce.

    Dana (1) considre galement la couche op-

    (1) DANA,The central tracts of olfactory nerves and theirdiseases. New-YorkAcademyof Medicine,26 mars 1889(Anal.in New-rork med.~M?'/

  • APPAREILNERVEUXDEL'OLFACTION. 13

    tique comme un centre suprieur de l'olfaction;quatre cas de lsions en foyer de cette rgion sesont accompagns d'anosmie.

    Enfin, il serait d'une grande importance deconnatre le trajet crbral des fibres olfactives,ou tout au moins d'tre fix sur leur dcussation.Un certain nombre d'entre elles passe-t-il dansla capsule interne? Y a-t-il un important croise-ment? Les faits pathologiques laissent supposerque la plus grande partie des fibres sont directes.

    L'tude microscopique de l'appareil nerveuxde l'olfaction par les nouvelles mthodes histo-logiques a fourni des rsultats intressants. Onpeut le considrer comme form par une sriede neurones articuls entre eux; le premier ason corps cellulaire dans la pituitaire (cellulesde Schultze) et son prolongement cylindraxiles'articule dans les glomrules des bulbes olfactifsavec les prolongements protoplasmiques d'unsecond neurone dont le corps est reprsent parles cellules mitrales qui sigent galement dans-ce bulbe. Le prolongement cylindraxile de cescellules mitrales se dirige, travers les racinesolfactives, vers les centres olfactifs o il s'arti-cule avec de nouveaux lments cellulaires.Enfin, ces centres sont relis entre eux par unriche systme d'association. Les bulbes olfactifscontiennent aussi des lments centrifugesrcemment tudis par Manoulian (1). Par l'ex-trmit de ces fibres centrifuges, vritables nervinervorum, les cellules crbrales commanderaientles arborisations protoplasmiques des neurones

    (1)MANOULIAN,Soc.de biol.,1898.

  • 14 LESODEURS.

    olfactifs centraux; elles en provoqueraient lartraction ou la contraction et, par l, une inten-sit plus ou moins grande du courant nerveux.

    Les nerfs vaso-moteurs et secrtaires, ici associs,sont fournis par le nerf maxillaire suprieur -(Jolyet et Laffont), mais viennent en ralit dugrand sympathique par le plexus carotidien(Dastre et Morat).

    Lorsqu'il y a scheresse anormale de la mu-queuse nasale, l'odorat s'mousse et disparat ;peut-tre cela tient-il l'extrme vulnrabilitdes cellules olfactives dont le prolongement pri-phrique s'altre, lorsq u'il ne baigne plus dans celiquide conservateur qu'est le mucus nasal.

    La rgion olfactive ne possde pas seulementdes lments olfactifs, mais encore des lmentstactiles (Brunn) qui sont des terminaisons dutrijumeau, et de petits calices gustatifs (Disse).Zwaardemaker, avec un olfactomtre garni debeurre de muscade, a constat une sensation tac-tile, et, d'autre part, en respirant du chloroformepar la partie antrieure des narines, on peroit lasaveur douce qui lui est particulire.

    II. - LES ODEURS

    Une classification des odeurs est trs difficile.La premire est celle de Linn qui les range ensept classes :

    1) Odores aromatici (odeurs aromatiques); exemple:feuille de laurier.2) Odores fragruntes (odeurs balsamiques); exemple: lis,

    jasmin.

  • LESODEURS. 15

    3) Odores ambrosiaci (odeurs ambrosiaqucs) ; exemple:ambre, musc.4) Odores alliacei (odeurs alliaces): ail, oignon, asa

    ftida.5) Odoreshircini (odeurs capryliques) : celle du bouc.6) Odorestetri (odeurs repoussantes) : celle du coriandre

    mouill et de plusieurs solanes.7) Odores nausei (odeurs nauseuses) : ellbore, flores

    stapelicc, veratrum album, etc.

    Haller n'en compte que trois : les odeurs agra-bles, les odeurs intermdiaires, les odeurs ftides.

    Lorry (1785) distingue les odeurs :

    Camphres (Laurier,myrte) ;Narcotiques (opium, solanes) ;thres (quelques fruits, en particulier l'ananas) ;Acides fugaces (mlisse);Alcalines (oignon).

    Eug. Rimmel divise les odeurs en sries :

    Rose.Jasmine.Orange.Tubrose.Violace.Balsamique.pice.Caryophylle.Camphre.Santale.Citrine.Herbace.Menthace.Anise.Amande.Musque.Ambre.Fruite.

    Rose.Jasmin.Heur d'oranger.Tubreuse.VioJcLte.Vanille.Cinnarnome.Girofle.Camphre.SantalCitron.Lavande.Menthe poivre.Anis.Amande amre.Musc.Ambre gris.Poire.

  • 16 L'OLFACTIONNORMALE.

    Giessler (1) classe les odeurs d'aprs les rac-tions qu'elles dterminent, suivant qu'elles pro-voquent l'ternuement (ammoniaque, tabac

    priser), les larmes (oignon), la toux (vapeurs sul-

    fureuses).Voici la division de Zwaardemaker, en neut

    classes :

    1. Odeurs thres (0. sethereide Lorry) : fruits (ananas,poire, pomme), cire d'abeille, ther, aldhyde.2. Odeurs aromatiques (0. aromatici de Linn) : camphre,

    romarin, menthe, lavande, santal, eau de laurier-cerise.3. Odeurs balsamiques (0. fragrantes de Linn) : fleurs

    (jasmin, oranger, lis, violette, iris), rsda, th, vanille,baume du Prou, baume de tolu.4. Odeurs ambrosiaques (0. ambrosiaci de Linn) : ambre,

    musc.5. Odeurs d'allyle et de cacodyle (0. alliacei de Linn) :

    sulfures, caoutchouc vulcanis, asa ftida, gomme ammo-niaque, ichtyol, etc.6. Odeurs empyreumatiques (Haller) : caf brl, fume

    de tabac, crosote, phnol.7. Odeurs capryliques (0. hircini de Linn) : fromages,

    urine de chat, scrtion vaginale, sperme.8. Odeurs repoussantes (0. tetri de Linn) : jusquiame,

    diverses solanes, coriandre, odeur d'ozne.9. Odeurs nauseuses (0. nausei de Linn) : odeur de

    cadavre, odeur fcalode.

    III, - L'OLFACTION NORMALE

    Pour que l'olfaction ait lieu, deux conditionssont ncessaires : l'intgrit de l'appareil nerveuxet le transport des particules odorantes jusqu'son contact.

    (1)GIESSLER,Wegweiser.zu einer Psychologie des Geruches.Hamhurg et Leipzig,L. Voss, 1894,

  • TRANSPORTDESPARTICULESODORANTES. 17

    1. TRANSPORTDESPARTICULESODORANTES.

    Le transport des particules odorantes jusquesur la muqueuse olfactive dpend de la perma-Dilit des fosses nasales et de l'orientation ducourant d'air qui les traverse. Il ne suffit pas eneffet que les fosses nasales soient permables : ilrsulte des donnes anatomiques exposes plushaut, que c'est seulement la partie la plus levedes fosses nasales qui peroit les odeurs. Quellessont donc les conditions spciales qui dirigent lecourant d'air inspir vers cette rgion? Pendantl'inspiration, la colonne d'air qui traverse les na-rines se porte vers les choanes, en dcrivant unecourbe convexit su prieure, et ce sont seule-ment les couches suprieures qui atleignent jus-qu' la fente olfactive; les plus infrieures; aucontraire, rasenl le plancher des fosses nasales.De plus, ce sont les couches d'air qui ont pass parla partie antrieure de chaque narine qui occupent,dans chaque fosse nasale, la partie la plusleve; celles qui ont pass par la partie la pluspostrieure sont, au contraire, les plus voisinesdu plancher nasal. L'auvent nasal exerce doncune influence sur la direction de la colonne d'airinspire, en facilitant son orienlation vers la fenteolfactive. En mme temps les ailes du nez, en rai-son de leur obliquit, dirigent cette colonne versla ligne mdiane, vers la cloison, o elle glisse,pour ainsi dire, au lieu de se heurter aux anfrac-tuosits de la paroi externe: Xarjger nasi (Fick)joue un rle identique. -

    Cette marche de Uj^c^vSNrair inspir a pu2COLLET.

    L'Odq^aJNtses troublgfeA- /,

  • 18 L'OLFACTIONNORMALE.

    tre prcise grce aux expriences de Paulssen,de Zwaardemaker et de Franke.

    Paulssen pratique une coupe sagittale dans unedes fosses nasales d'un cadavre et dispose sur sesdeux parois une srie de petits carrs de papiertournesol rougi, puis il remet en place les deuxparois, adapte au larynx une soufflerie de faon aspirer travers les fosses nasales des vapeursammoniacales qui laissent leur trace sur le pa-pier tournesol, en le ramenant au bleu; il constateainsi que le courant d'air inspir dcrit une courbedes narines auxchoanes, les carrs qui avoisinentle plancher de la fosse nasale sont respects, ceuxvoisins de la vote le sont galement, les plustouchs sont ceux de la partie moyenne, et ceuxde la cloison le sont beaucoup plus que ceux dela paroi externe. Sur la cloison, le sommet de lacourbe se rapproche beaucoup de la vote; sur laparoi externe, au contraire, il n'atteint presquejamais le cornet suprieur.

    Zwaardemaker a modifi cette exprience aumoyen du moulage en pltre d'une fosse nasalede cheval, o la cloison tait remplace par unelame de verre; au-devant de la narine, on produi-sait abondamment du noir de fume dont unepompe, place l'extrmit postrieure, dter-minait l'aspiration ; l'il pouvait ainsi suivre, travers la lame de verre, le passage de la fumese dtachant en noir sur un fond blanc.

    Franke a repris la mme exprience sur uncadavre humain: la pituitaire avait t pralable-ment colore en noir et les fumes de tabac aspi-res se dtachaient sur ce fond, comme un nuageblanc.

  • TRANSPORTDESPARTICULESODORANTES. d9

    Quelle que soit la faon dont on varie ces ex-priences, on peut se convaincre que le courantd'air inspiratoire ne dpasse jamais le bord inf-rieur du cornet suprieur : par consquent, iln'atteint pas la rgion olfactive proprement dite,les particules odorantes n'y pntrent que pardiffusion, et cette diffusion est d'autant plus facileque le courant inspiratoire a la forme d'un arcqui tourne vers la rgion olfactive sa convexit,c'est--dire sa plus large surface.

    Cette disposition anatomique, qui place la rgionolfactive proprement dite en dehors du courantd'air inspir, est trs heureuse, car l'pithliumsensoriel est excessivement dlicat, trs sensible la scheresse, et il ne manquerait pas d'trerapidement ls si les poussires ou mme l'airsec arrivaient directement jusqu' lui. De plus,l'nergie sensorielle de l'appareil olfactif, quis'puise trs rapidement, ne rsisterait pas l'exci-tation en masse qui lui serait ainsi violemmentapporte.

    Il est bien vident que plus l'inspiration estcalme, moins le sommet de la courbe correspon-dant au courant d'air inspiratoire se rapprochede la rgion olfactive. Dans les inspirationsbrves et brusques, dans l'acte de flairer, quis'accompagne d'un largissement des narines,surtout dans leur partie antrieure, l'ascensiondu courant d'air inspir est au contraire favo-rise.

    Taches respiratoires. La permabilit desfosses nasales peut tre value approximative-ment, grce l'examen des taches respiratoires.Je dis approximativement, car la permabilit

  • 20 L'OLFACTIONNORMALE.

    n'est pas absolument la mme pour l'air inspiret l'air expir, notamment dans le cas de collp-sus des ailes du nez, de polypes, etc. Si on faitavec une seule narine, sur un miroir froid tenu une distance de un centimtre environ, une ex-piration naturelle, la condensation de la vapeurd'eau dtermine sa surface une tache grossire-

    Fig. 2.Tachesrespiratoires.

    ment arrondie, qui, peu peu, au moment o elles'efface, se divise en deux taches spares par unsillon oblique, l'une antro-externe, l'autre pos-tro-interne (fig. 2). La cloison qui les spare estdue, d'aprs Zwaardemaker, la saillie du cornetinfrieur. La tache antro-exLerne correspond lapartie de la colonne d'air qui traverse les fossesnasales au-dessus de ce cornet, la seule par con-squent qui joue unrle dans l'olfaction : elle pr-sente d'ailleurs dans sa forme une grande analogieavec le champ olfactif, d'o la conclusion que lechamp olfactifcorrespond une partie du courantrespiratoire, celle qui passe au-dessus du cornetinfrieur.

    Champ olfactif. Le champ olfactif se recher-che de la manire suivante: une feuille de papiertant tenue entre les dents, on pique ce papier

  • TRANSPORTDESPARTICULESODORANTES. 2I

    par-dessous, en diffrents points, avec l'aiguilled'une seringue de Pravaz charge de vapeursodorantes et on pousse le piston: chaque fois quele sujet en exprience peroit une sensation olfac-tive au bout d'une seconde, on note avec uncrayon le point piqu: un cercle runissant tousces points donne la circonfrence du champolfactif.

    Olfaction expiratoire et gustative. L'ol.faction se produit pendant l'expiration. C'est tort qu'on l'a ni (Cloquet, Bidder, Wagner),peut-tre parce que les sensations olfactivesainsi perues sont gnralement plus faibles. Ilest cependant facile de reconnatre que les subs-tances odorantes places sur la base de la languesont fort bien senties, surtout par de petits mouve-ments d'expiration, et que ces sensations cons-tituent un des lments du got, question surlaquelle je reviendrai propos de J'anosmie.

    Zwaardemaker a imagin un olfactomtre sp-cial pour mesurer l'odorat gustatif : il est dcritau chapitre suivant. Enfin, d'autres auteurs ontremarqu que l'odorat est moins fin aprs lesrepas qu' jeun.

    Les sensations olfactives et gustatives sontsimultanes dans la dgustation .J'un mets. Onpeut artificiellement les sparer en se bouchantle nez pendant qu'on dguste, ou, mieux encore,en respirant uniquement par la bouche, de tellesorte que le voile du palais, relev, interceptela communication entre le pharynx buccal et lepharynx nasal.

    Habituellement, on ne rflchit pas cela eton parle du got parfum de la vanille, du

  • 22 L'OLFACTIONNORMALE.

    caf, etc., alors qu'il s'agit, en ralit, de sensations odorantes; nous ne songeons pas analysercette sensation complexe, parce que les impres-sions gustatives et olfactives se produisent asso-cies dans le mme acte, la gustation.

    Les substances sapides mches et mles la salive laissent chapper des manations odo-rantes qui pntrent dans le pharynx, et s'lventvers le pharynx nasal, en passant derrire levoile du palais; le courant d'air expiratoire lesrefoule de l en avant, travers les choanes versla rgion olfactive: c'est ce moment seulementque l'arme est nettement peru, et que la sensa-tion, dite gustative, est parfaite, complte.

    Celte sensation, qu'on appelle le got, est, enralit, la rsultante d'une sensation gustativeproprement dite et d'une sensation olfactive. Ladnomination d'odorat gustatif (gustatorischeHicchen), propose par Zwaardemaker, seraitbeau-coup plus exacte.

    Le mcanisme de la gustation des boissons estle mme. Pendant leur dglutition, la contractiondu voile du palais intercepte toute communica-tion entre le pharynx buccal et les fosses na-sales; mais, quand la dcontraction a lieu, duliquide dpos, le long des parois du pharynx sedgagent les particules odorantes, et le mouve-ment expiratoire qui suit les projette vers leschoanes et la rgion olfactive; l'arme n'estbien et compltement peru qu'aprs la dglu-tition.

    La surface arrondie du cornet moyen contribue diriger vers la rgion olfactive le courant por-tant les particules odorantes.

  • ROLEDEL'APPAREILNERVEUXDE L'OLFACTION.23Ainsi donc l'olfaction des objets extrieurs

    l'olfaction nasale est inspiratoire, tandis quel'olfaction gustative est expiratoire. Une autre con-clusion inspire par l'anatomie compare, c'estque l'appareil de l'odorat est infiniment mieuxdispos pour l'olfaction gustative chez l'hommeque chez les animaux (Zwaardemaker).

    2. - ROLEDEL'APPAREILNERVEUXDEL'OLFACTION.

    Les particules odorantes dtaches du courantd'air inspir ont pntr dans la fente olfactive,c'est--dire entre le cornet moyen et la cloisonnasale; elles se rpandent par le mcanisme de ladiffusion dans la rgion suprieure des fossesnasales o se trouve la muqueuse olfactive. Unepremire question se pose:

    L'olfaction s'opre-t-elle en milieu liquide ?Autrement dit, les substances odorantes se dis-solvent-elles dans le mucus, comme l'admettentMiiller et Hipp. Cloquet? Une fois parvenues dansles fosses nasales, les molcules odorantes s'y r-pandent et en remplissent toute l'tendue avecd'autant plus de facilit qu'elles ont travers uneouverture plus troite pour entrer dans une ca-vit plus spacieuse, circonstance qui, selon toutesles lois de l'hydrodynamique, doit ralentir leurmouvement et les maintenir plus longtem ps encontact avec la membrane pituitaire. Alors, ellesse combinent avec le mucus dont les propritsphysiques paraissent telles, qu'il a une plusgrande affinit avec les molcules odorantesqu'avec l'air ; il les spare donc de ce fluide etles arrte sur la membrane o elles agissent sur

  • 24 L'OLFACTIONNORMALE.

    les nerfs olfactifs, qui transmettent au cerveaul'impression qu'ils en reoivent (1).

    Weber, respirant par les narines de l'eau ordi-naire parfume l'eau de Cologne, ne percevaitaucune odeur; mais Aronsohn, se servant commevhicule de la solution physiologique de chlorurede sodium 6 p. 1000 et 37 qui n'a pas,comme l'eau pure, une action nocive sur l'pi-thlium olfactif, a pu percevoir les odeurs etmme percevoir, l'tat de dissolution, l'odeurde certains sels qui passent pour inodores. Il enconclut que les substances odorantes se dissol-vent dans le mucus, avant d'im pressionner lescellules olfactives. Zwaardemaker objecte cetteexprience qu'il n'est pas prouv que le liquideintroduit dans les fosses nasales pntre abso-lument partout au del de la fente olfactive; qu'ilpeut rester vers la vote des fosses nasales desbulles d'air trs difficiles chasser de ses anfrac-tuosits, et que les vapeurs ou particules odorantess'y diffusent, de telle faon que l'olfaction ait lieuencore en milieu gazeux.

    Il est possible que certaines substances (Aron-sohn) ne soient perues qu'en solulion ; d'autrepart, il est vident que chez beaucoup d'animaux(les poissons) l'olfaction ne peut avoir lieu qu'enmilieu liquide; chez l'homme, il n'en est pasforcment de mme, et peut-tre le mucus n'a-t-ild'autre rle dans l'olfaction que de conserver enbon tat les prolongements dlicats des cellules deSchultze, en vue d'un parfaitf onctionnement et demaintenir les particules odorantes leur contact.

    (1)Hipp. CLOQUET,Osphrsiologie,chap.XVI.

  • ROLEDE L'APPAREILNERVEUXDEL'OLFACTION.25Il est incontestable que la prsence du mucusest ncessaire, et que la scheresse de la mu-queuse nuit l'odorat, comme le dmontrent lesfaits pathologiques et l'hyposmie due l'atro-pine, mais cela n'impose pas la conclusion quel'olfaction s'effectue exclusivement en milieuliquide. Chez l'homme, il est fort possible qu'elles'effectue soit en milieu liquide, soit en milieugazeux; le point important est le contact avec lesextrmits des cellules sensorielles, et il estinfiniment probable que, dans les conditions or-dinaires, il a lieu dans un milieu gazeux.

    Excitation des lments sensoriels. Voicidonc les particules odorantes apportes aucontact des lments sensoriels. Comment sel'ait leur excitation? Nous sommes en ralit trspeu renseigns sur le mcanisme intime de l'ol-faction. R. Dubois, tudiant l'action des substancesodorantes sur les tentacules de l'escargot, les atrouvs excessivement sensibles; ces tentaculescontiennent un appareil myopithlial dont l'exci-lation se traduit par une contraction qui, sontour, branle mcaniquement les terminaisonsnerveuses qui se rendent aux centres sensoriels .L'auteur rapproche cette interprtation de cellequ'il a donne du mcanisme sensoriel de lavision et de la gustation chez la pholade, et lagnralise en concluant que pour les sens sp-ciaux, l'excitation premire est une excitation m-canique, comme celle qui donne lieu aux sensa-tions du tact proprement dites . En fait, lesterminaisons sensorielles qu'on observe au boutdes tentacules sont constitues, commel'a dmontrFlemming, par un corps fusiforme dont l'extr-

  • 26 L'OLFACTIONNORMALE.

    mit externe est allonge et se termine par unpetit appendice bacilliforme, et dont l'extrmitinterne est relie des fibrilles nerveuses. Ce dis-positif anatomique rappelle donc absolumentcelui dcrit au prcdent chapitre dans l'appareilolfactif des vertbrs suprieurs.

    Existe-t-il dans le sens de l'odorat plusieursnergies spcifiques distinctes? C'est ce quisem ble rsulter des auto-observations de Rollett(l),pendant la convalescence d'une anosmie toxique.Les odeurs empyreumaliques (crosote, gaacol,goudron) ont t les premires perues, puis les

    odeurs capryliques (acide capronique, suint demouton); en troisime lieu les odeurs repous-santes et alliaces (scatol, mercaptan); en qua-trime lieu les odeurs thres, aromatiques etbalsamiques ; en dernier lieu le musc et l'opium.Cela laisse supposer que la rgion olfactive con-tient les terminaisons d'organes spcifiquementdiffrents.

    Quant au rle du pigment, qu'on trouve dansl'pithlium olfactif et qui lui donne une teintespciale, il n'est pas encore suffisamment connu.On sait seulement que l'odorat est souvent di-minu ou absent chez les animaux albinos, qu'ilest plus prononc chez les ngres que chez lesblancs, chez les animaux fortement pigments (2)que chez les animaux blancs, tel point que ceux-cis'empoisonneraient plus facilement. Althaus (3) a

    (1)ROLLEfT,Beitragzur PhysiologiedesGeruchs, des Gesch-macks,der Hautsinneund der Sinne illl allgenaeinen(Pfluger'sArchiv,t. LXXIV,p. 383).(2)OGLE,Medico-chirurgicalTransactions,t. LUI,p. 2G8.(3) ALTHAUS,Lancel,1881,p. 813.

  • ROLEDE L'APPAREILNERVEUXDE L'OLFACTION.27

    relat le cas d'un albinos chez qui l'odorat avaittoujours t trs faible et qui le perdit complte-ment soixante-trois ans. Ces faits sont intres-sants; mais nous ne pouvons prciser commentagit le pigment. La fonction normale est-elle lie la prsence du pigment dans les cellules olfac-tives, comme le veut Allhaus, ou bien l'absencedu pigment est-elle une consquence de la ces-sation de l'influx nerveux, comme le pense Ogle?Ce dernier auteur admettrait volontiers que le pig-ment sert l'absorption des substances odorantes.Zwaardemaker tient pour vraisemblable que lepigment jaune, analogue en cela au pigment rti-nien, servirait rparer la fatigue de l'appareilolfactif, rapidement puis par les excitations.

    puisement. L'odorat se fatigue avec uneextrme rapidit; c'est un fait connu de tout lemonde. 11 se fatigue infiniment plus vite que lesautres organes des sens. Une odeur un peu fortepuise les cellules nerveuses et les rend pour untemps inexcitables. Ainsi, d'aprs Aronsohn,pour la teinture d'iode, l'odorat est puis aubout de 4 minutes, pour le copahu au bout de3 4 minutes, le camphre 5 7, l'essencede trbenthine 5, la coumarine en solutiondans l'eau 2 p. 1000 au bout de 105 140 se-condes. Le mme auteur s'est demand combiende temps l'odorat devait se reposer pouravoir de nouveau une sensation : une per-sonne qui percevait la coumarine pendant140 secondes, aprs 3 minutes de repos, ne l'a

    plus perue que 120 secondes; malgr unnouveau repos de 3 minutes, l'odorat a tmouss au point que l'odeur n'a t perue

  • 28 L'OLFACTIONNORMALE.

    l'preuve suivante que 100 secondes; puis ladure de la perception odorante, malgr lespauses de 3 minutes, s'est successivementabaisse 65, 45, 25, 35, 20, 20, 15, 17, 10, 10,10, 8 et 8 secondes; ce qui montre bien que lerepos ne rparait pas compltement la fonction.

    L'puisement par une substance dtermineinlluence un moindre degr la perception desautres odeurs.

    Compensation des odeurs. Deux odeursimpressionnant simultanment la muqueuse ol-factive ne sont pas perues la fois, mais tou-jours sparment. L'une d'elles, la plus forte, estseule perue; si on la diminue progressivement,un moment arrive o l'odorat ne peroit ni l'une,ni l'autre : les deux impressions se sont rcipro-quement annihiles ; si on la diminue plus encore,l'autre odeur est seule perue. L'annihilation d'uneodeur par une autre est connue sous le nom decompensation des odeurs. On la met fort bien envidence en ajoutant deux olfactomtres bout bout, de telle sorte que le courant d'air inspirles traverse tous deux. Ainsi l'air traversant uncylindre de bois de cdre de 5rm,5 et un cylindrede caoutchouc de 10 centimtres ne donne lieu aucune odeur. Voici d'autres exemples emprunts Zwaardemaker, o aucune sensation n'est perue.

    Odeurvalueen centimtres de Volfactomclre.

    Benjoin. 5 1/2 et caoutchouc. 10Paraffine 8 1/2 et caoutchouc. 10Caoulchouc.. 10 et cil'e.,. 7Caoutchouc.. 10 et baume de tolu.. 7Cire 10 et baume de iolu.. 9Paraffine. 10 et cire. 5

  • ROLEDEL'APPAREILNERVKUXDEL'OLFACTION.29

    Mmes phnomnes, en employant l'acide ac-tique 2 p. 100 et l'ammoniaque 1 p. 100.

    Cette compensation n'est pas d'ordre chimique,elle est d'ordre physiologique : Zwaardemaker ledmontre avec son ollactomtre double qui intro-duit chracune des odeurs sparment dans une seulenarine. Elles restent ensuite spares par la cloi-son nasale; malgr cette sparation, la compen-sation se produit et de plus aprs l'exprience,chaque fosse nasale est nettement mousse pourl'odeur qui vient d'avoir t en contact avec elle,et dont elle aurait senti vivement l'impression sicette odeur avait agi seule et n'avait pas t neu-tralise par celle de l'autre ct .

    Variations suivant le sexe et l'ge. D'aprsBarley et Nichols, l'odorat est plus fin chezl'homme que chez la femme; d'aprs Ottolenghi,c'est l'inverse. Toulouseet Vaschide 4 ) reprenantla question parla mthode de l'eau camphre surles alins de l'asile deVillejuif, trouvent chez lafemme une sensibilit neuf fois plus grande. Demmela perceptibilit estsix fois plus grande,c'est--dire que chez les femmes l'odeur caractristiquedu camphre est perue avec des solutions six foisplus faibles que chez l'homme.

    Chez les enfants, d'aprs les mmes auteurs, lasensibilit augmenle jusqu' l'ge de six ans, puisdiminue progressivement, tandis que la percep-tivit continue s'accrotre avec l'ge.

    Variations individuelles. Parmi les sens, iln'en est pas de plus variable avec chaque individu;

    (1) TOULOUSEet Y.\Sr.HIDE,Mesure de l'odorat de l'hommeetdela femme (Sor. de biologie,13mai 1899).Mesurede l'odo-rat chez les enfants Soc. de biologie,1899).

  • 30 L'OLFACTIONNORMALE.

    l'odeur qui, pour certains, est un parfum, pourd'autres, est essentiellement dsagrable; ainsila valriane tait dans l'antiquit considrecomme un parfum et l'odeur de l'asa ftida esttrs apprcie des Persans.

    Mais ce n'est plus ici seulement une questiond'appareil sensoriel, la crbralit intervient etjoue le plus grand rle.

    Pour la mme raison et dans un ordre d'idesvoisin, il n'y a pas s'tonner que des individus odorat diminu soient crbralementdes olfactifs,comme c'tait le cas pourZola; de mme, on peuttre visuel ou peintre de talent avec une vue m-diocre, auditif avec une oue dfectueuse, puisabolie (Beethoven).

    Temps de raction. Le sens de l'odorat estd'une finesse extrme, puisqu'il peut dceler dansun milieu des traces impondrables et vraimentinfinitsimales de substance, par exemple1/23 000000 de milligramme de sulfhydrated'thyle par centimtre cube d'air (Fischer etPenzoldL); mais d'autre part, le tempsde ractionest plus long pour l'odorat que pour les autresorganes des sens. Alors que les impressions acous-

    tiques ou lumineuses demandent de seconde,

    les impressions olfactives demandent une ouplusieurs secondes (Buccola). D'aprs Reaunis, ildiminue pour les excitations plus intenses; parcontre, il augmente par la fatigue de l'organe etplus encore dans le coryza.

    Action sur l'organisme. Les odeurs agrablesaugmentent la force musculrlre, comme on peuts'en convaincre au dynamomtre ; les odeurs trop

  • ROLEDEL'APPAREILNERVEUXDEL'OLFACTION.31fortes ou dsagrables la diminuent, d'aprsGrazzi. Le mme auteur, soumettant une hyst-rique l'action prolonge du musc, a vu la forcemusculaire diminuer progressivement, puis lamalade tomber dans un sommeil lthargique ; lessensations olfactives, comme les sensations vi-suelles et auditives, agissent donc d'abord commeexcitants, puis, mesure que s'puise l'appareilsensoriel, finissent par conduire au sommeil lessujets prdisposs.

    Beyer (1), exprimentant sur le lapin, a vu les.odeurs balsamiques (violette, vanille) acclrer lesmouvements respiratoires, tandis que les odeursaromatiques (camphre, trbenthine, lavande,aldhyde salicylique) les ralentissaient, ainsi quel'asa ftida, l'ichtyol et l'acide capronique.

    Je parle ailleurs de la coexistence de l'anosmieavec l'impuissance gnitale des neurasthniques;enfin on a utilis les parfums pour le traitementde l'anaphrodisie (2).

    (1)BEYER,Athemreflexeauf Olfactoriusreiz(Arch. filr Phy-siologie,1901).(2)Sur l'olfactionnormilp, consulter, outre les travaux cits

    ci-dessus: CLOQUET,Osphresiologieou trait desodews, du senset des organesde l'olfaction. lie dition 1816,2edition 18*21. ZWAARDEJIAKER,DiePhysiologiedes Geruchs, Leipzig,1395(Engelmann,diteur); et Geruch (Ergebnissed,'TPhysiologiedeAsheretSpiro, Wiesbaden,1902).PASSY,Revuegnrale surles sensationsolfactives(Annepsychologique,1893).NIQUE,Contribution l'tude des anosmies.Thsede Lyon,1897.BIBARD,Contribution l'tude des troubles de l'odorat. Thsede Paris, 1897.GRAZZI,Sulla fisiopatologiadei nervi olfattivi(4Congressodella Societaitaliana di laringaloyin,di otologiaedirinologia. Roma,otlobre1899).

  • 32 MESUREDE L'ODORAT(OLFACTOMTHIE).

    IV. - MESURE DE L'ODORAT(OLFACTOMTRIE)

    Pour mesurer l'odorat, ou mme pour mettreson absence en vidence, il faut bien se garderd'employer des substances capables d'exciter letrijumeau, comme l'ammoniaque, l'ther, l'acideactique : elles mettent enjeu la sensibilit tactiledes fosses nasales et non uniquement leur sensi-bilit olfactive. Il faut donc employer des sub-stances odorantes non irritantes, par exem ple lemusc, la vanille, l'essence de roses.

    Il faut, de plus, lorsqu'on examine l'odoratdes deux cts, avoir soin de placer un tampond'ouate dans la narine non examine.

    On peut ainsi, rapidement, voir si l'odorat estconserv ou non. Sa mesure est plus dlicate; jevais indiquer rapidement les procds les plusemploys.

    FrhJich (1) approchait des narines un flaconcontenant une substance odorante, par exemplede l'essence de lavande, et notait quelle distancedu nez elle commenait tre perue : ainsil'essence de lavande tait perue environ 160 millimtres par un odorat normal; il ne faut

    pas que le sujet examiner s'approche du flacon,car celui-ci dgage uu nuage odorant, mais toutau contraire qu'on approche le flacon de sesnarines. Par cette mthode sommaire, on obtient

    (1)FRHLICII,SitzungsberichteDJR mathemaLischnaturwissen-schaftlichen Classe der kaiserlichen Acadeniieder Wissen-schaften, 1851.

  • MESUREDEL'ODORAT(OLFACTOMTRIE). 33

    COLLET.L'Odorat et ses troubles. 3

    des rsultats comparables entre eux, avec lesmmes substances.

    Fischer et Penzoldt (1) pulvrisaient dans unesalle de capacit connue une certaine quantit desubstance odorante et augmentaient la dose desubstance odorante jusqu' ce qu'elle ft perue; ce moment, on calculait la dilution de lasubstance odorante (d'aprs la quantit employeet les dimensions de la salle); ainsi le chloroph-nol est peru la dose de 1/230000 de milli-gramme par centimtre cube; c'est ce qu'onappelle le minimum perceptible d'une odeur.

    Silvelieff (2) fait respirer l'air passant dans unflacon deux tubulures qui contient une solutionodorante, et ajoute de l'eau jusqu' ce que l'odeurne soit plus perue; il calcule alors la dilutiondans l'eau de la substance odorante; cette mthodea l'inconvnient de commencer par les excitationsles plus fortes, et d'puiser par consquentl'nergie de l'appareil olfactif, de telle sorte quedes impressions faibles ne sont plus perues, alorsqu'elles l'auraient t parfaitement au dbut.

    La mthode de Passy (3) chappe ce reproche :1

    il prpare une srie de solutions titres ,1 1

    100, i 000, etc.,en dissolvant un gramme de

    matire odorante dans 9 grammes d'alcool, puisen mlangeant un gramme de cette premiresolution avec 9 grammes d'alcool et ainsi de suite.

    (1)FISCHERet PENZOLDT,BiologischesCentralblatt, 188G.(2)SAVELIEFF,Untersuchungender Geruchsinnesz. klinischen

    Zwecken(Neurotog.Centralblatt, 1893).(3)JACQUESPASSY,SOC.de biologie,30janvier 1892

  • 34 MESUREDEL'ODORATlOLFACTOMTRIE).Cela fait, on prlve une goutte de la derniredilution qu'on laisse tomber sur un petit godetlgrement chauff, dispos dans un flacon decapacit connue. On attend quelques instantspour permettre l'odeur de se diffuser; ondcouvre alors le flacon et le sujet prsente sonnez l'ouverture ; s'il ne peroit rien, on rptel'exprience avec une solution plus concentre eton continue ainsi jusqu' ce que la perceptionapparaisse .

    Ed. Toulouse (1) mesure l'odorat avec dessolutions de camphre dans l'eau, partant d'unesolution mre 1 p. 1 000 et comprenant : 1 dessolutions de dix en dix fois plus dilues; 2 dessolutions intermdiaires.Chaque solution est verse la dose de 40 ou

    15 centimtres cubes dans un flacon ayant uneembouchure de 17 millimtres, qu'on doit renou-veler tous les 8 jours. Le sujet examin doitdcider, en partant des solutions les plus ten-dues, quel flacon se distingue nettement d'unflacon d'eau distille : on a alors le minimum desensation. Le minimum de perception est ob-tenu lorsqu'il accuse l'odeur caractristique ducam phre.

    Grazzi se sert d'un carr de papier buvardimprgn de dix gouttes d'acide benzoque dans

    1l'alcool, dans la proportion de g. 11

    recouvre ce

    carr d'une srie de dix cartons superposs, per-cs d'un trou central variant de 5 50 milli-

    (1)TOULOUSE,Mesurede l'odorat par l'eau camphre (Soc.debiologie,13mai 1899).SAINT-MAURICE,De la mthode de l'eaucamphrepour la mesure del'odorat. Thsede Paris, 1900.

  • MESUREDEL'ODORAT(OLFACTOMTRIE). 35

    mtres; sur le dernier carton (perc d'un trou de5 millimtres), on pose un entonnoir en verre de10 centimtres de long dont le bout s'adapte la narine du sujet examiner. On lui recom-mande de flairer. Peroit-il rdeur du benjoin,son odorat est normal; s'il est mouss, on retireun un les cartons dont les trous sont de plus enplus larges jusqu' ce que l'odeur soit perue.

    Le procd le plus pratique pour la mesure de

    Fig. 3. Olfactomtrede Zwauidemaker.1,tubedeverregradu;2,cylindreodorant;3,cran;4, manche.

    l'acuit olfactive est celui de Zwaardemaker (fig. 3).Son olfactomtre se compose en principe de deuxtubes glissant l'un dans l'autre frottement doux.L'un d'eux, le tube externe, est en porcelaineporeuse qu'on imbibe d'une solution odorante;le tubeinterne, qui glisse dans celui-ci, est un tubede verre gradu, dont une extrmit, recourbe,peut s'introduire dans la partie antrieure de lanarine examiner, tout au contact du lobule dunez, son autre extrmit ne dpassant pas celledu tube de porcelaine. Dans ces conditions, il est

  • 36 MESUREDE L'ODORAT(OLFACTOMTRIE).ais de comprendre que l'air inspir ne traverseque le tube de verre et ne peut donner lieu au-cune sensation odorante : l'olfactomtre est auzro.

    Au contraire, vient-on loigner progressive-ment, retirer le tube de porcelaine, l'air inspirdevra en traverser un segment avant de pntrerdans le tube en verre et donnera lieu une sen-sation odorante d'autant plus forte qu'on le reti-rera davantage, puisque le segment parcouru seraplus long.

    Pour mesurer l'acuit olfactive d'un individu,on place le tube de verre dans la partie ant-

    Fig. 4. Olfactollltre liquide.1, lubede verregradu;2, cylindreporeuximbibpar3 le liquideodorant

    entourd'unmanchondeverre.

    rieure (1) d'une de ses narines et on lui recom-mande de flairer. On retire alors le cylindreporeux, progressivement, jusqu' ce qu'il accuseune sensation odorante; il ne reste ce moment

    qu' noter sur les divisions du tube de verre la

    (O ILfaut prendre cette prcaution parce que le courant d'airpassant par la partie antrieure de la narine se dirige vers lafente olfactive, celui de la partie postrieure suivant plutt leplancher de la fosse nasale (voy. chapitre III).

  • MESUREDEL'ODORAT(OLFACTOMTRIE). 37

    longueur obtenue, qu'on peut comparer celleobtenue une fois pour toutes chez un individunormal. Rien n'est plus facile, pour les besoins dela clinique, que de renfermer le tube poreux dansun manchon de verre, de faon qu'il soit toujoursbaign par le liquide odorant (fig. 4). Ce liquidepeut varier l'infini : eau de laurier-cerise,solution d'essence d'amandes amres, etc. Lessolutions glycrines ont l'avantage de ne pass'vaporer. On peut aussi remplacer le tubeporeux par un tube de substance solide odo-rante par elle-mme : bois de cdre, cuir deRussie, paraffine, caoutchouc, cire jaune, boisde palissandre, etc. L'appareil primitif taitainsi construit (1888); plus tard l'auteur a em-ploy la porcelaine poreuse imbibe d'une so-lution aqueuse (1890), glycrine (1895), paraf-fine (1896).

    L'appareil est port sur un pied et dispos detelle sorte qu'on peut, au moyen d'une vis, d-placer lentement le tube odorant sur le tube deverre rest immobile et lire sur une chelle gra-due en millimtres la longueur dont il a tdplac.

    On peut enfin y adapter un appareil destin enregistrer la quantit d'air qui a travers letube, car il est vident que la sensation odorantesera d'autant mieux perue qu'il arrivera dansles fosses nasales plus d'air charg de molculesodorantes; toutefois en pratique on peut se dis-

    penser de ce perfectionnement, en recomman-dant toujours au sujet examiner de faire uneinspiration ordinaire.

    Sur le mme principe a t construit un olfac-

  • 38 MESUREDE L'ODORAT(OLFACTOMTRIE).tomtre double, dont chaque tube est en rapportavec une seule narine, pour tudier la compensa-tion des odeurs.Il est donc possible, avec l'olfactomtre de

    Zwaardemaker, de dterminer pour une sried'individus normaux le minimum perceptibled'une matire odorante dtermine, exprimeen millimtres de longueur du tube olfactom-trique.

    Cet auteur examinant trente-quatre soldats dontles taches olfactives, symtriques, indiquaientune parfaite permabilit des fosses nasales etchez lesquels la rhinoscopie ne montrait riend'anormal, a constat que la sensation odorantela plus faible, provoque par une inspiration uni-que et d'une dure ordinaire, correspondait, enmoyenne, sur l'olfactomtre en caoutchouc, 7 millimtres de longueur ; c'est--dire que lesegment de cylindre odorant laiss dcouvertpar le cylindre de verre et travers par le courantd'air inspir tait d'une longueur de 7 milli-mtres.

    Zwaardemaker a donn ce minimum per-ceptible normal le nom d'olfactie] l'olfactie de-vient ainsi l'unit de mesure physiologique dupouvoir odorant.

    La longueur de cylindre odorant correspondant une olfactie varie naturellement avec chaquesubstance.

    Voici, d'aprs Zwaardemaker (1), la grandeurd'une olfactie exprime en millimtres de l'olfac-tomtre.

    (1)ZWAARDEMAKER,Physiologiedes Geruchs, p. 167.

  • MESUREDEL'ODORAT(OLFACTOMTRIE). 3910G. 15C.

    En bois de cdre. 38 20En cuir de Russie. 25 10En paraffine. 20 10Enrsine de benjoin 15 10En caoutchouc. ., 10 7En bois de palissandre. 3En cire jaune. 4 2,5En savon de glycrine. 6 2En beurre de cacao. 2 1En baume de tolu., 1 1

    On peut mme graduer les olfactomtres de cesdiverses substances (ou des olfactomtres en terreporeuse imbibs de liquide) non plus en milli-mtres, mais en olfacties. Les chiffres obtenusavec diffrentes substances sont alors, sans au-cun calcul pralable, comparables entre eux.

    Du mme coup une fraction exprime l'acuitolfactive du sujet examin. Ainsi un sujet quin'aura de sensation odorante qu'avec 10 centi-mtres d'un olfactomtre en gomme ammoniaque,dont le centimtre quivaut 25 olfacties, nesera impressionn que par 250 olfacties: son

    1acuit olfactive sera de 2;0.

    Pour les besoins de la clinique, il n'est pas in-dispensable d'avoir de nombreux olfactomtres.

    Reuter (1) conseille, dans ce but, la srie sui-vante :

    Ulfactomlre en caoutchouc, dont 10 centimtres cor-respondent 10 olfaclies.Olfactomtre en gomme ammoniaque et gutta-percha

    (1)REUTER.EssentielleAnosmie (Archiv fur Laryngologie,t. IX, fase. 3, p. 5 du tirage part, en note).

  • 40 L'ANOSMIEEN GNRAL.

    parties gales, dont 10 centimtres correspondent 250ol-facties.Olfactomlre en asa ftida 50 p. 100, dont 10 centi-

    mtres correspondent 1000olfacties.Olfactomtre en ichtyol 50p. 100, dont 10 centimtres

    correspondent 5000 olfacties.

    J'ajouterai en terminant qu3 Zwaardemaker aimagin un olfactomtre destin mesurer l'odo-rat gustatif, c'est--dire l'odorat qui est un deslments du got et qui consiste dans la percep-tion des manations odorantes passant du pharynxdans le nez aprs la dglutition.

    Cet olfactomtre gustatif (gustatorischerRiechmes$er) a son tube de verre beaucoup pluslong que celui de l'olfactomtre ordinaire et sonextrmit coude est introduite, par la bouche,derrire le voile du palais.

    L'observateur, avec la bouche ou une soufflerie,fait passer un peu d'air l'autre extrmit del'appareil et cet air arrive dans le pharynx aprsavoir travers une longueur dtermine du cylin-dre odorant; du pharynx, il est projet dans le nezpar un lger mouvement expiratoire. On faitglisser le tube de verre dans le cylindre jusqu'ce que le sujet examin accuse une sensationodorante.

    v. - L'ANOSMIE EN GNRAL

    L'anosmie est la privation de l'odorat. Il con-vient de rserver la dnomination d'hyposmieaux cas o l'odorat est simplement diminu sanstre totalement aboli.

  • L'ANOSMIEEN GNRAL. 411 Troubles du got. L'importance de

    l'anosmie est beaucoup augmente par les troublesdu got qui l'accompagnent. Les sensationsgustatives proprement dites, perues et transmisespar les extrmits des nerfs lingual et glosso-pharyngien, sont en effet d'une simplicit extrme :elles se ramnent quelques sensations fondamen-tales. Ces sensations sont compltes par lessensations olfactives, c'est--dire pas les mana-tions qui, travers les orifices postrieurs desfosses nasales, vont impressionner la muqueuseolfactive.

    Lorsqu'on dguste un vin, une liqueur, un ali-ment, il y a d'abord une impression exerce surles papilles linguales et sur les nerfs du got parles substances sapides qui se dissolvent dans leliquide buccal: c'est la sensation gustative pro-prement dite. En mme temps se dgagent desparticules odorantes qui pntrent dans les fossesnasales, soit par les narines, soit surtout par leschoanes, et s'lvent vers la fente olfactive. Toutobstacle au passage de l'air dans les fosses na-sales, tout obstacle la communication entre lepharynx buccal et les fosses nasales, toute caused'anosmie, ne permettra donc qu'une gustationimparfaite.

    Pour s'en convaincre, il suffit de dguster unaliment en se pinant tenez: on ne peroit alorsque les saveurs lmentaires, douces, sales,amres, acides, astringentes, mais on ne peroitpas les armes, le fumet. On ne peut dire que legot est une annexe de l'odorat, mais srementle got n'est que la rsultante de sensations olfac-tives et de sensations gustatives proprement

  • 42 L'ANOSMIEEN GNRAL.

    dites: la plupart des sensations dites gustativesrelvent de l'odorat. C'est ce que montre biencette observation de Jashow (1), relative unjeune homme de vingt et un ans, atteint d'anos-mie congnitale (et dont la mre elle-mme avaitperdu l'odorat vers treize ou quatorze ans). Il nefaisait aucune diffrence entre le th, le caf oul'eau chaude, et prenait celle-ci comme boissonfavorite, sucre et mlange du lait. L'therne se distinguait de l'eau que par une sorte depicotement en passant dans la gorge. Tous lessirops de fruits taient confondus et simplementreconnus comme doux; la moutarde piquait lalangue, impossible distinguer du poivre.

    Souvent c'est de leurs troubles gustatifs que lesmalades se plaignent, plus encore que de la pertede l'odorat. Enfin, la longue, on voit, dans quel-ques cas, le sens du got proprement dit s'mous-ser et se perdre son tour.

    2 Troubles de la sensibilit tactile de la mu-queuse nasale. L'anosmie s'accompagne assezsouvent d'une diminution de la sensibilit tactilede la muqueuse. Moure fait remarquer que lesanosmiques ternuent moins facilement qu'l'tat normal et s'enrhument peut-tre moins ducerveau que les personnes qui ont un odorat par-faitement sain .

    La diminution de la sensibilit de la pituilairen'a rien de surprenant, bien que le nerf olfactifne soit pas le nerf sensible de cette muqueuse.Les causes diverses qui produisent l'anosmie,vapeurs ou poussires irritantes, coryzas aigus

    (1)JASHOW,AmericanJournalof PsychoLogy,1892.

  • L'ANOSMIEEN GNRAL. 43

    et chroniques, etc.. agissent, en effet, sur lesterminaisons du trijumeau en mme temps quesur le nerf olfactif; seulement le premier de cesnerfs ne souffre que dans ses arborisations ter-minales (le corps cellulaire du neurone tantsitu bien loin de l dans le ganglion de Gasser) :voil pourquoi il n'y a qu'une simple diminutionde la sensibilit au contact; le nerf olfactif, aucontraire, souffre dans ses cellules d'origine, in-cluses dans la muqueuse elle-mme, voil pourquoiil y a une anosmie complte et souvent dfinitive.

    3 Troubles de l'oue. Il est frquent deconstater une diminution de l'odorat dans lesmaladies de l'oreille. Aprs Gradenigo et Hahn,j'ai tudi cette question (1).

    La diminution du pouvoir olfactif est trs fr-quente, mais fort ingale quant son degr. Ilest tout fait exceptionnel de rencontrer unevritable anosmie, beaucoup plus souvent il n'ya qu'une simple hyposmie; dans nombre de cas,elle n'est mme que lgre.

    C'est dans les otites moyennes suppures, ouchez les malades porteurs de cicatrices ou deplaques d'infiltration calcaire du tympan, que ladiminution de l'olfaction tait le moins prononce.Dans plusieurs cas de ce genre, nous avons trouv

    - l'odorat normal et mme dans l'un d'eux unehyperosmie trs nette. Il est d'ailleurs difficiled'expliquer le rapport qui peut exister entre lessuppurations de l'oreille moyenne et les troublesde l'olfaction. La chose est toutefois possible, sil'on remarque que les troubles de l'olfaction ne

    fl) COLLET,Lyunmdical, n 6, 1897.La thse de mon lveNique(Lyon, 1897)contient une trentaine d'observations.

  • 44 L'ANOSMIEEN GNHAL.

    font que traduire un tat anormal de la mu-queuse nasale souvent constatable l'examendirect au spculum, et que cette atrophie par-tielle entrane le plus habituellement des troublesde la scrtion du mucus nasal dont le pouvoirbactricide a t dmontr par les recherchesexprimentales de MM. Lermoyez et Wurtz. L'o-reille moyenne s'infecte par la trompe, c'est--dire par les fosses nasales et le pharynx nasal. Unmucus scrt en faible quantit sera incapablede remplir vis--vis des microbes pathognes lerle de dfense qu'il remplit l'tat normal.

    Enfin beaucoup d'otites suppures sont cons-cutives un coryza aigu, grippal par exemple,qui a pu s'tendre jusqu' la muqueuse olfactiveet y laisser des lsions dfinitives.

    Dans la sclrose de l'oreille moyenne, avec ousans participation de l'oreille interne, les troublesde l'olfaction nots ont t presque constants, etbeaucoup plus intenses. Dans un certain nombrede cas, on constatait des lsions de la muqueusenasale, rhinite atrophique ou hypertrophique,qui ne sont pas pour surprendre, car on saitcombien de telles lsions sont frquentes au coursdes affections chroniques de l'oreille. La plupartde ces dernirps ne sont que l'tat ultime d'unprocessus qui a dbut par la muqueuse nasaleet s'est poursuivi jusqu', la trompe et de l lacaisse du tympan. On comprend aussi qu'unerhinite hypertrophique par suite de la tumfac-tion du cornet moyen, peut obturer plus ou moinscompltement la fente olfactive et rendre, parconsquent, plus difficile l'accs des particulesodorantes vers l'pithlium sensoriel qui tapisse la

  • L'ANOSMIEEN GNRAL. 45

    partie la plus leve des fosses nasales au niveaudu mat suprieur et de la partie de la cloisonqui lui fait face. Dans d'autres cas, et mes re-cherches concordent sur ce point avec celles deGradenigo, il n'y a pas de lsions nasales appr-ciables. Cetauteur en conclut cependant que l'otitea driv dans bien des cas d'une lsion nasalepassagre dont on ne peut retrouver la trace, et ilattribue prcisment dans ces cas une grandevaleur l'examen olfactomtrique, la diminutionde l'olfaction constituant pour lui la preuve del'origine nasale de l'affection auriculaire : l'exa-men fonctionnel est ici, comme cela s'observed'ailleurs frquemment en pathologie, suprieuren dlicatesse l'examen objectif.

    Enfin dans quelques cas, je crois que lsionsnasales et lsions auriculaires peuvent n'tre quedes localisations diffrentes d'un mme proces-sus de sclrose et d'atrophie, et il n'est pas im-possible qu'elles soient l'expression d'un troubletrophique.

    En rsum, la coexistence de l'hyposmie et dela surdit s'observe presque uniquement dansl'otite sclreuse et beaucoup plus rarement dansles otites suppures : il y a ordinairement deslsions de la muqueuse nasale, d'autres fois larhinoscopie ne montre rien d'apprciable.

  • 46 VARITSTIOLOGIQUESDE L'ANOSMIE.

    VI. VARITS TIOLOGIQUESDE L'ANOSMIE.

    1. - ANOSMIECONGNITALE.

    Les cas d'anosmie congnitale sont, au dire desphysiologistes, excessivement rares, et cependantnombreux sont les malades atteints d'anosmie quiaffirment n'avoir jamais mieux senti.

    Il ne faut pas se hter de conclure un rap-port constant entre l'anosmie congnitale et l'ab-sence des nerfs ou des centres olfactifs; en effet,d'une part: 1 il y a des cas bien connus d'ab-sence des nerfs olfactifs avec conservation del'odorat; 2 l'anosmie congnitale peut recon-natre une tout autre cause, par exemple des l-sions dela muq ueuse nasale; j'ajouterai mme quel'anosmie peut n'tre congnitale qu'en apparence.

    1 Anomalies de l'appareil nerveux. Placzek(l)a publi l'observaLion d'une femme de soixanteans qui n'avait jamais senti les odeurs. Elle pr-sentait une anomalie de dveloppement de lacorne d'Ammon, peut-tre avec atrophie des trac-tus olfactifs.

    Rosenmuller, CerutLi, Presst (2), et quelquesautres ont constat l'absence des bandelettes et desbulbes olfactifs, concidant avec l'absence du sensde l'odorat.

    (1)PLACZEK,AngeboreneabsolutedoppelseitigeAnosmie.Bevli-ner klinischeWochenschrift,1899.(2)PRESSAT,Obs. d'un cas d'absence du nerf olfactif. Thse

    deParis, 1837.

  • ANOSMIECONGNITALE. 47Kundrat a spcialement tudi ces cas d'arhi-

    nencphalie; d'aprs Zwaardemaker, on en ren-contrerait plus souvent des formes attnuesreconnaissables leur vote palatine ogivale, leur cloison nasale courte, leur front troit, cedernier s'expliquant aSiSez bien par un dvelop-pement incomplet de la lame crible de l'eth-mode qui donne normalement passage aux nom-breux filets du nerf olfactif.

    Dans quelques cas, l'absence des nerfs olfactifsconcidait avec la conservation de l'odorat, commedans l'observation clbre rapporte par ClaudeBernard. Le Bec (1), Testut ont observ des casanalogues.

    Ces observations ngatives ne doivent en au-cune faon dpossder le nerf olfactif de safonction sensorielle. L'exprience de Magendiequi fit respirer de l'ammoniaque un chien aprssection des nerfs olfactifs, et constata qu'il ra-gissait, ne prouve pas davantage que le triju-meau soit un nerf de l'odorat; dans ce derniercas, la pituitaire tait simplement irrite par lesvapeurs ammoniacales; il ne s'agissait pas d'unesensation olfactive, mais d'une sensation tactile.En olfactomtrie, on s'exposerait de frquenteserreurs, si on se servait pour cette exploration desubstances odorantes irritantes.

    Quant aux observations d'absence des bulbesolfactifs concidant avec la conservation de l'odo-rat, elles doivent tre considres comme desanomalies tout fait exceptionnelles : dans cecas, les cellules olfactives et les filets qui en

    - (1)LEBEC,Bull,de la Soc.de biol., 1883.

  • 48 VARITSTIOLOGIQUESDE L'ANOSMIE.

    manent existent bien dans la muqueuse, ainsique Duval (1) a pu s'en assurer dans le cas deLe Bec. Il est donc probable qu'elles empruntentpour se rendre au cerveau une voie dtourne(peut-tre celle du trijumeau?). Testut pense qu'unetelle supplance peut s'effectuer dans des condi-tions excep tionnelles.

    2 Altrations de la muqueuse nasale. Largion olfactive est remarquable par sa pigmen-tation : ce pigment est certainement indispensableau bon fonctionnement de l'odorat. Ogle (2) amontr que d'une faon gnrale l'odorat taitplus dvelopp chez les ngres que chez les blancs ;il cite galement des faits intressants qui sem-blent montrer que les animaux blancs sententmoins bien que les noirs, et sont, de ce chef, plusexposs s'empoisonner par divers vgtauxtoxiques.

    Althaus (3) a observ un albinos chez quil'odorat avait toujours t trs faible et qui finitpar le perdre compltement l'ge de soixante-trois ans.

    Ce rle de la pigmentation mrite certainementde nouvelles recherches, mais il est incontes-table que des altrations acquises de la muqueusepeuvent tre souvent la cause d'anosmies enapparence congnitales : une maladie infectieusedu jeune ge, la grippe, la diphtrie, un coryzaaigu, violent et prolong, une rhinite chroniquepeuvent amener, dans les premires annes de lavie, la destruction des cellules olfactives dans la

    (t) M.DUVAL;:Bull.de la Soc. d'anth'opol., 188T.(2)OGLE,Med.chir. Transact., t. LUI, p. '268.(3)ALTHAUS,Lancet, 1881.

  • ANOSMIESNILE. 49

    COLLET.L'Odoratet ses troubles. 4

    pituitaire, et de tels faits en imposent pour uneanosmie congnitale.

    La constatation de synchies entre le cornetmoyen et la cloison, ou d'une diminution de lasensibilit tactile dela muqueuse s'expliquant parune moindre atteinte des terminaisons du triju-meau, peut permettre quelquefois, dans ces cas,de remonter la vritable cause de l'anosmie(Jacques) (1).

    Enfin une anosmie en apparence congnitaleest d'autres fois imputable un traumatisme sur-venu pendant les premires annes de la vie.

    3 Anosmie hrditaire. Je ferai les mmesrserves au sujet de l'anosmie hrditaire quipeut tre conscutive des altrations grossiresde la muqueuse olfactive. Un jeune homme quej'observe en ce moment a une absence compltede l'odorat: sa mre n'a jamais senti les odeurs ;mais il est venu me consulter pour des pistaxis rptition symptomatiques d'une rhinite sche(sans ozne). Je crois qu'ici comme ailleurs le rledu systme nerveux, que je ne nie certes pas,doit tre considrablement rduit, et qu'on n'estautoris l'admettre qu'aprs un examen minu-tieux des fosses nasales, liminant les altrationsgrossires de la muqueuse.

    2. - ANOSMIESNILE.

    Chez les vieillards, on observe une diminutionconsidrable, ou mme une abolition complte del'odorat laquelle on ne peut assigner une cause

    (1)JACQUES,Discussionde mon rapport sur l'anosmie laSocitfranaise de laryngologie,1899.

  • 50 VARITSTIOLOGIQUESDE L'ANOSMIE.

    prcise. Elle est, d'aprs Zwaardemaker (1), gn-ralement prcde de sensations subjectives tropvagues pour produire des hallucinations, maistrs persistantes : odeurs de pharmacie, de brl,de scatol, etc.

    De plus, les malades se plaignent quelquefois dela persistance des odeurs qu'ils viennent de sen-tir: ils garderont ainsi pendant des heures l'odeurdes aliments ou des boissons; c'est ce que je viensd'observer chez unhomme desoixante-quinzeans.

    Depuis le mmoire de Prvost (2), on attribuegnralement l'anosmie snile l'atrophie desnerfs olfactifs. Dans la vieillesse, dit-il, et surtoutdans les cas o le sens de l'odorat est obtus, les nerfsolfactifs deviennent grles, demi-transparents, gri-stres. Le bulbe olfactif diminue de volume et neremplit plus la gouttire de l'ethmode.

    L'examen microscopique nous montre chezl'adulte, dans le pdoncule, une grande richessede tubes nerveux; on y retrouve, il est vrai, descorpuscules amylodes, mais en petit nombre etdissmins. Quand les nerfs sont demi-transpa-rents, les fibres nerveuses sont rares et manquentmme compltement dans certains points. Il y a,en outre, une trs grande accumulation de corpsamylodes runis en groupe, serrs les uns contreles autres et abondants, surtout dans les partieso les fibres nerveuses font dfaut, et cette alt-ration concide avec l'ge des sujets et surtoutavec la diminution plus ou moins grande du sensde l'odorat.

    (1)ZWAARDEMAKKR.Phvsiol. des Geruchs,D.157.(2)J.-L. PRVOST;Atrophiedes nerfs olfactifs chez les vieil-

    lards (Gaz.-md.de ra?'is, 18G6).

  • ANOSMIEDE LAMNOPAUSE. 51

    Ces constatations anatomiques sont trs int-ressantes et il est regretter que l'tude de toutesles varits d'anosmies ne soit pas enrichie dedocuments anatomo-pathologiques de cette sorte ;seulement ces altrations nerveuses sont-ellesprimitives ? La dgnrescence des fibres ner-veuses n'est-elle pas conscutive celle des cel-lules de Schultze qui reprsentent, en ralit, lecorps du premier neurone olfactif, et qui sontsitues dans la muqueuse ? Il est fort possible quecette muqueuse soit, de par la snilit, frapped'un processus de sclrose, analogue celui quifrappe, chez les vieillards, la peau, l'oreillemoyenne, etc.

    Il y aurait quelque intrt faire pour la mu-queuse olfactive ce que Prvost a fait pour lesbulbes et les bandelettes, voir, en un mot, sil'examen histologique confirme l'hypothse ci-dessus.

    3. ANOSMIEDE LA MENOPAUSE.

    La mnopause s'accom pagne quelquefois d'anos-mie; il faudrait savoir si, dans les cas de ce genre,l'odorat tait intact auparavant et s'il n'y avaitabsolument aucune lsion nasale ; on sait com-bien la mnopause active la marche de la sclrosede l'oreille moyenne.

    Faut-il, enfin, dcrire sous ce titre l'anosmieconstate dans cette singulire observation deGottschalk (1) ? Une femme de trente-six ans su-bit l'ablation des deux ovaires pour un mymeintraligamenteux : surviennent alors, avec la

    (1)GOTTSCHALK,Deuts.med.Wochenschrift,n 26,1891.

  • 52 VARITSTIOLOGIQUESDE L'ANOSMIE.

    mnopause, des maux de tte, de l'insomnie, desdouleurs musculaires, des congestions diverses;les cheveux tombent, et survient une anosmiecomplte sans lsions nasales.

    Ficano (ciL par Grazzi) a vu l'odorat disparatregraduellement aprs de grands dsordres mens-truels.

    4. ANOSMIEDANSLES MALADIESDES FOSSESNASALES.

    Les mmes dispositions anatomiques qui rendentmoins accessible aux influences extrieures lamuqueuse olfactive, sont aussi des causes d'anos-mie respiratoire, puisqu'elles s'opposent au librepassage de l'air inspir, charg de particules odo-rantes, et peuvent mme l'empcher totalement.

    1 Diminution de la fente olfactive. La lar-geur de la fente olfactive, mesure sur le cadavre,est, d'aprs Braune et Clasen, de 2 millimtres. Cechiffre ne nous renseigne qu'approximativementsur ses dimensions pendant la vie: il faut tenircompte, en effet, de la vascularisation de la mu-queuse du cornet moyen. Les vaisseaux de lamuqueuse nasale sont sujets des alternativestrs frquentes de resserrement et de dilatation,mais ici ces modifications vaso-motrices doivents'oprer avec une intensit particulire, car ilexiste, ainsi que l'a vu Zuckerkandl, sur le bordlibre du cornet moyen, un tissu caverneux, rap-pelant celui qui double la muqueuse des cornetsinfrieurs. Lorsque les lacunes qui le constituentsont gorges de sang, sous l'influence d'une con-gestion purement passive ou d'une congestionvaso-motrice, ce tissu caverneux peut, par son

  • ANOSMIEDANSLES MALADIESDESFOSSESNASALES. 53

    rection, obstruer compltement, ou peu prs,la. fente olfactive. Lorsque pareille rection seproduit, sous l'influence de causes diverses, duct du cornet infrieur, et entrane l'occlusion dela fosse nasale correspondante, elle ne peut pas-ser inaperue cause de la gne qui en rsulte ;il n'en est plus de mme lorsque la turgescencese limite au bord libre du cornet moyen; beau-coup de cas d'anosmie instantane et transitoire,comme celle qu'on a vue parfois succder unedouche froide, doivent reconnatre ce mcanisme.

    Mme sans tenir compte de ces variations ex-trmes, il est incontestable que la fente olfactive,du seul fait de la circulation normale, doit treplus troite sur le vivant que sur le cadavre.D'ailleurs, lorsqu'en pratiquant l'examen rhino-scopique on inspecte systmatiquement la rgionde la fente olfactive, on peut se rendre compteque ses dimensions prsentent les plus grandesvariations individuelles dans des circonstancesqu'on pourrait appeler physiologiques. Tanttle cornet touche la cloison dans toute sa partiemoyenne et la fente est rduite sa partie ant-rieure et postrieure, tantt, au contraire, elleest remarquablement agrandie. On conoit de cechef une cause d'anosmie. La transformation pneumatique du cornet

    moyen, la dgnrescence polypode de la mu-queuse, son hypertrophie comme on l'observefrquemment dans l'ozne, peuvent tre autantde causes d'anosmie.

    Mais le cornet moyen n'est pas seul en cause.Les dviations de la cloison jouent certainementun rle plus important : il est trs remarquable

  • 54 VARITSTIOLOGIQUESDEL'ANOSMIE.

    que souvent l'anosmie existe au maximum duct o la fosse nasale parat le plus large, et cecis'explique bien par la disposition sigmode d'ungrand nombre de dviations. La boucle infrieurede l'S agrandit considrablement le mat infrieuret mme le mat moyen correspondant, tel pointque le regard pntre jusqu'au pharynx et que lecourant d'air inspiratoire passe librement ; leschoses se passent diffremment dans l'tage sup-rieur des fosses nasales o la cloison incurvevient au contact du cornet moyen. J'ai vu, aumoins dans deux cas, des personnes encore jeunesprsenter un paississement bilatral de la cloisondans sa partie moyenne, qui me paraissait suppri-mer compltement les deux fentes olfactives :l'anosmie tait absolue.

    2 Obstacle au passage de l'air inspir. Ind-pendamment des anosmies qui tiennent au rtr-cissement de la fente olfactive, les autres anosmiesmcaniques, auxquelles on devrait rserver le nomde respiratoires, jouent un rle important.

    L'h.ypertrophie des cornets infrieurs joue unrle dans l'anosmie, mais seulement de faibledegr; l'air inspir passe en effet surtout dans lemat moyen, il passe donc au-dessus de l'obstacleet non entre lui et la cloison; nous avons vu quela permabilit de l'tage infrieur des fosses na-sales importe peu pour l'intgrit de l'olfaction.Les masses normes qu'on aperoit la rhino-scopie postrieure en cas d'hypertrophie delaqueuedes cornets gnent donc la respiration beaucoupplus que l'olfaction qui n'est intresse que secon-dairement. Toutefois lorsque l'occlusion de lanarine devient complte, comme cela s'observe

  • ANOSMIEDANSLES MALADIESDESFOSSESNASALES.55

    divers moments -de la journe, quand le maladebaisse la tte, pendant la digestion, pendant lanuit, etc., il est bien vident que l'olfaction estsupprime du mme coup: c'est une varitd'anosmie intermittente.

    Les perons de la cloison n'ont pas grande im-portance: un paississement situ au voisinagedu plancher de la fosse nasale augmente mmel'odorat, en dirigeant le courant d'air inspiratoirevers la fente olfactive.

    Les dviations en masse de la cloison diminuent,au contraire, beaucoup l'acuit de l'odorat. L'hy-posmie est habituellement unilatrale.

    Les polypes du nez constituent encore une va-rit d'anosmie respiratoire, plus complexe cepen-dant : il ne s'agit, plus d'une anosmie respiratoiredans toute sa puret ; les polypes indiquent unedgnrescence de la muqueuse qui, mme dansl'intervalle des parties qui leur donnent naissance,ne peut pas tre considre comme absolumentsaine; il est possible que la muqueuse olfactiveelle-mme prsente des altrations encore malconnues qui, en tout cas, ne sauraient tre acces-sibles l'examen rhinoscopique, puisqu'ellechappe toute investigation sur le vivant (1).

    Le rtrcissement des narines par un lupus oupar une rtraction cicatricielle quelconque estune cause d'anosmie qui n'a pas besoin d'expli-cation.

    3 Perte de l'auvent nasal. L'ablation dunez, la perte de L'auvent nasal par traumatisme oupar suite d'un processus pathologique produit(1) REUTEH,Essentielle Anosmie. Arch,fur Laryngologie,

    BdIX,Heft3.

  • 56 VARITSTIOLOGIQUESDEL'ANOSMIE.

    galement l'anosmie. Notta (1) l'expliquait parl'action trop immdiate de l'air inspir sur lamuq ueuse nasale et par la scheresse ou les trou-bles de la scrtion du mucus qui en rsultent.Cette interprtation n'est pas rejeter, mais ilfaut accorder sans doute un rle plus important la direction vicieuse du courant d'air inspir.Normalement l'aggel' nasi dirige l'air vers la fenteolfactive (Fick); admettons mme au besoin quecette petite saillie, rudiment, d'aprs Zuckerkandlet Schwalbe, du premier des cinq cornets desmammifres, soit le plus souvent trop peu volu-mineuse pour exercer un rle quelconque, il n'enest pas moins vrai que les narines modifient pro-fondment la direction du courant d'air inspir :elles sont situes dans un plan peu prs hori-zontal, et la colonne d'air qui les traverse, aussittaspire en arrire ds qu'elle les a franchies,prend alors une direction curviligne convexitdirige en avant et en haut, comme on s'en peutrendre compte par l'exprience de Paulssen. Ellese fragmente : les couches qui occupaient dansle plan narinaire la partie postrieure rasent leplancher des fosses nasales, les couches moyennespassent par le mat moyen, les couches antrieuressuivent les parties les plus leves de ce mat etsont diriges vers la fente olfactive; elles seulesdonneront naissance aux sensations odorantes.Une exprience bien simple de Fick le dmontre :si on insuffle des vapeurs odorantes dans lesfosses nasales au moyen d'un tube, on ne dter-mine de sensation olfactive que si l'extrmit du

    (1)NOTTA,Recherches sur la perte de l'odorat (Archiv.demd.,1870).

  • ANOSMIEDANSLES MALADIESDESFOSSESNASALES.57

    tube est place la partie antrieure des narineset dirige du ct de la vote; place dans lamoiti postrieure de la narine, elle ne dterminepas de sensation olfactive. Nous avons dj ditque pour mesurer avec prcision l'acuit del'odorat, il faut introduire le tube de l'olfacto-mtre de Zwaardemaker dans la partie antrieurede la narine examiner et non au contact de lalvre.

    Danziger (1) tudiant la. circulation de l'airinspir dans les fosses nasales, a constat lesvariations suivantes. Lorsque le plan de l'ouver-ture des narines est horizontal ou forme un angleaigu avec la lvre suprieure, le courant inspi-ratoire parat atteindre la vote des fosses nasales ;au contraire, lorsque leur ouverture forme avecla lvre su prieure un angle obtus, le courantinspiratoire n'atteint jamais le cornet suprieur.

    Par suite de l'ablation ou de la destruction del'auvent nasal, les orifices des narines ne sontplus situs dans un plan horizontal, mais dans unplan vertical. Le courant d'air inspir, charg departicules odorantes, parcourt alors les fossesnasales d'avant en arrire, paralllement leurplancher, qu'il rase pour ainsi dire, et pntredirectement jusqu'au pharynx, au lieu de s'leveren partie vers la fente olfactive : d'o anosmie.Vient-on pratiquer la rhinoplastie ou adapterune pice artificielle qui modifie cette directionvicieuse, l'anosmie s'attnue.

    4 Rhinites. L'ozne compte l'anosmie aunombre de ses principaux symptmes: ce trouble

    (1)DANZIGER,Ueberdie Luftbewegungin der Nase whrenddes Athmens(Monalschriftfur Ohrenheilkunde,1896).

  • 58 VARITSTIOLOGIQUESDE L'ANOSMIE.

    fonctionnel reconnat videmment ici des causesmultiples dont la plus importante est l'atrophiede la muqueuse olfactive Chacun sait que l'ozneest caractris anatomiquement par l'atrophie dela muqueuse nasale; or, il se produit dans sesparties les plus recules une vritable mtaplasiede l'pithlium olfactif. La tumfaction du cornetmoyen, qu'on observe assez souvent, l'odeurinfecte exhale par les crotes me paraissent desfacteurs ngligeables d'anosmie en regard decelui que je viens de citer.

    Les coryzas intenses, surtout le coryza dipht-rique et le coryza grippal, laissent souvent l'anos-mie leur suite, et cela s'explique facilement :il y a d'abord une scrtion muco-purulentetrs abondante; les altrations de la muqueusegagnent jusqu' la rgion olfactive dont lescellules, si facilement vulnrables, sont finalementdtruites. L'examen rhinoscopique montre quel-quefois de la tumfaction du cornet moyen ouune scrtion muco-purulente limite la rgionolfactive; d'autres fois il ne rvle rien d'anormal,l'inflammation catarrhale a disparu sans laisserde traces, mais la destruction des cellules senso-rielles a t dfinitive.

    Les coryzas ulcreux agissent de la mme faonou par les adhrences qu'ils produisent.

    Les sinusites maxillaires ou frontales aiguss'accompagnent souvent d'anosmie, et, plus rare-ment, ce trouble fonctionnel persiste, aprosl'inflammation sinusienne, sans qu'une lsionlocale puisse l'expliquer. Il est possible que dansles formes o la muqueuse parat saine en appa-rence, elle soit en ralit malade et dgnre

    ""t

  • ANOSMIECONSCUTIVEA DESOPRATIONS. 59

    dans sa texture par suite de l'coulement constantdu pus ou des scrtions irritantes venues desca\its sinusiennes. Enfin, assez souvent, dans lasinusite maxillaire l'anosmie est accompagne deperversion de l'odorat (1).

    5. ANOSMIEGUSTATIVE.

    Lorsqu'on dguste un vin, une liqueur, unaliment, il y a d'abord une im pression exercesur les papilles linguales et sur les nerfs du gotpar les substances sapides qui se dissolvent dansle liquide buccal: c'est la sensation gustative pro-prement dite. En mme temps, se dgagent desparticules odorantes qui pntrent dans les fossesnasales, soit par les narines, soit surtout par leschoanes et s'lvent vers la fente olfactive. Toutobstacle au passage de l'air dans les fosses nasales,tout obstacle la communication entre le pharynxbuccal et les fosses nasales ne permettra doncqu'une gustation imparfaite. Lorsque l'obstacleest dispos de telle faon qu'il permet de sentirun objet plac sous les narines et gne, au con-traire, le passage des odeurs travers les choanes(vgtations adnodes, adhrences du voile du pa-lais la paroi postrieure du pharynx), on donne ce trouble le nom expressif d'anosmie gustative.

    6. ANOSMIECONSCUTIVEA DES OPRATIONSSUR LES FOSSESNASALES.

    Voici deux observations de Luc (2) :Dans le premier cas, une simple cautrisation

    (1)MOURE,Communicationcrite.(2)Luc,France md.,22 janvier 1892.

  • 60 VARITSTIOLOGIQUESDE L'NOSMIE:du cornet infrieur amena une diminution consi-drable de l'odorat avec parosmie (odeur persis-tante de chair brle); ces troubles ne cdrentqu' onze sances d'lectrisation.

    Dans le second cas, l'ablation d'un peron dela cloison et de quelques polypes dans une narineproduisit une anosmie bilatrale qui cda uneseule sance d'lectrisation.Il s'agit videmment d'une action inhibitoire

    exerce par le traumatisme sur les centres olfac-tifs. La cocanisation, ou l'inflammation diffusede la muqueuse nasale qu'on observe parfoisaprs des oprations intra-nasales et qui est cer-tainement une cause possible d'anosmie, ne sontpas en jeu dans ces deux observations.

    7. - ANOSMIETRAUMATIQUE.

    Je laisse de ct les cas bien connus o le trau-matisme produit un crasement du nez ou uneforte dviation de la cloison nasale, pour nem'occuper que de ceux o l'anosmie succde untraumatisme cranien et ne s'accompagne d'aucunelsion nasale apprciable. L'anosmie est habituel-lement absolue, au moins au dbut.

    Les traumatismes qui produisent l'anosmieportent presque toujours sur la nuque et plusrarement sur le front (D. Mollire). Ils ont t attri-bus la dchirure des nerfs olfactifs ou leurcompression par un panchement sanguin. Ladchirure des nerfs olfactifs dans les chutes surla. nuque a t assez bien explique par le brusquearrt du mouvement de la tte en arrire; il y aun vritable arrachement. Hilton pense que la

  • ANOSMIETRAUMATIQUE. 61

    base du cerveau vient frotter sur les aspritsde la fosse crbrale antrieure. Dans les cas detraumatisme portant sur le front il y avait sou-vent fracture du crne : on peut invoquer uneflure de l'ethmode, un panchement sanguin(Heinemann). Assez souvent dans ces diffrentscas on n'observe qu'une anosmie passagre: elles'explique soit par la prsence la base du crned'un panchement sanguin qui comprime lesfilets nerveux et les bandelettes et se rsorbeultrieurement, soit par un simple tiraillementdes nerfs olfactifs, dans les chutes sur la nuquen'aboutissant pas la rupture.

    L'hypothse d'une compression des filets nerveuxpar un panchement sanguin s'accorde assez bienavec l'amlioration frquente de l'anosmie et lesphnomnes de parosmie qui lui succdent, parexemple dans cette observation de Noquet. Unedame de quarante ans glisse sur un carrelage ettombe violemment sur l'occiput : il en rsulte unecommotion crbrale avec perte de connaissance.Quand les phnomnes crbraux disparaissent, aubout de 8 10 jours, la malade constate qu'elle aperdu compltement l'odorat. Trois semaines plustard l'anosmie se transforme en parosmie: l'odorattait partiellement revenu, mais la malade perce-vait en permanence une odeur de pomme rainetteou de chloroforme. Un panchement sanguind'abord abondant, puis se rsorbant partiellementde faon produire une compression moindre,peut videmment expliquer les cas de ce genre.

    L'anosmie peut succder des traumatismesmoins violents et o la commotion crbrale neproduit pas d'autre effet durable.

  • 62 VARITSTIOLOGIQUESDEL'ANOSMIE.Un homme de quarante-sept ans est projet hors de son

    automobile et tombe sur la face: le ct gauche du nezest contusionn; la perte de connaissance ne dure quequelques secondes; le bless se relve seul et facilement,n'prouvant ni vertige, ni malaise d'aucune sorte. Aurepas de midi, deux heures aprs l'accident, il s'aperoitque les aliments n'ont plus ni saveur, ni odeur. Quinzejours aprs l'accident, il reprend, sans traitement, un peud'odorat. Depuis cette poque il ne constate qu'une am-lioration insensible malgr des douches d'acide carboniqueet une sance tous les deux jours d'lectrisation intra-nasale avec un courant continu de trois milliampres,pendant dix minutes. Quarante jours aprs l'accident, l'hy-posmie est trs marque. Le lubin, l'essence minrale,l'alcool de menthe ont une odeur nette, mais semblable.Par contre, il diffrencie mieux l'odeur des substancessolides: le camphre, le salol, le menthol sont nettementreconnus. Les odeurs mauvaises n'ont pas donn uneseule perception depuis l'accident. Le got est trsmouss: le vin, l'alcool de menthe, le tabac, la char-treuse, le caf ont un vague got de fume. Six mois aprsl'accident et bien que les sances d'lectrisation aient trgulirement continues pendant quatre mois et lesdouches d'acide carbonique plus longtemps encore, laparosmie avec obtusion du got persiste; l'odeur d'unefleur flaire de prs est assez bien sentie, mais la percep-tion des mauvaises odeurs est presque abolie, sauf cepen-dant pour les odeurs ammoniacales; enfin l'odeur dupoisson, mme frais, est trs dsagrable. Cette hyposmieavec parosmie n'existe que du ct droit; gauche (ctdu nez contusionn) l'anosmie est absolue.

    Dans quelques cas exceptionnels (Jobert, Knig,Riedel, Scheyer), la blessure du nerf olfactiftait conscutive un coup de feu.

    8. - ANOSMIEDANSLES MALADIESNERVEUSES.

    On connat assez bien les divers troubles sub-jectifs de l'odorat dans les maladies nerveuses et

  • ANOSMIEDANSLES MALADIESNERVEUSES. 63

    mentales, et notamment la cacosmie, mais lasimple diminution de l'odorat ou son abolitionont t beaucoup moins tudies.

    On a cependant constat l'anosmie dans laparalysie gnrale, le tabs, l'hystrie, l'pilepsie,plus rarement dans les lsions circonscrites ducerveau, comme les tumeurs ou les ramollisse-ments. S'ils taient plus nombreux, les faits dece genre pourraient jeter quelque lumire sur lasituation des centres de l'odorat chez l'homme,question trs obscure l'heure actuelle.

    1 Anosmie dans le tabs. Chez les ataxi-ques, on trouve souvent de la diminution del'odorat, rarement une anosmie absolue (je l'aiobserve deux fois, sur cinquante tabtiques).

    Les troubles olfactifs du tabes ont t rcem-ment tudis par Klippel (1). D'aprs cet auteur,l'anosmie et l'ageusti