livre du professeur partie géographie - histoire-géographie tle s Éd. 2014 hatier

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Livre du professeur p. 1 Géographie T le S Livre du professeur Sous la direction de Annette Ciattoni Professeur honoraire au lycée Louis-le-Grand (Paris) Coordination pédagogique Gérard Rigou Auteurs Géraldine Djament-Tran Maître de conférences à l’université de Strasbourg Marie-José Eyssette-Louveaux Professeur au lycée Chaptal (Paris) Anne Frémont-Vanacore Professeur aux lycées Jean-Pierre Vernant (Sèvres) et Jacques Prévert (Boulogne) Philippe Gervais-Lambony Professeur à l’université de Paris Ouest Nanterre-La Défense Antoine Mariani Professeur au lycée Fénelon (Paris) Thierry Sanjuan Professeur à l’université de Paris I Panthéon-Sorbonne Florence Smits Professeur au lycée Louis-le-Grand (Paris)

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Livre Du Professeur Partie Géographie - Histoire-Géographie Tle S Éd. 2014, édition Hatier, manuel du professeur avec toutes les corrections des exercices du livre de l'élève

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Page 1: Livre Du Professeur Partie Géographie - Histoire-Géographie Tle S Éd. 2014 HATIER

© Hatier, 2014. Géographie Terminale S – Livre du professeur – p. 1

Géographie Tle S Livre du professeur

Sous la direction de Annette Ciattoni Professeur honoraire au lycée Louis-le-Grand (Paris)

Coordination pédagogique Gérard Rigou

Auteurs Géraldine Djament-Tran Maître de conférences à l’université de Strasbourg Marie-José Eyssette-Louveaux Professeur au lycée Chaptal (Paris) Anne Frémont-Vanacore Professeur aux lycées Jean-Pierre Vernant (Sèvres) et Jacques Prévert (Boulogne) Philippe Gervais-Lambony Professeur à l’université de Paris Ouest Nanterre-La Défense Antoine Mariani Professeur au lycée Fénelon (Paris) Thierry Sanjuan Professeur à l’université de Paris I Panthéon-Sorbonne Florence Smits Professeur au lycée Louis-le-Grand (Paris)

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© Hatier, 2014. Géographie Terminale S – Livre du professeur – p. 2

SOMMAIRE Introduction ……………………………………………………………………………………………………………………..……….………………… 3 Chapitre 1 Des cartes pour comprendre le monde ……………………………………………………………………………….………… 6 Chapitre 2 La mondialisation en fonctionnement ……………………………………………………...……………………………….… 24 Chapitre 3 Les territoires dans la mondialisation ……………………………………………………...……………………….………… 46 Chapitre 4 L’Amérique : puissance du Nord, affirmation du Sud ……………………………………………………...…………… 61 Chapitre 5 L’Afrique : les défis du développement ……………………………………………………...…………………...…………… 76 Chapitre 6 L’Asie du Sud et de l’Est : les enjeux de la croissance …………………………………………………......………..…... 91

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© Hatier, 2014. Géographie Terminale S – Livre du professeur – p. 3

Introduction Ce manuel publié en 2014 est conforme au nouveau programme S : « Mondialisation et dynamiques géographiques des territoires ». Celui-ci a été publié dans le B.O. n° 8 du 21 février 2013 ; il comprend : • Thème 1 : Des clefs de lecture d’un monde complexe (4-5 heures) • Thème 2 : Les dynamiques de la mondialisation (8-9 heures), qui comprend une seule question : « la mondialisation, fonctionnement et territoires » avec les items suivants : – un produit mondialisé (étude de cas) – acteurs, flux et débats ; – des territoires inégalement intégrés à la mondialisation ; – les espaces maritimes : approche géostratégique ; • Thème 3 : Dynamiques géographiques de grandes aires continentales (17-18 heures), qui s’articule en trois questions : –l’Amérique : puissance du Nord, affirmation du Sud – l’Afrique : les défis du développement – l’Asie du Sud et de l’Est : les enjeux de la croissance.

Le fil conducteur du programme Les deux notions fondamentales sont celles de mondialisation et de territoires qu’il convient d’associer systématiquement. Pour mémoire, nous attirons néanmoins votre attention sur quelques points. • 1re remarque : la mondialisation doit être comprise dans sa plus large acceptation, correspondant aux quatre « grilles de lecture » imposées dès le premier chapitre : mondialisation géoéconomique, géopolitique, géoculturelle et géo-environnementale, même si ces deux dernières approches apparaissent relativement peu dans les deux grandes parties du programme (parties II et III). On peut ajouter une autre dimension de la mondialisation, celle des mobilités internationales, qui recoupe les quatre approches précédentes et qui apparaît entre autres dans les chapitres 2 et 6 du manuel. Nous insistons en particulier sur la place importante prise dans ce nouveau programme par les questions géopolitiques à diverses échelles : mondiale (chapitre 1) ; grande nouveauté, à l’échelle des espaces maritimes (chapitre 3) et aux échelles continentale et régionale (chapitres 4, 5 et 6).

• 2e remarque : les territoires envisagés sont pris en compte dans le thème 2 et le thème 3, c’est dire l’importance accordée au rôle fondamental des territoires dans la mondialisation à la fois considérés comme des acteurs majeurs du processus à différents niveaux mais qui, parallèlement, se transforment en fonction de leur intégration dans la mondialisation. En outre, le thème 3 par un processus d’emboîtement des échelles affine les liens entre mondialisation et territoires. On part des aires continentales : l’Amérique, l’Afrique et l’Asie (limitée à l’Asie du Sud et de l’Est : 4 milliards d’hommes malgré tout !) et l’emboîtement se poursuit à l’échelle nationale (États-Unis, Brésil) ou régionale (Sahara). L’analyse des grandes aires géographiques et des territoires distinctifs est centrée sur une thématique associant la mondialisation à une autre approche, notamment géopolitique, pour comprendre la notion de puissance (« l’Amérique, puissance du Nord », « Japon-Chine : concurrences régionales, ambitions mondiales ») et ceci, souvent dans une perspective comparative, ce qui ne va pas toujours de soi… Cela implique des études (et donc de potentiels sujets d’examen) construites sur des problématiques combinant trois thématiques. Par exemple, dans le chapitre 6 « L’Amérique : puissance du Nord, affirmation du Sud », les deux sous-thèmes conduisent à étudier comparativement États-Unis et Brésil autour de trois approches : le rôle mondial, l’intégration continentale et les logiques d’organisation territoriale ; il ne convient donc pas d’étudier exhaustivement et séparément les États-Unis ou « la puissance américaine » puis le Brésil mais de conduire systématiquement la perspective comparative et l’approche centrée sur ces notions clés… C’est une démarche similaire qu’il faut mener dans le chapitre 6 sur l’Asie : « Japon-Chine : concurrences régionales, ambitions mondiales ».

• 3e remarque : pour la série S les études de cas sont au nombre de deux ; l’une est au choix, l’autre est obligatoire : – « un produit mondialisé » au choix : le manuel propose l’études du téléphone mobile (chapitre 2) ; – l’étude de cas obligatoire pour toutes les séries : « Le Sahara, ressources, conflits » (chapitre 5) ; Ces études de cas doivent donc être abordées en ouverture de chapitre, mais elles ne couvrent pas l’ensemble des thématiques de celui-ci.

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© Hatier, 2014. Géographie Terminale S – Livre du professeur – p. 4

L’importance attachée par les auteurs du programme à l’étude critique de documents, notamment les documents cartographiques, se poursuit. Il s’agit d’attirer l’attention des élèves sur le fait qu’il n’existe pas de document géographique « brut », « objectif » : tous les documents (cartes, graphiques, textes, photographies) correspondent à des choix opérés par les auteurs selon des critères multiples que les élèves doivent progressivement distinguer et savoir examiner méthodiquement. Des exercices d’analyse critique de cartes sont proposés dans chaque double page de cartes afin d’aider à cet apprentissage. Cette méthode est aussi utilisée tout au long des chapitres dès qu’une carte est proposée.

La nouvelle épreuve du baccalauréat Ces choix didactiques sont bien évidemment à mettre en relation avec les nouvelles épreuves en histoire-géographie du baccalauréat S (B.O. n° 43 du 21 novembre 2013) dont nous rappelons les principales modalités ci-après.

Durée : 3 heures Coefficient : 3 L’épreuve écrite d’histoire-géographie porte sur le programme de la classe de terminale de la série S. Structure de l’épreuve L’épreuve est composée de deux parties. Sa durée totale est de trois heures dont l’utilisation est laissée à la liberté du candidat, même s’il lui est conseillé de consacrer environ une heures et demie à la première partie. Dans la première partie, le candidat rédige une composition en réponse à un sujet d’histoire ou de géographie. La deuxième partie se compose d’un exercice portant sur la discipline qui ne fait pas l’objet de la composition : – en histoire, une étude critique d’un ou de deux document(s) ; – en géographie, soit une étude critique d’un ou de deux document(s), soit une production graphique (réalisation d’un croquis d’organisation spatiale). 1. La composition Le candidat traite un sujet au choix parmi deux proposés dans la même discipline. Pour traiter le sujet choisi : – il montre qu’il sait analyser un sujet, qu’il maîtrise les connaissances nécessaires et qu’il sait les organiser ; – il rédige un texte comportant une introduction (dégageant les enjeux du sujet et comportant une problématique), plusieurs parties structurées et une conclusion ; – il peut y intégrer une (ou des) productions(s) graphique(s).

2. L’analyse de document(s) ou la production graphique En géographie deux types d’exercices peuvent être proposés : – soit l’analyse d’un ou de deux document(s) L’analyse de document(s) comporte un titre, un ou deux document(s) et, si nécessaire, des notes explicatives. Il est accompagné d’une consigne visant à orienter le travail du candidat. Cette analyse doit permettre au candidat de rendre compte du contenu du ou des document(s) proposé(s) et d’en dégager ce qu’il(s) apporte(nt) à la compréhension des situations, des phénomènes ou des processus géographiques évoqués. Le candidat doit mettre en œuvre les démarches de l’étude de document(s) en géographie : – en dégageant le sens général du ou des document(s) en relation avec l’objet géographique auquel il(s) se rapporte(nt) ; – en faisant apparaître les enjeux spatiaux qu’il(s) exprime(nt) et la manière dont il(s) en rend(ent) compte ; – en montrant l’intérêt et les limites éventuelles du ou des document(s) pour la compréhension de cette question géographique et en prenant la distance critique nécessaire ; – en montrant, le cas échéant, l’intérêt de la confrontation des documents. – soit la réalisation d’un croquis d’organisation spatiale d’un territoire en réponse à un sujet. Pour la réalisation d’un croquis, un fond de carte est fourni au candidat.

Une note de février 2014 précise ce qui est attendudes candidats de série S :

« Les élèves de série scientifique suivent durant leur année de Terminale un enseignement en histoire-géographie de deux heures par semaine. Cet horaire ne permet pas l’acquisition de connaissances et de capacités aussi développées que dans les séries ES et L. Par ailleurs, les candidats de série scientifique disposent de trois heures pour composer. Ils ne peuvent ainsi consacrer qu’environ une heure et demie à une heure trois quarts à la composition, et une heure à une heure et quart à l’analyse de document(s) ou au croquis. L’évaluation à l’examen doit prendre en compte ces éléments et les attentes vis-à-vis des candidats doivent être adaptées aux spécificités de la série. » (Ressources Eduscol, « Indications sur les attentes baccalauréat série S », février 2014)

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© Hatier, 2014. Géographie Terminale S – Livre du professeur – p. 5

Que propose le manuel pour réussir l’épreuve du baccalauréat ? Une pédagogie adaptée à la série S et tous les types d’exercices • Tous les sujets proposés tiennent compte de la rédaction du programme S et des attentes notifiées par l’Inspection générale du point de vue de la méthode, des formulations et des horaires consacrés aux questions. – 6 compositions dont un sujet rédigé ; – 17 analyses de document(s) dont une analyse rédigée ; – 5 croquis (conformément aux instructions).

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Chapitre 1 Des cartes pour comprendre le monde

LA DÉMARCHE DU CHAPITRE

1. Le programme « L’étude consiste à approcher la complexité du monde par l’interrogation et la confrontation de grilles de lecture géopolitiques, géoéconomiques, géoculturelles et géo-environnementales. Cette étude, menée principalement à partir de cartes, est l’occasion d’une réflexion critique sur les modes de représentations cartographiques. » L’horaire conseillé est de 4 à 5 heures pour les S. 2. Les indications d’Eduscol « Des cartes pour comprendre le monde » est la question à traiter dans le cadre du thème 1 « Clés de lecture d’un monde complexe » (obligatoirement abordé comme thème introductif). Objectifs Cette question introductive du programme poursuit un triple objectif : – permettre aux élèves de prendre conscience de la complexité du monde actuel et la rendre intelligible à leurs yeux par l’utilisation de plusieurs grilles de lecture spatiale. La diversité des territoires mondiaux et de leurs dynamiques ne peut en effet être appréhendée à travers une vision seulement économique ou une approche unique (exemples : la puissance, les flux d’échanges de marchandises…) ; – développer une approche critique des représentations cartographiques. Les élèves sont confrontés à de nombreuses cartes, aussi bien dans le cadre scolaire que dans leur vie quotidienne. Cette question est l’occasion de s’interroger avec eux sur les apports et les limites de ce type de documents ; – réfléchir aux notions opérantes pour décrire le monde actuel , en critiquant si nécessaire certaines d’entre elles qui peuvent sembler aujourd’hui inadaptées ou trop schématiques (exemples : Triade ; modèle centre-périphérie…). Mobiliser plusieurs grilles de lecture pour rendre compte de la complexité du monde Pour décrire et expliquer le monde actuel, il est nécessaire de faire appel à des approches relevant de divers champs géographiques. Quatre grandes grilles de lecture du monde doivent ainsi être utilisées avec les élèves lors de l’étude de cette question. Le professeur peut choisir d’utiliser les grilles de lecture dans l’ordre qui convient le mieux à son projet pédagogique. • Une lecture géopolitique : dans ce cadre, on peut notamment aborder les relations entre États, leurs conflits, leurs alliances, leurs rapports d’influence, qui demeurent une donnée essentielle de l’organisation du monde. Mais la question même du rôle des États, de leur éventuel effacement, des autres formes d’organisation politique les concurrençant peut également être posée. • Une lecture géoéconomique : les inégalités de développement notamment façonnent encore largement le monde d’aujourd’hui. La massification des échanges est aussi un élément clé du fonctionnement de la mondialisation. Elle peut être abordée rapidement une première fois ici avant d’être traitée plus en profondeur dans le reste du programme. D’autres phénomènes économiques tels que l’émergence de certains pays en développement marquent aussi l’organisation actuelle de l’espace mondial. • Une lecture géoculturelle : de nombreuses différences culturelles subsistent à la surface du globe et doivent être envisagées avec les élèves. La question de l’uniformisation culturelle de la planète en l ien avec la mondialisation peut aussi être posée. • Une lecture géo-environnementale : elle est incontournable pour décrire le fonctionnement de la planète et en envisager l’avenir. La question du développement durable des territoires mondiaux doit ainsi être posée, par exemple en envisageant les dégradations environnementales causées par certaines activités humaines ou la pression exercée sur les ressources naturelles (l’eau, par exemple). Ces analyses permettent de remobiliser un vocabulaire géographique connu des élèves : développement, développement durable, puissance, réseaux, mondialisation, Nord/Sud, aires de civilisation… Mais elles sont aussi l’occasion de discuter certains de ces termes à la lumière d’évolutions récentes. Par exemple, l’opposition Nord/Sud est partiellement remise en cause par le développement d’une partie des « Suds ». De même, le terme « Triade », largement utilisé pour caractériser le monde des années 1990, est aujourd’hui critiquable dans la mesure où son usage traditionnel renvoie à une domination économique des États-Unis, de l’UE et du Japon en laissant de côté la Chine, deuxième économie mondiale. Les termes « pôles », « aires de puissance » ou « aires continentales » peuvent par exemple lui être préférés.

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Démarches possibles pour mettre en œuvre la question ● Une approche à partir de cartes Cette question doit être abordée par l’étude de quelques planisphères. Pour chacune des quatre grilles de lecture envisagées dans la question, le professeur sélectionne de un à trois planisphères thématiques emblématiques de cette grille de lecture, et centraux pour la compréhension du monde actuel. ● Conduire les analyses Sur chacun de ces planisphères, le travail doit être mené en trois temps : – une analyse de la carte en elle-même afin de relever ce qu’elle montre de l’organisation de l’espace mondial. Les observations faites peuvent éventuellement être synthétisées sous la forme de rapides schémas de travail ; – à quelques occasions, une comparaison du planisphère étudié avec d’autres cartes illustrant des grilles de lecture différentes du monde ; – une éventuelle confrontation entre deux cartes recouvrant une même réalité à des années différentes . L’analyse diachronique permet de mettre en évidence des évolutions pouvant expliquer un certain nombre de recompositions géoéconomiques du monde actuel ; – un regard critique sur la représentation cartographique et sur ses limites. Mettre en œuvre une analyse critique de la carte (comme d’ailleurs de tout type de document) est une nécessité. Le fruit de ces analyses peut être synthétisé sous la forme d’un schéma. Structure du chapitre 1 Le chapitre est structuré autour des quatre grilles de lecture obligatoires. Chacune d’entre elles est focalisée sur des notions clés qui sous-tendent l’ensemble du programme, dans l’ordre suivant : – des cartes géopolitiques : on aborde les notions d’État, de frontière, de puissance et de gouvernance mondiale ; – des cartes géoculturelles : on aborde les notions d’aire de civilisation, de réseau et d’occidentalisation ; – des cartes géoéconomiques : on aborde les notions de croissance, de développement, de NDIT et de mondialisation ; – des cartes géoenvironnementales : on aborde les notions de ressource et de développement durable. Chaque ensemble propose quatre documents, planisphères ou cartogrammes, construits selon des projections et des centrages les plus divers et offrant un choix raisonnablement large pour conduire l’étude. Une démarche pédagogique « active » est proposée pour répondre aux objectifs de la fiche Eduscol et aux attentes des épreuves du baccalauréat. Les cartes sont accompagnées d’un encadré de questions pour les élèves : – Lire et analyser la carte ; – S’interroger sur les limites de l’outil cartographique (cette rubrique permet aux élèves de s’entraîner à l’étude critique en développant des arguments). Chaque ensemble de « grille de lecture » se termine par un encadré « À retenir » proposant les définitions des mots-clés et les idées principales qui se dégagent de la lecture des cartes. Ce sont des éléments de connaissance à retenir par l’élève pour comprendre le fonctionnement du monde contemporain, dont l’approfondissement se fait dans la suite du programme. Le chapitre présente quatre outils complémentaires : – un cours de synthèse (p. 222) qui reprend l’essentiel des bilans des grilles de lecture et annonce l’ensemble du programme des deux grandes parties suivantes ; – un croquis (p. 223) conçu dans une perspective géohistorique et donnant la priorité aux approches géopolitique et géoéconomique (approches les plus prégnantes dans la suite du programme) ; – des pages Bac (p. 224 à 228), proposant trois sujets d’analyse de documents afin d’évaluer les acquis des élèves après ce premier chapitre très novateur pour eux ; – une page « Réviser » (p. 229) pour un travail en autonomie des élèves : une fiche construite selon les quatre lignes de lecture du monde, des sites Internet pour aller plus loin, un schéma synthétique soulignant les recompositions géopolitiques et géoéconomiques du monde, ainsi que des éléments chiffrés complétant les informations tirées des analyses de documents cartographiques. BIBLIOGRAPHIE – Atlas mondial : les grandes questions d’actualité, Autrement/Courrier international, 2012. – Atlas des développements durables, Autrement/Courrier international, 2012. – L’Atlas 2013, Le Monde diplomatique/Vuibert, 2012. – P. Boniface, Comprendre le monde, Armand Colin, 2012.

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– M. Foucher, La bataille des cartes, François Bourin éditeur, 2011. – J.-C. Victor, Le dessous des cartes, Tallandier, 2011. – B. Giblin (dir.), Les conflits dans le monde. Approche géopolitique, Armand Colin, coll. U, 2011. – P. Gillon, F. Grosjean, L. Ravenel, Atlas du sport mondial, Autrement, 2010. – P. Jacquet, L. Tubiana, Regards sur la Terre, Presses de Sciences Po, publication annuelle. – F. Tétart (dir.), Grand Atlas 2014, Autrement, 2013. Revues – « Atlas géostratégique 2014 », Diplomatie, n° 18, 2014. – « Le monde en cartes », Carto, 2010-2014. SITOGRAPHIE – Géoconfluences site de l’ENS Lyon : geoconfluences.ens-lyon.fr – Atelier de cartographie de Sciences Po : cartographie.sciences-po.fr – La Documentation française : www.ladocumentation francaise.fr/cartes – Le Monde diplomatique : www.monde-diplomatique.fr/cartes – L’INED : www.ined.fr – La CIA (États-Unis) : https :www.cia.gov/library/publications/cia-maps-publications/index.html – La Banque mondiale : donnees.banquemondiale.org/indicateur P. 204-205 Ouverture de chapitre Ce chapitre est conçu pour permettre au professeur la plus grande souplesse possible dans le traitement du programme, dans le respect des indications de la fiche Eduscol. Il s’ouvre sur une représentation du réseau Facebook, dont la légende fournie interroge le mode de projection, et sur la photographie d’un globe terrestre. La source de la carte est indiquée : il s’agit d’un document réalisé par Paul Butler, alors stagiaire chez Facebook ; le document n’a donc rien « d’objectif » mais peut être considéré comme un outil de marketing destiné à valoriser l’extension mondiale du réseau social Facebook, à idéaliser son image de réseau. La couleur bleu nuit accentue le contraste visuel et donne l’impression d’un réseau lumineux au cœur des ténèbres du monde « non relié » ; ce n’est donc pas à proprement parler une carte, ni une représentation « en temps réel » du monde et des connexions car l’alternance jour/nuit n’apparaît pas et l’intensité des connexions est très variable selon les fuseaux horaires… L’introduction p. 204 définit les enjeux du chapitre : comprendre le monde en s’appuyant sur différents types de cartes, en ayant en mémoire que toute carte procède de choix – ceux-ci expriment à travers des données la pensée d’un acteur. P. 206-209 Des cartes géopolitiques Cet ensemble de quatre cartes illustre une approche géopolitique du monde actuel. Dans un contexte de mondialisation, l’État, paradoxalement, demeure un acteur majeur. Il n’y a jamais eu autant d’États dans le monde. Ce sont aussi les États qui contrôlent les grandes organisations internationales. Les concurrences entre États dans le domaine militaire pour affirmer leur puissance demeurent vives. Les pouvoirs des États ne disparaissent pas dans un

monde pourtant globalisé. Ils sont des acteurs à part entière du fonctionnement de la mondialisation. Les cartes 3 et 4 mettent en avant la notion de puissance, notion directement liée à celle d’État. Or, la comparaison des deux cartes renvoie à la complexité géopolitique du monde actuel. La carte 3 associe la notion de puissance aux pouvoirs régaliens de l’État dans le domaine de la défense. La carte 4 met en avant la puissance économique de certains États (les plus puissants) associés dans des sommets informels (G6, G7, G8, G20). Ces sommets n’ont pas de pouvoir coercitif, ils ne sont pas représentatifs de l’organisation d’un monde pensée comme une représentation des États dans le cadre d’organisations internationales officielles. Les sommets ne peuvent donner que des conseils et proposer des orientations. Analyse de la carte 1 : Nouveaux États, nouvelles frontières depuis 1990 Le monde compte de plus en plus d’États à la suite de la décomposition de certains États appartenant au bloc communiste depuis les années 1990 : décompo-sition de l’URSS, de la Yougoslavie, disparition de la Tchécoslovaquie au profit de deux États. Et 15 États ont succédé aux anciennes républiques de l’Union soviétique. Pour les trois États baltes, il s’est agi de retrouver l’indépendance gagnée en 1919 et sup-primée en 1939 alors que pour les autres il s’agit d’États nouveaux. Les limites administratives antérieures des républiques ont servi de base à l’établissement des nouvelles frontières inter-nationales. 7 États ont été créés dans l’ex-Yougoslavie dans un contexte de conflits nationalistes. D’autres sont issus de la sécession d’États à la suite de conflits (Timor oriental et Sud-Soudan). La création du Sud-Soudan déroge au principe d’intangibilité des frontières décidé par l’OUA en 1964 (UA actuelle-ment). Néanmoins, à l’échelle du monde, cela

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n’empêche pas les conflits de frontières ou des discussions sur d’éventuelles rectifications.

Informations complémentaires • Début 2014 la question de l’inviolabilité des frontières a été être remise en cause en Europe à la suite de l’annexion de la Crimée ukrainienne par la Russie, faisant elle-même suite à un référendum d’autodétermination considéré par l’Ukraine, l’UE et l’ONU comme inconstitutionnel, effectué sous la pression des forces militaires russes. Depuis le 21 mars 2014 la Crimée et Sébastopol (dont la base navale rattachée à l’Ukraine au moment de l’éclatement de l’URSS était louée par la Russie) sont des sujets de la Fédération de Russie. La loi constitutionnelle signée le 21 mars par le président Poutine établit une période de transition allant jusqu’au 1er janvier 2015 pour l’intégration de la république de Crimée et de Sébastopol aux systèmes administratif, économique, financier et juridique de la Fédération de Russie. Pour plus de détails, consultez le site Diploweb.com. • La territorialisation du monde s’étend aussi au domaine maritime : les zones économiques exclusives sont définies par la Convention de Montego Bay. La zone économique exclusive (ZEE) se définit comme une bande de 200 milles marins (370 km) à partir des côtes, sur laquelle les États riverains disposent de droits économiques. 93 États côtiers ont déposé en vertu des dispositions de cette Convention avant le délai prescrit du 13 mai 2009 une demande d’extension de leur ZEE au-delà des 200 milles marins. Les États disposant d’îles isolées comme la France ou des États insulaires ont utilisé cette procédure. La ZEE contient souvent des ressources minières, énergétiques et halieutiques qui peuvent être accessibles ou le devenir. Réponses aux questions 1. Le continent où les modifications de frontières ont été les plus nombreuses depuis 1990 est l’Europe. La crise de mars 2014 entre l’Ukraine et la Russie à propos de la Crimée en est le dernier exemple. 2. Le Groenland (Danemark), la Nouvelle-Calédonie (France), les Antilles néerlandaises, le Somaliland, la Palestine revendiquent leur autonomie, voire leur indépendance.

Informations complémentaires • Suite à la loi sur l’autonomie du Groenland votée par le Parlement danois le 19 mai 2009, le Groenland a accédé le 21 juin 2009 à une autonomie renforcée. Le Danemark lui a cédé 32 domaines de compétences, dont ceux de la police et de la justice. La monnaie, la défense et la politique étrangère relative à ces aspects restent toutefois sous le contrôle danois. Cet acte fait suite à un référendum consultatif qui a eu lieu au Groenland le 25 novembre 2008. • Sur le statut de la Nouvelle-Calédonie : les accords Matignon du 26 juin 1988 avaient prévu la création

de trois provinces semi-autonomes ainsi qu’un référendum d’autodétermination pour 1998. Le référendum a été depuis repoussé à 2014. En l’attente, les accords de Nouméa du 5 mai 1998 engagent la transformation du statut de la Nouvelle-Calédonie ; ils se traduisent par la révision constitutionnelle du 20 juillet 1998. Les modalités de transfert de compétences de l’État aux institutions de Nouvelle-Calédonie, les règles d’organisation et de fonctionnement de ces institutions ainsi que celles relatives à la citoyenneté, au régime électoral, à l’emploi et au statut civil coutumier sont renvoyées à une loi organique. La loi organique n° 99-209 du 19 mars 1999 reconnaît la spécificité de ce territoire d’outre-mer et met en place des mécanismes spécifiques pour les populations insulaires. Tout d’abord, le partage de la Nouvelle-Calédonie en trois provinces semi-autonomes introduit en 1988 est consacré. Chacune de ces provinces possède une Assemblée délibérante qui lui est propre. Elles disposent également de représentants au Congrès de la Nouvelle-Calédonie, qui compte 54 sièges. Enfin, la Nouvelle-Calédonie dispose d’un gouvernement. Ce dernier est élu par le Congrès et reste en place jusqu’à expiration du mandat du Congrès qui l’a élu. Le président du gouvernement est le représentant de la Nouvelle-Calédonie. Il dirige l’administration et nomme aux emplois publics. Ces mesures constitutionnelles et législatives soulèvent la question du statut juridique de la Nouvelle-Calédonie. Depuis la révision constitutionnelle du 20 juillet 1998, son statut fait l’objet d’un titre constitutionnel à part entière. Ceci a deux conséquences. Premièrement, le statut des territoires d’outre-mer, jusqu’alors défini par l’article 74 de la Constitution, n’est plus unique. Deuxièmement, la Nouvelle-Calédonie échappe au statut général des collectivités locales défini par le titre XII de la Constitution. Toutefois, la révision constitutionnelle de 2003 l’intègre à la liste des collectivités d’outre-mer. En fait, la Nouvelle-Calédonie est une collectivité sui generis. Dans ce cadre, on emploie l’expression « collectivité d’outre mer à statut particulier » pour la désigner. • Le rêve d’une « Grande Somalie » a été enterré par le Somaliland en 1991. Ancienne colonie britannique fédérée à la Somalie italienne en 1960 dans l’État de « Somalie », le Somaliland dénonce très tôt une union qui lui paraît défavorable. Profitant de la dés-agrégation de l’État somalien, le Somalimand proclame son indépendance en 1991. 3. L’État européen réunifié est l’Allemagne, membre de l’Union européenne. Sa superficie est de 357 022 km2 pour une population de 81 825 000 (2012), elle se situe au 5e rang mondial pour l’IDH (2012 : 0,920). 4. Les États ayant demandé l’extension de la ZEE sont des États européens car la plupart d’entre eux dispose de territoires insulaires (issus de la colonisation pour la plupart) répartis sur les différents océans : c’est le cas de la France, du Royaume-Uni, de l’Espagne, de la

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Norvège mais aussi d’autres États dans le monde disposant d’îles : Argentine, Inde, Japon… À cela s’ajoutent des États convoitant les richesses conte-nues dans leur ZEE qu’ils souhaitent étendre (Brésil, Russie dans l’océan Arctique). 5. La carte illustre la fragmentation du monde (193 États à ce jour, le dernier étant le Sud-Soudan) liée à plusieurs facteurs : éclatement de l’URSS, des États plurinationaux, de l’instabilité de nombreux États africains, de la volonté pour certains territoires d’accéder à l’indépendance. La réunification alle-mande est un contre-exemple. 6. La date retenue de 1990 est un bon choix pour mettre en avant la chute de l’URSS, symbole de la fin la Guerre froide, d’un monde bipolaire issu de la Seconde Guerre mondiale, conduisant à l’affirmation de nouveaux États indépendants en Europe et à la réunification allemande. Néanmoins pour com-prendre la forte fragmentation du continent africain et l’émergence de nombreux États insulaires, à la suite des processus de décolonisation, les années 1960 pouvaient aussi être retenues. La loupe placée sur l’Europe (et sur l’Amérique du Nord) qui est tout simplement une astuce de cartographe pour une meilleure lisibilité (chercher de la place pour bien identifier les nouveaux États apparus en Europe après la décomposition du bloc de l’Est) aide la lecture de la carte.

Synthèse • Définir les mots « frontière », « ZEE ». • La fragmentation du monde depuis 1990 questionne l’importance et le rôle de l’État lorsque les modes de gouvernance mondiale prennent une place importance. L’Organisation internationale qui est la manifestation du rôle des États est l’ONU. Analyse de la carte 2 : Conflits et missions de la paix de l’ONU • Les régions du monde qui connaissent de nombreux conflits se situent au Proche et Moyen-Orient (guerre civile en Syrie en cours, par exemple) et dans la « Corne de l’Afrique » (Soudan, Somalie). S’y ajoutent des zones d’insécurité liées aux cartels de la drogue (par exemple au Mexique et en Colombie), aux conflits religieux (République Centrafricaine, Nigeria), aux menaces terroristes islamistes (AQMI, États saharo-sahéliens.) • L’Organisation des Nations unies (ONU) est une organisation internationale représentant les États du monde ; son siège est à New York. Créée à la fin de la Seconde Guerre mondiale, elle se substitue à la SDN. La Charte a établi six organes principaux pour l’ONU : l’Assemblée générale, le Conseil de sécurité, le Conseil économique et social, le Conseil de tutelle, la Cour internationale de Justice et le Secrétariat. • Le Conseil de sécurité des Nations unies est l’organe exécutif de l'ONU. Il a « la responsabilité principale du maintien de la paix et de la sécurité internationale » selon la Charte des Nations unies et il dispose pour

cela de pouvoirs spécifiques tels que le maintien de la paix, l’établissement de sanctions internationales et l’intervention militaire. Certaines décisions (appelées « résolutions ») du Conseil de sécurité ont force exécutoire et « les membres de l’organisation conviennent d’accepter et d’appliquer les décisions du Conseil de sécurité ». Ses membres doivent y être présents en permanence, du fait que le Conseil peut être réuni à tout moment, notamment en cas de crise exceptionnelle. Le Conseil de sécurité est composé de quinze membres : cinq permanents pourvus du droit de veto (Chine, États-Unis, France, Royaume-Uni, Russie) et dix élus pour une durée de deux ans (renouvelés par moitié tous les ans). Les 5 membres permanents représentent les États vainqueurs de la Seconde Guerre mondiale. Cette situation suscite des critiques dans le monde actuel, car il n’est plus tout à fait représentatif de la situation actuelle du monde (absence par exemple du Japon et de l’Allemagne) ? À ce jour on compte 15 opérations de maintien de la paix et une mission politique spéciale : la mission d’assistance des Nations Unies en Afghanistan, menée par le Département des opérations de maintien de la paix. Des opérations particulières peuvent être conduites par un État sous mission de l’ONU : exemple la France au Mali (voir chapitre 5 p. 339). Réponses aux questions 1. Les principaux pays où ont lieu des conflits se situent en Syrie (guerre civile), en Afrique (guerre civile au Darfour, en Somalie, insurrection islamique d’Al Qaida au Maghreb islamique, dans les États saharo-sahéliens, dans le delta du Niger, en Assam). 2. L’ONU est présente dans les zones de conflits qui viennent d’être énoncées. En Haïti, il s’agit d’une mission d’aide à la reconstruction du pays. 3. La confrontation avec la carte 1 montre que certains conflits contestent les limites de souve-raineté des États : exemple le Soudan, la Somalie. 4. La légende ne prend pas en compte la diversité des types de conflits. Toute représentation carto-graphique procède d’un choix. Le choix effectué met essentiellement l’accent sur l’ONU, son Conseil de sécurité et son rôle dans le maintien de la paix.

Synthèse Cette carte géopolitique permet de définir l’ONU et son rôle dans le monde. Analyse de la carte 3 : Puissances et alliances dans le monde

Réponses aux questions 1. Les États-Unis disposent du plus important budget militaire du monde, symbole de l’hyperpuissance américaine. Son budget est quatre fois supérieur à celui de la 2de puissance (la Chine) et représente près de 46 % du total des dépenses mondiales. L’expres-sion de cette puissance se traduit par l’importance

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des zones de commandement dépendant du département de la Défense des États-Unis. La Russie a récupéré une partie de la puissance militaire de l’URSS engagée dans la Guerre froide. La Chine aspire à devenir une puissance mondiale. Forte de ses atouts économiques, elle a besoin aussi de développer ses capacités militaires (voir chapitre 6 du manuel). 2. Les puissances nucléaires officielles sont : les États-Unis (avant 1945), la Russie (1949), la Chine (1964), la France (1960) et le Royaume-Uni (1952), ces États ayant réalisé des essais nucléaires avant le 1er janvier 1967.

Informations complémentaires 8 États sur 193 membres de l’ONU disposent de l’arme nucléaire. Plusieurs catégories d’États sont à distinguer : trois États dits du « seuil » (Inde, Pakistan, Israël) ne sont pas en infraction avec le Traité de Non-Prolifération nucléaire car ils refusent de le signer. 189 États ont signé ce traité mais celui-ci repose sur une inégalité stratégique entre les 5 États autorisés à détenir l’arme nucléaire et le reste du monde, pour qui l’arme atomique est interdite. On trouve ensuite des États dits « proliférants ». 3. Les organisations internationales mentionnées sont l’ONU (voir commentaire carte 2) et l’Organisation du Traité de l’Atlantique Nord (OTAN ou NATO), une organisation politique et militaire créée au début de la Guerre Froide par le Traité de Washington. À l’origine, l’Organisation devait assurer la défense et la sécurité de l’Europe occidentale face à l’URSS et ses alliés. L’OTAN n’a pas disparu avec la fin de la Guerre froide et l’effondrement de l’URSS. Au contraire, elle s’est étendue à de nouveaux membres (comme l’Albanie, la Croatie) et compte depuis 2009 28 membres. Ses missions sont la prévention des conflits, la gestion des crises, la non-prolifération des armes et la lutte contre le terrorisme. 4. Le choix du planisphère est peu habituel. Néanmoins il met en avant le continent nord-américain dominé par les États-Unis. Cet État est placé au premier plan, ce qui aide à la compréhension du sens de la carte : montrer le rôle militaire dominant de l’hyperpuissance.

Synthèse Dégager l’intérêt géopolitique de la carte : • Définir une puissance, le rôle de l’OTAN, l’importance de la puissance militaire, une composante du hard power. • Montrer la place des États-Unis, puissance politique et militaire dominante d’un monde multipolaire. La Chine devient une puissance rivale mais le poids des États-Unis sur le plan international demeure majeur.

Analyse de la carte 4 : Du G6 au G20 : une nouvelle gouvernance mondiale ?

Réponses aux questions 1. À l’origine, les sommets du G6, du G7 puis du G8 ne regroupaient que les États les plus puissants économiquement d’Amérique (États-Unis, Canada), d’Europe occidentale (+ l’Union européenne) et le Japon. Mais, progressivement, l’élargissement du G8 (en 1998 accueils de la Russie) au G20, au tournant des années 2000, traduit un certain « basculement de la richesse mondiale ». Le G20 accueille ce qu’on appelle « les pays émergents ». Inventé en 2001 par la banque d’affaires Goldman Sachs, l’acronyme BRICS permet d’identifier les principaux d’entre eux : Brésil, Russie, Inde, Chine, Afrique du Sud. Ils se caractérisent par leur dynamisme économique, possède d’importantes réserves financières (Chine). Leur puissance économique et financière explique qu’ils sont admis aux réunions informelles du G20 pour participer aux débats concernant les grandes orientations éco-nomiques du monde, qui sont encore du ressort des États. Ainsi le G20 est une instance plus représentative des recompositions du monde actuel que certaines organisations internationales. Les pays émergents demandent d’ailleurs à être aussi reconnus dans des organisations internationales (Conseil de sécurité de l’ONU, FMI, Banque mondiale). 2. Deux critères majeurs déterminent l’appartenance au G20 : les critères économique et géopolitique. 3. La composition du G20 est représentative des recompositions géopolitiques en cours dans la mesure où il intègre, dans une sorte de gouvernance économique mondiale, les puissances dites « émergentes » ou BRICS, dont la Chine, seconde puissance économique mondiale !

Informations complémentaires À un moment où les BRICS montrent des signes d’essoufflement (le Brésil notamment), les économistes cherchent un autre acronyme pour désigner les nouveaux pays émergents. Après les « CIVETS » (Colombie, Indonésie, Vietnam, Égypte, Turquie, Afrique du Sud) de HBC en 2009, les « MITS » de Goldman Sachs en 2010 (Mexique, Indonésie, Afrique du Sud, Turquie), voici les « PPICS » de Coface (Philippines, Pérou, Indonésie, Colombie, Sri Lanka). Ce classement se fonde sur la dynamique de la croissance (supérieure à 4 %), une taille critique de marché, une économie diversifiée (c’est-à-dire pas trop dépendante des matières premières), des capacités de financement. Sources : FMI ; Coface, mars 2014.

4. Oui, l’utilisation d’aplats de différentes couleurs aide à la compréhension de la carte (cf. l’aplat violet pour localiser les BRICS). Elle montre bien l’évolution de la composition des différents G6, G7, G8 jusqu’à G20. De plus la date (ex. : « 1998 ») en référence à la couleur est une aide importante.

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L’originalité de la carte tient donc aux blocs d’information intégrés. Ceci procède d’un choix cartographique destiné à donner un maximum de renseignements permettant de comprendre le poids démographique et économique des pays du G20. C’est un message destiné à faciliter la compréhension de ce qu’est le G20.

Synthèse Dégager l’intérêt géopolitique de la carte : • Définir la gouvernance mondiale. • Montrer la place des G8 et G20 comme acteurs de la mondialisation : à côté d’une représentation officielle de tous les États (ONU) émerge une institution informelle, considérée comme plus représentative du monde actuel, pour discuter des grandes questions économiques du monde. Ils ne peuvent émettre que des recommandations (cf. la lutte contre les paradis fiscaux dans le monde) ; • Élargir la problématique : la force militaire ne reflète qu’en partie la hiérarchie des puissances engagées dans la gouvernance mondiale. Par exemple, le Japon n’est pas une grande puissance militaire, l’Union européenne ne dispose pas d’une force commune… A contrario, pour les États-Unis, leur puissance militaire leur permet d’être au cœur de la gouvernance mondiale. P. 210-213 Des cartes géoculturelles Cet ensemble de quatre cartes illustre une approche géoculturelle du monde et témoigne des trois facettes d’une réalité qui oscille entre permanence de la diversité du fait de l’existence d’aires culturelles (religieuse, linguistique), métissage et uniformisation sous l’effet de l’occidentalisation, dont on peut observer la diversité des formes (religion, langue, usage des technologies, pratiques sportives…). Analyse de la carte 1 : La diversité des langues officielles dans le monde Une certaine uniformisation apparaît à travers la présence forte d’un nombre réduit de langues officielles qui recouvrent au final des territoires très vastes et des populations très nombreuses, y compris loin de leur continent d’origine. Cependant, il ne s’agit que des langues officielles, qui ne sont donc pas systématiquement parlées, et la simplification de la carte que cet angle d’approche autorise reste toute relative : les autres langues officielles restent nom-breuses, notamment en Europe et en Asie, donc dans l’Ancien monde ; d’autre part, les langues non officielles sont extrêmement nombreuses, même s’il en disparaît régulièrement. Le continent le plus homogène est l’Amérique, largement dominée par les langues des colonisateurs. Cependant, le document source (volontairement reproduit sans modification) commet une maladresse en qualifiant de langues endogènes les langues européennes employées comme langue officielle en

Amérique (espagnol, portugais, anglais, français) ; ce sont bien évidemment des langues exogènes, même si une part importante du peuplement américain descend de vagues de migrations successives venues d’Europe (et d’Afrique). Réponses aux questions 1. et 2. Un peu plus d’une vingtaine de langues comptent aujourd’hui chacune plus de 50 millions de locuteurs. Parmi elles, sept sont d’origine européenne (espagnol, portugais, français, anglais, néerlandais, russe ; toutes les autres sont d’origine asiatique. 3. L’aire d’extension des langues européennes est mondiale ; elles s’étendent chacune sur au moins deux continents (sauf l’allemand et l’italien). Les langues asiatiques se cantonnent en Asie. 4. L’Inde est une « Babel » compte tenu de la diversité des langues pratiquées. L’anglais, langue de l’ancien colonisateur, est la langue véhiculaire. Les Philippines utilisent aussi une langue qui se distingue de celles parlées par la majorité de la population. Colonie espagnole jusqu’en 1898, la langue espagnole a disparu (traces dans les noms et le chacavano, un créole de l’espagnol), supplantée par l’anglais, langue officielle, aux côtés du pilipino. 5. Les langues d’origine européenne connaissent une large extension liée à l’expansion coloniale (XVIe-XIXe siècles). 6. La Francophonie est un exemple d’organisation construite autour de l’appartenance au français. Elle représente 3,2 % de la population mondiale. Le cartogramme permet de donner une image plus précise du poids des différentes langues dans le monde, notamment des langues asiatiques, dont le nombre de locuteurs est potentiellement beaucoup plus important que ceux de l’anglais par exemple. Néanmoins, là encore, il confère aux langues officielles un poids qu’elles n’ont pas forcément, en faisant comme si toute la population la parlait, ce qui n’est pas forcément le cas. Dans le continent américain, au Nord comme au Sud, les populations indiennes autochtones ont été largement éliminées ou au minimum métissées au cours de la colonisation. Leur poids est donc très minoritaire dans la grande majorité des pays américains. De fait, contrairement à ce qui s’observe dans certains États africains ou en Inde, les langues autochtones n’ont que très rarement le statut de langue officielle en Amérique. 7. Le cartogramme ne montre pas que la langue véhiculaire planétaire est l’anglais. Le choix du cartogramme, en représentant les langues officielles de chacun des États, ne le permet pas. 8. De même l’échelle étatique ne peut pas rendre compte du nombre de langues pratiquées en Inde mais elle a l’avantage d’indiquer celles qui comptent le plus de locuteurs. Le pays compte 18 langues officielles et plus de 1 600 dialectes dans un même pays, reflet de sa diversité ethnique et culturelle. La langue nationale indienne est l’hindi, qui est pourtant la langue maternelle de seulement 20 % des Indiens.

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Bien qu’elle n’ait pas pu s’imposer en tant que véritable « langue nationale » en raison de l’opposition des populations du sud de l’Union, c’est l’anglais qui est la langue « véhiculaire » de l’Inde et de l’élite indienne. Elle est utilisée en politique, dans le commerce et dans la communication.

Informations complémentaires Les États indiens sont organisés selon une séparation linguistique. On y regroupe au sein d’un même État les personnes parlant la même langue. Deux grandes familles de langues sont parlées en Inde : l’indo-aryen (l’indic) et le dravidien. L’indo-aryen est constitué des langues du Nord de l’Inde et appartient aux groupes des langues dites « indo-européennes ». Les langues dravidiennes sont les langues de l’Inde du Sud. 18 langues officielles ont été reconnues par la Constitution indienne : l’hindi, l’ourdou, le bengali, le népalais, le télougou, le marathi, le tamoul, le gujarati, le malayalam, le kannada, l’oriya, le penjabi, l’assamais, le cachemiri, le sindhi, le manipuri, le konkani et le sanskri.

Synthèse Dégager l’intérêt culturel de la carte : • Les langues sont de puissants liens de civilisation. • Définir « aire de civilisation ». Analyse de la carte 2 : La diversité religieuse dans le monde La carte rend compte des principales religions pratiquées et à ce titre de l’existence d’aires religieuses dans le sens où les religions se partagent de vastes espaces cohérents du point de vue religieux, même s’ils ne sont pas forcément continus et présentent même une certaine diversité (christia-nisme). Toutefois, cette notion d’aire religieuse doit être précisée : d’une part, elle n’exclut pas la présence d’autres religions, ici les religions minoritaires, non représentées ; d’autre part, ses frontières sont floues et n’ont rien à voir avec les frontières étatiques (cf. Inde, Chine, Afrique centrale) ; enfin, une aire religieuse n’est en rien statique, mais elle connaît au contraire des évolutions, qui ne sont pas sans remettre en cause son homogénéité (voir la partie 2 de la légende). Réponses aux questions 1. Les trois religions dominantes sont les trois monothéismes : le christianisme (2 milliards de croyants environ), l’islam (environ 1,5 milliard) et le judaïsme (environ 14 millions). L’avance numérique du christianisme devrait continuer à l’horizon de 2050. Mais la croissance de l’islam est plus rapide car la population est en forte croissance. 2. Les Églises évangéliques connaissent une forte poussée en Amérique latine et en Afrique subsaharienne. Le terme d’Église évangélique est appliqué à toute une variété de communautés, mais il est extrêmement difficile d’en donner une définition, tant sont grands leur nombre et leur diversité. Ce sont

des Églises locales où chacun devient membre par une adhésion personnelle, par un libre choix. Si elles se situent généralement dans la ligne de la Réforme protestante du XVIe siècle, elles sont imprégnées d’héritages locaux ; c’est le cas par exemple des Églises néochrétiennes africaines qu’on classe comme pentecôtistes. 3. Les conflits religieux sont nombreux dans le monde ; ils peuvent générer des guerres civiles graves. Ils sont importants en Afrique (Nigeria, Centre Afrique, Sud-Soudan, Égypte) au Proche et Moyen-Orient et en Asie, notamment en Inde (assassinat d’Indhira Gandhi en 1984 par des Sikhs de sa garde, Hindous/musulmans récemment encore dans l’Uttar Pradesh), au Sri Lanka et en Indonésie. 4. Les aplats de couleurs donnent une présentation statique des religions fondée sur des statistiques nationales éventuellement existantes, notamment sur la religion majoritaire. Les symboles permettent au contraire de montrer que la diversité religieuse s’accroît dans tous les pays. La mondialisation s’accompagne d’une complexification de la carte religieuse du monde. Les flux migratoires expliquent par exemple l’augmentation de la diversité religieuse en Europe occidentale, notamment de la religion musulmane. Les diasporas accompagnent également la diffusion de certaines religions (le judaïsme par exemple ou l’hindouisme au Royaume-Uni).

Synthèse • Dégager l’intérêt culturel de la carte : souligner l’accroissement de la diversité religieuse dans le monde. • Éléments de synthèse pour les cartes 1 et 2 : les aires de civilisation évoluent indiscutablement du fait de la mondialisation, qui favorise les métissages et entraîne même une certaine uniformisation. Cependant, au stade actuel de cette évolution, les aires de civilisation subsistent car elles conservent certains traits majeurs qui fondent leurs spécificités, dont certains sont en partie cartographiables (religions, fonds et diversité linguistiques) tandis que d’autres ne le sont pas (système de valeur, relations interpersonnelles, place de l’individu et du groupe…). Analyse de la carte 3 : Les enjeux d’Internet Cette carte illustre l’importance des réseaux dans la mondialisation. Internet est en effet présent partout, dans notre vie quotidienne, dans notre travail, dans nos loisirs… La Smart City, ville interconnectée à développement durable vantée par les spots publicitaires d’IBM, montrant un univers où les relations préfigureraient un monde pacifié d’échanges permanents, n’est pas encore en marche. Les interconnections croissantes des systèmes d’information et de communication sont au cœur d’enjeux divers et importants : – celui de l’inégal accès au réseau Internet : si le taux de pénétration d’Internet est d’environ 80 % en Amérique du Nord et de 65 % en Europe, les pays

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d’Asie et d’Afrique possèdent encore une grande marge de progression. 2/3 de la population mondiale est encore déconnectée de la toile ; – celui de l’explosion de la demande en adresses IP, ne serait-ce que pour répondre à l’explosion d’Internet mobile ; – celui du stockage des données, du poids des fournisseurs de contenus – 80 % du trafic Internet est généré par quelques puissants fournisseurs de contenus (Google, Facebook) ; – l’enjeu géopolitique : les États veulent garder le contrôle d’Internet pour préserver leur souveraineté (la Chine censure les informations et dispose de trois grands fournisseurs d’accès nationaux, China Telecom, China Unicom et China Mobile, qui sont contrôlés majoritairement par l’État, selon Reporters sans frontières). Dans un rapport daté de janvier 2013, le très officiel China Internet Network Information Center (CNNIC) revendique un taux de pénétration de 42,1 %. Selon la même source, la Chine compte 564 millions d’internautes, dont 277 millions accèdent à Internet via un terminal mobile. Le réseau peut servir de forum d’expression des conflits (terrorisme) ou d’aide à des mouvements démocratiques (Printemps arabe).

Réponses aux questions 1. Non, l’intensité des connexions est relative à la richesse et au niveau de développement des régions, et peut-être aussi au degré de liberté des internautes comme en témoigne la faible présence de la Russie et de la Chine, ces deux pays ayant par ailleurs des réseaux sociaux spécifiques à faible diffusion mondiale. 2. Les États où la population connectée à Internet est la plus importante sont les pays à haut niveau de vie : les États-Unis où est né le réseau, le Canada, les pays d’Europe occidentale et l’Australie. 3. L’ONU, l’OTAN, l’UE, l’ASEAN sont des exemples d’organisations internationales ayant connu des cyberattaques. On peut aussi citer la Russie, le Japon, l’Iran, l’Allemagne. 4. Les États qui surveillent les informations sont la Chine, l’Iran, le Vietnam, Bahreïn, la Syrie, par exemple. 5. La projection choisie instrumentalise un message : les États-Unis contrôlent le réseau Internet. C’est un élément essentiel de leur soft power. 6. La localisation des éléments concernant les cyberattaques n’est guère pertinente pour se référer à des États ou à des sièges d’organisations internationales.

Synthèse Dégager l’intérêt géoculturel de la carte : • Appréhender la notion de réseau pour comprendre la mondialisation. • Internet est un outil de la mondialisation ; c’est un vecteur de diffusion (notamment culturelle).

• Mettre en avant le rôle du réseau Internet dans l’affirmation du soft power de la première puissance mondiale. Analyse de carte 4 : Le football, un sport mondialisé Ce cartogramme publié dans l’Atlas du monde de demain émane des recherches de P. Boniface, auteur de Football et mondialisation, Armand Colin, 2010. En effet, la Coupe du monde de football est une manifestation sportive de dimension planétaire. P. Boniface écrit : « S’il y a un empire sur lequel le soleil ne se couche jamais, c’est bien celui du football ». Inventé en Angleterre au XIXe siècle, le football s’est imposé sur tous les continents, en Afrique, mais aussi en Asie, plutôt réticente au départ à ce type de sport. Les grands footballeurs sont connus du monde entier (Ronaldo, Messi, Beckham, Neymar). La FIFA (Fédération internationale de football association) qui gère les compétitions a plus de membres que l’ONU (207 contre 193) car elle regroupe en son sein à la fois Israël et la Palestine, la Chine continentale et Taïwan… Réponses aux questions 1. Le football est né en Angleterre. La diffusion s’est d’abord faite par les mers grâce aux marins anglais : les premiers clubs professionnels sont des villes portuaires : Hambourg, Le Havre, Bilbao, Barcelone, Gênes… Elle a aussi pris appui dans des pays de culture anglaise… avant de profiter au cours du XXe siècle de l’essor de la radio et de la télévision. 2. L’Asie est le continent qui est le plus réticent à cette pratique sportive. 3. L’Allemagne compte un pourcentage très élevé de joueurs de football, suivis de pays pourtant de faible population comme les Pays-Bas et l’Autriche. 4. Le football est un sport mondial comme le soulignent le nombre de pays membres de la FIFA et celui des spectateurs lors des coupes du monde . C’est un marché exceptionnel pour le sponsoring. Cette pratique sportive crée de la richesse bien au-delà du monde des footballeurs (voir le commerce des maillots, des chaussures… et plus généralement du sport « ouïr », de la concurrence pour les droits de retransmission à la télévision). 5. La lecture du cartogramme privilégie un indicateur : le pourcentage de joueurs de football licenciés, ce qui a l’avantage de montrer que le grand continent de ce sport est toujours l’Europe, mais le désavantage de minimiser la diffusion du football sur le continent africain, notamment dans les États les plus pauvres.

Synthèse Dégager l’intérêt géoculturel et géopolitique de la carte : • Organiser des J.O., une Coupe du monde du football est un vecteur de soft power (voir la compétition entre

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États pour en être l’organisateur), notamment pour les pays émergents. • Montrer l’expression de la mondialisation du sport. Néanmoins s’il rapproche les nations, il n’efface pas les identités nationales. P. 214-217 Des cartes géoéconomiques Les quatre cartes du dossier permettent de comprendre les notions de développement et de mondialisation. Analyse de la carte 1 : L’indice de développement humain (IDH) L’IDH est un indice qui permet de mesurer le développement. Cet indicateur composite est calculé depuis 1990 par le Programme des Nations unies pour le développement ; il intègre, sur une échelle allant de 0 à 1, le PIB par habitant, l’espérance de vie et le pourcentage d’adultes analphabètes. La carte réalisée à partir de l’indice de développement humain montre la complexité de l’extension du développement dans le monde. La lecture franche d’une ligne de fracture Nord/Sud est difficile, voire obsolète. Néanmoins, à partir de l’IDH (seuil très élevé) on observe que les principaux États développés sont surtout des pays du « Nord » : États-Unis, États occidentaux de l’UE, Japon, Australie. Réponses aux questions 1. Les États à IDH élevé sont les pays développés : États-Unis, Canada, États de l’Europe occidentale, Japon, Australie, Argentine. Ils appartiennent majoritairement à l’Amérique du Nord, à l’Europe de l’Ouest et à l’Océanie. 2. Les États à IDH très faible sont majoritairement africains. 3. Cette dichotomie entre un Nord (c’est-à-dire les pays développés riches) et un Sud (c’est-à-dire des pays pauvres en développement) dont la ligne conventionnelle montre la séparation a souvent été une grille de lecture majeure du monde opposant des riches et des pauvres. Cette ligne est à juste titre contestée et contestable car elle montre un développement très statique… Des recompositions géoéconomiques sont en cours. Un processus de rattrapage économique et social caractérise des pays émergents. Il y a plusieurs Nords et plusieurs Suds. L’émergence des BRICS complexifie la lecture économique du monde. Nouveaux pôles de richesse économique, ils viennent concurrencer les pays du Nord et témoignent d’un relatif basculement géoéconomique du monde. 4. L’échelle étatique est insuffisante dans la mesure où tous les États connaissent d’importantes inégalités de développement entre campagnes et villes, entre régions.

Synthèse Dégager l’intérêt géoéconomique de la carte : • Définir la notion de développement.

• Montrer l’inégal développement dans le monde.

Analyse de la carte 2 : Richesse et pauvreté dans le monde Cette anamorphose met en relation l’IDH par État avec le revenu national brut par État (superficie proportionnelle au RNB). Cela permet d’affiner le classement des pays en termes de richesse. La mise en relation confirme le rang des pays à IDH supérieur (États-Unis, pays d’Europe occidentale, Japon, Corée du Sud, Singapour…) mais confirme, avec l’exemple notamment de la Chine, 2e puissance mondiale, que dans les pays émergents, la croissance ne s’accom-pagne pas d’un développement suffisant. Malgré l’importance de son RNB, l’IDH demeure moyen. Le RNB est un indicateur économique calculé pour exprimer la richesse produite annuellement dans chaque État. La vision d’un monde polarisé autour de trois aires de puissance (États-Unis, Europe, Asie orientale) et divisé entre un Nord et un Sud devient obsolète. Sur le plan économique les pays « industrialisés » sont concurrencés par les pays émergents, voire dépassés (la Chine est devenue la 2e puissance économique du monde). Bien que les pays les plus développés concentrent toujours plus de la moitié de la richesse mondiale, la croissance économique rapide des seconds dessine une économie mondiale multipolaire. Réponses aux questions 1. Les cinq premières puissances mondiales identifiées par leur RNB sont les États-Unis, la Chine, le Japon, l’Allemagne, la France et le Royaume-Uni. 2. Les pays les moins développés se situent majoritairement en Afrique, puis en Asie. 3. La Chine est la 2e puissance mondiale en termes de RNB mais au 101e rang pour son IDH ! La richesse et le développement ne renvoient pas à la même réalité sociale. 4. Le choix de l’anamorphose pour représenter le RNB associé à des aplats de couleur pour l’IDH permet de comprendre la distorsion qui peut exister entre un revenu national par pays très élevé et la non-satisfaction de tous les besoins de sa population. Synthèse Dégager l’intérêt géoéconomique de la carte : • Faire la distinction entre croissance et développement. • Comprendre ce qu’est un pays émergent (cette question sera revue au chapitre 3).

Analyse de la carte 3 : Le réseau de la compagnie maritime CMA-CGM Les réseaux créés par les grandes compagnies maritimes mondiales sont les supports indis-pensables aux échanges maritimes qui représentent 80 % des échanges mondiaux. Le conteneur a en effet révolutionné le transport maritime et les porte-conteneurs sont toujours plus imposants. Ces questions sont approfondies dans les chapitres 2 et 3.

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L’exemple choisi pour cette carte (et qui pourra être aussi utilisé dans le chapitre 2 en relation avec le fonctionnement de la mondialisation) est celui du réseau de la compagnie maritime française CMA-CGM. Elle dispose de 650 agences dans 150 pays ; elle emploie environ 18 000 personnes dans le monde. Son étude met en avant les grandes routes du commerce maritime mondial.

Réponses aux questions 1. Le siège de la CMA-CGM est à Marseille. (Il a été construit par une architecte internationale Zada Hadid.) C’est une compagnie française. 2. La principale route maritime est la route qui relie l’Asie à l’Europe et à l’Amérique du Nord. 3. Les grandes façades maritimes mondiales sont la façade de l’Asie orientale (Japon, Chine, Singapour), la Northern Range en Europe (de Hambourg à Anvers en passant par Rotterdam) et son prolongement, la façade méditerranéenne, et les façades atlantique et pacifique des États–Unis. Ce sont des interfaces majeures de la mondialisation. Elles correspondent aux façades des États qui en sont les centres moteurs. Elles concentrent les grands nœuds portuaires mondiaux. 4. La CMA-CGM possède de très nombreuses agences dans le monde car son réseau est mondial : citons la Chine (66 agences !), l’Indonésie, l’Inde, la Russie, le Royaume-Uni, l’Allemagne, les États-Unis, le Brésil, le Chili. 5. Les détroits stratégiques sont les détroits de Malacca, d’Ormuz, de Bab–el–Mandeb, le canal de Suez, le détroit de Gibraltar, le canal de Panama. 6. La projection choisie est centrée sur l’Europe pour montrer comment s’organise le réseau d’une compagnie maritime française. Néanmoins une projection polaire est plus satisfaisante pour montrer les grandes routes maritimes mondiales et le rôle clé de la façade orientale de l’Asie dans les échanges mondiaux.

Synthèse Dégager l’intérêt géoéconomique de la carte : • La notion de réseau en relation avec le fonctionnement de la mondialisation. • Un acteur de la mondialisation : un armateur. • La définition d’une compagnie maritime. • Les principales routes maritimes mondiales et les détroits stratégiques. • La notion d’interface : les grandes façades maritimes mondiales.

Analyse de la carte 4 : Les principaux États producteurs d’automobiles Deux cartogrammes diachroniques questionnent un des fondements de la mondialisation contemporaine : la NDIT, un processus de division internationale du travail en fonction des avantages comparatifs respectifs des différents États concernés.

Ce processus est ici mis en exergue à partir d’une industrie clef : l’évolution des localisations de la production automobile dans le monde. Réponses aux questions 1. En 1969, les deux principaux États producteurs d’automobiles sont les États-Unis et le Japon. En 2012, la Chine est devenue le premier producteur. C’est la manifestation de la montée en puissance d’un pays atelier (coût faible de la main-d’œuvre) et d’un marché à fort potentiel de consommation (pays émergent). 2. Le continent le plus affecté par la baisse de la production est le continent nord-américain. 3. Les facteurs explicatifs sont divers : coût de production, potentiel des marchés, spécialisation des économies avec le passage à une économie de services pour les États les plus développés mais où demeurent les centres de recherches. L’évolution de la production automobile profite à des pays émergents : Europe orientale, Turquie et Asie du Sud-Est. 4. Tous les États producteurs d’automobile ne sont pas représentés puisque le cartogramme fixe un seuil : au moins 1 million de véhicules produits.

Synthèse Dégager l’intérêt géoéconomique de la carte : • Définir la NDIT et son rôle dans le processus de fonctionnement de la mondialisation. P. 218-221 Des cartes géoenvironnementales Cet ensemble de quatre cartes illustre une approche géo-environnementale du monde en relation avec la croissance démographique mondiale et l’inégalité de développement des sociétés : la pression sur les ressources, les émissions de CO2, la protection de l’environnement. Analyse de la carte 1 : La croissance démographique dans le monde L’anamorphose croise deux éléments : la population des États du monde (superficie proportionnelle à la population des États) et leur taux d’accroissement naturel respectif. Le TAN (ou différence entre le taux de natalité et le taux de mortalité) est le facteur fondamental de l’évolution de la population d’un pays. La croissance de la population mondiale sera soutenue jusqu’en 2050 (environ 9 milliards d’hommes) mais plus faiblement que durant la seconde moitié du XXe siècle, elle va ensuite décélérer. Si le continent asiatique est toujours le plus peuplé, la plus forte croissance de la population est observée sur le continent africain en raison d’un indice de fécondité encore élevé (5 enfants par femme au Niger, par exemple). Le Nigeria pourrait être plus peuplé que les États-Unis avant 2050 et les démographes n’excluent pas qu’il devienne, au tournant du siècle, le 2e pays le plus

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peuplé de la planète. Le haut niveau du taux de fécondité dans les pays pauvres s’expliquerait par l’augmentation de l’espérance de vie, « les enfants vivant suffisamment longtemps pour devenir plus tard eux-mêmes des parents ». Le scénario inverse est projeté pour la population des pays développés, censée voir leur population se stabiliser sauf en Europe où une baisse de 14 % est anticipée d’ici à 2100. Cette croissance démographique génère des besoins croissants pour la satisfaction des besoins primaires de l’humanité, entraînant une augmentation de la pression sur les ressources, nécessitant la poursuite de la croissance pour créer du développement. L’augmentation de la population nécessite la mise en œuvre d’un développement durable.

Réponses aux questions 1. Les États les plus peuplés dans le monde sont la Chine, l’Inde, les États-Unis, l’Indonésie et le Brésil. 2. Leur taux d’accroissement naturel est très dissemblable : élevé encore en Inde et en Indonésie (supérieur à la moyenne mondiale), moyenne mondiale pour la Chine (politique coercitive de l’enfant unique assouplie en 2014 à cause du vieillissement rapide de la population chinoise), faible pour les États-Unis et le Brésil. 3. Le continent où le taux d’accroissement naturel est le plus élevé se situe en Afrique à cause d’un indice de fécondité encore élevé (en moyenne 5 enfants par femme en Afrique subsaharienne). 4. La pression démographique va exiger de répondre à des besoins vitaux de la population de nombreux pays d’Afrique subsaharienne alors que les besoins d’aujourd’hui ne sont pas encore satisfaits (239 millions de personnes sous-alimentées, selon le FAO, 2013). 5. Les choix cartographiques permettent une bonne lisibilité des pays les plus peuplés au monde et de la diversité du taux d’accroissement naturel.

Synthèse Dégager l’intérêt géoenvironnemental de la carte : • Comprendre les rapports très complexes entre population et ressources. • Comprendre que la croissance de la population pose la question du développement durable.

Analyse de la carte 2 : L’inégalité d’accès à une ressource : l’eau potable Le cartogramme montre que l’accès à l’eau potable est inégal dans le monde. Les Objectifs du Millénaire définis en 2000 pour l’horizon 2015 sont ambitieux puisqu’il s’agit de réduire de moitié le pourcentage de la population qui n’a pas accès de façon durable à un approvisionnement en eau potable… ce qui laisserait encore 500 millions de personnes sans eau potable et plus de 1 milliard sans accès à l’assainissement. Qu’est-ce qu’avoir « accès à l’eau » ? Selon D. Blanchon, le chiffre de 1,1 milliard d’hommes n’ayant pas accès à l’eau potable ne dévoile qu’une

partie des inégalités. Avoir un « accès à l’eau » signifie, pour un tiers de l’humanité accéder seulement aux standards minimaux, généralement définis comme 25 litres/personne et par jour à moins de 200 mètres du lieu d’habitation… Il suffit qu’une fontaine distribue de l’eau traitée, a minima quelques heures par jour, dans un rayon de 200 mètres pour que l’on considère qu’il y a « un accès à l’eau », selon l’Atlas mondial de l’eau.

Réponses aux questions 1. Les pays où le nombre de personnes n’ayant pas accès à l’eau potable est le plus élevé se situent en Asie (Chine, Inde) mais aussi en Afrique (Nigeria, RDC, où les ressources disponibles sont parmi les plus importantes du monde, Éthiopie). Le facteur principal du non-accès à l’eau potable est la pauvreté. 2. Les pays où la part de la population n’ayant pas accès à l’eau potable est la plus élevée se concentrent majoritairement en Afrique subsaharienne, ce qui conforte le lien entre IDH faible (voir carte 1 p. 28 du manuel), pression croissante sur la ressource en raison de la croissance de la population (carte 1 p. 32 du manuel) et le non-accès à l’eau potable. 3. Les deux cartes montrent la gravité de la situation en Afrique dans la mesure où un développement insuffisant se combine à une forte croissance de la population. 4. Si tous les États ne sont pas représentés, c’est un choix du cartographe. Cela montre bien que l’accès à l’eau est d’abord un problème de développement avant d’être une question de rareté ou d’abondance en ressources en eau. Elle conforte aussi l’idée que si les pays émergents ont une forte croissance économique, leur IDH reste très moyen (voir le taux de population n’ayant encore pas d’accès à l’eau potable en Chine et au Brésil : entre 10 et 20 %). Le contraste Nord/Sud est ici toujours bien marqué.

Synthèse Dégager l’intérêt géoenvironnemental de la carte : • Montrer l’inégal développement dans le monde. • La pauvreté est le facteur principal du non-accès à l’eau potable.

Analyse de la carte 3 : Les émissions de CO2 et le protocole de Kyoto Le planisphère met en relation les émissions de CO2 en tonnes par habitant par État et les pays qui se sont engagés dans la limitation des émissions de gaz à effet de serre. Le protocole de Kyoto vise à lutter contre le changement climatique en réduisant les émissions de gaz carbonique. Le Sommet de la Terre, à Rio en 1992, a marqué la prise de conscience internationale du risque de changement climatique. Les États les plus riches, qui étaient responsables des émissions les plus importantes, ont pris l’engagement de stabiliser leurs émissions au niveau de 1990. C’est le protocole de Kyoto (1997) qui traduisit cette volonté en engagements quantitatifs et juridiquement contrai-gnants.

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Les gaz à effet de serre concernés sont : le gaz carbonique ou dioxyde de carbone (CO2) provenant essentiellement de la combustion des énergies fossiles et de la déforestation, le méthane (CH4) qui a pour origine principale l’élevage des ruminants, la culture du riz, les décharges d’ordures ménagères, les exploitations pétrolières et gazières, les halocarbures (HFC et PFC) qui sont les gaz réfrigérants utilisés dans les systèmes de climatisation et la production de froid, les gaz propulseurs des aérosols, le protoxyde d’azote ou oxyde nitreux (N2O) qui provient de l’utilisation des engrais azotés et de certains procédés chimiques, l’hexafluorure de soufre (SF6) utilisé par exemple dans les transformateurs électriques. Les pays signataires ont accepté globalement de réduire leurs émissions. Parmi ces pays, les États-Unis ont accepté une réduction de 7 %, le Japon de 6 % et l’Union européenne de 8 %. À la suite de cet engagement, l’Union européenne a estimé nécessaire de procéder à une répartition de la charge de cet objectif entre les quinze États membres. Mais les États-Unis ne l’ont pas ratifié et le Canada s’est retiré du protocole en 2011 depuis qu’il exploite les sables bitumineux de l’Alberta.

Réponses aux questions 1. Les principaux États émetteurs de CO2 sont les pays les plus développés : Canada, États-Unis, Allemagne, Russie, Australie. 2. Les principaux pays qui se sont engagés à limiter ou réduire leurs émissions sont la Russie, les pays d’Europe, l’Australie, le Japon, la Corée du Sud. L’Union européenne est la seule structure internationale signataire du protocole. 3. Les États-Unis n’ont pas ratifié le protocole. 4. Les principaux signataires sont les pays du Nord. 5. Les États à faibles émissions sont les pays les plus pauvres (voir les États africains). 6. C’est un type de carte qui fournit des informations à une date donnée, ici 2011.

Synthèse Dégager l’intérêt géoenvironnemental de la carte : • La mise en évidence des liens entre les émissions de gaz à effet de serre et les inégalités de dévelop-pement. • Réduire les émissions de gaz à effet de serre pour un développement durable (pilier environnemental). • Montrer la nécessité d’une gouvernance mondiale en matière d’environnement grâce à l’organisation de grandes conférences (Conférence de Rio +20) ou de sommets internationaux (Copenhague) ; les pays du Sud considèrent que cette gouvernance renvoie à de nouvelles formes de domination Nord/Sud, ce qui explique leurs réticences.

Analyse de la carte 4 : Géopolitique des espaces naturels protégés dans le monde Ce planisphère pose la question de la protection des espaces naturels dans le monde. Or, comme le montre L. Laslaz dans l’Atlas mondial des espaces protégés, la

protection de la nature « n’échappe ni à la mondialisation, ni aux tensions géopolitiques entre États ». Elle est en grande partie contrôlée par des ONG, surtout anglo-saxonnes (notamment WWF) « qui ont un poids financier et une influence notables dans les institutions internationales ». Elles peuvent orienter les politiques des États en faveur de la protection.

Réponses aux questions 1. Les principales régions où les ONG de protection de la nature sont présentes se situent dans les pays du Sud. 2. Elles sont surtout originaires de pays anglo-saxons (comme les États-Unis, le Royaume-Uni) et de Suisse. On sait que l’idée de protéger la nature prend ses racines dans le Sierra Club.

Informations complémentaires • Sierra Club : première association écologiste qui voit le jour en 1892 aux États-Unis ; elle avait alors pour but de contribuer à la protection du nouveau parc national de Yosémite contre les éleveurs et ceux qui voulaient en réduire l’extension. Il s’agissait selon les termes de Muir de « faire quelque chose pour la nature sauvage et rendre les montagnes heureuses ». La protection contre l’avancée et l’emprise grandissante de la civilisation qui conquiert l’Ouest américain s’enracine dans le sacré. Les Pères fondateurs de la nation américaine cherchaient en émigrant, le Paradis sur terre, la nature « vierge » à protéger contre les exactions des hommes. • The Nature Conservancy est une ONG dont le siège est à Washington et qui gère 1 milliard de dollars de budget annuel auquel s’ajoutent 5 milliards d’actifs. Elle emploie 3 200 personnes dont 700 scientifiques et 15 000 volontaires. Elle est très liée au gouver-nement américain et aux institutions internationales. Depuis sa création, elle est intervenue dans 1 parcs et réserves dans le monde (source L. Laslaz). 3. Les pays où les ONG interviennent sont des pays du Sud. Cette situation n’est pas sans rappeler les rapports de domination qu’exercent les pays du Nord sur les pays du Sud. Laslaz écrit « cette domination idéologique indirecte en faveur de l’écologie a conduit à parler d’un « impérialisme vert » ou d’une « ingérence écologique » aux dépens des États les moins avancés et de leurs populations ».

4. Les actions menées tentent de concilier parfois les piliers économiques, social et environnemental (en Europe, par exemple) mais parfois elles s’imposent à des sociétés pauvres pour qui le souci premier est de se développer (voir pays d’Afrique de l’Est). 5. Cette carte est très intéressante, car elle est volontairement réalisée pour adresser un message aux lecteurs : dénoncer la protection imposée par des acteurs appartenant aux pays riches à des pays pauvres. Le discours dominant des ONG présentées sur la carte reste centré sur l’écologie et pose des problèmes de prise en compte des sociétés locales. On

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estime qu’environ 14 millions de personnes sur la Terre ont subi une politique de déplacement forcé afin de mettre en place des mesures de protection de la nature (source : L. Laslaz).

Synthèse Dégager l’intérêt géoenvironnemental de la carte : • Définir le rôle des ONG comme acteur dans la mondialisation. • Mise en relation entre protection et développement. • Ne pas confondre environnement et écologie.

P. 222-223 Cours 1 : Un monde complexe Ce cours met en évidence la complexité d’un monde multipolaire transformé par la nouvelle phase de la mondialisation : un processus de convergence mais aussi de fragmentation.

Réponse à la question p. 223 La carte de synthèse explique les enjeux des recom-positions géopolitiques et géoéconomiques en cours : – l’affaiblissement relatif des grandes puissances du XXe siècle sous l’effet de la montée des pays émergents et de la contestation de leur influence, culturelle et économique surtout, par le monde musulman ; – l’émergence de nouveaux centres économiques et politiques : les pays émergents, qui accèdent au développement et cherchent à développer une puissance politique à la hauteur de leur puissance économique nouvelle ; – la croissance économique rapide de ces pays est révélée par leurs émissions de CO2 : c’est notamment le cas pour la Chine, désormais 1er émetteur mondial de GES, l’Inde et l’Iran ; – la mise en place de structures de coopération d’échelle continentale comme l’UE, considérées comme nécessaires pour assurer à leurs membres une place dans la mondialisation économique, qui remet en cause la capacité des États à définir des politiques économiques d’échelle nationale ; – le développement de zones d’instabilité, poten-tiellement facteurs de redéfinition des frontières fixées au XXe siècle, du fait de la fin de la Guerre froide et de la désintégration de l’ancien bloc soviétique dont les séquelles ne sont pas terminées (cf. situation actuelle en Ukraine ou en Géorgie en 2008).

P. 224-225 BAC Analyse de documents Sujet 1 : Des cartes géoéconomiques pour comprendre le monde L’analyse de documents porte sur la grille de lecture « géoéconomie et développement », autour de la discussion de la « limite Nord-Sud ». Cette notion, comme il est indiqué dans la fiche Eduscol, a constitué l’un des « socles » de la géo-graphie scolaire depuis deux ou trois décennies mais est désormais remise en question car elle ne permet plus une analyse pertinente du fonctionnement du monde et des

grands ensembles territoriaux en ces temps de « basculement du monde »…

À partir de l’analyse des deux cartes proposées, il s’agit de s’interroger sur la pertinence de l’existence d’une « limite Nord-Sud » à partir de l’indicateur utilisé et des modes de représentation choisis. Deux documents : • Carte 1 : planisphère de l’IDH avec les quartiles déterminés par le PNUD dans le rapport sur le développement humain 2011 ; • Cartogramme 2 associant l’IDH et la population des États en 2011. Ce sujet aborde l’un des points importants du pro-gramme, la notion de développement à travers la remise en cause d’une notion longtemps fondamentale dans la géographie scolaire : la limite Nord-Sud. Voir à ce sujet les contributions de C. Grasland puis de Ch. Zanin dans les livraisons annuelles des Images économiques du monde (Armand Colin) où l’on peut suivre depuis une dizaine d’années l’apogée de la notion puis sa remise en cause progressive (ainsi que d’autres éléments d’analyse relative au développement humain). Consulter également le site du PNU et ses nombreuses études.

Exercice 1 L’IDH, indice de développement humain : indice composite calculé depuis 1990 par le PNUD (Programme des Nations unies pour le développement) intégrant des données qualitatives et quantitatives : l'espérance de vie à la naissance (qui donne une idée de l'état sanitaire de la population du pays), le niveau d'instruction mesuré par la durée moyenne de scolarisation et le taux d'alphabétisation, le PIB par habitant, calculé en parité de pouvoir d'achat ; le PIB par habitant donne une indication sur le niveau de vie moyen du pays. L’IDH se présente comme un nombre compris entre 0 et 1. Plus l'IDH se rapproche de 1, plus le niveau de développement du pays est élevé. La limite Nord-Sud est la ligne conventionnelle entre pays riches et pays en développement. Cette ligne est de plus en plus l’objet de débats.

La carte 1 est le planisphère dans une projection Bertin centrée sur l’Europe à laquelle les élèves sont habitués. L’indicateur utilisé, l’IDH, est connu des élèves depuis le collège ; ils doivent en connaître la définition. Il y a quatre quartiles selon la classification du PNUD (Programme des Nations Unies pour le développement), chaque quartile comptant 47 États. Si l’on observe d’emblée que le continent africain est dans l’ensemble moins développé que l’Amérique ou l’Europe, où peut-on faire passer une éventuelle limite Nord-Sud ? A priori, si l’on veut « partager » le monde en deux ensembles équivalents en nombre d’États, en séparant d’un côté les deux premiers quartiles qui seraient le « Nord » des deux derniers, « le Sud ». À quoi cela aboutirait-il sur la carte ? Tout le continent

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américain appartiendrait au « Nord », à l’exception de quelques États d’Amérique centrale (Guatemala), d’Amérique du Sud (Bolivie, Paraguay, Guyana) et de Haïti : la frontière États-Unis/Mexique ne correspon-drait plus à cette limite Nord-Sud… ailleurs, des États comme la Libye, la Tunisie, l’Iran ou la Malaisie rejoindraient le « Nord »… Impossible de parler encore dans ce cas de limite Nord-Sud. Autre solution : faire passer la limite entre le 1er quartile et le second : la frontière États-Unis/Mexique retrouve son statut « habituel » de limite Nord-Sud mais une partie de l’Europe orientale et la Russie « passent » dans le Sud tandis qu’Argentine et Chili demeurent dans le Nord… « Déboussolant »… Il convient alors de faire remarquer aux élèves que la méthode des quartiles égaux entraîne le choix de seuils statistiques séparant de manière discutable des États que tout rapproche, notamment le niveau de développement : si l’on veut « manipuler » les chiffres, on peut choisir le seuil de 0,805 pour l’IDH 2011 ; ce choix permet de faire « passer » dans les États du Sud l’Argentine, le Chili, mais aussi la Croatie et la Lettonie tout en conservant le Portugal dans le « Nord » (IDH : 0,809…). De tels exemples permettent d’expliquer aux élèves que tout choix cartographique sur des statistiques résulte d’opérations de discrétisation, de tri des données selon des méthodes mathématiques ou empiriques aux implications « politiques » non négligeables… Le cartogramme 2 présente les mêmes données mais on ajoute cette fois la population, ce qui permet de donner véritablement la dimension humaine, démo-graphique, de la question du développement. Change-ment de support cartographique : on passe au cartogramme permettant de croiser les deux données (la superficie proportionnelle à la population, la couleur quantifiant l’IDH) et on change de seuils statistiques pour l’IDH en passant à 6 classes composées de manière plus empirique. Est-ce pour autant plus aisé de tracer une limite Nord-Sud ? Si l’on attribue au « Nord » la seule classe la plus élevée (IDH supérieur à 0,85), on ne conserve incontestablement que des États très développés (et une faible part de la population mondiale) ; cependant, l’on remarque que l’on exclut alors du « Nord » le Portugal, la Pologne, la Slovaquie ou la Hongrie : le « Sud » commencerait sitôt passé Prague ! Si l’on veut intégrer ces États d’Europe centrale, alors le Nord engloberait également le Mexique, la Libye, l’Argentine ou l’Arabie saoudite… Pourquoi pas, mais comment tracer une « limite » sur la carte ? En fait, tracer une limite sur une carte est facile si l’on s’en tient aux seuls critères géopolitiques de souveraineté (frontières, limites administratives… et encore : voir le casse-tête du Cachemire). Pour représenter des faits humains, économiques, le cartographe et le géographe doivent nécessairement faire des choix statistiques et cartographiques traduisant des pré-

supposés, des représentations. Il serait préférable de parler de gradients, d’espaces de contacts, de transition, par exemple, un gradient Nord-Sud étendu sur 2 000 km de la Californie au Nicaragua ou bien de la France jusqu’au Niger, le différentiel de développement étant moins élevé entre la France et l’Algérie (France : IDH : 0,884/20e rang mondial ; Algérie : 0,698/96e rang mondial) qu’entre l’Algérie et Niger (0,295/186e rang mondial). Ce cartogramme permet également aux élèves de relever l’importance respective des divers groupes de pays selon le développement et selon leur poids démographique : quelles couleurs dominent ? Incontestablement, ces sont les jaunes pâle et moyen, ne serait-ce que par le poids des deux géants démographiques Chine et Inde qui « tirent » l’IDH moyen sous le seuil de 0,7 – cela souligne l’ampleur des défis à résoudre pour tendre vers les objectifs du millénaire pour le développement…

Exercice 2 Voir tableau page suivante. Exercice 3 1. L’IDH donne une représentation statique du développement. D’autres cartes utilisant l’évolution de l’IDH sur une période donnée permettraient une vision plus dynamique du développement. 2. L’échelle étatique donne une idée globale des inégalités de développement. Elle est cependant insuffisante, notamment pour des États géants comme la Chine, l’Inde ou le Brésil, pour analyser les disparités régionales, souvent croissantes, du déve-loppement. À plus grande échelle, à l’intérieur des mégapoles par exemple, les disparités socio-spatiales sont également très marquées, notamment pour les pays émergents et en développement (voir par exemple la carte de l’Asie p. 377). Plan possible de la réponse organisée I . L’IDH : définition et représentation sur la carte 1 II. Les difficultés à tracer une limite Nord-Sud d’après la carte 1 III. Le document 2 : une autre représentation mais une limite Nord-Sud toujours impossible à tracer IV. Les limites : deux types de documents carto-graphiques qui dans leur conception ne permettent pas de montrer les évolutions de l’IDH selon les États, ni prendre la mesure des inégalités de développement à d’autres échelles, tout aussi pertinentes : entre villes et campagnes, entre régions d’un même État. Les recompositions géoéconomiques en cours sont de plus peu évoquées.

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Exercice 2

Carte 1 Carte 2 Sujet de la carte L’IDH dans le monde La population et l’IDH Indicateur L’IDH IDH et la population des États en

millions d’habitants Observation à l’échelle mondiale Un inégal développement ; un Nord riche, des Suds moins développés ;

une population majoritairement en dessous du seuil médian de l’IDH. Observation à l’échelle continentale IDH faible en Afrique et en Asie ;

poids démographique du continent asiatique à faible IDH. Limites de l’outil cartographique

Réalisée selon la méthode des quartiles égaux : est-ce suffisamment précis pour déterminer la limite Nord-Sud ?

Avec 6 classes statistiques, la limite Nord-Sud est plus lisible. Elle apporte une information supplémentaire : la mesure de la population concernée par l’IDH correspondant.

P. 226-227 BAC Analyse de document Sujet 2 : Une carte géopolitique pour comprendre le monde Le document est une carte par anamorphose présentant les dépenses militaires des États. Il s’agit de montrer, à partir de l’analyse des dépenses militaires des États, la hiérarchie des puissances du monde actuel et les enjeux géopolitiques qui en découlent. Exercice 1 1. Les dépenses militaires sont constitutives d’un facteur de la puissance qu’on appelle le hard power. Celui–ci se définit comme la capacité militaire et géopolitique d’une puissance. Les dépenses militaires reflètent la hiérarchie des puissances géopolitiques. La puissance militaire a été historiquement le premier critère de la puissance car elle garantissait la défense de l’État. La fin de la Guerre froide a mis fin à la rivalité Est/Ouest mais les guerres n’ont pas pour autant complètement disparu dans le monde. La puissance militaire demeure donc un atout. Elle ne suffit pas toujours. 2. L’OTAN ou Organisation du Traité de l’Atlantique Nord (NATO) est une organisation politique et militaire créée au début de la Guerre froide par le traité de Washington. À l’origine l’organisation devait assurer la défense et la sécurité de l’Europe occidentale face à l’URSS et ses alliés. L’OTAN n’a pas disparu avec la fin de la Guerre froide. Au contraire, elle s’est étendue à de nouveaux membres (comme l’Albanie, la Croatie) et compte depuis 2009 28 membres. Ses missions sont la prévention des conflits, la gestion des crises, la non-prolifération des armes et la lutte contre le terrorisme. 3. Les États-Unis sont la puissance dominante d’un monde multipolaire. Leur budget militaire est le plus élevé du monde (46 % des dépenses militaires mondiales). Ils disposent ainsi d’un matériel de guerre (avions, hélicoptères, porte-avions, sous-marins nucléaires, engins blindés, drones, fusées, satellites…) d’une puissance et d’une technologie exceptionnelles. Ils sont présents partout dans le monde(bases terrestres, navales..). Ils sont les seuls à avoir la capacité d’intervenir sur plusieurs fronts à la

fois en dehors de leur territoire national. Ils ont un rôle majeur au sein de l’OTAN. Leur puissance militaire est une composante majeure de leur puissance géopolitique, sans rivale pour l’instant. 4. Les budgets militaires de certains États sont significatifs des zones de tensions dans le monde : Israël, États du golfe Arabo-Persique, Syrie, Iran, Pakistan, par exemple. Des budgets militaires importants caractérisent également des États en quête d’affirmation mondiale : la Chine notamment, mais aussi d’autres États émergents comme l’Inde et le Brésil. Exercice 2 Les deux première phrases présentent le document. On pourrait y ajouter la source : un ouvrage de Pascal Boniface, L’année stratégique 2013, paru chez Armand Colin en 2012. La troisième phrase annonce le sujet, en précisant les mots-clés : « hiérarchie des puissances politiques », « enjeux du monde actuel ». Exercice 3 Pour rédiger les parties II et III, on peut se référer aux p. 206 à 209 du manuel. Exemple : II. les facteurs explicatifs de cette hiérarchie La hiérarchie des puissances géopolitiques s’explique par une combinaison de facteurs historiques, géopolitiques, économiques et technologiques. Les explications historiques et géopolitiques sont liées : les États ayant un long passé de puissance, d’interventions politiques et militaires récurrentes (certains parleront « d’impérialisme »…) à diverses échelles (régionale et mondiale) se sont dotés, parfois depuis plusieurs siècles, des divers moyens institutionnels, humains, matériels, technologiques… leur permettant de disposer des hommes et des équipements indispensables à l’affirmation de leur puissance. Même en temps d’austérité budgétaire ou de restructuration, ils s’efforcent de conserver un niveau minimal de leur dispositif militaire leur permettant, le cas échéant, d’intervenir ou de redéployer rapidement leurs forces (cf. situation du Royaume-Uni, de la France ou de la Russie depuis la fin de la Guerre froide). La volonté politique de

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conserver des budgets militaires conséquents s’explique également par le souci de respecter certains engagements (alliances, accords bilatéraux de défense : exemple de la France et de certains États africains ou des États-Unis et de leurs alliés de l’OTAN ou du Pacifique…) ou certaines traditions géopolitiques (défense de la liberté de navigation, de contrôle de seuils maritimes stratégiques, de protection de territoires ultramarins dispersés, par exemple). De plus, les tensions conjoncturelles ou les déséquilibres régionaux peuvent inciter les États à augmenter leurs moyens militaires (cf. crise actuelle entre la Russie et l’Ukraine ou tensions en mer de Chine). Cependant, l’histoire et la volonté politique ne suffisent pas : devenir et demeurer une puissance militaire moyenne ou majeure suppose des moyens économiques et technologiques permettant d’acqué-rir et d’entretenir les armements nécessaires. Dans le passé, toutes les puissances s’étaient dotées d’indus-tries d’armement puissantes (entreprises publiques et/ou privées) leur permettant de fabriquer sur leur territoire toute (ou presque toute) la gamme d’arme-ments. L’innovation technologique et la diversi-fication des armements (y compris nucléaires et spatiaux) rendent extrêmement coûteuse une telle volonté géopolitique ; actuellement, seule la Chine avec ses énormes réserves financières, s’engage sur cette voie pour tenter de rattraper son retard sur les États-Unis. De nombreux autres États aux ambitions géopolitiques plus limitées, tels les pays du Golfe ou les puissances émergentes, se contentent d’acheter du matériel militaire aux principaux exportateurs que sont les États-Unis, la Russie, le Royaume-Uni, la France ou l’Allemagne, tandis que d’autres se limitent à quelques « créneaux » de productions nationales comme l’aéronautique pour le Brésil, le matériel spatial ou les missiles pour l’Inde.

III. La carte, reflet des enjeux géopolitiques actuels Les dépenses militaires sont l’une des composantes majeures du hard power, c’est-à-dire la capacité de certains États d’intervenir politiquement à l’échelle régionale, voire mondiale, et, dans certains contextes de tensions, d’entrer dans des conflits pour imposer leur conception du monde ou pour défendre ce qu’ils considèrent comme leurs intérêts vitaux, straté-giques. Dans un monde devenu multipolaire depuis la fin de la Guerre froide, les États-Unis demeurent la puissance dominante ; ils sont les seuls à disposer de toutes les composantes du hard power : puissance nucléaire, spatiale, notamment les satellites d’obser-vation leur permettant de « surveiller » le monde entier, bases militaires et flottes aéronavales dé-ployées dans le monde entier et leur assurant une capacité de « projection » rapide et puissante, entreprises d’armement très avancées techno-logiquement et exportatrices. De plus, ils sont membres permanents du Conseil de Sécurité de l’ONU, leaders de l’OTAN (ils peuvent compter sur le

soutien de leurs alliés, notamment du Royaume-Uni) et « protecteurs » d’États comme le Japon, la Corée du Sud ou Israël. Il faut ajouter à ces attributs de la puissance la domination économique de leurs FTN, de leurs Bourses et tous les aspects de leur soft power. Les autres États tentent soit de conserver, dans une certaine mesure, les héritages de leur puissance passée (Royaume-Uni, France, Russie, tous trois également membres permanents du Conseil de Sécurité de l’ONU et puissances nucléaires et spatiales), soit d’affirmer leur puissance émergente en employant les recettes tirées de leur rapide croissance économique pour se doter de toutes les composantes de la puissance militaire et jouer un rôle régional renforcé. C’est notamment le cas de la Chine, engagée dans une rivalité ancienne avec le Japon et l’Inde et soucieuse d’assurer la sécurité de ses routes d’approvisionnement et d’étendre sa ZEE. P. 228 BAC Analyse de document Sujet 3 : Une carte géoenvironnementale pour comprendre le monde La carte se fonde sur un indicateur : l’empreinte écologique. L’empreinte écologique d’une population donnée est définie comme « la surface terrestre et aquatique biologiquement productive nécessaire à la production de ressources consommées et à l’assimilation des déchets produits par cette population, indépendam-ment de la localisation de cette surface ». Il est considéré par certains comme un indicateur permettant de mesurer le développement durable. Proposée par le canadien W. Rees au début des années 1990, la notion d’empreinte écologique a été diffusée au sommet de Johannesburg par le World Wide Fund for Nature (ou Fonds mondial pour la nature). À l’origine, l’indicateur est porté par des experts militants, dénonçant un mode de développement considéré comme inacceptable par rapport « aux équilibres de la planète ». L’UICN publie en 1980 avec le PNUE et le WWF un rapport : La stratégie mondiale pour la conservation, qui associe conservation et développement. Le terme de « développement durable » est employé dans le rapport. Le WWF est l’une des grandes ONG qui structurent la politique de conservation avec l’UICN, le TNC, le WCS dans le Conservation International créé en 1987. Ces ONG ont un budget cumulé annuel de plus de 2 milliards de dollars. Elles sont des acteurs incontournables des politiques environnementales, des partenaires des institutions onusiennes. Exercice 1. Les États à faible empreinte écologique sont des États en voie de développement (Inde, Indonésie), certains même sont très pauvres (Haïti, RDC, Timor). 2. Les États les plus développés sont dénoncés parce que leur empreinte écologique est très forte, porteuse

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de menaces sur la planète dues aux actions anthropiques. 3. Il convient en effet de s’interroger sur la pertinence d’un indicateur proposé par une ONG très engagée dans la défense de la biodiversité de la planète, dans la lutte contre le réchauffement climatique. C’est une carte qui instrumentalise un message venu de puissantes ONG de protection de la nature, pour la plupart anglo-saxonnes, très engagées auprès des organisations internationales (voir plus haut l’analyse de la carte 4 p. 221). Le choix des couleurs renforce le message : la couleur verte renvoie à la nature, au pilier environnemental du développement durable. Le lien originel du développement durable avec les tenants de la protection de la nature fait qu’il se confond souvent avec le « verdissement » de la planète. 4. La mesure de l’empreinte écologique ne cor-respond pas aux trois piliers du développement durable. Ce sont les pays les plus pauvres de la planète qui ont la meilleure empreinte écologique !

Plan possible pour la réponse organisée : I. Définition de l’empreinte écologique et origine de l’indicateur : un lien fort avec les ONG de protection de la nature II. Un constat : les États à forte et faible empreinte écologique : une opposition pays riches/pays pauvres III. Les limites de l’indicateur : l’empreinte écologique ne permet pas de mesurer le développement durable : – c’est un indicateur qui instrumentalise un message ; – c’est un indicateur qui ne prend pas en compte les trois piliers du développement durable ; il néglige le pilier économique et social, c’est-à-dire le développement des sociétés. Peut-on faire abstraction de l’espérance de vie des populations, de la mortalité infantile, du taux d’alphabétisation, bref du volet social des pays à faible empreinte écologique ? – l’empreinte écologique se fonde sur l’idée que la situation actuelle de la biosphère est « optimale ». Elle s’appuie donc sur les notions « d’équilibre », voire de climat. En fait, les perturbations d’un système, sa résilience, les temps de son évolution ne sont pas pris en compte et l’on ne distingue pas ce qui est irréversible de ce qui ne l’est pas ; – elle ne permet pas de comparer différents modes de gestion du territoire.

P. 229 Réviser Cette page permet à l’élève de retenir ce qu’apportent les quatre grilles de lecture pour lire et comprendre le monde contemporain.

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CHAPITRE 2 La mondialisation en fonctionnement

LA DÉMARCHE DU CHAPITRE 1. Le programme • Le thème 2 s’intitule « Les dynamiques de la mondialisation » • Ce chapitre traite des premiers items de la question « La mondialisation : fonctionnement et territoires » : – Un produit mondialisé (étude de cas) – Acteurs, flux, débats Les deux autres items de la question sont traités dans le chapitre 3. • La question « La mondialisation, fonctionnement et territoires » est déclinée en quatre items qui doivent être mis en relation pour décrire et expliquer les dynamiques de la mondialisation : une étude de cas introductive consacrée à un produit mondialisé au choix ; le fonctionnement de la mondialisation à partir des acteurs, des flux et des débats ; l’inégale intégration des territoires à la mondialisation ; le rôle stratégique des espaces maritimes. La moitié du temps (4 ou 5 heures) pourra être consacrée à l’étude de cas et aux acteurs, flux et débats, l’autre moitié (4 ou 5 heures) à l’intégration des territoires à la mondialisation et aux espaces maritimes. 2. Propositions pour la mise en œuvre A. Un produit mondialisé (étude de cas) Il s’agit d’une étude de cas qui peut être traitée en 2 heures. Il convient de retenir un produit qui permet l’analyse d’un système spatialisable, intégrant des territoires et des acteurs très diversifiés à l’échelle de la planète. Problématiques de mise en œuvre de l’item : • Par quels processus un produit est-il introduit dans les courants d’échanges mondialisés ? • Par quels types d’acteurs ? Selon quelles formes de flux ? Orientations pour la mise en œuvre La démarche doit permettre l’articulation avec les trois entrées générales du thème qui suivront. L’enjeu est d’identifier des types d’acteurs (privés, publics, étatiques, locaux…) qui déploient des stratégies, des territoires distincts (des métropoles comme sièges de grandes entreprises et lieux de décision, des centres de production, des lieux de diffusion…) et des flux liés aux circuits de production et de distribution du produit. L’étude souligne le rôle joué par les transports maritimes. Elle peut permettre d’introduire quelques éléments des débats liés à la mondialisation.

B. Acteurs, flux et débats Cette entrée, à laquelle on peut consacrer 2 heures, rassemble trois aspects fondamentaux de la mondialisation. À la suite de l’étude de cas, il s’agit ici d’aborder de façon plus générale les relations entre acteurs et flux pour comprendre les dynamiques de la mondialisation, et d’examiner les débats que suscitent ces dernières. Problématiques de mise en œuvre de l’item • Quels types d’acteurs sont impliqués dans le système mondialisé où se produisent et se consomment les biens et les services ? Comment s’organisent-ils ? Quelles sont leurs stratégies ? • Comment s’organisent les flux de biens, de services, d’informations à l’échelle planétaire ? Que révèlent-ils du fonctionnement de la mondialisation ? • Quels débats et quelles contestations le processus de mondialisation nourrit-il ? Orientations pour la mise en œuvre L’accent est mis sur les acteurs et leur rôle dans les dynamiques de la mondialisation. Il s’agit de montrer que si les principaux opérateurs des processus de mondialisation appartiennent au secteur privé (firmes transnationales et leur cortège d’entreprises sous-traitantes), les acteurs publics (groupements supranationaux, États), et les organisations issues de la société civile (syndicats, associations de consommateurs, ONG…) jouent également un rôle crucial dans les processus de mondialisation. L’analyse des stratégies des différents types d’acteurs permet de mettre en évidence la compétition mondiale inhérente à la mondialisation et les inégalités qu’elle génère entre les hommes et entre les territoires. L’étude des flux, associée à celle des acteurs qui en sont à l’origine, met en évidence le développement d’un ensemble de flux, visibles et invisibles, qui structurent l’espace mondialisé et définissent une hiérarchisation des territoires en fonction de leur intégration plus ou moins avancée dans cet ensemble. Cette présentation de la structuration de l’espace mondial donnera lieu à la réalisation d’un croquis : « Pôle et flux de la mondialisation ».

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L’évocation des débats générés par l’essor de la mondialisation prend appui sur les constats déjà présentés lors de l’étude de cas et du traitement de cet item. Compte tenu de l’horaire disponible, elle est recentrée sur quelques enjeux cruciaux : – la mise en question de la validité de la croissance à tout prix et de l’intérêt d’un système mondialisé ; – la question de la gouvernance avec la mise en cause de certains acteurs (firmes transnationales, acteurs financiers…) et l’aspiration à un renforcement du contrôle démocratique sur les réseaux d’échanges et les marchés, ce qui pose la question de la place des États dans le processus de mondialisation ; – la contestation des effets de la mondialisation (en particulier la dénonciation des inégalités, des coûts sociaux et environnementaux) et la promotion de modèles alternatifs : affirmation des acteurs locaux et des territoires de proximité dans la gouvernance comme dans les échanges, exigence de qualité et de traçabilité des produits, essor de préoccupations éthiques, environnementales et sociales… 3. L’organisation pédagogique du chapitre Ce chapitre destiné à présenter la mondialisation s’ouvre sur une étude de cas, celle d’un produit industriel emblématique de la globalisation : le téléphone mobile. Le cours part des processus, en replaçant le court terme par rapport à une géohistoire de la mondialisation, pour présenter ensuite la diversité des acteurs. Il se poursuit par le thème d’un nouveau rapport à l’espace, avec une géographie des flux. Enfin les débats relatifs au fonctionnement et aux conséquences de la mondialisation font l’objet d’un dernier dossier. Il importe au sein de ce chapitre de mettre en évidence les interactions systémiques entre les différentes composantes de la mondialisation.

Structure du chapitre 2 – une double page d’ouverture (p. 230-231) expose les trois problématiques majeures et annonce par deux photographies l’étude de cas proposée (le téléphone mobile) et l’un des fondements de la mondialisation : les flux de capitaux (la première bourse mondiale, le NYSE de New York). – l’étude de cas traitant d’un produit mondialisés très différents : le téléphone mobile (p. 232-233) – le dossier 1, « Processus et acteurs de la mondialisation » (p. 238-241) comporte deux doubles pages : les moteurs du fonctionnement de la mondialisation (p. 238-239), les acteurs de la mondialisation (p. 240-241). Ce dossier se prolonge par le cours 1 (p. 242-243) : les mécanismes et les acteurs de la mondialisation. – le dossier 2 sur les flux de la mondialisation comporte deux doubles pages : les flux de marchandises (p. 244--245) et les flux humains et les flux immatériels (p. 246-247), suivies par le cours 2 (p. 248-249). – le dossier 3 « La mondialisation en débat » aborde trois questions : les excès de la mondialisation financière (p. 250), la nouvelle division internationale en débat (p. 251) et la question des ressources et de l’environnement dans le contexte de la mondialisation (p. 252-253) ; il se prolonge par le cours 3 (p. 254-255). – les pages « Bac ». – la page « Réviser ». BIBLIOGRAPHIE Sur la mondialisation en général – Atlas 2013, Le Monde diplomatique /Vuibert, 2012. –P. Boniface, Comprendre le monde, Armand Colin, 2012. – L. Carroué, D. Collet, C. Ruiz, La mondialisation, Bréal, 2006. –L. Carroué « La mondialisation » in A. Ciattoni et Y . Veyret (dir.), Les Fondamentaux de la géographie, Armand Colin, 2013. – A. Ciattoni et Y . Veyret , Géographie et géopolitique de la mondialisation, Hatier, collection « Initial », 2011. – M.-F. DURAND (dir.), Atlas de la mondialisation : comprendre l’espace mondial contemporain, Presses de Sciences Po, édition annuelle de 2006 à 2013 (avec un dossier spécial Chine en 2008, Brésil en 2009, Russie en 2010, États-Unis en 2013). – C. Ghorra-Gobin, Dictionnaire des mondialisations, Armand Colin, 2006, 2e éd. en 2007. – C. Grataloup, Géohistoire de la mondialisation : le temps long du monde, Armand Colin, collection U, 2007. – B. Mérenne Schoumaker, Atlas mondial des matières premières, Autrement, 2013. – F. Tétart (dir.), Grand Atlas 2014, Autrement, 2013.

Revues – Alternatives économiques, « Mondialisation et démondialisation », hors-série n° 101, 2014. – Alternatives internationales « L’État de la mondialisation », hors-série n°10, 2012. – L. Carroué, « La mondialisation en débat », in La Documentation photographique n° 8037, 2004. – Carto n° 20 « La mondialisation », novembre-décembre 2013. – Carto n°14 « Frontières en Europe », novembre-décembre 2014. – Carto n° 11 « Le tourisme mondial », mai-juin 2012.

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– Carto n° 2 « Le monde sans frontières », septembre-novembre 2010. – Esprit n° 395 « La mondialisation par la mer », juin 2013. – Questions internationales n° 63 « Ils dirigent le monde », août 2013. – Questions internationales n° 47 « Internet à la conquête du monde », janvier 2011. – Questions internationales n° 43 « Mondialisation et gouvernance mondiale introuvable », mai 2010. – Diplomatie, « Atlas géostratégique », hors-série, 2014. SITOGRAPHIE – Dossiers du Centre d’études prospectives et d’informations internationales : www.cepii.fr – GEMDEV (Groupement d’intérêt scientifique pour l’étude de la mondialisation et du développement) : www.gemdev.org – Mappemonde : voir notamment l’article d’Olivier Milhaud, « Mappemonde ou la mondialisation mise en images (spécial Capes-Agrégation) » dans le n° 84 (4-2006) et ses renvois aux articles traitant du sujet dans la revue : http ://mappemonde.mgm.fr/num12/articles/art06401.html – Nombreux articles très utiles sur le Site Géoconfluences de l’ENS Lyon remis sans cesse à jour , notamment des définitions.

Sur la téléphonie mobile – Pour suivre l’évolution rapide des marchés et des structures économiques de ce secteur d’activité, se référer surtout à la presse économique, aux pages spécialisées des quotidiens, aux informations sur Internet, par exemple : www.01net.com ; www.zdnet.fr ou www.lemondeinformatique.fr – Voir aussi les données statistiques mises à jour sur le site de l’Union internationale des télécommunications : www.itu.int/fr ; les données concernant les entreprises, les marchés sont actualisées par un bureau d’études américain spécialisé, le cabinet Gartner (données payantes mais régulièrement citées dans la presse économique).

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P. 230-231 Ouverture de chapitre Document 1 La photographie d’une chaîne de montage de téléphonie mobile à Tianjin (Chine) symbolise la NDIT. Elle met en évidence la standardisation de la production dans le pays émergent par excellence. Les ouvriers (en majorité des ouvrières) évoquent les faibles coûts salariaux sur lesquels s’est fondée l’industrialisation rapide de la Chine. L’électronique est un des secteurs industriels emblématiques de la globalisation contemporaine, les NTIC (cf. étude de cas 1) formant une des conditions de possibilités de la mise en réseau poussée des différentes parties du monde. Cette photographie permet d’annoncer les mutations très rapides que connaissent les entreprises de la téléphonie mobile qui se livrent une concurrence effrénée ; en effet, l’entreprise américaine Motorola (dont le siège est à Chicago) a cédé en 2012 sa division téléphonie mobile à Google (révélant ainsi la victoire du software sur le hardware : le système Androïd de Google étant dominant dans les smartphones) mais, en janvier 2014, Google, n’ayant pas réussi à redresser les résultats de cette division, l’a revendue pour près de 3 milliards de dollars au chinois Lenovo, numéro 1 mondial des ordinateurs PC. Document 2 La photographie d’une des salles de cotations du NYSE (New York Stock Exchange), la 1re Bourse mondiale en termes de capitalisations boursières, à Wall Street, évoque un deuxième fondement de la mondialisation contemporaine : la globalisation financière permise par le développement d’Internet et la déréglementation mondiale des flux financiers. P. 232-233 Étude de cas Un produit mondialisé : le téléphone mobile A. Un produit de diffusion massive et mondialisée Réponses aux questions 1. La caractéristique principale de la diffusion de la téléphonie mobile est sa rapidité « explosive », avec une tendance logique au ralentissement : moins de 1 milliard d’abonnés en 2000, près de 7 milliards en 2013 (doc. 4), « presque autant que d’habitants de la planète « (doc. 1) ; cela ne signifie pas que chaque habitant dispose d’un abonnement (cf. carte 3 et question suivante), mais que de nombreuses personnes disposent de plusieurs abonnements, de plusieurs téléphones. « Le taux de pénétration de la téléphonie cellulaire mobile a atteint 96 % dans le monde, 128 % dans les pays développés et 89 % dans les pays en développement » (ITU, 2013). En fait, les statistiques sont très imprécises en ce domaine : les opérateurs de téléphonie comptabilisent tous les abonnements ayant été souscrits, sans préciser combien sont effectivement

encore en usage ; de même, on peut connaître le nombre d’appareils vendus par les différents fabricants et commerçants, mais sans savoir le nombre d’appareils qui ne sont plus en service, en panne, détruits ou recyclés… Il est cependant incontestable que le téléphone mobile représente un produit technologique sophistiqué (cf. doc. 2) devenu en deux décennies un objet d’usage courant dans pratiquement tous les pays du monde, avec une « montée en puissance » technologique rapide : le doc. 1 signale que « la moitié des habitants de la planète, ou presque, sont aujourd’hui desservis par un réseau 3G » (permettant donc un accès à Internet et des communications rapides et planétaires). Là encore, cela ne signifie pas que la moitié des habitants ont effectivement un abonnement à la 3 G… Signalons enfin que ce sont les appareils et les réseaux les plus performants : smartphones et réseaux 3G, 3 G+ et désormais 4G qui progressent le plus rapidement (taux de pénétration mondial de 30 % en 2013 : doc. 1). 2. La téléphonie mobile a été inventée en 1973, mais sa diffusion a été logiquement hiérarchique : elle est partie des pays les plus développés et innovants pour se diffuser aujourd’hui à certains PMA (doc. 2). Sur le plan technique, trois générations peuvent être distinguées (doc. 2) : une première débutant en 1979 dans trois foyers, le Japon, les pays nordiques et les États-Unis, une deuxième lancée en 1991, une troisième en 2001, la quatrième étant en cours de diffusion actuellement. Cette diffusion a été et demeure inégale malgré la rapidité de la progression actuelle dans les pays en développement. Si l’on confronte le graphique du doc. 1 et la carte 3, on remarque que la croissance la plus rapide a lieu actuellement en Asie (nombre d’abonnements multiplié par 4 entre 2005 et 2013) et en Afrique (abonnements multipliés par 6 ou 7), dans les deux continents où la diffusion demeure la plus faible en raison des retards de développement et d’infrastructures. En Asie, dans la plupart des pays les plus peuplés (Chine, Inde, Pakistan, Bangladesh, Iran, Turquie…), le nombre d’abonnements est compris entre 50 et 100 pour 100 habitants alors qu’en Afrique, il est encore souvent inférieur à 50 pour 100 habitants. Dans les autres continents ou ensembles régionaux (doc. 1), la croissance est plus faible (nombre d’abonnements multiplié par 1,5 à 3) car le taux d’équipement est déjà élevé, voire très élevé (Amérique latine, CEI, pays arabes). Il faut remarquer et expliquer le nombre relativement faible d’abonnements en Amérique du Nord et en Europe occidentale (carte 3) : 50 à 150 pour 100 habitants. Dans ces pays développés, la téléphonie fixe, anciennement installée et performante, n’a pas été complètement supplantée par le mobile alors qu’elle est faiblement répandue dans les pays les plus pauvres ; de plus, les usagers

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des pays les plus riches sont, en très grande majorité, connectés à Internet via leur ordinateur (ligne téléphonique ou câble) et disposent ainsi d’une capacité de communications largement supérieure à la téléphonie mobile, tout du moins en attendant la diffusion généralisée de la 4G. 3. Cette diffusion rapide, planétaire de la téléphonie mobile tient à plusieurs facteurs caractéristiques de la mondialisation technologique et économique : – une amélioration constante des performances, des débits, de l’autonomie ainsi que la miniaturisation des appareils ; – une diversification technologique incessante : les smartphones de la dernière génération et leurs centaines d’applications disponibles n’ont plus grand-chose de commun avec les premiers téléphones des années 1980-1990 ; – une simplicité relative d’infrastructures comparée à la téléphonie fixe (doc. 2) : « infrastructure moins onéreuse et plus facile à reconstruire en cas de catastrophe ou de guerre » ; – une baisse relative des coûts de fabrication et de vente, même si (doc. 1), « le prix d’un abonnement demeure égal ou supérieur au revenu mensuel moyen par habitant dans les pays les plus pauvres » où la possession d’un téléphone neuf ou récent est un signe envié de réussite sociale et de « modernité ». Ajoutons, en dehors des documents, l’effet massif de la publicité, du marketing, des médias inondant d’images et de messages un monde où tout le monde doit être « connecté ». 4. Le graphique du doc. 1 et surtout le texte 5 montrent la relation étroite existant entre diffusion de la téléphonie mobile et développement humain ; la croissance la plus rapide de la diffusion du mobile accompagne le développement de l’Asie, de l’Afrique après avoir touché l’Amérique latine et l’Europe orientale. Le texte 5 fournit des exemples pris en Afrique mais qui se retrouvent dans tous les continents ; retenons pour l’essentiel l’usage de la téléphonie mobile comme moyen de paiement et de transferts financiers (cf. le système M-Pesa au Kenya) et la déclaration par téléphone à l’état-civil ou pour des formalités administratives (Sénégal). Le texte signale également le rôle important joué par le téléphone (et accessoirement les réseaux sociaux) dans la mobilisation des jeunes citadins lors des « révolutions arabes » de 2011. Ajoutons de nombreux autres services rendus : les paysans ou les pêcheurs se renseignent par téléphone pour vendre au meilleur prix leurs récoltes ou leur pêche ; les services de santé (quand ils existent) peuvent être consultés ou appelés par téléphone ; les modes, les musiques, les photos et vidéos se diffusent par téléphone et les migrants conservent un lien avec leur famille, leur pays d’origine par le téléphone. Enfin, la téléphonie mobile est l’un des supports des réseaux sociaux, l’une des facettes

essentielles de la mondialisation socioculturelle actuelle. B. Des acteurs de plus en plus mondialisés et concurrents Le schéma 6 p. 234, associé éventuellement à la carte 8 p. 55, correspond aux indications de la fiche Eduscol : les élèves doivent donc s’entraîner à réaliser un tel schéma afin de pouvoir l’intégrer dans leur composition au baccalauréat. Réponses aux questions 1. Un rappel : l’ancienne DIT (Division internationale du travail) correspondait à la seconde phase de la mondialisation : les entreprises des pays industrialisés importaient des matières premières produites dans les pays pauvres (empires coloniaux, puis « Tiers-Monde », PED, « Sud »…) et les trans-formaient dans leurs propres usines situées près des lieux de consommation (essentiellement dans les pays riches) ; cette DIT a connu son apogée avec le fordisme. La NDIT, née avec la phase actuelle de la mondialisation, est un bouleversement complet (et encore en cours) de l’organisation de la production : les entreprises des pays riches conçoivent (et parfois assemblent en partie) des produits fabriqués dans les pays à faibles coûts de production, soit dans des usines délocalisées, soit par des sous-traitants, à partir de matières premières et de composants produits majoritairement dans les pays pauvres ou émergents ; ces produits sont destinés à un marché globalisé et sont l’objet de flux multiples à tous les stades du processus de fabrication. Les acteurs de la téléphonie mobile s’insèrent dans la mondialisation et la NDIT (doc. 6) par : – une organisation transnationale : les entreprises, à l’origine locales et nationales, comme le groupe cali-fornien Apple déploient des stratégies d’implantation mondialisées (doc. 9), délocalisent la production dans les pays à bas coûts salariaux (Europe de l’Est et surtout Chine) à partir de composants fabriqués aussi bien dans les pays développés que dans les pays émergents ou en développement ; les centres de recherche et les directions commerciales demeurant localisés dans les métropoles des pays développés et des pays émergents (siège à Cupertino, dans la Silicon Valley pour Apple) ; – l’appel à la sous-traitance, que ce soit pour les composants ou pour l’assemblage (doc. 6). Noter à ce sujet que plusieurs stratégies d’entreprise coexistent en fait : à côté d’Apple qui ne possède en propre aucune usine d’assemblage ou de composants, se concentrant sur la trilogie recherche-développement-marketing (cf. pour plus d’informations le site : www.apple.com/supplier-responsibility/our-suppliers), des groupes comme le conglomérat sud-coréen Samsung (cf. texte 3 p. 371) demeurent plus autonomes, fabriquant et

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assemblant eux-mêmes une grande partie de leurs composants (vendus également à des concurrents comme Apple…) et des produits finis. Les nouveaux venus chinois (Huawei, Lenovo ou ZTE) ont une stratégie encore intermédiaire : fabriquant certains composants, en achetant d’autres à des entreprises plus avancées technologiquement et procédant à l’assemblage final, soit sous leur marque, soit pour d’autres marques rachetées à d’anciennes entreprises des pays développés (pour plus d’informations voir l’article détaillé dans Courrier international n° 1110 du 9 février 2012). • Le document 6 met en premier, dans le secteur amont du « process » de fabrication, les fabricants (éditeurs) de logiciels, notamment des systèmes d’exploitation, indispensables au fonctionnement de tout appareil numérique ; la concurrence et la concentration sont extrêmes dans ce secteur dominé par les entreprises américaines de la côte Ouest : Google en premier dont le système Androïd équipe désormais près de 79 % des smartphones (doc. 7), largement devant l’iOS d’Apple et le Windows Phone de Microsoft. Ce sont eux qui dominent en fait toute la chaîne d’élaboration/fabrication des téléphones mobiles, les fabricants de composants devant s’adapter aux choix des concepteurs de systèmes. Ce processus de fabrication dans le cadre de la NDIT entraîne de nombreux flux représentés sur le schéma 6 et qui peuvent être explicités avec les élèves, par exemple les flux immatériels sont des transferts ou ventes de brevets, de prototypes ou de procédés de fabrication et tous les flux financiers qui les sous-tendent ; les flux de marchandises, effectués la plupart du temps par conteneurs (par voie maritime et, exceptionnellement, par voie aérienne) concernent aussi bien les composants (qui ont déjà connu de multiples trajets entre des pays comme le Japon, la Corée du Sud, la Chine, Taïwan ou les États-Unis : cf. la carte 8), que les produits finis expédiés depuis les usines chinoises d’assemblage vers les plateformes de distribution des principaux marchés (pays en rose sur la carte 8). 2. Le texte et la caricature 7 illustrent le très rapide processus de concentration des acteurs du secteur. L’entreprise Nokia, longtemps numéro 1 du secteur, a dû céder à Microsoft sa division téléphonie mobile : alors que le groupe dégageait encore plus de 8 milliards d’euros de profit avant impôt en 2007, son déficit d’exploitation s’élevait à 2,6 milliards en 2012 : les changements de situation peuvent être brutaux dans l’économie numérique ! (pour plus d’informations voir également l’article de Marc Chevallier dans Alternatives économiques n° 328, octobre 2013). Le texte 7 pointe certains des facteurs de cette compétition exacerbée : l’innovation technologique permanente, un marketing de plus en plus global et coûteux, la difficulté à contrôler d’énormes

capacités manufacturières (chez les sous-traitants et assembleurs) nécessaires à un lancement mondial des nouveaux produits. Le tableau 9 donne l’état du marché pour l’ensemble des téléphones au 3e trimestre 2013 : suprématie de Samsung, maintien de Nokia et d’Apple, montée en puissance des nouveaux venus chinois ; sur le marché des smartphones, au 4e trimestre 2013, Samsung était stable autour de 30 % du marché, devant Apple (15,6 %) et les autres fabricants coréens (LG) et surtout chinois (Huaweï, Lenovo, ZTE). 3. Cette compétition très vive tend à peser sur les marges des fabricants même si ces marges demeurent encore substantielles : voir le doc. 10. Sur l’iPhone 4, en 2011, Apple dégageait des marges de 56 % ; ce chiffre doit être relativisé : ces marges comprennent les coûts de recherche-développement, de marketing et de gestion des Apple stores et doivent également être amputées des impôts et taxes (mais le groupe fait partie des spécialistes de l’optimisation fiscale globalisée : cf. doc. 1 p. 250). Les bénéfices nets du groupe demeurent substantiels et font le bonheur des actionnaires d’Apple dont la capitalisation boursière bat des records depuis plus d’une décennie. Cependant, l’exemple d’Apple ne s’applique qu’aux fabricants de smartphones haut de gamme, c’est-à-dire en fait, surtout Apple et Samsung. Les autres producteurs sont parfois dans une situation financière plus difficile (cf. texte 7 : Nokia ou les exemples de « stars » déchues que sont Blackberry, Motorola ou Sony-Ericsson…) : soit ces entreprises ont mal géré le tournant des smartphones, soit elles ne maîtrisent pas toute la chaîne de production et sont trop dépendantes des concepteurs de logiciels ou de composants produits par leurs concurrents (Samsung ou Huaweï notamment).

Pour aller plus loin • Cette question peut être prolongée, notamment avec les élèves de la série ES, par une réflexion sur la question de la « nationalité » d’un produit mondialisé, sur la pertinence de statistiques commerciales par État dans une économie mondialisée et, plus largement sur la redistribution de la valeur ajoutée d’un produit. Un produit made in China, comptabilisé comme une exportation chinoise et donc comme un déficit du pays importateur (États-Unis ou Japon par exemple), ne comporte que 4 % de valeur ajoutée représentée par le coût d’assemblage alors qu’une part bien plus importante revient finalement à des entreprises américaines, japonaises ou coréennes ayant produit des composants ou des services (conception, logiciels, design…). Voir à ce sujet l’article de Christian Chavagneux « L’autre face du commerce mondial » in Alternatives économiques n° 321, février 2013 ou l’étude qui est à la base de cet article : www.oecd.org/trade/valueadded.

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C. Téléphonie mobile et développement durable Réponses aux questions 1. Des entreprises comme Foxconn ou Pegatron sont des entreprises à capitaux taïwanais (à l’origine) implantées en Chine continentale et qui assurent des opérations de sous-traitance pour Apple, notamment l’assemblage des téléphones et autres tablettes ou ordinateurs. 2. Les reproches adressés à Pegatron (comme à Foxconn en d’autres temps ou pour d’autres fabrications) rejoignent plus généralement les critiques émises à l’encontre de toutes ces entreprises de sous-traitance des FTN situées dans les pays-ateliers, en Chine notamment. Les salaires sont faibles, les heures supplémentaires obligatoires ne sont pas toutes rétribuées, notamment si elles correspondant à des heures de réunion imposées, la sélection à l’embauche est draconienne (ni les plus de 35 ans, ni les tatoués, ni les personnes de petite taille…), enfin les conditions de logement sont rudimentaires (dortoirs de 8 à 12 personnes avec 10 douches pour 120 ouvriers) et Pegatron a recours également à des entreprises de sous-traitance lui fournissant de la main-d’œuvre détachée (et encore moins bien payée). Le texte met en cause également Apple, le donneur d’ordres, qui demande à Pegatron de se montrer le plus compétitif, c’est-à-dire de rogner le plus sur les droits et les salaires de ses employés. Ces reproches rejaillissent ainsi sur Apple qui multiplie les opérations de communication sur ses exigences éthiques, sur sa charte de respect des droits des travailleurs imposée à ses sous-traitants et sur les nombreux contrôles opérés par des organismes indépendants sur les conditions de travail chez ces sous-traitants. 3. Les firmes transnationales sont ainsi amenées à développer toute une stratégie de communication mettant en avant leur comportement vertueux, respectueux des engagements du développement durable, que ce soit dans le domaine social (cf. questions précédentes) ou environnemental en expliquant qu’elles luttent contre les gaspillages d’énergie ou de matières premières, contre les pollutions diverses sur les lieux de production… Le document 12 émane du site de Samsung mais on retrouve la même volonté de « greening » chez Apple (cf. www.apple.com/supplier-responsibility) ou chez les fabricants chinois. Les FTN entendent ainsi contrer les reproches formulés par les mouvements écologistes ou altermondialistes, voire prévenir d’éventuelles actions de boycott de certains produits comme en furent victimes antérieurement Nike ou Mattel, deux FTN américaines particulièrement engagées dans la NDIT et dans l’appel à la sous-traitance globalisée sans avoir été trop regardantes sur les conditions de travail dans les sweat-shops asiatiques.

4. Comme l’indique le document 13, le recyclage des téléphones mobiles est encore peu répandu : 3 % seulement d’après ce document de 2010. La proportion a tendance à augmenter mais demeure faible. Il faut relativiser ce chiffre car, comme le note le document 13, une part importante des téléphones est revendue (notamment sur les marchés émergents, africains en particulier) ou cédée à des proches. Il n’y aurait que 4 % des appareils qui seraient jetés ou portés en déchetterie. En fait, on ne sait pas encore bien comment fonctionne le cycle de vie complet de tous ces appareils numériques même s’ils alimentent de plus en plus des filières de déchets plus ou moins toxiques, ou, mieux, de recyclage comme le montre la photographie 14 prise en Indonésie. L’intérêt du recyclage est double : d’un côté la création d’emplois, de micro-entreprises dans les villes des pays en développement, voire des pays développés de plus en plus (y compris pour les filières crapuleuses du recyclage d’appareils volés…), de l’autre côté, lutte contre le gaspillage des matières premières et notamment des métaux précieux et des « terres rares » entrant dans la fabrication de certains composants électroniques ou des écrans tactiles (cf. http://sauvonslaplanete.net/2012/02/19/recyclage-votre-vieux-telephone-recycles-en-lingots-d-or). Les entreprises et certains États encouragent fortement à ce recyclage car le marché des terres rares est un marché très tendu, fortement contrôlé par le 1er producteur mondial, la Chine. On observe par ailleurs, depuis quelques années, un développement du marché de l’occasion, notamment pour les appareils les plus chers (smartphones) qui sont repris par certains commerçants et « reconditionnés ».

Bilan de l’étude de cas A. Le téléphone mobile : un produit de diffusion massive et mondialisée La diffusion de la téléphonie mobile s’est accélérée depuis le milieu des années 2000. Elle est inégale à différentes échelles spatiales et temporelles. Commencée dans les pays développés, elle s’est poursuivie vers les pays du Sud et gagne aujourd’hui une partie des PMA. L’Afrique reste toutefois le continent le moins équipé. La diffusion est globalement un indicateur de développement. On note toutefois que la téléphonie mobile s’est substituée à la diffusion beaucoup plus lente de la téléphonie fixe dans de nombreux pays du Sud.

B. Des acteurs de plus en plus mondialisés et concurrents La filière des téléphones mobiles est emblématique du rôle de l’innovation et du marketing dans la nouvelle étape du capitalisme, ainsi que de la NDIT : tandis que les principaux opérateurs sont situés dans les pays de la Triade, la production est sous-traitée dans les pays émergents à bas coûts salariaux. Les FTN utilisent la NDIT pour produire

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les téléphones mobiles. Elles externalisent la production et de plus en plus la conception. Des flux multiples et complexes de composants, de produits finis et des flux immatériels sous-tendent ce processus. La compétition est très vive entre ces divers acteurs ; de nombreux acteurs des pays développés ont disparu, ont été rachetés ou sont en très grande difficulté depuis quelques années, les deux plus connus en 2013 étant Nokia et Blackberry (RIM).

C. Téléphonie mobile et développement durable La filière de la téléphonie mobile connaît des problèmes sociaux (dumping social, conditions de travail difficiles, scandales déclenchés par des vagues de suicides) et environnementaux (problèmes de recyclage). Les firmes transnationales donneuses d’ordres, soucieuses de leur réputation, tendant à communiquer de plus en plus sur leur volonté de faire respecter des règles strictes, sociales et environnementales, chez leurs sous-traitants.

Synthèse sur la téléphonie mobile dans la mondialisation Le téléphone mobile, innovation qui forme système avec l’entrée dans une « planète nomade » (R. Knafou, 1998), représente un emblème de la mondialisation contemporaine. La révolution des NTIC constitue une des conditions de possibilité de la globalisation dans laquelle le monde est entré depuis les années 1980, tandis que les produits de haute technologie jouent un rôle crucial dans la nouvelle étape du capitalisme. Mais dans quelle mesure la mondialisation de la téléphonie mobile est-elle vecteur de développement ? Nous montrerons que la diffusion de cette innovation change le rapport au territoire, puis que ce secteur applique pleinement la NDIT, avant de l’étudier comme observatoire des inégalités et des problèmes de la mondialisation. I. La diffusion d’une innovation qui change le rapport au territoire Née dans la première moitié des années 1970, l’innovation de la téléphonie mobile s’est diffusée dans les pays développés à partir de la fin des années 1980. Puis elle s’est imposée dans les pays en développement, où elle a souvent supplanté le téléphone fixe, beaucoup plus long et coûteux à installer. Sa diffusion s’est accélérée peu après le début des années 2000, et gagne même aujourd’hui certains PMA. Symbole de l’économie de la connaissance, la télé-phonie mobile connaît des cycles d’innovation rapprochés (la quatrième génération est actuellement en cours de déploiement). La concurrence mondialisée porte également beaucoup sur le marketing. Cette innovation change le rapport au territoire, en permettant de conjuguer mobilité et information.

Elle contribue à la modernisation économique et au processus de développement. II. La téléphonie mobile un secteur appliquant pleinement la NDIT La téléphonie mobile constitue un secteur emblé-matique de la NDIT, qui joue sur les différentiels salariaux grâce à la contraction de l’espace-temps permise par la nouvelle révolution des transports. Les FTN des pays de la Triade, comme Apple ou Samsung, dominent le secteur, tandis que la production est sous-traitée dans les pays à bas coûts salariaux, en particulier les pays émergents d’Asie. Toutefois, de grands opérateurs émergent dans ces États, dans lesquels la croissance démographique et économique suscite une forte croissance de la demande. III. La téléphonie mobile observatoire des inégalités et des problèmes de la mondialisation Cependant, bien qu’elle soit aujourd’hui largement diffusée, la téléphonie mobile reste révélatrice des inégalités de développement aux échelles mondiale (la fracture numérique pénalise encore fortement certains PMA) et nationale (inégalités villes/cam-pagnes, l’espace rural restant plus difficile à desservir), et des inégalités sociales. La téléphonie mobile suscite également une série de dysfonctionnements. Elle nourrit toute une économie informelle dans les pays du Sud, ainsi que la contrefaçon. Quant aux grandes firmes originaires du Nord, elles se livrent des guerres commerciales et détiennent un important pouvoir de lobbying. Du point de vue social, la NDIT s’accompagne de conditions de travail très difficiles dans les pays du Sud, qui suscitent régulièrement des scandales, tandis que la majorité des bénéfices profitent aux FTN. La téléphonie mobile pose également des problèmes environnementaux, en particulier de recyclage, et sanitaires (ondes). Source de croissance, la téléphonie mobile n’est pas donc pas synonyme de développement durable, malgré les engagements récents des acteurs de la filière en France.

Le téléphone mobile connaît une mondialisation aujourd’hui poussée tant de sa production, dans le cadre de la NDIT, que de sa consommation, avec un taux de diffusion dépassant les trois quarts de l’humanité. Catalyseur de développement, le téléphone mobile, bien que beaucoup moins sélectif qu’Internet, reste inégalement diffusé dans l’espace et dans les différentes catégories sociales. Les problèmes que rencontre le secteur sont embléma-tiques des contradictions de la mondialisation contemporaine, tendue entre diffusion et sélectivité.

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P. 238-239 Dossier 1 Processus et acteurs de la mondialisation A. Les moteurs du fonctionnement de la mondialisation Réponses aux questions 1. La NDIT entraîne une forte hiérarchisation des territoires car les entreprises, notamment les FTN, concevant leur stratégie, leur marché sur un espace plus ou moins globalisé, accentuent leur recherche de maîtrise des coûts et donc de sélection, de hiérarchisation des territoires selon leurs avantages comparatifs respectifs. Les territoires « gagnants » appartiennent essentiellement à deux catégories : d’un côté les centres moteurs, particulièrement les aires métropolitaines, les mégalopoles, pour la localisation des fonctions de commandement, des activités de recherche-développement, de conception et de marketing, de l’autre côté les « pays-ateliers » pour les activités de fabrication, d’assemblage : ces pays-ateliers peuvent être des régions industrielles des pays développés, des interfaces frontalières et des façades maritimes, mais ce sont de plus en plus des pays émergents fondant leur croissance sur l’intégration rapide dans la NDIT grâce à leurs faibles coûts de main-d’œuvre et leur énorme marché intérieur. On peut ajouter à ces territoires « gagnants » les cas particuliers des pays bénéficiant de la rente pétrolière et gazière, surtout s’ils sont faiblement peuplés (Arabie Saoudite, EAU, Qatar ou Koweit par exemple) et les pays ayant adopté une stratégie de « niche » tels les paradis fiscaux. À l’opposé, les territoires « perdants » de la mondia-lisation sont les pays les moins intégrés dans la NDIT, notamment les PMA, pays les moins avancés, auxquels on peut ajouter de nombreuses régions rurales des pays en développement exportateurs de matières premières, et, de plus en plus, des territoires situés dans les pays « moteurs », développés, mais qui sont déclassés, en voie de marginalisation car leurs avantages comparatifs passés ont disparu, ne sont plus en phase avec la mondialisation actuelle (anciennes régions industrielles des pays développés, certains quartiers urbains, voire des États dont le niveau de développement est moyen voire assez élevé mais qui sont marqués par l’instabilité politique et évités par les investissements tels ceux de l’ex-Yougoslavie ou l’Albanie). 2. La mondialisation financière, la plus aboutie, la plus « globalisée » des composantes de la mondialisation économique libérale, contribue pleinement à la mise en place d’un monde « dual » opposant, parfois de manière caricaturale, les territoires et les acteurs qui sont intégrés à ceux qui sont marginalisés, exclus de ces flux permanents et massifs de capitaux, invisibles, voire opaques.

L’échelle de la carte 2 ne favorise pas une analyse nuancée ; elle présente schématiquement quatre catégories de territoires. D’abord, les pôles de la mondialisation financière à deux échelles : d’abord celle des villes : les principales places financières mondiales (l’indicateur retenu étant la capitalisation boursière des principales bourses) et les villes sièges des quatre plus importantes banques centrales d’émission : Washington pour le dollar, Francfort-sur-le-Main pour l’euro (BCE), Londres (la livre sterling) et Tokyo (le yen). L’autre échelle est celle des États avec trois indicateurs : les dix États qui sont les plus importants émetteurs et récepteurs d’IDE (investissements directs à l’étranger, l’un des principaux outils financiers à la disposition des FTN), les États disposant de fonds souverains grâce à leurs importants excédents financiers liés le plus souvent à l’exportation d’hydrocarbures (ou aux énormes excédents commerciaux chinois) et enfin quelques-uns des paradis fiscaux les plus actifs. On retrouve ainsi la hiérarchie de l’inégale intégration des territoires qui sera reprise dans le chapitre suivant : des pôles moteurs au cœur de la mondialisation financière : d’abord les villes globales, notamment New York, Londres, Tokyo, et, secondairement sur ce critère, Paris, puis les autres villes mondiales, notamment celles des pays émergents : Hong Kong, Singapour, Shanghai, Johannesburg, Mumbai ou São Paulo… ; plus largement, les principales puissances économiques mondiales et enfin les États intégrés par une stratégie de « niche », soit les exportateurs d’hydrocarbures, soit les paradis fiscaux disposés à la marge « grise » de l’anneau des flux financiers permanents entre les pôles moteurs et qui permettent aux FTN et à quelques dizaines de milliers de fortunes privées d’être les grands bénéficiaires de la mondialisation financière. À l’opposé, le « vide » d’une grande partie de l’Afrique, de l’Amérique latine ou de l’Asie du Sud : des territoires où plus de la moitié de l’humanité n’a qu’un contact très marginal et occasionnel, voire aucun contact du tout avec les quelque 5 000 milliards de dollars de flux journaliers sur le seul marché des devises (sur ces questions finan-cières, voir les mises à jour annuelles de Laurent Carroué dans les Images économiques du monde, Armand Colin). 3. Les flux financiers sont le moteur fondamental de la mondialisation car, grâce à la multiplication des mesures de déréglementation des transactions financières prises depuis 1945 et surtout depuis les années 1970, ils offrent aux FTN toutes les possibilités d’exercer leurs activités à l’échelle globale : investissements directs à l’étranger pour la création de filiales, d’établissements commerciaux ou industriels, avances de trésorerie ou règlements aux innombrables entreprises de sous-traitance, transferts de capitaux et de bénéfices entre filiales ou en direction des paradis fiscaux, conversion de

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devises, etc. (cf. carte 1 p. 243). Les flux financiers sont également effectués par les établissements financiers spécialisés : banques, compagnies d’assurances, par les États : emprunts et prêts, notamment entre pays déficitaires « chroniques » (États-Unis, France, Italie, Royaume-Uni… et les créanciers de la planète, Chine en premier lieu mais aussi les fonds d’investissement russes, arabes, qatari, singapourien, norvégien…). Enfin, à l’échelle des personnes physiques, les flux financiers permettent l’essor du tourisme international, des investissements particuliers (placements boursiers, immobiliers, marché de l’art) ou les transferts financiers effectués par les migrants vers leur pays d’origine. Se reporter également au texte 8 p. 247. 4. Le texte 3 met en avant trois des fondements de la mondialisation que l’on retrouve sur les cartes 1 et 2 et implicitement dans le texte 4 : – une extension progressive du système capitaliste à partir de ses deux foyers du XIXe siècle : l’Europe occidentale et les États-Unis qui apparaissent encore bien comme pôles dominants de la globalisation financière (carte 2) et comme deux aires de puissance majeures (carte 1) ; la mondialisation s’est étendue ensuite aux marges de ces deux foyers (Canada, Mexique, d’un côté, Europe centrale et orientale, Russie et Méditerranée, de l’autre) et surtout à l’Asie orientale, devenue la troisième aire de puissance (et la plus dynamique actuellement) à partir du foyer secondaire japonais apparu au début du XXe siècle, puis à d’autres pays émergents (Brésil, Afrique du Sud, Inde…) ; – un fonctionnement systémique par des flux très complexes et permanents (seulement évoqués sur ces cartes : flux de délocalisation et flux financiers) et par les « logiques de pilotage et d’organisation » menées par exemple par les FTN (cf. bilan/schéma de l’étude de cas) ; – « la mise en relation de plus en plus complète des différents ensembles géographiques » résultant de ces flux et de l’extrême sophistication atteinte par la NDIT et par les processus d’élaboration des produits mondialisés (cf. l’exemple anodin de la brosse à dents : texte 2 p. 243). B. Les acteurs de la mondialisation Réponses aux questions 1. Les FTN jouent un rôle moteur dans la nouvelle étape de mondialisation. Leurs stratégies mondiales façonnent la NDIT. Leur poids est à la fois quantitatif (les FTN « réalisent plus du quart du PIB industriel et […] les deux tiers du commerce mondial ») et qualitatif (lobbying exercé auprès des gouvernements, des Parlements et des instances internationales). Elles sont à l’origine de la formidable croissance des IDE, « multipliés par 21 en trente ans » et, corrélativement, du décollage économique de nombreux territoires émergents.

2. L’exemple de la firme japonaise Toyota (1er ou 2e constructeur automobile mondial selon les années) permet de comprendre comment les FTN s’organisent pour exercer une présence mondiale dans le cadre de la NDIT : – siège social et directions régionales dans les États moteurs de la mondialisation et les principaux marchés de consommation : Japon, États-Unis, Europe occidentale (Belgique en l’occurrence), Chine et Asie du Sud-Est (Thaïlande et Singapour) ; – centres de recherche-développement et de design implantés dans ces mêmes pays et l’Australie ; – usines (assemblage et pièces détachées) situées dans le pays d’origine (Japon), les principaux pays consommateurs (par exemple à Onnaing, dans le Nord-Pas-de-Calais ou aux États-Unis : 9 usines) et les pays émergents (Inde, Indonésie, Mexique, Brésil, Afrique du Sud…) mais également dans des pays en développement pour être présents sur le plus grand nombre possible de marchés tout en profitant de faibles coûts de main-d’œuvre (Kenya, Vietnam ou Bangladesh par exemple). Une telle organisation entraîne des flux considérables et complexes de pièces détachées et de véhicules assemblés : c’est l’une des explications de la croissance des flux commerciaux, croissance supérieure à celle du PIB mondial. 3. La gouvernance mondiale actuelle est assez largement héritée du système des Nations unies organisé au sortir de la Seconde Guerre mondiale. L’ONU représente les États du monde, l’Organisation de Coopération et de Développement Économique regroupe les États les plus riches (à l’origine OECE/1948 – elle rassemblait exclusivement des pays développés bénéficiant de l’aide du Plan Marshall ; depuis les années 1990 elle s’est ouverte à certains pays émergents et à d’anciens pays communistes). L’Organisation Mondiale du Commerce (OMC), qui succède en 1995 au GATT (Accord général sur les tarifs douaniers et le commerce), est censée réguler le commerce mondial. Le Fonds Monétaire International (FMI) et la Banque mondiale « ont pour mission la réduction de la pauvreté et le développement des économies à travers l’octroi de prêts, de garanties, de services d’analyse et de conseil, et d’opérations d’allégement de la dette, pour la première, et la stabilité des relations monétaires internationales et la surveillance des politiques économiques de ses membres, pour la seconde. Elles […] cherchent depuis le début des années 1980 à promouvoir un modèle unique de développement […] la libéralisation de l’économie et l’ouverture des marchés à la concurrence internationale. » (C. Distler, art. « Institution financière internationale », in C. Ghorra-Gobin, Dictionnaire des mondialisations, Armand Colin, 2007). La seule localisation des sièges de ces organismes suffit à indiquer la domination des États-Unis et secondairement de l’Europe.

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En effet, les différents pays du monde n’y sont pas également représentés : longtemps, ces instances, nées dans le contexte de l’après-Seconde Guerre mondiale et de la naissance de la guerre froide (OCDE), furent dominées par les pays développés, notamment les vainqueurs de 1945 et un consensus géopolitique partageait leurs directions entre les Européens de l’Ouest (pour le FMI : Mme Christine Lagarde actuellement) et les Américains du Nord pour la Banque mondiale. Cependant les évolutions géoéconomiques, la reconnaissance du G20 comme instance informelle de gouvernance mondiale et la montée des pays émergents ont conduit à donner une place accrue à ces pays, notamment aux BRICS qui ont obtenu une augmentation de leur quote-part (droits de vote au FMI) ; significativement, le poste de directeur général de l’OMC est passé en 2013 du français Pascal Lamy au brésilien Roberto Azevedo (voir programme d’Histoire : question 3 du thème 3). Le texte 9 l’indique clairement : « On assiste à la fin du duopole Amérique du Nord-Europe occidentale comme centre de gravité traditionnel de la géo-économie mondiale ». 4. Les politiques économiques des États jouent un rôle majeur dans la mondialisation. Malgré les dynamiques transnationales, l’État reste un espace économique de référence. Enfin, après le démantè-lement de l’État-providence à partir des années 1980, « la crise financière et économique des années 2007-2010 » a suscité un certain « retour des États » afin de réguler l’économie. Ce sont les États qui doivent mettre en place des plans de relance (cf. l’actuelle politique Abenomics au Japon), des plans de réduction des déficits publics et de la dette (Europe du Sud, France, Irlande) ou qui interviennent auprès des Banques centrales pour soutenir l’économie (cf. exemples du Royaume-Uni ou des États-Unis). 5. Le document 10 évoque d’autres acteurs de la mondialisation : à côté des FTN et des États déjà cités, il présente les ONG (Organisations non gouvernementales), les think tanks (centres de réflexion) et les lobbies, très influents pour conseiller les hommes politiques aussi bien à l’échelle des parlements qu’à l’échelle des organisations internationales (par exemple, on estime que 10 000 personnes représentant près de 3 000 groupes d’intérêt graviteraient à Bruxelles autour des instances dirigeantes de l’Union européenne) ; l’expression « et les autres » désigne les organisations de consommateurs, les syndicats, les associations diverses, simples consommateurs et producteurs ; mais lesquels dirigent vraiment « le monde »? La question est partiellement reprise dans le dossier 3 « La mondialisation en débat » (p. 250-253).

P. 242-243 Cours 1 Les mécanismes et les acteurs de la mondialisation Ce cours fait la synthèse de l’étude de cas et du dossier 1. Document 1 Les documents relatifs aux IDE s’appuient deux types de données statistiques : les flux ou les stocks d’IDE (entrants ou sortants) ; ceci peut expliquer d’importantes différences quant aux données chiffrées. Il est préférable de s’appuyer sur les données en stocks qui gomment les fortes variations conjoncturelles de ces flux financiers. Ces données sont actualisables sur le site de la CNUCED (UNCTAD). Même s’il est impossible de cartographier les flux d’IDE à l’échelle globale, la carte obtenue est très parlante : domination des trois aires de puissance majeures, notamment de l’Europe occidentale qui demeure le 1er pôle émetteur et récepteur d’IDE, devant l’Amérique du Nord (États-Unis, premiers en tant qu’État) et l’Asie orientale ; montée en puissance des pays émergents comme récepteurs mais également de plus en plus comme émetteurs ; présence notable parmi les récepteurs des pays riches en matières premières (Australie, Russie, Chili, Arabie et pays du Golfe…) ; marginalisation plus ou moins marquée de l’Afrique (excepté l’Afrique du Sud et les pays pétroliers) et de certains États enclavés d’Amérique latine et d’Asie (voir chapitres 3 et 5 du manuel). Document 2 Le texte 2 est un extrait d’un ouvrage de Michel Lussault essentiel pour la maîtrise de ce programme de terminales ; par-delà le côté anecdotique de l’exemple de la brosse à dents, un produit tout autant mondialisé que le téléphone mobile, l’automobile ou la paire de chaussures de sport, il montre bien à quel point la mondialisation imprègne fortement notre vie quotidienne, nos relations, notre environnement culturel, médiatique, technologique… Document 3 Le document 3 présente les premières FTN mondiales. Divers classements existent : celui de CNN Money/Fortune (Global 500) est facilement accessible ; pour réaliser le tableau, les entreprises financières ont été soustraites car certaines d’entre elles ne sont pas à proprement parler des FTN, notamment les compagnies nord-américaines de prêts hypothécaires telles que Fanny Mae et Freddy Mac (très marquées par la crise des subprimes). Un autre classement est disponible chaque année dans Images économiques du monde et concerne les seules entreprises industrielles (source : Industry Week). Les enseignements à en tirer se rejoignent : – une forte présence de trois secteurs d’activité : énergie (surtout pétrole) et mines (en raison du cours élevé des matières premières dopées par la

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demande chinoise), industrie automobile avec une récente recomposition (recul des Big Three de Detroit et montée de Toyota et Volkswagen), industrie électronique et informatique avec la rapide ascension de Samsung (cf. étude de cas sur le téléphone mobile et le texte 3 p. 243) et d’Apple qui ont détrôné General Electric ; – la domination des FTN ayant leur siège social dans les trois aires majeures de puissance et essor des FTN des pays émergents : firmes chinoises, Gazprom (Russie), Petrobras (Brésil). La répartition par pays selon la localisation du siège social évolue lentement : en 2012, parmi les 500 premières, y compris le secteur financier, l’Amérique du Nord en compte 147, dont 133 aux États-Unis ; l’Europe en a 164 dont 35 en France, 34 en Allemagne, 31 au Royaume-Uni, 15 en Suisse, 13 aux Pays-Bas ; l’Asie en compte 163, dont 68 au Japon et 61 en Chine. P. 244-247 Dossier 2 Les flux de la mondialisation A. Les flux de marchandises Réponses aux questions 1. La valeur des échanges mondiaux de marchandises en dollars a presque été multipliée par 30 entre le début des années 1970 et 2012. Cette croissance des échanges dans le monde est due à la convergence de facteurs politiques (la libéralisation des économies promue par l’OMC), logistiques (la nouvelle révolution des transports, qui s’incarne notamment dans la conteneurisation : cf. doc. 4, qui permet une contraction de l’espace-temps et de l’espace-coût) et économiques (la NDIT). La croissance globale s’accompagne d’une redistribution géographique : tandis que la part relative de l’Europe a baissé (de la moitié des échanges en 1973 à 35 % en 2012), la part de l’Asie et notamment de la Chine a considérablement augmenté (de moins de 15 % des échanges à plus de 30 % et de 1 % à plus de 10 %) ; la Chine est ainsi devenue en 2013 la première puissance commerciale mondiale en faisant le total exportations + importations, devant les États-Unis et l’Allemagne. Les trois aires de puissance majeures effectuent nettement plus d’échanges intrazone que les autres ensembles géographiques fortement tournés vers le reste du monde. Ce fait résulte d’un processus plus ou moins abouti d’intégration économique régionale ayant entraîné la disparition des barrières douanières et la suppression de nombreux obstacles réglementaires au libre-échange. Historiquement, ce processus a commencé en Europe occidentale avec la CECA puis la CEE (1957) devenue l’UE ; on retrouve ainsi le pourcentage le plus élevé (72 %) de commerce intrazone en Europe, et ceci d’autant plus que les États sont

souvent petits et leur économie très intégrée à celle de leurs voisins et partenaires (exemple : Benelux + Allemagne + France) ; en Asie, si l’ASEAN ne correspond pas à l’ensemble de l’aire de puissance malgré la signature d’accords bilatéraux et une certaine tendance au rapprochement (sur l’ASEAN+ 3 voir le chapitre 6), ce sont les stratégies des FTN dans la NDIT qui contribuent à cette forte intégration (54 % de commerce intrazone) : les flux de composants et de produits finis sont incessants entre les centres de conception et les usines de haute technologie situés au Japon, à Taïwan ou en Corée du Sud et les usines d’assemblage ou de sous-traitance situées en Chine et en Asie du Sud-Est. Enfin, la situation de l’Amérique du Nord paraît moins intégrée : 48.5 % de commerce intrazone ; en effet, malgré l’ALENA, l’économie des États-Unis est davantage tournée vers le reste du monde que celle de ses voisins fortement dépendants du marché étatsunien (cf. chapitre 6, p.150). 2. C’est l’Asie qui est largement excédentaire dans ses échanges de marchandises avec les autres pôles (à l’exception du Moyen-Orient pourvoyeur de pétrole pour les gros consommateurs/importateurs que sont le Japon, la Chine, la Corée du Sud) ; l’Asie est fortement excédentaire avec l’Amérique du Nord et l’Europe. Cela illustre encore une fois les flux induits par la NDIT : les importations massives de produits manufacturés fabriqués dans les pays-ateliers asiatiques, importations que ne compensent pas les exportations d’automobiles ou de machines-outils allemandes, de produits agroalimentaires ou de luxe français ou italiens, d’armement et de produits de haute technologie américains… À titre d’exemple, les flux 2012 ont été les suivants : – de l’Asie vers l’Amérique du Nord : 975 milliards de dollars contre 488 dans l’autre sens (importations asiatiques) ; – avec l’Europe : 855 milliards d’exportations asia-tiques contre 643 d’exportations européennes (source : OMC). 3. La carte 2 permet d’évoquer les flux de matières premières qui sont organisés selon une logique bien différente de ceux issus de la NDIT ; le pétrole est la marchandise la plus échangée dans le monde, tant en tonnage qu’en valeur et les FTN de ce secteur demeurent en tête du palmarès des FTN (cf. doc. 3 p. 243). Les trois grands pôles importateurs sont, sans surprise, les trois aires de puissance constituées de pays développés ou émergents, industrialisés et où le niveau de vie suscite de fortes consommations d’énergie (transports, habitat, électricité). L’Amérique du Nord se distingue en étant à la fois un grand pôle de production (2e rang mondial derrière le Moyen-Orient) et d’importation. 4. Le graphique 3 (gauche) montre que la croissance des échanges de marchandises est plus rapide que la croissance du PIB mondial (c’est encore plus net pour les échanges de services) : de 1990 à 2010, le PIB a été multiplié (en tonnage) par 1,7 environ,

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alors que le commerce mondial était multiplié par 2,7, malgré la récession de 2008. 5. Le graphique 3 (droite) ne permet pas de comparer l’ensemble des modes de transport ; à l’intérieur du commerce maritime, c’est le transport conteneurisé qui a connu une fulgurante ascension (multiplié par 5 entre 1990 et 2010), bien plus rapide que les vracs secs ou les citernes. C’est là encore le reflet de la NDIT et de la multiplication des échanges de biens manufacturés par les FTN (composants et produits finis) entre les pays ateliers fournisseurs et les pays consommateurs. 6. Le texte 4 montre bien l’importance de la conte-neurisation dans la mondialisation contemporaine. Cette invention américaine s’est imposée à tous les modes de transports mondiaux par sa souplesse, sa sécurité et le gain de temps qu’elle permet dans un système fonctionnant de plus en plus en flux tendus. Le conteneur est l’outil idéal pour la multimodalité, passant très rapidement des navires aux camions, trains voire avions-cargos ; il peut transporter quasiment tous les types de marchandises (licites et illicites) – à part les vracs pondéreux – et a été parfaitement adapté à l’informatisation de la logistique (codes-barres et suivi GPS des cargaisons). Le texte évoque également, en lien avec la page suivante, son usage parfois dramatique par des migrants clandestins. B. Les flux humains et les flux immatériels Réponses aux questions 1. Les pays d’immigration appartenant aux pays développés sont les pôles les plus attractifs dans le cadre de flux majoritairement de type Sud/Nord : États-Unis, Canada, les pays de l’Union européenne comme l’Allemagne, le Royaume-Uni, l’Espagne, la France et la Russie. Néanmoins dans le cadre de migrations de type Sud/Sud, des pays en voie développement sont aussi des pays d’immigration (pays accueillant des réfugiés, ou attractifs en raison de leurs besoins en main-d’œuvre comme les pays du golfe Arabo-persique). Environ la moitié des quelque deux cents millions de migrants internationaux résident dans les pays du Sud. Les principales régions de départ sont l’Amérique latine, le Maghreb et l’Afrique subsaharienne (surtout les États du golfe de Guinée), le sous-continent indien et l’Asie du Sud-Est (Chine du Sud-Est comprise). 2. Dans les phases précédentes de la mondialisation, les migrations économiques (de main-d’œuvre) appartenaient pour l’essentiel à trois catégories : migrations forcées à longue distance du système colonial (esclaves africains et coolies asiatiques), migrations volontaires des Européens vers les « pays neufs » manquant de bras pour leur mise en valeur (Amérique du Nord, Australie…), migrations volontaires (mais très encadrées cependant) à courte distance entre pays voisins, par exemple les

travailleurs italiens, belges ou espagnols venant en France ; de plus, des « couples migratoires » se formèrent entre pays colonisés et puissances coloniales. Actuellement, du fait de l’essor des moyens de transport, le système migratoire international s’est considérablement diversifié et complexifié et les flux de main-d’œuvre ont lieu à toutes les échelles, sur toutes les distances : entre pays voisins comme entre le Mexique et les États-Unis ou entre la Pologne et l’Allemagne aussi bien que sur de longues distances, en passant par des relais migratoires : de l’Afrique subsaharienne vers l’Europe occidentale en passant par le Maghreb ou de l’Amérique centrale et andine via le Mexique. L’actualité de 2013 a mis en lumière le cas dramatique de travailleurs népalais recrutés par des entreprises indiennes pour travailler sur les chantiers de la Coupe du monde de football au Qatar. Il faut ajouter un autre type de migrations économiques : les migrations de travailleurs qualifiés qui s’effectuent sur toutes les distances, aussi bien entre pays développés qu’entre pays développés et émergents ou en développement (cadres, ingénieurs, chercheurs au service des FTN ou des organisations internationales par exemple). 3. L’exemple cité plus haut du Qatar montre, qu’en dehors des pays développés, d’autres pays ou régions sont des foyers récepteurs de flux de main-d’œuvre ; il s’agit de territoires présentant un différentiel de développement largement positif dans leur environnement régional. C’est notamment le cas des pays émergents (exemples de l’Afrique du Sud, des États du Cône sud-américain et du Brésil attirant les travailleurs peu qualifiés venant du Paraguay, de Bolivie ou du Pérou ou, en Asie du Sud-Est, de la Malaisie et de la Thaïlande attirant, tout comme Singapour, les travailleurs indonésiens, laotiens ou cambodgiens) et surtout des pays pétroliers peu peuplés : les pays du Golfe arabo-persique sont ceux comptant le plus de travailleurs immigrés parmi la population active, travailleurs venus du Machrek (Égypte, Palestine, Soudan) et surtout du sous-continent indien, voire d’Europe et d’Asie orientale pour les emplois les plus qualifiés. C’était également le cas de la Libye avant les événements de 2011. 4. Les flux Sud/Sud sont, hormis les exemples précédemment cités, essentiellement des flux de réfugiés fuyant les conflits, les violations des droits de l’homme et la détérioration de conditions de vie déjà précaires ; ces flux se rencontrent surtout dans « l’Arc des crises » allant de l’Afrique occidentale à l’Asie centrale et font régulièrement la « une » de l’actualité et l’objet d’actions des ONG humanitaires ; les exemples abondent tels la Syrie actuellement ou l’Afrique des grands lacs (cf. doc. 18 p. 345). 5. La carte 6 relative au réseau Internet peut être associée à la carte 3 p. 212 pour présenter les flux

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d’informations et les flux financiers, deux catégories majeures des flux immatériels bénéficiant fortement de la mise en place d’Internet pour devenir des composantes fondamentales de la mondialisation actuelle. Le planisphère est à juste titre centré sur le continent américain puisque c’est aux États-Unis que naquit véritablement ce réseau qui demeure sous leur contrôle. Ils possèdent en effet le plus grand nombre de data centers (centres de stockageet de contrôle des données numériques), abritent les organismes de gestion du réseau (notamment l’ICANN : Internet Corporation for Assigned Names and Numbers, organisme gérant les noms de domaines basé en Californie) et les sièges des plus importantes FTN utilisant le réseau (Facebook, Google…) ou produisant les matériels et logiciels le faisant fonctionner (Cisco, Microsoft, Oracle…). C’est l’une des composantes majeures de leur soft power et de leur puissance géopolitique (cf. texte 2 p. 311). À côté des États-Unis, le second pôle majeur d’Internet est l’Europe alors que l’Asie apparaît nettement moins dominante dans ce domaine (à l’exception du Japon). La carte indique également les principaux câbles sous-marins acheminant ces flux avec une nette concentration sur les routes transatlantiques et transpacifiques. 6. Les flux financiers sont fondamentaux dans le fonctionnement de la mondialisation économique (cf. question 3 p. 238). Le texte 8 rappelle les principaux acteurs à l’origine de ces flux : banques, assurances, fonds de pensions et fonds souverains, FTN… et leurs impacts considérables en termes d’accroissement des inégalités sociales (« 1 % de la population mondiale accapare 40 % de la richesse mondiale ») et de la volatilité des marchés et des crises financières qui en résultent (« 24 crises majeures entre 1971 et 2007 ») ; ce texte annonce ainsi le sous-thème de « la mondialisation en débat » abordé plus loin. P. 248-249 Cours 2 Les flux de la mondialisation Document 1 La carte 1 du réseau de la Maërsk Line, 1re compagnie mondiale de porte-conteneurs, peut être associée aux doc.. 3 p. 216 et à la carte 3 p. 3 relative au numéro 3 mondial, la compagnie française CMA-CGM. On pourra ainsi signaler aux élèves l’importance prise par ces compagnies maritimes prenant en charge l’intégralité de la chaîne logistique au service des FTN, faisant transiter des flux croissants de produits manufacturés dans le cadre de la NDIT. Ce sont les entreprises européennes et asiatiques qui dominent ce marché très concurrentiel et fonctionnant en flux continus sur des routes maritimes reliant les pôles majeurs de la mondialisation (cf. dossier sur les espaces

maritimes dans le chapitre 3 du manuel, p. 276-281). Document 2 Ce texte présente une autre activité en forte croissance et tout à fait représentative de la mondialisation actuelle, associant flux de marchandises, flux d’informations et flux financiers grâce à Internet : il s’agit de l’e-commerce (ou commerce électronique) qui connaît une progression très rapide remettant en cause l’organisation du commerce de détail avec de fortes conséquences territoriales et sociales. Là encore, ce système de vente est né aux États-Unis et se répand très vite dans tous les pays : il représenterait d’ores et déjà plus de 1 000 milliards de dollars d’activité et connaît une croissance supérieure à 10 % voire 20 % par an. Les élèves pourront citer sans difficulté des exemples de secteurs et d’entreprises, à commencer par le géant Amazon. Document 3 Ce document évoque les flux de main-d’œuvre et de réfugiés ; il peut être associé à la photo 13 p. 296 pour aborder la question des politiques migratoires des pays récepteurs de ces flux. La frontière de Ceuta et Melilla/Maroc est particulièrement surveillée car elle met directement en contact des territoires de l’UE (enclaves espagnoles) avec le Maroc. C’est le seul endroit où la mer ne constitue pas un obstacle physique entre l’UE et les pays du Maghreb. Le différentiel de développement est très élevé, plus important encore qu’entre le Mexique et les États-Unis. Le territoire du Maroc, le plus proche géo-graphiquement de l’Europe, accueille des flux de migrants venus du reste de l’Afrique (notamment d’Afrique subsaharienne) pour tenter le passage vers l’Europe. Les possibilités de passage attirent, qu’il s’agisse comme ici des enclaves espagnoles de Ceuta et Melilla ou bien des îles Canaries, îles espagnoles au large des côtes marocaines ou encore du détroit de Gibraltar. Le Maroc, ultime étape avant l’Europe, devient une véritable « nasse » dans laquelle se retrouvent coincés les candidats à l’immigration qui ne parviennent pas à passer. Le franchissement de la frontière entre Maroc et enclaves espagnoles coûte entre 600 et 2 000 euros, selon le quotidien Le Monde. N.B. : En 2013 et 2014 ont été signés deux accords de régulation des flux migratoires et de lutte contre l’immigration clandestine entre l’Union européenne, le Maroc et la Tunisie (accords dits de « partenariat de mobilité »). P. 250-251 Dossier 3 La mondialisation en débat

A . Les excès de la mondialisation financière ? Cette première page aborde la question du comportement financier et fiscal des FTN et du rôle des paradis fiscaux. L’actualité pointe de plus en

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plus fréquemment cette question : en ces temps d’efforts budgétaires et financiers demandés aux États et aux particuliers, les importants profits réalisés par certaines FTN, notamment celles du secteur des NTIC et de la finance et les révélations de plus en plus nombreuses quant aux pratiques de « l’optimisation fiscale » permettant à ces FTN d’échapper en grande partie à l’impôt sur les sociétés, que ce soit en Europe ou aux États-Unis, provoquent des débats et interpellent les responsables politiques et la « société civile ». Réponses aux questions 1. Pour résumer, l’optimisation fiscale consiste pour certaines FTN (surnommées dans le texte 1 les « Intaxables ») à transférer la plus grande partie des bénéfices réalisés dans un pays où la charge fiscale est élevée vers leurs filiales situées dans des pays à faible fiscalité (en Europe : Luxembourg, Pays-Bas, Irlande par exemple, aux États-Unis : le Delaware), voire vers de véritables paradis fiscaux (île de Man, îles Vierges ou îles Cayman et autres territoires dépendants de la Couronne britannique et édifiés en paradis fiscaux par les spécialistes de la City de Londres). Les FTN prennent prétexte de versements de redevances, de licences, de droits de propriété de marques et procèdent par des transferts financiers successifs à travers diverses sociétés écrans. « Grâce à leur présence dans les paradis fiscaux, les grandes entreprises affichent des taux d’imposition ridicules au niveau mondial : 2,3 % pour General Electric ou 2,4 % pour Google. » (Christian Chavagneux, Alter-natives économiques n° 324, mai 2013) alors que le taux moyen d’imposition des entreprises varie entre 15 et 30 % dans des pays comme les États-Unis, la France ou l’Allemagne. Ce système de plus en plus utilisé est révélateur de la mondialisation financière car il repose sur certains processus déjà cités : accélération et déréglementation des flux financiers, recherche des avantages comparatifs des territoires, stratégie globalisée des firmes. Certains acteurs tentent de réguler ces comportements voire de les dénoncer ; ce sont des ONG (Attac ou CCFD-Terre Solidaire par exemple) et, de plus en plus, certains États inquiets de voir des recettes fiscales massives leur échapper (environ 50 milliards d’euros par an pour la France) ; cf. question 3 ci-dessous. 2. Un paradis fiscal désigne un État qui offre des conditions optimales pour des transactions financières discrètes, des transferts de capitaux échappant à tout contrôle : bénéfices légaux des firmes transnationales ou avoirs de riches particuliers, tous soustraits à la fiscalité du pays d’origine, blanchiment de fonds provenant d’activités illicites (trafic de drogue, d’armes…) ou de la corruption (biens acquis dans des conditions douteuses par des dictateurs et leurs proches). Un paradis fiscal se définit donc par l’absence de

fiscalité et de transparence dans les transactions qui passent par des sociétés écrans sans activité réelle. Selon le FMI 50 % des transactions internationales passent par les paradis fiscaux qui hébergeraient 4 000 banques, 2/3 des hedge funds (fonds spé-culatifs) et 2 millions de sociétés écrans. La valeur des actifs dormant dans des paradis fiscaux représente plus de 3 fois le PIB de la France. L’OCDE, à la suite du G20 de 2009, a établi une liste des paradis fiscaux en les classant selon leur degré d’opacité et leur volonté de coopérer avec les institutions internationales. Cette classification est dénoncée par les ONG membres du réseau Tax Justice Network car elle a permis à des pays de disparaître de la « liste noire » grâce à des engagements qui n’ont pas été suivis d’effets (Philippines, Malaisie, Costa Rica…). De nombreuses listes ont été établies et la crise financière depuis 2008 a avivé la lutte contre les paradis fiscaux. Ces listes sont souvent revues après accords entre pays. À l’issue du G20 de Cannes (2011), le nombre de territoires présentant de « sérieuses carences » est tombé à 11. Ainsi en avril 2012 la France a revu sa liste des territoires « non coopératifs » de 18 à 8. Pour les ONG il est illusoire que des instances comme le G20 puissent agir et produire une liste fiable des paradis fiscaux puisque un tiers des membres du G20 sont eux-mêmes concernés par une certaine opacité. Par ailleurs les grandes FTN, qui sont les premiers clients des paradis fiscaux, sont des FTN dont le siège est situé dans les pays du G20. On considère que 20 % des filiales des grandes entreprises européennes sont localisées dans des paradis fiscaux. Une enquête de février 2014 indique que les entreprises françaises du CAC 40 détiendraient près de 1 200 filiales domiciliées dans les paradis fiscaux pour leur permettre, entre autres activités, de procéder à des opérations d’optimisation fiscale : en tête de ce classement, les géants du luxe LVMH et Kering aux côtés de BNP-Paribas, Schneider, Total… Selon des chercheurs de l’organisme Tax Justice Network, l’évasion fiscale représenterait plus de 3 000 milliards de dollars (2 200 milliards d’euros) chaque année tandis que 32 000 milliards de dollars dormiraient dans des paradis fiscaux (source : www.capital.fr/bourse/actualites 23 février/2014). 3. Depuis 1999 le G20 réunit les dirigeants des pays les plus puissants, des pays émergents (Afrique du Sud, Mexique, Argentine, Brésil, Chine, Corée du Sud, Inde, Indonésie, Arabie Saoudite, Turquie) et un organisme régional en tant que tel, l’UE (cf. carte 4 p. 209). La difficulté à imposer des décisions à l’échelle du monde tient d’abord à la lourdeur des sommets du G20. Les dirigeants des États sont tenus par les intérêts nationaux et la pression de l’opinion notamment à l’approche d’échéances électorales. Le texte 3 rapporte une décision du G20 de Saint-Pétersbourg de septembre 2013 qui, après d’autres sommets ayant suivi la crise de 2007, a encouragé

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les États membres à prendre des mesures restreignant le secret bancaire et les pratiques des FTN utilisant les paradis fiscaux. Le texte indique cependant que, pour certains observateurs, la déclaration n’annonce pas encore des résultats concrets tant que le Royaume-Uni et les nombreux paradis fiscaux plus ou moins liés à la Couronne britannique ne coopéreront pas réellement à ces mesures ; de plus, des États très « souples » en matière de fiscalité des entreprises comme les Pays-Bas, la Suisse, l’Irlande ou Malte, pour ne citer que des exemples européens, ne font pas directement partie du G20, même s’ils y sont théoriquement représentés par l’UE. Ces propositions ont été réaffirmées lors de la réunion des ministres des finances du G20 à Sydney en février 2014. Ajoutons que cette question fait l’objet d’un lobbying intense auprès des Assemblées nationales (le Congrès américain par exemple) et des organisations inter-nationales pour retarder ou vider de leur portée réelle la plupart des décisions annoncées.

B. La nouvelle division internationale du travail en débat

Réponses aux questions 4. Le drame de l’effondrement d’un immeuble abritant des ateliers textiles à Dhaka (Bangladesh), le 24 avril 2013, qui a fait plus de 1 130 victimes, a remis sur le devant de l’actualité la question du fonctionnement de la NDIT, en particulier celle des conditions de travail dans les pays ateliers où des milliers d’entreprises assurent la sous-traitance pour les FTN des pays développés et, de plus en plus, de pays émergents. Le Bangladesh est devenu en une décennie le 2e exportateur mondial de vêtements (derrière la Chine) et ses ateliers travaillent pour tous les grands noms du prêt-à-porter et de la grande distribution (le texte cite H&M, Zara, C&A ; Camaïeu, Carrefour, Auchan et Walmart furent également évoquées). Par-delà les circonstances précises de l’accident qui aurait pu être évité (les ouvriers, surtout des ouvrières, avaient signalé des fissures dans l’immeuble mais furent obligés de rester à leur poste par leurs employeurs et les autorités publiques corrompues n’avaient pas effectué les contrôles demandés), c’est tout le fonctionnement de la NDIT, notamment dans l’industrie textile, qui fut remis en question par certaines ONG. Le texte 4 montre que les appels au boycott des marques fabriquées dans les ateliers bangladais ne sont pas la solution optimale au problème car l’industrie textile contribue fortement au décollage économique du pays et à un (très) relatif dévelop-pement humain, notamment pour les femmes les plus pauvres, célibataires, veuves ou répudiées pour lesquelles le travail dans ces ateliers constitue bien souvent la seule alternative pour échapper à la pauvreté extrême ou à la prostitution. Des attitudes plus nuancées ont été proposées, notamment des

pressions exercées sur les entreprises occidentales (habillement et grande distribution) pour les contraindre à renforcer les contrôles sur leurs sous-traitants ; la grande difficulté demeure cependant de s’assurer de la réalité et de la régularité de ces contrôles, d’autant plus que les autorités bangladaises manquent souvent des moyens et de la volonté nécessaires, quand elles ne sont pas directement corrompues par les industriels locaux du textile. De plus, ces industriels procèdent également à des sous-traitances successives sans informer leurs acheteurs ; les industriels se plaignent à leur tour des conditions financières draconiennes que leur imposent leurs donneurs d’ordres occidentaux. 5. La question complexe de la « démondialisation » est évoquée par les documents 5 et 6. Cette question est au cœur des discussions des altermondialistes et des réunions qu’ils organisent tels les Forums sociaux mondiaux. L’essor des échanges est le moteur de la croissance mondiale. Les inégalités s’accentuent, entre pays et plus encore à l’intérieur de chacun d’eux, pays développés comme pays pauvres. Perdants et gagnants ne se répartissent pas forcément selon une logique nationale ni même régionale ou mondiale (pays du « Nord » gagnants contre pays du « Sud » perdants). Partout dans les pays en développement même les plus pauvres émergent des classes moyennes urbaines qui tirent profit de la mondialisation. Cependant, partout, y compris dans les pays les plus riches, la précarité progresse dans des catégories de plus en plus nombreuses. Les limites entre perdants et gagnants sont de plus en plus difficiles à établir. Les inégalités sociales se creusent dans tous les pays. Le texte 6 estime que ce n’est pas dans le protectionnisme qu’il faut chercher la solution car celui-ci est illusoire et même dangereux, la plupart des échanges ne relevant plus des États mais se faisant au sein même des entreprises. L’auteur souligne l’importance d’une mondialisation soumise à une régulation financière et environnementale.

C. Mondialisation, ressources et environnement La question environnementale est au cœur des débats sur la mondialisation alors même que la mobilisation en faveur de l’environnement est un des exemples les plus révélateurs de l’affirmation d’une opinion mondiale, de la mobilisation de la société civile ; cette question a déjà été rapidement abordée dans le chapitre 1, p. 218-221.

Réponses aux questions 1. Les deux graphiques montrent l’évolution de la consommation d’énergie depuis 1990 et les prévisions d’ici 2030. La consommation globale d’énergie ne cesse de croître depuis les années 1990. La courbe ne s’infléchit pas, au contraire. L’augmentation est due aux besoins croissants de pays en développement et notamment des pays

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émergents (forte croissance économique) comme la Chine ou l’Inde. Le graphique de la consommation par source d’énergie (à droite) montre l’importance écrasante des énergies fossiles (charbon et hydrocarbures), soit 80 % du total. Si le pétrole est encore la principale source d’énergie utilisée, la part du charbon ne cesse d’augmenter, or c’est l’énergie qui libère le plus de gaz à effet de serre (GES) lors de sa combustion. Les énergies renouvelables ne fournissent qu’une part réduite de l’énergie utilisée. Ce document souligne la pression sur les énergies fossiles, qui ne se réduit pas. Or ce sont des ressources non renouvelables qui dégagent beaucoup de CO2 lors de leur combustion. La mondialisation est l’une des causes principales, avec la croissance démographique, de la consom-mation croissante d’énergie ; il a été démontré par exemple que la NDIT suscite des flux croissants de marchandises. 2. La notion de biens communs s’impose depuis un peu plus de dix ans. Insister sur le pluriel qui est essentiel pour comprendre le sens. Les biens communs sont des richesses, des ressources, des savoirs : ils regroupent des biens matériels, naturels ou non (eau, terre, air, espèces végétales et animales mais aussi les médicaments…) indispensables à la reproduction de l’humanité. Le texte évoque la question de la « récupération » des biens communs revendiquée lors du Forum social de 2009, c’est-à-dire celle de la propriété, de l’usage et de la gestion des biens communs. En filigrane, il y a la question de la privatisation et de la marchandisation des « biens communs ». Pour autant, la gestion par les États n’est pas forcément garante de préservation et il faut donc dépasser le clivage simple public/privé pour d’autres formes d’appropriation et de gestion. Le mot « récupération » sous-entend aussi que le droit de propriété tel qu’il est couramment défini par le droit ne peut/devrait pas s’appliquer aux biens communs de l’humanité. Le texte sous-entend une gestion nouvelle de biens accessibles à tous (=mise en commun). Lors du Forum social mondial de Belém (Brésil) en 2009 est lancé le « Manifeste pour la récupération des biens communs » qui entame une campagne destinée à promouvoir la notion de biens communs. Voir : Alain Lipietz « Questions sur les biens communs », intervention au FSM de Belém, publiée dans la revue Esprit de janvier 2010. La notion de biens communs est indissociable de celle de patrimoine de l’humanité. La notion de patrimoine n’a cessé de s’élargir. D’abord attaché aux biens d’une famille, le terme s’est appliqué au patrimoine national à la fin du XIXe siècle avant que l’on n’utilise le mot pour désigner les biens de l’humanité (naturels, culturels). La notion de patrimoine suggère la trans-mission, une gestion qui n’entame pas le capital, pour le bien-être des

générations futures : principe d’équité entre générations. Certaines entreprises peuvent vouloir s’opposer à cette notion de biens communs quand leur secteur d’activité concerne des ressources « naturelles » accessibles voire indispensables à tous les hommes ; on pense aux secteurs de l’eau, des semences agricoles, à certaines plantes et animaux pouvant être utilisés en pharmacie. 3. Le développement durable doit permettre de concilier croissance et donc développement (amélioration générale du niveau de vie), équité sociale et protection de l’environnement. Cette définition de base, celle du rapport Brundtland en 1987, a donné lieu depuis à des interprétations différentes, voire contradictoires. Selon les acteurs, les rapports entre les trois objectifs du développement durable ne sont pas équilibrés mais hiérarchisés les uns par rapport aux autres. Les uns donnant la priorité à la croissance (plus ou moins « verdie »), d’autres donnant la priorité à l’environ-nement jusqu’au radicalisme écologique tel qu’il peut exister aux États-Unis par exemple. Enfin d’autres (ONG, pays en développement) misent d’abord sur la justice sociale et la réduction des inégalités à l’échelle mondiale comme à l’échelle locale. Les deux tableaux résument les positions extrêmes, deux scénarios que tout oppose en apparence. Toutefois, il existe des points communs : les deux scénarios tablent sur la croissance économique et la croissance démographique. Ils envisagent tous deux la réduction des inégalités, l’un par la croissance des richesses, l’autre par la lutte contre le gaspillage et par une plus juste répartition des fruits de la croissance. Le titre du scénario peut être discuté : « Scénario qui privilégie l’écologie » : de quelle écologie s’agit-il ? 4. Alors que le document 11 illustre les méthodes employées par certaines ONG pour dénoncer les pratiques de certaines FTN : des manifestations spectaculaires, médiatisées, les textes 10 et 12 signés d’universitaires rappellent que les objectifs, les « trois piliers » du développement durable sont destinés à limiter les impacts de la mondialisation sur les sociétés et sur l’environnement, par exemple en termes de menaces sur les ressources, la biodiversité ou le changement climatique (doc. 10). Dans le texte 12, l’auteur souligne la complexité d’une gouvernance internationale en ces domaines ; par exemple, les mesures de réduction des rejets polluants dans les pays développés ont incité les FTN à accélérer les délocalisations dans les pays émergents ou en développement, là où les normes environnementales et sociales sont moins contraignantes, voire laxistes. A contrario, les États sont parfois moins exigeants que les FTN en termes de critères de qualité environnementale et les entreprises peuvent, par des transferts de technologie, aider les pays les moins développés à acquérir certaines pratiques de protection de

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l’environnement tandis que certaines ONG « écologistes » veulent parfois imposer des normes occidentales à des populations très pauvres dont la première préoccupation n’est pas la protection de la biodiversité… (cf. carte 4 p. 221). Les obstacles demeurent innombrables : intérêts économiques et financiers, rivalités pour l’accès aux ressources, égoïsme ou nationalisme sourcilleux de certains États, corruption, retards de dévelop-pement, mais la prise de conscience de ces questions progresse indiscutablement, même s’il peut paraître excessif de parler d’une opinion publique mondiale. 5. Le texte 13 fait un bilan rapide des négociations internationales commencées en 1992 à Rio pour aboutir à une gouvernance mondiale dans le domaine de la lutte contre le réchauffement climatique par le biais de la réduction (tout du moins du ralentissement de la courbe) des émissions de GES (gaz à effet de serre). Pour certains observateurs (économistes, scientifiques, politiques, membres d’associations…), la protection de l’environnement ne doit pas être opposée à la croissance économique ; elle constitue au contraire l’un des piliers d’une « croissance verte », créant de nouveaux emplois dans les filières du recyclage, de l’économie d’énergies et les énergies renouvelables, dans de nouvelles méthodes agricoles (agroforesterie ou agriculture biologique par exemple) ou de distribution, dans la promotion des objectifs de l’économie sociale et solidaire… Ces objectifs se conçoivent à toutes les échelles, « du global au local » : si la lutte contre les émissions de GES, les pollutions marines ne peuvent être véritablement efficaces qu’à l’échelle planétaire, les comportements de chacun, consommateur, entreprise, élu politique, contribuent tout autant à la prise de conscience et à une amélioration des conditions de vie. P. 254-255 Cours 3 La mondialisation en débat

Document 1 Le planisphère localise les principaux rendez-vous que se donnent les acteurs « institutionnels » de la mondialisation. Il s’agit des sommets officiels des gouvernements des États les plus puissants (G8), des réunions ministérielles dans le cadre de l’OMC ou du Sommet de Davos (Forum économique mondial) qui réunit les principaux responsables de la mondialisation économique et financière. Tous ces rendez-vous ont eu lieu dans des villes des pays les plus puissants, les plus développés, dans des lieux clés de l’économie mondialisée. Noter que Davos est en Suisse, pays classé parmi les paradis fiscaux. « Le Forum économique mondial est né, d’une initiative privée, en Suisse à Davos en 1971. Il s’est constitué en fondation avec 1 000 entreprises membres (qui versent une cotisation annuelle d’un

peu plus de 30 000 dollars). L’acte majeur est la réunion annuelle de janvier à Davos. S’y retrouvent, sur invitation, des responsables d’entreprises, des experts économiques, des chercheurs, des leaders d’opinion, dont les principaux chefs d’État, des ONG. Le Forum de Davos permet aux « grands de ce monde mondialisé », à ceux qui le font vivre et en tirent profit, de se rencontrer. » (F. Louveaux in A. Ciattoni, Y. Veyret (dir) Géographie et géopolitique de la mondialisation, Hatier, Initial, 2011) Ces rendez-vous sont ceux des représentants des États, des grandes entreprises, des banques, des experts économiques : ils assurent la direction internationale de l’économie mondiale, centralisée et dominée par les pays les plus puissants (division « Nord/Sud « très nette). La carte montre aussi l’importance prise par les forums sociaux qui se sont multipliés depuis le début des années 2000. Alternative au Forum de Davos, ils sont animés par les représentants de la société civile. Le premier de ces contre-forums s’est tenu à Porto Alegre (Brésil), l’une des premières villes à appliquer le principe de la démocratie participative dans la gestion des affaires communales. Les contre-forums se sont tenus pour la plupart dans les pays en développement (cf. doc. 5 p. 251), le plus récent à Tunis en 2013. La carte fournit une précision intéressante : les forums altermondialistes se déclinent désormais en forums mondiaux, mais aussi régionaux. On retrouve la régionalisation du monde à travers ici non plus les organismes officiels mais les revendications altermondialistes. Des solidarités s’affirment autour de revendications à l’échelle régionale (par exemple en Amérique latine).

Document 2 Cette carte est à rapprocher du doc. 13 p. 253 ; elle illustre la grande difficulté à mettre sur pied une gouvernance mondiale de protection de l’environ-nement, notamment pour la réduction des émissions des GES. Le clivage le plus marqué est à souligner entre les partisans d’une gouvernance emmenés par l’Union européenne et la plupart des pays les plus pauvres, notamment les micro-États insulaires menacés par la montée du niveau des mers, et les adversaires déterminés de cette gouvernance, les États-Unis d’un côté, rejoints récemment par le Canada, et les principaux pays émergents qui n’entendent pas brider leur croissance économique et la consommation croissante d’énergie afférente par quelque contrainte réglementaire internationale. À noter la position intermédiaire de la Chine, championne du monde tout à la fois de la consommation d’énergies fossiles et des taux de pollution urbaine mais également des installations photovoltaïques…

Document 3 Le texte de Laurent Carroué complète le cours de la p. 254 pour conclure ce chapitre ; il rappelle les

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grands enjeux, les principaux thèmes de débat soulevés par la mondialisation actuelle et l’extrême diversité des attitudes, des réponses apportées par les États et les sociétés « d’un système qui n’est en rien mondial tant sont nombreux les exclus du partage des richesses ». P. 256 BAC Composition Sujet 4 : À partir de l’étude de cas d’un produit mondialisé, expliquez le fonctionnement de la mondialisation.

Exercice 1 Réponse a.

Exercice 2 I. La mondialisation, un processus géohistorique et géoéconomique inscrit dans la durée • Des produits mondialisés représentatifs des évolutions technologiques et économiques • les FTN, au cœur du processus de la mondialisation • Le rôle des organisations internationales dans la mondialisation • Les flux migratoires dans la mondialisation

II. Acteurs et flux de la mondialisation : le fonctionnement de la NDIT • Des produits mondialisé permettant d’analyser le fonctionnement de la NDIT • Des flux croissants, flux matériels et flux immatériels

III. Les produits mondialisés, objets de débats sur la mondialisation • Les impacts de la mondialisation en termes de développement durable • Les acteurs des débats relatifs à la mondialisation et leurs arguments P. 257 BAC Composition Sujet 5 : La mondialisation : acteurs, flux, débats

Exemple de composition rédigée : La mondialisation est un processus de mise en relation des différents espaces mondiaux. Ce processus sélectif et dual conduit à la mise en place d’un monde hiérarchisé. Les acteurs sont multiformes mais répondent à des objectifs similaires : favoriser les échanges, utiliser les avantages comparatifs des divers territoires mondiaux. Les conséquences d’un tel processus suscitent de nombreux débats.

I. Les acteurs d’un processus de mise en système du monde Les acteurs de la mondialisation contemporaine sont transnationaux, internationaux et nationaux.

Au cœur du processus se trouvent les firmes transnationales (FTN), groupes d’entreprises dont les activités se déploient dans au moins cinq pays différents mais qui conservent néanmoins un ancrage national (siège social, contrôle du capital). Emblèmes de la mondialisation, on en compte environ 85 000 dans le monde ; elles appartiennent majoritairement aux pays développés (États-Unis, UE, Japon), mais la progression des FTN des pays émergents est rapide (Chine, Brésil). Leur rôle est majeur dans la mesure où elles développent des stratégies territoriales à l’échelle mondiale. Elles sont les acteurs spatiaux de la Nouvelle division internationale du travail (NDIT). À cet effet elles déterritorialisent leurs unités de productions pour utiliser les divers avantages comparatifs des différents États (accès aisé aux ressources, faible coût de la mains-d’œuvre, importance du marché de consommation…)

Les organisations internationales comme le Fonds monétaire international (FMI), l’Organisation mondiale du commerce (OMC), en promouvant le libre-échange par la baisse des droits de douane, contribuent à la globalisation du monde et à l’essor des échanges. Enfin, l’État demeure un acteur essentiel du système en étant le garant des intérêts économiques et sociaux des populations et les sommets informels du G7 et du G20, plus représentatifs des recompositions géoéconomiques du monde, s’emparent de sujets spécifiques comme la lutte contre la fraude fiscale. Entre ces différents acteurs, d’importantes recompositions de leur rôle sont en cours.

II. Des flux mondiaux au cœur de la mondialisation contemporaine Les échanges mondiaux connaissent une croissance exceptionnelle. De fait, si l’intensification des flux matériels, immatériels et humains est le résultat des politiques menées par les différents acteurs de la mondialisation, les progrès réalisés dans les transports les ont rendus encore plus faciles. La conteneurisation réduit les coûts de transport (un porte-conteneurs de 10 000 boîtes a la même capacité que 5 000 camions) et de rupture de charge en favorisant le passage d’un mode de transport à un autre. Le transport aérien aide à la mobilité des hommes en contractant l’espace-temps.

Les nouvelles technologies de la communication (réseau Internet, téléphonie mobile, réseau Facebook) permettent des liaisons instantanées (transferts financiers par voie électronique, par exemple).

Les flux matériels progressent plus vite que le PIB mondial. Les transports maritimes acheminent

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80 % des marchandises produites et consommées dans le monde, dont les trois quarts sont des produits manufacturés. Ils s’organisent autour des trois pôles majeurs de la mondialisation (Amérique du Nord, UE, Asie orientale) et se régionalisent, portés par les organisations économiques régionales (ALENA, UE, ASEAN).

Les flux immatériels (flux informatiques, financiers, de communications) comptent en valeur pour 20 % du commerce international. Les flux d’investissements directs étrangers (IDE), reflet de l’internationalisation de l’organisation de la production, sont en forte progression. L’origine et la direction de ces flux sont en plein bouleversement à la suite de la montée en puissance des États émergents. La globalisation financière est d’ailleurs la plus aboutie ; elle est servie par la déréglementation et l’existence de paradis fiscaux.

La mondialisation des flux humains prend diverses formes : flux croissants de touristes, flux de main-d’œuvre chassée par la pauvreté et le chômage, flux d’élites très bien formées, très recherchées par les FTN, flux de réfugiés politiques. Ce fort essor des flux est la principale dynamique de la mondialisation. Il est révélateur de l’interdépendance planétaire des économies. Néanmoins, les échanges sont asymétriques, ils délaissent certains territoires, participent au développement des inégalités.

III. La mondialisation en débat La mondialisation provoque des débats multiformes.

Elle contribue à susciter la concurrence entre les territoires et des recompositions spatiales entre les centres moteurs de la mondialisation et des périphéries plus ou moins intégrées. Les pays les plus pauvres sont même en marge des échanges. Elle participe à l’émergence d’une nouvelle configuration d’un monde à la fois unifié (une occidentalisation du monde) mais aussi très fragmenté (un retour à l’expression des différences), au creusement des inégalités (conditions de travail très difficiles dans les ateliers de sous-traitance comme au Bangladesh, excès de la financiarisation de l’économie à la suite de la crise financière de 2008, plus généralement dénonciation du mode de croissance que porte la mondialisation libérale). Les positions sur les questions telles que la lutte contre les rejets de gaz à effet de serre, le respect de l’environnement et plus généralement sur le développement durable, diffèrent souvent entre pays riches, émergents et pauvres.

Les acteurs de ces débats sont aussi très divers : des citoyens organisés souvent en mouvements spontanés comme « les indignés », des Organisations non gouvernementales très variées

dans leur domaine d’action (WWF, Greenpeace, ATTAC…) porteuses des problématiques nouvelles notamment l’altermondialisme et la démondialisation. Ces acteurs se retrouvent lors de grands rassemblements internationaux informels (Forums sociaux comme celui de Tunis en 2013) et se mobilisent grâce aux réseaux sociaux (Facebook, Twitter…).

En fait, ces débats posent une question plus générale, celle d’une éventuelle nouvelle gouvernance mondiale… mais l’acteur décisionnel demeure toujours l’État, présent dans les organisations internationales, dans la conduite des politiques économiques, dans la prise de décisions pour contrôler éventuellement les réseaux informatiques (Chine, par exemple).

Les acteurs de la mondialisation contribuent à la mise en place d’un monde innervé de flux qui relient des territoires et des sociétés dont les niveaux de développrement sont très dissemblables. Ces inégalités sont porteuses de contestations. P. 258-259 BAC Réalisation d’un croquis Sujet 6 : Pôles et flux de la mondialisation

La légende est semi-préparée : les élèves doivent choisir les figurés et ensuite compléter le croquis et ajouter la nomenclature. Une correction animée est

disponible sur le site du manuel interactif : www.geo-hatier.com

Légende complétée 1. Les pôles de la mondialisation – Centres d’impulsion majeurs, espaces de commandement – Les principales interfaces maritimes – Un exemple d’interface continentale intégrée 2. Les flux matériels et immatériels, le moteur de la mondialisation – Des pôles majeurs qui échangent essentiellement entre eux : flux permanents et massifs de marchandises, de capitaux et d’informations – Des pôles qui structurent les flux : flux de matières premières issus des pays émergents et en développement – Flux d’IDE vers les pays émergents et en développement 3. Les mobilités humaines liées au processus géoéconomique de la mondialisation – Exemples d’États ou de régions récepteurs de flux de main-d’œuvre – États ou de régions émetteurs de flux de main-d’œuvre

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P. 260 BAC Analyse de document Sujet 7 : Les flux dans la mondialisation Les principales informations tirées du document : des flux de marchandises dissymétriques, croissants et effectués essentiellement par les trois aires de puissance : • Ces flux sont dissymétriques : à l’échelle planétaire, les échanges de marchandises sont largement dominés par les trois grandes aires de puissance : l’Europe occidentale, l’Asie (sans distinction entre Asie de l’Est ou du Sud), l’Amérique du Nord, alors que les autres régions sont relativement marginalisées ; une aire de puissance, l’Asie, est souvent excédentaire dans les échanges avec les autres pôles du commerce mondial, notamment l’Amérique du Nord et l’Europe. • Dans chacune des trois aires de puissance, le commerce intrazone représente au moins la moitié des échanges et jusqu’à près des trois quarts en Europe, alors que dans les autres régions, les échanges intrazone sont faibles (entre 10 et 25 % environ). • Entre 2000 et 2010, donc dans un laps de temps relativement court, les échanges ont crû fortement en valeur, multipliés par 2 pour l’Europe ou l’Amérique du Nord, par presque 3 pour l’Asie et davantage pour l’Afrique ou les pays du Golfe : la mondialisation s’accompagne d’une croissance rapide des flux de marchandises, croissance plus forte que celle du PIB mondial.

Les explications des faits observés : • La domination des trois aires de puissance : ce sont les trois pôles majeurs de la mondialisation, là où se situent les centres d’impulsion, le plus grand nombre de FTN qui sont les acteurs principaux de ces flux dans le cadre de la NDIT, là où le niveau de développement et donc de consommation de tous les types de biens est le plus élevé, où l’on rencontre les plus grands ports mondiaux (Shanghai, Hong Kong, Singapour, Rotterdam, Los Angeles-Long Beach…) concentrés dans des façades maritimes par où passe l’essentiel de ces échanges… • Au contraire, les autres régions indiquées demeurent plus ou moins en marge des grands courants d’échanges : on y rencontre des pays où le niveau de développement est faible ou moyen, où des situations d’enclavement ou de conflits politiques entravent l’intégration dans la mondialisation et dont le niveau d’industrialisation et d’insertion dans la NDIT demeure souvent limité… • La dissymétrie de certains flux reflète également le fonctionnement de la NDIT : par exemple, l’Asie est excédentaire avec les deux autres aires de puissance car c’est au Japon et surtout dans les pays ateliers et les pays émergents asiatiques (Chine en premier, mais également Corée du Sud, Indonésie, Inde, Vietnam, Thaïlande, Bangladesh…) qu’est

fabriquée la plus grande partie des produits manufacturés exportés par conteneurs vers le reste du monde (vêtements, produits électroniques et informatiques, jouets, etc.). Inversement, les régions exportatrices de matières premières, notamment énergétiques, sont excédentaires, mais dans une moindre mesure, par exemple la CEI avec l’Europe occidentale (exportations de gaz et de pétrole russes) • La part du commerce intrazone reflète l’inégale avancée du processus d’intégration économique régionale par la création de zones de libre-échange plus ou moins intégrées : c’est l’Europe, pionnière en la matière avec la création de la CEE en 1957, devenue l’UE en 1993, qui présente le plus fort pourcentage de commerce intrazone. En Asie, l’intégration est moins avancée et ne concerne que les seuls pays de l’ASEAN, même si des accords bilatéraux sont progressivement conclus entre ces États et la Chine ou la Corée du Sud par exemple ; la forte intégration des échanges relève ici davantage des stratégies des entreprises qui procèdent, dans le cadre du fonctionnement de la NDIT, à de multiples échanges de composants, de pièces détachées, de produits semi-finis entre toutes les usines situées sur les littoraux asiatiques. En Amérique du Nord, il y a l’ALENA… • La croissance des échanges s’explique par la croissance démographique mondiale, la croissance économique, notamment celle des pays émergents, et la hausse, dans la plupart des États, du niveau de développement et donc de consommation, par la généralisation de la NDIT et l’adaptation des FTN à la mondialisation qui multiplient les flux entre leurs innombrables filiales, sous-traitants, centres logistiques, par la révolution des transports, notamment la conteneurisation qui abaisse les coûts de transports de marchandises…

Les limites du document pour analyser les flux dans la mondialisation • D’abord une maladresse du document lui-même : les flux entre les pays du Golfe et l’Asie en 2010 ne figurent pas, alors qu’ils sont mentionnés en 2000 et qu’ils ont très certainement augmenté entre 2000 et 2010 si l’on considère les énormes besoins énergétiques de l’Asie de l’Est et du Sud, notamment la demande de la Chine et du Japon, deux des plus gros importateurs mondiaux de pétrole. • Les dénominations des entités géographiques, peut-être celles fournies par l’OMC dont les statistiques sont probablement la source initiale des cartes, manquent de précision, par exemple l’Europe orientale n’est pas expressément identifiée en 2010 et l’on ne sait pas à quel ensemble la Turquie est rattachée… • Plus important, le document ne concerne que les échanges de marchandises. Or, la mondialisation fonctionne actuellement autant par les flux de services, les flux immatériels (flux de capitaux, flux d’informations notamment) pour lesquels la place

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des trois aires de puissance majeures est encore plus prépondérante ; par ailleurs, les mobilités internationales relèvent également pour partie du fonctionnement de la mondialisation.

P. 261 Réviser La mise à jour des statistiques des trafics marchandises et passagers des principaux ports et aéroports mondiaux se fait aisément grâce aux livraisons annuelles des Images économiques du

monde (Armand Colin) ou sur les sites spécialisés, par exemple celui du port de Rotterdam pour les trafics portuaires (vracs et conteneurs) ou celui du Conseil international des aéroports ; par exemple, en 2011, les six premiers aéroports mondiaux pour le fret aérien étaient : Hong Kong, Memphis, Shanghai, Anchorage (Alaska), Incheon (près de Séoul) et Paris-CDG.

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Chapitre 3 Les territoires dans la mondialisation

LA DEMARCHE DU CHAPITRE 1. Le programme Ce chapitre traite des deux derniers items de la question : « La mondialisation : fonctionnement et territoires » : – Des territoires inégalement intégrés à la mondialisation – Les espaces maritimes : approche géostratégique Horaire conseillé : environ 4 ou 5 heures 2. Les indications d’Eduscol • Des territoires inégalement intégrés à la mondialisation Propositions pour la mise en œuvre L’approche de cet item diffère de celle retenue en séries ES-L, principalement par le fait qu’elle ne comporte pas d’étude de cas consacrée à une ville mondiale. Elle met l’accent sur l’inégale intégration aux réseaux d’échanges qui induit une recomposition territoriale à l’échelle mondiale . En effet, la mondialisation hiérarchise les lieux à toutes les échelles : elle promeut des « pôles et espaces majeurs », notamment les villes mondiales, mais laisse aussi des « territoires et des sociétés en marge ». Problématiques de l’item de mise en oeuvre – Quelle typologie des territoires peut-on établir en fonction de leur inégale intégration à la mondialisation ? – Quelles sont les caractéristiques des pôles et espaces majeurs de la mondialisation et des territoires restés en marge ? Orientations pour la mise en oeuvre Cette étude met en évidence l’inégale intégration des hommes et des territoires dans la mondialisation. On peut aborder cette question autour des éléments suivants : – la mondialisation est d’abord le fait des acteurs des territoires qui forment les trois aires de puissance majeures sur la planète : l’Amérique du Nord, l’Europe occidentale et l’Asie orientale, elle-même polycentrique ; – cette organisation évolue de plus en plus vers une multipolarité , les pays émergents (notamment les États-continents) s’insérant progressivement dans la mondialisation. Mais celle-ci laisse encore en marge certaines parties du monde ; – l’analyse doit aussi prendre en compte des échelles plus grandes pour montrer l’inégale insertion dans la mondialisation. Les espaces majeurs de la mondialisation sont les villes mondiales, les mégalopoles et les façades maritimes. Au sein même de ces espaces, la mondialisation engendre des disparités socio-spatiales. • Les espaces maritimes : approche géostratégique Cette étude doit être résolument abordée sous l’angle de la mondialisation et les espaces maritimes traités comme des territoires stratégiques dans la recomposition de l’espace mondial. Problématiques de l’item de mise en oeuvre – De quelle façon la mondialisation influe-t-elle sur la géostratégie des espaces maritimes ? – Pourquoi le contrôle de ces espaces est-il essentiel ? – Dans quelle mesure la géostratégie des espaces maritimes est-elle révélatrice de la hiérarchie des puissances dans la mondialisation ? Orientations pour la mise en oeuvre L’analyse peut s’articuler autour de trois éléments : – la mondialisation a accru l’importance géostratégique des mers et océans puisque le transport maritime est vital pour l’économie mondiale (approvisionnement en énergie, en denrées agricoles, en matières premières ; échanges de produits manufacturés…) et parce qu’elle renforce ainsi la littoralisation et le rôle des façades maritimes. Les flux empruntent des routes et des points de passage obligés (caps, canaux et détroits) souvent sensibles (piraterie, terrorisme) ; – la géostratégie des espaces maritimes est aussi le reflet de la hiérarchie des puissances et de son évolution. Ce sont les États les plus impliqués dans la mondialisation qui s’efforcent de contrôler et de sécuriser

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les routes maritimes, particulièrement les points nodaux ; c’est aussi essentiellement par mer qu’ont lieu les interventions militaires et les interventions humanitaires ; – cette appropriation provoque des tensions entre les convoitises nationales et les intérêts de la communauté internationale, entre recherche de profit et durabilité . Les cas du passage de l’Arctique et de l’évolution des politiques de puissance maritime en Asie sont particulièrement révélateurs de ces tensions. 3. Structure du chapitre 3 – p. 262-263 : ouverture ; – p. 272-273 : Cours 1 Les territoires intégrés dans la mondialisation – p. 274-275: Cours 2 Les territoires émergents et en marge de la mondialisation – p. 276-279 : Dossier 2 : Les espaces maritimes : approche géostratégique – p. 280-281 : Cours 3 : Les espaces maritimes dans la mondialisation – p. 282-283 : Cours 4 Les enjeux géopolitiques des espaces maritimes –p. 284-288 : Pages bac –p. 289 : Réviser BIBLIOGRAPHIE – G. Dorel, « La puissance des États », La Documentation photographique n° 1998. – D. Retaillé, Les lieux de la mondialisation, Le Cavalier bleu, 2012. – Atlas des villes, Le Monde/La Vie hors-série. – O. Davène et F. Louault, Atlas du Brésil, Autrement, 2013. – Bulletin de l’association des géographes français (BAGF) n° 2011-3 « Les pays émergents ». – T. Garcin, Géopolitique de l’Arctique, Economica, 2013. – F. Bost, Atlas mondial des zones franches, Reclus, La Documentation française, 2010. – P. Le Galès, Le retour des villes européennes, Presses de Sciences Po, 2011. – D. Lorrain (dir.), Métropoles XXL en pays émergents, Presses de Sciences Po, 2011. – D. Retaillé, Les lieux de la mondialisation, Le Cavalier bleu, 2012. – A. Bretagnolle, R. Le Goix, Céline Vacchiani-Mazrcuzzo (dir.) : « Métropoles et mondialisation », La Documentation photographique n° 8082, La Documentation française, 2011. – « Les villes mondiales », Questions internationales n° 60, La Documentation française, mars-avril 2013. Sur les espaces maritimes : – A. Louchet, La planète océane, Armand Colin, 2009. – M. Fournier, « Mers et conflits : étude d’un espace spécifique », in F. Tétart (dir.), Géographie des conflits, SEDES/CNED, 2011. – P. Marchand, « L’importance stratégique de la dimension maritime », in F. Tétart (dir.), Géographie des conflits, SEDES-CNED, 2011. – D. Ortolland et J.-P. Pirat, Atlas géopolitique des espaces maritimes. Frontières, énergie, pêche et environnement , Technip Éditions, 2e édition, 2010. SITOGRAPHIE – Atelier de cartographie de Sciences Po : cartographie.sciences-po.fr – Programme des Nations unies pour le développement, rapport 2011 : http://hdr.undp.org/fr/rapports/mondial/rdh2011

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P. 262-263 Ouverture du chapitre Cette double page d’ouverture présente à l’aide de deux photographies les sous-thèmes du chapitre : un espace maritime hautement géostratégique (le détroit d’Ormuz) et une métropole émergente (São Paulo). P. 272-273 Cours 1 Les villes mondiales, pôles majeurs de la mondialisation Doc. 1 Plusieurs institutions, répondant notamment à la demande des FTN et des villes elles-mêmes, procèdent régulièrement à des évaluations et à des classements des villes mondiales selon divers indicateurs. On peut accéder à ces données sur des sites Internet : www.citymayors.com,www.mori-m-foundation.or.jp, www.atkeraney.com, www.lboro.ac.uk/gawc, www.pwc.com/us/en/cities-of-opportunity ou par les publications de l’iau.idf. Voir également http://www.scienceshumaines.com/points-de-reperes-les-villes-globales_fr_24655.html. Les trois premières colonnes du tableau sont reprises du

n° 60 de Questions internationales et s’appuient sur des indices spécifiques exprimant la connectivité (lignes aériennes), l’implantation des FTN pour établir leur réseau global de filiales, le produit urbain brut (valeur ajoutée déclarée par les entreprises ayant leur siège social dans la ville considérée), la 4e colonne correspond à un indice composite calculé par le cabinet AT Kearney (Global Cities Index). La 1re place de New York apparaît nettement, suivie de Londres puis, selon les indices, de Paris ou Tokyo ; ce sont les seules villes apparaissant dans les quatre classements, les quatre villes que l’on peut identifier comme « globales », même si l’universitaire à l’origine de l’expression, Saskia Sassen, limitait cette appellation à trois villes seulement, excluant Paris, du fait notamment de sa relative faiblesse dans le domaine financier. Les autres villes sont dotées de fonctions mondiales incomplètes. Le tableau permet d’identifier également les villes mondiales émergentes et de remarquer l’importance des villes asiatiques dans ces classements (cf. chapitre 6).

Doc. 2 Ce texte explique l’origine de la notion de ville mondiale/ville globale en relation avec la phase actuelle de la mondialisation. Doc. 3 Cette carte fournit un autre exemple de fonctions métropolitaines d’une ville globale, Londres (les élèves ont déjà vu le cas de Paris en classe de

première). Il est intéressant de remarquer là aussi l’implantation polycentrique de ces fonctions ; même si la City demeure le quartier financier emblématique, ces activités se sont desserrées dans Mayfair à l’ouest et dans le quartier rénové des Docklands à l’est. P. 264 à 271 Dossier 1 Centres et périphéries de l’espace mondialisé A. L’inégale intégration des territoires

Réponses aux questions 1. L’indice KOF mesure la mondialisation sur une échelle de 1 à 100 ; il a été publié pour la première fois en 2002 et est actualisé tous les ans depuis 2005 par le KOF (Centre de recherches conjoncturelles de l’EPF Zürich). La composante économique de l’indice KOF mesure d’une part les flux effectifs du commerce et des investissements, de l’autre les restrictions au commerce et l’intensité des contrôles auxquels sont soumises les sorties de capitaux dans chaque pays. La composante sociale de la mondialisation reflète le degré de propagation des informations et des idées (taux de population étrangère et nombre d’internautes). La composante politique vise l’intensité de la collaboration politique entre les pays (nombre d’ambassades dans un pays et adhésion aux organisations internationales). Cet indice est globalement pertinent pour déterminer l’intégration des États (et seulement à cette échelle étatique) dans la mondialisation. La carte 1 permet de distinguer deux catégories d’États très intégrés : les pays les plus anciennement développés et intégrés par les échanges financiers et commerciaux, les mobilités internationales, l’attractivité touristique et universitaire… (Europe occidentale et centrale, Amérique du Nord, Australie et Nouvelle-Zélande) ainsi que quelques États intégrés par les exportations d’hydrocarbures et/ou le commerce (Émirats Arabes unis, Singapour, Malaisie). À un niveau légèrement inférieur (indice compris entre 58 et 74), la plupart des pays émergents, y compris l’Europe orientale et les États de la CEI et le Japon (où, contrairement l’Europe et à l’Amérique du Nord, l’intégration financière et migratoire est plus limitée). Aux valeurs les plus faibles, on retrouve, sans surprise, les États les plus pauvres et encore souvent à l’écart de la NDIT, notamment en Afrique subsaharienne, des États en conflit (Irak, Syrie, Afghanistan) ou touchés par diverses formes d’embargo (Iran, Cuba) sans oublier le vestige autarcique de la Guerre froide, la Corée du Nord. 2. Dans le texte 2, Laurent Carroué fournit quelques exemples de territoires favorisés par la mondialisation et donc bien intégrés, notamment par les flux financiers, les flux de marchandises et

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de touristes. « Trente États, souvent les plus riches, accueillent 90 % du stock mondial d’IDE » (cf. carte 1 p. 242) : ils appartiennent sur la carte 1 aux deux ensembles d’États dont l’intégration est assez forte ou forte, essentiellement des pays développés ou émergents. Le texte 2 ajoute à ces États « les espaces de non-droits juridiques, réglementaires ou sociaux : pavillons de complaisance, paradis fiscaux et zones franches », des territoires souvent de petite superficie mais totalement dépendants des flux de la mondialisation et particulièrement appréciés des FTN. Enfin, dernière catégorie citée : « les régions riches et dynamiques » des grands pays émergents, souvent les régions métropolitaines et les façades maritimes. La photographie 3 fournit une illustration emblématique de ces territoires très intégrés : la City de Londres, pôle financier mondial de 1er rang, parfois considéré comme le modèle initial des paradis fiscaux, au cœur d’une ville globale, nœud de flux de marchandises, de touristes, de migrants, de créateurs… 3. À l’opposé, ce bidonville de Freetown (doc. 4), capitale de l’un des pays les plus pauvres du monde, la Sierra Leone, témoigne des énormes disparités socio-spatiales caractérisant ce « monde polarisé et fragmenté ». Ce quartier en marge, situé lui-même dans un pays en marge de la mondialisation, présente les caractéristiques de l’habitat informel très répandu dans les villes des pays pauvres : construit avec des matériaux de récupération, situé dans un espace vulnérable (risques d’inondation probable, risques épidémiques certains), dépourvu de tout réseau (électricité, eau potable, égouts…), à une distance relativement faible de quartiers « en dur » à l’arrière-plan. Les habitants se protègent des risques d’inondations avec des murets, voire avec des moyens de fortune comme des sacs de sable ; ces travaux furent coordonnés par une ONG. Les cochons témoignent de la persistance, dans une logique de survie et d’autosubsistance, de pratiques rurales traditionnelles dans cette population urbaine souvent issue de l’exode rural. Ils permettent une valorisation des déchets jetés dans la rivière car ils sont omnivores. 4. Entre les deux extrêmes des documents 3 et 4, de nombreux territoires sont en cours d’intégration dans la mondialisation, tentant de valoriser leurs avantages comparatifs pour s’insérer dans la NDIT. C’est le cas par exemple de la Turquie où cette photographie d’une usine de jeans a été prise. Quels facteurs peuvent attirer les IDE ou les investissements des entrepreneurs turcs ? Un coût de main-d’œuvre relativement faible, une certaine tradition textile, des ressources locales en coton, la proximité du marché de l’UE.

P. 266-267 B. Les territoires moteurs de la mondialisation Territoires moteurs, pôles majeurs, centres d’impulsion… différentes expressions peuvent désigner ces territoires très intégrés, privilégiés par les acteurs de la mondialisation, où le niveau de développement est souvent élevé, voire très élevé.

Réponses aux questions 1. L’expression d’archipel métropolitain mondial est une transposition, plus accessible aux élèves, de l’archipel mégalopolitain mondial, notion créée en 1996 par Olivier Dollfus. Les villes mondiales fonctionnent en réseau, dans des relations incessantes de complémentarité-concurrence, reliées par tous les flux de la mondialisation ; elles sont comme les îles d’un archipel, relativement isolées de leur environnement national. Cette image ne s’applique en fait qu’au niveau supérieur de la hiérarchie des acteurs économiques et de quelques professions globalisées. Cet archipel est dominé par les quatre villes globales, insérées dans des mégalopoles (la mégalopole japonaise, bien identifiée, pouvant être désormais intégrée dans un archipel métropolitain asiatique), et par des villes mondiales bien établies, mais relativement plus isolées (Chicago, Los Angeles ou Sydney par exemple) et par des villes mondiales émergentes. 2. Cette hiérarchie urbaine s’explique par les évolutions géoéconomiques actuelles dans le cadre de la mondialisation, mais elle reflète également des héritages liés par exemple aux phases précédentes de la mondialisation et de l’équilibre géopolitique mondial. Comment comprendre la place de Londres et de Paris sans envisager le passé de puissances européennes, industrielles et coloniales du Royaume-Uni et de la France ? L’importance de New York et de Chicago tient autant de la puissance économique des États-Unis depuis un siècle que du processus même de la mondialisation actuelle. 3. Les fonctions qui permettent de définir une ville mondiale sont d’abord les fonctions de commandement, dans tous les domaines et plus particulièrement dans les domaines qui confèrent un rayonnement international, comme la finance, la diplomatie, les établissements de formation de très haut niveau, les événements de retentissement international, l’attractivité culturelle et migratoire. Les villes mondiales développent des stratégies qui leur permettent de rester au niveau d’une compétition dont l’espace de jeu est mondial. Elles doivent en permanence veiller à concentrer tous les signes paysagers et fonctionnels de la modernité. Leur paysage doit correspondre aux exigences d’entreprises qui doivent attirer des cadres internationaux attirés à la fois par l’efficacité des gratte-ciel (quartiers d’affaires) et l’attractivité de centres historiques rénovés. D’un point de vue fonctionnel, elles doivent allier une offre de services de très haut niveau, tant du point de vue des prestataires de services spécialisés que des loisirs

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(hôtels de luxe, opéras, salles de concerts…), et des événements mêlant intensité professionnelle (congrès, salles de réunion) et festivités. Elles sont nécessairement des hubs, au moins aériens (Londres, Tokyo) ou multimodaux (Paris, Singapour, New York, Shanghai). 4. Deux quartiers très distincts et emblématiques d’un pôle majeur de la mondialisation apparaissent sur la photographie 7 de Singapour. À l’arrière-plan, marqué par la verticalisation de l’urbanisme, le quartier central : quartier d’affaires (bureaux), centres commerciaux, hôtels…, tous les équipements nécessaires aux fonctions de commandement, aux FTN et aux entreprises de services gravitant autour. Au premier plan, une vue partielle du port maritime avec une plateforme multimodale dédiée au trafic de conteneurs : Singapour, situé sur l’une des voies maritimes les plus fréquentées du monde, Asie orientale-Europe, se situe au 2e rang mondial, derrière Shanghai, et constitue un hub maritime et aérien essentiel en Asie. 5. Plusieurs typologies sont acceptables. Une première, directement visible sur la carte, distingue les trois aires de puissance des puissances industrielles secondaires (Brésil, Russie, Argentine…), et des exclus de la planète industrielle. Une seconde typologie, plus fine, distingue les grands poids lourds de l’industrie mondiale (États-Unis, Chine, Japon, Allemagne), qui jouent un rôle moteur dans les aires de puissance, et sont suivis de puissances industrielles moyennes comme l’Italie, le Royaume-Uni, la France, l’Inde ou encore le Canada et le Mexique. On peut aussi classer dans cette catégorie des puissances industrielles moyennes le Brésil ou la Russie. Elles sont suivies par les petits pays industriels comme l’Argentine, l’Australie, la Turquie… et bien sûr par les exclus. On peut enfin distinguer les « vieux » pays industriels des pays émergents, nouvellement intégrés dans la NDIT. La carte ne permet pas de distinguer le type de production industrielle d’un point de vue qualitatif, en séparant pays producteur de produits de haute technologie et pays producteurs de produits à faible valeur ajoutée, ce qui aurait donné une autre typologie. P. 268-269 C. Des territoires émergents entre intégration et retards de développement Réponses aux questions 1. « Les zones franches sont devenues les territoires emblématiques de la mondialisation de l’économie… (elles) occupent une place privilégiée en raison du volume considérable de marchandises qui y transitent chaque année avant d’être réexportées, mais aussi des biens manufacturés et des services destinés à l’exportation qui y sont produits (textile habillement, électronique grand public, téléphonie, composants électroniques,

jouets, chaussures, articles de sport, traitement informatique, centres d’appels…). La multiplication impressionnante des zones franches partout dans le monde, surtout depuis le début des années 1980, mais aussi leur déclinaison en différents types selon les attentes des États concernés ont accompagné le mouvement de libéralisation des échanges et l’ouverture de la quasi-totalité des pays de la planète à l’économie de marché, tout en contribuant fortement à l’envolée du commerce international et des investissements directs à l’étranger (IDE) » F. Bost (op.cit.) Au moment où F. Bost rédige son ouvrage, il dénombre plus de 1 700 zones franches. Près des trois quarts des États se sont dotés de lois et règlements encadrant les zones franches. Si l’Amérique latine a été pionnière (dès les années 1920) aujourd’hui l’Asie orientale totalise plus du quart des zones franches qui existent dans le monde. Une zone franche est une enclave. À l’intérieur d’un périmètre (clôture visible sur la photo) les entreprises sont soustraites aux règles douanières et fiscales du pays, dans un cadre souvent soigné notamment pour les zones franches destinées à accueillir services et activités de haute technologie (parc arboré, entretien de la voirie, qualité des bâtiments et des équipements). Dans l’enceinte de la zone franche les activités trouvent tous les équipements dont elles ont besoin pour leurs activités. La zone franche est donc définie par un statut. Il existe toutefois différents types de zone franche en fonction des activités qu’elles accueillent. Certaines, exclusivement commerciales, ont une activité d’importation/réexportation. D’autres ont une activité de fabrication ou de services. Une zone franche offre des avantages évidents pour les entreprises qui s’y installent : exonérations douanières et fiscales, facilités administratives. Un « guichet unique permet d’éviter les difficultés administratives et réglementaires. Voir le site de Tanger Free Zone (TFZ). Le cas de TFZ est intéressant car il permet aussi de comprendre le rôle déterminant de la localisation : proximité d’un bassin de main-d’œuvre, mais aussi proximité des marchés, des clients. L’effet « fuseau » est particulièrement important dans la stratégie d’implantation des entreprises. L’absence de décalage horaire, la proximité linguistique ou culturelle sont des atouts décisifs. Ce sont des avantages évidents pour les entreprises mais quelles sont les retombées pour le pays d’accueil ? Des leviers éventuels de développement ? Malgré le manque à gagner fiscal, les zones franches ont des effets sur les économies nationales (salaires, sous-traitance, exportations, voire transfert de technologie). Elles sont souvent utilisées par les États comme outils de l’aménagement du territoire. Mais toutes les zones

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franches ne sont pas attractives. Les exonérations fiscales et douanières ne suffisent pas ; la localisation est décisive qu’il s’agisse de l’accès aux grands marchés régionaux, à un marché national prometteur, à une main-d’œuvre bon marché et qualifiée, aux grands équipements de transport (port, aéroport) par lesquels transitent les flux de marchandises, ou encore de la proximité de grandes villes qui offrent des services complémentaires et sont attractives pour les expatriés (cadres, ingénieurs). Pour aller plus loin • Consulter François Bost, (dir) Atlas mondial des zones franches, CNRS/RECLUS/La Documentation française, 2010. On y trouvera une information riche et fournie, une définition très complète des zones franches, de très nombreux exemples par continent (plans, cartes, graphiques). • Voir le texte 11 p. 295 du manuel. • Les grandes zones franches ont des sites officiels, qui permettent de comprendre le fonctionnement, la gestion. Plans et photos, parfois vidéos et visites virtuelles. Ces sites sont destinés aux acteurs économiques, aux investisseurs. Exemple www.tangerfreezone.com 2. Les métropoles des pays émergents favorisent l’implantation d’activités de commandement et de haute technologie : centres de recherche à Pékin (doc. 10), entreprises de services informatiques de réputation mondiale à Bangalore (Inde), centres d’affaires à Johannesburg (doc. 14). Le modernisme, la verticalisation de l’urbanisme contribuent, aux côtés des faibles coûts de main-d’œuvre et de la qualité de certains systèmes d’enseignement, à renforcer leur attractivité. 3. Le texte 10 qui résume les circonstances ayant conduit à la création d’un pôle de recherches de niveau mondial à Pékin insiste sur les acteurs à l’origine de cette décision : l’initiative d’un universitaire chinois ayant séjourné en Californie (d’où le modèle de la Silicon Valley), l’implantation de grandes entreprises innovantes des NTIC, FTN américaines et entreprises chinoises, et surtout le rôle de l’État : « en 1988, sur ordre du Conseil d’État, le parc de sciences et de technologie de Zhongguancun est officiellement créé ». En Chine particulièrement, comme dans de nombreux pays émergents, le rôle de l’État demeure essentiel pour créer, aménager les infrastructures et les institutions à l’origine de la croissance économique et de l’innovation technologique, le relais étant ensuite pris par les entreprises dont certaines demeurent, en Chine, fortement liées à l’appareil d’État (cf. également le texte 2 p. 370). 4. Les pays émergents sont en compétition pour accueillir les grands événements internationaux (événements sportifs : Jeux olympiques, Coupe du monde de football, ou Expositions universelles par exemple). Cela leur permet d’être valorisés par les

médias du monde entier qui font connaître à des milliards de téléspectateurs et d’internautes leurs équipements, leur modernité, la volonté de leurs dirigeants d’afficher leur réussite et leur capacité à organiser de telles manifestations (cf. Chine ou Russie de Poutine après l’Afrique du Sud en 2008), mais cela peut aussi révéler des difficultés sociales et organisationnelles (cf. Brésil en 2013-2014) ou des abus dans l’utilisation de la main-d’œuvre immigrée (Sotchi 2014 et Qatar). Ces événements les incitent à réaliser de nouveaux équipements de transports (trains rapides, aéroports), des hôtels internationaux et cela stimule la fréquentation touristique. 5. Si la croissance économique des pays émergents est incontestable et, souvent, plus rapide que celle des pays les plus développés, ils n’en restent pas moins des États marqués par d’importantes inégalités de développement et de fortes disparités socio-spatiales. Le tableau 13 donne un aperçu de ces retards à partir de deux indicateurs : l’IDH pour lequel le Brésil se situe à peu près à la médiane mondiale (95e rang) tandis que la Chine et surtout l’Afrique du sud et l’Inde demeurent des États à développement moyen, voire assez faible. Le taux de mortalité infantile corrobore ces retards : l’Afrique du sud et surtout l’Inde présentent encore des taux élevés, signes d’un niveau médiocre de l’encadrement sanitaire et médical de la population, notamment dans les campagnes (cf. également la carte du sujet Bac n° 21 p. 358 et les cartes p. 214-215). Seule la Russie présente finalement des indicateurs montrant qu’elle a connu depuis plusieurs décennies un niveau de développement assez élevé. P. 270-271 D. Des périphéries en marge de la mondialisation Réponses aux questions 1. De nombreux indicateurs de développement peuvent être utilisés, en relation avec la carte de l’Indice KOF (1 p. 264) pour déterminer le degré d’intégration/marginalisation des États dans la mondialisation. Le pourcentage de population sous-alimentée, cartographié ici pour la plupart des pays dont le niveau de développement est moyen ou faible, distingue bien les États les moins développés, notamment ceux d’Afrique subsaharienne, surtout Afrique centrale et orientale, des pays émergents où le pourcentage de sous-alimentés est souvent compris entre 5 et 11 % de la population totale, par exemple en Chine ou au Brésil. L’Inde de son côté présente encore, comme l’Indonésie, la Thaïlande ou le Vietnam, un indicateur compris entre 11 et 21 %, tandis que les données sont manquantes pour la Russie, l’Argentine, le Mexique ou l’Afrique du sud. L’autre information de la carte, peut-être plus parlante, est le nombre de personnes sous-alimentées : l’Inde et la Chine, les deux géants

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démographiques, comptent encore, pour chaque État, 200 à 225 millions de personnes sous-alimentées, ce qui témoigne de la difficulté que connaissent ces pays à réduire les inégalités sociales et à assurer un développement réel et généralisé des campagnes. Si les famines massives ont disparu, si les crises alimentaires ne subsistent que dans les États en grave crise politique (Afrique centrale), plus de 800 millions de personnes demeurent frappées par des épisodes de disette et surtout une malnutrition chronique et le cortège de carences et de retards de croissance qui l’accompagne, touchant notamment les enfants et les femmes. Certains États ont mis sur pied des programmes massifs d’éradication de la faim, à l’instar du Brésil et de son programme « Faim zéro » (le nombre de sous-alimentés au Brésil étant inférieur à 30 millions de personnes d’après la carte) ; ce programme est étudié, imité dans certains États africains comme la Zambie. 2. La carte 15 individualise assez bien les PMA, les pays les moins avancés, les plus pauvres, majoritairement situés en Afrique sub-saharienne, surtout Afrique centrale et orientale, auxquels se joignent quelques États américains : Haïti (cf. doc. 17), Bolivie, Guatemala, et asiatiques : la Mongolie (cf. doc. 18 B), le Laos, le Cambodge, la Corée du Nord. Plus importants à repérer du fait de leur poids démographique : le Pakistan et le Bangladesh. La corrélation avec la carte de l’IDH (1 et 2 p. 214) est étroite. 3. Les documents 16 et 17 rappellent quelques-uns des facteurs de marginalisation des territoires, notamment des PMA, qui fonctionnent souvent de manière systémique, enclenchant un « cercle vicieux » de retards de développement et d’exclusion. Insuffisances des systèmes d’éducation, de santé, excluant notamment les plus pauvres et les femmes alors que toutes les études montrent que l’alphabétisation des filles est l’un des fondements du développement et de la transition démographique qui l’accompagne. On peut ajouter les conflits de toute nature, provoquant insécurité généralisée, destructions, violations des droits de l’homme, flux de réfugiés et qui font fuir les investisseurs (cf. doc. 1 p. 275) ; le document 17 rappelle que ces territoires sont plus vulnérables que les autres aux catastrophes provoquées par les aléas naturels (séismes, typhons : doc. 15 p. 374, inondations…) et aux épidémies qui les suivent tandis que la corruption, l’incurie des pouvoirs publics ou, tout simplement, la pauvreté, retardent secours et reconstruction, prolongeant de longues années la précarité et la vulnérabilité des populations. Le texte 16 cite les Objectifs du Millénaire pour le développement auxquels les élèves peuvent se référer (voir : www.un.org/fr/millenniumgoals ) 4. Les aléas politiques et naturels peuvent aggraver la marginalisation des territoires ; l’évolution

économique peut également contribuer, aux échelles locales, à cette marginalisation et à la précarisation et paupérisation des populations. Le texte 18 A cite l’exemple souvent présenté de la ville de Detroit aux États-Unis, capitale déchue de la première industrie automobile mondiale, siège des « Big Three » (General Motors, Ford et Chrysler) dont la splendeur en avait fait la 4e ville la plus peuplée du pays et l’une des plus riches, avec un haut niveau de protection sociale, jusqu’aux années 1970. Puis vint le temps de la mondialisation libérale, la fin du fordisme, le cycle des restructurations-délocalisations (vers les États du Sud des États-Unis, la frontière mexicaine, plus tard vers l’Asie), la fermeture de dizaines d‘usines et la perte de centaines de milliers d’emplois, puis la disparition de nombreux commerces, l’abandon de quartiers entiers livrés à la friche urbaine et à la marginalisation sociale ; la ville perdit des habitants (- 25 % entre 2000 et 2010) et fut placée en situation de faillite financière. Cette évolution rappelle, à l’extrême, les crises économiques et sociales que subirent la plupart des régions industrielles européennes fondées sur le textile, la sidérurgie ou la construction navale. Cependant, Detroit veut renaître, difficilement, grâce à des initiatives multiples : entrepreneurs issus de la ville et revenant installer leurs bureaux dans le centre-ville, actions d’économie sociale et solidaire pour la réhabilitation de certains quartiers, initiatives d’artistes et d’hommes politiques pour changer l’image de la ville… : un long parcours dont la réussite ne pourra être évaluée que dans une décennie au minimum. Le texte 18 B fournit un autre exemple, diamétralement opposé, d’un territoire qui sort progressivement de la marginalisation grâce à l’exploitation de ses ressources minières : la Mongolie. Ce PMA, enclavé, sous-peuplé, longtemps bloqué dans l’effondrement du système soviétique, attire les investisseurs, notamment les omniprésents voisins chinois, venus exploiter les ressources en charbon et en minerais. Les signes les plus clinquants de la mondialisation sociale et commerciale apparaissent dans Oulan-Bator, la capitale, mettant davantage en lumière les énormes inégalités sociales entre nouveaux riches et nomades déracinés venus récupérer les miettes du « miracle économique » dans les bidonvilles de yourtes. La croissance économique est spectaculaire (12 à 17 % an), le développement social beaucoup plus incertain. À toutes les échelles, les décisions économiques, structurelles ou conjoncturelles, sont d’incontes-tables facteurs d’intégration/marginalisation des territoires, à côté des choix politiques, davantage que les aléas naturels.

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P. 272-273 Cours 2 : Les territoires intégrés dans la mondialisation Doc. 1 et 2 Tokyo est l’une des quatre villes globales, disputant à Paris, selon les classements, le 3e ou 4e rang de la hiérarchie de l’archipel métropolitain mondial (carte p. 266) ; elle est la métropole qui abrite le plus grand nombre de sièges sociaux de FTN (53 sur les 500 premières en 2012) dans la mesure où la quasi-totalité des grandes entreprises japonaises ont leur siège dans la capitale et le Kabuto-Cho, la Bourse de Tokyo se situe au 3e rang mondial en termes de capitalisations boursières derrière les deux bourses de New York.

Doc. 3 La carte introduit un autre facteur important d’intégration des territoires, très révélateur de la hiérarchie des pôles majeurs de la mondialisation : il s‘agit de l’innovation (recherche scientifique et technologique mesurée ici en nombre de brevets déposés et délivrés). Cet indicateur privilégie fortement les pays anciennement développés, au fort potentiel universitaire et scientifique, attirant par le brain drain étudiants et chercheurs du monde entier. Les pays émergents demeurent absents de cette hiérarchie, à l’exception de la Chine qui fait un énorme effort public et privé (entreprises) pour se hisser dans le peloton de tête (cf. texte 10 p. 268). Les articles de Michel Delapierre dans les éditions annuelles d’Images économiques du monde (Armand Colin) fournissent des précisions chiffrées et actualisées, par exemple, en 2010, la Chine représentait 11,9 % des dépenses mondiales de recherche-développement, étant passée pour la première fois devant le Japon, n° 2 mondial derrière les États-Unis (33 %) ; parmi les autres pays émergents : l’Inde (2,6 %), le Brésil (1,9 %) et la Russie (1,8 %) tentent de se rapprocher, en volume, du niveau des pays européens et de la Corée du Sud. Si l’on rapporte ces dépenses au PIB, ce sont encore les pays scandinaves, Israël, le Japon et la Corée du Sud qui sont en tête, devant les États-Unis et les principaux pays de l’UE.

P. 274-275 Cours 3 Les territoires émergents et en marge de la mondialisation Doc. 1 Ce document concerne un exemple de PMA, la Centrafrique ou République Centrafricaine, ancienne colonie française devenue indépendante en 1960, territoire en marge de la mondialisation et qui est l’un des États les plus déstabilisés en 2013-2014, ce qui entraîne une intervention miliaire française, l’Opération Sangaris initiée en décembre 2013 suite à une résolution de l’ONU (résolution 2127 créant la MISCA) et soutenue par plusieurs milliers de soldats africains qui devraient être rejoints d’ici peu par des casques bleus. La légende récapitule tous les ingrédients de la

marginalisation d’un État aboutissant à en faire un territoire délaissé par les flux de la mondialisation et notamment les investisseurs et les touristes. Un État faible, où les crises politiques et les conflits ethnico-religieux conduisent à des massacres et à des flux massifs de réfugiés, accroissant l’insécurité alimentaire. Un État en faillite, incapable de tirer réellement profit des ressources du sous-sol accaparées par des groupes armés venant d’États voisins eux aussi instables ou ravagés par des conflits ; un État incapable d’entretenir des infrastructures minimales, notamment sanitaires et routières, indispensables dans un pays enclavé. La présence des troupes étrangères, de nombreuses ONG et la désignation d’une Présidente de transition consensuelle et appréciée (Catherine Samba-Panza) peuvent néanmoins donner quelques espérances en ce printemps 2014 pour espérer une solution graduelle des difficultés. Quant à une réelle intégration dans la mondialisation et à un hypothétique développement ? (autre exemple : cf. doc. 18 p. 344)

Doc. 2 Ce texte récapitule les manifestations et les facteurs du dynamisme économique des pays émergents (à relier au tableau « Les BRICS » p. 274) et montre que cette appellation est diversement interprétée, ce qui donne une liste très fluctuante de pays ayant droit à cette appellation, pouvant aller de la Pologne ou la Hongrie au Vietnam et au Bangladesh (donc des IDH compris entre 0,85 et 0,5…). Leurs points communs étant finalement une croissance économique souvent supérieure à la moyenne mondiale et surtout à celle des pays anciennement développés (UE et Japon notam-ment) et une attractivité marquée pour les IDE. On pourra relier à ce texte au document 9 p. 241.

P. 276 à 279 Dossier 2 Les espaces maritimes : approche géostratégique Les espaces maritimes sont des espaces géostratégiques car ils concentrent les enjeux majeurs liés à la mondialisation. C’est le long des principales routes actuelles ou à venir empruntées par les flux des échanges mondiaux, et en particulier au sein des seuils majeurs (détroits et canaux) ou des ZEE revendiquées avec leurs extensions possibles que s’expriment les différends entre les États. Ces oppositions qui peuvent conduire à des conflits sont le reflet des concurrences, des prétentions économiques et politiques ainsi que des disparités de développement. Tous veulent accéder en toute sécurité et liberté, voire exploiter et contrôler une part plus ou moins grande de cet océan mondial.

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P. 276-277 A. Les espaces maritimes : des es-paces au cœur de la mondialisation économique Réponses aux questions 1. Le rôle croissant des espaces maritimes dans la mondialisation s’explique essentiellement par la rapide augmentation des échanges maritimes de marchandises, liée, entre autres explications, à la NDIT (chapitre 2) et à la croissance des pays émergents qui en résulte. Les littoraux sont de plus en plus urbanisés, artificialisés (doc. 1 et 2) : au-delà de la seule mondialisation, la croissance démographique et le « désir de rivage » né à la fin du XVIIIe siècle ont entraîné l’urbanisation et, dans certains pays, la mise en tourisme des littoraux. 2. Le canal de Panama, long de 77 kilomètres, est l’un de ces seuils stratégiques reliant deux espaces maritimes dont l’importance s’accroît sans cesse avec le développement des échanges par voie maritime. Les travaux de creusement et d’aménagement du canal furent initiés par le Français Ferdinand de Lesseps, en 1880, au milieu de péripéties politico-financières qui secouèrent la IIIe République ; après la faillite de la compagnie française, les Américains reprirent la concession et achevèrent le canal en 1914, tout en s’installant politiquement et militaire-ment jusqu’en 1999. Contrairement au canal de Suez, il s’agit d’un canal à écluses, ce qui retarde et complique son franchissement. Le trafic annuel est d’environ 14 000 navires (environ 3 % du trafic mondial), mais, depuis plusieurs années, il est considéré comme saturé et trop étroit pour les navires actuels. De gigantesques travaux d’élargissement, d’approfondissement du tirant d’eau et de construction de nouvelles écluses ont donc commencé en 2007 et connaissent du retard et de sérieux litiges politiques et financiers en 2013-2014 (accord intervenu en février 2014 permettant la reprise des travaux qui ne seront cependant pas achevés pour le centenaire du canal). Il s’agit de permettre le passage de navires de type « New-Panamax », c’est-à-dire pour les porte-conteneurs de passer de 4 000 EVP à 12 000 EVP. Les pays les plus intéressés par ces travaux, en dehors de la République de Panama qui en attend de larges retombées financières, sont les pays d’Asie orientale, Chine en premier, et les États-Unis pour lesquels le canal est essentiel pour les flux entre la côte pacifique et la côte atlantique, la voie ferrée (landbriges) et les autoroutes étant insuffisantes pour acheminer tous les échanges transcontinentaux. 3. Les espaces maritimes ont de tout temps fourni des ressources aux hommes (ressources halieutiques, sel) mais leur importance ne peut qu’augmenter du fait de la croissance démo-graphique et économique. La pêche pratiquée avec des moyens de plus en plus sophistiqués et destructeurs de certains fonds marins et d’espèces ne suffit plus à répondre à la demande mondiale et

l’aquaculture est de plus en plus pratiquée (algues, crustacés, poissons). Dans un autre domaine, l’exploitation offshore des hydrocarbures représente désormais près du tiers de la production mondiale de pétrole brut et la prospection s’intensifie en eau profonde dans de nombreuses régions (cf. texte 20 p. 307). Cette quête toujours plus vive des ressources maritimes ne peut que renforcer le désir des États riverains de territorialiser davantage ces espaces pour mieux les contrôler. P. 278-279 B Les espaces maritimes : des espaces à contrôler Réponses aux questions 1. Les puissances géopolitiques dominantes, conscientes de l’importance croissante des espaces maritimes dans la mondialisation et dans les rapports de puissance, les intègrent dans leur géostratégie, à l’instar des puissances maritimes de l’Antiquité ou des Temps modernes. Actuellement, plusieurs moyens s’offrent à elles : – La création de puissantes flottes aéronavales (doc. 6), outils de dissuasion nucléaire et tactique, de projection de troupes au sol et d’appui aérien ; les États-Unis sont les leaders incontestés mais la Chine et la Russie entendent bien rattraper leur retard ; – l’implantation de bases navales et l’obtention de facilités portuaires dans des États alliés, bases situées sur les routes maritimes d’approvision-nement en matières premières et en pétrole et près des seuils stratégiques, détroits et canaux (doc. 9 et 10) ; – l’exploitation de routes maritimes marchandes par le biais de compagnies nationales pour sécuriser les flux de la mondialisation (doc. 7) ; – la prospection de ressources offshore, notam-ment les hydrocarbures (doc. 7). 2. Le contrôle des flux migratoires clandestins relève de l’intérêt géopolitique des espaces maritimes, notamment pour les États-Unis, l’Australie et surtout l’Union européenne. L’espace Schengen étant, par la mer Méditerranée et l’Atlantique, en contact avec les pays de départ de flux migratoires : Afrique (Maghreb et surtout Afrique subsaharienne, Proche-Orient). Les aéroports et les frontières terrestres de Ceuta, Melilla et des États de l’Est de l’UE (Grèce, Roumanie, Bulgarie) étant progressivement de plus en plus verrouillés (cf. doc. 3 p. 249), les migrants clandestins tentent, au péril de leur vie et pour le profit des passeurs, de passer par la voie maritime : vers les îles Canaries, mais le système Frontex et la surveillance commune Espagne-Maroc y sont de plus en plus efficaces, depuis la Libye par les îles de Lampedusa et de Malte ou depuis la Turquie vers les côtes grecques.

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3. Avec le Pacifique occidental (mer de Chine), l’océan Indien devient un espace maritime de plus en plus convoité, surveillé, terrain de rivalités géostratégiques croissantes du fait de l’émergence de l’Asie du Sud et de l’Est (cf. chapitre 6). La carte 9 situe les grandes puissances concernées : Chine, Inde, mais aussi États-Unis, Royaume-Uni, France (par la présence de DROM : Réunion, Mayotte), Australie, voire, à un niveau inférieur, Afrique du Sud, Pakistan, pays du Golfe. Pourquoi une telle convergence d’intérêts ? L’océan Indien est traversé par des routes maritimes majeures, à la fois pour les approvisionnements pétroliers de l’Asie orientale et de l’Europe, et pour les flux de marchandises exportées d’Asie vers l’UE ; ces routes passent par plusieurs seuils stratégiques (détroits de Bab-el-Mandeb, d’Ormuz et de Malacca) par le canal de Suez ou le cap de Bonne-Espérance. Il baigne les régions les plus instables politiquement depuis plusieurs décennies : Proche et Moyen-Orient et des puissances rivales : rivalité Chine (et ses protégés Pakistan-Myanmar)-Inde, rivalité États-Unis-Chine, rivalité Iran-pays sunnites du Golfe. Il a de plus servi récemment aux États-Unis et à leurs alliés comme espace de support logistique lors des guerres d’Irak et d’Afghanistan. Le texte 10 précise certaines données relatives à la rivalité Chine-Inde, rivalité ancienne mais réactivée par la croissance économique de ces deux États géants. Chacune des deux puissances émergentes s’appuie sur des alliés, anciens ou de circonstance, pour établir des bases militaires ou obtenir des facilités navales (marchandes et/ou militaires) sur ces routes maritimes stratégiques pour leur commerce. C’est la Chine qui est la plus avancée dans cette compétition : son « collier de perles » se compose d’implantations au Myanmar, au Bangladesh, au Sri Lanka, au Pakistan, aux Maldives, aux Seychelles, avec des projets au Cambodge et en Iran (cf. www.prodig.cnrs.fr/Posters/Perles.pdf). Face à cet encerclement progressif, l’Inde s’est rapprochée de Madagascar et du Vietnam, inquiet lui aussi de la poussée chinoise en mer de Chine méridionale. L’océan Indien est donc tout à fait révélateur des recompositions géoéconomiques et géo-politiques en cours (cf. chapitre 1) avec, à côté des puissances maritimes traditionnelles, les interventions de plus en plus nombreuses des puissances émergentes : en avril 2013, un détachement naval chinois a fait, pour la première fois, escale en Algérie. 4. L’océan Indien est également, avec la mer de Chine méridionale, l’espace maritime le plus touché par le développement de la piraterie maritime. Ces zones de piraterie sont essentiellement situées sur les espaces où se concentre le trafic marchand, près de seuils stratégiques, là où les pétroliers et les porte-conteneurs se regroupent : au nord-ouest, au débouché du détroit de Bab-el-Mandeb, au sud-ouest : canal de Mozambique, au sud-est : détroit de

Malacca. À noter qu’il y a eu également des attaques contre des paquebots de croisière, des navires de plaisance et surtout des chalutiers pêchant le thon au large des Seychelles. D’autres secteurs sont concernés, de manière sporadique et plus « traditionnelle » : golfe du Bengale par exemple. Les armateurs et certains États ont engagé depuis une décennie de gros moyens financiers, humains et militaires (par exemple l’Opération Atalante menée par l’UE) pour lutter contre cette recrudescence des attaques, si bien que l’on observe depuis deux ans une tendance à leur diminution, notamment en provenance des côtes somaliennes. 5. Les gisements de terres rares sous-marins, malgré les difficultés et les coûts d’exploitation, sont fortement convoités pour alimenter la filière des produits informatiques et technologiques. Les téléphones portables sont de grands consommateurs de ces ressources dont les principaux gisements, en dehors des fonds marins, se situent en Chine qui bénéficie ainsi d’un quasi-monopole. Les pays dont les entreprises sont bien placées dans le secteur des nouvelles technologies suivent donc de près l’évolution des technologies permettant une éventuelle exploitation commerciale : il s’agit notamment des États-Unis et du Japon. P. 280-281 Cours 3 Les espaces maritimes dans la mondialisation Carte 1 Cette carte permet de comprendre, en un seul document, les enjeux économiques des espaces maritimes : industries et flottes marchandes, principaux ports et façades maritimes, chantiers navals, principales routes actuelles mais aussi envisagées, passages stratégiques. Elle offre l’opportunité de constater un basculement géographique majeur : les pays développés à l’industrie maritime puissante ne sont plus ceux qui abritent les principaux chantiers navals ni les plus grands ports mondiaux. Il ne faut pas oublier de prendre en compte l’importance des pavillons de complaisance (pour des raisons réglementaires, juridiques et de législation sociale) inversement proportionnelle à la superficie et à l’importance économique des pays qui les accordent. Il s’agit en effet d’îles des Caraïbes ou de Méditerranée, voire de pays peu développés parfois même sans aucun débouché maritime comme la Mongolie ou la Bolivie. Enfin, le changement climatique (océan Arctique), l’affirmation de nouveaux acteurs (Asie mais aussi les BRICS) ainsi que les perspectives de l’exploitation de nouveaux gisements ou de nouvelles ressources, sont à l’origine du tracé de routes maritimes qui permettent de redécouvrir le potentiel de circulation et de communication qu’est l’océan mondial (route du Nord-Est, corridor Sud). Les États-Unis présentent toujours deux façades maritimes attractives de rang mondial mais sur

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lesquels ne se situent plus les premiers ports mondiaux qui se trouvent sur une très longue façade maritime asiatique, longeant les principaux pays pourvoyeurs de produits manufacturés de la planète (Chine et Corée du Sud surtout). Cette carte a été réalisée selon une variante d’une projection de type Buckminster-Fuller, bien adaptée pour appréhender la quasi-totalité de l’océan mondial et ses possibilités de communication ; seul l’Antarctique n’apparaît pas. P. 282-283 Cours 4 Les enjeux géopolitiques des espaces maritimes Réponses aux questions Doc. 1 Cette carte reflète la hiérarchie des puissances géopolitiques mondiales, hiérarchie qui résulte d’héritages des trois siècles précédents et des recompositions géoéconomiques et géopolitiques en cours (cf. carte 3 p. 208). Sans surprise, ce sont les États-Unis d’Amérique qui possèdent le plus grand nombre de quartiers généraux et de bases maritimes. Il s’agit de la première puissance économique mondiale qui a les moyens financiers, technologiques mais aussi politiques d’assurer une présence et un déploiement militaire naval sur toutes les mers et tous les océans du globe, leurs puissantes flottes aéronavales prolongeant leur dispositif littoral (cf. également doc. 6 p. 278). Deux autres puissances européennes, le Royaume-Uni et la France, ont conservé des bases assez nombreuses et réparties sur tous les océans, du fait de leur passé de puissances coloniales et maritimes et de l’existence de leurs territoires d’outre-mer, à la fois enjeux et supports territoriaux de cette puissance ; de plus, par des accords de coopération ou de location, elles utilisent des bases situées dans des États indépendants (ex-colonies) ; c’est notamment le cas de la base hautement stratégique de Djibouti, partagée entre la France, les États-Unis et le Japon. À côté de ces trois puissances de l’OTAN d’autres puissances anciennes ou émergentes, gèrent encore des bases ou des facilités navales, notamment dans l’océan Indien et en Asie orientale : il s’agit de la Russie (cf. les enjeux actuels des bases de Sébastopol en Crimée et de Tartous en Syrie), du Japon, inquiet des menaces chinoise et nord-coréenne (cf. doc. 5 p. 383), de la Chine et de l’Inde (voir plus haut, questions 3 p.278). Doc. 2 Ce texte de la géographe Mélanie Fournier permet d’appréhender les origines de la piraterie maritime à toutes les échelles géographiques. Il s’agit finalement d’un révélateur des principales disparités économiques, sociales et politiques dans un contexte mondialisé. Les principaux foyers de cette piraterie correspondent à la mise en présence de routes maritimes de rang mondial empruntées par des flux de grandes richesses (hydrocarbures, produits manufacturés) à proximité de côtes de

pays peu développés où règnent la misère et l’instabilité politique. Les seuils maritimes stratégiques ou leurs environs, du fait du ralentissement de la navigation, de la configuration des lieux et surtout de la concentration des cibles potentielles, constituent des zones d’opération idéales pour les pirates. Cette piraterie s’explique par la désintégration des structures étatiques en Somalie (milices armées, groupes terroristes, rivalités entre tribus, indépendances de facto du Pountland et du Somaliland ex-britannique, échec de l’intervention ONU-États-Unis : Opération Restore Hope en 1993-1995,…) et par la recrudescence des trafics illicites (armes et stupéfiants, voire migrants) facilitée par le désengagement des marines américaine et russe depuis la fin de la Guerre froide. Doc. 3 L’importance économique et stratégique des détroits internationaux n’est pas à démontrer. Sans liberté de navigation dans ces détroits, la plupart des flux de la mondialisation seraient entravés et des conflits géopolitiques majeurs deviendraient quasiment inévitables. Rappelons que la liberté de navigation figure dans les « 18 points » du président Wilson et que le règlement de la Première Guerre mondiale entendait mettre un terme aux tensions nées à propos des détroits turcs (Bosphore et Dardanelles). Certains détroits ont donc fait l’objet de conventions internationales, les premières à régir des espaces maritimes : Convention sur le détroit de Gibraltar en 1912, convention de Montreux concernant les détroits turcs en 1932, remplaçant la Convention de Lausanne de 1923. La Convention de Montego Bay (Convention des Nations unies sur le droit de la mer), signée en 1982 et entrée en vigueur en 1994, étend les principes de la liberté de navigation à tous les détroits internationaux : elle reconnaît un droit de passage en transit, sans entrave et pacifique, à tous les navires. Une précision : parmi les États n’ayant pas signé cette convention figurent les États-Unis et la Turquie ; parmi ceux ne l’ayant pas encore ratifié, on peut noter, entre autres, l’Iran et les EAU, riverains du détroit d’Ormuz (doc. 1 p. 262) où ces États sont en litige quant à la délimitation des eaux territoriales. P. 284 BAC Composition Sujet n° 8 Des territoires inégalement intégrés à la mondialisation Exemple d’introduction rédigée La mondialisation crée un monde interdépendant et hiérarchisé. Les territoires, en fonction de leurs caractères spécifiques s’intègrent différemment dans un processus géoéconomique de diffusion du capitalisme à l’ensemble du monde. En effet, la mise en réseaux du monde obéit à des logiques territoriales impulsées par les acteurs de la

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mondialisation, logiques cumulatives et sélectives. Le gradient d’intégration est le reflet de leur place et rôle dans le fonctionnement du système monde. Néanmoins les situations ne sont pas figées comme le montrent les recompositions en cours. Éléments de réponse I. Les centres de la mondialisation : des territoires de commandement et d’impulsion • Des caractères spécifiques qui expliquent leur place à la tête de la mondialisation : lieux de pouvoirs politiques, économique, technologique, culturel • Des moyens d’insertion dans la mondialisation : prise de décisions dans la gouvernance mondiale, forte accessibilité avec concentration de tous types de transport (réseaux matériels et immatériels) ; forte participation aux échanges réalisés en grande partie entre eux ; grande mobilité des élites • Les Villes mondiales, les trois mégalopoles, les grands pays développés.

II. Les territoires en voie d’intégration • Ce sont des centres moteurs en devenir ou des relais de la mondialisation. • Des centres en devenir qui s’intègrent dans la mondialisation grâce à leur rôle grandissant dans la mondialisation financière, dans les échanges économiques et financiers, dans la production (des ateliers à faible valeur ajoutée à des produits plus sophistiqués) et avec modèle culturel qui se diffuse (Bollywood), qui trouvent une place dans la gouvernance mondiale (G20), s’équipent d’infrastructures de transport de rang mondial (grandes plateformes portuaires et aéroportuaires),organisent de grandes manifestations mondiales (coupes du monde football, J.O., expositions universelles). Ce sont les puissances émergentes notamment Chine, Brésil, Inde et leurs métropoles émergentes Shanghai, São Paulo, Mumbai… • Des territoires supports et relais de la mondialisation qui s’intègrent soit parce qu’ils concentrent des unités de production délocalisées, des sources d’énergie, des matières premières, des productions agricoles… parce qu’ils proposent des dispositions fiscales très avantageuses. Ce sont les pays exportateurs de pétrole, de produits agricoles (Argentine, Malaisie), les pays ateliers, les paradis fiscaux, l’interface continentale entre Mexique et États-Unis.

III. Les territoires plus ou moins marginalisés de la mondialisation Il s’agit des périphéries dominées. • Ces territoires cumulent les difficultés, équipements insuffisants, participent peu aux échanges, subissent les logiques des FTN, ne sont guère des acteurs des processus de la mondialisation, disposent pour certains d’entre eux d’une main-d’œuvre très bon marché.

• Ce sont des territoires d’échelles variables : soit des quartiers en déclin de villes de pays industrialisés (Détroit), des campagnes peu modernisées (Chine des campagnes), des régions dont l’intégration dans la NDIT est en cours via l’exportation de matières premières de produits agricoles… ou de produits illégaux (cocaïne de Colombie) ou par le travail industriel (Bangladesh). Ce sont des Pays très pauvres, les PMA (conflits politiques, religieux), souvent d’Afrique subsaharienne.

Exemple de conclusion rédigée Le fonctionnement de la mondialisation conduit à une hiérarchisation des territoires à différentes échelles ; il se fonde et contribue à la fois aux grandes inégalités de développement.

P. 285 BAC Analyse de document Sujet n° 9 L’inégale intégration des territoires dans la mondialisation

Exemple de devoir rédigé L’accès à Internet est devenu, en deux décennies, l’un des outils essentiels de la mondialisation, aussi bien économique que culturelle. La cartographie du taux d’accès peut-elle être un indicateur fiable de l’inégale intégration des territoires dans la mondialisation ? Le planisphère proposé, fort justement centré sur l’Amérique, berceau du Web, est extrait de L’Atlas du monde de demain, publié en 2013 par Le Monde et La Vie.

I. Les usages d’Internet, au cœur de la mondialisation Internet et la globalisation financière : même si les grandes institutions financières (Bourses, banques, fonds d’investissement…) utilisent le plus souvent des réseaux spécifiques ultra-sécurisés, Internet est l’outil indispensable d’innombrables flux financiers entre les banques et leurs clients, entre les entreprises, leurs filiales, clients et fournisseurs… Le réseau permet les virements, les transferts financiers des migrants, supporte le système des cartes bancaires, facilite le tourisme international… Internet et les échanges commerciaux : le développement du commerce en ligne est plus rapide que la croissance des échanges, la grande distribution développe les réseaux de « drive », de livraisons de courses commandées par Internet ; surtout, Internet est l’outil majeur de la logistique qui accélère et facilite les flux de marchandises. Internet et la mondialisation culturelle : échanges de courrier, d’images, de musique, de films et de vidéos, la connexion planétaire et simplifiée de milliards de personnes est l’une des mutations fondamentales de la communication et de l’accès à la culture, remettant en cause les médias traditionnels (journaux, disques, livres…). La diffusion de l’information est beaucoup plus rapide,

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beaucoup plus difficile à contrôler (cf. carte 3 p. 212) et l’extraordinaire succès des réseaux sociaux et leurs implications politiques (révolutions arabes, situation en Ukraine, circulation des informations dans les régimes autoritaires tels ceux de la Chine ou de l’Iran) vont hélas de pair avec l’utilisation de ces réseaux par des organisations ou groupes terroristes, mafieux ou criminels. Toutes ces utilisations d’Internet montrent qu’une grande partie de la population mondiale est désormais plus ou moins directement connectée par Internet. Cela permet-il de distinguer l’inégale intégration des territoires en utilisant comme indicateur le taux d’accès ?

II. L’inégale intégration des quatre ensembles de territoires figurant sur le planisphère Nous pouvons retenir les quatre classes statistiques déterminées par les auteurs du document. La classe ayant les valeurs les plus élevées : taux d’accès égal ou supérieur à 75 %, distingue sans surprise les pays ayant un rôle moteur dans la mondialisation, pays développés, très intégrés, que ce soit dans les échanges financiers ou commerciaux, culturels ou touristiques, ayant un fort potentiel éducatif, scientifique et technologique : États-Unis et Canada, Europe du Nord et du Nord-ouest, Japon et Corée du Sud, Australie et Nouvelle-Zélande. La deuxième catégorie d’États est plus hétérogène : la plupart des autres États européens, de l’Espagne à la Pologne ou à la Grèce (développement et intégration plus récents, avec davantage de disparités villes-campagnes qu’en Europe du Nord-ouest), Israël et le Liban, l’Iran et les EAU, quelques États latino-américains : Chili, Argentine, Colombie auxquels on peut ajouter la Malaisie. Deux points communs à ces États : un niveau de développement élevé ou assez élevé, mais inférieur aux États précédents ; une intégration dans la mondialisation relevant de facteurs divers : NDIT, par exemple pour Israël, la Malaisie ou le Maroc, tourisme international, mais aussi exportations d’hydrocarbures… Entre 25 et 50 % d’accès à Internet, on rencontre un grand nombre d’États correspondant à une part importante de la population mondiale : les autres États d’Amérique latine (à de rares exceptions), Brésil et Mexique notamment, l’ensemble d’États allant de la Roumanie et de la Turquie à la Russie, la Chine ainsi que quelques rares États africains : Tunisie, Égypte ou Nigeria par exemple. Le niveau de développement peut être ici égal ou inférieur à la catégorie précédente mais leur intégration à la mondialisation économique est très variable : forte pour la Chine, plus limitée pour le Nigeria ou la Bolivie… Enfin la classe ayant les taux les plus faibles, inférieurs à 25 %, correspond aux États les plus pauvres, notamment en Afrique mais également à des pays émergents ou exportateurs

d’hydrocarbures ; on peut être surpris de retrouver dans cette catégorie aussi bien l’Algérie que l’Inde, l’Afrique du Sud ou l’Indonésie.

III. Comment interpréter ce document et en souligner les limites ? La relation a déjà été soulignée entre accès à Internet, intégration dans la mondialisation et niveau de développement : globalement, un fort taux d’accès à Internet correspond à un niveau de développement élevé (IDH supérieur à 0.8 le plus souvent) et on peut en déduire un fort degré d’intégration. Le continent américain est très révélateur de cette corrélation : les pays les plus pauvres, les moins développés sont en jaune pâle (Haïti, Guatemala par exemple), tandis que l’Argentine ou le Chili ont un taux d’accès supérieur au Brésil ou au Mexique et que les deux États du Nord, les plus développés, ont le taux maximum ; seule curiosité, Cuba, dont l’IDH est assez élevé mais le taux d’accès faible (raisons politiques évidentes : Internet n’étant pas très bien accepté par les autorités…). On peut étendre la démonstration en Europe ou en Asie. De nombreux États d’Afrique subsaharienne et quelques États isolés, enclavés d’Asie ont un faible taux d’accès à Internet ; ce sont en effet des PMA, pays les moins avancés, à faible niveau de développement, où l’intégration à la mondialisation se limite à quelques quartiers urbains et à des sites spécifiques (mines, chantiers, plantations). Il est intéressant de souligner que la catégorie des pays émergents perd toute apparence d’unité sur ce document : l’Afrique du Sud ou l’Inde sont dans la classe du taux d’accès le plus faible, alors que le Brésil, la Chine, la Thaïlande ou la Russie sont dans la catégorie 25-50, encore loin des pays très développés. En effet, si ces États sont bien intégrés dans la mondialisation économique par les flux commerciaux notamment et la NDIT dans le cas de la Chine, leur niveau de développement demeure moyen et une grande partie de la population, notamment rurale, n’a pas accès à Internet, soit par manque d’équipement et/ou de raccordement à l’électricité, soit plutôt par manque d’ouverture culturelle, d’autant plus que les autorités de certains États ne facilitent pas l’accès à la Toile pour des raisons politiques notamment (Chine). L’échelle étatique retenue pour établir cette carte ne permet pas d’approfondir l’analyse : elle gomme toutes les disparités socio-spatiales, notamment les disparités de connexion entre les villes et les campagnes, très marquées dans les pays émergents et les pays pauvres. Par ailleurs, l’utilisation d’Internet recouvre des pratiques très diversifiées selon les personnes, les âges, les catégories sociales et le seul indicateur utilisé ne permet pas d’affirmer qu’il s’agit d’une intégration réelle et régulière dans la mondialisation pour toutes les personnes concernées.

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Néanmoins, ces réserves étant précisées, le taux d’accès à Internet peut être considéré comme un indicateur valable de l’intégration des territoires dans la mondialisation en relation assez étroite avec le niveau de développement des États.

P. 286-287 BAC Réalisation d’un croquis Sujet n° 10 Une inégale intégration des territoires dans la mondialisation Légende complétée :

1. Les pôles, centres d’impulsion de la mondialisation

2. D’autres territoires bien intégrés dans la mondialisation

3. Des territoires plus ou moins marginalisés

– … ville mondiale –… mégalopole –… les pays développés dominants

a. Des centres en devenir : des pays et des villes mondiales émergents

– …pays émergents – … ville mondiale émergente b. Des territoires liés au fonctionnement de la mondialisation

– … grande façade maritime – … interface continentale – … les pays exportateurs d’hydrocarbures – …paradis fiscaux

– … les PED : intégration en cours mais inégale – … les PMA : les pays les plus pauvres dont l’intégration est faible et ponctuelle

P. 288 BAC Analyse de document Sujet n° 11 La mondialisation : fonctionnement et territoires

Ce document est constitué de deux cartes diachroniques (2000 et 2010) relatives à la capitalisation boursière des grandes Bourses mondiales (bourses de valeurs, de cotations des actions), extrait de l’Atlas du Monde diplomatique 2013, Vuibert, 2012. On peut relever rois thèmes d’analyse : – le rôle des places financières, notamment des bourses, dans la mondialisation ; – la hiérarchie des territoires intégrés dans la globalisation financière ; – les recompositions géoéconomiques que révèle ce document et leurs implications géopolitiques (cf. chapitre 1).

Éléments de réponse I. Le rôle des places financières, notamment des bourses, dans la mondialisation Les Bourses sont des lieux emblématiques du capitalisme et donc de la mondialisation où s’effectuent les transactions financières : échanges de devises, cotations des obligations (emprunts d’État et de sociétés) et surtout des actions des sociétés introduites sur le marché financier où elles peuvent lever des capitaux ; les plus importantes de ces sociétés sont les firmes transnationales dont les plus connues, les plus puissantes, sont souvent en tête des classements de la capitalisation, notamment dans les indices suivis quotidiennement par les médias et les investisseurs, les fameux CAC 40, indices Dow Jones ou Nikkei… Ces marchés financiers, gérés par des entreprises (la plus importante étant le groupe NYSE-Euronext qui gère les marchés de New York – NYSE, Paris, Amsterdam, Bruxelles, Lisbonne), ont connu d’importantes trans-formations depuis trois décennies : dérégle-mentation, automatisation (informatique et dématérialisation), interconnexion par Internet, si bien qu’ils fonctionnent désormais de manière quasi instantanée, plus ou moins automatisée pour certaines transactions, et continue, le décalage horaire faisant qu’à tout instant, plusieurs Bourses sont ouvertes dans le monde. Ces marchés sont indispensables au fonctionnement de la mondialisation car ils permettent aux entreprises, aux FTN, de faire circuler très rapidement les flux financiers entre leurs diverses filiales (IDE par exemple), leurs fournisseurs, les banques (et les paradis fiscaux…) avec lesquelles elles sont en relation permanente. D’autres Bourses existent, notamment celles des matières premières mais elles ne font pas l’objet de ce document. La notion de place financière est plus large que les seules bourses ; une place financière est une ville, un quartier (tel l’emblématique City londonienne) où se concentrent, autour de la (ou des) Bourse, les banques, les fonds d’investissement, les sociétés d’assurance, de courtage financier et toutes les sociétés de services contribuant à leur fonctionnement (informatique, marketing, cabinets juridiques, cabinets d’audit, sociétés de sécurité…). Le document montre le fort accroissement, entre 2000 et 2010, à la fois du nombre de Bourses indiquées et de leur capitalisation, signe de l’augmentation rapide des flux financiers liée à la croissance économique globale, et plus particulièrement celle des pays émergents.

II. La hiérarchie des territoires intégrés dans la globalisation financière En effet, le document permet d’établir la hiérarchie des territoires selon leur degré d’intégration dans la globalisation financière. En 2010, les trois pôles majeurs, les trois aires de puissance centrées sur les mégalopoles apparaissent nettement : l’Amérique du Nord avec « la ville globale par excellence », New

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York (Wall Street), l’Asie orientale avec Tokyo, autre ville globale, et enfin l’Europe occidentale où un nombre plus important de Bourses figure, dominées par Londres (la City), Paris (Euronext) et Francfort. À ces trois pôles majeurs s’ajoutaient quelques villes mondiales émergentes, notamment Sydney en Australie et, en Asie orientale, les deux excroissances de la finance anglo-saxonne, Hong Kong et Singapour ainsi que Jakarta, Séoul et Taïpei. On retrouvait la dualité pays développés et pays émergents ( ceux que l’on appelait alors les NPI). En dehors de ces pôles, aucune Bourse cartographiée dans le reste de l’Asie, en Afrique, et une seule au Brésil (São Paulo). Les pays du Nord dominaient largement la globalisation financière. Dix ans, plus tard, en 2010, la capitalisation de la plupart des Bourses a nettement augmenté (malgré la crise des années 2007-2008) et leur nombre s’est fortement accru, notamment dans les pays émergents et en développement signe de leur intégration croissante à la mondialisation. La carte de 2010 permet en effet une lecture assez fine de l’émergence de certains États ; on retrouve, à l’exception de la Russie dont les structures politico-financières effraient encore « un peu » les investisseurs…, tous les pays émergents, qu’ils appartiennent aux BRICS : São Paulo (Brésil), Johannesburg (Afrique du Sud), Mumbai et Delhi (Inde) et surtout la Chine avec l’apparition de deux bourses importantes à Shanghai et à Shenzhen, ou qu’ils relèvent plutôt de la catégorie des pays émergents de taille et de puissance moyennes, tels le Chili, la Colombie, le Mexique (qui figurait déjà en 2000 grâce aux IDE des États-Unis) et, en Asie, la Thaïlande (Bangkok) ou la Malaisie (Kuala-Lumpur) par exemple. Enfin, une autre région fait son apparition : le Proche et Moyen-Orient, avec Istanbul (Turquie), Tel-Aviv (Israël) et l’Arabie saoudite.

III. Les recompositions géoéconomiques en cours et leurs implications géopolitiques Cette éclosion de nombreux marchés financiers de taille notable (capitalisation supérieure à 100 milliards de dollars) s’explique, en plus de la croissance des flux financiers liés directement au fonctionnement de la mondialisation, par le transfert partiel de richesse en direction de l’Amérique latine et surtout de l’Asie. Les énormes

excédents financiers liés aux exportations de produits manufacturés (Chine, Corée du Sud) et d’hydrocarbures (Arabie par exemple) sont gérés par des fonds souverains ou par les entreprises privées de ces nouveaux « milliardaires » et viennent s’investir sur les marchés boursiers. La cartographie des Bourses mondiales illustre donc les recompositions géoéconomiques en cours, le passage à un monde multipolaire dans lequel un nombre croissant de pays et surtout de villes s’intègrent pleinement dans les flux de la mondialisation. Cela ne va sans conséquence sur les relations géopolitiques, certains de ces États, notamment les BRICS, souhaitant peser de plus en plus dans la gouvernance mondiale, que ce soit par leur appartenance reconnue au G20 ou par leur place élargie dans les décisions du FMI ou de l’OMC par exemple. La géographie des Bourses mondiales ne permet cependant pas d’analyser finement et complètement l’inégale intégration des territoires dans la mondialisation. Par exemple, certains États au cœur de la globalisation financière ne figurent pas ici car ils ne disposent pas de Bourse importante et sont davantage des sièges de banques, des paradis fiscaux ou des territoires d’optimisation fiscale (le Luxembourg est par exemple au 2e rang mondial pour la réception d’IDE et n’apparaît pas sur ces cartes). De plus, les flux financiers ne sont pas le seul facteur d’intégration ; une cartographie des flux de marchandises et de services, révélateurs de l’intégration dans la NDIT, serait un indicateur tout aussi fiable de l’insertion des territoires. Ces cartes combinent des indications de villes et d’États, ce qui complique l’analyse ; par ailleurs, l’échelle retenue : ville ou État, ne renseigne pas sur l’intégration réelle de l’ensemble des territoires concernés. Si Johannesburg ou Mumbai sont citées, le document ne fournit aucune information quant à l’intégration effective du reste des États concernés, des campagnes notamment. Cependant, le document proposé repère les trente premières puissances économiques mondiales, opposant la multiplication des Bourses dans les trois pôles majeurs au vide du continent africain et d’une partie de l’Amérique latine ou de l’Asie centrale.

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Chapitre 4 L’Amérique du Nord : puissance du Nord, affirmation du Sud

1. Le programme Le thème 3 porte sur trois grandes aires continentales, appréhendées chacune selon une problématique spécifique. Pour chaque aire continentale, le programme prévoit deux entrées. Ainsi, pour l’Amérique du Nord : – Le continent américain : entre tensions et intégrations régionales. – États-Unis - Brésil : rôle mondial, dynamiques territoriales.

2. Les indications d’Eduscol Le programme invite à analyser cette aire continentale comme une zone de contact entre des mondes différents par leur niveau de développement et leur culture mais qui entretiennent des relations anciennes et diverses (migratoires, culturelles, politiques et économiques). Il amène aussi à dégager les dynamiques de gestion territoriales qui l’animent.

Problématiques • Les initiatives d’intégrations régionales reflètent-elles ou résorbent-elles les tensions qui affectent le continent américain ? Quelles sont les tensions sur le continent américain ? À quoi sont-elles dues ? • Quels contrastes économiques et culturels traduisent-elles ? Quelles sont les logiques des associations régionales ? • Quel rôle mondial et quelles dynamiques territoriales pour les États-Unis et le Brésil ? • Quels points communs et différences entre une puissance mondiale et un pays émergent ? • Quelles sont les caractéristiques de l’organisation territoriale des États-Unis et du Brésil ? • Quelles sont les interactions entre l’intégration dans la mondialisation et les dynamiques territoriales de ces deux États ?

Orientations pour la mise en œuvre En série S ( 7 ou 8 heures), on centrera le propos sur les éléments suivants : – l’inégal développement et la diversité du continent américain ; – les tentatives d’intégration du continent américain par les États-Unis, les tensions et résistances qu’elles engendrent, le rôle de l’ALENA, la volonté de pays latino-américains de s’associer autrement, en particulier au sein du Mercosur ; – la comparaison du rôle mondial des États-Unis, superpuissance planétaire, et du Brésil, puissance émergente ; – l’organisation territoriale de chacun de ces deux États immenses, les principaux ensembles régionaux les constituant et les dynamiques qui les affectent en lien avec la mondialisation qui hiérarchise les territoires.

L’étude des dynamiques territoriales des États-Unis et du Brésil donne lieu à la réalisation de deux croquis (« Les dynamiques territoriales aux États-Unis » ; « Les dynamiques territoriales du Brésil »). Ceux-ci ne doivent pas être envisagés comme une illustration graphique venant dans un deuxième temps après le cours. En effet, afin de gagner du temps et de favoriser la production de traces écrites plus géographiques, il est possible de construire progressivement ces croquis dans le déroulement du cours. Mettre en œuvre l’entrée générale dans la question « Le continent américain : entre tensions et intégrations régionales » Cette étude permet de développer, à l’échelle du continent, des aspects géoéconomiques, géopolitiques et géoculturels. Les différences de culture et de niveau de développement, le rôle des États-Unis sur l’ensemble du continent sont à mettre en relation avec les tensions qui affectent l’Amérique latine et avec la concurrence entre les différentes constructions d’associations régionales. Si certaines tensions opposent des États latino-américains entre eux pour des questions frontalières, les tensions les plus fortes impliquent les États-Unis. Elles proviennent de leur présence multiforme pour défendre leurs intérêts (lutte contre les producteurs de drogue par exemple) et d’un rejet de l’hégémonie états-unienne par certains gouvernements (Cuba, Venezuela…). Deux logiques principales d’intégration régionale s’opposent : l’ALENA autour des États-Unis qui a comme perspective de devenir la zone de libre-échange des Amériques ; le Mercosur, avec le Brésil comme pôle principal. Mettre en œuvre l’entrée portant sur les deux États : « États-Unis, Brésil : rôle mondial, dynamiques territoriales » Cette étude comporte une approche comparative.

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Pour cela, on montrera que les facteurs et les atouts de leur puissance respective obéissent à une différence majeure : les États-Unis sont la première puissance du monde, et le Brésil une puissance émergente . Si les États-Unis et le Brésil disposent d’un territoire et d’une population de dimension comparable, leurs poids économique, politique, militaire et culturel sont encore très différents. En résultent une zone d’influence essentiellement régionale (l’Amérique du Sud) et des interventions sur la scène internationale ciblée pour le Brésil, alors que les États-Unis exercent une influence mondiale multiforme. Mais l’étude comparative doit aussi montrer les progrès rapides du Brésil qui lui permettent maintenant de compter dans le monde grâce à la diversification de son économie, à la volonté politique de ses dirigeants pour développer une diplomatie très active. L’analyse des dynamiques territoriales doit mettre en relief les grandes lignes de l’organisation des territoires des États-Unis et du Brésil qui seront abordées successivement avant d’être comparées. Deux vastes pays, peuplés à partir de fronts pionniers, mais un territoire « fortement maîtrisé » pour les États-Unis et un territoire « à maîtriser » pour le Brésil. L’étude amène aussi à dégager les relations existant entre l’intégration des deux pays dans le système mondial et les évolutions de l’organisation de leur espace. L’approche peut mettre en évidence des points communs : le peuplement à partir du littoral, le renforcement des métropoles notamment dans les régions les mieux reliées au monde, les fractures socio-spatiales aux différentes échelles… Mais elle doit mettre aussi en évidence les décalages entre les deux pays quant à leur intégration dans la mondialisation, leur niveau de développement et leur maîtrise du territoire.

3. L’organisation du chapitre L’analyse des auteurs : • La question « L’Amérique : puissance du Nord, affirmation du Sud » permet d’envisager ici les notions de puissance et d’intégration à différentes échelles (continentale et mondiale) • L’étude des tensions et des intégrations régionales conduit à une lecture géopolitique au sens large du continent. Il n’y a pas encore d’intégration continentale, seulement des processus d’intégration sous continentale. Les États-Unis sont la première puissance mondiale, mais ils n’arrivent pas à structurer un projet d’intégration global, les regroupements régionaux sont nombreux alors que les flux de personnes, de biens et d’argent sont continentaux. • L’analyse des dynamiques territoriales et du rôle mondial des États-Unis et du Brésil permet de voir comment les notions étudiées sont « matérialisées » au sein de deux pays.

Le chapitre est construit autour des deux entrées du programme : – le continent américain : entre tensions et intégrations régionales : un dossier de 6 pages, une double page de cartes, un cours ; – États-Unis/Brésil : rôle mondial, dynamiques territoriales : en raison de son importance, elle a été divisée en deux : le rôle mondial (un dossier de 6 pages ; deux cours) ; les dynamiques territoriales (un dossier de 6 pages, une double page de cartes, deux cours). Il est en effet indispensable que les élèves aient des connaissances précises leur permettant de répondre à des questions portant soit sur les États-Unis et le Brésil, soit sur l’un des deux pays. Dans ce cadre, les dynamiques territoriales sont envisagées en lien avec le rôle mondial joué par ces pays. De plus, la démarche comparative a été privilégiée. Pour tenir compte du cadre général du programme qui insiste sur l’analyse cartographique et pour permettre aux élèves d’avoir la possibilité de saisir rapidement les enjeux présents en Amérique, une double page de carte présente les principaux aspects de la question à l’échelle continentale (p. 298-299) et à celle des pays, États-Unis et Brésil (p. 312-313). À travers tout le chapitre, les cartes proposées invitent à une lecture critique du document et une approche multiscalaire a été privilégiée.

Des exercices bac répondant aux attentes sont proposés : deux compositions ; deux croquis ; une analyse de documents. BIBLIOGRAPHIE – C. Ghorra-Gobin et A. Musset (dir.), Canada, États-Unis, Mexique, CNED / Sedes 2012. – J. Chevalier, Géographie et géopolitique des États-Unis, Hatier, coll. « Initial », 2012. – Y. Gervaise, Géopolitique du Brésil. Les chemins de la puissance, PUF, 2012. – « Brésil, une puissance en marche », hors-série Courrier international, juin-juillet-août 2013. – « Brésil, un géant s’impose », hors-série Le Monde, septembre-octobre 2010. – B. Bret et C. Ghorra-Gobin et L. Medina-Nicolas, Géopolitique des Amériques, Sedes, 2008. – L. Carroué, D. Collet et C. Ruiz, Les Amériques, Bréal, 2008.

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– O. Dabène, Atlas de l’Amérique latine, Autrement, 2009. – Dabène et F. Louault, Atlas du Brésil, Autrement, 2013 – G. Dorel, Atlas de l’empire américain, Autrement/Courrier international, 2012. – M. Foucher, La Bataille des cartes : analyse critique des visions du monde, François Bourrin, 2011. Revues – « Géopolitique des États-Unis », Diplomatie Les grands dossiers n° 3, juin-juillet 2011. – « Canada, l’autre puissance américaine », Diplomatie n ° 64, septembre-octobre 2013. – « Géopolitique du gaz de schiste », Diplomatie n° 62, mai-juin 2013. – C. Ghorra-Gobin, G. Poiret, « États-Unis/Canada », La Documentation photographique n° 8092, 2013. – « L’Amérique du Nord », Carto n° 16 mars-avril 2013. – « Les États-Unis : vers une hégémonie discrète », Questions internationales n° 64, décembre 2013. – « Brésil, l’autre géant américain », Questions internationales n° 55, mai-juin 2012. – M.-F. Prévôt-Schapira et S. Velut (dir.), « Amérique latine, les défis de l’émergence », La Documentation photographique n° 8089, 2012. – M. Foucher, « Les nouveaux (dés)équilibres mondiaux », La Documentation photographique n° 8072, 2009. SITOGRAPHIE – Deux approches très complètes cartographiées et commentées du bassin caraïbe : http://atlas-caraibe.certic.unicaen.fr et http://pedagogie.ac-guadeloupe.fr/ histoire_et_geographie/interface_nord_sud_lespace_caribeen – Sur le MERCOSUR : www.iheal.univ-paris3.fr/mercosur/index.htm – Le site statistique des États-Unis : www.census.gov/ – Le site statistique du Brésil : www.ibge.gov.br/home/

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P. 290-291 Ouverture Le chapitre s’ouvre sur les photographies de deux des principales métropoles d’Amérique : Washington et São Paulo, qui illustrent l’enjeu de la puissance du Nord et de l’émergence du Sud. Elles permettent de prendre conscience immédiatement non seulement de la puissance des États-Unis avec un des principaux symboles de ce pays (le Capitole) mais aussi de la force du Brésil (le paysage du centre des affaires de São Paulo pourrait pratiquement être celui d’une métropole étatsunienne). P. 292 à 297 Dossier 1 L’Amérique entre tensions et intégrations régionales Le professeur peut schoisir des documents dans chacune des doubles pages. Ce dossier présente les différents aspects d’une des deux problématiques principales de ce chapitre. Il ne s’agit pas d’étudier spécifiquement tel ou tel pays ou des relations bilatérales mais les éléments de structuration du continent américain. Pour ce faire, le dossier s’articule autour de trois parties qui envisagent : – l’intégration fonctionnelle issue des migrations ; – les formes plus institutionnelles et économiques de l’intégration ; – les tensions qui persistent ou qui sont nées de cette intégration. Il présente des documents de nature et d’échelle différentes afin de fournir aux élèves des opportunités d’analyse multiples et la possibilité de confronter des informations diverses. Le parti pris adopté a été à la fois d’envisager l’aspect formel de l’intégration et des tensions mais aussi de présenter ce que cela représente au quotidien pour les populations, les économies et les territoires, d’où la présence de la photo du Festival Caribana, de deux articles critiques sur l’ALENA (plutôt qu’un extrait de l’Accord ou les seules statistiques commerciales) ou de la carte présentant les flux de cocaïne. A. Les mobilités dans le processus d’intégration Cette double page met en avant un facteur essentiel pour comprendre le processus d’intégration continentale : le rôle des flux migratoires : le rôle économique et financier (doc. 1, 3, 4 et 5) et les échanges culturels (doc. 2). La photo 5 de Miami met l’accent sur le rôle d’interface de cette ville au contact d’une Amérique latine et d’une Amérique anglo-saxonne.

Réponses aux questions 1. Les flux migratoires dans l’espace américain sont de type sud-nord : des flux de main-d’œuvre non qualifiée venant d’Amérique caribéenne et d’Amérique du Sud attirés par le marché du travail nord américain . Cela rend compte des inégalités économiques fortes qui marquent ce continent. Cependant, l’importance de ces courants

migratoires ne doit pas occulter les migrations qui existent au sein de l’Amérique latine, qui, elles aussi, sont le reflet des inégalités de développement. À cela s’ajoutent des flux liés aux violences qui caractérisent certains États d’Amérique du Sud (trafiquants de drogue). Ils sont de composition sociale variée (départ de certaines élites). 2. Les territoires de départ concernés par ces mobilités sont le Mexique, les États d’Amérique centrale et d’Amérique andine. Ces flux se dirigent surtout vers les États-Unis et plus précisément vers les États du Sud des États-Unis où émerge une « Mexamérique ». À cela s’ajoutent des flux en provenance d’Argentine, du Brésil dont une grande partie des migrants se dirigent vers d’autres continents (Japon, États de l’UE). 3. Ces migrations se traduisent par un important brassage culturel, la population latino-américaine constituant d’importantes communautés au Canada et aux États-Unis. Des quartiers ethniques assez étendus existent non seulement « près » des zones de départ, comme Miami, mais aussi dans les principales métropoles du pays d’accueil, comme New York ou Toronto. Ces migrations ont également des impacts sur les pays de départ via les transferts d’argent opérés par les émigrés. Ils représentent une des principales sources de financement extérieur. Les transferts les plus importants en valeur absolue concernent le Mexique et le Guatemala, mais en % du PIB ils représentent plus de 15 % du PIB de certains États d’Amérique centrale et des Caraïbes. Cette dépendance à l’égard des transferts financiers rend compte de la faiblesse économique des États (voir la carte p. 298). 4. Le tourisme est un facteur d’intégration régionale puisqu’il met en contact des sociétés culturellement différentes ; il engage aussi des flux financiers qui sont considérables. Miami est une place financière très importante. Pour aller plus loin Les flux touristiques des pays latino-américains sont marqués par la prépondérance des flux intra-américain (entre 56 % des arrivées en République dominicaine et 88 % au Mexique, ). Le poids prépondérant des États-Unis et du Canada apparaît nettement au sein de la zone caraïbe/Amérique centrale : ce sont des destinations « soleil » relativement bon marché et proches des foyers d’émission, notamment de la côte Est et de la région Grands Lacs/vallée du Saint-Laurent. Au sein de cet ensemble, le Mexique se détache nettement, sans doute en raison de sa frontière terrestre commune avec les États-Unis et la pratique généralisée de très courts séjours pour faire des achats et jouer dans les casinos.

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P. 294-295 B. L’intégration institutionnelle et économique Cette double page riche de documents variés (textes, graphiques, tableau) est conçue pour attirer l’attention des élèves sur deux types de processus d’intégration : – à l’échelle d’abord sous-continentale : échelle principale du processus : ALENA, MERCOSUR, CELAC ; – à l’échelle continentale : échelle très en retrait liée aux tensions qui freinent le processus. Celle-ci n’est représentée que par l’Organisation des États américains de faible influence. Au sein du processus : les États-Unis (doc. 6,7, 8, 11 et 12) sont le chef de file tandis que les doc. 9 et 10 concernent un processus d’intégration sous-continentale autour du Brésil. Réponses aux questions 1. L’objectif de l’ALENA est de favoriser le libre-échange entre les États-Unis, le Canada et le Mexique pour créer un grand marché, formant un ensemble économique compétitif dans la mondialisation, à l’instar d’autres exemples de regroupements existant dans le monde (l’UE ou l’ASEAN). Cet accord de libre-échange facilite la mise en place de la NDIT notamment grâce à la création des maquiladoras (ou maquilas). L’accord crée des déséquilibres importants compte tenu de l’inégal poids économique des trois pays. 2. Les doc. 7 et 8 le confirment : le poids des États-Unis est écrasant dans les échanges. Néanmoins, l’accord est une aide à l’industrialisation du Mexique. 3. Le Mercosur est en quelque sorte le « pendant » de l’ALENA pour les États d’Amérique du Sud, mais sa mise en œuvre est très difficile compte tenu des rivalités de puissance, notamment entre le Brésil et l’Argentine. De plus, d’autres organisations régionales très diverses veulent se partager le marché (Amérique centrale) ou s’opposer politiquement aux États défenseurs du libre-échange (ALBA). Le nombre important d’associations est un obstacle majeur à l’intégration sous-continentale en Amérique du Sud. En fait, l’intégration économique est renforcée par des organisations qui visent le libre-échange et/ou l’établissement d’un marché commun. Elles se sont multipliées depuis 1960 et sont d’importance inégale en termes de marché, le Mercosur et surtout l’ALENA constituent des marchés nettement plus importants (sur le plan du nombre de personnes concernées et de la masse économique) que ceux nés du SICA, de la CAN, du CARICOM, du Mercosur, de l’ALENA ou de l’ALBA. Cependant, il ne faut pas négliger le caractère souvent politique de ces accords. 4. Les maquiladoras sont emblématiques du processus, au cœur du fonctionnement de la mondialisation, qu’est la NDIT. Des FTN états-

uniennes, mais aussi venant d’Asie (le Japon notamment) installent des usines de production industrielle utilisant beaucoup de main-d’œuvre (industrie textile, par exemple) pour disposer de faibles coûts salariaux et pour contourner les barrières douanières. 5. L’aide publique des États-Unis en Amérique latine s’adresse d’abord aux États qui sont partenaires à des degrés divers. L’aide importante des États-Unis, quoique en baisse vis-à-vis de la Colombie, est destinée à compenser les pertes économiques liée à la lutte contre le trafic de drogue (faire reculer la culture du cocaïer).

Pour aller plus loin Sur le processus d’intégration continentale, voir l’article de F. Saliba paru dans Le Monde du 7 avril 2014 : « Le Costa Rica se rêve en Silicon Valley d’Amérique latine ». Le Costa Rica est devenu le premier exportateur en Amérique latine dans le secteur des hautes technologies. Ce dynamisme s’inscrit dans un processus de création de zones franches où des sociétés comme Intel, le géant américain des micro-processeurs, Dell, HP ou Cisco bénéficient de la suppression des droits de douane, une exonération totale de l’impôt sur les bénéfices durant 8 ans et 50 % au cours des quatre années suivantes. L’America Free Zone accueille 25 sociétés sur 40 hectares au nord-ouest de San José. Les coûts de main-d’œuvre sont 30 % moins élevés qu’aux États-Unis mais restent supérieurs à ceux pratiqués en Chine. Cependant, les salariés costaricains sont en général mieux formés, avec 60 universités publiques et privées. Le Costa Rica a signé un traité de libre-échange avec les États-Unis. Au total, même si des tensions et des rivalités existent, les volontés d’intégration sont réelles. Les économies fonctionnent de plus en plus en utilisant leurs complémentarités. Pour autant, les États-Unis ne négligent pas d’autres marchés. Voir aussi la carte des accords de libre-échange des États-Unis (2013) : http://www.ladocumentationfrancaise.fr/cartes/organisations-regionales/c001578-les-accords-de-libre-echange-des-etats-unis-en-2013. P. 296-297 C. Les tensions, freins à l’intégration ? Les divers documents mettent en avant les principaux freins à l’intégration continentale et sous-continentale : le renforcement des contrôles migratoires à la frontière entre les États-Unis et le Mexique (doc. 13), les déséquilibres économiques (doc. 14, 15) les rivalités de puissance (doc. 16 et 18) et une question transversale : la circulation de la cocaïne (doc. 17). Réponses aux questions

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1. et 2. Les difficultés de l’intégration continentale sont liées à plusieurs tensions qui existent sur les plans géopolitique et économique. Sur le plan géopolitique, la puissance et l’ingérence étatsuniennes sont un facteur de ressentiment important, qu’il s’agisse de la gestion unilatérale de la frontière entre les États-Unis et le Mexique (quasi-fermeture aux flux humains alors que les marchandises passent facilement) ou encore des pressions que les États-Unis exercent sur la gestion des États à travers le programme ACI dont ils sont la principale source de financement. Sur le plan économique, notamment commercial, les subventions versées par les États-Unis à leurs producteurs, notamment agricoles, ou encore les politiques monétaires qui permettent de maintenir le dollar à un niveau assez faible sont également dénoncées en ce qu’elles faussent les règles du libre-échange. À travers ces éléments, c’est surtout la suprématie étatsunienne qui est dénoncée par des pays qui cherchent à s’affirmer mais qui ne disposent pas – pour l’instant – des mêmes atouts et/ou ressources. 3. Le Brésil est contesté par ses voisins bolivien et équatorien, la CELAC, l’alliance Pacifique et même par le Mexique pour des raisons géopolitiques (refus d’un leadership brésilien) et pour des raisons géoéconomiques (méfiance à l’égard de la montée d’un pays plus puissant). 4. La question des flux de cocaïne est paradoxale. L’Amérique andine est la région productrice de coca ; celle-ci assure des revenus importants aux petits producteurs. Le marché étatsunien est le marché de consommation. Tout ceci crée des flux illicites qui profitent à de nombreuses strates de la société. 5. Le Venezuela, en grande difficulté économique, reproche aux États-Unis d’être l’instigateur d’une déstabilisation car le gouvernement Maduro (comme l’était celui de Chavez)défend des positions antiaméricaines très fortes. P. 298-299 Cartes 1 Le continent américain : inégal développement et intégrations régionales Les deux cartes offrent une vue d’ensemble des paramètres qui permettent de comprendre les tensions : les inégalités de développement et les différentes organisations régionales. La carte 1 dresse le portrait des « forces en présence » sur le plan socio-économique, ce qui fait ressortir l’importance des contrastes entre Amérique du Nord et Amérique du Sud (ainsi qu’entre États-Unis et Brésil). La carte 2 permet de saisir l’importance et la multiplicité des regroupements régionaux en Amérique et de mesurer l’importance du rayonnement et des partenariats qui existent entre les États-Unis et le Brésil. Réponses aux questions

1. Carte 1 : le croisement de l’IDH et du RNB permet d’avoir une idée à la fois des conditions de vie de la population et de la puissance économique d’un pays. L’opposition continentale est nette entre une Amérique anglo-saxonne à IDH élevé et une Amérique centrale et du Sud moins riche. Cet inégal développement est un des enjeux majeurs de ce thème. En croisant IDH et RNB on peut donc distin-guer : des États très développés, riches (États-Unis, Canada), des États émergents (Mexique, Argentine, Chili et Brésil), des États en voie de développement (États andins caribéens) et des PMA (comme Haïti). 2. Carte 2 : le processus d’intégration régionale est plus difficile en Amérique du Sud en raison des rivalités héritées de la colonisation européenne et de la fragmentation de certains espaces (Caraïbe continentale et insulaire, États andins). On peut ajouter plus globalement que les concurrences dans les logiques d’intégration du continent américain sont dominées par la rivalité entre les États-Unis et le Brésil. Elles ne doivent cependant pas conduire à oublier les divisions liées au niveau de développement, à l’héritage culturel et linguistique. P. 300-301 Cours 1 Le continent américain : entre tensions et intégrations régionales Ce cours présente les dynamiques qui traversent le territoire américain. Il offre donc une approche très large sur le plan thématique en abordant les aspects migratoires, commerciaux, politiques, économiques. Afin de bien faire ressortir les paradoxes qui marquent le continent, les sous-titres identifient immédiatement le contraste entre une intégration fonctionnelle réelle (le continent est le cadre d’échanges importants en raison des inégalités qui sont présentes) et une intégration institutionnelle beaucoup plus limitée. Les tensions qui existent sont le principal élément d’explication de cette situation. Les documents qui complètent ceux du dossier permettent à la fois de souligner le rôle clé joué par les États-Unis (carte 2), les réseaux immatériels (doc. 3) et les mélanges culturels (doc. 1) dans le processus d’intégration. Réponse à la question Doc. 1 L’intégration régionale se manifeste à Miami par la présence de très nombreux Cubains, les uns venus au moment de la Révolution castriste, les autres venus plus récemment profitant des réseaux créés par la génération précédente. C’est une immigration qui a accès à des postes de responsabilité et qui contrôle des flux financiers. Little Havana est un quartier très symbolique du bilinguisme de ces Cubains américains. P. 302 à 307 Dossier 2 : Le rôle mondial

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des États-Unis et du Brésil : Ce dossier envisage le rôle mondial du Brésil et des États-Unis en interrogeant la notion de puissance. Il s’agit ici de montrer que deux pays, qui sont des puissances de premier plan au sein de leur région, ont un poids mondial très inégal. Pour ce faire, les principaux éléments qui permettent de mesurer leur poids à l’échelle mondiale sont pris en compte en distinguant l’économie, la culture et la géopolitique. P. 302-303 A. Deux puissances économiques inégales Cette double page démontre que les États-Unis et le Brésil ne disposent des mêmes atouts pour affirmer leur poids économique dans le monde. D’un côté, les États-Unis, première puissance du monde disposant d’atouts majeurs (le dollar, le premier rang pour les IDE, ses places financières avec au premier rang mondial New York) et de l’autre une puissante émergente à la recherche d’un leadership économique grâce à l’internationalisation de quelques firmes (forte présence dans les pays lusophones) et à l’accueil d’IDE ; son rôle s’affirme surtout au sein des BRICS (voir chapitres 2 et 3). Les États-Unis sont la première puissance économique et le premier marché du monde. Ils sont de ce fait des producteurs importants, notamment dans le domaine agricole (même si le Brésil les devance pour la production de volailles et de soja) et leurs entreprises attirent les capitaux étrangers (d’où l’importance des IDE). Une partie de cette puissance économique repose sur leur puissance financière liée à l’importance de leurs bourses et au rôle que joue le dollar à l’échelle mondiale. Les documents, qui abordent différents aspects économiques et financiers, soulignent nette-ment la force et la prépondérance des États-Unis. Néanmoins, la puissance brésilienne est en pleine expansion, ce que marque à la fois l’attrait du Brésil pour les IDE mais aussi les IDE brésiliens aux États-Unis ! Réponses aux questions 1. Les performances économiques et financières sont inégales. Les États-Unis devancent le Brésil pour le PIB, l’IDH, la valeur des exportations, le stock d’IDE reçus, le nombre de FTN, les rangs dans les productions pétrolière, agricole, en termes de capitalisation boursière… 2. Le dollar est l’atout des États-Unis car c’est une monnaie internationale de paiement et de réserve, contrôlée par la FED (Réserve fédérale). Cependant, ce rôle de monnaie internationale est peut-être un facteur de faiblesse à moyen terme car il est une des causes de l’importance du déficit étatsunien, en partie financé par des capitaux étrangers (japonais et chinois notamment).

3. Les FTN brésiliennes sont spécialisées dans les industries lourdes. Elles sont très présentes sur le continent sud-américain et sur le continent africain, notamment dans les pays lusophones. 4. Le Brésil est un pays attractif pour les IDE car c’est un marché potentiellement très important : masse démographique, forte croissance économique (entre 5 et 6 % par an mais un certain essoufflement début 2014) faisant émerger une classe moyenne plus importante, mise en valeur d’un territoire à poursuivre (notamment dans les fronts pionniers de l’Ouest et le Nord), engagement dans des équipements coûteux pour répondre à ses engagements dans de grandes manifestations mondiales (Coupe du monde de football et J.O.). 5. Le taux de croissance économique, l’intégration grandissante dans la mondialisation via ses FTN, mais un IDH moyen sont des caractéristiques de pays émergent. La croissance (6e économie mondiale) est encore insuffisante pour résorber la pauvreté et les inégalités socio-économiques.

P. 304-305 B. Les manifestations d’un rayonnement mondial Il s’agit ici de montrer les manifestations du soft power des deux États. Comme précédemment, le rayonnement des États-Unis est mondial (poids culturel, attirance des élites) alors que le rayonnement brésilien se mesure surtout à l’échelle sud-américaine.

Réponses aux questions 1. Le soft power des États-Unis est très important car non seulement son étendue géographique est très large mais aussi parce qu’il est multiforme. Cela passe par la production cinématographique et télévisuelle (qui promeut le mode de vie américain et fait connaître le pays) : les États-Unis sont parmi les premiers producteurs, mais sont surtout les premiers exportateurs au point de dominer certains marchés (cf. doc. 8, signaler le cas particulier de l’Inde, premier producteur mondial de films mais pays dont 99 % des films importés viennent des États-Unis !). Cette diffusion permet l’exportation des standards étatsuniens, à l’image des parcs d’attractions de Disney présents au Japon, en France mais aussi à Hong Kong (doc. 11). Il y a certes des adaptations, comme ici la célébration du Nouvel An chinois, mais les parcs renforcent encore l’influence du cinéma et des séries télé, dans une sorte de cercle « vertueux ». À cela s’ajoute un rôle majeur dans le domaine des communications Internet (doc. 8) : les États-Unis abritent le plus grand nombre de serveurs, ce qui explique l’importance des flux. La puissance des États-Unis leur a permis d’accueillir à de multiples reprises des compétitions mondiales qui ont propulsé le pays sur le devant de la scène médiatique. Enfin, les conditions d’enseignement et de recherche attirent

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les populations qualifiées du monde entier (doc. 12). 2. Le soft power brésilien repose sur des bases plus étroites, puisqu’il s’agit principalement du sport et des séries télé (doc. 9 et 10). Néanmoins, ces bases sont assez solides (notamment dans le domaine du football et de la musique) et se renforcent, ce qui accroît nettement la visibilité du Brésil, qui propose un modèle différent de celui des États-Unis. 3. Au total, l’influence des États-Unis est pour l’instant nettement plus importante : elle est plus multiforme et plus étendue, mais l’influence du Brésil progresse nettement. 4. L’influence brésilienne en Afrique connaît un essor rapide en raison de liens historiques et culturels hérités de la colonisation portugaise, notamment en Angola et au Mozambique, pays lusophones comme le Brésil. P. 306-307 C. Des ambitions géostratégiques aux moyens inégaux Il s’agit ici de s’interroger sur les manifestations et les moyens pour ces deux puissances d’affirmer leur hard power. Les documents démontrent une nouvelle fois la très nette supériorité des États-Unis, première puissance politique et militaire du monde. Pour preuves les budgets militaires comparés (doc. 16), leurs capacités militaires et spatiales (doc. 15 et 17), une présence militaire américaine en Asie (doc. 14), la contribution des États-Unis à l’ONU – la première du monde (doc. 19) – alors que le Brésil ne peut s’appuyer pour l’instant que sur des atouts économiques (doc. 20) et diplomatiques (doc. 18). Réponses aux questions 1. Dans le domaine militaire, les États-Unis n’ont certes pas l’armée la plus nombreuse, néanmoins, ils disposent de l’armement le plus imposant et le plus sophistiqué. Cela leur permet d’intervenir partout dans le monde, sur plusieurs fronts si besoin est. Les États-Unis disposent également, grâce à la suprématie aérospatiale, d’excellentes capacités d’informations techniques. 2. Le Brésil dispose de moyens beaucoup moins importants : son budget militaire est près de 25 fois moins important que celui des États-Unis. Alors que le budget militaire des États-Unis (46 % des budgets militaires mondiaux) n’a cessé de croître en % du PIB depuis 1995, celui du Brésil est resté stable (alors qu’il représente environ 1,5 % du PIB, contre 4,7 % pour les États-Unis en 2010). 3. Certes, le Brésil semble loin des États-Unis sur le plan militaire, mais aussi au sein des institutions internationales (si l’on s’en tient à sa contribution au budget de l’ONU). Cependant, son activité diplomatique est de plus en plus importante, comme en témoignent les nombreuses visites que les membres du gouvernement brésilien ont

réalisées. Le Brésil est en passe de devenir un acteur de poids. De plus, le Brésil semble disposer d’importantes ressources dans sa ZEE, notamment des hydrocarbures, ce qui devrait lui permettre de s’affirmer davantage dans un monde où la ressource devient rare. P. 308-309 Cours 2 Les États-Unis et le Brésil : des points communs Le cours 2 étudie ce que J. Nye a appelé le soft power ou la capacité d’attraction et de rayonnement. L’approche comparative est ici nettement affirmée : chaque sous-titre indique un des aspects de cette puissance. Pour chaque point, la situation des États-Unis et celle du Brésil sont analysées, ce qui permet d’avoir rapidement une idée d’ensemble et d’établir une hiérarchie entre le leadership étasunien, très nettement affirmé à l’échelle mondiale et celui du Brésil, qui est en émergence et n’est pas aussi étendu. Le cours est complété par trois documents, dont une carte qui présente la manière dont le Brésil « pense » le monde et organise ses relations extérieures.

Réponse à la question Doc. 1 La carte du monde vu du Brésil met en évidence une très nette rupture entre l’Amérique latine, qui est perçue comme un « prolongement » du territoire brésilien, marqué par une organisation centre/périphérie. En dehors de cette zone, la perception est discontinue, caractérisée par des relations avec des pays avec lesquels il partage une culture (lusophonie) et/ou un passé colonial commun ou bien avec les principaux partenaires économiques (Triade) ou les BRICS. P. 310-311 Cours 3 États-Unis, Brésil : deux puissances inégales Le cours 3 aborde les aspects que l’on associe de manière beaucoup plus habituelle à la puissance : les forces militaires et diplomatiques. Il évalue ainsi les atouts et les faiblesses des États-Unis et du Brésil, ce qui amène à nuancer le portrait qui a été dressé : les fondements de la puissance étatsunienne ne sont peut-être pas aussi solides que par le passé, alors que le Brésil s’affirme toujours davantage. Les documents permettent de renforcer cette analyse en rapprochant les facteurs de faiblesse des États-Unis et les marques d’émergence du Brésil. • La carte 1 p. 311 atteste de la puissance militaire des États-Unis. Ils disposent de l’armée la plus puissante du monde, d’une présence militaire planétaire (grâce aux flottes présentes dans toutes les mers et tous les océans et aux bases militaires établies dans des pays étrangers tels que le Japon) et d’un système de surveillance et d’écoute (« système Échelon ») qui est le plus puissant du

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monde. À cela s’ajoute une force diplomatique sans égale, qui repose sur un ensemble d’alliances, plus ou moins étroites. Cet ensemble leur permet de se protéger mais aussi mener plusieurs opérations de front hors de leur territoire national, de manière simultanée. • Le texte 2 p. 311 met en avant un atout majeur des États-Unis, la puissance technologique qui lui assure une domination mondiale dans le domaine de l’espionnage. • Le texte 3 met l’accent sur les enjeux de la diplomatie brésilienne notamment au sein des BRICS, où les disparités sont grandes. La Chine se détache nettement par son poids économique, diplomatique et militaire. L’Inde s’affirme surtout par son poids démographique. La Russie est une ancienne grande puissance. Au sein de cet ensemble, l’Afrique du Sud, le dernier pays intégré, est sans doute le plus faible. Néanmoins, tous ont en commun une forte croissance qui permet à leur économie de gagner les premiers rangs mondiaux. De ce fait, ils pèsent de plus en plus au sein des négociations internationales, même s’ils ont souvent du mal à trouver une position commune. Le Brésil affirme sa volonté de renouer avec l’Afrique, continent qui change et où les perspectives de croissance sont immenses. Ses liens historiques et culturels avec les États lusophones sont un atout. P. 312 à 317 Dossier 3 États-Unis, Brésil : dynamiques territoriales Ce dossier étudie l’organisation des territoires des deux puissances en mettant l’accent sur les mutations en cours liées à leur intégration régionale et mondiale, tout en poursuivant une démarche comparative. Les dynamiques territoriales sont à la fois causes et conséquences de la puissance étatsunienne et de l’émergence brésilienne. Le dossier est structuré autour de trois parties : – une double page de cartes montrant les ressources, le peuplement et la mise en valeur des territoires ; – une double page mettant surtout l’accent sur des recompositions territoriale ; – une double page centrée sur des espaces en cours d’intégration, symboles de pays immenses (fronts pionniers). Pour chaque thème, les documents relatifs aux États-Unis et au Brésil aident à l’analyse comparative, tout en permettant de mener des études disjointes si on le souhaite. P. 312-313 A. Deux États géants Cette double page de cartes permet aux élèves de localiser les principales ressources des États-Unis et du Brésil et la répartition du peuplement. Elles révèlent des points communs : l’immensité

territoriale, l’importance des ressources agricoles et minières, une forte littoralisation du peuplement, majoritairement urbain et une organisation générale du territoire qui s’est faite d’est en ouest. Cette construction territoriale d’est en ouest résulte d’un peuplement et d’un contrôle du territoire par des colonisateurs venus d’Europe. L’intégration dans la mondialisation renforce le poids des littoraux et des métropoles, et l’intégration continentale le rôle des frontières continentales. Logique mondiale et logique continentale sont deux logiques territoriales qui sont au cœur des dynamiques territoriales de ces deux États géants et contribuent à valoriser des espaces encore pionniers pour leurs ressources (Alaska, Para). Réponses aux questions 1. Les espaces productifs étatsuniens insérés dans la mondialisation sont les grandes plaines agricoles et les régions riches en ressources, notamment énergétiques. 2. La direction des flux migratoires aux États-Unis est le reflet des dynamiques territoriales : attraction du Sud touristique, pétrolier et de la Californie, État des hautes technologies dont la suprématie est mondiale, ce qu’on appelle généralement la Sunbelt. 3. Le Brésil dispose d’un très fort potentiel énergétique : pétrole off-shore et potentiel hydroélectrique. La construction du barrage de Belo Monte sur le Rio Xingu dans l’État du Parà débutée en juin 2012 ; ce barrage sera le troisième plus important barrage au monde (après les Trois-Gorges et Itaipu) ; il pourrait assurer l’autonomie énergétique de la région du Nord-Ouest du Brésil. 4. Les contrastes du peuplement au Brésil résultent d’une combinaison de facteurs : une concentration du peuplement sur le littoral qui résulte du processus de la découverte venue de l’Est et maintenant du processus de métropolisation qui renforce le poids des métropoles de la façade atlantique. Néanmoins, dans le cadre d’une politique volontariste menée à partir des années 1960, le peuplement a progressé en direction du Centre-Ouest. Brasília, la capitale politique de l’État, symbolise cette « marche vers l’ouest ». Elle se poursuit vers le nord-ouest (mise en valeur des États amazoniens). 5. États géants, mais aussi États dont les contraintes du milieu subsistent parfois font que les facteurs historiques conservent tout leur poids. Il y a à l’évidence une certaine inertie dans la répartition du peuplement qui résulte du processus de la découverte des territoires qui s’est faite à partir de l’océan Atlantique. 6. États-Unis et Brésil sont deux très grandes puissances agricoles qui se partagent des places de premier rang dans des productions agricoles très diversifiées : maïs, blé, soja, cultures fruitières, café, élevage (bœuf, volailles, etc.). La très forte

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mécanisation et des élevages de très grande taille expliquent la puissance de ces deux États agricoles. 7. États-Unis et Brésil sont deux pays très urbanisés. Néanmoins les villes américaines ont un rayonnement mondial plus important que les villes brésiliennes. Les métropoles sont les principaux éléments de structuration des États-Unis et du Brésil. Elles sont le premier foyer de peuplement, elles sont les centres de commandement économiques, les principaux lieux d’innovation et les interfaces avec le reste du monde. P. 314-315 B. Deux territoires en mouvement L’accent est mis ici sur un élément constitutif fondamental de l’organisation des territoires étatsunien et brésilien, à savoir l’immensité et son corollaire des espaces en réserve qui permettent d’expliquer un mythe commun : la frontière. L’autre élément important est le processus de métropolisation, c’est-à-dire de concentration des hommes et des fonctions dans de très grandes villes. Ce processus est accentué par l’intégration forte de ces deux pays dans la mondialisation. Réponses aux questions 1. Les transports jouent un rôle majeur dans la maîtrise des territoires car ceux-ci sont peu peuplés. La mise en place d’axes de transport facilite le peuplement (lors des phases de conquête) et permet d’évacuer les productions vers les zones d’exportations, notamment les littoraux. Ils sont aussi un moyen de marquer « physiquement » le contrôle d’une zone (doc. 6). Le territoire étasunien a été conquis depuis la côte Est. Les immigrants ont progressivement mis en valeur le pays en défrichant, en mettant les terres en culture. Il « suffisait » d’aller vers l’ouest pour trouver de nouvelles opportunités, ce qui fit naître le mythe de la frontière (forgé par F. Turner). Y sont associées les figures du pionnier et du cow-boy. Les fronts pionniers du Brésil, qui progressent surtout depuis le quart sud-est vers l’Amazonie, sont des zones d’agriculture. Cela permet à la fois de produire davantage, notamment du soja, et de fournir de la terre à des paysans qui n’en auraient pas autrement. 2. La construction de Brasília symbolise la conquête d’un Brésil intérieur. Sa création s'inscrit dans le cadre d'une politique volontariste de mise en valeur du territoire intérieur du Brésil. La conquête coloniale avait laissé un pays au peuplement essentiellement littoral ; et ce sont ces villes portuaires qui ont continué de se développer aux XIXe et XXe siècles. Cette construction volontariste décidée sous la présidence de Kubitschek, ancien gouverneur de l’État du Minas Gerais, et réalisée par l’architecte Oscar Niemeyer et l’urbaniste Lucio Costa entre 1955 et 1960, était une nécessité

politique et économique : affirmer le contrôle de l’État sur son territoire, le mettre en valeur (potentiel agricole et minier) et donner de la terre à des paysans qui en manquaient (ce qui permettait d’éviter en même temps une réforme agraire). 3. Le Brésil et les États-Unis demeurent deux pays marqués par l’esprit pionnier : cela se traduit par la maîtrise de l’immensité des territoires grâce aux transports…. Ce qui en même temps génère de la mise en valeur (grands espaces à valoriser par l’agriculture et l’élevage, par exemple) et la création de nouveaux foyers de peuplement. 4. La métropolisation influence l’organisation territoriale des États à différentes échelles : – à l’échelle de l’État en renforçant le rôle des métropoles historiques de l’Est des États (Mégalopolis, Sud et Sudeste), en dynamisant des métropoles intérieures (les hubs des Grandes plaines américaines, Brasília au Centre-Ouest), en affirmant le poids des métropoles de l’Ouest américain (San Francisco, Los Angeles), centres d’innovation majeurs ; – à l’échelle continentale : elle contribue dans le cadre de l’intégration continentale (ALENA) au renforcement du rôle des métropoles frontalières ; – à l’échelle mondiale, la métropolisation est un atout dans la mondialisation, ce qui renforce le rôle et le poids économique des territoires métropolisés. P. 316-317 C. D’importantes recompositions territoriales Cette double page met l’accent sur de nouveaux États dont le rôle dans l’organisation des territoires s’affirme. Ce sont des territoires qui illustrent de nouvelles dynamiques territoriales. Réponses aux questions 1. La frontière États-Unis/Mexique, ouverte aux échanges, la plus traversée au monde malgré les contrôles devient une interface majeure de dimension étatsunienne, continentale et mondiale (voir les maquiladoras). D’une longueur d’environ 4 000 km (voir doc. 13 p. 296), elle devient avec la signature de l’ALENA, un facteur constitutif de croissance urbaine et économique au niveau des villes jumelles El Paso-Ciudad Juarez, Brownsville-Matamoros et surtout entre San Diego et Tijuana (doc. 12). La frontière crée de l’emploi industriel, des services, attire des populations. Néanmoins c’est une frontière dissymétrique, reflet de l’inégal développement entre les deux pays et États frontaliers. Les donneurs d’ordres, l’innovation sont à San Diego ; Tijuana fournit du travail à des industries très consommatrices de main-d’œuvre. 2. Le doc. 11 (Alaska) et doc. 13 (Dakota du Nord) montrent deux États riches en ressources pétrolières conventionnelles et non conventionnelles. Le pétrole continental de l’Alaska (gisement de Prudhoe Bay) fournit 8 % de la

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production des États-Unis. De plus des ressources potentielles ont été repérées dans l’océan Arctique. Au Dakota du Nord, nouveau front pionnier des États-Unis, la décision a été prise d’extraire le pétrole de schiste.

Informations complémentaires • Voir dans TDC n° 1072, 15 mars 2014 « L’avenir des énergies » l’article sur les gaz de schiste aux États-Unis. • L’État du Parà pourrait bénéficier des retombées du défrichement de la forêt amazonienne (la mise en place d’aires protégées et d’une déforestation limitée traduit une évolution importante dans le sens du développement durable) en développant le gigantesque potentiel hydrique du bassin de l’Amazone. P. 318-319 Cartes 2 États-Unis, Brésil : l’organisation des territoires Ce sont deux cartes essentielles pour ce chapitre. Elles correspondent aux croquis qui peuvent être demandés au bac. Elles sont construites de manière identique : les facteurs explicatifs de l’organisation du territoire et leurs résultantes sur l’espace. L’objectif est de comprendre en quoi l’organisation territoriale est la combinaison des héritages historiques, des choix des modes de développement et bien évidemment des conséquences de l’intégration continentale et de l’intégration dans la mondialisation. Ces deux derniers facteurs étant les moteurs importants des dynamiques territoriales actuelles. Les cartes préparent la synthèse des cours 4 et 5. Réponses aux questions 1. Le Mercosur est un élément constitutif de nouvelles dynamiques territoriales au Brésil : le renforcement de la métropolisation (métropoles littorales et Brasília), l’affirmation de la façade littorale atlantique, des grandes régions agricoles exportatrices, le développement d’une région transfrontalière autour de la frontière entre le Brésil et ses voisins (notamment l’Uruguay, l’Argentine, le Paraguay, la Bolivie). 2. Les centres moteurs des États-Unis sont nombreux ; ils sont les atouts de la puissance américaine. Ce sont la Mégalopolis, la région des Grands Lacs, la Floride et le Texas, le golfe du Mexique et la façade ouest (Californie et région de Seattle). 3. La confrontation entre dynamiques territoriales étatsunienne et brésilienne révèle des points communs : métropolisation du territoire, rôle fondamental des interfaces continentales et littorales, grands espaces de cultures exportatrices. 4. Si aux États-Unis, l’ensemble du territoire est maîtrisé, construit autour de puissantes régions réparties sur l’ensemble du pays, au Brésil le centre

vital s’organise autour des régions du Sudeste et du Sud. Le Brésil colonial du Nordeste est en crise et les autres États sont encore des périphéries plus ou moins intégrées. P. 320-321 Cours 4 Les fondements des dynamiques territoriales des États-Unis et du Brésil Le cours présente les trois principaux facteurs qui structurent les territoires des États-Unis et du Brésil et qui sont à l’origine de leur puissance : un potentiel naturel favorable, une population nombreuse et en essor, un peuplement et une construction territoriale ouverte sur l’extérieur. Les documents fournissent des exemples précis qui sont emblématiques du pays (doc. 1 : la façade californienne avec le hub de Long Beach), la réactivité du territoire américain aux exigences de la mondialisation (doc. 2) et les atouts d’un Brésil riche de ressources (doc. 3). Les régions les plus attractives des États-Unis pour les investissements directs étrangers sont la côte Est (qu’il s’agisse de la Mégalopolis ou des États du Sud, où les industries sont nombreuses), le Texas et la Californie. Ce sont les régions ou l’on trouve les centres de commandement économiques, les lieux de recherche et/ou les centres de production. On voit nettement le poids des interfaces. Les relocalisations permettent aux constructeurs d’être plus proches de leur marché. Elles sont rendues possibles par une réduction des coûts salariaux. Les régions concernées sont celles du Vieux Sud et non le cœur industriel du pays. P. 322-323 Cours 5 Centres et périphéries des États-Unis et du Brésil Ce cours aborde l’organisation territoriale des États-Unis et du Brésil. Afin de permettre aux élèves de bien saisir les différences qui existent entre les deux pays, chacun est abordé séparément. En effet, si les potentialités sont comparables, l’organisation est différente notamment parce que le niveau de développement et la puissance diffèrent. Le revenu par habitant (doc. 1) ne reflète que de manière partielle les dynamiques des États-Unis. Certes, la Californie et l’Illinois (Chicago) et les États du Nord-Est figurent parmi les États où le revenu par habitant est le plus élevé. Ce n’est cependant ni le cas du Texas, ni celui de la Floride, deux États pourtant en forte croissance. À l’inverse, un État comme le Wyoming fait partie des États où le revenu par habitant est le plus élevé. Il faut y voir un effet du peuplement très important au Texas alors qu’il est faible au Wyoming ou en Alaska, deux États ou les ressources naturelles sont abondantes. L’IDH (doc. 2) est un bon indicateur des contrastes régionaux du Brésil où les disparités de développement sont fortes. Le niveau et les

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conditions de vie se dégradent depuis le Sud vers le Nord et, surtout, le Nordeste. La Silicon Valley (doc. 3) est la région par excellence de la puissance technologique américaine dans le monde. P. 324 BAC Composition Sujet 12 Le continent américain entre tensions et intégrations régionales Sujet13 Les dynamiques territoriales des États-Unis et du Brésil On pourra intégrer ce schéma dans le deuxième paragraphe du devoir. P. 325 BAC Composition S Sujet 14 Le rôle mondial des États-Unis et du Brésil Le sujet proposé répond à un item du programme. Fil conducteur, plan et exemple de rédaction guident les élèves dans leur démarche. Ce sujet comparatif change des anciens sujets du bac relatifs à la seule « superpuissance des États-Unis »… L’expression « rôle mondial » doit être comprise dans le sens des « grilles de lecture » de ce nouveau programme, c’est-à-dire qu’il faut examiner non seulement la puissance géopolitique et économique mais également le rayonnement culturel, autrement dit les notions déjà commentées plus haut de hard power et soft power. Les écueils à éviter consistent à : – privilégier les États-Unis ; – négliger les aspects culturels ; – faire du Brésil, pays émergent, un nouveau Centre du monde (les chiffres-clés rappellent quelques évidences relativisant son poids effectif malgré son accession au rang de 6e puissance économique mondiale). Exercice 1 Exemple de plan détaillé I. Des atouts semblables pour affirmer leur rôle mondial • deux États-continents riches en ressources et de rang démographique important • deux États qui affichent des ambitions éco-nomiques dans le cadre du libéralisme, qui disposent d’une forte capacité productive • deux États qui affichent leur volonté d’intervenir dans les affaires du monde (participation aux grandes réunions sur le climat, au G20...). • deux États qui sont les centres d’impulsion de deux organisations économiques de libre-échange (ALENA, MERCOSUR)

II. Des moyens d’affirmation dissemblables 1. Les États-Unis, première puissance du monde, disposent de tous les moyens permettant d’affirmer leur capacité à diriger le monde : – hard power : une capacité inégalée dans le monde au plan technologique et quantitatif ; la direction de l’OTAN, des bases dans le monde entier ; une capacité spatiale exceptionnelle ; – un soft power entraînant une certaine américanisation du monde (musique, cinéma, comics, diffusion de produits mondialisés comme le Coca-Cola, le McDo, le jeans, l’i-Phone, i-Pad…) ; – la présence dans toutes les institutions internationales : ONU, FMI, Banque mondiale, OMC, avec une voix qui compte (droit de veto à l’ONU) ; – une monnaie mondiale : le dollar ; – les plus puissantes FTN ; – des régions et des villes qui sont des Centres du monde (New York, Californie) .

2. Le Brésil ne dispose que de moyens limités, ceux d’une puissance émergente : – soft power : football, samba, musiques, séries télévisées ; – des capacités militaires émergentes et dépendantes d’importations ; –une forte croissance économique : on le surnomme « ferme du monde » ; – une participation récente aux réunions inter-nationales ; – un membre temporaire du Conseil de sécurité ; –un des BRICS : groupe d’États émergents – mais du volontarisme, des FTN qui investissent en Afrique.

III. Les limites à l’affirmation de leur rôle mondial 1. Des faiblesses, des contestations et des concurrences pour les États-Unis : – une dette gigantesque ; – une montée en puissance de nouveaux États, notamment de la Chine ; – un refus de l’américanisation du monde dans les pays d’Islam ; – l’émergence d’un monde multipolaire.

2. Une faible visibilité internationale pour le Brésil malgré : – la multiplication des voyages des Présidents dans des États faibles, de langue lusophone (Afrique) ou émergents ; – les titres de champions du monde de football (5 en 2014) ; – des rivalités à l’échelle continentale (autres regroupements que le Mercosur, autres visions du monde : révolution bolivarienne) ; – faible capacité innovatrice – des inégalités régionales très fortes ; la pauvreté côtoie la richesse, une sécurité alimentaire mal assurée, une crise sociale en cours (manifestations pour dénoncer l’argent dépensé pour organiser la

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Coupe du monde de football), le recul de la croissance.

Exercice 2 Exemple de composition rédigée Les États-Unis et le Brésil sont deux grandes puissances appartenant au continent américain. Toutes deux sont présentes dans les enjeux du monde actuel mais de manière très inégale. Les États-Unis sont la première puissance du monde, le Brésil est une puissance émergente. Quels sont les moyens de leur ambition ? Quelle est la nature de leur participation entre points communs et fortes différences ?

I. Certains atouts des États-Unis et du Brésil sont semblables pour affirmer leur rôle mondial. Tous deux sont des États continents très riches en ressources minérales, énergétiques et agricoles. Ce sont aussi deux États au poids démographique important. Tous deux affichent également des ambitions économiques dans le cadre du libre-échange et disposent d’une forte capacité produc-tive agricole et industrielle. Ils ont la volonté d’intervenir dans les affaires du monde. Néanmoins ce rôle s’est imposé aux États-Unis depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, alors que les ambitions brésiliennes sont récentes. Les deux pays sont des membres du G20. À l’échelle du continent américain, ils sont les centres d’impulsion de deux organisations économiques de libre-échange (ALENA, MERCOSUR).

II. Néanmoins les moyens d’affirmation des deux États sont très dissemblables. Les États-Unis sont la première puissance du monde, disposent de tous les moyens permettant d’affirmer leur capacité à diriger le monde. Le hard power américain rend compte d’une capacité inégalée dans le monde au plan technologique et quantitatif ; ils sont les maîtres de l’OTAN ; ils disposent de bases militaires dans le monde entier. Leur capacité spatiale est exceptionnelle. Les États-Unis sont présents dans toutes les institutions internationales : ONU, FMI, Banque mondiale, OMC…. avec une voix qui compte (membre permanent et droit de veto au Conseil de sécurité de l’ONU). Leur soft power est écrasant. On parle même d’une certaine américanisation du monde grâce à leur puissance dans le domaine de la musique, du cinéma et ils sont à l’origine de la diffusion de produits mondialisés comme le Coca-Cola, le Mc’Do, le jean, l’I-Phone, I-Pad. Leur puissance économique est aussi inégalée : une monnaie mondiale, le dollar, des FTN les plus nombreuses et les plus mondialisées, un palmarès unique pour de très nombreuses productions. La Mégalopolis, la région des Grands Lacs, la Californie, les métropoles (New York, Washington, San Francisco, Houston, Boston, Chicago…) sont des régions et des villes qui sont des Centres du monde.

Les moyens du Brésil sont bien plus limités ; ils sont ceux d’une puissance émergente, c’est la sixième économie mondiale. Les capacités militaires du pays sont faibles et dépendantes d’importations ; la participation aux réunions internationales est récente. Le Brésil est seulement un leader à l’échelle des BRICS et il n’est qu’un membre temporaire du Conseil de sécurité de l’ONU. Cependant, le pays connaît une forte croissance économique – non sans fragilité comme le montre son ralentissement en 2014 et la crise sociale avant le début de la Coupe du monde au Brésil. Sa puissance agricole en fait une « ferme du monde » et son potentiel énergétique une force (hydroélectricité et pétrole off shore). Il compte aussi sur quelques FTN qui investissent notamment dans les pays lusophones africains avec lesquels le Brésil développe une diplomatie active. L’influence culturelle brésilienne dans le monde est essentiellement limitée au football, à la samba, aux séries télévisées.

III. Nonobstant, dans un monde multipolaire, de plus en plus complexe, les deux États sont contestés pour affirmer leur rôle mondial car tous deux présentent des faiblesses et sont confrontés à la montée en puissance de nouveaux États, dont la Chine, deuxième puissance mondiale. La dette américaine est gigantesque ; des pays d’Islam refusent l’américanisation du monde ; la Chine veut s’affirmer comme une puissance rivale sur le plan économique. La visibilité internationale du Brésil est faible malgré la multiplication des voyages des Présidents dans des États faibles, de langue lusophone (Afrique) ou émergents et malgré ses cinq titres de champions du monde de football. Les rivalités à l’échelle continentale sont fortes, comme le montre l’importance des autres regroupements que le Mercosur et les autres visions du monde proposées par d’autres États sud-américains (révolution bolivarienne). La capacité innovatrice brésilienne reste faible. De plus, les inégalités spatiales et sociales demeurent très fortes. La pauvreté côtoie la richesse ; la sécurité alimentaire du pays est défaillante alors que le pays est un très grand exportateur agricole. Des manifestations en 2014 dénoncent les sommes dépensées pour l’organisation de la Coupe du monde de football, au détriment des programmes sociaux comme le programme Faim zéro ou Bolsa familia.

Conclusion Le rôle mondial joué par les États-Unis et le Brésil est très inégal. Les États-Unis sont le leader d’un monde multipolaire ; le Brésil prend rang progres-sivement, notamment en jouant la carte des BRICS où il pourrait être un leader.

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P. 326 BAC Réalisation d’un croquis Sujet 15 Les dynamiques territoriales des États- Unis

Ce croquis à maîtriser par les élèves. Il fait partie de la liste des croquis à préparer pour le bac. La légende est complètement faite dans le manuel des élèves P. 327 BAC Réalisation d’un croquis Sujet 16 Les dynamiques territoriales du Brésil

Ce croquis est à maîtriser par les élèves.

Légende complétée 1. Un territoire incomplètement maîtrisé – capitale fédérale – front pionnier – principaux axes terrestres – mobilités intérieures 2. La métropolisation et l’intégration continentale et mondiale – ville mondiale émergente – autre grande ville – État membre du MERCOSUL (MERCOSUR) – interface continentale – interface maritime 3. Centres et périphéries Voir manuel.

Titre : Les dynamiques territoriales du Brésil P. 328 BAC Analyse de documents Sujet 17 Le rôle mondial du Brésil Ce sujet permet d’analyser l’une des composantes du 2e sous-thème du chapitre : le rôle mondial du Brésil en tant que puissance émergente, à l’échelle mondiale mais aussi à l’échelle continentale. À noter que cela concerne également le chapitre 3, « Les territoires dans la mondialisation », le Brésil étant un exemple fréquemment cité de pays émergent. Le premier document est un planisphère, centré avec pertinence sur le continent américain, qui présente quelques aspects géopolitiques et économiques de ce rôle mondial (planisphère tiré d’un numéro spécial de la revue L’Histoire en 2012consistant en un Atlas des Amériques), tandis que le second document est extrait d’un article de Nicolas Bourcier et Paulo A. Paranagua paru dans Le Monde le 5 septembre 2013, article qui pose un regard critique sur les paradoxes de la diplomatie brésilienne. Éléments de réponse I. Succès et limites de l’affirmation géopolitique de la puissance brésilienne Depuis trois décennies et la fin des années de dictature, le Brésil est devenu un acteur notable de

la scène diplomatique et géopolitique mondiale, s’appuyant sur son poids démographique et sur son émergence économique. Les deux documents indiquent de nombreux exemples de ce rôle géopolitique : – L’appartenance à de nombreuses organisations internationales, institutionnelles ou informelles : à l’échelle sous-continentale, le MERCOSUR, dont le Brésil fut, en 1991, l’un des membres fondateurs avec ses voisins l’Argentine, l’Uruguay et le Paraguay, et l’UNASUR : Union des nations sud-américaines, créée en 2008 (siège à Quito), un organisme de concertation politique dont l’objectif très ambitieux est, à terme, de rassembler les diverses unions douanières existantes sur le modèle de l’Union européenne en opposition au projet nord-américain de ZLEA. À l’échelle mondiale, le Brésil appartient à deux forums de concertation informelle : le groupe des BRICS, les cinq principales puissances émergentes, aux côtés de la Chine, de la Russie, de l’Inde et de l’Afrique du Sud, tandis que l’appartenance au G20 place vraiment le Brésil dans la « cour des Grands », des États ayant une influence politique et économique mondiale. – Parallèlement à ces participations, le Brésil conforte ce statut de puissance par une intense activité diplomatique menée par l’actuelle prési-dente D. Rousseff et surtout son prédécesseur, Lula da Silva, dont les voyages dans de très nombreux pays africains, sud-américains et dans les principales puissances mondiales furent très médiatisés et firent connaître les ambitions et les succès du Brésil. Des accords de coopération ont été signés avec plusieurs États africains. De plus, les forces armées brésiliennes participent à de nombreuses missions de casques bleus des Nations unies, « en Haïti et au Congo » notamment. Par ailleurs, les diplomates et les experts brésiliens sont désormais appréciés, reconnus par leurs pairs et l’image d’une relative neutralité acquise par leur pays leur a permis d’accéder, par exemple, à la tête de l’OMC (Organisation Mondiale du Commerce) et de la FAO. – Cependant, le texte 2 pointe certaines limites d’une diplomatie considérée comme « étriquée », entravée par des relations ambiguës, incertaines avec leurs voisins latino-américains, réticents à l’idée de considérer le Brésil comme le chef de file « naturel », incontesté de l’Amérique latine face à la superpuissance des États-Unis. Ses voisins sud-américains considèrent son attitude vis-à-vis de Washington comme « ambivalente », pratiquant « le grand écart entre le partenariat stratégique renouvelé avec les États-Unis » et le rapprochement avec les amis de Cuba et du Venezuela « anti-impérialistes ». Un État comme la Bolivie est ainsi actuellement très réservé vis-à-vis de son puissant voisin brésilien soupçonné de vouloir contrôler les ressources boliviennes à son profit. Les relations avec l’Argentine se sont bien améliorées et

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devraient permettre un approfondissement de l’intégration dans le cadre du MERCOSUR, mais l’article souligne que les États dont les économies sont les plus dynamiques, le Mexique et la Colombie en tête – extérieurs au MERCOSUR – , ne sont pas encore assez considérés comme prioritaires par les responsables brésiliens. Le Brésil serait ainsi à la fois trop puissant, inquiétant pour ses « petits » voisins (le Paraguay ou la Bolivie par exemple) et pas assez dominant pour s’imposer comme le chef de file incontesté du sous-continent. Cela pose la question de la réalité et de la durabilité de son émergence économique.

II. Une puissance économique émergente La carte 1 indique, en légende, que le Brésil est désormais la 6e puissance économique mondiale (6e ou 7e selon les indicateurs) et, en localisant ses dix premiers partenaires commerciaux, elle montre que les relations commerciales et donc l’insertion dans la mondialisation du Brésil est désormais celle d’une puissance importante, échangeant avec les autres pôles majeurs de l’espace mondial, vendant ses matières premières minières ou agricoles et ses produits manufacturés aussi bien à ses voisins sud-américains (Argentine, Chili), aux États-Unis qu’en Europe ou en Asie orientale (la Chine étant devenue, là encore, le 1er partenaire commercial du Brésil). Le Brésil est un pays attractif pour les IDE et certaines entreprises brésiliennes sont devenues des FTN conquérantes, dans des secteurs aussi divers que le BTP, la grande distribution, l’agroalimentaire ou les produits miniers. Ces succès des entreprises brésiliennes et notamment la puissance conquérante de ses secteurs agroalimentaires et miniers (y compris dans le domaine des hydrocarbures avec le groupe public Petrobras) sont eux aussi ambivalents : ils permettent au Brésil d’acquérir une dimension mondiale forte (et le président Lula lors de ses voyages se faisait toujours accompagner par des chefs d’entreprise brésiliens, à l’image des pratiques d’autres chefs d’État…) mais en même temps, il peut donner l’image d’une puissance conquérante capable d’écraser les entreprises et les marchés des États voisins, sur le modèle du comportement des FTN nord-américaines soutenues par le pouvoir fédéral. Quels autres atouts peuvent contrebalancer cette puissance économique et étendre l’influence brésilienne ?

Le soft power brésilien est assez peu mis en valeur par les documents. La seule information concernant cette dimension du rôle mondial du Brésil est l’indication, sur la carte 1, de la communauté des États lusophones dont le Brésil est le « poids lourd » démographique et économique et qui lui permet, entre autres fonctions, de renforcer sa présence, notamment économique, dans des États comme l’Angola ou le Mozambique. Cependant, d’autres facettes du soft power brésilien contribuent tout autant à son rayonnement mondial, notamment dans les pays en développement et émergents ; on peut citer le football (le Brésil est un des grands « exportateurs » de joueurs vers l’Europe et le Moyen-Orient), la musique, le cinéma, la littérature et, de plus en plus, les séries télévisées, les fameuses telenovelas suivies avec passion aussi bien en Afrique qu’en Amérique latine ou au Moyen-Orient où elles concurrencent les séries étatsuniennes, plus chères. Les années 2014 et 2016 seront l’occasion pour le Brésil de renforcer considérablement sa notoriété médiatique avec l’organisation de la Coupe du Monde de football puis des Jeux Olympiques à Rio, même si, actuellement, ce sont plutôt les manifestations d’opposition à ces événements et à leur coût jugé excessif qui font la une des médias. Malgré leurs lacunes, les deux documents proposés permettent d’analyser certaines facettes du rôle mondial du Brésil, un rôle très différent de celui de la superpuissance des États-Unis. Si le Brésil n’a pas les ambitions et encore moins les moyens d’une puissance militaire majeure, il tend surtout à s’affirmer par dosage assez équilibré tenant compte des recompositions géopolitiques et géo-économiques en cours, entre reconnaissance diplomatique, dialogue maintenu aussi bien avec l’Occident qu’avec les BRICS et les pays en développement, notamment sud-américains et africains, en favorisant les ambitions commerciales de ses entreprises tout en jouant sur la séduction et la diversité de son multiculturalisme. P. 329 Réviser Cette fiche de révision des cours du chapitre est associée à quelques chiffres-clés pouvant enrichir les compositions

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Chapitre 5 L’Afrique : les défis du développement 1. Le programme Horaire conseillé : 5 heures . 2. Les indications d’Eduscol « En Afrique, un certain nombre d’espaces sont encore marqués par de lourdes difficultés de développement. Mais les conditions de vie des populations s’améliorent dans une partie des pays africains, en lien avec un essor économique important et la mondialisation. Le développement inégal, le décollage économique et l’ouverture sur le monde, les défis qui restent à relever sont ainsi au cœur de la réflexion menée sur l’Afrique. On peut consacrer environ 2 heures à l’étude de cas sur le Sahara et 2 ou 3 heures à l’entrée générale consacrée au développement et à la mondialisation en Afrique. Dans le cadre du volume horaire en série scientifique, on se limitera à l’analyse des éléments suivants : – l’étude de cas « Sahara » peut être conduite autour de trois axes : un espace de fortes contraintes physiques mais disposant d’importantes ressources convoitées ; un ensemble politiquement fractionné mais parcouru par un nombre croissant de flux de circulation ; un espace soumis à de multiples tensions et conflits. Cette étude permet ainsi de montrer que l’Afrique possède des atouts insuffisamment exploités et qu’elle souffre de problèmes politiques qui freinent son développement ; – la question générale « Le continent africain face au développement et à la mondialisation » peut être abordée autour des trois entrées : un continent qui souffre d’importants problèmes de développement et qui a été longtemps en marge des grands courants de la mondialisation ; de nouvelles perspectives pour l’Afrique et des signes de décollage : ouverture sur le monde, croissance économique, attractivité du continent et développement des investissements étrangers, grands chantiers en cours, émergence de certains pays ; mais de nombreux défis à relever : croissance démographique et urbaine, sécurité alimentaire, pauvreté, questions environnementales, inégalités face au développement, divisions politiques et insuffisante intégration continentale… »

(extraits des documents d’accompagnement Eduscol) 3. L’organisation du chapitre C’est donc un chapitre qui s’articule autour de la notion de développement. L’organisation de ce chapitre 5 s’appuie sur la mise en œuvre proposée par le programme. Il comporte donc deux sous-ensembles : – l’étude de cas obligatoire sur le Sahara : ressources, conflits. Elle doit impérativement être menée en début de chapitre car elle est une entrée dans la question portant sur le continent africain. Elle doit mettre l’accent sur l’importance des ressources sahariennes dans un désert immense fragmenté en 10 États, peu peuplé, traversé par des flux très divers. Les richesses du désert sont convoitées et expliquent des conflits infra- et inter-étatiques. – le dossier : le continent africain face au développement et à la mondialisation : il s’agit ici de faire le point sur les indicateurs concernant les trois piliers du développement durable, sur les conflits et les questions de gouvernance. Après ce bilan, il convient d’analyser un certain nombre de situations : l’Afrique connaît des formes de décollage économique, elle n’est pas à l’écart de la mondialisation , elle connaît aussi des évolutions positives (l’émergence de l’Afrique du Sud est un emblème, les revendications démocratiques en Tunisie, Libye et en Égypte) . Mais les défis à relever restent nombreux : insécurité alimentaire et sanitaire, gestion des questions environnementales, mal-développement de certains États alors qu’ils sont riches de ressources. L’écueil de ce chapitre est de vouloir analyser le continent africain comme un bloc homogène et de s’en tenir à un constat sans saisir les signes de renouveau. On trouvera également dans ce chapitre : – une double page d’ouverture qui permet de mettre en avant les enjeux du chapitre ; – une double page de cartes à l’échelle du continent africain (p. 346-347) ; – trois doubles pages de cours avec des documents en vis-à-vis pour résumer les principales phases de la mondialisation africaine, les spécificités de la mondialisation contemporaine et les défis que celle-ci pose à l’Afrique ; – cinq pages consacrées à la préparation au baccalauréat, avec tous les types d’exercices représentés ; – une page « Réviser » avec un résumé des cours, des chiffres clés et une production graphique utilisable pour illustrer une composition.

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BIBLIOGRAPHIE – A. Dubresson, J.-P. Raison, S. Moreau et J.-F. Steck, L’Afrique subsaharienne, Armand Colin, 2011. – S. Brunel, L’Afrique. Un continent en réserve de développement, Bréal, 2010. – F. Tétart (dir.), Géographie des conflits, CNED/Sedes, 2011. – S. Michel et M. Beuret, La Chinafrique, Grasset, 2008. – P. Richer, L’Offensive chinoise en Afrique, Karthala, 2008. – D. M. Lesourd (dir.) L’Afrique, éditions du Temps, 2003. – Ph. Gervais-Lambony, L’Afrique du Sud et les États voisins, Armand Colin, 2013. – Atlas de l’Afrique, Autrement, 2009. – Images économiques du monde, Armand Colin, éditions annuelles. Voir notamment le dossier paru dans l’édition 2011 « L’Afrique dans la mondialisation : héritages et nouveaux enjeux ». Revues – « L’Afrique en mouvement », Questions internationales n° 33, La Documentation française, 2008. – « 50 ans d’indépendances africaine 1960-2010 », BAGF N° 2010-1. – « Géopolitique du Sahara », Hérodote n°142, 2011. – « Géographie des conflits », L’information géographique, volume 75, 2011-3. – « L’Afrique qui bouge », Alternatives internationales, hors-série n° 13, mai 2013 SITOGRAPHIE – site de l’ENS Lyon Géoconfluences : geoconfluences.ens-lyon.fr Il propose des exemples adaptés au programme (exemple : dossier et bibliographie de septembre 2013 sur le Sahara). – La cartothèque de l’école de Sciences politiques de Paris : cartographie.sciences-po.fr/fr/cartotheque

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P. 330-331 Ouverture Les deux photographies permettent d’introduire le questionnement sur cette aire continentale. Celle de la p. 330 montre un camion lourdement chargé, transportant de nombreux migrants dans le Sahara, près d’Agadez, ville carrefour au Nord du Niger. Cette photographie permet, en mettant en avant la question de la nature des flux d’hommes qui traversent le désert, de s’interroger sur la direction de ces flux, de leurs causes et de leurs conséquences. Sur la p. 331 on voit une femme à la sortie d’un supermarché d’Accra, capitale du Ghana. Elle illustre à la fois l’urbanisation, la hausse du niveau de vie dans l’un des pays d’Afrique qui connaît une croissance économique soutenue depuis deux décennies (dont les principales ressources sont le pétrole, le cacao et l’or – c’est l’ancienne Gold Coast britannique), l’émergence de classes moyennes qui adoptent des modes de consommation mondialisés, mais aussi des inégalités socio-spatiales qui se creusent et un développement qui demeure moyen (IDH : 0,558). Sur le Ghana, voir aussi les documents 16 p. 344 et 2 p. 353.

P. 332 à 337 Étude de cas Le Sahara : ressources, conflits A. Un désert riche de ressources énergétiques et minières Cette première double page s’organise autour du thème des ressources du désert saharien, un milieu contraignant pour les hommes et pour la mise en valeur des ressources. Ces dernières sont mises en évidence par les documents proposés.

Réponses aux questions 1. Aucun État n’est uniquement saharien, le Sahara étant partagé entre dix États de la « rive Nord », celle du Maghreb-Machrek : Maroc, Algérie, Tunisie, Libye et Égypte, et de la « rive Sud », le Sahel : Mauritanie, Mali, Niger, Tchad et Soudan. 2. La carte 1 délimite le Sahara par l’isohyète 200 mm, l’isohyète de l’aridité en dessous duquel toute culture est impossible sans irrigation (« irrigation créatrice » des oasis). 3. Le Sahara est riche de ressources minières (notamment l’uranium, nécessaire au dévelop-pement de l’industrie nucléaire, mais aussi les phosphates et le minerai de fer) et de ressources énergétiques : hydrocarbures (pétrole et gaz naturel) et énergie solaire. Ce sont des ressources très convoitées par des sociétés étrangères dans un contexte mondial de forte croissance de la consommation et de pression sur les ressources. 4. Les principaux acteurs qui exploitent les richesses sahariennes sont des sociétés étrangères, par exemple l’uranium du Niger exploité par la société française AREVA (voir également le document 9 p. 335). Néanmoins, certains pays producteurs d’Afrique du Nord, notamment la Libye

et l’Algérie, disposent de sociétés nationales (la Sonatrach, en Algérie, est née de la nationalisation des gisements à l’indépendance du pays, gisements exploités auparavant par la société française ELF). Le texte 3 souligne la présence grandissante des entreprises chinoises comme la CNPC. La situation en Libye est désormais très confuse depuis la chute du régime de Khadafi, certains groupes politiques de la région de Benghazi souhaitant contrôler les revenus des gisements orientaux du pays. 5. Les ressources sahariennes sont des richesses pour l’exportation, leurs revenus peuvent donc être utilisés par les États pour la création d’infra-structures (routes, irrigation, électrification…) et pour le développement social. Les ressources hydriques, découvertes pour les plus profondes dans des aquifères fossiles (c’est-à-dire non renou-velables à l’échelle du temps historique comme ceux en bordure de l’Algérie, de la Libye notamment) à l’occasion de la prospection pétrolière, sont une richesse très importante dans un désert pour la consommation domestique (environ 7 millions d’habitants qui se concentrent de plus en plus dans les villes), pour le développement de l’agriculture (doc. 4) et pour l’exploitation des ressources minières et énergétiques. Elles permettent notamment le développement de l’irrigation dans des fronts pionniers (Algérie, Libye).

Pour aller plus loin Lire in Hérodote n° 142 l’article de B. Augé « Les nouveaux enjeux pétroliers de la zone saharienne », p. 183 et suivantes et l’article d’E. G. Grégoire « Niger : un État à forte teneur en uranium », p. 206 et suivantes.) P. 334-335 B. Des ressources, objets de convoitises et d’enjeux géopolitiques Cette deuxième double page de l’étude de cas montre les types de convoitises que suscitent les richesses sahariennes et les tensions croissantes voire les menaces de conflits qui en découlent

Réponses aux questions 1. Les zones de tensions sont souvent situées sur les frontières (10 États dont la partie appartenant au milieu désertique est plus ou moins importante et plus ou moins riche de ressources : voir les hydrocarbures du désert algérien et libyen, l’uranium du désert nigérien), dans la mesure où celles-ci ont déstabilisé certaines pratiques anciennes comme le nomadisme (celui-ci par définition ignorait tout découpage étatique) qui conduisent même à des rébellions. De plus, le franchissement de la frontière est un facteur sécurisant pour des groupes armés qui sillonnent le désert. De nombreux États comme le Mali et le Niger sont des lieux de rébellions et de terrorisme (enlèvement d’Occidentaux par l’AQMI, prise

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d’otages sur le site algérien de Tiguentourine-In Amenas en janvier 2013 : doc. 7). Des régions sont convoitées par des populations revendiquant la création d’un État nation comme les Touaregs ou les Sahraouis. L’ex-Sahara espagnol est disputé depuis le départ des autorités coloniales en 1976 à la fois par le Maroc au nom de la récupération d’un territoire démembré par la colonisation et par le Front Polisario qui représente la majeure partie de la population autochtone sahraouie au nom du droit à l’autodétermination. 2. Le Niger est l’un des États les plus pauvres du monde (cf. doc. 14 p. 337), soumis régulièrement à la menace de crises alimentaires plus ou moins graves. Or, il est le 4e producteur mondial d’uranium avec des gisements exploités par des filiales du groupe français AREVA. De nombreux Nigériens soulignent ce paradoxe et déplorent le fait que les ressources tirées de l’exploitation de l’uranium ne représenteraient que 5 % du budget nigérien selon le chef de l’État en 2013. Des négociations serrées se sont donc engagées en 2013 pour le renouvellement des concessions des mines déjà exploitées (Arlit et Akokan) et surtout pour l’ouverture toujours retar-dée par AREVA de la mine géante d’Imouraren (doc. 8). La Chine est très intéressée par ces gisements et renforce sa présence par « la diplomatie du cadeau », ce qui permet aux autorités nigériennes de faire pression sur AREVA. Cepen-dant, le contexte géopolitique régional (intervention franco-africaine au Mali avec la participation de troupes nigériennes : texte 2 p. 339) oblige Français et Nigériens à trouver un terrain d‘entente, d’autant plus que les cours mondiaux de l’uranium sont à la baisse depuis la catastrophe de Fukushima. En janvier 2014, les négociations semblaient tourner une nouvelle fois à l’avantage d’AREVA (cf. article de Jean-Michel Bezat, Le Monde du 7 janvier 2014). Fin mai 2014, un accord a été conclu, augmentant les redevances versées à l’État nigérien par les sociétés du groupe Areva ; la mise en exploitation de la mine d’Imarouren demeure retardée sine die. De plus , « afin de rendre le partenariat avec le Niger «équilibré, Areva accepte également de financer un tronçon de la route dite « de l'uranium », dans le nord du pays, pour 90 millions d'euros, ainsi qu'un programme de développement agricole pour 17 millions d'euros. Le groupe français devra aussi construire un nouveau siège social à Niamey regroupant « l'ensemble des sociétés nigériennes liées à ses activités », et privilégier la nomination de « directeurs généraux de nationalité nigérienne ». (Source : Le Monde, 26 mai 2014). P. 336-37 C. Les mutations socio-économiques du Sahara Cette troisième double page est organisée autour des transformations économiques et humaines que

connaît le Sahara à la suite du contrôle qu’exercent les États et de son intégration dans l’économie mondialisée par ses ressources.

Pour aller plus loin Lire in Hérodote n° 142 l’article d’André Bourgeot : « Sahara de tous les enjeux », p. 42 et suivantes et le dossier Géopolitique du Monde du 22 avril 2012 « Le Sahel : le brutal réveil d’une région oubliée ». Réponses aux questions 1. L’urbanisation transforme le désert. Celle-ci est explosive. Elle s’explique par les nécessités de l’exploitation des ressources, par la sédentarisation progressive des populations nomades, par la volonté des États de fixer les migrants pour mieux les contrôler (en Algérie, par exemple). De plus, des villes de transit émergent au croisement des principales routes vers lesquelles convergent les grands flux de circulation transsahariens. En effet, comme le Sahara est un espace de circulation pour des migrants venant d’Afrique occidentale et centrale tentant de gagner l’Europe, en empruntant les mêmes itinéraires que ceux utilisés par les Sahéliens (c’est-à-dire de la « rive Sud » du désert ou Sahel) depuis très longtemps, ils participent de la croissance spectaculaire de villes, carrefours qui accueillent à la fois des nomades, des réfugiés, des paysans quittant les oasis… Ainsi Sebha et Koufra (Libye), Tamanrasset (Algérie), Agadez (Niger) et Nouadhibou (Mauritanie) comptent plusieurs dizaines de milliers d’habitants. 2. Le développement de l’économie informelle est lié à l’essor de commerces illégaux : commerce de la drogue, commerce des armes (plus disponibles notamment depuis la chute du gouvernement libyen), échanges de produits divers d’un pays à l’autre ou de pays extérieurs en fonction de pénuries diverses (automobiles, électroménager). Ces activités fournissent des ressources aux populations locales mais également à des groupes criminels et/ou terroristes, favorisent la corruption à tous les niveaux et privent les États de rentrées fiscales.

Pour aller plus loin Lire in Hérodote n° 142 l’article de J. Scheele « Circulations marchandes au Sahara entre licite et illicite », p. 143 et suivantes.

3. Le texte 14 fournit un ensemble d’indicateurs, surtout démographiques et sociaux, relatifs aux retards de développement dont souffre le Niger (IDH de 0,304 en 2012, partageant le 186e et dernier rang mondial avec la République démocratique du Congo). Souligner l’extrême jeunesse de la population liée à un taux de fécondité record de 7,6 enfants par femme, qui s’explique par les traditions (mariages précoces notamment) et le faible recours à la contraception, résultat de la pauvreté et de la sous-alphabétisation des filles et

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des jeunes femmes. S’ajoutent à cela la malnutrition, le manque d’infrastructures sanitaires et scolaires. La pression démographique s’accroît rapidement et dangereusement dans cet État entièrement situé en zone sahélo-saharienne, où les ressources en terre arable, en eau et en bois de chauffe sont insuffisantes et très disputées, ce qui accentue les tensions ancestrales entre éleveurs et agriculteurs et entre ethnies. Cette situation n’est guère meilleure dans les États sahéliens voisins, Mali et Tchad notamment (qui occupent respectivement les 182e et 184e rangs mondiaux pour l’IDH). Bilan de l’étude de cas Les questions du bilan fournissent les grandes lignes d’une éventuelle composition relative à ce sujet. Ce bilan peut être relié au cours 1 p. 338-339 et au sujet de Bac n° 18 p. 354. Les deux mots-clés de l’étude de cas « ressources » et « conflits » doivent être associés aux thématiques générales du programme : mondialisation (surtout géoéconomique et géopolitique, voire aux quatre grilles de lecture, le Sahara étant depuis très longtemps un espace de contacts, de métissages entre ses deux rives) et développement par la mise en valeur des ressources et l’intégration, difficile et chaotique, dans l’espace mondialisé, ce qui constitue le thème du dossier suivant. Cette mise en valeur et cette intégration entraînent rivalités, conflits mais également mobilités à toutes les échelles et urbanisation, deux traits marquants du développement du continent africain.

A. Un désert riche de ressources énergétiques et minières • p. 332 : gisements d’uranium, de fer, de phosphates, de pétrole et de gaz naturel + aquifères fossiles • p. 333 : leur exploitation par des entreprises nationales et de plus en plus étrangères • p. 333 et 334 : leur importance pour le dévelop-pement local et national ˃ Transposer à l’échelle continentale : cf. p. 342-343 et carte 3 p. 347.

B. Des ressources, objets de convoitises et d’enjeux géopolitiques • p. 334-335 : les rivalités pour leur exploitation : tensions commerciales et géopolitiques, inter-ventions de groupes armés sécessionnistes et/ou terroristes déstabilisant des États pauvres, récents et fragiles. ˃ Transposer à l’échelle continentale : cf. p. 345 et carte 2 p. 346.

C. Les mutations socio-économiques du Sahara • Les mobilités et les flux : certains sont anciens et en déclin (nomadisme, commerce du sel, des céréales) ; d’autres liés au développement et à l’insertion dans la mondialisation et le système migratoire international : flux licites (ressources du

sous-sol, produits agroalimentaires et manu-facturés) et illicites (contrebande, trafics d’armes, de drogues, d’objets volés) ; mobilités humaines vers le Nord (Maghreb et espace Schengen) en raison d’un fort différentiel de développement. • Ces flux accélèrent l’urbanisation, surtout dans les États du Nord. • Un espace en développement inégal et fragile, surtout pour les États sahéliens. > Transposer à l’échelle continentale : cf. p. 343-344 ; cartes 1 p. 346 et 3 p. 347 et les cours 3 et 4. P. 338-339 Cours 1 Le Sahara : ressources, tensions, développement Réponses aux questions Doc 1. Le désert saharien est perçu comme attirant par les Européens, à cause de sa relative proximité géographique, de sa connaissance à travers les récits par exemple de R. Caillé (le 20 avril 1828, il fut le premier Européen à entrer à Tombouctou) et de l’explorateur Théodore Monod au XXe siècle. Il est même un terrain de jeux pour Européens : on organise le Marathon des sables, divers rallyes (dont le Paris-Dakar qui aujourd’hui a abandonné le désert saharien à cause des menaces terroristes) et le tourisme était promis à un bel essor avant la montée de l’insécurité (tourisme de randonnées et de découvertes culturelles). Doc. 2. Après la décolonisation, aux tensions interétatiques anciennes (Maroc-Algérie ou Libye-Tchad) se sont ajoutées des rébellions de groupes ethniques souhaitant obtenir l’indépendance (ou une très large autonomie) et surtout une meilleure redistribution des revenus des ressources minières et énergétiques (mouvements des Touaregs, Toubous ou Sahraouis). Ces premières rébellions ont déstabilisé certains États et suscité une présence militaire renforcée de la France, de la Libye, du Maroc ou de l’Algérie. Le contexte international depuis la fin du XXe siècle a projeté le Sahara dans l’orbite du terrorisme islamiste international, le désert constituant un terrain de repli et de « sanctuarisation » pour certains groupes armés combattant en Algérie, au Mali, au Niger, au Nigeria et associant prises d’otages, attentats, trafics divers à leur combat idéologique. La chute du régime de Kadhafi en 2011, suite à l’intervention franco-britannique venant aider les révolution-naires locaux, a accentué la désorganisation géopolitique en mettant en circulation d’impres-sionnantes quantités d’armes et en rejetant de Libye de nombreux migrants. En 2012, la poussée terroriste au Nord-Mali menaçait le pouvoir en place à Bamako qui a demandé l’aide internationale, celle de la France en premier lieu. Ce fut le déclenchement de l’Opération Serval menée à partir de janvier 2013 par près de 5 000 militaires français épaulés par les Tchadiens et les Nigériens ;

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les groupes armés furent repoussés sur la frontière algéro-malienne (libération de Gao, Tombouctou, Kidal puis combats dans l’Adrar des Ifoghas). Cette mission menée en accord avec la résolution 2085 de l’ONU se poursuit par la présence de la MINUSMA avec des troupes africaines (Communauté de défense de l’Afrique de l’Ouest) et, en mars 2014, le maintien d’environ 1 600 soldats français. Doc 3. Les flux qui traversent le Sahara sont des flux licites et illicites très variés. La carte proposée met l’accent sur un type de flux : les flux de migrants cherchant à gagner l’Europe dont les itinéraires évoluent en fonction de la surveillance exercée par les États de l’espace Schengen. Le Sahara est donc, malgré les conditions naturelles d’extrême aridité, davantage un espace de contacts qu’une barrière ; par exemple sous l’Antiquité, les caravanes apportaient l’or, les esclaves, les animaux de la savane vers l’Empire romain. P. 340 à 345 Dossier L’Afrique face au développement et à la mondialisation A. Les défis de la démographie africaine

Réponses aux questions 1. La jeunesse de la population est un atout : elle explique l’importance des classes actives, elle crée un marché de consommation ; bien formée, elle constitue une élite nécessaire au développement du continent. Néanmoins, elle exige des États d’importants efforts de scolarisation, d’éducation en général, de santé, de création d’emplois, de logements ; ce qu’on appelle « les investissements démographiques » qui imposent d’importants moyens financiers. Or, beaucoup d’États africains sont pauvres. Une population jeune nombreuse devient une charge. Progressivement, les États africains entrent dans la transition démographique, mais d’importantes inégalités subsistent. Si certains comme la Tunisie ou le Ghana connaissent une très sensible baisse de la natalité (plus nette en Tunisie où la contraception s’est développée), les pays les plus pauvres en sont seulement à la première phase (maintien d’une forte natalité), ce qui explique sur la carte 1 des États où les moins de 15 ans représentent plus de 45 % de la population (Mali, Niger, République démocratique du Congo, Angola…). L’Afrique est le continent qui va connaître la plus forte croissance démographique au cours du siècle et une urbanisation galopante. Elle a franchi le milliard d’habitants en 2009 ; pour la seule Afrique subsaharienne la population est passée de 180 millions en 1950 à 800 millions en 2010 et pourrait atteindre 1,7 milliard en 2015. « Jamais dans l’histoire de l’humanité une telle croissance n’a été observée à l’échelle d’un ensemble continental : l’exception africaine est une réalité historique. Et un

facteur de première importance des mutations du continent et de ses rapports au monde. » (Images économiques du monde 2012) 2. Les facteurs de l’insécurité alimentaire sont liés à une insuffisante productivité de l’agriculture dans un contexte de forte croissance démographique, à des réseaux de transports insuffisants pour assurer les échanges, à la désertification aggravée par la pression sur la terre dans les États sahéliens (raccourcissement des jachères, aggravation des phénomènes érosifs et déforestation) ; dans certains cas, des aléas climatiques (sécheresses) peuvent être également facteurs de mauvaises récoltes. Cependant, le facteur le plus prégnant est d’ordre politique : conflits, exactions de groupes armés chassant les paysans de leurs terres : les États les plus touchés appartiennent pour certains (République démocratique du Congo, Centrafrique : cf. doc. 1 p. 119) au milieu équatorial ou au milieu tropical humide épargnés par les sécheresses. Les populations rurales les plus pauvres sont paradoxalement les populations les plus affectées par la sous-nutrition et la malnutrition. La pauvreté est un obstacle à l’achat de denrées alimentaires. La situation est meilleure en ville (importations et présence plus importante d’ONG). Voir également la carte 2 p. 346. 3. L’Afrique est une région migratoire à elle seule, mais elle s’intègre également de plus en plus dans le système migratoire planétaire. Les migrations à l’intérieur du continent sont multiples, tant par les trajets que par les facteurs à l’origine de ces flux ; les plus visibles, les plus dramatiques sont celles de réfugiés fuyant les régions de combats ou craignant pour leur sécurité et partant vers les pays voisins, essayant de trouver place dans des camps de réfugiés gérés par le UNHCR, dans le meilleur des cas, avec l’aide d’ONG (cf. photo 18 p. 345 ou, au printemps 2014, les personnes de confession musulmane fuyant la Centrafrique). Mais beaucoup de migrants partent pour chercher du travail dans des pays voisins plus développés (cas autrefois de la Côte d’Ivoire ou de la Libye, de l’Afrique du Sud attirant les ressortissants du Mozambique ou de la Zambie) ; voir aussi le texte 13 p. 343 décrivant le parcours d’un entrepreneur avisé pour qui les frontières ne sont que prétexte à faire des affaires. À l’échelle mondiale, l’Afrique est un continent de départ, surtout des jeunes, des hommes mais également de plus en plus des femmes, tentant d’atteindre l’Europe, voire l’Amérique (cf. certains chauffeurs de taxi new-yorkais), si bien que les États du Maghreb-Machrek sont devenus des pays de relais migratoires, de transit. Ces mobilités ne concernent pas uniquement des jeunes à la recherche d’emploi ; de très nombreux diplômés africains viennent monnayer leurs compétences d’ingénieurs, de médecins, d’enseignants dans les services publics français, britanniques ou italiens par exemple.

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4. Le sida affecte tout particulièrement l’Afrique à cause du manque d’éducation (notamment des femmes), d’établissements de soins et de la pauvreté qui empêche la population d’accéder à des médicaments coûteux. Les pays les plus touchés sont ceux de l’Afrique australe où de nombreux travailleurs immigrés en Afrique du Sud ont contracté la maladie et l’ont ensuite répandue parmi leurs proches. La santé demeure un enjeu majeur pour le continent : il convient de former du personnel de santé, notamment des médecins (le taux d’encadrement des médecins est très insuffisant : en moyenne 2 médecins pour 10 000 habitants en Afrique subsaharienne). D’autres maladies que le sida continuent à faire des ravages (paludisme, polio, rougeole, maladie du sommeil, bilharziose…). P. 342-343 B. Ressources et mondialisation

Réponses aux questions 1. L’étude de cas sur le Sahara a montré l’importance des ressources énergétiques et minières dans le développement et l’insertion de l’Afrique dans la mondialisation. Les documents 8, 9 et 10 donnent d’autres exemples sur le reste du continent : – les ressources des cultures d’exportation : le thé (doc. 8), culture introduite par les colonisateurs britanniques en Afrique orientale, mais également le coton, l’arachide, le café, le cacao, certains fruits (ananas, bananes, mangues) ou légumes (haricots verts du Kenya) ainsi que les fleurs (roses d’Éthiopie et du Kenya) ; – l’exploitation forestière, dans les régions de forêt dense, ressources largement entamées, voire pillées ; – les mines : la carte 3 p. 347 indique les principaux gisements, très nombreux sur ce « bouclier » géologique aux roches très anciennes, en Afrique de l’Ouest mais surtout sur les hautes terres allant du Nord du Congo à l’Afrique du Sud : diamants, or, cuivre, fer, cobalt, uranium, auxquels on peut ajouter les gisements de charbon d’Afrique du Sud, le 3e exportateur mondial, et le pétrole du golfe de Guinée (Ghana, Nigeria, Congo, Gabon, Angola). L’Afrique demeure, dans l’ensemble, sous-industrialisée et la plupart de ces ressources sont exportées brutes ou semi-transformées, ce qui rend ces États très dépendants des variations des cours des matières premières. La plus grande partie des entreprises exploitant ces ressources sont des FTN ou leurs filiales, issues de l’ancienne puissance coloniale (cf. doc. 8), ou, de plus en plus, des autres puissances : États-Unis, Canada, mais surtout les pays émergents aux premiers rangs desquels figure la Chine (cf. doc. 1 p. 353) et, logiquement, l’Afrique du Sud (cf. doc. 14 p. 344), mais aussi le Brésil (cf. doc. 5 p. 303).

2. Prenant exemple sur l’Afrique du Sud, le pays le plus riche et le plus industrialisé du continent, certains États cherchent à s’insérer davantage dans la NDIT pour tirer un meilleur profit de leurs ressources et créer des emplois pour leur main-d’œuvre bon marché et pléthorique. Le texte 9 cite l’exemple du Botswana, le premier producteur mondial de diamants en valeur, qui, souhaitant développer des activités de négoce et de transformation, a créé une société mixte avec le géant anglo-sud-africain De Beers et a obtenu l’implantation d’entreprises indiennes de joaillerie. Le texte 11 prend l’exemple d’une industrie beaucoup plus complexe et mondialisée, la construction automobile, avec l’accroissement des capacités de production de l’usine Nissan au Nigeria. La combinaison des acteurs intervenant sur cette opération est intéressante : une FTN, le groupe japonais Nissan (associé à Renault), un conglomérat ouest-africain, Stallion Group, bien implanté au Nigeria mais dont le siège est à Dubaï (et qui doit donc bénéficier de financements de pays du Golfe). Pourquoi développer des capacités de production au Nigeria ? Malgré ses profondes disparités socio-spatiales et une certaine instabilité politique dans le Nord, le Nigeria est l’un des pays africains les plus attractifs pour les IDE. En effet, c’est le pays le plus peuplé d’Afrique (175 millions d’habitants), la 2e économie du continent derrière l’Afrique du Sud (RNB de 270 milliards de dollars en 2012) grâce aux revenus des hydrocarbures (1er producteur du continent) qui permettent le développement de classes moyennes et aisées ayant les capacités d’acheter des véhicules et, intérêt non négligeable, de dis-poser de carburants bon marché (cf. doc. 3 p. 351). 3. Le tourisme fut longtemps considéré comme une opportunité majeure pour le développement économique du continent africain. De nombreux freins, l’insuffisance de certaines infrastructures et surtout l’instabilité politique, sont venus refroidir ces espérances et très peu de pays ont finalement une fréquentation touristique internationale croissante. Le Maroc fait partie, avec l’Afrique du Sud, de ces exceptions. Il fait la promotion de ses atouts climatiques et culturels et de sa proximité avec l’Europe. L’exemple marocain montre que cette activité peut être un facteur de développement si des entreprises locales (et l’État) parviennent à s’insérer dans la chaîne de prestataires de services : créations d’emplois (hôtellerie, restaurants, compa-gnies aériennes, marketing…), débouchés pour l’agriculture et l’artisanat, investissements dans les infrastructures (aéroports, routes, adductions diverses), mais la compétition est rude entre États africains et surtout avec les pays asiatiques et le moindre incident ou trouble politique peut désta-biliser une activité très conjoncturelle (cf. Tunisie, Égypte, Kenya…).

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4. Le texte 13 se situe à une autre échelle, celle des initiatives individuelles de ces centaines de milliers de petits entrepreneurs africains (hommes et femmes), dont les activités sont parfois mal comptabilisées, à la limite de l’économie informelle, mais qui font vivre de nombreuses personnes et sont au cœur du dynamisme des villes et de certains réseaux migratoires et commerciaux. Ce Guinéen a su tirer profit de réseaux familiaux dans divers pays (Nigeria) pour apprendre certaines formes de négoce, puis, en saisissant les opportunités (modes, différences de prix) a créé des activités, des emplois, aussi bien dans l’habillement et le textile que le commerce d’automobiles d’occasion (très répandu en Afrique). Il est polyglotte, voyage sans cesse, a obtenu « une certaine reconnaissance sociale et économique », a deux enfants : insertion migratoire, réussite professionnelle, ascension sociale, baisse de la fécondité : les ingrédients d’un véritable dévelop-pement autogéré… 5. Cette double page (à associer à la p. 344 et à la p. 353) montre la grande diversité des stratégies de développement et d’insertion dans la mondialisation que présente le continent africain et qui expliquent les taux de croissance économique actuels (souvent supérieurs à 5 % an voire à 10 %) : – exportation de matières premières, agricoles, énergétiques et minières ; – initiatives des États mais surtout d’entrepreneurs, à toutes les échelles, dans le commerce, le recyclage-récupération, l’artisanat mais également le commerce et la NDIT pour les États les plus attractifs pour les IDE ; – valorisation des atouts touristiques (climat, littoraux, paysages, faune, ressources culturelles…), à condition que la stabilité sociopolitique soit au rendez-vous ; – insertion dans les flux migratoires internationaux et valorisation de diasporas africaines. On peut ajouter l’importance de l’Afrique dans certaines formes de mondialisation culturelles : musique, chansons, cinéma de « Nollywood » au Nigeria… P. 344-345 C. Des réussites et des difficultés persistantes Réponses aux questions 1. L’Afrique du Sud (53 millions d’habitants) est la 1re économie du continent. Elle fait désormais partie du groupe des BRICS et du G20. Cette émergence économique s’explique par l’ancienneté de son industrialisation et de la mise en valeur de ses ressources minières mais aussi agricoles par les colons afrikaners et britanniques, avec l’aide de nombreux travailleurs immigrés africains et asiatiques. Les deux textes 14 et 15 fournissent

quelques manifestations de cette émergence économique : – l’existence de puissants groupes industriels et commerciaux qui sont devenus des FTN, investissant notamment sur le reste du continent dans des secteurs aussi divers que les mines, les grands travaux, les télécommunications ou la grande distribution : une grande partie de l’Afrique australe et centrale constitue désormais la zone d’investissements privilégiés de ces entreprises qui, il faut le souligner, sont cotées à la Bourse de Johannesburg mais aussi, de plus en plus souvent, à celle de Londres ; –la croissance d’une classe moyenne et l’apparition de fortunes sud-africaines, souvent d’origine modeste et qui ont réussi dans le secteur minier mais aussi dans le commerce, la restauration, les télécommunications, etc. Cependant, les disparités socio-spatiales demeurent considérables malgré la disparition de l’apartheid et les efforts publics d’amélioration des conditions de vie dans les townships. Les tensions sociales peuvent être vives, comme l’ont montré les conflits violents parmi les mineurs de platine en 2013 ; l’IDH reste moyen (0,629, au 121e rang mondial) et l’épidémie de sida constitue un fléau persistant. 2. Voir plus haut le commentaire de la photographie de la page 331. « Une croissance économique autour de 10 % par an mais encore 80 % de la population vivant en dessous du seuil de pauvreté » : véritable développement ou croissance économique conjoncturelle dont les fruits sont mal répartis ? 3. Avec les États voisins du Rwanda, du Burundi, de l’Ouganda, du Sud Soudan et, actuellement, de la Centrafrique, la République démocratique du Congo fait souvent l’actualité de manière dramatique avec des scènes d’exactions menées par des groupes armés rebelles, des soldats en rupture de ban ou des milices ethniques autoproclamées ; le scénario se répète : violences (massacres, viols, enrôlement forcé d’adolescent(e)s, destructions de villages…) conduisant les paysans à abandonner villages et champs et à chercher à se réfugier en ville ou auprès des missions des ONG ou du UNHCR. Un tel climat de violence et d’insécurité est un frein absolu au développement car il dissuade les rares investis-seurs potentiels (locaux ou étrangers), il conduit au non-entretien ou à l‘abandon des quelques infrastructures existantes (routes, électrification, eau, mines) et favorise corruption, exploitation clandestine des gisements et contrebande. Les pouvoirs politiques et l’État central ne peuvent tirer aucune rentrée fiscale des ressources locales et le cercle vicieux du mal-développement persiste parfois depuis plusieurs décennies, quand il n’est pas aggravé par l’impéritie et le népotisme de certains dirigeants. Voir également l’exemple de la Centrafrique : doc. 1 p. 275.

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4. Le tableau 19 fournit quelques indicateurs du développement concernant cinq États africains en les comparant à la moyenne mondiale. Tous montrent un développement faible voire très faible : à l’exception du Nigeria (cf. question 2 p. 343 ; l’IDH de ce pays étant « tiré » vers le haut par la composante économique du PIB/habitant grâce aux revenus pétroliers), ils appartiennent à la catégorie des PMA, les pays les moins avancés, les plus dépendants de l’aide internationale. En prenant des précautions quant à l’exactitude de ces données statistiques (par exemple le taux de mortalité infantile du Zimbabwe égal à la moyenne mondiale semble manifestement sous-évalué…), on repère les composantes du faible développement : mortalité infantile, fécondité, taux de pauvreté élevés, espérance de vie moyenne ou faible, raccourcie dans de nombreux pays par les effets de l’épidémie de sida (cf. Zimbabwe). Des écarts assez prononcés cependant, par exemple pour le taux d’alpha-bétisation : élevé au Zimbabwe (ce qui pourrait expliquer une mortalité infantile relativement moyenne), assez élevé au Congo et au Nigeria, faible au Mali et en Éthiopie, deux États ayant un très fort pourcentage de population rurale, ce qui est un frein à la scolarisation, surtout celle des filles. P. 346-347 Cartes : Défis du développement et mondialisation de l’Afrique Ces cartes viennent en bilan du dossier précédent et peuvent être directement associées à l’étude des cours des pages suivantes autour des notions principales : développement, tensions et conflits, ressources et insertion dans la mondialisation. Réponses aux questions 1. Si, pris dans son ensemble, le continent africain est le moins développé, la carte 1 permet, en croisant l’IDH et le RNB, de constater une assez grande diversité de situations. On observe quelques États dont le RNB et l’IDH sont assez élevés ; ce sont, en quelque sorte, des puissances régionales dont la première, l’Afrique du Sud, est considérée comme un pays émergent : appartiennent à ce groupe l’Algérie, l’Égypte, le Nigeria (malgré un IDH très moyen) et l’Angola qui appartient encore curieusement à la liste des PMA selon l’ONU. Notons que ces États sont le plus souvent des États dont la population est nombreuse et qui tirent une grande partie de leurs revenus de la rente pétrolière ou minière. Ensuite, des États dont l’IDH est moyen, moins riches que les précédents, mais souvent aussi moins peuplés : Maroc, Tunisie, Libye, Kenya, Ghana, Gabon, Botswana ; certains d’entre eux bénéficient également de la rente pétrolière alors que d‘autres (Maroc, Tunisie) tentent de s’insérer dans la NDIT. Malgré de fortes disparités socio-spatiales internes, ces États ont les moyens de se développer et

connaissent souvent des taux de croissance économique soutenus. Enfin les PMA avec un IDH faible, voire très faible et de grandes difficultés pour se développer ; certains d’entre eux sont des « poids lourds démo-graphiques » à l’échelle du continent comme l’Éthiopie, le Soudan ou la République démocratique du Congo, mais la plupart sont assez peu peuplés (moins de 20 millions d’habitants le plus souvent) et leur RNB est très faible. Leur intégration dans la mondialisation demeure marginale malgré la mise en valeur de certains gisements ; de plus, ce sont souvent les États les plus touchés par l’instabilité politique, voire les conflits, passés ou actuels : Mozambique, Centrafrique, Gambie, Guinée-Bissau, Sierra Leone, Mali, Niger, Rwanda, Burundi. Pour compléter les enseignements de la carte, on pourra ajouter que les situations ne sont, heureuse-ment, pas figées ; si certains États ont connu une dégradation de leurs performances économiques depuis une ou deux décennies (l’exemple le plus patent étant celui de la Côte d’Ivoire à laquelle on associait jadis l’étiquette de « miracle ivoirien » ou, actuellement de la Libye en pleine incertitude post-révolutionnaire), d’autres connaissent enfin la stabilisation politique, voire une relative démocra-tisation, le retour des investisseurs et une ébauche de développement : la Sierra Leone (cf. doc. 17 p. 344) et le Mozambique en sont des exemples. 2. En combinant la carte 3 à la carte 1, on peut affiner l’analyse précédente en précisant les ressources exportées dont disposent les États africains et la présence de ports et de mégapoles qui sont des territoires décisifs pour l’intégration dans la mondialisation et, le plus souvent, le développement qui en résulte. Les États recevant le plus d’IDE sont souvent les États littoraux, dispo-sant de ports facilitant l’exportation des ressources (héritage de la colonisation) et de grandes villes, foyers de modernité et de création d’entreprises. De plus, d’importants gisements d’hydrocarbures sont offshore, dans le Golfe de Guinée notamment, ce qui accentue la littoralisation de certaines économies africaines. On retrouve ces États sur la carte 1 avec un IDH moins faible que pour la plupart des États enclavés de l’intérieur du continent. 3. Autre corrélation assez nette à remarquer (et déjà examinée dans le dossier précédent) : la correspondance entre les territoires marqués par les conflits, les crises alimentaires et les retards de développement. La plupart des États indiqués sur la carte 1 avec un IDH très faible (PMA) figurent sur la carte 2 avec des conflits plus ou moins violents depuis deux décennies et des crises alimentaires qui y sont associées : de la Sierra Leone et du Liberia en Afrique occidentale jusqu’au Sud Soudan ou en République démocratique du Congo, en passant par le Mali ou le Tchad. La carte 2 indique également l’importance des flux de réfugiés générés par ces conflits et ces crises alimentaires, flux de réfugiés

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qui, souvent, déstabilisent les États voisins, dans la région des Grands Lacs, par exemple ou, dans les années 1990-2000, dans l’ensemble Libéria-Guinée Bissau-Sierra Leone-Côte d’Ivoire. L’évolution du classement de l’IDH est assez signi-ficative pour les États ayant connu ces soubresauts politiques : la Côte d’Ivoire : 147e rang mondial en 1996, 168e en 2012 ; la République démocratique du Congo (ex-Zaïre) passée du 141e rang au 186e et dernier rang ; le Soudan du 146e au 171e… 4. Les conflits sont la cause essentielle des pénuries alimentaires qui caractérisent notamment la zone sahélienne et la Corne de l’Afrique. Ceux-ci désorganisent la production agricole, empêchent l’intervention ou détournent l’aide alimentaire fournie par les organisations internationales et les ONG. On observe certes des causes naturelles (insuffisance de précipitations et forte inégalité des totaux pluviométriques selon les années), mais les tensions actuelles aggravent la situation.

Pour aller plus loin Dans Géopolitique de la faim, PUF, 2001, S. Brunel démontre que de nos jours les famines ont une cause politique.

5. Le continent africain s’intègre essentiellement par l’exportation de matières premières, minières, énergétiques et agricoles. Quelques États sont parvenus à s’insérer dans la NDIT (la Tunisie, par exemple : voir texte 2 p. 358), dans les délocalisations de services (Maroc, île Maurice) et le tourisme international (Sénégal, Maroc, Tunisie, Kenya, Égypte, Namibie et surtout Afrique du Sud). Les États les plus riches en ressources ne sont pas nécessairement les plus développés. Les exemples sont nombreux. Citons le Nigeria (pétrole), la Guinée équatoriale (pétrole), le Niger (uranium), la RDC (diamants, minerais divers.) Certains d’entre eux ont confié l’exploitation des ressources à des compagnies étrangères qui ne redistribuent guère de revenus dans le pays (Niger) ; pour d’autres, on parle de « mal-développement » (corruption, confiscation des revenus des ressources par une élite), la rente issue de l’exploitation pétrolière et gazière sert à acheter des biens à l’étranger, ce qui ne stimule pas la production nationale, ou à commander de grands travaux d’aménagements à des entreprises chinoises (Algérie, Zambie, Tanzanie). Beaucoup d’États africains demeurent dépendants d’investissements étrangers venant de l’ancienne puissance coloniale (investissements français au Maghreb et dans certains États d’Afrique noire comme la Côte d’Ivoire, investissements anglais en Afrique australe) L’Afrique est le continent où de nombreux États ou sociétés d’autres continents louent des terres pour la production agricole (ex. : la Sierra Leone loue ses terres à des sociétés étrangères pour la production d’huile de palme).

La Chine devient un investisseur très important car elle a besoin de ressources diverses et de terres agricoles. Elle est aussi un acteur majeur dans la construction de grands équipements (Algérie). On parle d’une « Chinafrique » voire de « déferlante chinoise ». En tout état de cause, la présence mas-sive de la Chine en Afrique est un événement majeur sur le plan de la géopolitique des années en cours. Enfin, la dernière forme d’insertion dans la mondialisation correspond à l’accroissement des flux migratoires en partance d’Afrique, vers l’Europe essentiellement, et, par suite, l’apparition de diasporas africaines (en France, en Belgique, au Royaume-Uni, en Italie par exemple) qui alimentent diverses formes de métissages culturels. P. 348-349 Cours 2 La difficile insertion de l’Afrique dans la mondialisation Réponses aux questions • Doc. 1. La première phase de la mondialisation (antérieurement aux années 1850-1870 et au partage de l’Afrique par les puissances européennes) contribua à une première forme d’intégration de l’Afrique dans les circuits commerciaux. Les commerçants européens (commerce triangulaire) et arabes achetaient en Afrique l’or, les pierres précieuses, l’ivoire, certains bois, des animaux exotiques mais surtout des esclaves. Le drame de la traite négrière fut l’un des facteurs essentiels de la désorganisation de nombreuses sociétés africaines, de la naissance de rivalités durables entre ethnies et de la dépopulation de certaines régions (celles qui n’étaient pas protégées par des structures poli-tiques puissantes). Les pertes démographiques liées aux traites ont été destructrices pour le continent : on estime que l’Afrique décroche démographique-ment à partir du XVIIIe siècle (en 1700 elle aurait compté 100 millions d’habitants, soit 17 % du total mondial, autant que la Chine). La carte 1 mentionne les principaux ports d’embarquement des esclaves, le plus connu étant l’îlot de Gorée au Sénégal. Ces esclaves étaient razziés par des aventuriers et des chefs de guerre, africains le plus souvent, surtout dans les régions de forêt dense, de la Gambie au golfe de Guinée, en Afrique centrale (territoires actuels du Gabon, des Congos, de l’Angola) et en Afrique orientale (traite arabe en direction des pays du Golfe et de l’Arabie). • Doc. 2. Les manifestants de la place Tahrir voulaient instaurer un régime démocratique en Égypte. Ce « printemps arabe », comme on l’appelle, a aussi concerné la Tunisie (où il a débuté avec la révolution du « jasmin ») et la Libye. C’est une étape majeure dans un continent où la démocratie a du mal à se mettre en place. Des difficultés surgissent pour élire et faire fonctionner durablement des

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institutions démocratiques (destitution du président Morsi issu des frères Musulmans en 2013 et reprise de contrôle par l’armée égyptienne). Ces événements relèvent pour partie d’une forme de mondialisation, notamment par le rôle joué par les jeunes urbains, diplômés et/ou chômeurs, utilisant massivement le téléphone mobile et, parfois, les réseaux sociaux pour se mobiliser et transmettre les informations aux médias du monde entier. L’ins-cription en anglais sur le drapeau brandi par ce jeune manifestant en témoigne. 3. Peu après la décolonisation, l’OUA (actuellement l’UA : Unité africaine, siégeant à Addis-Abeba en Éthiopie) a proclamé l’intangibilité des frontières issues pour la plupart de la Conférence de Berlin (1884-1885), dans une volonté d’éviter les conflits. La création récente du Sud Soudan (qui s’est séparé du Soudan) est un exemple de violation de ce principe. C’est le 193e État de la planète et le 54e État africain mais, dès cette création, est né le risque d’une guerre avec le Soudan du Nord, tandis que les conflits ethniques et politiques ensanglan-tent et déstabilisent ce fragile État fin 2013-début 2014…

P. 350-351 Cours 3 Les défis du développement africain L’intégration dans la mondialisation, les efforts économiques réalisés par les États sont encore insuffisants car les défis à relever sont nombreux pour que l’Afrique s’engage vraiment dans le développement. L’Afrique est d’abord convoitée pour ses ressources minières et énergétiques. Réponses aux questions • Doc. 1. Lagos est très représentative des autres mégapoles africaines par une croissance démographique très rapide (plus de 11 millions d’habitants actuellement), un important étalement urbain malgré un site de lagune compliqué à aménager, une forte ségrégation socio-spatiale (des quartiers aisés côtoient des bidonvilles), des dysfonctionnements nombreux (transports, assainissement, accès à l’eau, forte vulnérabilité). C’est une ville portuaire comme bien d’autres mégapoles (Dakar, Abidjan, Casablanca, Alger, Luanda…), à l’interface entre le pays et l’économie mondiale (et dans le passé entre la colonie et le pays colonisateur). Les fonctions se caractérisent aussi très souvent, par une hypertrophie du secteur tertiaire. • Doc. 2. L’exploitation des hydrocarbures ne contribue pas automatiquement au développement durable. D’une part, la rente pétrolière est à l’origine de ce qu’on appelle « la malédiction hollandaise » (ou Dutch Disease) en l’absence de toute valeur ajoutée créée par l’économie nationale, l’État étant de toute façon assuré de rentrées budgétaires ; mais son budget est tributaire d’une rente fluctuante dépendante des cours mondiaux, ce

qui ne fait qu’accentuer la dépendance de l’État par rapport au bénéfice issu de l’extraction pétrolière. De plus, la mauvaise répartition des bénéfices des hydrocarbures suscite des rivalités politiques, ethniques, voire le développement d’activités illicites (raffinage clandestin, contrebande, piraterie maritime). D’autre part, l’extraction conduit à des pollutions environnementales très diverses liées au mauvais entretien notamment des oléoducs, aux rejets de polluants dans l’air et elle détruit les mangroves. • Doc. 3. L’économie informelle échappe à l’impôt ; par conséquent, l’État manque de ressources financières pour assurer le développement du pays.

P. 352-353 Cours 4 : Un continent qui change Le cours montre les principaux caractères de la mondialisation en cours en Afrique. Les documents p. 353 approfondissent quelques exemples. L’Afrique pèse environ 3,3 % dans l’économie mondiale. Les échanges intra-africains sont faibles et ceux avec les pays développés et les pays émergents, plus importants, sont asymétriques. Pour les auteurs de L’Afrique subsaharienne (Armand Colin ; cf. bibliographie plus haut), l’Afrique subsaharienne est « une marge extravertie de la mondialisation visible » compte tenu des formes de dépendances et de vulnérabilité vis-à-vis des exportations de produits tropicaux et de matières premières. Dans deux pays subsahariens sur trois, un ou deux produits constituent les trois quarts de la valeur des exportations. Ce cours termine le chapitre par une présentation de la diversité des territoires africains (à l’échelle étatique). Voir également les questions 1, 2 et 3 p. 346 et le sujet de Bac croquis n° 20 p. 356.

Commentaires sur les documents • Doc. 1. La Chine devient progressivement le premier investisseur en Afrique. Cette présence s’explique par le souci de la Chine de contrôler l’accès à des ressources (terres, forêts, minerais, énergie) nécessaires à sa très forte croissance économique. Elle est aussi très présente dans la réalisation de grands travaux d’équipements et d’infrastructures (en Algérie, en République démocratique du Congo) ; elle utilise de la main-d’œuvre venue de Chine, ce qui suscite parfois une certaine hostilité (Zambie). • Doc. 2. Malgré un niveau de vie souvent encore faible, les populations des villes africaines, notamment les jeunes, adoptent rapidement des modes de consommation marqués par la mondia-lisation économique et culturelle : vêtements, musique, téléphones mobiles, fast-foods, réseaux sociaux, sports… Ils se différencient de moins en moins des jeunes des autres continents, d’autant plus que l’enseignement secondaire et supérieur s’effectue presque partout (sauf dans quelques États du Maghreb-Machrek) dans une langue européenne

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(anglais, français, portugais), ce qui contribue à faciliter leur éventuelle insertion dans les flux migratoires (migrations pour études ou recherche d’emploi). • Doc. 3. Attention, le document source comportait une erreur : il faut lire : « en milliards de dollars ». Ce graphique, riche d’enseignements, montrant notamment l’importance des transferts financiers des migrants africains vers leur pays d’origine comme facteur de développement local et régional. Globalement, les flux financiers vers l’Afrique augmentent sensible-ment, passant d’un total d’environ 18 milliards de dollars en 1995 à 130 milliards en 2012. À noter : les trois sources de financement sont sensiblement équivalentes : si l’Aide publique au développement (bilatérale et internationale) demeure en tête, les flux d’IDE et les transferts des migrants progressent aussi rapidement. • Doc. 4 . L’Afrique tire l’essentiel de ses ressources de l’exportation de matières premières ; certains gouvernements et surtout certaines ONG altermondialistes dénoncent depuis longtemps des « termes de l’échange » trop défavorables aux États africains, souvent liés aux FTN par des contrats à long terme qui confisquent la plus grande partie des bénéfices au détriment des États et de leur population. Encouragée par l’ONU, la Banque africaine pour le développement incite les États à renégocier ces contrats en leur venant en aide par la « Facilité africaine de soutien juridique », tandis que d’autres initiatives veulent dénoncer la corruption et la complicité de certains dirigeants détournant la majeure partie des recettes de ces exportations pour des dépenses excessives (« éléphants blanc »), des contrats d’armement inutiles voire pour des « biens mal acquis » (résidences et voitures de luxe en Europe ou en Californie, par exemple) ; de plus, la fuite de capitaux hors d’Afrique vers les places financières occidentales ou les paradis fiscaux semble massive.

P. 354 BAC Composition Sujet 18 : Le Sahara : ressources et conflits

Se reporter au bilan de l’étude de cas p. 337 et au cours 1 p. 338-339.

P. 355 BAC Composition Sujet 19 : Le continent africain face aux défis du développement et à la mondialisation Exemple d’introduction rédigée En ce début de XXIe siècle, de nombreux États du continent africain connaissent des taux de croissance élevés. La firme automobile Renault s’est installée à Tanger et bientôt à Oran, signe d’une intégration progressive du continent dans la mondialisation. Mais, en même temps, de

nombreuses difficultés sont mises en avant : insécurité alimentaire dans certains États de la Corne de l’Afrique, tensions religieuses et attentats au Nigeria flux massifs de migrants vers l’Europe… autant de signes des défis que le continent africain doit relever. Quels sont donc ses faiblesses, mais aussi ses atouts pour surmonter les défis, se développer et mieux s’insérer dans la mondialisation ?

Éléments de réponse I. Un continent confronté aux défis du développement 1. Un continent caractérisé par un mal-développement – la faiblesse de l’IDH, qui permet de mesurer le développement à partir de trois critères (économie, santé, éducation) : une moyenne de 0,524 – alors que la moyenne mondiale est de 0, 694. Cette moyenne masque de profondes inégalités. L’Afrique compte des États parmi les plus pauvres de la planète : Swaziland, Namibie, Soudan-Sud, RDC, République Centrafricaine… – une pauvreté massive qui se manifeste par un niveau d’éducation peu élevé, une faible espérance de vie, l’insécurité alimentaire, le non-accès à l’eau potable pour une grande partie de la population, par l’importance des réfugiés fuyant les conflits, des flux massifs de migrants vers l’Europe – des économies essentiellement agricoles et dépendantes d’exportations de matières premières brutes ; la faiblesse de l’industrialisation – la faiblesse des ressources des États qui, en outre, contrôlent mal les ressources exploitées par des entreprises étrangères ; l’instabilité, la corruption… 2. Néanmoins, l’Afrique est un continent qui change – une croissance économique forte, supérieure à 10 % dans certains États comme le Ghana, l’Angola – des signes de modernité : l’explosion des télécommunications et notamment du téléphone mobile (environ 700 millions d’appareils pour une population d’environ 1 milliardd’individus) ; 2e marché mondial pour la téléphonie mobile, aux mains d’opérateurs étrangers ; – une croissance explosive des villes (ex. : Lagos avec plus de 11 millions d’habitants, qui croît de 4 % par an) – des ressources abondantes (hydrocarbures, minerais, potentiel agricole) qui pourraient favoriser le développement – une population nombreuse et jeune, mieux éduquée, et une classe moyenne qui émerge, une classe d’entrepreneurs, comme au Nigeria – une marche difficile mais entamée vers la démocratisation des régimes politiques.

II. Un continent qui s’intègre progressivement dans la mondialisation 1. L’Afrique dans l’histoire de la première mondialisation (or) et la deuxième mondialisation : une intégration subie (traite négrière)

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2. L’Afrique est une périphérie de la mondialisation contemporaine : une très faible participation aux échanges mondiaux (3 % environ), des logiques d’intégrations régionales en échec pour la plupart (trop nombreuses et inefficaces), un manque d’équipements et d’infrastructures 3. Une intégration en marche : des investissements massifs venant de la Chine, à la recherche de ressources, de terres agricoles, ou de l’Inde ; des investissements européens en Afrique du Nord, en Afrique du Sud ; une volonté des États de contrôler l’exploitation de leurs ressources.

III. Un continent aux fortes disparités de déve-loppement et d’intégration à la mondialisation L’Afrique est plurielle : – des disparités villes/campagnes ; des disparités dans le territoire de la ville (bidonvilles) – des États très inégalement développés : une puissance émergente : l’Afrique du Sud, une puissance émergente en devenir : le Nigeria. Ces

deux puissances assurent la moitié du PIB total de l’Afrique subsaharienne – des États subsahariens en forte croissance grâce à leurs richesses énergétiques et minières ou au faible coût de la main-d’œuvre : Ghana, Angola, Mozambique, Éthiopie – des PMA enclavés, très pauvres, sous tensions religieuses ou ethniques, voire menacés d’éclatement : Tchad, Sud Soudan, RDC, République Centrafricaine – des États d’Afrique du Nord intégrés dans la mondialisation, avec des unités de production automobile, des industries textiles, le tourisme : Maroc, Algérie, Tunisie, Égypte, mais en difficulté à la suite « des révolutions arabes ».

Conclusion Le continent africain change. Néanmoins les retards et handicaps demeurent importants. De nombreux conflits et tensions freinent le développement.

P. 356 BAC Réalisation d’un croquis Sujet n° 20 : Le continent africain : contrastes De développement et inégale intégration dans la mondialisation

Légende complétée : 1. Les ressources du continent africain

2. L’intégration dans la mondialisation

3. Une « Afrique plurielle » : l’inégal développement

– gisements d’hydrocarbures – gisements de minerais et de pierres précieuses – exploitation forestière – cultures d’exportation

– flux d’IDE – flux d’exportations de matières premières – flux d’émigration – développement ponctuel du tourisme international – les métropoles africaines, pôles de l’intégration dans la mondialisation et foyers de développement malgré d’énormes contrastes socio-spatiaux

– une puissance émergente : l’Afrique du Sud – une puissance régionale en devenir : le Nigeria – les États du Maghreb : intégration et fragilités – les autres pays bénéficiant de la rente des hydrocarbures et d’autres matières premières – les PMA : souvent enclavés, fragiles et marginalisés - principales zones de conflits et de crises alimentaires

P. 358 BAC Analyse de document Sujet 21 : L’Afrique : les défis du développement Ce sujet est assez difficile à traiter car le document n’est pas explicite et demande des connaissances précises (par exemple les noms de quelques États…) pour être analysé ; ce sujet peut également concerner les chapitres 1 et 3.

La définition de l’indice de vulnérabilité humaine est indiquée en note sous la carte ; on peut le considérer comme un indice complémentaire à l’IDH. Plus l’indice est faible (couleurs foncées sur la carte), plus la population est vulnérable sur le plan sanitaire, éducatif, alimentaire mais également aux

dégradations environnementales et aux aléas naturels. Éléments de réponse I. L’Afrique, le continent le plus vulnérable Dans son ensemble, l’Afrique présente les valeurs les plus faibles de l’indice, donc la plus grande vulnérabilité ; sur ce plan, elle est plus homogène que l’Asie et l’Amérique du Sud. C’est le continent dont l’IDH moyen est le plus faible (une moyenne de 0,475 pour l’Afrique subsaharienne, alors que la moyenne mondiale est de 0,694). Cette vulnérabilité se manifeste de diverses manières, même si, comparativement aux autres continents, l’Afrique est relativement épargnée par

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les aléas naturels et les catastrophes qui peuvent survenir (typhons, inondations violentes, séismes – hormis le Maghreb, tsunamis…). Crises alimentaires plus ou moins durables et prononcées, malnutrition et sous-nutrition chroniques touchant en particulier de nombreux enfants, risques sanitaires élevés (paludisme, fièvre jaune, sida, etc.), pauvreté fréquente (de nombreux États comptent plus de la moitié de la population vivant en dessous du seuil de pauvreté : 1,25 $/jour), fréquence des conflits et des flux de réfugiés, voire des massacres pouvant aller jusqu’au génocide (Rwanda en 1993), insuffisance des infrastructures et urbanisation anarchique avec une multiplication des bidon-villes…

II. Les explications de cette vulnérabilité Les données environnementales (des milieux naturels) ne sont pas d’une grande importance pour expliquer la vulnérabilité du continent africain ; certes, la désertification progresse, l’irrégularité cli-matique peut expliquer des épisodes de sécheresse, notamment dans la zone sahélienne, du Sénégal à la Somalie ; de plus, les sols ne sont pas souvent d’une fertilité optimale et leur fragilité face aux processus érosifs s’accroît rapidement s’ils ne sont pas convenablement cultivés. Cependant, l’Afrique est dans l’ensemble un continent de densités faibles ou moyennes (hormis certaines régions des Grands Lacs) et la production agroalimentaire souffre davantage d’une faible productivité que des conditions naturelles. À l’image des enseignements tirés de l’étude de cas sur le Sahara, la vulnérabilité de l’Afrique s’explique avant tout par la pauvreté de la majorité de sa population ; ce sont des facteurs historiques, sociaux, politiques et économiques qui sont le plus souvent à l’origine des retards de développement et des diverses formes d’insécurité frappant les populations : – les séquelles de la traite des esclaves et, question plus discutée, de la colonisation qui ont profondé-ment et durablement déstructuré les sociétés, les cultures, bouleversé et ralenti le peuplement, tout en provoquant une fuite des richesses vers l’Europe ; – l’émiettement politique en un grand nombre (54) d’États récents, aux frontières héritées de la colonisation, des États fragiles, instables, manquant de cadres, d’infrastructures, à l’exception des villes et des ports hérités de la colonisation ; – une pauvreté s’accompagnant de l’insuffisance des structures sanitaires (forte mortalité infantile, palu-disme et épidémies comme le sida) et des structures scolaires (retards d’alphabétisation), des moyens de transport (enclavement des campagnes) ; – par conséquent, une transition démographique à peine amorcée ou en cours et donc une forte croissance démographique, une jeunesse de la population (41 % des Africains ont moins de 15 ans : cf. carte 1 p. 340) qui constitue certes un atout

pour l’avenir mais aussi un formidable défi en termes de vaccinations, d’écoles, de logements, d’emplois… ; – une insertion insuffisante dans la mondialisation : l’Afrique, riche en ressources agricoles, forestières, minières, énergétiques, touristiques exporte surtout des matières premières et demeure, globalement, sous-industrialisée et encore très marquée par l’économie informelle ; – des actifs (paysans, entrepreneurs, commerçants) manquant souvent de formation, de matériel, de capitaux malgré l’existence de réseaux sociaux efficaces et le développement rapide de la téléphonie mobile ; – enfin, dans certains cas, des FTN corruptrices et des gouvernants corrompus peu soucieux d’assurer un réel développement des territoires par une juste redistribution des revenus des exportations.

III. Une Afrique plurielle, inégalement vulnérable Néanmoins, la croissance économique de l’Afrique depuis deux décennies est incontestable, les exemples de développement local, d’initiatives privées ou publiques réussies se multiplient et la carte permet de nuancer, uniquement à l’échelle étatique, une vision trop catastrophiste de cette vulnérabilité. On peut distinguer au moins trois catégories d’États : – les moins vulnérables (indice supérieur à 45) : les États du Maghreb, l’Afrique du Sud, puissance émergente, et ses proches voisins (Botswana, par exemple), quelques États du golfe de Guinée comme le Ghana ou le Gabon. Ce sont des États en situation littorale dotés d’infrastructures (villes, ports) facilitant l’insertion dans la mondialisation ; ce sont soit des États bénéficiant de la rente pétrolière (Algérie, Libye, Gabon, par exemple), soit des États ayant commencé leur insertion dans la NDIT et dans les flux touristiques internationaux (Maroc, Tunisie et surtout l’Afrique du Sud, plus tôt industrialisée, riche de ses ressources minières, la première puissance économique du continent, membre du G20). Ces États sont, en général, ceux dont l’IDH est moyen ou assez élevé (0,630 par exemple pour l’Afrique du Sud, 0,713 pour l’Algérie ou la Tunisie) ; – les pays avec un niveau moyen de vulnérabilité (indice compris entre 30 et 45) : ils présentent des similitudes avec la catégorie précédente (situation littorale, ressources en hydrocarbures ou minières comme le Nigeria ou la Guinée, intégration par le tourisme ou les exportations agricoles comme le Sénégal) ; leur vulnérabilité plus marquée peut s’expliquer par la pression démographique dans le cas du Nigeria (pays le plus peuplé du continent avec plus de 175 millions d’habitants), ou celui de l’Égypte où le « miracle du don du Nil » atteint ses limites face à la croissance démographique, malgré les transferts financiers des travailleurs émigrés dans le monde entier ;

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– enfin, les plus vulnérables (indice inférieur à 30), souvent des États classés par les Nations unies dans la catégorie des PMA (pays les moins avancés), les plus pauvres, souvent les plus endettés, exposés aux conflits ou à leurs séquelles (mines et explosifs freinant la mise en valeur des campagnes), aux flux de réfugiés, à la paupérisation de la majeure partie de la population et peinant à tirer profit de quelques gisements ou cultures d’exportation du fait de leur enclavement ou de l’incapacité des gouvernants. On trouve dans cet ensemble aussi bien des États peu peuplés comme la Mauritanie ou le Malawi que quelques-uns des pays les plus peuplés du continent : l’Éthiopie (90 millions d’habitants), la République démocratique du Congo et ses 70 millions d’habitants, ainsi que Madagascar ou l’Angola malgré ses richesses pétrolières. Ainsi, cette carte ne permet pas de déterminer l’évolution de l’indice de vulnérabilité et donc un éventuel développement ; de plus l’échelle étatique

empêche d’affiner l’analyse (par exemple, disparités villes/campagnes). Elle permet simplement d’évaluer l’ampleur des défis du développement du continent africain, des efforts à accomplir par son milliard d’habitants pour diminuer progressivement l’écart qui sépare l’Afrique des autres continents et pour multiplier les situations d’intégration réussie, d’initiatives collectives et individuelles pour sortir des images trop longtemps associées à ce continent : famines, massacres, migrants et bidonvilles. P. 359 Réviser Le professeur adaptera le schéma aux capacités de ses élèves qui pourront ainsi le reprendre dansune composition. Remarque : il est difficile d’envisager que l’on puisse demander aux élèves de mémoriser et de localiser tous les noms d’États africains et de leurs capitales.

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Chapitre 6 L’Asie du Sud et de l’Est : les enjeux de la croissance 1. Le programme Ce thème s’inscrit dans la troisième partie du programme intitulée les « dynamiques géographiques de grandes aires continentales » (Afrique, Amérique, Asie) que le professeur peut aborder dans l’ordre de son choix. Il comprend deux questions : – L’Asie du Sud et de l’Est : les défis de la population et de la croissance ; – Japon-Chine : concurrences régionales, ambitions mondiales. Celles-ci doivent être abordées en 5 heures environ (évaluation comprise). On peut donc consacrer 2 ou 3 heures à chacune des deux entrées. L’Asie du Sud et de l’Est est sans conteste le premier foyer de peuplement du monde (environ 60 % de la population mondiale). C’est aussi l’aire géographique qui connaît en ce début de XXIe siècle la plus forte croissance économique. Les problématiques principales sont les suivantes : – Quelles relations existe-t-il entre démographie, croissance économique et développement dans l’espace le plus peuplé du monde ? – Quelles sont les formes de concurrence et les complémentarités entre le Japon et la Chine en Asie du Sud et de l’Est ? – Quelles sont les ambitions mondiales de ces deux puissances ?

On centrera l’étude sur les éléments suivants : – le poids démographique exceptionnel de l’Asie du Sud et de l’Est en l’envisageant à la fois comme une potentialité et un frein pour le développement ; – les effets de la croissance économique sur les territoires et le développement ; – la concurrence et les tensions entre Japon et Chine en Asie mais aussi leur interdépendance économique ; – la volonté d’affirmation des deux États à l’échelle mondiale. 2. Le point de vue des auteurs • L’organisation de ce chapitre s’appuie sur la mise en œuvre proposée par le programme. Il comporte deux sous-ensembles : les défis de la population et de la croissance ; la mise en évidence des concurrences régionales et des ambitions mondiales du Japon et de la Chine selon un axe comparatif. • Les limites géographiques adoptées vont de l’Inde (le Pakistan est donc exclu) aux États himalayens, au Bangladesh, à l’ensemble de l’Asie de l’Est et du Sud-Est (Chine, Mongolie, Corée du Nord et Corée du Sud, Japon, Taïwan, Myanmar, Laos, Cambodge, Vietnam, Malaisie, Indonésie, Philippines). • La réflexion engagée permet de bien faire la différence entre croissance et développement dans un continent où les différences de niveau de vie sont très importantes entre les États et les territoires à d’autres échelles, où un certain nombre de défis majeurs se posent (défis éducatifs, alimentaires, sociaux…). Elle exige également de prendre en compte une dimension géopolitique en comparant les fondements de la puissance du Japon et de la Chine. • Bien évidemment une étude exhaustive de tous les États n’est pas nécessaire. Il s’agit de centrer l’étude de cette aire continentale sur les problématiques induites des trois thèmes de mise en œuvre. L’écueil à éviter pour traiter ce chapitre est de vouloir traiter de l’ensemble du continent asiatique. Il s’agit ici de comprendre les enjeux de la croissance d’une Asie du Sud et de l’Est dont les taux de croissance en cours sont les plus forts du monde. • Les sujets proposés pour s’entraîner au baccalauréat (p. 392-396) correspondent aux grandes questions du programme. 3. L’organisation du chapitre Le chapitre est organisé de la façon suivante : – une double page d’ouverture qui permet de mettre en évidence les grandes questions de l’étude de l’aire continentale asiatique ; – un dossier 1 de deux doubles pages met en relation la démographie et la croissance économique ; il permet de faire le point sur la croissance démographique et sur les défis qu’elle pose en Asie à partir d’un choix de pays représentatifs de la diversité des situations. La croissance économique sera ensuite étudiée de manière globale, puis à des échelles plus fines ; – une première double page de cartes sur le peuplement et la croissance démographique en Asie du Sud et de l’Est ;

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– une double page de cours 1 illustrée de documents sur la croissance démographique asiatique ; – un dossier 2 de trois doubles pages sur les défis de la croissance économique en Asie ; celui-ci s’articule sur la relation entre croissance économique et croissance démographique ; – une seconde double page de cartes met en avant les facteurs de la croissance économique et les dynamiques territoriales ; elle précise également les indices de développement (IDH et RNB) ; – une double page de cours 2 illustrée de documents sur la croissance économique en Asie du Sud et de l’Est ; – une double page de cours 4 interroge : La croissance, à quel prix ? – un dossier 3 de trois doubles pages sur les concurrences régionales et les ambitions mondiales du Japon et de la Chine ; – une double page de cours 4 illustrée d’une carte géopolitique sur les concurrences régionales du Japon et de la Chine ; – une double page de cours 5 illustrée de deux planisphères sur les ambitions mondiales du Japon et de la Chine. – des pages d’exercices d’entraînement et de sujets de Bac comprenant deux sujets de composition et deux analyse de document(s) ; – une page « Réviser » constituée d’un résumé des cours, des chiffres-clés, de quelques sites Internet. BIBLIOGRAPHIE – H. Tertrais, Atlas de l’Asie du Sud-Est, les enjeux de la croissance, Autrement, 2014. – T. Sanjuan, Atlas de la Chine, Autrement, 2013. – T. Sanjuan et P. Trolliet, La Chine et le monde chinois. Une géopolitique des territoires, Armand Colin, 2010. – P. Pelletier, Atlas du Japon, Autrement, 2012. – P. Cadène , Atlas de l’Inde, Autrement, 2008. – V. Gelézeau , Atlas de Séoul, Autrement, 2011. – F Landy, L ‘Union indienne, éditions du Temps, 2002. - R. De Koninck, L’Asie du Sud-Est, Armand Colin, coll. U, 3e édition 2014.

Revues – « Inde, le réveil », hors-série Le Monde, janvier 2014. – « Chine et puissance », Carto n° 19, septembre-octobre 2013. – « Chine, le grand tournant », Problèmes économiques n° 3066, avril 2013. – « Le Japon post-nucléaire », Carto n° 10, mars-avril 2012. – « Le siècle chinois », hors-série Le Monde, novembre 2011. – « La Chine et la nouvelle Asie », Questions internationales n° 48, mars-avril 2011. SITOGRAPHIE – le site de l’ENS Lyon Confluences qui propose des mises à jour sur la question : http://geoconfluences.ens-lyon.fr P. 360-361 Ouverture La photo de Mumbai met l’accent sur la foule dans les rues de la métropole économique de l’Inde ; elle ouvre la voie à la question de la masse démographique indienne, en partie urbaine et, au-delà, à celle du continent asiatique. La photographie des nouveaux quartiers à Pékin permet d’ouvrir le thème de l’émergence grandis-sante de la Chine et, au-delà, pose la question de la croissance économique de l’Asie. P. 362 à 365 Dossier 1 Les défis de la démographie en Asie du Sud et de l’Est Ce dossier composé de 2 doubles pages s’organise autour de la question de la croissance démo-graphique. La croissance démographique est-elle un atout ou un frein pour le développement ? Quels sont les besoins à satisfaire alors que de

nombreux pays sont encore en situation de fragilité économique ? P. 362-363 A. Le premier foyer de peuplement mondial L’Asie du Sud et de l’Est concentre la plus importante masse démographique du monde, soit environ 3,5 milliards d’hommes, c’est-à-dire environ 66 % de la population mondiale… La Chine et l’Inde sont les deux géants démographiques de la planète. Si la Chine est au premier rang, elle pourrait être dépassée par l’Inde à l’horizon 2050. Réponses aux questions 1. L’État le plus densément peuplé est le Bangladesh, suivi de la Corée du Sud, de l’Inde, du Japon et des Philippines. Cela correspond à des

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pays très peuplés pour des superficies de pays très moyennes, à l’exception de l’Inde. 2. Le pays qui compte le plus grande nombre de naissances est l’Inde avec près de 28 millions de naissances chaque année; en effet, malgré l’ancienneté de la politique de limitation des naissances, la fécondité demeure relativement élevée dans certains États très peuplés du Nord du pays (Bihar et Uttar Pradesh notamment) et l’indice de fécondité moyen s’élève à 2.4 en 2012-2013. Le texte 4 précise : « de plus, l’effet de l’inertie démographique ne doit pas être sous-estimé : même si la fécondité baisse, l’accroissement du nombre de femmes en âge d’avoir des enfants contribue à maintenir une croissance élevée ». Ceci explique qu’à terme l’Inde dépassera la Chine comme Etat le plus peuplé du monde 3. La transition démographique est achevée au Japon, ce qui est le signe d’un pays développé à haut niveau de vie. L’accroissement naturel annuel de – 0.2 % est non compensé éventuellement par le solde migratoire dans la mesure où le pays est peu ouvert aux immigrants. L’indice de fécondité de 2013 est très faible : 1,4 enfant par femme. Cette situation démographique explique que d’ici 2100, selon les prévisions du pays, la population japonaise pourrait diminuer de moitié ! L’enfant est souvent considéré comme un fardeau pour la carrière et la vie personnelle, notamment dans une période de difficultés économiques. Selon une enquête de 2009, 40 % des Japonais ne souhaitaient pas avoir d’enfant. Le gouvernement fait pourtant des efforts : augmentation du nombre de crèches et allocation familiale de 13 000 yens (environ 100 euros) par mois et par enfant. 4. La croissance du taux d’urbanisation en Asie depuis les années 2000 est le reflet de la croissance économique et de la métropolisation des sociétés contemporaines. Néanmoins, celle-ci exige des réponses en termes d’emplois urbains, d’habitat et d’équipements. 5. L’Inde est un exemple de pays d’Asie du Sud en retard de développement : forte mortalité infantile, faible taux d’alphabétisation, enfant considéré comme nécessaire pour assurer la retraite ou comme appoint de main-d’œuvre. 6. La Chine a mis en place une politique démographique très stricte pour maîtriser sa démographie, après une politique maoïste qui pendant longtemps considérait la population comme un atout (« un homme, c’est une bouche, mais aussi deux bras »). À la suite des échecs de la politique du Bond en avant et de la Révolution culturelle (la famine est revenue), le contrôle des naissances s’est imposé à partir de 1979. Toutefois la politique de l’enfant unique a son revers : difficulté d’application dans les campagnes où lorsque le premier enfant était une

fille l’infanticide était pratiqué (d’où l’autorisation à partir de 1984 d’un deuxième enfant si le premier est une fille), déséquilibre des sexes par conséquent et vieillissement de la population. C’est à cause d’un vieillissement très rapide que la politique vient d’être revue, fin 2013 : à long terme, cela signifie une baisse de la population active et de mise en place d’un système de retraite généralisé alors qu’aujourd’hui les parents âgés comptent sur leurs enfants. P. 364-365 B. Les défis de la croissance démographique asiatique Cette double page analyse les conséquences de la forte croissance démographique. Réponses aux questions 1. Le déséquilibre des sexes en Asie est une conséquence des infanticides féminins ou du mauvais traitement envers les filles. Des facteurs culturels l’expliquent : la transmission des patrimoines, des patronymes se fait par les hommes. De plus, dans des pays sans système de retraite suffisant, ce sont les fils qui s’occupent de leurs parents âgés. 2. D’après les doc. 7, 8 et 9, les indicateurs de pauvreté multidimensionnelle dans les pays asiatiques sont : l’importance de l’habitat informel, le non-accès à l’eau potable, la malnutrition. 3. Le défi alimentaire à réaliser pour l’Inde est gigantesque puisque 1 enfant sur 2 de moins de 5 ans souffre de malnutrition chronique et on y compte le tiers des humains sous-alimentés dans le monde. Néanmoins l’Inde est engagée dans la Révolution verte (hausse des rendements des céréales), elle a adopté en 2013 une loi pour la sécurité alimentaire (céréales à prix subventionné, distribution gratuite de repas aux enfants, allocations pour les femmes enceintes, mise en place de dispensaires alimentaires). 4. L’Asie est le continent du riz. La rizière inondée est un marqueur socioculturel de l’Asie où le riz, céréale aux fortes qualités nutritives, nourrit plus de 3 milliards d’hommes. 90 % de la production de riz est produite en Asie et 86 % de cette production sont consommés en Asie. Des gestes séculaires et vitaux, notamment pour assurer le repiquage du riz, après la saison des pluies, exigent un travail pénible. Le repiquage, en réduisant la durée d’occupation de la rizière, a permis plusieurs récoltes annuelles sur la même terre. Ceci a longtemps été un atout pour assurer l’alimentation de populations denses. Depuis la mise en œuvre de la Révolution verte, puis la « Révolution doublement verte » l’utilisation des semences hybrides a conduit à une très forte augmentation des rendements, conduisant l’Inde pratiquement à l’autosuffisance alimentaire.

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5. La Chine est le plus important loueur ou acheteur de terres à l’étranger. Ses besoins en terres cultivables sont importants à cause de leur diminution liée à l’urbanisation, à l’érosion des sols et à des contraintes du milieu alors que ses besoins agricoles sont immenses pour nourrir une population dont le niveau de vie s’améliore. L’Afrique est le continent le plus concerné par les localisations ou achats venant de Chine, Inde, Corée du Sud.

Synthèse La croissance démographique élevée pose la question de la croissance économique et, à terme, celle du développement. Beaucoup d’États d’Asie du Sud et de l’Est sont encore dans l’impossibilité de gérer les questions d’éducation, de santé, d’emplois, de logements (bidonvilles), d’accès à l’eau… Même la Chine, dont le taux de croissance économique fléchit, est confrontée à ces difficultés. Malgré l’importance de la culture du riz, céréale d’Asie particulièrement nutritive, la sécurité alimentaire est toujours mal assurée. La pression sur les terres agricoles est telle que de nombreux États louent des terres agricoles à l’étranger, notamment en Afrique. Les facteurs qui permettent d’envisager un ralentissement de la croissance démographique sont la généralisation de la transition démo-graphique dans la plupart des pays, notamment les plus peuplés, la mise en place de politiques démographiques coercitives comme en Chine, les efforts dans le domaine de l’éducation des femmes et un vieillissement des populations, notamment au Japon et en Chine. P. 366-367 Cartes 1 La démographie en Asie du Sud et de l’Est • La carte 1 est le reflet de la physionomie actuelle en termes de densité de population ; elle localise également les principales mégapoles d’Asie. Les densités de population sont représentées à deux échelles différentes : à l’échelle nationale pour les États relativement peu étendus comme le Vietnam, la Thaïlande ou la Corée du Sud ; à l’échelle infra étatique pour les États géants (États indiens, provinces chinoises ou îles indonésiennes). Ce choix cartographique vise à faire remarquer les importants contrastes en termes de peuplement, notamment entre, d’une part, la Chine littorale et des grandes plaines et, d’autre part, la Chine de l’Ouest et du Nord, à la densité beaucoup plus faible. • La carte 2 montre les évolutions de la démo-graphie puisqu’elle se fonde sur le taux d’accrois-sement naturel qui permet de comprendre l’évolution de la population par pays et le taux de

croissance de la population urbaine. Cette carte permet d’envisager des perspectives d’avenir. On pourra aisément identifier : – les États ayant achevé leur transition démographique : la croissance de leur population est désormais très ralentie voire nulle comme celle des pays développés et émergents (Chine et Japon, notamment) ; – des États qui entament seulement leur transition démographique : ils se caractérisent encore par une croissance démographique forte (Inde, États de la péninsule indochinoise, Indonésie et Philippines).

Réponses aux questions 1. Les régions les plus densément peuplées de l’Asie du Sud et de l’Est sont les régions littorales (voir Japon, Chine, Bangladesh) ou les régions des grandes plaines (plaine indo-gangétique de l’Inde du Nord), les deltas et les plaines permettant les cultures de céréales notamment. 2. La carte montre un contraste majeur entre la Chine (taux d’accroissement très faible) et le reste de l’Asie du Sud et de l’Est. 3. La croissance urbaine accompagne la croissance économique de l’Asie. Un fort exode rural alimente cette croissance.

P. 368-369 Cours 1 La croissance démographique asiatique Cette double page synthétise les spécificités du peuplement et ses dynamiques. Les documents face au cours fournissent des exemples à l’échelle des États (Japon et Inde) et des villes (Jakarta).

Réponses aux questions • Un dividende démographique (ou bonus) renvoie à une situation favorable de la croissance démographique à un moment donné : baisse de la fécondité sans que le vieillissement devienne une charge. • Cette croissance démographique explique l’abondante main-d’œuvre, l’énorme marché de consommation potentiel mais demeure cependant lourde de défis : « il faut que [ces jeunes] soient en bonne santé, raisonnablement éduqués et formés, et que des emplois les attendent ». Or, la situation sanitaire de l’Inde est loin d’être satisfaisante, notamment pour les plus pauvres et le système éducatif, tout en étant reconnu pour la formation d’ingénieurs, d’informaticiens, de médecins, demeure largement perfectible pour la formation de techniciens et de cadres moyens. Quant à la création d’emplois, elle dépend du rythme de la croissance économique et ne parvient pas à répondre aux demandes de tous les jeunes et des millions de ruraux quittant les campagnes. Enfin, le texte pointe un autre défi : l’égalité hommes-femmes et notamment l’accès de ces dernières

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aux emplois salariés, encore très largement inférieur à la moyenne des pays émergents. P. 370 à 375 Dossier 2 Les défis de la croissance économique en Asie de l’Est et du Sud Après avoir analysé l’importance du peuplement, de la croissance démographique et urbaine, ce dossier apporte des éléments de réponses économiques pour relever les défis de la population. Néanmoins, la croissance n’est pas toujours synonyme de développement. P. 370-371 A. Une croissance rapide : acteurs et modalités La diversité des documents permet de cerner les acteurs de la croissance économique : intégration dans la mondialisation, États, entreprises, main-d’œuvre, équipements.

Réponses aux questions 1. Le modèle de la croissance économique est venu du Japon. Il s’est ensuite diffusé dans toute l’Asie selon « un vol d’oies sauvages ».

Pour aller plus loin Dans un contexte général où l’État est au service de l’ouverture économique (notamment au Japon), de nombreux pays d’Asie de l’Est ont adopté une stratégie de développement dite « en vol d’oies sauvages » ou « en auréoles » de croissance. L’expression de « vol d’oies sauvages » a été créée par l’économiste Akamatsu Kaname en 1937. Parti du Japon, ce modèle se décline en vagues successives, chaque vague recouvrant en partie celle qui la précède. Dans un premier temps, l’industrialisation s’appuie sur une vague d’importations de produits manufacturés, puis dans un deuxième temps sur une politique de substitution aux importations et d’une augmentation de la production nationale ; une troisième phase transforme celle-ci en secteur exportateur, les exportations prenant le relais du marché intérieur. En 1982, l’économise Shinohara y ajoute une quatrième étape avec le vieillissement des produits et la montée des coûts de fabrication, la délocalisation des unités de production devient nécessaire. Celle-ci entraîne des investissements directs dans des pays d’Asie à faible coût de main-d’œuvre. Ainsi les différences de niveau économique entre les États sont le moteur de la stratégie qui se diffuse dans l’espace et dans le temps. Comme l’écrivent les auteurs de Géopolitique de l’Asie (sous la direction de P. Pelletier, Nathan, 2006), « le pays « éclaireur » [le Japon ]entraîne donc dans son sillage d’autres nations voisines, dont le

développement décalé dans le temps est le moteur de la continuité de sa propre croissance ». Par conséquent, il convient de montrer aux élèves que l’industrialisation, partie du Japon dans les années 1950, s’est étendue progressivement aux États voisins qu’on a surnommés les « Dragons » (Corée du Sud, Taïwan, Hong Kong, ancienne colonie britannique), pour s’étendre ensuite aux autres pays de l’Asie du Sud-Est avec un décalage de 20 à 30 ans sur le Japon. La Chine avec ses spécificités, dans le cadre de sa politique d’ouverture à l’économie mondiale (le « socialisme de marché »), connaît aussi une forte croissance économique liée à son rôle d’atelier. C’est donc dans un contexte de mondialisation et de nouvelle division internationale du travail que de nombreux États d’Asie du Sud-Est, disposant d’une main-d’œuvre abondante et bon marché, ont mis en avant leurs avantages comparatifs. Ils fabriquent des produits à forte intensité de main-d’œuvre qui alimentent leurs exportations.

2. Le rôle dirigiste de l’État chinois apparaît claire-ment : rôle décisionnel dans le renforcement de la politique d’ouverture à travers la création de zones de libre-échange avec une fiscalité avantageuse et des équipements, la possibilité de transactions financières. L’État conserve son rôle majeur d’acteur économique pour poursuivre le développe-ment économique et social de la 2e puissance écono-mique mondiale. 3. Le coût de la main-d’œuvre asiatique est un facteur déterminant pour les « industries dites de main-d’œuvre » : textile, fabrication électronique (de type téléphone mobile et ordinateur), jouets… 4. Le transport aérien s’impose comme un facteur d’intégration dans la mondialisation pour les marchandises (avions-cargos pour le fret) et pour la circulation des hommes (élites, entrepreneurs, touristes), d’où la place croissante des grands aéroports d’Asie dans les classements mondiaux. 5. Les États qui connaissant la croissance économique la plus rapide sont la Chine et l’Inde, deux pays appartenant au groupe des BRICS.

P. 372-373 B. Des territoires de la croissance économique Après avoir mis en avant les acteurs de la crois-sance, cette double page territorialise la croissance à différentes échelles spatiales en mettant en avant un facteur-clé : la fonction de hub et la haute technologie (Singapour), l’industrie (Gujarat et Ulsan), les fonctions de services (Pudong).

Réponses aux questions 1. Singapour est un hub mondial. La Cité État contrôle le détroit de Malacca, un détroit stratégique pour le commerce mondial, ce qui en

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fait le 3e port mondial. C’est aussi un centre financier majeur, de hautes technologies et d’industries lourdes. C’est un État moteur de la mondialisation (cf. doc. 7 p. 267). 2. Les atouts de la croissance indienne sont sa main-d’œuvre et ses entrepreneurs. Cependant, d’un État à l’autre, la fiscalité et les contraintes pesant sur les entreprises peuvent changer. De plus, ce système des ZES est limité à quelques territoires choisis, ce qui accroît les inégalités socio-spatiales. 3. Les places boursières asiatiques ont pris rang dans la mondialisation financière. Tokyo, bien sûr, ville globale, mais aussi Séoul, Singapour, Hong Kong, villes mondiales, et Shanghai, place financière émergente, symbole de la vitalité chinoise. 4. Les États d’Asie ayant fondé leur croissance éco-nomique sur l’intégration dans la mondialisation, les façades maritimes sont devenues les interfaces privilégiées d’un commerce mondial qui s’effectue à 80 % par voie maritime.

Pour aller plus loin Un territoire de la croissance économique en Inde : Bangalore (cf. doc. 11 p. 268) Cette ville d’environ 8,5 millions d’habitants est la « Silicon Valley » de l’Inde. Ce centre universitaire et de recherche scientifique est situé dans l’État du Karnataka, dans le sud-est de l’Inde. Avant l’Indépendance, elle était une ville de garnison des Britanniques qui appréciaient la fraîcheur relative de son climat. Elle fut aussi un centre de télécommunications pour l’Asie durant la Seconde Guerre mondiale. Son économie était fondée sur le textile. Néanmoins, le maharaja de Mysore y avait déjà transféré sa capitale et créé des établissements d’enseignement technique. Une entreprise publique, Hindustan Aircraft (aujourd’hui HAL), installée pendant la Seconde Guerre mondiale, fut le point de départ d’un développement des industries de pointe. Au cours des années 1950 et 1960, s’y développèrent des établissements publics de recherche ou de production ; dans les années 1970 des entreprises d’État et dans les années 1980 des entreprises privées de microélectronique et enfin des multinationales. Ainsi émerge le « Silicon Plateau » de l’Inde. Bangalore occupe une place grandissante sur le marché international des NTIC. P. 374-375 C. Croissance et développement : les limites Les documents mettent ici l’accent sur les inégalités socio-spatiales de la croissance, les limites de celle-ci, la vulnérabilité de certains États et les conséquences sur l’environnement

d’une croissance sans limites (en Chine, par exemple). L’Asie est le continent de tous les excès. La consommation d’énergie explose en Chine, notamment la consommation d’hydrocarbures et de charbon, en lien avec la forte croissance éco-nomique. Pour réduire sa dépendance énergétique, la Chine se tourne progressivement vers les énergies renouvelables : hydroélectricité (le grandiose barrage des Trois-Gorges est un symbole), énergie solaire et énergie éolienne. La carte 16 met en avant toute une série de pollutions et de conséquences sur l’environnement qui sont particulièrement importantes en Chine par suite d’une utilisation très extensive des ressources. Les pollutions affectent les terres agricoles, les villes. De plus, les atteintes environnementales exposent toujours davantage les populations aux risques (cf. doc. 3 p. 381). Si les conditions des milieux peuvent expliquer certains aléas, notamment dans l’Ouest de la Chine, ce sont surtout les facteurs anthropiques qui expliquent les plus grands risques. Le barrage des Trois-Gorges est un équipement dont le gigantisme tente de répondre aux besoins énormes en eau douce de la Chine pour la consommation domestique de 1,4 milliard d’hommes, l’irrigation, l’industrialisation et l’urba-nisation. Construit sur le fleuve Yangzi, c’est un ouvrage hors normes dont l’ampleur rappelle d’autres réalisations de l’histoire chinoise comme le Grand Canal. La construction s’est achevée en 2009. Il est haut de 185 mètres et long de 2 309 mètres avec un réservoir en amont de 39,3 km3, long de 663 km. Sa première fonction est de réguler le débit du fleuve afin de limiter les risques d’inondation en aval. Une centrale hydroélectrique d’une puissance de 18 200 MW fournit l’énergie aux provinces intérieures et littorales jusqu’à Shanghai. Il renforce aussi la navigabilité du fleuve. Bien évidemment, ces aménagements ne vont pas sans modifier l’environnement notamment sur les grands lacs du bassin-versant comme ceux de Dongting et Poyang. La construction du réservoir en amont peut contribuer à l’assèchement du lac si les pluies sont insuffisantes dans la mesure où l’eau est stockée en amont.

Réponses aux questions 1. Les documents sont révélateurs des contrastes de développement en Asie : très haut niveau de vie au Japon, 3e puissance économique du monde ; très grande pauvreté en Asie du Sud-Est (Cambodge, Philippines), croissance rapide sans contrôle sur les milieux pour la 2e puissance économique du monde, la Chine. 2. Les principaux aléas naturels en Asie sont les tremblements de terre, souvent associés à des tsunamis (qui peuvent déclencher eux-mêmes des

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catastrophes technologiques comme celle de Fukushima après le séisme de magnitude 9 qui a frappé en mars 2011 le Nord-Est du Japon) ; de fortes inondations ; des cyclones (typhon Haiyan aux Philippines) ; des éruptions volcaniques. Ces aléas, quand ils affectent des économies mondialisées (Japon, Chine, Indonésie), ont des conséquences mondiales en termes d’approvisionnement (rupture de la production et des flux). La pauvreté rend plus vulnérable un État, une région, car les mesures de prévention, de gestion des risques sont insuffisantes. 3. Les sources de pollutions en Chine sont diverses : production industrielle, agricole, transports… Face à la contrainte hydrique, la Chine s’est lancée dans des programmes de grands travaux : construction de barrages (les Trois-Gorges) et transferts d’eau (projets de dérivation des eaux du Yangzi vers Pékin). 4. La sécurité des approvisionnements est une nécessité pour un pays qui est l’atelier du monde, qui pratique une économie extensive, qui manque de terres cultivables… La Chine met à contribution beaucoup d’États, essentiellement, africains pour s’approvisionner ou elle s’y installe pour y produire. P. 376-377 Cartes 2 Croissance et développement en Asie du Sud et de l’Est • La carte 1 montre les facteurs et les territoires de la croissance économique en Asie du Sud et de l’Est. L’accent est mis sur les équipements de transports, les étapes de l’intégration dans la mondialisation (à mettre en relation avec le doc. 1 p. 370), l’essor des villes, centres majeurs d’impulsion de la mondiali-sation et la diffusion de la croissance depuis les littoraux vers l’intérieur des États (Chine notam-ment), ce qui explique les inégalités spatiales de la croissance à l’échelle des États d’Asie, mais aussi à l’intérieur des États où celle-ci profite surtout aux villes et aux façades. En Chine et en Inde, ce sont en effet les façades maritimes et les régions urbaines portuaires qui sont les territoires les plus développés. Les grands axes transcontinentaux de désenclave-ment sont un facteur d’ouverture sur les régions continentales eurasiatiques et permettent la mise en relation de celles-ci avec les régions littorales particulièrement dynamiques. Les points communs des espaces de forte croissance sont nombreux : ce sont des hubs, des espaces récepteurs d’IDE et intégrés dans la NDIT, des régions métropolitaines. Singapour et Hong Kong sont non seulement des carrefours de l’Asie, mais aussi des carrefours mondiaux majeurs.

L’intégration dans la mondialisation renforce le rôle des littoraux et des grands organismes portuaires car ils sont au cœur des échanges maritimes. Quant aux métropoles, elles sont des centres de décision et des centres industriels.

• La carte 2 indique l’IDH et le RNB des États de l’Asie du Sud et de l’Est. Les seuils retenus pour l’IDH (données de 2007 sur la carte source) affaiblissent les contrastes : pour preuve le Japon apparaît dans la même classe qu’une grande partie de la Chine littorale, tout comme Brunei. Ils correspondent à peu près aux quatre groupes distingués par l’ONU ; les États très développés comme le Japon (IDH de 0,884 en 2010, au 10e rang mondial) étant dans le même ensemble que les États à développement élevé comme la Malaisie (0,744 seulement en 2010). N.B. : rappelons que le mode de calcul de l’IDH a été modifié en 2010 et que les séries statistiques présentent donc une discontinuité. L’IDH a été ici cartographié à l’échelle infra-étatique en Chine et en Inde, ce qui souligne les contrastes entre Chine littorale et Chine intérieure. On peut aussi relever la différence globale de niveau de développement entre la Chine (IDH de 0,663, au 81e rang mondial) et l’Union indienne (IDH global de 0,519, au 111e rang mondial). Ces données permettent également de relativiser l’émergence économique de ces puissances et de montrer le chemin qu’il reste à parcourir en termes de développement humain. Les deux grandes puissances économiques de l’Asie sont le Japon et la Chine. Le Japon est la 3e puissance mondiale : la Chine l’a récemment dépassé pour devenir la 2e puissance économique. Ce statut de la Chine est le résultat d’un essor économique très rapide à la suite de l’ouverture du pays et de son insertion dans la mondialisation. Le continent asiatique compte par ailleurs de nombreux États dont les niveaux de développement sont très divers : Taïwan, la Corée du Sud sont des États développés, l’Union indienne est la puissance émergente de l’Asie du Sud, mais le Bangladesh, les États himalayens ou encore le Laos sont des PMA. Le Bangladesh est l’un des pays les plus pauvres du monde, au 122e rang mondial pour son IDH (0,469 en 2010) ; 84 % de sa population vit avec moins de 2 dollars/jour.

Pour aller plus loin Les atouts du Japon en Asie du Sud et de l’Est sont ceux d’une puissance développée disposant de centres de recherche performants et spécialisés dans des industries de haute technologie : télé-phonie, informatique, robotique, électronique, semi-conducteurs. Les firmes sont très puissantes et souvent en tête du marché mondial. Les investissements dans la recherche-

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développement ont débuté après la phase dite de « haute croissance » grâce à la coopération entre l’État et les firmes privées (les puissants keiretsu), avec le soutien du MITI. Dès la fin des années 1970, le retard technologique du Japon sur les États-Unis était comblé. Ce développement des hautes techno-logies s’est accompagné de recompositions spatiales dans le cadre d’un plan « Technopolis » (1983-1998) lancé par le MITI (METI aujourd’hui), avec la réalisation de technopoles essentiellement situées dans la Mégalopole (18 technopolis »sur 26 sont sur la façade Pacifique) et sur les axes du Shinkansen, la plus connue étant Tsukuba. Réponses aux questions 1. Les espaces de forte croissance sont au sein des États, les villes métropolitaines et les façades littorales. 2. Plusieurs villes jouent un rôle de carrefour : Hong Kong, Singapour, Mumbai, Shanghai. 3. Les États les plus développés sont le Japon, la Corée du Sud, Hong Kong (Chine), Singapour et Brunei. 4. Les contrastes les plus importants en Chine et en Inde sont entre régions littorales et régions intérieures et entre villes et campagnes. La façade maritime de la Chine est le territoire qui a bénéficié, par étapes successives, de l’ouverture de l’économie « socialiste de marché ». L’ouverture s’est faite du sud de la Chine littorale vers le nord.

Pour aller plus loin L’Asie du Sud et de l’Est est engagée dans un processus de développement d’industries innovantes. À cet effet, les pays les plus avancés, qui disposent d’une main-d’œuvre bien formée, souvent anglophone, s’engagent avec le concours de l’État et en liaison avec le développement d’universités, dans la création de territoires d’innovation. C’est une démarche indispensable dans le cadre de la mondialisation et de la NDIT où les avantages comparatifs sont un élément déterminant de la croissance économique. Ces territoires d’inno-vation, qui disposent de moyens de communication performants, prennent diverses formes : des technopoles selon le modèle californien (cf. doc. 10 p. 268) , des parcs scientifiques, des hubs intégrés aux réseaux mondiaux de communication, des zones franches à fiscalité avantageuse. L’idée est souvent de développer des produits de haute qualité en sous-traitance pour des firmes occidentales (cf. étude de cas du chapitre 2 sur le téléphone mobile).

Synthèse Les inégalités de croissance des États de l’Asie du Sud-Est ont plusieurs causes : la plus ou moins forte insertion dans la NDIT (importance différenciée des IDE), les différentiels de coût de

la main-d’œuvre, les stratégies de développement adoptées, l’exis-tence ou non de richesses naturelles (hydro-carbures notamment). P. 378-379 Cours 2 La croissance économique asiatique Le cours synthétise les questions évoquées dans le dossier et propose trois documents illustrant le cas de trois pays majeurs. Réponses aux questions La carte 1 rappelle les décisions prises par les autorités chinoises à partir de 1978 (Deng Xiaoping) pour ouvrir quelques territoires littoraux au commerce. Les inégalités d’intégration à la mondialisation entre les régions chinoises reflètent les stratégies successives de développement et d’ouverture des territoires aux IDE venus des « Chine extérieures » : Hong Kong, Taipei, Singapour et des pays occidentaux : mise en valeur prioritaire des provinces méridionales dans les années 1980 avec la création de quatre zones économiques spéciales ouvertes (Zhuhai, Shenzhen, Shantou, Xiamen) puis du littoral (les zones périurbaines de développement économique et technique de quatorze villes côtières en 1984, dont Canton, Shanghai, Tianjin et Dalian), les trois zones économiques ouvertes d’échelle régionale en 1985 (delta de la rivière des Perles, sud du Fujian, delta du Yangzi) et une cinquième zone économique spéciale en 1988 (Hainan). Ceci explique notam-ment la très forte croissance de ses villes portuaires. Progressivement, les villes de la Chine du centre (région de Chongqing et axe de la vallée du Yangzi) bénéficient à leur tour de cette politique car les coûts de main-d’œuvre y sont inférieurs à ceux des villes littorales. • La carte 3 illustre un processus mégalopolitain comme il en existe dans d’autres pays développés (revoir chapitres 2 et 3 du manuel). Ce processus se fait par coalescence de diverses aires métro-politaines entre Séoul et Busan en passant par Daejon et s’appuie sur la construction de puissants moyens de transports, autoroutes et ligne ferroviaire à grande vitesse notamment. P. 380-381 Cours 3 La croissance à quel prix ? La croissance économique s’accompagne d’inégalités sociales et d’atteintes environ-nementales graves. La croissance conduit-elle au développement durable ?

Commentaires des documents • Doc. 1. L’exportation d’huile de palme est un facteur majeur d’intégration dans la mondialisation pour la Malaisie (et l’Indonésie),

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mais les plantations ont conduit à une destruction massive des forêts, qui est aujourd’hui dénoncée. • Doc. 3. Les pollutions en Chine sont importantes et de nature diverse dans la mesure où l’État a d’abord choisi de développer la croissance écono-mique du pays. Le document proposé (dont la source s’appuie sur les rapports d’une ONG) révèle la nature des pollutions liées à l’industrie textile et qui mettent en danger la santé des ouvriers du secteur : pollution aux métaux lourds, pollutions des eaux rejetées dans les rivières. • Doc. 2. Le tsunami du 11 mars 2011, qui a suivi un séisme de forte magnitude, a été un événement majeur pour le Japon. En effet, au-delà de la catastrophe locale (30 000 morts, 100 000 sans-abri, 147 milliards d’euros de destruction), la catastrophe de Fukushima induit une réflexion sur les dangers des centrales nucléaires dans l’ensemble des pays industrialisés. Celle-ci a eu lieu dans un pays riche et préparé plus que d’autres (nombreux séismes) à des événements violents. Si les conséquences économiques sont très impor-tantes (mise hors service d’usines de composants électroniques nécessaires au fonctionnement d’autres industries, conduisant à la réduction de la production dans le monde comme Toyota, déficit énergétique…), le Japon a rapidement surmonté la catastrophe. Néanmoins, celle-ci conduit à repenser certaines implantations industrielles (déconcentrer pour minimiser l’impact, mieux protéger les plaines littorales) et la politique énergétique du pays alors que celui-ci développait le nucléaire civil. P. 382 à 387 Dossier 3 Japon-Chine : concurrences régionales, ambitions mondiales Ce dossier en 3 doubles pages propose une dé-marche comparative. Il met en avant la diversité des atouts de puissance de la Chine et du Japon. La Chine se pense en puissance globale, c’est-à-dire qu’elle souhaite disposer de tous les atouts de puissance : puissance diplomatique, militaire, économique… La puissance économique de la Chine devient un atout mondial. Sur le « modèle de croissance asiatique », la Chine devient l’atelier du monde, s’ouvre aux flux d’IDE. Par ailleurs elle investit dans le monde pour assurer ses besoins en énergie, en métaux rares, en terres arables. Elle est présente en Afrique, en Amérique, en Asie centrale… Elle s’intéresse même à l’Arctique (un nouvel eldorado ?) alors qu’elle n’est pas une puissance riveraine. À noter toutefois que la croissance de l’économie chinoise est dépendante des marchés occidentaux car sa consommation intérieure n’est pas un relais suffisant. Mais, si la Chine dispose de tous les facteurs de

puissance (hard power et soft power), le Japon s’appuie sur des facteurs de soft power : investisse-ments financiers, accords avec des firmes occidentales (Renault-Nissan), construction d’unités de production à l’étranger (Toyota à Valenciennes), recherche-développe-ment au service des industries de haute technologie, diffusion culturelle (cinéma, mangas). P. 382-383 A. À l’échelle régionale : interdépendances et rivalités Les documents proposés ici permettent une analyse comparative des atouts respectifs de la 2e et de la 3e puissances économiques du monde pour s’affirmer en Asie.

Réponses aux questions 1. La Chine pour les importations et les exportations. 2. Alors que dans le cadre de la mondialisation on assiste à des regroupements régionaux dans le cadre du libre-échange, il n’y a pas en Asie d’organisation économique commune à cause notamment des rivalités entre le Japon et la Chine. On compte de très nombreuses organisations régionales dont les membres divergent de l’une à l’autre, signe de tensions économiques : la Commission économique et sociale pour l’Asie et le Pacifique (1947), l’Association des nations du Sud-Est asiatique (ANSEA ou ASEAN en anglais, 1985), la Coopération économique Asie-Pacifique (APEC en anglais, 1989). On peut aussi mentionner l’entrée en vigueur de l’accord de libre-échange asiatique (ALEA ou AFTA en anglais Asean Free Trade Agreement) entre six pays de l’ASEAN (2005) et l’entrée en vigueur de l’AFTA entre les pays de l’ASEAN et la Chine en 2010. Ces divers accords laissent plus ou moins en marge le Japon ; cela s’explique par les ressentiments hérités de la Seconde Guerre mondiale et de l’occupation japonaise de nombreux territoires asiatiques mais aussi parce que le Japon fut le premier État développé dans la région et n’estimait pas nécessaire, dans les années 1970-80, de se lier par des accords de libre-échange avec des États alors nettement moins développés que lui ou largement autarciques à cette époque. Enfin, à l’époque de la Guerre froide, le Japon, allié et protégé des États-Unis, était considéré comme un « ennemi potentiel » par les États communistes tels que la Chine ou le Vietnam. 3. La Chine tente de s’imposer en Asie par son économie, par le renforcement de sa puissance militaire et par des actions multiformes. Elle adopte une politique de médiateur à propos de la Corée du Nord (pour éviter la présence de troupes étatsuniennes dans une Corée réunifiée et des rectifications de ses frontières), de

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partenariat avec la Russie et les États d’Asie centrale (énergie), s’invite ou signe des partenariats avec les associations économiques régionales, notamment l’ASEAN (affirmation de son rang de puissance économique) et elle est membre de la commission du Grand Mékong, une instance de coopération économique entre la Birmanie, le Cambodge, le Laos, la Thaïlande, le Vietnam et la province chinoise du Yunnan. 4. Le Japon demeure très dépendant des États-Unis pour sa sécurité depuis sa défaite. Néanmoins, le Japon multiplie les initiatives pour se rapprocher de nombreux États d’Asie, mais non sans difficultés. Le Japon ne dispose pas de tous les atouts d’une grande puissance (pas de siège permanent au Conseil de sécurité de l’ONU, pas d’armée en tant que telle, sa sécurité est assurée par les États-Unis, pas de dissuasion nucléaire…). Il continue d’accorder la priorité à ses liens politico-militaires et commerciaux noués avec les États-Unis après sa défaite dans la Seconde Guerre et au cours de la Guerre froide (aide économique et sécurité militaire). Néanmoins, en envoyant des troupes au Cambodge en 1993, au Timor oriental et en Irak, le pays a de fait rompu avec le principe de non-belligérance inscrit dans sa Constitution. La réorientation récente de sa politique militaire (Livre blanc de la défense) lui permet de renforcer ses forces d’autodéfense qui lui tiennent lieu d’armée. Sans le dire, le Japon désigne son « ennemi », à savoir la Chine Les facteurs de puissance du Japon sont d’abord économiques. Ce sont les grandes firmes mondiales japonaises (Sony, Nikon, Toyota, Nissan…) qui assurent sa présence dans le monde. Il est membre de l’OMC et demeure, pour la vingt-troisième année consécutive, le 1er créancier mondial devant la Chine et l’Allemagne (cf. Le Monde, 27 mai 2014). Le Japon n’a pas encore retrouvé tous les attributs de la puissance géopolitique. P. 384-385 B. À l’échelle mondiale : deux ambitions géopolitiques dissemblables Sur le plan militaire, la Chine s’affirme comme une puissance majeure. Son budget militaire est croissant (voir carte chapitre 1 p. 226 et carte 1 p. 389). Elle se dote de moyens pour affirmer un rôle géopolitique à la mesure de sa puissance économique. La Chine qui aspire à jouer un rôle mondial (le modèle américain est à la fois admiré, copié et honni) a renoué des relations diplomatiques avec les États-Unis et ses alliés, après la visite de Nixon à Pékin en 1972 et leur reconnaissance mutuelle en 1979 ; elle fait partie de toutes les institutions internationales et de l’OMC. Elle dispose d’une très importante armée (2e budget militaire mondial) et devient une puissance spatiale. Grâce

à ses Instituts Confucius présents dans de nombreux pays et à sa diaspora, elle diffuse sa culture. Cependant, la Chine n’a pas vocation à être un « gendarme du monde », elle ne souhaite pas imposer ses valeurs. « Elle modifie les équilibres mondiaux, mais reste encore loin de pouvoir s’imposer comme une puissance mondiale prônant des idéaux universels. » (T. Sanjuan)

Réponses aux questions 1. Pour être une puissance globale, la Chine joue sur divers tableaux. Elle se dote de moyens militaires (3e budget militaire du monde, gros effort de modernisation de son armement) et se lance dans un programme spatial ambitieux. Elle se veut présente dans les grandes organisations internationales pour peser sur les décisions du monde (elle est membre du Conseil de sécurité de l’ONU, de l’OMC). Elle développe aussi un soft power grâce à des investissements en Asie, mais aussi partout dans le monde, par sa contribution au budget de l’ONU. 2. La Chine s’affirme en tant que puissance globale en affichant hard power et soft power. Elle est aussi un leader des BRICS par sa puissance économique et financière, par les liens qu’elles tissent partout dans le monde (forte présence sur le continent africain) sa participation au G20… 3. Les États-Unis sont un acteur incontournable en Asie orientale à la suite de leur rôle décisif lors et après la Seconde Guerre mondiale, et ils assurent la sécurité du Japon. Ils ont été présents au cours du XXe siècle par exemple en Corée du Sud, au Vietnam. 4. Le Japon joue la carte de l’aide financière (deuxième contributeur au budget de l’ONU) et de l’aide technique pour affirmer une présence dans le monde (Asie, Amérique latine, ONG et organisations internationales). 5. Un écart du simple au double pour la contribution au budget de l’ONU entre la Chine et le Japon. Via sa position de deuxième contributeur, le Japon, bien qu’il ne soit pas membre du Conseil de sécurité (à la différence de la Chine), exerce ainsi un certain lobbying. P. 386-387 C. À l’échelle mondiale : un rayonnement croissant Cette double page met l’accent sur les processus de diffusion de l’influence culturelle de la Chine (doc. 12, 13 et 14) et du Japon (doc. 15, 16 et 17). Ces deux puissances comptent sur leur soft power pour rayonner en Asie et partout dans le monde. Réponses aux questions 1. La Chine peut compter sur le rôle exceptionnel de sa diaspora, forte de 40 millions de Chinois présents partout dans le monde, de sa puissance

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de contrôle sur les moyens d’information (surveillance d’Internet notamment) et ses Instituts Confucius.

Informations complémentaires Voir sur le site Eduscol la fiche concernant la diaspora chinoise (terminales STI 2D, STD2A, STL). 2. Le contrôle qu’exerce la Chine sur les réseaux sociaux, sur Internet, ses cyber-attaques (voir chapitre 1, carte p. 212) est perçu comme une menace sur la démocratie. La Chine a ses propres moteurs de recherche dont Baidu, cinquième moteur le plus utilisé au monde. 3. Le soft power du Japon s’appuie sur sa position très forte dans le secteur des hautes technologies, et les spécificités de sa culture (dessins animés, mangas…) 4. Compte tenu de la très mauvaise image laissée par le Japon en Asie (entre-deux-guerres et Seconde Guerre mondiale), la reconquête ne peut se faire que de manière « tranquille » c’est-à-dire culturelle et économique. P. 388-389 Cours 4 Japon-Chine : des concurrences régionales Le cours, selon une démarche comparative, résume les principales rivalités entre les deux puissances. Face au cours la carte géopolitique de l’Asie du Sud et de l’Est permet de comprendre les forces en présence sur le plan économique, militaire, ainsi que d’identifier les zones de tensions. Parmi ces zones de tensions, on relève celles qui opposent la Chine et le Japon à propos des îles Senkaku/Diaoyu pour le contrôle des ZEE. Réponses aux questions •L’État qui renforce ses capacités navales est la Chine, à la fois par la construction de nouveaux navires et par l’implantation de bases dans des pays amis (« collier de perles»). • Des façades maritimes très puissantes concentrant de très grands ports mondiaux, le détroit de Malacca, détroit stratégique pour le commerce mondial, la présence des flottes américaine et chinoise, de nombreuses îles dont les ZEE avec leurs ressources : autant d’enjeux qui font des espaces maritimes asiatiques des espaces géopolitiques mondiaux. P. 390-391 Cours 5 Japon-Chine : des ambitions mondiales Le cours fait le point sur les ambitions mondiales des deux pays. Les cartes p. 391 affinent les enjeux et reprennent des arguments développés dans le dossier.

P. 392 BAC Composition Sujet 22 L’Asie du Sud et de l’Est : les défis de la population et de la croissance

Ce sujet reprend le libellé d’un point du programme.

Exercices 2, 3 et 4 Exemple de rédaction II. Les défis liés aux exceptionnels taux de croissance démographique et économique sont nombreux. Alors qu’une pauvreté extrême est encore très présente dans certains États (voir la carte des IDH par pays), il s’agit d’abord d’assurer les besoins vitaux des populations : sécurité alimentaire, lutte contre la malnutrition et la sous-nutrition. Ces maux affectent encore fortement certains territoires (Inde, Bangladesh, Cambodge, campagnes chinoises). À cet effet, le développement de la Révolution verte (forte augmentation des rendements des riz hybrides) est une solution adoptée par de nombreux États, dont l’Inde. Il s’agit aussi de faire d’importants efforts pour former, éduquer la population, dans le sens des besoins de l’économie (la Chine fait un exceptionnel effort en matière d’éducation). Enfin, il s’agit de lutter contre les fortes disparités socio-spatiales, notamment dans les villes (Mumbai), entre villes et campagnes (Chine), entre régions (Chine côtière et Chine intérieure).

Les défis sont aussi ceux d’un développement durable. Comment maintenir la croissance économique alors que l’Asie du Sud et de l’Est est confrontée à une concurrence grandissante d’autres pays au sein de la mondialisation et qu’une pression forte s’exerce sur les ressources (la Chine recherche des terres agricoles, des minerais en Afrique) ? Comment élargir les marchés nationaux par une hausse du niveau de vie ? À cela s’ajoutent les compétitions entre États de la région : les pays ateliers sont en concurrence sur les marchés d’exportations ; les pays très développés (Japon, Corée du Sud) sur le marché des hautes technologies, investi progressivement par la Chine. De plus, les pollutions massives et diverses, les émissions de gaz à effet de serre, la dégradation de l’environnement, la vulnérabilité aux catastrophes naturelles (Fukushima au Japon, typhon Haiyan aux Philippines) posent la question d’une meilleure gestion des questions environnementales.

III. Néanmoins les inégalités entre les États sont très fortes. Tous les pays d’Asie du Sud et de l’Est n’ont pas les mêmes défis à surmonter car les niveaux de développement économique sont très variés. Cette portion du monde regroupe tous les types de puissance économique ; des plus développées aux plus pauvres. Le Japon (troisième puissance économique du monde), la

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Corée du Sud, Taïwan sont trois pays développés dont la population vieillit et qui cherchent à maintenir leur avance technologique. La Chine, deuxième puissance économique du monde, nourrit des ambitions mondiales, mais son IDH est encore faible et elle sera bientôt confrontée au vieillissement (aussi la politique de l’enfant unique a-t-elle été revue). L’Inde est une puissance émergente confrontée au défi du nombre et de la pauvreté. Les autres États (parfois très pauvres comme le Bangladesh) connaissent d’importantes difficultés économiques et sociales.

L’Asie du Sud et de l’Est est une aire géographique exceptionnelle par sa démographie et sa croissance économique mais très diverse par ses niveaux de développement. P. 394 BAC Composition Sujet 23 Japon-Chine : concurrences régionales, ambitions mondiales

Exercice 1 Fil conducteur : Pourquoi le Japon, troisième puissance économique du monde, et la Chine, deuxième puissance économique du monde, sont-ils deux pays concurrents dans leur aire géographique d’appartenance, l’Asie ? Comment ces concurrences se manifestent-elles ?

Exercice 2 II. Japon-Chine : des ambitions mondiales diffé-rentes • Les ambitions de la Chine, celles d’une « puissance décomplexée » • Les ambitions du Japon, celles d’une « puissance entravée »

Exercice 3 Voir tableau page suivante.

Exercice 4 Éléments de réponse Le Japon et la Chine sont deux puissances majeures en Asie dont les ambitions sont aussi mondiales. Rivales sur le plan économique et géopolitique en Asie, elles ambitionnent un statut de puissance mondiale. Quels sont les fondements de leurs rivalités en Asie ? Quels sont leurs attributs de puissance ?

I. Deux grandes puisssances de l’Asie orientale 1. Deux puissances économiques partenaires et rivales Japon et Chine : deux économies inter-dépendantes qui se disputent le rang de première puissance économique en Asie : échanges commerciaux croissants entre les deux pays, délocalisations d’entreprises…

– Deux pays rivaux pour leurs investissements en Asie du Sud-Est – Deux pays concurrents pour l’accès aux matières premières – Des productions différentes : d’une part, des produits de haute technologie, de l’autre, surtout des biens de consommation à faible valeur ajoutée mais une montée en puissance sur des produits de qualité (Chine) – Des rivalités affichées dans la mise en place d’une organisation économique régionale : la Chine signe des accords de libre-échange vers les pays de l’ASEAN +3

2. Deux puissances rivales sur le plan géostra-tégique – Des rivalités anciennes liées à l’histoire (occupation de la Mandchourie par le Japon) – Une croissance spectaculaire de la Chine qui fait de l’ombre au Japon – Des tensions grandissantes en mer de Chine : litiges à propos des délimitations des ZEE autour des îles Senkaku/Diaoyu (ressources en hydrocarbures) – Une appréciation différente des rapports de force dans la région : militarisation de la Chine alors que le Japon se range derrière le bouclier américain.

3. Deux puissances de rang différent – Le Japon est un pays développé, Tokyo est une ville de rang mondial –La Chine est un pays émergent de rang mondial où les inégalités entre campagnes et villes, entre régions côtières et régions intérieures sont fortes. Un IDH très moyen.

II. Japon-Chine : des ambitions mondiales différentes 1. Les ambitions de la Chine, celles d’une « puissance décomplexée » • Les moyens des ambitions chinoises : –un rôle d’acteur des relations internationales membre du Conseil de sécurité de l’ONU (cf. le veto sur l’intervention en Syrie), des interventions dans des missions de maintien de la paix ; – le hard power : 2e budget militaire mondial, puissance nucléaire, puissance spatiale ; – le soft power en plein essor : réseaux mondiaux de la diaspora chinoise (40 millions de personnes), instituts Confucius, organisation de grands événements mondiaux diffusant l’image d’une Chine moderne (J.O., Exposition universelle) • L’un des objectifs de la Chine : devenir une super-puissance rivale des États-Unis en s’appuyant sur son exceptionnelle croissance économique.

2. Les ambitions du Japon, celles d’une « puissance entravée »

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• Un pays vaincu de la Seconde Guerre mondiale privé de siège au Conseil de sécurité de l’ONU, privé d’arsenal nucléaire et d’armée offensive, sous la protection militaire des États-Unis. Néanmoins le Japon est « un pays du seuil », c’est-à-dire qu’il dispose de la capacité technologique de devenir une puissance nucléaire • Des évolutions en cours : une augmentation du budget de la défense (le 6e mondial) pour assurer la sécurité du pays, « un pacifisme actif », une présence accrue dans des opérations humanitaires, une importante participation à l’APD (10 milliards de dollars par an) • Les moyens de ses ambitions – l’atout essentiel : sa puissance économique liée à ses grandes entreprises, à sa force d’innovation, à la qualité de la recherche-développement. Le Japon est un pôle moteur de la mondialisation et se situe au 3e rang de l’économie mondiale – son soft power grandissant : mangas, dessins animés, la J-pop le Ccool Japan • L’un des objectifs du Japon : retrouver un statut de puissance politique.

Conclusion Japon et Chine sont deux pôles majeurs de l’économie mondialisée. Leurs atouts sont différents tout comme leur perception de leur place dans le monde Les séquelles de la défaite de 1945 ne sont pas effacées pour le Japon alors qu’en revanche, la Chine affiche ses ambitions mondiales… Elles sont deux puissances incomplètes. Exercice 3

Chine Japon

Deux puissances économiques Partenaires et rivales

doc. 1 p. 382 ˃ 1er

client et 1er

fournisseur du Japon

2e fournisseur et 4

e client de la Chine

Deux puissances rivales sur le plan géostratégique

• doc. 4 p. 383 ˃ rivalités en mer de Chine : litige des îles Senkaku/Diaoyu • doc. 3 p. 384 et doc. 8 p. 384 ˃ une géopolitique multilatérale : puissance mondiale (ONU), puissance régionale (OCS, accords avec des États d’Asie du Sud et de l’Est, protection de la Corée du Nord), forte pénétration économique en Afrique et en Amérique latine • doc. 6 p. 384 ˃ la Chine, puissance spatiale (satellites et vols habités) • doc. 1 p. 389 ˃ puissance nucléaire et membre de l’OCS (organisation de coopération de Shanghai) • p. 390 ˃ budget de la défense : 166 milliards de dollars, 2

e rang mondial

• rivalités en mer de Chine : litige des îles Senkaku/Diaoyu • doc. 5 p. 383 ˃ multiplication des partenariats stratégiques, au-delà de la protection des États-Unis, avec plusieurs États inquiets de la puissance régionale chinoise. • État allié des États-Unis qui y possèdent plusieurs bases aéronavales (cf. doc. 1 p. 391) • budget de la défense : 60 milliards de dollars, 5

e rang mondial

Deux puissances de rang différent

• p. 3801 ˃ RNB/hab/ppa : 9 300 $ • p. 388 ˃ population : 1 360 millions d’habitants • PIB 2012 : 8 360 milliards de $ • IDH : 0,699 (101

e rm)

• p. 385, doc. 10 ˃ 6e contributeur au

budget de l’ONU • p. 386 : puissance du soft power chinois

appuyé sur la diaspora et un réseau très étendu d’instituts Confucius

• RNB/hab/ppa : 36 900 $ • population : 127 millions d’habitants • PIB : 5 960 milliards de $ • IDH : 0.912 (10

e rang mondial)

• 2e contributeur au budget de l’ONU

• doc. 11 p. 385 ˃ 5e rang mondial

pour l’aide au développement • p. 387 : soft power japonais centré sur l’image du Cool Japan

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P. 395 Analyse de documents Sujet 24 L’Asie du Sud et de l’Est : les défis de la population et de la croissance Éléments d’informations sur les documents Document 1 : le taux d’accroissement naturel est une donnée qui a pu être utilisée lors de l’étude du premier sous-thème du chapitre consacré aux défis de la population et de la croissance (cf. carte 2 p. 367 et dossier 1 pages 362-365). Les élèves doivent citer la définition du taux d’accroissement naturel et le mettre en relation avec le processus de transition démographique. Les États asiatiques présentent toute la diversité des stades d’avancement de la transition démographique en relation avec deux facteurs principaux d’expli-cation : le rôle des politiques malthusiennes menées avec plus ou moins d’autorité, voire de violence, depuis la Seconde Guerre mondiale, d’abord au Japon sous l’influence des autorités américaines d’occupation, puis dans d’autres pays comme la

Chine (cf. doc. 5 p. 363), l’Inde ou Singapour, le second facteur d’explication étant la croissance économique et le développement qui s’ensuit. Il convient de demander aux élèves d’approfondir cette typologie en envisageant les conséquences en termes de population active (la main-d’œuvre abondante étant l’un des fondements de la croissance économique) et en termes de défis sociaux de développement (besoins éducatifs, sanitaires, etc.). Leur raisonnement devra aboutir à examiner les conséquences sur la croissance du vieillissement démographique déjà largement entamé au Japon (cf. doc. 2 p. 369) et qui pointe en Chine et en Corée du Sud. La typologie de la diversité des situations pourrait s’établir à partir du modèle ci-après : voir tableau ci-dessous.

État Situation démographique

Situation économique

Niveau de développement

Défis sociaux

Japon Transition achevée : TAN nul

Croissance ralentie et irrégulière

Niveau de développement très élevé ; haut pouvoir d’achat ; main-d’œuvre chère et très compétente

Vieillissement et dépendance ; montée du chômage

Chine Corée du Sud

Transition en cours d’achèvement : TAN très faible

Croissance forte et assez régulière, voire exceptionnelle dans le cas de la Chine

Niveau de développement moyen ou assez élevé ; main-d’œuvre de plus en compétente mais dont le coût s’accroît, surtout en Corée

Actuellement : logement, éducation explosion des inégalités sociales ; prochainement : vieillissement

Inde Transition en cours : TAN assez élevé

Croissance assez forte

Niveau de développement faible à moyen ; main-d’œuvre surabondante, bon marché, inégalement compétente

Défis sanitaires, éducatifs ; problèmes de logements ; montée des inégalités sociales ; un nombre encore très élevé de personnes pauvres

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Document 2 : la photographie montre le principal atout des États asiatiques : l’abondance de la main-d’œuvre, notamment de la main-d’œuvre féminine dans les innombrables usines des « ateliers du monde », assemblant dans le cadre de la NDIT, téléphones, ordinateurs, vêtements, appareils photographiques, jouets, automobiles… exportés dans le monde entier. Le sujet portant sur les défis de la population, on n’attendra pas l’exhaustivité quant aux explications relatives à l’insertion dans la mondialisation, moteur de la croissance économique asiatique. Cependant, on pourra valoriser les copies relevant le lieu de prise de vue de la photographie : Shenzhen, ville champignon du Guangdong, près de Hong Kong, l’une des quatre premières zones économiques spéciales (ZES) choisies comme support de la politique d’ouverture chinoise au début des années 1980, ville passée de quelques milliers d’habitants dans les années 1960 à plus de 9 millions actuellement. Les conditions de travail peuvent être évoquées : des ateliers modernisés appartenant aux entreprises sous-traitantes de tous les grands groupes mondiaux, de très longues heures de travail passées en station debout pour ces jeunes femmes souvent originaires des provinces de l’intérieur, des règlements stricts et des conditions de logement parfois sommaires malgré d’incontestables amé-liorations récentes et la montée des revendications salariales (cf. doc. 11 p. 236).

Plan possible de la réponse organisée : I. La croissance démographique en Asie du Sud et de l’Est : diversité des situations et facteurs d’explication Voir tableau ci-dessus. II. La croissance démographique, un atout : • L’abondance de la main-d’oeuvre, l’une des bases de la croissance économique et de l’insertion dans la mondialisation • La croissance démographique : création d’un marché intérieur dynamique, notamment par la formation de classes moyennes et aisées à pouvoir d’achat croissant. III. La croissance démographique : des défis sociaux et politiques nombreux et très divers : • Une croissance encore forte dans les États les moins développés : un frein à la croissance économique et au développement : immenses besoins sanitaires, éducatifs… • Une croissance fortement ralentie en Chine, en Thaïlande ou en Corée : un maximum d’adultes, gage de croissance et de hausse du niveau de vie ; • Une croissance nulle au Japon : les défis du vieillissement et du déclin démographique programmé…

P. 396 BAC Analyse de document Sujet 25 Les ambitions régionales et mondiales de la Chine

Plans de réponse possibles : I. La Chine, une puissance mondiale tendant à rattraper les États-Unis II. La Chine, une puissance régionale en rivalité avec le Japon

Ou : I. La Chine, une puissance géopolitique majeure – à l’échelle mondiale ; – à l’échelle régionale, mais ses ambitions et le renforcement de sa puissance militaire inquiètent de nombreux États voisins, le Japon en premier II. La Chine, la 2e puissance économique mondiale : – les bases et les manifestations de sa réussite économique dans la mondialisation ; – mais le développement durable n’est pas encore acquis en Chine ; III. Un soft power chinois grandissant, mondial et régional, reposant sur la diaspora ; une forte volonté politique et de puissants moyens financiers permis par la réussite économique

I. La Chine, puissance mondiale : Informations relevées dans le texte – 2e puissance économique mondiale, derrière les États-Unis ; – un modèle de développement, ou plus exactement un modèle de croissance économique et d’insertion dans la mondialisation, fondé sur la production de biens de consommation à faible valeur ajoutée surtout destinés à l’exportation ; une tendance actuelle à la montée en gamme ; – de forts excédents commerciaux et d’immenses réserves financières ; des investissements massifs, d’abord dans les secteurs miniers et pétroliers, puis dans tous les secteurs (exemples : rachat de la branche PC d’IBM par Lenovo en 2005) ; – des IDE chinois notamment vers les pays du Sud, en Afrique en particulier.

Les limites du document Il est nécessaire de mobiliser ses connaissances personnelles pour répondre à la consigne. • Les bases de la croissance chinoise : –un potentiel démographique considérable (main-d’œuvre très abondante, disciplinée, dont le niveau de formation a bien progressé, aux coûts salariaux longtemps faibles, mais un vieillissement prévisible ; – le rôle et les réformes d’un État dirigiste et centralisé (cf. carte 1 p. 379 et texte 2 p. 370) • Les aspects de la réussite économique de la Chine : – l’atelier du monde, exportant des produits manufacturés (cf. carte 2 p. 391 montrant les principaux partenaires commerciaux) ; – le créancier du monde (cf. sur la carte 2 p. 391 les principaux récepteurs d’IDE chinois : aussi bien les vieux pays industrialisés que les pays exportateurs

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de matières premières, en Afrique mais aussi en Amérique, en Asie centrale ou au Moyen-Orient) ; une exception notable : le Japon, assez fermé aux capitaux chinois, mais très dépendant commerciale-ment par le système de sous-traitance de ses FTN ; • Le soft power chinois ne se limite pas à l’Asie orientale (cf. p. 386 et doc. 2 p. 391) : une nombreuse, riche et entreprenante diaspora et des instituts Confucius présents dans le monde entier. • La Chine est une puissance nucléaire et spatiale ; c’est un des membres permanents du Conseil de Sécurité de l’ONU. • Elle s’appuie sur ses relations avec les autres pays émergents, notamment les BRICS, et sur l’OCS : organisation de Coopération de Shanghai, partenariat tacite avec Moscou (achats d’armes, positions communes à l’ONU sur les questions iranienne ou syrienne)… • L’envers de la croissance chinoise : des dégradations environnementales (cf. carte 16 p. 375 et texte 3 p. 381) ; des tensions sociales : le dévelop-pement demeure moyen : 101e rang mondial pour l’IDH avec de fortes et croissantes disparités régionales.

II. La Chine, puissance régionale Informations relevées dans le texte • Renforcement de son potentiel militaire : 1er porte-avions, avions de combat. • Contentieux territoriaux avec ses voisins, notamment le Japon (îles Senkaku). • Affirmation du soft power chinois : instituts Confucius. • Les J.O. de Pékin (2008) : une vitrine d’un pays puissant et moderne.

Les limites du document Il est nécessaire de mobiliser ses connaissances personnelles pour répondre à la consigne. • Les stratégies chinoises en Asie (cf. doc. 2 et 3 p. 382) : des relations plus ou moins étroites avec la Corée du Nord, avec la Russie et les autres membres de l’OCS, avec ses voisins du Sud, membres de l’ASEAN (Laos, Thaïlande, Myanmar…) ; le rôle-clé de la diaspora. • Contacts et discussions parfois difficiles avec ses grands rivaux : l’Inde (dans le cadre de l’APTA) et surtout les États-Unis et le Japon (APEC). • La question en suspens de Taïwan (cf. carte 4 p. 383).

• Les litiges territoriaux en mer de Chine : réflexes nationalistes et enjeux pétroliers (cf. carte 4 p. 383 et carte 1 p. 389).

• Une puissance militaire croissante, nucléaire et spatiale (cf. doc. 6 et 7 p 384).

• Le soft power chinois : cf. p. 386. P. 397 Réviser La fiche résume l’essentiel des enjeux du chapitre.