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Lignes directrices et reccomendations concernant les stages de formation en Italie pour les citoyens des Pays extra UE Le projet est financé par l’Union Européenne Projet réalisé par

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Lignes directrices et

reccomendations concernant les

stages de formation en Italie pour

les citoyens des Pays extra UE

Le projet est financé par l’Union Européenne Projet réalisé par

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Le projet est financé par l’Union Européenne

La publication est disponible en français et en italien.

Cette publication a été réalisé avec la contribution de l’Union Européenne. La responsabilité des contenues est de l’équipe éditoriale, ne reflétant pas nécessairement l’opinion officiel de l’UE.

Ni les institutions de l'Union européenne, ni aucune personne agissant en leur nom sauraient tenus responsables de l'utilisation qui pourrait être faite des informations qui y figurent.

© Comune di Milano, 2018

La reproduction est autorisée à condition que la source soit mentionnée.

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Le projet MENTOR - Mediterranean Network for Training Orientation to Regular migration – est co-financé par : Union Européenne – Mobility Partnership Facility, fond géré par ICMPD - International Centre on Migration Policy Development.

Partner du projet:

Municipalité de Milan (chef de file) Municipalité de Turin Agenzia Piemonte Lavoro – (Agence Piémont Travail) - Région Piémont

Partner technique pour la réalisation des activités en Maroc et en Tunisie: ANOLF Piémont

En collaboration avec: Maroc

ANAPEC – Agence Nationale de Promotion de l’Emploi et des Compétences, CCI – Chambre de Commerce Italienne en Maroc, CGEM – Confédération Générale des Entreprises du Maroc, CRCIS – Chambre Régionale du Commerce de l’Industrie et des Services de la Région Beni Mellal-Khenifra, CRI – Centre Regional Pour Les Investissements, FPK – Faculté Polydisciplinaire de Khouribga, MCMREAM - Ministère Chargé des Marocains Résidents à l’Etrangère et des Affaires de la Migration, MJS - Ministère de la Jeunesse et des Sports, Municipalité de Beni Mellal, Région de Beni Mellal-Khenifra.

Tunisie ANETI – Agence Nationale pour l’Emploi et le Travail Independent, ATCT – Agence Tunisienne de Coopération Technique, ATFP - Agence Tunisienne de la Formation Professionnelle, Campus universitaire de la Manouba, CONECT – Confédération des Entreprises Citoyennes de Tunisie, CTICI – Chambre Tunis-Italienne de Commerce et d’Industrie, MFPE – Ministère de la Formation Professionnelle et de l’Emploi, Municipalité de Tunis, ONJ – Observatoire Nationale de la Jeunesse, OTE - Office des Tunisiens à l'étranger.

Avec le support de:

ANPAL – Agenzia Nazionale Politiche Attive del Lavoro (Agence nationale pour les politiques actives du travail) Ambassade d’Italie à Tunis et Consulat Ambassade d’Italie Rabat et Consulat Casablanca Consulat Générale du Royaume du Maroc Consulat Générale de la République Tunisienne Région Lombardie Région Piémont Ceipiemonte – Centre d’Internationalisation à l’Extérieur Piémont

A&I AFOL Metropolitana ASGI – Associazione per gli Studi Giuridici sull’Immigrazione (Association pour les Etudes Juridiques sur L’Immigration) Association italo-tunisienne ALBIDEYA Ville Metropolitanie Turin COP – Consorzio ONG Piemontesi (Consortium des ONG du Piémont) Cpia2 Milano E4impact Forum Italo-Maroquin pour les relations bilatérales

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La Cordata Sodalitas Migrantour – intercultural urban routes PoliHub Rete di solidarietà di Novate Milanese (Réseau de solidarité Novate Milanese) Università degli Studi di Milano – Département des Sciences Sociales et Politiques

Remercîments

Stagiaires

Henda Ammar, Alaa Eddine Belhadj, Meriem Boughdiri, Mahdi El Aamrani, Ouissal Ell Atchia, Hanaa El Mokdadi, Yassir Ferchakh, Emna Kolsi, Bouchra Hafdi, Zaineb Hamdi, Norhene Hamouda, Samar Hmaied, Amal Maddouri, Loubna Mouaden, Brahim Najeme, Safa Othmani, Ayoub Ouakib, Ameni Rhaiem, Meryem Talbi

Entreprises d’accueil

Adecco Italia spa, AI Studio, Candioli srl, CEDEO, CEFRIEL, Ferplant, FIERI, Gioara, Graziadio, Gruppo GASER, Lombardini 22, MM spa, QFA – Quattrer, Panino Giusto spa, Rimor, Tech Gap Italia srl, Unduo

Réalisation de la publication: Municipalité de Milan – Département Relation internationale

Equipe éditoriale: Petra Mezzetti, Giulia Miccichè, Monica Dragone

Mise en page et conception graphique: Municipalité de Milan – Département Communication

Traduction en français: STUDIO DE NOVO

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Index

Introduction………………………………………………………………………………………..6

1. La législation de référence en matière de stages pour les personnes provenant

des pays hors UE…………………………………………………………………………….9

1.1 Législation européenne, italienne et régionale

1.2 La gouvernance du système en Italie

1.3 Contenus des stages: éléments clés dans la réglementation régionale

1.4 Projets présentant affinités, synergies et complémentarité avec MENTOR

2. Phases du projet, instruments et méthodologie…………………………………………15

2.1 Cartographie des parties prenantes pour construire des réseaux locaux

2.2 Recherche des secteurs clés

2.3 Instruments servant à l’identification des entreprises et des candidats

2.4 Processus de sélection (appariement et ownership, visites d’étude)

2.5 Campagne d’information et de communication au Maroc et en Tunisie

2.6 Formation (avant le départ) – Tutorat - Start-up

3. Leçons apprises…………………………………………………………………………….27

4. Recommandations………………………………………………………………………….30

Bibliographie………………………………………………………………………………………32

Liste des entretiens et des échanges réalisés pour la rédaction des Lignes Directrices…33

Liste annexe……………………………………………………………………………………… 34

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Introduction

Dans l’Approche Globale de la question des Migrations de 2005 (AGM, 2005), qui a représenté l’impulsion conceptuelle pour envisager la politique de l’UE sur les migrations internationales à travers le dialogue avec les pays tiers, la question des migrations reposait sur les trois piliers des « migrations légales », « migrations irrégulières » et « migrations et développement ». Six ans plus tard, dans l’Approche Globale de la question des Migrations et de la Mobilité (AGMM 2011) l’on a passé de 3 à 4 piliers, à savoir : « migrations légales », « migrations irrégulières » et « migrations et développement », en introduisant le nouveau pilier sur « la protection internationale et la dimension externe du droit d’asile ». Au cours de ces 13 dernières années, l’Union européenne (EU) a donc conçu le thème des migrations internationales, d’abord selon trois et ensuite quatre piliers, lesquels ont subi de légères variations de nom et par conséquent de contenu. Dans l’Agenda européen en matière de migration de 20151, qui représente le tableau de référence politique actuel de l’UE sur la question migratoire, les 4 piliers/chapitres ont légèrement changé par rapport à l’année 2011 et sont intitulés : « migrations irrégulières », « gestion des frontières », « protection et droit d’asile », « migrations légales ». Le pilier dénommé « migrations et développement », qui n’apparaît plus, est dorénavant considéré comme un sous-chapitre qui figure au quatrième rang par ordre d’attention et d’importance.

C’est ainsi que les noms changent et que varie et/ou s’établit un nouvel équilibre entre les piliers, non moins que l’attention politique envers un pilier plutôt qu’un autre et, partant, les ressources qui lui sont consacrées qui se ressentent inéluctablement du climat et du contexte européen et international de crise économique, démographique, migratoire. Lors de la dernière décade, les « piliers » cités dans les documents de l’UE qui ont attiré davantage l’attention politique ont été ceux sur la « lutte contre les migrations irrégulières » et sur la « protection internationale et le droit d’asile ».

À l’Agenda européen en matière de migration a suivi, en 2017, la communication Delivery of the European Agenda on Migration2 ayant fonction de révision intermédiaire des objectifs atteints dans la réalisation du document de 2015. Le document de 2017 définit de nouvelles initiatives mises en place par la Commission afin d’aborder les secteurs clés et déterminer les efforts supplémentaires qu’il s’avère nécessaire de déployer aux fins de la poursuite des objectifs convenus. Ici, il faut souligner que la Commission relance le pilier des migrations légales et qu’elle propose, pour transformer les flux irréguliers en une migration légale répondant aux besoins des États membres de l’UE, de coordonner et de soutenir financièrement des « projets pilotes sur la migration légale » avec les pays tiers. Ces projets pilotes devront se concentrer sur les pays qui ont fait preuve d’un engagement politique sérieux afin de trouver des solutions conjointes pour lutter conte la migration irrégulière et la réadmission des migrants irréguliers. Au mois d’octobre 2017 est rédigée une « Note conceptuelle »3 sur des projets pilotes inhérents à la migration légale, qui définit la typologie des projets qui pourront être financés ainsi que les modalités de sélection des pays bénéficiaires. Parmi ces pays, référence est faite à certains d’entre eux qui ont établi un Partenariat pour la Mobilité avec l’UE (et divers États membres dont l’Italie) comme le Maroc (2013) et la Tunisie (2014). L’instrument connu sous la dénomination Partenariat pour la Mobilité dans l’AGMM de 20114 représente le tableau de coopération bilatérale dans le domaine de la migration, pour l’établissement d’un dialogue et d’une coopération « personnalisés » avec les pays partenaires, défini par une série d’objectifs et d’engagements et par un paquet de mesures de soutien spécifiques offertes par l’UE et par les États membres intéressés.

1 EU (2015) A European Agenda on Migration, COM(2015) 240 final https://ec.europa.eu/anti-

trafficking/sites/antitrafficking/files/communication_on_the_european_agenda_on_migration_en.pdf 2 EU (2017) Delivery of the European Agenda on Migration, COM (2017) 558 final, https://ec.europa.eu/home-affairs/sites/homeaffairs/files/what-we-do/policies/european-agenda-migration/20170927_communication_on_the_delivery_of_the_eam_en.pdf 3 Concept note, Pilot Projects on Legal Migration, ttps://www.icmpd.org/fileadmin/user_upload/DOC6_Concept_Note.pdf 4 EU (2011) The Global Approach to Migration and Mobility COM/2011/743 final, https://eur-lex.europa.eu/LexUriServ/LexUriServ.do?uri=COM:2011:0743:FIN:EN:PDF

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Les Partenariats pour la Mobilité (avant encore qu’à l’intérieur des projets pilotes susmentionnés) ont prévu, au cours de ces dernières années, des projets et des activités financés par l’UE à travers la Facilité pour les Partenariats pour la Mobilité (MPF). Cette initiative, conçue pour rendre opérationnel l’AGMM5, est gérée par le ICMPD (Centre International pour le Développement des Politiques Migratoires). À l’intérieur de la MPF a été financé le projet MENTOR - Mediterranean Network for Training Orientation on Regular Migration - un projet expérimental entre l’Italie, le Maroc et la Tunisie qui conjugue le thème de la migration légale et de la mobilité circulaire avec la coopération internationale, en valorisant les mécanismes existant en matière de formation professionnelle (plus précisément les stages) dans une optique de développement aussi bien pour les pays tiers que pour les pays d’accueil. En particulier, l’action du projet MENTOR, conformément aux indications fournies dans les deux accords de mobilité, contribue à atteindre les objectifs, ci-après indiqués, des accords inhérents au Partenariat pour la Mobilité conclus par l’UE et par la Tunisie et le Maroc : a) la simplification des procédures d’accès et de résidence régulière au sein de l’UE pour les citoyens tunisiens et marocains, à travers le développement d’un dialogue sur les questions relatives aux visas pour les séjours de brève durée; b) une meilleure information fournie aux citoyens tunisiens et marocains sur les options de migration régulière au sein de l’UE, y compris les conditions d’admission en vigueur dans les différents États membres, ainsi que les droits et les devoirs y attachés, et la prise de conscience des risques dérivant de la participation à des tentatives de migration illégale ; c) la promotion d’opportunités légales de migration, d’emploi, d’étude et de formation qu’offrent les États membres participant au projet ; en particulier en renforçant la capacité des autorités locales et des services publics qui s’occupent d’insertion au travail, et en facilitant la migration temporaire et circulaire à travers une meilleure information et la promotion d’initiatives concrètes et efficaces ; d) l'acquisition de la part des étudiants, des travailleurs et des migrants résidant légalement dans l’UE, des compétences professionnelles ou académiques qui leur permettront, à leur retour en Tunisie et au Maroc, de développer des activités économiques ou d’améliorer leurs opportunités d’emploi ; e) le développement des politiques et d’accords servant à promouvoir des stratégies « avantageuses pour tous », des migrations qualifiées aussi bien pour les pays de départ que pour les pays de destination, ainsi que la mise en œuvre des politiques servant à prévenir et à faire face à la « fuite des cerveaux », également moyennant la promotion de la migration circulaire et de la mobilisation des compétences. À l’intérieur du projet MENTOR sont élaborées les présentes lignes guide.

Ces lignes guide prennent en compte une analyse de la réglementation en matière de stages en Italie (chapitre 1er), une description des activités du projet pilote MENTOR (chapitre 2), une analyse des leçons apprises grâce à sa mise en œuvre, les points forts et les criticités (chapitre 3), et les recommandations successives pour reproduire des initiatives similaires en matière des migrations légales (chapitre 4).

BOX 1. Projet MENTOR : brève présentation

MENTOR est un projet européen coordonné par la municipalité de Milan qui se pose comme objectif de contribuer à l’amélioration des schémas de migration temporaire et circulaire pour les jeunes entre l’Italie, le Maroc et la Tunisie moyennant l’expérimentation de stages professionnels pour les citoyens non communautaires résidant à l’étranger, visés à l’article 27 de la loi italienne sur l’immigration. Le projet a débuté le 1er juin 2017 et est terminè le 15 octobre 2018. Grâce à la coopération entre les territoires intéressés, on a voulu offrir aux jeunes des pays de la Méditerranée la possibilité de développer des compétences professionnelles ou un projet d’entreprise en Italie, pour contribuer à leur croissance personnelle et au développement local à leur retour.

Les pays bénéficiaires sont la Tunisie et le Maroc. Les pays et les villes où ont eu lieu les echanges sont : la Tunisie (Grand Tunis), le Maroc (Beni Mellal, Khouribga et Fquih Ben Salah) et l’Italie (Milan et Turin).

5 Mobility Partnership Facility (MPF) https://ec.europa.eu/home-affairs/what-we-do/policies/international-affairs/global-approach-to-migration/mobility-partnership-facility_en

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Objectifs du projet :

→ améliorer les opportunités de migration légale existantes comme alternative concrète à la migration irrégulière ;

→ rendre la migration temporaire et circulaire une expérience de succès à l’échelle mondiale et au niveau des communautés concernées (développement local) ;

→ renforcer et créer de nouveaux liens entre les territoires.

En Italie, les partenaires concernés sont la municipalité de Milan (chef de file), la municipalité de Turin, l’Agence pour l’emploi de la Région Piémont et un partenaire technique, l’association ANOLF Piemonte, pour la gestion des activités au Maroc et en Tunisie.

Au Maroc : ANAPEC – Agence Nationale de Promotion de l’’Emploi et des Compétences ; CCI – Chambre de Commerce Italienne au Maroc ; CGEM – Confédération Générale des Entreprises du Maroc ; CRCIS – Chambre Régionale du Commerce de l’Industrie et des Services de la Région Beni Mellal-Khenifra ; CRI – Centre Régional pour les Investissements ; FPK – Faculté Polydisciplinaire de Khouribga ; MCMREAM - Ministère Chargé des Marocains Résidents à l’Étranger et des Affaires de la Migration ; MJS - Ministère de la Jeunesse et des Sports ; Région de Beni Mellal-Khenifra ; Municipalité de Beni Mellal.

En Tunisie : ANETI – Agence Nationale pour l’Emploi et le Travail Indépendant ; ATCT – Agence Tunisienne de Coopération Technique ; CONECT – Confédération des Entreprises Citoyennes de Tunisie ; CTICI – Chambre Tuniso-Italienne de Commerce et d’Industrie ; MFPE – Ministère de la Formation Professionnelle et de l’Emploi ; ONJ – Observatoire Nationale de la Jeunesse ; Université de la Manouba ; Municipalité de Tunis.

Les parties prenantes en Italie, au Maroc et en Tunisie ont vu la participation des sujets suivants : collectivités locales, institutions publiques, agences de formation et pour l’emploi (opérateurs des services, décideurs), associations et organismes à but non lucratif, consulats, associations de migrants, organismes internationaux, organisations de catégorie et entreprises, syndicats, monde universitaire et de la recherche, fondations caritatives, coopératives sociales. (Voir les annexes 2a Parties concernées au Maroc et en Tunisie et 2b Partie concernée en Italie).

Les activités du projet sont décrites en détail dans le chapitre 2. Ici, il suffit de dire que 19 jeunes (entre Tunisiens et Marocains) ont été sélectionnés pour effectuer des stages de la durée de 3 mois à Milan et à Turin, au terme desquels ils ont fait retour dans leur pays d’origine, certains afin de développer des projets d’entreprises (start up), d’autres des projets professionnels, capables de valoriser les compétences acquises ainsi que les rapports instaurés lors de la période des stages. La réalisation de cette activité a comporté : a) la constitution des groupes de travail multi-acteurs dans chaque territoire ; b) l’organisation de visites d’étude à Milan et à Turin pour : fonctionnaires publics, autorités locales et représentants des services pour la formation et l’emploi s’adressant aux jeunes ; c) la mise en place de campagnes de sensibilisation et d’information pour les jeunes en Tunisie et au Maroc sur les migrations temporaires et circulaires ; d) la sélection de jeunes candidats au Maroc et en Tunisie et la recherche d’entreprises en Italie servant à associer les stagiaires et les entreprises selon leur affinité ; e) la réalisation de stages professionnels comportant une formation avant le départ et l’accompagnement après-stage.

Comme nous l’avons anticipé, le projet MENTOR prévoit en outre la publication de lignes guide et de recommandations – qui sont ici présentées – pour la réalisation et l’amélioration des procédures destinées à la mise en œuvre de stages professionnels en Italie / UE, en accordant une attention particulière à la migration circulaire et au développement local.

Source : https://étranger.networkmentor.org/home

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1. La législation de référence en matière de stages pour les personnes provenant des

pays hors UE

1.1 Législation européenne, italienne et régionale

Il existe une législation européenne en matière de stages. Les principales références comprennent la plus récente « Directive (UE) 2016/801 du Parlement européen » du conseil du 11 mai 2016, relative aux conditions d’entrée et de séjour des citoyens de pays tiers pour des motifs de recherche, d’étude, de stage, de bénévolat, de programmes d’échange d’élèves ou de projets éducatifs, et de séjours au pair. À ce document s’ajoutent : a) la Recommandation du Conseil du 10 mars 2014 sur un cadre de qualité pour les stages ; b) la Communication de la Commission au Parlement européen, au Conseil, au Comité économique et social européen et au Comité des Régions 5 décembre 2012, n. 728, vers un cadre de qualité pour les stages ; c) la Communication de la Commission au Parlement européen, au Conseil, au Comité économique et social européen et au Comité des Régions 18 avril 2012, n. 173, vers une reprise génératrice de création d’emplois ; d) la Résolution du Parlement européen 6 juillet 2010 « Promotion de l’accès des jeunes au marché du travail, renforcement du statut des stagiaires du stage et de l’apprentissage ».

En Italie, il est possible de mettre en place des parcours de stage en faveur des personnes étrangères résidant à l’étranger ou en dehors de l’Union européenne au sens de l’article 40, 9ème alinéa, lettre a) et du 10ème alinéa du décret présidentiel DPR 394/1999 de mise en œuvre de l’article 27, 1er alinéa, lettre f) du décret législatif 286/1998 ; du décret du ministère du Travail et des Politiques sociales du 22 mars 2006, en conformité avec les lois régionales n° 22/2006 (le marché du travail) et n° 19/2007 (Normes sur le système éducatif d’instruction et formation), et des Lignes guide ratifiées en date du 5 août 2014 lors de la Conférence État-Régions et conformes aux orientations régionales en matière de stage de la Délibération du Conseil régional 825 du 25 octobre 2013. Il s’agit d’un ensemble de documents législatifs de niveau parlementaire aussi bien que ministériel et régional. Pour une liste exhaustive des principales références réglementaires, jurisprudentielles et administratives on renvoie à l’Annexe 1.

Actuellement, étant donné que la formation professionnelle en Italie relève de la compétence des Régions, la réglementation en matière de stages pour les personnes étrangères résidant à l’étranger est contenue dans les dispositions régionales/provinciales de mise en œuvre des lignes guide de 2014. Pour tout ce qui n’est pas expressément prévu, ces lignes guide renvoient aux « lignes guide en matière de stage » précédentes adoptées en vertu d’un accord entre État, Régions et Provinces autonomes du 24 janvier 20136. Le 31 décembre 2016, les lignes guide de 2014 ont été formellement accueillies par 15 Régions. Sont encore en phase d’accueil : Basilicate, Pouilles, Sicile et Ombrie. Pour un tableau comparatif, voir l’Annexe 8. 1.2 La gouvernance du système en Italie

Comme nous l’avons anticipé plus haut, en Italie la question de la formation relève de la compétence régionale, et pour ce qui concerne notamment les stages, il appartient aux Régions de valider le plan de formation. Essayons ici de vérifier quels autres acteurs clés sont impliqués dans des programmes/projets sur cette matière en Italie.

Le mécanisme lié aux stages de l’étranger voit aujourd’hui nécessairement l’implication du ministère de l’Intérieur qui détient la compétence en matière d’immigration et de sécurité ; du ministère du Travail qui s’occupe de consulter les parties sociales pour ratifier le rapport sur le

6 Il s’ensuit que les dispositions régionales/provinciales de mise en œuvre des lignes guide de 2013 peuvent résulter applicables également aux stages pour personnes étrangères résidant à l’étranger uniquement au cas où une question donnée ne serait pas expressément régie par la réglementation régionale/provinciale de transposition des lignes guide successives et spécifiques de 2014.

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marché du travail et les quotas ; du ministère des Affaires étrangères et de la Coopération internationale (MAECI) pour l’obtention des visas. L’Italie présente un système disparate puisque, en plus des Régions, dans certains contextes sont appelés à intervenir les Provinces et/ou les Centres pour l’emploi (en Sicile, par exemple, la validation du plan de formation est octroyée par le Centre pour l’emploi). Des experts en la matière, interpeles pour la redaction de ce document, soutiennent qu’il faut mieux préciser « qui fait quoi » pour obtenir une répartition des rôles et des responsabilités fondées sur les compétences, ainsi que des tâches clairement définies qui peuvent être assumées afin d’être effectivement accomplies.

Actuellement, une coordination au niveau gouvernemental fait défaut, et si l’on y ajoute que le système italien présente des règles diverses, l’on peut bien imaginer que ces éléments peuvent facilement être la cause des malentendus d’interprétation (vue qu’il manque des critères univoques pour l’application des règles) et des ralentissements qui entravent le fonctionnement de la procédure.

Du point de vue informatique, certains passages pourraient être rendus plus fluides, par exemple en valorisant le portail existant (étranger.cliclavoro.gov.it) sur lequel télécharger les demandes de stage, tout en évitant la demande de remise de tous les documents sous format papier qui incombe aux sujets promoteurs. Toutefois, pour que même un simple instrument technologique fonctionne au mieux, la gouvernance du système doit être claire.

Il existe en outre un autre problème en Italie qui a rendu le mécanisme peu utilisé, à savoir le manque de contrôle des sorties après la fin du stage, compétence rentrant dans les attributions du ministère de l’Intérieur.

En raison de l’intérêt réel du secteur privé italien d’opérer à l’étranger, l’Italie pourrait négocier de nouveaux accords fondés sur la réciprocité. Les accords conclus avec un pays tiers ne seront pas forcément tous identiques mais l’important est que chacun prévoie et décrive le processus de déroulement des stages et qu’il prenne en compte la possibilité d’avoir des entrées bidirectionnelles de migration qualifiée (également d’Italiens vers les pays tiers), et de mettre en place des véritables partenariats. Un élément de réciprocité contenu dans l’accord avec les États-Unis a prévu, par exemple, que les jeunes américains qui apprennent l’italien offrent à leur tour d’enseigner l’anglais dans les écoles qui organisent des cours d’été en Italie. L’avantage d’encourager ces accords, indépendamment des profils/qualifications auxquels ils s’adressent, c’est qu’ils agissent en alternative et qu’ils sont par conséquent en mesure d’enrayer la migration illégale.

1.3 Contenus des stages: éléments clés dans la réglementation régionale

Les éléments fondamentaux contenus dans les lignes guide ratifiées en 2014 lors de la Conférence État-Régions, accueillies au niveau régional, comprennent spécifiquement:

1) le cadre d’application; 2) les finalités; 3) une description des sujets clés, notamment : bénéficiaires, entreprises ou organismes d’accueil, promoteurs et tuteur didactique; 4) le stage en termes de: durée du stage et limite du nombre des stages; 5) le nombre d’heures; 6) la responsabilité et les obligations du promoteur; 7) la responsabilité et les obligations des entreprises ou des organismes d’accueil; 8) le projet de formation et sa validation; 9) les contrôles et le suivi. Les indications spécifiques élaborées, qui présentent quelques différences entre les régions, rendent le mécanisme de démarrage d’un stage un processus qui n’est qu’apparemment schématique et simple. Le mécanisme doit devenir plus compréhensible, moyennant l’organisation des parcours d’orientation avec les acteurs clés dans les différents pays avec

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lesquels il est possible d’entreprendre ces expériences, pour expliquer les procédures (dont certains passages sont difficiles). Le mécanisme requiert une gouvernance et des collaborations entre divers organismes, plus fluides et fonctionnelles. Si le mécanisme se grippe, par exemple pour respecter certains délais de présentation des documents, donc essentiellement pour des raisons administratives, lancer le parcours devient irréalisable. La mise en place du projet MENTOR a fait apparaître que certains éléments introduits dans la réglementation régionale, bien évidemment à titre de garantie des bénéficiaires sur les caractéristiques de la structure d’accueil, sont si rigoureux qu’une entreprise nouveau-née ne peut proposer d’accueillir des stages. Pour citer un exemple, en Lombardie les entreprises d’accueil doivent être « immatriculées au Registre des Sociétés des Chambres de Commerce, Industrie, Agriculture et Artisanat actives dans la Région de la Lombardie depuis plus de deux ans, compter un effectif d’au moins 6 salariés sous contrat à durée indéterminée ». Ces deux éléments ont empêché de pouvoir impliquer les start-up susceptibles d’être, pour certains aspects, des sujets particulièrement intéressants pour le type de candidats choisis, lesquels auraient justement l’intention de lancer des start up dans leur pays d’origine.

Eu égard au monde des entreprises, les institutions ont l’opportunité d’imposer un changement d’attitude, et de faire comprendre l’importance d’avoir des personnes provenant d’ailleurs, qui peuvent apporter des idées, des compétences, des savoirs et instaurer des nouveaux rapports. Sur ce thème, qui sous-tend le besoin d’un changement de paradigme, la construction d’un réseau de sujets ayant une compétence multi-niveau et mixte (dans le sens thématique) jetterait les bases pour un changement de vitesse pour le système Italie.

Si l’on conçoit le stage comme une expérience formative d’orientation sur le tas, il faut mettre en place un système qui certifie les compétences acquises, par exemple à travers un test et l’avis d’un collège d’experts. Le certificateur devrait provenir des centres pour l’emploi puisque cette tâche ne saurait être déléguée à l’entreprise. Les compétences à certifier devraient inclure tant les compétences formelles que les non formels. Assurément, l’apprentissage de la langue italienne peut être compris dans ce processus de certification. Le projet MENTOR a réussi à introduire ce dernier élément.

1.4 Projets présentant affinités, synergies et complémentarité avec MENTOR

Dans la région du Maghreb sont en cours, ou sont achevés, divers projets présentant certaines affinités avec le projet MENTOR. Il s’agit, entre autres, du projet Y-med de l’Organisation Internationale pour les Migrations (OIM) pour l’insertion de Marocains dans des entreprises italiennes au Maroc ; du projet Pinsec - Jeunes, femmes et migrants : parcours d’inclusion sociale et économique en Tunisie, financé par l’AICS, l’Agenzia Italiana per la Cooperazione allo Sviluppo [l’Agence Italienne pour la Coopération au Développement] ; du projet DiaMed à présent achevé, né en vue de « soutenir la création d’activités et d’emplois au Maghreb » et géré par la délégation UE en Algérie ; du projet HOMERe. High Opportunty for Mediterranean Executives Recruitment [Haute Opportunité en Méditerranée pour le Recrutement de Cadres qualifiés (N.d.T.)] développé par le Secrétariat de l'Union pour la Méditerranée (UpM), visant à augmenter l’emploi des jeunes et des femmes, combler le fossé entre la demande et l’offre de travail et promouvoir une culture de l'entrepreneuriat et de l’essor du secteur privé.

Les deux initiatives les plus semblables, quant aux thèmes et aux secteurs d’intervention, au projet MENTOR, qui sont en cours dans la région pertinente sont : le projet Lemma et le dispositif Jeunes Professionnels de l’OFII - Office Français de l’Immigration et de l’Intégration. Essayons d’établir une comparaison, sur la base des leçons apprises et éventuelles synergies de développement et de complémentarité entre ces deux projets et le projet MENTOR. Lors du déroulement du projet MENTOR, tel que décrit ci-après, il a été possible d’instaurer des collaborations uniquement avec le projet Lemma.

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Le Projet « Lemma, Ensemble pour la mobilité »7, en cours encore que sur le point d’être achevé (conclusion prévue pour la mi-2019), est financé par l’Union européenne et mis en œuvre par Expertise France et par OFII. Le projet se pose comme objectif de soutenir la mise en place du partenariat pour la mobilité UE-Tunisie signé le 3 mars 2014 entre l’Union européenne et 10 États membres de l’UE, dont l’Italie qui y participe à travers le ministère de l’Intérieur, en renforçant la capacité du gouvernement tunisien de développer et de réaliser sa politique nationale en matière de migration et de mobilité, grâce à une coopération renforcée entre administrations publiques européennes et tunisiennes. Ce projet, de 5 millions d’euros et d’une durée de 3 ans, prévoit la mise à disposition, de la part des pays partenaires, d’experts publics et est fondé sur l’échange entre pairs, visant à consolider les synergies entre les politiques publiques tunisiennes et européennes non moins qu’à optimiser les effets bénéfiques de la migration pour la Tunisie. Lancé officiellement à la fin du mois de juillet 2016, le projet Lemma se propose d’atteindre les objectifs suivants moyennant ces trois composantes:

- COMPOSANTE 1. Renforcer la capacité des autorités tunisiennes à gérer la migration pour des motifs de travail et la mobilité professionnelle à travers une coopération accrue avec les partenaires européens.

- COMPOSANTE 2. Améliorer la connaissance des principales communautés tunisiennes en Europe et mettre en place un programme ciblé de mobilisation des compétences de la diaspora, afin de favoriser l’intégration de la migration dans le développement local et régional.

- COMPOSANTE 3. Renforcer les capacités des autorités tunisiennes et des organisations de la société civile afin d’apporter un soutien à la réinsertion des personnes qui décident de retourner dans leur pays d’origine.

Les États membres du consortium (Belgique, France, Italie, Pologne, Portugal, Espagne, suède) apportent leur contribution sous forme de compétences publiques. Cette approche permet de mettre en commun les ressources pour offrir une coopération entre pairs, à savoir entre administrations publiques européennes et tunisiennes. Le conseil privé international peut être également requis. La France coordonne le projet et mobilise les compétences publiques des États membres répondant aux exigences des institutions tunisiennes. Le projet Lemma a permis d’instaurer des synergies avec MENTOR. En particulier, étant donné que certains partenaires institutionnels sont communs aux deux projets (OTE, ANETI, ATCT, MFPE), l’on a débattu la question de savoir comment MENTOR pourrait représenter une expérience pilote du projet Lemma pour la composante 1. Dans cet esprit, la visite d’étude en Italie, à laquelle ont participé les institutions tunisiennes dont il sera question plus loin, a été cofinancée par le projet Lemma et à la fin de la visite a été organisée une réunion conjointe Lemma - MENTOR afin d’apprécier l’intérêt des institutions tunisiennes et d’approfondir la connaissance des mécanismes d’entrée pour motif de travail en Italie.

Relativement à la composante 1, la plus proche du thème développé avec le projet MENTOR, les plus grandes leçons apprises sont:

- avoir réalisé un état de l’art des services qui entendent réaliser des parcours professionnels à l’échelle internationale en Tunisie, de manière à pouvoir homogénéiser/homologuer compétences et typologie de services dans certains pays de l’UE;

- avoir soutenu des parcours de formation, le renforcement des capacités et les séminaires d’approfondissement en matière de a) communication ; b) gestion de projets ; c) création et utilisation d’instruments concrets et de kits spécifiques.

- avoir prévu des sessions de travail durant lesquelles réaliser concrètement, comme resultats de projet, des ateliers « pour convaincre les entreprises à embaucher des jeunes provenant de pays tiers dotés d’excellentes qualifications, ou sur la « fidélisation des entreprises », et un forum international pour les entreprises. Le forum international, activité

7 Sito di Expertise France: https://étranger.expertisefrance.fr/fiche-projet?id=392874

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en cours de réalisation, a notamment l’intention de prévoir un échange avec les entreprises pour qu’elles puissent « anticiper » les besoins du marché du travail ;

- s’être dotés d’experts provenant tant du secteur public que du secteur privé ;

- avoir engagé un organisme de conseil privé servant d’intermédiaire pour la mobilité internationale entre entreprises et talents dans le monde entier8. Cet acteur privé est parvenu, en quelques années seulement, à consolider et à professionnaliser sa propre expertise, réussissant à capter les besoins et les opportunités du monde des entreprises dans divers pays, à associer à l’offre, lestalents et les qualifications des jeunes à travers le monde. Il exerce l’action d’intermédiaire en accompagnant la personne qui désire expatrier, en prenant en charge une série de services afin de faciliter l’entrée au travail, tels que la demande de visa, le premier mois de salaire, le logement. Ces services sont ensuite facturés à l’entreprise, qui a l’avantage de ne pas devoir s’en occuper, alors que d’autres sont directement fournis par l’organisme privé.

Le projet Lemma a en outre fait constater que la formation dispensée par certaines écoles/universités en Tunisie est de très haute qualité, notamment pour l’ingénierie et la médecine. Dans ces domaines qui sont en train de se consolider, une demande croissante arrive non seulement de l’UE mais aussi du Qatar et de l’Arabie saoudite. Une synergie possible avec les projets italiens, tel que MENTOR, pourrait être poursuivie moyennant l’implication d’entreprises italiennes en Tunisie, à travers la chambre de commerce, pour se confronter avec des entreprises françaises, utiliser un bouquet de services déjà préparés dans des projets tel que le Lemma, et approfondir les partenariats qui se sont consolidés. Les Comités de concertation locale, créés avec le projet MENTOR qui seront décrits par la suite, représentent eux aussi, un point de référence et d’échange qu’il serait dommage de perdre à la clôture d’un projet. Ces actions peuvent être répliquées à l’identique au Maroc et dans d’autres pays.

Le Programme Jeunes Professionnels9 de l’OFII - Office Français de l’Immigration et de l’Intégration (France) est mis en œuvre dans le cadre d’accords bilatéraux entre la France et 16 pays signataires. Il permet aux jeunes, déjà entrés dans la vie active, d’approfondir leurs connaissances professionnelles, linguistiques et culturelles à travers la mobilité internationale et d’acquérir, à travers des expériences de travail dans une entreprise en France (et pour les Français dans des pays tiers) des meilleures compétences qui leur permettront des avancements de carrière lorsqu’ils feront retour dans leur pays. Les pays intéressés par ce dispositif sont la France et: Algérie; Argentine; Bénin; Canada; Cap Vert; Congo Brazzaville; États-Unis; Gabon; Maroc; Maurice; Monténégro; Nouvelle-Zélande; Russie; Sénégal; Serbie; Tunisie.

Dans la plupart des cas, le « jeune professionnel » doit être âgé de 18 à 35 ans, sauf quelques exceptions. Pour avoir accès à ce dispositif, le jeune professionnel doit prouver avoir obtenu un diplôme ou justifier d’une expérience professionnelle correspondant à la position qu’il entend occuper en France. La procédure « jeune professionnel » trouve application uniquement si l’étranger réside hors de France et une fois seulement. Si le jeune désire être accompagné par les membres de sa famille, il peut demander un visa de « visiteur » au consulat français compétent, mais il n’est pas assuré de l’obtenir.

L’OFII, guichet unique pour la gestion des demandes des « jeunes professionnels », comporte l’avantage d’avoir un unique interlocuteur pour toute la procédure. Le « jeune professionnel » est encadré comme salarié d’une entreprise, et non pas comme stagiaire. Il est impossible d’embaucher un « jeune professionnel » sous contrat à durée indéterminée, mais seulement sous contrat à durée déterminée. En plus de toute une série de documents, le jeune professionnel doit produire un engagement écrit et signé dans lequel il déclare son intention de faire retour dans son pays d’origine.

8 Cooptalis: https://étranger.cooptalis.com/fr/ 9 OFII: http://étranger.ofii.fr

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Le recrutement d’un « jeune professionnel » au-delà de la limite consentie par l’accord, impose que le travailleur doive retourner dans son pays et présenter une nouvelle demande afin d’entamer une nouvelle procédure.

Il n’est pas possible de demander un changement de statut sur le territoire français, du moment que le « jeune professionnel » s’est engagé à quitter la France une fois achevée sa période de travail.

Diversement du projet MENTOR, le dispositif « jeunes professionnels » est circulaire, c’est-à-dire qu’il fonctionne comme un accord bilatéral, dans les deux sens et de manière analogue (ou avec très peu de différences). Il s’agit en outre d’un dispositif permanent, toujours ouvert, non assujetti à des appels de candidatures.

L’idée sous-jacente est de formaliser de véritables contrats de travail (et non pas des stages) à durée déterminée car jugés qualifiants. Il appartient à l’entreprise de prendre en charge les contrats, alors que le voyage est à la charge du jeune professionnel et que l’OFII supporte les coûts administratifs afférents aux procédures. Il est à remarquer que, souvent, ce sont les jeunes professionnels eux-mêmes qui trouvent les entreprises dans lesquelles être employés en France; par contre, ce sont les entreprises qui doivent déposer la demande en France. Jusqu’en 2003 le dispositif a bien fonctionné, puis il en a été fait un usage impropre pour travailler en France, de sorte qu’il est suivi une interruption des demandes et des offres de travail.

Aujourd’hui le dispositif a recommencé à fonctionner, réalisant 1500 échanges annuels dans un sens (et 1500 dans l’autre), et traitant aussi bien de hauts profils que de profils moyens-bas. À part les professions réglementées (comme les médecins par exemple), le dispositif permet d’accéder à tous les types de professions. Une attention particulière est accordée à la réalisation d’échanges de compétences pour les « métiers en tension », à savoir ceux faisant l’objet d’une forte demande sur le marché du travail, mais ce n’est pas le seul élément. Comme le rapporte le référent OFII en Tunisie, l’on constate qu’il arrive fréquemment que les jeunes professionnels tunisiens trouvent un emploi dans les secteurs de la restauration et du bâtiment, la plupart du temps dans des entreprises lancées par des connationaux ou par des Français d’origine tunisienne établis en France.

Ces dernières années, le dispositif a introduit des critères d’éligibilité afin de s’adresser également à des personnes qui entendent rentrer volontairement dans les pays d’origine, en fournissant un support à la réinsertion professionnelle.

L’élément qui constitue le maillon faible du dispositif est la communication, qui se traduit par le manque de capacité de diffusion des critères d’éligibilité, et de présider et de renforcer les relations et les liens avec l’employeur en France. Contrairement au projet MENTOR, le dispositif ne prévoit pas pour le moment l’implication des autorités locales en France. L’OFII serait intéressée à approfondir la question.

Les synergies entre le dispositif et l’expérience italienne de MENTOR devraient être recherchées et renforcées dans l’échange entre collectivités locales (au niveau municipal et régional en France et en Italie, eu égard également au processus de décentrement, en cours dans de nombreux cas, dans les pays tiers) aussi bien que relativement à la composante de motivation des entreprises. La rencontre entre les entreprises françaises et les entreprises italiennes présentes dans les pays tiers, opérant dans certaines régions et/ou certains secteurs, devrait être favorisée aux fins d’un échange sur les mesures incitatives et les modalités de recrutement.

Afin qu’en Italie un système de stages de l’étranger puisse s’implanter et assumer les caractéristiques d’un échange consolidé et mutuellement enrichissant, le dialogue et la collaboration moyennant les projets ou les dispositifs existants réalisés par et avec d’autres pays s’avèrent avantageux et indispensables tant sur le plan institutionnel qu’en ce qui concerne le secteur privé.

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2. Phases du projet, instruments et méthodologie

2.1 Cartographie des parties prenantes pour construire des réseaux locaux

Une activité préliminaire, qui s’est révélée fondamentale pour la réussite du projet MENTOR, est la cartographie des acteurs susceptibles d’être intéressées au projet, dans les 4 contextes de référence (Milan, Turin, Maroc et Tunisie). Une grille à remplir leur a été envoyée pour qu’ils communiquent les motifs les incitant à adhérer au projet MENTOR. À la cartographie a suivi la constitution de divers Comités de concertation Locale (CCL), ayant pour mandat de créer un réseau local, capable de fournir un input au projet et de valider certains de ses passages clés (concernant, entre autres, les secteurs clés identifiés par la recherche, la sélection des candidats suivie de l’appariement des stagiaires avec les entreprises d’accueil). C’est ainsi que les CCL ont offert des garanties non seulement pour assurer la mise en œuvre du projet aussi bien qu’en perspective de sa durabilité future.

Au cours du projet, en Italie les CCL ont permis notamment de présenter aux parties prenantes/acteurs des territoires milanais et turinois:

- Le projet pour la création du réseau local (novembre);

- Les projets de formation et les opportunités offertes par les territoires aux jeunes étrangers dans une perspective de mobilité circulaire (mai);

- les projets d’entreprise et professionnels consolidés ainsi que les opportunités de développement local transnational (juillet).

Au Maroc et en Tunisie les CCL ont permis de présenter:

- le projet pour la création du réseau local (novembre-décembre);

- l’état d’avancement du projet et les étapes successives ; initialement, la validation des secteurs clés du projet, l’étude des dossiers pour la sélection des candidats (y compris une visite d’étude en Italie en février), et ensuite les réflexions, propositions et observations des partenaires inhérentes au processus du projet, et le témoignage des jeunes sur l’expérience de stage et la période en Italie (août);

- la prise d’engagement quant à l’accompagnement après-stage des jeunes stagiaires eu égard à leurs projets professionnels, le soutien au lancement des start up, les perspectives futures et l’éventuel suivi.

Pour la liste complète des parties prenantes au Maroc et en Tunisie, voir l’Annexe 2a.

Pour la liste complète en Italie, voir l’Annexe 2b.

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Les pages suivantes illustrent succinctement les phases du processus du projet MENTOR, qui peuvent être résumées dans le graphique ci-dessous.

2.2 Recherche des secteurs clés

Le projet MENTOR a prévu une recherche sur les secteurs clés dans les régions concernées par le projet au Maroc et en Tunisie, avec des finalités de développement local, servant à orienter la rédaction de la documentation pour la sélection des candidats (Annexe 4).

La recherche a tout d’abord été fondée sur la littérature secondaire produite par diverses institutions nationales, locales et internationales (lorsque disponible sur les plans de développement local et international) et ensuite sur les documents informatifs et les indications des divers acteurs au Maroc et en Tunisie, recueillies par les deux points de référence locaux à travers des interviews et des rencontres/réunions collectives, sur la base d’une piste partagée avec la figure du chercheur. Une première ébauche de recherche a été effectuée avec le concours des Comités de Concertation Locale en Italie, y compris les entreprises et les consortiums informés des besoins des économies des pays tiers et intéressés à d’éventuelles perspectives d’internationalisation, création de partenariats, joint-ventures, etc. et avec les CCL au Maroc et en Tunisie pour la validation et l’appropriation des résultats.

De la recherche ont émergé les indications ensuite accueillies dans l’Appel à Candidature sur les secteurs clés relativement au Maroc et à la Tunisie (Annexe 3).

La recherche a identifié les secteurs jugés comme étant des secteurs « clés » pour les économies locales, aussi bien les plus classiques, tel que le secteur agro-alimentaire, que les moins traditionnels ou que la littérature et les acteurs estimaient être les plus innovateurs, tels que les secteurs des énergies renouvelables, du design, du marketing territorial ou, comme dans le cas du tourisme, les activités de l’économie verte, durable, etc.

Ces deux contextes, marocain et tunisien, se sont révélés quasiment opposés, aussi bien au niveau national que local et territorial : d’un côté le Maroc, un pays stable et un contexte régional/local typiquement rural et où les centres urbains sont absolument différents des grandes villes ; de l’autre, la Tunisie, pays qui prévoit, mais sans les avoir achevées, des réformes touchant tous les secteurs, et un contexte local urbain-métropolitain de la capitale très dynamique.

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La recherche s’est avérée utile pour la préparation d’une documentation réellement efficace aux fins du projet, et elle a mis en relief qu’il serait intéressant de produire, en ayant plus de temps et d’informations à disposition, des résultats quant aux profils les plus demandés dans les entreprises italiennes et aussi dans les contextes d’origine.

2.3 Instruments servant à l’identification des entreprises et des candidats

Le projet a donc crée les instruments permettant d’identifier les candidats stagiaires et de connaître les entreprises ou les organismes intéressés à les accueillir.

Pour définir l’appel aux candidatures les indications sur les secteurs clés nées de la recherche ont été prises en compte, les exigences prévues par la réglementation régionale édictée en matière de stages ont été introduites (comportant quelques différences entre le Piémont et la Lombardie), il a été demandé aux candidats de produire toute la documentation (p.ex. diplômes certifiés) et aussi un « projet » d’entreprise ou professionnel en prévision de leur retour à la fin du stage (Annexe 6a et 6b). Ce dernier élément s’est révélé très important, non seulement pour la sélection des candidats, parce qu’il témoignait de « la ferme intention » des stagiaires quant à leur retour durable et leur motivation, mais aussi parce qu’il a représenté une documentation fondamentale sur laquelle pouvoir travailler même durant la période de stage avec les entreprises d’accueil, avec l’idée de pouvoir l’enrichir et le modifier plus ou moins radicalement. Dans l’appel aux candidatures le diplôme requis a été établi au niveau BAC + 3, soit un niveau moyen-haut. La raison de ce choix s’explique au motif d’une plus grande garantie de pouvoir obtenir le visa, comme conseillé par le Consulat italien. Vu l’urgence et l’impossibilité de recommencer toute la procédure bureaucratique en cas de refus du visa à l’un des candidats sélectionnés du projet MENTOR, les partenaires ont opté pour un niveau d’étude pesant favorablement encore que n’étant pas condition requise par l’article 27. L’appel aux candidatures a été ouvert du 8 au 31 janvier 2018.

Parallèlement, aux entreprises a été envoyée une documentation leur permettant de manifester leur intérêt à poser leur candidature comme sujets d’accueil (Annexe 5a et 5b). Cette pose de candidature a été lancée le 21 décembre et s’est conclue le 31 janvier. 34 entreprises se sont montrées intéressées à accueillir un ou plusieurs stagiaires dans le cadre du projet MENTOR (certaines ont un projet d’internationalisation en Afrique du Nord). Plus précisément, il s’agit de 15 entreprises milanaises et de 23 entreprises turinoises, et il nous faut souligner que la réglementation régionale de la Lombardie est plus restrictive quant aux caractéristiques des entreprises admissibles, ce qui rend plus compliqué d’identifier les structures adéquates (par exemple, en Lombardie les entreprises doivent compter un effectif supérieur à 5 unités, sans compter le propriétaire, alors que dans le Piémont cette limite n’existe pas).

Ces deux documents (appel pour les stagiaires et manifestation d’intérêt pour les entreprises), indispensables pour l’étude des dossiers aux fins de la sélection, ont été conçus et rédigés par les partenaires du projet, mais surtout en collaboration avec toutes les parties prenantes des territoires concernés. La documentation a été envoyée et/ou publiée et diffusée quasiment en même temps.

Dans le cas des entreprises, au cas où un projet possédant les mêmes caractéristiques devrait se proposer de nouveau, différents acteurs, en Italie, au Maroc et en Tunisie, ont suggéré de leur envoyer avant la liste des candidats/profils sélectionnés de manière à pouvoir présenter leur manifestation d’intérêt d’après cette base de données ou, en alternative, demander auparavant aux entreprises de manifester leur intérêt. L’on constate donc un fossé à combler entre la procédure de construction des sélections et la des appariements successifs (sous certains aspects, fossé difficile à combler, surtout lors de la phase expérimentale qui n’a pas pu compter sur une liste des entreprises disponibles déjà prête, lesquelles entreprises ont manifesté leur disponibilité au moment de la mise en place du projet dans la Région Lombardie et dans la Région Piémont). Lors d’une hypothétique seconde phase du projet, l’on pourrait compter sur cette première base de données d’entreprises/de sociétés disposées à l’accueil et qui ont su faire démarrer et suivre les stages. Toutefois, si l’on envisageait sérieusement d’exploiter ce type de mécanisme, il faudrait identifier les sujets à l’intérieur des institutions partenaires en mesure de prendre en charge divers services, afin de gérer la sélection, l’appariement et la validation des

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candidatures. À l’avenir, les CCL pourraient renforcer leur rôle de recrutement, afin d’éviter que chacun travaille localement de son côté, mais sachant de pouvoir compter sur un réseau de partenaires et bénéficier de services parallèles.

2.4 Processus de sélection (appariement) et ownership (visites d’étude)

Durant la période décembre – janvier a eu lieu l’instruction des dossiers pour la sélection des candidats devant effectuer des stages en Italie et des entreprises intéressées à les accueillir.

Durant la période d’appel des candidatures des aspirants stagiaires, 174 demandes sont parvenues de la Tunisie et 153 du Maroc, témoignant du grand succès de l’initiative.

La sélection à proprement parler a été effectuée à partir de février jusqu’à la fin du mois de mars. Ce processus a été conçu en trois passages :

1. Pré-sélection des candidatures sur la base de la conformité avec les critères minima énoncés dans l’appel aux candidatures et, par voie de conséquence, exclusion de ceux ne satisfaisant pas à ces critères d’admission.

2. Pré-appariements – prévoyant la participation active des sujets intéressés – possibles et cohérents entre les bénéficiaires et les sujets d’accueil selon leur disponibilité et leur offre (ainsi, à chaque offre des entreprises 4-5 profils ont été associés) validés par toutes les parties prenantes.

3. Entretien/entrevue (voir à l’Annexe 7 la trace de l’entretien) et l’appariement définitif entreprise/ candidat.

La pré-sélection a permis d’identifier 146 candidats, 66 au Maroc (à Beni Mellal 7 filles et 17 garçons ; à Fquih Ben Salah 6 filles et 7 garçons ; à Khouribga 14 filles et 16 garçons) et 81 en Tunisie (38 filles et 42 garçons). Ceux qui dans APL [Agenzia Per il Lavoro – Agence pour le travail (N.d.T.)] et CELAV [Centre de médiation au travail (N.d.T.)] ont gardé des contacts avec les entreprises, ont exercé une activité de pré-appariement en produisant une liste d’appariements possibles par secteurs d’entreprise (TIC, architecture, agro-alimentaire, etc.). À chaque entreprise ont été associés 4 ou 5 profils possibles. Certains curricula ont été exclus au motif du manque d’appariement (possible au niveau sectoriel, mais ne répondant pas au profil indiqué par l’entreprise). Il est à remarquer que le délai servant à recueillir les offres des entreprises a été très bref. Ce qui a diminué le nombre de certaines opportunités et a comporté l’exclusion de certains profils hautement qualifiés en raison de l’absence d’un sujet d’accueil adéquat. L’appariement des profils s’est révélé très délicat et crucial pour la bonne réussite des projets, de sorte qu’il aurait fallu consacrer davantage de temps de préparation à cette action, surtout afin d’identifier les entreprises d’accueil appropriées, au profit des deux parties.

Après l’analyse des profils et des appariements possibles, une visite des partenaires tunisiens et marocains organisée en Italie a porté à la validation des propositions des éventuels appariements entre entreprises et bénéficiaires. La délégation du Maroc et de la Tunisie comptait 9 fonctionnaires et 2 représentants des autorités locales. Au cours de la visite d’étude en Italie, les appariements ont été perfectionnés en cherchant à maintenir un équilibre des genres et en accordant l’attention aux connaissances linguistiques des candidats ; 30 curricula ont été sélectionnés par pays (31 pour la Tunisie et 29 pour le Maroc) et les candidats ont ensuite été invités à passer un entretien au Maroc ou en Tunisie.

Les commissions mixtes, composées de représentants du projet et de quelques parties prenantes (ANAPEC et CRI) au Maroc ont alors identifié 12 candidats ayant obtenu un score supérieur à 65/100 à l’entretien. Pareillement en Tunisie, la commission qui comprenait également des représentants de ANETI et ATCT, a identifié parmi les 31 candidats ayant passé l’entretien (18 garçons et 13 filles) 14 candidats ayant obtenu un score supérieur à 65/100.

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Suite aux propositions d’appariement validées par toutes les parties prenantes à l’occasion de la visite d’étude en Italie, et suite aux entretiens effectués, ont été enfin sélectionnée 20 jeunes dont 10 Tunisiens et 10 Marocains, 14 filles et 6 garçons pour lesquels l’appariement a fonctionné.

Ce qui a eu un certain poids, qui a été jugé important, lors de la sélection finale, est le projet à réaliser au retour présenté par les jeunes qui a servi de filtre pour le choix des candidats. Lors de la sélection l’on a cherché autant que possible à trouver un équilibre entre les projets professionnels et les projets d’entreprise. Comme nous l’avons anticipé, une limite a été la nécessité d’associer les meilleurs profils aux propositions des stages disponibles. Cela aurait comporté l’exclusion de certains profils jugés très valables. Raison pour laquelle l’on a décidé dans certains cas de tenter de trouver d’autres entreprises disponibles, de manière à récupérer certains candidats méritants.

Un élément qui a suscité une grande préoccupation pour les parties prenantes en Italie et aussi dans les pays tiers était le retour dans le pays d’origine après le stage. Quant aux risques potentiels d’engendrer une migration irrégulière, aucun critère objectif n’a été défini pour la sélection lors de l’entretien, mais le mandat conféré aux sélectionneurs a fait appel à leur bon sens et leur intuition. En ce sens, ils n’ont pas favorisé et retenu le projet des personnes ayant un emploi stable, mais ils ont préféré des personnes dotées de grandes potentialités et très motivées pour effectuer un stage à l’étranger.

Il est à préciser que parmi les documents à présenter lors de l’appel aux candidatures était également prévu un questionnaire sur la situation socio-économique familiale (i.e. ressources mensuelles, profession du père, de la mère, etc.). Ce document a été partagé et produit sur la base des inputs des parties prenantes locales avec l’idée que certains éléments du contexte personnel pouvaient avoir une incidence sur la sélection, par exemple pour permettre à des personnes disposant de possibilités économiques plus réduites d’effectuer un stage à l’étranger.

Una fois la sélection terminée, les deux Comités de Concertation Locale organisés en Tunisie et au Maroc ont invité les futurs stagiaires et leur famille avec les parties prenantes et les autorités du projet. Ce fut un moment de célébration très important lors duquel les stagiaires et les familles ont été responsabilisées relativement au départ et au retour des jeunes, à l’importance d’aller à l’étranger et de représenter leur propre pays et leur propre culture, d’acquérir le plus de connaissances possibles pour mettre en pratique ces enseignements à leur retour.

En vue d’organiser un échange en matière de stages entre les deux pays, il serait tout aussi important, en plus de ce qui a déjà été fait avec MENTOR (identification des secteurs porteurs, demandes de projets à créer au retour, etc.) de mettre en place une activité visant à identifier les entreprises qui travaillent déjà ou qui ont des contrats en cours dans le pays donné, et en seconde instance, lancer une activité opérant à l’intérieur des entreprises un changement de paradigme prenant en compte la responsabilité sociale, le développement local et les avantages de coopérer avec des partenaires dans les pays tiers et ou de s’internationaliser.

D’une manière générale, l’on a observé que pour effectuer un appariement adéquat, du moins sur le papier, l’on pouvait tenter d’obtenir des jeunes des profils davantage définis. Pour ce faire, non seulement les jeunes mais aussi toutes les parties prenantes et les entreprises concernées sont appelés à raisonner sur des figures/profils professionnels utiles et nécessaires aux entreprises, au marché, à l’innovation et cela, même dans une perspective à long terme.

Quoi qu’il en soit, il nous faut souligner que l’appariement n’a pas fait l’objet d’une décision prise par un seul sujet mais d’un choix partagé par les partenaires et les parties prenantes. Les visites d’étude en Italie ont favorisé la naissance d’un sentiment de confiance entre les parties prenantes, un sentiment de coresponsabilité dans les choix qui a produit un climat d’appartenance/d’appropriation (ownership) et de partage du projet lors de toutes ses phases.

Dans la plupart des cas les appariements ont fonctionné étant donné la correspondance des qualifications des deux sujets (bénéficiaires et entreprises), alors que seulement rarement les appariements étaient plus hasardeux. Dans ce cas les jeunes en ont été informés afin de vérifier

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s’ils étaient intéressés à participer. À la fin, 7 Tunisiens et 3 Marocains ont été sélectionnés à Milan et le contraire à Turin, c’est-à-dire 7 Marocains et 3 Tunisiens. Au total, 14 femmes et 6 hommes.

Les secteurs dans lesquels se sont déroulés les stages étaient la restauration, l’architecture, la fabrication et production, la logistique, l’administration et le conseil en entreprise, les télécommunications, les énergies renouvelables, le design, le marketing territorial, l’ameublement et décoration et la recherche sociale.

Grâce à l’implication des parties prenantes du projet et grâce au climat de confiance qui s’est créé, non seulement le cheminement du projet vers son objectif a bien fonctionné, mais les deux acteurs clés, à savoir les Régions devant valider les demandes et les consulats en Italie, et surtout en Tunisie et au Maroc, ont aidé à accélérer le processus.

2.5 Campagne d’information et de communication au Maroc et en Tunisie

Pour la sélection des candidats dotés de profils adéquats, intéressants et intéressés à suivre un parcours en Italie, il a été fondamental de mettre en place une campagne d’information, de diffusion et de communication au Maroc et en Tunisie. Toutes les parties prenantes ont été impliquées aux fins de la diffusion de l’appel aux candidatures pour la sélection des candidats à travers la création de la plateforme étranger.networkmentor.org

Le lancement de cette activité a vu une grande couverture médiatique du projet au Maroc et en Tunisie. La ligne stratégique commune des parties prenantes en termes de communication et de diffusion de l’appel aux candidatures a consisté dans l’organiser des moments d’informations vis-à-vis, dans les lieux où l’on pensait pouvoir trouver les profils adéquats (coworking, université, etc.).

La communication comme élément du projet n’a pas été seulement mise en œuvre et rendue centrale pour la diffusion des instruments servant à la sélection des candidats. La plateforme a été rendue « vivante » par les jeunes qui, à leur arrivée en Italie, ont raconté leur expérience.

Enfin à l’intérieur de la plateforme, également en vue de la durabilité future, a été créée une vitrine, point de rencontre entre l’offre et la demande de stages professionnels.

BOX 2. La VITRINE dans la plateforme MENTOR : vers la durabilité du projet

Une vitrine a été créée servant à faire rencontrer la demande et l’offre de stages professionnels. La finalité ultime est de comprendre si cet instrument est en mesure de faciliter le parcours de sélection et l’évaluation de l’affinité entre les stagiaires et les entreprises. La vitrine veut être l’évolution naturelle de l’idée de base de MENTOR : réaliser des parcours de mobilité circulaire au profit de toutes les parties prenantes. Les participants peuvent réaliser une expérience non seulement professionnelle, mais aussi interculturelle et de croissance à 360° en Italie, leur permettant d’acquérir ainsi de nouvelles compétences. Les entreprises peuvent identifier et former les jeunes ressources avec lesquelles construire des parcours d’internationalisation, tout en favorisant ainsi le développement local.

La vitrine comprend deux sections consacrées aux candidats et aux entreprises. Les candidats peuvent s’enregistrer, télécharger une brève description et le CV en format Europass. Les entreprises (après enregistrement) peuvent effectuer la saisie de leur offre de stage à l’intérieur de la section. Toutes les candidatures et les offres sont subordonnées à l’approbation du groupe d’évaluation avant leur publication. La vitrine est à disposition des candidats provenant du Maroc et de la Tunisie et des entreprises situées dans les aires métropolitaines de Milan et de Turin.

https://étranger.networkmentor.org/bacheca

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2.6 Formation (avant le départ) – Tutorat - Start-up

Le projet a fortement voulu enrichir l’expérience des stages en proposant divers moments de formation, de tutorat, de rencontre et de suivi des activités. En effet, un des mérites du projet et de la relation entre le gestionnaire de la Facility (MPF) à savoir l’ICMPD [Centre International pour le Développement des Politiques Migratoires (N.d.T.)] et les partenaires a été de parvenir à introduire avec une grande flexibilité des corrections in itinere.

Le projet prévoyait une formation avant le départ pour les jeunes sélectionnés, consistant en la participation à un cours de langue italienne de 35 heures, géré par la société Dante Alighieri au Maroc et en Tunisie, accompagnée d’approfondissements en matière d’éducation civique et de culture du travail.

Entre-temps, pendant que les jeunes suivaient cette formation précédant leur départ, en Italie les partenaires (APL et CELAV) préparaient les projets individuels des stagiaires avec les entreprises, afin de les soumettre pour approbation à l’examen de la Région et pour la demande de visas auprès des ambassades dans les pays tiers. Les appartements où loger les stagiaires ont été trouvés ainsi que d’autres questions logistiques et pratiques ont été abordées, tel que le recours à un médiateur linguistique, à Milan et à Turin, afin de faciliter l’orientation et l’insertion des jeunes dans les contextes pendant toute la période de leur séjour.

À l’arrivée des jeunes en Italie, entre fin avril et début mai, les stages professionnels ont commencé à Milan et à Turin, où les i 1910 stagiaires ont accompli un stage de 3 mois dans les entreprises d’accueil. Le projet a accompagné le processus à travers un tutorat personnel du sujet promoteur et du tuteur d’entreprise et un service de médiation culturelle dans les deux contextes. Le tutorat s’est développé à travers une dynamique à l’intérieur et hors des entreprises.

Les sujets promoteurs ont en outre proposé des moments récréatifs et culturels à Milan et à Turin, comme la participation à la célébration de l’Iftar (rupture du jeûne durant le mois de Ramadan), organisés par les institutions locales. Par exemple, le 6 juin 2018 le consul général de la Tunisie à Milan a invité tout le groupe milanais du projet MENTOR à participer au dîner de rupture du jeûne durant le Ramadan qui a eu lieu au cercle ARCI Ghezzi de Lodi. Il s’est agi d’un important moment convivial de rencontre avec la communauté tunisienne du territoire milanais.

Toujours à Milan, au mois de juin une guide migrante a conduit les stagiaires du projet MENTOR dans le Migrantour – un itinéraire ou promenade migrante – à la découverte de Via Padova. À Turin aussi, les stagiaires ont participé à un parcours analogue pour découvrir les lieux historiquement fréquentés par les communautés migrantes, notamment par la communauté marocaine.

BOX 3 Activités culturelles organisées pour les jeunes durant la période de leur séjour

Milan

MIGRANTOUR est le réseau européen des parcours urbains interculturels accompagnés par des migrants. Il s’agit d’une initiative de tourisme responsable qui permet de découvrir le territoire urbain à travers l’histoire des migrations. « Nos villes invisibles. Rencontres et nouvelles narrations du monde en ville » est le nouveau projet italien, cofinancé par l’AICS (Agenzia Italiana per la Cooperazione e lo Sviluppo [Agence italienne pour la coopération et le développement (N.d.T.)]) et promu par la Ong ACRA, par Viaggi Solidali et d’autres réalités dont, entre autres, la municipalité de Milan, qui a lieu dans 10 villes pour optimiser les parcours comme véhicule de changement de la perception publique sur la migration et comme instruments d’éducation à la citoyenneté globale.

La visite à la maison de la culture musulmane, première étape de l’itinéraire, a permis aux jeunes participants du projet MENTOR de connaître une réalité culturelle et religieuse qui leur est proche et d’avoir conscience des difficultés auxquelles se heurte la juste revendication de lieux de culte 10 Les jeunes sélectionnés pour accomplir des stages étaient au nombre de 20 (10 Marocains et 10 Tunisiens). Avant le départ, un jeune Marocain a reçu une proposition de travail et a choisi de renoncer au stage. Par conséquent, 19 jeunes ont commencé et terminé les parcours.

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suffisants pour les besoins de la communauté, dignes et officiellement reconnus par les institutions. Ils ont pu également mieux connaître la réalité des diasporas arrivées à Milan pour des motifs moins favorables que les leurs, évaluer non seulement les aspects positifs (la multiethnicité de via Padova) mais aussi être confrontés aux aspects négatifs (la complexité des démarches relatives au permis de séjour).

Le quartier, avec ses nombreux magasins et ses références à leur culture d’origine, a beaucoup plu aux jeunes et leur a servi à établir un dialogue avec d’autres cultures moins proches de la leur (la culture latino-américaine de la guide migrante, des murales, etc., et la culture orientale tout aussi présente dans la Via Padova).

L’accompagnatrice a habilement affronté la difficulté de gérer un groupe un peu différent des groupes habituels étant donné qu’en général des Italiens participent à ces promenades : les jeunes tunisiennes ne voulaient pas entrer dans la maison islamique parce qu’elles estimaient ne pas être vêtues de façon appropriée, mais les paréos et les foulards mis à leur disposition par l’imam et ses paroles rassurantes les ont aussitôt convaincues de prendre part à la rencontre. Les jeunes en ont profité pour prier et demander des informations sur le Ramadan en Italie.

Le groupe MENTOR de Milan a aussi participé à l’événement intitulé Ricetta Milano: banchetto cittadino comunitario. La grande tablée citadine qui a eu lieu le samedi 23 juin dans le Parc Sempione et Piazza del Cannone, comme initiative finale du programme « Ensemble sans murs », promue par l’adjoint aux politiques sociales de la municipalité de Milan avec le concours d’autres réalités du territoire, consistant en un déjeuner offert à tous les Milanais, de naissance, d’adoption et aussi de passage, comme les stagiaires du projet MENTOR. Les participants ont été invités à cuisiner et à apporter leur plat préféré ou de leur enfance et à le consommer avec les autres participants pour célébrer le caractère ouvert, accueillant, international et multi-ethnique de Milan. Ce repas a vu la participation de plus de 10 mille personnes autour d’une table d’une dimension record de 2,7 kilomètres, comptant 1.300 tables et 2.600 bancs, grâce à la contribution des bénévoles de 200 associations et des hommes et des femmes de 160 communautés étrangères qui ont adhéré à l’initiative. Sur les bancs se sont assis côte à côte des retraités et des étudiants, des femmes au foyer et des femmes exerçant une profession, des Italiens de la quatrième génération et des migrants à peine arrivés. L'initiative Ricetta Milano a été inaugurée par les paroles de l’archevêque Mario Delpini et du maire Giuseppe Sala, qui a souligné que Milan « n’a pas peur de la diversité ». À cette occasion, les jeunes du projet MENTOR ont rencontré de façon informelle les directeurs du Service Relations internationales et du Service Urgences Sociales, un représentant de la DG Home et la directrice de la division Welcoming and Integration de la Open Society Foundation.

À Turin, le 14 mai, au Salon international du livre, a été présenté le projet MENTOR dans le cadre de l’événement « Città del mondo e cittadinaza globale. La cooperazione internazionale della città di Torino », où les jeunes Marocains et Tunisiens accueillis pour le projet MENTOR sont intervenus pour présenter leur parcours de stage.

Toujours à Turin, le projet MENTOR et les stagiaires ont été présentés aux membres de la commission Égalité des chances du conseil municipal de Turin (23 mai 2018).

Source : municipalité de Milan et municipalité de Turin.

Durant la période de stage en Italie, MENTOR a invité les entreprises et les tuteurs à analyser et revoir avec les jeunes leurs projets pour le retour.

À Milan, 4 des 9 jeunes ayant accompli le stage ont opté, à la fin du parcours, pour des projets d’entreprise à lancer à leur retour et 5 pour des projets professionnels. Il est arrivé que 2 personnes ont inverti leur parcours, l’un qui avait initialement développé l’idée d’un projet professionnel est passé à un projet d’entreprise et le contraire dans l’autre cas.

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Une jeune fille titulaire d’un Master en Design industriel a effectué son stage dans un cabinet d’architecture, en qualité de préposée à la communication des projets. Partie avec l’idée de réaliser un projet d’insertion professionnelle, elle a ensuite compris qu’elle n’était pas faite pour un travail de bureau mais qu’elle préférait exercer une activité plus créatrice et innovante, et elle est rentrée dans son pays avec l’intention de créer un atelier spécialisé dans la transformation des matériaux de recyclage. En fait, à son retour elle a trouvé un emploi et a remis à plus tard son projet d’entreprise.

Une autre jeune fille, titulaire d’un master en Sciences et techniques agro-alimentaires, a transformé après son stage son projet d’entreprise en un projet professionnel dans le secteur de la « qualité des aliments et des boissons ».

À Turin, 4 des 10 stages concernent des projets d’entreprise et 6 des projets professionnels. Dans ce contexte également se sont vérifiés des changements par rapport aux intentions initiales.

Une jeune fille ayant effectué son stage dans un cabinet d’architecture, notamment pour la restauration de monuments/appartements anciens, est passée de l’idée de projet professionnel à vouloir construire, à longue échéance, sa propre agence. À son retour à la fin du stage, elle a été engagée dans une étude d’architecte similaire à celle où elle avait accompli son stage en Italie.

D’une manière générale, les relations entre les entreprises et les stagiaires se sont révélées enrichissantes et positives, et réciproquement avantageuses. Certains stagiaires rentrent avec le mandat d’explorer le marché de leur pays ; d’autres ont conclu un accord avec les entreprises, d’autres encore ont réussi à contacter une entreprise en dehors du parcours de stage pour recevoir un support leur permettant de développer leur propre projet d’entreprise. Il y a aussi l’entreprise qui entend soutenir le projet entrepreneurial du stagiaire, celle qui a conféré une lettre de mission d’apporteur d’affaires et aussi celle qui envisage d’ouvrir un siège dans le pays tiers.

C’est surtout pour les projets d’entreprise et de start up que l’on a constaté que les versions présentées pour la sélection manquaient de business plans réalistes et durables. Ainsi a-t-on proposé et décidé d’offrir aux jeunes une formation dans cette matière, non prévue par le projet. Ce parcours a été réalisé de manière centralisée (par conséquent également pour les jeunes de Turin intéressés) au mois de juillet à Milan, peu avant le retour. Ce passage aussi a comporté pour certains jeunes de devoir remettre à plus tard leur projet d’entreprise vu qu’ils devaient s’appliquer à traduire leur rêve en réalité.

Le parcours de formation appliquée pour ceux qui avaient l’intention de monter une entreprise a duré une semaine et a traité de manière approfondie le développement d’un Business Model. Le travail s’est concentré sur certains chapitres utiles à le construire, moyennant des questions clés spécifiques à chaque chapitre afin de diriger le travail de manière à le rendre efficace, en particulier: 1) la proposition de valeur (à savoir si la proposition répond à un besoin réel); 2-3) les clients (comment les choisir) et les rapports avec les clients (comment faire savoir aux clients qu’une entreprise existe et comment maintenir les rapports sur une longue période); 4) les circuits de distribution; 5) les activités (lesquelles exercées à l’intérieur et lesquelles acquises en dehors de l’entreprise); 6) les partenaires (quelles organisations externes fournissent des ressources/activités fondamentales pour le fonctionnement du modèle entrepreneurial); 7) les ressources (c’est-à-dire quelles sont les ressources dont l’entreprise a besoin pour exercer ses activités, quelles sont tangibles et quelles intangibles); 8) sources de revenus; 9) coûts; 10) analyse du seuil de rentabilité (break even).

Les rencontres de formation ont eu lieu avant le retour également pour les projets professionnels. En ce cas, des laboratoires en groupe en matière de bilan et de reconnaissance des compétences acquises ont été organisés, ainsi que des moments individuels moyennant des entretiens.

BOX 4. Contenus des laboratoires de formation pré-retour pour projets professionnels Les parcours de formation subdivisés en entretiens et en laboratoires de groupe concernaient plus précisément : les laboratoires avaient pour objet d’amener les personnes à définir leur objectif professionnel, en raisonnant sur leurs compétences regroupées en trois savoirs (savoir, savoir-

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être, savoir-faire), pour parvenir à la mise en place d’un plan d’action. Les laboratoires ont été organisés de manière à affronter les ‘trois pas’ suivants : où je suis, où je veux aller et comment. Les méthodes utilisées étaient de type interactif : usage d’images, récit d’expériences, brainstorming, remplissage de fiches avec discussion. Le programme des laboratoires prévoyait une première définition de l’objectif professionnel/de formation et l’exploration des compétences dérivant des expériences personnelles. En particulier, la définition de l’objectif s’est articulée autour de l’activité Albero del lavoro, à travers une première énonciation individuelle de l’objectif professionnel (où je me trouve et où je voudrais arriver). Ensuite l’on a passé à l’analyse de l’expérience, à savoir à l’exploration des compétences. Une seconde partie de la formation s’est focalisée sur l’approfondissement des ressources et des contraintes, les axes de progression c’est-à-dire que sur la base de l’objectif poursuivi l’on a choisi les ressources fortes sur lesquelles on veut investir (en indiquant éventuellement des stratégies d’amélioration), en identifiant les contraintes et les actions pour les surmonter, pour ensuite passer à la définition du Plan d’action. Eu égard à ce dernier point, il s’agissait de définir au moyen d’un exemple non lié au MDL, un plan d’action (fiche « mon plan d’action ») en rapport avec l’objectif, en rédigeant une lettre de présentation et un CV approprié. Le travail s’est conclu par un exercice pour décider : qu’est-ce que j’apporte à la maison (sac à dos), qu’est-ce que je jette (panier), qu’est-ce que veux approfondir (table de chevet). Les entretiens individuels avaient l’intention de préparer la personne à savoir évaluer correctement les expériences de travail et/ou de stage antérieures, du point de vue du rendement, des objectifs atteints et la détermination des objectifs ultérieurement poursuivis, de l’analyse des capacités, de la formation et le problème du développement de la carrière. L’évaluation professionnelle est une initiative personnelle visant à la prise de conscience individuelle de la nécessité de changer et d’en promouvoir la mise en pratique. L’entretien avait divers objectifs : établir un bilan des expériences, identifier les points faibles et trouver des solutions, définir des objectifs et un plan d’action personnalisé et, en général, mettre l’accent sur les aspirations de la personne qui se trouve dans un moment de transition. L'entretien individuel était structuré selon une liste de questions et conçu pour faire réfléchir la personne en quête d’une nouvelle perspective professionnelle, sur la manière de s’insérer conformément à ses perspectives de carrière. L'entretien a pris en compte 4 éléments : a) Retourner aux objectifs des expériences de travail et/ou de stage précédentes et actuelles et fixer les objectifs pour les expériences successives. Approche analytique des connaissances, capacités (savoir, savoir-faire, savoir-être) ; b) Réfléchir sur la possible évolution de la personne ; pour progresser il faudra analyser les points forts et les points faibles, identifier les contraintes et les stratégies pour les surmonter et mettre en place un plan d’action individuel ; c) Examiner la partie de la formation dans une logique d’amélioration ; d) Reconsidérer les objectifs individuels, réfléchir à la manière de préparer son avenir (départ, changement de poste, évolution de la carrière …). L'usage approfondi de cet instrument a servi à préparer ou à compléter la construction d’un CV et à soutenir un entretien de travail. Le travail d’auto-évaluation peut être revu plus tard afin de vérifier de quelle manière se sont améliorées les compétences personnelles déclinées dans les trois savoirs et si – et comment – se sont renforcés les éventuels points faibles. Source : organismes de formation concernés tels que L’AGENCE POUR L’EMPLOI DE LA RÉGION PIÉMONT et EURES d’AFOL Metropolitana de Milan.

Enfin, le projet a prévu un parcours de tutorat après-stage, de soutien au lancement des start-up et d’insertion professionnelle dans les pays d’origine (2 mois de mentorat post-stage dénommé « Mentoring »). Cela a permis aux jeunes de se réapproprier de leur parcours entrepreneurial et professionnel dans le territoire d’origine et d’identifier, grâce aux compétences et à la capacité des mentors, toutes les opportunités de formation, d’insertion professionnelle, de financement disponibles dans leurs propres réalités. Le rôle de ces experts mentors s’est avéré capital pour l’accompagnement technique et la formation de compétences non techniques. Ces figures, lors d’une éventuelle nouvelle phase du projet, devaient pouvoir être introduites aussi bien avant qu’après le stage, si possible pendant une plus longue période d’accompagnement (d’au moins six mois).

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À l’issue du stage, les 19 jeunes sont tous rentrés et l’expérience acquise dans les entreprises italiennes est en train de peser d’un poids déterminant dans leur parcours d’insertion professionnelle. Le projet MENTOR a créé des liens très concrets également pour les entreprises qui, grâce au projet, ont pu former des personnes avec lesquelles créer une relation stable et qui représentent aujourd’hui des « agents de confiance ».

En particulier, avant leur retour certains ont conclu des accords (avec des termes de référence et un calendrier très détaillé) avec les entreprises d’accueil. Le projet MENTOR a servi de garant desdits accords, accompagnant la réalisation de quelques études de marché et de faisabilité convenues avec ces mêmes entreprises (chacune conformément aux objectifs poursuivis). Un résultat positif permettra éventuellement aux stagiaires d’instaurer une collaboration professionnelle directe avec les entreprises.

Neuf autres jeunes (5 en Tunisie et 4 au Maroc) sont en train de passer des entretiens dans les secteurs d’expérience et six ont déjà trouvé un travail en moins d’un mois. Parmi eux, un cas intéressant est celui d’un garçon qui a obtenu une place de stage en pré-embauche de six mois (moyennant un salaire réduit) dans une entreprise italienne récemment établie à Salè, au Maroc. Le projet MENTOR aidera à couvrir, durant cette période de lancement de l’activité, certains coûts d’établissement dans le nouveau contexte.

Six jeunes (4 en Tunisie et 2 au Maroc) sont en train de réaliser leur projet d’entreprise.

MENTOR a mis à disposition l’accompagnement individualisé par un mentor qui établit le lien entre les jeunes et le réseau des services locaux (partenaire) et fournit des ressources financières variables, selon les besoins globalement identifiés (jusqu’à 2000 € par candidat, à travers l’acquisition de biens et de services tels que les sessions de formation, PC, etc.). L’organisme qui a dispensé la formation à Milan à ceux qui avaient l’intention de monter un projet d’entreprise (E4Impact) est resté en contact avec les jeunes et il est en train de les aider à apporter des modifications à leurs projets, qui de plus en plus doivent être appropriés à la réalité locale, et s’adapter aux conditions de faisabilité effective du projet.

Plus précisément, l’activité de mentorat, au Maroc non moins qu’en Tunisie, s’est traduite par la possibilité pour chaque stagiaire d’être suivi par un expert formateur/mentor. Ces experts ont entrepris un travail individualisé à partir d’une analyse du parcours accompli en Italie, en raisonnant sur le projet à entreprendre et en développant un plan d’action de concert avec les jeunes. Le plan d’action comprend des conseils d’approfondissement des business plans, des rencontres avec les acteurs clés, l’identification de certains besoins de formation ; le développement et la mise à jour du profil pour la recherche d’emploi (CV, profils LinkedIn, etc.), l’encadrement et les termes des contrats de travail, l’assistance et la supervision de certaines études de faisabilité à finaliser, etc. De surcroît, les mentors ont facilité la liaison avec les réseaux locaux. Dans certains cas, les parties prenantes actives dans les réseaux ont offert des espaces de coworking, des sessions de formation et d’approfondissement en matière d’investissements et de mise en réseau.

Encore que moins de temps ait été consacré à cette partie du projet, les partenaires doivent chercher à maintenir et à fortifier l’engagement des parties prenantes au Maroc et en Tunisie à accompagner le lancement des projets professionnels et d’entreprise, garantissant ainsi une véritable durabilité au parcours d’apprentissage circulaire accompli.

Les pages suivantes rendent compte des leçons apprises du projet MENTOR décrit jusqu’ici.

En conclusion nous constatons qu’à côté d’un modèle/d’une approche finalisé à la réalisation des stages à l’étranger, prévoyant des partenariats traditionnels capables d’offrir des stages de travail dans les pays de destination (mécanisme qui existe dans différents pays de l’UE, et qui possède des caractéristiques plus ou moins similaires), s’adressant à des personnes qualifiées, tel que l’a été le projet MENTOR, il peut en exister d’autres. Un modèle moins expérimenté – cité dans un

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document récent du MPI11, qui fait à son tour référence au récent UN Global Compact for Safe, Orderly and Regular Migration (juillet 2018) – prévoit un investissement, à travers des accords bilatéraux, dans les systèmes éducatifs et de formation dans les pays d’origine, de la part de ces pays qui accueillent normalement des immigrés. Ainsi la formation n’est-elle pas destinée exclusivement à ceux qui émigreront mais à un plus large éventail de bénéficiaires, de sorte que l’idée de fond est que les qualifications acquises peuvent être mises à contribution également dans les contextes d’origine12.

Dans les deux approches/modèles, l’objectif est de chercher à assurer des plus grands bénéfices à la fois aux pays d’origine, aux pays de destination et à ceux qui travaillent avec peut-être l’idée d’expatrier. Il n’est pas dit que le premier modèle qui encourage la mobilité ait des retombées sur le développement dans les contextes d’origine, ni même le second qui investit en compétences et formation : le premier cas peut produire un retour ou une mobilité circulaire allant dans cette direction, mais ce n’est pas certain ; dans le second, il peut résulter un plus grand nombre de personnes en mobilité qu’il ne serait souhaitable. Il n’y a pas forcément un modèle meilleur et un autre mauvais, il s’agit de faire des choix selon les contextes pour comprendre quelle dynamique s’avère plus efficace également en termes de coûts/bénéfices. Des projets et des initiatives qui s’inscrivent dans le premier modèle, tel que MENTOR, devront savoir dépasser la phase pilote où il n’existe pas encore une grande expérimentation. Quoi qu’il en soit, dans les deux cas il s’agit de parvenir à inscrire dans l’approche ou le modèle, la possibilité de coopérer entre les territoires pour réaliser un développement bidirectionnel. Chacun des acteurs bénéficiaires joue un rôle de protagoniste et est, de quelque manière, appelé à agir en tant que co-responsable du processus dont il fait partie. Certes, son action doit pouvoir s’inscrire dans des contextes favorables, où les acteurs clés (y compris le secteur privé) et les institutions seraient capables de déployer des efforts d’investissement aux fins du développement durable dans les contextes d’origine, non moins que d’accompagnement individuel lors des phases les plus délicates de mise en place des projets d’entreprise ou professionnels.

11 Hooper, K. (2018) Reimagining Skilled Migration Partnerships to Support Development, MPI, https://étranger.migrationpolicy.org/research/reimagining-skilled-migration-partnerships-development 12 UN (2018) Global Compact for Safe, Orderly and Regular Migration, https://reliefweb.int/sites/reliefweb.int/files/resources/migration.pdf

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3. Leçons apprises

Sur la base des considérations énoncées jusqu’ici aussi bien en termes de réglementations et de procédures qu’en ce qui a trait aux activités de projet, dans ce chapitre seront exposées certaines des leçons apprises, comme points forts et criticités ou aires d’amélioration, au vu de l’expérience vécue. Cette analyse se fonde sur un processus d’observation « participante » à l’intérieur de différentes activités de projet, de la confrontation constante avec les référents des partenaires, d’une enquête destinée aux stagiaires, aux entreprises d’accueil et aux parties prenantes locales à la fin de la période à l’étranger13.

Les points forts du projet comprennent:

Certains éléments de fond/background

1. La relation et la coopération entre villes /territoires, s’est révélée un facteur clé pour rendre la migration temporaire et circulaire une expérience de succès sur le plan individuel et au niveau des communautés concernées, contribuant à l’épanouissement personnel et au développement local et international.

2. La création d’un réseau local d’acteurs en Italie et dans les pays tiers, ouvert aux relations des secteurs publics et privés, qui a offert diverses garanties de succès à la réalisation du projet et a contribué à créer une synergie entre les territoires. Ces réseaux locaux doivent ici (Italie) et là-bas (Pays Tiers) relever le défi final de la durabilité pour parvenir à être assidus dans le suivi des expériences entrepreneuriales et professionnelles même après la fin du projet.

Éléments inhérents à l’instruction du projet : instruments, processus de sélection et appariement entre stagiaires et entreprises

3. La capacité de créer un esprit d’ownership à l’égard du projet et de construire un processus participatif avec les partenaires et les parties prenantes, à travers la constitution de Comités de Concertation Locale (CCL) au Maroc et en Tunisie, à Milan et à Turin. Les visites d’étude en Italie ont contribué à susciter ce sentiment d’appartenance, jetant les bases pour faire naître la confiance entre les partenaires permettant de travailler ensemble pour valider la sélection des candidats. .

4. La pluridisciplinarité des parties prenantes/acteurs clés, à savoir un groupe de travail qui a mis ensemble professionnalisme et compétences mixtes, sur jeunes, coopération, migrations, travail, etc. Cet élément a alimenté les regards et les actions de lancement et de gestion du projet, et s’est traduit par un enrichissement de toutes les parties intéressées.

5. L’enquête qui a prévu que les bénéficiaires devaient développer leur propre projet d’entreprise ou professionnel après stage. Cet élément a fait émerger la motivation réelle des bénéficiaires à participer au parcours et la preuve de leur ferme volonté de retour et d’adhésion aux objectifs du projet aux fins du développement local. Il s’est en outre révélé constituer un matériel précieux sur lequel pouvoir travailler au cours du stage.

6. La prévision de mesures incitatives favorisant l’implication des entreprises, telles que le soutien économique fourni par le projet relativement aux frais afférents au vivre, au couvert et à l’indemnité reconnue aux stagiaires, habituellement à la charge du sujet d’accueil ; le soutien du réseau local, essentiel surtout pour les petites entreprises et pour ceux qui décident de tenter cette expérience pour la première fois.

7. L’appariement entre candidats et entreprises pour l’accomplissement du stage de formation a été un élément déterminant pour produire de la valeur pour les deux parties. Les stages en Italie ont permis aux jeunes de consolider leurs compétences professionnelles et aussi de connaître un nouveau contexte auquel se confronter, de

13 Durant la période juillet-août 15 stagiaires sur 19 ont répondu ; ont répondu 10 entreprises sur 18 (une a accueilli 2 stagiaires) ; et 7 parties prenantes entre Maroc et Tunisie.

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modifier, d’améliorer ou de changer leurs projets pour l’avenir. Dans certains cas, les rapports instaurés entre les stagiaires et les entreprises ont jeté les bases d’une collaboration professionnelle allant au-delà du projet, identifiant les stagiaires comme étant une éventuelle ressource en Tunisie et au Maroc les entreprises souhaitant se tailler de nouvelles parts de marché.

8. Les diplômes et la préparation de « haut niveau » requis ont joué un véritable rôle dans la lutte contre le cliché sur ceux qui proviennent des pays du Sud et y ont étudié, si bien qu’à la fin des parcours tous les sujets d’accueil ont reconnu que les jeunes étaient « très préparés ». Ce qui a eu un impact en matière d’égalité des chances vu le plus grand nombre de candidates féminines, un élément pour le moins inattendu. Enfin, les différentes sociétés/entreprises se sont rendu compte que le processus s’est révélé qualifiant non seulement pour les jeunes mais aussi pour les entreprises.

9. En général, toutes les phases du projet ont été gardées (création des réseaux, recherche, sélection des entreprises, appariement entreprises-bénéficiaires, suivi des stages et accompagnement des projets après le stage), en ajoutant des éléments non prévus là où on le jugeait nécessaire, toujours dans l’intention de protéger les bénéficiaires et ceux qui les ont accueillis.

Éléments relatifs à la réalisation des stages et des projets d’entreprise et professionnels

10. L’accompagnement constant des tuteurs et des institutions partenaires du projet durant la phase des stages, en termes de supervision de la part de ceux qui, à l’intérieur du projet, ont agi en tant que sujets promoteurs (communes, centres pour l’emploi, etc.),a représenté une garantie à la fois pour les sujets bénéficiaires et les sujets d’accueil. Lors de la brève enquête lancée à la fin des stages, cet élément a été jugé très positif.

11. L’apprentissage de l’italien avant le départ et aussi durant le stage qui aurait pu, comme on le craignait, représenter une barrière, n’a pas démontré être un obstacle. Tous les jeunes ont obtenu une certification A2 et sont capables de s’exprimer, certains d’entre eux même couramment.

12. La flexibilité accordée par le bailleur de fonds, dans la définition ou la redéfinition de certaines actions du projet, telle la formation à la fin des stages en vue d’une meilleure détermination des projets d’entreprise et des projets professionnels.

13. L’implication des entreprises et le partage avec celles-ci des objectifs de projet et de processus. Le fait que les entrepreneurs se sont rendu compte que cet engagement actif a représenté un avantage réel d’échange culturel afin de créer des opportunités d’internationalisation dans un contexte nouveau, afin d’établir des rapports de confiance avec une personne s’étant formé auprès d’eux et qui connaît l’entreprise.

14. Ne pas estimer comme allant de soi que s’acclimater dans un contexte culturellement différent soit facile pour les sujets accueillis, les sujets d’accueil, ou les promoteurs. Toutes les parties – bien évidemment les jeunes/bénéficiaires aussi – ont tenté le plus possible de trouver des solutions accommodantes.

Les points faibles et les points d’amélioration majeurs du projet concernaient :

1. Le manque de bases de données/listes des entreprises italiennes dont tirer parti, entre autres des entreprises opérant déjà dans les pays tiers concernés par le projet, susceptibles d’être réellement impliquées dans la réalisation de stages en Italie destinés à de jeunes étrangers, également dans une optique d’insertion professionnelle dans les pays tiers ou poursuivant l’objectif d’internationaliser l’entreprise.

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2. Les délais parfois trop fréquemment inadaptés dans la phase d’instruction, au dam de la qualité de la sélection des profils, par exemple lorsqu’il a fallu faire l’appariement entre les compétences des jeunes et les entreprises disponibles.

3. La durée des stages (3 mois au lieu de 6) que les bénéficiaires et les entreprises ont jugé trop brève. Les délais inadaptés également pour ce qui concerne le suivi/accompagnement, et c’est là, peut-être, le point le plus douloureux et critique dans une optique de durabilité des projets des jeunes, sachant combien la période de lancement d’une société ou la recherche d’un travail répondant aux expectatives est délicate.

4. La rigueur et la précision de la réglementation (notamment de la réglementation de la Lombardie) qui ont empêché de pouvoir offrir des stages à des entreprises nouveau-nées ou comptant moins de six salariés, de même qu’elles n’ont pas permis de prendre en considération des candidats ayant obtenu leur diplôme plus de 12 mois après la présentation de la demande.

5. L’absence d’une préparation adéquate en termes de diversités culturelles, les expectatives générées, etc. des entreprises qui veulent entreprendre ce type de stages et qui devaient être formées. Par exemple, la gestion du jeûne diurne pendant le mois du Ramadan en milieu de travail a représenté un problème quant à la gestion d’une justification valable et acceptable des éventuelles heures d’absence pouvant être reconnues, récupérées, différées.

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4. Recommandations

Le projet MENTOR, tel qu’il a été conçu, a permis d’expérimenter un instrument ainsi que des procédures inhérentes à la formation professionnelle de personnes résidant hors de l’UE, de manière à pouvoir vérifier certains avantages que des expériences similaires pourront procurer dans le futur, capables de promouvoir les migrations légales et de faire circuler non seulement les personnes mais aussi les savoirs.

Ci-après sont formulées quelques recommandations en ce sens.

- Accroître la prise de conscience (awareness) de toutes les parties concernées et à tous les niveaux – de l’UE au gouvernement et aux ministères, aux collectivités locales et aux entreprises – de toutes les opportunités qu’un système d’échanges de compétences peut apporter en sens bidirectionnel. L’intégration à travers le travail, sur le tas, devient un facteur positif « d’ouverture » de portes et d’horizons. Il s’agirait de prévoir des sessions de formation à tous les niveaux pour orienter et accompagner un changement culturel de paradigme. Dans cette optique, il existe une proposition d’organisation de sessions de formation sur l’article 27, déjà demandées en Tunisie, en synergie avec le projet LEMMA.

- Accueillir à tous les niveaux, nationaux et européens, les expériences acquises sur le plan local sur la création d’opportunités de migration légale avec le concours des autorités locales, pour une meilleure définition des politiques, des procédures et des réglementations. Ce processus faciliterait la prise de responsabilités également de la part des collectivités locales dans les pays tiers – dont quelques-uns se trouvent confrontés à des réformes sur la décentralisation – également aux fins de la définition des politiques migratoires à l’échelle locale.

- Améliorer le système de coordination nécessaire et fonctionnant au niveau interinstitutionnel en Italie, pour favoriser les échanges et les stages dans une optique de circularité. Dans les pays tiers, augmenter les informations disponibles pour les jeunes sur les opportunités de migration légale, moyennant la diffusion ou la production des services pour l’emploi et pour la formation, des matériaux et des guides pratiques sur les stages en Italie pour les citoyens résidant hors UE.

- Négocier, vu l’intérêt réel du secteur privé italien à opérer à l’étranger, des nouveaux accords bilatéraux entre l’Italie et les pays tiers, fondés sur la réciprocité. Les accords conclus avec un pays tier ne seront pas identiques mais chacun devra prévoir et décrire le processus, compte tenu de la possibilité d’avoir des entrées bidirectionnelles de migration qualifiée (c’est-à-dire également d’Italiens vers les pays tiers), réalisant ainsi de véritables partenariats. Outre les accords bilatéraux, des conventions de partenariat entre les services pourraient être conclues dans les divers pays, Italie-Maroc-Tunisie, visant à la mise en œuvre de l’article 27 sur les stages.

- Renforcer le rôle de chacune des parties prenantes intervenant dans les comités de concertation locale (CCL) et dans les réseaux locaux, en consolidant et maintenant actifs et durables les CCL et/ou les réseaux qui ont fonctionné dans les divers contextes locaux, comme expérimentations de tables de concertation et de coordination multi acteurs, qui font défaut actuellement au niveau local sur ces questions dans les pays tiers. Compter sur un tel réseau et sur des services parallèles (ici et là-bas) peut représenter une garantie de durabilité, pour accompagner les processus et les initiatives entrepreneuriales et professionnelles même au-delà de la durée des projets tels que MENTOR.

- Trouver et approfondir les synergies et les échanges possibles moyennant les initiatives et les projets existants et déjà mis en œuvre dans les pays tiers, et avec des intervenants et des parties prenantes institutionnels ou privés travaillant déjà de manière consolidée dans les différents contextes.

- Impliquer d’autres régions italiennes, d’autres pays tiers avec lesquels le « système Italie » est intéressé à collaborer. Le secteur privé pourrait être appelé à co-projeter les

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interventions, en mettant au point une répartition plus efficace des rôles et des compétences entre organismes, institutions et entreprises.

- Multiplier le nombre des bénéficiaires et la durée du stage, envisager d’autres secteurs de compétence, effectuer des visites d’étude dans les centres de formation professionnelle des deux-trois pays pour un éventuel jumelage ou pour une coopération. À l’avenir il pourrait être intéressant d’établir une coopération triangulaire entre les pays tiers, Maroc et Tunisie.

- Prévoir un système certifiant les compétences acquises, par exemple à travers un test et un collège d’experts. Le certificateur devrait provenir des centres pour l’emploi puisque cette tâche ne saurait être déléguée à l’entreprise. Les compétences devant être certifiées devraient comprendre tant les compétences formelles que les non formels. Assurément l’apprentissage de la langue italienne peut être inclus dans ce processus de certification. Le projet MENTOR a œuvré dans cette direction.

- Produire comme activité de recherche pour l’avenir des résultats ayant également trait aux « profils » les plus demandés dans les entreprises et dans les pays d’origine. Souvent les données sur les besoins identifiés sur les marchés ne sont guère mises à jour ou sont obsolètes. Il s’agirait d’effectuer des recherches sur le terrain et d’interagir directement avec le monde des entreprises ou avec des experts en la matière afin de pouvoir répondre, voire parfois anticiper, les besoins en termes de profils et de compétences des jeunes. Cela serait intéressant aussi pour les décideurs politiques et aurait des retombées sur les systèmes éducatifs et de formation aux fins de leur mise à jour et de leur adaptation aux besoins en compétences (skill needs).

- Prévoir des parcours de formation sur la diversité culturelle pour les entreprises ayant l’intention d’entreprendre ce type de stages. Il s’agit, à la lumière de la disponibilité et de la capacité d’accueil manifestée, d’offrir un support à ces entreprises en prévoyant des parcours de formation sur la diversité culturelle, sur la culture du travail dans les pays tiers, sur l’opportunité de bénéficier du concours d’équipes multiculturelles en les engageant plus encore dès le début du parcours.

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Bibliographie

- CEDEFOP- Centro europeo per lo sviluppo della formazione professionale (2017) Briefing note - Skills anticipation: looking to the future http://www.cedefop.europa.eu/en/publications-and-resources/publications/9124

- EU (2011) The Global Approach to Migration and Mobility COM/2011/743 final, https://eur-lex.europa.eu/LexUriServ/LexUriServ.do?uri=COM:2011:0743:FIN:EN:PDF

- EU (2015) A European Agenda on Migration, COM(2015) 240 final https://ec.europa.eu/anti-trafficking/sites/antitrafficking/files/communication_on_the_european_agenda_on_migration_en.pdf

- EU (2017) Delivery of the European Agenda on Migration, COM (2017) 558 final, https://ec.europa.eu/home-affairs/sites/homeaffairs/files/what-we-do/policies/european-agenda-migration/20170927_communication_on_the_delivery_of_the_eam_en.pdf

- EU (2018) Concept note, Pilot Projects on Legal Migration, https://www.icmpd.org/fileadmin/user_upload/DOC6_Concept_Note.pdf

- Hooper, K. (2018) Reimagining Skilled Migration Partnerships to Support Development, MPI, https://www.migrationpolicy.org/research/reimagining-skilled-migration-partnerships-development

- UN (2018) Global Compact for Safe, Orderly and Regular Migration, https://reliefweb.int/sites/reliefweb.int/files/resources/migration.pdf

Sites web:

- Comune di Milano: http://www.comune.milano.it/wps/portal/ist/it/amministrazione/internazionali/cooperazione_internazionale/mentor

- Comune di Torino: www.comune.torino.it - Cooptalis : https://www.cooptalis.com/fr/ - Expertise France : https://www.expertisefrance.fr/fiche-projet?id=392874 - MENTOR: https://www.networkmentor.org/home - Mobility Partnership Facility (MPF) https://ec.europa.eu/home-affairs/what-we-

do/policies/international-affairs/global-approach-to-migration/mobility-partnership-facility_en - OFII : http://www.ofii.fr

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Liste des entretiens et échanges réalisée dans la rédaction des Lignes Guides

- Alexandra Carvalho - Union Européenne

- Rodolfo Giorgetti - ANPAL Roma

- Salvatore Petronella - ICMPD

- Alessandro Corno - Région Lombardie

- Giulia Miccichè, Project Manager, Mairie de Milano

- Monica Dragone, Mairie de Milano

- Silvia La Ferla, Mairie de Milano

- Maura Favero, Mairie de Torino

- Maria Bottiglieri, Mairie de Torino

- Elide Del Ponte, Anolf Piémont

- Aurora Ferrara, Tutor pour APL

- Paolo Rolando, APL Piémont

- Miranda Andreazza, APL Piémont

- Paola Calò, CELAV

- Elena Dell’Amico, CEIP

- Amine Saihi, Point Focal MENTOR au Maroc

- Ameni Rahmani, Point Focal MENTOR en Tunisie

- Helene Hammouda, OFIII en Tunisie

- Marlene Peyrutie, Expertise France en Tunisie

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Liste Annexe

ANNEXE 1. Principales références juridiques, jurisprudentielles et administratives (en Italien)

ANNEXE 2a. MAPPING - Liste des parties prenantes au Maroc et en Tunisie

ANNEXE 2b. MAPPING - Liste des parties prenantes en Italie

ANNEXE 3. Secteurs clés et appel à candidature

ANNEXE 4. Recherche sur les secteurs clés

ANNEXE 5a. Manifestation d’intérêt pour les entreprises (en Italien)

ANNEXE 5b. Manifestation d’intérêt pour l’accueils d’un stagiaire – Module d’adhésion (en Italien)

ANNEXE 6a. EXEMPLE – Appel à candidature – MAROC

ANNEXE 6b. EXEMPLE – Appel à candidature – TUNISIE

ANNEXE 7. Questions à utiliser pendant les entretiens au Maroc et en Tunisie

ANNEXE 8. Transposition des directives dans les réglementations régionales (en Italien)

ANNEXE 9a. Règlements et procédures dans la région Piémont (en Italien)

ANNEXE 9b. Règlements et procédures dans la région Lombardie (en Italien)

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Le projet est financé par l’Union Européenne Projet réalisé par