l’evolution du prix du baril de petrole et …paperroom.ipsa.org/papers/paper_53299.pdf ·...
TRANSCRIPT
1
L’EVOLUTION DU PRIX DU BARIL DE PETROLE ET SON
INCIDENCE SUR LES PAYS DE L’OPEP : CAS DE L’ALGERIE
Moussi Oumelkheir1
Herizi Ratiba2
La croissance du PIB en Algérie est très dépendante de l’évolution du prix du baril de pétrole depuis la
décennie 1970, période durant laquelle les recettes budgétaires de l’Etat algérien et les revenus des
exportations commencent à provenir essentiellement des hydrocarbures. Ainsi, l’Algérie est devenue
un pays pétrolier conformément à la définition de Collier et Hoeffler (2005) puisque la rente pétrolière
représente plus de 5% de son PIB. C’est le début de la mise en œuvre d’une économie rentière basée
sur les exportations d’hydrocarbures lesquelles sont affectées négativement par la volatilité des prix du
baril de brut au même titre que la croissance, les recettes budgétaires ainsi que la capacité du pays à se
développer. En effet, selon BOHI (1991)3, les prix pétroliers en soi n’ont pas d’effets significatifs en
macroéconomie, c’est plutôt leur variation qui influence les indicateurs économiques.
Dans ce travail et dans un premier temps, nous analyserons les conséquences des fluctuations du prix
du baril de pétrole à travers l’évolution des agrégats directement déterminés par ce dernier soit le
pourcentage de la rente sur le PIB, les exportations d’hydrocarbures et leur rapport aux exportations
totales et enfin l’évolution du FRR (Fonds de régulation des Recettes). Enfin, après une analyse de
l’historique de l’évolution des prix du brut, nous proposerons un modèle statistique pour expliquer
cette évolution et procèderons aux calculs des prévisions pour la période 2016- 2017.
I. ANALYSE DES CONSEQUENCES DES FLUCTUATIONS DU PRIX DU BARIL DU
BRUT SUR LES AGREGATS MACROECONOMIQUES
Nous allons traiter de ces agrégats sur la période 1981/2014. Cette période est marquée par des booms
pétroliers et des baisses drastiques du prix du baril. De plus, elle est marquée par un recul de
l’investissement productif au profit des infrastructures et du BTP considérés comme « non -tradable »
(non exportables) ce qui va accroître la dépendance de l’économie aux fluctuations du prix du baril.
Nous allons donc analyser successivement ces indicateurs.
1. La Rente/ Produit Intérieur Brut
“Oil rents are the difference between the value of crude oil production at world prices and total costs
of production”4. Cette définition correspond à celle de la rente différentielle proposée par D.Ricardo.
La rente, selon ce dernier, est un revenu qui ne dépend d’aucun travail. La rente différentielle est liée à
un avantage de coût par rapport aux concurrents5, la rente de monopole est associée à une situation de
domination monopolistique. Elle permet au producteur de capturer un sur-prix sur le consommateur.
1 Professeur, High School of Statistics and Applied Economy, Algiers, Algeria, [email protected] 2Professeur, High School of Statistics and Applied Economy, Algiers, Algeria, [email protected] 3 BOHI, Douglas: “on the macroeconomic effects of enrgy price shocks”Ressources and energy, 13, p 145/162 4 Définition de l’indicateur de la Banque mondiale « oil rents » (% of GDP)
5 Principes de l’économie politique et de l’impôt- 1817
2
(B .Quélin )6. L’Algérie depuis son adhésion à l’OPEP en 1969 et grâce à la qualité de son pétrole (le
Sahara Blend) et à ses faibles coûts d’extraction bénéficie des deux types de rentes. Le prix de
référence du brut algérien est le Brent de la mer du Nord que nous utiliserons dans ce qui suit. Nous
constatons à travers le graphe suivant que l’évolution du ratio RENTE/PIB est similaire à celle du baril
de Brent.
Graphe 1 : La rente en % du PIB et le prix du baril de pétrole
Data.worldbank.org/indicators/NY .GDP.PETR.RT.ZS
Nous notons aussi que les périodes où le ratio rente/PIB est le plus faible sont les années 1986, 1987,
1988 et 1998 qui sont des années durant lesquelles le prix du baril de pétrole a évolué à la baisse. De
même, les plus fortes valeurs du ratio correspondent aux années où le prix du brut évolue à la hausse.
Le ratio dépasse alors largement les 5% de Collier et Hoeffler (2005) confirmant que l’Algérie est bien
une économie dépendante du pétrole. Ainsi, l’évolution du prix du baril semble déterminante dans la
dynamique de ce ratio qui indique l’importance de la rente dans le PIB. Cette dernière est donc
soumise aux fluctuations d’une variable exogène et instable.
Nous passons à l’analyse du deuxième indicateur, soit les exportations d’hydrocarbures et leur rapport
aux exportations totales.
2. Les exportations d’hydrocarbures et leur rapport aux exportations totales
L’Algérie depuis la décennie 1970 est devenue un pays quasiment mono-exportateur d’hydrocarbures
puisque plus de 90 % de ses recettes en devises sont issus des hydrocarbures et plus de 50% viennent
du pétrole brut en particulier7. Cette situation engendre une très grande sensibilité des revenus des
exportations algériennes aux fluctuations des cours du brut comme le montre le graphe suivant :
6 Bertrand Quélin- Professeur associé- Groupe HEC : « Le monopole et sa rente »- M.S. Strategic Management- économie industrielle des organisations. //studies2.hec.fr/jahia/webdave/site/hec/shared/sites/quelin/acces_eleves/EIO/seance2Lla_rente.pdf 7 Voir Tableaux en annexe
0
20
40
60
80
100
120
19
81
19
83
19
85
19
87
19
89
19
91
19
93
19
95
19
97
19
99
20
01
20
03
20
05
20
07
20
09
20
11
20
13
Rente en % du PIB Prix du baril de brent en $us
3
Graphe n° 2 : Exportations totales, d’hydrocarbures, de pétrole en milliards de US$ et prix du baril de Brent en
US$.
www.douane.gov.dz.r_périodique/Evolutiondu commerce extérieur de l’Algérie 1963-2010.pdf
Nous constatons à travers ce graphe que la baisse (respectivement la hausse) du prix du baril du brut
se traduit par une baisse (respectivement une baisse) des exportations totales, d’hydrocarbures et de
pétrole. Cependant, il peut y avoir des « effets prix », c’est le cas des années 1984, 1999, 2008 et 2010
durant lesquelles les volumes exportés diminuent mais les recettes augmentent grâce à l’augmentation
des prix du brut.
Graphe n° 3 : Volume de pétrole brut exporté en milliers de barils/jour
OPECSstatistical Bulletin : asb.opec.org/index.php/data-download (world crude oil exports by country (1000 b/d) et
OPEC members value of petroleum exports)
0
20
40
60
80
100
120
19
80
19
82
19
84
19
86
19
88
19
90
19
92
19
94
19
96
19
98
20
00
20
02
20
04
20
06
20
08
20
10
20
12
20
14
E.Totales FOB E. HyE.PETROLE PRIX DU BARIL EN $ US
0
200
400
600
800
1000
1200
1400
1980
1982
1984
1986
1988
1990
1992
1994
1996
1998
2000
2002
2004
2006
2008
2010
2012
2014
Mil
lier
s d
e B
ari
ls/j
ou
r
VOLUME DE PETROLE BRUT EXPORTE EN
MILLIERS DE BARILS/JOUR
VOLUME DE PETROLE BRUT EXPORTE EN MILLIERS DE
BARILS/JOUR
4
3. Le fonds de regulation des recettes
Il s’agit d’un fonds de stabilisation créé en 2000 qui reçoit les plus values fiscales résultant d’un prix
du baril de pétrole supérieur aux prévisions de la loi de finances. Le prix du baril utilisé pour les
prévisions était de19 $US pour la période 2000/2007 et de 37$US depuis 2008. Depuis 2006, ce
compte peut financer le déficit budgétaire. Les fluctuations du prix du baril vont ainsi affecter ce fonds
qui va devenir débiteur depuis 2013 suite aux ponctions effectués sur ce dernier pour financer les
déficits budgétaires chroniques depuis 2009 mais aussi suite à la baisse du prix du baril depuis 2013.
Le prix fiscal de 37$US étant désormais proche du prix réel, ce fonds ne pourra plus être alimenté si la
baisse du brut persiste.
Toutes les conséquences évoquées ci-dessus de la variation des cours du pétrole sur l’économie
algérienne justifient notre souci d’élaborer un modèle susceptible d’expliquer ces fluctuations.
II. Evolution historique des prix de pétrole brut([4],[6]) :
Ce qui caractérise la courbe des prix du baril de pétrole depuis le début de son histoire (1859 : date
du premier forage aux Etats-Unis par le colonel Drake), ce sont ses fluctuations. Afin d’expliquer ces
variations multiples et les analyser, il est nécessaire de reconstituer l’historique de l’évolution de ces
prix.
Graphe 4 : Evolution du Prix du baril de pétrole en US$ 2014 sur la Période 1861-2014
Source des données :BP Statistical Review of World Energy, June 2015 ; Graphe réalisé par les auteurs
0
20
40
60
80
100
120
140
1861
1866
1871
1876
1881
1886
1891
1896
1901
1906
1911
1916
1921
1926
1931
1936
1941
1946
1951
1956
1961
1966
1971
1976
1981
1986
1991
1996
2001
2006
2011
US
$ 2
01
4
ANNEES
Prix du baril de pétrole en US$ 2014
Période 1861-2014
Monopole de
la SO,
Prix moyen:
64,97US$
Période de
mésentente entre les
compagnies.
Prix moyen:
24,42 US$
Les 30 Glorieuses.
Prix moyen
14,84 US$
Ere de l’OPEP
et chocs
pétroliers
Prix moyen
93,577 US$
Baisse de
l’influence
de l’OPEP
sur les
prix
Prix
moyen:
30,92 US$
Relance de
la croissance
économique.
Prix moyen
86,32 US$
5
1. La période 1859 - 1960 :
Au début de son histoire le marché pétrolier aux Etats-Unis était animé par une multitude de
producteurs, encouragés par le statut foncier du sous-sol américain8. Pour procéder à des forages sur
un terrain donné il suffisait d’être autorisé par son propriétaire9. L’absence de contrôle de l’Etat sur
le marché de l’exploration va faire du marché pétrolier un marché concurrentiel. Les prix vont
osciller au rythme des découvertes, l’offre qu’ils vont induire et la demande qu’ils vont susciter.
Le développement intensif des premières découvertes et la concurrence d’un marché libre
provoqueront les premières fluctuations des prix du pétrole. De 12,86$ en 1861 il passe à 121,50$
en 1864 (prix annuel jamais égalé jusqu’à aujourd’hui) pour retomber à 24.38$ en 187410. Sur la
période 1861-1872, la moyenne du prix du baril est de 64,97$. A partir de cette date, Rockefeller va
réorganiser l’industrie pétrolière.
Se désintéressant de l’amont pétrolier, il se concentra sur le raffinage, s’allia à plusieurs concurrents,
prit le contrôle des transports en amont et en aval des raffineries et ainsi naît la compagnie
pétrolière Standard-Oil (SO) .
« En 1873, la SO détenait entre 30 et 40% des capacités de raffinage du pays, et jusqu’à 90% en
1878 ». A la fin du dix-neuvième siècle, SO exportait 50% de sa production. Elle avait un monopole
quasi-total sur l’aval pétrolier et détenait par là un statut de régulateur.
Etablissant l’existence de pratiques anticoncurrentielles dans les activités de la SO, il fût décidé la
dissolution de cette compagnie en 1911 et plusieurs des grandes compagnies américaines
apparurent après cette dissolution.
Ces compagnies vont s’intéresser au pétrole ailleurs qu’aux Etats-Unis. Avec d’autres compagnies
pétrolières françaises et anglaises elles s’implantèrent progressivement dans les pays du Moyen
Orient, grands réservoirs de pétrole caractérisé par un coût de production très faible. Elles
s’accaparent de ce produit qu’elles vendent très cher et ne reversent au pays hôte que de faibles
dividendes. Elles se menèrent une guerre sans merci (à qui profitera le plus, soutirera le plus à ces
pays sous-développés) jusqu’à la fin de l’année 1928 qui verra l’accord d’Accnachary mettre fin aux
différentes compétitions et confrontations et le début d’une entente cordiale « as is principles »
entre 7 grandes compagnies qu’on appela par la suite les « « sept sœurs » ou les « majors ». Ces
compagnies (EXXON(USA), SHELL (Anglo-Hollandaise), British- Pétroleum, Gulf-Oil, Standard-Oil of
California (USA), Mobil(USA), vont exploiter de manière sauvage les réserves dont elles ont le
monopole, et défendre les mêmes intérêts.
Une des clauses de cet accord stipule qu’en chaque point du monde, le prix des produits pétroliers
est fixé comme s’ils avaient été raffinés en Louisiane et exportés par le Golf du Mexique, quelle que
soit leur origine réelle.
8 Le statut foncier américain stipule que le sous-sol appartient au propriétaire du terrain 9 Un contrat est établi entre l’entrepreneur des forages et le propriétaire du terrain 10 Prix exprimés en $2014
6
Cet accord ne concernant pas les exportations des Etats-Unis ; le gouvernement américain instaure
un système de quotas pour les quantités produites afin de réguler le marché américain, lutter contre
l’exploitation anarchique des réserves américaines et ainsi les préserver.
Jusqu’en 1970, les signataires de l’accord d’Accnachary vont régner sur l’industrie pétrolière
mondiale hors USA en pratiquant des prix affichés stables, n’hésitant pas à les baisser quand leurs
intérêts sont en jeu.
2. La période 1960 - 1973
Jusqu’en 1960 la majorité des pays producteurs percevaient des impôts sur les concessions cédées
aux compagnies internationales. C’est ces dernières qui fixaient l’assiette de l’impôt et en même
temps fixaient les prix affichés du pétrole lesquels servaient de base à toute la fiscalité, de manière
unilatérale. Or, ces prix étaient déjà très bas (alors que la moyenne du prix du baril était de 24,92$
sur la période 1873-1927, elle passe à 16,59$ entre 1928 et 196011) quand en Février 1959, pour
compenser la baisse des prix qui découle de la surproduction, deux compagnies pétrolières SHELL et
BP décident de procéder à une baisse des prix affichés suivi par une autre en Août 1960, non sans
conséquences sur les revenus des pays producteurs.
Parallèlement des tractations secrètes se menaient entre les principaux producteurs de pétrole
(Koweit, Arabie Séoudite, Irak, Iran, Venezuela) qui réalisaient à eux seuls près de 90% des
exportations mondiales. Le 15 Septembre 1960 ils créent l’Organisation des Pays Exportateurs de
Pétrole (l’OPEP) dont l’objectif est « l’unification des politiques pétrolières des Etats membres et la
détermination des meilleurs moyens pour sauvegarder leurs intérêts ».D’autres Pays vont adhérer à
cette organisation au fil des ans (L’Algérie rejoint l’OPEP en 1969).
Bien que les pays fondateurs de l’OPEP fournissent 90% des exportations pétrolières, ils ne
maîtrisent ni l’amont ni l’aval de la chaîne pétrolière. De plus, à part leur dénominateur commun qui
est leur richesse pétrolière, les intérêts de ces pays ne sont pas toujours convergents. C’est pour cela
que l’organisation va se fixer trois axes de travail prioritaires, lesquels rallieront tous ses membres :
gérer la fiscalité, réguler la production et instaurer des conditions d’exploitations nouvelles entre les
compagnies internationales et les pays producteurs.
L’impôt perçu par les pays producteurs consistait en une redevance fixe au baril ou un pourcentage
du prix affiché appelé royaltie ; Au Venezuela elle était considérée comme un coût de production
alors qu’au Moyen Orient elle faisait partie de l’impôt sur bénéfices.
En Novembre 1964 l’OPEP parvient à généraliser la prise en compte de la royaltie comme coût de
production.
Concernant la régulation de la production, l’OPEP s’inspire du système de proration mis en place aux
Etats-Unis dans les années 30 (ce système consistait à imposer des quotas de production à chaque
producteur afin de lutter contre le gaspillage et préserver les réserves américaines).
11 Les prix sont exprimés en $2014
7
Ce projet ne fait pas l’unanimité des états producteurs, certains voulant augmenter leurs revenus par
l’augmentation des volumes exportés.
En 1966, elle adopte une résolution exprimant le principe de souveraineté des pays producteurs sur
l’exploitation de leurs gisements. En 1968 elle aboutira à une résolution définissant de nouvelles
relations contractuelles entre pays producteurs et compagnies pétrolières.
La fermeture du canal de Suez en 1967 va bouleverser la « route » du pétrole. Le pétrole qui
transitait par le canal devrait être détourné et acheminé par la mer. Ceci n’est pas sans conséquences
sur les prix car les distances entre les lieux de production et les lieux de consommation sont
modifiées.
La fin des années 60 se caractérisera par une demande croissante, conséquence d’une
consommation à la hausse et en parallèle des capacités de production saturées. Au cours de l’année
1970, le cours du dollar est particulièrement faible ce qui n’est pas sans conséquences sur les
revenus des pays producteurs ; les transactions pétrolières étant libellées dans cette monnaie.
Dans ce contexte, lors de sa première conférence à CARACAS(en 1970), suivie par les accords de
Téhéran (15/02/71) et Tripoli (02/04/71), l’OPEP adopte plusieurs mesures qui conduisent à une
maigre augmentation des prix.
Entre les deux accords (24/02/71) l’Algérie avait procédé à une nationalisation de 51% de son
pétrole et de 100% son gaz.
L’équilibre auquel sont parvenus l’OPEP et les différentes compagnies pétrolières va être fragilisé
lorsque le 15/08/71 les Etats-Unis mettent fin à la convertibilité du dollar. De nouvelles négociations
avec les compagnies internationales aboutissent lors de l’accord de Genève (20/01/72) à une
augmentation équivalente à la réévaluation de la livre sterling (+ 8,49%) et une indexation des prix
affichés sur un panier de monnaies (RFA, Belgique, France, Italie, Japon, Pays Bas, Royaume Uni,
Suède, Suisse).
La seconde dévaluation du dollar le 12/02/73 donnera lieu à de nouvelles négociations qui
aboutiront lors de l’accord de Genève en Juin 1973 à un réajustement à la hausse des prix de 5,7%.
A la veille du conflit Israélo-Arabe (6/10/73) les pays de l’OPEP constituent une nouvelle puissance.
Certains ont procédé à des nationalisations, d’autres ont des prises de participations de 25%. Les
compagnies pétrolières internationales ne sont plus toutes seules dans l’amont de la chaîne
pétrolière. Le pétrole se vend à environ 3$ (dollars courants) le baril.
Le 8/10/73, l’OPEP se réunit à Vienne avec les compagnies pétrolières pour une révision des accords
de Téhéran. Dix jours après le commencement de la guerre d’Octobre, les pays de l’OPEP
décident une réduction de 5% par mois des exportations12 ainsi qu’un embargo total à l’encontre des
Etats-Unis, Pays Bas, Portugal et l’Afrique du Sud.
Le 16/10/73 les six principaux Etats du Golfe décident unilatéralement une hausse des prix de 10%.
L’Algérie, la Libye et le Nigeria augmentent de 90% le prix du brut.
12 « Jusqu’à ce qu’Israël se soit complètement retirée des territoires arabes occupés en 1967 et que le peuple Palestinien soit rétabli dans ses droits »
8
Une éventuelle pénurie de pétrole hante les grands pays consommateurs de pétrole. Le prix de
pétrole proposé aux enchères par l’Iran atteint 17$(dollars courants) le baril. Ceci va amener l’OPEP à
décréter le 23/12/73 un prix officiel à 11,65$(dollars courants) dont le niveau futur dépendra des
objectifs des recettes du pays producteur.
C’est le premier choc pétrolier. Ainsi le monde du pétrole vient de rentrer dans une nouvelle ère.
Désormais il devrait compter avec l’OPEP. Cette organisation va essayer d’harmoniser les politiques
des pays membres en matière de prix et de production et à résister aux pressions des grandes
puissances qui chercheront toujours à obtenir un pétrole à bas prix.
3. La période 1974 - 1981
Jusqu’à la fin des années 60, les grandes compagnies pétrolières contrôlaient de l’amont à l’aval
les activités de la chaîne pétrolière. Une compagnie produisait le pétrole dans le cadre de ses
concessions et en disposait librement en échange d’impôts versés à l’état propriétaire. Le pétrole
était ensuite transporté, raffiné et distribué par les autres filiales de la compagnie. Au début des
années soixante-dix, les pays producteurs prennent progressivement à travers les
nationalisations le contrôle de la production pétrolière. De nouvelles pratiques commerciales
entrent en vigueur. Le système de concessions est remplacé par des relations contractuelles de
long terme liant les nouvelles compagnies pétrolières nationales ayant émergé lors des
nationalisations (SONATRACH pour l’Algérie) et les anciens concessionnaires. Le prix du pétrole
est désormais fixé unilatéralement lors des réunions semestrielles de l’OPEP : c’est le
« government official selling price ». Entre 1974 et 1978 l’OPEP jouera un rôle de régulateur du
marché pétrolier et les prix vont connaître une certaine stabilité (ils vont fluctuer autour de
52,97$13($ 2014)). Ce système va régenter les prix pendant environ dix ans.
Jusqu’en 1973, le marché SPOT était un marché de produits raffinés. Avec la disparition de
l’intégration du puits à la pompe (les compagnies internationales ne contrôlant plus l’amont de la
chaîne pétrolière) le marché SPOT est devenu un marché de pétrole brut et de produits raffinés.
Lors de la crise Iranienne, la production de l’Iran (20% de la production totale de l’OPEP) décroît de
6 Mb par jour 1978 à 2,4 Mb par jour en Janvier 1979.Une baisse de 15% de l’approvisionnement
mondial est constatée et ce bien que certains pays de l’OPEP aient augmenté leur production (la
production de l’Iraq passe de 2.5Mb/j à 3.5Mb/j et celle de l’Arabie Séoudite de 8.5Mb/j à 10Mb/j).
Les pays consommateurs fortement dépendants et craignant une pénurie de pétrole achètent du
brut à « n’importe quel prix ». Les prix SPOT dépassent les prix officiels. De 50,91$ en 1978, le prix
du baril passe à 103,07$ en 1979 et 105,81$ en 198014. C’est le second choc pétrolier.
4. La Période 1981 - 1986
En réaction aux deux chocs pétroliers (1973,1979), les pays consommateurs avaient enclenché des
mécanismes afin de réduire leur dépendance du pétrole, principalement celui provenant des pays
de l’OPEP.
13 $2014 14 $2014
9
La hausse des prix du pétrole a eu pour conséquence de rendre rentable l’exploitation de gisements
où le coût de production du baril est supérieur à celui produit au Moyen Orient. L’exploration est
relancée et progressivement on commence à produire en Indonésie, Afrique, mer du Nord,
Amérique Latine, URSS. Ainsi, le pétrole devient rentable ailleurs qu’au Moyen Orient.
En parallèle les compagnies perfectionnent leur maîtrise de la technologie par l’innovation. Aussi la
recherche sur les énergies de substitution se développe et les pays consommateurs réduisent
l’intensité pétrolière dans leur utilisation énergétique.
En conséquence, le début des années 80 voit d’une part la demande de pétrole baisser
(conséquences des politiques d’économie d’énergie, de substitution au pétrole d’énergies
concurrentes menées par les pays consommateurs) et l’arrivée sur le marché de la nouvelle
production pétrolière développée dans les zones non OPEP (Mexique, Norvège, Mer du Nord).Le
marché se retrouve excédentaire en brut, Les pays de l’OCDE se fournissant prioritairement en
dehors de l’OPEP.
Dans un marché excédentaire « avec des cours structurellement à la baisse », les acheteurs
délaissent les contrats à long terme et se tournent vers les marchés SPOT. Malgré la politique des
quotas de production adoptée par l’OPEP, les prix continueront de baisser. La part de l’OPEP dans
la production mondiale qui était de 53,48% en 1973, est passée 29,95% en 1985.
Graphe 5 : Evolution de la part de l’OPEP dans la production mondiale de pétrole
Source des données : BP Statistical Review 2007 ; graphe réalisé par les auteurs
Durant cette période, le principal acteur de la politique des quotas de production de l’OPEP est
l’Arabie-Séoudite. Etant le pays aux plus grandes réserves et à faible population, il a réduit sa
production de 10 à 3,6 millions barils par jour (près de 75%) pour éviter la chute des cours.
Face à l’indiscipline de certains des membres de l’organisation mais aussi afin de récupérer ses
parts du marché, l’Arabie-Séoudite lance une guerre des prix. Le système des prix officiels est
abandonné et un nouveau produit commercial voit le jour : le contrat netback. Le prix du pétrole
0
10
20
30
40
50
60
19
73
19
74
19
75
19
76
19
77
19
78
19
79
19
80
19
81
19
82
19
83
19
84
19
85
%
ANNEES
Evolution de la part de production de pétrole de l'OPEP sur la période 1973-1985
part de production depétrole de l'OPEP dansla productionmondiale
10
brut est fixé en fonction du prix de vente des produits raffinés qu’il peut donner15. La marge de
raffinage et les coûts de transport sont forfaitaires dans ce contrat. Ce nouveau produit satisfait les
raffineurs qui traitent un maximum de brut ce qui amènent les autres membres de l’OPEP à
rejoindre l’Arabie-Séoudite dans sa politique commerciale. L’accroissement de l’offre conduit à
l’effondrement des prix des produits et par conséquent celui du brut. Le prix du baril chute de 50%
environ en une année ((le prix du pétrole passe de 60,64$ le baril en 1985 à 31,17$16 en 1986), c’est
le contre choc pétrolier.
Durant cette période, l’OPEP a agi comme un frein à la baisse des cours. Elle n’empêcha pas la chute
des prix mais la retarda grâce à l’introduction de la politique des quotas de production.
5. La Période 1986 - 2003 :
A partir du mois d’Août 1986 L’OPEP revient à la politique des quotas et aux prix fixés. Entre 1986 et
1998 la courbe des prix est caractérisée par des pics et des creux dus au non-respect par certains
membres de l’organisation de la politique des quotas de production.
La résolution de l’OPEP de recourir à la politique des quotas résulte de l’évolution du marché
pétrolier. En effet depuis le milieu des années 1980 le marché spot devient progressivement la
référence pour la fixation des prix. C’est un marché sur lequel s’échangent au jour le jour et pour des
livraisons immédiates le pétrole brut et les produits raffinés. Jusqu’en 1973 ce marché était réservé
aux produits raffinés. Après le changement de statut des Majors dans les pays producteurs, il a
commencé à traiter le pétrole brut en plus des produits raffinés. Ses principaux acteurs sont les
compagnies pétrolières privées et publiques, les raffineurs et les négociants ou traders.
Face à la multiplicité des types de pétrole brut, la négociation des prix va se faire par rapport à un
brut de référence. Quelques types de brut s’imposent comme référence : le brent (pétrole produit en
Mer du Nord), le West Texas Intermédiate (pétrole produit aux Etats-Unis), le Dubaï (pétrole produit
aux Emirats).Ce sont les markers sur lesquels s’indexent les prix des autres bruts.
La négociation de cargaisons au jour le jour entraîne des variations continues de prix et implique
pour les acteurs du marché d’importants risques financiers. Afin de se prémunir contre la volatilité
des prix, apparaissent les contrats à terme ou « futures »17.
Les prix à court terme du prix de pétrole sont donc devenus des prix boursiers. Ces marchés tiennent
compte des anticipations sur l’état de l’offre et de la demande du pétrole brut livrable dans un mois.
Ces anticipations sont influencées par les analyses que les offreurs et les demandeurs se font en
fonction des facteurs géopolitiques, climatiques, les états des stocks, qui peuvent éventuellement
15 Contrat net back : Prix du baril = valeur des produits issus du baril – marge de raffinage fixe par baril – coût de transport 16 $ 2014 17 Un contrat à terme est une promesse de vente par laquelle le vendeur s’engage à livrer la marchandise (pétrole brut ou produits raffinés) à une date donnée, l’acheteur étant tenu de la recevoir et de la payer au prix fixé lors de la signature du contrat.
11
affecter le marché pétrolier etc... Le seul moyen de pression dont dispose l’organisation sur les prix
est d’ajuster sa production pour peser sur l’équilibre entre l’offre et la demande.
De 1990 à 1997 les prix du brut fluctuent autour d’une moyenne de 31,15$ le baril. En 1998, ils
atteignent 18,47$18 le baril. Pour expliquer cette baisse drastique, les experts avancent les raisons
suivantes : la décision de l’OPEP d’augmenter le plafond de sa production lors de l’accord de
Djakarta19 , la baisse de la demande pétrolière à cause du ralentissement de la croissance mondiale,
généralisation de la crise asiatique, retour des exportations irakiennes sur le marché20, et enfin le
niveau élevé des stocks dans les pays de l’OCDE.
Face à cette situation, l’OPEP, réunie à Vienne le 23 Mars 1999 décide de réduire sa production
pendant un an à compter du premier Avril 1999. Elle se fixe pour objectif de maintenir le prix du baril
entre 22 et 28$ (dollars courants), ce que l’on a appelé la fourchette OPEP. Ce prix assure aux pays
exportateurs des ressources financières minimales.
L’OPEP réussit à maintenir cette fourchette entre1999 et fin 2003 bien que durant cette année trois
grands producteurs ont réduit leurs exportations : Venezuela, Nigeria, Irak. L’OPEP avait les capacités
de production nécessaires pour combler le déficit.
6. La Période 2004 -2016
A partir de 2004 les prix amorcent leur envol. Les prix du baril passent de 37.09$ en 2003 à 82,65$ en
2007 ($ 2014), soit une augmentation de 122.6%. Au cours de l’année 2008, les prix ont atteint 148$
en Juillet et une moyenne annuelle de 106,94$($ 2014) au moment de la crise économique mondiale.
Certains experts appellent ce mouvement de hausse un troisième choc pétrolier.
Selon les experts du marché pétrolier, les raisons de la hausse continue des prix entre 2003 et Juillet
2008 s’expliquent par quatre principaux facteurs : la relance de la croissance économique, des marges
de production OPEP limitées et des coûts de production en hausse.
Après la crise de 2001, le taux de croissance mondiale est descendu en dessous de 3%(90/99). A partir
de 2002 est amorcée une reprise de l’économie mondiale (4% en 2003 et de l’ordre de 5% sur la
période 2003-2007). L’une des conséquences de cette conjoncture est l’augmentation de la demande
pétrolière d’où la perte de la majeure partie des capacités excédentaires mondiales de production.
Bien que les capacités aient augmenté, elles n’ont pas pu suivre le rythme d’accroissement de la
demande, émanant notamment des besoins des pays émergents (Chine, Inde).La
consommation de la chine est passée de 5803000 barils /jour en 2003 à 7999000 barils/jour en
2008 (soit une augmentation de 3,95%). En moins de deux décennies, le monde est passé d’une
situation de surcapacité à une situation d’équilibre tendu entre offre et demande.
Au plus fort de la crise financière mondiale, on observe une chute drastique du cours du baril : De
130$ à 40 $(courants) entre Juillet et Décembre 2008. A partir de 2009, les pays producteurs réduisent
leurs productions et le prix du baril revient à 68,05$($ 2014).
18 $2014 19 En 1997 lors de l’accord de Djakarta, l’OPEP accepte d’augmenter le plafond de sa production de 10% en passant de 25 à 27Mb/jour. 20 Retour sur le marché des exportations irakiennes dans le cadre de la convention « pétrole contre nourriture ».
12
En 2010, la reprise économique est accompagnée par une forte croissance de demande de pétrole
laquelle induit une relance des prix à la hausse. A cause des printemps arabes, les marchés craignent
des répercussions sur les capacités de production et contribuent à maintenir des prix élevés (86,31$ en
2010, 117,09$ en 2011 et 115,14$ en 201221).
En 2013, le cours du baril retombe à 110,42$, entame une baisse durable et passe sous la barre des 30$
courants en Janvier 2016.
Ceci s’explique en partie par l’attitude de l’Arabie Saoudite qui maintient des niveaux de production
élevés et ce malgré l’excès de l’offre afin d’affaiblir la production de gaz de schiste et protéger ses
parts de marché. .
Conclusion
Il ressort à travers cet historique sur l’évolution des prix, qu’en plus des fondamentaux du marché, le
prix du pétrole dépend d’aléas qui peuvent survenir à tout instant et créer une rupture dans la tendance
des prix comme l’ont montré les emballements à la hausse ou à la baisse des prix de 2008 et
2009,2011,2013 ou ceux de la période 1979-1986. Donc, à l’instant le prix dépend des prix
antérieurs mais cette relation peut être perturbée par l’occurrence d’un évènement aléatoire .
III. MODELISATION ET ANTICIPATIONS SUR LES PRIX :
Statistiquement, les prix du baril de pétrole constituent une série temporelle. Sous l’hypothèse que le
prix du baril à la date t (pt) est fonction des prix antérieurs (pt-1, pt-2,…..) et d’un évènement A pouvant
survenir à tout instant et entraîner soit une augmentation des prix, soit une diminution, nous proposons
le modèle suivant :
1. Définition du modèle [7]:
Le prix du baril de pétrole à l’instant t sera défini par l’équation suivante :
∑
où ( ) est un bruit blanc gaussien de paramètres 0 et ; sont des réels
satisfaisant les conditions de stationnarité d’un processus autorégressif d’ordre k
{
avec 22 [ [
{
21 $2014 22 P(A)= Probabilité que l’évènement A ait lieu
13
avec [ et [
cœfficients réels positifs, réalisations d’une distribution aléatoire connue.
Remarques :
(i) ∑ , cela signifie qu’à l’instant t, le prix dépend des prix
antérieurs. Il n’y’a donc aucun évènement majeur qui vienne perturber la tendance des prix.
(ii)- ∑ , cela signifie que l’occurrence de A est
susceptible d’induire une hausse des prix.
(iii)- ∑ , cela signifie que l’occurrence de A est
susceptible d’induire une baisse des prix.
(iv)- En résumé, à l’instant t, tp satisfait l’équation suivante :
{
∑
∑
∑
D’où les paramètres à estimer seront : , ,
Pour l’application empirique, nous avons utilisé une série de prix annuels du baril de pétrole, en
dollars constants 2014, allant de 1861 à 2014.
La méthode bayesienne avec application de l’échantillonnage de GIBBS ([3]) a été utilisée pour
l’estimation des paramètres du modèle. L’inférence a été menée à l’aide du logiciel WINBUGS [11].
Des analyses préliminaires ([7]) ont montré que le modèle linaire estimé est un processus
autorégressif d’ordre 1 et les nombreuses simulations ont montré que les variables tS estimées
étaient égales presque partout. Donc on conclue que la suite tS converge presque sûrement vers une
constante S. D’où la reformulation du modèle :
{
14
2. Résultats empiriques :
Le modèle suivant a été estimé sous l’hypothèse qu’un évènement aléatoire peut avoir lieu à tout
instant et perturber la tendance des prix.
{
Réalisé par les auteurs à partir des résultats d’estimations
Nous constatons que le modèle reflète assez bien les observations réelles dans la mesure où la
courbe des prévisions est pratiquement confondue avec celle des observations réelles.
Prévisions du prix du brut pour les années 2015,2016 et 2017
Scénario 1 :
Vu le contexte actuel nous avons procédé aux estimations sous l’hypothèse d’occurrence
d’évènements induisant une baisse durable sur la période. Les résultats suivants ont été obtenus :
Années Prix Moyen ( Prix médian IC23 pour
2015 59 58 [11,112]
2016 57 57 [8,110]
2017 54,87 54 [8,108]
23 Intervalle de confiance pour le prix moyen au niveau 95%
0
20
40
60
80
100
120
140
18
62
18
68
18
74
18
80
18
86
18
92
18
98
19
04
19
10
19
16
19
22
19
28
19
34
19
40
19
46
19
52
19
58
19
64
19
70
19
76
19
82
19
88
19
94
20
00
20
06
20
12
Pri
x e
n U
S$ 2
01
4
Années
Courbe des prix réels et prévus
prix prévus
prix réels
15
Scénario 2 :
Sous l’hypothèse qu’l y’ait un revirement à la hausse dans la tendance des prix au cours de l’année
2016, nous avons obtenu les résultats suivants pour l’année 2017 :
Année Prix Moyen ( Prix médian IC24 pour
2017 73 66 [15,105]
Interprétation des résultats :
D’après nos estimations le prix du baril de pétrole a diminué de près de 50% sans pour autant revenir
aux niveaux de la fin de la décennie 80. Chaque fois, ces diminutions n’étaient pas anticipées par les
experts parce que provoquées par des évènements imprévisibles et non anticipés ou impossible à
anticiper.
Le prix du baril du brut est donc susceptible de descendre à des minima difficiles à prévoir (moins de
12 $) ou au contraire dépasser la barre des 100 $ (d’après les intervalles de confiance). Ceci rejoint
l’analyse de plusieurs experts qui jugent que « les incertitudes entourant les prévisions sont
exceptionnellement importantes ».
24 Intervalle de confiance pour le prix moyen au niveau 95%
16
CONCLUSION :
Le marché pétrolier est très volatil dans la mesure où il dépend de facteurs très difficiles à prévoir tels
les évènements politiques, les aléas climatiques ou les évènements économiques. Entre 2002 et 2008,
les prix du baril de pétrole n’ont cessé d’évoluer à la hausse passant de 32 à 106$ (dollars 2014).
Beaucoup d’experts pensaient que le monde était rentré dans une phase de hausse durable des prix. Ils
n’avaient pas fini de disserter sur les causes ayant conduit au doublement des prix lors de cette
dernière décennie que ceux-ci surprennent une autre fois en chutant de manière drastique au cours du
second semestre 2008. Serait-il donc possible d’anticiper sur leur niveau à moyen terme ?
La chute drastique du prix du baril de pétrole au cours de l’année 2008 était la résultante de la crise
financière qui avait démarré aux Etats-Unis et a fini par gangrener le système financier mondial. Ceci
a conduit à une crise économique mondiale dont une des conséquences immédiates fut la chute de la
demande de pétrole. Les analystes se sont accordés sur une reprise timide de la croissance économique
ce qui allait impliquer nécessairement une augmentation de la demande de pétrole (comme cela a été
constaté au cours du dernier trimestre de l’année 2009) et donc une augmentation des prix.
Effectivement, une tendance à la hausse est observée à partir de 2009 suivie par une tendance à la
baisse à partir de 2012 et qui s’amplifie au fur et à mesure.
Donc, comme Il ressort à travers l’analyse de l’historique des prix, ces derniers dépendent de
variables identifiées (demande, offre, croissance économique etc.) et d’aléas tels la crise financière de
2008 ou la crainte de pénurie de pétrole provoquée par la révolution iranienne en 1979, pouvant
survenir à tout instant et perturber la tendance. Ces aléas ont les mêmes conséquences : occasionner un
revirement du marché pétrolier.
Suite à la dernière crise financière ayant entraîné une récession économique quasi mondiale, des
experts du marché pétrolier ([1]) jugeaient que « tant qu’une vision plus claire de la crise sur
l’économie et la demande pétrolière ne sera pas établie, le prix du baril de pétrole est susceptible de
descendre à 30, voire 20$ ».
D’après les résultats de notre application, le prix du baril de pétrole peut descendre jusqu’à 11$ ou
monter à114$ pour les 3années à venir. Un pétrole à 12$ serait justifié par une aggravation de la
situation économique mondiale, accentuant la chute de la demande de pétrole et dans ce cas-là,
l’approvisionnement du marché pétrolier ne serait assuré que par le pétrole à faible coût de production
c'est-à-dire celui de l’OPEP. Dans le cas contraire, la reprise économique mondiale entraînerait une
reprise de la demande pétrolière et pour pouvoir la satisfaire, l’appel au pétrole cher sera plus que
nécessaire ce qui expliquerait un prix du baril supérieur à 100$.
Néanmoins tant que le pétrole restera un produit stratégique tant son rôle dans la vie économique et
sociale de l’homme est vital, un avenir sans crise pétrolière est assez peu probable. En effet le moindre
aléa, perturbation en amont ou en aval de la chaîne pétrolière, est susceptible de provoquer un
revirement dans le marché pétrolier, avec une importante volatilité induite dans la série des prix
comme cela a été observé par le passé (un écart de près de 80$ entre le prix annuel de 1973 et celui de
1979, 80$ aussi entre 1980 et 1998,60$ entre 2001 et 2008).
Pour cela, dans la modélisation des prix et donc le calcul des prévisions, la prise en compte de ces
aléas est nécessaire.
17
Donc on ne peut parler de hausse ou baisse durable des prix de manière définitive tant que le pétrole
ne peut être substitué par une source d’énergie à coûts et utilisation équivalents, mais rester en veille
permanente des fondamentaux du marché, des contextes économique, géopolitique et climatique afin
de détecter et constituer des indicateurs à même de mesurer l’incidence de ces aléas sur la tendance du
marché en temps opportun.
BIBLIOGRAPHIE
[1]-Alazard Nathalie: L’offre et la demande de pétrole (PANORAMA 2009- IFP)
[2]-BOHI, D : “On the macroeconomic effects of energy price shocks-”Resources and energy” 13, p
145/162- 1991
[3]-CASELLA G.: Explaining the Gibbs Sampler (American Statistical Journal, Vol.46 N°3, August
1992)
[4]-CHEVALIER Jean Marie: Energie et Pétrole, tensions et turbulences (Revue Liaison Energie
Francophonie)
[5]-COLLIER.P, HOEFFLER.A; “Démocraties pétrolières”-
Revue « Afrique contemporaine » 216 (4)- p 107/123- 2005
[6]-GIRAUD André : Géopolitique du Pétrole et du Gaz (1987, Editions TECHNIP)
[7]- MOUSSI OumElKheir : Modélisation des prix de pétrole : Estimation bayesienne. Thèse de
Doctorat d’Etat (soutenue le 21/02/2008).
[8]-QUELIN. B- Professeur associé- Groupe HEC : « Le monopole et sa rente »- M.S. Strategic
Management- économie industrielle des organisations ;
//studies2.hec.fr/jahia/webdave/site/hec/shared/sites/quelin/acces_eleves/EIO/seance2Lla_rente.
[9]-RICARDO. D: “Principes de l’économie politique et de l’impôt »- 1817
[10] -Statistical Review (BP)- Juin 2009
[11]- WINBUGS (Logiciel et Tutorial).
18
Annexe
Tableau 1 : Exportations d’Hydrocarbures et exportations totales de biens en milliards de US$
(Période 1980/1990)
1980 1981 1982 1983 1984 1985 1986 1987 1988 1989 1990
Exports.Totales
(FOB)
(1)
15 ,613 13,283 11,481 11,183 11,869 10,145 7,820 8,233 8,105 8,968 11,304
Exports.
Hydrocarb.
(2)
15,370 13,015 11,245 10 ,996 11,576 9,893 7,621 8,019 7,685 8,572 10,865
Exports.
Pétrole
(3)
12,971 13,066 11,149 9,655 9,778 9,668 5,161 6,555 5,725 6,815 9,588
(2)/(1) en % 98,44 98,00 98,00 98,00 97,53 97,51 97,45 97,40 94,81 95,58 96,11
(3)/(1) en % 83,00 98,36 97,10 86,33 82,38 95,29 65,99 79,61 70,63 75,99 84,82
Source :www.douane.gov.dz.r_périodique/Evolution%20du%20commerce%20extérieurs%20de%20l’
Algérie%201963_2010.pdf et OPEC statistical bulletin pour les exportations de pétrole en valeur et
pour les volumes exportés.
Tableau 2 : Exportations d’Hydrocarbures et exportations totales de biens en milliards de US$
(Période 1991/2000)
1991 1992 1993 1994 1995 1996 1997 1998 1999
2000
Exports.Totales
(FOB)
(1)
12,101 10,837 10,091 8,340 10,240 13,375 13,889 10,213 12,522 22,031
Exports.
Hydrocarb.
(2)
11,726 10,388 9,612 8,053 9,731 12,494 13,378 9,855 12,084 21,419
Exports.
Pétrole
(3)
8,464 7,885 6,902 6,335 6,938 8,826 8,352 5,691 8,314 14,204
(2)/(1) en % 97.00 95,86 95,25 96,56 95.00 93,41 96,32 96,49 96,50 97,22
(3)/(1) en % 69,94 72,76 68,39 75,95 67,75 66.00 60,13 55,72 66,39 64,47
Source ; idem
Tableau 3 : Exportations d’Hydrocarbures et exportations totales de biens en milliards de US$
(Période 2001/2009)
2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009
Exports.Totales (FOB)
(1)
19,132 18,825 24,612 32.083 46,001 54,613 60,163 79,298 45,194
Exports. Hydrocarb.
(2)
18,484 18,091 23,939 31,302 45,094 53,429 58,831 77,361 44,128
Exports. Pétrole
(3)
11,736 12,370 16,476 23,050 32,882 38,342 44,250 53,607 30,587
(2)/(1) en % 96,61 96,10 97,26 97,56 98,00 97,80 97,78 97,55 97,64
(3)/(1) en % 61,34 65,71 66,94 71,84 71,48 70,21 73,55 67,60 67,67
Source : idem
19
Tableau 4 : Exportations d’Hydrocarbures et exportations totales de biens en milliards de US$
(Période 2010/2015)
2010 2011 2012 2013 2014 2015 Exports.Totales (FOB)
(1) 57,053 73,489 71,866 65,917 62,886 37,787
Exports. Hydrocarb.
(2) 55,527 71,427 69,804 63,752 60,304 35,724
Exports. Pétrole
(3) 40,113 52,883 49,993 44,462 40,628 21,751
(2)/(1) en % 97,32 97,2 97,13 96,71 95,89 94,54
(3)/(1) en % 70,31 71,96 69,56 67,45 64,60 57,56
Source : de 2011 à 2014 www.douane.gov.dz/pdf/r_periodique/serie-2000_ 2013.pdf