lettre de la miniature numéro 39. janvier-février 2017 · conduite l’avait obligé à se...

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La Lettre de la Miniature N° 39. Janvier-février 2017. Rédaction : ©Nathalie Lemoine-Bouchard. Tous droits réservés. ISSN 2114-8341 Sommaire p. 2 Anecdotes Les belles promesses de la Dlle Dumas Les bons mots de Mlle Arnould p. 3-9 Gros Plan : « Ce bijou joint l’agréable à l’utile » : deux vues inédites de Bagatelle, à Abbeville, par Louis Belanger, Par Jean-Loup Leguay, historien de l’art. p. 10 Peintres en miniature nouvellement répertoriés en France : Etienne-Denis Dupuis ; Azéline Alexandre Dujardin de Passai ; Charles Dusaulchoy. p. 1 et 11 12 Actualités de Lemoine-Bouchard Fine Arts : p. 11-12 Galerie : - Au théâtre ! miniatures sur vélin de Jean-Louis Faesch - Les arts florissants : Jeune femme au clavecin entourée de ses instruments de musique, de partitions, de cartes géographiques, sous un tableau d’un peintre à son chevalet p. 1. Expertise : - Les miniatures de la collection Alphonse Kann, Artcurial, hôtel Dassault, 22 février 2017 : par Augustin, Campana, DeGault, Dumont etc. - Collections de miniatures, Ader-Nordmann, hôtel Drouot, 28 février 2017 ; n° 42 à 122, notamment par Bornet, Chartier, « D.M. », Edenberger, Jaquemin, Lapeyre, Léauté, Le Masne, Mulnier, A. Pin, A. Pressac, Truchet, Vallière, etc. AGENDA Ventes de miniatures, expertise N. Lemoine-Bouchard : Mercredi 22 février 2017 Artcurial, hôtel Dassault, Paris, 18H00 D’Alphonse à Hélène Kann, La passion de l’art en héritage Les miniatures de la collection Alphonse Kann, Artcurial, n° 76 à 89. Oeuvres d’Augustin, Campana, DeGault, Dumont (repr. ci- dessous), etc. Mardi 28 février 2017 Ader-Nordmann Hôtel Drouot, salle 14, 13H30 vente de mobilier et objets d’art, miniatures n° 42 à 122, certaines signées par des artistes aux œuvres rares aujourd’hui ; ex n°56 J.N. Edenberger (actif 1773-90) Femme dans un paysage (repr. ci-dessous). Jean-Louis FAESCH (c. 1738-1778) Voltaire sur le vif Miniature sur vélin, dessinée probablement à Ferney où Voltaire fit venir le peintre bâlois Faesch pour peindre les acteurs qui se produisaient dans son théâtre. 8,9 x 7,4 cm. (Lemoine-Bouchard Fine Arts) Dans cette édition, 3 peintres en miniature nouvellement répertoriés. A participé à ce numéro : Jean-Loup Leguay. La Lettre de la Miniature propose à chaque numéro un gros plan sur quelques artistes, une miniature ou une collection ; l’actualité de Lemoine-Bouchard Fine Arts (Galerie et Expertise) ; l’actualité de la Recherche et des musées. N’hésitez pas à nous communiquer informations ou recherches en cours. Bonne lecture!

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Page 1: Lettre de la miniature numéro 39. janvier-février 2017 · conduite l’avait obligé à se retirer comme « bon pauvre à ... fils unique d'un riche marchand de vin ... 20.000 livres

Fine A

La Lettre de la Miniature

N° 39. Janvier-février 2017. Rédaction : ©Nathalie Lemoine-Bouchard. Tous droits réservés. ISSN 2114-8341

Sommaire

p. 2 – Anecdotes

Les belles promesses de la Dlle Dumas

Les bons mots de Mlle Arnould

p. 3-9 Gros Plan :

« Ce bijou joint l’agréable à l’utile » : deux vues inédites de Bagatelle, à

Abbeville, par Louis Belanger,

Par Jean-Loup Leguay, historien de l’art.

p. 10 – Peintres en miniature nouvellement répertoriés en France :

Etienne-Denis Dupuis ; Azéline Alexandre Dujardin de Passai ; Charles

Dusaulchoy.

p. 1 et 11 –12 Actualités de Lemoine-Bouchard Fine Arts :

p. 11-12 Galerie :

- Au théâtre ! miniatures sur vélin de Jean-Louis Faesch - Les arts florissants : Jeune femme au clavecin entourée de ses instruments de musique,

de partitions, de cartes géographiques, sous un tableau d’un peintre à son chevalet

p. 1. Expertise :

- Les miniatures de la collection Alphonse Kann, Artcurial, hôtel Dassault, 22 février

2017 : par Augustin, Campana, DeGault, Dumont etc.

- Collections de miniatures, Ader-Nordmann, hôtel Drouot, 28 février 2017 ; n° 42 à

122, notamment par Bornet, Chartier, « D.M. », Edenberger, Jaquemin, Lapeyre,

Léauté, Le Masne, Mulnier, A. Pin, A. Pressac, Truchet, Vallière, etc.

AGENDA

Ventes de miniatures,

expertise

N. Lemoine-Bouchard :

Mercredi 22 février 2017

Artcurial, hôtel Dassault,

Paris, 18H00

D’Alphonse à Hélène Kann,

La passion de l’art en

héritage Les miniatures de la collection

Alphonse Kann, Artcurial,

n° 76 à 89. Oeuvres

d’Augustin, Campana,

DeGault, Dumont (repr. ci-

dessous), etc.

Mardi 28 février 2017

Ader-Nordmann

Hôtel Drouot, salle 14, 13H30

vente de mobilier et objets

d’art, miniatures n° 42 à

122, certaines signées par

des artistes aux œuvres rares

aujourd’hui ; ex n°56 J.N.

Edenberger (actif 1773-90)

Femme dans un paysage

(repr. ci-dessous).

Jean-Louis FAESCH (c. 1738-1778)

Voltaire sur le vif

Miniature sur vélin, dessinée

probablement à Ferney où Voltaire fit

venir le peintre bâlois Faesch pour

peindre les acteurs qui se produisaient

dans son théâtre. 8,9 x 7,4 cm.

(Lemoine-Bouchard Fine Arts)

Dans cette édition, 3 peintres en

miniature nouvellement répertoriés.

A participé à ce numéro : Jean-Loup

Leguay.

La Lettre de la Miniature propose à chaque numéro un gros plan sur quelques

artistes, une miniature ou une collection ; l’actualité de Lemoine-Bouchard

Fine Arts (Galerie et Expertise) ; l’actualité de la Recherche et des musées.

N’hésitez pas à nous communiquer informations ou recherches en cours.

Bonne lecture!

Page 2: Lettre de la miniature numéro 39. janvier-février 2017 · conduite l’avait obligé à se retirer comme « bon pauvre à ... fils unique d'un riche marchand de vin ... 20.000 livres

Anecdote :

…/…

Anecdotes :

Les belles promesses de la Demoiselle Dumas

Certains artistes ont su mieux que d’autres assurer leur promotion. La demoiselle Dumas, qui passa une longue

annonce à Limoges en 1780, n’a pas laissé, en-dehors de cela, beaucoup de traces dans l’histoire de l’art. Son

identité même est incertaine. Peut-être est-elle apparentée à M. Dumas (actif vers 1775-1793), peintre en

miniature et pastelliste résidant à Montpellier en 1784 et à Paris en 1793, année où il exposa au Salon

(Lemoine-Bouchard, Les peintres en miniature…, 2008). En 1784, M. Dumas faisait dire dans le catalogue du

salon de Montpellier qu’il joignait « à une très-grande modestie des talens (sic) peu ordinaires dans un genre

aussi commun que l’est aujourd’hui la mignature ». En 1780, la demoiselle Dumas fit paraître à Limoges une

publicité bien plus tonitruante dont on savourera les étonnantes promesses :

« Avis divers. Il n’y a personne qui ne doive être enchanté de la perfection où la demoiselle Dumas a porté

depuis peu l’art de la Peinture. Il faudrait être ennemi des fruits estimables du génie pour ne pas accueillir une

nouveauté aussi singulière. La plume à la main, il faut quelques mois d’apprentissage à un homme pour qu’il

puisse signer son nom, étaler et coucher quelques mots en rassemblant des lettres qui font des signes de

convention. Mais elle a tellement devancé son siècle à l’égard du talens (sic) réputé difficile et si sublime de la

peinture, qu’elle fait combiner les couleurs et manier le pinceau dès le premier instant aux personnes les plus

ineptes et exécuter, copier en une minute ce qui occupe les autres des heures et des journées.

« Aussi peint-elle non seulement la ressemblance en huile, en pastel, en miniature, mais encore elle retouche les

portraits, les change et les métamorphose. D’un portrait d’homme elle en fait celui d’une femme, de celui d’une

femme elle en fait un portrait d’homme ; d’un tableau d’histoire un Paysage ; d’un paysage un tableau

d’histoire ; et cela sans rien crayonner ni effacer. Elle est exactement et souverainement infaillible dans les

ressemblances, les opère en une demi-heure ou trois quarts d’heure : rapidité très favorable à la multiplicité des

désirs de notre siècle. Elle fait plus : elle imite le pinceau et la touche des plus grands maîtres très exactement.

S’il y a dans ce pays des amateurs d’ouvrages d’esprit, faits pour charmer nos sens, de ces talens (sic) nobles,

qui en élevant l’âme occupent divinement nos loisirs, ils ne peuvent se dispenser d’admirer une nouveauté si

intéressante. La Dlle Dumas se fait bon de former, dans trois mois, des élèves infaillibles en ressemblance et

qui exécutent, dans deux ou trois heures, chose admirable, ce qui occupe pendant sept ou huit jours, le commun

des artistes ». Bibl. : Feuille hebdomadaire de la généralité de Limoges, 12 juillet 1780.

Les bons mots de Mlle Arnould L’actrice et cantatrice Sophie Arnould (1740-1802) avait l’esprit de répartie souvent cruel. « Un jeune homme

bien né, mais plus fastueux que sage, après avoir mangé sa légitime avec une danseuse de l'Opéra, nommée

Martigny, se trouva réduit à vivre d'un talent qu'il avait jusque-là cultivé pour son agrément, et il se fit peintre

en miniature. Quelque temps après Sophie dit à sa camarade: « Reçois mon compliment, ma chère Martigny, je

croyais ton amant ruiné, et je viens d'apprendre qu'il fait FIGURE dans le monde.»

Le nom du jeune artiste n’est hélas pas mentionné. Selon les rapports de police, Mlle Martigny, danseuse à

l’Opéra comique, était la fille d’Etienne Massu, marchand mercier rue St Louis en Lille, dont la mauvaise

conduite l’avait obligé à se retirer comme « bon pauvre à Bicêtre » ; cette jeune fille qui avait 17 ou 18 ans en

1753, « brune de peau et de poil, les yeux noirs assez beaux, de la gorge, d'une taille ordinaire, bien faite » ; elle

fut recueillie par sa tante maternelle qui lui fit donner des cours de danse. Selon la police : « Depuis qu'elle est

dans le monde, on ne lui connaît que deux ou trois galanteries intéressantes, l'une avec le sieur Dubois de

Villiers, joueur, fils d'un faïencier du faubourg Saint-Antoine, qui a trouvé le secret, sans avoir, dit-on, jamais

servi, d'obtenir la Croix de Saint-Louis. La seconde, avec le sieur de Saint-Martin, officier de mousquetaires

noirs. Ces deux entreteneurs ont été de peu de durée ; le surplus s'est écoulé en passades. Actuellement, elle en

est au sieur Legrand de Beauregard, commissaire des Gendarmes de la Garde/ qui, je crois, ne la fera pas plus

riche que les autres ne l’ont fait ». En décembre 1756 : « Depuis six mois, elle est entretenue, à raison de 400

livres par mois, par le sieur Maubert, fils unique d'un riche marchand de vin en gros de Paris. Il est garçon, âgé

de trente-cinq à trente- six ans et jouit de 15.000 à 20.000 livres de rente de la succession de ses père et mère,

morts il y a déjà six à sept ans. » Bibl. : Albéric Delville, Arnoldiana, ou Sophie Arnould et ses contemporaines; recueil choisi d'Anecdotes piquantes,

de Réparties et de bons Mots de Mlle Arnould précédé d'une notice sur sa vie et sur l'Académie impériale de

Musique, 1813.

Rapports des inspecteurs de police au Roi, 5e série, publiés et annotés par Camille Piton, Paris, Mercure de France,

Paris, 1914, p. 431-443.

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Gros plan : « Ce bijou joint l’agréable à l’utile » : Deux vues inédites de Bagatelle, à Abbeville, par Louis Bélanger Par Jean-Loup Leguay, historien de l’art.

Fig. 1. Louis Bélanger (1756-1816)

Vues de la maison de plaisance, appelée Bagatelle, à Abbeville (Somme)

Miniatures à la gouache sur vélin, diam. 7,9cm

signées et datées en bas au centre : « L. Bélanger / 1787 » (©Lemoine-Bouchard Fine arts).

Les identifications récentes de l’auteur et des sujets (*) d’une paire de miniatures de Louis Bélanger (1756-

1816) montrant des vues de la maison de plaisance appelée Bagatelle à Abbeville (fig. 1) présentent un

double intérêt, tant artistique qu’historique.

L’artiste : Louis Bélanger (Paris, 1756-Stockholm, 1816)

D’une part, il s’agit là d’un témoignage rare de l’activité de miniaturiste de Louis Bélanger, peintre plutôt

connu pour ses gouaches de grandes dimensions. Issu d’une famille de marchands merciers installés à Paris,

rue Saint-Antoine, Louis Bélanger figura au nombre d’une fratrie de dix-neuf enfants dont certains devinrent

de proches serviteurs de la famille royale. Alors qu’Ambroise-Auguste fut le médecin ordinaire de la

comtesse d’Artois, François-Joseph (1744-1818) devint dessinateur de la Chambre et du Cabinet du roi,

inspecteur des Menus Plaisirs, premier architecte du comte d’Artois et, à ce titre, concepteur du projet de la

fameuse Bagatelle (1777) du bois de Boulogne. Louis devait lui aussi jouir d’une notoriété d’artiste de cour.

Elève de Louis-Gabriel Moreau, dit l’Aîné (1740-1806), il se spécialisa comme ce dernier d’abord dans les

paysages animés de petits personnages, exécutés à la gouache en différents formats. A ce titre, il est souvent

confondu avec ce maître pour avoir imité sa manière de peindre et ses sujets.

Il dut bénéficier du réseau professionnel de son frère architecte, comme en témoignent les nombreuses vues

qu’il réalisa du pavillon de Bagatelle (bois de Boulogne) et de son extraordinaire jardin anglo-chinois (fig. 2,

page suivante). Sa vocation de paysagiste l’éloigna également des contrées parisiennes : jusqu’à ce que la

Révolution éclate, ses voyages le menèrent ainsi dans le sud de la France, en Suisse et en Italie. Il s’exila à

Londres en 1790 où il exposa à la Royal Academy jusqu’en 1797 sous le titre de « peintre du duc

d’Orléans ».

…/…

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Gros plan (suite) …/…

Il y côtoya le portraitiste Henri-Pierre Danloux (1753-1809) et continua de produire des vues de parcs et

jardins pour l’aristocratie locale. En 1798, il partit pour Stockholm où, après une nomination comme premier

peintre du roi Gustave IV, ses compositions pittoresques des paysages sauvages du Nord lui assurèrent une

longue renommée. Artiste d’exposition autant que pédagogue, il finit ses jours en Suède.

Le lieu : Bagatelle à Abbeville

D’autre part, ces précieuses miniatures sont les uniques vues du XVIIIe siècle, identifiées à ce jour, de la

maison de plaisance, appelée Bagatelle, située au faubourg Saint-Gilles à Abbeville (Somme).

Fig. 2. Louis Bélanger, Vue du pavillon de Bagatelle (bois de Boulogne), vers 1785 (commerce de l’art).

Dès août 1751, Josse-Abraham van Robais (1724-1788), l’un

des entrepreneurs de la florissante manufacture familiale de

draps fondée dans la capitale du Ponthieu par son arrière-

grand-père en 1665, avait fait l’acquisition, à une demi-lieue

des fortifications de la ville, d’un terrain de 23 toises sur 8 pour

y construire une « petite maison ». Depuis le début du XVIIIe

siècle, le concept d’un lieu situé à l’abri des regards – le plus

souvent dans les quartiers périphériques des grandes villes – et

voué aux plaisirs – même les plus libertins – avait envahi les

mœurs et la littérature. Ainsi le poète Sedaine (1719-1797) put-

il écrire lors de sa visite en 1754 : « Monsieur van R*** […]

vient de faire bâtir dans un faubourg d’Abbeville une maison

de campagne à qui l’on a donné le nom de Bagatelle. Ce bijou

(car c’en est un) joint l’agréable à l’utile […] c’est une

merveille enfin ! ». Il s’agit là du prologue d’un poème que

l’auteur intitula Bagatelle, ou description anacréontique d’une

maison de campagne dans un des faubourgs d’Abbeville,

imprimé en 1770, et qu’il commença par ces vers : « L’art

moderne y parait si beau / Qu’il semble sortir des mains de la

nature »2.

Des achats ultérieurs, effectués jusqu’en 1761, portèrent la

superficie totale du terrain à deux hectares.

…/…

4

Fig.3. Sedaine, Bagatelle ou description

anacréontique…

imprimé à Amsterdam et à Abbeville, en

1770.

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Protestants, gens de goût, les van Robais étaient liés aux milieux artistiques de leur temps ; Abraham (1698-

1779) fit notamment venir en Picardie le célèbre pastelliste Jean-Baptiste Perronneau (1715-1783) qui a

laissé de lui un portrait vu de face en 1769 (Louvre, cabinet des parts graphiques, RF 4146), visible sur le

site du Louvre à l’adresse : http://cartelfr.louvre.fr/cartelfr/visite?srv=car_not_frame&idNotice=15114

La multiplication des maisons de plaisance durant la seconde moitié du XVIIIe siècle illustre l’émergence

d’un nouvel art de vivre et les aspirations d’une société en mutation qui usa de toutes les ressources des arts

(architecture, jardin, peinture, sculpture, etc.) pour créer de véritables écrins qui ne laissèrent pas indifférent

le public de l’époque. Notre connaissance de Bagatelle, dont nous ne possédions jusqu’à lors aucune

représentation contemporaine, était d’ailleurs complétée par la description qu’en avait fait le sous-inspecteur

des Manufactures de Rouen, Roland de la Platière, de passage par Abbeville au mois de juin 1763 : « Un peu

au-delà de l’extrémité du faubourg opposé de la ville, un des Mrs de van Robais a une petite maison de

campagne qu’on nomme Bagatelle. Le bâtiment est situé au fond d’un joli parterre, séparé du chemin par une

grille en fer. La construction et la décoration de ce petit édifice sont des chefs-d’œuvre de délicatesse et

d’élégance. Il n’y a que le rez-de-chaussée, composé d’une antichambre, d’un salon et d’une pièce à chaque

bout. Le dessus est terrassé et couronné de dix à douze petites statues d’environ un pied et demi de haut, dont

le travail, les attitudes et les sujets sont pleins de goût »3.

Les six putti en plomb, actuellement visibles dans

le parc de l’hôtel d’Emonville à Abbeville,

seraient les seuls survivants de cette série

(fig. 4, ci-contre).

D’une retraite diurne, Bagatelle devient ensuite

une habitation. Après 1763, pour y séjourner plus

longuement, l’édifice fut surélevé d’un étage en

attique, abritant deux petits appartements prévus

pour le coucher. Le tout fut, de surcroît, coiffé

d’un étage de comble à la Mansart, modifiant en

profondeur la silhouette générale du bâtiment

(fig. 5), qu’on lui connaît encore de nos jours.

Ce fut cet état, et les abords de la maison de plaisance tels qu’ils se présentaient en 1787, que dépeignit

Louis Bélanger. Cette date correspond également au rachat de la propriété par le frère de Josse-Abraham,

André van Robais (1728-1806), qui la cédera ensuite à son fils (également prénommé André). …/…

5

Fig. 4. Anonyme, Ensemble de six putti, milieu du

XVIIIe siècle. Abbeville, jardin d’Emonville (état actuel)

Fig. 5

Anonyme, Vue du pavillon

de Bagatelle, côté cour

(1950). Coll. part.

Bagatelle, propriété privée,

est aujourd’hui restaurée.

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La vue, côté cour

Répondant aux critères architecturaux de la « petite maison »4 dont le prototype s’était élaboré durant les

années 1750, Bagatelle, telle que vue par Bélanger, adopte un plan massé, abrite des appartements de taille

réduite et se situe dans un environnement paysager. Le pavillon rectangulaire est édifié en brique et pierre5.

Orientée à l’Ouest, la façade côté cour (fig. 6) est agrémentée en son milieu d’un avant-corps à trois pans

coupés, abritant à l’intérieur l’escalier à double volée qui donne accès à l’étage en attique, percé d’œils-de-

bœuf circulaires inscrits dans des panneaux de pierre carrés se détachant sur le mur de brique.

La cour d’honneur, invisible ici, est séparée de la cour des communs par une balustrade en pierre. C’est dans cette

seconde cour qu’évoluent les trois seuls personnages représentés par l’artiste. A droite, un homme, coiffé d’un

chapeau, semble pousser une brouette, tandis qu’à gauche, une femme tient par la main un petit enfant. S’agirait-il

de Pierrette Dumoustier de Watre, cousine et épouse d’André van Robais ?

Casernes

Porte

charretière

Balustrade

séparant le logis

de la cour des

communs

A l’extrême gauche, une porte charretière formée de deux piliers couronnés de pots à feu devait donner

principalement passage aux véhicules, notamment agricoles, et permettre l’accès à la ferme. L’arrière d’un

des deux vantaux, ouvert, est ainsi bien visible, avec ses pentures peintes en blanc. Une porte cochère, dont

on n’aperçoit ici que les parties sommitales des piliers, devait, quant à elle, ouvrir sur la cour d’honneur et

donner le passage aux voitures depuis la grande rue du faubourg Saint-Gilles, bordée de grands arbres dont

les cimes émergent au-dessus du mur d’enceinte de la propriété, construit en brique.

A l’extrême droite est visible la ferme, construction

plus ancienne que le pavillon, dans laquelle, en

absence de tout commun, avaient été aménagés la

cuisine, l’office et les dépendances6. Formant un

angle, les deux bâtiments qui la composaient sont

couverts en tuiles plates7, contrastant avec les

ardoises du logis principal. La partie accolée à ce

dernier devait abriter les services de la bouche

(cuisine et office). Construite en brique et pierre, sa

façade côté cour semble être protégée des roues des

voitures par une série de trois bornes chasse-roues. Le

bâtiment en retour d’équerre, devait, quant à lui,

conserver une vocation agricole.

En 1792, sont ainsi décrites des écuries pour huit

chevaux et des remises pour quatre voitures8. …/…

Ferme

6

Porte fenêtre

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…/…

La couleur jaune de sa façade laisse à penser qu’il devait s’agir d’une structure légère à pans de bois,

recouverte d’un torchis, convenant davantage à l’usage pastoral des lieux. On remarque enfin la présence

d’une porte-fenêtre, ménagée entre le logis et l’aile des communs. Encadrée de colonnes ou de pilastres

dont on devine les chapiteaux, cette ouverture est surmontée d’un fronton dont la forme chantournée laisse

à penser qu’il devait être sculpté. Etait-ce l’office qui ainsi aurait été directement relié à la salle à manger

située, de l’autre côté du mur, dans l’aile sud du logis ?

D’autres détails anecdotiques attirent notre attention. La cheminée qui fume nous rappelle qu’à tout

moment de l’année, au XVIIIe siècle, un feu pouvait être allumé, qui plus est dans une contrée comme le

Ponthieu, pouvant être humide et fraîche y compris à la belle saison. Les trois grands oiseaux saisis en vol

dans le ciel nous rappellent qu’Abbeville est la porte de la baie de Somme, halte de migration pour des

milliers de volatiles.

Immédiatement à gauche du logis, et au-delà des limites du jardin, sont visibles les deux imposantes

casernes parachevées en 1786, sous la direction de l’ingénieur et architecte amiénois Jean Rousseau

(1733-1801), au sommet des remparts9. Construit ex-nihilo, chaque édifice contenait la moitié des

chevaux d’un régiment de cavalerie, avec chambres au-dessus pour le logement des militaires. Les deux

bâtiments parallèles, de plus de 130 mètres de long, se composaient d’un rez-de-chaussée pour les écuries,

d’un entresol et d’un premier étage pour les chambres, et de vastes greniers pour les fourrages, le tout

dépassant les 15 mètres de haut (fig. 7). Leurs silhouettes imposantes n’auront pas échappé à l’œil de

Louis Bélanger qui les annexe ici visuellement à l’environnement paysager de la maison de plaisance.

La vue, côté jardin

Eclairée à l’est, la façade côté jardin accueille en son centre un avant-corps hémicirculaire qui signale à

l’intérieur un salon de plan elliptique (fig. 8, page suivante). Le décor sculpté de cette façade est

sensiblement le même que côté cour : des guirlandes de feuilles de chêne, nouées par des rubans,

surmontent les baies du rez-de-chaussée, tandis qu’à l’étage, elles laissent place à des serviettes de pierre

sculptées. Ces motifs de draperies se retrouvent également aux angles des deux avant-corps, mâchonnés

par des lions dont les musequins ornent le haut des pilastres attiques en gaine. Ce vocabulaire ornemental

pourrait évoquer, de manière judicieuse et raffinée, le métier de drapier des propriétaires.

…/…

7

Fig. 7 Anonyme, Abbeville. Fortifications, casernes, église Saint- Gilles, fin du

XVIIIe ou début du XIX

e siècle. ©Abbeville, Bibliothèque municipale, Ab.W44

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Cependant, l’intérêt de la vue de Bélanger (fig. 9) réside davantage dans le tableau qu’il livre des jardins, décrits

quelques années plus tard comme « très vastes, distribués en bosquets, vignobles et potagers, avec un jet d’eau

vis-à-vis le pavillon principal »10

. Roland de la Platière en son temps évoquait déjà les « jardins distribués en

parterre : boulingrins, cabinets, niches, bosquets, petites allées couvertes, pièces d’eau, grandes et belles allées,

enfin tout ce que l’art peut employer pour seconder la nature, dans un bon terrain pour l’ornement d’un lieu. La

situation est fort basse, quoiqu’on ait élevé des allées, et une coquille d’escargot ou autre qui domine sur tout, et

au haut de laquelle est un joli cabinet de verdure, cependant la vue ne s’étend pas loin »11

. L’architecte des lieux –

demeuré anonyme – avait prévu de faire cohabiter plusieurs fabriques sur une parcelle, somme toute, de

dimensions restreintes. Ainsi, une butte artificielle soutenait un bosquet qui s’élevait en belvédère, dans le goût

des limaçons exécutés à Paris, au Jardin du Roi ou encore au parc Monceau.

En dépit de la juxtaposition sur la même

parcelle des deux aspects, ornemental et

utilitaire, Bélanger ne donne à voir ici que le

jardin dédié à la promenade et à l’agrément,

les jardins fruitier et potager devant être

rejetés sur le pourtour extérieur du domaine.

Comme visible sur le détail d’un plan

(fig. 10 ci-contre), le parti paysager adopté

était régulier : la composition, orientée

ouest-est, s’articulait successivement autour

de deux ensembles.

Deux grandes pelouses (ou parterres ?)

s’étendaient au pied de l’édifice, séparés

par une allée de front perpendiculaire au

bâtiment. …/…

Fig 10 Anonyme, Plan des fortifications d'Abbeville, des faubourgs et

des communes rurales alentour, fin du XVIIIe ou début du XIX

e siècle.

Abbeville, Bibliothèque municipale, 1Fi7/12

8

Fig. 9. Louis Bélanger, Vue, côté jardin, de la maison de

plaisance, appelée Bagatelle, à Abbeville, 1787

©Lemoine-Bouchard Fine Arts.

Fig. 8. Anonyme, « Château de Bagatelle, au

faubourg de S. Gilles, bâti par les van Robais,

aujourd’hui habitation de M. de Wailly,

capitaine de vaisseau. D’après nature, 31 mai

1850 ».

©Abbeville, Bibliothèque municipale, Ab.U49.

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…/…

Celle-ci, en croisant une allée de traverse, formait un rond-point dont le milieu accueillait un grand bassin circulaire

en maçonnerie alimenté et décoré, en son centre, d’une fontaine avec jet d’eau. Il s’agissait là du découvert, partie

du jardin traitée en surface ou en faible élévation. Au-delà, le jardin se poursuivait par le couvert, partie boisée, dont

les deux allées régulières étaient délimitées par des palissades de verdure plantées à l’avant de rideaux d’arbres de

haute-tige à tronc apparent. Bélanger ayant opté ici pour une vision panoramique cylindrique (ou sphérique) du

jardin, sa miniature donne l’illusion d’un carrefour en patte d’oie. Le point de vue choisi par l’artiste est cependant

celui pris depuis l’intersection des deux allées régulières dont il nous livre ici une incroyable vision à 360°.

Un contexte de création qui demeure inconnu

Nous ignorons à quelle occasion l’artiste réalisa ses deux miniatures. Il doit s’agir, selon toute

vraisemblance, d’une commande des propriétaires. On imagine qu’elles pouvaient, à l’origine, garnir une

même boîte. Auraient-elles un lien avec le passage entre les mains d’André van Robais de la propriété en

1787 ? Dans la mesure où il est plausible qu’il fut l’auteur de la transformation de Bagatelle en pavillon

d’habitation, peut-être a-t-il voulu immortaliser son œuvre12

? A la faveur d’une restauration récente, les

deux miniatures ont été désolidarisées de la médiocre boite en écaille du XIXe siècle dont elles occupaient

jadis le recto et le verso : ainsi isolées, elles peuvent dorénavant être contemplées côte à côte.

En 1793, six ans après la réalisation des miniatures, la famille van Robais se vit dans l’obligation

financière de céder à Pierre-Firmin Roze, grand-oncle paternel du futur préhistorien Jacques Boucher de

Perthes, le domaine de Bagatelle, avec son mobilier : la maison était alors « meublée très agréablement,

avec glaces, lustres et tout ce qui tient aux ameublements de l’aisance »13

. Les deux miniatures de Louis

Bélanger prennent ainsi une saveur particulière, celle de deux instantanés témoignant des derniers feux du

Siècle des lumières, dont Bagatelle demeure toujours l’une des plus belles manifestations dans le domaine

de l’architecture.

Jean-Loup Leguay,

historien de l’art.

NOTES

Claudie Bertin, « Un gouachiste oublié : Louis Bélanger (1756-1816) », Gazette des Beaux-Arts, 1984, vol. 104, p.

17-32. 2 Michel-Jean Sedaine, Bagatelle, ou description anacréontique d’une maison de campagne dans un des fauxbourgs

d’Abbeville, Amsterdam et Abbeville, chez la veuve De Vérité, 1770, non paginé [16 p.]. 3 Roger Rodière, « Voyage de Roland de la Platière en Normandie et en Picardie », Bulletin de la Société

d’Emulation d’Abbeville, t. XI, 1918-1921, p. 168 et 169. 4 Claire Ollagnier, Petites maisons : du refuge libertin au pavillon d’habitation en Île-de-France au Siècle des

lumières, Bruxelles, Mardaga, 2016, 350 p. 5 Josiane Sartre, Châteaux « brique et pierre » en Picardie : quatre siècles d’architecture, Le Vaumain, Nouvelles

éditions latines, 2012, p. 144 à 146. 6 Durant la seconde moitié du XIX

e siècle, Paul de Wailly fit reconstruire la ferme. Après son mariage, il confia à

l’architecte Louis Parent le soin d’ajouter de part et d’autre du logis des pavillons reliés par des ailes basses. 7 L’ardoise était néanmoins présente sur les toitures des communs dont elle garnissait les jouées des lucarnes, usage

courant en Picardie sur les toitures en tuiles. 8 Affiches du département de la Somme, n° 2, 14 janvier 1792, p. 5.

9 Jean-Loup Leguay, « Un exemple d’embellissement urbain au XVIII

e siècle : la commande publique en

architecture à Abbeville à la veille de la Révolution », Bulletin de la Société d’Emulation d’Abbeville, t. XXX, 2007,

p. 165 à 183. 10

Affiches du département de la Somme, n° 2, 14 janvier 1792, p. 5. 11

Roger Rodière, « Voyage de Roland de la Platière en Normandie et en Picardie », Bulletin de la Société

d’Emulation d’Abbeville, t. XI, 1918-1921, p. 169. 12

Jacques Foucart-Borville, « Bagatelle », Bulletin de la Société d’Emulation d’Abbeville, t. XXVI, 1989, p. 583. 13

Affiches du département de la Somme, n° 2, 14 janvier 1792, p. 5.

*NDLR. Nous sommes très reconnaissants à Jean-Loup Leguay d’avoir identifié ces vues de Bagatelle d’Abbeville

(communication orale, 6 décembre 2016, et première parution dans La Lettre de la miniature n° 38).

9

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Peintres en miniature, nouvellement répertoriés en France Le dictionnaire Les peintres en miniature actifs en France, éd. de l’Amateur, 2008, fait l’objet de travaux

d’amélioration constants. Voici quelques noms que nous y ajoutons.

DUPUIS Etienne Denis (Levesville-la-Chinard, 3 juin 1805 – Paris, 16 septembre 1863), dit Dupuis père

M. Etienne Denis Dupuis, dit Dupuis père pour le distinguer de son fils le graveur prix de Rome Daniel

Dupuis, fut peintre en grand et en miniature, professeur au de dessin au Collège de Blois. « Etienne Denis

Dupuis » était né dans un milieu modeste à Levesville-la-Chinard, en Eure-et-Loir le 14 Prairial an XIII (3

juin 1805) : « à onze heures du soir, fils de Pierre Antoine Blaise Dupuis cordonnier de cette commune et

de Marie Scolastique Couvray Les père et mère. Premier témoin : Jean-Baptiste Mardelet âgé de quarante

ans, pasteur de bette (sic) à laine. Second témoin ; Jacques Antoine Andrieux, âgé de soixante ans, rentier

de cette commune. Sur la réquisition faite à nous par Pierre Antoine Blaise Dupuis. Qui ont signé ». Selon

les Mémoires de la société des Sciences et arts de Loir –et- Cher, il se maria à 26 ans à Orléans, le 17

novembre 1831 avec une Orléanaise, Virginie-Adèle-Félicie Chemin qui n’avait que quinze ans. Ils eurent

sept fils (trois morts en bas âge) et plusieurs firent une carrière artistique. De même source, « Les deux

époux restèrent peu de temps à Orléans, et ils s'étaient déjà fixés à Blois lors de la naissance de leur

premier enfant, M. Pierre Dupuis. Pourtant Pierre naquit à Orléans, Madame Dupuis ayant voulu faire ses

couches dans la ville ou elle était née». Etienne Denis Dupuis est dit « peintre en miniature » lors de l’acte

de naissance de ses fils Georges (né à Blois le 4 juin 1839, compositeur de musique) et Elysée (né à Blois

le 6 juin 1845, architecte). Lors de la naissance de son fils Jean-Baptiste-Daniel Dupuis (qui fut peintre) à

Blois, le 15 février 1849, Etienne- Denis Dupuis, était « artiste peintre à Blois, rue des Juifs (n° 5 actuel) ».

Selon ces mêmes Mémoires, « M. Dupuis père, qui fut pendant de longues années professeur de dessin au

Collège, a fait à Blois un très grand nombre de tableaux et surtout de portraits. Travailleur infatigable, il se

perfectionna lui-même dans son art par un labeur acharné. II avait un don particulier, que n'ont pas eu

toujours de plus grands artistes : celui d'attraper la ressemblance, ce qui donna a ses oeuvres modestes une

vogue singulière. »

Nous donnons ici la date de décès exacte de cet artiste, retrouvé dans l’état civil reconstitué parisien, dans

le 2e arrondissement, le 16 septembre 1863. Mme Dupuis mourut le 30 juillet 1892, à l’île de Bréhat.

Bibl. : Mémoires de la société des Sciences et arts de Loir –et- Cher, vol. 14, 1900, article sur « Daniel

Dupuis », p. 20 Dupuis père mentionné comme peintre en miniature. Le signale sous les prénoms

« Etienne-Blaise » à I'état civil de Blois (détruit en 1940) ; les actes de naissance et de mort de l’artiste le

prénomment Etienne Denis.

DUJARDIN de PASSAI Azéline Alexandre (active à Caen en 1823).

Artiste signalée par une miniature :

- Portrait d'homme en buste sur fond sombre, de 3/4, Inscriptions au revers 'Peint en Décembre 1823 aux

Bénédictines de Caen par Mme Azéline Alexandre Dujardin De Passai", rect. 9,3 x 8,5 cm. (Manques)

(vente à Rouen, Me Cheroyan, 24 janvier 2015, dans un lot avec une autre miniature).

DUSAULCHOY Charles (1781-1852) et non DUSANTCHOY.

A la suite de Schidlof, nous avions répertorié un « C.

Dusantchoy » actif vers 1820. Il s’agit selon toute probabilités

d’une erreur de lecture de sa signature et d’une œuvre de Charles

Dusaulchoy (1781-1852), peintre, dessinateur et lithographe,

élève de Jacques-Louis David. Il fut le maître de Louis Adolphe

Hervier (1818-1879), fils du miniaturiste Marie Antoine Hervier

qui avait été son condisciple chez David.

Deux miniatures sont à présent connues : - Jeune femme brune en buste de ¾ à droite, en robe gris perle Empire,

signée au dos Charles Dusaulchoy, ovale, H. 7 cm, L. 5,5 cm (vente à

Nice, Boisgirard, 19 décembre 2014, n° 316, repr. ci-contre).

- La marquise de Casamayor d’Oneix, la signature lue « Dusantchoy »

(vte Salzmann, Schidlof & Kende, Vienne, 20-23 mars 1918, n° 139,

signalée par Schidlof).

Bibl. : Schidlof, 1964, p. 228. Blättel. Lemoine-Bouchard, 2008.

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11

LEMOINE-BOUCHARD FINE ARTS

Galerie. Sur rendez-vous ou sur le site www.lemoinebouchard.com. Prix sur demande.

Prix et photos sur demande.

Au théâtre !

Portraits pris sur le vif d’acteurs sur

scène par

Jean Louis FAESCH

(v. 1738-1778)

Miniatures à la gouache sur vélin,

légendées, env. 8,9 x 7,4 cm

- David Garrick jouant Jaffier dans

Venice preserved, vers 1768.

- Pierre-Louis Préville (1721-1799)

en Boniface Chrétien, imprimeur en

faillite, l’un des six rôles qu’il tenait

dans Le Mercure galant ou Comédie

sans titre d’Edmé Boursault,

performance qui lui valut d’être

nommé comédien du Roi.

- Jean-Louis La Ruette ( ?-1792)

jouant le paysan Colas, vers 1763,

dans Les deux chasseurs et la laitière,

pièce d’Anseaume qui connut un très

grand succès.

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Jean Louis FAESCH

(v. 1738-1778)

Rare portrait de l’écrivain,

dramaturge…et bretteur Poullain de Ste

Foix

Miniature à la gouache sur vélin,

Légendée en bas : Ste Foix

env. 8,9 x 7,4 cm

Germain-François Poullain de Saint-Foix

(1698 –1776) fit autant parler de lui en

raison de son caractère querelleur et des

nombreux duels qu’il provoquait que par

sa production littéraire. Après une

première carrière comme mousquetaire

pendant trente ans, il devint à Paris un

auteur à la mode. Il est l’auteur de

plusieurs livrets pour le ballet, le théâtre.

Lettres d'une turque à Paris, écrites à sa

sœur au serrail, en 1731, Deucalion et

Pirrha en 1750, Les Hommes, comédie-

ballet en un acte en 1753. On lui doit

aussi des Essais historiques sur Paris et

sur les Français.

Il fut par ailleurs nommé historiographe

de l’ordre du Saint-Esprit et publia en

1760 le Catalogue des chevaliers,

commandeurs et officiers de l'Ordre du

Saint-Esprit, avec leurs noms et qualités,

depuis l'institution jusqu'à présent.

Ce portrait manque à notre connaissance

aux collections nationales.

LEMOINE-BOUCHARD FINE ARTS

Galerie. Sur rendez-vous ou sur le site www.lemoinebouchard.com. Prix sur demande.

Prix et photos sur demande.

Les arts florissants !

Ecole française, vers 1780

Jeune femme de la famille bretonne de

Closmadeuc, au clavecin, près d’elle une

guitare et une harpe, des cartes

géographiques près d’un globe terrestre,

des partitions en duo, sous le portrait

accroché au mur d’un peintre à son

chevalet.

Miniature sur ivoire, diam. 8 cm

Identification au verso.