lettre de la miniature numéro 39. janvier-février 2017 · conduite l’avait obligé à se...
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Fine A
La Lettre de la Miniature
N° 39. Janvier-février 2017. Rédaction : ©Nathalie Lemoine-Bouchard. Tous droits réservés. ISSN 2114-8341
Sommaire
p. 2 – Anecdotes
Les belles promesses de la Dlle Dumas
Les bons mots de Mlle Arnould
p. 3-9 Gros Plan :
« Ce bijou joint l’agréable à l’utile » : deux vues inédites de Bagatelle, à
Abbeville, par Louis Belanger,
Par Jean-Loup Leguay, historien de l’art.
p. 10 – Peintres en miniature nouvellement répertoriés en France :
Etienne-Denis Dupuis ; Azéline Alexandre Dujardin de Passai ; Charles
Dusaulchoy.
p. 1 et 11 –12 Actualités de Lemoine-Bouchard Fine Arts :
p. 11-12 Galerie :
- Au théâtre ! miniatures sur vélin de Jean-Louis Faesch - Les arts florissants : Jeune femme au clavecin entourée de ses instruments de musique,
de partitions, de cartes géographiques, sous un tableau d’un peintre à son chevalet
p. 1. Expertise :
- Les miniatures de la collection Alphonse Kann, Artcurial, hôtel Dassault, 22 février
2017 : par Augustin, Campana, DeGault, Dumont etc.
- Collections de miniatures, Ader-Nordmann, hôtel Drouot, 28 février 2017 ; n° 42 à
122, notamment par Bornet, Chartier, « D.M. », Edenberger, Jaquemin, Lapeyre,
Léauté, Le Masne, Mulnier, A. Pin, A. Pressac, Truchet, Vallière, etc.
AGENDA
Ventes de miniatures,
expertise
N. Lemoine-Bouchard :
Mercredi 22 février 2017
Artcurial, hôtel Dassault,
Paris, 18H00
D’Alphonse à Hélène Kann,
La passion de l’art en
héritage Les miniatures de la collection
Alphonse Kann, Artcurial,
n° 76 à 89. Oeuvres
d’Augustin, Campana,
DeGault, Dumont (repr. ci-
dessous), etc.
Mardi 28 février 2017
Ader-Nordmann
Hôtel Drouot, salle 14, 13H30
vente de mobilier et objets
d’art, miniatures n° 42 à
122, certaines signées par
des artistes aux œuvres rares
aujourd’hui ; ex n°56 J.N.
Edenberger (actif 1773-90)
Femme dans un paysage
(repr. ci-dessous).
Jean-Louis FAESCH (c. 1738-1778)
Voltaire sur le vif
Miniature sur vélin, dessinée
probablement à Ferney où Voltaire fit
venir le peintre bâlois Faesch pour
peindre les acteurs qui se produisaient
dans son théâtre. 8,9 x 7,4 cm.
(Lemoine-Bouchard Fine Arts)
Dans cette édition, 3 peintres en
miniature nouvellement répertoriés.
A participé à ce numéro : Jean-Loup
Leguay.
La Lettre de la Miniature propose à chaque numéro un gros plan sur quelques
artistes, une miniature ou une collection ; l’actualité de Lemoine-Bouchard
Fine Arts (Galerie et Expertise) ; l’actualité de la Recherche et des musées.
N’hésitez pas à nous communiquer informations ou recherches en cours.
Bonne lecture!
Anecdote :
…/…
Anecdotes :
Les belles promesses de la Demoiselle Dumas
Certains artistes ont su mieux que d’autres assurer leur promotion. La demoiselle Dumas, qui passa une longue
annonce à Limoges en 1780, n’a pas laissé, en-dehors de cela, beaucoup de traces dans l’histoire de l’art. Son
identité même est incertaine. Peut-être est-elle apparentée à M. Dumas (actif vers 1775-1793), peintre en
miniature et pastelliste résidant à Montpellier en 1784 et à Paris en 1793, année où il exposa au Salon
(Lemoine-Bouchard, Les peintres en miniature…, 2008). En 1784, M. Dumas faisait dire dans le catalogue du
salon de Montpellier qu’il joignait « à une très-grande modestie des talens (sic) peu ordinaires dans un genre
aussi commun que l’est aujourd’hui la mignature ». En 1780, la demoiselle Dumas fit paraître à Limoges une
publicité bien plus tonitruante dont on savourera les étonnantes promesses :
« Avis divers. Il n’y a personne qui ne doive être enchanté de la perfection où la demoiselle Dumas a porté
depuis peu l’art de la Peinture. Il faudrait être ennemi des fruits estimables du génie pour ne pas accueillir une
nouveauté aussi singulière. La plume à la main, il faut quelques mois d’apprentissage à un homme pour qu’il
puisse signer son nom, étaler et coucher quelques mots en rassemblant des lettres qui font des signes de
convention. Mais elle a tellement devancé son siècle à l’égard du talens (sic) réputé difficile et si sublime de la
peinture, qu’elle fait combiner les couleurs et manier le pinceau dès le premier instant aux personnes les plus
ineptes et exécuter, copier en une minute ce qui occupe les autres des heures et des journées.
« Aussi peint-elle non seulement la ressemblance en huile, en pastel, en miniature, mais encore elle retouche les
portraits, les change et les métamorphose. D’un portrait d’homme elle en fait celui d’une femme, de celui d’une
femme elle en fait un portrait d’homme ; d’un tableau d’histoire un Paysage ; d’un paysage un tableau
d’histoire ; et cela sans rien crayonner ni effacer. Elle est exactement et souverainement infaillible dans les
ressemblances, les opère en une demi-heure ou trois quarts d’heure : rapidité très favorable à la multiplicité des
désirs de notre siècle. Elle fait plus : elle imite le pinceau et la touche des plus grands maîtres très exactement.
S’il y a dans ce pays des amateurs d’ouvrages d’esprit, faits pour charmer nos sens, de ces talens (sic) nobles,
qui en élevant l’âme occupent divinement nos loisirs, ils ne peuvent se dispenser d’admirer une nouveauté si
intéressante. La Dlle Dumas se fait bon de former, dans trois mois, des élèves infaillibles en ressemblance et
qui exécutent, dans deux ou trois heures, chose admirable, ce qui occupe pendant sept ou huit jours, le commun
des artistes ». Bibl. : Feuille hebdomadaire de la généralité de Limoges, 12 juillet 1780.
Les bons mots de Mlle Arnould L’actrice et cantatrice Sophie Arnould (1740-1802) avait l’esprit de répartie souvent cruel. « Un jeune homme
bien né, mais plus fastueux que sage, après avoir mangé sa légitime avec une danseuse de l'Opéra, nommée
Martigny, se trouva réduit à vivre d'un talent qu'il avait jusque-là cultivé pour son agrément, et il se fit peintre
en miniature. Quelque temps après Sophie dit à sa camarade: « Reçois mon compliment, ma chère Martigny, je
croyais ton amant ruiné, et je viens d'apprendre qu'il fait FIGURE dans le monde.»
Le nom du jeune artiste n’est hélas pas mentionné. Selon les rapports de police, Mlle Martigny, danseuse à
l’Opéra comique, était la fille d’Etienne Massu, marchand mercier rue St Louis en Lille, dont la mauvaise
conduite l’avait obligé à se retirer comme « bon pauvre à Bicêtre » ; cette jeune fille qui avait 17 ou 18 ans en
1753, « brune de peau et de poil, les yeux noirs assez beaux, de la gorge, d'une taille ordinaire, bien faite » ; elle
fut recueillie par sa tante maternelle qui lui fit donner des cours de danse. Selon la police : « Depuis qu'elle est
dans le monde, on ne lui connaît que deux ou trois galanteries intéressantes, l'une avec le sieur Dubois de
Villiers, joueur, fils d'un faïencier du faubourg Saint-Antoine, qui a trouvé le secret, sans avoir, dit-on, jamais
servi, d'obtenir la Croix de Saint-Louis. La seconde, avec le sieur de Saint-Martin, officier de mousquetaires
noirs. Ces deux entreteneurs ont été de peu de durée ; le surplus s'est écoulé en passades. Actuellement, elle en
est au sieur Legrand de Beauregard, commissaire des Gendarmes de la Garde/ qui, je crois, ne la fera pas plus
riche que les autres ne l’ont fait ». En décembre 1756 : « Depuis six mois, elle est entretenue, à raison de 400
livres par mois, par le sieur Maubert, fils unique d'un riche marchand de vin en gros de Paris. Il est garçon, âgé
de trente-cinq à trente- six ans et jouit de 15.000 à 20.000 livres de rente de la succession de ses père et mère,
morts il y a déjà six à sept ans. » Bibl. : Albéric Delville, Arnoldiana, ou Sophie Arnould et ses contemporaines; recueil choisi d'Anecdotes piquantes,
de Réparties et de bons Mots de Mlle Arnould précédé d'une notice sur sa vie et sur l'Académie impériale de
Musique, 1813.
Rapports des inspecteurs de police au Roi, 5e série, publiés et annotés par Camille Piton, Paris, Mercure de France,
Paris, 1914, p. 431-443.
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Gros plan : « Ce bijou joint l’agréable à l’utile » : Deux vues inédites de Bagatelle, à Abbeville, par Louis Bélanger Par Jean-Loup Leguay, historien de l’art.
Fig. 1. Louis Bélanger (1756-1816)
Vues de la maison de plaisance, appelée Bagatelle, à Abbeville (Somme)
Miniatures à la gouache sur vélin, diam. 7,9cm
signées et datées en bas au centre : « L. Bélanger / 1787 » (©Lemoine-Bouchard Fine arts).
Les identifications récentes de l’auteur et des sujets (*) d’une paire de miniatures de Louis Bélanger (1756-
1816) montrant des vues de la maison de plaisance appelée Bagatelle à Abbeville (fig. 1) présentent un
double intérêt, tant artistique qu’historique.
L’artiste : Louis Bélanger (Paris, 1756-Stockholm, 1816)
D’une part, il s’agit là d’un témoignage rare de l’activité de miniaturiste de Louis Bélanger, peintre plutôt
connu pour ses gouaches de grandes dimensions. Issu d’une famille de marchands merciers installés à Paris,
rue Saint-Antoine, Louis Bélanger figura au nombre d’une fratrie de dix-neuf enfants dont certains devinrent
de proches serviteurs de la famille royale. Alors qu’Ambroise-Auguste fut le médecin ordinaire de la
comtesse d’Artois, François-Joseph (1744-1818) devint dessinateur de la Chambre et du Cabinet du roi,
inspecteur des Menus Plaisirs, premier architecte du comte d’Artois et, à ce titre, concepteur du projet de la
fameuse Bagatelle (1777) du bois de Boulogne. Louis devait lui aussi jouir d’une notoriété d’artiste de cour.
Elève de Louis-Gabriel Moreau, dit l’Aîné (1740-1806), il se spécialisa comme ce dernier d’abord dans les
paysages animés de petits personnages, exécutés à la gouache en différents formats. A ce titre, il est souvent
confondu avec ce maître pour avoir imité sa manière de peindre et ses sujets.
Il dut bénéficier du réseau professionnel de son frère architecte, comme en témoignent les nombreuses vues
qu’il réalisa du pavillon de Bagatelle (bois de Boulogne) et de son extraordinaire jardin anglo-chinois (fig. 2,
page suivante). Sa vocation de paysagiste l’éloigna également des contrées parisiennes : jusqu’à ce que la
Révolution éclate, ses voyages le menèrent ainsi dans le sud de la France, en Suisse et en Italie. Il s’exila à
Londres en 1790 où il exposa à la Royal Academy jusqu’en 1797 sous le titre de « peintre du duc
d’Orléans ».
…/…
Gros plan (suite) …/…
Il y côtoya le portraitiste Henri-Pierre Danloux (1753-1809) et continua de produire des vues de parcs et
jardins pour l’aristocratie locale. En 1798, il partit pour Stockholm où, après une nomination comme premier
peintre du roi Gustave IV, ses compositions pittoresques des paysages sauvages du Nord lui assurèrent une
longue renommée. Artiste d’exposition autant que pédagogue, il finit ses jours en Suède.
Le lieu : Bagatelle à Abbeville
D’autre part, ces précieuses miniatures sont les uniques vues du XVIIIe siècle, identifiées à ce jour, de la
maison de plaisance, appelée Bagatelle, située au faubourg Saint-Gilles à Abbeville (Somme).
Fig. 2. Louis Bélanger, Vue du pavillon de Bagatelle (bois de Boulogne), vers 1785 (commerce de l’art).
Dès août 1751, Josse-Abraham van Robais (1724-1788), l’un
des entrepreneurs de la florissante manufacture familiale de
draps fondée dans la capitale du Ponthieu par son arrière-
grand-père en 1665, avait fait l’acquisition, à une demi-lieue
des fortifications de la ville, d’un terrain de 23 toises sur 8 pour
y construire une « petite maison ». Depuis le début du XVIIIe
siècle, le concept d’un lieu situé à l’abri des regards – le plus
souvent dans les quartiers périphériques des grandes villes – et
voué aux plaisirs – même les plus libertins – avait envahi les
mœurs et la littérature. Ainsi le poète Sedaine (1719-1797) put-
il écrire lors de sa visite en 1754 : « Monsieur van R*** […]
vient de faire bâtir dans un faubourg d’Abbeville une maison
de campagne à qui l’on a donné le nom de Bagatelle. Ce bijou
(car c’en est un) joint l’agréable à l’utile […] c’est une
merveille enfin ! ». Il s’agit là du prologue d’un poème que
l’auteur intitula Bagatelle, ou description anacréontique d’une
maison de campagne dans un des faubourgs d’Abbeville,
imprimé en 1770, et qu’il commença par ces vers : « L’art
moderne y parait si beau / Qu’il semble sortir des mains de la
nature »2.
Des achats ultérieurs, effectués jusqu’en 1761, portèrent la
superficie totale du terrain à deux hectares.
…/…
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Fig.3. Sedaine, Bagatelle ou description
anacréontique…
imprimé à Amsterdam et à Abbeville, en
1770.
…/…
Protestants, gens de goût, les van Robais étaient liés aux milieux artistiques de leur temps ; Abraham (1698-
1779) fit notamment venir en Picardie le célèbre pastelliste Jean-Baptiste Perronneau (1715-1783) qui a
laissé de lui un portrait vu de face en 1769 (Louvre, cabinet des parts graphiques, RF 4146), visible sur le
site du Louvre à l’adresse : http://cartelfr.louvre.fr/cartelfr/visite?srv=car_not_frame&idNotice=15114
La multiplication des maisons de plaisance durant la seconde moitié du XVIIIe siècle illustre l’émergence
d’un nouvel art de vivre et les aspirations d’une société en mutation qui usa de toutes les ressources des arts
(architecture, jardin, peinture, sculpture, etc.) pour créer de véritables écrins qui ne laissèrent pas indifférent
le public de l’époque. Notre connaissance de Bagatelle, dont nous ne possédions jusqu’à lors aucune
représentation contemporaine, était d’ailleurs complétée par la description qu’en avait fait le sous-inspecteur
des Manufactures de Rouen, Roland de la Platière, de passage par Abbeville au mois de juin 1763 : « Un peu
au-delà de l’extrémité du faubourg opposé de la ville, un des Mrs de van Robais a une petite maison de
campagne qu’on nomme Bagatelle. Le bâtiment est situé au fond d’un joli parterre, séparé du chemin par une
grille en fer. La construction et la décoration de ce petit édifice sont des chefs-d’œuvre de délicatesse et
d’élégance. Il n’y a que le rez-de-chaussée, composé d’une antichambre, d’un salon et d’une pièce à chaque
bout. Le dessus est terrassé et couronné de dix à douze petites statues d’environ un pied et demi de haut, dont
le travail, les attitudes et les sujets sont pleins de goût »3.
Les six putti en plomb, actuellement visibles dans
le parc de l’hôtel d’Emonville à Abbeville,
seraient les seuls survivants de cette série
(fig. 4, ci-contre).
D’une retraite diurne, Bagatelle devient ensuite
une habitation. Après 1763, pour y séjourner plus
longuement, l’édifice fut surélevé d’un étage en
attique, abritant deux petits appartements prévus
pour le coucher. Le tout fut, de surcroît, coiffé
d’un étage de comble à la Mansart, modifiant en
profondeur la silhouette générale du bâtiment
(fig. 5), qu’on lui connaît encore de nos jours.
Ce fut cet état, et les abords de la maison de plaisance tels qu’ils se présentaient en 1787, que dépeignit
Louis Bélanger. Cette date correspond également au rachat de la propriété par le frère de Josse-Abraham,
André van Robais (1728-1806), qui la cédera ensuite à son fils (également prénommé André). …/…
5
Fig. 4. Anonyme, Ensemble de six putti, milieu du
XVIIIe siècle. Abbeville, jardin d’Emonville (état actuel)
Fig. 5
Anonyme, Vue du pavillon
de Bagatelle, côté cour
(1950). Coll. part.
Bagatelle, propriété privée,
est aujourd’hui restaurée.
La vue, côté cour
Répondant aux critères architecturaux de la « petite maison »4 dont le prototype s’était élaboré durant les
années 1750, Bagatelle, telle que vue par Bélanger, adopte un plan massé, abrite des appartements de taille
réduite et se situe dans un environnement paysager. Le pavillon rectangulaire est édifié en brique et pierre5.
Orientée à l’Ouest, la façade côté cour (fig. 6) est agrémentée en son milieu d’un avant-corps à trois pans
coupés, abritant à l’intérieur l’escalier à double volée qui donne accès à l’étage en attique, percé d’œils-de-
bœuf circulaires inscrits dans des panneaux de pierre carrés se détachant sur le mur de brique.
La cour d’honneur, invisible ici, est séparée de la cour des communs par une balustrade en pierre. C’est dans cette
seconde cour qu’évoluent les trois seuls personnages représentés par l’artiste. A droite, un homme, coiffé d’un
chapeau, semble pousser une brouette, tandis qu’à gauche, une femme tient par la main un petit enfant. S’agirait-il
de Pierrette Dumoustier de Watre, cousine et épouse d’André van Robais ?
Casernes
Porte
charretière
Balustrade
séparant le logis
de la cour des
communs
A l’extrême gauche, une porte charretière formée de deux piliers couronnés de pots à feu devait donner
principalement passage aux véhicules, notamment agricoles, et permettre l’accès à la ferme. L’arrière d’un
des deux vantaux, ouvert, est ainsi bien visible, avec ses pentures peintes en blanc. Une porte cochère, dont
on n’aperçoit ici que les parties sommitales des piliers, devait, quant à elle, ouvrir sur la cour d’honneur et
donner le passage aux voitures depuis la grande rue du faubourg Saint-Gilles, bordée de grands arbres dont
les cimes émergent au-dessus du mur d’enceinte de la propriété, construit en brique.
A l’extrême droite est visible la ferme, construction
plus ancienne que le pavillon, dans laquelle, en
absence de tout commun, avaient été aménagés la
cuisine, l’office et les dépendances6. Formant un
angle, les deux bâtiments qui la composaient sont
couverts en tuiles plates7, contrastant avec les
ardoises du logis principal. La partie accolée à ce
dernier devait abriter les services de la bouche
(cuisine et office). Construite en brique et pierre, sa
façade côté cour semble être protégée des roues des
voitures par une série de trois bornes chasse-roues. Le
bâtiment en retour d’équerre, devait, quant à lui,
conserver une vocation agricole.
En 1792, sont ainsi décrites des écuries pour huit
chevaux et des remises pour quatre voitures8. …/…
Ferme
6
Porte fenêtre
…/…
La couleur jaune de sa façade laisse à penser qu’il devait s’agir d’une structure légère à pans de bois,
recouverte d’un torchis, convenant davantage à l’usage pastoral des lieux. On remarque enfin la présence
d’une porte-fenêtre, ménagée entre le logis et l’aile des communs. Encadrée de colonnes ou de pilastres
dont on devine les chapiteaux, cette ouverture est surmontée d’un fronton dont la forme chantournée laisse
à penser qu’il devait être sculpté. Etait-ce l’office qui ainsi aurait été directement relié à la salle à manger
située, de l’autre côté du mur, dans l’aile sud du logis ?
D’autres détails anecdotiques attirent notre attention. La cheminée qui fume nous rappelle qu’à tout
moment de l’année, au XVIIIe siècle, un feu pouvait être allumé, qui plus est dans une contrée comme le
Ponthieu, pouvant être humide et fraîche y compris à la belle saison. Les trois grands oiseaux saisis en vol
dans le ciel nous rappellent qu’Abbeville est la porte de la baie de Somme, halte de migration pour des
milliers de volatiles.
Immédiatement à gauche du logis, et au-delà des limites du jardin, sont visibles les deux imposantes
casernes parachevées en 1786, sous la direction de l’ingénieur et architecte amiénois Jean Rousseau
(1733-1801), au sommet des remparts9. Construit ex-nihilo, chaque édifice contenait la moitié des
chevaux d’un régiment de cavalerie, avec chambres au-dessus pour le logement des militaires. Les deux
bâtiments parallèles, de plus de 130 mètres de long, se composaient d’un rez-de-chaussée pour les écuries,
d’un entresol et d’un premier étage pour les chambres, et de vastes greniers pour les fourrages, le tout
dépassant les 15 mètres de haut (fig. 7). Leurs silhouettes imposantes n’auront pas échappé à l’œil de
Louis Bélanger qui les annexe ici visuellement à l’environnement paysager de la maison de plaisance.
La vue, côté jardin
Eclairée à l’est, la façade côté jardin accueille en son centre un avant-corps hémicirculaire qui signale à
l’intérieur un salon de plan elliptique (fig. 8, page suivante). Le décor sculpté de cette façade est
sensiblement le même que côté cour : des guirlandes de feuilles de chêne, nouées par des rubans,
surmontent les baies du rez-de-chaussée, tandis qu’à l’étage, elles laissent place à des serviettes de pierre
sculptées. Ces motifs de draperies se retrouvent également aux angles des deux avant-corps, mâchonnés
par des lions dont les musequins ornent le haut des pilastres attiques en gaine. Ce vocabulaire ornemental
pourrait évoquer, de manière judicieuse et raffinée, le métier de drapier des propriétaires.
…/…
7
Fig. 7 Anonyme, Abbeville. Fortifications, casernes, église Saint- Gilles, fin du
XVIIIe ou début du XIX
e siècle. ©Abbeville, Bibliothèque municipale, Ab.W44
Cependant, l’intérêt de la vue de Bélanger (fig. 9) réside davantage dans le tableau qu’il livre des jardins, décrits
quelques années plus tard comme « très vastes, distribués en bosquets, vignobles et potagers, avec un jet d’eau
vis-à-vis le pavillon principal »10
. Roland de la Platière en son temps évoquait déjà les « jardins distribués en
parterre : boulingrins, cabinets, niches, bosquets, petites allées couvertes, pièces d’eau, grandes et belles allées,
enfin tout ce que l’art peut employer pour seconder la nature, dans un bon terrain pour l’ornement d’un lieu. La
situation est fort basse, quoiqu’on ait élevé des allées, et une coquille d’escargot ou autre qui domine sur tout, et
au haut de laquelle est un joli cabinet de verdure, cependant la vue ne s’étend pas loin »11
. L’architecte des lieux –
demeuré anonyme – avait prévu de faire cohabiter plusieurs fabriques sur une parcelle, somme toute, de
dimensions restreintes. Ainsi, une butte artificielle soutenait un bosquet qui s’élevait en belvédère, dans le goût
des limaçons exécutés à Paris, au Jardin du Roi ou encore au parc Monceau.
En dépit de la juxtaposition sur la même
parcelle des deux aspects, ornemental et
utilitaire, Bélanger ne donne à voir ici que le
jardin dédié à la promenade et à l’agrément,
les jardins fruitier et potager devant être
rejetés sur le pourtour extérieur du domaine.
Comme visible sur le détail d’un plan
(fig. 10 ci-contre), le parti paysager adopté
était régulier : la composition, orientée
ouest-est, s’articulait successivement autour
de deux ensembles.
Deux grandes pelouses (ou parterres ?)
s’étendaient au pied de l’édifice, séparés
par une allée de front perpendiculaire au
bâtiment. …/…
Fig 10 Anonyme, Plan des fortifications d'Abbeville, des faubourgs et
des communes rurales alentour, fin du XVIIIe ou début du XIX
e siècle.
Abbeville, Bibliothèque municipale, 1Fi7/12
8
Fig. 9. Louis Bélanger, Vue, côté jardin, de la maison de
plaisance, appelée Bagatelle, à Abbeville, 1787
©Lemoine-Bouchard Fine Arts.
Fig. 8. Anonyme, « Château de Bagatelle, au
faubourg de S. Gilles, bâti par les van Robais,
aujourd’hui habitation de M. de Wailly,
capitaine de vaisseau. D’après nature, 31 mai
1850 ».
©Abbeville, Bibliothèque municipale, Ab.U49.
…/…
Celle-ci, en croisant une allée de traverse, formait un rond-point dont le milieu accueillait un grand bassin circulaire
en maçonnerie alimenté et décoré, en son centre, d’une fontaine avec jet d’eau. Il s’agissait là du découvert, partie
du jardin traitée en surface ou en faible élévation. Au-delà, le jardin se poursuivait par le couvert, partie boisée, dont
les deux allées régulières étaient délimitées par des palissades de verdure plantées à l’avant de rideaux d’arbres de
haute-tige à tronc apparent. Bélanger ayant opté ici pour une vision panoramique cylindrique (ou sphérique) du
jardin, sa miniature donne l’illusion d’un carrefour en patte d’oie. Le point de vue choisi par l’artiste est cependant
celui pris depuis l’intersection des deux allées régulières dont il nous livre ici une incroyable vision à 360°.
Un contexte de création qui demeure inconnu
Nous ignorons à quelle occasion l’artiste réalisa ses deux miniatures. Il doit s’agir, selon toute
vraisemblance, d’une commande des propriétaires. On imagine qu’elles pouvaient, à l’origine, garnir une
même boîte. Auraient-elles un lien avec le passage entre les mains d’André van Robais de la propriété en
1787 ? Dans la mesure où il est plausible qu’il fut l’auteur de la transformation de Bagatelle en pavillon
d’habitation, peut-être a-t-il voulu immortaliser son œuvre12
? A la faveur d’une restauration récente, les
deux miniatures ont été désolidarisées de la médiocre boite en écaille du XIXe siècle dont elles occupaient
jadis le recto et le verso : ainsi isolées, elles peuvent dorénavant être contemplées côte à côte.
En 1793, six ans après la réalisation des miniatures, la famille van Robais se vit dans l’obligation
financière de céder à Pierre-Firmin Roze, grand-oncle paternel du futur préhistorien Jacques Boucher de
Perthes, le domaine de Bagatelle, avec son mobilier : la maison était alors « meublée très agréablement,
avec glaces, lustres et tout ce qui tient aux ameublements de l’aisance »13
. Les deux miniatures de Louis
Bélanger prennent ainsi une saveur particulière, celle de deux instantanés témoignant des derniers feux du
Siècle des lumières, dont Bagatelle demeure toujours l’une des plus belles manifestations dans le domaine
de l’architecture.
Jean-Loup Leguay,
historien de l’art.
NOTES
Claudie Bertin, « Un gouachiste oublié : Louis Bélanger (1756-1816) », Gazette des Beaux-Arts, 1984, vol. 104, p.
17-32. 2 Michel-Jean Sedaine, Bagatelle, ou description anacréontique d’une maison de campagne dans un des fauxbourgs
d’Abbeville, Amsterdam et Abbeville, chez la veuve De Vérité, 1770, non paginé [16 p.]. 3 Roger Rodière, « Voyage de Roland de la Platière en Normandie et en Picardie », Bulletin de la Société
d’Emulation d’Abbeville, t. XI, 1918-1921, p. 168 et 169. 4 Claire Ollagnier, Petites maisons : du refuge libertin au pavillon d’habitation en Île-de-France au Siècle des
lumières, Bruxelles, Mardaga, 2016, 350 p. 5 Josiane Sartre, Châteaux « brique et pierre » en Picardie : quatre siècles d’architecture, Le Vaumain, Nouvelles
éditions latines, 2012, p. 144 à 146. 6 Durant la seconde moitié du XIX
e siècle, Paul de Wailly fit reconstruire la ferme. Après son mariage, il confia à
l’architecte Louis Parent le soin d’ajouter de part et d’autre du logis des pavillons reliés par des ailes basses. 7 L’ardoise était néanmoins présente sur les toitures des communs dont elle garnissait les jouées des lucarnes, usage
courant en Picardie sur les toitures en tuiles. 8 Affiches du département de la Somme, n° 2, 14 janvier 1792, p. 5.
9 Jean-Loup Leguay, « Un exemple d’embellissement urbain au XVIII
e siècle : la commande publique en
architecture à Abbeville à la veille de la Révolution », Bulletin de la Société d’Emulation d’Abbeville, t. XXX, 2007,
p. 165 à 183. 10
Affiches du département de la Somme, n° 2, 14 janvier 1792, p. 5. 11
Roger Rodière, « Voyage de Roland de la Platière en Normandie et en Picardie », Bulletin de la Société
d’Emulation d’Abbeville, t. XI, 1918-1921, p. 169. 12
Jacques Foucart-Borville, « Bagatelle », Bulletin de la Société d’Emulation d’Abbeville, t. XXVI, 1989, p. 583. 13
Affiches du département de la Somme, n° 2, 14 janvier 1792, p. 5.
*NDLR. Nous sommes très reconnaissants à Jean-Loup Leguay d’avoir identifié ces vues de Bagatelle d’Abbeville
(communication orale, 6 décembre 2016, et première parution dans La Lettre de la miniature n° 38).
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Peintres en miniature, nouvellement répertoriés en France Le dictionnaire Les peintres en miniature actifs en France, éd. de l’Amateur, 2008, fait l’objet de travaux
d’amélioration constants. Voici quelques noms que nous y ajoutons.
DUPUIS Etienne Denis (Levesville-la-Chinard, 3 juin 1805 – Paris, 16 septembre 1863), dit Dupuis père
M. Etienne Denis Dupuis, dit Dupuis père pour le distinguer de son fils le graveur prix de Rome Daniel
Dupuis, fut peintre en grand et en miniature, professeur au de dessin au Collège de Blois. « Etienne Denis
Dupuis » était né dans un milieu modeste à Levesville-la-Chinard, en Eure-et-Loir le 14 Prairial an XIII (3
juin 1805) : « à onze heures du soir, fils de Pierre Antoine Blaise Dupuis cordonnier de cette commune et
de Marie Scolastique Couvray Les père et mère. Premier témoin : Jean-Baptiste Mardelet âgé de quarante
ans, pasteur de bette (sic) à laine. Second témoin ; Jacques Antoine Andrieux, âgé de soixante ans, rentier
de cette commune. Sur la réquisition faite à nous par Pierre Antoine Blaise Dupuis. Qui ont signé ». Selon
les Mémoires de la société des Sciences et arts de Loir –et- Cher, il se maria à 26 ans à Orléans, le 17
novembre 1831 avec une Orléanaise, Virginie-Adèle-Félicie Chemin qui n’avait que quinze ans. Ils eurent
sept fils (trois morts en bas âge) et plusieurs firent une carrière artistique. De même source, « Les deux
époux restèrent peu de temps à Orléans, et ils s'étaient déjà fixés à Blois lors de la naissance de leur
premier enfant, M. Pierre Dupuis. Pourtant Pierre naquit à Orléans, Madame Dupuis ayant voulu faire ses
couches dans la ville ou elle était née». Etienne Denis Dupuis est dit « peintre en miniature » lors de l’acte
de naissance de ses fils Georges (né à Blois le 4 juin 1839, compositeur de musique) et Elysée (né à Blois
le 6 juin 1845, architecte). Lors de la naissance de son fils Jean-Baptiste-Daniel Dupuis (qui fut peintre) à
Blois, le 15 février 1849, Etienne- Denis Dupuis, était « artiste peintre à Blois, rue des Juifs (n° 5 actuel) ».
Selon ces mêmes Mémoires, « M. Dupuis père, qui fut pendant de longues années professeur de dessin au
Collège, a fait à Blois un très grand nombre de tableaux et surtout de portraits. Travailleur infatigable, il se
perfectionna lui-même dans son art par un labeur acharné. II avait un don particulier, que n'ont pas eu
toujours de plus grands artistes : celui d'attraper la ressemblance, ce qui donna a ses oeuvres modestes une
vogue singulière. »
Nous donnons ici la date de décès exacte de cet artiste, retrouvé dans l’état civil reconstitué parisien, dans
le 2e arrondissement, le 16 septembre 1863. Mme Dupuis mourut le 30 juillet 1892, à l’île de Bréhat.
Bibl. : Mémoires de la société des Sciences et arts de Loir –et- Cher, vol. 14, 1900, article sur « Daniel
Dupuis », p. 20 Dupuis père mentionné comme peintre en miniature. Le signale sous les prénoms
« Etienne-Blaise » à I'état civil de Blois (détruit en 1940) ; les actes de naissance et de mort de l’artiste le
prénomment Etienne Denis.
DUJARDIN de PASSAI Azéline Alexandre (active à Caen en 1823).
Artiste signalée par une miniature :
- Portrait d'homme en buste sur fond sombre, de 3/4, Inscriptions au revers 'Peint en Décembre 1823 aux
Bénédictines de Caen par Mme Azéline Alexandre Dujardin De Passai", rect. 9,3 x 8,5 cm. (Manques)
(vente à Rouen, Me Cheroyan, 24 janvier 2015, dans un lot avec une autre miniature).
DUSAULCHOY Charles (1781-1852) et non DUSANTCHOY.
A la suite de Schidlof, nous avions répertorié un « C.
Dusantchoy » actif vers 1820. Il s’agit selon toute probabilités
d’une erreur de lecture de sa signature et d’une œuvre de Charles
Dusaulchoy (1781-1852), peintre, dessinateur et lithographe,
élève de Jacques-Louis David. Il fut le maître de Louis Adolphe
Hervier (1818-1879), fils du miniaturiste Marie Antoine Hervier
qui avait été son condisciple chez David.
Deux miniatures sont à présent connues : - Jeune femme brune en buste de ¾ à droite, en robe gris perle Empire,
signée au dos Charles Dusaulchoy, ovale, H. 7 cm, L. 5,5 cm (vente à
Nice, Boisgirard, 19 décembre 2014, n° 316, repr. ci-contre).
- La marquise de Casamayor d’Oneix, la signature lue « Dusantchoy »
(vte Salzmann, Schidlof & Kende, Vienne, 20-23 mars 1918, n° 139,
signalée par Schidlof).
Bibl. : Schidlof, 1964, p. 228. Blättel. Lemoine-Bouchard, 2008.
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LEMOINE-BOUCHARD FINE ARTS
Galerie. Sur rendez-vous ou sur le site www.lemoinebouchard.com. Prix sur demande.
Prix et photos sur demande.
Au théâtre !
Portraits pris sur le vif d’acteurs sur
scène par
Jean Louis FAESCH
(v. 1738-1778)
Miniatures à la gouache sur vélin,
légendées, env. 8,9 x 7,4 cm
- David Garrick jouant Jaffier dans
Venice preserved, vers 1768.
- Pierre-Louis Préville (1721-1799)
en Boniface Chrétien, imprimeur en
faillite, l’un des six rôles qu’il tenait
dans Le Mercure galant ou Comédie
sans titre d’Edmé Boursault,
performance qui lui valut d’être
nommé comédien du Roi.
- Jean-Louis La Ruette ( ?-1792)
jouant le paysan Colas, vers 1763,
dans Les deux chasseurs et la laitière,
pièce d’Anseaume qui connut un très
grand succès.
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Jean Louis FAESCH
(v. 1738-1778)
Rare portrait de l’écrivain,
dramaturge…et bretteur Poullain de Ste
Foix
Miniature à la gouache sur vélin,
Légendée en bas : Ste Foix
env. 8,9 x 7,4 cm
Germain-François Poullain de Saint-Foix
(1698 –1776) fit autant parler de lui en
raison de son caractère querelleur et des
nombreux duels qu’il provoquait que par
sa production littéraire. Après une
première carrière comme mousquetaire
pendant trente ans, il devint à Paris un
auteur à la mode. Il est l’auteur de
plusieurs livrets pour le ballet, le théâtre.
Lettres d'une turque à Paris, écrites à sa
sœur au serrail, en 1731, Deucalion et
Pirrha en 1750, Les Hommes, comédie-
ballet en un acte en 1753. On lui doit
aussi des Essais historiques sur Paris et
sur les Français.
Il fut par ailleurs nommé historiographe
de l’ordre du Saint-Esprit et publia en
1760 le Catalogue des chevaliers,
commandeurs et officiers de l'Ordre du
Saint-Esprit, avec leurs noms et qualités,
depuis l'institution jusqu'à présent.
Ce portrait manque à notre connaissance
aux collections nationales.
LEMOINE-BOUCHARD FINE ARTS
Galerie. Sur rendez-vous ou sur le site www.lemoinebouchard.com. Prix sur demande.
Prix et photos sur demande.
Les arts florissants !
Ecole française, vers 1780
Jeune femme de la famille bretonne de
Closmadeuc, au clavecin, près d’elle une
guitare et une harpe, des cartes
géographiques près d’un globe terrestre,
des partitions en duo, sous le portrait
accroché au mur d’un peintre à son
chevalet.
Miniature sur ivoire, diam. 8 cm
Identification au verso.