les voyelles fantômes en amazighe

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 LES VOYELLES FANTOMES EN AMAZIGHE MAROCAIN* El Mebdi lAZZI Faculté des Lett re s-Agadir LANGUES ET LITTERATURES , VOL XIII , 1995, pp.45-63 Publications de la Faculté des Lettres et des Sciences Humaines , Rabat Les alternances consonnel 0 ou voyellel 0 relevées dans différentes langues sont généralement interprétées comme des cas d'épenthèse ou de syncope prédictibles dans des contextes précis'. Dans les analyses standard, comme celle de Ito (1989), entre autres, l'épenthèse (ou la syncope) intervient seulement quand elle est motivée par des contraintes prosodiques (e . g. la structure syllabique, .. . ) ou les conditions sur les agrégats segmentaux (cluster conditions, e .g. les géminées) , comme le Principe du Contour Obligatoire (cf. Mc Carthy, 1986) . L'alternance 01 voyelle que nous nous proposons d'étudier dans cet article est nous qualifions de voyelle fantôme est présente dès la structure lexicale . A ce niveau, cette voyelle , notée N n'a pas de profil phonique précis, sa seule identité est [  vocalique]. L attribution d'une matrice complète dépend, strico sensu, des règles morphologiques et non des règles prosod ques ou des règles qui régissent les aggats conson antiques . Nous présentons en (1) les données q e nous comptons analyser (où gn =  dormir ;. ~r =  tomber ; kl =  passer la jo urnée ; ns =  passer la nuit ; gnu =  coudre ; nkr =  se lever ) : ( 1 ) Aoriste : gn ~r kl ns gnu nkr Accompli positif : gn dr kla nsa gW na nki . Accompli gatif : gin dir kli nsi gWni nkir Inaccompli : ggan ttar klla nssa gnnu nkkrê  Ce texte est une version remaniée d'une section du chapitre II dans lazzi (1991). Je remercie les professeurs A . Boukous, E . Moujahid et J . Saïb et mon collègue et ami A . Jebour qui nous ont suggér é de s améliora tions import antes . Je remercie également tous les collègues du Groupe de recherches en Phonologie et Morphologie (Rabat ), devant qui j ' ai exposé en 1989 certains points ici abordés et qui m'ont aidé e leurs critiques et leur s suggestions. 45

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morphologie du verbe en amazighe

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  • LES VOYELLES FANTOMESEN AMAZIGHE MAROCAIN*

    El Mebdi lAZZIFacult des Lettres-Agadir

    LANGUES ET LITTERATURES, VOL XIII, 1995, pp.45-63Publications de la Facult des Lettres et des Sciences Humaines, Rabat

    Les alternances consonnel 0 ou voyellel 0 releves dans diffrentes languessont gnralement interprtes comme des cas d'penthse ou de syncopeprdictibles dans des contextes prcis'. Dans les analyses standard, comme celle deIto (1989), entre autres, l'penthse (ou la syncope) intervient seulement quand elleest motive par des contraintes prosodiques (e.g. la structure syllabique, ...) ou lesconditions sur les agrgats segmentaux (cluster conditions, e.g. les gmines),comme le Principe du Contour Obligatoire (cf. Mc Carthy, 1986).

    L'alternance 01 voyelle que nous nous proposons d'tudier dans cet article estun cas diffrent de la syncope et de l'penthse dans la mesure o la voyelle quenous qualifions de voyelle fantme est prsente ds la structure lexicale. A ceniveau, cette voyelle, note NI, n'a pas de profil phonique prcis, sa seule identitest [ + vocalique]. L'attribution d'une matrice complte dpend, strico sensu, desrgles morphologiques et non des rgles prosodiques ou des rgles qui rgissent lesagrgats consonantiques.

    Nous prsentons en (1) les donnes que nous comptons analyser (o gn ="dormir";. ~r = "tomber"; kl = "passer la journe" ; ns = "passer la nuit" ; gnu ="coudre" ; nkr = "se lever") :

    (1) Aoriste: gn ~r kl ns gnu nkr

    Accompli positif: gn dr kla nsa gWna nki.Accompli ngatif: gin dir kli nsi gWni nkir

    Inaccompli : ggan ttar klla nssa gnnu nkkr

    * Ce texte est une version remanie d'une section du chapitre II dans lazzi (1991). Je remercieles professeurs A. Boukous, E. Moujahid et J. Sab et mon collgue et ami A. Jebour qui nous ontsuggr des amliorations importantes.

    Je remercie galement tous les collgues du Groupe de recherches en Phonologie etMorphologie (Rabat), devant qui j'ai expos en 1989 certains points ici abords et qui m'ont aid deleurs critiques et leurs suggestions.

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  • L'examen de ces donnes nous permet de retenir les questions suivantes:

    (2)

    (i) - pourquoi des verbes comme ns et kl se conjuguent-ils l'accompli positifavec une voyelle finale a (viz. nsa et kla), alors que des verbes comme gn et ~rrestent invariables au mme thme (viz. gn et ~r), bien qu'ils aient la mmestructure phontique l'aoriste viz. CC ?

    (ii) - pourquoi ns et kl admettent-ils l'accompli ngatifla voyelle i (marquede ce thme) en position finale (viz. nsi et kli), alors que gn et dr l'infixent pluttentre les deux consonnes radicales (viz. gin et ~ir) ?

    (iii) - pourquoi ns et kl gminent-ils la deuxime consonne l'inaccompli (viz.nssa et klla), alors que gn et dr gminent plutt la premire (viz. ggan et !ta1') ?

    (iv) - pourquoi ns et kl prsentent-ils les mmes variations morphologiquesque les verbes de structure CCU comme gnu, alors que gn et dr prsentent un autreparadigme morphologique?

    (v) - pourquoi un verbe qui admet une voyelle finale l'accompli l'admet-ilgalement l'inaccompli (cp. nsl nsal nssa et gnul gWnal gnnu) ?

    (vi) - et de manire gnrale, la forme de l'aoriste peut-elle rellement servirde base la drivation ? sinon, comment la grammaire de l'amazighe peut-elleprvoir les formes correctes de l'accompli et de l'inaccompli.

    Si l'on considre que ns et gn ont la mme structure, la distribution de lavoyelle de l'accompli (positif et ngatif) et la gmination de l'inaccompli serontimprdictibles et irrgulires, et rien n'interdirait de driver *gna, au lieu de gn, et*ns au lieu de nsa, l'accompli positif; *gni, au lieu de gin, et *nis, au lieu de nsi, l'accompli ngatif ; gnna, au lieu de ggan, et *nnas, au lieu de nssa, l'inaccompli.

    Si l'on arrive rpondre aux questions ci-dessus, croyons-nous, plusieursaspects problmatiques des formes verbales et nominales trouveront une explicationadquate, et plus prcisement l'alternance 01 voyelle qui nous intresse dans cettetude.

    1. Traitements classiques

    L'alternance 01 voyelle releve a attir l'attention des amazighisants(berbrisants) depuis les premires tudes. Pour eux, la forme qui sert de base ladrivation des thmes verbaux est la forme de l'aoriste et principalement la formede la "deuxime personne de l'impratif', l'exception de Abdelmassih (1968) etDell & Elmedlaoui (1987) .

    Sur la base de la structure du verbe l'accompli, la tradition grammaticaledistingue deux grandes classes de verbes:

    46

  • (3)

    (i) - verbes rguliers qui ne subissent aucune modification ( l'accompli), et

    (ii) - verbes irrguliers qui se modifient (toujours l'accompli).

    Nanmoins, cette dichotomie elle seule n'est pas suffisante dans la mesure o"l'irrgularit" peut prendre plusieurs formes et les verbes "irrguliers" neprsentent pas le mme type de variations; ce qui explique le recours des critreshtrognes pour classer les verbes: le nombre de consonnes radicales (de une cinq), la position des voyelles, l'alternance vocalique, alternance consonantique,etc. (cf. Laoust, 1918 : A. Basset, 1929 ; Aspinion, 1953 ; entre autres).

    La classification propose ne permet pourtant pas de rpondre aux questionsci-dessus et elle prsuppose que le locuteur mmorise mcaniquement les diffrentsthmes sans tablir de relations entre eux : ce qui ne fait pas l'unanimit desamazighisants.

    Quand ces grammairiens abordent l'alternance "zro/voyelle" l'accompli desverbes comme os et kl, les postulats thoriques et les techniques de leur approchene disposent d'aucun moyen pour reprsenter un tel lment, i. e. "zro". Rien nepermet de faire le dpart entre verbes alternance vocalique et les verbes sansalternance, et de justifier, partir du thme de l'aoriste, l'apparition de la voyellepour un type et son absence pour un autre.

    Bader (1984) a men une tude prosodique du verbe kabyle dans le cadre de lamorphologie non concatenative telle qu'elle est dveloppe par McCarthy (1979,1981). Parmi les postulats de base de cette tude, on peut citer:

    (4)

    (i) - la sparation entre les mlodies consonantiques et les mlodiesvocaliques;

    (ii) - l'exploitation de la notion de "racine'P

    Quant la diffrence entre le comportement de go et os, Bader (ibid : 296)dclare que "the reason why these verbs behave differently remains unexplained asfar as 1know" (la raison pour laquelle ces verbe se comportent diffremment reste,autant que je sache, inexplique).

    Cette difficult s'explique par la nature de la base de drivation qui est lethme de l'aoriste. Nous estimons que sans le recours une structure sous-jacente,cette alternance ne peut pas recevoir d'explication srieuse. Dans cette optique,Abdelmassih (1968) part de l'hypothse que la stucture de base du verbe amazigheest //ABCD// o A, B, C, et D dnotent des segments radicaux qui peuvent tre desconsonnes ou des voyelles, simples ou gmines, pleines ou vides. Pour dfinir lastructure sous-jacente d'un verbe, l'auteur se fonde principalement sur les variationsde l'accompli (positif et ngatif). Ainsi, deux grands types de verbes ont t

    47

  • (i) - verbes alternance vocalique o IICII = 0

    (ii) - verbes sans alternance vocalique o IICII est maintenu et o B, C ou0= voyelle. 4

    dgages suivant que ces verbes se soumettent ou non l'alternance vocalique l'accompli, viz.

    (5)

    En faisant usage de l'lment vide 11011,l'approche de Abdelmassih (ibid)rpond ainsi en partie aux questions que nous avons souleves, et permet de pallierles insuffisances des approches dialectologiques classiques. La diffrence entre lesverbes ns et gn est situe au niveau de structure sous-jacente, viz IIns011 pour ns etIIg0n/i pour gn.

    Nanmoins, cette approche prsente quelques inconvnients concernantessentiellement la nature de l'lment vide 11011(consonne ou voyelle) et safonction (voyelle lai de l'accompli positif, voyelle Iii de l'accompli ngatif ou lesdeux la fois) : e. g. dans Ilns011, l'lment 11011renvoie la voyelle de l'accomplipositif nsa et celle de l'accompli ngatif nsi, alors que dans Ilg0nll, il ne renvoiequ' la voyelle de l'accompli ngatif gin.

    L'approche de Dell & Elmedlaoui (1987) permet d'viter ces problmes. Lesauteurs prfrent directement le thme de l'accompli comme tant la reprsentationlexicale du verbe, e. g. Ignl pour gn et Insal pour ns. Ils distinguent deux types devoyelle finale lai:

    (6) (i) - la! variable, e. g. nsa- ns ; gCna- gnu ;

    (ii) - la! invariable, e. g. rbba- rbba- (lever).

    Cette hypothse, bien qu'elle paraisse plus naturelle ( dans le sens deVennemann (1974)), pose beaucoup de problmes:

    (7) (i) - cette grammaire ne peut driver le thme de l'inaccompli qu'au prixd'une trs grande complexit. Il faut d'abord driver le thme aoriste puis appliquerles rgles du thme inaccompli, e. g. (o agC\ = "accrocher, suspendre"; m yur ="tre grand" yzif= "tre long").

    48

  • accompli positif: ugl mqqur yzzif

    aoriste: myur yzif

    inaccompli : ttmyur/ ttyzif

    (ii) - il est difficile d'expliquer, dans le cadre de cette grammaire, l'effacementde a des formes finale gmine o seule la prsence de la gmine dclenche lasuffixation de cette voyelle, e. g. (o f~~= "macher" ; ass = "nouer").

    accompli positif: ussa

    aoriste: fzz ass

    inaccompli : ttfzaz ttassa

    (iii) - le choix des auteurs soulve galement un problme en rapport avec lestatut du thme accompli en amazighe : s'agit-il d'un thme de base ou d'un thmedriv?

    Pour viter les insuffisances des traitemens classiques, nous supposons que labase de drivation n'est ni la racine, ni la forme phontique de l'aoriste et encoremoins la forme de l'accompli positif, comme il a t soutenu par les prdcesseurs,mais plutt l'entre lexicale du verbe.

    2 . Entre lexicale et voyelles fantmes

    Nous avons soutenu (cf. lazzi (1991: 54 sq.)) que l'entre lexicale est unestructure plusieurs niveaux:

    (8) (i) - un gabarit prosodique en termes de positions CV;

    (ii) - un contenu mlodique (matrices de traits phonologiques) pour lesradicaux et les affixes o consonnes et voyelle coexistent;

    (iii) - les informations syntaxique; et

    (iv) - les informations smantiques.

    Quant la dtermination des entres lexicales des verbes, ces dernires sur labase du comportement morphologique "synchronique" des verbes l'tude. Notreobjectif n'est pas de procder ici la prsentation de tous les types d'entreslexicales, nous nous contentons du type qui nous intresse, viz. /CC/ et /CVV/ ( cf.lazzi, 1991 : 54 sq., pour les autres types). Nous supposons que la structure desverbes comme gn et ~r ne comporte que deux consonnes, viz. /gn/ et /~r/ et quecelle des verbes comme ns et kl comporte en plus des deux consonnes, un segmentvocalique /V/ sans traits supplmentaires en dehors de [vocalique], viz. /nsV/ et

    49 -

  • /kIV/. Cette voyelle fantme permet de rapprocher ce dernier type de verbes destructure ICCuI comme gnu, rbu "porter sur le dos", avec lesquels il partage lesmmes variations morphologique:

    (9) Entre lexicale: losV/ /kIVI Igoul Irbul

    aoriste: os kl gou rbu

    accompli positif: osa kla rba

    Accompli ngatif: nsi kli rbi

    Inaccompli ossa klla goou rbbu

    La prsence de cette voyelle fantme, qui cre une symtrie entre ces deuxtypes de verbes, est morphologiquement motive. C'est elle qui permet de saisir lesgnralisations adquates sur la morphologie du verbe en soumettant os et kl auxmmes processus morphologiques que gnu et rbu.

    Le fait de postuler une voyelle fantme au niveau lexical permet de rendrecompte de tous les verbes qui manifestent ce comportement: ces verbes admettentune voyelle finale ( non atteste l'aoriste) l'accompli et l'inaccompli, e.g.

    (10) ass rar af

    ussa rura ufa

    ussi ru ri ufi

    ttassa ttrara ttafa

    "nouer" "rendre, vomir" "trouver"

    Les entres lexicales des verbes en (ID) sont respectivement, lassV/, IrarVI etlafV/. Les verbes comme fH "marcher" et ajll "voler", bien qu'ils vrifientl'apparition de la voyelle finale l'accompli, viz. fHa et ujlla, ne rpondent pasaux critres qui permettent d'ajouter une voyelle fantme dans leurs entreslexicales. Ces deux verbes donnent respectivement l'inaccompli ttfp~ et ttajlal.

    L'apparition de la voyelle finale l'accompli est due, notre avis, une rgleparticulire au thme qui suffixe lai toutes les entres lexicales verbales finalegmine (cf. lazzi (1991 )). Ainsi, seuls les verbes qui rpondent aux critressuivants:

    (11) (i) - apparition d'une voyelle en finale l'accompli, et

    50

  • (ii) - apparition d'une voyelle en finale l'inaccompli;

    Comportent une voyelle fantme en position finale dans leur entres lexicales.Cette voyelle, note NI dfaut de symbole spcifique et pour des raisons decommodit, n'est identifie que par le trait [vocalique]; les autres traits serontspcifis par les rgIes morphologiques de la langue 5.

    Une fois admise l'hypothse de l'existence des entres lexicales avec desvoyelles fantmes, la drivation des thmes verbaux ne posent plus de difficultsmajeures et n'est plus qu'une affaire de rgIes morphologiques (et phonologiques)qui oprent sur ces entres.

    3- Rgles morphologiques et voyelles fantmes.

    Les rgIes morphologiques se chargent de l'emplacement des diffrents affixespar rapport aux segments radicaux, c'est--dire qu'elles oprent directement sur lesentres lexicales. Nous allons nous intresser au traitement des voyelles fantmespar les processus morphologiques responsable de la formation des diffrentsthmes.

    L'hypothse que nous avons adopte, et qui consiste prendre l'entre lexicalecomme base de drivation, accorde le mme statut tous les thmes (viz. aoriste,accompli positif, accompli ngatif et inaccompli): ils sont tous drivs. Ladiffrence entre le thme aoriste et les autres rside dans le type de processus misen jeu au cours de la drivation.

    L'aoriste est dfini comme tant le thme "zro", "nu", "non marquaspectuellement" par rapport aux thmes accompli et inaccompli qui sont desthmes aspectuels. Autrement dit, ce thme ne ncessite aucun processusmorphologique particulier. Dans le cas des verbes l'tude, on retient uniquementles segments compltement spcifis (consonnes et voyelles); dfaut de morphmeparticulier qui prendra en charge les voyelles fantmes, ces dernires s'effacent auniveau phontique.

    Le thme de l'accompli, quant lui, admet une valeur positive et une valeurngative marques morphologiquement par des affixes diffrents:

    (12) (i) - l'accompli positif est marqu par le morphme lai. Cemorphme ne peut occuper que la position finale; alors que

    (ii) - l'accompli ngatif est marqu par Iii qui s'insre entre lesdeux dernires radicales ( noter que la dernire radicale peuttre une voyelle fantme).

    La consquence est que le morphme de l'accompli ngatif est plus frquentque celui de l'accompli positif 6.

    51

  • A l'accompli positif, une mlodie lai vient se greffer sur la voyelle fantme de!a mme manire qu'elle occupe la position de la voyelle lui des verbes commeIgnu/, Ibnul "btir" ( l'accompli positif: gffina et bna). Ainsi, la diffrence entreles verbes comme go et ns l'accompli positif est mise sur le compte des segmentsles entres lexicales, respectivement Ignl et InsV/, et le type de rgles que cesentres dclenchent.

    Le morphme de l'accompli ngatif se greffe, lui aussi, sur la voyelle finale

    (voyelle fantme), les verbes InsVI et Ignul donnent nsi et gffini. A dfaut de cettevoyelle finalle, le Iii s'insre avant la dernire consonne, d'o les formes gni etnkir, obtenues respectivement de Ignl et Inkr/. Ce qui revient dire que lemorphme de l'accompli ngatif se place toujours aprs l'avant-dernire radicale.

    En ce qui concerne l'inaccompli, il se rapproche dans ce cas de l'accompli,dans la mesure o, en plus de la gmination de l'avant-dernire consonne radicale,une voyelle est affixe avant la dernire radicale dans la structure ICC/, commedans Ign/-ggan, Id r/-ttar, ou bien quand cette dernire radicale est une voyellefantme quelle que soit la structure lexicale, e.g. InsV/-nssa, lassV/-ussa, IrarV/-rura, ... , alors que les verbes avec une voyelle finale spcifie ds la base, commeIgnu/, ou sans voyelle mais avec une structure autre que ICC/, comme Inkr/, secontentent de la gmination, viz. gnnu, nkkr.

    Ainsi, la suffixation d'une voyelle l'accompli et l'inaccompli est possiblequand la structure lexicale comporte une voyelle finale qui la motive ~autrement, lavoyelle morphologique n'a aucune raison d'apparatre dans cette position.

    4 - Arguments supplmentaires

    D'autres aspects de la morphologie viennent soutenir la prsence d'une voyellefantme dans certaines structures lexicales. La morphologie des verbes drivstaye les structures proposes pour les verbes simples. Le causatif en amazighe estmarqu par le morphme Isl qui est tantt gmin, tantt simple (cf. lazzi, f991:128 sq.),e.g.

    (13) Verbe simple: gn ns rku "tre sale"

    verbe causitif: sgn ssns ssrku "salir"

    Le verbe ns est align sur le modle des verbes en ICCV/, il admet unmorphme ss- gmin exactement comme rku.

    La flexion du verbe causatif reproduit, l'exception de la gmination qui estprohibe dans les causatifs, celle des verbes simples:

    52

  • (14)

    (i)

    (ii)

    (iii)

    Aoriste accompli positif Accompli ngatif Inaccompli

    gnsgn

    ginsgin

    ggansgan

    gnsgn

    nsssns

    nsissnsi

    nssassnsa

    nsassnsa

    rkussrku

    rkissrki

    rkkussrkaw

    rkassrka

    La morphologie nominale nous offre, elle aussi, quelques arguments en faveurde notre hypothse. Le nom d'agent en amazighe est obtenu par la prfixation delaml (o a- est un nominalisateur et -m- la marque de l'agent) et l'affixation d'unevoyelle en position finale ou prfinale, e.g.

    (15) Verbe Nom d'agent

    (i) gn amggan

    (ii) ks "garder, patre"Is "porter (un vtement)rz "brise casser". '

    amksaimlsiimrzi

    (iii) t.~u "surveiller" imhdi

    En s'insipirant de lazzi (1991), Bensoukas (1994 :199-209) soutient quel'emplacement de la voyelle affixale du nom d'agent est dtermin par la prsenced'une voyelle sous-jacente en (ii) et (iii) et son absence en (i), ce qui revient direque gn et ns ont comme structures lexicales, respectivement Ignl et InsV/.

    De son ct, Anasse (1994) recourt, en tudiant la formation du nom d'actionen tachelhit, diffrents symboles postiches pour diffrencier les verbes structuresidentiques au thme aoriste et dont les noms d'action ne se soumettent pas auxmmes rgles, e. g.

    (16) Verbe Nom d'action

    (i) gnfi "laisser"

    agganaffal

    (ii) fk "donner" akka

    53

  • Is alsa

    (iii) b~u "partager, diviser" aHa

    Pour Anasse (ibid : 170), les verbes en (i) ont comme structure sous-jacente,respectivement, Ig""nl et If""l/, o le symbole renvoit une position "vide" sous-jacente qui peut tre occupe par un schewa ou une voyelle affixale au niveauphontique. Ceux en (ii), par contre, ont les structures sous-jacentes suivantes ItK01 et Ils0/, o 101 est une position vocalique "nulle" occupe au niveau phontiquepar une voyelle affixale. Ces dernirs verbes sont classs dans la mme catgorieque Ibdu/, c'est -- dire les bases en ICCVI.

    Ainsi, les verbes en ICCI et les verbes en ICCVI (o V peut tre une voyellefantme) constituent -ils actuellement, dans la plupart des parlers, deux classesassez distinctes ~chacune a ses propres rgles de formation.

    Reste poser le problme de l'origine de cette voyelle fantme lexicalise, quise manifeste dans certaines formes et reste latente dans d'autres. On peut sedemander si l'on est en prsence

    (17) - d'un vestige du pass, i.e. d'une voyelle ancienne tombe en dsutudeet dont les traces sont sauvegardes par la mmoire (de la langue et deses locuteurs); ou

    d'une innovation dialectale.

    Si nous optons pour la premire explication, nous serons amen supposer untat de langue o une voyelle, probablement lui, parce que c'est la voyelle la plusfrquente dans les structures/CCVI ( Iii est moins frquent dans ce genre destructures et lai est un morphme de l'accompli) occupait la position finale. Lavoyelle fantme NI ne serait dans ce cas qu'une matrialisation de la disparition dela voyelle "primitive".

    On peut dfendre une telle explication en nous fondant sur certains faitslinguistiques actuels. Synchroniquement, la voyelle "primitive" peut se manifester:

    (18) (i) - soit dans son ancienne apparence dans certains verbes, e.g. mmnsu"dner" (en rapport avec ns "passer la nuit" ), mmklu "djener" (enrapport avec kl "passer la journe);

    (ii)- soit dans une autre tenue:

    N en amazighe du Rif, la voyelle lui, atteste dans les autres parlers, a cdla place la voyelle lai de l'accompli positif:

    nha "dissuader"

    bna "btir"

    nhu (dans d'autres parlers)

    bnu (dans d'autres parlers)

    54

  • sra "louer" km (dans d'autres parlers)

    La prsence. de la voyelle lai, de l'accompli, dans les thmes de l'aoriste de cetype de verbes pourrait servir de critre pour juger le degr d'volution des parlerspar rapport une origine. Dans ce cas, l'absence de la voyelle pourrait tregalement interprte comme tant un fait dialectal au mme titre que le recours la voyelle lai. L'ajout d'une voyelle lai ou lui ces verbes emprunts l'arabe, etqui ne comportent pas la voyelle u dans la langue source, au cours du processusd'integration pourrait tre interprt comme la trace d'un systme ancien o cettecatgorie de verbes comportaient une voyelle finale.

    Dans les parlers du Rif, les verbes qui ont maintenu la voyelle lui ont un statut part dans la classe verbale; la voyelle est devenue invariable, e.g. rbu ralis abu(c.flazzi ( paratre), pour la relation ria)

    BI en tudiant la formation du pluriel dans le parler de Tiznit, Jebour (1988 :126 sq.) a relev un suffixe awn, ou le w fait partie du suffixe dans les motsimklawn (imkliwn dans d'autres parlers pluriel, de imkli "djener"l), imnsawn(imnsiwn dans d'autres parlers, pluriel de imnsi "dner"), imksawn (pluriel deamksa "berger"). Nanmoins, la prsence

    * de verbes comme mmnsu et mmklu, ct de ns et kl.* de pluriels comme tig(Ol)niwin "courtures" ( de gnu " coudre") ct de

    timnsiwin "bonne nuit" ( de ns "passer la nuit");* de pluriels comme iynzaOln(de aynza 1 tayWnzawt louche",masc./fm."),

    iyrdajn (de ayrdal tayrdajt "souris, masc./ fm.), o w et j font de lastructure sous -jacente;

    Nous incitent reconsidrer les structures sous-jacentes des noms et le statutde w dans le suffixe awn de ces mots. D'autant plus que les frontires entre lesverbes en ICCVI (V = voyelle fantme) et ceux en ICCUI ne sont pas assez nettes.

    Si, en revanche, nous adoptons la seconde explication, il faut s'attendre ceque les verbes ayant une voyelle fantme dans un parler ne l'aient pasncessairement dans d'autres parlers. Cette option peut tre soutenue par les faitssuivants:

    (19) (i) - en amazighe du Rif, le verbe Ign/, ralis zn l'aoriste, admet zna l'accompli positif, zni l'accompli ngatif comme les verbes en ICCV/, et ttZna l'inaccompli; est plutt kkar (ou 11/ est ralis [rl) au lieu de *sdza (de /kllal)(cf. Tangi, 1992).

    (ii) - cette asymtrie entre le comportement de l'accompli et celui del'inaccompli est vrifie dans d'autres parlers, e.g. Rif, Ait Attatl, Souss: y z:"creuser"s y = "acheter", ny = "tuer")

    55

  • inaccompli qqaz ssay nqq(a)

    aoriste yz sy ny

    accompli yza/i sya/i nya/i

    La consquence est que le choix de l'une ou de l'autre explication est difficile.Il y a srement effet de l'volution, relativement, des parlers, mais de nombreuxfaits semblent prouver qu' un stade antrieur de la langue, les verbes voyellefantme faisaient partie de la classe ICCU/. A. Basset (1929) et L. Galand (1974,1977, 1984) avaient dj remarqu qu'une racine peut conserver certains schmes"originels", comme par exemple z~ "moudre" dont le nom d'action est izi4 etl'inaccompli est zzad (i.e schmes des bilitres ICC/, et manifester une certainevolution dans d'autres formes, comme zda, l'accompli de zq (i.e. schme desverbes en ICCVI ). Dans le cas de la voyelle fantme seule une tude exhaustivepermettra de trancher sur son aspect accidentel ou rsiduel.

    5 - Conclusion

    Nous avons essay de montrer, dans cet article, que la reprsentation d'unevoyelle fantme dans les entres lexicales de certains verbes estmorphologiquement motive. L'hypothse soutenue permet de saisir les rgularitsdu systme morphologique et d'unifier le traitement en accordant toutes lesformes attestes (verbales ou nominales) le mme statut, viz. formes drives partir d'une entre lexicale, et non de la racine ou de l'aoriste.

    La voyelle fantme qui figure dans certaines entres lexicales ne peut treinterprte que par la morphologie, c'est ce qui fait sa particularit par rapport auxcas d'penthse (ou de syncope) tudis dans la littrature et qui sont expliqus parla structure prosodique.

    Le problme de l'origine de ces voyelles fantmes reste en suspens. Lesquelques indications dont nous disposons tayent deux hypothses: l'hypothsed'une voyelle fantme n'est qu'une trace, et l'hypothse d'une innovation dialectale.Nanmoins, dfaut d'une tude systmatique et minutieuse des donnes desdiffrents parlers amazighes, aucune conclusion srieuse ne peut tre retenue.

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  • NOTES

    1. Parmi les langues qui admettent l'alternance voyellel 0, on peut mentionner:l'afar, langue couchitique (cf. Bliese, 1981 ; Parker & Hayward, 1985 ; Zoll,1992 et 1993b); le basque (cf. Hualde, 1988 et 1991); le polonais (cf. Gorecka,1988 : Gussmann, 1992 ; Szpyra, 1992 ; Zoll, 1993a et b),

    L'alternance consonnel 0 est atteste en franais (cf. Dell, 1970, 1973 ;Encrev, 1988 ; Paradis & Elfenne, 1991 et 1992 ; ...) ; en finnois, en turk (cf.Clements & Keyser, 1981) ; en sri, langue hokane au Nord-Ouest du Mexique(cf Marlett & Stemberger, 1983) ; en maori, longue polynsienne (cf. Hale,1973) ; en amzighe marocain du Rif (cf. Biarnay, 1917 ; Saib, 1986 ;Elmedlaoui, 1988b ; Tangi, 1992; lazzi ( paratre) ).

    2. Ces donnes, transcrites sans schewa dont l'apparition est prdictible, sont duparler des AH Attab (Haut-Atlas central). Ce parler est situ entre la zone detachlhit au sud et la zone de tamazight au Nord.

    Dans ce parler, l'instar des autres, les verbes admettent deux types de formes:les formes simples et les formes drives. Toutes les formes, proportionsdiffrentes, se manifestent sous quatre thmes : l'aoriste, l'accompli positif,l'accompli ngatif et l'inaccompli.

    Certains parlers manifestent une tendance neutraliser la marque de l'accomplingatif comme celui d'Inzgane (v.Bary, 1983), ou abondonner le thme del'aoriste comme les parlers du Rif (v. Chami, 1979; Cadi, 1981) et le Kabyle(v.Chaker 1983, 1978), o les formes de l'accompli bda, bna sont utilises aulieu de dbu "partager, diviser" et bnu "btir".

    A l'accompli positif, les verbes comme ns et kl admettent la voyelle Iii lapremire et la deuxime personnes du singulier, et lai, dans les autres. Nous nenoterons, dans ce texte, que la voyelle lai pour distinguer les thmes accomplipositif en ila et accompli ngatif en Iii (pour toutes les personnes).L'inaccompli est marqu essentiellement par la prfixation de tt- ( le processusdominant) et bien d'autres processus: la gmination, l'affixation vocalique, etc.(cf. lazzi, 1991: 82sq.). La gmination de certaines radicales entranent parfoisdes changements dans la nature des segments, e.g. Id 1 a pour correspondant

    gmin Itt 1; Iyl, Iqql ; Iwl (et parfois Ijl) se gmine en 1ggOl, gg, kk, bbOl,bbl (cf. Basset, 1929; Prasse, 1972; Guerssel, 1976; Saib, 1978; Chtatou, 1982;Bader, 1984; Elemedlaoui, 1985, 1988; Boukous, 1987; entre autres). Quantaux mcanismes qui sous-tendent la labiovlaristaion, cf. Jebour, 1985;Elmedlaoui, 1992; Selkirk, 1993, Bensoukas, 1994.

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  • 3. La racine est "un groupement de consonnes" commun un ensemble de motsappartenant une famille derivationnelle. Ce groupement de consonnescomporte le noyau smantique commun cette famille indpendamment detoute contingence d'aspect, du genre, de nombre, de personne, etc..

    La racine, comme niveau d'analyse, est accredite par les grammairiens del'arabe et de l'hbreu. Les grammairiens de l'amazighe, bien qu'ils reconnaissentexplicitement cette notion (en parlant de racines mono-, bi-, tri-, quadri- etquinquilitres), ne l'ont pas exploite dans leur analyse. Les tentatives de Prasse(1973-74), pour le touareg, et Dallet (1982), pour le kabyle, soulvent plusieursquestions portant essentiellement sur:

    Le statut des glides: comment distinguer rwl "s'enfuire" de munaccompagner" ;

    - le statut des gmines : comment expliquer les gmines lexicales dansddukkl "tre l'ami de", mmatti "se dplacer",...;

    - Le staut des redoubles, e.g. smum "tre aigre", krurd "grandir";

    - Le staut des voyelles dans ag(J)l"accrocher, suspendre", amz "saisir, tenir".

    - le statut des redoubles, e.g. smum "tre aigre", krurd "grandir" ;

    - le staut des voyelles dans agwl"accrocher, suspendre", amz "saisir, tenir".

    En outre, si l'on se fie la racine au sens des arabisants, il n'y a,synchroniquement, aucun moyen de prvoir partir d'une racine comme JE,les verbes laI "natre", aIl "faire monter", ali "monter", alil "tre rinc", ili"tre", iii "tourner", etc...

    La racine, bien qu'elle soit plausible en amazighe en tant que langue chamito-smitique, est difficile prendre comme lment fiable dans l'analyse. Les faitssusmentionns expliquent le choix de la plupart des amazighisants qui prennentcomme base de drivation non la racine mais plutt le thme de l'aoriste, jugmoins marqu morphologiquement.

    4. Ces deux types de verbes sont classs en quatre catgories. Ces dernires sont, leur tour, sous-catgorises en dix formes (cf.Abdelmassih, 1968).

    5. Dans lazzi (1991: 57), nous avons formul un paramtre appel "paramtre dela position mtrique vide" et qui a pour fonction de dterminer si l'entrelexicale d'un verbe comporte ou non une position V vide. Nanmoins, la suited'une remarque de F. Dell (communication personnelle, novembre 1991), nousnous sommes rendu compte de la non-pertinence de ce paramtre qui a plutt leprofil d'un test qui dtermine la prsence ou l'absence de la voyelle vide sur labase des variations morphologiques des verbes l'accompli et l'inaccompli.

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  • En outre l'adjectif "vide" que nous avons utilis pour qualifier la positionvocalique est inadquat, rien ne permet de savoir, ds l'entre lexicale(reprsente par un gabarit et une mlodie non encore associs), si une telleposition est vide ou pleine.

    6. Les variations qui affectent l'initiale et la mdiane des radicaux sont communesaux deux valeurs de l'accompli (positive et ngative), cf. lazzi (1991 : 70-74)

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