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LES URSULINES DE QUÉBEC 1639-1953 septentrion Dom Guy-Marie Oury, o.s.b. Extrait de la publication

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LES URSULINESDE QUÉBEC

1639-1953

septentrion

Dom Guy-Marie Oury, o.s.b.

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Tous droits de reproduction et d’adaptation réservés; toute reproductiond’un extrait quelconque de ce livre par quelque procédé que ce soit, etnotamment par photocopie ou microfilm, est strictement interdite sansl’autorisation écrite de l’éditeur.

La Loi sur les droits d’auteur interdit la reproduction des œuvres sansautorisation des titulaires de droits. Nous rappelons donc que toutereproduction, partielle ou totale, du présent ouvrage est interdite sansl’autorisation écrite de l’éditeur ou d’une société de gestion dûmentmandatée.

Nous reconnaissons l’aide financière du gouvernement du Canada parl’entremise du Programme d’Aide au Développement de l’Industrie del’Édition (PADIÉ) pour nos activités d’édition.

Nous remercions le Conseil des Arts du Canada del’aide accordée à notre programme de publication.

Nous remercions la SODEC pour le soutien accordé à notreprogramme d’édition.

© Les éditions du Septentrion, août 1999

SOCIÉTÉ DE DÉVELOPPEMENTDES ENTREPRISES CULTURELLES

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Dom Guy-Marie Oury, o.s.b.

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Illustration de la couverture : Marie de l’Incarnation et ses pensionnaires amérin-diennes, huile sur toile, collection des Ursulines de Québec.

Révision : Solange Deschênes

Mise en pages et maquette de la couverture : Folio infographie

Si vous désirez être tenu au courant des publicationsdes ÉDITIONS DU SEPTENTRION,

vous pouvez nous écrire au1300, av. Maguire, Sillery (Québec) G1T 1Z3

par télécopieur (418) 527-4978 oupar courrier électronique

www.septentrion.qc.ca

© Les Éditions du Septentrion Diffusion Dimedia1300, avenue Maguire 539, boul. LebeauSillery (Québec) Saint-Laurent (Québec)G1T 1Z3 H4N 1S2

Diffusion en Europe : Dépôt légal – 3e trimestre 1999Diffusion de l’édition québécoise Bibliothèque nationale du QuébecLibrairie du Québec ISBN 2-89448-136-530, rue Gay-Lussac75005 ParisFrance

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AVANT-PROPOS

L ’année 1999 marque le 400e anniversaire de la naissance, à Toursen France, de Marie Guyart de l’Incarnation, fondatrice etpremière supérieure du Monastère des Ursulines à Québec.

En hommage à leur fondatrice en ce pays neuf et à la pléiade decelles qui les ont suivies, les Ursulines d’aujourd’hui dédient ces pagesd’une histoire déjà longue de plus de trois siècles.

Dom Guy-Marie Oury, o.s.b., historien renommé, ami fidèle deMarie de l’Incarnation et des Ursulines, a prêté volontiers sa plume etses talents pour donner vie à une relation si intimement liée aupatrimoine collectif de notre pays. Qu’il en soit remercié.

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INTRODUCTION

L e 1er août 1999, les Ursulines de Québec célébreront le360e anniversaire de la fondation de leur monastère ; en 1639 untout petit groupe composé de trois religieuses débarquait de

France pour s’établir aux frontières de la civilisation européenne dans lepetit poste fondé par Champlain en 1608 sur le Saint-Laurent, la voiefluviale donnant accès au cœur de l’immensité nord-américaine.

Sur les pas des premiers Récollets, puis des Jésuites, en même tempsque les Hospitalières de Dieppe, ces trois femmes venaient se consacrerà la mission ; leur petit monastère était destiné à devenir une maison deformation chrétienne pour les filles amérindiennes, mais en deux outrois décennies, par un simple jeu de circonstances, celle-ci s’est trans-formée en maison d’éducation pour les petites Françaises, filles despremiers colons.

Sur le rocher auquel s’accrochent les maisons du Vieux-Québec, lesfilles de Marie de l’Incarnation ont poursuivi ensuite leur tâche parvents et marées, sous le régime français, sous le régime anglais, sous lerégime du dominion, sous le régime du Canada, pendant 100, 200, 300,puis 350 années...

La première histoire de ce qu’il faut bien appeler une épopée a étépubliée de 1863 à 1866 sous la forme d’un ensemble de quatre volumesqui totalisent plus de 1700 pages. L’auteur en était Mère Adèle Cimon(1830-1886) qui, une décennie plus tard, devait être appelée à diriger lemonastère pour quelques années (1870-1875) ; elle était connue enreligion sous le nom de Mère Sainte-Marie.

C’est donc dans la trentaine qu’elle se fit un devoir de réaliser cegrand travail et d’en assurer la direction ; sa principale collaboratrice fut

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la Mère Catherine Burke, dite Mère de Saint-Thomas. Les encourage-ments vinrent de la part de M. Georges Lemoine (1816-1890), aumô-nier du monastère de 1854 à 1889, qui, l’œuvre terminée, en entreprit larévision, sollicitant pour cela l’aide et l’avis de son bon ami, M. AntoineRacine, alors curé de Saint-Jean-Baptiste de Québec et futur évêque deSherbrooke, que l’on considérait comme l’un des meilleurs orateursecclésiastiques du pays.

Longtemps nous nous sommes assises au foyer de famille, écrivait MèreAdèle Cimon en achevant son œuvre, longtemps nous avons discouru surles souvenirs du passé. En jetant les yeux sur la volumineuse histoire quenous terminons enfin, n’y a-t-il pas à se repentir d’une pareille abon-dance ?... Qu’est-ce en effet que cet ouvrage ? Un livre historique dans lesformes ordinaires ? Non. La compilation de nos Annales ? Oui... et non, sil’on veut, qui peut au besoin suppléer aux manuscrits de nos archives.

Les modèles suivis par l’Ursuline étaient nombreux dans le passé del’Ordre, depuis les Chroniques de la Mère de Pommereu, de 1673 jus-qu’aux Chroniques de l’Ordre de Sainte-Ursule, publiées sans nom d’au-teur à la veille de la Révolution (1776).

À l’intention du public de langue anglaise, Mère Joséphine Holmes,dite Mère de Sainte-Croix, publiait quelques années plus tard enquelque 400 pages un ouvrage moins étendu, intitulé Glimpses of theMonastery, Scenes from the History of the Ursulines of Quebec during TwoHundred Years, 1639-1839 (1875), qui fut réédité en 1897 avec uneaddition de 180 pages : Reminiscences of the Last Fifty Years, qui conduitle lecteur jusqu’à la veille de xxe siècle. Puis, en 1939, ce fut le petit livrede Pierre-Georges Roy, À travers l’histoire des Ursulines de Québec,imprimé à Lévis à la veille de la seconde guerre mondiale, qui, en 210pages, rappelle sous forme anecdotique quelques faits marquants del’histoire du monastère.

Ainsi, grâce à ces trois ouvrages (quatre en faisant état du Supplé-ment aux Glimpses) possède-t-on une œuvre considérable couvrantd’abord les années 1639-1854, puis les années 1639-1839 et 1839-1889(en anglais) ; le petit livre de Pierre-Georges Roy ne fait qu’ajouter unedizaine de pages, petit format, couvrant les années 1902-1939.

Le désir des Ursulines était de terminer leur histoire, afin de possé-der un ensemble plus complet qui s’étende jusqu’à la constitution del’Union Canadienne des Ursulines en 1953, sous la forme d’une congré-

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gation centralisée, où, par la force des choses, le monastère de Marie del’Incarnation fut amené à abandonner son rôle traditionnel de direc-tion. Mais il y avait place aussi pour un ouvrage d’ordre plus syn-thétique qui reprenne l’ensemble des événements depuis 1639 à lalumière des travaux historiques publiés ou encore inédits. Un travailpréliminaire considérable avait été accompli lors du classement desarchives et de la publication de ses inventaires.

Étant depuis 1966 l’un des spécialistes des Écrits et de la Vie de Mariede l’Incarnation, les Ursulines du Vieux-Monastère ont pensé que j’étaisqualifié pour écrire ce nouveau livre qui ne pouvait, évidemment, prendredes proportions analogues à celles de l’œuvre de Mère Adèle Cimon.

Depuis 1973, année de la parution de la biographie critique deMarie de l’Incarnation, de nouvelles recherches ont été poursuivies ; maspécialisation postérieure en droit canonique a permis de découvrir denouvelles dimensions aux problèmes qui s’étaient posés à la fondatrice,aux Jésuites et à Mgr de Laval. Les études du P. Georges Bottereau s.j., deMère Marie-Andrée Jégou o.s.u., du P. Lucien Campeau s.j., et d’autresont renouvelé presque entièrement les perspectives sur la fondationcanonique du monastère et la validité des professions qui y ont étéprononcées dans les premiers temps. Mgr de Laval a attendu la mort dela fondatrice et l’érection du diocèse de Québec pour apporter unesolution canonique élégante par l’affiliation pure et simple à la Con-grégation de Paris et le bénéfice de ses bulles d’institution que Romeavait toujours refusé à Québec en terre de mission.

Les recherches sur cette période ont bénéficié également des travauxde Claire Gourdeau sur l’éducation des Amérindiennes au monastère etleur disparition progressive.

Après la conquête anglaise et jusqu’à la Révolution française, lesreligieuses ont conservé des relations étroites avec le monastère de Pariset la France où elles avaient encore une partie de leurs sources derevenu ; elles dépendaient partiellement du point de vue financier de laFrance qu’elles considéraient toujours comme la mère patrie.

Les années de la Révolution et de l’ère napoléonienne ont coupé cecordon ombilical, tandis que les religieuses étaient amenées à accueillirun plus grand nombre d’élèves anglophones dont une majoritéappartenaient même à l’anglicanisme. Le xixe siècle est donc, surtout ensa première partie, une période particulière où le monastère a servi detrait d’union entre les deux communautés linguistiques, tout en

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coopérant dans une certaine mesure à la diffusion de l’Ordre de Sainte-Ursule en Amérique du Nord.

Le transfert du siège du gouvernement à Ottawa (1858) fut le signed’une nouvelle évolution affectant le type d’éducation et d’ensei-gnement offert par le monastère à mesure que Québec redevenait uneville francophone dans sa quasi-totalité. Dans le même temps l’ou-verture du procès de béatification de Marie de l’Incarnation créait leclimat favorable à des échanges plus nombreux avec les monastèresd’Europe, préparant, d’une certaine manière, la création de l’UnionRomaine des Ursulines. Durant cette période, du Vieux-Monastèresortent plusieurs essaims qui sont à l’origine des grandes communautésde Roberval et Stanstead, puis de Rimouski et Mérici.

Au début du xxe siècle, de nombreux monastères d’Ursulines,jusque-là autonomes sous l’autorité exclusive de leurs évêques res-pectifs, se sont fédérés en un Ordre centralisé (1900). Les communautéscanadiennes dont le Vieux-Monastère n’ont pas suivi le mouvement,mais il apparut assez vite, surtout après la promulgation du nouveauCode de droit canonique de 1917, qu’une certaine forme d’union serévélerait nécessaire.

Ce fut d’abord l’Union régionale de Mérici, Stanstead et Robervalsous le gouvernement de la Supérieure du Vieux-Monastère (1931), quiinaugure une nouvelle période d’expansion ; puis après la secondeguerre mondiale naquit l’Union Canadienne des Ursulines, divisée entrois provinces, Québec, Trois-Rivières et Rimouski avec un gouverne-ment central (1952-1954). La constitution de cette union a servi delimite chronologique à ce livre, avec un chapitre additionnel sur labéatification de Marie de l’Incarnation, aboutissement d’un long procèsinauguré au plan diocésain en 1868.

Afin de ne pas surcharger le livre et d’en faciliter la lecture, on s’estcontenté de notes succinctes : simples références aux documents d’ar-chives ou à quelques études plus spécifiques. Une bibliographie sélectivepour chaque chapitre, à la fin de l’ouvrage, donne les principales réfé-rences justifiant les développements marquants. Mais plusieurs aspectsde la vie du Vieux-Monastère sont abordés ici pour la première fois.

En terminant cette introduction, je voudrais exprimer ma gratitudeà l’égard de l’équipe des archivistes du Vieux-Monastère qui s’est tou-jours montrée très coopérative, et des religieuses qui ont eu le soin de larelecture de l’ouvrage au stade de l’élaboration et de la finition.

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SIGLES

J : Œuvres spirituelles et historiques de Marie de l’Incarnation,éd. Dom Albert Jamet, t. I et II, Paris-Québec, 1929-1930.

O : Correspondance de Marie de l’Incarnation, éd. Dom Guy-Marie Oury, Solesmes, 1971.

Thwaites : The Jesuit Relations and Allied Documents éd. R. G.Thwaites, Cleveland, 1891-1901, 73 vol.

AUQ : Archives des Ursulines de Québec, Vieux-Monastère, Québec.

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première partie

FONDATIONSET RACINES

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chapitre premier

COMMENT PARTICIPER À LA MISSION ?

Le 1er août 1639, Marie Guyart et ses deux compagnes, Marie deSavonnières, de Tours, et Cécile Richer, de Dieppe, débarquaientà Québec, après la dernière nuit d’un long et exténuant voyage,

passée sous des torrents de pluie à la pointe de l’île d’Orléans. Celafaisait presque quatre mois qu’elles vivaient sur l’eau.

À peine quelques jours de visites, et on les installa provisoirementsur un ressaut de la côte, là où se trouve aujourd’hui la Place Royale,dans une mauvaise masure : « L’on nous donna une petite maison pournotre demeure, en attendant que l’on nous en eût choisi une pour bâtirnotre monastère. Il n’y avait que deux petites chambres »1.

Québec n’était pas une ville, pas même un village : un simplecomptoir sur un continent à peine touché, entouré de toutes parts parla forêt où quelques défrichements avaient été opérés. Le chef-lieu de laNouvelle-France comptait quatre ou cinq maisons bâties en pierre ; lereste était fait de cabanes. Québec n’était pas plus grand qu’un petitvillage de Touraine et certainement plus mal bâti que le plus défavorisé.C’était pourtant le cœur de la nouvelle colonie d’Amérique du Nord etdes missions des Pères Jésuites auprès de quelques tribus indiennesnomades ou semi-sédentaires.

Les Jésuites firent bon visage aux religieuses qui leur arrivaient deFrance — trois Ursulines, trois Hospitalières — bien qu’ils eussent pré-féré des « filles séculières », autrement dit des laïques, libres de leurs

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mouvements et sans la situation canonique de religieuses ayant pro-noncé des vœux solennels. Dans la situation où se trouvaient Québec etla mission, plusieurs pensaient qu’il était prématuré de faire desfondations de caractère aussi organisé. Québec n’était ni Mexico, niLima : il n’y avait pas encore de place pour des « couvents », surtout descouvents de religieuses cloîtrées. Les Français de France qui avaientorganisé cette expédition se rendaient mal compte de la situation !

Les Jésuites de la mission s’étaient décidés eux-mêmes en 1635 àouvrir une petite école de garçons, destinée à devenir l’embryon d’uncollège. Mais c’était surtout une solution élégante et diplomatique pourrésoudre le problème consistant à doter la mission elle-même : l’école,elle, aurait pu attendre ; le financement régulier de la mission ne lepouvait pas.

Depuis 1626 le marquis Rouault de Gamaches et sa femme ver-saient en effet pour leur fils, entré dans la Compagnie de Jésus, unrevenu de 3000 livres que les supérieurs avaient affecté à la missioncanadienne. Le P. de Gamaches était maintenant arrivé au terme de salongue période de probation et allait prononcer ses vœux définitifs : lecapital de la rente, 48 000 livres, allait faire l’objet d’une donation ferme.Or une telle fondation ne pouvait aller légalement qu’à un collège, nonà une mission : aussi avait-on décidé la fondation d’un « collège » àQuébec qui ferait vivre la mission. Le collège était embryonnaire, certes,mais la lettre de la loi était sauve et les Jésuites y trouvaient leur compte,puisque cette maison serait propriétaire de tous les biens affectés à lamission du Canada.

C’est à l’occasion de l’ouverture de la petite école des Jésuites pourles garçons que le P. Le Jeune, qui n’était jamais en reste de formulesoratoires, avait évoqué devant le public français la possibilité de com-mencer quelque chose d’analogue pour les filles ; dans la Relation de1634 (parue en 1635), il avait fait appel à la bonne volonté de « quelquebrave maîtresse, aidée de quelque fille séculière ».

Il revint à la charge dans la Lettre d’envoi de la Relation de l’annéesuivante : en effet, dans l’intervalle, il avait appris que de nombreuxcouvents de France suivaient avec passion les développements de lamission et que plusieurs religieuses aspiraient à traverser les mers pourparticiper à l’œuvre d’évangélisation. Il écrit donc, en 1635, ces lignes(lues en France en 1636) :

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fondations et racines 19

Pour des religieuses, il leur faut une bonne Maison, quelques terres défri-chées et un bon revenu pour se pouvoir nourrir et soulager la pauvreté desfemmes et des filles sauvages. Hélas ! mon Dieu ! si les excès, si les super-fluités de quelques Dames de France s’employaient à cette œuvre si sainte,quelle grande bénédiction feraient-elles fondre sur leurs familles ! Quellegloire en la face des Anges, d’avoir recueilli le sang du Fils de Dieu, pourl’appliquer à ces pauvres infidèles ! Se peut-il faire que les biens de la terrenous touchent de plus près que la propre vie ? Voilà des vierges tendres etdélicates, toutes prêtes à jeter leur vie au hasard sur les ondes de l’Océan ;de venir chercher de petites âmes dans les rigueurs d’un air plus froid quel’air de France ; de subir des travaux qui étonnent des hommes mêmes, eton ne trouvera point quelque brave Dame qui donne un Passeport à cesAmazones du grand Dieu, leur dotant une Maison, pour louer et servir sadivine Majesté en cet autre monde ? Je ne saurais me persuader que notreSeigneur n’en dispose quelqu’une pour ce sujet 2.

Les réviseurs de la Relation à Paris avaient laissé passer ce texte quipouvait être embarrassant pour les supérieurs, puisqu’il semblaitprendre position en faveur de la fondation de monastères féminins,finalement peu désirés. L’avantage de la lettre du P. Le Jeune était defaire savoir que rien n’était prêt pour recevoir des religieuses et, donc,qu’il était trop tôt pour songer concrètement à une fondation.

La chronologie ne permet pas de savoir si le P. Le Jeune pensaitexplicitement à Marie de l’Incarnation et à sa vocation missionnaire ;celle-ci n’a commencé à en parler explicitement à son directeur d’alors,le P. Dinet, qu’après l’illumination intérieure qu’elle eut dans sa stalle,au chœur du couvent de Tours, dans les premiers jours de 1635, et quilui donna la clé de son rêve prophétique de la Noël 1633.

Mais l’idée de l’établissement à Québec ou ailleurs en Nouvelle-France d’une communauté d’enseignantes était dans l’air ; les Ursulinesn’étaient pas les seules à le désirer ; il y avait d’autres congrégationsenseignantes en France : les Chanoinesses de Notre-Dame de saintPierre Fourier, les Religieuses de Notre-Dame de sainte Jeanne deLestonnac par exemple.

Au début de 1635, l’ancien supérieur de Marie de l’Incarnation, leFeuillant Dom Raymond de Saint-Bernard, se trouvait à Paris et cher-chait, lui-même, les moyens de réaliser sa vocation missionnaire. Depuis1632, les missions du Saint-Laurent avaient été confiées exclusivementaux Jésuites par le cardinal de Richelieu, et il n’y avait place, semble-

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t-il, que pour des prêtres séculiers qui se destineraient au ministèreauprès des Français. Mais l’Acadie restait ouverte à d’autres religieux :Récollets ou Capucins.

En 1639, les Jésuites qui avaient l’intention de fermer leur missionde l’île de Miscou, à l’entrée de la baie des Chaleurs, étaient disposés àlui céder la place. À distance, le Feuillant se rendait très imparfaitementcompte des conditions d’existence dans l’île, de onze kilomètres surhuit, aux communications incertaines, ravitaillée seulement de façonindirecte par les navires des pêcheurs bretons. Ces détails sont donnéspar Dom Claude Martin :

Les Pères Jésuites qui demeuraient à Miscou, voulant quitter cettehabitation pour des raisons que je ne sais pas, écrit Dom Claude Martin,et ne voulant pas désobliger Messieurs les Associés, en laissant le lieu sansMissionnaires, dont ils ne pouvaient se passer pour le secours qu’il fallaitrendre, tant à la Colonie française qu’aux Sauvages chrétiens, l’un d’eux luifît porter parole par la Mère de l’Incarnation qu’on lui quitterait la place,s’il la voulait remplir3.

Ce serait donc par le P. Dinet et par l’intermédiaire de Marie del’Incarnation que l’offre fut faite à Dom Raymond de Saint-Bernard,mais cet épisode est postérieur ; il appartient à l’année 1639 ; en 1635,l’intention du religieux était de s’établir plus près de Québec et il accep-tait en principe que la mission que sa Congrégation comptait entre-prendre en Nouvelle-France soit doublée par une fondation des Ursu-lines de Tours. Néanmoins, il se préoccupa de trouver un bailleur defonds pour le futur monastère des Ursulines :

Il savait bien, écrit Dom Claude Martin, que des Religieuses ne pourraientpas être en assurance dans un pays barbare, ni rendre de grands services àcette Église naissante, à moins d’y avoir un Monastère où il y eût un fondsraisonnable pour leur entretien et pour subvenir aux dépenses qu’ilfaudrait faire pour attirer les filles Sauvages et les gagner à la Foi, ilconseilla à un homme de condition et de piété d’entreprendre ce grandœuvre, et de doter une maison de filles qui auraient pour but l’instructionet la conversion des filles Sauvages. Il y consentit et commença à pensersérieusement aux moyens de faire ce sacrifice 4.

Le fondateur de bonne volonté découvert par Dom Raymond deSaint-Bernard n’était autre que le commandeur de Sillery, dont lesgénérosités étaient légendaires. Noël Brûlart, dit le commandeur de

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quatrième partieAUX TEMPS FASTES

DU CATHOLICISME QUÉBÉCOIS (1867-1918)

chapitre 1L’École normale 225

chapitre 2Le procès de béatification 235

chapitre 3Une ère de fondations nouvelles 247chapitre 4Les nouvelles normes romaines de 1900 259

chapitre 5La reconstruction de la chapelle 269

chapitre 6La fin d’une longue ère de paix 279

chapitre 7La vie spirituelle 289

cinquième partieLE DIFFICILE XXe SIÈCLE

chapitre 1Le nouveau droit des religieux 301

chapitre 2La congrégation des Ursulines de Québec 307

chapitre 3La mise en valeur de l’héritage spirituel de Marie de l’Incarnation 313

chapitre 4Une nouvelle ère de fondations 321

chapitre 5L’Union canadienne des Ursulines 331

chapitre 6La béatification de Marie de l’Incarnation 339

Conclusion 345

Bibliographie sélective 349

Notes 361

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composé en minion corps 11selon une maquette réalisée par josée lalancette

et achevé d’imprimer en août 1999sur les presses de agmv-marquis

à cap-saint-ignace, québecpour le compte de gaston deschêneséditeur à l’enseigne du septentrion

Extrait de la publication