chapelle des ursulines et maison des archers, du 1 seconde … · 2019. 4. 30. · cet ouvrage...

20

Upload: others

Post on 18-Aug-2020

2 views

Category:

Documents


0 download

TRANSCRIPT

Page 1: chapelle des Ursulines et Maison des Archers, du 1 Seconde … · 2019. 4. 30. · Cet ouvrage accompagne l’exposition « Design – Escales bretonnes », organisée à Quimperlé,
Page 2: chapelle des Ursulines et Maison des Archers, du 1 Seconde … · 2019. 4. 30. · Cet ouvrage accompagne l’exposition « Design – Escales bretonnes », organisée à Quimperlé,

Maquette : studio Locus SolusPhotogravure : Abers Studio, BrestDépôt légal : 2e trimestre 2019

Copyright Locus Solus, 2019ISBN : 978-2-36833-241-2

Les textes et illustrations de cet ouvrage sont protégés.Toute reproduction ou représentation, totale ou partielle,par quelque procédé sans autorisation expresse de l’éditeurest interdite et constituerait une contrefaçon sanctionnéepar les articles L.335-2 et suivants du Code de la Propriété Intellectuelle.

LOCUS-SOLUS.FR

Crédits :Pages de garde : Big Bang Project, Guillian Graves1re de couverture : AIM, Ronan & Erwan Bouroullec, © Studio Bouroullec4e de couverture : DIAL SNSM, Philippe Starck, © Vincent RustuelVegetal chair, Ronan & Erwan Bouroullec, © Paul Tahon & Ronan BouroullecLes Auges, Atelier KloumLe Combat des Trente, Valérian HenryLudarista, Edgar FlauwAlgues, Ronan & Erwan Bouroullec, © Studio BouroullecKiteLab, Victor GuérithaultGood Morning, Alban Sébastien GillesEntrelacs, Marie-Aurore Stiker-MetralToutes les illustrations du livre proviennent des collections des designers ou de leurs éditeurs, et sont reproduites avec leur aimable autorisation.Pour les œuvres de Florence Doléac et Olivier Mourgue : © Adagp, Paris, 2019

Cet ouvrage accompagne l’exposition « Design – Escales bretonnes », organisée à Quimperlé, chapelle des Ursulines et Maison des Archers, du 1er juin au 6 octobre 2019. Seconde escale à Landerneau, galerie de Rohan, du 5 décembre 2019 au 1er mars 2020.

Page 3: chapelle des Ursulines et Maison des Archers, du 1 Seconde … · 2019. 4. 30. · Cet ouvrage accompagne l’exposition « Design – Escales bretonnes », organisée à Quimperlé,

Escales bre tonnes

d e s i g n

collectif, sous la direction

d’Antoine Minguy

avec les contributions de Morgane Toulgoat, Géraldine Guérin, Danièle Yvergniaux,

Cécile Peltier, Ronan Bouroullec, Olivier Mourgue, Lilian Froger

Préface de Michaël Quernez & Patrick Leclerc

Page 4: chapelle des Ursulines et Maison des Archers, du 1 Seconde … · 2019. 4. 30. · Cet ouvrage accompagne l’exposition « Design – Escales bretonnes », organisée à Quimperlé,
Page 5: chapelle des Ursulines et Maison des Archers, du 1 Seconde … · 2019. 4. 30. · Cet ouvrage accompagne l’exposition « Design – Escales bretonnes », organisée à Quimperlé,

Préface 5

Préface

Préface

« C’est design ! » Ce mot souvent mal compris, s’étend à plusieurs domaines d’application : design d’objet, design graphique, design d’espace, écodesign etc. C’est une discipline qui se réinvente sans cesse. Pensé pour et par une société, le design est le reflet d’usages actuels et souvent futuristes.

En 2019, les Villes de Quimperlé, de Landerneau et l’École Européenne Supérieure d’Art de Bretagne s’associent pour témoigner de l’évolution du design en Bretagne sous toutes ces formes et présenter, à travers deux expositions inédites, le talent, la créativité et la capacité d’innovation des designers contemporains, à l’instar des célèbres créateurs Ronan et Erwan Bouroullec, Florence Doléac, Olivier Mourgue ou encore Philippe Daney.

Ce projet d’exposition s’inscrit dans une démarche engagée par les deux collectivités depuis plusieurs années, visant à proposer des univers d’expression artistique différents à tous les publics. Des artistes du mouvement Seiz Breur, guidés par la volonté de donner une image moderniste de la Bretagne tout en se nourrissant des apports de la tradition, jusqu’aux designers d’aujourd’hui venus se former dans le réseau des écoles supérieures d’art en Bretagne.

L’exposition « Design – Escales Bretonnes » est présentée à la chapelle des Ursulines et à la Maison des archers du 1er juin au 6 octobre 2019. Le second volet sera présenté à la galerie de Rohan à Landerneau de décembre 2019 à fin février 2020. Ces événements permettent d’exposer plus de cinquante pièces, créées par près de trente auteurs. Le co-commissariat et la scénographie ont été confiés à Antoine Minguy, de l’Atelier Kloum à Quimper.

Pour ce projet, nos deux villes ont souhaité une présentation qui reflète les changements et la pluralité de ce champ très vaste, proposant non pas un récit historique, mais un large éventail de domaines d’exploration qui font écho à la maritimité et aux enjeux du territoire breton : pièces uniques, objets artisanaux élaborés selon des procédés inédits ou produits industriels invitent à la découverte de ces pratiques multiples et nouvelles présentées sous forme d’îlots thématiques.

Dans ce même esprit de découverte et de continuité, Landerneau expose cet hiver une déclinaison du design, consacré à la lumière. Un projet qui s’inscrit parfaitement dans le cadre de la manifestation « Nuit d’hiver » durant laquelle, chaque année depuis 2016, la cité sur l’Élorn se pare de scénographies lumineuses à l’approche des fêtes de fin d’année. Un écrin éclatant au cœur de l’hiver.

Du sud au nord de la Bretagne, ce sont autant d’escales qui questionnent sur le  rapport étroit entre la création et les réalités économiques, sociales et environnementales qui l’entourent. Une nouvelle opportunité de faire dialoguer patrimoine et création contemporaine.

Michaël Quernez – maire de Quimperlé Patrick Leclerc – maire de Landerneau

Page 6: chapelle des Ursulines et Maison des Archers, du 1 Seconde … · 2019. 4. 30. · Cet ouvrage accompagne l’exposition « Design – Escales bretonnes », organisée à Quimperlé,

Design Escales bretonnes6

Enseigner le design

L’exposition « Design – Escales bretonnes » est une très belle occasion de montrer à un large public le design qui s’enseigne, s’invente et se produit dans les écoles supérieures d’art, et je remercie sincèrement la Ville de Quimperlé de nous avoir associés si étroitement à cet événement. Un grand nombre des designers présent·e·s dans l’exposition et ce livre ont été formé·e·s dans notre école ou y enseignent ; ils et elles contribuent avec beaucoup de talent à la vitalité de la création en Bretagne et ailleurs, et inscrivent dans leur travail et leurs productions cette approche spécifique à l’enseignement dans les écoles d’art, fondée sur une recherche personnelle ouverte sur la société et les grands enjeux de demain.

Les deux options design de l’EESAB, dispensées à Brest et Rennes, partagent avec les options art et communication un socle et des principes communs propres aux écoles d’art : un enseignement construit autour du parcours individuel de l’étudiant·e « sur mesure », constitué d’une meilleure connaissance de soi et du monde, de rencontres avec des artistes, des designers et des œuvres, de l’acquisition de savoirs et de compétences, d’expériences multiples, collectives ou individuelles, et de la recherche autour d’un projet de travail singulier. Ces dernières années, le territoire du design et de son enseignement s’est considérablement élargi, ouvert, et les catégories classiques : design d’objet, design d’espace, design de produit, ont laissé la place à d’autres notions plus transversales, car il ne s’agit plus d’ajouter des objets dans un monde déjà saturé d’objets, mais de penser le design comme un outil critique pour interroger les formes, les matériaux, les espaces et les usages au regard des enjeux sociétaux et environnementaux d’aujourd’hui.

L’option design du site de Brest est orientée depuis plusieurs années vers le design de la transition, un design résilient, favorisant le développement de projets pluridisciplinaires alliant design et sciences et mis en situation dans l’espace urbain ou l’espace domestique. Ainsi ont été expérimentés un matériau à base de mégot et de mycelium, un système aquaponique pour l’habitat partagé, un projet de façades végétalisées génératrices d’électricité. Le DesignLab, nouvellement créé, va permettre de renforcer les collaborations et projets entre étudiants, jeunes diplômés et entreprises.

À Rennes, l’enseignement en option design est fondé sur le concept central de sociabilité appliqué à la réflexion sur l’espace, l’objet et le numérique. Cette approche vise à réfléchir à l’évolution de la relation de l’humain à son environnement, aux objets et à leurs usages, et s’appuie sur de nombreux partenariats qui permettent aux étudiants de rencontrer des situations professionnelles : travail avec le CROUS sur les usages et besoins des étudiants dans leur vie quotidienne : travailler, manger, se loger ; collaboration avec le Centre culinaire contemporain, ou encore avec des entreprises comme Maillard&Maillard. Le LabFab installé au cœur de l’école, ainsi que le laboratoire de recherche « Design et pratiques numériques » permettent de développer des projets dans les domaines de la réalité augmentée et des objets connectés.

Enseigner le design

Page 7: chapelle des Ursulines et Maison des Archers, du 1 Seconde … · 2019. 4. 30. · Cet ouvrage accompagne l’exposition « Design – Escales bretonnes », organisée à Quimperlé,

E nse igner le des ign 7

Assurément, nous ne pouvons imaginer ce que sera une exposition telle que celle-ci dans dix ans, tant la recherche, l’innovation technologique et l’approche critique du design évoluent rapidement et s’ouvrent sans cesse à de nouvelles problématiques. Il convient aussi de rappeler que, si le design est enseigné dans les écoles d’art, c’est parce qu’il s’agit bien de création de formes, comme en art, de formes encore inédites qui vont accompagner et inventer notre façon de voir, de bouger, de nous informer, de nous déplacer, de vivre.

Danièle Yvergniaux — directrice générale de l’EESAB, École Européenne Supérieure d’Art de Bretagne

Crédit photo EESAB, site de Brest

Page 8: chapelle des Ursulines et Maison des Archers, du 1 Seconde … · 2019. 4. 30. · Cet ouvrage accompagne l’exposition « Design – Escales bretonnes », organisée à Quimperlé,

Design Escales bretonnes8

« Tout est design, c’est une fatalité. »

Ettore Sottsass, designerLe Monde, 30/08/2005.

Page 9: chapelle des Ursulines et Maison des Archers, du 1 Seconde … · 2019. 4. 30. · Cet ouvrage accompagne l’exposition « Design – Escales bretonnes », organisée à Quimperlé,

Note d ’ intent ion 9

Design Escales bretonnes

Le design est le lieu du développement d’une pensée propre à chaque concepteur. Le terme lui-même n’est pas un adjectif qualifiant un objet par son aspect décoratif. Issu du vieux français desseing, signifiant à la fois dessin et dessein, il est un projet qui répond à un besoin particulier. Support de réflexion dans une quête d’amélioration du quotidien, le design nous concerne au-delà des questions de style, il est un repère sensible de l’état de nos sociétés.

L’exposition « Design – Escales bretonnes » aborde les enjeux du design d’auteur en rassemblant 26 designers bretons ou exerçant dans la région. La scénographie, installée grâce aux précieux services techniques de la Ville, s’inspire de la topographie des rias du pays de Quimperlé. Elle propose un panorama des processus productifs, rythmé par des îlots thématiques et, à la maison des Archers, par des bureaux-vitrines qui dévoilent, par l’archive, le développement d’une démarche par quelques projets choisis.

Ces escales se retrouvent dans les six parties du présent ouvrage : maritimité, design social, industriel, artisanal, écodesign, démarche. Elles mettent en lumière les sources d’inspiration spécifiques du territoire qui influencent les créateurs et créatrices, sans souci d’exhaustivité, du fait de leur grand nombre. Certain·e·s jouissent d’une grande renommée ; d’autres représentent l’avenir du secteur. Les textes et images qui accompagnent les objets sont issus des collections et catalogues des designers et éditeurs, qu’il faut ici remercier chaleureusement pour ce concours. Avec un salut appuyé aux généreuses contributions de Ronan & Erwan Bouroullec, et d’Olivier Mourgue.

« Design – Escales bretonnes » exprime la diversité d’un domaine en évolution permanente. On y aborde les questions sociales et environnementales, désormais indissociables de toute production, qui font appel tant à la responsabilité des concepteurs qu’à celle des utilisateurs. Car, comme le résume, dans son livre Le Design (Larousse, 2004), la théoricienne et historienne du design Anne Bony, « le design est un révélateur privilégié de l’homme. [...] Du vase primitif à la roue, l’objet a toujours été un outil, une prothèse de l’homme, une victoire de l’humanité et le signe de sa maîtrise du monde. »

Antoine Minguy, Atelier Kloum – co-commissaire, scénographe

Note d’intention

Page 10: chapelle des Ursulines et Maison des Archers, du 1 Seconde … · 2019. 4. 30. · Cet ouvrage accompagne l’exposition « Design – Escales bretonnes », organisée à Quimperlé,

Design Escales bretonnes10

Entret ien avec Ronan Bouroul lec

Les Bretons Ronan et Erwan Bouroullec, sont des designers éminemment reconnus à travers le monde et des fers de lance de la discipline en France. Leurs réalisations s’exposent du Design Museum de Londres au MoMa de New York, en passant par le château de Versailles et les Champs-Élysées. Ils travaillent aussi bien dans une démarche industrielle pour de grandes maisons d’édition comme Vitra ou Ligne Roset, que pour des projets d’auteurs, pourvu que le défi soit passionnant, exigeant et de haute précision. Entretien avec Ronan Bouroullec.

Vous avez inauguré le jour du printemps 2019, un projet monumental de six fontaines verticales sur le rond-point des Champs-Élysées. Qu’est-ce que cela représente pour vous ?

C’est un projet qui nous a mobilisés pendant trois ans. C’est un grand honneur pour nous d’avoir ces fontaines installées dans un lieu aussi symbolique, cet espace public à la fois prestigieux et très populaire, où les gens se rassemblent pour exprimer leur joie ou leur colère. Depuis le xixe siècle, c’est la quatrième génération de fontaine qui y est bâtie. Le système hydraulique qui était défaillant depuis les années 1990 a été rénové à l’occasion de ce projet. Pour exister tout en étant délicat, retrouver le charme et l’harmonie de la place, il fallait verticaliser. C’est pourquoi nous est venue l’idée de planter ces six mâts de treize mètres de haut constitués de bronze et de quatre tonnes de cristal de Swarovski. Les fontaines paraissent très délicates, mais elles sont robustes dans leur conception. Les 5 360 pièces ont été fabriquées par 40 entreprises françaises et 250 personnes, allant de l’artisanat de précision à des fonderies qui travaillent essentiellement avec l’aéronautique.Pour un projet comme cela, le designer est assez seul, sans tellement de références. Ce n’est pas comme lorsque l’on dessine un objet pour un industriel pour lequel on peut se servir de toute une ingénierie existante. Ici il faut monter sa propre équipe, sans normes véritables, et aborder la complexité de chaque pièce. C’est la constitution même de notre métier : nous ne sommes spécialistes de rien mais nous fédérons des savoir-faire très différents.

Au regard de votre parcours, peut-on dire qu’il existe un design à la française ?

Erwan et moi avons une carrière qui s’est faite essentiellement à l’étranger. Italie, Suisse, Finlande, Japon, et assez peu en France finalement. Le terme design est encore assez mal compris en France. On parle d’une chaise design, d’une brosse à dents design, mais en général, il s’agit alors de la plus mauvaise chaise et de la plus mauvaise brosse à dents ! En fait, cette discipline consiste à penser, inventer tout ce qui n’existe pas naturellement sur Terre. Alors tout ce qui est construit, fabriqué, c’est du design. Mais en tant que designer, nous avons une définition plus exigeante. Nous sommes une petite structure d’une dizaine de personnes et nous choisissons très précisément les projets sur lesquels nous voulons travailler. Des projets qui nous paraissent exigeants intellectuellement, complexes et donc forcément passionnants. C’est le premier critère pour accepter un projet. J’ai grandi à Quimper, à Ergué-Gabéric plus précisément. Mes parents ont eu la bonne idée de m’inscrire aux Beaux-Arts de Quimper quand j’avais six ans, pour prendre des cours le mercredi. J’y suis allé jusqu’à l’adolescence. Puis j’ai découvert les arts appliqués au lycée. Il fallait à la fois dessiner, inventer des objets, avoir une grande ouverture sur le monde. La naissance d’une passion. J’ai eu la chance de commencer très jeune dans le métier, puisque j’ai fait ma première exposition à Paris à dix-huit ans.

Page 11: chapelle des Ursulines et Maison des Archers, du 1 Seconde … · 2019. 4. 30. · Cet ouvrage accompagne l’exposition « Design – Escales bretonnes », organisée à Quimperlé,

E ntret ien ave c Ronan B ouroul le c 11

Entretien avec Ronan Bouroullec

Ce sont des fabricants internationaux qui se sont intéressés à notre travail. Aujourd’hui à mon tour, je suis professeur et enseigne en Suisse à Lausanne, dans une des plus grandes écoles de design. Je ne pense pas qu’il y ait de spécificité régionale ou nationale dans ce domaine. Nous sommes dans une période particulière où l’on peut se trouver de grandes affinités avec quelqu’un qui se trouve à Tokyo, à Helsinki ou au fin fond de la campagne américaine, grâce aux réseaux sociaux. C’est ça qui est extraordinaire. On peut avoir les mêmes sensibilités avec des gens très loin et se sentir bien moins proche de son voisin de pallier.Il existe certes des particularités régionales, nationales, européennes, mais dans notre discipline, notre objectif est de trouver des solutions ou des réponses qui ne sont pas forcément locales. Les objets que nous dessinons sont un peu comme des chansons. Elles voyagent avec les gens. On peut retrouver nos chaises sur une terrasse à Tokyo, dans une maison en Bretagne ou dans un musée à New York. Notre travail est lié à des recherches qui s’adressent à un public sans frontières. Mais bien sûr notre sensibilité, notre imaginaire, notre créativité se nourrissent de ce que l’on a autour de soi.

Votre notoriété en France s’est construite notamment autour de quelques objets cultes qui semblent pourtant très inspirés par la Bretagne.

L’inspiration vient autant des rues parisiennes, des aéroports, que des moments plus insignifiants de la vie quotidienne, d’un livre, des images que je parcours ou de mon enfance. Même si j’ai une relation très forte et très charnelle avec la Bretagne. Le point de départ d’une création n’est pas une question d’inspiration ou le nom que l’on donne finalement à l’objet. Par exemple, pour les modules Algues, édités par Vitra, la question au départ est de trouver une manière de séparer les espaces. Nous recherchions pour cela quelque chose d’organique pour créer un rideau à l’image d’un lierre, d’une glycine ou d’un élément marin. L’objectif était de trouver un élément qui soit non géométrique, tout en permettant une accumulation de pièces, en opposition à une brique dont la géométrie reste trop perpendiculaire.Pour le lit-clos, nous n’avons pas cherché à créer une version moderne spécifiquement du lit-clos breton. Ce type de lit existe un peu partout dans le monde dans des habitats rustiques ou pauvres. C’est une réponse à la promiscuité quand humains et animaux vivent dans la même pièce. Le lit devient également une paroi. Même si cela paraît décalé quand on a grandi comme moi en Bretagne, près d’habitats très traditionnels, cette problématique existe aussi dans les lofts new-yorkais, où la pièce n’a plus une seule fonction. Ces espaces très ouverts qui manquent d’intimité sont bien loin du problème rural que nous avons pu connaître en Bretagne, mais attendent la même réponse.

Pensez-vous que le design est une source d’innovation pour une transition environnementale ?

La génération actuelle, plus que toutes les autres, sait que le monde est dans un moment particulier. Pour Erwan et moi, les questions écologiques, à notre manière et par notre éducation, ont toujours été présentes. Nous venons d’un environnement rural pour lequel le fait de gaspiller, jeter, était quelque chose qui n’avait pas lieu. À chaque fois que nous dessinons quelque chose, l’un des critères les plus importants, c’est de savoir si cet objet sera suffisamment intéressant pour perdurer. La question est : est-ce que cette chaise sera plus belle qu’aujourd’hui dans dix ans ? Est-ce qu’on pourra la retrouver aux puces dans 50 ans ? Avant de chercher à répondre à des questions écologiques, la première question est véritablement celle de la durée de vie. Je préfère une chaise en plastique robuste bien conçue qu’une chaise en teck fragile qui nécessite de la déforestation dans d’autres pays. Je recherche l’élégance, la qualité, la robustesse, l’anticipation du vieillissement des matériaux. Je réfléchis mes objets en fonction de ces cycles de vie.

Propos recueillis en avril 2019 par Cécile Peltier adjointe au maire, à la culture et au patrimoine, Ville de Quimperlé

Page 12: chapelle des Ursulines et Maison des Archers, du 1 Seconde … · 2019. 4. 30. · Cet ouvrage accompagne l’exposition « Design – Escales bretonnes », organisée à Quimperlé,
Page 13: chapelle des Ursulines et Maison des Archers, du 1 Seconde … · 2019. 4. 30. · Cet ouvrage accompagne l’exposition « Design – Escales bretonnes », organisée à Quimperlé,

Ci-dessus Algues, par Erwan et Ronan Bouroullec

Crédit photo Studio Bouroullec

Page 14: chapelle des Ursulines et Maison des Archers, du 1 Seconde … · 2019. 4. 30. · Cet ouvrage accompagne l’exposition « Design – Escales bretonnes », organisée à Quimperlé,

« Un objet ne s’élabore pas à partir d’une présupposée rupture avec le monde existant, mais, au contraire, en lien étroit avec une réalité qu’il viendra modifier. »

Pierre Charpin, designer« Portrait , Intramuros n°101, 2002

Page 15: chapelle des Ursulines et Maison des Archers, du 1 Seconde … · 2019. 4. 30. · Cet ouvrage accompagne l’exposition « Design – Escales bretonnes », organisée à Quimperlé,

Une des spécificités du territoire breton est la maritimité. Occupant une péninsule au nord-ouest de la France, la Bretagne bénéficie d’une longueur de côtes de près de 2000 km, de Cancale à Pornic, en comptant les îles. Cette position géographique influe inévitablement sur l’économie, les loisirs et la culture. Les artistes et designers natifs de la région, ou installés en Bretagne, sont sensibles à ce contexte particulier. La notion de maritimité désigne les relations entretenues par l’homme vis-à-vis de l’espace maritime. Au fil de l’Histoire, les technologies et les pratiques liées à la mer ont évolué, participant de l’identité bretonne. Ce patrimoine naturel comme héritage commun forme le terreau réflexif du design contemporain, il se nourrit de cette mer omniprésente, source foisonnante d’opportunités et d’innovations. La conception de nombreux projets de design intègre l’observation du vivant et l’application de ses caractéristiques formelles et esthétiques : les références à la nature sont nombreuses. Et parce que cette nature est fragile, de nombreux designers s’engagent dans la conception de projets innovants, modulables et résilients, répondant particulièrement aux enjeux écologiques de la maritimité. 

Maritimité

Marit imité Paysages d’ ici ?

Page 16: chapelle des Ursulines et Maison des Archers, du 1 Seconde … · 2019. 4. 30. · Cet ouvrage accompagne l’exposition « Design – Escales bretonnes », organisée à Quimperlé,

Design Escales bretonnes16

DIAL SNSM     PHILIPPE STARCK

DIAL est un Dispositif Individuel d’Alerte et de Localisation constitué d’une balise GPS étanche insérée dans un bracelet en silicone confortable et hautement résistant. DIAL a été pensé pour un public très large, soit les millions de personnes qui pratiquent des activités nautiques sportives ou de plaisance. Il assure également la sécurité des enfants en facilitant leur surveillance sur les plages. DIAL permet ainsi de raccourcir les délais d’intervention des secours en cas de difficulté en mer et réduit les fausses alertes dues à l’inquiétude des proches.

Conception 2018, Philippe Starck pour la SNSMFabrication ido-data, pour la balise GPSDimensions Longueur bracelet : 26 cm

Balise : 53 x 43,6 x 21,6 mmMatériaux Boîtier : polycarbonate avec adjuvant

pour la résistance aux UV Surmoulage : EPDM Bracelet : silicone

Crédits photos Vincent Rustuel

Page 17: chapelle des Ursulines et Maison des Archers, du 1 Seconde … · 2019. 4. 30. · Cet ouvrage accompagne l’exposition « Design – Escales bretonnes », organisée à Quimperlé,

Mar i t imi té 17

Page 18: chapelle des Ursulines et Maison des Archers, du 1 Seconde … · 2019. 4. 30. · Cet ouvrage accompagne l’exposition « Design – Escales bretonnes », organisée à Quimperlé,

Design Escales bretonnes18

ETI O’RI     BIG BANG PROJECT     GUILLIAN GRAVES

À la demande de la société Biothings, le designer Guillian Graves et l’équipe d’Enzyme & Co (M. Pommier, M. Mélo et C.  Lequette) ont conçu une alternative plus durable à la sandale en plastique traditionnelle. Eti O’ri est une gamme de tongs et de sandales dont le matériau –  un polymère biodégradable et des coquillles d’huîtres –, la forme, la structure, l’usage et le cycle de vie ont été pensés afin de réduire son impact environnemental et de changer les comportements.Du point de vue de l’usage, des améliorations notables ont été apportées par la conception d’un nouveau type de lanières capables de s’ajuster sur n’importe quel pied. Un système d’attache permet également de les transporter ou de les ranger plus facilement, ainsi que de ne pas perdre ou oublier l’une des deux chaussures qui compose la paire.

Page 19: chapelle des Ursulines et Maison des Archers, du 1 Seconde … · 2019. 4. 30. · Cet ouvrage accompagne l’exposition « Design – Escales bretonnes », organisée à Quimperlé,

Mar i t imi té 19

Conception 2016, commande de Biothings, en partenariat avec Enzyme & Co (M. Pommier, M. Mélo et C. Lequette)

Fabrication PrototypeDimensions 250 mm (longueur) x 100 mm (largeur)

x 29 mm (épaisseur)Matériaux Polymère biodégradable et coquilles d’huîtres

grade cosmétiqueCrédits photos Alexandre Échasseriau

Page 20: chapelle des Ursulines et Maison des Archers, du 1 Seconde … · 2019. 4. 30. · Cet ouvrage accompagne l’exposition « Design – Escales bretonnes », organisée à Quimperlé,

Mar i t imi té

Table des matiè res

Préface . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 5Enseigner le design . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 6Design – Escales bretonnes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 9Entretien avec Ronan Bouroullec. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 11

Marit imité . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 15DIAL SNSM ■ Philippe Starck 16Eti O’ri ■ Guillian Graves 18Algues ■ Ronan & Erwan Bouroullec 21AIM ■  Ronan & Erwan Bouroullec 24Tiwal ■  Marion Excoffon 26Adada ■  Florence Doléac 28

La pêche aux cailloux ■  Florence Doléac 29Mercure ■  Lucie Le Guen 30KiteLab ■  Victor Guérithault 32100% recyclé ■  Sarah Laubie 34Flac ■  Florence Doléac  35Tides ■  Xavier Moulin & Manuel Irles 36

Design industr iel . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 39Entrelacs ■  Marie-Aurore Stiker-Metral 40Good Morning ■  Alban Sébastien Gilles 42Villa Rose ■  François Azambourg 43Millefeuille ■  Jennyfer Hardel 44Dolmen ■  Philippe Daney 46

Ouverture ■  Philippe Daney 48Extensible ■  Philippe Daney 49Silicate ■  Philippe Daney 50Colline ■  Les M Studio 51Djinn ■  Olivier Mourgue 52

Design social . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 55Pillow ■  Les M Studio 56Les Auges ■  Atelier Kloum 58Léonie ■  Kevin Gouriou 60Le Combat des Trente ■  Valérian Henry 61

Faircap Mini ■  Guillian Graves 62Clapot ■  Atelier Kloum 63Mâtuvu ■  Jennifer Hardel 66Dispositif d’écoute du Blosne ■  Edgar Flauw 67

Design & art isanat . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 69Osso ■  Ronan & Erwan Bouroullec 70Banc noir ■  Erwan Mével 72Soleil noir ■  Erwan Mével 73Les Bols ■  Atelier Kloum 74Fuu ■  Studio Monsieur 77

Zaworé ■  Studio Monsieur 78Coupes Livioù ■  Owen Poho 80Robot ■  Florence Doléac 82Constellation ■  Les M Studio 83

Écodesign . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 85Nautile ■  Guillian Graves 86SA005 & SA006 ■  Steven Akoun 88Pappus ■  Sylvain Descazot 90Météore 1 ■  Anne Le Gars 92

Ctenophora ■  Lucie Le Guen 93L’Oiseau ■  Ronan & Erwan Bouroullec 94Vegetal chair ■  Ronan & Erwan Bouroullec 95Isaac ■  Clotilde Pointillat 96

Démarche . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 99Les Hydronautes ■  Julie Kelberine 100Ludarista ■  Edgar Flauw 102

Scénographie ■  Atelier Kloum 104Bureau ■  Florence Doléac 105

Du design à la mer, en bateau, en école d’art . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 106Notices designers . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 108