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Ce document est mis à disposition sous un contrat Creative Commons Les TICE sont-elles utilisées à des fins interdisciplinaires dans un dispositif tel que les Itinéraires De Découverte ? Mémoire présenté par Damien Aubert, en vue de l’obtention du DESS Ingénierie des Médias pour l’Education UFR Lettres et langues - Année universitaire 2002 – 2003

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Ce document est mis à disposition sous un contrat Creative Commons

Les TICE sont-elles utilisées à des fins interdisciplinaires dans un dispositif tel

que les Itinéraires De Découverte ?

Mémoire présenté par Damien Aubert, en vue de l’obtention du DESS Ingénierie des Médias pour l’Education

UFR Lettres et langues - Année universitaire 2002 – 2003

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Je tiens à remercier ma famille, pour son soutien,

Isabelle, pour ses conseils avisés, Jean-François pour sa bonne humeur,

Philippe, pour sa participation et les idées qu’il m’a données, Aurélien, pour ses lumières,

Puzzle Bubble pour les moments de détente qu’il m’a fournis, ainsi que bien sûr toute l’équipe du DESS IME, source perpétuelle d’inspiration.

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Sommaire

Sommaire ................................................................................................................................... 3

I-Les fondements théoriques de la transdisciplinarité et de l’interdisciplinarité........................ 8

1) Une brève histoire des sciences. ........................................................................................ 9

b) Les fondements de la démarche scientifique. ................................................................ 9

c) Du monde macrophysique au monde quantique. .........................................................10

c) Le début de la révolution.............................................................................................. 11

2) Une nouvelle logique : un pas vers la transdisciplinarité................................................. 13

a) La complexité............................................................................................................... 15

b) Système et complexité. ................................................................................................ 16

c) Les niveaux de réalité................................................................................................... 19

d) Transdisciplinarité et éducation. .................................................................................. 20

3) L’interdisciplinarité.......................................................................................................... 22

a) Principes organisateurs des sciences............................................................................ 22

b) La stratégie interdisciplinaire....................................................................................... 23

c) La théorie des systèmes au secours de l’interdisciplinarité.......................................... 23

d) Le problème des systèmes complexes. ........................................................................ 24

e) Interdisciplinarité et éducation. .................................................................................... 25

II – Les IDD : genèse et fonctionnement. ................................................................................ 28

1) Le collège des réformes. .................................................................................................. 28

2) L’essence des réformes. ................................................................................................... 29

3) L’interdisciplinarité au sein du système scolaire. ............................................................ 31

4) Les Itinéraires De Découverte. ........................................................................................ 32

5) Définitions et caractéristiques des Itinéraires De Découverte. ........................................ 33

6) Le projet dans les Itinéraires De Découverte. .................................................................. 35

III – Enquête sur le terrain........................................................................................................ 38

1) Considérations Méthodologiques..................................................................................... 38

2) Analyse commentée des résultats de l’enquête................................................................ 40

a) Pratiques au sein des IDD. ........................................................................................... 41

b) Le potentiel interdisciplinaire des TICE. ..................................................................... 42

c) La production multimédia au sein des IDD. ................................................................ 44

d) La carte de concept. ..................................................................................................... 45

e) L’interdisciplinarité est-elle à l’œuvre dans les IDD ? ................................................ 49

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f) Une démarche interdisciplinaire socioconstructiviste. ................................................. 52

g) L’interdisciplinarité de la démarche professionnelle. .................................................. 53

h) Les TICE, tremplin vers l’interdisciplinarité ? ............................................................ 54

CONCLUSION. ....................................................................................................................... 55

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Introduction

Que signifie l'ouverture d'un pseudo-gap dans l'éta t « normal» du

régime sous-dopé ?

On peut aussi poser la question des difféomorphisme s holomorphes

de type Anosov sur les variétés projectives complex es.

Et quid de la correction des mésappariements et de la stabilité

de l'information génétique ?

Ces quelques sujets de conférences ou de thèses illustrent bien l’état de nos connaissances

actuelles : vastes et pointues.

Lorsqu’il y a 2500 ans la philosophie fut fondée en Grèce, c’était pour répondre aux

interrogations constantes des Hommes sur le monde dans lequel ils vivaient : pourquoi,

comment ?

La science était alors confondue avec la philosophie en une même entreprise humaine qui se

donnait pour but de construire un système cohérent et rationnel du réel.

Puis, au 17ème siècle, la séparation de la physique et de la philosophie s’amorça, d’abord avec

les travaux de Descartes ensuite avec les découvertes de Newton, et le système de pensée

dominant s’en trouva alors profondément modifié. La nouvelle démarche avait pour but de

saisir le sens du monde sans passer par la recherche de son essence mais en élucidant son

fonctionnement par la seule méthode rationnelle. Etroitement liée à l’expérimentation, ce fut

alors l’essor d’une pensée réductionniste : comprendre les parties pour saisir le tout.

Cette méthode se fonde sur un découpage méthodique de l’objet étudié. Et nous sommes

aujourd’hui les témoins de l’hyperspécialisation scientifique qui en découle, et bien plus

encore, considérant l’implication des sciences sur la société, d’une hyperspécialisation du

monde.

Portant un regard critique sur leur discipline et plus globalement sur le monde, des hommes,

parmi lesquels on citera tout particulièrement Basarab Nicolescu, physicien théoricien au

CNRS et président du CIRET (Centre International de Recherches et Etudes

Transdisciplinaires) ou Edgar Morin, théoricien français de la pensée complexe, qui ont perçu

la tendance qui s’esquissait et qui tend à morceler la nature, la société, notre environnement,

au détriment de la cohérence globale définie par l’idée de complexité. Cette dernière met en

évidence la nature interconnectée des éléments du réel, soulignant l’importance de

l’environnement et du contexte. De ce manque de cohérence découle forcément une

compréhension du monde erronée ou tout du moins tronquée, influençant grandement notre

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quotidien : ainsi en va-t-il du racisme, dans une certaine mesure, et de la relation conflictuelle

entre économie et environnement, pour prendre des exemples qui me sont chers.

Ces hommes n’ont pas limité leur volonté de changement au milieu scientifique mais l’ont

envisagée au niveau de la société dans son ensemble et notamment par l’intermédiaire de

l’éducation, que Basarab Nicolescu considère comme « le domaine central de la mutation

sociale ».

En effet, l’éducation a tout naturellement calqué sur les sciences l'aménagement de ses

enseignements et en est donc arrivée à un découpage disciplinaire tout aussi fermé. Pour

remédier à cela, ces scientifiques ont donc entrepris de propager l’idée de transversalité dans

le domaine de l’éducation. Si différents termes sont utilisés – pluridisciplinarité,

interdisciplinarité, transdisciplinarité – un même but est recherché : le rapprochement

disciplinaire, l’établissement de ponts entre les domaines d’étude visant à une approche plus

sensée et plus juste du monde.

Cette idée s’est cependant heurtée à un certain nombre de difficultés dans ses applications

scolaires : celles-ci peuvent être liées aux limites d’ordre organisationnel du système éducatif

mais aussi à des problèmes relevant de la communication scientifique.

Il faut préciser que les recherches interdisciplinaires ont également rencontré de nombreux

problèmes dans le milieu scientifique, pour des raisons liées à leur nature généralisante et au

milieu fortement cloisonné dans lequel elles s’insèrent.

Héritier d’une longue tradition, le système éducatif est, selon les médias, en pleine crise : la

formation serait peu efficace, les élèves démotivés et peu enclins à suivre des cours

déconnectés de la réalité. Même si l’on ne doit pas accorder un crédit total à ces affirmations,

force est de constater qu’il y a une volonté politique de réforme, d’adaptation du système aux

enjeux actuels.

On voit émerger depuis 1999 des dispositifs d’inspiration interdisciplinaire ou

pluridisciplinaire à plusieurs niveaux du système éducatif : les TPE (Travaux Personnels

Encadrés) inaugurés par Claude Allègre puis les Travaux croisés, les Projets

Pluridisciplinaires à Caractère Professionnel et ce à quoi je vais m’intéresser ici, les Itinéraires

De Découverte.

Ces derniers prennent place au collège en 5ème et 4ème, de manière obligatoire cette année,

mais peut-être facultative l’année prochaine. Certains enseignants, notamment ceux affiliés au

SNES – Syndicat National des Enseignants du Secondaire, réclament, en effet, leur

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suppression, en dénonçant le manque de moyens attribués pour leur mise en œuvre, et un

empiètement sur les horaires disciplinaires.

Les Itinéraires De Découverte consistent à réunir des élèves devant un thème mettant en

relation deux ou trois disciplines différentes, et ce, par l’intermédiaire d’un projet à réaliser. Je

vais plus précisément m’attacher ici à l’usage qui est fait des TICE au sein des IDD et essayer

de répondre à la question suivante : pourquoi et comment les enseignants utilisent-ils les

TICE dans les Itinéraires De Découverte, sous-entendu, utilisent-ils les TICE en tant que

tremplin interdisciplinaire ?

Afin d’apporter des éléments de réponse à cette problématique, je tracerai dans un premier

temps une brève histoire de la science en m’attachant particulièrement aux paradigmes et

concepts fondateurs ainsi qu’aux idées clés qui la jalonnent puis je m’appuierai sur cette

histoire pour introduire les concepts de transdisciplinarité, d’interdisciplinarité et de

pluridisciplinarité. A partir de là, je montrerai en quoi l’organisation scolaire du collège,

typiquement disciplinaire, pourrait se prêter tout particulièrement aux recommandations des

adeptes de la transversalité, et en quoi les Itinéraires De Découverte tentent de s’en faire un

relais. Enfin, j’apporterai une réponse quant au rôle dévolu aux TICE dans le cadre d’un

dispositif interdisciplinaire tel que les IDD, en faisant référence aux résultats d’une enquête

que j’ai pu mener sur ce sujet auprès d’une vingtaine d’enseignants de la région Poitou-

Charentes, impliqués dans l’encadrement d’IDD.

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I-Les fondements théoriques de la transdisciplinarité et de

l’interdisciplinarité.

« Toutes choses étant causées et causantes, aidées et aidantes, médiates et

immédiates, et toutes s’entretenant par un lien naturel et insensible qui lie les plus

éloignées et les plus différentes, je tiens impossible de connaître les parties sans

connaître le tout, non plus que de connaître le tout sans connaître

particulièrement les parties .»

Blaise Pascal.

Ce que Blaise Pascal tient pour impossible, notre société l’accomplit pourtant tous les jours.

Ainsi en va-t-il dans une certaine mesure du progrès scientifique.

On peut avoir aujourd’hui l’impression qu’il n’y a aucun frein à la science, que tout est

possible et que seuls les budgets représentent une limite. La nature est décortiquée et

l’exploration scientifique touche aujourd’hui aussi bien les confins de l’univers que ceux de la

matière qui nous constitue ; il en résulte une progression exponentielle de notre connaissance

du monde et toujours de nouveaux questionnements.

Certaines préoccupations relativisent cette folle progression de la science :

- les problèmes que traitent les sciences sont devenus si complexes qu’ils nécessitent

d’être traités par plusieurs disciplines ;

- certaines disciplines arrivent au seuil d’une limite qui les empêche de progresser, ce

qui les amène à vouloir chercher d’autres méthodes ;

- enfin, un certain humanisme motive une unité de la connaissance.

De nouvelles approches de la réalité ont alors été amorcées, qui toutes visent une conception

plus globale du savoir, notamment par la mise en relation des disciplines. Ces approches

parmi lesquelles on trouve la pluridisciplinarité, la transdisciplinarité ou bien encore

l’interdisciplinarité sont toutes différentes du point de vue de leur méthode, de leur ambition

ou des moyens qu’elles nécessitent.

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Après avoir introduit quelques principes soutenant l’activité scientifique, je me pencherai

dans un premier temps sur la transdisciplinarité et en donnerai ses fondements qui s’inscrivent

en porte-à-faux avec les principes précédemment cités, sur la base de ce qu’a formulé son

chef de file, Basarab Nicolescu.

Ensuite, j’exposerai la méthode interdisciplinaire, d’abord au sein du milieu scientifique qui

l’a vu naître, ensuite concernant l’éducation. Je terminerai cette partie sur une distinction qui

se voudra la plus claire possible entre la pluridisciplinarité, l’interdisciplinarité et la

transdisciplinarité.

1) Une brève histoire des sciences.

La science moderne est fondée sur le principe de la séparation entre le sujet connaissant et la

réalité. Des postulats fondamentaux ont donc été émis, entérinant une objectivité de principe

face aux faits et permettant de conduire la démarche scientifique :

- l’existence des lois universelles, de caractère mathématique ;

- la découverte de ces lois par l’expérience scientifique ;

- la reproductibilité parfaite des données expérimentales.

b) Les fondements de la démarche scientifique.

L’objectivité scientifique ignore toute subjectivité. Les faits existent par eux-mêmes et sont

accessibles par un langage, une logique qui se suffit à elle-même. Cette logique, c’est celle

des mathématiques. Son rôle fut déterminant dans les premières grandes découvertes : Galilée

et le mouvement des astres, Newton et la gravitation, Maxwell et l’électromagnétisme. Un

paroxysme fut atteint au 19ème siècle lorsqu’une démarche dite scientiste prétendit généraliser

les postulats de la physique, basés sur les mathématiques et une vision mécaniciste de la

nature, à la société humaine, qui conduisit par exemple à la vision marxiste de l’histoire.

Aujourd’hui encore, la nature est désacralisée, réduite à un ensemble d’équations censées la

décrire. Et le danger est grand de croire aveuglément à une correspondance terme à terme

entre mathématiques et réalité, imparfaite par nature. L’étude scientifique ignore la richesse

Supprimé : Sur la base de ces postulats, les disciplines scientifiques ont adopté un paradigme dit de simplicité, mélange subtil de réductionnisme et de rationalisme.¶Ce paradigme, qui gouverne nos idées depuis Descartes, entérine une séparation radicale entre le sujet et l’objet, instituant l’idée maîtresse de l’objectivité des faits. Le témoignage humain est donc nié, son expérience du monde ignorée, tout du moins dans les principes puisqu’il semble assez logique que toute expérimentation scientifiques recourt un minimum à l’activité sensorielle.¶L’objectivité posée comme condition nécessaire de l’accès à la connaissance refoule donc le sujet pensant à l’état d’objet dont l’étude devient elle-même possible. La spiritualité devient dès lors un mot tabou.¶Outre le vide philosophique qu’engendre cette démarche, elle encourage une vision simplifiante de la réalité : niant l’apport du jugement de l’Homme, la nature est abordée par le seul prisme des mathématiques, considéré comme langage universel ; la nature est alors découpée méthodiquement, ses phénomènes isolés, sur le papier ou en laboratoire, afin de pouvoir être étudiés dans des conditions dites idéales, excluant tout bruit parasite.¶Mais cette nature de « laboratoire » n’est pas la nature qui nous entoure et le danger est grand d’assimiler la réalité aux concepts abstraits des mathématiques.¶

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du réel, elle la refoule dans une zone dite non-significative. Les scientifiques travaillent donc

sur un idéal conceptuel. Logiquement et dans la vision réductionniste qu’ils ont de l’univers,

ils pensent pouvoir, en unifiant leurs théories sur la nature, déduire une équation du tout.

Une découverte scientifique allait faire chanceler la science sur ses certitudes : la mécanique

quantique, le Monde quantique.

c) Du monde macrophysique au monde quantique.

La physique classique, mère de toutes les sciences, est fondée sur le principe de continuité et

cela en concordance avec l’expérience que nous avons du temps et de l’espace. Selon ce

principe pour passer d’un point A à un point B, on doit passer par tous les points

intermédiaires qui les séparent.

De cette idée simple, découle celle de causalité locale : « à chaque cause à un point donné

correspond un effet à un point infiniment proche et à chaque effet à un point donné

correspond une cause à un point infiniment proche » [NIC, 1996].

Si cette deuxième idée est elle aussi simple à comprendre (en raison de son caractère

« naturel », de l’expérience qu’on en fait chaque jour…) elle est lourde de conséquences dans

la perception que la physique a et nous donne du monde. Ce que l’on appelle alors la doctrine

déterministe nous amène à penser que tous les faits de la nature, y compris humains, sont

conditionnés par un rapport de cause à effet.

En connaissant la vitesse et la position exacte d’un objet dans l’espace à un moment donné, on

peut prédire sa vitesse et sa position à n’importe quel autre moment. Comme il est facile de le

déduire, cette idée rend l’Univers parfaitement prévisible en théorie et exclut toute forme de

hasard ou d’incertitude : certains scientifiques, inspirés, ont d’ailleurs prétendu à ce propos

que Dieu devenait dès lors une hypothèse, donc un concept non nécessaire.

Mais au-delà du concept de Dieu, qui ne remporte pas forcément l’unanimité, c’est le concept

de transcendance qui est ignoré, ce qui pose de nouveaux problèmes.

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c) Le début de la révolution.

Les premiers éléments qui vont constituer ce que l’on appellera la physique quantique sont

découverts par Max Planck, qui, essayant de résoudre un problème de physique qu’il jugeait

mineur, ne voit comme seule solution que la discontinuité.

On a vu précédemment que la physique classique se fondait en partie sur le principe de

continuité. A l’opposé ; la mécanique quantique se fonde en partie sur le concept de

discontinuité (la structure de l’énergie y est discontinue, c’est-à-dire qu’il n’y a rien entre les

valeurs qu’elle peut prendre, pas même le vide). Ce n’est là qu’un élément parmi tant d’autres

qui défie la logique classique.

Alors si la continuité est mise en péril, qu’en est-il de la causalité locale ? En mécanique

quantique, une quantité physique possède un certain nombre de valeurs potentielles affectées

chacune d’une probabilité précise. Mais lorsqu’on mesure expérimentalement cette grandeur

physique, on n’obtient bien naturellement qu’une seule valeur : ce phénomène préfigure

justement un changement de causalité. Et ce n’est qu’après quelques décennies, que cette

nouvelle causalité est devenue plus claire et que le concept de non-séparabilité a pu faire son

entrée dans la physique quantique.

Ce concept est tout aussi étrange que celui de la discontinuité. Pour en saisir les

contradictions, il faut au préalable resituer la notion d’interaction en physique classique : les

objets interagissent entre eux par le biais de forces. Ainsi un aimant va interagir avec de la

limaille de fer par le biais de la force électromagnétique, une planète avec un satellite par

celui de la force gravitationnelle. Ces forces, qui sont assimilables à des signaux, sont

contraintes par la théorie de la relativité à ne pas dépasser une vitesse maximale équivalente à

celle de la lumière.

Or, dans le monde quantique, selon le principe de non-séparabilité, lorsque deux objets ont été

émis par une même source, ils restent irrémédiablement liés dans le sens où ils interagissent

ensuite quelles que soient les distances qui les séparent et cette interaction se transmet de

manière instantanée (plus vite que la vitesse de la lumière).

Il y a donc en apparence une violation de la théorie de la relativité, seulement si l’on

sauvegarde le principe de causalité locale dans le monde quantique. Mais la théorie de la

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relativité peut et doit rester sauve : il faut pour cela accepter d’introduire dans le monde

quantique un nouveau type de causalité, la causalité globale.

Cette causalité concernerait le système constitué de toutes les entités quantiques : pour

prendre une image, disons que les entités quantiques sont autant de boules qui baigneraient

dans de l’eau et que cette eau recevrait toutes les informations émanant des boules pour les

leur retransmettre tout aussitôt.

Cette notion de système quantique préfigure en soi l’existence d’un principe « transcendant ».

La physique quantique a remis en cause la continuité, la causalité locale, mais aussi le

déterminisme.

En effet, les entités quantiques, appelées quantons, sont, si on les compare aux objets de la

physique classique, à la fois des ondes et des corpuscules ou plutôt ni des ondes ni des

corpuscules. Disons que leur état ou plutôt la perception que l’on en aura à travers nos

appareils d’observation sera dépendante d’une probabilité. Il y a comme un indéterminisme

lié à leur nature même.

De plus, les relations de Heisenberg, célèbre physicien ayant participé au développement de la

mécanique quantique, ont permis d’établir le fait qu’il est impossible de localiser un quanton

dans un point précis de l’espace et dans un point précis du temps.

Mais attention de ne pas confondre. L’indéterminisme quantique n’est pas un hasard ni une

imprécision. Au vu des étranges concepts qui régissent le monde quantique, traiter son

indéterminisme comme un hasard ou une imprécision reviendrait à traiter ce monde différent

avec les mêmes principes qui prévalent dans le nôtre.

Il faut donc se rendre à l’évidence et constater qu’il y a une rupture complète entre le monde

macrophysique et le monde quantique qui se traduit par une rupture des lois et des concepts

fondamentaux.

Le courant transdisciplinaire parle de niveaux de réalité qui se définissent comme des

« ensembles de systèmes invariants à l’action d’un nombre de lois générales » [NIC, 1996].

Ces niveaux de réalité seraient discontinus , à l’image du monde quantique. Certains résultats

de physique avancent d’ailleurs l’hypothèse vraisemblable qu’il ne puisse exister de

formalisme mathématique permettant le passage entre le monde quantique et le monde

macrophysique.

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2) Une nouvelle logique : un pas vers la transdisciplinarité.

Le développement considérable de la physique quantique dans le domaine des sciences a donc

mis en évidence ce que l’on appelle des couples de contradictoires mutuellement exclusifs :

onde et corpuscule en sont des exemples parlants au vu de ce qui a été dit auparavant. Mais il

est important de noter que ces couples de contradictoire sont avant tout mis en évidence à

travers la grille d’observation que constitue la logique classique. Cette dernière présente trois

axiomes :

1. L’axiome d’identité : A est A ;

2. L’axiome de non-contradiction : A n’est pas non-A ;

3. L’axiome du tiers exclu : il n’existe pas un troisième terme T (T de « tiers

inclus ») qui est à la fois A et non-A.

Comme on peut le voir, les couples de contradictoire mis en évidence par la physique

quantique sont mutuellement exclusifs et ce, d’après le deuxième axiome. Un corpuscule ne

peut pas être une onde.

Les scientifiques, face à ce problème, ont donc tenté de développer la logique classique,

quand ils n’ont pas essayé de mettre au point une logique dite quantique. Cette recherche

revêtait un caractère nouveau. Jusque-là, on pensait que la logique était donnée, immuable,

fixée une bonne fois pour toutes par l’activité rationnelle et préservée de toute évolution.

En fait, la logique est liée à notre environnement, à l’expérience que l’on en fait. Et notre

vision du monde évoluant avec le temps, il n’y a aucune raison de penser que la logique reste

statique. La logique nous permet tous les jours, même de manière inconsciente, de déterminer

ce qui est vrai et ce qui est faux. La logique conditionne donc en quelque sorte notre vison du

monde et nos actions.

Si de nombreuses tentatives ont tenté avec plus ou moins de succès de rénover ou d’inventer

des logiques propres à prendre en compte les « errements » de la mécanique quantique, nous

allons ici nous intéresser à la logique qui sous-tend le courant transdisciplinaire.

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Cette logique se fonde sur la relecture du troisième axiome à la lumière du postulat des

niveaux de réalité. Pour l’illustrer, voici un schéma :

On peut voir qu’à un certain niveau de réalité, les éléments A et non-A rentrent en

contradiction. Mais leur projection sur un autre niveau de réalité opère une synthèse des deux

éléments contradictoires pour n’en former plus qu’un seul qui les unit. C’est la logique du

tiers inclus. Et cette logique se révèle particulièrement féconde pour aborder la complexité.

En effet, si la logique dite du tiers exclu s’accommode parfaitement de situations simples de

la vie quotidienne, elle devrait par contre s’effacer au profit de la logique de tiers inclus

lorsqu’on aborde des situations complexes qui mettent en jeu plusieurs domaines de

connaissance pour tendre à considérer la réunion des contradictoires et non leur contradiction.

Pour reprendre une comparaison de Basarab Nicolescu, qui s’inspire d’un adage populaire, un

bâton a toujours deux bouts. Il est inutile de vouloir séparer les deux bouts, on obtiendrait dès

lors deux autres bouts supplémentaires. Il faut donc répondre à la violence de l’exclusion des

deux bouts par leur inclusion au bâton. Un bâton a toujours deux bouts.

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a) La complexité.

Le courant transdisciplinaire met en garde la communauté scientifique et déplore l’attitude

qu’elle prend à l’égard de la complexité, cette complexité qui nous est révélée par l’explosion

disciplinaire comme elle impose l’explosion disciplinaire.

Dans une démarche dont l’ambition vise une simplification absolue, telle celle de l’univers à

sa naissance, la physique a tenté de mettre en place une théorie unifiant les forces sous-

entendant les interactions du monde physique.

Mais il est vite apparu que l’élaboration de cette théorie rencontrerait des obstacles difficiles à

surmonter, imputables à l’extrême complexité du formalisme mathématique sous-entendant

cette unification, la rendant pour certains irréalisable. D’un autre point de vue, cette théorie du

tout semble sujette à caution, tant ces démarches à valeur unificatrice ne fonctionnent que

dans le cadre restreint de conditions purement théoriques ; leur construction ne semble pas

pouvoir aborder la réalité physique telle qu’elle existe.

Il faut bien prendre conscience que la complexité n’est pas une vue de l’esprit, synonyme de

chaos et de désordre ; seulement elle sous-entend des lois et des règles très diverses qui se

refusent à un examen rationnel classique.

Donc pour donner une réalité à cette complexité, la transdisciplinarité préconise une vision

d’ensemble, un dépassement des éléments parcellaires que nous révèle l’étude

hyperdisciplinaire.

Pour utiliser une métaphore qu’un professeur de mathématiques a utilisée un jour, l’étendue

de nos connaissances est pareille à une ampoule dont la surface, lumineuse, représente les

questions que l’on se pose, prémisses aux obscurités croissantes de l’ignorance. A mesure que

notre savoir croît, notre ignorance grandit proportionnellement.

Ces zones d’ombre qui tachent nos siècles de lumière relèvent principalement de

l’organisation que nous avons donnée à notre patrimoine de savoirs.

Lorsqu’une science étudie un objet, elle base son étude sur des données empiriques qui sont

observées à travers certains principes logiques : sépare, unit, hiérarchise, centralise, le tout

sous l’œil rigide des paradigmes.

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Le problème, c’est que lors de l’étude de cet objet par les outils logiques, l’objet se voit réduit

à un ensemble de faits dits significatifs qui permettent son assimilation par la logique

formelle, au détriment des faits non-significatifs qui permettraient de l’appréhender dans sa

globalité « complexe ».

La vision simplifiante est incompatible avec la conciliation de l’un et du multiple. Elle isole

les objets de leur environnement.

La pensée complexe est nécessaire pour y remédier.

La complexité se définit par :

- un tissu de constituants hétérogènes inséparablement associés ;

- un tissu d’événements, actions, interactions, rétroactions,

déterminations, aléas, qui constituent notre expérience du monde.

Elle suppose un désordre apparent, un certain chaos, que la démarche actuelle du savoir tente

d’occulter au détriment du sens. La complexité concilie l’un et le multiple.

La science, dans sa volonté de simplifier et de trouver les principes qui sont derrière toute

chose, a révélé elle-même la complexité au grand jour : celle de la relativité et du monde

quantique.

La première rend relatifs des concepts jusque-là absolus et la deuxième amène ni plus ni

moins qu’une nouvelle logique, le principe de l’interdépendance du sujet et de l’objet ainsi

que le « hasard » au cœur du bastion de la raison.

b) Système et complexité.

Pour bien comprendre la notion de complexité, il faut comprendre la notion de système.

Un système est un ensemble quelconque d’éléments qui interagissent entre eux ou avec le

monde extérieur qui les entoure.

Issue de la théorie systémique, la notion de système ouvert postule qu’un système vivant doit

pour exister être alimenté de l’extérieur, de manière matérielle / énergétique mais aussi

organisationnelle / informationnelle.

17

Cette notion amène deux idées riches : les systèmes vivants sont dans un état de dynamisme

stabilisé, leur nature vivante nécessite un déséquilibre stabilisé (pour illustrer ce propos,

imaginons un équilibriste sur un fil et qui, une fois qu’il a trouvé l’équilibre, se voit privé de

tout stimulus extérieur pour le maintenir ainsi plus facilement dans son état d’équilibre, les

stimuli étant alors assimilés aux perturbations extérieures. L’équilibriste chutera alors très

certainement puisqu’en tant que système vivant, il a besoin d’un déséquilibre pour maintenir

son équilibre, le système est contraint à des ajustements, et un système ne peut être compris

que si on envisage sa relation avec son environnement.

Comme on l’a vu, le système est relié à son environnement par une relation autant matérielle /

énergétique qu’organisationnelle / informationnelle. Je vais développer ces deux derniers

points.

L’information possède une composante communicationnelle (théorie de la communication)

qui suppose qu’elle transmet un message et une composante statistique (qui porte sur la

probabilité de transmettre ou non une unité élémentaire d’information).

Il est intéressant de dresser un parallèle entre le deuxième principe de la thermodynamique et

l’équation shannonienne de la théorie de la communication.

Les deux équations de ces deux théories sont exactement l’inverse l’une de l’autre, ce qui

signifie que l’entropie (l’état de désordre d’un système) croît de manière inverse à

l’information: l’apport d’informations à un système l’organise et alimente sa complexité.

Mais qu’est-ce que l’organisation ? L’organisationnisme en est encore à balbutier sur une

théorie qui fonde ces principes.

Au 19ème siècle, l’organicisme, sous l’égide de Herbert Spencer, qui en est le fondateur (même

si les racines de ce courant de pensée remontent à l’antiquité et qu’il s’est exprimé à diverses

époques), a tenté non sans succès d’établir des analogies entre l’organisme animal et

différentes organisations parmi lesquelles le corps humain et l’univers. Mais il ne s’est pas

vraiment doté de fondements théoriques, se limitant à proposer une « vue de l’esprit ». Cette

vue a le mérite de proposer une vision « complexe » de l’organisation vitale, la distinguant

nettement des organisations mécanicistes, en introduisant la possibilité d’une nouvelle logique

qui puisse accepter « la complémentarité de termes qui, selon la logique classique, sont

antagonistes, répulsifs, contradictoires » [MOR, 1994]. Cela nous rappelle la logique du tiers

inclus.

18

L’organisationnisme se doit dès lors de formuler une théorie qui puise à la source autant de

l’organisation en tant que machine mécanisée qu’à l’organisme en tant qu’organisation

présidée par un principe vital.

C’est la théorie de l’auto-organisation, mais du fait de son avance théorique et de sa forme par

trop abstraite, elle n’a pas trouvé d’application concrète et s’est donc vu retirer toute forme de

financement qui aurait pu contribuer à la continuation des recherches dans ce domaine.

Dans une machine artefact (machine au sens où on l’entend lorsqu’on parle de mécanique), la

somme des composants fiables aboutit à une organisation peu fiable alors que dans une

machine vivante (régie par l’auto-organisation) la somme des composants peu fiables aboutit

à une organisation fiable : si un des ces composants est altéré, cela n’altère pas l’organisation

dans sa globalité. « Il y a un lien consubstantiel entre désorganisation et organisation

complexe »[MOR, 1994].

Le phénomène d’entropie (désorganisation) est inévitablement lié à celui de néguentropie

(réorganisation).

Le système vivant acquiert grâce à l’auto-organisation une certaine autonomie, qui le

contraint d’ailleurs à une plus grande inter-dépendance avec son environnement car lorsqu’un

système croît en complexité, sa demande en matière / énergie et en information / organisation

croît dans les mêmes proportions. Le système devient donc un système auto-eco-organisateur

(l’écosystème étant un co-organisateur du système).

La complexité a donc fait son entrée dans la science au début du 20ème siècle, et ce par

l’intermédiaire de la physique quantique ainsi que de la théorie de la relativité. Mais du fait de

la nature de ces deux événements –qui se fondent sur des équations mathématiques

extrêmement difficiles à manipuler pour les scientifiques – la complexité n’a pas débordé sur

d’autres disciplines que la physique.

Jusque-là, la complexité n’a été prise en compte dans les sciences que sous un angle

statistique, c’est-à-dire quantitatif. Les statistiques sont constituées d’un ensemble d’outils

permettant d’étudier la multitude des composants d’un système ainsi que leurs interactions :

l’analyse de variance permet ainsi de rendre compte des variations d’un système en

sélectionnant celles qui relèvent de facteurs aléatoires de celles qui sont attribuables aux

facteurs étudiés.

19

Car tout système complexe se définit d’abord par le grand nombre de ses composants et des

interactions qui les lient, mais aussi par une part nécessaire d’incertitude. « La complexité

dans un sens a toujours affaire avec le hasard » [MOR, 1994]. Cette incertitude tient soit à

notre ignorance soit à la nature même des composants du système.

Donc tout système vivant comprend de l’ordre et de l’aléa. Ce dernier point semblant

distinguer les systèmes vivants des systèmes classiques, on peut lui attribuer en partie le

caractère supérieur des systèmes vivants.

Là où la cybernétique a ignoré en grande partie la complexité en l’enfermant dans la boîte

noire de son modèle, le courant de la pensée complexe se donne pour ambition de trouver une

théorie fondant la complexité organisationnelle, reposant sur une logique complexe.

Dès lors que l’auto-organisation, l’autonomie, l’individualité, la complexité, l’incertitude et

l’ambiguïté deviennent des caractéristiques des composants des systèmes vivants, l’homme

dépasse son statut d’objet classique pour atteindre celui d’objet complexe.

c) Les niveaux de réalité.

Finalement, pour résumer, le courant transdisciplinaire s’appuie sur trois piliers : la

complexité, les niveaux de réalité et la logique du tiers inclus.

Il postule une réalité multidimensionnelle structurée en niveaux de réalité discontinus (on

pense là à l’irréductibilité des propriétés des objets à un niveau de perception) qui possèdent

chacun leurs propres règles et concepts fondamentaux, avec une propriété d’héritage des

propriétés allant du bas vers le haut. Et pour appréhender ces divers niveaux de réalité, la

transdisciplinarité ne propose pas moins que de définir des niveaux de perception, ces niveaux

de perception étant comme les niveaux de réalité organisés de manière discontinue et

possédant leur propre logique.

Pour reprendre l’exemple phare évoqué tout au long de cet exposé théorique, disons que le

monde quantique et le monde macrophysique représentent deux niveaux de réalité distincts et

que la logique classique ainsi que la logique du tiers inclus jouent le rôle des bases

fondamentales qui sous-tendent les niveaux de perceptions qui sont susceptibles de les

appréhender.

20

La théorie transdisciplinaire postule une structure gödelienne des niveaux de réalité en plus de

leur caractère discontinu. Pour avoir une idée de ce qu’est une structure gödelienne, il faut

évoquer la théorie postulée par Gödel en 1931 : ce dernier a prouvé qu’il y avait dans les

mathématiques une infinité de faits improuvables. Deux résultats sont à l’origine de cette

théorie. Le théorème d’inconsistance qui postule le fait qu’on puisse parfois prouver une

chose et son contraire et le théorème d’incomplétude, qui nous intéresse ici, qui démontre de

façon certaine qu’il y des résultats mathématiques impossibles à démontrer.

Il a bien été dit que cette théorie ne s’intéressait qu’aux mathématiques mais comme on l’a vu

avant, les mathématiques représentent à terme le formalisme commun à toutes les sciences, et

ce, en accord avec l’idée répandue que les mathématiques ne sont ni plus ni moins que le

langage dans lequel s’exprime la nature (même si dans les faits tout cela est plus complexe).

On peut penser donc que le théorème de Gödel peut s’appliquer à tous les domaines de la

connaissance donc aux niveaux de réalité postulés par la transdisciplinarité. Il présuppose que

la connaissance dans sa globalité est organisée de manière ouverte : quel que soit le niveau

d’exploration que l’on atteint, il y aura toujours une terra incognita. Ce résultat rend donc

illusoire la quête d’une théorie complète, absolue.

Pour reprendre notre exemple de la physique, cette dernière s’est donnée pour objectif de

construire une théorie unificatrice des forces fondamentales de l’univers et toujours selon elle

si cette théorie devait voir le jour, elle signerait implicitement la mort de la physique

théorique puisqu’il n’y aurait dès lors plus aucun résultat à démontrer : tout relèverait d’une

même théorie. Or comme on l’a vu avec la théorie de Gödel, cette complétude d’un champ

disciplinaire qui relève directement des mathématiques est illusoire.

d) Transdisciplinarité et éducation.

La méthodologie transdisciplinaire préconise de prendre en compte trois aspects de la réalité

afin d’accéder à une compréhension véritable du monde qui nous entoure : la structure en

niveaux de réalité, la logique du tiers inclus et la pensée complexe.

Pour intégrer ces aspects transdisciplinaires, l’organisation des connaissances telle qu’elle est

en place aujourd’hui doit effectuer une mutation profonde. Bien sûr il n’est pas demandé à ce

que l’on supprime totalement l’organisation disciplinaire des savoirs. Cette démarche n’aurait

aucun fondement. Bien que cette organisation génère nombre d’inconvénients que l’on a pu

21

voir jusqu’ici, elle est, il faut le reconnaître, très efficace, le niveau de savoir auquel nous

sommes arrivés en cette fin de siècle en témoignant aisément.

L’effort de la transdisciplinarité est plutôt de mettre en place une méthodologie qui puisse

intégrer dans un même ensemble la totalité des découvertes opérées dans les divers domaines

de la connaissance et ainsi leur redonner leur cohérence initiale et le contexte duquel on les a

extraites. Mais cet effort méthodologique doit également s’accompagner d’une nouvelle

éducation, dont le but est bien sûr de ne pas répéter les erreurs tant décriées. Cette éducation,

selon [HAR, 2001], se base sur quatre objectifs.

D’abord l’apprendre à connaître. Cet apprentissage réside dans la valorisation du

questionnement personnel, c’est-à-dire le refus des idées préfabriquées. Il préconise

simplement la construction d’un monde intérieur régi par la communication, l’apport des sens

et un esprit critique.

Ensuite l’apprendre à faire. Ici il est question du rôle de l’agir dans la construction des

connaissances. En effet, la personne doit pouvoir s’approprier les concepts du monde en y

agissant de manière passive, par l’observation, ou de manière active. Cela doit permettre une

intelligence de l’action.

Puis l’apprendre à vivre ensemble. On peut évoquer ici l’engouement pour les nouvelles

formes de collaborations qui prennent vie au sein du cyberespace et qui révèlent bien les

apports du partage des connaissances avec autrui. On est là devant l’émergence d’une

intelligence collective, à caractère socioconstructiviste (par sociocontructiviste j’entends que

cette intelligence est basée sur l’échange social).

Enfin, il est nécessaire d’apprendre à aménager l’information et la communication. C’est une

étape nécessaire pour parvenir à une bonne maîtrise des flux informationnels qui envahissent

notre quotidien, pour savoir exploiter le réservoir de ressources documentaires qu’ils

constituent et pour former un esprit critique aux médias.

Après avoir exposé la doctrine transdisciplinaire, retraçant sa genèse, ce sur quoi elle s’appuie

et ce qu’elle préconise sur un plan pédagogique, je vais introduire une doctrine similaire mais

dont les fondations théoriques sont quelque peu différentes : l’interdisciplinarité. Comme pour

22

la transdisciplinarité, il convient de savoir sur quels postulats elle s’est fondée mais surtout,

quelle est sa contribution au monde de l’éducation.

3) L’interdisciplinarité.

a) Principes organisateurs des sciences.

L’interdisciplinarité a vu le jour dans le giron scientifique et est amenée à jouer un rôle que

certains souhaiteraient voir de moins en moins marginal. C’est le cas pour Pierre Delattre,

biologiste théoricien au CNRS, qui dans l’article « interdisciplinarité » dont il est l’auteur

dans l’Encyclopaedia Universalis retrace brièvement les raisons pour lesquelles

l’interdisciplinarité a vu le jour, les idées sur lesquelles elle s’appuie mais aussi les difficultés

qu’elle peut rencontrer dans son essaimage.

« Son but est d’élaborer un formalisme suffisamment général et précis pour

permettre d’exprimer dans ce langage uniqu,e les concepts, les préoccupations,

les contributions d’un nombre plus ou moins grand de disciplines qui, autrement,

restent cloisonnées dans leur jargon respectif. […] Le but de toute science est de

parvenir à des énoncés précis, dénués d’ambiguïté, reliés entre eux dans un cadre

descriptif ou explicatif cohérent, et susceptibles ainsi de recueillir un large

assentiment ». [DEL, 1996]

Cet objectif est rempli grâce à l’observation empirique des faits mais aussi à l’activité

rationnelle du sujet, activité délimitée par les principes logiques inhérents à toute science.

Toute science se fonde sur des principes fondamentaux irréductibles qui sont issus soit de

l’induction des faits soit de la déduction purement rationnelle.

La logique joue un grand rôle dans les sciences en tant qu’outil privilégié permettant de relier

les faits entre eux par des énoncés, donc de relier ces énoncés eux-mêmes. La logique, au

même titre qu’une syntaxe, possède ses règles et ses opérateurs, qui peuvent être plus ou

moins riches.

23

Ainsi, selon les sciences que l’on considère, la logique peut-être plus ou moins molle ou dure.

La logique atteint son degré de perfection avec le formalisme mathématique, qui n’est pas

encore accessible par toutes les sciences, même les sciences dites dures.

Cependant, chaque discipline constitue un ensemble cohérent de concepts reliés par une

logique propre. Cet ensemble est assez fermé sur lui-même dans la mesure où il est assez ardu

de faire passer les savoirs issus d’une discipline dans le cadre conceptuel et le formalisme

d’une autre discipline. C’est là que la démarche interdisciplinaire intervient.

b) La stratégie interdisciplinaire.

Cette démarche recherche une base commune à toutes les sciences qui leur permette de

s’exprimer dans un formalisme et des concepts communs. Et elle l’a trouvé en partie dans la

notion de système qui semble être une notion applicable à une grande partie des objets étudiés

par les sciences. Et de fait, les recherches interdisciplinaires se sont particulièrement

concentrées jusque-là sur cette notion centrale, puisqu’elle porte en germe la possibilité d’une

synthèse des fruits de l’analyse scientifique, synthèse jugée nécessaire pour que l’on puisse

atteindre un tant soit peu une compréhension de ce qui nous entoure ainsi que de nous mêmes.

c) La théorie des systèmes au secours de l’interdisciplinarité.

L’approche systémique resitue les éléments qui s’offrent à nous dans un cadre qui les englobe

tous, qui permet leur mise en relation dans un souci de cohérence globale. Malheureusement,

là où la notion de système permettrait de constituer un formalisme et un cadre conceptuel

commun à de nombreuses disciplines, et ce, par la relation qu’elle entretient avec nombre de

leurs objets d’étude, cette notion s’est vu récupérer individuellement par un certain nombre de

disciplines et a donc subi l’intégration à de multiples formalismes différents.

L’insuccès de l’approche systémique vient également du fait qu’elle est, de par sa nature très

généralisante, assez éloignée de l’expérimentation. Elle engendre une opposition entre

théoriciens et expérimentateurs. Là où les premiers sont à la recherche d’une généralisation et

donc d’une abstraction de plus en plus élevée (cette démarche consiste à trouver des

propriétés générales qui puissent rendre compte des propriétés particulières observées dans la

24

réalité des faits), les seconds tentent d’approcher la diversité infinie des phénomènes

observables.

Toute démarche théorique se mène soit à partir des faits par l’induction, soit par l’activité

purement rationnelle. Et les expérimentateurs ont tendance à négliger cette deuxième voie.

Or, dans le cas de la théorie des systèmes, l’abstraction est si grande qu’elle nécessite

forcément un exercice rationnel très important, qui l’éloigne d’autant de la richesse de

l’observable. Et cet écart entre la théorie et l’expérimentation est préjudiciable à la théorie des

systèmes.

Le langage mathématique semble être le plus approprié pour formaliser une unité de la

connaissance qui fasse fi des divergences disciplinaires. Mais il faut bien garder à l’esprit que

les mathématiques ne sont qu’une syntaxe, que les variables qu’elle met en jeu sont

indépendantes de toute signification. Donc pour pouvoir être formalisés par les

mathématiques, les concepts d’une discipline doivent être suffisamment bien construits pour

pouvoir « subir » ce traitement logique.

d) Le problème des systèmes complexes.

« L’hypothèse réductionniste, qui est à la base des sciences de la nature, admet

que la connaissance des propriétés des éléments, obtenue dans un certain

contexte que l’on admet universel, est en principe suffisante pour permettre

d’atteindre par déduction les propriétés des systèmes, quels qu’ils soient,

constitués à partir de ces éléments ». [DEL, 1996]

Si ce type d’hypothèse était vérifié et fonctionnait plutôt bien pour les systèmes simples

étudiés dans un premier temps en physique, il devient incertain pour les systèmes dits

complexes où les propriétés globales ont une incidence significative sur les propriétés des

éléments constitutifs (il est ainsi ardu en biologie d’étudier les relations de propriétés qui

peuvent exister entre les niveaux moléculaire, cellulaire et physiologique, ou en psychologie

entre les niveaux psychique et biochimique). Et il y a comme une irréductibilité des propriétés

des éléments à un certain niveau de description. Comme si ces propriétés n’avaient

d’incidence que sur leurs niveaux respectifs.

25

La théorie des systèmes pourrait être observée expérimentalement lorsqu’on introduit un

élément dans un système. Ce dernier devrait agir sur ce premier. Mais dans les faits, ce type

d’expérience est difficile à réaliser dans la mesure où la science, basée avant tout sur

l’hypothèse réductionniste, procède par isolement de l’objet. Il faudrait donc renier un des

points fondamentaux de la science telle qu’elle est conçue.

Les difficultés des recherches interdisciplinaires sont d’abord d’ordre humain. En effet, il faut

pouvoir pour mener à bien ces recherches, avoir un remarquable esprit d’analyse qui précède

l’esprit de synthèse. Et pour pouvoir faire la synthèse de résultats émanant de plusieurs

disciplines, il faut au préalable avoir acquis des connaissances suffisantes touchant à ces

disciplines et plus particulièrement à leurs fondements théoriques. Or, ce sont là les

connaissances qui sont les plus difficiles à acquérir puisqu’elles se situent à un niveau

d’abstraction tel qu’elles en deviennent implicites et seulement accessibles aux spécialistes de

chacune des disciplines concernées.

De plus, la difficulté de mener des recherches interdisciplinaires vient aussi de l’hostilité

qu’exprime à son encontre la communauté scientifique plus classique, attachée à la recherche

disciplinaire.

e) Interdisciplinarité et éducation.

Si la transdisciplinarité et l’interdisciplinarité ont vu dans un premier temps le jour dans

l’esprit de certains hommes de sciences, les intérêts qu’elles présentent pour l’éducation sont

apparus tout naturellement par la suite.

Sous l’impulsion de ces idées de décloisonnement disciplinaire, un certain nombre de

dispositifs, se réclamant de concepts différents mais relevant de cette idée commune

d’ouverture, ont été introduits dans le système éducatif, à plusieurs niveaux de la scolarité.

Il y a dans ce domaine une abondance de termes que chacun s’approprie et détourne pour ses

besoins si bien que de nombreuses définitions différentes co-existent : une grande diversité

d’acceptions terminologiques existe selon les auteurs considérés qui établissent chacun leur

propre lexique et classification.

Ainsi on peut lire dans l’article « Interdisciplinarité » de Françoise Cros du Dictionnaire

encyclopédique de l’éducation et de la formation que certains auteurs distinguent plusieurs

degrés dans l’interdisciplinarité : un degré d’application, un degré épistémologique et un

26

degré d’engendrement de nouvelles disciplines ; ou bien encore l’interdisciplinarité linéaire,

l’interdisciplinarité structurale et l’interdisciplinarité restrictive. D’autres distinguent

l’interdisciplinarité centripète et l’interdisciplinarité centrifuge, la première étant aussi

appelée par d’autres interdisciplinarité thématique et la deuxième transdisciplinarité.

Cette courte énumération indique un certain état de confusion dans ce champ lexical.

Force est de constater d’ailleurs que cette confusion lexicale règne aussi dans les textes

officiels présidant à la politique éducative française.

Dans les textes relatifs aux Travaux Personnels Encadrés, les termes pluridisciplinaire et

interdisciplinaire sont employés sans distinction sans que l’on sache vraiment ce qui s’y

rattache : on parle de « mener un véritable travail interdisciplinaire » et de « démarche de

caractère pluridisciplinaire ».

Puis le ministère emploie unanimement le terme « pluridisciplinaire » concernant les Travaux

croisés et le terme « interdisciplinaire » pour qualifier les Itinéraires De Découverte, bien que

dans les deux cas la démarche et l’objectif soit les mêmes : l’association de disciplines pour le

décloisonnement disciplinaire.

Alors finalement, quel terme utiliser ? Mon choix va se porter sur celui d’interdisciplinarité.

En effet, si l’on regarde ce que les textes officiels concernant les IDD proposent comme

objectif pédagogique, on constate qu’ils préconisent clairement de « définir des savoirs et des

compétences à acquérir, identifiés à partir d'une lecture croisée des programmes » afin de

« rapprocher les différents programmes du cycle central ». On est donc bien ici dans une

optique interdisciplinaire, si l’on se réfère aux notions avancées dans la problématique

interdisciplinaire définie par Pierre Delattre : « Son but est d’élaborer un formalisme

suffisamment général et précis pour permettre d’exprimer dans ce langage unique les

concepts, les préoccupations, les contributions d’un nombre plus ou moins grand de

disciplines », ainsi, « les échanges souhaités s’en trouveront facilités ».

Lorsque Pierre Delattre mentionne un formalisme général dans lequel puissent s’exprimer

différentes disciplines, le ministère définit ce formalisme en faisant appel aux compétences et

savoirs à acquérir.

Dans les deux cas, il y a la recherche d’une base conceptuelle sur laquelle puissent s’appuyer

différentes disciplines pour formuler des objectifs communs à atteindre.

27

Puis quand le ministère prévoit un rapprochement entre les différents programmes, il ne veut

pas dire autre chose que les échanges seront facilités.

Donc il est bien question d’interdisciplinarité, que ce soit dans les IDD, qui me concernent

tout particulièrement, ou bien dans les autres dispositifs pédagogiques qualifiés de

pluridisciplinaires par le ministère et qui ne relèvent pas d’un simple assemblage de

disciplines.

Par opposition, la pluridisciplinarité n’est qu’une juxtaposition de disciplines sur un thème

commun qui n’aboutit nullement à une vision qui se veut commune mais plutôt à une somme

de points de vue correspondant à la somme des disciplines engagées.

Enfin, je dirais que ce n’est pas non plus la transdisciplinarité, puisqu’il y aurait alors

émergence d’un savoir original, dénué d’attache disciplinaire, sans retombée directe pour

aucune d’entre elles et ce n’est pas là le but recherché par le ministère.

François Ost, professeur aux facultés universitaires St Louis de Bruxelles, estime lui que la

pluridisciplinarité et la transdisciplinarité fonctionnent comme des utopies scientifiques : la

première échoue à constituer un champ théorique nouveau et la seconde déborde en

permanence de tous les champs connus. Seule l’interdisciplinarité représente un compromis

fiable : l’articulation des savoirs de diverses disciplines débouchant sur une réorganisation

partielle de ces champs théoriques et l’émergence d’éventuels nouveaux concepts. Il me

semble quand même important de signaler que la pluridisciplinarité, selon des IEN de

l’académie de Reims cités dans [MEY], est un état induisant l’interdisciplinarité. Je pourrais

donc éventuellement utiliser ce terme pour qualifier des enseignants ou tout autre moyen qui

vise l’interdisciplinarité.

Je parlerai donc dorénavant d’interdisciplinarité, sous-entendant par là « articulation des

savoirs sur la base d’un formalisme commun » (ce formalisme étant un langage dans lequel

puissent s’exprimer des objectifs communs, des recherches communes : ce peut être les

mathématiques, les compétences recherchées, une base conceptuelle nouvelle, etc…).

Je vais maintenant aborder une description de l’organisation du collège. J’adopterai dans un

premier temps une perspective historique afin de montrer les mutations qui y sont à l’œuvre et

qui fournissent au fur et à mesure les ferments pédagogiques nécessaires à un épanouissement

de l’interdisciplinarité puis je m’attacherai à décrire et à analyser un dispositif spécifique : les

Itinéraires De Découverte.

28

II – Les IDD : genèse et fonctionnement.

1) Le collège des réformes.

Le collège est depuis un certain nombre d’années remis en cause dans son organisation par de

nombreux rapports d’experts de l’Education nationale. De nombreuses réformes ont tenté

d’apporter des solutions aux divers problèmes posés.

Si le collège se trouve aujourd’hui au cœur d’un débat qui agite la communauté de

l’éducation, c’est pour des raisons que l’on peut faire remonter à sa création.

Ainsi, en 1959, Jean Berthoin, ministre de l’éducation, met en place une réforme visant à

moderniser et à démocratiser les structures éducatives du secondaire avec pour objectif

premier d’augmenter le nombre de diplômés, dont la France avait alors besoin.

C’est en 1975 qu’une réforme est mise en place par René Haby afin d’unifier les CES et CEG

en un collège unique, l’objectif annoncé étant entre autres de proposer aux différents élèves de

réels choix d’orientation en fonction de leurs capacités.

On arrive donc après cette réforme à un collège qui accueille des effectifs toujours plus

nombreux : ce surnombre engendre tout naturellement une grande hétérogénéité de collégiens

qu’il est difficile de gérer au sein du système. On trouve donc des élèves qui sont mis de côté

par défaut d’orientation adéquate ou d’adaptation.

En 1999, Ségolène Royal présente une réforme où elle souligne le besoin d’une meilleure

articulation entre le primaire et le secondaire passant par l’instauration de tests de niveau en

CM2 et des possibilités de cours de rattrapage en 6ème et 5ème.

Puis, dans une problématique qui vise à différencier les méthodes d’enseignement, elle

encourage la pratique pluridisciplinaire en introduisant des « travaux croisés » en 4ème (un

professeur sera chargé de coordonner les cours des différentes disciplines d’un même niveau

afin de favoriser une plus grande cohérence de l’enseignement), mesure qui s’inspire

directement du rapport Dubet de 1998 qui proposait de favoriser une plus grande cohérence

des enseignements et des équipes pédagogiques ainsi que de diversifier les méthodes

pédagogiques.

29

En 2001, Jack Lang apporte sa contribution au mouvement de réformes engagé avant lui : sur

la base du rapport qu’il a commandé à l’ancien recteur Philippe Joutard, il met en place les

Itinéraires De Découverte, qui sont censés favoriser les approches pluridisciplinaires.

Autre point important, il contribue lui aussi à adoucir la transition primaire / collège en

établissant dans l’emploi du temps une période d’intégration (des enseignants seront aussi

chargés, à titre expérimental, d’enseigner deux disciplines, pour favoriser l’intégration des

élèves en réduisant l’équipe enseignante ).

2) L’essence des réformes.

De ces réformes, je retiendrai deux éléments propices à la réflexion engagée par ce mémoire :

i - la volonté affichée de diminuer la fracture que représente le passage du CM2 à la

sixième. Le fait que les élèves passent d’un enseignement dit polyvalent assuré par une seule

personne à un enseignement disciplinaire assuré par plusieurs intervenants constitue une réelle

difficulté d’adaptation pour les élèves.

De plus, cette spécialisation dans les faits est accompagnée d’une spécialisation tout aussi

prononcée dans la formation des enseignants, ce qui de l’avis du SE-UNSA (syndicat

d’enseignants) ne peut être que préjudiciable à la formation strictement pédagogique des ces

futurs professeurs (les temps d’enseignement consacrés à la discipline qui sera enseignée sont

bien supérieurs à ceux qui reviennent aux sciences dites de l’éducation : il y aurait donc là,

toujours selon l’avis du SE-UNSA, un avantage donné au discours académique au détriment

de la pédagogie.

Ainsi les rapports Legrand de 1982 et Bouchez de 1994 préconisent une harmonisation des

formations du premier et du second degré, passant notamment par une certaine

pluridisciplinarité des enseignants.

Cette pluridisciplinarité a été assurée pendant un moment par les enseignants de type PEGC

(Professeur d’Enseignement Général de Collège) qui étaient chargés d’assurer deux ou trois

cours que l’on estimait pouvoir relever d’un même champ disciplinaire ou valence (anglais et

français par exemple).

Ce corps fut supprimé en 1986 pour une raison qui relève selon le ministère d’une

insuffisance de formation de ces enseignants face aux demandes du collège unique. Une

solution aurait été alors de remplacer les PEGC par des professeurs classiques auxquels on

30

aurait, en cohérence bien entendu avec leurs compétences, donné la charge de deux cours

disciplinaires différents. Mais cette solution ne semble pas rencontrer l’enthousiasme des

enseignants du collège.

Ce détour par la transition primaire / secondaire et des protestations qu’elle soulève souligne,

au-delà des problèmes d’adaptation qu’elle met en jeu, l’excessive spécialisation disciplinaire

qui règne dans les premières classes du collège. Si elle est justifiée plus tard au lycée ou

même à la fin du collège, pour des raisons liées à l’orientation des élèves, elle est trop précoce

dans les classes de 6ème et de 5ème.

ii - L’interdisciplinarité au sens que j’ai précisé.

Cette nouvelle modalité pédagogique est partie prenante de la plupart des nouveaux

dispositifs mis en place au sein du système scolaire pour donner du sens aux apprentissages

des élèves, pour les remotiver.

En effet, l’interdisciplinarité se donne pour objectif de rendre manifestes les liens qui existent

implicitement d’une discipline à une autre et plus concrètement entre les disciplines

enseignées au collège et le monde environnant. C’est ce que Edgar Morin nomme la reliance .

Edgar Morin et d’autres font alors l’hypothèse que cette perception des nombreuses

passerelles reliant les disciplines pourra redonner un sens à ce que les élèves apprennent, par

le biais d’une cohérence retrouvée.

Comme le dit un IPR de lettres de l’académie de Nantes dans [MEY], « La vie n’est pas

disciplinaire ; elle n’est même pas pluridisciplinaire ; elle est à mon avis a-disciplinaire. Par

contre, il n’existe pas de professeur de vie ! Il n’existe pas de professeur de TPE ou de

travaux croisés ! On est nécessairement professeur dans une discipline. Les disciplines sont

une invention humaine, non pas une donnée objective de la réalité ». L’interdisciplinarité

pourrait donc être un moyen d’ouvrir l’école vers l’extérieur, de réduire les discours qui

peuvent parfois être un peu trop académiques pour des élèves de 5ème.

Concrètement, comment se met en place l’interdisciplinarité ? On peut voir deux types

d’approches très différentes : l’une consistera à repérer des éléments communs à plusieurs

programmes disciplinaires afin de constituer des thèmes et des sujets qui soient rassembleurs

mais le risque est alors grand de verser dans une simple juxtaposition de disciplines qui

n’apporte rien de nouveau et qui contribue même à maintenir le statu quo disciplinaire (on est

alors complètement dans la pluridisciplinarité).

31

Il faut donc doubler cette première approche d’une seconde qui vise, au-delà d’éventuels

éléments de programmes, à chercher des concepts ou notions qui seraient communs à

plusieurs disciplines et qui pourraient s’exprimer, par le biais des opérations mentales qui

structurent l’activité intellectuelle de l’enfant, en compétences transversales (c’est-à-dire qui

sont communes à plusieurs disciplines). Ces compétences peuvent être notamment de savoir

élaborer un projet, le conduire et le concrétiser.

Quel que soit le dispositif pédagogique interdisciplinaire considéré, le ministère impose au

moins deux mesures : d’une part il souhaite qu’il y ait un véritable équilibre au niveau de la

participation des différentes disciplines en jeu dans un dispositif pour éviter que l’une d’entre

elles ne soit instrumentalisée par une autre (cet écueil peut être évité s’il y a au préalable une

véritable concertation entre les enseignants concernés, c’est-à-dire de la communication entre

les acteurs du dispositif) et d’autre part, il préconise vigoureusement que ces dispositifs soient

articulés et se fondent sur les programmes disciplinaires, essentiellement pour éviter une

dérive extrascolaire ou périscolaire.

Et comme il est signalé dans [MEY], citant à nouveau l’IPR de lettres de l’académie de

Nantes : « les distinctions disciplinaires sont au service de la compréhension […] C’est pour

mieux comprendre le monde que les savants le découpent en morceaux, créent des

cloisonnements, délimitent les champs d’études… Simplifier pour appréhender le complexe

est à la base aussi bien de la démarche scientifique que de l’approche philosophique».

L’efficacité des démarches interdisciplinaires réside donc dans un optimum qui nécessite de

sauvegarder les méthodes disciplinaires.

3) L’interdisciplinarité au sein du système scolaire.

Les Itinéraires De Découverte s’inscrivent dans la continuité de dispositifs pédagogiques

précédemment mis en place.

Le premier de ces dispositifs, les TPE (Travaux Personnels Encadrés) a été mis en place à titre

d’essai en 1999-2000. Lancés officiellement en 2000-2001, ils concernent les classes de

première et dans une moindre mesure les classes de terminale. Centrés sur trois objectifs, le

croisement des connaissances, la démarche de projet et le travail en autonomie ainsi qu’en

groupe, les TPE consistent pour l’élève à mener un travail préliminaire de recherche pour

32

lequel il aura besoin de définir une problématique, faire des recherches documentaires,

travailler en groupe et rendre compte de ce travail en en faisant une présentation.

Ensuite, ont été mis en place, en 2000-2001, les Projets Pluridisciplinaires à Caractère

Professionnel ainsi que les Travaux Croisés.

Les premiers, concernant les terminales BEP et les baccalauréats professionnels, visent à

mettre en relation des connaissances, développer la motivation des élèves, leur faire acquérir

des connaissances et les aider dans la définition de leur projet professionnel.

Quant aux Travaux croisés, touchant les 4ème, ils proposent aux élèves de travailler sur la base

de plusieurs disciplines à l’élaboration d’une production personnelle ou collective.

Les IDD, qui ont été mis en place comme projet « pilote » en 2001-2002, sont dans la

continuité d’une politique du ministère de l’Education qui vise à introduire dans le système

éducatif des alternatives pédagogiques. Ces dernières sont fondées sur la proposition aux

élèves d’un projet de production qui doit à terme favoriser des échanges interdisciplinaires

ainsi qu’une implication de l’élève dans son travail scolaire (qui passe par la motivation,

l’autonomie, le travail en groupe).

Dans cette perspective, l’interdisciplinarité n’est pas une matière à enseigner (une de plus)

mais plutôt une modalité pédagogique qui soutient l’idée qu’il faut « démystifier le savoir »

en encourageant l’exercice d’un esprit pratique.

4) Les Itinéraires De Découverte.

Les Itinéraires De Découverte sont proposés eux à l’ensemble des niveaux du collège, afin

d’assurer une cohérence globale à ce cycle qui passera par le caractère interdisciplinaire des

IDD.

Afin de faciliter leur mise en œuvre, les équipes pédagogiques concernées pourront consulter

sur des sites internet académiques des comptes rendus d’expériences similaires aux IDD

réalisées dans des établissements avant qu’ils ne soient officialisés par l’institution éducative,

ces expériences ayant été instituées par le ministère au titre d’essais ou bien laissées à la

capacité d’initiative et d’innovation des établissements.

33

Ils pourront aussi prendre connaissance des exemples de parcours diversifiés et de travaux

croisés mis en place, mais aussi des travaux personnels encadrés et des projets

pluridisciplinaires à caractère professionnel des lycées et des lycées professionnels, ces

dispositifs relevant plus ou moins de la démarche des IDD.

5) Définitions et caractéristiques des Itinéraires De Découverte.

La démarche des IDD transparaît clairement dans la définition officielle : c’est un temps

d’enseignement obligatoire qui vise à une meilleure appropriation des programmes en

favorisant une implication plus grande des élèves grâce aux choix qui leur sont proposés et

au développement de stratégies pédagogiques plus efficaces, notamment l’apprentissage de

l’autonomie. Ils s’appuient sur des contenus d’enseignement clairement ancrés sur les

programmes du cycle central, lesquels s’inscrivent dans quatre grands domaines

thématiques qui permettent d’organiser la démarche interdisciplinaire.

Le fait qu’il soit très clairement précisé que les IDD doivent s’appuyer sur les programmes du

cycle central permet d’éviter à ce type de démarche qu’elle n’ait comme fin un apprentissage

qui ne soit pas scolaire (à ce propos, Philippe Meirieu déclare : « il faut rendre les savoirs

intéressants, pas distrayants ! »).

Il faut donc que les équipes pédagogiques définissent un certain nombre de savoirs et de

compétences à acquérir sur la base d’une lecture des divers programmes disciplinaires : il

convient à cette occasion de préciser que la mise en œuvre des IDD ne concerne tout au plus

qu’un binôme de disciplines de référence, qui pourront éventuellement s’adjoindre une

troisième discipline au titre d’une participation à la réalisation d’un projet.

Les domaines thématiques que les IDD se proposent d’explorer sont au nombre de quatre :

- la nature et le corps humain

- les arts et les humanités

- les langues et les civilisations

34

- la création et les techniques

Ces quatre grands domaines recouvrent toutes les disciplines et assurent par là-même que ces

dernières seront présentes de manière équilibrée dans les projets que proposeront les équipes

pédagogiques à leurs élèves. En effet, les thèmes qui seront proposés aux élèves devront

obligatoirement être inscrits dans l’une des dominantes artistique, culturelle, scientifique ou

technique. C’est important dans la mesure où les élèves pourront ainsi avoir accès à un large

choix, plus apte à satisfaire leurs goûts et aptitudes très différents selon les uns et les autres.

L’aspect interdisciplinaire des IDD est très important et ne peut découler d’un regroupement

de disciplines : les thèmes fédérateurs qui les fondent rapprochent les disciplines concernées

et révèlent les savoirs et savoir-faire transversaux que doivent acquérir les élèves. Ce fait doit

faire prendre consciences aux élèves qu’ils peuvent convoquer des savoirs ou des

compétences acquis dans une matière pour résoudre un problème ou mener à terme une

réalisation dans une autre discipline. On espère ainsi donner un nouveau sens aux

apprentissages en leur conférant une cohérence globale (aspect qui est cher au courant

transdisciplinaire), qui peut renforcer le désir d’apprendre des élèves et augmenter leur

motivation au sein du système scolaire.

Comme tout dispositif pédagogique, l’évaluation n’est pas absente des IDD, mais elle est

différente de ce que l’on peut trouver dans l’enseignement disciplinaire classique.

La nature et les modalités de cette évaluation sont laissées à l’enseignant puisqu’elle dépend

de sa façon de mettre en œuvre les IDD. Dans tous les cas, elle se veut continue et progressive

et pas seulement indexée sur les résultats des élèves mais plutôt sur leurs progrès et leur façon

de gérer ces nouvelles activités qui leur confèrent une certaine autonomie et responsabilité.

En effet, on ne peut éluder le fait que dans les IDD c’est l’élève qui fait le choix des domaines

qu’il traitera dans son itinéraire. Il doit en choisir deux parmi les quatre proposés.

Lui laisser ainsi le choix de ce qu’il veut apprendre doit permettre de le motiver dans le

processus d’apprentissage, l’amener à prendre une responsabilité dans sa propre formation car

si le choix n’est pas en soi une orientation qui prendra de l’importance pour son avenir, c’est

tout de même une décision de sa part qu’il doit assumer quelle que soit la réussite qui en

découle. C’est là un « essai » qui le prépare au choix qu’il devra opérer en fin de collège

concernant son orientation future, le choix étant là beaucoup plus déterminant.

35

Concernant l’autonomie, les IDD laissent suffisamment de liberté à l’élève pour qu’il puisse

en faire l’apprentissage, seul ou en groupe selon le projet à réaliser, tout en l’encadrant tout de

même étant donné l’âge qu’il a.

Cette autonomie passe par des objectifs clairs que l’on a assignés à l’élève pour qu’il sache où

il va et quelles compétences on attend de lui. Le professeur est là pour répondre à ses

tâtonnements et ses erreurs, ses éventuelles questions et pour lui indiquer des directions à

prendre : nous sommes donc là dans un apprentissage guidé de l’autonomie.

6) Le projet dans les Itinéraires De Découverte.

Les projets à réaliser dans le cadre des IDD peuvent être de nature très différente : création

d’un objet particulier, d’une maquette, d’un journal, d’un film, d’un cédérom, présentation

d’un spectacle, d’un exposé, etc.

Dans tous les cas (ou presque), les élèves auront à faire de la recherche documentaire pour

trouver des informations sur un sujet précisé par le professeur. Ce travail se fera généralement

au CDI où le documentaliste apportera son aide aux élèves en concertation avec les

enseignants pour préserver la cohérence de l’expérience. Le documentaliste s’en trouvera

valorisé dans sa fonction à travers cet échange avec les élèves. Et c’est là que l’outil

informatique pourra être utilisé à bon escient (que ce soit internet ou des CD-ROM) et

constituer pour les élèves qui en feront l’usage un outil plutôt qu’une finalité.

L’informatique peut revêtir divers rôles dans les IDD : elle peut constituer un outil de

prédilection pour la recherche d’informations mais aussi un outil précieux de communication ;

dans certains cas de collèges aux effectifs peu nombreux, le ministère préconise de mettre en

place une collaboration entre plusieurs établissements : celle-ci peut se faire en présentiel

mais elle pourrait tout aussi bien s’effectuer à distance par le biais des outils de

communication que propose internet : messagerie, chat ou encore espace de travail

collaboratif.

On sait que ce genre de situation est riche d’enseignement pour les élèves en termes de

gestion de la communication : il leur permet de prendre conscience de la nécessité de

s’organiser et d’acquérir des méthodes pour que la communication soit productive et efficace.

Enfin, l’outil informatique peut avoir une finalité de production : les logiciels de traitement de

texte et de présentation assistée par ordinateur sont les plus fréquemment utilisés, mais on

36

peut voir dans certains IDD l’utilisation de logiciels de création multimédia (logiciels pour

CD-ROM ou sites internet).

Tout cela participera à l’acquisition progressive des compétences propres à l’autonomie :

prise d’initiative, pertinence de l’aide demandée, gestion du temps, persévérance, capacité à

choisir, prise de parole en public, aptitude au recul critique par rapport à sa propre production.

Enfin, du point de vue de l’organisation, les Itinéraires De Découverte doivent se dérouler

pendant deux heures hebdomadaires et chaque établissement doit offrir un ou plusieurs

Itinéraires De Découverte dans chacun des quatre domaines, sur l’ensemble des deux années.

Ces dispositions sont des obligations élémentaires indépendantes des caractéristiques

particulières inhérentes aux établissements scolaires.

Comme pour mieux confirmer ce qui vient d’être écrit à propos des IDD, je vous invite à

considérer ce que Françoise Cros préconise en matière d’interdisciplinarité :

« l’interdisciplinarité ne se traduit pas par la négation des disciplines, bien au contraire. Le

travail d’équipe des enseignants, nécessaire à sa mise en œuvre, entraîne chaque professeur à

découvrir les autres disciplines avec leurs objectifs, leurs exigences et leurs méthodes

propres. Ce travail d’équipe conduit bien souvent à mieux cerner les besoins et les intérêts de

chaque élève et donc à l’élaboration pertinente d’un contrat éducatif dans une pédagogie

différenciée ». [CRO, 1994]

Cette citation fait directement écho à une autre contribution, toujours de Françoise Cros, mais

qui s’inscrit sur un plan plus théorique, préalablement évoqué : « la référence aux capacités et

aux compétences permet aux membres de l’équipe pédagogique de disposer d’un langage

commun pour désigner ce qui finalise et fédère leurs pratiques, indispensable à la

convergence et à la régulation des actions » [CRS, 1994]. Autrement dit, il y a cette idée dans

les IDD de trouver une base commune aux disciplines afin de faciliter leur mise en relation.

Je vais traiter maintenant non pas du potentiel à proprement parler de l’outil informatique,

mais plutôt des conceptions des enseignants relatives à ce potentiel.

Ce qui m’intéresse en effet, est de savoir quelles sont les raisons qui amènent les enseignants

à utiliser les TICE dans leur IDD, et plus particulièrement s’ils conçoivent un usage des TICE

propice à l’interdisciplinarité.

Pour répondre à ces interrogations, j’ai mené d’une part des entretiens avec des enseignants

chargés d’IDD et d’autre part distribué des questionnaires auprès de cette même population

cible.

37

Les réponses apportées par cette enquête devraient permettre d’apprécier les conceptions

enseignantes vis-à-vis de l’usage des TICE à visée interdisciplinaire.

38

III – Enquête sur le terrain.

Suite à l’exposé plus ou moins théorique des parties précédentes, cette partie va asseoir la

réflexion sur des bases plus pragmatiques, en l’occurrence une étude de terrain.

Cette étude se donne pour objectif de répondre aux questions esquissées dans l’introduction

de ce mémoire, c’est-à-dire de savoir comment les TICE sont utilisées dans les IDD et s’ils

sont perçus par les enseignants comme un moyen facilitant l’interdisciplinarité de ce dispositif

pédagogique.

1) Considérations Méthodologiques.

Pour réaliser cette enquête, un questionnaire a été construit, composé de cinq questions, avec

le souci manifeste de ne pas proposer aux enseignants, qui étaient le public cible, un

questionnaire trop long à remplir. D’abord destiné à servir de support d’entretien, la décision

fut prise d’élargir son usage à une enquête par mails, l’objectif étant alors de recueillir un plus

grand nombre de réponses et d’étoffer ainsi la population : les résultats n’en auraient été que

plus significatifs. Mais le caractère tardif de cette enquête, et surtout le fait qu’elle ait été

décidée juste avant une période de vacances scolaires, n’a pas permis de recueillir le nombre

de réponses escompté au départ (environ une vingtaine).

Le public cible était constitué d’enseignants chargés d’animer un IDD. Ces enseignants furent

approchés de différentes manières : pour les entretiens, rendez-vous fut pris par

l’intermédiaire des chefs d’établissement dont un certain nombre furent appelés dans les

départements de la Vienne et des Deux-Sèvres. Pour ce qui est des mails, le questionnaire fut

envoyé à tous les CDI des collèges de la Vienne et des Deux-Sèvres, à la liste de diffusion des

enseignants du secondaire d’Indre-et-Loire et aux enseignants / étudiants du DU Animateur

de projets TICE de l’Université de Poitiers.

J’ai finalement obtenu 11 questionnaires remplis. Les données issues de cette enquête ne

permettent pas de tirer de conclusions sur les pratiques enseignantes visées, d’abord en raison

de la faible population concernée mais aussi du fait de l’absence de tout contrôle nécessaire à

une enquête scientifique : le questionnaire en lui-même n’a pas été validé par un test

rigoureux, seulement confirmé par la première interview à laquelle il a servi et qui a permis de

39

savoir si les questions étaient bien comprises et si les réponses qu’il suscitait étaient bien

ciblées et exemptes de redondance. Si donc on ne peut conclure, on peut a contrario esquisser

des conjectures, confirmer une analyse personnelle par les conceptions, les opinions de terrain

ainsi relevées.

Si deux moyens de faire passer l’enquête ont été employés – l’envoi par mails et l’entretien

individuel – c’est un même questionnaire qui fut utilisé dans les deux cas. C’est un souci de

cohérence qui a présidé à ce choix, qui devait permettre de traiter ensemble dans les

conditions les meilleures les deux types d’enquête. Bien sûr, cette précaution ne suffirait pas à

assurer la validité complète du traitement tel qu’il a été réalisé mais c’est là encore pour des

raisons pratiques liées au temps que ce raccourci méthodologique a été pris.

Vous pouvez consulter le corps du questionnaire à l’annexe 1. Il est composé de cinq

questions, certaines relativement fermées et à valeur descriptive, centrées sur l’IDD en lui-

même et sur les pratiques qu’il met en jeu, d’autres plus ouvertes visant à saisir les

conceptions des enseignants sur un plan pédagogique plus large :

1) Pouvez-vous me décrire le dispositif de l’IDD que vous avez mis ou que vous allez mettre en place en explicitant son organisation temporelle, les disciplines concernées, la nature des tâches confiées aux élèves ainsi que les modalités d’utilisation des TICE ? 2) Quels sont les objectifs pédagogiques que vous poursuivez au sein de votre IDD ? 3) Quel rôle assignez-vous aux TICE dans votre IDD ? 4) Selon vous, dans cet IDD, en quoi l’usage des TICE favorise-t-il l’interdisciplinarité ? 5) De manière générale, selon vous, quels sont les apports et les limites des TICE aux pratiques pédagogiques interdisciplinaires dans le cadre des IDD ?

Il était précisé pour le questionnaire mail, entre autres choses, qu’il ne devait pas nécessiter

plus de vingt minutes. Quant à l’interview, où les enseignants avaient la possibilité d’être plus

prolixes, je les prévenais préalablement qu’elle ne devait pas durer plus d’une demi-heure, à

raison de six minutes par question.

Concernant le dépouillement des questionnaires, les opérations ont été sensiblement les

mêmes, qu’il s’agisse des questionnaires mails ou des questionnaires entretiens. Dans les deux

40

cas, j’ai dans un premier temps relevé sans distinction tous les items porteurs de sens (le

jugement de leur pertinence m’a été entièrement dévolu, ce qui constitue une autre limite à la

validité de cette enquête) que j’ai classés dans un tableau selon les questions desquelles ils

sont issus et des IDD concernés. Dans un deuxième temps, j’ai procédé à un recodage de ces

items, et ce, de deux manières différentes : pour avoir à ma disposition des données qui soient

restreintes et exploitables dans un cadre général dépassant celui du particularisme de chaque

IDD, j’ai regroupé les items qui me semblaient relever d’une même intention sous une

dénomination commune. Il y a donc ici un travail de reformulation sur lequel je ne peux

garantir avoir préservé toutes les nuances de chacun des items originaux. J’ai également passé

certaines réponses d’une question à une autre, jugeant qu’elles ne répondaient pas

parfaitement à leur question d’origine.

Vous pouvez trouver le tableau final en annexe 2.

Je terminerai ce chapitre descriptif sur le cas des interviews : ces dernières étaient réalisées

dans les établissements scolaires propres aux enseignants interviewés, que ce soit dans une

salle des professeurs pour l’une ou bien dans les salles de cours, un peu plus bruyantes, pour

les deux autres. Les entretiens étaient enregistrés sur un dictaphone avec l’accord préalable de

l’enseignant. Avant de poser les questions, je leur lisais une consigne générale dans laquelle je

leur exposais le thème général de l’enquête et ce que j’attendais d’eux (ce texte est compris

dans le questionnaire en annexe), consigne qui était lue dans le cas des questionnaires mails.

Ensuite, je leur posais chaque question, une à une, toujours dans le même ordre, passant à la

question suivante lorsque les enseignants avaient épuisé leur réponse. Je me permettais parfois

d’intervenir au cours de l’entretien, entre les questions, pour recentrer l’intervention de

l’enseignant lorsque celle-ci dérivait trop de la question posée.

Voilà pour ce qui est de la méthodologie. Maintenant je passe à l’analyse commentée des

résultats de l’enquête.

2) Analyse commentée des résultats de l’enquête.

Concernant mon analyse, je ne vais pas procéder par une analyse statistique poussée vu le peu

de données en ma possession ; je me bornerai à en faire une analyse descriptive. Pour chacune

des étapes de l’analyse qui vont suivre, je vais m’attacher dans un premier temps aux résultats

qui me semblent les plus importants au vu de leur représentation. Je commenterai ensuite les

41

résultats un peu plus marginaux qui me semblent dignes d’être mentionnés dans le cadre de

ma réflexion. Un deuxième axe d’analyse consistera à aborder dans un premier temps les

items concernant les activités concrètes des élèves dans le cadre de leur IDD et d’éclairer dans

un deuxième temps cette présentation à la lumière des items concernant les conceptions

pédagogiques des enseignants à l’origine de ces IDD.

a) Pratiques au sein des IDD.

Dans les tâches confiées aux élèves je distinguerai celles qui relèvent de l’activité propre à un

IDD (exemple : conception d’un jeu, exercice de géométrie sur ordinateur) et qui par

définition, même si elles supposent un certain nombre de compétences transversales, sont

difficilement superposables, de celles qui sont plus générales et dont la nature semble relever

des compétences transversales ; ces dernières tâches concernent la majorité des IDD, sans

distinction de discipline particulière.

Si on observe les tâches qui sont confiées aux élèves, on constate qu’il y a une prédominance

de celles concernant d’une part la recherche d’informations et d’autre part la mise en forme

(classique et multimédia ; la distinction s’établit sur la notion d’interactivité, présente dans le

premier cas, absente du second) : 31 items sur 39, dispersés sur tous les IDD.

Avant de développer cette observation, il me paraît juste d’évoquer au moins une fois les

autres tâches. On y trouve des tâches spécifiques aux disciplines ou aux thèmes des IDD :

exercices de géométrie sur ordinateur, conception et fabrication d’un jeu de tangram ou

encore CFAO, ce dernier thème étant dans le programme d’une des disciplines concernées par

l’IDD en question, en l’occurrence la technologie. Ces tâches spécifiques ont été recensées au

nombre de 8, sur 39 items.

J’exposais plus haut les tâches transversales qui étaient généralement confiées aux élèves :

force est de constater que ces tâches relèvent de ce qui est préconisé par le diplôme du B2i

ainsi que du programme de technologie.

Le diplôme du B2i, dont la finalité est d’attester le niveau des élèves sur les outils

informatiques, propose, notamment d’évaluer « la production, la création, la modification et

l’exploitation d’un document à l’aide d’un logiciel de traitement de texte », « l’organisation

42

de documents complexes comportant des tableaux, des formules et des liens avec d’autres

documents » pour ce qui relève de la mise en forme de document, « la recherche, la

documentation au moyen d’un produit multimédia (cédérom, DVD-rom, site internet) » et

« l’action de s’informer et de se documenter en utilisant un navigateur et en usant d’un

moteur de recherche » pour ce qui retourne de la recherche d’informations.

De plus, le programme de technologie propose aux élèves, selon leur niveau, de se

familiariser à l’usage du traitement de texte en sixième et à l’usage du tableur en cinquième,

pour rester dans les niveaux concernés par les IDD. A préciser que cette familiarisation passe

le plus souvent par la manipulation de documents préexistant sans en aborder la production.

Au vu de tout ça, on peut raisonnablement faire l’hypothèse que les enseignants, en confiant

aux élèves les tâches préalablement citées, d’une part capitalisent sur leurs acquis

informatiques (je précise à cette occasion que le B2i est mis en place dès l’école primaire, et

qu’il est bien sûr accompagné d’une activité informatique) et d’autre part, toujours dans le

cadre du B2i, contribuent à l’évaluation continue de leurs compétences en informatique. Sous

cet éclairage apparaît une cohérence intéressante au niveau de la politique pédagogique du

système éducatif puisque trois dispositifs se rencontrent et concourent aux mêmes objectifs

par des moyens différents bien que proches : le B2i évalue ce que peu ou prou la technologie

enseigne et les IDD appliquent. C’est là quelque chose de très positif qui justifie pleinement

les options prises par nombre d’enseignants dans leur IDD concernant le choix des tâches à

donner aux élèves.

b) Le potentiel interdisciplinaire des TICE.

Mais il est dommage à mon sens que la plupart des IDD en restent là ; pour reprendre les

termes d’un enseignant qui s’exprime dans un des questionnaires, « il faut pouvoir dépasser le

stade traitement de texte ». Pourquoi ? En effet, l’outil informatique recèle un potentiel

interdisciplinaire qui n’attend que d’être exploité. Comme le disent la moitié des enseignants

interrogés (question 4, 5 enseignants sur 11), l’informatique est un outil qui ne se suffit pas à

lui même et qui doit être accompagné, comme tout outil, d’une démarche pédagogique. Je ne

critique pas ce point de vue, bien au contraire, mais je remets en cause par contre l’idée que

l’informatique est un outil comme un autre : c’est là à mon avis un raccourci excessif, au vu

d’abord des réactions et des comportements qu’il suscite auprès des élèves (on peut faire ici

43

référence à la motivation que peut provoquer chez l’élève l’usage des nouvelles technologies ;

je ne m’étendrai pas sur le sujet mais je tiens tout de même à citer les résultats d’une

recherche : selon les chercheurs du projet ACOT « le facteur critique [de la motivation de

l’enfant] n’est pas la nouveauté de l’ordinateur, mais bien l’utilisation qu’on en fait dans

l’enseignement »1) et puis ensuite par les qualités qu’il possède dont les outils classiques sont

dépourvus. Ces qualités sont nombreuses – rapidité d’une production de qualité, etc…- mais

celles sur lesquelles je souhaite m’arrêter sont l’interactivité et la nature hypertextuelle de

l’information, termes que je vais définir avant d’aller plus loin.

L’interactivité est le dialogue qui s’instaure entre une personne et l’information donnée par

une machine. Quant à l’hypertexte, selon Gérard Verroust, ingénieur au CNRS, c’est « un

système interactif qui permet de construire et de gérer des liens sémantiques entre des objets

repérables dans un ensemble de documents polysémiques ». M Verroust distingue à cette

occasion l’hypertexte qui lie des objets de nature textuelle de l’hypermédia qui concerne des

objets au sens plus général, comme des images, des vidéos, etc… Le terme hypermédia étant

plus englobant que celui d’hypertexte, je l’adopterai pour la suite.

Pour amorcer une réflexion sur ces aspects, je me réfère à une interview de Philippe Portelli,

directeur éditorial des éditions Chrysis, portant sur le sujet des TICE appliquées aux pratiques

interdisciplinaires, que j’ai effectuée en juillet 2003. Parlant de ce que les TICE peuvent

apporter de spécifique à des dispositifs de nature interdisciplinaire, il dit : « on peut apporter

plus, on peut apporter non seulement un certain nombre de documents, des croisements entre

les documents, on peut mettre en scène un certain nombre de ces croisements». Dans cette

citation, parlant de TICE et notamment de CD-ROM, puisque les Editions Chrysis en font la

conception, la réalisation, l’édition et la distribution, la notion de croisement renvoie

directement à celle de lien hypermédia. Philippe Portelli ajoute « Ce qu’on constate dans les

expériences qu’on voit poindre un peu partout, c’est qu’il y a beaucoup de création de sites

1 Cette citation fait référence au projet ACOT qui est un programme international de formation et de recherche lié à l’introduction des nouvelles technologies dans les classes. Ce programme tente d’apporter des éléments de réponse à la question « Que se passe-t-il dans les classes, les pratiques pédagogiques et l’apprentissage quand on utilise l’ordinateur de façon routinière ? ». Ce projet existe aux États-Unis depuis 13 ans et Apple Computer (principal partenaire privé du projet1) a décidé d’étendre l’expérience américaine à l’Australie et à l’Europe. Depuis 1996, trois nouveaux sites européens ont vu le jour : un site en Écosse, un en Suède et un à Malonne. Cet extrait est cité dans [BIB].

Supprimé :

Supprimé : alonne. Cet extrait est cité dans [BIB]

44

internet qui relatent des recherches et qui permettent d’exprimer justement les liens que les

élèves ont fait entre diverses connaissances qu’ils ont acquises » ; et il termine en expliquant

en quoi une production multimédia permet d’aborder et de construire une méthode de

structuration de l’information : « j’ai vu des expériences justement où il y avait une nette

amélioration de la conception papier, de la synthèse du travail, parce que les élèves avaient

été obligés et contraints de synthétiser sur d’autres supports et que le fait de modéliser un

cheminement sur un site internet avec une hiérarchie des informations et des éléments de

circulation, avec des liens et des interdits, les obligeait à, sur le papier, restructurer

complètement différemment ».

c) La production multimédia au sein des IDD.

Ainsi, dans l’IDD intitulé « L’eau, des romains à nos jours », les élèves se devaient

d’aménager l’information qu’ils avaient recueillie lors de leurs recherches, sur le terrain et sur

internet, afin qu’elle puisse s’insérer dans le cadre particulier d’un CD-ROM.

Lors de notre entretien, le professeur responsable de la mise en œuvre de cette production

multimédia m’a expliqué qu’il était plus important pour les élèves de déterminer où les liens

devraient être placés, sur quels mots, que de faire le lien sur le logiciel de création de CD-

ROM.

Il s’engage donc dans ces cas-là une véritable réflexion pour l’élève sur le croisement des

savoirs, qu’il est lui même chargé de mettre en scène. On retrouve ce type de réflexion dans

trois des quatre IDD ayant mis en place une production multimédia puisque lorsque les

enseignants doivent évoquer ce qu’apportent les TICE à la dimension interdisciplinaire de

leur IDD, ils évoquent une transversalité des contenus virtuels et interactifs. Cette remarque

ne prévaut que pour les IDD qui produisent des réalisations multimédias, autrement dit qui

produisent des liens car elle n’est pas soulignée dans les IDD qui se contentent de se

confronter à ces liens, c’est-à-dire tous les autres IDD, puisque chacun est concerné par une

recherche d’informations sur internet ou sur CD-ROM.

A cela, j’ai une hypothèse. Dans le cas des IDD qui visent une production multimédia,

l’interdisciplinarité fait partie intégrante de la méthodologie du projet ; le caractère

hypermédia du document entraînant une nécessaire transversalité dans sa conception. Ici

donc, le projet est porteur de la démarche pédagogique interdisciplinaire.

45

Par contre, dans le cas d’autres projets, l’interdisciplinarité est plus implicite : les élèves sont

confrontés à internet mais le plus souvent ils ne l’exploitent pas de manière rigoureuse (à la

question 4, 5 des 11 enseignants rappellent la difficulté éprouvée par les élèves pour

comprendre et analyser correctement l’information disponible en ligne) et surtout les

enseignants ne justifient en rien la recherche sur internet par le caractère interdisciplinaire de

leur entreprise. Les élèves sont encadrés le plus souvent dans leurs travaux par un seul des

professeurs des disciplines concernées, les co-animations étant assez rares (pour des raisons

financières ; un chef d’établissement interrogé au téléphone m’a fait part de la difficulté à

rémunérer deux enseignants pour un même cours) et chacun des professeurs mettant

naturellement l’accent sur sa discipline.

d) La carte de concept.

La difficulté des élèves à pouvoir mener à bien une recherche d’informations sur internet est

invoquée, et ce, en termes d’efficacité. A cela plusieurs raisons : une première tient à la

difficulté des élèves à juger si telle ou telle information correspond à sa recherche, en termes

de pertinence mais aussi de validité. Le processus de recherche d’informations est en effet

complexe et comprend une compétence nécessaire qui relève de la capacité à traiter le feed-

back de l’action de recherche.

Une deuxième raison est à imputer à l’attrait qu’exerce internet sur les esprits : les enseignants

me faisaient part de la croyance fortement ancrée chez leurs élèves qu’internet est un outil

« magique » offrant la possibilité, au vu du nombre d’informations qu’il propose, d’apporter

une réponse à toute question. L’usage d’internet se fait donc souvent sans discernement. Il est

donc très probable que les élèves fassent parfois sur internet une recherche qui ne le justifie

pas. Pour une recherche efficace sur internet, il faut donc au préalable avoir jugé que l’usage

de cet outil répond à ses besoins. Cela rejoint ce que dit Pilippe Portelli à propos du statut des

divers supports d’informations : « il y a des profs qui savent très bien faire quand ils font de

la recherche documentaire : ils obligent leurs élèves à comparer leurs recherches sur

plusieurs supports à la fois […] on les oblige à se construire un savoir de maîtrise des

outils ».

Enfin, une troisième raison porte notamment sur la profusion de sources délivrées par les

moteurs de recherche. Pour remédier à ce problème, les élèves doivent mener une réflexion de

fond, en préalable à leur recherche, sur les mots clés structurant et délimitant leur sujet de

46

travail ainsi que sur les liens qu’entretiennent ces mots clés entre eux : l’usage des opérateurs

booléens n’en sera que plus facilité, la recherche plus précise.

Le réseau internet partage certaines de ses caractéristiques organisationnelles avec les réseaux

sémantiques.

C’est dans les années 1990 qu’est apparue véritablement l’importance du concept de réseau

sémantique dans une théorie de l’organisation des connaissances. Ces réseaux sémantiques,

qu’ils aient émergé en psychologie ou dans la recherche de pointe en I.A. se sont vite

complexifiés pour justement mieux rendre compte de la complexité grandissante de la réalité

qu’ils décrivaient. On est donc passé de schématisations linéaires à des schématisations

hiérarchiques pour arriver aujourd’hui à des schématisations relationnelles, forme de

représentation la plus fidèle des ensembles complexes de concepts.

C’est donc à partir des réseaux sémantiques, dont l’usage est très limité du fait même de leur

conception dans des domaines très spécialisés, qu’on a pu voir émerger les cartes de concepts,

aussi appelées cartes de connaissances. Ces dernières permettent d’avoir une vue globale des

connaissances dans une perspective systémique, en favorisant :

- le partage du monde qui nous entoure ou qui nous habite en domaines ou

champs

- la reconnaissance des idées et des termes exploités, selon leur degré de

spécificité

- l’arrangement spatial, par secteur, de ces éléments tout en tenant compte

des réseaux de relations qui lient les concepts, en allant des plus généraux

aux plus particuliers.

Certaines pratiques éducatives exploitent la construction des cartes de concepts afin de

modéliser un sujet de connaissance, établir des liens entre des savoirs tout en montrant que

ces liens existent naturellement dans nos conceptions du monde.

Quelle est la définition exacte d’une carte de concepts ? « La carte conceptuelle est une

représentation des idées par laquelle le communicateur parvient à mettre en relief la

complexité des relations qui caractérisent le monde à reconnaître. Cela correspond à la

47

représentation schématique des termes et des concepts permettant de visualiser les

connaissances dans une perspective systémique, c’est-à-dire en rapport avec l’organisation

des réseaux de relations qui forment la structure d’un domaine ou d’un champ de

connaissance devenu contenu aménagé ».1

Pour illustrer cette définition et l’ancrer dans le concret, je vais vous exposer un cas précis de

réalisation de carte de concepts relaté par [HAR, 2001].

En accord avec une démarche relevant du socioconstructivisme (le socioconstructivisme

prône une co-construction des compétences et des connaissances en contexte, autrement dit le

socioconstructivisme, qui s'ancre au constructivisme, met l'accent sur le rôle des interactions

sociales multiples dans la construction des savoirs. On parle de processus interpsychiques et

de processus intrapsychiques plutôt que de processus uniquement intrapsychiques. Des

auteurs, dont Brown et Campione (1995) soulignent alors l'aspect culturel des savoirs, c'est-à-

dire qu'ils sont le fruit des échanges et qu'ils sont partagés). On avait chargé des enseignants

de concevoir une carte conceptuelle du monde canin : ils devaient, par l’entremise d’échanges

entre eux et d’explorations sur internet, inventorier les concepts qui se rattachaient à un noyau

lexical, en l’occurrence « monde canin », et les répartir dans des zones spécifiques définissant

leurs généralités.

L’objectif de cette démarche était de confronter les connaissances des enseignants entre elles

et face à ce que l’on trouve sur internet. Il en ressort que ces mêmes connaissances s’en

trouvent enrichies mais surtout structurées, quand ce n’est pas restructurées ; ce dernier point

recoupant les propos de Philippe Portelli sur la vertu structurantes des TICE sur les élèves.

Cette structuration fait apparaître la nature complexe du monde qui nous entoure, en mettant

en évidence différentes sphères de connaissances et les liens qui les unissent. La figure 1 est le

fruit de l’activité des enseignants à qui l’on avait confié la tâche de faire la carte de concepts

autour du monde canin.

1 Cette définition est extraite d’une communication collective au 66e Congrès de l’ACFAS tenue en mai 1998 à l’Université Laval à Québec à laquelle ont participé Michel Cartier et Pierre-Léonard Harvey, tous deux professeurs à l’UQAM, Gilles Lemire et Margot Kaszap, tous deux professeurs à l’Université Laval. Cette définition est citée dans [CAR, 1998].

48

figure 1

Cette carte de concepts affiche distinctement les différents niveaux et secteurs qui structurent

l’information mais aussi les relations qu’entretiennent ces niveaux et ces secteurs entre eux :

c’est en soi une modélisation simplifiée de la complexité. De surcroît, ces cartes peuvent être

rendues interactives si l’on y introduit des liens hypermédias, que ce soit pour relier les

niveaux et les secteurs de la carte mais aussi pour proposer à l’utilisateur de la carte des

ressources documentaires liées à chacun des concepts qu’elle introduit. La carte devient ainsi

plus qu’une modélisation statique, elle est une simulation de la complexité, qui prend vie sous

les actions de l’utilisateur.

S’exprime ici une idée intéressante : au sein d’un cyberespace difficile à saisir, où le virtuel

relativise les distances et le temps pour des principes autres (tel que sémantique) le lien

hypermédia est une métaphore du lien entre les savoirs, comme le bureau fut introduit en son

temps comme une métaphore de l’espace de travail sur un ordinateur. Ces métaphores ont

l’objectif commun de rendre palpable l’impalpable.

49

Ces cartes de concepts ne sont pas une fin en soi, elles sont un moyen de s’approprier

l’information pour l’aménager à d’autres fins : elles représentent en quelque sorte une caution

pédagogique que réclament les enseignants dans mes questionnaires à propos de l’outil

informatique. La carte de concepts en est un aboutissement méthodologique et graphique mais

la réflexion sur le lien ou la hiérarchie de l’information peut prendre une tout autre forme.

e) L’interdisciplinarité est-elle à l’œuvre dans les IDD ?

Donc, dans la plupart des cas, l’organisation des IDD, tant dans leur animation que dans leurs

tâches, ressemble relativement à celle des cours disciplinaires, si ce n’est les thèmes

fédérateur sur lesquels les élèves travaillent. Il reviendrait donc aux enseignants d’expliciter

l’interdisciplinarité à l’œuvre dans les projets qu’ils animent.

Or, si l’on regarde quels sont les objectifs pédagogiques que mettent en avant les enseignants

pour leur IDD à la question 2, on ne trouve l’interdisciplinarité que pour 4 IDD étudiés, sous

l’expression « croiser les savoirs ». Les objectifs pédagogiques qui sont majoritairement mis

en avant retournent pour la plupart de la pédagogie de projet et de la recherche d’informations

(20 items sur 36) : travail en équipe, autonomie de l’élève, acquisition d’une méthode.

De plus, on pourra constater, à la question 5, la plus générale, celle qui se donnait pour but de

recueillir une réflexion de l’enseignant sur les TICE et l’interdisciplinarité qui ne s’étaye pas

forcément sur sa seule expérience, que les enseignants répondent pour la plupart à côté de la

question : seules deux réponses sur les trente données expriment l’idée de l’interdisciplinarité.

J’ai pu constater par ailleurs, lors de deux entretiens et une visite d’un IDD, que les

enseignants étaient très hésitant sur les réponses à donner à l’usage parallèle des TICE et de

l’interdisciplinarité. Ils m’ont donné l’impression qu’ils sont certes intéressés par une

pédagogie interdisciplinaire (il faut rappeler que les enseignants qui animent des IDD sont des

enseignants volontaires) mais qu’ils ont plus de retenue dans sa mise en œuvre.

Leur participation aux IDD ne démontre pas forcément leur attachement à l’idée de

l’interdisciplinarité, ce dernier point n’étant qu’une des composantes du dispositif concerné :

ils sont avant tout, pour moi et selon les dires des enseignants non rapportés dans l’enquête,

attirés par l’idée de projet, de réalisation, qui pour eux est une occasion de motiver l’élève

dans le processus d’apprentissage. Alors d’où vient cette réserve des enseignants vis-à-vis de

l’interdisciplinarité ?

50

Marie-Anne Hugon, Maître de conférence à l’Université Paris X - Nanterre, a identifié quatre

principaux obstacles à la méthode interdisciplinaire relevant de la responsabilité de

l’enseignant.

Le premier obstacle relève de l’identité disciplinaire de chaque enseignant. En effet, chacun

d’eux se construit une culture forte mais hermétique qui prend ses racines dans le cursus

universitaire réalisé avant la pratique de l’enseignement et se maintient par le biais des

associations professionnelles qui conservent cette organisation disciplinaire. De cet état de fait

découle le deuxième obstacle.

L’individualisme régnant dans les établissements scolaires du secondaire. Chaque enseignant

se voit contraint d’agir dans un relatif isolement ou plutôt une autonomie qui est à l’image de

la discipline qu’il enseigne : territoire délimité où se mettent en place des techniques

spécifiques, un langage et des théories propres, qui réunis, constituent un langage

disciplinaire. Et bien plus encore une sensibilité disciplinaire. Lors de l’entretien réalisé pour

l’IDD « L’eau, des romains à nos jours », l’enseignant interrogé m’a confié la réelle difficulté

qu’il y avait à amorcer un travail collaboratif avec d’autres enseignants d’autres disciplines,

au regard des affinités qui existent naturellement dans un établissement scolaire : on constate

ces affinités lorsque aux pauses les enseignants se réunissent en salle des professeurs. Les

relations qui s’y mettent en place sont généralement confinées au sein d’une même discipline,

ou bien à l’appartenance à un cercle plus large : disciplines scientifiques, disciplines

littéraires, langues étrangère, etc.

Ce problème d’ordre relationnel renvoie à ce que m’avait dit Philippe Portelli à ce propos, à

savoir qu’ « il va donc falloir convaincre que ce qu’on apporte avec sa propre discipline est

aussi important que ce que le voisin apporte, c’est donc très difficile pour l’enseignant qui

n’est pas habitué à être jugé par ses collègues ».

Troisième obstacle mis en évidence par Mme Hugon, c’est l’état d’instabilité vers lequel va

l’enseignant lorsqu’il pratique une démarche interdisciplinaire, une instabilité qui s’explique

d’une part par le nouveau mode de relation qu’il instaure avec ses collègues (j’en ai parlé plus

haut en faisant référence à M Portelli) mais aussi par la nouvelle gestion de la classe qu’elle

suppose. Touchant des domaines dont il n’a pas la charge, le professeur va s’exposer devant

ses élèves à révéler les limites de ses compétences et savoirs.

Le conseil national des programmes dit : « La plupart du temps, les enseignants eux-mêmes,

51

et c’est normal, ignorent assez largement les programmes qui ne relèvent pas de leur propre

discipline . La responsabilité de l’harmonisation est donc en grande partie renvoyée à l’élève

lui-même qui doit s’efforcer de donner du sens et de la cohérence à la juxtaposition des

savoirs… ».

Il est donc concevable de penser qu’un dispositif interdisciplinaire « oblige à prendre en

compte ce que l’élève a à apporter au système ; c’est l’élève lui-même qui participe à

l’amélioration du système de prise de connaissance si l’enseignant l’accepte » a aussi dit

Philippe Portelli. Il n’est pas à négliger en effet qu’outre des compétences informatiques

parfois plus étendues que leurs professeurs ou bien des domaines de connaissances et de

compétences mieux établis du fait de leurs activités personnelles, les élèves soient les plus à

même de donner l’exemple interdisciplinaire à leurs professeurs. Il serait donc légitime que

ces derniers s’inquiètent du devenir de leur identité au sein d’un tel dispositif, de la

sauvegarde de leur statut. Sur ce point, Philippe Portelli pense que « sur des travaux où

l’élève apporte énormément de choses, l’élève respecte beaucoup plus ce rapport émetteur

récepteur mais dans un cadre compris accepté et valorisant pour tout le monde y compris

pour l’enseignant. L’élève fait d’ailleurs la transformation du comportement, va vers quelque

chose de plus actif et il devient aussi demandeur d’informations et il ne va pas les demander

autrement qu’à l’enseignant ; ça veut donc dire que sur le fond il respecte ce travail et ce

savoir ». Il semble en effet que ça aille de soi : si l’élève connaît mieux le rôle de

l’enseignant, connaît son fonctionnement et est impliqué dans la problématique qui consiste à

émettre un savoir, alors il sera plus à même d’apprécier et de respecter le travail de

l’enseignant.

Enfin, quatrième et dernier obstacle, et non des moindres, les enseignants ne sont pas toujours

convaincus de l’efficacité d’une démarche ouvertement interdisciplinaire, en raison du flou

conceptuel et pédagogique qui l’entoure de leur point de vue, mais aussi en raison de la

méfiance qu’ils peuvent ressentir à l’encontre de ces nouvelles pédagogie prônées par des

réformes du ministère.

Mais revenons en au constat de départ, c’est-à-dire la sous-représentation de projets

informatiques ambitieux pouvant permettre de faire découvrir à l’élève la notion de lien. Si

l’on excepte les enseignants qui ont choisi d’autre voies pour mettre en scène le croisement

des savoirs, les autres professeurs peuvent-ils s’investir dans ce type de projet ? Il ressort des

52

interviews que j’ai pu réaliser et des témoignages qui circulent sur internet que les

compétences en informatique des enseignants sont le plus souvent sensiblement au même

niveau que celles de leurs élèves. C’est donc pour eux plus simple à mettre en œuvre un IDD

qui se base sur des tâches informatiques dites de base. J’ai d’ailleurs pu relever dans

l’interview des enseignants ayant mis en place l’IDD « L’eau, de Rome à nos jours » la

difficulté qu’il y avait au niveau des personnels à mettre en place ce type de projet :

l’implication en terme de temps et d’efforts ne trouve probablement écho que chez les

enseignants ayant une expérience avancée des TICE et qui en sont bien sûr motivés.

Je terminerai ce commentaire des résultats par deux points, l’un mineur du point de vue des

résultats de l’enquête, l’autre sensiblement significatif.

f) Une démarche interdisciplinaire socioconstructiviste.

J’ai parlé de l’intérêt du lien hypertexte pour l’interdisciplinarité mais ce n’est pas là la seule

qualité des TICE à servir la transversalité des savoirs. Il y a un aspect intéressant de

l’interdisciplinarité qui est évoqué dans un cas et qui relève en partie du socioconstructivisme

que j’ai évoqué plus haut.

Dans l’IDD intitulé « De l’art roman à l’art gothique », l’enseignant remarque combien il est

intéressant pour les élèves de publier leurs réalisations en ligne et remarque qu’il y a là la

possibilité d’aborder un sujet sous l’angle de plusieurs sensibilités. C’est une

interdisciplinarité dans le sens où plusieurs points de vue se rencontrent autour d’un même

thème et elle relève du socioconstructivisme dans la mesure ou les élèves apprennent de

l’échange des savoirs auxquels ils participent. C’est une problématique qui dépasse d’ailleurs

le cadre des IDD.

Gilles Lemire et Pierre-Léonard Harvey parlent ainsi des réseaux (internet ou réseaux locaux,

comme les réseaux entretenus dans les établissements scolaires) comme des espaces publiques

de communication où l’invasion d’actions entretient l’interaction sociale et concourt au

développement d’une sémiotique reliant les domaines et les champs du savoir et rendent

vivantes les connaissances.

Une des qualités majeures des TICE réside dans ces cas-là à la souplesse qu’elles autorisent

dans la production de documents mais aussi dans leur édition, quel qu’en soit le support. Cette

souplesse permet à la créativité de s’exprimer et donc aux divers points de vue de se faire

connaître. Hier si difficile à produire, un document est aujourd’hui très simple à mettre en

53

page, à modifier, à restructurer avec des fonctions comme le copier-coller et autres. Ce

document produit revêt tous les caractères d’une production professionnelle et avec ce

qu’offrent maintenant les solutions d’impression ou d’édition électronique aux particuliers,

ces documents sont propices à une large diffusion, donc à un impacte non négligeable : les

journaux des établissements scolaires en sont un bon exemple, et un site internet associatif

local possède un public potentiel aussi large que n’importe quel site web. Jean Clément,

professeur agrégé de lettres modernes à l’Université de Paris VIII, parle de révolution

éditoriale.

g) L’interdisciplinarité de la démarche professionnelle.

Je terminerai en évoquant la représentation avantageuse de la technologie dans les IDD

enquêtés (la technologie concerne 7 IDD sur 11) qui s’explique par l’adéquation de son

programme avec les objectifs visés par les IDD.

Comme je l’ai évoqué plus haut, la technologie se doit déjà de former les élèves aux

rudiments de l’informatique (internet, traitement de texte, tableur-grapheur) ; de plus, elle doit

mettre en œuvre la démarche de projet. Autant d’éléments qui la rendent très profitable pour

les IDD et pour l’interdisciplinarité, car on trouve de surcroît dans son programme un

paragraphe dédié aux liaisons avec les autres disciplines (français, sciences, mathématique,

éducation civique).

Il n’y a rien d’étonnant à ce que la technologie réunisse autant d’atouts pour

l’interdisciplinarité : si la technologie se défend d’avoir une vocation professionnelle, elle ne

peut nier qu’elle donne aux élèves un aperçu des méthodes du monde de l’entreprise. Or,

Philippe Portelli me faisait savoir que l’enseignement professionnel avait beaucoup d’avance

sur l’enseignement classique concernant ces nouvelles pédagogies qui se réclament de

l’interdisciplinarité. On n’y parle d’ailleurs pas d’interdisciplinarité tant ce processus est

naturel : les besoins des élèves créles conditions d’un apprentissage transversal (c’est

l’exemple d’un plombier qui doit dans son travail utiliser les mathématiques pour calculer des

longueurs de tuyauterie et le français pour pouvoir rédiger des lettres) et les programmes

scolaires sont remplacés par des référentiels qui mettent en avant des compétences et des

capacités, réunions de connaissances générales et professionnelles.

Ces méthodes, propres à l’enseignement professionnel, répondent à la tendance actuelle qui

attend des personnes qu’elles aient des compétences générales relevant de processus

54

intellectuels tout aussi généraux autrement dit que les gens soient dans la capacité

d’apprendre. Ici ce sont les processus qui prévalent sur les contenus (on peut reprendre à cet

effet la citation de Montaigne : « la tête bien faite plutôt que bien pleine »).

h) Les TICE, tremplin vers l’interdisciplinarité ?

Arrivé au terme de la discussion des résultats, je peux maintenant avancer une réponse à la

question posée par ce mémoire : est-ce que les TICE sont utilisées par les enseignants comme

tremplin vers l’interdisciplinarité ? La réponse est nuancée. Disons que la plupart des

enseignants relativisent à l’excès l’outil informatique pour ne s’en servir que comme outil de

recherche et de production de texte et ignorent sa portée pédagogique favorisant

l’interdisciplinarité. Peut être par ignorance, l’outil informatique étant vécu comme une mise

à l’épreuve dont l’issue est incertaine alors que les enseignants qui l’ont utilisé à des fins de

production véritablement multimédia et interactive disent avoir transmis à leurs élèves la

notion d’interdisciplinarité, leur avoir fait prendre conscience du croisement des champs de

connaissances.

Le tremplin interdisciplinaire que constituent les TICE n’est donc pas un mirage mais les

conditions qui contingentent son accès sont encore difficiles à atteindre par la plupart des

professeurs, la faute probablement à une absence de culture informatique, à l’absence d’une

vision conceptuelle de l’outil et des actions qu’il présuppose.

55

CONCLUSION.

Einstein contribua par ses travaux au développement de la physique quantique. Mais Einstein

refusait d’y voir là une théorie complète. Par le fait, c’était une question qui dépassait de loin

le cadre de la physique pour déborder sur la philosophie et une théorie renouvelée de la

connaissance. Les résultats quantiques se posaient en effet en opposition avec les postulats

fondamentaux de la physique classique, remettant en cause l’existence d’une réalité

indépendante de l’acte de mesure. La physique quantique inaugure une période où la science

en général va trouver sur son chemin des obstacles de plus en plus difficiles à surmonter, qui

tous sont une manifestation de la complexité régnante dans l’univers, la théorie des systèmes

constituant le haut du pavé.

Qu’est ce qui définit le mieux le monde ? Une question anodine à laquelle il est difficile de

répondre. Est-ce que d’un côté il y a le monde géographique, avec ses dizaines de nationalités

délimitées dans l’espace, d’un autre le monde physique, avec ses lois, etc. ? Non, il est aisé de

percevoir que le monde est plus que la somme de ces points de vue. La complexité pose un

mot sur cette impression. Et l’interdisciplinarité, ou la transdisciplinarité sur un autre plan, se

posent comme moyens d’accéder à cet état du monde, à le rendre sensible.

De nouvelles démarches pédagogiques naissent dans les établissement scolaires, s’inscrivant

toutes dans des dispositifs s’insérant à différents niveaux du système éducatif, dans le cadre

d’un mouvement de réforme engagé depuis maintenant quelques années visant à reconsidérer

la diversité actuelle des élèves. Ces démarches se réclament plus ou moins de

l’interdisciplinarité, donc de la transversalité des savoirs.

Implicitement implantée dans les écoles primaires pour des raisons pratiques,

l’interdisciplinarité nécessite dans le secondaire d’être accompagnée par un certain nombre de

mesures, d’être cadrée par des textes officiels, qui définissent ce que l’on attend exactement

des enseignants et des élèves. Et malgré ce suivi appliqué, l’interdisciplinarité rencontre

encore des problèmes dans son expression.

Les enseignants ne sont pas convaincus de ses bienfaits, elle remet en cause une routine

d’enseignement très fortement ancrée dans les cultures et est vue comme une menace sur le

territoire délimité de l’enseignement disciplinaire.

Malgré tous ces obstacles, certaines expériences se déroulent favorablement : les IDD en sont

un bon exemple. Pilotes il y deux ans, ils ont été reconduits avec succès jusqu’à cette année.

56

Avant tout perçus par les élèves et les enseignants comme une tentative d’instaurer une

démarche de projet réaliste dans le cadre scolaire, les IDD visent à redonner un sens aux

programmes, qui du fait de leur découpage disciplinaire sont assez éloignés de la réalité, trop

académiques.

En cela, les IDD se font l’écho d’un certain nombre de personnalités scientifiques, qui

réclament une approche plus réaliste non seulement de leur propre discipline mais aussi de

l’éducation.

Alors ce renouveau, souhaité, voulu, est-il possible ?

Au regard de mon enquête mais aussi des nombreuses sources de documentation consultées

en ligne, je répondrais que oui. Mais cela doit se faire dans le respect des sensibilités de

chacun, car un renouveau n’est réellement possible que s'il est compris et accepté par tous les

acteurs de la société.

Les meilleures réalisations sont le fruit d’une réelle volonté et motivation de faire avancer une

problématique sur le terrain de l’expérimentation.

Les TICE peuvent constituer en ce domaine une aide précieuse.

A mon sens, la réconciliation disciplinaire qu’appellent certains savants de leur voix n’est rien

d’autre qu’une réunion de points de vue différents. Ces points de vue, s’ils existent au niveau

des sciences, ils sont aussi constitutifs de la diversité humaine : chacun éclaire la réalité selon

un éclairage particulier, tributaire de sa sensibilité, de son système idéologique et de ses

connaissances.

En proposant des outils facilitant une très grande liberté d’expression, les TICE constituent le

ciment jointif de ces altérités co-habitant au sein d’un groupe, d’une société, d’un monde.

Ainsi en va-t-il des espaces de collaboration en ligne qui facilitent la synthèse des divers

apports d’un groupe, des logiciels de messagerie électronique qui favorisent une

communication aisée malgré les distances physiques (et culturelles dans une certaine mesure :

c’est là le point positif d’une mondialisation qui banalise l’outil informatique et ses usages

quel que soit la pays concerné, les clivages économique étant les seuls réels obstacles à une

universalité de fait).

La contribution des TICE se situe aussi sur un autre tableau : à travers le concept d’hypertexte

qu’elles proposent dans certains de leurs produits, elles se font le relais de la transversalité des

savoirs chers aux courants trans et interdisciplinaires et permettent ainsi de le rendre

intelligible et accessible à l’usager lambda.

57

Mais tous ces apports restent faible en termes de perspective interdisciplinaire en l’absence

d’une pédagogie active en ce sens. Si les nouvelles technologies mettent en scène

l’interdisciplinarité, elles doivent elles-mêmes être mises en scène par un tiers,

intentionalisées si vous me permettez ce néologisme.

Mon analyse s’est portée exclusivement sur les avis des enseignants ; il serait tout aussi

important de convoquer les opinions des élèves. Lorsque j’évoque l’absence manifeste

d’intentions interdisciplinaires dans l’animation de certains IDD, il se peut très bien que la

perception des élèves n’en soit nullement affectée, et qu’au contraire elle se développe de

manière transversale. Seule une étude pourrait confirmer ou infirmer une telle hypothèse.

58

BIBLIOGRAPHIE

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61

ANNEXES.

Annexe 1 : Questionnaire pour enseignant chargé d’IDD.

Madame, Monsieur, Le questionnaire ci-joint s’inscrit dans une recherche visant à définir la relation qui s’est établie entre les nouvelles technologies et les itinéraires de découverte. Cette recherche s’accomplit dans le cadre du mémoire de fin d’année du DESS Ingénierie des Médias pour l’Education. Je fais appel à vous en raison de l’expérience que vous avez de ces Itinéraires De Découverte et vous invite donc à répondre à ce questionnaire pour me faire part de votre analyse à ce sujet. La réponse à ce questionnaire ne doit pas prendre plus de vingt minutes et comme vous allez le constater, les quatre premières questions se rapportent exclusivement à l’Itinéraire De Découverte que vous avez pu mettre en place. Dans le cas où vous auriez participé à plusieurs de ces itinéraires, vous pouvez remplir un questionnaire pour chacune de ces expériences. 1) Pouvez-vous me décrire le dispositif de l’IDD que vous avez mis ou que vous allez mettre en place en explicitant son organisation temporelle, les disciplines concernées, la nature des tâches confiées aux élèves ainsi que les modalités d’utilisation des TICE ? 2) Quels sont les objectifs pédagogiques que vous poursuivez au sein de votre IDD ? 3) Quel rôle assignez-vous aux TICE dans votre IDD ? 4) Selon vous, dans cet IDD, en quoi l’usage des TICE favorise-t-il l’interdisciplinarité ? 5) De manière générale, selon vous, quels sont les apports et les limites des TICE aux pratiques pédagogiques interdisciplinaires dans le cadre des IDD ? Je vous remercie de votre participation.

62

Annexe 2 : Tableau des réponses à l’enquête.

IDD 1 IDD 2 IDD 3

Titre de l'IDD L'homme et l'espace

Les sports nordiques et les rencontres européennes

Causes et conséquences de la révolution industrielle

Disciplines concernées

EPS, sciences physiques, technologie

EPS, langues, technologie

physique-chimie, histoire-géographie, CDI

recherche d'informations

recherche d'informations

recherche d'informations

synthèse de la recherche

d'informations

synthèse de la recherche

d'informations

synthèse de la recherche

d'informations

présentation de la synthèse de la

recherche d'informations

présentation de la synthèse de la

recherche d'informations

question 1

Tâches confiées

aux élèves

mise en forme multimédia

mise en forme multimédia

63

IDD 4 IDD 5 IDD 6

Titre de l'IDD

De l'art roman à l'art gothique Histoire de la presse

Les grandes découvertes

Disciplines concernées

histoire-géographie, arts plastiques, éducation

musicale français, histoire, CDI

technologie et sciences physiques

recherche d'informations

recherche d'informations

recherche d'informations

mise en forme sur un support de présentation mise en forme pour un

support de présentation

mise en forme sur traitement de texte

question 1

Tâches confiées

aux élèves

travailler sur des interviews

64

IDD 7 IDD 8 IDD 9

Titre de l'IDD

Conception et fabrication assistée par

ordinateur

Conception et fabrication d'un tangram

L'eau, des romains à nos jours

Disciplines concernées

technologie, français, CDI

technologie, mathématiques

technologie, SVT, latin, sciences physiques

recherche d'informations

recherche d'informations

recherche d'informations

exercices de géométrie sur ordinateur

mise en forme multimédia

mise en forme pour un support de présentation

informatique

mise en forme sur traitement de texte

utilisation de la CFAO utilisation de la CFAO utilisation de la PAO

conception et production d'un jeu (règle, packaging, personnalisation)

réalisation d'une

enquête avec questionnaire

question 1

Tâches confiées

aux élèves

dépouillement du

questionnaire sur Word

65

IDD 10 IDD 11

Titre de l'IDD Enquête et sondage L'astronomie

Disciplines concernées

technologie et mathématiques

sciences physique et français

recherche

d'informations

mise en forme pour un support de présentation

type panneau

mise en forme sur traitement de texte

mise en forme sur traitement de texte

réalisation d'une enquête avec questionnaire

question 1

Tâches confiées

aux élèves

dépouillement du questionnaire sur

tableur

66

IDD 1 IDD 2 IDD 3

acquisition de connaissances

découverte d'un thème / d'une notion / d'une

technologie

découverte d'un thème / d'une notion / d'une

technologie

découverte d'un thème / d'une notion / d'une

technologie

donner au travail une dimension européenne

donner au travail une dimension européenne

sensibiliser les élèves à une démarche de projet (autonomie, travail de

groupe)

sensibiliser les élèves à une démarche de projet (autonomie, travail de

groupe)

sensibiliser à la problématique de la

recherche d'informations

question 2

croiser les savoirs

outil de recherche d'informations

outil de recherche d'informations

mise en forme des recherches

PrésentationAO PrésentationAO outil de communication

prise de photos

question 3

outil de production

multimédia outil de production

multimédia

utilisation commune de l'informatique par

plusieurs disciplines : mise en évidence d'un

fond commun d'outils et de démarches

utilisation commune de l'informatique par

plusieurs disciplines : mise en évidence d'un

fond commun d'outils et de démarches

c'est un outil comme un autre, qui doit être accompagné d'une

démarche pédagogique

question 4

les contenus en ligne ont une architecture

transversale

67

IDD 4 IDD 5 IDD 6

sensibiliser les élèves à une démarche de projet (autonomie, travail de

groupe)

sensibiliser les élèves à une démarche de projet (autonomie, travail de

groupe)

sensibiliser à la problématique de la

recherche d'informations

sensibiliser à la problématique de la

recherche d'informations

sensibiliser à la problématique de la

recherche d'informations

croiser les savoirs

question 2

faire acquérir une méthode / une

démarche

faire acquérir une méthode / une

démarche

outil de recherche d'informations

outil de recherche d'informations

outil de production multimédia

outil de validation du B2i

outil de motivation outil de production

bureautique outil de production

bureautique

question 3

se mettre au service du

projet

c'est un outil comme un autre, qui doit être accompagné d'une

démarche pédagogique

c'est un outil comme un autre, qui doit être accompagné d'une

démarche pédagogique question 4 les contenus en ligne ont une architecture

transversale

les contenus en ligne ont une architecture

transversale

68

IDD 7 IDD 8 IDD 9

découverte d'un thème / d'une notion / d'une

technologie

sensibiliser les élèves à une démarche de projet (autonomie, travail de

groupe)

sensibiliser les élèves à une démarche de projet (autonomie, travail de

groupe)

sensibiliser à la problématique de la

recherche d'informations

sensibiliser à la problématique de la

recherche d'informations

croiser les savoirs

favoriser les échanges

entre élèves et professeurs

faire acquérir une

méthode / une démarche

question 2

ouverture sur l'extérieur

outil de recherche d'informations

outil de recherche d'informations

mise en forme des recherches

prise de photo

outil de production multimédia

outil de production bureautique

CFAO

question 3

meilleure exploitation des TICE pour des

activités plus concrètes

utilisation commune de l'informatique par

plusieurs disciplines : mise en évidence d'un

fond commun d'outils et de démarches

les contenus en ligne ont une architecture

transversale

question 4

la diversité des outils utilisés permettent

d'aborder des thèmes complémentaires

69

IDD 10 IDD 11

découverte d'un thème / d'une notion / d'une

technologie

croiser les savoirs question 2 mettre en application

des savoirs disciplinaires

mettre en application des savoirs

disciplinaires

outil de recherche

d'informations question 3 outil de production bureautique

outil de production bureautique

question 4 c'est un outil comme un

autre, qui doit être accompagné d'une

démarche pédagogique

c'est un outil comme un autre, qui doit être accompagné d'une

démarche pédagogique

70

IDD 1 IDD 2 IDD 3 IDD 4

la recherche sur internet est souvent inefficace faute d'une analyse et d'une compréhension

suffisante de l'information

la recherche sur internet est souvent inefficace faute d'une analyse et d'une compréhension

suffisante de l'information

apport : excellent outil

pour apporter quelque chose, l'outil doit être accompagner d'une

démarche pédagogique

pour apporter quelque chose, l'outil doit être accompagner d'une

démarche pédagogique

la souplesse et la réactivité de l'outil

permettent d'éclairer un thème de manière

transversale en apportant un éclairage

de chacun et de sa sensibilité

il faut pouvoir dépasser le stade "traitement de

texte"

question 5

outil de création et d'expression de la

créativité

71

IDD 5 IDD 6 IDD 7 IDD 8

la recherche sur internet est souvent inefficace faute d'une analyse et d'une compréhension

suffisante de l'information

pour apporter quelque chose, l'outil doit être accompagner d'une

démarche pédagogique

ces outils sont les garants d'une

production convenable et rapide

apport : outils nouveaux

soutien à la

présentation du professeur

mise en contexte

mise à disposition de

ressources

aide à l'élaboration de

synthèse

aide à la mise en place

de l'évaluation

aide à la communication

externe

activité plus motivante

pour l'élève

question 5

limite : le temps nécessaire aux élèves pour s'approprier les

logiciels

72

IDD 9 IDD 10 IDD 11

la recherche sur internet est souvent inefficace faute d'une analyse et d'une compréhension

suffisante de l'information

la recherche sur internet est souvent inefficace faute d'une analyse et d'une compréhension

suffisante de l'information

outil de création et d'expression de la

créativité

ces outils sont les garants d'une

production convenable et rapide

activité plus motivante pour l'élève

les élèves en difficulté n'ont pas profité du

potentiel des TICE en raison du temps imparti

limite : le temps nécessaire aux élèves pour s'approprier les

logiciels

apport : familiarisez les élèves avec le monde

contemporain où il utiliserons

probablement les TICE

apport : rend vivant la recherche

question 5

utilisation commune de

l'informatique par plusieurs disciplines