les technologies de l’information dans le secteur non-marchand · 2016-06-23 · secteur...

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Workshop organisé dans le cadre du programme d’activités EMERIT (Expériences de Médiation et d’Évaluation dans la Recherche et l’Innovation Technologique), confié à la FTU par la Région wallonne (DGTRE). Les technologies de l’information dans le secteur non-marchand Diffusion, usages et promotion des services innovants Compte-rendu du workshop organisé à Louvain-la-Neuve le 12 mars 2002 Compte-rendu réalisé par Catherine Moreville pour la FTU FONDATION TRAVAIL-UNIVERSITE Centre de recherche Travail & Technologies Rue de l’Arsenal, 5 B-5000 Namur http://www.ftu-namur.org

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Workshop organisé dans le cadre du programme d’activités EMERIT (Expériences de Médiation et d’Évaluation dans la Recherche et l’Innovation Technologique), confié à la FTU par la Région wallonne (DGTRE).

Les technologies de l’information dans le secteur non-marchand Diffusion, usages et promotion des services innovants

Compte-rendu du workshop organisé à Louvain-la-Neuve le 12 mars 2002

Compte-rendu réalisé par Catherine Moreville pour la FTU

FONDATION TRAVAIL-UNIVERSITE Centre de recherche Travail & Technologies Rue de l’Arsenal, 5 B-5000 Namur http://www.ftu-namur.org

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Workshop EMERIT : les TIC dans le secteur non-marchand

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Workshop EMERIT

Les technologies de l’information dans le secteur non-marchand

L’objectif du workshop était de faire le point sur les opportunités que représentent les usages des technologies de l’information et de la communication (TIC) pour le secteur non-marchand, les difficultés que rencontrent les associations non-marchandes dans l’adoption et le développement de ces technologies, ainsi que les moyens de les surmonter. Une attention particulière a été accordée aux dispositifs de soutien à des usages innovants des TIC dans le mon-marchand, mis en place tantôt par les pouvoirs publics, tantôt à l’initiative de structures de conseil émanant du secteur non-marchand lui-même.

Le terme secteur non-marchand désigne ici en premier lieu le non-marchand associatif, mais la perspective du workshop couvre également les préoccupations des acteurs de l’économie sociale et de certains acteurs du secteur public, notamment dans l’aide sociale ou l’action socioculturelle.

Le public visé par le workshop comprenait notamment les « porteurs de projets » dans le secteur non-marchand, les acteurs de la formation continuée, les responsables des politiques publiques de soutien à l’innovation, ainsi que les organismes de conseil et de service, de type public (Agence wallonne des télécommunications), associatif (plates-formes de coordination de l’économie sociale) ou privé (consultants, développeurs de logiciels et de réseaux).

Le workshop a été organisé dans le cadre du programme d’activités EMERIT (Expériences de Médiation et d’Évaluation dans la Recherche et l’Innovation Technologique), confié à la FTU par la Région wallonne (DGTRE).

Le workshop s’est déroulé à Louvain-La-Neuve, le 12 mars 2002 ; il a réuni 60 participants.

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Workshop EMERIT : les TIC dans le secteur non-marchand

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Programme

9h00 Introduction Les enjeux de la modernisation technologique dans le non-marchand Gérard Valenduc, Centre de recherche Travail & Technologies, FTU

9h45 Diffusion et usages : entre opportunités et contraintes

La diffusion et les usages des TIC dans le secteur socioculturel en Wallonie Cécile Paul, Centre socialiste d’éducation permanente, CESEP

Les usages des TIC et d’Internet dans les organisations de jeunesse francophones Philippe Allard, ALTHO sprl, coordinateur de la Fête de l’Internet

Res-e-net, les TIC au service de la mise en réseau des acteurs de l’économie sociale Pierre Verbeeren, Agence Alter

10h45 Discussion

11h15 Promouvoir les usages innovants des TIC dans le secteur non-marchand

L’approche de l’Agence wallonne des télécommunications en faveur du secteur non-marchand François Bodart, Agence wallonne des télécommunications, AWT

Le volet non-marchand du programme fédéral de soutien au développement de la société de l’information Claudine Belleflamme, Services fédéraux des affaires scientifiques, techniques et culturelles, SSTC

L’offre de formation et de conseil à destination du secteur non-marchand : l’expérience de Technofutur 3 Pierre Lelong, Technofutur 3

Discussion

12h30 Conclusions Patricia Vendramin, Centre de recherche Travail & Technologies, FTU

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Introduction Les enjeux de la modernisation technologique dans le non-marchand

Gérard Valenduc, directeur de recherche au Centre de recherche Travail & Technologies de la Fondation Travail-Université (FTU)

Gérard Valenduc a introduit la matinée en pointant les principaux enjeux de la modernisation technologique du non-marchand :

Améliorer la qualité de relation de service

La question est de savoir comment les organisations du non-marchand peuvent développer des services d’une qualité comparable sinon meilleure à celle des services marchands par rapport aux attentes actuelles en matière de consommation de services : accessibilité à distance, personnalisation des prestations, rapidité des démarches administratives, disponibilité des interlocuteurs. Toutefois, si les services non-marchands sont contraints à être aussi bons que les autres, ils ont aussi des différences à mettre en valeur : ils s’adressent à tous, non pas à une sélection de clients privilégiés ; ce sont des services relationnels, où le contact personnel est souvent important, même s’il est soutenu ou enrichi par la technologie, il faut améliorer cette personnalisation des services.

Maîtriser la technologie

Le potentiel des technologies de l’information et de la communication (TIC) pour les services non-marchands est important, mais encore trop peu exploité. Il serait erroné de croire que seuls les services marchands sont « high-tech » et que le non-marchand et l’économie sociale ne se modernisent pas. Certaines branches du non-marchand font déjà un usage intensif des TIC : les bibliothèques et médiathèques, les télévisions locales, les services de conseil, les mutuelles et les syndicats qui sont informatisés de longue date et se mettent à l’heure d’Internet, certains services d’aide en ligne qui utilisent des centres d’appel, pour ne citer que les exemples les plus visibles. L’important est ici d’éviter la dualisation entre les « in-tech » et les « out-tech ».

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Accroître la visibilité et doper la communication

Il faut utiliser tout le potentiel des nouveaux outils d’information et de communication et assurer une meilleure visibilité, une communication plus ciblée.

Rendre la gestion la plus efficiente possible

Les TIC servent également à rendre la gestion plus efficiente, dans la mesure où les institutions non-marchandes sont contraintes de faire toujours mieux avec (hélas) toujours moins de moyens.

Les TIC peuvent alléger les tâches de support administratif au profit du métier, c’est-à-dire dégager du temps pour les aspects relationnels et qualitatifs (diminuer par exemple, les tâches administratives pour passer plus de temps dans les soins à domicile mais ceci est également valable pour le secteur socioculturel)

Concevoir des services innovants

Dans le secteur marchand, innover signifie souvent concevoir des services différents selon les segments de clientèle, développer le marketing direct, privilégier les bons clients, rendre captifs les clients ordinaires et exclure ceux qui ne présentent plus d’intérêt. Le non-marchand, par contre, doit :

Innover pour tous, différencier sans exclure. Maintenir la diversité des modes d’accès aux services sous peine de produire

de l’exclusion. Se positionner dans la « concurrence non-marchande ». Il existe en effet une

concurrence non-marchande qu’on retrouve par exemple entre mutuelles, organismes de jeunesse, etc.

Tisser des nouvelles solidarités

Combattre les exclusions, favoriser l’inclusion sociale…

Peut-être les organisations non-marchandes peuvent-elles se fonder sur de nouvelles formes de lien social basées sur les TIC ?

Le soutien à l’innovation dans les usages des TIC

« L’objectif de cette matinée n’est pas seulement de parler des TIC, conclura Gérard Valenduc mais également de parler d’innovation et de soutien à l’innovation dans les TIC dans le non-marchand. Le défi est difficile à relever, il

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mérite que les politiques publiques d’appui à l’innovation y accordent une attention plus soutenue. Ce soutien peut se faire sous diverses formes : via des partenariats ou des plates-formes de coopération entre organisations non-marchandes. »

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Diffusion et usages : entre opportunités et contraintes

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La diffusion et les usages des TIC dans le secteur socioculturel en Wallonie

Cécile Paul, Centre socialiste d’éducation permanente, CESEP.

Cécile Paul a réalisé entre septembre 2000 et août 2001 une étude sur les technologies de l’information et de la communication dans le secteur socioculturel pour le CESEP. Pour ce faire, trois mille employeurs ont été contactés, tous n’emploient que des salariés (donc pas de bénévoles), 735 questionnaires ont été rentrés et 30 interviews qualitatives réalisées. Le secteur socioculturel comprend un certain nombre de sous-secteurs tels que les centres culturels, les organisations d’éducation permanente ou d’action sociale, les médiathèques, les bibliothèques, les organisations de jeunes, les associations humanitaires, les clubs sportifs, les arts du spectacle, les télévisions communautaires, etc. Les seules associations dont il n’a pas été tenu compte dans cette vaste constellation sont les entreprises de formation par le travail (EFT) et les organismes d’insertion socioprofessionnelle (OISP).

Historique

Des premières banques de données informatiques à l’action socioculturelle en ligne

La première vague d’informatisation dans les grandes associations s’est déroulée de manière sporadique de 1980 à 1990 grâce à l’arrivée des ordinateurs personnels (les fameux Commodore 64…) et grâce notamment aux subsides de la Communauté française. Les serveurs étaient alors conçus pour gérer de grosses banques de données. Ensuite, vers le milieu des années 90, les asbl se sont davantage structurées au niveau informatique. C’est l’expansion d’Internet qui donnera un véritable coup de fouet aux usages des TIC. La mise en réseau dans les asbl ne date que de quelques années et s’est faite dans la perspective du fameux bug de 2000. Certaines ont rencontré à l’occasion de cette informatisation des problèmes de compatibilité entre les systèmes de comptabilité informatisée.

De nombreuses associations disposent aujourd’hui d’un site Internet qui constitue pour elles un canal d’information privilégié. Toutefois, la diffusion des TIC est encore très inégale, non seulement d’un type d’association à l’autre, mais également entre les associations d’une même catégorie.

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État des lieux

À la question « Actuellement, votre organisation dispose de » : voici les réponses obtenues :

Réseau interne : 67,8% Mail partagé : 38,6% Mail individuel : 41,4% Internet partagé : 45,7% Internet individuel : 37,7% Téléconférence : 31,0% Déviation téléphonique : 42,9% Visioconférence : 1,8%

Quant à la question « Dans le cadre de leur activité professionnelle, vos collaborateurs utilisent… » :

Réseau interne Internet Mail Visioconfér.

Jamais 23,8% 18,5% 22,7% 81,1%

Quelques fois/semaine

16,2% 38,6% 25,7% 0,7%

Plusieurs fois/jour

47,1% 30,8% 11,7% 18,0%

Sans réponse 12,9% 12,1% 11,7% 18,0%

Total 100% 100% 100% 100%

Apports spécifiques

Les apports des TIC sont évidemment différents d’une organisation à l’autre puisque l’objet social est lui-même différent. Il est clair que l’apport est directement quantifiable pour les associations qui organisent des événements extérieurs, par exemple les centres culturels. Les TIC permettent d’ajuster « l’information en temps réel ». C’est particulièrement stratégique pour des organisateurs de spectacles qui doivent mettre en adéquation des salles et le public. L’apport en termes d’image extérieure est également souvent relevé : on ne peut plus se permettre à l’heure actuelle de ne pas figurer sur le Net

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(exemple évident avec les Halles de Schaerbeek), disposer d’un site Internet est perçu comme aussi important que le « vieux » dépliant de présentation de l’association. Les TIC provoquent aussi une extension illimitée du public cible et donc une meilleure visibilité pour l’organisation. Les TIC permettent également aux organisations d’être moins dépendantes des fournisseurs extérieurs lorsqu’elles ont le loisir de pouvoir former quelqu’un en interne, chargé du graphisme, de la mise à jour du site, etc. Les TIC elles-mêmes permettent de dispenser de la formation par le biais, notamment, de forums de discussion sur Internet. Le personnel dispose ainsi de nouvelles possibilités de formation.

Enfin, les TIC ouvrent plus largement les horizons et permettent d’avoir des discussions avec d’autres réseaux, également au niveau international. La rapidité d’intervention est mise en exergue : on peut par exemple réunir de façon plus rapide des groupes de pression, nourrir des pétitions. Cela est particulièrement utile pour les associations de défense des droits de l’homme.

En termes d’activités, on peut résumer de la façon suivante :

Mise en réseau et centralisation de données bibliographiques, musicales, vidéo.

Multiplication, spécialisation et individualisation du service rendu au public. Promotion et diffusion culturelle, à l’échelon national et international. Mobilisation rapide de membres individuels, de réseaux ou de groupes de

pression. Une meilleure qualité des bulletins d’information, catalogues, affiches, etc. Gestion de projets à dimension européenne ou internationale.

Les TIC deviennent ainsi un véritable support à la réalisation de l’objet social (exemple : les outils d’éducation permanente mis sur le net) et vont jusqu’à être une activité à part entière dans certaines asbl.

Principales implications

En termes :

- d’organisation et d’infrastructures

Les changements organisationnels internes sont quant à eux plus lents à mettre en œuvre. On constate que des réseaux même proches, comme les bibliothèques ont du mal à centraliser certaines tâches identiques. Il suffit de constater que chaque bibliothèque, chaque matin, paie quelqu’un pour dépouiller la presse et ce, partout en Communauté française. Une tâche qui pourrait être partagée via les

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TIC. L’incompatibilité de réseaux est aussi une observation qui revient souvent : d’association à association, il est très difficile de se mettre en réseaux.

- de formation

La formation est un préalable indispensable à l’introduction des TIC. Il faut souvent commencer par le b.a.ba mais aussi apprendre à travailler ensemble avec les TIC et continuer à se former. Beaucoup d’asbl, faute de formation, sont bloquées au niveau de l’expertise informatique et sont entièrement dépendantes d’organismes extérieurs. Il est aussi apparu au cours de l’enquête un manque de formation flagrante à la négociation d’achat de matériel informatique, de réseaux, etc. Les travailleurs des associations socioculturelles se sont généralement formés sur le tas de manière réactive plutôt qu’anticipée. Cela ne suffit pas. Il faut, en particulier, une formation « spécialisée et continuée ». Le défi de la formation et de la mise à jour continuelle des compétences en informatique ne concerne d’ailleurs pas seulement les utilisateurs, mais aussi les décideurs et les concepteurs.

- de gestion des ressources humaines

Les TIC ont entraîné un changement de fonction notamment dans les tâches de secrétariat et plus généralement des fonctions traditionnelles. Des changements qu’il convient de bien maîtriser et d’anticiper. Dans les médiathèques de la Communauté française, par exemple, de plus en plus de gens réservent leurs CD via le net, les employés de la médiathèque voient donc leur fonction évoluer, ils sont actuellement préparés à ce changement. Le coût humain des TIC n’est pas non plus négligeable, une fois qu’un responsable informatique a acquis quelque peu d’expérience et de compétence, il est vite happé par le marché privé où les salaires sont plus attractifs, il faut alors recommencer à zéro ou … hausser les salaires. Les TIC, si elles permettent une meilleure communication, entraînent parfois aussi des pertes d’information, certaines asbl ont ainsi dû revoir leur communication interne.

- de financement

Malgré une baisse relative du coût de l’investissement initial en ordinateurs et en périphériques, le matériel informatique, l’entretien, la mise à jour des sites entraînent des coûts pas toujours pris en charge par les subsides, ce qui parfois provoque certains retards quant à l’acquisition de nouveau matériel dans les organisations. L’amortissement doit être effectué sur de courtes durées (3 ou 4 ans), à cause de l’obsolescence rapide des équipements. De plus, les coûts indirects (consommables, assurances, réparations, formation) sont souvent sous-

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estimés. Tout comme les entreprises, les associations ont besoin d’aide à l’investissement. Celles qui ont le mieux réussi leur informatisation ont pour la plupart bénéficié de subventions publiques pour le faire. Cette question du financement ne doit donc pas être minimisée.

- de coopération

Une autre difficulté provient des obstacles historiques à la coopération entre associations appartenant à des « piliers » politiques distincts, alors que des moyens pourraient être mis en commun, notamment des centrales d’achat, des services de conseil et des portails Web. L’économie sociale semble plus avancée dans ce type de coopération que le secteur socioculturel.

- de réflexion

Enfin, certaines branches du non-marchand n’ont aucun lieu de réflexion sur le rôle des TIC dans leur stratégie et restent contraintes au bricolage permanent, alors que d’autres sont plus familières de cette réflexion.

Questionnements actuels

TIC et public cible

L’introduction des TIC dans les organisations a permis dans certains cas de doubler le public cible initial. Une situation qu’il faut pouvoir gérer sans oublier le public touché auparavant et qui n’a toujours pas accès aux TIC.

Travail en réseau et équipement individuel

Chaque travailleur commence à réclamer sa propre adresse électronique, son accès Internet, son équipement informatique.

TIC et évolution des pratiques professionnelles

Si les TIC ont été imposées au travailleur dans l’organisation sans lui expliquer le bénéfice qu’il pouvait en tirer, cela peut faire échouer un projet, voire une organisation. Il est nécessaire que l’utilité des TIC soit reconnue par les travailleurs. Appréhender les TIC, c’est aussi apprendre à décloisonner le travail, à se mettre en réseau.

Conclusions et perspectives

Les conditions favorisant l’accès des organisations du secteur socioculturel aux technologies de l’information et de la communication sont :

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La double démocratisation. Le financement suffisant ; il faut maintenant négocier des financements à 3,

à 4 ans qui tiennent compte de l’amortissement du matériel employé. À ce niveau, un assouplissement des décisions au niveau de l’octroi des subsides par la Communauté française serait le bienvenu.

L’accès à la formation initiale et continuée.

Plus d’infos : CESEP : [email protected]; ou : [email protected]

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Les usages des TIC et d’Internet dans les organisations de jeunesse francophones

Philippe Allard, ALTHO sprl, coordinateur belge de la fête de l’Internet.

« L’enquête que j’ai effectuée en août 2001 a somme toute été « accidentelle », explique Philippe Allard, elle s’est faite suite aux moyens financiers de « Créasite », bourse donnée à des organisations de jeunesse pour la création de sites. » Objectif de cette enquête ? « Faire le point sur l’utilisation de l’Internet dans les organisations de jeunesse afin de mieux cerner les réalités, les besoins (en matière d’équipement, de formation, …), les demandes et examiner quelles réponses y apporter, que ce soit par les pouvoirs publics ou le secteur associatif. Car, ajoute Philippe Allard, on constate souvent que les ateliers informatiques ou les cyber-espaces sont créés comme cela, sans au préalable avoir une certaine réflexion sur les besoins réels, sur ce qu’on veut faire»

L’enquête se rapproche de celle menée en France par l’Association Formation-Action-Communication (FAC) à la demande de l’unité JESSI (Jeunes et société de l’information) de l’INJEP (Institut national jeunesse éducation populaire). Une enquête qui, en France, a été effectuée auprès des associations qui ont l’agrément « jeunesse et éducation populaire ». Certaines questions sont quasi identiques, elles permettent donc des comparaisons qui doivent cependant être nuancées dans la mesure où le champ investigué en France est plus large (jeunesse et éducation populaire) qu’en Communauté française.

Le questionnaire a été transmis à l’ensemble des organisations de jeunesse (OJ) reconnues en Communauté française. 34 organisations de jeunesse soit 41,5% de l’ensemble des OJ reconnues ont répondu au questionnaire. Il s’agit de 27 services (79,4% des réponses), 4 coordinations (11,8%), 2 mouvements (5,9%).

Les outils de communication

En Belgique francophone, on se rend compte que les organisations de jeunesse utilisent, pour plus de la moitié d’entre-elles (au moins) un ordinateur de bureau (100%), un téléphone fixe (97,1%), l’Internet (97,1%), le fax (94,1%), un lecteur de cédérom (79,4%) et le GSM (70,6%). L’appareil photo chimique devance l’appareil photo numérique. Les associations qui ont mentionné utiliser une autre technologie de communication ont cité les outils suivants : scanner, lecteur zip, Webcam, lecteur vidéo.

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Internet et votre association

L’affiche semble être le mode de communication le plus souvent utilisé dans les organisations devant la revue qui, elle-même devance le bulletin d’information interne ou la photo. Le questionnaire belge a évoqué d’autres supports de communication que ceux évoqués en France (cartes postales, autocollants) qui, de fait, sont utilisés par les organisations de jeunesse. Par contre le questionnaire a omis le support « livres » pourtant susceptible d’être utilisé par les OJ. Parmi les autre moyens évoqués figurent les sites internet (mais ceux-ci font l’objet d’autres questions), un forum, des billets d’information et la presse.

L’accès à Internet

97,1% des associations ayant répondu au questionnaire disposent d’un accès à Internet en leurs locaux. Une seule (sur 34) n’en dispose pas ; le coût est la justification.

L’opinion face à Internet

Les opinions générales sur Internet (émanant, il est vrai d’utilisateurs de l’Internet) sont très positives avec, en tête, les opinions « outil indispensable » (79,4%), « gain de temps » (73,5%) et « facteur d’efficacité ». On peut estimer que l’Internet est d’abord vu comme un outil au service de l’association plutôt que comme un « enjeu de société » (35,3% soit, un peu plus d’un tiers des opinions).

L’utilisation et l’utilité de l’Internet

La majorité des OJ utilisent les fonctionnalités sans doute les plus évidentes de l’Internet avec le courrier électronique (100%), les moteurs de recherche (qui devancent le surf avec 91,2%), la navigation sur le Web (88,2%) et le téléchargement (76,5%). Par contre, sont moins prisées les listes de diffusion (29,4%) ou les forums de discussion ce qui pourrait être lié à l’absence de listes ou de forums axés sur les préoccupations des OJ. Les médias tels que TV ou radio sur le Net sont peu prisés mais il est vrai que l’on se réfère ici à un usage professionnel de l’Internet ; il n’est donc pas étonnant que les chats, la musique et les jeux soient peu utilisés. Par contre, le téléphone sur le web et la visioconférence ont une véritable vocation professionnelle mais leur absence doit résulter d’un faible usage en général de ces outils, des difficultés techniques qui y sont liées et du coût.

La recherche d’informations prime sur la fonctionnalité « communication » de l’Internet qu’il s’agisse de la communication externe, internationale ou à

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l’intérieur de l’équipe (autre utilité évoquée : la communication avec les bénévoles). C’est aussi un outil qui amène des changements dans la gestion du travail puisque son utilité est évoquée pour la coordination, le travail en commun (dans plus d’un tiers des cas) et le télétravail (travail à distance). L’Internet est plus utilisé pour favoriser la vente (environ 1 cas sur 7) que pour les achats (environ 1 cas sur 11).

Pour les OJ belges francophones, la décision d’utiliser Internet relève quasi à égalité du Conseil d’Administration (CA), de la direction et/ou d’un petit groupe de salariés. Les bénévoles ou un « individu » ont eu moins d’influence. En France, la décision vient davantage du sommet (le CA puis la direction).

Quelques chiffres quant à l’accès à Internet…

Près d’un tiers (32,4%) des OJ ne disposent que d’un seul ordinateur relié à Internet. Plus de la moitié des OJ (56%) disposent au plus de 3 ordinateurs avec accès à l’Internet. Plus de 7 OJ sur 10 (70,7%) disposent au plus de 4 ordinateurs connectés. Les OJ qui ont répondu au questionnaire totalisent 127 postes connectés soit une moyenne de 3,7 postes. La valeur la plus cotée est 8 puisqu’une OJ sur 5 (20,6%) dispose d’autant de postes informatiques. Quasi la moitié des OJ (49,9%) disposent de 3 à 6 postes informatiques. Ensemble les 34 OJ disposent de 193 postes soit 5,7 postes en moyenne. Plus des trois quarts de ces postes (76,4%) sont organisés en réseau (LAN). Tenant compte de la moyenne des postes connectés et de celles des postes informatiques eux-mêmes, on peut considérer que deux postes informatiques sur 3 bénéficient d’un accès à Internet dans chacune des OJ.

Accès au public en %

Non : 55,9 Oui mais dans le cadre de certains projets : 29,4 Oui mais à certaines heures : 14,7 Oui mais moyennant une contribution financière : 2,9 Non réponse : 2,9

Type de connexion en %

Par ligne téléphonique classique : 50 RNIS (ISDN) : 23,5 ADSL : 20,6 Câble (télédistribution) : 2,9 Non réponse : 2,9

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Selon l’orateur, des résultats plutôt surprenants puisque se retrouve plébiscitée la ligne téléphonique classique qui s’avère plus coûteuse (compte tenu d’une utilisation professionnelle) que les abonnements ADSL (système pourtant de plus en plus répandu dans le pays).

Formation, informatique et Internet

À la question « Votre personnel a-t-il reçu une formation à l’utilisation de l’informatique (matériel ou logiciel) ? », les résultats sont équilibrés puisque dans 47,1% des OJ une partie du personnel a reçu une telle formation tandis qu’on trouve autant d’OJ où le personnel a été formé que d’OJ où il ne l’a pas été (26,5%).

Thèmes des formations en %

La recherche d’infos sur le web : 81,8 Le courrier électronique : 72,7 La création de sites web : 54,5 L’animation d’ateliers Internet : 27,3 Le référencement de sites web : 18,2 La maîtrise d’un éditeur html : 18,2

Aucune formation ne serait organisée par ces OJ dans les domaines comme : les bases de données sur le Web, la technologie Flash, les aspects éthiques de l’Internet.

Parmi les formations les plus suivies par le personnel figurent la création de sites Web (82,6%), le courrier électronique (47,8%), la maîtrise d’un éditeur html (39,1%), la recherche d’informations sur le web (28,6%), le référencement de sites Web (26,1%).

Les sites web des OJ

58,8% des OJ possèdent aujourd’hui leur propre site web et 17,6% sont occupés à construire leur site, 23,5% n’en ont pas. À court terme, plus des trois quarts des OJ (76,4%) auront leur propre site web.

Réalisation du site en %

Par le personnel de l’association : 68 Par un prestataire associatif extérieur : 28 Par un bénévole de l’association : 24 Par un prestataire commercial extérieur : 8

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Le total des réponses dépasse 100% puisqu’un site peut être réalisé, par exemple, par le personnel et un bénévole de l’association.

Gestion du site en %

Par le personnel de l’association : 66,7 Par le bénévole de l’association : 18,2 Par le prestataire associatif extérieur : 9 Par le prestataire commercial extérieur : 3 Par un autre gestionnaire : 3

Le contenu des sites reste classique avec la présentation de l’association et ses coordonnées électroniques. La « transparence » de l’association est assurée, pour près d’un tiers d’entre elles, par la mise en ligne des informations de type réglementaire. Le site se veut « actualisé » puisque, dans 6 cas sur 10, des actualités sont affichées. Les bases de données sont moins fréquentes (1 cas sur 5) mais il est vrai qu’elles peuvent être plus difficiles à gérer. L’utilisation de l’audio et de la vidéo est quasi nulle même si certaines associations disposent d’un matériel de type magnétophone ou caméscope mais d’une part, l’utilisation des séquences audio ou vidéo peut paraître accessoire et, d’autre part, elle exige l’acquisition et la maîtrise des logiciels de montage ainsi que des plus grandes capacités informatiques. Les sites web sont habituellement rédigés en français. Cependant, dans 1 cas sur 5, ils sont traduits en néerlandais et en anglais. Un site est également traduit en allemand.

L’hébergement du site web

Plus de la moitié des sites (55%) sont logés chez un hébergeur commercial, les hébergeurs gratuits sont utilisés à concurrence de 25%. Dans un seul cas, le site serait localisé chez un hébergeur public (en réalité, une institution universitaire) et aucun site n’est abrité par un hébergeur associatif.

Mise à jour du site web en %

Une fois par jour : 0 Plusieurs fois par semaine : 9,5 Une fois par semaine : 14,3 Environ une fois par mois : 42,9 Une fois par trimestre : 19 Une fois par an : 9,5 Pas de mise à jour : 4,8

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Le contenu du site web en %

La présentation de l’association : 73,5 Une adresse électronique ou un formulaire de demande d’information : 73,5 Un agenda des activités : 61,8 Une rubrique « liens » : 50 Une rubrique actualités : 38,2 Des informations de type réglementaire : 32,4

Le courrier électronique

Plus de 6 OJ sur 10 (61,3%) ne disposent que d’une ou deux adresses e-mail effectives. 87,2% des OJ ne disposent pas de plus de 5 adresses de ce type. Il faudrait en fait mettre en regard le nombre d’adresses e-mail et le nombre de membres du personnel ou le nombre de services/départements dans l’OJ.

La lettre d’information électronique

Plus de deux tiers des OJ (67,6%) n’éditent pas de lettre d’information électronique mais 20,6% des OJ ont en projet une telle lettre. Ils rejoindraient ainsi les 8,8% d’OJ qui informent par ce biais.

Le commerce en ligne

70,6% des OJ ne procèdent pas à des achats en ligne de biens ou de services via l’Internet. 17,6% achètent rarement par cette voie et 8,8% occasionnellement. L’énorme majorité des associations (85,3%) ne met pas en vente en ligne des biens et/ou des services.

L’Internet et ses problèmes

On s’étonnera sans doute que, dans un secteur comme celui des OJ, le problème des virus informatiques soit plus souvent cité (64,7%) que celui des coûts (55,9%). On remarquera également que des problèmes gênants souvent cités (les difficultés pour se connecter, l’instabilité de la connexion) peuvent être réglés en recourant à l’ADSL ou au câble.

Les e-relations avec l’administration

Il apparaît que les OJ sont encore assez timides dans l’utilisation du mail dans leurs relations avec l’administration. 11,8% ne l’utilisent jamais et 29,4% rarement ; près d’1 OJ sur 3 (32,4%) y recourt occasionnellement et 17,6% assez souvent. Quant à estimer si les associations doivent remplir en ligne des

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formulaires de demande de subvention, 64, 7% des OJ ont répondu positivement tandis que les « non » étaient à égalité avec les « je ne sais pas » (14,7%). Par contre, 88,2% des OJ estiment que l’association doit toujours pouvoir introduire un formulaire papier ; une seule OJ estime que l’usage de l’Internet doit être exclusif. Elles ont visité les sites web du ministère de la Communauté française (79,4%), du Service de la Jeunesse (76,5%), de l’inspection de la Culture (26,5%).

En conclusion, Philippe Allard, a souligné la nécessité d’élargir cette enquête aux centres de jeunes et aux autres secteurs et la nécessité de suivre les évolutions en matière de TIC et a terminé sur une note plus optimiste : « On peut déjà constater une certaine évolution au sein de la direction générale de la Communauté française qui est plus à l’écoute des besoins en TIC des associations. »

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Res-e-Net, les TIC au service de la mise en réseau des acteurs de l’économie sociale

Pierre Verbeeren, directeur de l’agence ALTER et membre du réseau Res-e-net

Res-e-Net (asbl) regroupe 15 acteurs de l’économie sociale (incluant organisations de jeunesse et secteur socioculturel), le réseau s’est fixé trois objectifs :

Primo, soutenir le développement de l’économie sociale et solidaire, c’est-à-dire encourager les entreprises à se montrer plus actives sur le terrain des TIC et inciter les acteurs de la société civile à en tirer le meilleur profit.

Secundo, proposer des réponses à la fracture numérique par les acteurs de l’économie sociale et solidaire.

Tertio, promouvoir le mouvement des logiciels libres, également appelés « Open sources », qui se posent comme une alternative au monopole de Microsoft.

Selon l’orateur, l’économie sociale est une structure de production : on supprime le clivage marchand/non-marchand en présentant 4 caractéristiques communes :

1) L’autonomie de gestion. « Les TIC constituent des outils pour faciliter la décision du management, mais en gros, on rencontre les mêmes problèmes que dans le privé. »

2) Démocratie : tendre vers des relations démocratiques dans l’entreprise et opter pour la transparence de gestion et d’objectifs. « Savoir et pouvoir partagé. Les outils d’échange et de vote des TIC peuvent être utilisés par l’économie sociale. Le marché potentiel est de 400.000 emplois. »

Finalité de service. « Dans l’économie sociale, on est dans le relationnel, l’usager est co-producteur. L’économie sociale et solidaire utilise les TIC dans l’animation, dans la formation, dans le B to B (non-marchand vers non-marchand). Dans l’animation, l’économie sociale se situe entre public-cible et prestataire de services. »

Société de personnes : « Le capital n’est pas l’assiette de base de l’économie sociale. On est dans un type de travail relationnel où les TIC sont reléguées au second plan. On est toutefois amené à devoir s’adapter parce que les usagers utilisent les TIC, par exemple : en 1999, 40% de nos abonnés à Alter Echos étaient connectés, en 2001 ; ils sont plus de 80%.»

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Les opportunités des TIC pour l’économie sociale :

Les relations que l’économie sociale entretient à l’interne comme à l’externe sont preneuses des TIC, les usagers aussi, les organisations d’économie sociale sont donc amenées à s’y adapter.

De nombreuses associations mettent à disposition de l’information, communiquent via le site.

Beaucoup de transactions, qu’elles soient financières ou pas passent par les TIC par contre l’e-commerce est très peu développé dans l’économie sociale. De nombreuses personnes à mobilité réduite sont connectées à Internet, or, dans les structures d’économie sociale qui proposent de porter les courses à domicile, très peu disposent d’un site…

Nécessité de croiser des données, de coordonner des tâches, des fonctions, un processus qui peut être pris en charge en partie par les TIC mais sur le terrain peu de coordination effective.

Les obstacles aux TIC dans l’économie sociale sont très nombreux et souvent cachés, Pierre Verbeeren en pointe six :

Investissement matériel et immatériel (dans les personnes par exemple) : les possibilités de subventions sont très différentes et il est difficile de rendre explicite l’investissement immatériel dans les TIC.

La transition technologique que représente l’opportunité des TIC devrait être mise à profit pour revoir les façons de fonctionner dans l’économie sociale, on peut parler « d’opportunité structurante ».

Le secteur non-marchand est peu collaboratif, par exemple les centrales d’achat sont peu utilisées.

Il n’existe pas à proprement parler de lieux de réflexion sur les publics-cibles visés par l’immense production d’information des TIC.

Coûts indirects : on connaît les coûts directs du matériel mais on ne connaît pas les coûts cachés (mobilisation de la personne qui s’y connaît, coût de maintenance des sites qui deviennent vite obsolètes, etc.)

Les valeurs véhiculées à travers les TIC sont trop peu discutées.

Enfin, en guise de conclusion, Pierre Verbeeren mettra en garde contre la confusion possible entre militance et économie sociale. « Les collectifs abordent la question de la création et la maintenance de sites plus en termes de loisirs. Dans l’économie sociale, il faut professionnaliser, personnaliser les services, la militance, c’est l’hétérogénéité. On parlera de production pour l’économie sociale et d’animation pour les collectifs. »

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Débat avec la salle

Pierre Dandoy, travailleur social à la commune de St Josse

« Cela fait une dizaine d’années qu’on parle des TIC, or cela existait bien avant mais on en parlait moins. Les technologies de l’information, pour moi, c’est aussi de la communication verbale et cela existe depuis la nuit des temps. On parle aussi de la difficulté d’accès aux TIC pour les femmes, or, les femmes sont les premiers véhicules de l’information puisqu’elles transmettent le langage. Enfin, je voudrais qu’on s’entende, qu’on définisse ce qu’on entend par les technologies de l’information. »

Claudine Belleflamme, services fédéraux des affaires scientifiques techniques et culturelles (SSTC)

« Les TIC, ce n’est pas une manière de hiérarchiser et tant mieux !. Les TIC sont un outil et cela s’arrête là. Idéologiquement, je pense qu’elles ont pris trop de place, or l’enjeu, c’est l’efficience et l’accessibilité. On est visible maintenant parce qu’on a un site et pas par le contenu qu’on y met, c’est dommage.»

Pierre Lelong, Technofutur 3

« Les TIC ont une dimension universelle, elles fonctionnent quand elles sont intégrées dans une démarche globale. Les TIC amènent à un saut qualitatif, une nouvelle frontière s’ouvre. Quant aux services de proximité qu’on évoquait tout à l’heure, j’y vois une utilité pour les TIC comme par exemple la mise à disposition en ligne d’un catalogue de services pour les personnes. »

Cécile Paul, CESEP

« Le fait d’assurer le socle minimal de fonctionnement point de vue financier est plus important pour une association que les TIC. Les TIC sont effectivement importantes mais ne doivent pas devenir un dilemme. Dans les entreprises de formation par le travail (EFT) par exemple, ils vous disent « avant qu’on introduise les TIC dans notre méthode de travail, il faudra qu’on en ressente le besoin. Ils font pourtant de la formation aux TIC mais ne l’intègrent pas dans leur boulot au quotidien. »

Philippe Allard, ALTHO

« Moi, je veux bien qu’Internet soit un outil mais ce n’est pas qu’un outil : il modifie les rapports, la hiérarchie dans une organisation, il modifie notre façon de travailler. Avant, par exemple, on produisait un texte définitif, maintenant on

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met un texte en test qui peut être amélioré. On a à présent des sites accès clients et plus seulement des dépliants. »

Pierre Verbeeren, Alter

« Les catalogues destinés aux usagers peuvent passer par l’outil informatique. Cela sert aussi au développement communautaire point de vue santé. »

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Promouvoir les usages innovants des TIC dans le secteur non-marchand

Le workshop Emerit a souhaité mettre à jour l’information sur diverses initiatives de soutien à la diffusion des TIC dans le non-marchand.

Du côté de l’Agence wallonne des télécommunications, l’offre se limite pour le moment à des bases de données et des fiches d’information, mais des enquêtes et des mesures plus ciblées sont en préparation. Au niveau fédéral, les SSTC mettent en œuvre un important programme de soutien en faveur des administrations et des associations, mais celles-ci éprouvent des difficultés à répondre aux exigences du programme. C’est du côté de la formation et de l’accompagnement de projets que les initiatives des organismes publics semblent avoir les échos les plus positifs, comme l’atteste l’expérience de technofutur 3 à Charleroi qui a clôturé la matinée.

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L’approche de l’Agence wallonne des télécommunications en faveur du secteur non-marchand

François Bodart, directeur de l’Agence wallonne des télécommunications

D’emblée, François Bodart tient à prévenir son auditoire, si l’Agence wallonne des télécomunications, l’AWT pour faire plus court, se charge bien de la promotion des TIC en Wallonie, elle ne s’est encore que très peu occupée du secteur non-marchand mais compte bien y venir dans les mois qui viennent.

Mais qu’est-ce que l’AWT ?

Un établissement public créé par décret du Parlement wallon en février 1999 avec pour objectifs de promouvoir l’accès aux TIC et inciter à leur usage généralisé en région wallonne.

Ses missions sont les suivantes :

Mission de référence

C’est-à-dire prodiguer conseil et assistance auprès du Gouvernement wallon et des acteurs publics de la Région wallonne et assurer le suivi des projets régionaux liés aux télécommunications.

Mission de vigie

C’est-à-dire suivre l’évolution des TIC et les répercussions possibles en Wallonie du point de vue des aspects techniques, juridiques et sociaux. « Mais la mission de vigie de l’AWT ne s’arrête pas là, ajoute François Bodart, nous avons également créé une base de données de l’offre en TIC, disponible sur le site : http://vigie.awt.be/ Elle regroupe l’ensemble des entreprises wallonnes productrices de produits et services TIC afin d’objectiver l’offre et de fournir un support pour la demande. Actuellement, 402 entreprises sont répertoriées et 142 sont en attente de publication. Prochainement, il sera possible de consulter la base de données non plus seulement sur base de solutions mais également sur base du problème à résoudre. Il sera aussi permis d’exposer un problème et de solliciter l’offre de solution, en fait une mise en relation offre-demande.

C’est ainsi que l’AWT a créé une base de données « demandes et usages » disponible à l’adresse suivante : www.awt.be/cgi/dem/dem.asp Une enquête a été réalisée sur l’usage des TIC en Région wallonne par les citoyens/les ménages,

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les entreprises et par les communes wallonnes. Les statistiques pour décembre 2001 sont disponibles sur le site, celles pour janvier 2002 sont encore en cours de dépouillement.

Une autre enquête effectuée par l’AWT sur la nature des téléservices dans les communes wallonnes en 2001 a permis de faire les observations suivantes :

Carte de visite uniquement : 17,56% Carte de visite + infos interactives et pas de catalogue : 1,91% Carte de visite + catalogue uniquement : 4,58% Carte de visite + catalogues + infos interactives : 17,18% Commande en ligne d’un service : 9,16% Commande + livraison : 9,92% Commande + paiement : 0,00%

« Un citoyen n’interagit avec sa commune en moyenne que deux fois par an, constate François Bodart. Il serait utile que tous les acteurs communaux puissent figurer sur le site. Nous avons relevé de nombreuses tendances, à partir des constats posés, nous allons proposer des solutions pour améliorer les sites communaux. »

Une autre enquête, toujours en cours, concerne l’usage des TIC par les prestataires de soins en Région wallonne : usages actuels, perspectives, freins. Parmi les prestataires sont comptés : les médecins généralistes, les médecins spécialistes, les dentistes, les kinésithérapeuthes, les logopèdes et les infirmières. « Une des opportunités proposées par les TIC dans ce secteur, est par exemple, la possibilité pour un médecin généraliste de consulter le dossier médical de son patient s’il a été hospitalisé ou a subi des examens médicaux mais nous en sommes encore très loin, regrette François Bodart, il existe d’énormes problèmes de compatibilité entre réseaux, serveurs et le matériel utilisé. » Les résultats de cette enquête devraient être accessibles en mai 2002.

Enfin, dernière enquête en cours : l’usage des TIC par les établissements hospitaliers avec également l’étude des usages actuels, les perspectives, les freins. Résultats escomptés pour le second semestre 2002.

« Une enquête sur l’usage des TIC dans le monde associatif est également envisageable, explique le directeur de l’AWT, mais elle sera difficile à mettre en place vu la complexité et la diversité du monde associatif. Pour 2003 sans doute. »

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Mission de promotion

Cette mission est principalement assurée par le portail TIC de l’AWT : www.awt.be « Il est possible d’y consulter des fiches techniques, juridiques, méthodologiques, des focus, des dossiers. Le contenu est vulgarisé et opérationnel pour un large public. Nous sommes par ailleurs occupés à développer un guide de l’e-business à l’usage des PME, un guide qui pourra être transposable pour l’e-gouvernement et les organismes associatifs. Si vous regardez les PME wallonnes, il y a des petites PME dont le comportement n’est pas différent par rapport aux TIC que celui des communes de 15.000 habitants ou d’une association qui a un millier de membres. Beaucoup de PME ne maîtrisent pas la sécurité de leurs données, un problème qu’on rencontre aussi pour les communes. Si par exemple, un virus s’installe dans Windows qui va tout réinstaller ? Il faudrait créer un service adapté à ce genre de besoins…».

Le portail www.awt.be

Le portail de l’AWT est un portail de service public spécialisé en technologies de l’information et de la communication. Ses objectifs ? Devenir un lieu de convergence et de diffusion des TIC en Région wallonne et développer la société de l’information et de la connaissance par divers moyens :

une offre de produits, services et contenus « banalisés » ; en provenance des différents secteurs de la vie économique, sociale et

culturelle ; relatifs aux événements de vie quotidienne des citoyens (éducation, loisirs,

achats, mobilité, soins de santé, travail, activités administratives, vie domestique, sécurité, …).

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Le volet non-marchand du programme fédéral de soutien au développement de la société de l’information

Claudine Belleflamme, Services fédéraux des affaires scientifiques, techniques et culturelles, SSTC.

Dans le cadre des initiatives fédérales de soutien à l’innovation, les SSTC ont mis récemment en place un programme pluriannuel de soutien au développement de la société de l’information qui couvre la période 2001-2008. « En gros, il s’agit d’une approche de recherche d’illustration par des applications de terrain du potentiel des TIC », explique Claudine Belleflamme.

Les orientations du programme sont les suivantes :

démarche d’innovation centrée sur l’utilisateur (nous ne soutenons pas l’offre ou les TIC elles-mêmes) ;

4 champs sectoriels : le secteur public fédéral, les établissements scientifiques fédéraux, le secteur non-marchand (dans une acceptation très large) et les utilisateurs du réseau Belnet. Le programme est très ouvert quant à ces 4 champs, du moment que l’organisation candidate appartienne à l’un d’entre-eux ;

pour un usage maîtrisé des technologies (ni trop, ni trop peu. La technologie peut être utile mais pour un segment limité, elle peut être reportée ou peu prioritaire) ;

via des projets applicatifs ciblés : tests-beds (prendre une idée générale des TIC et l’appliquer sur un terrain ciblé, cela permet à des secteurs qui ont développé un projet-pilote de pouvoir aller frapper par la suite à d’autres guichets, les SSTC ne finançant que la phase pilote) ;

chaîne complète d’implémentation : back-office, cadre réglementaire, gérabilité à long terme des systèmes (par exemple, qu’est-ce que cela va coûter en termes matériels et immatériels ?) ;

maîtrise des contenus.

Spectre technologique

Numérisation, traitement, échange et diffusion d ’information : spectre très large.

Technologies matures ou en voie de maturation

Ceci avec une exigence d’interopérabilité et de standards ouverts (projets du domaine publics, on ne se trouve clairement pas dans les

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créneaux « propriétaires ») et un multilinguisme (problème des thésaurus, de la traduction automatique, etc).

Prescription du programme pour le non-marchand

« L’intérêt principal du programme, c’est l’approche large du processus innovatif, explique Claudine Belleflamme : de la conception fonctionnelle, y compris non technologique, aux conditions à terme de gérabilité. Il y a également les aspects « partenariat », le travail en réseau ou la liste en commun de ressources, la maîtrise des supports et, j’insiste sur le « et », des contenus. L’approche doit être :

expérimentale : « il s’agit de projets applicatifs concrets, des bancs d’essai permettant de tester les conditions – contraintes et opportunités – d’usage des outils techniques disponibles. » ;

ciblée : « sur des champs sectoriels particuliers : administration fédérale, établissements scientifiques fédéraux, secteur non-marchand, communauté utilisatrice du réseau Belnet. » ;

bottom-up (du bas vers le haut) : « c’est–à-dire axée sur les besoins et les capacités d’initiative des organismes utilisateurs. » ;

non prioritairement technologique : « l’innovation est principalement recherchée au niveau de l’intégration fonctionnelle de technologies mature ou en voie de maturation dans les modes d’organisation. »

Organisation des projets :

partenariat : organismes ; + utilisateurs + prestataires techniques + support scientifique ; projet en deux phases de 2 ans ; « pôle d’expertise » associé/intégré aux projets applicatifs.

Mise en œuvre du programme

« Deux trains de projets sont prévus via deux appels à propositions, l’évaluation est faite par des experts internationaux. Le 1er train de projets est actuellement en cours : il comprend 10 projets, l’appel à propositions pour le second train aura lieu en septembre 2002. Le programme dispose d’un budget pluriannuel (2001-2008) de 15,24 millions d’euros affectés au financement des projets et répartis en deux trains de projets dotés respectivement de 6,94 millions d’euros et de 8,3 millions d’euros.

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Parmi les projets sélectionnés dans le 1er train, on peut citer les thématiques suivantes : bibliothèque virtuelle ; gestion électronique de documents ; archivage digital d’images ; support multimédia pour l’enseignement universitaire ; réseau de programmes radiophonique numérisés ; support réseau aux soins de santé ; plate-forme collaborative pour l’économie sociale ; e-government.

Le non-marchand associatif dans le programme

« Beaucoup de propositions ont été déposées pour relativement peu de projets sélectionnés, regrette Claudine Belleflamme. Les projets ont tous été sélectionnés sur base de l’évaluation des experts étrangers. Nous avons constaté dans ce premier train, des difficultés spécifiques aux acteurs du non-marchand pour l’élaboration de projets adaptés aux pré-requis du programme. Ils ont des difficultés à se vendre…»

Parmi les commentaires fréquents des évaluateurs :

Une justification trop appuyée de la pertinence socio-politique des projets. Des aspects techniques trop fermés et à l’inverse des aspects

méthodologiques (comment et avec quels moyens) trop ouverts ou trop vagues. L’aspect refuge de la méthode dite « itérative ». Le cadrage insuffisant du « test-bed ».

« Un double écueil a été pointé, d’abord les projets présentés avaient un caractère trop technique ou étaient limités à un développement et/ou à la mise en place d’une infrastructure. Les contraintes organisationnelles étaient peu prises en compte. Ensuite, les projets étaient trop globaux donc souvent coûteux, les aspects « test-beds » étaient non-cadrés et la méthodologie trop peu rigoureuse. Il faut arriver à trouver une voie médiane dans la présentation des projets… Enfin, les instructions elles-mêmes de notre programme comportaient certaines lourdeurs et imprécisions : canevas de présentation des projets, modes de financement, critères d’évaluation, etc. Des adaptations sont prévues à ce niveau pour le second appel à propositions de septembre 2002. »

Infos : SSTC, rue de la Science, 8 à 1000 Bruxelles, tél. : 02 338 34 11, site : http://www.belspo.be

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L’offre de formation et de conseil à destination du secteur non-marchand : l’expérience de technofutur 3

Pierre Lelong, Technofutur 3

« Technofutur 3 est un centre de compétence dédié à la formation et à la diffusion technologique dans le domaine des TIC, explique Pierre Lelong. Il a été créé en 1998 sous forme d’asbl par le ministère de l’Emploi et de la Formation de la Région wallonne, avec le soutien du Fonds social européen (objectifs 1 et 3). Parmi ses partenaires : le Forem, Agoria, l’UCL et l’ULB.

Ses activités se concentrent sur trois pôles :

la formation des travailleurs et demandeurs d’emploi (120 d’entre eux chaque année sont requalifiés en matière de TIC) ;

la téléformation ; l’information, la sensibilisation et l’accompagnement.

Il vise 4 types de public :

les entreprises (TPE et PME) le non-marchand : culture, éducation permanente, économie sociale l’enseignement secondaire et supérieur les demandeurs d’emploi avec un projet spécifique

« Au départ, nous étions d’abord centrés sur les PME mais par la suite, nous nous sommes également ouverts au non-marchand, complète Pierre Lelong. Nous offrons 5 niveaux de services : l’animation, la sensibilisation, les salons, l’événementiel, les centres de documentation, les séminaires et ateliers (nous l’avons fait jusqu’à présent seulement pour le secteur marchand mais bientôt également pour le non-marchand), le conseil, le diagnostic, l’expertise et l’action de mise en réseau. 5.000 personnes passent chaque année par Technofutur 3 et 50 entreprises peuvent être aidées.

Notre expérience vis-à-vis du non-marchand touche l’enseignement, les jeunes, les demandeurs d’emploi, les aînés, les maisons de jeunes (Creatic), les animateurs des espaces numériques, le Projet intégré de Charleroi, la citoyenneté, les espaces publics numériques. »

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Enseignement

« 20% des participants aux formations technologiques sont des enseignants. La Région wallonne a conclu un accord avec la Communauté française, elle devrait donner des moyens pour que les enseignants puissent venir se former à Technofutur 3. Nous effectuons des animations scolaires, de l’accompagnement. Les demandes sont multiples et nombreuses : un tiers des enseignants ne travaillent pas encore avec l’outil informatique. Les besoins se font sentir à différents niveaux : sensibilisation, initiation, usages avancés, usages pédagogiques, On constate une fatigue des pionniers, ce qu’on appelle « l’e-fatigue » : les personnes qui ont porté les premiers projets s’épuisent, les TIC mettent du temps avant d’arriver dans les écoles, il n’existe pas toujours un soutien de la part de la direction. Malgré les cyber-classes, il existe encore des problèmes d’infrastructures dans certaines écoles. »

Jeunes, demandeurs d’emplois, aînés

« L’opportunité était là dès le départ mais les salles restaient vides, nous avons donc mis en place des projets pour les jeunes et les aînés avec des formations de 3 à 5 jours. Pour les demandeurs d’emploi, c’est plus récent. La ministre Arena est en train de développer un programme ambitieux de sensibilisation de 120.000 demandeurs d’emploi aux TIC, il devrait être mis sur pied dans les prochains mois. En attendant, des initiations de deux journées ont été lancées : PC, Web mail, recherche. Notre objectif est de vaincre les a priori et de susciter la curiosité, nous utilisons pour ce faire une pédagogie basée sur les usages. »

Crea-site

« Crea-site est une bourse destinée à financer les sites des maisons de jeunes. Nous avons organisé de la sous-traitance pour Philippe Allard et une journée de workshop. Nous avons constaté peu d’intérêt de la part de ces jeunes, ils ont une moyenne d’âge assez basse et ont assez étonnement peu de maîtrise des TIC. Ils n’intègrent pas les enjeux et les opportunités des TIC. Lorsque les jeunes travaillent en groupe, cela devient difficile à gérer, il y a une différence de perception par rapport aux adultes. Il n’y a pas de vision, ni de moyens pour les TIC adaptés aux jeunes au niveau communautaire. »

Projets jeunes Charleroi

« Nous avons renouvelé le parc des machines, nous travaillons avec le département Jeunesse de la Ville. Nous avons créé le premier centre informatique jeunes à Charleroi : le Centre Ener’J, qui dispose de 60 PC. Nous

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nous sommes centrés sur la création d’espaces multimédias publics par essaimage (en s’inspirant de l’expertise du Nord-pas-de-Calais à ce sujet). Nous nous efforçons de travailler sous forme de projets intégrés : stratégie, infrastructure, cadre, accès, prix, animation, animateurs et nous pratiquons la mise en réseau des espaces numériques, à l’interne, entre-eux, et vers des réseaux extérieurs. La logique est celle de l’usage personnel et non de l’offre.

Seneffe Interactive

« Il s’agit d’une expérience menée à Seneffe de création d’espaces publics d’accès aux TIC. Dans ce projet, notre expertise est celle de « l’architecture de formation », nous formons des net stewards (animateurs multimédias) qui ont un statut de PTP. L’intérêt, c’est l’importance du vecteur, le CAWA, c’est-à-dire le contrat d’avenir wallon actualisé, et la création d’emploi. L’enjeu : c’est l’animation. Ceci dit, nous rencontrons sur le terrain des difficultés liées au statut de ces net stewards : il y a un manque de qualités d’animation et de compétence technologique. Leur profil : animateur pour des usages, pour la didactique, ils sont chargés de la veille informative et de l’autoformation, de gérer un projet avec un minimum de technique. Il est essentiel pour ces espaces publics qu’ils aient des animateurs, sinon ils ne fonctionneront jamais. Il faut d’abord dynamiser avant de maîtriser les TIC !

Quelques réflexions…

Au niveau européen, l’initiative « e-Europe – une société de l’information pour tous » a été officialisée lors des sommets de Lisbonne et Feira de mars et juin 2000. Le plan d’action de Feira comprenait 3 axes : l’accès, l’investissement dans les hommes et favoriser les usages.

Favoriser l’accès

« Il faut tout d’abord favoriser des accès de qualité (prix + sécurité + vitesse), en amont, il faut une infrastructure software et hardware qui suive, Internet doit être considéré comme un investissement par les communes, les associations, les écoles, il faut pouvoir donner accès à des lignes à haut débit dans les zones reculées. »

Hommes et compétences

« Il y a très peu d’investissement dans les hommes, nous avons en Belgique un des écarts les plus grands d’Europe : 50% de travailleurs sont utilisateurs d’Internet et seuls 20% des travailleurs sont formés.»

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Favoriser les usages

« On se pose enfin la bonne question, c’est la fin de la dictature du marketing de l’offre. Il existe différents types d’usage : les usages supposés et réels, les usages virtuels et intégrés, le benchmarking (AWT, Afnet, OUI, Creatif, Fing, …) et des usages évolués (comme pour les écoles). Dans la commune de Seneffe, il est significatif d’observer que les services les plus utilisés sur le site de la commune sont ceux qui permettent de râler sur des problèmes de voirie et finalement très peu utilisent les possibilités de téléchargement de documents administratifs… Le CPAS de Seneffe va tenter d’ici peu de lancer un catalogue de services en ligne, on verra ce que cela va donner… »

Une question de volonté

« Favoriser les usages, c’est à mon sens, conclut Pierre Lelong, une question de volonté au niveau européen, fédéral, communautaire, régional et local. Aux Pays-Bas, on est à plus de 60% de taux de pénétration des TIC dans la population, en Belgique, on atteint à peine les 38% ! Le Fédéral a bien lancé l’ « e-gouvernement » mais la Communauté française de son côté, traîne la patte. Au niveau des acteurs locaux, il existe très peu de services en ligne en Belgique, les aides octroyées à cet effet sont discriminantes et sélectives. Et puis il y a aussi la question de la confiance et de l’efficacité, il ne sert à rien de déverser des aides à des gens qui n’en demandent pas. »

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Conclusions

Patricia Vendramin, chef de projet, Centre de recherches Travail & Technologies, FTU

Les facteurs favorables à la diffusion et aux usages des TIC dans le non-marchand

La contrainte économique Le phénomène Internet et l’accélération du changement technologique Les changements dans les habitudes de consommation des services La montée en puissance d’une concurrence non-marchande et plus globalement

d’une marchandisation de l’espace public L’effet d’entraînement de l’environnement sectoriel (mise en commun de

ressources et de moyens) Le potentiel d’innovation de services et l’autoproduction d’usages innovants

(l’innovation n’est pas seulement technologique, on développe également des services, des produits, une nouvelle organisation…)

Les freins et les contraintes

L’obsolescence technique Les freins organisationnels (il faut réfléchir à qui fait quoi, à la

responsabilité, un autre type d’organisation secoue parfois un peu les modes d’organisation quelque peu sclérosés et cela entraîne des résistances)

Des aspects réglementaires Des contraintes spécifiques : accessibilité (contrairement parfois au privé),

simplicité (par rapport aux capacités culturelles sinon risque d’exclusion, il faut que cela reste accessible à des publics hétérogènes), sécurité

Les facteurs de diffusion

La formation et l’implication des groupes concernés : décideurs, usagers et utilisateurs

Le développement de mesures d’accompagnement à la diffusion des usages Le soutien à l’innovation de services Les démarches d’évaluation Un effet d’entraînement dans les usages

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Des enjeux spécifiques

Les phénomènes d’exclusion (maintenir la « technodiversité ») Les nouvelles formes de citoyenneté Le caractère démocratique de la régulation (l’appropriation démocratique de

réseaux mondiaux est difficile).

Enfin, pour conclure…

Il existe de nombreux stimulants à l’expansion des usages des TIC dans le non-marchand ; les potentialités d’Internet, les changements dans les habitudes de consommation des services, la capacité d’autoproduction d’usages innovants, l’émulation que provoque l’amélioration de la qualité des services. Toutefois, le non-marchand doit faire face à des contraintes spécifiques : ne pas négliger la dimension sociale des réorganisations internes, garantir à la fois la convivialité des services, l’accessibilité à tous et la sécurité des données personnelles. Un meilleur investissement dans la formation et de meilleurs dispositifs d’accompagnement de projets pourraient être les deux clés d’une évolution dynamique et ouverte.

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Le Centre de recherche Travail & Technologies de la Fondation Travail - Université

Le Centre de recherche Travail & Technologies de la FTU a pour objectif principal de développer une capacité de recherche, d’anticipation et d’intervention sur les aspects sociaux des changements technologiques. Depuis plus de quinze ans, il réalise des projets de recherche, insérés dans des programmes régionaux, nationaux ou européens. Il participe à des réseaux internationaux de chercheurs. Il favorise une approche pluridisciplinaire. Ses activités actuelles s’articulent autour de trois axes de recherche :

Société de l’information, travail et emploi. Évaluation des choix technologiques – technologie et société. Innovation, environnement et développement durable.

Dans ses domaines de compétences, le Centre de recherche développe également des prestations de services en réponse à des demandes de formation ou d’expertise, formulées par des organisations appartenant au monde du travail. Ces prestations de services peuvent prendre diverses formes : réalisation d’enquêtes, conception de séminaires de formation, préparation de supports de formation ou d’outils méthodologiques, apport d’expertise à des groupes de travail syndicaux, etc.

Le Centre de recherche Travail & Technologies fait partie de l’ASBL Fondation Travail-Université, qui a été créée en 1967 dans le but d’établir un trait d’union entre le monde du travail et les milieux universitaires en Belgique francophone. Aujourd’hui, la FTU est une institution de recherche para-académique, agréée par le Ministère de la Communauté française comme service général d’éducation permanente. Outre le Centre de recherche Travail & Technologies, la FTU comprend aussi une unité située à Bruxelles et entretient des contacts avec diverses universités en Belgique francophone.

Outre des rapports de recherche et des articles, le Centre de recherche Travail & Technologies publie un périodique trimestriel sur l’évaluation des choix technologiques, intitulé « La lettre EMERIT », ainsi qu’une série de livres en collaboration avec divers éditeurs. Des informations plus détaillées sur les recherches et les publications se trouvent sur le site

http://www.ftu-namur.org

où de nombreuses publications peuvent être téléchargées ou commandées par courrier électronique.