les technocrates et la synarchie

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"Lectures françaises". Numéro spécial.

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    1 NUMRO SPCIAL

    PUBLIE SOUS LA DIRECTION DE

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    NUMERO SPECIAL Fvrier 1962

    1

  • Lectures franaises Revue mensuelle

    Directeur-Rdacteur en chef : HENRY COSTON Directeur de la publication : Michel DE MAUNY

    Ma:asin de vente : 58. rue Mazarine, Paris 6~ Adresse postale: B.P. 92-18, Paris (18e)

    Par an : 15 N.F. (Etranger : l8 N.F.) Soutien : 20 N.F. (Bienfaiteur : 50 N.F.)

    C.C.P. H. COSTON, Paris 2048 .. 96

    ..- IMPORTANT : Les abonnements partent du mois de la rception. Les Numros suivants peuvent tre fournis part. (Inutile de nous demander les autres numros. qui sont vuiss.) N 3. - SA MAJESTE LA PRESSE, par Henry Coston. -

    L'EXPRESS, etc . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1 N~ 9. --- UNE PREFACE FRAICBE ET JOYEUSE, par P.-A.

    Cousteau. - ENTREPRISE, ete... . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1 N 10. - LE JOURNALISTE DE LA BOURGEOISIE INTELLI-

    GENTE, par P.-A. Cousteau . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1 N 11. - LES DERNIERES CARTOUCHES, par P.-A. Cousteau 1

    . N 14. - LES ESCROCS DE LA LERTE DE LA PRESSE, par P.-A~ Cousteau . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1

    N 16. - LE GENERAL DE GAULLE ET LA PRESSE, par ..

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    Henry Coston . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1 NF N 17. -ANDRE MALRAUX, par P.-A. Cousteau. -Les listes

    noires de 1944, etc. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1 NF N 18. - LE REFERENDUM DEVANT L'OPINION. . . . . . . . . . . . . 1 NF Nu 19/20. - LES OUI ET LES NON. - Petit portrait du

    Figaro, par P.-A. Cousteau . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1,50 NF N 22. - LES FRANCAIS ONT LA MEMOE COURTE, par

    Henry C.oston . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1 NF N 24. - POUR UNE PRESSE LmBE ET NATIONALE, par

    Hency Coston ... ~ . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1 NF N 25. DEMAIN, LE FRONT POPULAIRE? . . . . . . . . . . . . . 1 NF N 28. - LES MENSONGES DE L'EXPRESS . . . . . . . . . . . . . . . 1 NF N 30. - VERS LA NOUVELLE ALLIANCE FRANCO-SOVIE-

    TIQUE. - Le dossier du Figaro . . .. . . . . . . . . . . . . . .. . . . . . . 1 NF N 31. - PETITE HISTOffiE D'UN GRAND JOURNAL : La

    Dpche du Midi . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1 NF N 33/34. - L'AFFAIRE LAROUSSE. Le Midi libre . . . . . . . . . . . . 2 NF N" 36. - VIVE LA LIBERTE ! - La presse Ven tillard. . . . . . . . 1 NF N 37/38. - LE CATHOLICISME DE GAUCHE . . . . . . . . . . . . . . . ! NF N 39.- BEMOUS AUTOUK DES 200 FAMILLES ....... .. . 1 NF N 40/41. - VOICI LES EDITEURS DE la Question et de

    c La Gangrne . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . NF N 42/43. - LES ALLIES CAPITALISTES DU COMMUNISME

    INTERNATIONAL. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .. . . . . 1 NI, N 44/45. -LES BIENFAITEURS DE L'HUMANIT8 ...... 1,51 NF N 46/47. - LES GOUETTES ET LES COCUS DE J.,A ve

    (Textes choisis des professions de foi de nos lus) . . . . S NF N 48. - LA JEUNESSE FRANCAISE ET LE SENS DE

    L'HIS TOmE, par J. Ploncard d'Assac . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1,50 Nit' N 49/50. - L'AFF AmE EICHMANN . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1,50 NF N 51. - EN MARGE DU PROCI:S DES G~N~RAlJX . . . . . . . . 1,50 NF N 52. - CONCENTRATION DANS LA PRESSE FRANCAISE,

    par Henry Coston . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1,50 NF N 53/54. - L'ETERNELLE QUESTION. Coup d'il sur les

    socits secrtes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 2,50 NF N 55. -LA V DES ~TIERS. -Les seigneurs de l'esprit.. 1,50 NF N 56. - LES NAZIS SONT PARTOUT. - La Nouvelle Rpu-

    blique, de Tarbes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1,50 NF N 57. - LA VALSE DES MILLIARDS . . . . . .. .. .. .. . . . .. . . . . .. 1 NF

    RepretlCIN, miTM partielle, interdite, wtorllfm pdale tle LECTURES FRANAISES

    Henry Coston, Paris 1962

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    Lectures franaises NU M f:RO -SPCIAL

    SOMMAIRE

    Avertissement . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 5 1.

    Il. Ill. IV.

    La ~ Synarchie . . .............. . .Un mystrieux pouvoir ......... .

    Petite histoi:re d-e la technocratie ... . Les -hnocrates forment-ils ulne

    7 41 47

    classe ? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 63 V. Les technocrates se soucient-ils de la

    sant des Franais ? . . ....... . VI. Une ppinire de technocrates ... .

    VIl. La technocratie et les entreprises natio-nalises . ..... ............ .

    VIII. Les technocrates contre les professions

    61 67

    85

    liibral~es . . . . . . . . . . . . . . . . . 95 IX. Les c: techniciens > dans les cabinets

    ministriels . . ............... . 99 X. Fodalit technocratique et pouvoir

    politique . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1 09 Annexe : Le Pacte Synarchiste Rvolutio-nnaire Index des noms cits

    68, rue Mazarine Adresse postale : B.P. 92-18, Paris (18e)

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  • Il a t tir de ce numro spcial de l~ECTURES FRANAISES

    soixante-quinze exemplaires sur Al-fa numrots de 1 75 et cinq cents exemplaires sur bouffant numrots de 76 575, rser-vs aux abonns-souscripteurs, le tout constituant l'dition originale.

    Sur la couverture : MM. COUTROT (Arch. Documents), J. MON-NET (Arch. L.F.), RUEFF (A.F.P.), ARMAND (A.F.P .. ), BLOCH-LAIN (A.F.P.), HIRSCH (A.F.P.).

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    On a beaucoup parl de la Synarchie. On parle beaucoup des technocrates.

    Nous n'avons pas l'impression que l'on sache trs biea ce qu'est l'une et ce que veulent les autres.

    La Synarchie est-elle une socit secrte cherchant s'em-parer de pouvoir politique et conomique en plaant ses affi-lis aux rouages essentiels de la Rpublique?

    Avait-elle, comme on l'a p~rtendu, mis la main sur l'appa-reil administratif de l'Etat franais en 1940-1944?

    Etait-elle seulement l'manation d'un super-capitalisme dclinant ou, au contraire, le lieu de rencontre d'un capita-lisme rnov et de hauts fonctionnaires ambitieux?

    Et les technocrates forment-ils une nouvelle classe diri-geante, une caste de privilgis contrlant toutes les ressour-ces de la nation et dtenant, directement ou indirectement, tous les moyens de production?

    Ont-ils noyaut l'Administration et domestiqu le Gouver-nement comme on l'assure depuis quelque temps?

    Notre conomie est-elle dj soutnise leur domination? Dans ce numro spcial de Lectures Franaises, nous

    essayons de rpondre toutes ces questions. Nous le faisons avec une entire bonne foi. S'il nous arrive, parfois, d'tre durs envers certains hommes ou certains groupes d'hommes, nous prions le lecteur de croire qu'il n'y a de notre part aucune animosit, ni aucun calcul. Nous attachons plus d'im-portance aux ides et aux faits qu'aux hommes, et les techno-crates dont nous parlons nous intressent moins que la technocratie elle-mme.

    Nous le disions dj pour les financiers dans nos prcdents ouvrages : les hommes qui, aujourd'hui, nous semblent nui-sibles peuvent devenir, demain, d'excellents serviteurs de l'Etat. C'est le Systme qui est mauvais, et non les hommes qui profitent du dit Systme. Changez le Systme, mettez

    1

  • 6 LECTURES FRANAISES

    sa place un systme o l'Etat ne sera plus la proie des puis-sances d'argent et des technocrates, et tout redeviendra normal.

    La nation a besoin d'organisateurs, d'ingnieurs, d'ad-ministrateurs, de grands commis. Faisons en sorte que les idologues de la Technocratie ou les ralistes de la Haute Banque, qui nous promettent l'abondance et la libert, ne nous rduisent pas la misre et la servitude.

    H. C .

    Nous remercions d'avance ceiux de nos l~ecteurs qui auront l'amabilit de nous signaler l1es erreurs qui ont pu tre faites dans cet ouvrage. Nous pourrons ainsi cor-riger celles-ci dans l' diti.on suivante.

    Veuillez adresser toute communication Henry COSTON, B.P. 92-18, Paris (XVIIIe) .

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    La Synarchiie ! Que de btises ont t dites ou crites, dtepuis vingt ans, sur cette mystrie.use societ secrte que dl" aucuns rel'ient la Fra.n'c-Maonnerie, d" autres la fi!nance 1 nternatio,nal; ou aux Jsuites.

    Nous nous bornerons d!ire, Ici, ce que nous savons, a produire les pices essentielles diu dossier que nous avons runii sur la _Synarchie et les synarques. Nous voulons mettre les choses au point ; rien 'd~ plus. C" eat au lecteur qu'il appartiend'ra, aprs avoir pris connaissance des faits et d'es tmoignages que nous J!ui soumettons, d:e se faire une opinion et de conclure.

    !H.C.

    B 3 juin 1941, M. Pierre Nicolle, ancien prsident du Comit de Salut Economique, qui habitait Vichy de.puis que le Gouvernement y sigeait, notait dans son journal (1) :

    < On parle mots couverts d'une organisation secrte (Synarchie) runissant des polytechniciens. A la tte de cet orga-nisme se trouveraient Bouthillier et Berthelot ainsi qu'un nombre important de hauts fonctionnaires des Finances et des Travaux Public!. >

    Le mois suivant, le 14 juillet, M. Nicolle ajoutait : c: Dans la journe, j'apprends de sources trs diffrente! que

    la Synarchie serait dvoile et connue. Cette rvlation causerait de grosses diff.icults ses membres. Aprs l'enqute mene par l'entourage du Marchal, on dit que cent quarante personnes seraient apprhendes. >

    Et, le 12 aot, il prcisait : c Le Mouvement S.yrzarchique, que certains n'ont pas pri's

    au srieux, est une vr.itable entreprise d'intrigues et de complots. > (3)

    (1) Pierre Nicolle : Cinquante mois d' ArmtJce, Paris 1~47, tome I, p. 266. (21) Ibid.. page 285. (3) Ibid., page 305.

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    8 LECTURES FRANAISES

    LES RVLATIONS DE c L'APPEL :. Quelques jours plus tard, un ancien vnrable de. loge maon-

    nique, Jean Mamy, publiait dans L'Appel, hebdomadaire parisien dirig par le commandant Pierre Costantini, un long article sur cette organisation (4). Selon ces rvlations, l'Etat franais tait non seulement investi, mais littralement envahi par le~ affilis d 1UD Mouvement Synarchique d'Empire, dont les liens avec la Maonnerie paraissaient vidents.

    Sans doute, l'auteur exagerait-il l'influence des Synarques dans les cercles gouvernementaux ; mais il semblait fort bien inform sur leurs intentions et leur identit.

    L'article avait t naturellement vis par la censure alle.mande, charge du contrle de la presse en zone occupe ; de nombreux passages en avaient t cependant supprims en raison des atta-ques qu'ils contenaient contre certaines personnalits vichys-soises (5).

    Cette divulgation mit en rage le ministre de l'Intrieur d'alors, Pie.rre Pucheu ; celui-ci lana un mandat d'arrt contre l'auteur de l'article et le directeur de la publication, mais sans succs, les pouvoirs de la police vichyssoise tant fort rduits en zone

    ,

    occupee.

    LE RAPPORT CHAVIN L'intervention de Pucheu s'expliquait d'autant mieux qu'i1 se

    sentait personnellement vis par ces rvlations. Ne venait-il pas de limoger M. Chavin, inspecteur gnral de la Sret Nationale Vichy, qui avait eu l'imprudence d'enquter sur la Synarchie et d'adresser un rapport trop prcis sur le M.S.E. et ses adeptes ?

    Tout comme l'article de L'Appel, le rapport Chavin mettait en cause des ministres et des hauts fonctionnaires. Il affirmait que les conjurs voulaient non seulement remp1acer le gouvernement parlementaire par un gouvernement autoritaire, mais qu'ils enten-daient instaurer un rgime dans lequel tous les pouvoirs sont concentrs entre les mains du grand patronat et des rep,rsentants dment mandats de groupes ban-caires spcialement dsigns pour chaque pays .

    Le rapport prcisait que les affilis du M.S.E. dsiraient doter le pays d'une constitution politique et d'une conomie nationale de structure particulire organise conjointement en vue. :

    c 1 o De placer le pouvoir politique directement entre les mains de mandataires de groupes intresss, afin d'liminer tout parasi-tisme intermdiaire ;

    c 2 De raliser une concentration maximum dans chaque bran-che d'industrie, afin d'y supprimer toute concurrence ruineus~e ;

    c 3o D'tre maitre absolu des prix de toute marchandise (matires premires, produits semi-finis et ouvrs) ;

    (4) L'Appel, 21 aot 1941. L'article est sign Paul Riche, pseudonyme de Jean Mamy.

    La Propagandastafrel aurait mme hsit, un moment, autoriser cette publication, juge inopportune par certains services allemands.

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    LA SYNARCHIE ' 9

    c 4 D'enfermer rouvrier dans un cadre juridique et social ne permettant plus~ aucune action extrmiste ou mme revendicatrice de sa part. :.

    M. Chavin soulignait que le M.S.E. procdait l'affiliation de ses adeptes la manire du Martinisme (6).

    c L'affiliation martiniste, crivait-il, est la plus secrte qui existe.

    Elle se fait d'homme homme selon des rites particulier&, le nouvel initi tant seul, en face de son initiateur.

    c Chaque nouvel initi reoit deux numros : celui qui est le -sien d'une part, et d'autre part, un numro qui est celui de son ir1.itiateur. . .

    < Ce mode de recrutement s'appelle la filiation par chane et il est spcifiquement martiniste.

    c Il en rsulte que chaque membre ne cannait, du groupement auquel il appartient, que son initiateur et les quelques sujets qu'il lui a t permis d'initier lui-mme.

    Un tel mode de recrutement prsente, notamment, un avan-tage et un inconvnient majeur d'une part, l'avantage de raliser un secret peu prs parfait et, d'autre part, de p~ermettre de$ immixtions malheureuses donnant ultrieurement naissance des

    . .

    chanes d'esprit dissident. L'affiliation au M.S.E. est de type martiniste. Dans l'affiliation au M.S.E., l'initiateur remet au nouvel adh

    rent un exemplaire du document fondamental que ce dernier revel de sa signature. Ce document porte deux numros, l'un qui est l'initiateur, l'autre l'initi.

    Cette filiation spcifiquement martinisle accrdite la proba-bilit du ~ien qui semble exister entre le M.S.E. dont Saint-Yves d' Alveydre devint le grand maitre en 1889.

    RAPPORTS ENTRE LE M.S.E. ET L'ORDRE DES MARTI-N/STES.

    La nature des rapports existant entre le M.S.E. et l'Ordre des martinistes ne peut donner lieu qu' trois hyp,othses.

    c tre HYPOTHSE : LE H.S.E. EST LE MARTINISME VRAI. c Cette hypothse rendrait compte du jugement si singulitr

    port par Waithe dans son ouvrage New Encyclopredia of Free-masonry (vol. Il, p. 161) lorsqu'il crit que le martinisme had~ of course, shut its doors against Masons under authorized abe-diences et lorsqu'il affirme que depuis 1.920, cet ordre a aban-donn le rituel de 1887 pour se transformer en organisme clan-destin.

    C 2 HYPOTHSE : LE H.S.E. A IMIT LE MARTINISME. c Le principe de (a filiation martiniste a t divulgu par

    diffrents auteurs, notamment par Jean Kostka : Lu,cifer Dmas-qu (Lyon, 1885).

    Il a donc pu tre imit et utilis. < Cette hypothse ne rend point compte des liens existant entre

    l'idologie apparente du M.S.E. et la thorie synarchique, histori-quement formule par un grand maitre de l'Ordre martiniste.

    (6) Branche de la Franc-Maonnerie .. plus secrte que le Grand Orient .

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    ous allons voir que J. Coutrot revendiquait -au 1noins en ~artie un certain Plan du 9 juillet:., dont il fut question dans les mi-

    lieux politiques au cours des annes 1934-1935. On prsen-tait alors ce plan:. comme une tentative de rapprochement des jeunes de toutes tendan-ces. M. Jules Romains, qui joua en l'occurrence un rle de cha-peron, a prtendu depuis que son intention tait surtout de dsamorcer la bombe qui me-naait la paix publiq~e aprs les journes de fvrier 1934.

    Le but tait clair, crit M. Jules Romains (1), le devoir l'tait aussi. La tche la plus pressante tait d'empcher les Franais de se battre dans la rue, en des rencontres qui eus-$ent -t cent fois plus sanglan-tes que la nuit du 6 fvrier. Or, cellx-mmes qui auraient pu organiser ces batailles et y amener leurs troupes pour les jeter les unes contre les autres, allaient se runir plusieurs fois par semaine et travailler paci-fiqu,ement sous ma direction. C'est ainsi que les chef des Vo-lontaires Croix de Feu, le chef des Volontaires des Jeunesses Patriotes, faisaient partie de mon quipe. En face d'eux, al-laient s'asseoir autour d'une ta-ble de jeunes chefs syndica-listes, socialistes, radicaux. Si ces gens-l ne se battaient l!as, aucune bataille n'tait posszble, car ce n'~taient pas les vieux de chaque groupement qui des-cendraient les premiers dans la rue. Je tenais la guerre civile $OUs clet, P.our plusieurs mois. C'tait d] quelque chose.

    c L'objectif plus vaste et plus lointain, c'tait de donner la France une nouvelle constitu-tion issue de l'ancienne, iden-

    (1) Jules Romains : Sept mystres du Destin de l'Europe , New York. 1940 .

    tique elle dans son esprit rpublicain et dans son respect absolu des Droits de l'Homme, mais dbarrasse de quelques tares, et mieux adapte aux besoins modernes, en un mot, plus dynamique une consti-tution que la jeunesse aimerait et dfendrait avec nergie par-ce qu'elle serait son uvre.

    c Ce fut ce qu'on appela le Atlouvement du 9 juillet ... :.

    Al.ant runi quelques jeunes militants connus des ligues et de la Gauche, des hommes de trente ans pleins de dynamisme et d'ambition, M. Jules Ro-mains semble ne pas attacher beaucoup d'importance la prsence, dans son quipe~, de plusieurs personnages qui, eux, ne re.prsentaient pas les Volontaires Nationaux, les Jeu-nesses Patriotes, les Jeunes no-socialistes ou syndicalistes (ils taient d'ailleurs beaucoup plus gs). Nous voulons par-ler de Jean Coutrot et de ses amis Grard Bardet et Jacques Branger. A tel point qu'on peut se demander, comme le fait M. Roger Menneve, si M. Jules

    Rom~ins ne fut pas, c daf!s. les manuvres de 1i.aute polztzque qu'il croyait animer, un simple pantin dont d'autres tiraient les ficelles~ (2).

    (sui te p~ge 12) . (2) Les Documents (janvier 1949.

    p. 50). Il faut croire que M. Ju-les Romains tenait cependant . son ide puisque, peu aprs la Libration, il rclamait dans le journal de M. Quilici, La Ba taUle (octobre 1945) un laboratoire de recherches politiques . Il crivait : Je suggrais que, parmi les institutions de la France nouvelle, une des toutes premi-res crer. fut un laboratoire national de recherches politiques. Un petit nombre de spcialistes minents y seraient attachs. On les choisirait parmi les hommes qui se sont acquis une autorit de premier plan dans l'tude des questions politiques, conomiques, sociales, et qui, autant que possi-

    (suite page 12).

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    LA SYNARCHIE 11

    3e HYPOTHSE : LE )(.S.E. EST UNE DISSIDENCE MARTINISTE. c Parmi les fondateurs du M.S.E., il a pu enfin se trouver un

    martiniste vritable, lequel a organis Je recrutement du M.S.E. sur le principe de la filiation en chaine, et en outre, utilis la notion de synarchie, puise dans les travaux d'un ancien grand maitre de l'Ordre, pour camoufler le contenu rel d'un mouvement de penses, sans aucun rapport avec le martinisme traditionnel.

    Le M.S.E. serait ainsi une sorte de c: dissidence martiniste :. -

    dont l'existence a pu demeurer inconnue du plus grand nombre de$ martinistes franais (tout en tant parvenue a la connaissance

    d~ Whaite). Cette hypothse est la p.Zus vraisemblable. Parmi les affilis du M. S.E., le rapport ,Chavin citait Jean

    Coutrot, auquel il attribuait une position dirigeante, et diverses personnalits fort bien en cour Vichy, dont le rle fut asse.z considrable pendant l'occupation. Tous ces ministres, tous ces hommes politiques, tous ces hauts fonctionnaires taient-ils vraiment des Synarques ? Il est permis d'en douter. Mais la plupart d'entre eux taient certainement des amis. Les personnalits qui touchaient d'assez prs la banque Worms taient d'emble classes parmi les affilis du M.S.E. : MM. Gabrie1 Leroy-Ladurie, Pierre Pucheu, Jacques Barnaud, etc. Il y avait aussi des banquiers comme M. Paul Baudouin, de la Banque de l'Indochine, des industriels, comme M. Pau1-Louis Weiller, des inspecteurs des Finances, comme M. Jacques Rueff. Etaient galement qualifis de synarques MM. Jean Bichelonne, futur ministre, Yves Bouthillier, alors ministre des Finances (aujourd'hui collaborateur de l\1. Bloch-Dassault), Jacques Branger, ami de Coutrot, Edouard Chaux, membre du R.N.P. (7) et fonda-teur du Cercle Europen, Eugne Deloncle, fondateur du M.S.R. (8), Jean Filippi, chef de cabinet de Bouthillier, futur directeur gnral de la banque Louis-Dreyfus et Cie et futur ministre de la IV Rpublique, Robert Gibrat, Jacques Gurard, un ponte des

    ~ssurances, le Suisse Georges Guillaume, l'ingnieur Francis Hekking, Henry Lafond, administrateur de socits, Yves Le Cor-rec, de Pechelbronn, Franois Lehideux, des Usines Renault, Maurice Olivjer, prsident du C.O. de la Fonderie, Henry de Peyerimhoff, des Houillres, Charles Rebuffel, des Grand-s Tra-vaux de Marseille, Alfred Sauvy. attach de Cabinet du Ministre des Finances Bouthillier, etc ...

    Ces personnalits, ainsi qualiftes de synarques '>, perme~taieht au M.S.E., selon M. Chavin, de tenir les principaux leviers de commande >. dans l'entourage du Marchal Ptain, au Gouver-nement, dans les Comits d'Organisation et de rpartition et dans certains groupes c collaborationnistes > (9).

    (7) Rassemblen1ent National-Populaire, de Marcel Dat. (8) Mouvement Social-Rvolutionnaire (pour ces deux partis, lire notre

    ouvrage Pa.rtts, Journaux et hommes politiques ). (9) M. Chavin clas~ait rsolument le M.S.R. successeur du C.S.A.R., panni

    les moyens d'action du M.S.E., et il signalait que plusieurs dirigeants du R.N.P. taient des synarcblstes . . C'est. notre avis, aller un peu loin. ~1 est vrai que M. Edouard Chaux appartenait aux cadres du R.N.P., mats Marcel Dat ne passait pas pour un ami de la Synarchie. Notons toutefois deux curieux dtails : 1 l'ancien secrtaire gnral du B.N.f~ M. Georges Albertlnl - qui fut en lgfl le collaborateur de Charle& Spinasse. au journal

  • Le plan du 9 juillet (suite)

    Quoi qu'il en soit, le c Plan du . 9 juillet:. (1934) apparat bien comme l'une des manifes-tations extrieures de la mys-trieuse synarchie. Les princi-pes essentiels du dit Pl'an :r; sont, en effet, conformes aux c points fondamentaux ~ et aux propositions du Pacte synarchique rvolutionnaire, dont nous avons parl et que nous reproduisons dans ce vo-lume.

    Mme primaut des techni-ciens, auxquels reviennent l'or-ganisation et la rglementation de l'conomique et du social, mme souverain mpris pour le politique, pour le c pouvoir lgal> qui doit tre subordon-n au pouvoir rel ~ exerc par les technocrates (3). Une phrase du Plan en dit long, ce sujet, sur les intentions de ses inspirateurs :

    c Le recrutement du person-nel suprieur (de l'Etat) sera exclusivement assur par une Ecole Polytechnique d' Adminis-tration ~. Une fois le systme mis en .place, nos technocrates se recruteraient pas cooptation. N'est-ce pas, un peu, ce que nous voyons aujourd'hui ?

    Outre c un certain nombre de fonctionnaires appartenant no-tamment l'Inspection des Fi-nances, au Conseil d'Etat et la Cour des Comptes (qui) se sont abstenus de le siqner p_our des raisons de discipline aami-nistrative :. , le c Plan du 9 juil-

    ble, se sont tenus l'cart de la politique active et des partis ... Chacun d'eux s'entourerait d'un groupe de jeunes collaborateun d'une formation scientifique dj avance, agrgs d'histoire ou de philosophie, docteurs en droit, techniciens sortant des grandes coles, qu'attirerait la conception nouvelle du laboratoire.

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    LA SYNARCHIE 13

    M.S.E ET MARTINISTE .

    Le rapport Chavin et les diYerses notes confidentielles qui sui-virent n'ont. t connus du grand public qu'aprs la Libration. Mais, partir de 1941, grce L'Appel d'abord, aux Documents Malonniques ensuite, on savait ce qu'tait la Synarchie.

    Les deux tudes publies par cette dernire revue comportaient un historique de la Synarchie et un expos critique de sa doctrine et de son organisation. On y expliquait qu' la mort de Saint-Yves, survenue en 1909, le groupe qu'il avai~ fond parut tout d'abord vgter faute d'animateur prestigieux; mais, qu'en 1922, un Mou-vement Synarchiste d'Empire tait n du besoin, seJon un docu-ment cit, de d,fin.fr par la pense, par l'exprience et par l'action, le sens de l'actuelle c Rvolution mondiale . Ce mouve-ment se proposait de prparer une rvolution synarchiste en France ou plus exactement dans l'Empire fdral franais.

    Les documents cits avaient t dcouverts au cours de per-quisitions opres chez des francs-maons, notamment chez l'an-cien dput Gaston Martin (10). Quelques mois aprs la rdaction du rapport Chavin, .la police de Vichy en avait galement trouvs Lyon, au sige de L'Ordre Martiniste, illustr par Papus, et de l'Ordre des Memphis et de Missam, rorganis par feu le Patriar~ che Jean II ( la ville, M. Jean Bricaud).

    Le successeur de Bricaud la direction du Martinisme, le Grand Matre Chevillon, fut naturellement interrog par le com-missaire charg de la perquisition. Le 25 septembre .1941, jour de la dcouverte des documents au sige de l'Ordre Martiniste,

    rue des Macchabes, Lyon, M. Chevillon fit des rponses va-sives : c Ce sont, aurait-il dit, des documents communiqus pour mon .information pe~s:onnelle et d'ailleurs- assez anciens >. Le 30 ,septembre, interrog de nouveau, il dclara que les dites pi-ces lul avaient t remises par Jeanne Canudo afin de pouvoir

    Le Bouge et le Bleu (Coutrot tait aussi un collaborateur de Spinasse, mais en 1937) est, depuis douze ans, le conseiller politique de la banque Worms et Cie, o il retrouve le colonel Dewavrin, dit Passy. (A quoi on peut rpon--dre que M. Albertini a beaucoup volu depuis 1944 et que l'uvre n'ta!t peut-tre pas, en juillet 1940, sous l'influence totale du fondateur du R.N.P.) ; 2 C'est dans l'uvre (15-7-1940) que Jean Coutrot publia son article de rentre : Cette impulsion - crivait-il en parlant de la transition entre l'conomie de guerre et l'conomie de paix -. ne peut tre donne que par un vuissant Ministre de l'Economie, de la Production, ou de l'Equipe-ment National. runissant. aYc des Secrtaires d'Etat, tons les leviers indis .. pensables : ee qu'il reste de l'Armement, le Commerce, les Travaux Publics, l'Economie Nationale. et sans doute le Travail. Peu d'hommes, mais des

    .. ' hommes dynamiQues. avec, enfin. des pouvoirs, enfin des responsabilits. (10) Auteur d'une Histoire de la Franc-Maconnerie Francaise et d'un

    ouvrage fort instructif sur le rle des Loges dans la prparation de la Rvo-lution de 89.

    (11) Jeanne Canudo. militante de gauche. appartenait alors l'Ordre Inter-national Mixte Le Droit Humain (Maonnerie runissant hommes et femmes). Elle est devenue. aprs la Libration. g,rante de la St J.-B. Janin (Editions), puis l'un des dirigeants du Mouvement Fdraliste Franco-Allemand (cf. Le Monde, 8-8-1950). Elle fonda, cette poque, le Prix Canudo, qui devait cou-ronner un ouvrage sur le cinma. Elle mourut il y a une dizaine d'annes. Lorsqu'elle animait les Etats Gnraux de la Jeunesse (1934) ~ elle avait pour collaborateur - officiellement co-fondateur - M. Armand Mora qui. selon Les Documents (fvrier 1956), a jou avec elle un rle important dans le recrutement synarchiqtle direct ou indirect. M. Mora fonda, le 15 juin 1945, le Collge de l'Ordre Socialiste (J.O., 8-7-1945) ; l'objet de ce collge . en ce qui concerne les deux premiers paragraphes, tait tir textuellement du Pacte Synarchique (propositions 5 11 et 242 304). Le journaliste Andr Gautier-Walter et son pouse figurent partui les fondateurs de cette orga-nisation aujourd'hui disparue .

  • Le plan du 9 juillet (suite)

    Pierre-Olivier Lapie, fils du recteur de l'Acadmie de Paris, avocat, alors membre de l'Or-dre Nouveau (anim par Robert Aron), futur dput et minis-tre, futur reprsentant de la France la C.E.C.A. et prsi-dent du Comit interexcutif europen de l'Energie; charg en 1959 ,par le gnral De Gaul-le de prsider la Commission sur l'Enseignement priv;

    Bertrand d~ Maud'huy, fils du gnral de Maud'huy, alors chef des Volontaires Nationaux (Croix de Feu), futur dirigeant du Parti Populaire Franais (de Jacques Doriot) et, aprs la Libration, administrateur de socits industrielles et finan-cires, conseiller gnral de la Moselle ( partir de 1945) et, sous la Ve Rpublique, membre du Conseil conomique ; .

    Paul Marion, ancien membre des Jeunesses Communistes et du Parti Socialiste, alors l'un des dirigeants no-socialis-tes :. (avec Dat), futur colla-borateur de Doriot au P.P.F., et ministre du Marchal Ptain;

    Georges Roditi, futur direc-teur littraire des Editions Amiot-Dumont et des Presses de la Cit;

    Jules Romains (6), ancien de N ormaie Suprieure, animateur du Comit France-Allemagne (avant la guerre), futur mem-bre de l'Acadmie franaise et collaborateur de l'Aurore ;

    Roger de Saivre, chef des Phalanges Universitaires des Jeunesse Patriotes ; futur chef du cabinet civil du Marchal Ptain, et futur dput d'Oran (1951-1956) ;

    Jean Thomas, ancien de Nor-male Suprieure, professeur, fu-tur directeur des Activits Cul-turelles l'U.N.E.S.C.O. (puis sous-directeur gnral de cet organisme) ;

    Louis Vallon, ancien poly-technicien, militant socialiste, futur directeur-adjoint du Ca-binet du gnral De Gaulle, futur dput R.P.F. et anima-teul" des Gaullistes de Gauche (Uni on Dmocratique du Tra-vail).

    Sans tre lis personnelle-ment la Synarchie dont ils ignoraient peut-tre l'existence

    la ,plupart de ces pianis-tes~ devaient apporter Cou-trot et ses amis un concours

    precieux. (6) De son vrai nom : Louis

    Farigoule.

    prsent par Henry COSTON Nombreux sont les journalistes, les gens de lettres qui prennent

    un pseudonyme. Un officier ou un fonctionnaire, le fils d'un homme en vue ou la femme d'un directeur de banque ne peut bien souvent signer de son nom les articles, les chroniques, les livres qu'il crit. Et si son nom patronymique prte rire, il y sera d'autant plus enclin.

    Ce volume contient des milliers et des milliers de pseudonymes divers. Il prov9quera sans doute la surprise chez le lecteur le mieux averti, le mieux infcrm. Depuis trois quarts de sicle, aucun ouvrage de ce genre n'avait paru.

    Les chercheurs et les curieux seront satisfaits. Publi par Lectures Franaises. Prix : 15 N'F C+ port).

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    LA SYNARCHIE 15

    en comparer la teneur aux p.rincipe.i synarchiques de Saint-Yves d'Alueydre . Elle lul aurait fait remarquer que l'ouvrage tait strictement confidentiel.

    Le 3 octobre, revenant sur ses premires dclarations, M. Che-villon adressait la police une lettre donnant ces intressantes

    , . .

    . preCISIODS : Il existait alors .deux Ordres martinistes diffrents : celui qui

    venait d'tre perquisitionn et que dirigeait le Grand Matre Che-villon, et l'Ordre Martiniste ancien et primitif, lgalement appel Ordre Martiniste et Synarchique, prsid par M. Blanchard, haut-maon, . fonctionnaire du secrtariat de la Chambre des Dputs.

    M. Chevillon ajoutait que l'Ordre dont il tait le Grand Matre a toujours~ vit soigneusement d'employer le mot synarchique, afin de bien marquer la diffrence entre les deux organismes.

    c Le Martinisme rgulier, ajoutait-il, en parlant naturellement du sien, sans mpriser aucunement les ides de Saint Yves d'Al-veydre, ne s'en occupait pas spcialement ~.

    A l'appui de ses dclarations, M. Chevillon envoyait deux exem-plaires du Voile d'Isis, re.vue officielle de l'occultisme, publiant les excommunications rciproques de ces deux obdiences. Dtail curieux, dans ce numro de fvrier 1921, l'Ordre Martiniste et Synarch.fque, qui se considrait comme seul rguljer, affirmait qu'il avait dnonc l'irrgularit de l'Ordre de Chevillon aux Fraternits Initiatiques d'Orient et d'Occident et qu'il avait fond, au mois de j.anvier prcdent, un Suprme Collge de Syn,thse

    in~tiatique d'Occident (12). Or, la cration du Mouvement Synar-chiqri.e d'Empire date d.e 1922 (13). S'agit-il d'une simple con-cidence?

    Ces documents taient reprsents par deux volumes, l'un ronotyp, l'autre imprim.

    Le premier portait le litre suivant : c Les 1.3 points. fondamen-taux et les 598 propos-itions du Pacte Synarchiste Rvolutionnaire pour l'Empire franais.:.

    Le second tait intitul : c: Schema de l' Architype social'>, autre-ment dit du type parfait d'Etat social.

    . .

    LE LIVRE DOR Selon le rapport Chavin, l'exemplaire du premier de ces volu-

    mes, tomb entre les mains de la police vichyssojse avant la per-quisition de Lyon, se prsentait sous la forme d'un document ronotyp de plus de cent paqes, format in-8o, pourvu, d'une reluire de grand luxe conatitu par un brochage fort de papier dor>.

    Cet ouvrage publiait. en premire page, un avertissement : < Toute dtention illicite du prsent document exp,ose des

    sanctions, SANS LIHITES PRVISIBLES, quel que soit le canal par lequel il a t reu.

    ..

    (12) Toutes ces prcisions sont extraites de la revue Les Documents Macon-niques, paraissant Paris et Vichy, n d'avril 1944, pages 185 et suivantes. (13) Il est curieux de noter qu' la mme poque la Loge Agni, dpend1ant du Grand Orient de France, consacrait sa tenue du lundi 18 dcembre 922 l'tude de la question suivante : Comment les Jsuites mettent la mabl sur les techniciens . Querelle de boutique? .

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    16 LECTURES FRANAISES

    c: Le mieux, en pareil cas, est de le brler et de n'en pas parler. c La rvolution n'est pas une plaisanterie, mat.s ('action impla-

    cable rgie par une loi de fer >. A la page suivante, une c explication plus courtoise :. affirmait

    que l'ouvrage tait confidentiel et devait le rester durant la phase de la c Rvolution invisible :. .

    Il est, ajoutait-on, la base de la Convention Synarchique Rvolutionnaire de l'Empire Franais :. .(C.S.R.) dont le but est la prise du pouvoir par l'instauration cote que cotlte d'un rgime synarchique appropri :) (p. VI).

    Et l'on prcisait : C: 1 Qu'il s'agit d~une RVOLUTION A FAIRE PAR EN HANT. On ne

    fera pas de RVOLUTION PAR EN BAS avec son c.ortge d'meutes populaires.

    c 2 Que pendant la priode prparatoire, il faudra tre secret, et (a-ire de la propagande DE BOUCHE A OREILLE et cela < JUSQU'AU IOUR OU SERA ATTEINT LE POINT DE CRISTAIJ,ISATION, SYNARCHIQUE DU PAYS.:.

    A la page suivante, figurait le texte du PACTE SYNARCHIQUE RVO-LUTIONNAIRE, prsent dans un cercle :

    Je, soussign, . ayant reconnu travers les

    treize points fondamentaux du M.S.E. la ligne gnrale de la rvolution qui

    convient .la civilisation franaise dans sa phase actuelle,

    accepte par le prsent Pacte synarchique franais de me Jier en C.S.R. avec les promoteurs

    du Mouvement pour la France mtropolitaine et les pays de son ressort.

    Je me porte mon tour garant de ce Pacte et y engage ma vie.

    Je m'engage ne pas rompre ce Pacte quoi qu'il advienne avant que soit instaur dans l'Empire Franais un rgime synarchiste appropri .

    Je m~engage remplir dans la pleine mesure de mes forces chaque mission qui me sera confie

    cette fin. Je m'engage ne proposer ce Pacte quel-

    que ressortissant franais que ce soit ou quelque tranger dj orient qu'aprs preuve et sous

    caution, et seulen1ent sous l'jnjonction d'un mandataire du C.S.R.

    En foi de quoi, j'ai sign ici et scell le Pacte synarchiste franais dans la

    pleine libert de ma conscience. Fait ........... , le ......... .

    en prsence de mon cau-tionnaire et de mes

    juges .

    Au-dessous de ce texte. le rcipiendajre avait appos sa signa-ture secrte, les lettres C.S.R. (Convention Synarchique Rvolu-

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    LA SYNARCHIE 17

    tionnaire) suivies de son numro d'ordre dans ce_tte organisation. Sur une page voisine, se trouvaient les mmes lettres avec un autre numro d'ordre .

    Un examen htif des 13 points donne l'impression que le mouvement synarchique est un mouvement nat_ional ax droite. En effet, ds les premires propositions, des apprciations sv-res sur le parlementarisme rgime d'importation trangre :., sur le suffrage universel e_t l'usage qu'en fait le peuple, c ce sou-verain ternellement mineur , semblaient indiquer que l'on tait en prsence d'un mouvement royaliste ou fasciste. D'autant plus que l'on y affirmait hautement que la Rvolution synarchique, dan& l'axe de la vie franaise, ne peut dtruire aucune des valeurs traditionnelles labores au cours de notre civi(isation nationale et qui sont demeures dans les -instincts, dans les curs et dans les cerveaux, danlS! les murs de la grande majorit des peuples de France:. .

    . En fait, les propositions qui suivaient contredisaient ces affir-mations, montrant que la Synarchie veut, par des mthodes anti-dmocratiques et antiparlementaires, tablir un rgime aussi loi-gq de la Rpublique que de la Monarchie.

    D'autre part, la propo3ition 424 spcifiait que toute proprit do(t tre un service public, une fonction sociale,, et la 433~ pr-cisait que l'effort de la Rvolution synarchique doit tendTe clore le rgne de la raret et_ - instaurer le rgne de l'abondance qui rendrait toute proprit indsira-ble, comme une cQuse de sou-cis accablants, la pleine jouissance personnell.e de biens rempla-ant alors la relative possession personnel(e de biens >.

    Le systme synarchique aboutirait donc une socialisation gnrale, les. biens de tous tant placs- sous la dpendance de quelque-s privilgis exerant un pouvoir quasi-discrtionnaire sur l'ensemble.

    Le cadre prvu pour cette exprience dpasse largement le plan national. La France, par exemple, serait intgre une Europe sans Russie ~t sans Angleterre, laquelle on ajouterait la partie de l'Afrique qui n'est pas anglaise :

    c L'Emp-ire synarchique franais est dj voulu comme le pro-moteur d!e LA PANEURAFRIQUE, LA FUTURE UNION FDRATIVE DES PEUPLES et des nations libres de l' Europ~e et de l'Afrique ~. (Proposition 586) .

    La Paneurafrique s'impose du fait mme de l'existence d'une Europe surpeuple, dynami_que et surquipe, ct d'une Afrique sous-peuple, st-atique et attarde :. . (Proposition 587).

    c L'Union Europenne doit :sortir tt ou tard d'un juste qu-i-libre ou d'une conjugaison synarchique des pousses romaine, germanique, slave, en jeu dans l'Europe actuelle. Le mouvement synarchique d'Empire reconnat toutes ces pousses et les sert toutes :. . (Propositions 582 et 583).

    A ct de cette Paneurafrique et du Commonwealth britan-nique seraient constitus trojs autres grands empires fdraux: raciaux (14) : Paneurasie (U.R.S.S.-), Panamrique et Panasie.

    Pour les Synarchistes. une race c'est l'ensemble des Individus vJ&Ibi 11_...,. Q.Ul o.nt atteint Ja co.u.scie.oce de l'UDB rell&le:pae de 80CJallt6

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    RTEMENT compromise avec la Synarchie par plusieurs de ses membres influents, la Franc-Maonnerie a t naturellement l'objet, en 1944-1945, de violentes critiques de la part de rsistants hostiles au M.S.E.

    Faisant peau neuve, le Grand-Orient prit ses distances avec les synarques. Il fit signer . ceux de ses affilis qui .

    aspiraient une fonction dans ses loges, une dclaration-ques-tionnaire o l'o~ lisait, entre autres :

    c Je soussign, dclare sur l'honneur ... ... III. Avoir reu ou n'avoir jamais reu des mains

    d'un tiers, un exemplaire original ronotyp du pacte synarchique rvolutionnaire (pourvu de sa .couverture dore et de son double numrotage) soit aprs le 16 juin 1940, soit avant cette date.

    IV. Avoir adhr . ou n'avoir jamais adhr avant . ou aprs le 16 juin 19/J.O, une socit, dclare ou non, servant la propagande des grands thmes synarchiques ou la dsagrga-tioiJ. des institutions rpublicaines. ~

    Ce document, cit par Action du 2 novembre 1945, portait la note suivante :

    cAu cas o l'intress aurait reu le pacte synarchique et rvo-lutionnaire, il devra, au bas de la prsente dclaration, fournir toutes explications utiles : date de la rception; des mains de qui; de la part de qui; circonstances dans lesquelles il a connu cette ou ces deux personnes; numros ports par le document original; o se trouve actuellement ce dQcument et pourquoi.

    Une autre note mentionnait, panni les socits vises :

    c 1 o Celles organises par Jean Coutrot (Centre d'Etudes des Problmes Humains, Groupe d'Etudes de l'Humanisme Econo-mique, Institut de Psychologie Applique, etc ... ) ;

    c 2 Celles organises par Armand Mora ou Jeanne Canudo (Association pour les Etats Gnraux de la Jeunesse, no 2.050 du 29 juillet 1934 et ses filiales; Comit National pour la Jeunesse; Comit d'Action Europenne (E.G.J.E.), etc ... ) ;

    c 3 Celles organises par Francis Hekking (Frf}.nce 1950), etc ... ; c 4 Celles organises ]}Ur Jean Rivain (la Nouvelle France, les

    Cercles d'Unit Franaise, etc ... ) (1)

    (1) Les organisations de M. Jean Rivain ont t, en effet accuses de synarchisme en raison de la prsence, parmi leurs membres dirigeants, de certaines personnes considres, tort ou raison, comme des synarques ou des synarchistes

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    LA SYNARCHIE 19 '

    Voil .qui ressemble trangement aux conceptions de M. Jean Monnet, le pre de notre Europe technocratique, et l'on com-prend qe certains aient vu en lui l'excuteur testamentaire de feu Jean Coutrot, l'un des dirigeants du M.S.E.

    LENIGMATIQUE JEAN COUTROT Dans son rapport, M. Chavin avai.t, nous l'avons vu, dsign

    Jean Coutrot comme l'an.imateur, sinon le vritable che{ du M.S.E. M. Roger Menneve, qui tudie la Synarchi,e depuis vingt ans et que l'on peut considrer comme le grand spcialiste. de la ques-tion, pense que le rle de Coutrot. dans la bataille synarchique, c n'a pas t. aussi important, ou, p(us exactement, aussi t exclu-sif> que certains commentateur$ ('ont expos >.

    c La mort de M. Coutrot, crit-il, permet de couvrir bi-en de:s. responsabi.lits et de dissimuler une activit nouvelle actuelle qui ne tend plus conqurir le pouvoir en France, puisqu'on l'a, mais tendre sa domination sur l'Europe et sur le monde, sous les masques d!un Fdralisme Europen ou d'un Gouvernement Mon-dial :. (15). ,

    Mais, ajoute-t-il, c Jean Coutrot joua, incontestablement, un rle de premier plan dans (a phase synarchique polytechnicienne ,; et mme ~'il ne fut qu'un simple chef d'Etat-Major soum(s un Gnral plus effac >, son action et celles de ses collaborateurs, amis et allis mritent d'tre connue.

    ~ .. . .

    Beaucoup de nos contemporains n'ont jamais entendu parler de Jean Coutrot. Ce personnage discret exera cependant une

    i~fluence non ngligeable dans les cercles\ officiels, en partic:ulier au temps de Uon Blum et du Front Populaire. Sa disparitjon ne fit pas plus de bruit que son passage au ministre de l'Economie Nationale.

    Seul, croyons-nous, L'Appel consacra un petit entrefilet, d'ail-leurs imprcis et partiellement inexa-ct, la fin mystrieuse de Coutrot. Le journal qui, deux mois plus tar~ devait faire les rv-lations que l'on sai.t sur 1a Synarchie, publiait les lignes. suivantes dans son numro du 6 juin l941 :

    c Une mort subite et mystrieuse c Il y a quelques jours est mort subitement ci Paris, 51, rue

    Raynouard, un certain Jean Coutrot. . . .

    c Ce Jean Coutrot avait jou un rle important dans la nfaste polit.ique des Pierre Cot, Guy La Chambre, et autres saboteurs de notre aviation.

    (15) Roger Menneve, in Les Documents, avril 1948, page 1. Les Documents paraissent depuis 1920 sous la direction de M . Menneve. C'est l'une des meilleures sources de. documentation sur les dessous de la politique et de la finance (16, boul. Montmartre, Paris, 9e). Mme Cou trot a dmenti, dans une lettre publie dans La France Intrieure (15.7.1945), que son mari ait eu des relations avec la Synarchie. Mais, comme le ;fait remarquer M. Menneve, on ne peut gure prendre au srieux ses affirmations : il suffit de lire le Pacte Synarchique pour constater que s'y trouve, presque textuelle~ent, les propositions que feu Coutrot faisait dans ses confrences et dans ses crits, en particulier dans son Humanisme conomique , et dans ses a~icle.s de La Journe Industrielle des 1, 11, et 12 aot 1938. (Sur les confrences de

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    20 LECTURES FRANAISES

    c Oui, ce Jean Coutrot avait beaucoup c trafiqu :. dam l'avia-.tion.

    ~ N'appartenait-il pas la plus secrte et la plaiS. nocives des loges maonniques : la Synarchie ?

    Cela expliquerait peut-tre sa mort mystrieuse. C'est le 19 mai 1941 que mourut Jean Coutrot. Selon les uns,

    il aurait t trouv mort dans son lit, le matin ; selon les autres, il aurait t dcouvert mourant sur le trottoir, juste sous l'une des fentres de son appartement (16). Suicide ? Excution ? C'est difficile dire. Dans une note reproduite titre documentaire par Les Documents de M. Menneve (17), il est question d'une dcla-ration. que le malheureux aurait faite quelques jours avant sa mort:

    En raison de mon activit rvolutionnaire, je m.e sens cras par la respons-abilit que j'ai_ dans les malheurs de ma patrie .. Dans certaines circonstances, le suicide est la seule solution com-patible avec l'honneur.

    Que Coutrot ait t excut . ou qu'il se soit suicid, sa fin demeure mystrieuse ; on ne peut s'empcher de faire un. rappro-chement entre cette mort inexplique et celle, non moins trange, de deux de ses proches, MM. Thallet et Brul. . D~puis le dbut de la guerre, Coutrot avait .un secrtaire nomm Franck Thallet.. N le 22 juillet 1914, ce jeune licenci en droit et s-lettres, qui avait t secrtaire d'un dput de la Gironde, M. Gellie, puis rdacteur au quotidien bordelais La Petite Gironde et secrtaire gnral de la Fdration des Cercles Jeune France:., tait devenu le collaborateur de Coutrot.

    Le 20 avril 1940, il part se reposer en Bretagne, s'alite en arri-vant chez des amis, et, transport aussitt l'Hpital de Saint-Brieuc, meurt le 23 sans avoir repris connaiss.ance. .

    Peu aprs, sa mre quitte Bordeaux et dmnage pour venir habiter 22, rue de Pontoise Paris ; pendant le dmnagement les papiers personnels de son fils sont vols. -

    ~ Aprs la mort de Thallet, Coutrot semble avoir pris un autre secrtaire, M. Yves Moreau, quj_ vient habiter le mme immeuble, sur le mme palier. Aprs la mort de Coutrot, suivant de .peu -celle de Thallet, c'est Yves Moreau qui prvient les amis du dfunt : Bardet, Branger, etc... et ceux-ci viennent aussitt expurger les papiers du mort.

    M. Yves M;oreau s'alite lui-mme en juin et meurt le .1.9 octobre 1941.

    c Peu aprs, en juin galement, le beau-frre de J. Cou trot, M. Henri Brul, directeur des Papeterie$ Gaut et Blancan, meurt lui-mme subitement ; il s'effondre sur le trottojr en sortant

    (16) L'extrait des minutes des actes de dcs de la Mairie du XVe arron-dissement de Paris indique que : Le dix-neuf mai mil neuf cent quarante-et-un, cinq heures trente minut~s_, est dcd rue de la Convention, 78 (cest ... -dire l'Hpital Bo~cica.ut. - N.D.L.R.),. Jean-Ren Coutrot. n Paris (~) le vingt..;sept mars m1l t}Ult cent quatre v1ngt quinze~ ngociant, officier de la J..,glon d'Honneur, Cro1x de Guerre, domicili rue Raynouard 51. fils de Henri Coutrot et de Marie Eugnie Saillard, poux dcd. pou.x de Annette Gaut. Dress le vingt mai mil neuf cent quarante et un. Transcrit le six juin mil neuf cent quarante et un .

    (l'J) No d'avril 1948~ page 5.

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  • LA SYNARCHIE 21

    de chez un personnage important, M. Gabriel Leroy-Ladurie, qui passait pour tre un des chefs de la Synarchie ~ (18).

    On mourait dcidment beaucoup dans l'entourage de ce synarque ...

    La personnalit de Jean Coutrot et de ses activits mritent d'tre connues. Elles permettent de mieux suivre l'volution du mouvement (font il tait devenu l'un des principaux organisa-teurs.

    Polytechnicien, combattant de 14-18, grand mutil de guerre, Coutrot appartenait une famille de la bourgeoisie, ayant des intrts dans l'industrie du papier (1.9). Autour de 1_934, i1 pr-sidait la Chambre Syndicale des transformateurs de papier et grait, avec son beau-frre M. Gaut, les Papeteries Gaut et Blancan. Bn juillet 1935, i,l tait nomm membre du Comit des Economies au Ministre des Affaires :Strangres, par dcret du 15 juillet (J.O., 24-7.-1935), Pierre Laval tant prsident du Conseil et mnis-tre des Affaires Etrangres. L'anne suivante, il entrait au Minis~ tre de l'Economie Nationale o il fut l'un des collaborateurs de M. Charles Spinasse, ministre socialiste du gouvernement Blum.

    Entre temps, cet homme dbordant d'activit, fut l'origine de divers groupements, ou participa leur direction. En 1931, il fonda, avec son ami Bardet, le groupe X-Crise~ qui deviendra, en 1933, le Centre polytechnicien d~ Etudes conomiques.. En 1934, il partici,pa au dveloppement du Comit National d'e l'Organisa-

    . ti on franaise, dont il sera nomm administrateur par l'Assemble gnrale du 21. fvrier 1935. La mme anne, il se trouvait parmi les fondateurs et animateurs de l'Ecole d'Organisation Scienti-fique du Travail, cre sous les auspices du Comit prcdent. Lorsque le gouvernement fonda, par dcret du 25 novembre 1936~ le Centre d'Organtsation Scientifique du Travai{, Coutrot prsida son bureau technique permanent. L'anne suivante, on le retrouve parmi les dirigeants du Centre d'Etudes des Problmes Humains-qui venait d'tre cr. Il tait parmi les organisa~eurs des Jour-nes de Pontigny, qui runissaient, une ou deux fois par an, pen-dant quelques jours, des personnalits amies du C.E.P.H. En 1938, il dirigea, avec divers animateurs du C.E.P.H., l'Institut de Psy-chologie Appliqu'. Enfin, au dbut des hostilits, il figura parmi les participants d'un Groupement dit non-con{ormf~te):. qui runissait ses membres chaque semaine au restaurant Alexandre. Nous. examinerons plus loin chacune de ces associations.

    Confrenc:ler disert, Jean Coutrot tait aussi un crivain fcond .. Il collabora L~Humanisme Economique et La Semaine Cephenne, deux priodiques qu'.il contrlait, et publia trois ouvrages : L'Humanisme conomique, De quoi vivre et Les entretiens de Pontigny ::.. Il entretint, en outre, une corres pondance abondante et suivie avec les personnalits les plus

    (18) Ce n~est pas H. Brul qui tait le beau-frre de Coutrot. mais son frre Alex Brul. C'est ce dernier qui mourut subitement en juillet 1941 ; ses obSques religieuses eurent lieu Saint-Sulpice le 19 juillet.

    (19) Les fils de Jean Coutrot, MM. Antoine et Denis Coutrot, sont aussi dans les affaires. Le premier, n en 1918, H.E.C., est directeur gnral de la Socit Hoover (machines laver, aspirateurs) ; le second, n en 1922~ parti-cipa. la direction de l'entreprise familiale Gaut ... Blancan jusqu'en 1957, puis l'administration de la Socit Sincre, des Services Associs et de Fralco.

  • 22 LECTURES FRANAISBS

    diverses . industriels, hommes d'affaires, professeurs, chefs syn-dicalistes, politiciens, etc... tant en France qu' l'tranger.

    S'il est vrai que certains cagoulards ont eu des liens troits avec la Synarchie, i1 ne semble pas exact, comme le rapport Cha-vin le laisse entendre, que Coutrot ait t membre du Comit Secret d' Ac.tion Rvolutionnaire (C.S.A.R.). M. Menneve affirme que l'on a jamajs trouv le nom de Contrat dans les lz~tes de c cagoulards tombes entre les ma.i_ns de la police ou publies depuis :. ., ce qui confirme nos informa~ions personnelles.

    LE CENTRE POLYTECHNICIEN D'TUDES CONOMIQUES

    Examinons d'un peu plus prs les groupements Coutrot .

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    X CRISE , fond. en 1931 se proposait d'tudier la crise mon diale. qui svissait alors depuis l'effondrement de Wall Street, en octobre .1.929. En 1.933, il se transforma en Centre Polytechnicien d'Etudes Economiques .(C.P.E.E.)

    Annonant la cration d.u C.P.E.E., le quotidjen radical, L' Ere Nouvelle du 22 octobre 1933 donnait ces indications :

    Un certain nombre d'anciens lves de l'Ecole Polytechnique, reprsentant les thses (es plus diverses, ont dcid de profiter des avantages de rapidit et de prcision dans la diiSlcussion que leur procure une formation commune pour fonder le Centre Poly~echnicien d'Etudes Economiques (X-Crise). Ses travaux se poursui-: vent depuis deux ans, avec le concours frquent d'conomistes de grande valeur appartenant des milieux diffrents : M. Colson, Vice-Prsident du Conse'il d'Etat , le Gnral Nollet' '; MM. Lacoin, Jules Moch, dput, Jacques Rueff, l)uchemin, p-rsident de la Confdration Gnrale de la Production Franaise ; docteur Eis-ler, Professeur Wal( ; Kellersohn, rdacteur l'Information ; . de Peyster, inspecteur. des finances ; Spinasse dput, Georges et Edmond Guillaume, conomistes et docteurs s-sciences ; Simiand, professeur au Collge de France , Legueu, Benaerts, Jeramec, Lelong, R. Gillouin, professeur Foerster, etc ...

    . Le Centre Polytechnicien d'Etudes Economiques se propose au cours de ce troisime cucle de travaux de t_raiter de'rSI sujets se groupant en trois genres distincts : 1 o Problmes d'ordre gn-ral et volution des points de vue des conomistes devant les v-nements, exposs par des pers,onnalits polytechniciennes ou non, de tout premier plan; 2 Documentation internationale et. mca-nisme d'conom.t.es caractristiques de iverj.es. natians (ltlie-U.R.S.S. - Allemagne - Amrique) en liaison avec les ambassades respectives. ; 3o Recherches conomiques sur le plan national : en liaison avec les diffrentes activits productives, agriculture, alimentation, industrie automobile, chemin de fer., houillres, mari_ne marchande'). ,

    Les conclusions objectives de ces tudes peuvent tre utiles des particulie'tts (polytechniciens ou non) ou Socits dont l'adh-sion est accepte. .

    Le C.P.E.E. fait appel toutes les bonnes volonts et toutes les formes de collaboration.

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  • LA SYNARCHIE 23

    Renseignements au siege : 12, rue de Poitiers - Paris 7.e - l'l. : Littr 41-46 - Balzac 36-49 :. .

    La direction du C.P.E.E. tait assure par un Consell d'Adminis-tration. En 1.934, celui-ci se composait de :

    MM. Roland Boris. Ingnieur-Gnral du Gnie Maritime du Cadre de Rserve, Prsident ;

    Maurice La coin, administrateur de Socits (20) ; Henri Michel, Ingnieur en Chef des Ponts et Chausses ; Andr Boutillier, Prsident de la Socit du Bucheron ; Jean Coutrot : John Nicoletis. Ingnieur en Chef des Poudres C.R. ; Grard Bardet ; Andr Loizillon, Ingnieur civil des Mines ; Andr Hannotiaux ; M.G.A. de. Saint-Mathieu, Commissaire de la Marine E.R. ; Marcel Bloch, Ingnieur Chef de la Cie d'Orlans ; et R~ger Sautereau-Meyer, Ingnieur des Manufactures de l'Etat. M. Grard Bardel en tait le Secrtaire-Gnral et Mme Serruys,

    femme de M. Daniel Serruys, assurait la direction des services administratifs.

    Quelques annes plus tard (1937), le Conseil d'Administration lgrement modifi comprenait :

    MM. R. Lelong, Lacoin, Boris, Marcel Bloch, Detuf _(2.1), Dubreuil (22), Coutrot, Nicoletis, Mass, Serre, Alfred Sauvy, Grard Bardel, Constant, Kaplan, Loizillon, Sautereau-Meyer, Ullmo, . Rosenstock-Franck (23), Branger et Hannotiaux. La femme de M. Grard Bardet (24) tait secrtaire gnrale.

    Les professe.urs et confrenciers du Centre taient recruts parmi les dirigeants et les amis de l'organisation. Outre certaines personnalits que nous venons de citer, on remarquait :

    MM. Louis Vallon, futur dirigeant de ]'Union Dmocratiqu:e du Travail (gaullistes de gauche) ; Franois Pitrj, ancien ministre ; R. Gibrat; G. J. Gignoux ; Paul Reynaud, ancien ministre : H. de Peyerimhotr : Ernest Mercier ; Charles Rist ; Claude Bourdet, futur directeur de France-Observateur ; Robert Lacoste et Ren Belin, dirigeants syndicalistes ; Jean Maroger ; Georges Boris, directeur de La Lumire (organe officieux du Grand Orient), futur minence. grise du Prsident Mends-France ; etc ...

    Les cours et confrences taient, en effet, l'un des moyens d,action :. (en fajt : de propagande) du C.P.E.E., qui en utilisait aussi deux autres : la publication d'une revue, X -Crise, devenue Je Bulletin du C.P.E.E., laquelle M. A. Sauvy apportait sa co1labo-

    (20) M. Lacoin, polytechnicien, fut successivement secrtaire gnral de la Socit Citron, prsident de Neyret, Beylier, Picard Pictet et ingnieur-conseil de Saint ... Gobatn. Il appartint galement au C.A. de La Cellulose du Pin. (21) M. Detuf. de l'Alsthom, venait de faire avec Ernest Mercier et Pierre Schweisguth un voyage Moscou en vue d'tablir des liaisons conomiques avec l'Union Sovitique. (22) M. Hyacinthe Dubreuil, secrtaire de la Commission Excutive de la C.G.T. tait membre supplant du Conseil National EconoJP.ique et membre du Bureau International du Travail. Il appartint galement au C.E.P.R. et au C.N.I.F. dont il est question plus loin. (23) Le futur dictateur aux PriX de la IVe Rpublique. (24) naprs Action (16.11.1945), Grard Bardet tait le gendre du gnral Pouderoux. Ce dernier, maon actif, tait l'un des supporters du Front Popu-laire.

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    2+ LECT\JRES FRANAISES

    ration rgulire, et celle de livres, comme c L 7Humanfsme cono-mique ~ de Coutrot, dj mentionn, c Le. Socialisme Exprimen-tal :., .de Louis Vallon, c Essai sur la Conjoncture et la Prviiion Economique >, d'Alfred Sauvy, etc ...

    ~- Grard Bardel, de la St des Machines Automatiques Bardel (contrle par la banque Worms et Cie), qui jouait un r1e impor-tant au sein de l'organisation, parait avoir servi d'agent de liai-son avec la Maonnerie dont il tait l'adepte (25).

    LE COMIT NATIONAL DE L'ORGANISATION FRANAISE Fond en 1920, le C.N.O.F. prit un essor nouveau en .1.934~ au

    moment, croyons-nous, o Coutrot commena s'y intresser. Officiellement, cet organisme s'tait donn pour tache de

    rpandre dans tout le public franais~ et par tous les moyens appropris, les grands p-rincipes ~ organi$at.ion ncessaires . la vie d'une grande nation civi.lise , (26). D'abord install 11 bis, rue. d'Aguesseau, Paris (8e), il fut transfr 37, rue de Baby-lone (7e) en 1937. Ce~te anne-lt six hommes politiques accep-trent de patronner l'organisation : MM. Camille Chautemps, Mar-chandeau, Anatole de Monzie, Raymond Patentre, Charles Poina-ret et Albert Sarrault. Le Comit organisa des missions d'tudes et d'information l'tranger (Hekking en Angleterre et en Allema-gne : 1937, 1938 et 1939 ; Cou trot en Allemagne, 1939) et cra une Ecole d'Organisation Scien-tifique du Travail dont MM. R. Lelong, Jean Milhaud, Robert Satet, etc ... furent d'abord les animateurs et que dirigrent aprs l'armistice de 1940 MM. Grard Bardel, alors prsident du . Centre d'lnformatton Interprofessionnel, Auguste Detuf, prsident du C.E.G.O.S. ; Ernest Lhoste, directeur gnral de l'A.F.N.O.R., Jean Mersch, prsident du Centre des Jeunes Patrons et diverses autres personnalits du monde d.e la politique ou des affaires. Le C.N.O.F. (27) organisait en outre, des Journes d'Etudes des Administrations Publiques, don~ l'origine remonte novembre 1936. MM. Jacques Branger, Dauvergne, Francis He.k-king, Paul Planus et Robert S~tet appartenaient son comit d'organisation, et 1\IM. Ren Gillouin, le professeur Mestre et de Font-Raulx prtaient leur concours ces Journes en qualit

    (25) Selon Les Documents d'avril 1948, page 13, il aurait t membre de la Loge Lalande (Grande Loge de France) : Bien qu'ayant t secrtaJre de cette Loge. le nom de ce Synarchlste n'a Jamais Daru dans les listes pubUes au Journal Officiel, et il fut nomm en 1942, Prsident du C.I.I. (centre d'Information Interprofessionnel), 16, rue de Monceau Paris~ au traltment d'un deml-mffiton de francs par an.

    Les Documents notent. d'ailleurs. que : La parent de stmcture de ces Groupements avec la Maonnerie est

    vidente : Les Equipes diffrentes du C.P .E.E., ainsi que les divers groupements

    annexes (X-Information - X-Amrique - X-Rgion parisienne, etc ... ) CODati-tuent de vritables Loges ayant leurs tenues >> propres et leurs c tenues blanches . etc ...

    L'ensemble de ses Loges qu'est le C.P.E.E. tout entier constitue une sorte d'obdience de maonnerie polytechnicienne .

    Enfin, le Mouvement Synatcbique d'Empire, recrut l'intrieur des Groupements, constitue son Ordre Intrieur Secret , connu des seule affi-lis~ (26) .Les Documents, op. cit., p. 16. (27). naprs l'Annuaire du C.N.O.F. de 1938, cet organistne comptait : 5 Membres-bienfaiteurs (cotisation minimum 1.500 frs). 165 Membres honoraires (800 frs), 416 Membres Utulaires (150 frs) .. '73 Membres correspondants (121 fra), 963 Membres adhrents (100 frs) et 8 Membres tudiants.

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    LA SYNARCHIE 25

    de chargs de cours ou de confrences. En raison du rle jou9 quelques annes plus tard par certains lments du C.N.O.F., oa est en droit de se demander si le but rel de l'organisation n'tait pas d' c in;staller la rvolution prventive au cur de l'Etat:., comme le Pacte Synarchique y invite (proposition 255), par l'organisaton professionnelle considre comme c: le meilleur moyen techntque de la Rvolution. (Proposition 344).

    LE CENTRE D'ORGANISATION SCIENTIFIQUE DU TRAVAIL

    Aprs la victoire lectorale du Front Populaire, quand Jeaa Control devint le mentor du ministre socialiste Charles Spi-nasse (28), le gouvernement cra le Centre d'Organisation Scienli-f(que du Travail dont l'objet tait d'tudier lou~es les questions et de suggrer toutes solutions relatives l'organisation scientifique du travail .(art 2). M. Spinasse en fut le prsident et Jean Coufrot, le vice-prsident.

    Ce dernier prsidait, en outre, le Bureau Technique Permanent, dont les membres taient dsigns par le Ministre de l'Economie Nationale .. Outre Coutrot, le dit Bureau se composait de :

    Ml\1. Marcel Bloch, ingnieur en chef aux Chemins de .fer de Paris-Orlans-Midi, anc. administrateur des Transports Auxiliaires du Rseau Paris-Orlans et du Comit National de l'Organisation Franaise .(puis son vice-prsident), fondateur et administrateur du Centre Polytechnicien d'Etudes Economiques (dj examins) ;

    Francis Million, secrtaire adjoint de la C.G.T. et, ce titre membre du Cons.eil National Economique, futur conseiller maitre la Cour des Comptes, pujs directeur du cabinet du secrtaire d'Etat au Travail Ren Belin (J.O., 25-11-1941) ;

    Raymond Treuil, chef du cabinet du ministre Spinasse, membre de la Taylor Society .(29) ;

    et Jacques Branger (que nous retrouvons dans tous les groupei Coutrot), chef du Service des. Etudes Economiques au Ministre de l'Economie Nationale, secrtaire gnral, puis directeur et enfin directeur de. la Caisse Nationale des Marchs de l'Etat (fonde par le ministre Spinasse), futur professeur du Cours d'Economie et de Technique bancaire au Conservatoire National des Arts et Mtiers, membre du Conseil Suprieur de la Recherche Scientifi-que, directeur de l'Institut technique de Banque, prsident de la Compagnie Franaise pour t'Applicat.ion de la Re.cherche Scienti-fique et membre du Conseil Economique.

    Le secrtariat permanent tait dirig par M. Francis Hek-king (29) qu'assistait un jeune ingnieur E.P.F.Z., M. Claude Bour-

    (28) La prsence de Coutrot auprs dun ministre du Front Populaire indigna certains lments de gauche, dont Georges Valois se fit le porte-parole dans Nouvel A&e des 13. 18. 22 et 23 dcembre 1936. Nous --..; au Populaire_, l'Humanit, au Peuple - crivait un rdacteur de Nouvel ~ le 13 dcembre 1936 - de donner des informations lem lecteurs sur ~ cration, et de leur dire les Ju.&ements qu'ils portent sur ce Bureau de aux maiDs de technocrates du no-capitalisme.

    Dans Au temps des musions (Genve, 1946), M .. H. du Moulin de a. proche collaborateur du .Marchal Ptain Vichy, dcrit .d: c .La t de Coutrot m'intrigUait. J'interrogeai son suJet eux e aea

  • rou E polytechnicien Francis Hekking, naturalis Amricain pendant la guerre - il a rpudi la nationalit franaise aprs la dfaite - est considr comme l'un des principaux animateurs de la Synarchie (1934-1940). Les prcisions que nous donnons. par ailleurs, sur ce personnage montre qu'il appartenait l'quipe de .Jean Coutrot.

    D'accord, semble-t-il, avec ce dernier, M. Hekking fonda en 1937 le groupe FRANCE 50, dont le sige tait Paris, rue Lord Byron. , Cette organisation, que M. Roger Menneve qualifie d'occulte, parait

    bien avoir t l'une des branches de la Synarchie (ce qui ne veut pas dire que ses membres aient t consciemment des agents ou des instruments de la Synarchie).

    Selon Les Documents (janvier 1956), le groupe FRANCE 50 se divi-sait en huit quipes ayant chacune trois chefs , un rappor-teur et un membre de l'Excutif .

    Ces huit quipes taient ainsi composes :

    EQUIPE No 1. - Equipe directrice dite Cour d'Honneur . Chefs : Raoul Da utry ( 1), Liochon et le R.P. Dillard ( S . .T.) ; rapporteur : Couttet ; m. de l'Excutif : .T. Aubert.

    EQUIPE No 2. - Div. M.I.A. . Chefs : Giraudoux, G. Monod et Pierre de Lanux; rapporteur : Ph. Fontaine ; Excutif : F. Paraf.

    EQUIPE No 3. - Ralisations sociales. Chefs : Ren Belin. Dautry et Vialatte ; rapporteur : P. Hi bout ; Excutif : Maurette.

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    EQUIPE No 4. - Ralisations conomiques. Chefs : de Freycinet, Million et le R.P. Dillard; rapporteur : Robert Marjolin; Excutif : .J.-H. Adam.

    EQUIPE No 5. - Ralisations financires. Chefs : Baumgartner~ Roger Auboin et Seynes-Larlanque ; rapporteur : Courtois de Viscose : Excutif : Pierre Quesnay.

    EQUIPE No 6. - U.L.C.P.E.P. Chefs : Sirol, Roger Boutteville et Laffitte ; rapporteur : X ... ; Excutif : Sirwin.

    EQUIPE No 7. - Rforme de l'Etat. Chefs : Lucius, Milhaud et Robert Lacoste ; rapporteur : Hekking ; Excutif : Paul Planus.

    EQUIPE No 8. - Action Extrieure Franaise. Chefs : Andr Siegfried, Guillaume de Tarde et Joxe ; rapporteur : P. Berthault ; Excutif .: Pierre Vasseur.

    Parmi les participants aux runions du groupe, le document utilis par Les Documents signale particulirement : MM. Alheing ; Max Bon na fous ; le Contrleur gnral de l'Arme Ren Carmille ; le Contrleur gnral adjoint de l'Arme Conquet; Marcel Delann~; Auguste Detoeuf; P1erre Dieterlin; Raymond Dreux; Duchesne; Perier de Ferai; Pierre Forgeot; Haout ; Robert Hieguet ; Mitzakis ; Roger Nathan ; Patouillet ; Roger Picard ; Poniatowski; J.-H. Ricard ; Ruffenach ; Alfred Sauvy; Schwob ; .Jean Terray; Christian Valensi ; Verchaly ; le capitaine Vallerie ; le lieutenant de Montjamont, etc ...

    On remarquera que le monde des affaires, la haute administration et les milieux politiques taient trs largement reprsents.

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    LA sYNARCHIE 27

    det, futur directeur de Co-mbat et de France-Observateur qui par .. ticipait dj l'activit du C.P .. E.E. (J.O. 5-,.,_2 .. 1936). '

    A. cette poque, deux personnages singuliers apparurent dans les coulisses du C.O.S.T. : MM. Hymans et Oppenheim ; le premier isralite hollandais, tait accrdit par la Royal-Dutch ; le second: galement isralite, majs d'origine autrichienne, aurait t l'un des collaborateurs de .la banque de Rothschild. Ils disparurent en juin 1940.

    Un troisime personnage. dont il a t beaucoup parl, aurait appartenu la direction du Centre: Dimitri Navacbine. Cet co ... nomiste russe (31) s'tait lnstall en France en 1927. Martiniste au-thentique, il appartenait aux hauts grades de .la Maonnerie (Che-valier Kaddosh du Rite Ecossais). Trs li avec Anatole de Monzie et Charles Spinasse, il aurait eu un rle important, officieux plus qu'officiel, au C.O.S.T. Son activit aurait-elle port ombrage quelqu groupe concurrent, ou l'un des dirigeants du Ce.ntre ? Toujours est-il qu'il fut mystrieusement assassin le 26 jan-vier 1.937. au Bojs de Boulogne et que la c Cagoule), fortement souponne de Synarchisme, fut accuse du meurtre. Si l'activit du C.O.S.T. parait n'avoir eu que des rsultats insignifiants tels que l'acceptation du principe de l'unification du format des papie.rs lettre et des formulaires administratifs ! jJ est impen-sable que les runions des commissions et sous-commissions de

    amis : Treuille (ste), un ancien camarade d'escadrille en Syrie, polytechni-cien lui aussi et collJrue de Coutrot au cabinet de Spinasse. et Louis Vallon, conomiste et socialiste .. adepte de l'cole mathmatique autrichienne de Walras, qui ftt partie, plus tard, du Cabinet du Gnral De Gaulle .. L'un et l'autre se montrrent assez sobres de dtails, et je compris qu'il tait des sujets auxquels il valait mieux ne pas toucher.

    (30) Sur le secrtaire permanent du C.O.S.T. les Docmnents d'avril 1948 donnent les prcisions suivantes : M. Francis Hekking est n le 4 septembre 1911 Nancy. Ancien El ve de l'Ecole Polytechnique promotion 1930 ; Manu-factures de l'Etat ; Ingnieur la manufacture d'allumettes dAubervilliers. Fut l'un des principaux personnages de l'entourage de Jean Coutrot dans l'quipe synarchique polytechnicienne. Collaborateur la revue L'Huma-nisme Economique. Membre du Comit National de l'Organisation Francaise. Membre du Comit d'organisation des Journes d'Etudes des Administrations Publiques (1937) . . En dcembre 1936. avait t nomm par dcret du ter (J.O. 5-12),Secrtaire permanent du Centre National d'Organisation Scientifique du Travail au Ministre de l'Economie Nationale, sous les ordres de M. Coutrot qui assurait la prsidence du Bureau Permanent du mme Comit. Fonde en mars 1937, le groupement France 1950 dont l'activit est clandestine (aucune dclaration de cration ou d'existence) et sur lequel nous ne pos-sdons pas de renseignements prcis. Pendant la guerre de 1939-1940 est atta-ch la Direction des Ressources Economiques au Ministre de l'Armement, o il est le collaborateur de M. Roger Nathan. En mars 1940, M. Dautry, ministre de r.Annement - et, 1 ui aussi, synarchiste notoire - l'envoie en mission aux Etats-Unis .Aprs la dbcle, M. Hekking reste aux Etats-Unis o il rpudie la qualit de Franais pour prendre la nationalit amricaine. Il se fait gratifier du grade de major (commandant) et rentre en Europe, aprs la victoire, comme organisateur administratif du procs de Nuremberg .

    (31) Dimitri Navachine, fils d'un professeur de botanique et d'une isralite, naquit Moscou le 30- aoO.t . 1889. Ayant fait ses tudes de Droit Kief, berceau de la famille de sa mre (a-t-on dit), il se fit inscrire au barreau de Moscou peu avant la 1re guerre mondiale. Il prit part (de loin) la rvolution de 1917 et fut nomm par Krensky vice-prsident du Comit Central de la Croix-Rouge pour les prisonniers de guerre. Les bolchevicks le nommrent plus tard au Bureau d'Etudes Economiques de la Banqu~ po~ le Commerce et l'Industrie de Moscou (1924), puis l'envoyrent Par1s d1r1ger la Banque Commerciale pour l'Europe du Nord (1927 -1930). Il se lia avec des maons franais et s'affilia la Maonnerie francaise (on trouve son uinom dans les documents maonniques des annes 30 : D. Navachine, banq er, 28, rue Michel-Ange, Paris, 16a . II crivit des tudes conomiques q\ii parurent dans diverses revues et un ouvrage publi par Alcan (1932) intitul La Crise et l'Europe conomique .

  • 28 LECTURES. FRANAISES

    cet organisme, les tudes, les enqutes, les rapports faits par leurs participants n'aient abouti qu' d 'aussi pitres effets. faut-il con-clure que l'activit administrative ~u C.O.S.T. cachait une activit plus secrte? Le Centre tant en rapp_orts constants avec toutes les grandes administrations centrales, tous les grands services publics, toutes les grandes affaires prives, on peut se demander si son activit officielle n'a pas servi de paravent une opration de noyautage et de recrutement synarchiques au sein des grands corps de l'Etat et dans les grandes entreprises jndustrielles et financires ..

    LE CENTRE -D'TUDE DES PROBLMES :HUMAINS Le C.E.P.H., dont ]a cration effective remonte, croit-on, juil-

    let 1936 (32), avait officiellement pour but .de regagner le retard des Sciences d-e .l1Homme par rapport aux Sciences. de la Mati-re. :. Jean Cou trot et ses amis entendaient ajnsi renouer avec c la tradition platonicienne et mme socratique de l.a recherche collective , en runissant un certain nombre d'esprits de tou.t formation : psychologues biologi.Btes, mdecins, sociologues, litt-rateurs, ingnieurs chargs d'tudier les problmes humains ~. C'est au 9, rue Lincoln, Paris (8c) que se tinrent les runions en petit comit ; les sances. collectives du travail eurent lieu l'abbaye de Pontigny sous le nom de Journes de Pontigny .

    La direction du C.E.P.H. tait assure par un comit excutif anim par Cout,rot et auquel appartenaient quatre personnalits sduites par les thories de celui-ci : le professeur Henri Focillon, de . l'Universit de Paris, le Dr Alexis Carrel, l'crivain anglais Aldous Huxley et l'conomiste suisse Georges Guillaume .. Les mem-bres conseillers du C.E.P.H., que la direction consultait, apparte-naient aux milieux politiques et philosophiques trs divers. Ils taient au nombre de 40. Voici. leurs noms:

    Dr Allendy, Grard Bardet (dj nomm), Jean Baruzi, Ren Belin {futur ministre, alors secrtaire de la C.G.T.), Edouard Dol-lans, Jacques Branger, Georges Bohu, Lon Brunschwig, Ren Capitant, Albert Chom, Charles Baudoin, Paul Desjardins. Hya-cinthe Dubreuil, R.L. Dupuy, Adolphe Ferrire, Georges Fried-mann, Robert Lacoste (futur ministre de l'Algrie (33), J. M. Lahy, P. O. Lapie (futur ministre de l'Education Nationale), Henri Laugier, Lecomte de Nouy, Andr Lochard, Andr Loizillon, Dr Martiny, Paul Masson-Ourse!, Georges Matiss~, Jean Milhaud, Mme Maria Montessori, Roger Nathan, H. Oppenheimer, Dr Hosty, Marcel Prelot, Alfred Sauvy (futur collaborateur de l'Express) (34), Dr Paul Schiff, Andr Siegfried, Roger du Teil, R v. Pre Theil-

    (32) La dclaration officielle date du 29 avril 1937 (J.O.~ 29-5-1937). (33) Il est curieux de constater que M. Lacoste figure parmi les actionnair~s

    de la Socit (trs ferme) Francarep pour 2 millions de francs : la banque Worms et Cie, considre comme le centre de la Synarchie sous l'occupation, est prcisment ,avec la banque de Botbschild frres, la fondatrice de cette socit ptrolire. .

    (34) On retrouva, .quelques annes plus tard, M. Alfred Sauvy (avec M. Robert Lacoste) au Centre Francais de Synthse, plac sous la haute pro-teetlon du Marchal PtalD~ chef de. l'Etat . (L'Unit Francaise. n 10. juiUet-dcembre 1943).

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  • . LA SYNARCHIE

    lard de Chardin (dont le livre publi un quart de sicle plus trd devait faire sensation),' Jean- Ullmo, Andr Varagnac et Ludovic

    . Zoretti (le socialiste pacifiste connu). Il est vident que la plupart de ces personnalits ignoraient

    tout de la Synarchie et qu'elles servaient de c couverture Cou-trot et ses amis. Mais pa~ toutes ...

    L'INSTITUT DE PSYCHOLOGIE APPLIQUE En mai 1938, toujours au no 9 de la rue Lincoln. fut cr l' Ins-

    ti.tut de Psychologie Applique dont le but dclar tai1 l'tude de l'application aux faits sociaux des donnes acquises par la psy-chologie individuelle (graphologie, physiognomonie, psychologie des sentiments, gymnastiqu mentale, etc ... ). Autour d.e Jean Cou-trot et de son ami Grard-Bard et, on remarquait parmi les conseil-lers et animateurs de l'IPSA : le professeur Henri Focilly, Ge-orges Guillaume, Pierre Lvy, Paul Planus, les Docteurs Arthus, Held, Hijmans, etc... .

    ' Au dbut de la guerre un nouveau centre, mieux adapt aux circonstances, vit le jour sous Je nom de Groupement ou Groupe-ments non-conformistes. Les membres se runissaient chaque lundi 1.3 heures, au restaurant Alexandre, 18, rue des Cannettes. Paris (6~). Selon le rapport Chavin, assistaie-nt ce djeuner : Mme Forbin, Mlle Yvonne Miche, MM. Braibaqt, Jacques Branger, Couturaux, Georges Guillaume, Mirles, Olin, Raybaud, Simon, Estbe, Heurtaux, etc ... Une revue, dont M. Branger avait sug-gr le ti.tre , Buis', devait rpandre les ides du groupe, en liai-son avec d'autres revues. comme Esprit, chrtien-progressiste, et Nou-veaux Cahiers (du groupe Barnaud-Worins).

    . .

    A ces organismes de noyautage , M. Chavtn ajoutait, dans son rapport, le Com-it Central d'Organisation Professionnel (C.C.P.O.) sigeant 23, rue Chauchat Paris, que prsidait M. Mau-rice Olivier, second par M. H. Frrejean. Le premier, prsident du Syndicat Gnral des Fondeurs, dirigeait de nombreuses entre-prises de fonderie, de mtiers tisser, de filatures. Le second, qui portait le titre de dlgu gnral, est aujourd'hui le directeur de Ralits et d'Entreprise (revue de l'homme d'affaires). A la tte de cet organisme se trouvaient galement MM. Jean Lobstein, prsi-dent d'honneur du Syndicat gnral de la Fonderie, et A. Detoeuf, de l'A lsthom.

    Dissous la mme poque que le C.O.S.T., le C.C.P.O. ressuscit~ en 1.941. sous la forme d'un trs officiel Centre d'Information Inter-_professionnel, dont la direction fut confie au synarchiste Grard aardet (35) et auquel collaboraient (selon Action, 8-11-1945), MM. Henri Cullmann, collaborateur de Bichelonne, Robert Buron,

    . . (35) M. Bardet venait d'tre nomm administrateur des Ets Japy frres (contrls par la banque Worn1s), fonctions que Pierre Pucheu vena-it d'aban-donnet pour devenir ministre du Marchal Ptain. II fut, de 1941 1944, secrtaire gnral du Conseil Suprieur d'Economie Industrielle et Commer.ciale, membre de la Commission d'Etudes de l'Organisation Economiq~e, du Comit dEtudes des Ptites et Moyennes Industries, du c.o. de la Con~truction e~ du Commerce des Machines pour les Industries textiles. _graphiques, cbinql\es, les matires plastiques et ralimentation, et vice-prsident du Conseil Sup-

  • 30 LECTURES FRANAISES

    secrtaire du C.O. du Cinma, Roland Pr, dlgu gnral du C.O. du Btiment, Franois Perroux, Georges Izard, etc ...

    De leur ct, MM. Maurice Olivier, Lobstein et Detoeuf devin-rent les grands personnages des Comits ~'Organisation crs par la loi du 16 aot 1940 (36) : le premier prsida le C.O. de la fon-derie, le second participa la direction du C.O. des industries de la forge, et le troisime anima le C.O. de la construction lectrique. Ils n'taient pas les seuls s'tre empar des leviers de commande de la nouvelle organisation professionnelle : la plupart des. amis de Coutrot occupaie-nt alors, Vichy ou Paris, les postes essen-tiels de notre conomie.

    COMMENCEMENT D'EXCUTION Selon le rapport Chavin, les membres du M.S.E., c au pouvoir

    depuis juin 1940 > s'taient assign pour tche de : , 1 o Faire chec la p()lit.ique du nouveau gouvernement en ce

    qui concerne (a rvolution nationale pour tout ce qui serait sus ... ceplible d'instaurer un rgime jug trop sociaUste au se.in du pays.

    2 Saper la base tout effort social pouvant avoir pour rsultat d'affaiblir la position de certains groupes financiers internationaux et chercher, par tous les moyens, renforcer .la posion de ce:s. grou-pes jusqu' ce qu'ils dt.iennent tous les leviers de la produc-tion industrielle.

    3 Sauvegarder par tous les moyens, et dans tous les domaines intressant l'conomie, le's intrts mme juifs, (ls avec les grou-pes financiers intre:sss au Mouvement.

    4 Faire chec toute tentative d'organi$ation conomique ou douanire d'insp,fration, exclusivement europenne et ayant pour consquence de rendre fEurope continentale .(ndpendante des importations amricaines.

    L'excution de ce vaste programme ncessite la nomination de membres du M.S.E. tous .les pstes importants des divers dpar-tements ministriels et notamment de& ministres d'ordre cono-mique : Finances, Economie Nationf:lle, Travaux Pu~blics, Travail, Commere, etc.

    Ce qui (ut fait dans le$ plus brefs dlais par la promulgation immdiate de la fameuse loi ~u 17 juillet 1940 suspendant le sta-tut des fonctionnaires, et permettant de le.s rvoquer et de pour-voir leur remplacement sans autre formalit qu'un simple dcret.

    Parlant de l'action synarchiste sur le plan conomique et poli-tique, M. Chavin ajoutait :

    Les membres du M.S.E. mis en p~lace, la ral~sation des p(ans concert.s commena immdiatement.

    rieur du Travail. Mme aprs la guerre. M. Bardet est rest li la banque Worns, qui contrlait ses entreprises personnelles en particulier les Machines Automatiques Bardet, dont M. Jean Vignal. ancien inspecteur des Mines et associ de la S.A.R.L. du journal Le Monde, tait administrateur en _1947.

    (36) Le rle de ces C.O . . consistait principalement recenser les entreprises. arrter les programmes de fabrication, proposer aux autorits le prix des produits et services et veiller la fonnation des ententes. Les trusts y :turent trs largement reprsents par leurs dirigeants ou leurs hauts employs. Pour plus de dtails lire

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    LA SYNARCHIE 31

    Sa premiere uvre .(pice principale de la nouvelle architec-ture de l'conomie franaise) est la promulgation par M. Ren Belin de la loi du . 18 aollt 1940, qui cre des comits d'organisa-tion e( de rpartition tablis sur les d.irectives de MM. Bouthillier et Barnaud (ce dernier avait t plac comme directeur du cabinet de JI. Ren Belin). .

    C'est grce cette organisation monumentale de ('Industrie et du Commerce que toute l'activit conomique du pays pourra tre contrle par un petit nombre de banquieN. et d'industriels et accapare leur profit.

    Le groupe synarchique procda galement trs rapidement l'viction des conseils du gouvernement de certaines personnali~s q'!li marqurent une activit socialiste ou dangereusement rvolu-tionnaire. Ce furent successivement : . a) M. Adrien Marquet l'Intrieur, suspect de tendresse pour

    un national-socialisme, trop :s.ocialiste; . b) M. Alibert jug rvolutionnaire sur le plan juridique; . c) Enfin M. Pierre Lcival suspect de sympathie pour un rgime

    prop-rement national-socialiste et pour une autarcie conomique europenne.

    Toutes les oprations po{itiques pour l'viction de ces trois sus-pec~s ont t diriges par M. Bouthillier et ses s,econds, et la victoire f(nale a t obtenue _le 13 dcembre 1940, avec la collabo .. ration de. M. Peyrouton qui fut l'excuteur des plans du groupe synarchie. M. Peyrouton a ralis la performance qui restera san.s doute fameuse dans les annales de l'Intrieur en France, d'avoir t la fois min-istre charg de (aire (a chasse aux Soctts Secret~~ ((oi du 1.3 aot 1940) et le jouet au sein mme des conseils gouvernementaux, d'une maffia dont il a toujours ignor l'exis-tence. :. (37)

    LES IDI:ES DE JEAN COUTR.OT Encore qu'il ne soit pas sr que les ides de Coutrot aient t

    pleinement approuves par tous les membres des groupes . que notre synarque animait, il est in~ressant de connatre le concept et la technique modernes de la Rvolution synarcbique- tels que l'auteur de c L'Humanz:sme conomique ~ l'exposait dans son fameux ouvrage.

    Pour .imposer sa pense, Coutrot n'entendait pas faire appel la raison de ses contemporains; il comptait parvenir ses fins par le dressage psychologique des masses et de leurs gujdes, selon les mthodes publicitaires :

    c Dj, crivait-il, il ne serait pas impossible l'aide de ce .que nous avons appris d~s lois1 de la psychologie collective de pr-ciser une technique moderne de la Rvolution; si l'on dfinit ce concept, en l'isolant du mythe confus souvent voqu par ce mot, sub:Jtitut des anciennes religions, objet de tant de fanatismes. Les barricades, les mitrai.lleuse'S!, .les exils et les tortures sont des tech-niques de gaspillage, dignes des peuples les plus primitifs; survi-

    (37) M. Peyrouton, ministre de l'Intrieur charg d'appliquer la loi contre la Franc-Maonnerie, tait .lui-mme un franc~maon de haut grade (18e .degr. c'est--dire Rose-Croix). Le cas Peyrouton n'tait pas .unique... .

  • 32 LECTURES FRANAISES

    vances des rites antiques du sacrifice humain. UN RVOLUTION-NAIRE MTHODIQUE a pour objet prcis de transformer la structure t.ociale de son pays, de modifier dans une certaine mesure les esp.rits et les curs de ses concitoyens et DE LES coNVERTIR A . soN OPINION PROPRE. > (38) . .

    Et pour ceux qui resteraient rfractaires ce dressag psycho-logique, Coutrot proposait Je Sanatorium :

    On connat l'extraordinaire dveloppement des techniques de la suggestion : ducation, propagande, presse, livres, revue;s, c-in-mas, phono, T.S.F., tlvision, qui poursuivent l'individu toute heure et jusqu'au plus secret de son domicile, perturbant le dve-loppement de $a personnalit. L'immense majorit de nos contem-porains reoit a(nsi, toul" faits, ses sentiments, se:s. ides : il est possible de peler les hommes par l'intrieur comme au creux dun melon, on remplace des ppins insipides par un porto savoureux et de leur greffer sans douleur, ni gaspillage, le contenu p;s,ycho-logique choisi. C'est d'ailleurs ce que font cette heure avec maestria !ous les gouvernements totalitaires, en prenant, pour plus de sret, leurs sujet's d