les services à l’intention de la clientèle jeunes familles : bilan et perspectives · 2012. 12....

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Les services à l’intention de la clientèle Jeunes Familles : BILAN ET PERSPECTIVES Par les membres de la Table clientèle Jeunes familles Sylvie Constantineau, Responsable du comité Coordonnatrice au territoire 4 - Direction des services à la jeunesse André Thomassin Collaboration et support à la rédaction Conseiller - Coordination du développement des programmes, de l’enseignement et de la recherche Décembre 2002

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Les services à l’intention de

la clientèle Jeunes Familles : BILAN ET PERSPECTIVES

Par les membres de la Table clientèle Jeunes familles

Sylvie Constantineau, Responsable du comité

Coordonnatrice au territoire 4 - Direction des services à la jeunesse

André Thomassin Collaboration et support à la rédaction

Conseiller - Coordination du développement des programmes, de l’enseignement et de la recherche

Décembre 2002

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Dépôt légal, 4er trimestre 2002 Bibliothèque nationale du Québec, 2002 Bibliothèque nationale du Canada, 2002 ISBN à déterminer © Le Centre jeunesse de Montréal, 2002 Tous droits réservés Distribué par la bibliothèque du Centre jeunesse de Montréal Téléphone : (514) 896-3396; Télécopieur : (514) 896-3483 Courriel : [email protected]

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Les membres de la Table clientèle Jeunes familles

Sylvie CONSTANTINEAU, coordonnatrice T4, responsable du comité

France DE GARIE, chef de service Jeunes Familles, T1

Sylvie CARRIER, chef de service Jeunes Familles-Enfance 1, T2

Claude DESSUREAULT, adjoint clinique Jeunes Familles-Enfance 1, T2

Suzanne FORTIN, chef de service Jeunes Familles-Enfance 2, T3

Michelle DIONNE, chef de service Jeunes Familles-Enfance 1, T4

Suzanne TESSIER-THIBODEAU, chef de service Jeunes Familles-Enfance 2, T5

Isabelle TREMBLAY, chef de service Jeunes Familles-Enfance-Adolescence 1, T6

Danielle LALANDE, chef de service Jeunes Familles, T7

Michel MALENFANT, chef de service à l’Accès

André THOMASSIN, conseiller clinique (CDPER)

Nos plus vifs remerciements s’adressent à mesdames Reinelde Gemme et Diane Rivard, éducatrices,

pour leur précieux apport aux réflexions ayant eu cours à la Table clientèle.

Notre plus grande reconnaissance s’adresse également aux 19 autres personnes ayant contribué à la démarche d’évaluation des besoins de la clientèle Jeunes familles

au cours de l’automne 2002 (voir la liste des participants à l’annexe 5)

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Table des matières

1. Contexte et objectifs de la démarche ........................................................................... 1 2. Définition de la clientèle cible ..................................................................................... 2 3. Portrait sommaire de la clientèle Jeunes familles ........................................................ 4 4. L’intervention auprès des Jeunes familles : ................................................................. 6

4.1 Postulats ....................................................................................................... 6 4.2 Enjeux .......................................................................................................... 6 4.3 Défis............................................................................................................. 8

5. Historique des services et des principaux travaux à l’intention des Jeunes familles depuis 1993.................................................................................10 6. Bilan des réalisations ................................................................................................15 7. Les problématiques dominantes observées chez les Jeunes familles .............................17 8. Programmes clientèles à l’intention des Jeunes familles................................................18 9. Regard sur la situation actuelle : problématiques clientèles à prioriser

et défis à relever.......................................................................................................19 10. Perspectives de travail ..............................................................................................23 ANNEXE I Données statistiques extraites des systèmes clientèle, 31 mars 2002

ANNEXE II Extrait de l’étude de Robert Pauzé et col., septembre 2000

ANNEXE III Revue de littérature de recherche. Par J. Moreau, école de service social (UDM)

ANNEXE IV Inventaire des ressources, activités et protocoles en support à l’intervention au CJM

ANNEXE V Identification des personnes ayant contribué à la démarche d’évaluation des besoins de la clientèle Jeunes familles au cours de l’automne 2002

ANNEXE VI Bibliographie

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1. CONTEXTE ET OBJECTIFS DE LA DÉMARCHE

À la création des Centres jeunesse de Montréal, un regroupement de la clientèle Mères en difficulté d’adaptation (MDA) et de celle des enfants âgés de 0-5 ans avait été planifié afin de développer un continuum intégré de services et ainsi briser le fossé établi structurellement dans le passé entre ces deux catégories de clientèle, étroitement liées. À cette intégration des deux missions de réadaptation s’est jointe la mission psychosociale avec le cadre d’analyse qui lui est propre. Aujourd’hui, force est de constater que malgré de nombreuses initiatives visant à développer une offre de service intégrée dans chacun des territoires, une vision embryonnaire de l’ensemble nous permet de réaliser que plusieurs projets sont intéressants quoique parcellaires et souvent non connus d’un territoire à l’autre. De plus, la définition de la clientèle est parfois floue et peut prêter flanc à l’investissement de secteurs d’activité qui ne s’inscrivent pas toujours dans le spécifique de la mission CJM. Ajoutons qu’à travers les années, plusieurs travaux ont été faits concernant cette clientèle, et ce, sans que des suites ne soient apportées de façon satisfaisante et aussi structurée qu’il aurait été souhaitable, compte tenu notamment des nombreux changements organisationnels. La réalisation du bilan de l’offre de service spécifique aux MDA, en décembre 1999, a permis de relever ces disparités et ces absences de suites ; les gens consultés ont alors manifesté leur intérêt à être réunis afin de partager et élaborer une planification générale permettant d’envisager un développement harmonieux de l’offre de services de la clientèle MDA / 0-5 ans tout en demeurant conscients que chaque territoire devrait composer avec les réalités propres à sa communauté locale et s’ajuster en tenant compte de ses besoins spécifiques. C’est donc suite à une recommandation de ce groupe de travail qu’au printemps 2001, l’idée d’une Table clientèle est retenue. Les guides d’appropriation nous ont suggéré, à cette même époque, une appellation qui n’est pas encore, à ce jour, toujours bien intégrée soit celle de «Jeunes familles». C’est sous ce nom que la Table clientèle se réunira à compter de septembre 2001. Le présent document recense les résultats des premiers travaux de la Table clientèle et nous permet d’avoir une meilleure vision d’ensemble des principales problématiques rencontrées chez cette clientèle. Il permet aussi au lecteur d’avoir accès à une rétrospective de l’évolution des services depuis la naissance des CJM, aux principales réalisations ainsi qu’aux pistes de travail laissées en suspens. Il propose une base d’élaboration de programmes clientèles et un ensemble de recommandations pour poursuivre l’enrichissement de l’intervention auprès de ces jeunes familles. Nous souhaitons que ce document soit simple d’accès et qu’il donne un aperçu global des sujets desservis, de l’état de l’offre de services et des perspectives de travail s’y rattachant. Une bibliographie en annexe et différentes données clientèles peuvent aussi donner un complément d’information au lecteur désireux de mieux se documenter. De plus, l’annexe 4 présente un recueil des types de projets, activités, etc. disponibles au CJM ; des travaux sont à poursuivre afin d’en assurer une mise à jour constante et fidèle à une organisation en mouvement. Cette clientèle représente 25% de notre population totale desservie sous la Loi sur la Protection de la jeunesse. Il est important de considérer qu’elle est le début de la chaîne de prestation de services. Depuis plusieurs années, il existe une reconnaissance théorique au sein des différentes instances interne et externe quant à la nécessité d’intervenir précocement dans la vie d’un enfant ce afin d’avoir le maximum d’impact sur la qualité de son développement et sur la réduction de la transmission intergénérationnelle des problématiques. L’organisation de service à offrir à ces Jeunes familles représente cependant un grand défi pour l’établissement car les jeunes enfants nous convient à une intervention rapide et intensive afin d’éviter le développement d’une chronicité de multiples déviances et de ce fait l’accroissement et l’alourdissement de notre population totale.

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2. DÉFINITION DE LA CLIENTÈLE CIBLE

La clientèle Jeunes familles comprend les jeunes enfants âgés de 0 à 5 et les parents en difficulté d’adaptation (plus particulièrement les mères).

Le cadre de partage réalisé en 1993 entre le CSSMM et les CLSC a permis de baliser la clientèle à

desservir dans le cadre de la mission psychosociale des CJM. En résumé : tout enfant 0-18 ans sous le couvert de la Loi sur la protection de la jeunesse et tout enfant 0-18 ans nécessitant un hébergement

substitut de plus de trente jours.

Du côté de la réadaptation, les paramètres sont demeurés plus imprécis tenant compte de l’ouverture à rendre des services dans le cadre de la Loi sur les services de santé et les services sociaux et de la mission spécifique concernant les mères en difficultés d’adaptation. C’est dans ce sens que nous

proposons les paramètres suivants comme base de référence en réadaptation.

n Les enfants en difficulté d’adaptation âgés de 0 à 5 ans :

Il ne paraît exister aucun document officiel du CJM qui rende compte d’une définition de ce en quoi consiste spécifiquement la clientèle des enfants âgés de 0 à 5 ans.

Cela dit, les membres de la Table clientèle s’entendent pour affirmer qu’il s’agit de tout-petits :

a) en besoin de protection ;

ou

b) à risque élevé de faire l’objet d’une déclaration de situation de compromission. a) Dans ce dernier cas («à risque élevé de…»), il se dégage

que l’intervention de réadaptation, pour se trouver légitimée, devrait préalablement avoir satisfait aux trois conditions qui suivent :

§ le CJM a statué quant à sa capacité à s’engager dans

des interventions «en amont de la protection» ; § l’établissement s’est par ailleurs prononcé en regard

des limites ( le «jusqu’où aller ? ») de son intervention en contexte de prévention ;

§ les responsabilités qui incombent au CJM et à ses partenaires des CLSC, dans ces situations d’interventions concertées en vertu de la LSSSS, ont été clairement départagées.

b) Il est de plus proposé que les deux éléments présentés ci-

après servent de critères opérationnels pour déterminer à partir de quelles situations un intervenant de réadaptation du CJM pourrait s’engager dans une intervention concertée avec des collègues d’un CLSC dans le cadre d’une intervention à réaliser en vertu de la LSSSS :

Remarques concernant l’offre de services à l’intention de cette catégorie de clientèle

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§ les parents présentent des habiletés parentales déficitaires ;

§ l’enfant présente des indices qui amènent à considérer

qu’il est en «difficulté grave d’adaptation».

n Les parents en difficulté d’adaptation, c’est-à-dire : * Il convient d’emblée de préciser que le parent n’est jamais l’usager principal sauf lorsqu’il s’agit d’hébergement de réadaptation en tenant compte des critères qui suivent pour les mères ou dans les situations où le parent est lui-même mineur sous l’égide de la Loi sur la protection de la jeunesse (voir : «Bilan de l’évolution des services aux MDA», décembre 1999)

En ce qui concerne les parents en difficulté, il s’agit actuellement davantage : de femmes mineures ou majeures, enceintes ou mères d’un jeune enfant âgé de 0 à 5 ans, en regard desquelles ont été identifiées des difficultés de telle nature (problème de consommation, limites intellectuelles, problèmes de santé mentale, capacités parentales déficitaires, troubles de comportement, problèmes liés au mode de vie…) :

a) que sont appréhendés des risques de tort sérieux pour l’enfant à naître ou déjà né;

ou

b) que le développement ou la sécurité de leur tout-petit ont fait l’objet d’une déclaration de situation de compromission en vertu de la LPJ

a) L’offre de services à l’intention des MDA doit également inclure le père de l’enfant ou encore le conjoint significatif de la mère.

b) Bien que le CJM se sente clairement interpellé par la réalité

des tout-petits «à risque élevé de faire l’objet d’une déclaration de situation de compromission», l’intervention à réaliser par le personnel de la réadaptation, en pareil contexte, exigerait cependant la satisfaction préalable des trois conditions précédemment identifiées :

1. le CJM a statué quant à sa capacité à s’engager dans

des interventions «en amont de la protection»;

2. l’établissement s’est par ailleurs prononcé en regard des limites ( le «jusqu’où aller?») de son intervention en contexte de prévention;

3. les responsabilités qui incombent au CJM et à ses partenaires des CLSC, dans ces situations d’interventions concertées en vertu de la LSSSS, ont été clairement départagées.

Remarques concernant l’offre de services à l’intention de cette catégorie de clientèle

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3. PORTRAIT SOMMAIRE DE LA CLIENTÈLE JEUNES FAMILLES

Les enfants âgés de 0 à 5 ans que nous avons à desservir sont globalement de deux types. Viennent d’abord les tout-petits identifiés en besoin de protection, mais dont l’état général ne paraît suggestif ni de retards de développement ni de troubles du comportement. Ce premier type d’enfants se retrouve généralement chez les plus jeunes (les 0-2 ans) alors que, bien qu’évoluant au sein d’un milieu familial considéré comme problématique (par exemple, les mères toxicomanes), ces enfants n’en continuent pas moins à recevoir, de leurs parents, une réponse jugée adéquate à leurs besoins les plus essentiels. Viennent ensuite les enfants âgés de 0 à 5 ans identifiés en besoin de protection, mais dont l’état général est cette fois révélateur du fait qu’ils ont déjà commencé à développer des troubles d’adaptation. Ces tout-petits en difficulté d’adaptation constituent une clientèle qui, règle générale, donne à penser qu’elle vit les conséquences du ou des problèmes des parents ou de la problématique familiale. Les causes des difficultés de l’enfant âgé entre 0 et 5 ans sont souvent corrélatives d’un milieu de vie en souffrance. Les difficultés observées renvoient le plus souvent à des troubles au niveau de l’établissement du lien d’attachement de même qu’à des lacunes au plan d’un exercice adéquat des responsabilités parentales. Des études tendent à démontrer que les caractéristiques propres de l’enfant sont aussi des déterminants notamment dans la qualité du lien d’attachement qui se développera entre lui et son parent L’enfant, par son tempérament et ses comportements, est donc un acteur important pouvant contribuer à exacerber des vulnérabilités même chez un parent bienveillant ne laissant pas reposer le fardeau de la complexité de son développement sur les seules épaules de ses parents et de leurs capacités parentales . La détresse observée chez les tout-petits référés en centres jeunesse se manifeste principalement de deux façons. Alors que ces enfants présentent souvent (à des degrés divers) des troubles de développement, un nombre croissant d’entre eux auront tendance, précocement, à témoigner des désordres de la conduite. Des troubles dans l’établissement du lien d’attachement contribuent fréquemment à l’apparition de ces troubles de comportement. Ils sont de plus étroitement liés à l’apparition de troubles de la socialisation; pour cette raison, ils rendent précaire la scolarisation ou l’hébergement en milieu substitut lorsque requis. Une étude de Pauzé et coll, (2000), réalisée à partir d’entrevues ainsi que de questionnaires auxquels se sont prêtés les parents ou les tuteurs de 160 enfants âgés de 0 à 5 ans desservis à l’intérieur de 4 centres jeunesse du Québec1, nous apprend que, bien que plus de 90% des tout-petits desservis paraissent jouir d’une bonne santé physique, plus de la moitié d’entre eux présenteraient des problèmes langagiers. Près d’un tout-petit sur trois est décrit soit comme nécessitant une supervision constante (hyperactif), soit comme maladroit ou tyrannique dans sa façon d’interagir avec son parent, soit encore comme présentant des comportements asociaux ou agressifs. Un profil dépressif serait par ailleurs caractéristique d’un tout-petit sur cinq. Donnée étonnante : l’étude de Pauzé avance que 9,8% des enfants constituant leur échantillonnage ont fait ou aurait fait l’objet d’une agression sexuelle. De plus, plus du tiers des tout-petits ciblés par l’étude présenteraient des comportements sexuels inappropriés pour leur âge. À ces données s’ajoutent les travaux réalisés ces dernières années autour de la création du lien d’attachement et des dysfonctions qu’entraîne chez l’enfant un déficit dans l’établissement de ce lien.2.

1 Ont été compilées, à l’annexe 2, les données les plus saillantes de cette recherche. 2 À l’annexe 3, une revue de littérature de recherche rédigée par J. Moreau, professeur à l’UDM, permettra au lecteur qui le désire,

de se documenter davantage sur le profil de la jeune enfance en difficulté.

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Les parents en difficulté d’adaptation portent généralement en eux les séquelles liées à une enfance vécue dans des milieux marqués par la carence affective, la négligence, la violence, l’abus sexuel ou l’abandon. Ils se situent à une étape charnière pour reproduire les comportements des milieux familiaux en difficulté d’où ils proviennent. Les problématiques rencontrées chez ces parents sont souvent mixtes et associées à des facteurs de pauvreté, de monoparentalité, de limites affectives et parfois intellectuelles ainsi qu’à de l’isolement social. Plusieurs ont un mode de vie non structuré et parfois déviant (criminalité, prostitution). Les données de l’étude de Pauzé nous indiquent que la majorité des mères des tout-petits référés en centres jeunesse présentent un état de santé fragile. Plus du tiers d’entre elles souffrent de dépression majeure et une jeune mère sur cinq a déjà effectué une tentative de suicide. Plus de la moitié d’entre elles présentent ou ont déjà présenté un problème d’alcoolisme ou de toxicomanie. La presque totalité de ces mères expriment un sentiment d’incompétence à l’égard de leur(s) enfant(s). Disant vivre leurs responsabilités parentales comme très astreignantes (pour 80% d’entre elles), la plupart de ces femmes doivent en outre apprendre à composer avec l’absence de soutien affectif et matériel de leur conjoint et de leur milieu. Les pères sont souvent peu impliqués et peu d’études documentent leur profil. Cependant ces dernières années plusieurs initiatives ont été mises en place pour stimuler leur participation et tenter de mieux les comprendre et les rejoindre3.

3 Les lecteurs intéressés à en savoir davantage, en rapport avec des données décrivant la clientèle référée au CJM, sont invités à se

référer aux travaux réalisés par Daniel PAQUET et Geneviève TURCOTTE, chercheurs à l’IRDS (CJM).

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4. L’INTERVENTION AUPRÈS DES JEUNES FAMILLES : POSTULATS, ENJEUX ET DÉFIS (RE : «GUIDE JEUNES FAMILLES», CJM, MAI 2000)

4.1 Postulats n L’intégration de l’enfant à son environnement favorise son bien-être et son développement.

n Les parents sont les principaux responsables de la réponse à apporter et de la recherche de solutions face aux besoins de leur tout-petit.

n Les pères sont des parents au même titre que les mères. Compte tenu de l’importance qu’ils revêtent eu égard au développement de leur enfant, il importe de tout mettre en œuvre afin de les impliquer et les mobiliser tout au long du processus d’intervention.

n Le jeune et son environnement sont indissociables.

n La communauté porte une part de responsabilité dans le développement du jeune et dans ce sens l’approche privilégiée en est une de recherche de solution avec le réseau des différents services en présence.

n La notion de temps est d’une extrême importance, tout particulièrement dans le cas des très jeunes enfants.

n Tout enfant a droit à un projet de vie. Ce projet de vie aura pour effet de lui garantir un lieu de vie stable et permanent : a) dans un milieu apte à bien répondre à ses besoins ; b) et auprès d’une personne significative (père, mère ou autre figure parentale) avec laquelle l’enfant vit et avec laquelle il pourra développer un lien d’attachement.

n Les services offerts aux enfants et à leurs parents visent à satisfaire l’une ou l’autre des trois (3) finalités qui suivent : PROTÉGER LE JEUNE (au sens de la LPJ), ACCROÎTRE LES COMPÉTENCES (celles du jeune, celles de ses parents), RÉDUIRE LES SÉQUELLES ( afin de permettre à l’enfant la reprise de son développement )

4.2 Enjeux n Le développement des tout-petits L’intervention auprès des «tout-petits en difficulté» ne doit pas faire oublier qu’il s’agit d’abord et avant tout de «petits», confrontés au même titre que tous les autres à la nécessité de relever les défis propres aux diverses étapes de leur développement. Le développement de ces enfants est principalement tributaire de la capacité de leur milieu (de leurs parents au premier chef) à répondre adéquatement à leurs besoins, par suite de l’apport des stimulations requises au plan de leur saine évolution physique, intellectuelle, affective, sociale. Du fait des stimulations dont aura fait l’objet un moins de 6 ans, un équipement personnel se constituera peu à peu et dont la teneur viendra conditionner la capacité de ce tout-petit, puis celle de l’enfant et de l’adolescent qu’il deviendra par la suite, à éprouver du plaisir dans l’existence et à se lier aux autres dans un élan de confiance et de réciprocité. Ainsi, il est important de bien évaluer les capacités actuelles des parents de prendre en charge leur tout-petit et de disposer d’outils permettant d’en cerner le pronostic. L’héritage dont disposera un enfant de 5 ans viendra ainsi constituer la pierre d’angle sur laquelle s’organisera toute sa vie ultérieure. D’autres héritages suivront, laissés par les expériences de la latence

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et de l’adolescence. Ces héritages seront toutefois toujours entachés par la qualité de ce qui aura été vécu au cours des toutes premières années de vie et par l’équipement tout particulier ne pouvant être acquis qu’à cette étape spécifique de l’existence. À cet effet, il appert que le développement du cerveau, ainsi que ce que deviendront les bases du fonctionnement intellectuel et affectif de l’individu constitueraient très probablement les enjeux les plus importants liés au développement des moins de 6 ans. Selon St-Antoine (1997)4 :

« […] des recherches en neurobiologie démontrent que le développement du cerveau dépendrait des expériences socio-affectives précoces de l’enfant dans son environnement familial, dans la mesure où ces expériences joueraient un rôle prépondérant dans la formation et l’étalage des synapses des cellules nerveuses. Il s’en dégagerait que si l’enfant ne reçoit pas les stimulations nécessaires, certaines zones du cerveau demeureraient sous-développées, les circuits non utilisés devenant inopérants. En effet, bien que certaines zones du cerveau continueraient de se développer durant des années, il appert que celles gouvernant le fonctionnement affectif et intellectuel seraient programmées pour se refermer vers la fin des trois premières années d’existence de l’enfant. »

En lien avec les stimulations affectives qui présideront au développement du lien d’attachement, il est par ailleurs fait mention que:

«[…] le lien d’attachement fait référence au lien fondé sur les soins et l’amour rattachant l’enfant à la figure maternelle. La solidité de l’attachement dépend moins du temps que parents et enfants passent ensemble que de la qualité de l’investissement et de la capacité dont font preuve les parents pour répondre de manière sensible et cohérente aux besoins de l’enfant […]. Cette capacité d’établir un lien sélectif avec une figure d’attachement est reconnue comme un facteur décisif dans le développement normal, puisque l’échec à former un tel lien dans la petite enfance est associé à des troubles permanents, et en dépit des traitements, souvent irréversibles de la socialisation. En effet, l’enfant qui n’a pu bénéficier dans les premières années de vie d’une présence maternelle apte à favoriser l’apparition de liens d’attachement (soit en raison de ruptures répétées, soit encore de l’incapacité de la figure maternelle à être sensible à ses besoins) se détournera peu à peu de la relation pour devenir complètement détaché.»

n La reconnaissance ou la minimisation de la gravité des troubles observés chez de nombreux tout-petits

«Il faut noter que la méconnaissance ou la minimisation des pathologies des jeunes enfants est un phénomène se retrouvant de façon générale dans la société. En effet, lorsque les enfants de 6-12 ans et les 12-18 ans sont facilement reconnus comme porteurs de difficultés relationnelles et comportementales, il semble très difficile de concevoir que de très jeunes enfants peuvent porter en eux les séquelles de mauvaises conditions de maternage des toutes premières années de vie. La reconnaissance que des conflits et des modes relationnels pathologiques peuvent déjà à cet âge être intériorisés, et de ce fait, difficiles à traiter, demeure problématique et donne à penser à tous à chacun que l’amour donné par une bonne famille suffira à les «réparer». Finalement, plus la pratique des intervenants, des décideurs, des juges ou même des familles d’accueil s’est exercée loin de cette réalité, plus ce préjugé semble tenace.»5

4 St-Antoine, M. (1997). Séminaire sur l’attachement. Texte préparé à l’intention de l’équipe Évaluation-orientation (DPJ) de la région Nord par Michelle St-Antoine, psychologue aux CJM. 5 «Élaboration d’une offre de services adaptée à des jeunes en troubles sévères d’attachement associés à une absence de projet de vie». CJM, octobre 1998, p.7

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4.3 Défis La vulnérabilité et la dépendance des enfants de moins de 6 ans, jointes aux enjeux fondamentaux venant d’être nommés pour cette période de l’existence, constituent des facteurs qui, parce qu’ils doivent être pris en compte au niveau de l’intervention, viennent constituer autant de défis à relever pour le personnel intervenant. n La gestion du temps Les assises du développement affectif et intellectuel (notamment) se jouent très tôt et à un rythme particulièrement accéléré au cours des toutes premières années de vie. Le « poids du temps » est énorme sur les épaules du tout-petit : son appréciation subjective de la durée, du délai, fait en sorte que sa rencontre avec l’adulte qui module le temps selon ses critères, ses contraintes et une certaine réalité extérieure peut s’avérer catastrophique puisque non ajustée à son vécu de tout-petit. Cela signifie que la «notion de temps», toute particulière pour les tout-petits, ne se compare en rien à ce qu’elle deviendra plus tard, telle qu’objectivement vécue par les personnes adultes. Il en résulte également que toute intervention ou décision prise dans le meilleur intérêt d’un enfant de moins de 6 ans, se doit d’être agie aussi rapidement que possible, dans la considération de ce qui est en train de s’acquérir − ou au contraire de se perdre − dans le cours déterminant des toutes premières années de vie. Les amendements apportés à la Loi sur la protection de la jeunesse, en 1994, dénotent la grande importance qui est maintenant accordée par le législateur à ce que les décisions rendues en vertu de cette loi le soient dans le respect de la notion de temps chez l’enfant. Parallèlement, il est encourageant de constater que tant dans les milieux cliniques que judiciaire, une tendance est en train de voir le jour, au Québec, et vise à reconnaître aux enfants le droit d’avoir accès à un «projet permanent de vie». Cela étant dit, beaucoup reste à faire au niveau de l’arrimage de ces deux milieux en vue de voir la concrétisation et l’actualisation de cette notion de «plan de vie». n La gestion du risque Un second défi qui se pose à l’intervenant découle de la demande qui lui est faite de tout mettre en oeuvre pour maintenir un jeune le plus possible à l’intérieur de son milieu. Appliqué à la réalité des jeunes enfants, ce postulat lié à l’approche milieu vient concrètement poser la question suivante : «jusque dans quelle mesure devons nous consentir des efforts afin de maintenir un tout-petit (vulnérable par définition) au sein de sa famille, alors que la protection de cet enfant ne peut toujours être garantie, que la preuve reste à faire au plan de la capacité de ses parents à répondre adéquatement à ses besoins et que «le temps presse» du fait des enjeux fondamentaux qui se jouent à cette étape du développement»? De ce qui précède, il découle une gestion du risque qui est spécifique à l’intervention auprès des tout-petits et qui réside dans le fait que plus un enfant est jeune, plus les décisions prises à son sujet sont susceptibles d’être lourdes de conséquences. Cette gestion vient poser un défi tout particulier pour les praticiens sociaux et les éducateurs se voyant désignés pour leur venir en aide. En vue d’aider à cette gestion du risque, il est évalué que les démarches en cours devront être poursuivies, aux CJM, tant en vue de raffiner l’outillage diagnostique et pronostique sur lequel s’appuyer pour juger de la «compétence parentale», que pour identifier les critères de nature à aider la décision du «maintien» d’un jeune à l’intérieur de son milieu familial ou encore de son «déplacement» à l’intérieur d’une ressource substitut. Bien que beaucoup ait été fait à ce sujet au cours des dernières années, tous conviennent que beaucoup reste encore à faire, tant en vue de bien cerner les indications et contre-indications liées au placement, que pour contrer les efforts des intervenants à maintenir un jeune dans son milieu, surtout lorsqu’il

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s’avère que ces efforts confinent à un acharnement préjudiciable au meilleur intérêt des enfants et finalement vécu comme démobilisant pour l’intervenant. n La gestion des émotions Le « poids du temps » dans la vie des tout-petits et la gestion du risque à laquelle sont confrontés les intervenants font en sorte que ceux-ci ont besoin de prendre une distance afin de tenir compte des enjeux reliés à cette clientèle bien particulière. En effet, la lourdeur liée aux prises de décisions que l’on voudrait les meilleures possibles appelle un support clinique spécifique : doit-on laisser le tout-petit dans son milieu avec l’aide d’intervenants ou est-il préférable de penser un placement, donc une « parentectomie » totale ou partielle? De plus, les pièges identificatoires qui sont inhérents à la tâche des intervenants demandent un encadrement et une supervision clinique. Le vécu de ces tout-petits interpelle inévitablement l’intervenant au niveau d’une intensité d’émotions qu’il lui faut reconnaître, moduler, canaliser dans l’objectivation d’un regard autre : d’où la pertinence et la nécessité d’une consultation clinique soutenue. L’intervenant doit s’associer à des instances qui puissent l’objectiver et l’appuyer dans les décisions à prendre en regard de l’établissement d’un projet de vie pour l’enfant. n Une organisation de services adaptée L’organisation des ressources est un défi de taille dans une organisation lourdement percutée par l’agir d’adolescents et mobilisant traditionnellement la majorité de son budget pour l’infrastructure nécessaire afin de soutenir l’offre de service inhérente aux besoins de ces jeunes. Tout en reconnaissant ces besoins, le défi réside dans le fait de trouver l’équilibre qu’il convient dans la réponse adaptée à chacune des catégories de clientèle, et ce, en étant conscients que l’investissement fait auprès des jeunes enfants en est un gagnant à moyen et à long terme. À cet égard nous croyons que l’offre de services doit s’élaborer de façon étroite avec le milieu de sorte de s’inscrire de la façon la plus précoce possible dans la vie de la famille. Tout en respectant la spécificité de la mission dévolue au centre jeunesse nous croyons qu’une programmation offerte de concert avec le milieu ne peut que maximiser les retombées positives sur la clientèle, offrir une meilleure continuité de service et possiblement optimiser une économie d’échelle. Notons par ailleurs que les données clientèles nous interpellent quant à la durée de prise en charge qui se situe actuellement à une moyenne de suivi de 626 jours pour les dossiers fermés durant la dernière année (ref. annexe 1) Compte tenu du jeune âge de cette clientèle, cette donnée nous donne un indice des difficultés déjà importantes rencontrées malgré l’âge des enfants desservis. Elle nous invite aussi à réfléchir sur les impacts potentiels de la durée globale de suivi lorsque très tôt l’enfant fait l’objet d’une intervention plus ou moins bien définie risquant possiblement d’entraîner une absence de projet de vie planifié et de ce fait une durée de suivi importante. Cette donnée de durée de suivi mis en corrélation avec celle de l’étude de Pauzé qui nous dit que sur 160 dossiers suivis environ 46% avaient déjà reçu des services par le passé nous porte à croire que l’intensité des problématiques est élevée lorsque le jeune est signalé à cet âge. Évidemment bien qu’il apparaisse indiqué d’élaborer un projet de vie pour l’enfant que l’on souhaite le plus près de sa famille et le plus permanent possible , lorsque le projet doit se faire à l’extérieur du noyau familial nous sommes conviés comme organisation à renforcer nos méthodes de dépistage des situations sans avenir et de mettre en place des conditions pour offrir rapidement un milieu substitut adapté qui permette l’émergence d’une stabilité et qui favorise des projets d’adoption . Beaucoup de travail est à faire de ce côté et tout doit être mis en œuvre pour éviter une chaîne de déplacements qui inévitablement tôt ou tard aura une incidence sur le développement de pathologies lourdes de conséquences et défavorables sur l’achalandage des ressources d’hébergement.

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5. HISTORIQUE DES SERVICES ET DES PRINCIPAUX TRAVAUX À L’INTENTION DES JEUNES FAMILLES DEPUIS 1993

En 1993 (tiré de : «Rapport du comité 21», janvier 1994) En 1993, les services offerts aux jeunes familles se profilaient comme suit : n Les services

psychosociaux Des services de différentes natures dont certains sont dispensés

sur la base des quatre problématiques caractérisant les milieux familiaux des jeunes référés : § la négligence § la violence § les abus sexuels § l’abandon

n Les services de

réadaptation à l’intention des enfants en difficulté âgés de moins de 5 ans

Des services d’évaluation et de réadaptation disponibles à l’intérieur des 13 points de services suivants du centre Dominique-Savio-Mainbourg : § 1 centre de jour (14 places) § 1 foyer de groupe (8 places) § 10 ressources résidentielles (20 places) § 1 unité d’internat (12 places)

n Les services de

réadaptation à l’intention des mères en difficulté

Des services organisés autour de 5 programmes cadres d’intervention et disponibles, au centre Rosalie Jetté, suivant la carte de services présentée ci-après : § 4 foyers de groupe (36 places mères-enfants) § 2 services unités de vie individualisées (21 places mères

/enfants) § 1 centre de jour ( 5 intervenants disponibles) § 1 service de suivi à domicile (5 intervenants disponibles)

Des lacunes identifiées tant dans les programmes du champ psychosocial que dans ceux de la réadaptation :

des activités qui ne parviennent pas à répondre de façon satisfaisante aux besoins des enfants et des parents présentant une problématique de santé mentale, de même que des parents présentant un

problème d’alcoolisme ou de toxicomanie.

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En 1994 En janvier 1994, le «comité des services à l’enfance en difficulté et aux mères en difficulté» recommande que soit développée une structure territoriale prévoyant notamment :

§ le développement d’équipes jeunes familles intégrées (i.e. formées

d’intervenants psychosociaux et de la réadaptation dont un certain nombre seraient familiers avec la réalité des tout-petits en difficulté ainsi que des mères en difficulté d’adaptation)

§ un accroissement de l’assistance éducative dans le milieu ;

§ une diversification des services propres à constituer une alternative au placement ;

§ une amélioration des programmes cadres existants ;

§ une accentuation des travaux portant sur la notion de projet de vie ;

§ une révision de la modalité d’hébergement tant pour les MDA que pour la clientèle des 0- 5 ans.

En 1995 Les services aux mères en difficulté et aux enfants âgés de moins de 5 ans en difficulté deviennent intégrés au sein d’une même coordination. En janvier, cette coordination dépose son «Rapport du comité de travail sur l’hébergement en réadaptation des enfants 0-5 ans». Ce rapport précise le profil et les besoins des enfants pour lesquels un hébergement en famille d’accueil ou en ressource résidentielle ne peut être la solution à leur besoin d’hébergement. «Dans un contexte où les différentes alternatives au placement sont mises de l’avant, l’hébergement en réadaptation avec un support spécifique pour une clientèle d’enfants qui manifestent des troubles de plus en plus graves du développement et du comportement nous apparaît, malgré tous les efforts pour contrer le placement, un mode de services nécessaire mais obligatoirement intégré devant supporter les parents d’abord, mais également les milieux substituts que sont les familles d’accueil.» (p.5) Par suite de lacunes observées dans l’organisation et le fonctionnement des unités d’hébergement de réadaptation Le Carrousel et le foyer de groupe St-Michel, les recommandations suivantes sont formulées :

§ développer des centres de jour dans les sous-régions qui n’offrent pas ces

services.

§ redéployer les 20 places d’hébergement de l’unité Le Carrousel et du foyer de groupe St-Michel en 4 petites ressources sous-régionales de 5 places.

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Recommandations additionnelles :

§ développer des ressources de répit

§ développer l’accès à du placement complémentaire

§ intensifier le support à l’intention des familles d’accueil

§ développer des services adaptés dans les situations de crise ( 24 heures sur 24)

En 1996 La direction des services à l’enfance des Centres jeunesse de Montréal annonce sa décision d’accentuer l’offre de services dans le milieu à l’intention de la clientèle Jeunes familles. Cette direction annonce également la fermeture des deux points de service de réadaptation avec hébergement : Le Carrousel et le foyer de groupe St-Michel. Les recommandations visant le développement de nouveaux centres de jour ainsi que le redéploiement des 20 places jusque là réservées à l’hébergement de réadaptation pour enfants âgés de 0 à 5 ans demeurent sans suite. C’est dire qu’à compter de cette période et jusqu’à février 1998, les services disponibles à l’intention des tout-petits et des mères en en difficulté d’adaptation sont les suivants :

§ services de maintien dans le milieu ;

§ services offerts dans deux centres de jour ;

§ services d’hébergement en :

? ressource de type familial

? en foyer de groupe MDA (4 FG pour 36 places mères / enfants)

? en foyer appartement MDA (3 appartements supervisés pour 6 places mères / enfants)

? en unité de vie individualisée (1 unité pour 21 places mères / enfants)

En 1998 Dans le cadre des transformations liées à l’approche milieu, de même que des conclusions auxquelles ont conduit les audiences publiques des Centres jeunesse de Montréal, des modifications sont apportées à l’offre de services à l’intention de la clientèle Jeunes familles.

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En février 1998, cette offre de services se lit comme suit :

§ accessibilité accrue, dans les territoires, à des services externes (rapides et intensifs) de nature psychosociale ou de réadaptation ;

§ révision des pratiques professionnelles ;

§ au niveau des ressources :

? deux (2) foyers de groupe (pour 18 places mères / enfants) ;

? quatre (4) foyers-appartements (pour 16 mères / enfants).

En octobre 1998, des travaux réalisés en lien avec la clientèle dite «en troubles d’attachement conduisent à la formulation des recommandations suivantes :

c) Au plan des pratiques :

§ investir de façon accrue auprès de la clientèle 0- 5 ans ; § minimiser les déplacements des ressources; § lorsqu’un déplacement s’avère nécessaire, y préparer davantage le tout-

petit concerné et assurer le meilleur pairage possible avec la ressource qui hébergera cet enfant ;

§ former les intervenants sur les troubles de l’attachement ; § renforcer la rigueur et l’intensité des processus cliniques ; § accroître l’encadrement clinique particulièrement auprès des intervenants

de la petite enfance tenant compte de la charge émotive importante qu’elle génère.

d) Au plan des structures :

§ ouverture d’une ressource familiale de type réadaptation (4 places) ainsi

que de ressources professionnelles contractuelles (7 places).

En 1999 En décembre 1999, un «Bilan de l’évolution des services offerts aux mères en difficulté d’adaptation» est déposé au comité de direction des Centres jeunesse de Montréal. Après étude de ce document, le comité recommande :

§ le maintien des 2 foyers de groupe existants (pour 18 places mères /

enfants)

§ dans le cas des ressources d’hébergement de réadaptation, l’élaboration d’une programmation visant :

? l’évaluation du pronostic à rattacher aux capacités parentales , ? l’accompagnement dans l’élaboration d’un projet de vie mère – enfant , ? et le développement de la compétence parentale chez les mères

adolescentes;

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§ notamment à cause de leur faible achalandage, la réduction des foyers-appartements de 4 à 2 (pour 8 places mères / enfants au lieu de 16)

§ une poursuite dans la recherche d’alternatives à la formule foyer appartement afin d’assurer une meilleure réponse aux besoins de la mère majeure

§ une poursuite des travaux visant une bonification de l’offre de services à l’externe.

Des travaux centrés sur :

? une intensité accrue dans l’assistance éducative et le contrôle social à

domicile;

? la mise sur pied d’ateliers de stimulation et du développement;

? une accessibilité à des milieux de jour pour évaluation des capacités parentales.

En 2000 Par suite de travaux consacrés à l’offre de service faite aux 17 ans et plus, notamment en foyer appartement, le conseil d’administration décide de fermer quatre (4) places mères-enfants et recommande une poursuite des travaux afin d’en arriver à une offre de service renouvelée.

En 2002 n Le plan d’amélioration découlant de la démarche de qualité du Conseil québécois de l’Agrément

retient notamment comme piste d’amélioration «d’améliorer le support, l’accompagnement et la formation destinée aux RTF, particulièrement celles recevant une clientèle 0-5 ans» 6

Une démarche d’évaluation des besoins de l’ensemble de la clientèle référée au CJM conduit à une évaluation des besoins, spécifiquement dans le cas de la clientèle Jeunes familles. Les résultats de cette démarche sont inclus à l’intérieur des chapitres 9 et 10 du présent document.

6 «Démarche d’Agrément au CJM :analyses et plan d’amélioration». CJM, DSPR, avril 2002, page 55.

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6. BILAN DES RÉALISATIONS

§ Actualisation des structures territoriales avec offre de service accrue dans le milieu

§ Mise en place d’équipes jeunes familles intégrées

§ Ajustement de l’offre de services en fonction des réalités socio-démographiques de chacun des territoires en développant un mode de calcul du coefficient d’allocation des ressources donnant un poids relatif supérieur à cette clientèle

§ À compter de novembre 2003, uniformisation des équipes ciblant une clientèle 0–11 ans

§ Les ressources humaines ayant une expertise en regard de la clientèle MDA / 0-5 ans sont réparties à l’intérieur des équipes territoriales existantes

§ Création de services soutien en territoire en vue d’assurer un support accru aux RTF ainsi que de développer des alternatives au placement

§ Développement de ressources d’hébergement pour enfants en troubles graves d’attachement de même que pour des tout-petits présentant des troubles de la conduite

§ Développement d’un projet de logement social sécurisé à l’intention de jeunes mères (un projet conjoint CLSC / CPE / CJM ) destiné à offrir 6 logements, assorti de support adapté, à 6 mères et leurs petits

§ En alliance avec divers partenaires participation au projet MAP projet de logement social novateur pour jeunes mères.

§ Mise sur pied de l’équipe I.R.I. (intervention rapide et intensive) puis d’une équipe terrain (DPJ) en vue d’assurer une réponse aux situations urgentes ou de crise (24 / 24 heures, 7 jours / semaine)

§ Développement de ressources d’hébergement pour les urgences sociales 0-5 ans (Répit Providence)

§ Développement de ressources de répit pour les 0-5 ans

§ Placements complémentaires rendus disponibles en RTF

Réalisations au plan structurel et des services

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§ Rédaction d’un Guide d’Appropriation faisant état des besoins de la clientèle Jeunes familles ainsi que des pratiques cliniques à privilégier à l’endroit des MDA / 0- 5 ans

§ Début d’implantation d’un protocole pour les enfants à risque de dérive du projet de vie ( T1 – T7 )

§ Adaptation de ce protocole aux deux ressources d’hébergement mères / enfants

§ Début d’implantation d’un projet d’intervention en réseau s’adressant à la problématique de la négligence (T3)

§ Début de généralisation du projet Jessie s’adressant aux parents toxicomanes (en concertation avec l’organisme Dollard Cormier)

§ Élaboration d’une formation sur la relation d’attachement et des dysfonctions associées. Création de groupes de formateurs à l’interne

§ En cour de réalisation, élaboration d’une grille de dépistage des retards de développement et des déficits de l’environnement MEDEI

§ Différentes activités mises en place dans les territoires (réf. Annexe IV)

§ Mise à jour des 4 fonctions entourant le suivi en RTF.

§ L’autorisation LPJ peut être confiée à des intervenants de la réadaptation lorsque pertinent.

§ Travaux réalisés sur la banque mixte (document à venir)

Réalisations au niveau de la programmation, de la révision des pratiques ,de la formation et des outils

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7. LES PROBLÉMATIQUES DOMINANTES OBSERVÉES CHEZ LES JEUNES FAMILLES

Depuis une vingtaine d’années, quatre problématiques sont retenues pour identifier les difficultés dominantes rencontrées chez les Jeunes familles. Ces dénominations sont le reflet du cadre d’analyse de l’intervention psychosociale et teintée des motifs de compromission inscrits aux articles de la Loi sur la protection de la jeunesse. Ces problématiques sont :

n la négligence

n la maltraitance physique

n la maltraitance sexuelle

n l’abandon

Or, après discussion, les membres de la Table clientèle en viennent à proposer un élargissement des problématiques à retenir. Ces dernières reflèteraient tant les causes de compromission que les symptômes rencontrés chez les enfants, problèmes régulièrement associés à des dysfonctionnements familiaux et qui génèrent la majeure partie des références faites aux services de réadaptation du CJM. Cette nouvelle grille de lecture intègre donc les cadres d’analyse psychosociale et de réadaptation et nous conduit à réfléchir une programmation centrée tant sur les causes que sur les effets engendrés chez nos jeunes usagers. Il est donc proposé de retenir comme problématiques dominantes autour des desquelles construire notre offre de services et les programmes clientèle pertinents :

n la négligence

n la maltraitance physique et psychologique

n la maltraitance sexuelle

n l’abandon

n les retards de développement

n les troubles de l’attachement

n les désordres de la conduite

Il est important de saisir l’interaction entre ces diverses problématiques et dans ce sens l’élaboration d’une offre de services doit prendre en compte cette complexité. À cette fin le lecteur trouvera à la section suivante une proposition d’un cadre intégrateur qui allie les différentes composantes autour desquelles nous devons élaborer une réponse et ce en ajustement selon les différentes problématiques identifiées.

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8. PROGRAMMES CLIENTÈLES À L’INTENTION DES JEUNES FAMILLES (re : « Cadre de référence sur le développement et l’évaluation des programmes au Cjm»)

Il est souhaité que les programmes clientèles à l’intention de la clientèle Jeunes familles

soient élaborés autour des deux axes qui suivent :

Les problématiques dominantes retenues

Les activités ou éléments de programmation à mettre en place en adéquation avec les programmes clientèles retenus

A. Évaluer la capacité des parents à fournir une réponse qui soit raisonnablement satisfaisante aux besoins présentés par leur enfant

B. Évaluer l’état de développement de l’enfant C. Identifier et actualiser le projet de vie du tout-petit

n la négligence;

n la maltraitance physique ou psychologique;

n la maltraitance sexuelle;

n l’abandon;

n les retards de développement;

n les troubles de l’attachement;

n les désordres de la conduite.

1. Supporter le parent et la famille dans l’exercice de leur rôle auprès de l’enfant : 1.1 Soutenir le parent comme «parent» 1.2 Soutenir le parent comme «personne» 1.3 Renforcer la relation parents -enfants 1.4 Supporter le parent par l’établissement d’un réseau social

supportant 1.5 Supporter le parent dans la recherche et la mise en place de

mesures (supplétives si nécessaire) afin d’assurer une réponse adaptée au besoin de son enfant.

1.6 Supporter l’enfant dans la poursuite ou la reprise de son développement et ce dans le respect des capacités parentales.

2. S’il y va dans son intérêt, procéder au déplacement de l’enfant de son milieu familial :

2.1 Préparer et supporter le déplacement 2.2 Soutenir la famille substitut en regard des responsabilités

qu’elle a à assumer à l’égard de l’enfant.

Selon le projet de vie élaboré : 2.3 Soutenir la famille naturelle en regard des efforts à consacrer

en vue de reprendre éventuellement la garde de l’enfant ( se référer alors aux programmes 1.1 à 1.6 )

2.4 Accompagner les parents et l’enfant dans la définition, l’actualisation et l’acceptation de modalités de contact adaptées au projet élaboré ou d’un deuil à faire de ces contacts (si indiqué)

2.5 Soutenir l’enfant et ses parents en regard de leurs difficultés personnelles.

N.B. : Les programmes s’appliquent dans la considération des particularités propres aux communautés culturelles. Dans ces situations toutefois, ils assurent le respect des prescriptions contenues dans la LPJ.

2 1

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9. REGARD SUR LA SITUATION ACTUELLE : PROBLÉMATIQUES CLIENTÈLES À PRIORISER ET DÉFIS À RELEVER

Commentaires issus des consultations tenues auprès du groupe de travail identifié à l’annexe V

9.1 Problématiques clientèles et programmes clientèles Nous avons déjà vu, au chapitre 7, que la clientèle Jeunes familles en est une qui est aux prises avec sept (7) problématiques dominantes : la négligence, la maltraitance physique et psychologique, la maltraitance sexuelle, l’abandon, les retards de développement, les désordres de la conduite et les troubles de l’attachement. n Cela dit, tous s’entendent pour affirmer que, alors que certaines des problématiques ci-haut

identifiées renvoient à des causes (négligence, maltraitance, etc.), d’autres réfèrent aux répercussions que ces causes entraînent sur le développement des tout-petits (retards de développement, troubles de l’attachement, désordres de la conduite, etc.). Partant de cette distinction, une recommandation est formulée et qui vise à limiter le développement des programmes clientèles aux seules problématiques qui réfèrent à des causes, en prévoyant − dans un programme destiné à contrer la négligence ou la maltraitance physique, par exemple − des modalités d’intervention susceptibles d’aider à résorber les séquelles (les retards de développement ou les désordres de la conduite) en découlant chez les tout-petits.

Cette formule apparaît préférable à un choix autre et qui ferait que des programmes clientèles soient élaborés pour chacune des sept (7) problématiques précédemment énumérées. Advenant pareil choix, en effet, la crainte est exprimée qu’un programme destiné à contrer la négligence ou la maltraitance physique (par exemple) ne tienne alors pas suffisamment compte des désordres de la conduite ou des retards de développement en résultant chez l’enfant; ou encore, que des programmes visant les désordres de la conduite ou les retards de développement ne considèrent pas suffisamment la problématique se trouvant à l’origine des séquelles observées chez un tout-petit (la négligence ou autre).

ε Une exception à ce qui vient d’être dit réside toutefois en ceci : attendu que les troubles de l’attachement constituent des difficultés qui transcendent toutes autres problématiques dont peuvent faire l’objet les enfants âgés de moins de 5 ans et que de plus, cette problématique est reconnue comme étant celle qui est la plus dommageable chez cette portion de la clientèle, il est recommandé que les TROUBLES DE L’ATTACHEMENT (même s’ils ne réfèrent pas à une forme de maltraitance familiale au même titre que la négligence ou l’abus physique) fassent l’objet du développement d’un programme clientèle prioritaire à l’intention des enfants âgés de moins de 5 ans.

n Des diverses problématiques familiales identifiées comme correspondant aux causes principales des

difficultés à être vécues par les tout-petits, il est recommandé que LA NÉGLIGENCE fasse l’objet du développement d’un programme clientèle prioritaire (comme cela est

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également recommandé pour les troubles de l’attachement) à l’intention des Jeunes familles. D’une part, parce que cette problématique constitue le motif de référence le plus fréquemment rencontré dans le cas des enfants âgés de 0 à 5 ans (pour 92% des motifs de référence); et d’autre part, à cause de la répétition intergénérationnelle de ce phénomène.

À RETENIR : Attendu que les problématiques de la négligence et des troubles de l’attachement sont reconnues pour entraîner des conséquences particulièrement néfastes et à long terme sur le développement global des jeunes enfants (dont la répétition inter-générationnelle de ces phénomènes), la recommandation est formulée de travailler à contrer ces deux problématiques avec une intensité accrûe de même qu’avec des moyens davantage diversifiés. Or, à supposer que l’établissement ne soit pas en mesure d’investir «de front» ces deux problématiques, la recommandation est clairement formulée de prioriser le développement d’activités destinées à prévenir, dépister et traiter la problématique des troubles de l’attachement chez les enfants âgés de 0-5 ans

9.2 Difficultés et défis rencontrés en cours d’intervention Des difficultés et défis sont présentement rencontrés en cours d’intervention et il apparaît indiqué de les nommer afin d’aider à cerner les pistes de travail à privilégier, à l’intention des Jeunes familles, à l’intérieur des prochaines années. Ces difficultés sont ci-après énumérées suivant les sources à partir desquelles elles tirent leur origine. Des défis liés au fonctionnement d’un certain nombre de tout-petits

§ Les troubles sévères d’attachement;

§ Les troubles de la conduite, une manifestation fréquente et souvent associée à de la négligence.

Des difficultés prenant leur source chez les parents

§ Les problèmes de santé mentale;

§ La toxicomanie7;

§ Les limites intellectuelles ou émotives;

§ L’instabilité dans le mode de vie;

§ La résistance affichée par de nombreux parents à reconnaître les difficultés auxquelles ils sont confrontés

Des difficultés observées chez des intervenants

§ Une difficulté à reconnaître la nécessité de retirer un jeune de son milieu, à actualiser cette orientation de même qu’à vivre avec cette décision (à cause de la charge émotive liée à pareil type de situation).

7 Une difficulté mentionnée en relation avec cette problématique (notamment rencontrée dans le cadre du programme JESSIE) a

trait au fait que l’approche de réduction des méfaits, qui est privilégiée vis-à-vis des parents toxicomanes, a pour effet de soulever de sérieux questionnements, chez les intervenants CJM, lorsque vient le moment de réfléchir le plan de vie à concevoir à l’intention des tout-petits.

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Obstacles associés à l’organisation du travail ou à des décisions de gestion

§ Une charge de cas responsable du fait qu’il manque de temps au personnel afin d’intervenir avec intensité;

a) auprès des familles (surtout les parents) dans leur milieu naturel;

b) ainsi qu’auprès des enfants placés en famille d’accueil;

§ Une mouvance du personnel qui constitue présentement un frein majeur à la continuité des services à l’égard des Jeunes familles;

§ La perte des expertises développées par des intervenants suite aux impacts des changements organisationnel

§ Une lourdeur bureaucratique (« la paperasse à remplir ») qui enlève du temps direct d’intervention auprès des jeunes.

Obstacles liés aux outils à la disposition des intervenants

§ Les outils actuels sont insuffisants ou lacunaires au plan d’apprécier : ? l’état de santé de l’enfant ; ? son développement général ; ? la qualité de son lien d’attachement.

Ces outils seraient pourtant précieux pour bien communiquer quelle est la situation d’un jeune à des parents d’accueil ou d’adoption; ils faciliteraient également le pairage entre un enfant devant être placé et son milieu substitut. De plus, ils nous permettraient de davantage cerner les zones d’intervention et de mettre en place les actions pertinentes afin de s’adresser à la réduction des séquelles § Les intervenants ne sauraient trop «quand» et «à quelle fin» utiliser des outils

existants et destinés à : ? évaluer les capacités parentales; ? préciser la capacité d’évolution des parents (établir un pronostic); ? actualiser ou renforcer les compétences parentales.

Un cadre de référence clair est souhaité en regard de l’utilisation de ces outils; des outils au sujet desquels on rapporte en outre trois ordres de difficultés qui seraient présentement rencontrées: a) des outils inconnus des intervenants ; b) des outils connus, mais pas assez utilisés; c) des outils peu utilisés parce qu’ils ne seraient pas suffisamment conviviaux.

Obstacles liés aux ressources

§ Des ressources de répit (tel Répit- Providence) insuffisantes pour les Jeunes familles;

§ Concernant les familles d’accueil :

? des familles dont le nombre (apparaît insuffisant) est à mettre en lien avec un grave problème de recrutement;

? des familles dont le nombre de place disponibles− restreint − empêche de faire le pairage souhaité dans le cas des tout-petits en attente d’être placés;

? des familles qui n’ont pas suffisamment conscience, en début de placement, de la sévérité des troubles développés par un grand nombre d’enfants («assez souvent, les parents d’accueil s’attendent à recevoir des tout-petits gratifiants…aux cheveux blonds et aux yeux bleus!»);

? des familles qui s’épuisent, faute de support adapté et parfois d’un trop grand nombre d’enfants présents, et dont certains peuvent présenter des problématiques très lourdes (manque aussi d’informations de base concernant les enfants qu’ils hébergent).

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Obstacles liés à la formation

§ Besoin de formation en regard des stades du développement normal des jeunes enfants ainsi qu’en regard des séquelles de toutes sortes pouvant découler des problématiques dont ils font l’objet;

§ Aussi, un besoin de formation destiné à mieux circonscrire le phénomène de la négligence.

Obstacles liés à la pratique

§ Le CJM, trop peu connu, donne par ailleurs lieu à des perceptions souvent négatives tant chez les partenaires qu’auprès du grand public. Non seulement ce problème d’image est-il «porté» par les intervenants, mais il contribuerait possiblement à la difficulté de recruter des familles d’accueil (régulières et de la banque mixte);

§ Des évaluations multiples, à mettre en contraste avec le très peu de traitement qui est offert aux enfants;

§ Des enfants maintenus dans leur milieu naturel alors que çà ne répond pas à leur besoin;

§ La très nette insuffisance au plan de la préparation des enfants et des familles aux déplacements;

§ La difficulté de bien supporter les familles d’accueil dont les enfants présentent des troubles graves d’attachement ou des désordres de la conduite;

§ L’absence de programmes pour intervenir au plan des enfants abusés sexuellement;

§ Les transferts de dossiers dans le cas des tout-petits pour lesquels l’enjeux du temps est primordial au plan du développement

§ Les «visites supervisées» : une formule à laquelle recourent les intervenants, mais sans qu’ils ne sachent trop quand ce moyen s’avère indiqué ou contre-indiqué;

§ L’insuffisance au plan d’activités de «modeling» à proposer aux parents en vue de les aider à améliorer concrètement leurs capacités parentales;

§ Les obstacles «très importants» rencontrés lorsque vient le moment de déplacer en voiture des tout-petits devant assister à un rendez-vous médical, se rendre chez leurs parents, retourner dans leur famille d’accueil, fréquenter un centre de jour, etc.

Obstacles liés au fonctionnement de la Chambre de la jeunesse

§ Les longs délais lors des auditions au Tribunal mis en lien avec l’impact de l’importance du temps dans la vie du jeune enfant.

§ L’idéologie du «lien du sang» qui demeure dominante, et en dépit des faits qui leur sont rapportés, chez certains juges;

§ Une tendance, chez certains juges, à statuer sur la teneur des P.I. plutôt qu’à se limiter à ce en quoi devraient consister les mesures de protection.

Obstacles liés à l’accès au services

§ Dans le cas de la pédopsychiatrie et des ressources en déficience intellectuelle : des délais d’attente pouvant atteindre 18 mois!;

§ En psychiatrie adulte et dans les CLSC : un manque au niveau des ressources destinées à rejoindre les adultes en tant que parents ; une difficulté de faire alliance dans le traitement avec nos partenaires nos cibles d’intervention n’étant pas les mêmes provoquant parfois des enjeux sur le client à préserver (le parent (adulte ) ou l’enfant )

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10. PERSPECTIVES DE TRAVAIL

Tenant compte des recommandations formulées au cours des dernières années, des différentes réalisations énumérées dans un chapitre précédent de même que des difficultés identifiées dans la pratique, voici les principales perspectives de travail retenues comme base de développement pour les prochaines années.

n Concernant la problématique des troubles de l’attachement :

§ Poursuivre les travaux déjà amorcés dans l’établissement en

regard de cette problématique;

§ Maintenir, renforcer et étendre à toutes les équipes Jeunes familles le programme «À chaque enfant son projet de vie»; de plus, appliquer ce programme à tout enfant âgé de moins de 5 ans desservi par les équipes Enfance familles;

§ Favoriser tous programmes ou activités qui soient de nature à aller encore plus loin aux plans du dépistage, de la prévention et du traitement des enfants aux prises avec des troubles sévères d’attachement.

§ En concertation avec les partenaires du CH Ste-Justine, repenser le modèle de la clinique d’attachement de façon à disposer d’une clinique multidisciplinaire spécialisée et vouée à supporter l’intervention et la prise de décision non seulement en lien avec la problématique de l’attachement, mais également en regard de toutes autres situations où les intervenants nécessiteraient de se voir objectivés;

§ Élargir la formation sur les désordres de l’attachement à tous les intervenants agissant auprès de la clientèle 0- 11 ans ; de plus, assurer un perfectionnement continu en regard de cette problématique.

n Concernant la problématique de la négligence : § Mettre en place un programme clientèle négligence en

s’appuyant (si cela est jugé pertinent après son évaluation) sur le projet GAMME actuellement en expérimentation au CJM et en prévoyant d’apporter les adaptations nécessaires aux réalités locales.

§ S’assurer que ce programme : a) s’appuie sur une définition bien circonscrite du type de négligence qu’il vise à contrer ; b) qu’il inclut des activités visant à traiter les retards de développement et les désordres de la conduite habituellement générés, chez les enfants, par ce type de problématique ; c) qu’il inclut les activités décrites au programme «À chaque enfant son projet de vie permanent».

Au plan des problématiques clientèles

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À propos des outils visant l’évaluation de :

§ l’état de santé de l’enfant ; § son développement général ; § la qualité de son lien d’attachement. § les compétences parentales

§ Besoin d’outils simples, conviviaux et qui permettent d’apprécier

finement ces dimensions.

§ Besoin que ces outils soient adaptés à la réalité multiculturelle du CJM et qu’ils permettent de poser un diagnostique «pointu» ce, le plus rapidement possible.

§ À cet effet, faire le point sur l’utilisation des outils d’évaluation présentement disponibles au CJM. Par exemple : les grilles de Steinhauer révisées, les outils de dépistage de la négligence développés par Ste-Justine », l’utilisation de l’ICBE (certains le trouvent trop compliqué d’utilisation),et faire la concordance avec les travaux sur l’outil d’évaluation en développement dans le cadre des travaux sur le processus clinique intégré afin qu’un cadre de référence clair soit développé sur l’utilisation qu’il convient de faire de tous ces outils et ce en fonction des programmes développés

§ Terminer les travaux relatifs à la validation de l’outil de mesure du développement GED (anciennement MEDEI) Attention à évaluer la faisabilité tenant compte des multiples projets en cours de développement

§ Prévoir le développement de ressources spécialisées « de type CSE » (en partenariat avec le milieu ou à défaut seul ) à l’intention des tout-petits qui présentent des désordres de la conduite ou des retards du développement;

§ Développer des ressources de répit pour les parents (de type Répit Providence).

Concernant les services d’hébergement :

n Ressources de type familial

§ Actualiser la recommandation de la démarche d’agrément :

§ Renforcer l’offre de service en ressources de type familial en évaluant le nombre nécessaire, les qualifications désirées (des professionnels ? des non professionnels ?), le nombre de jeunes à leur référer, ainsi que le soutien et l’encadrement à fournir aux parents d’accueil ;

§ Poursuivre des réflexions sur l’accès à des familles de la banque mixte et sur le processus d’adoption

§ Favoriser toutes initiatives visant la formation et le «coaching» des familles d’accueil.»

Au plan de la structure et des services

Concernant les outils dont ont besoin les intervenants

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n Ressources pour enfant en troubles graves d’attachement :

§ Bonifier l’offre de services à ce niveau en actualisant le plan initialement prévu de même qu’en tenant compte de l’expérience jusqu’à présent accumulée. De plus, considérer les demandes non répondues pour les tout-petits présentant des désordres de la conduite ou des troubles au niveau du lien d’attachement.

§ Documenter les demandes reçues pour les clientèles plus lourdes et qui ne peuvent pas trouver de réponse à leurs besoins dans les ressources spécialisées actuelles soit par manque de places soit parce que l’établissement n’a pas de ressources adaptées à leur proposer.

n Ressources d’hébergement mères-enfants :

§ Maintient des 2 foyers de groupe actuels avec poursuite du plan de travail déjà engagé au niveau de ces ressources.

n Logement social supervisé :

§ Formule à développer. À cette fin, prévoir un groupe de travail mandaté pour examiner les forces et faiblesses de ressources actuellement connues (MAP, la Chrysalide…) et examiner la possibilité de développer une formule adaptée.

n Mettre en place un programme clientèle Négligence en

s’appuyant (si jugé pertinent après évaluation) sur le projet GAMME actuellement en expérimentation et en apportant les adaptations nécessaires aux réalités locales (Projet réseau à inscrire dans le cadre du projet Jeunesse montréalais)

n Faire le point sur le Projet Jessie ( protocole d’évaluation et de suivi pour parent toxicomane). Évaluer son impact et voir la correspondance avec les programmes négligence et projet de vie. Assurer les ajustements qui conviennent s’il y a lieu.

n En s’appuyant sur les projets ci -haut mentionnés ainsi que sur les initiatives locales (voir Annexe IV) etc ; s’assurer que chaque service mette en place des services nourrissant les programmes clientèle retenus suites à la finalisation des travaux du comité stratégique des programmes

n S’assurer d’être en cohérence avec les contenus du programme national de formation( PNF )

n Développer l’intervention dans le domaine de l’abus sexuel et physique (entre autres en s’assurant d’être mieux équipé aux plans du dépistage et du traitement des «bébés secoués)

n S’assurer que tous les intervenants reçoivent la formation nécessaire à son champs d’activités

Au plan des pratiques, des programmes, de la formation, etc.

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n Également :

§ Consentir des efforts visant à faire connaître davantage le CJM de même qu’à améliorer son image;

§ Faire revivre le programme de support aux déplacements («un programme qui s’est perdu dans la brume !»).

§ Minimiser le plus possible les transferts de dossiers dans le cas des tout-petits. Advenant la nécessité de procéder à pareil transfert, s’assurer que seront actualisées les décisions prises en visant à assurer un maximum de continuité;

§ Soutenir davantage les intervenants («ne pas les laisser seuls») en regard de décisions extrêmement difficiles à prendre («maintenir ou placer ? placer en FA, en famille d’adoption, en banque mixte ?»). À cette fin, favoriser le travail en équipe et maintenir la formule des comités aviseurs ;

§ Attendu que les intervenants ne peuvent être compétents en regard de tout ce qu’il leur est demandé de réaliser, favoriser une approche «par spécialisation» au sein des équipes de travail;

§ Favoriser une évaluation de qualité, réalisée dès le début de l’intervention;

§ Favoriser une intervention réalisée à partir du Protocole de concertation DPJ/Accès/DSC;

§ Concernant les «visites supervisées» : fournir des balises aux intervenants de manière à ce qu’ils saisissent mieux le sens de ces visites (quand sont-elles opportunes ? quand ne sont-elles pas ou plus indiquées ? quand commencent-elles ? quand devraient-elles se terminer… sur le fond : quand maintenir et quand couper le lien ?);

n Supporter les travaux de recherche d’ Ellen Moss sur le

développement d’un attachement sécurisant en famille d’accueil ;

n Supporter la poursuite des travaux de l’IRDS notamment sur les pères et la création du lien d’attachement (re : Daniel Paquette)

n Implanter le cadre de collaboration élaboré entre les CPE, les CSLC

et les CJ

n Établir des collaborations avec les milieux de psychiatrie enfance et adulte et les milieux de santé

n Établir des collaborations avec le réseau scolaire pré-maternelle et maternelle

n Sensibiliser davantage les juges de la Chambre de la jeunesse au développement du lien d’attachement et aux manifestations problématiques qu’un désordre de ce lien peut engendrer chez les enfants

Au plan de la recherche

Au plan des collaborations

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ANNEXE I

Données statistiques extraites des systèmes clientèle 31 mars 2002

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La clientèle des 0-5 ans

TABLEAU 1 - La clientèle des 0-5 ans selon les lois et le sexe ( excluant dossiers inter CJ )

Garçons Filles

Âge 0-2 ans 3-5 ans 0-2 ans 3-5 ans Total

LSSSS 15 37 16 18 86

Évaluation 34 42 34 40 150

Orientation 43 24 28 12 107

Volontaires 30 40 30 38 138 LPJ

À l'application des mesures Ordonnées 164 279 135 229 807

Total 286 422 243 337 1288

TABLEAU 2 - La clientèle des 0-5 ans (dossiers de collaboration inter -CJ)

Garçons Filles

Âge 0-5 ans 0-5 ans Total

Collaboration inter CJ 48 40 88

TABLEAU 3 - La clientèle des 0-5 ans selon les missions

Garçons Filles

Âge 0-2 ans 3-5 ans 0-2 ans 3-5 ans Total

Usagers non placés 126 186 110 171 593 Psychosociale

Usagers placés (RTF) 89 115 66 87 357

Usagers non placés et inscrits 33 51 24 33 141

Usagers placés et inscrits 13 26 9 20 68

Usagers admis seulement 2 4 5 1 12

Psychosociale et réadaptation

Usagers admis et inscrits 1 1

Usagers inscrits seulement 9 28 9 12 58

Usagers admis

Réadaptation

Usagers inscrits et autorisation 26 47 26 47 146

Total 298 458 149 371 1376

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TABLEAU 4 - La clientèle des 0-5 ans selon les milieux de vie

Garçons Filles

Âge 0-2 ans 3-5 ans 0-2 ans 3-5 ans Total

Milieu naturel 184 294 162 247 887

RTF (banque mixte) 40 18 24 13 95

RTF (régulière) 52 111 40 73 276

RTF (spécifique) 14 21 15 31 81

RTF (transition) 6 7 3 5 21

RI Maison d'accueil - - - - -

RI résidence de groupe (la Passerelle) - 5 - 1 6

Foyer de groupe institutionnel (MDA) 2 - 5 - 7

Autre (tout autre lieu d'hébergement) (arrêt d’agir ou Répit)

- 2 - 1 3

TOTAL 298 458 249 371 1376

TABLEAU 5 – Distribution de l’âge des 0-5 ans

Âge Garçons Filles Total

0 72 67 139

1 108 90 198

2 118 92 210

3 161 122 283

4 127 115 242

5 170 134 304

Total 756 620 1376

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TABLEAU 6 – La clientèle des 0-5 ans, selon les problématiques, à l’étape de l’application des mesures * exclu les données en LSSSS, en évaluation-orientation et collaboration CJ.

Abandon Négligence Abus physique

Abus sexuel

Troubles de comport.

Total

Garçons 0-2 ans 2 180 12 194

Garçons 3-5 ans 2 294 18 3 2 319

Filles 0-2 ans 156 9 165

Filles 3-5 ans 2 239 22 4 267

Total 6 869 61 7 945

TABLEAU 7 – La durée moyenne de prise en charge (au 31-03-02) selon la problématique (en jours) ( suite du tableau 6 )

Abandon Négligence Abus physique

Abus sexuel

Troubles de comport.

Total

Garçons 0-2 ans

367 341 205

Garçons

3-5 ans 277 674 504 248 298

Filles 0-2 ans

326 215

Filles

3-5 ans 534 677 547 150

Total 391 543 418 192 298

TABLEAU 8 – La durée moyenne de prise en charge de la clientèle 0-5 ans (en jours)

Garçons Filles Moyenne générale

Durée moyenne de la cohorte

*( 945 dossiers réf. tableau 6)

536 528 532

Durée réelle pour l'année 2001-2002

*( 262 dossiers fermés réf tableau 13)

635 617 626

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La clientèle des mères en difficulté d’adaptation (MDA)

TABLEAU 9 - La clientèle des MDA hébergée selon l’âge et les lois

Mères Hébergées

Age 12-14 ans 15-17 ans 18 ans et plus

Total

LSSSS 1 1

Volontaires 1 1 LPJ

À l'application des mesures Ordonnées 8 8

LPJ et LJC

LJC

Total 9 1 10

TABLEAU 12 – Distribution de l’âge des MDA

Âge 12 13 14 15 16 17 18 19 20 21

Filles 3 6 1

TABLEAU 13 – La clientèle des MDA selon les problématiques

Abandon Négligence Abus physique

Abus sexuel

Troubles de comport.

LSSSS Total

12-14 ans

15- 17 ans 2 2 5

18 ans et + 1

Total 2 2 5 1

TABLEAU 14 – La durée moyenne de la prise en charge de la clientèle MDA (en jours)

Portrait de la cohorte

(durée en cours)

Durée réelle année

2001-2002

Total 636 N/D

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La population

TABLEAU 15 – Nombre d’usagers du Centre jeunesse de Montréal

Âge Nombre

0-5 ans 1376

6-11 ans 2228

12-18 LSS-LPJ 2978

12-18 LJC 1041

12-18 LPJ et LJC 227

TOTAL 7850

La durée moyenne des prises en charge en LPJ

TABLEAU 16 – Année 2001-2002 (périodes 1 à 13)

0-5 ANS 6-11 ANS 12+ ANS TOTAL

Problématiques NB Durée moyenne

NB Durée moyenne

NB Durée moyenne

NB %

ABANDON 25 859 7 1626 37 1869 69 4.89% ABUS PHYSIQUE 13 656 32 743 61 895 106 7.52% ABUS SEXUEL 1 137 9 617 35 987 45 3.19% NÉGLIGENCE 223 601 254 788 284 1541 761 53.97% TROUBLE DE COMPORTEMENT

9 555 420 738 429 30.43%

TOTAL: 262 626 311 791 837 1101 1410

TABLEAU 17 – Durée moyenne de prises en charge en LPJ (historique depuis 1994) 1994-1995 : 844 jours 1995-1996 : 891 jours 1996-1997 : 900 jours

Problématiques 97-98 % 98-99 % 99-00 % 00-01 %

ABANDON 1717 5.4% 1774 5.7% 2131 3.6% 2127 3.3% ABUS PHYSIQUE 838 8.1% 665 9.4% 627 9.8% 637 11.0% ABUS SEXUEL 1260 5.0% 1188 5.5% 1302 5.7% 1139 4.0% NÉGLIGENCE 1067 44.4% 1116 43.8% 1014 49.2% 1151 49.7% TROUBLE DE COMPORTEMENT

648 37.1% 740 35.6% 672 31.7% 761 32.0%

DURÉE MOYENNE (en jours)

938 100.0% 981 100.0% 926 100.0% 1002 100.0%

Durée moyenne des prises en charge LSSSS qui se sont terminées entre le 1er avril 2001 et le 31 mars 2002

(périodes 1 à 13) : 235 dossiers (durée moyenne en jours : 439 jours)

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ANNEXE II

Extrait de l’étude de Robert Pauzé et coll. septembre 2000

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Caractéristiques de l’échantillonnage

n Enfants suivis par 4 centres jeunesse, dont environ 50% par le CJM : § 160 enfants ayant une moyenne d’âge de 33,7 mois § 103 (entre 0 et 3 ans) et 57 (entre 4 et 5 ans)

§ 52% garçons et 48% filles § 93,5% (LPJ) dont 89,7% sont retenus pour négligence

§ 73 sur 160 enfants (45,6%) ont déjà reçu des services antérieurement § 43,1% ont déjà été placés

§ 84% sont toujours suivis après 8 mois de prise en charge

Caractéristiques des parents

n Santé physique vulnérable

? mères hospitalisées au moins 1 nuit dans la dernière année 49,9 % n Santé mentale précaire

? Présente ou a présenté un diagnostic de troubles mentaux au cours des 6 derniers mois § Dépression majeure *(7,7%) 34,5 % § Dysthymie *(5,2%) 8,3 % § Trouble panique *(1,4%) 7,5 % § Anxiété généralisée *(3,1%) 3,2 %

? Ont déjà fait une tentative de suicide 20,8 % ? Présentent ou ont présenté des problèmes de drogues *(0,8%) 34,5 % ? Présentent ou ont présenté des problèmes d’alcool *(3,1% ) 20,2 %

*( données sur population montréalaise comparable Fournier et Al. 1997)

Caractéristiques de la relation parent-enfant

§ Ressentent un sentiment de manque de compétence 94 %

§ Vivent la parentalité comme très restreignante 81 % § Manquent de soutien affectif et matériel de leur conjoint 56 %

§ Manquent de soutien social et se sentent isolés 47 %

§ Présentent un problème d’attachement parental 36 % § Trouvent que leur enfant ne correspond pas à l’image souhaitée 21 %

§ Considèrent leur enfant comme peu renforçant 18,2%

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Caractéristiques des enfants

n Aspect développemental

? Bonne santé physique 94,7% ? Problème de langage divers : 52,4% § d’expression 38,1% § de compréhension 34,5% § de pragmatique (0-3 ans) 20,2%

n Aspect comportemental

? Caractéristiques du tempérament pouvant s’avérer un stress pour le parent § Exigeants (utilisent des tentatives de rapprochement maladroits ou inopportunes) 31,5% § Hyperactifs (supervision constante requise) 30,8% § Difficultés à s’adapter aux transitions/changements 28,2% § Pleurent de façon excessive, retirés, déprimés 18,4%

? Problèmes de comportement : § Enfants de 2-3 ans inférieur à 5% § Enfants de 4-5 ans : s Comportements agressifs 30,6% s Comportements délinquants 25,0% s Retrait social 16,1% s Problèmes sociaux 15,9%

n Enfants agressés sexuellement 9,8% n Comportements sexualisés inappropriés pour leur âge 34,7%

Remarque : À noter que les données obtenues par Pauzé et ses collaborateurs l’ont été à partir d’entrevues et de questionnaires (constitués à partir de tests validés) auxquels se sont prêtés les mères, pères ou tuteurs des tout-petits concernés par la recherche. Ces données renvoient donc aux perceptions entretenues par les parents interrogés, tant à l’endroit de leur situation personnelle que vis-à-vis celle de leur(s) jeune(s) enfant(s).

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ANNEXE III

Revue de littérature de recherche réalisée par J. Moreau, professeur, École de service social de l’UDM

(texte intégral )

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LES PROBLEMES DU DEVELOPPEMENT CHEZ DE JEUNES ENFANTS

EN SITUATION DE MALTRAITANCE ET/OU DE PAUVRETE.

Par Jacques Moreau Ph.D., Professeur Ecole de Service Social - Université de Montréal

CONTEXTE GÉNÉRAL Au Canada, le nombre de cas d’enfants maltraités n’a cessé d’augmenter au cours des dernières années (Groupe de travail fédéral-provincial sur l’information sur les services à l’enfance et à la famille, 1994). Plusieurs études suggèrent des taux de prévalence annuelle de signalements variant entre 43 pour 1 000 aux États-Unis en 1991 (NCANDS, 1993) et 21 pour 1 000 en Ontario en 1993 (Trocmé et al., 1994) (voir le rapport du Groupe de travail fédéral-provincial sur l’information sur les services à l’enfance et à la famille, 1994, pour les statistiques des autres provinces). Au Québec pour l’année 1990, on rapporte une prévalence de 28,3 pour 1 000 des signalements et de 17 pour 1 000 de prises en charge pour maltraitance (Massé, 1991).Les études québécoises de prévalence indiquent des taux d’environ 12 pour 1 000 en 1983 dans la région métropolitaine (Chamberland et al., 1986), 14 pour 1 000 en 1984-1985 (Davidson, 1988) et 17,5 pour 1 000 en 1988-1989 (Larouche et Gagné, 1990) pour l’ensemble du Québec. Chamberland (1992) rapporte qu’en 1991 près de 50 000 (48 778) signalements ont été acheminés à la Direction de la protection de la jeunesse (DPJ). Presque la moitié (49,5 %) de ces signalements ont été retenus. De ceux-ci, 67,1 % ont fait l’objet d’une prise en charge parce que la sécurité et le développement de l’enfant (zéro à 18 ans) étaient compromis. Dernièrement, Carolle Lessard (Janvier 2000) du MSSS du Québec rapportait une hausse des cas de négligence au Québec pour la décennie 1990-2000. Ces quelques données renseignent sur la proportion d’enfants susceptibles d’être maltraités et sur ceux officiellement reconnus comme tel par les systèmes de protection de l’enfance. Ils ne nous permettent pas de connaître le nombre réel d’enfants qui se développent dans un environnement maltraitant, ni ne nous renseignent sur la gravité des retards de développement. IMPACT DE LA MALTRAITANCE SUR LES JEUNES ENFANTS Soulignons d’emblée que plusieurs chercheurs (Crittenden et DiLalla,1988 ; Mrazeck, 1993 ; Sherrod et al.,1984) estiment que la probabilité d’être victime d’abus ou de négligence est plus grande chez les tout-petits (de zéro à trois ans) que chez les plus âgés. La hausse des cas de négligence au Québec a donc de quoi inquiété. L’impact de la maltraitance sur le développement des jeunes est maintenant bien démontré par l’apport de nombreuses études. Les répercussions chez les enfants victimes de maltraitance, tôt dans leur vie, apparaissent sous diverses formes lors de leur développement (pour une revue, voir Briere et al., 1996; Cicchetti et Carlson, 1989; Cicchetti et Lynch, 1993; Dubowitz, 1999 ; McLaren et Brown, 1989; Mrazek, 1993; PRCAN, 1993; Wright, 1994). Les enfants présentent davantage de patrons d’attachement de type insécure ou insécure/évitant (Page, 1999). Ils manquent de contrôle d’eux-mêmes et de persévérance, ont de la difficulté à se concentrer sur diverses tâches, discriminent mal les émotions des adultes (Pollack et al., 2000), présentent une lenteur intellectuelle, un retard global du développement (Dukewich et al., 1999) ou de l’acquisition du

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langage (Dubowitz, 1999), un retard staturo-pondéral de la croissance et des séquelles neurologiques (Miller, 1999). Plus tard, se manifestent des troubles du comportement, des difficultés d’adaptation scolaire et d’apprentissage (Howing et al., 1993) alors qu'à l’adolescence et à l’âge adulte, surviennent, l’alcoolisme, la délinquance et la criminalité (Trickett et McBride-Chang, 1995). Enfin, plusieurs études indiquent que la négligence aurait des impacts plus graves que l'abus physique. Erikson et Egeland (1996, dans Brière et al., 1996) concluent, suite à une revue exhaustive des études, que les enfants négligés présentent des problèmes divers, des retards de développement et de langage plus graves que ceux d'enfants victimes d'abus physiques. La négligence affective aurait des conséquences plus profondes que la négligence physique ou d'autres formes de mauvais traitements chez les enfants dès l'âge de 4 ans, alors que chez les enfants de 4 à 6 ans la négligence physique serait la plus dommageable de toutes les formes de mauvais traitements. De leur côté, les enfants physiquement abusés exhiberaient, dès la petite enfance, des patrons de comportements associés à des troubles externalisés (agressivité exacerbée, troubles de l'opposition et du comportement) et au stress post-traumatique davantage que les enfants négligés (Kolfo, 1996, dans Brière et al., 1996). Il y aurait une interaction complexe chez les jeunes enfants suivis en protection entre l'âge, le type d'abus et la "chronicité" de la maltraitance produisant des séquelles développementales distinctes qui appelleraient à des stratégies d'intervention psychosociale mieux ciblées. Y A-T-IL UNE DIFFÉRENCE DANS L’IMPACT DE LA MALTRAITANCE ET CELUI DE LA PAUVRETÉ DANS LE DÉVELOPPEMENT DES JEUNES ENFANTS ? Outre un environnement maltraitant, la pauvreté économique des parents et un faible niveau d’éducation souvent corrélés l’un à l’autre constituent aussi des menaces importantes au développement de l’enfant (pour une revue, voir : Aylward, 1992; Halpern, 1993; Jolly et al., 1991; Keating & Hertzman, 1999 ; McLeod et Shanahan, 1996; Moen et al., 1995; Parker et al., 1988; Schorr et Schorr, 1988). L’impact des conditions persistantes de pauvreté se répercute dans toutes les dimensions du développement (Klebanov et al., 1999). Il devient difficile de départager les effets des conditions de pauvreté des effets d’un environnement maltraitant sur le développement de l’enfant, puisque les familles pauvres sont sur représentées dans la population d’enfants suivis en protection de l'enfance. Plusieurs chercheurs ont tenté d’estimer la part de la variable statut socio-économique (SSE) dans les conséquences de la maltraitance sur le développement de l’enfant (voir PRCAN, 1993). Le débat est encore contradictoire (pour une revue, voir Knuston, 1995; Trickett et McBride-Chang, 1995; Wright, 1994). Plusieurs études révèlent que les effets de la maltraitance sur le développement de l’enfant sont maintenus lorsqu’on contrôle le facteur socio-économique. Lorsque les conditions de pauvreté sont similaires, les enfants qui en plus, sont dans un environnement maltraitant présentent des troubles de l’adaptation et du développement cognitif, moteur et langagier plus sévères que les enfants « seulement » pauvres. Leurs scores à des tests de QI sont moindres, de même que leurs performances académiques (Howing et al., 1993). Les symptômes liés à des troubles internalisés ou externalisés sont plus sévères (Kolko, 1996 dans Briere et al., 1996) comme le sont aussi les troubles de l’attachement et de la socialisation (Érikson et Egeland, 1996 dans Briere et al., 1996). Les effets néfastes dans la sphère cognitive se maintiendraient jusqu’à l’âge adulte (Perez et Widom, 1994). De plus, on observerait un effet spécifique du type de maltraitance selon différentes sphères de développement. Par exemple, des conditions de négligence entraineraient davantage de retards de langage et de troubles de la communication (Allen et Oliver, 1982; Rossetti, 1996), alors que l’abus physique serait lié à un faible QI (Howing et al., 1993; Kolko, 1996 dans Briere et al., 1996). Cependant, quelques études n’ont pas relevé de différences spécifiques dues à la maltraitance entre des groupes d’enfants issus

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de milieux défavorisés sur des variables telles les habiletés cognitives (Nightingale et Walker, 1991), le développement moteur (Wodarski et al., 1990) et le langage (Elmer, 1977; Gregory et Beckcridge, 1984). ÉTUDES QUÉBÉCOISES EN MALTRAITANCE ET PAUVRETÉ Quelques études québécoises dans le champ de la maltraitance et du développement de l’enfant nous renseignent sur la condition développementale de jeunes enfants en situation de défavorisation ou de maltraitance et suggèrent des pistes d'action à développer dans une perspective centrée sur l'enfant. Des travaux sur le développement de l’enfant (Lacroix, 1998) montrent que des enfants de mères défavorisées, comparativement à des enfants de mères de classe moyenne, présentaient de plus faibles scores à des mesures du développement ( au Bayley, 1993) et du langage (au Reynell, 1987) à 24 mois et du QI (au Stanford-Binet, 1960) et du langage à 36 mois. À l’âge de 10 mois le quotient de développement des enfants ne se distinguait pas entre les groupes. Cette étude prospective longitudinale de trois ans révèle un déclin de la condition développementale des enfants associé à des conditions de vie défavorisantes et ce, même en l’absence de conditions connues de maltraitance. Le nombre important d'enfants à chaque âge (10 mois: N = 191; 24 mois: N = 132; 36 mois: N = 128) et la robustesse du devis indiquent bien que les conditions de pauvreté au Québec pourraient avoir une influence similaire sur le développement de l’enfant à celle rapportée dans les études américaines et autres (voir Aylward, 1992). Des travaux récents menés par les chercheurs de l’équipe DEC (Développement des Enfants dans leur Communauté ; Bouchard, C., Bastien, N., Bastien M.F., Malcuit, G., Pomerleau, A., Moreau, J ; 2002) montrent que des enfants entre 20 et 40 mois d’âge vivant dans des quartiers à haut taux de pauvreté voient la qualité de leur développement sérieusement affecté dans des proportions importantes et extrêmement inquiétantes. En effet, les résultats indiquent que dans les 12 quartiers investigués la proportion des enfants présentant des retards significatifs de développement varie de 25 à 50%. La norme attendue dans la population est de 15%. Selon les territoires c’est donc de deux à trois fois la norme attendue. De plus, quand les familles de ces territoires cumulent les facteurs de risque dans leur vie (i.e. : être en situation de précarité financière, être faiblement scolarisée et/ou être chef de famille monoparentale) la condition de santé des enfants et la qualité de leur développement se détériore de manière significative avec l’augmentation des facteurs de risque dans la vie de ces familles. Bref, la santé et le développement de jeunes enfants québécois semblent fortement influencée par la qualité des conditions de vie de la famille et la qualité du quartier environnant. Les résultats indiquent aussi qu’à pauvreté et cumul de risque similaires le fait de vivre en milieu urbain est pire pour la condition des enfants que de vivre en milieu suburbain ou rural. De son côté, Palacio-Quintin (1997) rapporte une plus grande proportion d’enfants avec un QI faible [scores au Wechsler Preschool and Primary Scale of Intelligence (WPPSI) < 94] à 4 ans en provenance d’un milieu socio-économique bas (21 %) et moyen-élevé (5 %) dans un échantillon de 57 enfants. L’Enquête longitudinale nationale sur les enfants et la jeunesse (ELNEJ, 1996) révèle une proportion de retards de développement de 13,5 % dans la population à tout venant d’enfants âgés entre 0 et 3 ans (ELNEJ, 1996). Par contre, lorsque les parents utilisent peu de méthodes d’éducation positives, le pourcentage de retards grimpe à 35,2 %. De plus, les enfants âgés de 4 à 11 ans présenteraient davantage de problèmes de comportement lorsqu’ils sont issus d’une famille à faible revenu que ceux de familles avec un revenu supérieur au seuil de faible revenu. Le pourcentage d’enfants avec des problèmes

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augmente encore plus dans les familles monoparentales (43,5 % versus 28,9 %) (ELNEJ, 1996). L’étude de Jéliu et al. (1983) sur 54 enfants maltraités (abus physiques et négligence) comportait un groupe contrôle apparié selon l’âge, le sexe, l’ethnie et le niveau socio-économique. Les résultats aux tests de développement de Griffith et au WISC montrent des écarts significatifs entre les groupes à ces deux mesures: les enfants des groupes abusés et négligés ont des scores inférieurs à ceux du groupe contrôle. Le QI global au WISC est de 86 pour les enfants abusés, de 81 pour les enfants négligés et de 97 pour les enfants du groupe contrôle. Les scores au Griffith vont dans le même sens. Ces différences significatives entre les groupes se maintiennent en contrôlant le niveau socio-économique et le poids à la naissance. Cette étude donne une idée de la sévérité du retard cognitif d’enfants québécois maltraités, mais ne nous renseigne pas sur la proportion des enfants suivis en Centres jeunesse qui sont affectés de cette façon. L’étude d’Éthier et al. (1991) montre aussi des faibles scores de QI et des troubles d’adaptation chez des enfants maltraités de 4 et 5 ans. Cependant, la petite taille de l’échantillon (N total = 38) limite la portée des résultats. De même, Oxman-Martinez et Moreau (1993) rapportent des retards significatifs au niveau du langage chez des enfants négligés âgés entre 2 et 5 ans dans 66 % des cas et un développement global suspect dans 16 % des cas pour les enfants âgés entre 3 mois et 5 ans. Malheureusement, l’absence de groupe de comparaison dans cette étude nuit à la généralisation des résultats et à leur interprétation. De plus, l’utilisation du Denver Developmental Screening Test (Frankenburg et al., 1991) comme mesure globale du développement pose un problème étant donné les limites inhérentes à l’instrument, notamment son manque de précision et de validité (Sattler, 1993). Les résultats d'une étude récente (Moreau et al., 1998) sur la transmission intergénérationnelle de la maltraitance indiquent une différence à l’échelle mentale de Bayley entre un groupe d’enfants suivis par les Centres jeunesse de Montréal et de la Montérégie, un groupe d’enfants à risque de maltraitance, mais non suivis par les Centres jeunesse et un groupe d'enfants tout-venant. Il en ressort que la proportion d’enfants avec des retards de développement est de 47% pour le groupe Centres jeunesse, de 42% pour ceux à risque et de seulement 15% chez les enfants tout venant. Malheureusement, le petit nombre d'enfants par groupe limite la généralisation des résultats. Une étude clinique rétrospective de 59 dossiers médicaux d’enfants âgés de 2 à 5 ans suivis pour abus physique, négligence et abus sexuel (Diorio, 1992) révèle que 54 % d’entre eux présentent un retard de développement, 41 % un trouble du comportement et 29 % un retard de croissance. Malheureusement, le type de devis utilisé ici (recherche historico-graphique descriptive rétrospective) ne permet pas une juste estimation de l’ampleur et de la sévérité des problèmes au sein de l'ensemble de la population des enfants maltraités suivis par les Centres jeunesse. Enfin l’étude de Mayer-Renaud sur les enfants négligés du territoire des Centres de services sociaux du Montréal métropolitain (CSSMM) (Mayer-Renaud, 1990) dresse un portrait exhaustif de ce problème qui représente, règle générale, environ la moitié des cas (50 %) de prises en charge. Comme dans l’étude de Diorio (1992), le pourcentage de problèmes psychosociaux chez les enfants est important. Mayer-Renaud (1990) rapporte que 74,2 % des enfants négligés de son échantillon manifestent entre un et huit types de problèmes, le plus important étant les troubles du comportement (75 % des enfants avec aux moins un problème identifié). Chez les enfants âgés de 0 à 5 ans (le groupe d’âge qui nous intéresse plus particulièrement), on retrouve 24 % d’enfants considérés avoir des troubles du comportement. Cependant, cette étude descriptive des cas en négligence par questionnaire complété par les

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intervenants ne permet pas non plus une estimation objective du nombre réel d’enfants connus des services en protection présentant des troubles ou des retards de développement, ni la gravité de ces troubles et retards. Les résultats de la recherche de maîtrise en service social de Léna Lortie (2000) montrent que le fait d'assister à l’évaluation de la condition développementale d’un enfant donne aux praticiens une nouvelle vision de l'enfant, modifient leur perception de cet enfant : « J'pensais pas que c'était si grave...», « Ah, j'l'ai jamais vu faire ça...» «j'pensais pas qu'y était capable de faire ça...» et influence leur prise de décision par le recours à des services auxquels ils n'auraient pas nécessairement pensé utiliser (comme faire des références au Centre de Développement de Ste-Justine ou la fréquentation plus assidue d'une garderie...). Cette étude montre aussi que sur 19 évaluations faites en présence des praticiens 16 se sont révélées être dans les zones de retards légers (n=8; 42,2%) ou sévères (n=8; 42,2%). Cela représente 84,2% des enfants évalués suivis par les Centres jeunesse. Dans la population normale le pourcentage attendu de retards de développement est seulement de 15% PROTECTION DE LA JEUNESSE ET EVALUATION DU DEVELOPPEMENT Dans le contexte actuel de la réorganisation des services en Centres Jeunesse, des failles du système dans sa mission de protection et des critiques majeures qui lui sont adressées face à l'incapacité de bien évaluer les situations et dommages causés aux enfants (par exemple, l'affaire Beaumont et ses répercussions), il paraît urgent de questionner le glissement de la LPJ vers une interprétation de plus en plus sociojudiciaire de la compromission au détriment d'une perspective plus sociosanitaire ou socio-éducative. En effet, il semble qu'on soit de plus en plus contraint à se centrer sur les dangers (menace à la sécurité) au détriment d'une conception plus large de menace au développement (indicateurs de l'évolution du développement affectif, cognitif et social (Moreau, 1998, dans Chamberland, 1998). Une part significative des signalements reçus et évalués par la Protection de la jeunesse donne lieu à une confirmation d'une situation nécessitant une intervention de soutien (faits fondés: FF) sans que la nature, l'ampleur ou la gravité de ceux-ci ne permettent d'affirmer, au moment de l'évaluation, que la sécurité ou le développement de l'enfant soit compromis (SDNC). Des 801 cas FF/SDNC identifiés en 1996-97 par la DPJ Montréal-Centre, seul 129 firent l'objet d'une référence (CLSC, organismes communautaires, etc.) pour prestation de services (CJM, 1997). Cela peut s'expliquer par la perception des intervenants à l'effet que peu de services sont réellement disponibles ou par une connaissance inadéquate de ceux qui existent dans les différents établissements du réseau de la santé et des services sociaux. Cela peut aussi s'expliquer par le fait que, dans la majorité des cas d'enfants âgés entre 0 et 5 ans, il existe une sous-estimation et une sous-évaluation de leur condition développementale (cognitive, motrice, socio-affective et staturo-pondérale) dès cette étape de l'entrée des enfants dans le système de protection. Parmi ceux dont le signalement est effectivement retenu et exige un suivi par les praticiens des Centres Jeunesse (FF/SDC),seuls les cas graves et évidents font l'objet d'intervention et de références rapides à d'autres services dans d'autres établissements lorsque requis. Or, la condition développementale des enfants en bas âge reste un des meilleurs indicateurs de leur condition de «santé mentale» (voir Aylward, 1992; Halpern, 1993; Knutson, 1995; Sherrod et al., 1984; Mrazek, 1993; Schorr & Schorr, 1988, Trickett & McBride-Chang, 1995). On se retrouve alors avec une certaine proportion d'enfants des Centres jeunesse ne recevant pas les services auxquels ils auraient droit parce que, dans les conditions actuelles, l'évaluation vise surtout à savoir s'ils sont en danger -physique- (vision sociojudiciaire) davantage que si leur développement -mental, affectif, ou autre- (vision socioéducative) est en danger. Dans ce

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contexte, une évaluation précise de la condition développementale de ces enfants n'est pas entreprise et laisse supposer que beaucoup d'enfants présentant des retards ou troubles du développement ne sont pas adéquatement identifiés ni traités pour ces problèmes.

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ANNEXE IV

Inventaire des activités, ressources, protocoles et autres disponibles au CJM ou en collaboration avec des partenaires et se rattachant aux problématiques dominantes retenues

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Activités offertes seulement aux enfants

Lorsque la NÉGLIGENCE est évaluée comme étant la problématique dominante

Activités offertes conjointement aux parents et aux enfants

Activités offertes seulement aux parents

0-2 ans 2-4 ans 4-6 ans

Négligence affective

Ateliers parents-enfants (CÉSAME) Développement des compétences parentales

(JESSIE) Visites supervisées

Groupes parents en tant que parents (PAPFC) Groupes parents en tant que personnes (PAPFC)

Familles soutien (PAPFC) «Pour favoriser l’estime de soi des tout-petits»

Suivi en toxicomanie (JESSIE) Employabilité

Stimulation du développement de l’enfant (à l’intérieur ou indépendamment du programme

PAPFC)

Négligence physique

Ateliers parents-enfants (CÉSAME) Développement des compétences parentales

(JESSIE) Investigation et suivi médical de l’enfant

Groupes parents en tant que parents (PAPFC) Groupes parents en tant que personnes (PAPFC)

Familles soutien (PAPFC) «Pour favoriser l’estime de soi des tout-petits»

Suivi en toxicomanie (JESSIE)

Employabilité

Stimulation du développement de l’enfant (à l’intérieur ou indépendamment du programme

PAPFC)

Négligence intellectuelle Ateliers parents-enfants (CÉSAME)

Développement des compétences parentales (JESSIE)

Groupes parents en tant que parents (PAPFC) Groupes parents en tant que personnes (PAPFC)

Familles soutien (PAPFC) «Pour favoriser l’estime de soi des tout-petits»

Suivi en toxicomanie (JESSIE)

Employabilité

Stimulation du développement de l’enfant (à l’intérieur ou indépendamment du programme

PAPFC)

Outils ou ressources utilisés Partenaires impliqués Guides ou protocoles afférents

Res

sour

ces

à l’u

sage

des

inte

rven

ants

Accueil urgence, accueil répit Recours aux services du réseau de la toxicomanie Recours aux services du réseau de la déficience intellectuelle Recours à des services tels : OLO, infirmières visiteuses, 1,2,3 Go !, Naître égaux : grandir en santé … Recours aux organismes communautaires du quartier Tests de dépistage en toxicomanie Fréquentation CPE ou garderie Hébergement répit ou régulier Hébergement de réadaptation Foyers d’hébergement pour mères en difficultés d’adaptation Logement social ( projet T4 ou Map )

Répit-Providence Centre Dollard-Cormier Centre Gabrielle-Major CLSC Laboratoire Biron CPE

Entente de services Guide collaboration CLSC- CJM Entente de service avec CJM Guide de collaboration CLSC- CJ–CPE-Régie

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Activités offertes seulement aux

enfants Lorsque la MALTRAITANCE

PHYSIQUE OU PSYCHOLOGIQUE est évaluée comme étant la problématique dominante

Activités offertes conjointement aux parents et aux enfants

Activités offertes seulement aux parents

0-2 ans 2-4 ans 4-6 ans

Maltraitance physique

Visites supervisées

(pour assurer la protection de l’enfant et accroître les compétences des parents via le «modeling» offert par l’intervenant)

L’aide dispensée par les aidants naturels de la

communauté haïtienne de Montréal (afin de prévenir le placement des enfants)

OPTION Pro-Gam

(vérifier si cette activité est toujours disponible) YAP (à documenter)

Investigation médicale des enfants (via la clinique sociojuridique du CH Ste-Justine)

Maltraitance psychologique

Visites supervisées

(pour assurer la protection de l’enfant et accroître les compétences des parents via le «modeling» offert par l’intervenant)

«Pour favoriser l’estime de soi des tout-petits

Services de soutien psychologique (par

l’entremise de IVAC ou des psychologues des CJM)

Outils ou ressources utilisés Partenaires impliqués Guides ou protocoles afférents

Res

sour

ces

à l’u

sage

des

in

terv

enan

ts

Formation sur la détection du contrôle parentale des mères d’enfants âgés de 0-2ans ( sensibilité maternelle) Projet de recherche sur les mauvais traitements psychologiques Service d’accueil-urgence , accueil -répit Hébergement répit ou régulier Hébergement de réadaptation Foyers d’hébergement pour mères en difficultés d’adaptation Logement social ( projet T4 ou MAP ) Soutien psychologique

IRDS ( Daniel Paquette ) IRDS (Claire Malo) Répit-Providence Ressources de type familial Ressources résidentielles (troubles d’attachement ou désordres de la conduites) Psychologues des CJM ou IVAC

«Entente multisectorielle relative aux enfants victimes d’abus sexuels, de mauvais traitements physiques ou d’une absence de soins menaçant leur santé physique»

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Activités offertes seulement aux

enfants Lorsque la MALTRAITANCE

SEXUELLE est évaluée comme étant la problématique dominante

Activités offertes conjointement aux parents et aux enfants

Activités offertes seulement aux parents

0-2 ans 2-4 ans 4-6 ans

Maltraitance sexuelle

Investigation médicale des enfants (via la clinique sociojuridique du CH Ste-Justine)

Services de soutien psychologique (par

l’entremise de IVAC ou des psychologues des CJM)

Outils ou ressources utilisés Partenaires impliqués Guides ou protocoles afférents

Res

sour

ces

à l’u

sage

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terv

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ts

Comité aviseur en matière d’abus sexuels Clinique socio-juridique Comité de prévention en matière d’abus sexuels ( T4 ) Grille de YULL (grille permettant la validation d’une déclaration d’abus sexuels)

CH Ste-Justine

« Entente multisectorielle relative aux enfants victimes d’abus sexuels, de mauvais traitements physiques ou d’une absence de soins menaçant leur santé physique»

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Activités offertes seulement aux

enfants Lorsque L’ABANDON est évalué comme étant la problématique

dominante

Activités offertes conjointement aux parents et aux enfants

Activités offertes seulement aux parents

0-2 ans 2-4 ans 4-6 ans

Projet pilote concernant les enfants à risque de dérive concernant leur projet de vie

L’abandon (proposition : que cet élément inclut le «rejet affectif grave et continu de la part de parents ne mentionnant pas

vouloir abandonner leur enfant»)

Visites supervisées(pour préciser la nature et la qualité du lien parents-enfant)

Outils ou ressources utilisés Partenaires impliqués Guides ou protocoles afférents

Res

sour

ces

à l’u

sage

des

inte

rven

ants

Comité aviseur sur le Projet de vie ( T1 et T7 ) « Pour un projet de vie de vie permanent » Participation au forum Abandon Clinique d’attachement Comité d’adoptabilité Investigation médicale (afin de déterminer les antécédents biologiques de l’enfant) Les ressources de «banque mixte» Outil : «Mon livre de vie … mon livre à moi ! »

Michelle St-Antoine, Louise Baillargeon CH Ste-Justine ?? Service adoption Centre de documentation

Le guide d’intervention du «programme de l’enfance abandonnée»

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Activités offertes seulement aux

enfants Lorsque la VIOLENCE CONJUGALE

est évaluée comme étant la problématique dominante

Activités offertes conjointement aux parents et aux enfants

Activités offertes seulement aux parents

0-2 ans 2-4 ans 4-6 ans

Enfants témoins de violence

conjugale

Visites supervisées OPTION

Enfants victimes de violence

conjugale

Visites supervisées Option

Outils ou ressources utilisés Partenaires impliqués Guides ou protocoles afférents

Res

sour

ces

à l’u

sage

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in

terv

enan

ts

Consultations via le service de médiation (vérifier si ces consultations s’appliquent dans le cas des enfants âgés de moins de 5 ans) Les services d’échange de garde en milieu protégeant Les maisons d’hébergement pour enfants victimes de violence Ressource pour hommes et femmes violentes

Répit-providence … Option

Le protocole CLSC-ACJQ en regard des enfants témoins de violence conjugale (re : S.Ménard, réviseur DPJ) À venir aux environs de 2002 : un protocole multisectoriel d’intervention en regard des enfants témoins et victimes de violence conjugale (re : S.Ménard, réviseur DPJ) Entente de service

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Activités offertes seulement aux

enfants Lorsque les RETARDS DU

DÉVELOPPEMENT sont évalués comme étant la problématique

dominante

Activités offertes conjointement aux parents et aux enfants

Activités offertes seulement aux parents

0-2 ans 2-4 ans 4-6 ans

CÉSAME Retard du développement

PHYSIQUE Ateliers parents-enfants (CÉSAME)

Ateliers de stimulation précoce CÉSAME

La petite école (2-5 ans)

Retard du développement MOTEUR

Ateliers de stimulation précoce La petite école

(2-5 ans)

Retard du développement LANGAGIER

Ateliers parents-enfants (CÉSAME) Ateliers de stimulation précoce

Atelier de stimulation du langage (enfants ciblés : 3-5 ans)

La petite école

(2-5 ans) CSE l’Entracte

Services d’évaluation et

de suivi par des stagiaires

en orthophonie

(CJM)

Retard du développement SOCIAL Ateliers parents-enfants (CÉSAME) Ateliers de stimulation précoce

Brindami8 (pour les 3-4

ans) La petite école

(2-5 ans)

Retard du développement AFFECTIF

Ateliers parents-enfants (CÉSAME)

Ateliers de stimulation précoce Ateliers de stimulation de la relation

d’attachement parents-enfant : Groupes pour enfants âgés de 0 à 6 mois Groupes pour enfants âgés de 6 à 12 mois

La petite école

(2-5 ans)

Retard du développement INTELLECTUEL

Ateliers parents-enfant (CÉSAME)

Ateliers de stimulation précoce

La petite école

(2-5 ans)

Ressources disponibles aux intervenants

Projet CLÉ, Tests d’évaluation du développement (MÉDÉI, jalons de Steinhauer …), Programme de santé du CH Ste-Justine

8 «Brindami» est un programme de développement d’habiletés sociales qui a été conçu expressément à l’intention des tout-petits.

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Activités offertes seulement aux enfants

Lorsque les TROUBLES DE L’ATTACHEMENT sont évalués comme étant la problématique

dominante

Activités offertes conjointement aux parents et aux enfants

Activités offertes seulement aux parents

0-2 ans 2-4 ans 4-6 ans

Troubles de l’attachement

Visites supervisées

Ateliers de stimulation précoce : Groupes pour enfants âgés de 0 à 6 mois Groupes pour enfants âgés de 6 à 12 mois

Outils ou ressources utilisés Partenaires impliqués Guides ou protocoles afférents

Res

sour

ces

à l’u

sage

des

inte

rven

ants

Clinique d’attachement Groupe d’intérêt sur l’attachement Laboratoire sur l’attachement Formation sur la théorie de l’attachement et les désordres de l’attachement Projet d’intervention auprès d’enfants présentant des troubles graves d’attachement (re : Michèle St-Antoine et Nicole Provost) Développement de ressources ciblées pour enfants avec troubles graves de l’attachement (incluant un volet pour jeunes 3-10 ans en besoin de stabilisation) Comité consultatif sur les troubles d’attachement Services d’évaluation psychologique Formation sur la détection du contrôle parentale des mères d’enfants âgés de 0-2ans ( sensibilité maternelle)

CH Ste-Justine IRDS

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Activités offertes seulement aux

enfants Lorsque les DéSORDRES DE LA

CONDUITE sont évalués comme étant la problématique dominante

Activités offertes conjointement aux parents et aux enfants

Activités offertes seulement aux parents

0-2 ans 2-4 ans 4-6 ans

Intervention d’éducateurs des CJM dans les CPE Assistance aux enfants par le biais de stagiaires (programme ponctuel dispensé dans 1 territoire)

Désordre de la conduite

Brindami (pour les 3-4 ans)

Groupes pour parents d’enfants défiant l’autorité

parentale

Brindami (pour

les 3-4 ans)

Outils ou ressources utilisés Partenaires impliqués Guides ou protocoles afférents

Res

sour

ces

à l’u

sage

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terv

enan

ts

Référence en pédopsychiatrie

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ANNEXE V

Groupe de consultation

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Liste des personnes ayant participé à une étape ou à une autre de la démarche d’évaluation des besoins de la clientèle Jeunes familles

Kathleen ASSELIN, intervenante psychosociale (E/0 DPJ)

Johanne BÉLANGER, intervenante psychosociale

Madeleine BONIN, conseillère à l’Accès

Lise BOUCHARD, agent de formation

Yvon BOURDON, intervenant psychosocial

Michèle CARON, conseillère clinique (CSI)

Annick DE LA PERRIÈRE, réviseure (DPJ)

France DESROSIERS, conseillère à l’Accès

Carole FORTIN, intervenante de réadaptation

Danielle LALANDE, chef de services (équipe Enfance familles)

Colette LAVALLEE, adjointe, direction territoriale Nord-Ouest

Martine LEFEBVRE, intervenante de réadaptation

Monique LEMOYNE, intervenante psychosociale

Nathalie MAINVILLE, intervenante psychosociale

Daniel PAQUETTE, chercheur (IRDS)

Josianne RACINE, intervenante psychosociale

Suzanne RAINVILLE, conseillère clinique (CSI)

Gisèle ROCHON, intervenante psychosociale (adoption)

Nadia TREMBLAY, intervenante de réadaptation

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ANNEXE VI

Bibliographie

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Références bibliographiques (présentées suivant le moment de leurs parutions)

1992

«Le Cadre de référence des services et programmes de réadaptation du Centre Rosalie-Jetté». Centre de réadaptation Rosalie-Jetté, Direction des services professionnels, juin 1992

1994

«Les services à l’enfance en difficulté et aux mères en difficulté : rapport du comité 21». CJM, DDQS, PERREAULT, M., 28 janvier 1994

Texte déclencheur «Les services aux mères en difficulté et aux enfants 0-5 ans». CJM, DST, S.CONSTANTINEAU, novembre 1994

1995

«Rapport du comité de travail sur l’hébergement en réadaptation des enfants 0-5 ans». CJM, DSRE, janvier 1995

1996

«Projet transitoire d’extension des services milieu pour les enfants 0-6 ans et leurs parents : faire autrement maintenant». CJM, DST, HÉROUX, M. et THOMASSIN, A., juin 1996

«Les services jeune famille». CJM, DST, décembre 1996

1997

«Programme d’intervention en négligence». Centres Jeunesse Mauricie Bois-Francs, MÉNARD, Réal et PINARD, Pierre., mars 1997

«Impacts de la fermeture du Carrousel et du foyer St-Michel». CJM, DST, DUROCHER, D., HÉROUX, M., avril 1997

«Séminaire sur l’attachement». CJM, CSI, St-ANTOINE, M., Texte préparé à l’intention de l’équipe Évaluation-orientation (DPJ) de la région Nord, 1997.

1998 «Élaboration d’une offre de services adaptée à des jeunes en troubles sévères d’attachement associés à une absence de projet de vie». CJM, octobre 1998

1999

«Bilan de l’évolution des services offerts aux mères en difficulté d’adaptation». CJM, DSJ, CONSTANTINEAU, S., décembre 1999

2000

«Offre de services pour la clientèle des mères en difficultés d’adaptation». CJM, DST, février 2000

«Offre de services pour les enfants de 3 à 12 ans présentant des troubles sévères d ‘attachement et pour les enfants de 3 à 6 ans présentant des troubles majeurs de comportement». CJM, mars 2000.

«Guide Jeunes familles». CJM, DSJ et DRD. Par CARON, M., PAQUETTE, F. THOMASSIN, A., mai 2000

«Offre de services MDA 0-5 ans». CJM, document de travail, juin 2000

«À chaque enfant son projet de vie permanent». CJM, DRD, PAQUETTE, F., 28 novembre 2000

« Portrait des jeunes inscrits à la prise en charge des centres jeunesse du Québec et description des services reçus au cours des premiers mois: les soins aux jeunes en difficulté » (QC- 411, volet1). PAUZÉ et coll., 2000.

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«Cadre de référence pour le développement et l’évaluation des programmes aux Centres jeunesse de Montréal». CJM, CAIU, PAQUETTE, F. et CHAGNON, F., février 2000

2002 «Démarche d’Agrément au CJM : analyses et plan d’amélioration». CJM, DSPR, avril 2002. «Les problèmes du développement chez de jeunes enfants en situation de maltraitance et/ou de pauvreté». MOREAU, J., École de Service Social, Université de Montréal, août 2002

«Évaluation des besoins de la clientèle Jeunes familles : bilan synthèse des rencontres s’étant déroulées les 12 septembre, 14 et 21 novembre 2002». CJM, DSPR, THOMASSIN A., décembre 2002.