les secteurs à investir service civique qui s’engage? · 2009. 9. 8. · comment parler de vivre...

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Service civique Qui s’engage? Les secteurs à investir www.respectmag.fr HORS SÉRIE Janvier 2008 Ne peut être vendu > 18-25 ans Six mois solidaires > Débat Volontaire ou obligatoire? > Unis-Cité Sur le terrain

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Page 1: Les secteurs à investir Service civique Qui s’engage? · 2009. 9. 8. · Comment parler de vivre ensemble si l’on n’est pas capable de faire ensemble? L’action,cette étrange

Service civiqueQui s’engage?

Les secteursà investir

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Janvier 2008Ne peut être vendu

>18-25 ans Six mois solidaires>Débat Volontaire ou obligatoire?

>Unis-Cité Sur le terrain

Page 2: Les secteurs à investir Service civique Qui s’engage? · 2009. 9. 8. · Comment parler de vivre ensemble si l’on n’est pas capable de faire ensemble? L’action,cette étrange

Tous unis pour la cité!

En 1995, trois drôlesde filles de 23 ans,Anne-Claire Pache,Lisbeth Shepherd,et Marie Trellu créentl’association Unis-Cité.Le but : développerle service civiquedes jeunes en France.

Respect Magazine 4 place de Valois, 75001 Paris Tél./fax : 01 40 20 06 41.www.respectmag.fr

Directrice de la publication :Lylia Luc BouzarDirecteur de la rédaction :Marc Cheb Sun [email protected]édacteur en chef hors série Unis-Cité : Dominique ThiéryRédacteurs : Stéphane Bardinet,Fany Baron, Kakie Roubaud,Marie VanaretDirecteur artistique :Alain de PommereauMaquette :Ghislaine Salmon-LegagneurPhotos : Bernard Guerbette,Émilie Stahl, Dominique Thiéry,Unis-Cité, Franck VibertPhotos de couverture : D.R.Illustrations : Princess H,Christian RouxCommunication, publicité :Mohamed Besseghir01 40 20 06 41.Secrétariat : Arezki Hammouche [email protected]

Édité par Respect Éditions,4 place de Valois, 75001 Paris.Tél/Fax : 01 40 20 06 41.

Imprimé en France. RC 314468257B.Tous droits de reproduction réservés.Numéro de commission paritaire : 0309 G 844 88.ISSN 1763-5829. Dépôt légal à parution. Lesarticles publiés n’engagent que leurs auteurs.

Comment parler de vivre ensemble sil’on n’est pas capable de faire ensemble?L’action, cette étrange et stimulantevibration, nous rassemble d’abordsur ce que nous sommes, avantde désigner ce que nous possédonsou ce que nous paraissons. Le servicecivique, à lui seul, ne peut créer de mixitési chacun vit dans son ghetto.Mais il participe à briser les évidences,celles-là mêmes qui préfèrent éviter

les confluences de parcours, les rencontresd’individus au-delà des groupes,les histoires confondues.Ces quelques mois sont précieuxdans l’espace d’une vie : ils peuvent êtreun levier, pour aller vers soi et pour allervers l’autre.Ne passons pas à côté des occasionsde croiser nos routes. Et de proposer,certains diront «d’imposer»,une expérience partagée.

«Un levier pour aller vers soi, vers l’autre»

Marc Cheb SunDirecteur de

la rédaction deRespect Magazine

www.respectmag.fr

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ACTUELLEMENT EN KIOSQUE

Marie TrelluPrésidented’Unis-Cité

16, place des Abbesses75018 ParisTél. : 01 53 41 81 43Fax : 01 53 41 81 44www.uniscite.fr

Fran

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U ne idée généreuseet ambitieuse àla fois. Et si tous

les jeunes consacraient uneétape de leur vie à lasolidarité? L’association estnée d’une rencontre. Lisbeth,fraîchement arrivée des États-Unis, réfléchissait à l’intérêtde développer en Francele concept proposé parl’association américaine CityYear. Un groupe d’étudiants del’Essec, dont je faisais partie,souhaitait s’engager pourcasser les idées reçueset décloisonner l’«îlot d’élites»dans lequel nous vivionsà Cergy, au milieude quartiers en difficulté.

Ce que proposait City Yearnous a tout de suite parlé :réunir des jeunes de toutesorigines sociales et culturellesle temps d’un service civique…Quoi de plus fort pour bâtirune société solidaire etrespectueuse des différences?

À nos yeux, trois valeursfondamentales :solidarité, esprit

d’équipe et diversité .Dans une société françaisemulticulturelle, freinéepar les préjugés et le racisme,il est intéressant de proposerun cadre grâce auqueldes jeunes qui ne se seraientjamais rencontrés peuvent

dépasser leurs différenceset mieux se comprendreen agissant ensemble sur unedurée significative.Notre vision du service civiquestimule la citoyennetéet le respect entre les gens.C’est par nos comportementsquotidiens quenous construironsla société de demain.

Le Service civil volontaireexiste aujourd’hui enFrance. Le service civique

de demain devra construire surles bases déjà posées, en renfor-çant la plus-value sociale desmissions confiées aux jeunes,et en favorisant l’engagementdes moins qualifiés.

RESPECT MAG/UNIS-CITÉ – 3

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PORTRAITS RENCONTRE

l Un service… volontaire,obligatoire,universel ?Universel. Unis-Cité s’estcréée autour de cet idéal:qu’un jour, il devienne natu-rel pour tous les jeunes deconsacrer une étape de leurvie (six, neuf mois) à l’inté-rêt général. Le programmea été imaginé comme unmodèle de ce que pourraitdevenir un service civiquedes jeunes en France. Noussommes présents dans20 villes, l’objectif est decouvrir le territoire entier. Lerendre obligatoire pour lemoment est impossible. Il

concernerait 750000 jeu-nes par an... Il faut d’abordidentifier assez de missionsutiles à leur confier, organi-ser l’encadrement et l’ac-compagnement.

Quels obstacles?Organisationnels et finan-ciers. Un volontaire à Unis-Cité coûte 1300 euros parmois.L’État,via l’Agence pourla cohésion sociale et l’éga-lité des chances (Acsé),prend en charge, pour l’ins-tant,65% du coût de chaquejeune (soit 900 euros envi-ron) depuis le lancement duService civil volontaire fin2006. Il faut lever les finan-cements complémentaireset pérenniser celui de l’État.

Où trouver l’argent?On estime qu’un servicecivique de six mois obliga-

toire coûterait à l’État 5 mil-liards d’euros. Soit 500 mil-lions pour une premièreétape avec 75000 jeunes.Au regard du doubleimpact prévisible (insertionet citoyenneté des jeunes,valeur du service rendu), ledispositif représente uninvestissement nécessaireet réaliste pour l’État. Outrela politique de la Ville, cha-que ministère doit y contri-buer par la prise en chargede jeunes assurant des mis-sions dans son domaine:environnement, santé, édu-cation, sport… Par ailleurs,si les collectivités territoria-les s’engagent aux côtésd’Unis-Cité, c’est que l’im-pact local du service civiqueest évident. Leur soutien,ainsi que celui des entrepri-ses, peut et doit être solli-cité, pour tendre vers unfinancement globalementtripartite.�

Un message aux politiques?Quand on veut, on peut.Depuis les émeutes de 2005en banlieues, l’État a insti-

tué le Service civil volontairepar la loi sur l’égalité deschances. Mais des incertitu-des énormes planent quantà la poursuite de ce pro-gramme. Pour honorer sa

promesse sur le service civi-que, le président de la Répu-blique doit réajuster etdémultiplier massivementle dispositif existant, souspeine de créer un gadgetinefficace.

Et aux jeunes?Vous avez tout à gagner àvous engager. C’est uneexpérience extrêmementformatrice et enrichissante,qui peut être un tremplinpour votre avenir. Aider lesautres, c’est grandir… ets’aider soi-même.

Un exemple marquant?Je me souviens d’un jeune

RESPECT MAG/UNIS-CITÉ – 54 – RESPECT MAG/UNIS-CITÉ

«L’esprit de solidarité,ça se transmet!»

«Aider les autresc’est s’aider soi-même.»

lDouze ans après être sor-tie de la première promod’Unis-Cité Lyon, FouleyPajot-Badiaga voue unereconnaissance infinie àcette expérience. «J’avaisraté mon bac deux fois.Sans lâcher l’affaire, je vou-lais devenir utile. J’aiaccompli mon volontariatet réussi mon bac en can-didate libre. C’est ça le ser-vice: tu sers et tu te sers.»À l’époque, les groupeschangeaient en coursd’année. «Dur à gérer: labase d’une équipe, c’est

pas le feeling, mais fairecorps autour de projets.»Fouley mène une enquêtesida auprès de jeunespour cibler les messagesde prévention, retape unfoyer d’accueil pour fem-mes battues ou prosti-tuées. «Elles nous pre-naient pour des merdeux.Après elles ont été blufféespar notre travail,elles nousont raconté leur histoire.Une belle récompense. »À 33 ans, Fouley est char-gée du recrutement àHandicap International,après un IUT Gestion desprojets et de l’actionhumanitaire. «Grâce auvolontariat, j’ai appris àmanager une équipe.» Etapprécié les autres. ÀUnis-Cité, la jeune femmes’est enfin sentie à saplace. «On était tous diffé-rents. La diversité estaujourd’hui partie pre-nante de mes valeurs.»Seule ressemblance, sonmari Emmanuel.«Lui aussia fait son service civil. Nosfuturs enfants n’y coupe-ront pas!»

l Sorti de sa promo en2007, Ghislain Ménard al’œil qui brille:il évoque sesneuf mois passés à Unis-Cité Nantes. Cet ingénieuren informatique de 24 ansvient d’être embauchédans un groupe internatio-nal à Paris.Un parcours qu’iln’aurait pu concevoir sansl’étape service civil. «J’aitoujours voulu m’investirauprès des personnes endifficulté. J’avais le senti-ment de pouvoir valorisercette expérience:ouvertured’esprit, gestion de projetset travail en équipe.»Il a été servi: rallye photosavec des handicapés, orga-nisation d’une journée

avec des jeunes de quar-tiers sensibles, soirée avecdes étudiants étrangers,réhabilitation d’un centreEmmaüs,plus un film sur lasanté pour une missionlocale! «J’ai appris sur moi,les autres et la cité.» Entreétudes et vie active, l’occa-sion de s’ouvrir des portes.«Je me sens plus mûr, jepositive, je relativise. Unis-Cité a été l’accélérateurd’un meilleur avenir.»Ghislain souhaite fairerimer carrière avec soli-daire, tente d’apporter unpeu de chaleur dans lemilieu parfois hostile del’entreprise. Volontaire,toujours.

l À l’ANPE, Sarah Bertetdécouvre Unis-Cité. LaHaute-Savoyarde quitte lessentiers battus d’une car-rière promise au com-merce international ets’engage comme volon-taire en 2003.«Ça m’a toutde suite plu, c’était à tempsplein et dans le social.» Sonpremier projet l’a mar-quée:participer à remettreaux normes la cuisine d’unfoyer de handicapés men-taux menacés d’expulsion.«J’ai rencontré des gens versqui je ne serais pas allée.Ona donné notre énergie, ilsnous ont enrichis.» Souve-nir des pensionnaires enmaison de retraite qu’elleemmenait au parc.«Le per-sonnel n’avait pas le tempsde s’en occuper. Une vraiejoie de les voir heureux.»Lors du dernier projet dansun centreéducatif jeunesse,Sarah affine son envie pro-

fessionnelle. «Unis-Cité m’aaidée à trouver ma voie,entre social et administra-tion.» La jeune femme de27 ans vient de décrocherun CDD de documentalisteà Marseille,au service… desArmées! «Je cherche desinfos sur les maladies tropi-cales, ça reste une dynami-que d’aide à la personne.»Elle garde le réflexe soli-daire, soutient la banquealimentaire. «J’ai chopé levirus du volontariat!» Etmilite. «Informons les jeu-nes, c’est un tremplin pourl’avenir.»

Dominique Thiéry

l Rien n’arrête NicolasBouchet. Ce champion denatation de 23 ans, hémi-plégique de naissance,s’estengagé comme volontaireà Angers début octobre.Bien décidé à tordre lecoup aux préjugés et à sespropres limites. «C’estpenser qu’on est handi-capé qui handicape. Jeveux me prouver que jepeux aller plus loin que lesvalides.»Cet ego le pousse à dire«go» au service civild’Unis-Cité. «On vit dansune société fermée, c’est

important d’aller vers lesautres, d’être utile.» À sonrythme, Nicolas participepleinement aux actions.«On travaille avec Franceterre d’asile pour réamé-nager un local et accueillir

des réfugiés. Je découvrel’entraide et des histoiresfortes.» S’il espère quecette étape sera un trem-plin professionnel, malgréun marché de l’emploitrop rare pour les handi-capés, il sait déjà qu’Unis-Cité sera bien plus qu’uneligne sur le CV. «Pour moila vraie différence n’est pasle handicap, c’est de fairele service civil volontaire.»Il reprendra ensuite sonentraînement pour les JOparalympiques, sans ou-blier le slam, cette poésieparlée où Nicolas projetteses visions d’un mondemeilleur.

>58% de filles,42% de garçons

>55% vivent en centre ville,22% en zones urbainessensibles, 16% en zonespéri-urbaines,7% en milieurural

>35% ont le bac, 35 % non-diplômés ou niveauinférieur au bac,25% niveau supérieur aubac, 5% autres diplômes

Source:Étude d’impact servicecivil juillet 2006-07,Unis-Cité

Fouleyla pionnière

Ghislain le frais émoulu

Sarahla militante

Nicolas le nouveau venu

Profildes jeunesà Unis-Cité

Le Service civilvolontaire français

D.R.

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>8500 jeunes l’ont fait>3000 engagés >10000 postes envisagés>85% dans les associations>12% dans les communes>3 % dans les établisse-

ments intercommunaux>3 secteurs les plus

investis : éducation,environnementet solidarité

Source l’Acsé

Italie Depuis 2001,un service civique existepour filles et garçons.45000 volontaires par an.Financé par L’État avecde grandes campagnesde communication.Allemagne En raisondu passé,beaucoupd’Allemands ont préférél’objection de conscienceà un service militaireobligatoire. Le service civil

pour filles et garçons s’estdéveloppé: 100000missions par an (social,environnement, culture).Canada L’associationKatimavik a servi d’expé-rimentation pour le servicevolontaire, rapprochantles communautésfrancophones, anglo-phones et indiennes.Le jeune fait son servicedans une autre commu-

nauté que la sienne.USA Fin 1980, l’associa-tion City Year lanceun service volontairebasé sur l’éducation.Les jeunes y fontdu soutien scolaire.En 1993, Bill Clinton créeAmeriCorps, proposantun service élargià la solidarité locale.75000 jeunes s’yengagent chaque année.

Marie Trellu35 ans, Consultanteen entrepreneuriatsocial et politiquespubliques, membrede section au Conseiléconomique et social

La présidented’Unis-Citérappelle les enjeuxdu service civiquedes jeunes.

déscolarisé, impliqué dansdivers trafics de son quartier.Un éducateur lui a parléd’Unis-Cité. Il a fini par s’en-gager et par se détacher desa bande. Assumer degagner désormais moinsd’argent... mais en se ren-dant utile. En partant, ilnous a dit: «J’ai l’impressiond’avoir réglé mes dettes avecla société». Il a tout de suitetrouvé un boulot après sonservice.Un engagement quil’a aidé à devenir adulte.

Recueilli par Dominique Thiéry

ET AILLEURS

D.R.

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P ionnière, l’asso-ciation Unis-Citépose la pierre duservice civiqueen France dès

1995, sur les décombres duservice militaire. Premièreassociation agréée parl’Acsé (Agence pour la cohé-sion sociale et l’égalité deschances) lorsque l’État insti-tue enfin, dix ans plus tard,le Service civil volontaire.

Ce qui existe?Le service civique tel que l’aimaginé Unis-Cité est ouvertaux filles et garçons de 18 à25 ans, et basé sur un enga-gement volontaire de six àneuf mois consécutifs. Lesjeunes travaillent à tempsplein et en équipe sur desprojets d’intérêt général

consacré à des ateliers let-tres de motivation et CV,simulation d’entretiensd’embauche, parrainagepar un salarié d’entreprise…

À quoi ça sert?L’envie de secouer les ghet-tos, de remettre une dosede citoyenneté, d’agiter descompétences diverses, deredonner confiance auxjeunes dont l’âge ou l’ori-gine est plus souvent unhandicap qu’un atout… Leservice civil volontaire misen place par l’État repré-sente une certaine idée dela France: «Agir pour lesautres, agir pour soi» selonle slogan de l’Acsé. Pourbeaucoup d’acteurs de lavie publique, c’est une loco-motive en matière d’envi-

(lutte contre les discrimina-tions, l’exclusion, accompa-gnement des personnesdépendantes, développe-ment durable, décloisonne-ment des quartiers, soutienscolaire, prévention santépublique…) Ils reçoiventune formation citoyenne:visite d’institutions et d’as-sociations, organisation et

participation à des débats,rencontre avec des déci-deurs publics, privés et desexperts. Ils préparent aussileur avenir professionnel :15% de leur temps est

6 – RESPECT MAG/UNIS-CITÉ

S’engagerpour changer

rage leur insertion dans lasociété. «La parole de jeu-nes à d’autres jeunes a plusd’impact!» Et qui le ferait siles volontaires improvisésgrands frères n’étaient paslà? Corvéables à merci ?«Non, ce sont des ambassa-deurs citoyens rappelant àla société ce qu’elle n’a plusle temps d’être ou de réali-ser.» Une nouvelle image dela jeunesse qui n’au-rait, en somme,pas de prix. Àbon enten-deur…Dominique

Thiéry

1. Associée au Centre desociologie des organisationsSciences-Po/CNRS. Étude surwww.uniscite.org/etudedimpact2. Avec Vinci, la SNCF,Timberland,Gaz de France, etc.

Quelles économies faire?«On voit le service commeun coût, jamais comme ungain», réagit CatherineLeroy-Jay, bénévole à Unis-Cité depuis dix ans. Desérieuses pistes évaluent lacontribution des actionsdes volontaires. Toucher10% de la jeunesse fran-

çaise (70 000 jeunes)reviendrait à 450 millionsd’euros (estimation Unis-Cité) pour 84 millionsd’heures dédiées à la collec-tivité. Version service obli-gatoire: ce coût et ces heu-res seraient multipliés pardix. En matière d’environ-nement, les jeunes sensibi-lisent la population au trisélectif, aux ampoules bas-ses consommation, au net-toyage urbain. Leur aideaux personnes âgéespermet souvent d’éviterdes frais médicaux. Lesoutien scolaire encou-

C’est pas un stagemachine à café !

ronnement, d’éducation, desécurité ou de soutien à desgrandes causes. Selon uneétude menée auprès de 500jeunes d’Unis-Cité par lasociologue Valérie Becquet 1,les bénéfices personnels,citoyens et professionnelsacquis par les volontairessont évidents.95% ont voté au premiertour de la Présidentielle,64% s’intéressent davan-tage aux sujets sociaux etpolitiques, 51 % disentmieux comprendre le fonc-tionnement de la société,57% s’exprimer plus facile-ment en public, 66% esti-ment avoir une meilleureidée de leur projet profes-sionnel.Ils affirment à 84% vouloirexercer une activité béné-vole dans le futur. Petitbémol: si les participantsconstatent que leurs actionsservent à quelque chose, ilsdoutent que cela puisseavoir un réel impact dura-ble sur la société…

Où en est-on?Fin 2007, près de 3000 jeu-nes se sont engagés dans unservice civil volontaire enFrance. D’après l’étude

A contrario, comment espé-rer changer la société siseulement une petite par-tie de la jeunesse s’engage?La mise en place d’un serviceà grande échelle nécessite-rait des ressources financiè-res et humaines conséquen-tes, des structures d’accueilet des gens à former: col-lectivités locales, associa-tions, écoles, hôpitaux. Unvrai choix politique reste àfaire. Les missions ne doi-vent pas être des emploisdéguisés qui précarise-raient le marché du travail,au lieu d’être un tremplinprofessionnel.Tout cela nécessite unecommunication de grandeenvergure. Des partenariatsavec les universités,les gran-des écoles et les entreprises2

existent, mais restent insuf-fisants.Pourquoi ne pas imaginer unprêt à la création d’entreprise,une bourse pour le permis deconduire, une aide pourreprendre une formation ouavoir une mutuelle, une cau-tion pour se loger, des com-pensations pour servicerendu à la nation?

Agiterles compétences…et les différences.

VU D’AILLEURS

Unis-Citéest présenteen Aquitaine,Alsace,Champagne-Ardennes,Ile-de-France,Méditerranée,Midi-Pyrénées,Nord-Pas-de-Calais, Rhône-Alpes etPays de Loire.Ici, à Nantes.

Canada • 1 dollardépensé génèrerait2,2 dollars localement.Étude réalisée pour Katimavik,organisation de service civildes jeunes, menée par lecabinet Malatest & AssociatesLtd, 2006

États-Unis • 1 dollardépensé produirait plusde 2 dollars de richessepour le pays.Étude réalisée sur AmeriCorps,le service civil volontaireaméricain créé par Bill Clinton

Ça rapporte gros!

www.uniscite.frwww.servicecivilvolontaire.frwww.lacse.frwww.volontariat.gouv.fr

n Mixité, diversité, solidarité. Trois mots-cléspour le service civique. Quel dispositif,dans quel but et avec quels moyens ?

Zoomsur l’Acsél «Pour mieux aiderles jeunes, notammentceux en difficulté,à aller vers l’emploi,j’ai décidé de créer unservice civil volontaire,associant accompagne-ment et formation»,annonce JacquesChirac le 14 novembre2005, après la flambéedes banlieues. Le défiest lancé à l’Agencepour la cohésionsociale et l’égalitédes chances (Acsé). Unservice de 6 à 12moisouvert aux jeunes de16 à 25 ans. Quel bilanen tirer? «Les premiersvolontaires ne sontarrivés qu’en octobre2006, mais le dispositifintéresse de plus en plusles collectivités territo-riales ou associations:WWF, Croix-Rouge,Petits frères despauvres… Nous avonstriplé notre capacitéd’accueil en un an»,assure DominiqueDubois, directeurde l’Acsé. «La montéeen charge est progres-sive. Nous avons dûrégler la mise en placetechnique et financière.Des agréments, dontcelui de Jeunesse etSports, sont nécessairespour les associations.Il faudra les simplifier.Un effort de communi-cation reste à faireauprès des jeunes.»L’Acsé craignait den’intéresser que lesdiplômés… «C’est 50/50.Le but du service estaussi d’être un pluspour l’insertionprofessionnelle.» Enbref, le dispositif estprêt. Mais le nouveaugouvernement sembleprendre son temps.L’avenir du service est«en réflexion», précise-t-on à l’Acsé.

RESPECT MAG/UNIS-CITÉ – 7

d’Unis-Cité, 97 % d’entreeux sont satisfaits, voiretrès satisfaits de cetteexpérience. D’abord motivéspar l’envie d’aider, ils appré-cient le travail en équipe et ladiversité des rencontres. Leurdegré de satisfaction varie enfonction des missions propo-sées et de leur intégrationdans l’équipe… Le pari de lamixité sociale semble réussi:au moment de rejoindre leservice, 32% des jeunesétaient lycéens ou étudiants,11% salariés et 57% à larecherche d’un emploi. Valé-rie Becquet:«Cette étape estun aiguillon pour tous,et unealternative à la galère desjeunes sans emploi». À la findu service, un tiers reprendses études, un tiers les ter-mine et un tiers s’oriente versle marché du travail.

Quels défis relever?Faire «son service civique»,ce n’est pas être en stagemachine à café. Les mis-sions doivent être variéeset intéressantes. Commenttrouver 750000 missionspour des jeunes d’unemême classe d’âge si ceservice était obligatoire ?

Chris

tian

Roux

D.R.

SERVICE CIVIQUE, MODE D’EMPLOI Civil ou civique?l Le service s’est d’abord appelé «civil»en opposition à «militaire». Aujourd’hui,on parle de service «civique», référenceappuyée à l’engagement citoyen.

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d’un référent qui changetoutes les deux semaines,histoire de se responsabili-ser à tour de rôle. Un coor-dinateur vient les voir. Unerégulation est l’occasion demettre tout à plat, de par-

RESPECT MAG/UNIS-CITÉ – 98 – RESPECT MAG/UNIS-CITÉ

En quoi ce dispositif sert-il votre ville ?L’action des volontairesest une aide formidablequi vient soutenir lesagents municipaux. Ilsparticipent à la rénova-tion urbaine. Ils ont, parexemple, nettoyé lequartier de Hautepierre.Leur présence crée dulien entre les habitants,donne de l’espoir,additionne les énergies !

Et pour les jeunes?Le service civil est un sasutile qui leur permetde mûrir au contact des

autres. Cela peut lessortir d’un cocon fami-lial, d’une errance et leuroffre des choix d’études.

Faudrait-il le généraliser?Il faut continuer à ledévelopper. Mais lanotion de volontariatreste importante.Faisons en sorte qu’elledevienne naturelle…Chez les Allemands,une année ailleurs, c’estnormal, et d’autant plusfructueux qu’elle est auservice des autres.

Recueilli par D.T.

Fabienne KellerMaire UMPde Strasbourg

3 QUESTIONS À

CE QU’ILS EN DISENT

Ahmed22 ans

“Je suisarrivé

à onze ans d’Alger enFrance. J’ai eu un bacpro communicationet arts graphiques.Le service civil est uneréflexion sur la sociétéà laquelle on aspire.J’ai envie d’aider à fairebouger les quartiers.Sûr, après, j’irai à la fac!

Elian24 ans

“Né auNiger,

je suis resté six ans enAfrique. L’intégrationen France s’est malpassée. J’ai un bac proélectronique, mais jeveux m’occuper d’en-fants. J’étais dans uncocon bourgeois. Ici,à Unis-Cité, je me sensplus libre. Ensuite, jereprendrai des études.

Sabrina18 ans

“Je suisgitane.

On voyageait de villeen ville. J’ai arrêtél’école à 16 ans. Unis-Cité m’offre une remiseà niveau. Je prépare enparallèle un concoursde monitrice éduca-trice pour enfant. Chezmoi, je serai la premièrefille à travailler!

gent l’envie d’aider lesautres et de se sentir utiles.Huit visages de l’engage-ment et de la solidarité.Recrutés sur dossier, ils ontsuivi un séminaire. Chaqueéquipe se cristallise autour

Nicolas21 ans

“J’ai étéboulanger,

ébéniste, jardinier…Mais je voulais meréorienter, êtreanimateur. Le servicecivil est une grandeétape, c’est presqueune formationprofessionnelle !

Émilie21 ans

“Deux ansen fac

d’archéologie… Je mevoyais instit ou dansl’humanitaire pourm’occuper d’enfants.Une copine m’a parléd’Unis-Cité.J’ai la liberté de fairele service civil tout enbossant le concoursd’éducateur spécialisé !

Jeudi 15 novembre,8h45. Émilie, Julia,Elian, Laurence, Zélim,Nicolas et Sabrina seretrouvent, comme

chaque matin, dans unpetit local du Port du Rhin,quartier retiré de Stras-bourg, à la frontière alle-mande. Exceptionnelle-ment, ils sont sept: Maïtéest malade. Neige sur laville. Entre café et petitsgâteaux,ambiance au beaufixe. Le programme: miseen place d’un nouveau pro-jet de lutte contre l’exclu-sion en organisant la Saint-Nicolas et Noël avec leshabitants du quartier. Prio-rité à ceux qui sont sansressources, et aux person-nes âgées isolées. Les déco-rations préparées avecenfants et parents doiventmettre la fête plein la tête.On discute du qui fait quoi :acheter des fourniturespour les animations, ren-contrer les écoles et le col-lectif d’associations locales

Au-delà des ponts. «C’estun coin isolé et méconnu deStrasbourg, il n’y a pasgrand-chose à faire, maisl’identité est forte», expli-que Sabrina, la plus jeunedes volontaires. Questionidentité, le groupe a bientrouvé la sienne. Julia :«Chaque équipe choisit unnom. Nous, c’est J8 commehuit jeunes. Mais contraire-ment au G8, notre richesseest intérieure et repose surla diversité!» Personne ne

se plaint des conditionsmatérielles. «On a unchouette local avec duchauffage, un frigo, unmicro-ondes et ça puepas!» rigole Elian.

En deux mois de cohabita-tion, on apprend à seconnaître et chacun

trouve sa place. Dans unpremier temps, leur cui-sine interne a parfoistourné au vinaigre. Émilie :«La devise, c’est de restergroupés. Mais on a tousdes caractères forts,maniaques ou bordéli-ques, ça a clashé !» Julia :«On a tendance à voir cequi ne va pas chez l’autreavant de se regarder soi-même. Être ensemble, c’estun apprentissage». Pource faire, rien de tel qu’unpremier projet fédérateurd’un mois : rénover onzecages d’escaliers et desportes d’entrée dans lequartier du Meinau. Noshuit apprentis en bâti-ment se frottent au travailen équipe et aux subtilitésde la peinture. «On aappris grâce à nos magnifi-ques erreurs !», s’amuseÉmilie. Mission accomplie.Leur action a permisd’améliorer le cadre de viedes locataires. Et de retis-ser les liens entre eux…

Aujourd’hui,«ambiance topau J8», confirme Zélim enlevant le pouce.

Les volontaires se donnent.Leur prochaine missionconsiste à emballer despaquets cadeaux à la Fnacpour financer d’autres pro-jets. Et ils reçoivent aussi :des intervenants extérieursles incitent à réfléchir surleurs perspectives.Des jour-nées dites «de respiration»leur sont proposées,histoired’échanger avec les autreséquipes ou de faire un bow-ling, de visiter le muséezoologique ou le Parlementeuropéen… Ça sonne à laporte du local. Ahmed, unvolontaire d’un autregroupe est de passage.Accueil immédiat, même sil’on ne se connaît pas.

Volontaire ne rime pasavec militaire. Si ces jeunesissus d’horizons divers seretrouvent, ce n’est pas lefruit du hasard. Ils parta-

Zélim19 ans

“Je suistchétchène,

ça fait quatre ans queje vis en France. J’aicommencé une licencede russe, mais ça nem’a pas plu. Le servicecivil m’apprend àm’adapter au pays,rencontrer des amis.Je me verrais biendans l’informatique.

Julia22 ans

“Je viens deNormandie.

Lettres modernes,psycho, des petitsboulots, j’ai été malorientée… Je voulaisfaire le point et merapprocher des métiersdu social. Grâce auservice civil volontaire,je mets directementdu sens dans mesactes. Après, j’aviserai !

Détour parStrasbourg

Laurence21 ans

“J’étaisétudiante

sage-femme, maisl’univers médicalne me plaisait pas.Depuis toute petite,j’ai envie d’aider.Je compte sur Unis-Cité pour savoir ceque je peux apporteraux gens et voir ceque je ferai ensuite.C’est important deprendre ce temps.

n 24 heureschrono avecune équiped’ Unis-CitéAlsace.Quatre filles,quatre garçonsvont vivreensemble,huit heures parjour pendantneuf mois.

«Être ensemble,c’est unapprentissage…»

ler des petites difficultés etdes grandes émotions.Nicolas : «On tient unesorte de journal intime, onraconte la progression denos projets. Une fois parmois, on rencontre une for-matrice». Déjà ils réfléchis-sent à leur prochain projet :travailler avec la Maison duCitoyen pour sensibiliserles jeunes à la citoyenneté.«Notre parole peut davan-tage toucher les jeunes desquartiers, on a le mêmeâge», explique Elian. Autotal, une dizaine de pro-jets seront menés au coursde l’année.En 2007, en Alsace, cin-quante-deux volontaireseffectuent leur service civil.S’ils appartiennent encoreà la minorité de jeunesFrançais qui s’engagent, ilssont bel et bien de leur épo-que. Ils parlent de «l’aven-ture» pour évoquer leurservice, comme le disent enboucle les jeunes de laStar’Ac ou de Popstars. Ilsinventent: volontaires, c’estjuste une autre manière devivre leur génération.

Dominique Thiéry

REPORTAGE Diversité desmissions : pâteà sel avecles enfantsou peinturede cagesd’escaliersd’immeubles,quartier duMeineau.

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LES POLITIQUES DANS TOUT ÇA?

RESPECT MAG/UNIS-CITÉ – 1110 – RESPECT MAG/UNIS-CITÉ

Guillaume J’ai étévolontaire pour effectuerun service civil pendantneuf mois, on a travailléavec la Banquealimentaire, le Secourspopulaire, des centressocio-culturels… Je bosseaujourd’hui avec deshandicapés mentaux.J’ai commencé très bas,mais grâce à Unis-Cité,mon évolution a étéassez fulgurante !

Fadela Amara Je connaisUnis-Cité au niveaunational. Ce nom estbien trouvé…

Guillaume C’est positifpour l’engagementcitoyen et la diversitédes jeunes accueillis !Unis-Cité a développémon envie de travaillerdans le social etla solidarité.

Ahmed Vous en pensezquoi du service civil ?

Fadela Amara C’est unevraie question politique.Un excellent moyende créer de la mixité enpermettant à des jeunesdifférents de se rencontreret d’avoir ensembledes projets de solidarité.Cela renforce aussila construction de la

citoyenneté. Nous avonsune enveloppe pourfinancer ce dispositif,mais la politique de laVille ne peut pas le porterà elle seule. Et il y aun bémol : 15% des jeunesissus des quartiersen difficulté bénéficientdu service civil volontaire.Nous ne pourrons pascontinuer à le développersi ce chiffre n’est pasrevu à la hausse.

Lilla Merabet (responsableUnis-Cité Strasbourg)Le service civil volontairereprésente beaucoupd’associations. À Unis-Cité, 40% des jeunessont issus des quartiers,et 60% des actions menéesdépendent directementde la politique de la Ville…

Fadela Amara Je saiscomment fonctionneUnis-Cité. Nous avonstravaillé ensemble surdes projets de solidarité,mais mes statistiquessont nationales.

Respect Mag Seriez-vousfavorable à un servicecivique généralisé, voireobligatoire ?

Fadela Amara (un temps)Obligatoire, je ne sais pas.Y-a-t-il un plus lorsqu’onoblige les gens ?Être volontaire estune démarche trèsconstructive qui donnedes résultats. Il fautdonc aider à favorisercette volonté.

Respect Mag Oui, maiscomment ?

Fadela Amara L’Éducationnationale a un rôle à jouer,mais aussi les associationset tous les adultesintervenant dans laformation des enfants.

Respect Mag Vouscomptez plus sur unechaîne humaine quesur l’État pour changerles choses…

Fadela Amara Oui,c’est l’éducation à lacitoyenneté. Tous ceuxqui agissent à différenteséchelles éducativesdoivent susciter cettevocation et cette volontéde se mettre au servicede l’autre.

Ahmed Moi, je suis entréà Unis-Cité pour êtreutile. Les volontaires ontfait leurs preuves, alorsil faut encourager lesjeunes dans les quartiersà participer au servicecivil et le faire connaître !

Fadela Amara C’est bienque vous vous soyezengagés. Vous participezà un phénomène d’identi-fication pour d’autresjeunes. Grâce à vous, ils serendent compte que c’estpossible et intéressant.

Respect Mag Et ensuite ?

Fadela AmaraJe reviendrai vous voir,dès que Sarko aura pré-senté le plan banlieues,pour regarder pluslonguement ce que vousréalisez sur le terrain.Recueilli par Dominique Thiéry

n Visite de la Secrétaire d’État à Strasbourg et rencontreavec des jeunes dans le quartier de Hautepierre.Quatre volontaires d’Unis-Cité ont réussi à l’interpeller.Conversation entre deux petits-fours et un avion…

«Pour unservicecitoyen»

changé? Jugeons les actes!Pas d’amour sans preuved’amour…

Y-a-t-il un manque desolidarité en France?Non, beaucoup de Françaiss’engagent. À Nantes, denombreuses associationsexistent, et les jeunes s’yinvestissent. Si notresociété est régie par l’ar-gent, la solidarité ne faitpas défaut. Mais elle se tra-vaille. Si on décide de déve-lopper le service citoyen,impliquons administra-tions, collectivités locales etassociations. Toutes lespotentialités ne sont pasencore exploitées.

Le service civique, idée degauche ou de droite?Les valeurs républicaines deliberté, d’égalité et de fra-ternité rassemblent tousles Français. La solidaritédoit être concrète, pas justetrois mots à un fronton. Laloi sur le service civiquecitoyen a été portée parl’ensemble des députéssocialistes et c’était une desmesures du pacte présiden-tiel de Ségolène Royal.

Recueilli par D.T.

l Vous défendez l’idéed’un service civique etcitoyen. Vous avez signé lemanifeste pour un servicecivique obligatoire. Quelleest la meilleure formule?Aujourd’hui les réponsesmises en place par la majo-rité et le gouvernementsont sans ambition face audéfi de la solidarité et dulien social dans notre pays.Je suis favorable à un ser-vice citoyen qui permet-trait à des jeunes d’être uti-les pour la société et poureux-mêmes.

Volontaire ou obligatoire?Certains disent que si leservice reste volontaire, cesera un flop. Mais l’obliga-toire a aussi ses inconvé-nients. L’idée est d’offrir unespace plus large aux jeu-nes, qu’ils puissent donnerdu temps à la collectivité,entre trois et six mois. Pro-posons-leur une belle mis-sion, avec une rémunéra-tion correcte, des pointsretraites, sans pénaliserleur cursus ou leurs activi-tés en cours. Portons cettequestion au débat pour tes-ter les réactions.

En mars 2006, le gouverne-ment a institué le servicecivil volontaire après lesrévoltes de banlieues…Rien n’est vraiment conclu-ant. Les quartiers ont-ils

Conversation surpriseavec Fadela Amara

Fadela AmaraSecrétaire d’Étaten charge de lapolitique de la Ville

Il milite pourun service citoyenet dénonceun manque devolonté politique.

Jean-Marc AyraultPrésident du groupesocialiste à l’Assembléenationale et mairede Nantes

«L’Éducationnationale a un rôleà jouer.»

Fadela Amara

l Pourquoi défendez-vousle service civil volontaire ?Je suis attaché à ce que nosconcitoyens s’engagent dansune mission d’intérêt géné-ral. Ce service permet deresponsabiliser chaque jeuneet de développer son appar-tenance au territoire. C’estprimordial pour une villecomme Cergy-Pontoise oùse côtoient étudiants et jeu-nes en difficulté.

Le service civique, idée degauche ou de droite ?C’est avant tout une bonneidée politique qui peutrépondre à des enjeux desociété. On pourrait créerun comité, toutes étiquet-tes confondues, pour le pro-mouvoir! La scission possi-ble serait qu’à gauche onpense d’abord à ce que doit

faire la société avant la per-sonne, à droite, c’est l’in-verse. Mais le service civil,c’est une générosité person-nelle au service des autres!

Que faites-vousconcrètement?Depuis deux mois, leConseil général du Val-d’Oise mène une opérationavec 56 jeunes. C’est le pre-mier département -le plusjeune de France- qui s’en-gage autant. J’espère quenous atteindrons rapide-ment les 100 volontaires.Cela nous coûte 375000euros, mais la cohésion ter-ritoriale n’a pas de prix.

Les politiques semblenttimorés sur le service…Pas dans les effets d’an-nonce! La réticence est dans

sa mise en œuvre: nou-veauté du dispositif, exi-gence de transversalité entreélus et administrations,crainte du coût… Moi, je dis,engagez-vous! Créons lesconditions financières pourque les initiatives se déve-loppent. C’est un gage decohésion sociale.

Le service civil est-ilperfectible ?Renforçons encore la for-mation et l’accompagne-ment des jeunes. Il estimportant qu’il reste volon-taire. Contraignez les gens,ils rechercheront des straté-gies pour contourner. Etpuis on ne pourrait pasdonner à 700000 jeunesde 18 à 25 ans autant demissions à réaliser!

Recueilli par D.T.

«Un outil decohésion sociale»

Il est un ferventpartisan du service

civil volontaire.Le Conseil général

en a confiél’expérimentation

sur le départementà Unis-Cité.

Thierry SibieudeConseiller généralUMP du Val-d’Oiseet professeur à l’Essec

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Éducationet culture Soutien aux personnes

RESPECT MAG/UNIS-CITÉ – 1312 – RESPECT MAG/UNIS-CITÉ

l D’origine allemandeet bilingue, Erna Wiesel,26 ans, bac +2, était char-gée des traductions au seind’Une terre culturelle,asso-ciation marseillaise quiorganise des échangesinternationaux pour lesjeunes des quartiers popu-laires.Très vite elle est deve-nue un membre de l’équipeà part entière.« La pub, la recherche departicipants et de partenai-res, les demandes de sub-ventions: elle a participé à100% à la vie de l’associa-tion», raconte MathieuMendy, l’un des deux sala-riés. «Maintenant, elle estcapable de monter unéchange de bout en bout.»Well done! Alors, welcomeaux nouveaux volontaires?«On y réfléchit. Le tutorat,c’est lourd pour une petitestructure!» «Sous-emploi dans une caté-gorie qui ne peut pas faire lafine bouche, ou voie royalede l’insertion civique?» s’in-terroge La Ligue de l’ensei-gnement1. «Ni salariés, nibénévoles, volontaires !» :24 missions taillées surmesure par les fédérationspour leurs 250 futurs jeu-

nes volontaires. Accompa-gnement scolaire, jeux,éducation à la santé, démo-cratie lycéenne… Faireconnaître aux déléguéslycéens leurs droits de réu-nion,d’expression,de publi-cation, favoriser la créationde Junior associations.Aujourd’hui porte-parolede la vie scolaire, demainadultes de la Cité. «Lesvolontaires ont une conni-vence idéale avec les lycéenscar ils appartiennent à lagénération intermédiaire»,note Nadia Ballaoui char-gée du Pôle jeune civilvolontaire de La Ligue.

Au rayon culture, opéra-tion «Lire et faire lire».11000 retraités donnent legoût de la lecture à 100000enfants. Aux volontaires, lacharge d’organiser des réu-nions conviviales, de fairedécouvrir à ces ensei-gnants du troisième typede nouvelles maisons

d’édition, de leur faciliter letravail au sein des écoles.L’AFEV a fortement déve-loppé depuis un an desactions de soutien scolairedans différents quartiers,grâce à la mobilisation de200 jeunes en service civil.Son Secrétaire GénéralNicolas Delesque voitencore plus loin : «On seplaint qu’il n’y a pas assezd’adultes dans les établisse-ments scolaires, on pourraitdéjà commencer par affectertrois volontaires dans les 500collèges Ambition et réus-site. Ils permettraient demieux encadrer des activitéséducatives ou de développerdes initiatives importantespour la vie de l’établisse-ment, par exemple la créa-tion d’un ciné club ou d’unjournal».

Kakie Roubaud1. www.volontairealaligue.org35000 associations, 2 millionsd’adhérents, un agrément pour1000 volontaires.

l Pas évident pour Ibrahimd’esquisser un pas de danseavec Gladys, jadis reine de lapiste! Pas simple deconstruire un pont entregénérations. C’est pourtantle défi lancé aux jeunesvolontaires qui, parmi leursmissions, doivent effectuerdes visites de convivialitéaux personnes âgées. Souri-res de circonstance,on prendla cadence, on s’apprivoise.Le soutien de l’équipe fait lereste. Travailleurs sociaux etvolontaires pourraient, maindans la main, participer à unvaste «repérage» des Pari-

siens âgés, histoire de préve-nir toute hécatombe en casde canicule… Avec la jeu-nesse, la solitude des aînésprend un sacré coup devieux.

Par-delà un apport moralet physique aux personnesdépendantes, ces volontai-res permettent à des struc-tures de se développer. C’estle cas de l’association Jac-cede.com,créée par DamienBirambeau, 35 ans, myo-pathe.«Ce n’est pas le handi-cap le plus difficile à vivre,c’est l’accès aux lieuxpublics.» Damien décide decréer un site Internet quirecense les endroits de Parisaccessibles aux personnesen fauteuil. Petit hic: com-ment arpenter les trottoirsde la capitale avec trois sala-

riés? «Grâce à Unis-Cité,on apu établir une carte réperto-riant 1200 points de chutesécurisés pour handicapés.»

Mais s’improvise-t-on bonsamaritain quand on a 20ans? «Les jeunes qui s’enga-gent sont déjà plus ouvertsque la moyenne, mais tousont un nouveau regard sur lehandicap. Après une forma-tion, ils ont l’œil pour détec-ter nos ennemies numéro 1,les marches!» Et ils com-prennent d’emblée certai-nes problématiques. «Quel’hôpital soit accessible, c’estnormal, mais un magasinbranché doit l’être toutautant!» Il faut réformerbâtiments… et mentalités.Jaccede n’est plus simple-ment une association vir-tuelle. Avec le service civil,elle est devenue une organi-sation bien ancrée sur le ter-rain. «Notre côté innovant,c’est la démarche desjeunes.» Un pas de géantpour toutes les personnesdépendantes, handicapées,

qui représenteraient, selonJaccede, 26% de la popula-tion française. Damien sou-haite instaurer un suivi avecles volontaires pour actuali-ser le guide en ligne des lieuxaccessibles.Sur une vidéo dusite, Laurent Baffie, parrainde l’association, déconne:«Allez, on se fait une p’titecourse en fauteuil ?»

Dominique Thiéry

[email protected]

Mener la danse contre la dépendance

Pourquoi le service civilvolontaire?Il est un levier complé-mentaire pour luttercontre l’isolement despersonnes âgées en perted’autonomie. Nousavions eu l’occasion desoutenir les volontairesd’Unis-Cité et sommesrentrés rapidementdans ce nouveaudispositif national. Lebénéfice incontestablede ces actions nous apoussés à devenir unestructure accueillantede jeunes volontaires.

Quel apport pourles personnes âgéeset les jeunes?Les volontaires sont, pour

les aînés parisiens, unefenêtre sur le monde.Ils les stimulent, leurredonnent goût à la vie.Nos anciens peuventtransmettre leurexpérience et leurssavoirs. Pour les jeunes,c’est un moyen inéditd’être confrontés à lavieillesse dans une sociétéqui s’y refuse. C’est aussil’occasion de découvrirles métiers du grand âge,secteur où les besoins sonténormes et les vocationspeu nombreuses.

La volonté politique d’enparler semble molle…Le service civil volontairea été mis en œuvre parl’État qui aurait dû impul-

ser les actions de commu-nication à grande échelle!À Paris,nous avons œuvrénous-mêmes pour trouverdes volontaires. C’estun succès. Recrutés poursix mois, les jeunesont souhaité voir leursmissions se prolonger.

Recueilli par D.T.

En quoi le service civilvous est utile?32 volontaires sontnos ambassadeurs pourdéfendre les droits del’enfant : éducation,santé, non-violence…Dans le cadre d’un parte-nariat avec l’Éducationnationale, ils intervien-nent au niveau desclasses de 5e. Sans eux,nous n’aurions pas pumettre en place cetteaction qui sensibiliseles enfants au civismeet les informe surles associations et lespersonnes ressourcesen cas de difficultés.Le message est d’autantplus fort que ce sontdes jeunes qui leurdélivrent. Les volontairessont l’exemple mêmede l’engagementcitoyen ! Ensemble, ilsrédigent une plaquetted’informations utile surtoute la scolarité.

Qu’apportent-ilsaux enfants?Ils permettent auxenfants de libérerla parole… On a parfoisdécouvert une maltrai-tance familiale. Avoiraccès à cette ouvertureresponsabilise lescollégiens, encourage

leur réflexe citoyen.Certains ont dit qu’ilssauraient dorénavantquoi faire face auxproblèmes d’un cama-rade… Ces échanges ontrévélé chez des élèvesqualités et compétencesjusque-là inconnues deleurs professeurs.

Des pistes à explorer?Si ce service se développe,on pourra davantageformer et accompagner.Intervenir à l’hôpitalauprès d’enfantsmalades, sourdsou aveugles. Nous avonsun projet de diffusiond’une plaquette enbraille. On pourraitpromouvoir les droitsde l’enfant auprès desparents dès la maternité.Cela a un coût, il nousfaut des partenaires !

Recueilli par D.T.www.defenseuredesenfants.fr

Danièle Hoffman-RispalAdjointe PS au mairede Paris, chargéedes personnes âgées

Catherine ClaveauConseillère de ladéfenseure des enfants,Dominique Versini.

Personneshandicapéeset âgées, on lesdirait invisibles.Souvent reclusesou en maisonsspécialisées.Les jeunesvolontaires sont-ilsun bon anti-rouille?

Damien Birambeaua créé l’associationJaccede.com en 2006.

26%des personnes en France viventune situation de dépendance

230 000jeunes Français sont en échecscolaire chaque année

60000jeunes sont analphabètes en sortant de l’école

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Grandir ensemble

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Selon l’Agencepour la cohésionsociale et l’égalitédes chances (Acsé),43% des missionsde volontairessont éducativeset 38% culturelles.Un enjeu majeurpour écoleset associations.

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Environnement

RESPECT MAG/UNIS-CITÉ – 1514 – RESPECT MAG/UNIS-CITÉ

l«Recherche homme-fem-me, moins de 26 ans, enservice civil volontaire,pourun poste d’animation na-ture, durée un an.» Ce typed’annonce va-t-il se multi-plier? Sur le terrain on estunanime, le dispositif est àdévelopper.Depuis 2006, associationset pouvoirs locaux propo-sent des volontariatsautour de l’environne-ment. Le chantier esténorme : faire entrer cettepréoccupation dans lesmentalités, expliquer lesgestes et les habitudesqui responsabilisent auquotidien. À Unis-Cité, les

volontaires ont mené, cetété, une campagne desensibilisation sur le tri,les déchets et l’énergiedans les cités du grandLyon après formation àl’Agence locale de l’éner-gie. Pour Sylvain Godinot,chargé de mission àl’Agence : «L’esprit civiquedu volontariat est en pleindans la philosophie dudéveloppement durable. Etpermet de sensibiliser despopulations peu averties».

Nadia, 19 ans, habitantede Vénissieux, a fait sonservice volontaire. Elle aparticipé à Vaulx-en-Velin

Pourquoi avoir fait appelau service civil?Nous ne connaissions pasce dispositif, c’est la Fon-dation Nicolas Hulot quinous l’a fait découvrir.L’IFAC, un groupementd’associations, assure lagestion, notammentl’indemnisation duvolontaire.

Quel intérêt pour vous?Le volontaire, souventtrès motivé, apportedu sang neuf. Son actionest concrète. Il est chargéde faire découvrir lemilieu du marais auxvisiteurs, de leur expli-quer notre travail carl’environnement est unequestion complexe.

Quel est le plus duservice volontaire?La transmissiondes valeurs, c’estimportant. Pour cetteraison, nous ne prenonsqu’un volontaire àla fois, afin de bienle former. Nous nevoulons pas devenirune usine !

Recueilli par S.B.

Service civique, un bien durable?Se former sur les questionsqui agitent notre société?Environnement, lien social,tout le monde y gagne.

l «La première institutionen nombre de volontairesest l’armée, avec 20 000par an. C’est quatre foisplus que tous les civils enga-gés.» L’amiral Alain Béreaudépeint la situation. Depuis1996 et la fin du servicemilitaire obligatoire, lesgens en uniforme ont misen place un système devolontariat efficace. Pourtransmettre le sens de lacollectivité, et offrir auxplus motivés d’intégrer lesrangs.Les gendarmes captentprès des trois-quarts desvolontaires. «Ce système a

été mis en place pour aiderdes jeunes en difficulté.C’est un espoir d’engage-ment, mais les gendarmessont sévères, il y a six ousept candidats sur unposte», détaille l’amiral. Lesfuturs Aspirants de gendar-merie, issus du volontariat,bénéficieront de conditionsplus favorables que dansun service civil, avec unerémunération de 900 eurosenviron.Attention, ne pas confon-dre avec les Cadets de laRépublique, adjoints desécurité profitant d’une for-mation renforcée pour pré-

parer le concours de gar-dien de la paix. Ce pro-gramme permettra d’ouvrirles portes de la Police natio-nale à des jeunes n’ayantaucun bagage scolaire.

Reste 6000 volontairespour l’armée de terre, del’air et la marine. Sous laforme d’un engagementd’un an et renouvelablequatre fois, les recrues ontles mêmes obligations queles militaires avec la possi-bilité d’être envoyées enmission à l’extérieur du ter-ritoire. À la fin du service,bon nombre de jeunes sont

Parlez-nous du dispositifDéfense seconde chance.C’est la possibilitépour des jeunes engrande difficulté socialeet scolaire de passersix à douze mois dansun internat, souventune ancienne caserne,entourés de retraitéset d’enseignants,mais pas de militairesen service. On y inculquele lever à l’heure,la discipline, on yreprend la scolarité,la formationprofessionnelle.

Est-ce une réussite?Pour l’instant on manquede recul. Mme Alliot-Marie voulait 20000jeunes en 2008, on seraautour de 3000. C’est un

dispositif qui coûte cher,30000 euros par anet par volontaire.Un encadrementde 35 personnes pour70 jeunes. Disons…mieux vaut ça quede payer des RMIpendant trente ans!

Que deviennent les jeunesensuite?Les deux tiers des volon-taires restants (certainsabandonnent ou sontrenvoyés), trouvent unemploi ou une formation.

Recueilli par S.B.

Armée,gendarmerie,police, pompiers…le service volontairese diversifie.Leçon de civismepassée en revue.

Des brigadesde l’environ-nement ?«Il y a des discussionsdans les départe-ments pour les créer»,rapporte l’amiralAlain Béreau, auteurd’un livre sur leservice civil (voir p.15). En cas de catastro-phes écologiques,comme le naufragede l’ Erika en 1999,le manque de spécia-listes du nettoyagedes lieux ou des soinsapportés aux ani-maux est récurrent.Des volontaires,entraînés et formés,pourraient fournirune aide précieuse.À méditer…

“ La société françaisesouffre d’un man-

que de repères. Notreresponsabilité est de luiredonner stabilité etsécurité.L’armée a unecontribution directe,telle la mise en place duplan Vigipirate, maisaussi indirecte. Si plusde jeunes étaient formésà la sécurité,ils seraientde bons médiateurs etl’on réduirait les débor-dements graves.Imaginons des tutoratsentre jeunes du servicecivil et ceux endifficulté… Recruterdes volontaires dansdivers dispositifs deprotection civileparticipe à l’équilibresocial. On leur offredes compétences, unepossibilité d’insertionprofessionnelle, desvaleurs citoyennes.L’École, l’Église, la Fa-mille sont contestées.L’Armée, d’une certainefaçon, l’est moins.Elle peut récupérerdes adolescents endifficulté pour leurredonner le sensde l’État et du travailen équipe. Le volumedes engagés reste faibleen raison de son coût.Mais il faut poursuivredans cette voie decohésion sociale.

3 QUESTIONS À

Amiral BéreauMembre du Conseild’analyse de la société, etauteur d’un ouvrage surle service civil obligatoire

Patrick LapouyadeResponsable del’association Curumapréservant les maraisà l’embouchure de laGironde

Amiral François DupontInspecteur généraldes Armées

Contribuerà la stabilité

L’ŒIL DE…

engagés et démarrent leurvie professionnelle.

Les pompiers connaissentaussi le procédé. En effet,les 250000 pompiers deFrance sont à 85 % desvolontaires (indemnisés àl’heure). À Paris et Mar-seille, ce sont des militaires.Une crise de vocation limitecet engagement. Raison deplus pour permettre à desjeunes de mener desactions dans ce domaine.D’autre part, le groupe-ment Missions risquesnaturels est favorable à unrenforcement, par les enga-gés du service civique, desréserves communales desécurité civile. Une contri-bution au soutien, à l’assis-tance et à la prévention despopulations face aux catas-trophes.Un service qui s’est avérétrès utile aux États-Unis.93000 volontaires du pro-gramme AmeriCorps (voirencadré p.5) ont été mobili-sés dans la gestion del’après cyclone Katrina. Uneaide si précieuse que l’ad-ministration Bush a étéconvaincue de développerle service civil malgré lesrestrictions budgétairesprévues.

Stéphane Bardinet

3 QUESTIONS À

7%seulement des Français sont formés aux premiers secours,93% sont convaincus de l’importance de cette pratique

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à la campagne d’Unis-Citédans les cités HLM. Depuis,sa vision des enjeux del’environnement est plusnette. «C’est vrai que lesgens sont peu informés, nimême concernés. Pour quele tri des déchets fonc-tionne, il faut installer desbacs de traitement prochesdes logements.»

2008, année faste pourl’éco-volontariat? Les asso-ciations comme le WWF, laFondation Nicolas Hulot etles régions (Pays de Loire,Bourgogne): toutes recon-naissent l’utilité du disposi-tif. Pourtant le nombre desvolontaires reste encorelimité…

Stéphane Bardinet

Sécurité3planètes seraient nécessairessi tous les habitants du mondegaspillaient comme un Français

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15% seulement des Français utilisentdes ampoules basse consommation

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RESPECT MAG/UNIS-CITÉ – 1716 – RESPECT MAG/UNIS-CITÉ

l Brassage culturel, expé-rience professionnelle, aideaux plus démunis: autantde raisons pour s’engagerdans la solidarité interna-tionale. L’association Ani-mafac parle d’un «phéno-ménal engouement chezles étudiants, indicateur del’énergie de toute une géné-ration». Selon l’enquêteIpsos 2003, 2200 jeuness’engagent chaque annéepour le compte d’ONG. 75%continuent dans un mouve-ment citoyen à leur retour.«La reconnaissance et lavalorisation du statut devolontaire par les pouvoirs

publics encourage ce phéno-mène» souligne le Clong,comité de liaison des ONG.

Le volontariat, «troisièmepilier des ressources humai-nes des associations»1 neleur est plus réservé.Depuis 2001, suite à laréforme du service natio-

Quel était ton projet?J’ai assisté une missionlocale dans la formationprofessionnelle d’anima-teurs en Afrique du Sud.Seul un Sud-Africaintravaillait à temps pleinsur le projet. Nous avonsparticipé à l’éducation decentaines de personnes,à l’organisation d’un pôleadministratif, développédes partenariats pour

l’accueil de stagiaires,obtenu des financements,multiplié les formations.

Que retiens-tu de cetteexpérience?C’était formidable, je suisresté trois ans et demi aulieu de deux! Intervenirdans un pays sur unelongue durée offre l’oppor-tunité de le comprendreet d’avoir le temps d’agir.

C’est une chance deprendre du reculpar rapport à sa culture.

Et le retour?Curieusement, j’ai eu desdifficultés à retrouverun travail. Je pensaisque cette expérienceserait perçue comme unevaleur ajoutée. Ce ne futpas le cas. Je me retrouvecoordinateur dansun centre social pourjeunes, au même degréde compétence qu’avantmon départ.

Recueilli par F.B.www.afvp.org

l En cuisine, le bonnetblanc vissé sur la tête,hygiène oblige, Théodoraprépare avec ses covolon-taires la chorba, soupemarocaine à base de toma-tes et d’oignons, distribuéechaque soir à 300 person-nes dans le XIXe arrondisse-ment de Paris. «J’avaisl’image du SDF crado etbourré, en fait ce sont desgens comme moi, ils n’arri-vent plus à joindre les deuxbouts, c’est tout. Je vois desjeunes et des mecs encostard, ça fait flipper.» Faceaux regards tristes et désa-

busés, la Parisienne de22 ans ne se prive pas d’uneparole réconfortante enplus des plateaux-repas.Depuis mi-octobre, chaquemardi et mercredi, huit jeu-nes d’Unis-Cité aident lescuisiniers de l’associationLa Chorba1 à préparer repaset colis alimentaires. RaterYenbou, son président: «Onpeut fonctionner seuls, nosbénévoles sont là tous lessoirs, mais les volontairesapportent un dynamismequi crée de la synergie.» Enfait, avec seulement sixsalariés,Rater aurait du malà s’en passer. «Les volontai-res nous permettent d’avoirplus de temps: réorganiserla réserve alimentaire, anti-ciper des projets.» Unegrande collecte de fondsavec 100 jeunes d’Unis-Citéaura lieu en janvier dansdes magasins pour amélio-rer la qualité des repas.Depuis sept ans, La Chorbaet Unis-Cité travaillentmain dans la main et pro-

posent aux volontaires unemission de solidarité indis-pensable à la cohésionsociale: le souci des plusvulnérables.

Une façon aussi de sensibi-liser des jeunes à des cau-ses davantage investies pardes bénévoles plus âgés ouretraités. D’octobre à juin,trois équipes de volontairesse succèdent et reçoiventune formation adaptée

pour appréhender le terrain.«En général,ça se passe sansproblème. Certains habituéstentent bien de grappillerdu rab auprès des jeunes,mais on est là pour calmer lejeu. Les barrières entre euxtombent très vite.» D’an-ciens volontaires d’Unis-Cité sont devenus, depuis,salariés à La Chorba.Cet engagement ne profitepas seulement aux plusdémunis ou aux associa-

La faim justifie les moyens

Le service volontaire vousaide-t-il?ATD Quart Monde estune petite associationavec seulement350 personnes travaillantsur toute la planète.C’est un gros plus d’avoirles volontaires d’Unis-Cité. Ils nous donnentun coup de main, ilsportent un nouveauregard sur la pauvreté,s’éloignent des clichés.

S’il se généralise, avez-vousles capacités d’accueil?Si on doit intégrer200 volontaires, on s’endonnera les moyens!Ils renforceraient nos

équipes. Au Sénégal, iln’y a que 4 permanents.

En conclusion?Je me retrouve dix ansen arrière quand j’étaisobjecteur de conscienceà ATD ! L’associatif peutcontinuer à se développergrâce aux volontaires.S’ils ont envie d’appren-dre, faisons-le ensemble !

Recueilli par D.T.www.atd-quartmonde.org

“Lutter en faveurdes pays en voie de

développement, c’estfavoriser l’accès auxdroits humains. Lesinégalités devraientêtre réduites, elles secreusent. 1,1milliardde personnes n’ont pasaccès à l’eau potable.Vouloir un mondeplus juste, solidaireet durable impliqueque les populationsvivent et agissentensemble. Plus ques-tion d’aller creuser unpuits au Mali, il fautsoutenir les acteurslocaux dans la concré-tisation de leurs projets.Malgré l’envie departir, les jeunes ontsouvent une vision duSud biaisée parméconnaissance ducontexte local. Bénéfi-cier de leur énergie,oui, mais à plusieursconditions! Être forméà l’environnementpolitique, économique,socioculturel et reli-gieux du pays, dansle cadre d’un longpartenariat avec desassociations françaises,et, sur place, être bienencadré. Le servicecivil volontaire peutalors renforcer lesdynamiques locales.À leur retour, beau-coup s’investissentchez eux après avoirvu ce qu’il est possiblede construire ailleurs.www.altermondes.org

Construire avecles populations

Ronan ClaureResponsable d’éditionà ATD Quart Monde

Vincent LacoteEn Afrique du Sudde 2002 à 2005, avecl’Association françaisedes volontairesdu progrès (AFVP)3 QUESTIONS À

tions. Les volontaires enressortent avec,dans les tri-pes, l’envie de transmettreune ouverture d’esprit.

Ils ne passeront plusdevant les sans-abri lesyeux fermés. Ils ont fait unconstat qui laisse des tra-ces: beaucoup de gensvivent dans la précarité, deplus en plus jeunes, et ausside plus en plus vieux. Lafaim, oui, justifie desmoyens humains sur lefront de la pauvreté.Et de lavolonté politique… Le service civil volontairedonne un vrai coup depouce. Pour distribuer àmanger et surtout avalerles préjugés.

Dominique Thiéry1. La Chorba, tél: 01 43 43 84 75

La pauvreté estvictime de clichés.Apparences,âge, situationdes démunis…Être volontairepasse parla révisionde ses a priori.

Exclusion Solidarité internationale

3 QUESTIONS À

Volontaires sans frontièresUne jeunesseprête à s’envoleret s’engager, grâceà un volontariatde solidaritéinternationale.Le service civiquepeut-il embarquerplus de générosité ?

L’ ŒIL DE…

David EloyRédacteuren chef dumagazineAltermondes

2,6millions de personnes reçoiventl’aide alimentaire en France

1million de demandes de logementssociaux depuis 20 ans

2 milliards de personnes dans le monde viventavec moins de 2 dollars par jour

nal, l’État et les entreprisesfrançaises à l’étrangerbénéficient du volontariatcivil (VSI), du VIE et du VIA(Volontariat internationalen entreprise et dans l’ad-ministration). Dépendantsdu ministère des Affairesétrangères et de l’Agencefrançaise pour le dévelop-

pement des entreprises,ces dispositifs concernentles 18/28 ans, niveaubac + 4. «Un tremplin pourune carrière internatio-nale», selon le Centre d’in-formation sur le volonta-riat international.Une jungle de missionspossibles(santé, éducation,économie) qui nécessitentdes compétences. «Les can-didats au départ sont nom-breux. Les places sont chè-res, le CV se conçoit commepour une recherche d’em-ploi», indique le Clong.Généralisé, le service civi-que peut-il contribuer à lasolidarité internationale?«Oui, dit le Clong, en créantde nouvelles missions (entrechantiers courts et volonta-riat long), et si la demandede réciprocité des pays duSud est entendue.»

Fany Baron

1. Conseil des ministres,2 mars 2005.

www.civiweb.com www.animafac.netwww.injep.frwww.volontariats.net

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Nantes.Des volontairesdistribuent del’aide alimentaire(ci-contre). À Paris,ils préparent desrepas à La Chorba (ci-dessus).

Des volontaires ont participé à l’organisation de la Journée mondialecontre le refus de la misère, le 17 octobre, place du Trocadéro.

Page 10: Les secteurs à investir Service civique Qui s’engage? · 2009. 9. 8. · Comment parler de vivre ensemble si l’on n’est pas capable de faire ensemble? L’action,cette étrange

LE MATCH

18 – RESPECT MAG/UNIS-CITÉ

l Jean-François Lamour Sile service civil devient obli-gatoire, c’est la mort duvolontariat.Max Armanet Bien sûr quenon!JFL Comment allez-voustransformer d’un coup debaguette magique un ser-vice volontaire qui a du malà exister malgré la bonnevolonté d’associations, depolitiques, de collectivitésterritoriales, d’entrepriseset créer 750000 missionsobligatoires d’intérêt géné-ral pour les jeunes?MA Le service civique obli-gatoire des jeunes renfor-cera le travail des associa-tions. Il n’y a personne pourtendre le verre d’eau auxpersonnes âgées, accompa-gner des ados entre deuxmatches de foot… On peut

déjà mettre en place100000 missions via unbureau communal d’ac-tions sociales. On fera lebilan dans deux ans.JFL Beaucoup d’associa-tions, dont le Samu social,refusent les volontaires àcause de leur inexpérience.

Respect Mag Pourquoi untel débat entre volontaireet obligatoire?MA Il y a un problème detransmissions des valeurs.On ne naît pas citoyen, on ledevient. Un service civiqueobligatoire d’une durée desix mois est un choix fort desociété pour affirmer lesdroits,mais aussi les devoirs.JFL OK sur le principe, maisoù trouvez-vous les mis-sions? Proposer aux jeunesdes stages photocopieuses,

non! Un service obligatoirede qualité coûterait 8 mil-liards d’euros par an à l’État!MA Des associations l’ontchiffré à 3 milliards 150 mil-lions d’euros. Le civisme aun prix, mais l’incivisme, çacoûte combien? Et les230000 jeunes qui sortentde l’Éducation nationale enéchec? La richesse sociale

relève d’une autre logiqueque financière.JFL Votre budget ne prenden charge ni nourriture nihébergement. Pour vous, leservice civil est un nouveloutil d’insertion, pour moi,

Max ArmanetJournaliste,

directeur dudéveloppement

à Libération,auteur du

Manifeste pourun service civi-

que obligatoireÉd. R. Laffont

Volontaireou obligatoire?

n Quelle tonalitéaura la solidarité

française?Deux défenseurs

du servicecivique

confrontent leursvisions

respectives.Débat haut

en couleurs …républicaines !

«Cela doit rester untemps généreux.»

Jean-François Lamour

Jean-François LamourDéputé, ex-ministre dela Jeunesse, des Sportset de la Vie associative,partisan du servicecivique volontaireD

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Respect Mag Et les limitesde l’obligatoire?MA Éviter à tout prix lesemplois déguisés. Unephase d’expérimentationest indispensable. Maisveut-on une France avecune éducation citoyenne,laïque, universelle, doncobligatoire? JFL L’obligation du serviceréglerait ce que l’Éducationnationale ne règle pas?

MA En mettant des jeunesen situation d’utilité, vousrécupérez ceux qui sont surle bord de la route ! Levolontariat est déjà acquisà la solidarité, le service civilobligatoire va plus loinpour lutter contre les ghet-tos, mais avec un impératifde réussite. Nicolas Sarkozyveut le faire, non?JFL Une longue discussion!Il reste obstiné à expéri-menter le service obliga-toire. Le temps accordé àcette tentative risque deretarder la montée en puis-sance du volontariat. Jedemande à voir… Mais jesuis loin d’être persuadéqu’on va y arriver.

Recueilli par Dominique Thiéry

c’est un temps généreux…MA Le bon citoyen est celuiqui apprend à tendre lamain. Selon un sondageSofres, 92 % des Françaissont pour un service obliga-toire, et 86% des jeunes!JFL Alors pourquoi ne sont-ils pas déjà engagés dans leservice volontaire?MA Parce qu’il est méconnu.JFL Il y a surtout un mondeentre ce qu’on dit et cequ’on fait… Incitons à unvolontariat mieux encadré,avec plus d’offres, plutôtque de reproduire un sys-tème obligatoire type ser-vice national. Il y aura tou-jours ceux qui échapperontau dispositif, sans réellemixité ni brassage social.Que ferez-vous si un jeuneveut rentrer chez lui aubout de deux mois? MA On a pensé à descontraintes positives. L’admi-nistration ne serait pas ou-verte à ceux qui ne feraientpas leur service civil.

Respect Mag Un servicegénéralisé n’irait-il pas àl’encontre d’embauches?JFL C’est une vraie question.On veut transformer undispositif de brassage, delien avec la nation, pourdéfalquer une partie ducoût de missions prioritai-res comme l’accompagne-ment des personnes âgées.Cela me gêne beaucoup.

Respect Mag Quels sont lestravers du service volontaire?JFL Pas assez investi par les

«Allons plus loinpour lutter contreles ghettos.»

Max Armanet

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