les sacerdoces athéniens

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DU AUTEUR: CATALOGUE DES FIGURINES EN TERRE CUITE DU MUSÉE DE LA SOCIÉTÉ AR- CHÉOLOGIQUE D'ATHÈNES (Dibliotl:cquc ties Eco l es d'A/houcs et dc H Olltc, fa scicule XVI. Til orin , 1880). LES SA.CERDOCES ATHÉNIENS THESE PRÉSENTÉE A LA FACULTÉ DEt; LETTREt; DE PARIS PAR Jules AI'\CIES UI:: Lt:COLE Fn < \ :o\çArSE DE nOME .ET DE L' t:COI.E l"RAN Ç: AISE O'ATHt:=--t:S MAÎTRE DE CONF.ÉRENCES A LA ,FACULDES LETTRES DE MONTPELLIER PARIS . ERNEST TH ORIN , ÉDITEUR LIDRAIRE DES ÉCOLES FRANÇAISES D'ATHÈNES ET DE nOME DU COLLÈGE DE FRANCK ET DE L'ÉCOLE NORMALE SUPÉRIEURE 7, RUE DE MÉDICIS, 7 1881

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Page 1: Les sacerdoces athéniens

DU M~ME AUTEUR: ~

CATALOGUE DES FIGURINES EN TERRE CUITE DU MUSÉE DE LA SOCIÉTÉ AR­CHÉOLOGIQUE D'ATHÈNES (Dibliotl:cquc ties Ecoles rTaltç((i~cs d'A/houcs et dc HOlltc,

fascicule XVI. Tilorin , 1880).

LES

SA.CERDOCES ATHÉNIENS

THESE

PRÉSENTÉE A LA FACULTÉ DEt; LETTREt; DE PARIS

PAR

Jules lUA.RTH~

AI'\CIES !\'IE~tnnE UI:: Lt:COL E Fn <\ :o\çArSE DE nOME .ET DE L ' t:COI.E l"RAN Ç: AISE O'ATHt:=--t: S

MAÎTRE DE CONF.ÉRENCES A LA ,FACULTÉ DES LETTRES DE MONTPELLIER

PARIS

. ERNEST TH ORIN , ÉDITEUR LIDRAIRE DES ÉCOLES FRANÇAISES D'ATHÈNES ET DE nOME

DU COLLÈGE DE FRANCK ET DE L'ÉCOLE NORMALE SUPÉRIEURE

7, RUE DE MÉDICIS, 7

1881

Page 2: Les sacerdoces athéniens

Unlversitatsbibliothek

El c hstiitt

A

M. Albert DUMONT

ANCIEN DIRECTEUR DE L'tCOLE FRANÇAISE D'ATHÈNES

HO~fMAGE DE RECONNAISSANCE ET D'AFFECTION

Page 3: Les sacerdoces athéniens

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PRÉFACE

On a souvent écrit sur le rôle et la condition des prêtres dans l'antiquité hellénique. Si la question a donné lieu à peu de mémoires importants, elle a été traitée avec plus ou moins d'étendue dans tous les ouvrages qui embrassent l'his­toire de la civilisation religieuse en Grèce (1).

Ces études, de valeur très inégale', on t ce caractère com­mun, qu'elles présentent le sacerdoce grec dans ses traits généraux, sans distinction d'époque ou de pays. Parmi les témoignages qu'elles rassemblent, les uns se rapportent il la société homérique, d'autres aux siècles de Périclès ou d'Alexandre, d'autres aux temps romains. On passe indiffé­remment d'Athènes à Lacédémone, de Lacédémone ft Delphes ou il Corinthe, de la Grèce propro dans les îles, en Crète, à Rhodes, en Asie Mineure.

Ainsi considéré, il semble que le ministère sacré aH été une institution ft part, toujours semblable à elle-même d'un bout à l'autre de la Grèce, et qui se développait, en dehors de toutes circonstances chronologiques et sociales, dans la pleine indépendance de ses traditions et de ses privilèges. Si la prêtrise chrétienne demeure aujourd'hui ce qu'elle était

(1) Je n'ai pas à en faire ici l'énumération, Il convient seulement de citer en particulier un traité de Kreuser, Der llcllenen Priesterstaat (Mayence, 182"l); un autre d'Adrian, Die Priestcrinnen der Griechen (Francfort, 1822); un mémoire de Giess sur les prêtres homériques (Quxstiones de re sacerdotali Gr,ucorum Hanau, 1850); une dissertation de Bœckh à propos d'une inscription d'Halicar: nasse (De Grxcorum sac~rdotiis, reproduite dans les Gesammelte kleine Schriftm, tome IV, p. 331 et suiv.); enfin les chapitres relatifs au sacerdoce dans l'His­toire des religions de la Grèce de M. Maury (tome II, p, 381-431), dans le Lchr­buch der gottesdienstlichen Alterthümer der Gl'iechen de K. F. Hermann (p. 204-226), et dans les Griechische Alterthümer de Schœmann, t. 11, p. 410-439).

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Page 4: Les sacerdoces athéniens

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11 PRÉFACE.

il Y a cinq ou dix siècles, et n'est pas autre en Irlande qu'en Italie, en France qu'en Espagne, il n'on était pas de même pour les sacerdoces antiques, faute d'unité dans la religion. Les tribus helléniques, issues d'une même race, avaient bien sur les rapports entre les dieux et les hommes des idées analogues; mais ces idées avaient pris mille formes différen­tes. Les cultes qui en étaient l'expression variaient d'un sanc­tuaire à l'autre. Chacun d'eux avait ses coutumes propres. Chacun d'eux avait aussi ses ministres, dont la condition était déterminée par certaines traditions locales. Ici l'on voyait une prêtresse élue par les suffrages populaires; là, au lieu d'une prêtresso, c'ütait un prêtre; au lieu d'une élec­tion, un tirage au sort; ailleurs, le sacerdoce était l'héritage d'une famille; plus loin, il devenait un office vénal. Ses at­trilmtions, ses cLarges, ses droits n'avaient rien d'uniforme. Pour comprcIlLlre son rôle, il importe de ne pas le détacher, comme on l'a fait, du milieu particulier où il s'exerçait. On a dù s'y résigner, quand la science en était encore à re­cueillir et à mettre en orüre les rares textes dont elle dispo­saiL Aujourü'hui qu'elle a des ressources nouvelles, on peut sonITer iL une autre méthode. o

Il en est une qui consisterait it examiner séparément cha-quo culte local. On on rechercherait les origines, le dévelop­pement historique, les usages, eL l'on serait naturellement amené ü monLrer dans le détail le rôle du prêtl'8 ou des prè­tres ch::u'n'és de l'administrer. On aurait ainsi une série de

o monographies, comme celles qu'on nous a données sur Del-phes ou sur Dodone et qu'on nous promet sur Délos et sur Olympie. Rien ne serait plus intéressant et plus fécond en résultats scicntifiques. lIIalbcurcusement, parmi les cultes de la Grèce, bien peu étaient aussi importants que ceux dont je viens de pm'ler; il n'yen a guère qui aient laissé d'eux­mêmcs autant de som'enirs et de monuments. La plupart ont disparu sans qu'on en retrouve les traces dans la litté­rature ou dans les ruines.

Aussi bicn, cette méthode, si précise qu'elle soit, n'est pas elle-même celle qui se prête le mieux à l'étude des insti­tutions sacerdotales. Elle suppose les cultes helléniques, non

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PR~FACE. III

seulement distincts les uns des autres, mais encore tout à fait isolés. Or, ne voyons-nous pas que la plupart étaient groupés suivant certaines régions: ici les cultes lacédémoniens, là ceux de Thèbes, ailleurs ceux de MéITare d'Araos d'Athe' nes 0' 0' ,

de Corinthe? La dispersion absolue n'avait existé qu'à l'ori-gine, quand les populations répandues par la Grèce n'avaient encore entre elles aucun lien et ne formaient pas de sociétés régulières. Du jour où elles s'étaient unies, où les tribus les plus voisines les unes des autres avaient été conduites à mettre en commun leurs intérêts, leurs coutumes et leurs

. lois, presque tous les cultes particuliers qu'elles apportaient avec elles s'étaient trouvés rapprochés, eL de cette fédéra­t~on sacrée était née dans chaque contrée une religion na­tIOnale en même temps qu'une cité. Dans ce mouvement social, les cultes n'avaient pas perdu leurs traditions locales; le sanctuaire, où chacun d'eux se concentrait, n'avait pas .été déplacé; les cérémonies étaient restées les mêmes. Mais la condition du sacerdoce avait été modifiée.

Jusque-là les prêtres d'une même région étaient tous étran­gers les uns aux autres: chacun d'eux priait et sacrifiqit pour une petite communauté, tribu ou famille, à laquelle il ap­partenait, et qui n'avait aucun rapport avec les communau­tés les plus proches. Au contraire, quand la cité est constituée et qu'elle embrasse dans son unité une foule de tribus et de cultes divers, les prêtres, épars dans . leurs temples, font partie de cette même cité. Ils prient et sacrifient en son nom. Les actes religieux, qu'ils accomplissent chacun de leur côté et dont les rites ne se ressemblent pas, ont tous un objet unique, son salut et sa prospérité. Le sacerdoce est ùev,;nu une charge d'intérêt public. Ceux qui en sont in­vestis peuvent demeurer voués par la diversit8 des cultes à des liturgies différentes; ils sont tous les citoyens, je dis plus, les magistrats d'un même Etat. Comme tels ils s'ac-, . quittent de leurs fonctions multiples, suivant une loi com­mune' qui n'est pas la même à Athènes et à Lacédémone, à Sicyone et à Mégare, à Thèbes et à Halicarnasse, qui 'varie suivant la constitution de chaque cité, et qu'il est nécessaire d'examiner dans ses rapports avec cette constitution rnêIllll.

Page 5: Les sacerdoces athéniens

IV PRÉFACE.

Il ne suffit donc pas de considérer les institutions sacerdo­tales dans tel ou tel sanctuaire particulier. Il faut rechercher ce qu'elles sont dans une ville déterminée. Un travail de ce genre n'a jamais été fait : je l'entreprends ici pour Athènes.

On sait encore peu de chose sur les sacerdoces athéniens. A la fin du siècle dernier, les Mémoires de l'Académie des inscriptions et belles-lettres contiennent deux études de Bou­gainville sous les titres suivants : ~fémoire dans lequel on examine plusieurs questions générales concernant les ministres des dieux à Athènes (t. XVIII, p. 60 et suiv.); Eclaircisse­ments genéraux sur les familles sacerdotales de la Grèce (t. XXIII, p. 51 et suiv.). L'auteur tire un parti ingénieux des rares textes qu'il rassemble; mais il supplée trop sou­vent par des conjectures à l'insuffisance des témoignages antiques, et n'a guère de la constitution athénienne qu'une idée vague. Le chapitre de Barthélemy dans le Voyage d'Anacharsis (ch. XXI, Sur la religion, les ministres sacrés et les principa·ux crimes contre la religion) résume le peu qu'on savait alors des institutions religieuses d'Athènes. En 1830, Otfried Müller a publié un mémoire important sur le temple d'Athèna Polias à l'Acropole (Minerve'e Poliadis saera et éCdem in aree Atlzenarum illustravit K. O. M., Gottingue) (1). On y trouve quelques pages sur la famille sacerdotale des Etéo­boutades et sur les prêtrises qu'elle avait le privilège d'exercer. L'auteur reprend les textes déjà commentés par Bougainville, les éclaire en les rapprochant de quelques ins­criptions et termine par un tableau généalogique des Etéo­boutades. Ce qu'Otfried Müller avait ainsi commencé pour cette famille a été développé en 1833 par Bossler (De gentibus et (amiliis AtticéC saeerdotalibus, Darmstadt). Son ouvrage est une série de recherches sur les Eumolpides, les Kèryces, les Phillides et sur toutes les familles de l'Attique qui avaient, comme les Etéoboutades, la possession héréditaire d'une

(1) Ce mémoire a été reproduit dans les Ktmstarchiio!ogische Werke von K. O. Müller, tome l, pages 101 et suivantes (Berlin, Calvary, 1873).

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PRÉFACE. V

prêtrise. Dans les commentaires du Corpus inscriptionum gréCcarum, Bœckh est plusieurs fois revenu sur ces mêmes questions, qu'il a enrichies d'une foule de remarques nouvel­les. Enfin, M. F. 1f:mormant, mettant en œuvre les docu­ments qu'il avait eu l'heureuse fortune de recueillir lui­même à Eleusis, a étudié la hiérarchie du culte éleusinien et l'organisation des familles attachées à la célébrat.ion des Mys­tères (Recherches archéologiques à Eleusis, Paris, 1862).

Là se bornent les travaux auxquels l'histoire des institu­tions sacerdotales d'Athènes a jusqu'ici donné lieu (1). On voit qüe pour bien connaître ces institutions, il reste encore beaucoup à faire. Tout au plus a-t-on quelques notions gé­nérales sur certaines prêtrises privilégiées qui se transmet':' taie nt par droit patrimonial. Mais ces prêtrises ne sont pas les seules qu'on rencontre chez les Athéniens. Il y en a beaucoup d'autres qui, loin d'être héréditaires,' sont ouvertes à tous les citoyens et passent chaque année d'une main dans une autre. Plusieurs sont même attribuées à des femmes. On n'a pas encore marqué nettement ces distinctions impor­tantes ni montré quelle en était l'origine. La constitution propre des sacerdoces n'a pas été davantage déterminée. Par quels procédés les prêtres étaient-ils choisis? Quelles forma­lités précédaient ou accompagnaient leur entrée en charge? Quelles étaient leurs attributions dans le service journalier de la divinité, dans la célébration des sacrifices privés et publics, dans l'administration du sanctuaire? D'après quelles règles de droit public s'acquittaient-ils de leurs fonctions '? Quels avantages et quels honneurs étaient attachés à l'exercice de leur ministère sacré? Quelle était enfin la mesure de leur autorité et de leur responsabilité?

Aucune de ces questions n'a encore été traitée: je me pro­pose de les aborder ici. Je voudrais montrer ce qu'était un office sacerdotal dans la constitution athénienne et présenter comme le tableau de ses devoirs et de ses droits. Cette étude

(1) J'ai reneontré l'indication d'une courte dissertation-programme, publiée à Gleiwitz en 11$54 (Heimbrod, De Atheniensium sacerdotibus). Malgré toutes mes recherches, il m'a été impossible de me la procurer.

Page 6: Les sacerdoces athéniens

VI PRÉFACE.

sera donc limitée aux temps où cette constitution dévelop­pait ses principes en toute liberté, c'est-à-dire entre le cin­quième et le troisième siècles avant notre ère. D'autre part, elle n'embrassera, parmi les sacerdoces de l'Attique, que ceux qui se trouvaient liés à cette même eonstitution. On sait que la cité athénienne renfermait une foule de petits groupes reli­gieux qui avaient leur vie propre et indépendante, leur gou­vernement, leurs finances, leur culte et par conséquent leurs prêtres. Chacune ùe ces associations, tribus, phratries, dè­mes, corporations de toute espèce, avait réglé à sa manière les charges et les privilèges de son sacerdoce. Nous n'aurons pas il. entrer clans l'infinie multiplicité de ces détails. Nous nous en tiendrons aux sacerdoces qu'on pourrait appeler publics, à ceux qui célébraient des' sacrifices au nom clu Peuple athénien tout entier et dans les temples des divinités nationales.

La plupart de ces sacerdoces, qui étaient fort nombreux, n'ont laissé aucun souvenir. Faute de pouvoir les signaler tous, j'ai essayé de dresser une liste des divinités aux1luelles les Athéniens offraient des hommages officiels et pour le culte desquelles il est à présumer que la cité avait des prê­tres. Cette liste se trouve à la fin du volume, dans l'Appen­dice. J'y ai réuni tous les renseignements qui peuvent aV(lil' quelque intérêt pour l'histoire de cha1lue sacerdoce en parti­culier. On verra à quels rares témoignages nous sommes le plus souvent réùuits.

Les documents dont nous ferons 10 plus fréquent usage sont les textes épigraphiques, qui se sont tant multipliés de­puis vingt ans. J'ai dfjjà parlé des recherches de M. Lenor­mant il Eleusis en 1860, et du parti qu'il en a tiré. Vers la même époque, la Société archéologique d'Athènes découvrait, au pied de la pente septentrionale de l'Acropole, la série des stèles éphébiques, si riches de renseignements sur les insti­tutions politiques et religieuses des Athéniens. En 1861, des travaux, entrepris au théâtre de Dionysos, ont dégagé les gradins de l'amphithéâtre et mis au jour une centaine d'ins-

PRÉFACE. VII

criptions qui' marquaient les places assignées aux différents prêtres athéniens pour les représentations dramatiques. De-

~ puis, il n'y a guère d'année qui n'ait apporté son contin­gent de découvertes, Aucun des sondages qui ont été exécutés soit au sommet de l'Acropole, soit il. divers points de l'Agora moderne, n'ont été stériles. Mais rien n'égale la moisson re­cueillie il y a cinq ans sur le versant méridional de l'Acro­pole. Le nombre des marbres trouvés dans les ruines de l'As­clèpieion s'élève à plus d'un millier. Grâce à la publication du Corpus inscriptionum atticarum de MM. Kirchhoff, K6hler et Dittenberger, grâce aussi aux r~cueilspériodiques qui pa­raissent à Athènes, tels que l"A&-,j v ct t 0 v, les Afittheilungen des deutschen archaeologischen Institutes in Athen et le Bulle­tin de con'espondance hellénique, la plupart de ces documents sont aujourd'hui dans le domaine commun: •

Parmi ces nombreuses inscriptions, j'en dois signaler plu­sieurs auxquelles j'aurai surtout l'occasion de recourir: ce sont les décrets par lesquels l'Assemblée du peuple accorde des éloges publics et une couronne à certains prêtres, qui se sont bien acquittés de leurs fonclions, ainsi qu'à quelques au­tres magistrats, archontes, prytanes, stratèges, qui ont offert avec piété, et pour le plus grand bien de la cité, les divers sacrifices dont le soin leur était dévolu. Ces textes, souvent remplis de formules banales et de considérants vagues, nous seront néanmoins d'un grand secours. En les comparant les uns aux autres, en les commentant par des passages d'au­teurs, des scolies, des gloses de lexicographes, on peut es­sayer de les éclairer, et y retrouver le détail des attributions sacerdotales. Le nombre et l'étendue de ces décrets ne per­mettait pas de les reproduire ici. Dans la seconde partie de l'Appendice, j'en cite quatre seulement, qui ont été décou­verts plus récemment que les autres et que M. K6hler n'a pas encore publiés dans le Corpus.

On pourra s'étonner qu'étudiant les sacerdoces athéniens du cinquième au troisième siècles, nous nous servions si souvent de documents postérieurs soit à l'époque macédonienne, soit à laconquête romaine, soit même à l'établissement de l'empire. Il faut se rappeler que les anciens, et surtout les Athéniens ,

Page 7: Les sacerdoces athéniens

VIII PR~FACE.

ont toujours été très soucieux de la tradition. Dans le grand abaissement des mœurs politiques qui suit les troubles du troisième siècle, quand l'esprit public est corrompu et que la démocratie athénienne est bien morte, l'antique constitution de Solon, de Clisthène et d'Aristide subsiste toujours. L'âme s'en est retirée, mais les traits n'en sont pas effacés. Jus­qu'aux derniers jours de la vie antique, les Athéniens sem­blent tenir à en garder au moins l'illusion. Ce respect du passé éclate surtout pour les choses religieuses. Athènes se laisse envahir par les cultes de l'Asie, de l'Egypte et de Rome. Elle ouvre aux étrangers les Mystères d'Eleusis. Mais dans sa complaisance pour les nouveautés, elle s'obstine à conserver les anciens cultes et les anciens sacerdoces. Les éphèbes contemporains d'Adrien honorent aussi bien les dieux et les héros de la vieille religion attique que les em­pereurs divinisés. Aux invasions, les Barbares trouvent en­core un hiérophante en fonctions. On comprendra que nous puissions chercher dans les inscriptions de l'époque impé­riale la trace des institutions sacerdotales qui existaient du temps de Démosthène ..

LES

SACERDOCES ATHÉNIENS

CHAPITRE PREMIER,

C!.RACTÈRES GÉNÉRAUX DU SACERDOCE CHEZ LES GRECS,

§ 1.

Du rôle des sacerdoces dans la religion hellénique.

Le~ Athéni~ns et les, Grecs en général donnaient aux ministres de,s dIeux le tItre Of~CI~1 ~e {EFETç, personnages sacrés ou qui accam-pltssent des actes sacres (tEpCX). Il serait inutile de dü'fi l' t

" Ill' ce erme en c?mmençant, sIla traductIOn ordinaire qu'on en donne n'était pas ll1exacte: le nom de prêtres, par lequel il est d'LIsaITe de le Plac f ' , 0 rem-

el' en rançars, a prIS un sens très particulier dont 1'1 l'n t de l't h " '1por e , ., se, ( e ac el', SI 1 on veut se faire du sacerdoce athénien une Idee J,uste e~ ,ne pas se laisser entraîner par une similitude de mots a de sterIles rapprochements.

Le ~rêtre est, pour nous modernes, celui qui enseiane 10 dOIT en meme temps, que celui qui accomplit les cérémOIrtes symbO~~ ques de la relIgIOn, C'est à la fois le gardien de la do t' tlO,I loo-iq et' 1 l " c rll1e 100-

o ,u e mora e, et e mll1Istre du culte extérieur, Cette si ani-ficatIOu est propre au christianisme, Dans la vie du chrétien 0 le croyances et les pratiques, fixées à jamais par une même t d't', s demeure t 't 't' l'a 1 1011 n e 1'01 ement Ulues : ni la foi ne va sans les œ 'l ' œ ' ' uvres, III es

uvres ne v?nt sans la fOI. Aussi l'autorité sacerdotale, ui diri'>o les unes, dOIt-elle guider l'autre, Il n'en était pas de m~me da~s

Page 8: Les sacerdoces athéniens

2 LES SACERDOCES ATHÉNIENS.

l'antiquité, pat'ce qu'alors riên n'unissait la foi et les œuvres. Pour nous en tenir aux Grecs, leurs cultes n'avaient avec leurs croyances que des rapports lointains; celles-ci étaient livrées à une perpétuelle instabilité, ceux-là, au contraire, demeuraient immobiles.

Le sentiment religieux ne dépendait, chez eux, ni d'une révé­lation divine ni d'une tradition indiscutée. Il s'était formé lente­ment et se développait par le travail insensible des intelligences. L'imagination, vivement frappée par les phénomènes de la na­ture, qu'on ne comprenait pas, qui épouvantaient et contre les­quels on ne pouvait rien, avait d'abord peuplé l'univers de puissances mystérieuses, forces vagues et aveugles, semblables aux sociétés grossières qui les avaient conçues, et , comme elles, abandonnées à la fatalité de leurs instincts, Avec les progrès de la raison, ces forces s'étaient, à la longue, réglées à l'image de l'homme lui-même. Elle3 avaient fini par prendre corps et figure. Nous les trouvons dans Homère avec leur intelligence propre, leur volonté, leurs sentiments, leurs passions, en un mot, leur carac­tère, Ce mouvement intellectuel, qui a fait insensiblement les croyances de l\lge homérique, se poursuit à travors les sièclefl et en· traîne a vec lui le sentiment religie,ux. On l'observe dans le drame, où se dégage, dejourenjout', laconscience delalibertéhumaine en face d'une fatalité dont le poids encore est accablant; dans les arts plas­tiques, qui créent pour la divinité des types de plus en plus purs; dans les Mystères, qui ouvrent à un nombre toujours croissant d'initiés des vues sur une autre ,.ie; dans la philosophie enfin, qui, éprise de l'ordre, de la justice, de la mesure, rêve pour l'hu­manité un idéal de vertu et arrive à ne plus concevoir d'antres dieux que des sages, maîtres d'eux-mêmes et de leurs passions, calmes et tout-puissants, modérateurs suprêmes de l'univers. L'imagination hellénique ne s'est jamais arrêtée: mobile et logi­que dans sa mobilité, elle a transformé les croyances anLiques et préparé l'avènement du christianisme, Et telle a été sa force d'ex­pansion, qu'après la victoire de l'esprit nouveau, quand elle sem­blait devoir être à jamais contenue dans les bornes d'un dogme qui s'imposait, elle s'est encore échappée dans les controverses des conciles et ùans les audaces des hérésiarques byzantins.

Si le sentiment religieux allait ainsi en s'épurant de jour en jour, siles croyances variaient sans cesse au gré d'un esprit que rien ne fixait, il y avait d'autre part un grand nombre de saintes pratiques, dont la tradition était immuable et sur lesquelles n'avaient prise ni la raison ni les mœurs. Ces pratiques, dont l'ensemble constituait

CARACTÉRES GI(NÉRAUX bu SACERDOCE CHEZ LES GRECS' 3

un culte, étaient des coutumes l . tribu ou à une cité et ui re ocal,es, propres à une famille, à une cette famille ou de ce~e trir;:~ntaI~nt soIt au premier ancêtre de Ces personnaO'es a t' , SOIt au fondateur de cette cité

, '" nIques et lé" d', . l'ecu les inspirations d' t ",en anes passment pour avoir

• , lrec es d'u d"'· chait-on à conserver to t " ne 1 ~'111lte (1). Aussi s'atta-nération nOuvelle en' u ~e ,q~ ~ls avaIent établi. Chaque gé-

1 ecevalt l hCl'ltaO'e • A

auquel elle n'aurait pu se dérobe' '" ,co,~me un depot pl'écieux son tour d'en aSSUl'er l r sans pel'l1. Elle prenait soin à

a pel'pétu't' U dl' de toutes les cités grecques était

1 e. "ne es, OIS fondamentales

coutumes reliO'ieuses des At quIl fallaIt se conformer aux '" anCe l'es (CJ) L l

Athéniens était que l'exe ' d ~. e p us grand souci des l' \ \ 1 rClce u culte eût lieu s' t l ' IOn, XIX't'1X 't'IX 7t1X't'ptlX. Ju!'<qu" l" ,t1lvan a tradl-mêmes où des relial'on~ a ePloque romall1e, dans les temps , ' '" s nouve les et s' d '

101'1:nt, envahissaient la Grèce de te. Ulsan~es, venues de les VIeux usages des cuItE'S tt' outos parts, rIs conservaient les rites mystérieux des ~ 1Iq~es. On sacrifiait enCOre suivant

popu atlOn " , des formules dont le sens co C l's ~r~mttlves, on prononçait P · , mme Ol'l°ïne éta't d ausalUas parcoural't la G" "" 1 pel' u. I,orsque

( lece au sec d "1 retrOuvait encore etl ln . t d'. on SlOC e de notre ère il

, am en l'Ott les . t' , , ' temps antiques vivantes et ' b'l' pl a lques relIgIeUSes des , ( Immo 1 es ~ntre des croyances, qu'un même m~ , ., ,

saIt toujours plus avant et d ,'t ,uvemen,t IrreSIstible pous-l'être poUl' jamais. il es~ fa 'les dll es ~lll, une fOLS établis, devaient l , ' ,Cl e e VOU' sur q' ,

actIOn des sacerdoces Te ' t '1 UOI pouvaIt s'étendre . . nalOn -1 s en ' cesse fuyante et insaisissabl .'1 II ' mam ~ette doctrine sans laissaient la poésie et la h'l e, -l.~ n Y songement même pas. Ils O p 1 osop ue à leurs l'b" , ,

n ne les vit point demalld ( - 1 les Imagll1atIOns. , el' compte à A,' th' verences à l'éO'ard des d' , Ils op ane de ses lrré-

'" . lCUX lu!'<e l'a ' ' de Socrate. Ils se bornaie t'. ~ ngel parmi les accusateurs l ' n a conserver les ,'t G ' OIS sacrées du passé '1 lA, Il es. ardwns des

, , 1 S es empcchalC t d " ,S0111 d'écarter les innovation ' -n e perll' et prenaient

s Imprudentes (3), Maintenir les tra-

(l) Platon, Philèbe p. 16 C' ! olxoüvn,. '., 0 [J.àv TC(lhwl xpEi't'tove; 7J[J.wv X(ll èyyv'ripw OEWV

(2) Isocrate, Discours à Nicoclès 20,' '. VOt XIX'tÉ<3Et~(lV. ' ' 'tOI: TCpO, 'tOU, OEOU; TCoiEL [J.sv w; 01 TCpOyO-

(3) Dans ses Lois, Platon nous . t • , prcsen e plus' • f' [ . caraclere : Il les cite à cÔt . d • leur~ OIS es pretres avec ce 1 A e es vO[J.o,?uÀOI:Xô- 0 d' es. vec eux, ils doivent enl . h " u gllr lens des lois traditionnel d pec er qu'on .. t d ' -

e nouveaux chants et de n Il n In ro Ulse dans le culte d'un dieu h . , ouve es danses (VII 800 c arges d assurer la perp~tu't· d ' p, , D); avec eux ils sont

" 1 e es cul tes d' , une adoption fictive [eg familles 't ' omestIql1es, en reconstituant par

" e eIntes (IX, p, 877, D), '

Page 9: Les sacerdoces athéniens

LES SACERDOCES ATHÉNIENS.

4 l' t'o-rité et pour cela diriger les cérémonies du ditions dans eur 111 eo , . . , . r' t it tout leur mllllstere. , . culte officrel, a e a, Al cherchons à connaître l esprIt

Pour voir la portee de ce .~ole, 101' Iltains où il a vait été institué A Dans les Slec es

de ce culte m:me.. 'altérer on s'était fait des rapports en· et d'où il s'était transmIS sans s.,' . o,'e Les dieux étaient

. h mes une Idee assez groSSIeI . trelesdleuxetles om t l du sein de la terre, et, comme eux, des êtres nés,. comm~ les mol' de~, 't Ils en réclamaient leur part et avides des bIens ~u elle, pro l~~~a;ù't refusée. Prompts à s'irriter et ne souffraient pomt qu elle t' el1ts redoutables, auxquels

. '1 aient des ressen lm . PUIssants, 1 s av d 't At e d'e'chapper Aussrles con-. d l'homme evar e r . . ' toute l'attentIon e . 't epas il répandait des lIba·

. . d IS' s'Il prenar un l', , juraIt-Il par ses. 01

• • . 1 prélevait la dîme j s'Il s'em· tions ; s'il recuellla.It une .~olss~~~:chait un domaine pour le parait d'une provll1ce, 1 en 1 ommencait par faire le lot des consacrer j en toutes Chos~s, ~ c .• , 'able Mais voulait-il

'1 wut n'etre pas mIser . dieux. A ce pl'lX, 1 p~u ( ontent de satisfaire aux justes être heureux? Il fallaIt .q~e, 1~01111 c de'pass'ît. qu'il s'ingéniât non

. d 'tits dlV1l1S 1 cs ' , eXIgenceS es appe '11' d l'mmol'tels mais à gagner leur . '1 . la malvel ance es , plus a ~ Olgne.r ,. 'les flatter par des hommages ct par une bienveIllance, qu Il sut t' t deallX' qu'il s'en fît, en un mot,

1·, , enante de pc l s ca, . ponctna Ite pre v ( . . l' t' tous les siens une protectIOn . , ~ t a111S1 à lU e a , . des amIS et s assura, . . 's' on les croyaIt

l't' 't comme les mauvaIS 101 , efficace. On es ~ral al , t. comme eux. on pensait pou-comme eux senSIbles aux presen s, '

voir les acheter (1). , t l hommes se réduisaient à un Les rapports entre le~ ~reux e esmmes offrant des viandes, des

contrat d'échanges m~tt,erlCdls, les hfO s des bij' oux ct des étoffes j

Ad' du mIel cs par um , gateaux, u VIn, , leUI'S faveurs envoyant en , ' d t à ces dons par ( , les dIeux repon an 'D ,t et d'autre l'em-, l 'h sse la pUIssance. e pal , retour la sante, a nC e d!' t' se; Il Y avait ainsi un com-, ' t 't pas eSll1 cres , pressen~ent n cIal, l ct la terre et cc commerce avait jusqu'à ses, mer'ce (,) entre e cre, , t ue Pr'o-

~ , '. es lécrendes rapportaren q supercheries: les plus anClel1n 0

, • 6 0 v ç 7rô:Oô~ xctl "ov; ctlootou; ~ct<rtÀ'iocç. (1) Suidas (vers d'Hésiode), ~ W P ct, OÔ '.)' '. Homère Wade, IX, 4lJ7 et

E "d Médée 96lt· m(6ôlV owpct XOCt eou, ,oyo,. , nnpl e, ' ' suivants:

U't'ÇlE7t't'Ot at 'te xaJ 6&01 a\rtol ...

xocl Il&V "OÙ; Oui.<r<rt xocl .ùx.wÀr,; o:yocvr,<rw Ào~ll~ "ô xvt<r~ "ô 7rctpct"pW7rw<r' .xvOpW7rOI

Àt<r<rollôvo~, " v '-('1} dx.'I1l Yi o<rtO"'I}ç 6ôo'(~ (2) Platon, Euthyphron, p. tIt, E : ÈIl7rOP~x'll .xpct ,,~ç ct

xctl o:vOPW7rOt; 7rOCP' O:ÀÀYiÀwv.

CARACTÈRES GÉNÉRAUX DU SACERDOCE CHEZ LES GRECS. 5

méthée avait réussi à tromper Zeus et à lui faire accepter pour un vrai bœuf une peau remplie d'os et de graisse (1).

Tels étaient les cuItes des premières sociétés qui se constituèrent dans la Grèce. Tels nous les retrouvons encore à l'époque histori­que, La piété officielle et populaire n'a pas changé. Elle s'attache à désarmer la malveillance des dieux qu'elle redoute j elle s'efforce de les toucher par mille attentions; elle leur apporte des offran­des et leur immole de grasses victimes. Que de fois les philoso­phes ne s'élèvent-ils pas contre ces coutumes, qui rabaissent à la fois la divinité et l'homme! Si les rois de la terre, disent-ils, se laissent prendre à ces procédés de corruption, les' dieux ne s'y prêtent pas. Ils 11 'agréent pas l'hommage du méchant (2) j pour être aimé d'eux, il ne suffit pas d'être riche et de pouvoir leur sacrifier des hécatombes: il faut leur présenter un cœur droit et juste (3). Ces protestations sont impuissantes contre les sen­timents de la foule et les traùitions des anciens cuItes. Aux der­niers jours du paganisme, Lucien raille encore cette religion, dont les dieux tiennent boutique des biens flt des maux, ct qui réduit la piété il n'être qu'un marché (4).

Les transactions et les pratillues de ce marché étaient loin d'être simples, Les dieux antiques n'étaient pas en général d'hu­meur faéile, ct traiter avec eux était toujours assez délicat. Ils avaient tous des goùts différents, et telle offrande, qui charmait l'un, blessait l'autre. Les uns voulaient des victimes noires, les

(1) Hésiode, Théogonie, 535. (2) Platon, Lois, IV, p. 716, E : 7rctp.x Il/; Iltctpoù ÔWpct oih' .xVÔpct o:yctOoV ov,,~

6ôov l<rn 7ro"è ,,6 yô opOov liix.ô<rOct~,

(3) Isocrate, Discours à Nicoclès, 26 : f,yoù ôè OÙ[J.ct 'rOU'rO x<xÀÀt<r"ov E1vlX~ xocl OE­poc7rdocv Ilqt<r'r'l}v, Èliv wç ~Éh~<r'rovxctl o~xctt6.oc'rov <rctu'rov 7rlXpÉXl1;' Platon, 2'· Al­cibiade, p. 149, E : xctl ylip àv omov d'l}, Ei 7rpOÇ 'rli ÔWpct xctl 'rli; Oucrtct; O:7roIlÀÉ1tou­<rtV l][J.wv 01 O.ol àÀÀ.x][J.~ 1tPO; 'r~v l}uxYiv, .xv 'rt; 5<r\O; xctl o(;tOCtO; WV 'ruYX.<XVl1, , • O! Il/; ,hô Où Ilwpolloxot ovn; xoc'rct,?povoù<rw <X7r<Xvorwv 'rov'rwv. Xénophon, Mémoires sur Socrate, 1, 3, 3 : lv6[J.t~. 'rovç Oeouç 'rocrç 1tOCp.x 'rWV tù<r.~.<r'r'iorwv "'Ilct,ç Il<XÀ'<r'rct x.oc(pttV. Voir Sénèque, Des bienfaits, I, G : sicut nec in victimis quidem, licet opimiE sint auroque priE{ulgeant, deorum est honos; sed piâ ac rectâ voluntate ve­nerantium,

(4) Sur les sacrifices. 2 : « Les dieux vendent les biens aux hommes, On peut leur acheter la santé moyennant un jeune bœuf. Pour quatre bœufs on a les richesses, et la royauté pour une hécatombe, II en coûte neuf taureaux pour revenir sain et sauf d'Ilion à Pylos, et une vierge de sang royal pour naviguer d'Aulis à Troie. Hécube n'a-t-elle pas un jour fait marché avec Athèna, au prix de douze bœufs et d'un vOIle, que la ville ne serait pas prise ce jour-là? On peut croire qu'il y a une foule de choses qui se vendent un coq, une cou­ronne, un grain d'encens, »

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6 LES SACERDOCES A'l'HÉNIENS.

autres des victimes blanches; ~eux-ci des brebis pleines, ceux-là des aO"ueaux qui venaient de pousser leurs dents. A Sicyone, Aphr~ditè ne pouvait pas souffrir qu'on lui sacrifiât un p.orc (1) ; à Mégare, elle était la seule déesse à qui l'on ~ût en sacrIfier: (2). A Tithorée, Asclèpios agréait toute espèce d'ammaux, excepte de~ chèvres (3). Zeus Hypatos, à Athènes, refusait,toute off~a~lde .qUl eût vie. C'était toute une science que de connaltre ce qu aImaIt et

,ce que repoussait chaque divinité. . . . Ajoutezque ces divinités étaient non seulementcaprICIe~SeS, malS

formalistes et que la victime la plus propre à les satisfaIre ne leur , ' 1 convenait pas, si l'on manquait de la leur présenter ~~ns les reg e~. Le détail des sacrifices était déterminé par une etIquette tradI­tionnelle, à laquelle elles tenaient avant tout: Il fallait que les chairs consacrées fussent brûlées d'une certaUle façon, au feu d'un bois particulier: c'était, à Olympie, du peuplier (4); à. Si­cyone, du genévrier. A Sicyone, on devait employer allSSi ~es feuilles d'une plante qui ne poussait que dans le sanc~uall'e d'Aphroditè (5). L'heure de la cérémoni.e , le. costume, l'a;~Itude: tout était soumis à une réglementatIOn Immuable. L enonce même de la prière était prévu pour les différentes circonstances. La divinité exigeait qu'on lui donntlt, en l'invoquant, tous 8e.s titres, et qu'on les énumérât dans l'ordre. Comme elle. en avaIt sans doute qu'on ne connaissait pas et qu'elle y tenaIt comm.e aux autres il était nécessaire d'y faire allusion (6) : on devaIt prouver au 'moins qu'on n'avait" pas l'intention de les n~g~iger. .

On conçoit que, dans la foule des gens de toutes condItIOns qUl venaient implorer la protection des dieux et leur ap~orter des offrandes, bien peu aient eu de ces minutieuses p~atIques ~ne connaissance assurée. Au milieu de cette confuslOn de ntes étranges et de formules souvent inintelligibles, il était en effet difficile de sc retrouver. Abandonnée à elle seule, la bonne vo­lonté des fidèles ne pouvait aller qu'à l'aventure. 01', une faute suffisait à détruire la valeur de l'acte religieux et à tourner

(1) Pausanias, II. tO, 5. ('2) Aristophane, Acharniens, 794. (3) Pausanias, X, 32, 1'2, ('1) Pausanias, V, 13, 3. (5) Pausanias. II, 10, 5. ' (6) Platon, Cratyle. p. 400. E : werm? È~ ,,0:;; EÙx.o:;ç ~6iJ.0; Èerd~ Evx.Eer60:~ ot "~~E;

'tE xo:l 61toOe~ "I.(j.(?over~~ à~OiJ.o:~ÔiJ.E~OL Ovide, illétamorphoses, VI, 262 : dîque ô! communiter omnes

dixerat, ignarus non omnes es~e rogandos.

CARACTÈRES GÉNÉRAUX DU SACERDOCE CHEZ LES GRECS. 7

l'hommage en offense pour la divinité. La piété la plus zélée eût été pleine de périls, si, pour suppléer à l'inexpérience des sacri­fi~nts, pour leur indiquer les formalités nécessaires, pour leur dIC:e,r les fo::mules efficaces, il n'y avait pas eu partout une au­tonte competente, capable de prévenir les irréaularités et dont l'intervention fût une sécurité. Cette autorité °existait : c'était l'autorité sacerdotale. Elle avait la direction des cérémonies' elle introduisait auprès des dieux, et suivant les formes d'usage' les offt'andes et les prières des hommes. '

§ 2.

Le sacerdoce ne s'exerce que dans un sanctuaire.

Le~ pr~tres ne sont pas les seuls intermédiaires officiels entre les ~leux et les hommes. Dans la famille, le père accomplit des s~cl'lfic~s au nom de tous les membres, auprès du foyer domos­tique; Il possède les traditions et les formules, et il veille au res­pect des rites. Ce que fait le père dans la famille, 10 chef, ar­chonte, prytane ou roi, le fait à son tour dans la tribu eu dans la cité, au prytanée, c'est-il-dire au foyer public. En campaO"ne c'est le général d'armée qui s'acquitte de cette fonction sacrée~ El~ quoi se distingue de ces diverses charges, qui ont un caractèré sacerdotal, l'office particulier d'un [EPEO,? C'est d'avoir à desser­vir un sanctuaire.

Les cuItes anciens avaient entre eux si peu de ressemblances les rites étaient si variés et si compliqués, les formules si obscu~ l'es, qll~ la s?ience sacerdotale, quelque profonde qu'on lIa sup­pose, n aurait pas pu en embrasser l'ensemble sans risquer de s'y perdre; Pour qu'elle fût toujourfl d'une précision et d'une sûreté parfaites, il importait qu'elle ne ft'tt pas universelle et qu'elle demeurât restreinte au service d'une seule divinité. Los prêtres antiques n'étaient doùc pas, comme les prêtres chrétiens c~~sa~ré~ à t?ut jamais pa: une sorte d'ordination imprescriptibl~ nI lm estls d un grade qUI leur permît d'exercer l'autorité sacer­dotale en tous lieux et dans toute cérémonie sacrée. Ils avaient chacu~ des attributions limitées à un cuIte déterminé. Ils se borna~ent à en. faire appliquer les règles et n'avaient point qualité pour ~ntervel1lr dans les pratiques d'un autre cuIte. Aussi ne po~valt-O~l pas d~re d'eux, d'une manière générale, qu'ils étaient' p:et~'es; Il fallaIt immédiatement ajouter de quels dieux ils

, l'etaient: on disait le prêtre d'Apollon, le prêtre de Zeus, le prê-

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8 LES SACERpOCES ATHÉNIENS.

tre de Dionysos. Chacun d'eux n'était en quelque sorte accrédité qu'auprès d'une seule divinité.

Or, cette divinité n'était pas présente en tous lieux, Il y avait bien dans toutes les villes de la Grèce un Zeus ou un Apollon. Mais le Zeus d'Athènes n'était pas-le même que le Zeus de Thè­bes ou celui de Lacédémone. A Athènes même, Zeus Soter était un autre dieu que Zeus Meilichios ou que Zeus PoHeus. Chacun d'eux avait son domaine propre et son sanctuaire particulier, où il résidait. Il n'avait pas d'autre séjour. C'était là seulement qu'il entrait en rapports avec les humains:; là qu'il attendait leurs pré­sents et leurs prières. Tout le cultes'y concentrait: les suppliants y venaient consacrer leurs offrandes, immoler leurs victimes ct s'acquitter de tous leurs vœux. L'autorité sacerdotale, dont le rôle était de diriger toutes ces cérémonies, se trouvait par le fait même attachée à ce sanctuaire.

De là vient que les prêtres antiques nouS sont souvent repré-sentés comme des gardiens de temples. « N'est-il pas nécessaire, dit Platon (1), qu'il y ait des officiers préposés au soin des chemins, des habitations, des bâtiments, des ports, du marché, des fontai­nes, ainsi que des lieux sacrés et des temples? » Et il ajoute que, pour ce qui concerne les lieux sacrés et les temples, la garde en sera commise aux prêtres. Lorsqu'Homère parle d'un sanctuaire, il manque rarement de signaler en même temps le prêtre qui en était inséparable (2). La demeure et le ministre d'une divinité étaient dans une relation si étroite, qu'on ne pouvait pas songer à l'un sans songer à l'autre, et que, pour connaître le nombre des sacerdoces d'une ville, il suent de compter les sanctuaires qu'elle possède ou seulement les divinités qu'elle honore.

§ 3.

Le sacerdoce est une magistrature de la cité.

Le texte de Platon, qui vient d'être rapporté, ne montre pas seulflmmlt <Iue les fonctions sacerdotales étaient toujours concen­trées dans les limites d'un sanctuaire: il nous indique aussi que

(t) Platon, Lois, VI, p. 758, E. (2) Wade, 1. 39; VI , 297-300. Voir Niigelsbach, Nachhomerische Theologie.

p. 207. Th. Giess, De re sacerdotali GriEcarum, p. 43.

CARACTÈRES GÉNÉRAUX DU SACERDOCE CHEZ LES GRECS. 9

le prêtre était un officier public. Aristote mentionne de même le sacerdoce .parmi les magistratures de la cité (1).

',l'el, qUI. portera dans les choses de l'antiquité un esprit et des p~eo~cupatI~ns, m,od~rnes, sera tenté de conclure qu'un sacerdoce all1SI const~tue etmt ~u.bord~nné au pouvoir politique et que, chez l.e~ anCIens; la relIgIOn dcpendait de l'Etat. Il n'en était rien: la relIgIO.n .ne dependait pas plus de l'Etat. que l'Etat ne dépendait de. la rel~gIOn. Les deux choses étaient inséparables, ou, pour mIeux dIre, elles se confondaient. EUes étaient nées ensemble des mêmes besoins sociaux, d'une même série de révolutions d' • l'V ' . un meme e11ort; elles s'étaient développées simultanément. Le Jour. où, ~ans les premiers âges de la vie hellénique, plusieurs famIlles, Jusque-là éparses, s'étaient rencontrées et rapprochées, apportant chacune ses croyances, ses rites et ses coutumes do­mestiques, l'association, qui s'était formée par la coordination de to~s ces éléments particuliers, avait été, comme ces familles eUes· memes , .un gr?upe à la fois politique et religieux, avec un seul chef, rOI et pretre en même temps. Les phratries les tribus les ?i~és en~n s:étaiel~t ~onstituées avec Ce même car;ctère, qui ~vait ete celUI de 1 aSSOCiatIOn primitive: telles nous les trouvons encore dans l'~istoire quelques siècles avant notre ère. Rien ne séparait donc,l'len ne distinguait même, à Athènes, à Sparte, à Thèbes et. pa:tout ~n. Grèce, l'Etat de la religion, le principe civil du prlllcipe rehgteux. Ce sont là des distinctions toutes modernes que les Grecs ne connaissaient pas et qu'ils n'étaient pas capa~ bl~s d~ compre~ldre, A plus forte raison ne pouvaient-ils conce­VOIr 111 oppositIon d'intérêts, ni conflits, ni subordination de l'une à l'autre, entre la religion et la politique.

J'insiste sur ce point, parce qu'il est capital et que, faute de s'y arrêter, on risquerait de sc méprendre sur jle caractère des sacerdoces antiques. Considérons la cité dans la com­plexité de sa vie. Pour que l'association, qui l'a fondée et sans ~aquelle elle ne peut subsister, ne soit pas abandonnée à la merCI du hasard et des caprices individuels, il importe qu'elle ait

(~) Aristote, Politique, IV, 12,1-3 (coll. Didot). Le passage est assez obscur. Arlstot~ y comb.at l'~pinion générale qui 'classe parmi les magistratures tous I~s servI~e3 publics. Selon lui, les seules magistratures véritables sont les fonc­tions qUi donnent le droit de délibérer, de décider et d'ordonner. Les sacerdo­ces ne ~evr~ien: donc pas être désignés sous le nom de magistratures. Mais il reconnal~ 1~I-meme, un peu plus loin, que ce n'cst là qu'une controverse pure­ment th~orlque. ct que dans la pratique on peut considérer les prêtres comme des magistrats. '

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10 LES SACERDOCES ATHÉNIENS.

des lois et des institutions,· et qu'une autorité souveraine fasse concourir l'effort des volontés particulières au maintien de la communauté. A l'origine, cette autorité est unique et suffit à tout. Elle fait les lois et les applique. Elle règle les contestations et les procès qu'amènent les conflits des intérêts privés. Elle pré­serve l'association des entreprises qui la menacent et la défend au dehors contre ses ennemis. Enfin elle lui assure, par des cé­rémonies régulières, la bienveillance ct la protection de ses dieux. Quand la royauté primitive disparaît, cette autorité, jus­qu'alors unique , es~ brisée et morcelée. Dès lors, autant d'auto­rités distinctes que d'actes de la vie publique: pour la rédaction, le vote et la promulgation des lois, une autorité législative; pour la répression des crimes et le règlement àes procès, une autorité judiciaire j pour les recettes et les dépenses, une autorité fin an­.cière; pour la guerre, une autorité militaire j pour les rapports avec les dieux, une autorité liturgique. Cette autorité liturgique est représentée par les prêtres. Ils s'en partagent les devoirs, comme les stratèges, qui sont revêtus de l'autorité militaire, se partagent les soins de la guerre et la direction des armées, comme les Ephètes, l'Aréopage et les Héliastes se partagent les charges de l'autorité judiciaire, comme les trésoriers se partagent l'admi­nistration financière. A chacune des formes de l'autorité publique correspond ainsi un ordre de magistrats.

Le culte, dans l'antiquité, est un service administratif et le sacel'doce un office puhlic. Le prêtre est un des agents de l'autorité souveraine. A l'exemple des autres agents de cette au­torité, il est soumis aux lois qu'elle a faites, aux décrets qu'elle publie. Il n'a d'autres pouvoirs que ceux qu'il tient d'elle et dont il lui doit compte. Son activité concourt, avec celle des antres magistrafs , à maintenir l'association, sur laquelle la cité repose, dans son unité vivante et prospère. Tandis que les uns assurent la paix au dedans, que d'autres assurent la paix au dehors, les prêtres entretiennent la paix avec les dieux.

CHAPITRE II.

NOMBRE ET CLASSEMENT DES SACERDOCES ATHÉNIENS.

§1.

Du nombre des sacerdoces et de leurs diverses catégories.

Le nombre des sacerdoces puhlics à Athènes était considérable. On peut essayer de s'en faire une idée par le nombre des sanc­tuaires que l'on connaît. L'Acropole tout entière était un domaine sacré où s'élevaient les temples, les autels, les statues des divinités poliades. Aux flancs mêmes du rocher, partout où s'ouvrait quel­que grotte, partout où la pente s'abaissait, partout où s'étendait quelquo terrasse, la piété athénienne avait consacré un sanctuaire. Tout le versant méridional n'était qu'une suite non interrompue de temples et de chapelles (1). Il yen avait beaucoup d'autres en­core, qui étaient répandus par la ville, aux abords de l'Agora, sur les rives de l'Ilissus, le long de la route sacrée d'Eleusis. Encore au­jourd'hui la ville moderne est pleine de petites églises (2) ; or, il est à peu près démontré que dans les pays d'Orient les églises chrétien· nes sont presque toujours bâties sur les débris ou à la place d'UlI sanctuaire païen (3). Pausanias rencontre sur son chemin et si­gnale en passant beaucoup de ces sanctuaires j mais il ne les si~

(1) La Société archéologique d'Athènes en a récemment dégagé les ruines. (2) " Aujourd'hui, dans telle bourgade grecque de trois cents maisons, sur­

:out dans les îles. on compte cent et cent cinquante chapelles. De même les mnctuaires dans l'antiquité se multipliaient à l'infini. » Dumont, Essai sur :'éphébie attique, I, p. 258.

(3) Mommsen, Athenili christianili. Petit de Julleville, Recherches sur l'empla­:ement et le vocable des églises chrétiennes en Grèce (dans les Archives des mis­ions, 2me série, t. V, p. 4G9 et suivantes).

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12 LES SACERDOCES ATHÉNIENS.

gnale pas tous; car, de son-temps, plusieurs sont dé~aissés ou rui­nés. A ses indications s'ajoutent les rares textes epars dans les auteurs et surtout quelques monuments épigraphiques. Le plus , , . ., ., important est un fragment d'inventaire deesse au cll1~u~eI?: Sl?-cle par les trésoriers sacrés (1). Le nom de toutes les dlVll1ltes s y trouvait mentionné, avec la série des offrandes qui appartenaient à chacune d'elles, ainsi que la valeur de ces offrandes_ L'inscrip­tion , malheureusement, est mutilée et la liste des dieux incom­plète. Un autre fragment de comptes sacrés, où sont consignés les intérêts des sommes empruntées aux différents temples, donne quelques noms de plus (2). Citons enfin les ~ns?r~ptio.ns trouvées sur les gradins du théâtre de Dionysos et qUl deslgnalCnt les pla­ces d'honneur destinées aux prêtres et aux prêtresses pendant les représentations dramatiques (3). On arrive, en réunissant tous ces témoignages, à compter plus de cent cultes et sacerdoces (4) .. ,

Tous ces sacerdoces n'avaient pas le même caractère. ConSIde­rons, par exemple, ceux d'Athèna Polias et de Poseidon Erech~~eus. Des textes authentiques et incontestables nous apprennent qu Ils se transmettent dans le sein d'une même famille, qui est le ylvoç des Etéoboutades (5). ~ous voyons de plus qu'ils sont à vie. Pline parle d'une prêtresse d'Athèna, qui l'esta en fonctions pendant soixante-quatre ans (6). Il en est de même des sacerdoces d'Eleu­sis, qui appartiennent, eux aussi, à des familles privilégiée~, aux Eumolpides, aux Céryces, aux Lycomides, et qui, eux aUSSI, sont viagers (7). On les désignait dans l'antiquité sous le nom de 'ltCtTpllXt !ôpWO'UVlXl, c'est-à-dire de sace:doce~ patrirnonia~x. (8). . ,

A côté de ces sacerdoces patl'lmomaux, en vOICI qUl n ap-

(1) Corpus Inscript ionum Atticarum, I, 194-2'25. (2) C.l. A., I, 273, p. 148. . ' (3) C.l. A., Ill, 240-298. Ces inscriptions ont été gravées à l'ep?q~e ro~ame;

mais il est Cacile d'y reconnaître les sacerdoces qui s~nt de creatIOn :cce~te. Il est clair, par exemple, qu'il n'y avait pas, avant l'empIre, de. prêtres d Adrien, ni de prêtres d'Antinoüs, et qu'il faut par conséquent les laIsser de côté dans cette étude.

(4) Voir en appendice la liste des cultes athéniens. _ (5) Grand Etymo!ogique: 'E'twllov'tcXoott . yévo, 'tt ÈntO'Y)l1ov Xot, nE~t'Potvè, 't'Ot,

'A6Y)Vottot' o! ,iÀ'I16w, lino 'tij; 'tov Boû'tov yEyOVO'tEç • Èx o/; 't'oû'tov xot6tO''totv'tott Ié­pEtott 't'ij, IioÀtcXoo,'. Plutarque, Vie des dix orateurs (Lycurgu_e), 37; la famille de Lycurgue appartenait aux Etéoboutades.

(6) Pline, Ilistoire naturelle, XXXIV, 19, 26, (7) Voir Lenormant, Recherches archéologiques à E!eusis. (8) Platon, lois, VI, p. 759, A. Le Bas et Foucart:, Inscriptions du Pélopo­

nèse, nO 243, ligne 28 : !EpEr, xot'tœ ylvo;.

Nor.mRE ET CLASSEMENT DES SACERDOCES ATHÉNIENS. 13

partiennent pas plus à une famille qu'à une autre, auxquels tous les citoyens peuvent aussi bien prétendre qu'aux magistratures ordinaires de la cité, et qui, au lieu d'être viagers, sont an­nuels. Tels sont les sacerdoces de Dionysos Eleuthéreus, d'Asclè· pios, de Zeus Soter et Athèna Soteira, et je ne cite que les plus importants. Parmi tous les prêtres d'Asclèpios que les fouilles récentes ont fait connaître, il n'yen a pas deux qui aient une origine commune: on y trouve un neveu de Démosthène (1) et un petit-fils de Praxitèle (2). Dans les actes publics, en même temps qu'on mentionne le prêtre, on indique souvent le nom de l'archonte correspondant, ce qui marque bien que la charge sa­cerdotale ne dure qu'un an (3). Les sacerdoces de cette catégorie sont les plus nombreux à Athènes : nous les appellerons les sa­cerdoces o1'dinaires,

Patrimoniaux ou ordinaires, les sacerdoces sont confiés les uns à des hommes, les autres à des femmes: on rencontre à Athènes des prêtres et des prêtresses.

Quelles sont les raisons de toutes ces différences? On s'explique aisément l'existence des sacerdoces ordinaires et l'usage d'en re­mettre la charge à des prêtres. L'institution est en harmonie par­faite avec le reste de la constitution athénienne. Le sacerdoce, qui est une magistrature de la cité, est annuel, comme l'archontat et les principales magistratures, qui sont toutes annuelles. Il est ac· cessible à tous les Athéniens, comme le sont les autres magistra­tures depuis les révolutions du sixième et du cinquième siècle, qui ont transformé la cité et qui ont donné à tous les habitants de l'Attique les mêmes droits politiques et religieux. L'organisation des sacerdoces ordinaires n'a donc rien qui doive nous surprendre.

Mais comment expliquer les sacerdoces patrimoniaux? D'où vient aussi qu'il yaH des sacerdoces confiés à des femmes? Ils ne paraissent pas conformes, les uns à l'esprit démocratique des in­stitutions athéniennes, les autres à la législation antique sur la condition civile de la femme.

(1) C. l, G., 4::;9 : 'lEpsù. Â~l1wV Â'>1tJ.otJ.éÀov; ITottotv[tsû,). (2) 'A6"vottov, V, p. 16Z, '1.7: [à]7tl !Epiw; I1pot~t'téÀov[ç Tt]l1cXpXOV ElpsO'tôov. (3) C. 1. A., II, 567b

: <j"v),s,;; ),otï.wv !sps,;; 'toù 'AO'ltÀY)nwù Ènl 'JO'ot!o[v èi]pxov-'t'oç. C. 1. A., II, 453b

: {, ysvol1s[vo; !sps,;; ... Ènl] 'tcv Ènl Ttl1cXpxoV apxoV't'o; È[ vtotv'tov]. 'A 6"v ot tO v, VII, p. 87, 2, lignes 8-9 : TrioE liVE'té6Y) Ènl ÂtoltÀéov, !E­pé(w;) apxov'toç a~ 0EO,!,pcXO''tolJ.

Page 14: Les sacerdoces athéniens

14 LES SACERDOCES ATHÉNIENS.

§ 2.

Des sacerdoces patrimoniaux.

S'il Y a des sacerdoces patrimoniaux, c'est que plusieurs cultes d'Athènes, avant d'être des cultes nationaux, ont été des cultes domestiques. Pour le comprendre, il est nécessaire de remonter aux oriO'ines de la société attique et de voir ce qu'elle paraît avoir <> été avant la constitution de la cité (1).

Si l'on rapproche tous les débris des légendes qui avaient cours chez les Athéniens sur ces temps éloignés, on se représente le pays occupé par des populations sans cohésion, dispersées en petites com· munautés isolées. Ce sont des communautés de familles, des races (ylV1J). Leurs membres sont unis p~r le saùg et par les cérémo?i.es. s~-, crées qu'ils célèbrent ensemble; Ils honorent une même dlvmIte, qui est le plus souvent le premier ancêtre. de la race, qui ~ar CO?­séquent leur appartient en propre et dont Ils ont ~eu.ls l~ blCnvell~ lance. Ces confréries de parents ont toutes une VIe mdependante; elles ont leurs tombeaux, leurs traditions, leur foyer, leur gou­vernement domestique. Longtemps éparses, elles ~rrivent insen­siblement à se rapprocher: le voisinage, la recherche des mêmes intérêts, les dangers communs, mille causes physiques et mora­les, qui échappent à l'analyse, finissent par créer des liens e~­tre elles. Comme il y en a quelques-unes dans le nombre qlU, par l'abondance de leurs ressources, pal' le hasard inégal des naissances et des morts" sont nombreuses et prospères; comme elles sont plus riches et plus puissantes que les autres, d'instinct on vient à elles; on recherche leur alliance et leur protection. Peu à peu un nouveau groupe se forme ct, comme o~ ne conço.it ~as alors d'autre association entre les hommes qu une aSSOCIatIon relio-ieuse, autour d'un seul et même culte et dans la communauté des <>mêmes cérémonies, ce nouveau groupe social adopte et ho­nore la divinité du ylvo" autour duquel il s'est constitué et dont il subiL le prestige. Sans doute les traditions de ce yévo, lui inter-

(1) Voir Fustel de Coulanges. La cité antique, p. 146 et s~ivant.es. (jc c~te l'ouvrage ù'après la septième édition, 1879); Daremberg et Sagho. ~tctwn:"atre des antiquités grecques et !atines, Attica respublica; Koutorba. Du AnslChten. des Dikearchos über den Ursprung der Gesellschaft et Beitmg zur Erkliirung der der iilte.<ten Phylen (dans les Mémoires de l'Académie impériale de Saint-Pé­tersbourg); Grote, lIistoire de ta Grèce, t. IV. p. 90 et suiv.

NOMBRE ET CLASSEMENT DES SACERDOCES ATHÉNIENS. 15

disaient d'ouvrir à des étrangers l'accès de ses cérémonies; mais il a consulté sa divinité: d'accord avec elle, il étend et développe son culte héréditaire: il garde pour lui et continue à accomplir en secret les rites qui ne doivent pas être profanés, et, en même temps, il en institue de nouveaux, que tous peuvent accomplir avec lui. Il permet ainsi à ceux 'qui se sont unis à lui de participer aux fâveurs de son dieu.'

Les groupes, qui se sont formés de cette manière autour du foyer sacré d'un ylvoç important, en viennent aussi à s'attirer entre eux et à se fondre; à lalongue de nouveaux centres de société s'établissent. Ici celte transformation se fait lentement et sans violence, p~r la force des choses; là, au contraire, on voit des ylv1J, qui veulent imposer par la guerr,e l'autorité de leur dieu et de leur puissance et cherchent à constituer une communauté à leur profit. Les légendes athéniennes ont conservé quelques souvenirs de ces luttes. La dispute de Po sei· don et d'Athèna pour la possession de l'Attique n'est autre chose que l'image d'une guerre entre les populations du littoral, vouées à Poseidon, et les populations groupées autour du ylvo; des Cécropides et de leur déesse Athèna. Athèna est victorieuse et l'autorité se concentre à l'Acropole. Les Cécropides entrent aussi en rivalité avec les Eumolpides et les populations d'Eleusis, qui adorent Dè­mèter (1), Les deux partis cherchent en vain ü s'absorber l'un l'autre et finissent par ne plus former qu'un seul groupe, mais Cil conservant chacun l'indépendance de son cuIte.

Ce long effort, tantôt pacifique et tantôt violent, ~boutit à la r~­volutioll dont la légende de Thésée marque le terme: de gré ou de force, tous les habitants de l'Attique se trouvent un jour réu­nis en une seule association, autour de l'Acropole, et la cité d'Athènes est fondée. Cette cité a un foyer, ou, pour mieux dire, un prytanée: c'est le foyer du ylvo; des Cécropides, sur l'Acropole, le foyer du ylvoç qui a réussi à imposer l'autorité unique de son prestige. Elle célèbre un culte avec une dévotion particulière: c'est le culte de ce ylvoç, le culte d'Athèna. Mais en même temps elle a d'autres cultes: elle honore aussi d'un public hommage les dieux des différents yi.V'lJ ùont la rénnion l'a fait naître. Ces divi­nités, qui ont été, à l'origine, des divinités domestiques, s'élèvent ainsi au rang de divinités nationales. A côté d'Athèna, qui est tou­jours la déesse suprême et la patronne dela cité, elles demeurent l'objet de la vénération des Athéniens. C'est au service dé ces di­vinités que sont attachés les sacerdoces patrimoniaux.

(1) Pausanias, l, 38, 3.

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16 LES SACERDOCES ATHÉNIENS.

Nous venons de voir par- quelle extension graduelle les cultes des ,a'l'rl se sont transformés et agrandis. Mais voici un no~veau fait, sur lequel ,il importe de s'arrêter. Da,ns cett~ lent~ evol~­tion les cultes ne se sont pas séparés des ,EV'l] , où Ils avalent prIS nais~ance. Si loin que chacun d'eux ait porté son influence, i~ n'a jamais eu qu'un centre, qu'un sanctuaire, le fOKe~ .du ,EVO,: Comme prêtres il n'a jamais eu que des personnes c olsles parmI les membres de ce même ,lvo,. Il n'en a pas encore d'~utres quand nous le rencontrons dans l'histoire d'Athèn~s: JamaIs des étrangers, des hommes nés d'une autre race, ne .dlng.ent ses ~n­tiques cérémonies. Quelle cause lie donc pour JamaIs à ce ,EVO, les traditions de ce culte et les fonctions sacerdotales?

La première raison qui se présente, c'e~: ~u~ le ylvo: a tenu àe.n garder la possession. Comms/toute s,oc~ete, a ces. ep?ques prl: mitives est fondée sur la communaute d un culte, 11 n y a parmI les hOI~mes d'autre autorité que l'autorité religieuse. Celui qui l'exerce est par là même le chef ou le roi. Le sacerdoce est donc une force et l'on peut se demander si les ,lv'l] , chacune dans son culte, ne i'ont pas conservé par ambition. Mais, s'il n'y a pas de ce fait d'autre raison, d'où vient que les ,lv'l] le conservent en· core après la constitution régulière des. cités, al~rs qu~ l'auto­rité suprême est aux mains d'un chef umque ou d un 1'01, et que le sacerdoce n'assure plus à tous ceux qui l'exercent le gouverne­ment des hommes? D'où vient que les ,lv'l] , qui subsistent dans les siècles postérieurs,. c.ontin~ent tou~ours à ~e tr~ns~.ettr~ ~ette charge, alors que le reglme democratlque et 1 e.spnt d egaht~ ont ruiné tous les privilèges et donné à tous les cItoyens les ~cmes droits? D'où vient enfin qu'aux derniers jours de l'empIre ro­main les sacerdoces patrimoniaux ne sont pas encore sortis du sein des ylv'l]? Pour qu'un usage soit à ce P?int tenace, . ~u'il tra­verse sans péril toutes les révolutions SOCIales et polltlg:ues ~t défie pendant plusieurs siècles les constitutions le.s plus c~ntra:­l'es, il faut qu'il repose sur un fondement pl.us s?hde q~e l ambl' tion. Il n'y a qu'une tradition religieuse qlll plllsse aVOIr une pa· reille force de résistance.

C'est, en effet, une croyance religieuse qui fixe ainsi les sacer­doces dans les ,lv'l]. Aux yeux de l'antiquité, les cultes nosont pa~ des institutions humaines. Sans doute, ils ont des fondateurs parmI les hommes et des fondateurs dont on n'a oublié ni le nom ni la lélYende. Mais qu'on ne s'y trompe pas: ces fondateurs n'ont été q~e des instruments entre les mains de la divinité. Ils ont donné à chaque culte une forme, un corps; par la sanction de certaines

NOMBRE ET CI,ASSEME.'iT DES SACEHDOCES ATHÉNIENS. 17

lois humaines, ils en ont assuré l'exactitude et la perpétuité. Jl.Llis les cérémonies qui le constituent, les rites qui lui sont propres, l'idée dont il (lBt l'expression, tout en lui a une origine divine (1). Ce sont les dieux qui, d'eux-mômes, sont venus rechercher les homo mages et les offrandes des hommes. Ici, une image mystérieuse est tombée du ciel eL, par des prodiges, a montré qu'elle avait en elle une énergie surnaturelle. Là, une apparition, un songe, un oracle ont été une inspiratiollnon moins efficace. Ailleurs, la di­vinité s'est manifestée pay une faveur inattendue: c'est ainsi que le dieu Pan, qui n'a pas encore de culte à Athènes et qui désire en avoir, fait savoir aux Athéniens qu'il serait disposé à leur té­moigner beaucoup de bienveillance et qu'en attendant il com­hattra avec eux à Marathon (2). D'une manière ou d'une autre, la divinité s'offre toujours aux hommes, qui, autt'ement, ne la connaîtraient pas. En se communiquant ainsi, elle fait par là même un acte d'élection. Elle montre qu'elle préfère un pays et les habitants de ce pays. C'est là qu'elle veut être adorée et non ailleurs; c'est de ces habitants et non d'autres qu'elle attend des offrandes et des sacrifices. Les Hébreux pensaient que Dieu avait élu le pays de Chanaan et le peuple d'IsraiiI. La même idée existe chez les Grecs. Quand les premières sociétés ont été constituées sous la forme des y[v'l] , les dieux ont élu leur séjour chacun au foyer d'un ytvo,. Depuis lors, chacun reste attaché à son ylvoç et no s'en sépare plus. Il couvre ceux qu'il a choisis d'une protection attentive et efficace; il développe leur prospérité, assure leur sa-

. lut, s'acharne comme eux contre leurs ennomis ot partage toutes leurs passions. En récompense, il est comblé d'hommages: son autel est toujours chargé de dons et de dîmes; on s'acquitte avec un zèle minutieux des cérémonies qu'il a de tout temps agréées; on le paie d'une piété toujours fidèle. Il y a entre le dieu et son ,lvo, une alliance indissoluble, qui nous fait ponser à l'alliance de Jéhovah et d'Abraham.

Cette ailiance, qui repose sur un choix divin, qui oserait la rompre? On sait avec quel soin les anciens s'attachent il connaî· tre la volonté de leurs dieux et avec quel respect scrupuleux ils s'y confOl'ment : c'est pour cela qu'ils ont des devins, qu'ils con· sultent des oracles et qu'ils règlent, sur une réponse de Delphes

(1) Platon dit qu'à J'origine les dieux se sont partagé la terre et qu'ils ont établi, chacun pour son culte, un certain nombre de rites et de sacrifices, IEpœ Ouata, 'te aV'ror, lta'raalt.u<1.~ovn, (Critias, p. 113, B·C).

(2) Pausanias, 1, 28, 4.

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18 LES SACERDOCES ATHÉNIENS.

ou de Dodone, les détails les plus particuliers de leur vie privée et publique. Ils ont toujours à cœur de savoir ce que lems dieux peuyent désirer. Quand la volonté d'un dieu s'est clairement ma­nifestée, iront-ils donc la contJ>arier? Athèna a préféré le séj our de l'Acropole ct le foyer des Cécropides; Dèmèter a élu résidence à Eleusis, au sein du yÉvoç des Eumolpides. Ira-t-on disputer à ces di vinités le choix qu'elles ont fait?

Sera-ce le yÉvoç qui voudra renoncer à cette union, qui a fait sa force, son prestige, sa grandeur? C'est par cette divinité, tou­jours présente et toujours bienveillante, qu'il a réussi à se con­server et à se développer. Son intérêt lui commande de ne pas abandonner le cuIte qu'il lui rend. Il faut qu'il s'en acquitte avec le même zèle, pour entretenir toujours à son profit la source des mêmes faveurs; il faut qu'il ne laisse perdre la tradition d'aucuno cérémonie, d'aucun rite, afin de pouvoir toujours diriger à son gré, sur ses alliés, les bonnes grâces j sur ses ennemis, la colère de sa divinité.

Cette rupture, que le yÉvoç n'a pas faite, la cité ne la fait pas davantage, lorsqu'elle embrasse dans son unité la multiplicité des yÉVTj. Elle aussi est respectueuse des volontés divines clairement manifestées. Loin d'enlever aux yÉVTj leurs cultes traditionnels, qui seraient pour elle d'ailleurs lettre morte, puisqu'elle n'en con­naît ni les usages ni les rites, elle leur en assure la possession. Son intérêt aussi le lui commande. Les yÉVTj, sur l'alliance des­quels elle repose, invoquent pour elle leurs divinités domesti­ques. Toutes ces divillités étendent sur elle le bénéfice de leurs gt'âces, Si l'A.thèna de l'Acropole veille au salut et à la prospét'ité des Athéniens, de leurs femmes, de leurs enfants et de leurs al­liés, c'est que le yÉvoç des ,Cécropides intervient pour eux auprès d'elle.

Voilà pourquoi le sacerdoce se perpétua indéfiniment dans les yÉVTj. On ne voit pas que le privilège des sacerdoces patrimo­niaux ait jamais été mis en péril. On le retrouve just[ue sous l'empire et dans la plupart des cités grecques. Aucune démocra­tie, si excitée qu'elle fût contre tout ce qui pouvait demeurer d'un passé aristocratique, ne fit assez bon marché des volontés et des oracles des dieux pour oser attaquer cette vieille institution. Clis­thène la respecta, lorsqu'il bouleversa la société attique. Dans l'ex­position que fait Platon (1) des règles d'une constitution nou-

(1) Platon, Lois, VI, p. 759, A : ltpwy Ill: !spiotç 01. IJoÉY elO"I 'IICXTpllXl !SPCIlcrVYot' ltotl (lI., 1JoY! ltIY.iv.

NOMBRE ET CLASSEMENT DES SACERDOCES ATHÉNIEN

velle, il recommande à pEJÏne u 'on ' s. 1!) patrimoniaux Il n'en dit q' q reserve les sacerdoces

. u un mot en passant c rappeler un principe de trad't" ' 1 ' omme pOur d'accord. l IOn sur equel tout le monde est

On ne croyait pas que l'éa r ' , en aucune facon mel1ace'e l ,oa Ite ~e~ ,CItoyenS devant la loi fût

• Jar ce Pl'lvûefl'e C pas faire qu'une divinité do t' ~ '. omme on ne pouvait d, mes Ique eut pour tous 1 h b' un pays la même bienve'U es a Itants ylvoç, On trOuvait tout natulrelance que pOur les membres de son d que ceux-ci servi~se t e patrons et d'interprètes 10' d ' ' Il aux autres

• .J III e portel' enVIe f '1 cerdotales, on leur savait gré de ,. aux amI les sa-jouissance égOïste des faveurs de ;le pads, s etre enfermées dans la

C 'T eur lOu. e Pl'lVI ege ne constituait en faveur d '

sédaient, aucune exception ci~ile ou oliti es famIlles qui le pos­ton (1) pourrait laisser croire s"l,f 't que" Un texte de Pla-

• avait chez les Athéniens des il t\ ~.aI mal ll1terprété, qu'il y aux castes de l'Eg"pte Il n' I S,I l~ lO~S sacerdotales analogues G ' • J. en etaIt l'len On n Tt' ,

l'CCC les pretl'es d'une fam'll f - e H JamaIs en , , l e ormel' une class ' CIte, Les Etéoboutades le' E 1 'd < e a pal't dans la , , , , ;:, ;,umo pt es et tous les b

yeY'I) etaIent des citoyens com 1 ,mem l'es des culte privé, ils obéissaient a me e~ autres: Reserve faite de leur

• . ux memes 100s et s'a 'tt' memes charges. L'exemple de l'orateur l cgm alOnt des trer. Il était de la famille des Et' b t d"ycurgue suffit à le mon-

, '1 ' , ,co ou a es. La part act' "1 pnt a a polItIque de Son temps (2) 1 f' , Ive qUI l'administration qui lui furent c fi" es OI

l1CtlOns de tresorier de

d'on ees par e peuple et "1 ouze ans, tant SOUR son nom 1 qu 1 garda et d'un autre de ses'parents le~~e sous e nom ,de Son fils Habron décernés en récompense de 'se lOn,neul'(s3 pubhcs qui lui furent

, s serVIces ) t t 1 les membres des familles sacerdotales n'ou ,ce a prouve que cité, une caste priviléO'iée ni' e formaIent pas, dans la

° , meme une coterie et l ' se retrancher dans les dédains' t'l' d' , , que, 0111 de d InUle;, unorO'ueIlh' 'd't' ans un cercle d'étroites pa' '1 ° ere l aIre et t sSIons, 1 s se mêlaient d' •

e sans arrière-pensée, à la vie de leurs' . eux-memes, SOuvenait de leur oriO'ine ils ' ~onte~pora111s. On ne se

. 0, ne sen prevalalOnt eux-mêmes que

(1) Platon, Timée, p, 24. A : no)) • .x : , ÈvOciôs VVY IivtVplÎO'w npwTov € ' !<Xp ,,",XP,otBtlYlJ.otTot TWV TOTt 'IIotp' vlJ.iv OVTCIlY

, li ," lJo v TOT W VIt P "CIl Y Y € v 0" Il _ • Plç CPWPIO'lJotvOV. Platon fait parler un êt ' ',<X'II TwV IXÀÀwV XCll-cc qu'était l'Attique avant l'épo l' t . pr re egyptwn, qui raconte à S~lon t' , , que ilS oflque et qui l ' es elOlgnées des institutions analoO'ues à Il d U! montre dans ces socié-(2) C.,1. A., l~, 162, 163, 167, 168, 173, ~;6,es e l'Egypte. (3) V~es des du; orateurs (lycur ue) 31

II, p, 123. C. 1. A., II, p.70. Y • . Bœckh, Staatshaltuny der Athener,

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20 LES SACERnoCES ATHÉNIENS.

le jour où il s'agissait de remplir tel sacerdoce v~cant, ~Ol:t la charge leur revenait. Titulaires de ces sacerdoces,. Ils n etalOJlt pas en dehors des rbg1es communes à tous les magIstrats: Comme eux, ils avaient à se soumettre aux décrets du ConseIl et du Peuple athéniens' comme eux, ils étaient responsables de leurs actes; comme e~x, ils pouvaient être traduits en jn?e~lent et con~a,m­nés (1). Leur privilège héréditaire les couvraIt SI peu, que let res­ponsabilité de leur gestion retombait, nO~l seulemel:t sur .l~ur personne, mais encore sur le ylvo; tout ~ntlCr a~quell1s ap~,u.te­naient (2). Dans l'exercice de leurs fonctlOns, l'len ne les dlstll1-

guait des prêtres ordinaires.

§ 3.

Des sacerdoces de femmes.

Le même respect pour la volonté et la préférence d.es dieux, qui

Comme nouS venons de le voir, la perpétmté du sacer-

assure, ' l l' "1 do ce dans les ylv'lj, attribue à des femmes, maIgre a 01 Cl VI e, certaines charges publiques du mi~lÏst~re .s~cré. '; .

A Athènes, comme dans toute l anLlqUlte, la fem~e etaIt ~~u­. ours mineure. Jeune fille, elle dépendait de son pere; manee, '~le son mari; veuve, de son fils, ou, à défaut d'un fils,m~­. UI' du I)lus proche parent du mari défunt. Elle ne possedaIt Je , ' . " t l' à s rien en propre. Sa dot ou SOIl het'ltage etalOnt al a~ les. . a personne; mais elle n'en avait ni l'a(lminist~ation III la ,10ms-

ce Tout demeurait entre les mains de celm que la nature, le san. . . ' 'Il mariage ou le magistrat avalOnt faIt son tuteur (~u?tod. A e e

ule elle ne pouvait disposer que d'une valeur egaIe à colle sc , . .' t 11 d'un médimne d'orge (3). A plus forte raIson ~1 ayal -e e. au: cun droit politique : elle ne pouvait para~tre III au ConsOlI l1l

~L l'Assemblée. Il lui était interdit de plalùer ou de parler en

public. ., . D'où vient qu'elle pouvait exe~'cer le eacerdoc~, ~lll etél.lt une

magistrature de la cité? C'est que le sacOl·.doc~ et.aIt, c.o~1me le culte même auquel il était attaché, une lIlstüutlO!1 dlvme. Ce

(') Démosthène, contre Néère, 1I6. (2) Eschine, contre Ctésiphon, 18. . ': (3) Isée, slIr L'héritage d'Aristarque, 10 ; Anstophane, L assemblee des femmes

(scolie du vers 1025).

NOMBRE ET CLASSEMENT DES SACERDOCES ATHÉNIENS. 21

n'étaient pas les Athéniens, qui, par une convention tout arbitraire avaient attribué des prêtresses à Athèna, Aglauros, Dèmètet', Ar~ témis. Quand les cuItes avaient été établis sur la demande·ou par l'inspiration de la divinité intéressée, cette divinité, en même temps qu'elle avait communiqué aux hommes les rites propres à la toucher et à tenir sa bienveillance en éveil avait fait connaître quelle sorte de ministres ou serviteurs elle pr6férait. Ici eUe avait voulu les prières d'un vieillard, là celles d'un enfant ou d'un ado­lescent. Ailleurs, elle avait demandé qu'on vouât à son service une prêtresse, jeune fille, femme mariée ou veuve. La variété même des conditions du sacerdoce dans les différents sanctuaires variété dont il est facile de se rendre compte en lisant quel~ ques chapitres de Pausanias, le nombre des llsao-es contradic-

• 0

tOlres, qu'on rencontre d'un bout à l'autre de la Grèce mon-trent bien qu'il ne s'agit pas de fantaisies humaines. Le~ Grecs avaient tous à peu près les mêmes lois générales et les mê­mes idées sur le ministère sacré. S'ils le constituaient d'une manière si différente, c'est qu'ils suivaient des traditions reli­gieuses qu'ils n'avaient pas faites ct dont ils n'étaient pas les maîtres.

Obéissant aux dieux, les Athéniens donnaient donc des prêtres­ses à certains sanctuaires. Mais s'il fallait que les traditions sa­cerdotales fussent sauves, il fallait aussi que les lois de la cité ne fussent pas violées. Le sacerdoce devait toujours demeurer ~n~ n:agist~'aturc ~oumise aux lois et aux décrets. Quiconque en etaIt lllvestl deVaIt donc pou voir exercer toutes les prérogati­ves des agents de l'autorité, sc mettre en l'apports avec l'Assem­blée, avec les autres magistrats, exposer le tableau de ses actes et répondre de sa gestion. En un mot, pour s'acquitter des fonctions sacerdotales, il était nécessaire d'avoir les droits poli­tiques.

Les Athéniens concilièrent le respect qu'ils devaient aux dieux et le souci des lois de leur constitution. Quand la femme deve­nait prêtresse et pour la durée de son ministère. sa condition civile se trouvait changée. Elle sortait de tutelle du· moins dans toutes les circo~s~a~lc~s où les soins de sa charg; l'amenaient à prendre qU?lque 1111tlatlve. La responsabilité personnelle qui lui incom­baIt, comme. aux autres prêtres et magistrats, est une marque que, dans l'~Xel'CICe de se~ fonctions, elle avait, comme eux, la pleine posseSSIOn des dl:Olts du citoyen. Elle pouvait disposer de s.on argent au serVIce de la divinité: une prêtresse d'Athèna Po­has est louée d'avoir fait de ses propres deniers (lx 'rwv 18iwv) une

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LES ~ l RDOCES ATHÉNIENS.

offrande à la déesse et d'avoir pourvu, par un don de cent drach­mes, aux frais d'un sacrifice important (1). Sa capacité civile s'étendait plus loin encore. On voit, par un fragment de l'orateur Lycurgue, qu'un décret avait reconnu à la prêtresse d'Athèna le droit de signer certain s registres ou tableaux (ypIXP.P.IX'l'ErIX), au même titre que les autres prêtres (2). Elle pouvait intr:oduire une action en justice et plaider sans l'assistance d'un xopwç. Lycurgue écrivit pour une prêtresse un plaidoyer, dont il nous reste des débris. Plusieurs documents épigraphiques (3) nous montrent qu'elle se présentait en personne, comme les autres prêtres, devant le Con­seil des Cinq-Cents et l'Assemblée du peuple, pour y rendre compte des sacrifices qu'elle avait faits; qu'elle y parlait en son propre nom et qu'enfin elle obtenait, en récompense de sa bonne gestion, certains honneurs publics (4). Une prêtresse d'Athèna, Chrysis, venue à Delphes à la tête d'une théorie athénienne, y reçut la proxénie pour elle et ses descendants (5). Le décret, dont la copio a été retrouvée à Athènes, énumère tous les droits et tous les privilèges que l'usage attachait à cette distinction, la 7tpo3tx(IX , la ycxç XIX! olx{IXç è'y)(t"l)O'tç, droits et privilèges dont l'exercice impli­quait la capacité civile. Enfin, comme les magistrats en charge, les prêtresses étaient éponymes: les monuments consacrés dans le temple étaient datés de leur nom (6).

On voit par tous ces exemples combien la condition civile de

(1) C. 1. A., II, 371, lignes IC et suivantes: &'/É6"tj[XE'/)lx 'l'WV loi[w)v 0~pextoV

x[exl ... ]0'1 xexl 'l'piZex7tT!1., l[1Épt'l"ô'/ [os x!1.l 'to,; IIr!1.;~Ep]yia!1.t; et; ~[>Jlv OvO"Îexv 'l'>Jv [miTPtoV lx 'twv l]àfw'/ ÉY.exwv [ôrlex)'.[1a;.

L'éloge, que contient ce décret à l'adresse du mari de la prêtresse, pourrait laisser croire qu'elle était encore en tutelle pendant la durée de son sacerdoce. Mais cet éloge ne vient qu'incidemment, 11 la fin du décret, pour reconnaltre la piété du mari, qui a bien voulu s'associer aux libéralités de sa femme.

n y a lieu de se demander si, d'une manière générale, toutes les fois qu'une femme voulait faire une donation à un temple, elle ne pouvait pas, même sans être prêtresse, disposcr en toute liberté de son bien. On a recueilli, sur­lotit dans la Grèce du Nord, plusieurs exemples ùe cette exception remarqua­ble. Voir Foucart, Jlémoire sur l'affranchissement des esclares par (orme de rente à une dirinité, p. 3 et suivantes; Le Bas ct Foucart, Inscriptions du Pélopo­nèse, Mégare, n" 2::', p. 13; IIull. de corr. hcllén., IV, p. 95.

(2) Lycurgue, Fragment 51 (Orateurs attiques, Didot, t. Il • p. 362) : Auxovpyo, év T'i' 7tEp 1 [tij;) lôpd!Y.; . « b''l",e 7tpoO''tET<XYf1Évov È7tl <jI1)~fO"[1!1.To, xexl 'l'>Jv tipetotV O"vO"O'1J[1!1.fVECO!1.t '''' yp!Y.[1i.LexTetex. ))

(3) C. 1. A., Il, 374, 375; Bull. de corr. hellén., III, p. 485. \'~) Hirschfelù, Tituli statuariorum, n° 35b •

(~) C. 1. A., II, 550. (C) Hirschfeld, Tituli statuariorum, nO 52.

NOMBRE ET CLASSEMENT DES SACERDOCES ATHÉNIENS. 23

la femme vouée au service divin se trouvait changée. En étudiant donc les devoirs et les droits des charges sacerdotales, nous n'au­ron~ pas à 'nous arrêter au sexe des personnes qui en sont in­vestIes.

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CHAPITRE Ill.

CHOIX DES PRÊTRES.

§ 1.

Conditions générales qui limitent l'accès des sacerdoces.

La loi qui, dans toutes les cités anciennes, interd~sait aux étrangers d'approcher des sanctuaires nationaux et ~l'as~lster aux sacrifices qu'on y célébrait, était àAthènes un peu mOl11S rIgoureuse qu'ailleurs. L'auteur du plaidoyer. contre. Néè;'e r~ppelle que l'accès des cérémonies sacrées y étaIt permIS meme a la femme étrangère, même à la femme esclave, soit pour voir, soit pour prier (1). On sait d'ailleurs que les métèques ~tvec leurs .familles, c'est-à-dire les étrangers domiciliés en AttIque, aVale~t une place ct jouaient un rôle dans la procession et dans la fete cles Panathénées (2). Cette tolérance Il'allait pas jl~squ'au ~al:t~ge des fonctions religieuses: les sacerùoces demeuraient le pl'lVI~ege des citoyens athéniens; ni môLè(lues ni étrangers n'y pouvaient

prétendre (3). .. Entre les citoyens at.hénicns, il faut, par une premlCre excep-

tion, exclure tous ceux qui, pOUl' une raison 0\1 P?ur une autre, étaient frappés d'incapacité civile, à'nv-[e,(. Tels etalCnt, par exem: pIe, les déhauchés qui ayaient trafirjué de.leur corps (4), les fils qUl 3yaient lais~é dans le cléIlûment leurs Yleux parents (5), les sol-

(1) Démosthène. contre Néère, 85. . ('2) A. !llommsen, Ileortologie, p. 180 ct sUIvantes. " , (3) Démosth(~nc, con/re ]'Ublllidc, 48: où_ yilp (xv ~~I7tW-10V ys ~EVOV ltot, (1E'<O'­

'/.Ov ... 00't" &rï,iç apr.St·' ouO' !E[-WOUV"1" Û"1rOvoOo:" .. s,ot"s. (~) Eschine, contre l'imarque, 1\)-2l. (5) XénophoJl, !'Iémoires su!' Socrate. II, 2, 13.

CHOIX DES PRÊTRES. 25

dats qui avaient jeté leur bouclier à la guelTe, les débiteurs du trésor public ou des trésors sacrés, les magistrats qui, n'étant plus en fonctions, n'avaient pas encore rendu leurs comptes. Privés des droits civils et politiques, ils l'étaient aussi des droits religieux. En même temps que la loi leur fermait l'accès de l'As­semblée et de la tribune, elle leur interdisait l'entrée des tem­ples (1). Ils ne pouvaient plus être magistrats; ils ne pouvaient plus être prêtres.

Il y avait des Athéniens qui étaient citoyens, non point par la naissance, mais par un décret du Conseil et du Peuple. Athènes n'était pas toujours avare de cette faveur: un jour vint même où elle la prodigua (2). Ces nouveaux citoyens étaient égaux devant la loi aux autres Athéniens. Ils avaient les droits civils, politi­ques et religieux. Ils participaient à toute la vie publique. Mais il leur était interdit d'exercer l'archontat et la prêtrise. Ces res­trictions étaient nettement formulées dans le décret, qui accordait à tous les Platéens, après les guerres médiques, le droit de cité athénienne (3). Seuls leurs fils, nés d'une femme athénienne légitimement donnée en mariage, pouvaient aspirer à l'archontat ainsi qu'aux sacerdoces. Je ne sais môme si ce droit, accordé aux enfants de la première génération, n'était pas une exception en faveur des Platéells ; car, d'après un texte de) Pollux (4), les fu­turs archontes avaient à prouver, avant d'entrer en charge et en subissant l'enquête de la aOY..~V-IXrr(iX, que leurs ascendants pater­nels et maternels appartenaient à la cité depuis trois géné­rations.

D'une manière générale, on peut affirmer que, si le droit d'être archonte était soumis à certaines restrictions, il en était du sa­cerdoce comme de l'archontat. Héritiers des rois de l'ttge hé­roïque, les archontes avaient conservé une double autorité, à la fois politique et religieuse. Outre qu'ils rendaient la justice ct commandaient l'armée, ils étaient investis de fonctions sacrées.

(1) Lysias, contre Andocide, 24 : Ml 7tpOO's'1-"1'1',crM6E V(1!r. otù't'àv elpyeaOot' Tjjç &.yoFiç ltotl 't'wv lepwv.

(2) Plus dc quarante décrets accordent le droit de cité. Voir Buermann. Ani­madversiones de titulis atticis quibus ciritas alicui confertur sit'e redintegratur (dans les Neue Jahrb. (ür Philo!., X suppl. Band).

(3) Démosthène. contre Néère. 106 : Ëm,'t'O'. ltotl 't'àv vO(1ov OtWp'O'ot't'o Èv T<ji '1-"1-'1"0'(10'.'" 7tpOç o.ù't'oùç sù6Éwç V7tÉp n· 't'jjç 7to),E.Wç ltO'.l 't'wv 6scôiv, ltott (1i) Èçetvo.' otù't'wv (1'1josvl 't'wv ÈvvÉot &.pxov't'wv ÀotxeLV (J."1oè IEpwcruv"1ç (L"10E(1taç, TOrç a'ilt TOV't'WV, liv WO'LV È~ &.c;TIjç YUVot,ltOç ltott ÈyyV"1't'jjç lto:'t'à 't'av vO(1ov.

(4) VIII,85 : El 'Aar,votroE slO'tv tltotTÉpw6.v Elt Tp,YOV(otç.

Page 20: Les sacerdoces athéniens

26 LES SACERDOCES ATHÉNIENS.

Jusqu'aux derniers temps du paganisme, on les voit chargés d'accomplir certains sacrifices au nom du peuple. Or, leur inter­vention religieuse ne pouvait être efficace que si ni leur per­sonne ni leur vie ne donnaient prise à la malveillance divine. S'ils n'avaient pas l'agrément des dieux, leurs prières étaient vaines, et la cité, qui comptait sur elles, était par le fait mise en péril. De là toutes les précautions, dont leur nomination était en­tourée. Tant que les antiques institutions athéniennes furent res­pectées, les candidats à l'archontat durent témoigner, entre autres choses, qu'ils sacrifiaient à Zeus Herkeios et à Apollon Patroos; qu'ils avaient des sépultures de famille, où ils s'acquittaient de leurs devoirs envers les morts; en d'autres termes, qu'ils avaient un cuIte et des traditions domestiques (1). L'examen, qu'on leur fai­sait subir, revenait à cette question : Avaient-ils rempli toutes les obligations, que leur imposaient leur religion domestique et la religion nationale? Etaient-ils en règle avec les dieux? Voilà pourquoi on considérait aussi les antécédents de leur famille : il importe, dit Platon (2), qu'un magistrat soit de race pure. Voilà pourquoi encore on écartait de l'archontat le citoyen qui était affligé d'une infirmité quelconque: cette disgrâce était, aux yeux des anciens, une marque qu'on était en butte à la vengeance d'une divinité; il eût été périlleux de confier à un pareil homme le soin des intérêts publics. Si la cité montrait tant d'attention pour le choix de ses archontes, à cause des quelques fonctions sacrées que l'exercice de leur charge les amenait à accomplir, à plus forte raison devait-elle être scrupuleuse dans le choix de ses prêtres dont l'unique devoir ct la compétence spéciale étaient d'entretenir les bonnes· relations entre elle et ses dieux. Ne de­vait-elle pas exiger pour les sacerdoces au moins les mêmes ga­ranties que pour l'archontat (3) ?

(1) Pollux, VIII, 85 : El 'A1toÀ),IJW !a'nv cxv'I'or<; 1tCX'l'PÎÏlo; ltcxl ZEV; gpltEto;, ltcxl El 'l'ov<; yov€cx<; Ev ,"oloval. Xénophon, Jlémoires sur Socrate, Il, 2, 13 : Uv '1'1; 'l'WV yov€oov 'l'ÙEv'\''I}a<xv'\'oov '\'ov; '\'<Xl'ov<; !J.~ ltoa!J.'ii, ltcxl 'l'OV'\'O È~E'\'<X~EI y., 1tOÀI; Èv '\'cx,; 'l'WV &pJ(ov'\'oov 1l0ltl!J.cxaCcxl<;. Voir Fustel de Coulanges, Sur le tirage au sort appUqut! à la nomination des archontes athéniens (Nouvelle revue historique de droit, novem­bre-décembre 1878, p. 618 et suivantes).

(2) Lois, VI, p. 759, C. (3) Il ne faudrait pas prendre à la lettre le passage de l'exorde (LV) attribué

à Démosthène, '\'av cxu'\'av 'l'p01tOV, hl avopE; 'A6'1}vcx'OI, IlV1tEp 'l'OV; !EpEt<;, 011'\'00 ltcx6,a­'l'CX'\'E ltcx( '\'ov<; apl(ov'I'cx<;. Cela ne signifie pas qu'on choisissait les prêtres et les ar­chontes de la même manière et suivant les mêmes procédés. Les mots 'l'OV, &p­l(OV'\'CX<; désignent ici les magistrats en général, non les archontes en particulier. J/iluteur vise surtout les stratèges et se plaint qu'on ne leur demande pas plus

CHOIX DES PRÊTRES. 27 ~n ?: ~ait pas si! pour exercer une prêtrise, il y avait une

maJorIte.legale. ~e CItoyen athénien ne pouvait pas prendre part a~x af!'mres publIques avant trente ans (1). La même règle s'ap­plI~ualt-eIle a~ sa~Cl'doce? Les textes ne nous apportent sur ce POll1~ aucun temol~n~ge. Les anciens ont toujours pensé qu'il fallaIt confier aux vlClllards le soin d'offrir aux dieux les prières ct les offrandes des hommes. Un proverbe disait (2) : « Aux jeu­n~s gens appartient l'action, aux hommes f::tits le conseil aux vle~llards la. prière. » Platon n'admettait pas qu'un prêtr~ eût ~Oll1S de SOIXante ans (3). Selon Aristote (4), le ministère des dIeUX ne devait être r~mis qu'aux mains des citoyens « qui, à cause de leur âge, aVaIent renoncé à la vie active. :Il

Il Y avait sans doute, pour les sacerdoces ordinaires une ma­jorit~ d'usage. Pour ce qui est des sacerdoces patrimoni~ux il est certa1l1 que l'âge n'était pas pris en considération. On v'it une prêtresse d'At?èna demeurer en charge pendant soixante-quatre ans (5), ce qm permet de supposer qu'elle avait été nommée étant encore fort jeune.

Le célibat n'était pas une obligation pour tous les prêtres et toutes les prêtresses. La règle n'existait que dans certains sanc­tuair,es e~ v~riait sel?n les pays. Ainsi elle était imposée au prê­tre d Artemls Hymma en Arcadie (6), aux prêtresses d'Athèna Aléa à Tégée (7) ct d'Hèraklès à Thespies (8). Mais à Athènes elle paraît n'avoir été appliquée qu'à l'hiérophante d'Eleusis et à l'hié­:op.hantide, et encore à partir du moment seulement où ils e~aIent en charge: jusque-là ils pouvaient avoir été mariés. Plu­SIeurs textes mentionnent des enfants d'hiérophante ou d'hiéro-

de talents militaires ou politiques qu'on ne demande aux prêtres de connais­sances spécia,les. Voir Fustel de Coulanges, Nouvelle revue historique de droit p. 633, note 7. '

~I) A~istophane, Nuées (scolie du vers 510) : vO!J.o; 'iiv 'A6'1}vcx(01; !J.'I)1too '\'Ivà È'toov 'l'pICXXOV'\'CX ~Eyov6'\'cx !J.'I)'\'E opàfJ.cx &:vcxylyvwaxElv Èv 6E<i'tp'l' IL~'\'E o'l}!J.'I}YOpErV.

(2) HarpocratlOn, Épycx v€oov :

Épycx v€oov, ~ov),cxl oè !J.€aoov, EUl(cxloè yEpOV'\'ooV.

Arr~en" Entre~iens ,d'Epictète, III, 21, 16 : OUlt Èa6ij'l'CX eJ(EI; lIv OE! 'l'OV !EpOl'clV-'l''I}V, ov ~o!J.'I}v, ova'\'pal'lav olav OEr, ov l'oov~v, oUl( y.,ÀIX(CXV.

(3) LOIS, VI, p. 759, D.

(4) Politique, VII, 8, 6 (coll. Didot) : 'l'OV; 01<X '\'av l(p6vov &:1tElp'l}XO'\'CX<;. (5) Pline, Histoire naturelle, XXXIV, 19, 26. (6) Voir d'sutres exemples dans Maury Religions de la Gr~ce II p 415,

Schœmann, Griechische Alterthuemer, II, p. '428 et suivantes (3e éditio;)' , (7) Pausanias, VIII, 47, 3. . (8) Pausanias, IX, 27, 6.

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28 LES SACERDOCES ATHÉNIENS.

phantide (1). On a des généalogies de dadouques éleusiniens ('2). Nous avons cité plus haut quelques décrets, qui contiennent des éloges publics à l'adresse de la prêtresse d'Athèna Poli~s et d~ SO~l mari (3). Ailleurs, il est question d'un prêtre d'AsclèplOS qm. faIt de son fils un cleidouque du sanctuaire (4). L'état de manage n'était donc pas incompatible avec le sacerdoce.

Quant à la compétence liturgique, il ne semble pas qu'elle ait été exigée des Athéniens, qui songeaient à obtenir une prêtl'lse. Il est évident que le prêtre devait connaître, pour exercer son mi­nistère, les formules des prières, les rites des sacrifices, des puri­fications et des consécrations (5). Mais cette science spéciale, dont il avait besoin, ne demandait pas une longue instruction pré~ara­toire. Il pouvait l'apprendre au moment d'entrer en fonctlOns. Outre qu'il recevait sans doute des enseignements de son prédé­cesseur, il y a lieu de penser qu'il trouvait dans le sanctuaire un rituel détaillé, auquel il n'avait qu'à se conformer. Aucun texte n'en atteste formellement l'existence, du moins à Athènes. On sait seulement que les Athéniens conservaient avec soin des ta­bles de cuivre, sur lesquelles étaient gravées les règles de la tradi­tion religieuse (6). Ils avaient aussi des stèles de marbre, que l'on gardait avec un grand soin dans les temples et sur lesquelles étaient consignés les usages à observer PQur l'accomplissement du cuIte, ainsi que la date, l'ordre et le détail des cérémonies (7).

(1) Lysias, contre Andocide, 54; Harpocration, IEpo:p,xvnjç j C. J. G., 405, 431. Voir Bougainville, Mémoires de l'Académie des Inscriptions, t. XXXIII, p. 61. ; Creuzer et Guigniaut, Religions de l'antiquité, t. III. 2' partie, p. 755 et SUi­

vantes. (2) F. Lenormant, Recheréhes archéologiques à Eleusis, p. 157. (3) C. 1. A., II, 374; Bull. de corr. heUén., III, p. 485; O. Müller (Kunsta:­

chi1!ologische Werke, t. 1, p. lOt: Afinervili Poliadis sacra) croit à tort que la pro­tresse d'Athèna devait être une jeune fille ou une veuve.

(4) C. 1. A., II, 453b•

(5) Stobée, Eclog. ethic., VI, 5, 122 : 't'ov yIXp IEpÉIX EIVett ôô!v EfI-'lmpOV vOfl-wv 't'WV 'l't'Epl 6urr(lXç. xlXl EVXIXç xlXl xIX6IXpfl-oùç xlXl lôpvrrôlç xlXl 'l't',xV't'1X 't'Ix 't'OIIXV't'IX.

Platon, Le politique, p. 290, CD. (6) Pollux, VIII, 128 : ôD.'t'Ot, XlXh1z!ç Yjrrew 'l't',xÀcu ÉV't'E't'U'l't'Wfl-ÉV01 01 VOfl-OI 01 'l't'epl

"WV lepwv xlXl 't'WV 'l't'1X't'p(WV. Lysias, contre Nicomaque, 17: wç XP7) 6VEIV 't'IXç

6ua(lXç 't'IX, Éx 't'WV xvpt:ewv XlXl 't'WV a't'YjÀwv. (7) Démosthène. contre Néère, 76 : KlXl 't'OVTOV Ti,V vOfl-ov yp,xo/otvnç Èv a't'"À~ Àt-

, '1 A ' • A' (' ff oS. 'À 6(v~ ea't"ljrrlXv Èv 't''i> lep'i> 't'OV Iltovuaou 'l't'lXplX 't'uv l'wfl-ov ev t(LvlXtç XlXt IXU't'Yj '1 a't'~ Yj ht xlXl VV'I ea't'YjxEv, &:fl-uôpoiç yp,xfl-fl-lXaw &:'t'Ttxoiç ôYj),ovalX 't'à. YEyplXfl-fl-ÉVIX) fl-lXp't'UptlXv 'l't'OtOVfl-EVO; (; ôijfl-Oç {l'l't'Èp 't'ijç IXVTOV evael)e(lX, 'l't'pOç 't'ov Oeov xlXl 'l't'otp<xxlX't'1X6"y.Yjv XIX't'IX­Àe('l't'WV 't'oiç i'l't'tYIyvofl-Évolç. C. 1. A., l, 3, 4, 5; III, 77. C. 1. G. , 523. Le Bas, Inscriptions de l'Attique, 403. 'A6"VIXIOV, II, p. 237-238. Bult. de corr. het­lén. , II, p. 615.

CHOIX DES PRÊTRES, 29 Il est question de livres sacrés (~[6ÀOt) à Messène: les prêtres y

avaient inscrit l'origine et les rites de certaine fête (1). A An­danie, il y avait des livres analogues (2). La célébration des Mystères dut cesser, quand on les eut perdus, et ne recom­menca que le jour où un certain Mnasistratos les eut retrou­vés ~t l'apportés. Démosthène montre Eschine lisant un rituel et dictant les formules sacrées à sa mère, qui était prêtresse du thiase de Sabazios (3). Il est permis de conjecturer que chaque sanctuaire athénien possédait de môme un ou plusieurs livres contenant le détail des prescriptions liturgiques à l'usage des prêtres, et que l'exercice du ministère reli?,ieux n'exigeait d'~u~ . aucune compétence préalable (4). AUSSI Isocrate pouvaIt-lI dire (5) : CI. Les gens s'imaginent que tout le monde peut être roi, aussi bien que tout le monde peut être prêtre; mais la royauté n'est pas une petite affaire, et il faut, pour l'exercer, de grandes qualités de prévoyance. » Ce qui signifie que le sacerdoce n'était pas au-dessus de la portée commune.

§ 2.

Choix des prêtres par le sort.

On distinguait, parmi les magistratures athéniennes, celles qui étaient conférées pal' la voie du sort (dpx,lXt xÀ'ljpw-rlXi), et celles qu'at­tribuait l'Assemblée du peuple par un vote à mains levées, (dpx,lXl X,ECpO't'OV'Ij't'IXi). !ln 'y a pas d'exemple qu'un prêtre athénien ait ja­mais été élu directement par les suffrages populaires (6). Au con-

(1) Pausanias, IV, 27, 5. (2) Le Bas et FoU!:art, Inscriptions du Pétoponèse, 326-. Dans l'inscription

n° 163- du même recueil, ligne 28, p. 8·\, il est question d'un lecteur &:VIX­')"IWO't'lXç.

(3) Discours pour la couronne, 259. (4) « Les ministres du culte avaient d'autant plus besoin d'avoir sous la main

un recueil de tous les rites qu'ils ne restaient en charge qu'une année et n'au­raient pu, sans un tel secours. connaître et faire observer exactement tant de prescriptions minutieuses. " Foucart, Associations religieuses, p. 14.

(5) Discours à, Nicoclès, 6 : 't'7)v ~lXa~ÀdlXv wamp lipwavvYjv 'l't'IXV't'Oç &:vopo, "VIXI

VQfI-(~oualv, ô 't'WV &:v6pw'1ttvwv '1tpIXYfI-'i't'wv fl-ÉYla't'ov ÈaTI xlXl 'l't'Àda't'Yj, 'l't'pOVOIlXç ÔEÔ­

fl-EVOV. (6) C'est ainsi qu'est élue la prêtresse d'Athèna, Théano, citée dans l'Iliade (VI,

300). Il n'y avait pas non plus à Athènes de prêtrise vénale, comme dans cer­taines villes d'Asie Mineure (C. J. G., 2656; Denys d'Halicarnasse, A.ntiquités romaines, II, 21).

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30 LES SACERpOCES ATHÉNIENS.

traIre, des témoignages nombreux et précis prouvent que, pour les charges sacerdotales, le procédé ordinaire de nomination était le tirage au sort. On ne disait pas obtenir mais tirer au sort un sa­cerdoce, xÀ1JpOUa-OlXt îEPWa-UV1JV (1). On trouve souvent des expressions comme celles-ci : Ci ÀIXZ6JV IEpEUç - "ov !EpÉot "ov dol ÀIXYt.r1.vov,,1X - El tAlXZov !EpEUç (2), dont le sens n'est pas douteux et qui classent la prêtrise parmi les magistratures soumises aux chances du sort.

Le tirage au sort avait pour les anciens un sens qu'il a perdu pour nous. Un moderne ne voit guère dans ce procédé qu'un moyen commode de sortir d'une situation ou d'une élection em­barrassante, sans léser aucun droit ni blesser aucun amour-pro­pre. A peine trouve-t-on de loin en loin quelques esprits incer­tains, qui se demandent s'il n'y a pas sous les circonstances les plus insignifiantes quelque action mystérieuse, peut-être divine, et qui dans leur fatalisme naïf sont toujours prêts à s'abandonner au hasard d'une monnaie qui tombe ou d'une carte retournée.

Ce qui n'est plus aujourd'hui qu'une vague inquiétude était, dans l'antiquité, une croyance nettement formulée. Tous les évé­nements, dont la cause immédiate échappait aux sens, étaient te­nus pour des manifestations de quelque divinité. Un éternuement, une toux, les divagations d'un fou, le délire d'un malade, les craquements du bois, le retentissement des vases d'airain, le bruissement des eaux ct des feuilles, une éclipse de lune, le vol d'un oiseau, le rapprochement de plusieurs chiffres, la chute d'un dé, la rencontre d'un nom prono ncé et d'une fève sortie de l'urne, tout cela était autant d'expressions divines qu'il s'agissait d'in­terpréter. Arrêts du sort, volontô des dieux étaient deux termes qui avaient le même sens. «L'homme que le sort a désin-né o , dit Platon (3), nous disons qu'il est cher à la divinité, et nous trouvons juste qu'il commande. Pour toutes les magistratures qui touchent aux choses sacl'ées, Ilouslaissons àla divinité le choix de ceux qui lui sont agréables et nous nous en remettons au sort. »

C'était donc pour avoir la certitude d'élever toujours au sa­ceL'doce un homme agréable à la divinité, qu'on avait recours au sort. On la consultait en cette occasion, comme pour toutes les affaires qui la concernaient. S'agissait-il de lui construire un temple? On s'adressait à elle pour savoir l'emplacement qu'elle

(1) Démosthène, contre Eubu!ide, 48. (2) C. 1. A., Il, 567b

, 352b; But!. de corr. he!Un., l, p. 36·37; Démosthène,

contre Eubulide, 47. . (3) Lois, III, p. 690, C.

CHOIX DES PRÊTRES. 31 . préférait (1). On n'osait pas faire le moindre changement aux usa.

ges de son culte, sans avoir pris son avis particulier, ou tout au moins celui de l'oracle de Delphes ('2). Il était naturel qu'on lui laissât la liberté de choisir celui qui devait être son intermédiaire officiel dans ses rapports avec les hommes.

Ce qui achève de montrer que tel était bien le sens du tiraO'e au sort, c'est que, s'il arrivait que la divinité, d'une manière ;u d'une autre, désignât d'elle-même son prêtre, le procédé ordi­naire de nomination était abandonné, et l'on s'en tenait à ce choix direct. Un jour« le dieu », Apollon ou Zeus de Dodone, rendit au peuple des Athéniens l'oracle suivant (3) : « Que l'on donne à Asclèpios la maison ct le jardin de Démon, et que Démon soit prêtre. » Démon donna sa maison et son jardin, et devint prêtre. Cette fois, les Athéniens n'avaient pas eu à solliciter par le sort la volonté divine: elle s'était manifestée d'elle-même.

Il y a lieu de se demander si le tirage au sort était employé seul et sans autre opération élective. M. Fustel de Coulanges (4) a essayé de montrer, dans un mémoire récent, que, pour la nomi­nation des archontes athéniens, le tirage au sort sc combinait avec un choix prt'iaIable, lX~rEa-t<;, « le premier étant commandé par la religion, le second par l'intérêt ou la prudence. » Entre autres considérations à l'appui de cette opinion, il remarque que « cet usage existait pour les sacerdoces. On lit, par exemple, dans Démosthène, que, si le prêtre d'Hercule devait être désigné par le sort, on n'en faisait pas moins à l'avance un choix des noms qui seraient mis dans l'urne. A Syracuse aussi, la religion pres­crivait que le grand prêtre de Jupiter fût désigné par le sort j mais on commençait par choisir trois personnages, ct le sort ne décidait qu'entre les trois. »

A ces exemples, on peut en ajouter deux autres: Pausanias (5) rapporte que la prêtresse d'un temple de la Terre, situé près d'LEgées en Achaïe, devait être choisie parmi les femmes qui

(1) C. 1. G., '/.477, et Addenda, t. II, p. 1091. (:2) C. 1. A., II, 1G2. (3) C. 1. G., 459 : ['OJ 6EOç EJ(P1lO'EV 'tij> /llÎIJ-'l' 't<9 'A61lva.[wv 't~v olx,av ~v .:l~IJ-U1-

voç xal 'tov X;j7tOV [/louvaI] 'tij> 'AO'XÀ1l7tt<ii xal a,hov .:llÎIJ-WVIX [tEpia ElvaL]. 'IEPEÙ, ~lÎl~wv ~1lIJ-0IJ-üovç IIaLav[LEùç ÈOwx,] xal 't~v olx,av xal 'tov x;j7tov .•. ctc. Ce Démon, fils ùe Démomélès, du dème de Paeania, est un parent de Démosthène. Il est mentionné dans deux autres inscriptions (C. 1. A., II, 553 et 554b ).

(4) Nouvelle revue historique de droit français et étranger, novembre-décembre 1878, p. 635-636.

(5) Pausanias, VII, 25, 13.

Page 23: Les sacerdoces athéniens

32 . LES SACERDOCES <\.THÉNlENS.

n'avaient eu commerce qu'avec un seul homme. On exigeait de celles qui recherchaient le sacerdoce une déclaration, dont la vé­racité était mise à l'épreuve, et si, après l'épreuve, qui était une sorte de choix préalable (rxi'PEO"tÇ), il en restait plusieurs en pré­sence, elles tiraient au sort entre elles. Une inscription de Délos nous parle d'un personnage, qui devint prêtre de Dionysos par le choix du peuple et par le sort (1).

Ces témoignages épars n'autorisent pas il conclure que pour la nomination des prêtres athéniens, il y avait, avant le tirage au .sort, un premier choix des candidats. Il suffit de parcourir Pausanias, pour voir avec quelle variété de procédés les prêtres et les prêtres­ses étaient choisis dans les différentes régions de la Grèce. Sur ce point, chaque sanctuaire avait ses coutumes, qui étaient toutes locales. Tel usage de Syracuse, de Délos, d'~gées n'est pas une preuve pour Athènes. Notons seulement que, pour la prêtrise d'Hèraklès, dans le dème d'Halimonte, le choix précédait le tirage au sort (2). C'est tout ce que les textes permettent d'affirmer.

Le tirage au sort des sacerdoces se faisait-il avec celui des au­tres magistratures, il la fin de l'année, Èv &Px.rxtpEO"irxtç? Se faisait-il avec les mêmes formalités, par les soins des Thesmothètes, réunis dans le temple de Thésée (3), ou bien l'opération était-elle confiée il l'archonte-roi, qui avait, avec le Conseil des Cinq-Cents, l'ad­ministration des affaires religieuses? Le tirage au sort ne por­tait-il que sur les noms de ceux qui s'étaient présentés pour y prendre part? Dé:-iignait-il, en même temps que le titulaire du sa­cCl·doce, celui qui devait le remplacer, en cas de mort ou de dé­position (4) ? Ce sont là autaut de questions qu'il est impossible de résoudre dans l'état aetuel de la science.

On pourrait être tenté de recourir aux inscriptions, qui men­tionnent les comptes rendus par les prêtres il la fin de leur gestion, pour retrouver à quelle époque de l'année les prêtres sortaient de

(1) C. 1. G., 2'270 : !EpEÔ; .. E yEVÔ(J.ÔVO; .. w(J. (J.EyIÎÀWV OEWV ltal 'lt1Î).tv .. OV 'AO"ltÀY}­mou, ltoc< 'ltii),tv oc!2E6El; {mo "OV o~(J.ov ltoc< ),oczwv .. où AwvvO"ov. Cette même com­binaison du choix et du sort se retrouve à Syra, pour la nomination de l'archonte éponyme: voir une inscription pullliée dans le Corpus de Bœckh ('2347 k) et plus complètement dans l" A61jv oc~ov (III, p. 532, n" 4) : ltal È'Itt;'v[v(J.oç ci]pzwv ù~p'î' ltel< ZEtpo~ov,Cf 'ltyoy~atE[(çl.

(2) Démosthène, contre Eubutide, 46 : U'lt' OCV"WV ~ov .. wv (aY}{Lo .. wv) 'ltPOEltp(6y}V tv .. orç EVYEVEO" .. c( .. Ot; Û'll?ouO"Ooc~ .. », tEpwO"vvY};"0 'HpocltÀ.r.

(3) Sur ces diverses formalités, voir l'article déjà cité de M. Fustel de Cou-langes, p. 620. .

(4) Harpocration, Èm),ocx-wv.

r­I ! Il

CHOIX DES PRÊTRES. 33 ~h~rge et, p~r conséquent, à quelle époque leurs Succes~el1rs etawnt nommes. Oz', de tous les doeuments épigraphiques de cc !Se.n:-e qu~ nous ayons, cinfl seulement ont conservé leur date mItlale: Ils sOl~tyun du septième mois de l'année, Gamèlion (1) i un a~tre du hllltlCme, Anthestèrion (2) ; un autre du dixième, Mou­~ychwn (3); les deux .derniers enfin, du douzième, Skiropho-1 IOn. (~). Q~elle conclusIOn chronologique tirer d'une pareille di­versIte de temoignages ?

§ 3.

Si le tirage au sort s'appliquait à tous les sacerdoces,

~'ét~it le sort qui désignait les titulaires de tous les sacerdoces ordll:alres. Quel ~u.tre mo~en avait-on de reconnaître, parmi tous l~s cltoye~l~ athemens qUI présentaient leur nom, ceux que les dwux agreaIent comme ministres de leurs cultes?

.. La même di~culté n.'existait pas pour les sacerdoces patrimo­lll~UX. Le~. famIlles qUI en avaient le privilùge étant vouées de­pm: des slCeIes ,au.'Serviee d'une divinité, il était certain que tous l:lll s me:nbres etaICnt de race pure et propres à exercer le minis­tere saCre. Un tirage au sort n'était donc pas nécessaire. Il semble cepelldant q~e, dans c~rtaines familles, ce procédé ait été eu usage.

Hal'P?CratIOl~ , .e~phquant le sens du mot yevv~"'Xt, divise les pOpulatIOns prll1utlves de l'Attique en tribus phratri"s "t t

. , , (v v Y.Vl1, et ajoute que, parmi les membres de chaque yivoç, « on tirait au ~Ol'~ l~: sac?rdoc~s qui revenaient à ce yivoç (5). » J'ai de la peine a CI01~~ qu Il y aIt eu, dans ces temps éloignés, des cadres sociaux et polItIques aussi régulièrement tracés. Ces tribus, qui contien­ne~1t chacune un nombre déterminé de phratries, ces phratries, qm se sub.div~sent.à leur tour, chacune en trente yf.v-~, tout cela est ~ne ~rg,aI1lSa~IOn bwn savante. Ne serait-ce pas une combinaison llnag~nee apres .coup, pour expliquer une antique organisation, dont Illle restaIt que les dôbris et qu'on ne comprenait plus? La valeur de ce passage n'est donc pas déciû ve, et je no sais s'il

(1) 'AO~voctoV, VI, p. 134, n° 9. (2) C. 1. A., II, 477'_ (3) C. 1. A., II, 373b •

(4) C. 1. A., II, 477b et 489". (5) ITc(),tv ôi; .. Wv 1'poc .. ntwv hc(O"n~ ÔtY:p"'~o

~ , \"". ,1·. .ltOCO" .. Ot; 'ltPQ~MVO"OC' ÉxÀY}pouv .. o.

3

Page 24: Les sacerdoces athéniens

34 LES SACERDOCES ATHÉNIENS.

~ots qu'il contient sur l'emploi du faut prenùre à la lettre }es

tirage an sort dans les yEV

ll. l' ffirmation générale d'Harpocra­S'il faut hésiter à admettre al. dl' des Etéobou-

ue au m01l1S ans e yEVO;

tion, on a lieu de pense~ q't ' 't' L'auteur de la vie de Lycurgue tades, le tir~ge ~~:~r~:l~:\'~~~:htheion un tableau, présentant la rapporte qu Il y, d ' 0 ui avaient exercé le sacerdoce d~ série des membres u yEV ~ qt Ismènios avait été consacre

'd (1) Ce tableau pe1l1 par, . PoSCl on '. ' fils aîné de l'orateur,« Habron, qm, dans le sanctuaIre par Habron, 1 rêtrise patrimoniale, l'avait cé-apres avoir obtenn par le sortE: P"l" pourquoi le peintre l'avait dée à son frere Lycophron. VOl u. • s de son frere »La va-

, t 1 t 'dent aux mall1 . représente remet tan e :~, bl L'auteur de la vic de Lycurgue leur de ce texte est conSl era e. , . 1S de l'orateur, et

I ds dot'llments contempolall avait sous es yeux , e fJ. 1 de' couvertes épigraphiques ont

't e plus d une OIS, es , l'on saI qu , . , 1 f t donc laisser au mot Àa:xylV, em-confirmé son autol'lte (2). l au -tée et croire qu'il y eut réel­ployé à propOS d'Habron, toute sa pOl s de plus que l'étude du ta-

lement ti,ra?"e a: sort ~~~ ~~~:;~~~~~es ne contredit pas cette bleau genealoolque . la descendance directe de Lycurgue, opinion. Si l'on examll1e" d Poseidon: l'un au quatrieme on n'y rencontre que deux pletres he . l'autre Mèdeios, qui vit à

.' c'est LycoP l'on" . siecle avant n~tle.ere, ve ue le sacerdoce patrimonial de Pose~-l'époque romall1e , preu q eule branche du ylvo;, malS

" l ' 'ditait'e dans une s . don n'etaIt pas lere ' t'e (4) Il n'est pas lmpos-. d' b lche ùans une aUI· .

qu'il passaIt lln~. l'al 1 b 'anche à laquelle il devait revenu' à sible que, pour deslg~ler ais au sort. Rien n'était plus sim­chaque vacanc.e, on a~t e.u ,relco~'~l~nté divine le soin de faire un pIe que de laisser all1SI ,\ . a. . avaient à cette fonction choix parmi tous les competIteurs qm sainte les mêmes droits naturels.

38 39 . xo:, fa'uv o:(jT1J Yi XO:TO:YWy1} TOV y€.-

(1) Plutarque, Vie des dix or.a!eurs; : L' TeÀElW, iiç à.vcXXELTO:L Èv 'EpEX6E('!' YE­, - IIO'1ELOWVO" .v 1tWO:X. ..' -

VOU" TOlV !EpO:'1O:IJ.EVW'1 'tO'J :, Ta ôè 1t(vo:xo: à.vÉ61JY.EV Allpwv, 0 1tO:LÇ

ypct'IJ.IJ.€.VO' (m' 'Ia-Wf,v(ou ,'tOV ,XO:ÀXL~EWç.:. u: 't~v IEpwaVv1JV xct!1tctpo:xwp"l\a-o:ç 't'Ï' , )) W'I EX 'tou yEV 0 , , - J. ' ctV

au-OV (Auy.oupyou, ·o:x " "Agnwv 1tooa-llL60uç au't,!, T"V 'tpLaLv • • , K ! .' OV'tO 1tE1tOt1J'taL 0 r. L)

à.ilû.nw Au:<O,?pOVL. ct "Lot 't 1 t' f à l'administration de ycurgue T. , , 1 A Il 16'2 (fraO'ment re al ('2) VOIr l,;, • ", 0

et 'HO (décret en J'honneur de Lilcurg~~4 note 6) se demande s'il convient de

(3\ Schœmann (Gr. Aller/h., t. ,p. ~, , , ropre de ce mot. 1 K t

prendre ÀctXWV au sens.p , tion (MinerviB poliadis sacra, dans es uns-(4) O. Müller en a fait 1 obs~rva bl o-énéalogique dans le même volume,

1 lOI) VOlr le ta eau" ' arch. lVerke, t. • p. . BIDe gentibus et (amitiis, p. 7. p. 13'2 et s\livante~, et dans oss er,

i .J ,1

~ ;1 !

CHOIX DES PRÊTRES. 35 Mais comment expliquer que le sort désigne, pour être prêtre,

I-labron, fils de Lycurgue, et que, Habron se retirant, le sort n'intervienne plus pour le choix de Lycophron, qui reçoit dil'ec­tement, des mains de son fl'ère, le trident, c'est-à-dire le sacerdoce de Poseidon? O. Müller suppose que le personnage favorisé par le sort avait le droit de passel' cet avantage à tel membre du yÉvoç

qui lui plaisait ([). Je croirais plutôt que ce droit, s'il existait, s'exerçait au profit des membres d'une même branche et non au profit de tel ou tel membre, choisi librement dans le yÉvo; tout entier. Le sort, en désignant un nom, marquait, par le fait, à quelle branche le sacerdoce vacant devait échoir. Celle-ci en avait, pour un temps, le privili.lge, et, si le personilage dont le nom était sorti de l'urne ne voulait pas accepter la charge, il pouvait choi­sir un membre de sa branche et lui céder l'autorité sacerdotale.

Le texte, dont nous venons de parler, ne se rapporte qu'à la prê­trise de Poseidon, Les Etéoboutades avaient aussi la propriété de la prêtrise d'Athèna. Le procédé pOUl' le choix de la prêtresse d'Athèna était-il le même que pour le choix du prêtre de Posei­don? On connaît la famille de quelques-uues des prêtresses qui se succédèrent depuis le cinquième sii.lcle jusqu'à l'i.lre chrétienne (2), Deux d'entre elles seulement appartiennent il la même branche du yÉvo; des Etéoboutades : l'une est la fille de Lysistratos de Bati.l, l'autre cello de Polyeuctos de Batè, fils de Lysistratos. Les autres sont : Théoùotè, fille de Polyeuctos d'Amphitropè; Ha­bl'yIIis, fille de Mikion de Kèphissia; Philippi.l, fille de Mèdeios du Pirée. La prêtrise d'Athèna pas:iait donc, comme celle de Po­seidol1, d'une branche des Etéoboutades dans une autre. Mais il est impossible de dire si la branche désignée l'était par le sort.

§ 4.

De la sttccession des sacerdoces patrimoniaux dans les yévll.

Les usages des autres familles sacerdotales ne nous sont guère mieux connus que ceux des Etéoboutades. Il paraît certain ce­pendant que, chez les Eumolpides, la charge d'hiél'ophal1te était la propriété collective de tous les membres du ylvo;, et non point

(1) JlinerviB Poliadis sacra, p. 101 : « Sortitio '(acta est, sed ità tamen, ut sorte designato alii cuidam e gentilibus munus sacrum (radere liceret. »

('2) Hauvctte-Besnault, Prêtresses d'Atllèna Poliade antérieures ail premier siè­cle de notre ère (8ull. de carro hellén., III, p, 484 et suivantes).

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36 LES SACERpOCES ATHÉNIENS.

l'apanage héréditaire de telle ou telle branche. On le voit en ana­lysant les catalogues d'&do't't'ot du Prytanée (1) : parmi les hiérophan­tes qui y sont mentionnés, il y en a trois dont le titre est précédé d'un gentilitium (2) ; l'un est un Flavius, l'autre un Julius (3), le troisième un Claudius (4). Ils appartenaient donc chacun à une branche différente du ylvo, des Eumolpides.

Il en était de même dans le y[vo, des Lycomides, qui se trans­mettait de génération en génération l'office de dadouque dans les Mystères d'Eleusis. Le tableau généalogique de la famille montre que la charge patrimoniale passait indifféremment d'une bran­che dans uue autre (iJ). Pausanias (6) rapporte, comme une cir~ constance unique et curieuse, qu'Acestium, une femme de la famille des Lycomides, dont les ascendants, jusqu'à la quatrième génération, avaient été dadouques, avait vu son frèrë, son mari et son fils le devenir successivement de son vivant (7). Jamais peut­êLre cette dignité sacerdotale n'était restée aussi longtemps inféo­dée à une même branche.

Ce sont là des renseignements bien généraux; mais il ne serait pas prudent de demander davantage à ces tableaux généalogi­ques. N'oublions pas qu'ils se rapportent presque tous ft l'époque impériale. Or, à ce moment, si les traditions religieuses subsis­tent encore (8) , les y[v'fl se sont tellement unis et confondus par des alliances répétées, qu'il est très malaisé de s'y retrouver. Une inscription d'Eleusis mentionne une femme, qui descend à la fois des Bouzygides, des Eumolpides et des Lycomides (9). Six généra­tions après Lycurgue, on rencontre un exégète des Eumolpides , Mèdeios, lIui se rattache aux Et(~oboutades par sa mère Phi­lipp!; (10). Plus tard, au premier siècle de notre ère, la fille de ce

(1) C. J. G., t. 1. p. ni). col. '2; Lenormant, Recherches, p. 14'2. ('2) C. 1. G., Hl!. Les hiérophantes étaient hiéronymes, c'est-à-dire qu'ils per­

daient leur nom; mais à l'époque romaine ils ne perdaient que leur cognomen et gardaient lellr gentilitium.

(3) C. 1. G., 188. (4) C. J. G., 353. (5) Lenorlllant, I1echerches, p. 157. (G) Pausanias. l, 37, 1. . (7) Dans l'inscription 394 du Corpus (tome l, p. 446), on voit un père élever

une statue à son fils, qui a été dadouque, 5~ao\lx.1i'1a;v't'(X. EV'1E15"'Ç. Le père n'a pas exercé la daùouehie. C'est une preuve de plus qu'elle n'était pas héréditaire dans une seule branche.

(8) A Eleusis, la célébration ùes Mystères et les traditions sacerùotales se perpétuèrent jusqu'à l'invasion des Goths (Lenormant, p. 144).

(9) C. J. G., 448; Lenormant, Recherches, p. '21'2. (10) Dossier, De gentibus et familiis, p. 7.

CHOIX DES PRÊTRES. 3i pc.rsonnage ép~use un Dioclès de Mélitè, de la famille dos Lvco­nudes (1). Il VIent un te~ps où, de la réunion de tous ces ;ZV'l} se forme comme une anstocratie religieuse à Athènes : cett~ ari.st,ocratie de parents et d'alliés se partage toutes les granùes di­gl1ltes ~ace:do~ales, ~ui, dans la décadence de l'activi té politique et des InstItutIOns lIbres, ont seules conservé quelque reste de leur antique prestige:

Si le sacerdoce patrimonial demeurait la propriété collective du ylvoç et ~a~sait d'une branche dans une autre, il fallait que, par un procede quelconque, cette branche fût désignée. Aucun texte n'indique qu'il y ait eu, comme chez les EtéoDoutades, Ull tirage au sort. A défaut du sort, on devait recourir il une élection et ce.tte électior: Ile po~ vait être faite que par les membres du yi:o:;. NI le Conserl des Cmq-Cents, ni le Peuple, ni aUCun macrisLrat n'avaient qualité pour intervenir dans les affaires relicrleuses d'une famille :sacerdotale. A elle seule il appartenait ù'~ssurer la transmission régulière de la prêtrise traditionnelle.

Nous n'avons parlé jusLlu'ici que de trois familles sacerdotales les ~té~boutades, les Eumolpides, les Lycomides. On a YU à quoi se redmsent les documents qui nous sont parvenus sur l'oro-ani­sat~on de chacune d'elles. La plupart des autres y[v'fI ne nous" sont guere connus que de nom.

Mais les règles, suivant lescluelles peut se faire la succession d'une charge sacerdotale, ne sauraient varier il. l'infini. Le nom­bre des hypothèses possibles est forcément assez restreint. Si ~onc ~n ~'ecueilI~it ici tout ce qu'on sait SUI' la question, si l'on enumerart les dlyel'S usages qu'on rencontre ici ct là dans la Grèce, ~artout où il y a,un yivo, en possession d'une prêtrise, il est à presumer que, dans 19 nombl'e de ces usages, il s'en trou­v?l:ait y:ui existaient il Athimes Faute de pomoir- dire avec pré­C.ISlOll comment se comportait chaque yivo:; athénien en particu­lIer, on verrait au moins de quelles manières différentes chacllll d'eux pouvait se comporter.

Nous avons déjà signalé deux procédés: 10 La chal'ge sacerdotale appartient il tous les membres du

yÉvo" et le titulaire est désigné pal' le sort. C'e:st le procédé usité chez les Etéoboutades.

.20

La charge sacerdotale, qui est, comme précédemment LIll

bien ,coll~ctif d~ yivo" est attrilmée à tel ou tel pel'sOt1llage' pal' une eJectIOI1. C est cc qui paraît avoir lieu chez les Eumolpides.

(1) Dossier, De gentibus et familiis, p. 7. .

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38 LES SACERDOCES ATHÉNIENS.

Voici d'autres procédés, dont on a des exemp~es, en. dehors d'Athènes; rien ne prouve d'ailleurs que ces procedes ment été des coutumes locales.

10 La charge sacerdotale pouvait se transmettre suivant les rè-o-les ordinaires de l'hérédité (1). La succession passait aux des­~endants légitimes de mâle en mâle, et, à leur défaut, au~. colla­téraux paternels, à l'exclusion des femmes. De cette mamere sc transmettaient certaines distinctions honorifiques (2) , telles que le droit d'ôtre nourri au Prytanée, droit fort recherché et que la république athénienne accordait quelquefois à un citoy~n ains~ qu'à ses descendants, cdrt"iJi "t"E xCtl "t"Ot, lxy6vol' (3). Le deeret ~Ul donne cette récompense aux descendants d'Harmodios et d'Al'ls­to"iton spécifie qu'elle appartiendra au plus proche parent de cha­c:n d'eux, c'est-à-dire à leur héritier légitime (4). Un décret de la ville de Gythion aSllure la possession perpétuelle d'un sa~c­tuaire d'Apollon à deux citoyens qui l'ont réparé à le,llrs ~ral~ : ils auront la prêtrise à vie, eux et leurs descendants, c est-a-dlre leurs héritiers légitimes (5). .

20 Certains textes portent, au lieu de "t"oi, lxyovol" une expressIOn plus précise et qui modifie sans doute les conditions de l'hérédité, "t"w 7tpEO"b\Yt"~"t"W lx TOU ylvou, , ou bien "t"wv lxyovwv Ihl TiJi 7tpEO"bU1:chq) (6). Une femme' de Santorin, Epietète, qui, par testament, fonde un sanctuaire en l'honneur des Muses, désigne de cette manière ceux de ses descendants qui devront exercer le sacerdoce (7). Selon M. Caillemer, ces tel'mes signifient que C( le privilège .es transmissible, eomme la royauté, comme nos anciens majorats, de mitle en mitle , par ordre de primogéniture (8). »

30 Une inscription d'Halical'llasse, qui rlo:ll1e la liste ùes pr~­tres d'un sanctuaire de Poseidon, 110 us fait connaître uu trol-

(1) Philostrate, Vies des Sophistes, l, 2\ , 2 : cipxtepevç 'A<1laç avto, TE lIal ot

7tpoyovOt, 'jtOCt; èx 1toc'tpoç 1tcXV'têÇ. ('2) Caillemcr, Le droit de succession légitime à Athènes, p. 187, (3) Lycurgue, contre Lèoerate. 87. (1) C. ], A., I, 8, ligne 6 : 0; &v ~ iyy,Jt<1:rw yÉvou;. . (5) Le Bas et FOllcart, Inscriptions dl! Péloponèse. 243. lign~s ~4 et ~lll~antcs :

xCll dveu ocv'tovç t€p€.~ç 't'OV 'A7to),),wvoç xcx.'r èyyô'wvç a:\rrw~J ètêt ota; ~tOV XIXt EtVCXL 1t'o:­

p",06".t!'-ov 'ro 1tr,oyqpa!,-!,-Évov lepov 'ror; iyyovot; av'rwv ciel IlttX ~(OU. (6) C. J. A., 'II, 410. Voir Platon, Critias, p, 114, D : ~"'<1tÀev; Ilè " 1tpë".,;v'ra­

'roç cid 'rW 7tpe".Cu'rtX .. ,ù 'rWV ÈlIyovwv 1tap",litllovç. (7) C. i. G" 2448, ~ol. 2. lignes 27 ct suivantes: 'ri;.v Ilè !eptXHW;v 'riXv l\1ouO"i'iv

lIal 'rWV -IJp[ wJwv iZÉ'rw " 'rii, 5uya'rpo, !'-ou Vàç 'Avllpayopaç, El /lÉ 1:1 lia 1ttX6~ ov'toç, &e1 6 1tpEt'JbV'tCl'tO; Èit 'tov yÉvou;.

(8) Le droit de succession, p. 187.

CHOIX DES PRÊTRES. 39 si ème mode de transmission (1), Par une analyse délicate, Bœckh a réussi à découvrir la loi de la succession. Le sacerdoce ne passe pas de mâle en mâle par ordre de primogénüure. Le titu­laire qui meurt n'est pas remplacé par l'aîné de ses enfants, mais par l'aîné de ses frères. Chacun des fils recueille à son tour l'héritage. A la seconde génération, tous les fils du frère aîné héritent d'abord, puis viennent tous les fils du frère puîné, et ainsi de suite. La eharge ne passe à la troisième génération qu'après que la seconde génération tout entière est épuisée. Le droit au sacerdoce est égal pour tous les enfants d'un môme père.

II faut se résoudre à signaler ces divers modes de succession dans les familles sacerdotales de la Grèce, sans pouvoir dire s'ils étaient tous en usage à Athènes ni dans quelles familles ils l'étaient. Toute conjecture serait vaine. Le moyen d'ailleurs de rencontrer la vérité dans des questions qui pour les anciens, pour les membres mêmes des ylv"fj intéressés, étaient déjà fort obscures?

On sait que la succession des charges sacerdotales n'avait pas toujours lieu sans contestation. Le soin de régler ces différends' était une des attributions les plus importantes de l'arr,honte­roi (2). Nous avons conservé'le souvenir de plusieurs procès soule­vés pour la possession d'une prêtrise. Le rapprochement des 'deux noms BOU"t"~aCtl et 'E"t"EObOU"t"~Ô'Xl (les vrais Boutades) prouve qu'à une certaine époque il y avait eu conflit entre les diverses bran­ches du ylvoç, et qu'il avait été nécessaire de marquer avec préci­sion les vrais héritiers. Le procès des Croconides et des Cœronides, qui fut plaidé par l'orateur Lycurgue (3), témoigne de sembla­bles compétitions. Ces questions de propriété patrimoniale étaient donc déjà très compliquées pour les anciens. Il n'y a gul'.re d'es­poir que nous arrivions plutôt qu'eux à des conclusions déci­sives.

§ 5.

La 80Xl~CtO"tCt; le serment et sacrifice d'entrée en charge; les -X7tCtpx.'Xt.

Il n'y avait poillt de magistrat ath6nien qui pût échapper il l'enquête préalable appelée 80Xlp.rxcrtCt. Nous avons vu plus haut SUl'

quoi portait cet examen. On s'assurait que le citoyen, désigné

(1) C. 1. G., 2655, t, II. p, 451, col. '2; Bulletino deI/: Instituto, 1830, p. 215 et suivantes.

(2) Pollux, VIII, 90 : Illxat /lè 1tpO; aVTtlV ).ayxtXVov'rat ciO"ëlje[a; lIal lepwO"vv"IJ; ci!,-,?tO"C"IJ'r~O"ew;, lIa1 'ror_ yÉve<1t lIal 'ror; [epëùO"' 1ti'i';'tv avû,ç ihll&~et.

. (3) Lycurgue, Fragments 56 et suivants (Orateurs attiques, Didot, II, p. 362),

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40 LES SACERpOCES ATHÉNIENS.

pour remplir certaines fonctions publiques, présentait toutes les conditions exigées par la loi, et surtout que, par le passé de sa famille et la conduite de sa propre vie, il était en règle avec les dieux de la cité. Il va sans dire que les prôtres n'étaient pas exempts de cette formalité obligatoire.

On n'est pas d'accord sur la procédure de cette enquête. Les anciens nous disent formellement qu'elle variait suivant que la magistrature était recrutée par le sort ou par l'élection: elle n'était pas la même pour les stratèges que pour les archontes (1). Le sacerdoce, ripx.~ )<.):I)pb)'t'~, était sans doute, pour la dokimasie, assi­milé à l'archontat. Le prôtre, comme l'archonte l se présentait devant le Conseil des Cinq-Cents et répondait aux questions d'usage.

Dans certains cas, on recourait à l'intervention du tribunal des Héliastes (2). Cette seconde opération n'était pas indispensable. C'était seulement une instance en appel du jugement rendu par le Conseil des Cinq-Cents (3). La présidence du tribunaf appartenait alors, selon toute vraisemblance, il l'archonte-roi, dont la compé­tence embras5ait tous les procès d'un caractère religieux ou sacer-~~. .

Nous connaissons mal les formalités qui marquaient l'entrée en charge. L'exercice des fonctions publi'lues chez les Athéniens exigeait du titulaire un serment préalable. La loi l'imposait aux membres du Conseil des Cinfl-Cents, aux Aréopagites, aux Hé­liastes, aux stratl'ges (4), aux d~IGar'IUes (5), aux éphi~bes, aux hiél'opes (G). « Le serment, dit l'ol',11eur Lycurgue, est le lien de la démocratie (Î). )J

(1) Harpocration, (3 OY. 1 p. (l r,0 et; . 't~ii; 1i0y.I!'-(lr,(O<I y'(l'tdt 'ti" vO!,-ov j"VOV't(ll, p.(o<

(LZ'J :'j'V Ot Èvvi.~ apzov'ts; oO'l.tp.i~'Jv'ta.t, !'tÉpa. o~ Tiv ol p~'t'OpEÇ, 'tptt-Y} ôè 1jv Ot G't'poc­'t"iY0i. Pollux, VIII, 4ft : OO"I!'-O<.,.(O< ok 'tor, apl.avr,I·1 iTt"iyyD,ÀE'tO y'(lt 'toI, ûYJP(ù'toï:; y'(lt 't'or; (ltpEtOr;, Sur lc caractère tout particulier de la dokimasie des ora­teurs, ,oir Perrot, Droit public d'Athènes, p. 82 et suivantes.

(2) Dinarque, contre Aristogiton, tO. (3) C'est ce que prouve le discours·de Lysias sur l'archonte Evandre. Il fut

prononcé l'avant-dernier jour de l'année. Si la dokimasie devant le tribunal avait été une opération nécessaire, on l'aurait avancée de manière il avoir tou­jours le tcmp3 de nommer un autre magistrat. Voir Blass, AUische Bered­samkeit, 1.. p, no; Neue Jahrlnïcher (il/' Philologie und Piudagogik, 1879, p. 601 et suivantes,

(Il) Lysias, pour le soldat, 15. (5) C. J. A., II, 518 (Serment ùu ùémarque de Myrrhinonte). (6) C. J. A., I, 2 (Serment des hiéropes des Scambonides). (7) Lycurgue, contre Léocrate, 79 : 't'à avvixov 't'-iJv Il'l)!,-oy.pO<'t'Î(lV OPy.o; ~,nL Voir

dans le même discours (77) le serment des éphèbes.

CHOIX DES PRÊTRES. 41

Il est difficile de croire que les prêtres n'aient pas eu à se con­former, comme les autres magistrats, li cette obligation. Les femmes athéniennes qui, sous le titre de rep!Xpcd, étaient chargées d'assister la femme de l'archonte-roi dans la célébration de cer­taines cérémonies en l'honneur de Dionysos, ne pouvaient pas toucher aux objets sacrés ni s'acquitter de leur ministère, avant d'avoir prononcé un serment suivant les rites, Le héraut sacré leur en dictait la formule et la femme de l'archonte était là pour le recevoir (l). Hors d'Athènes, à Andanie, dans le Péloponèse , le même usage existait pour les (epot et les îop!X[ qui se partageaient le soin des ~Iystères et l'administration religieuse de la fête. Une inscription nous a conservé le texte même du serment qu'ils étaient tenus 'de prêter, sous peine d'avoir à payer une amende de mille drachmes. « Par les dieux en l'honneur desquels on cé­lèbre les Mystères, je jure de veiller à ce que la cérémonie s'ac­complisse suivant les rites et conformément li la loi; de ne com­mettre ni de ne laisser commettre aucun acte impur ou illégal, qui puisse troubler les Mystères; de suivre de tout point les prescrip­tions écrites dans le rituel; de contr'aindre au serment les femmes chargées des choses sacrées ainsi que le prêtre, comme il est écrit dans le règlement; si je tiens men serment, que je sois parmi les hommes pieux; et, au:contraire, parmi les impies, si j'y man- • que ('2). » J'ai cité ce passage pour montrer quel pouvait être le caractèl'e du serment :sacerdotal : c'était seulement un sermont professionnel, où le prêtre s'engageait à ne pas enfreindre leti lois traditiollnelles et les règlements particuliers du cuIte.

Comme le serment était un acte religieux qui ne pouvait pas s'accomplir sans l'immolation d'une victime, le prêtre devait sans doute, à cette occasion, célébrer un sacrifice. Ce sacrifice, le pre­mier que célébrait le nouveau tiLulaire, était véritablement un sacrifice d'inauguration, dont les diverses cérémonies constituaient ce qu'on appelait 'l'~ EÎC't't'~ptCX ou elC't'l'1J'l'~pt!X (3). C'est sous ce nom

(1) Démosthène, contre Néère, 78. (2) Le Bas et Foucart, Inscriptions du Péloponèse, 3~6', ~ l, lignes 1-7 : 'O!,-­

vuw 't'OÙ; Owu;. 01, 't'dt !,-UC''t''ljplO< lm't'[z]),s<'t'O<', ~m!,-ÉÀEIO<V Ë1;EIV, OTtW; Y(V'I)'t'O<I 't'dt y.O<'t'dt 't'dtv TêÀê't'dtV 6êOTtpmW, y'(lt &.Ttà TtO<VÛl; 't'OV OlY.o<ÎOV, y'(ll !'-'ljn o<ù['t'Jà; !'-'IIOÈv a-;x"i!'-o', !,-'I)llè ètllly.ov TtOl'ljr,!.IV ÈTtI "O<'t'o<),ur,el 't'WV !'-vr,'t'YJP(wv !,-'I)llè anwI im't'pi<JiEIV, !i).),dt y.0<'t'O(y.o),ov6'lj"elV 't'or, j'êj'pO<fl-tJ.ivOI" à1;opy.ÎO'EIV oÈ ,,0<1 'l'dt, topdtç y.o<l 't'cv têpij y.O<'t'dt 't'à Ol6.ypo<!,-!,-o<. Eùopy.ovv't'I !,-iv !,-Ol ê"YJ & 't'or, êÙO'E6ÉOIÇ, i:;nopY.Ovv't'I oÈ T!iv6.nl(l. "Av lié 't'Iç tJ.-li 6iÀêl OIl-VUêIV, ~(l!,-\oû't'w Ilpo<x!,-o<rç XIl,(o;I; y.o<l anov &.vtt 't'ov'tov ûO<­pw",i't'w Èy. Tii; O<ù't'ii; <pv),iiç.

(3) Démosthène, contre bIidias, ll-i : ,,,"''l't''ljPIO< VTtÈp 'l'ijç ~ov),ij; lôpOTtOlijO'O<I.

Page 28: Les sacerdoces athéniens

42 LES SACERDOCES ATHÉNIENS.

qu'on désignait le ~acrifice qui ouvrait les séances du Conseil des Cinq-Cents. On désignait de même la solennité religieuse qui marquait le commencement de l'année éphébique (1) et dans laquelle les nouveaux éphèbes, après avoir reçu leurs armes, prê­taient le serment d'usage devant le prêtre du Peuple et des Grâces. Les ElO'tn1ptcx sont mentionnés dans quelques-uns des décrets rela­tifs à l'administration sacerdotale (2) : il y est dit qu'entre autres sacrifices le prêtre a exactement célébré ceux de l'entrée en charge; le texte n'ajoute aucun détail.

Une inscription, trouvée au portique d'Adrien, à Athènes (3), et qui date de la fin du second siècle avant notre ère, contient la liste des prémices (&7t'CXpXcx() pa yées, 'pendant une série d'an nées, à Apollon Pythios par un certain nombre de magistrats et de prêtres. Outre les archontes et les stratèges, on remarque les prêtres de Zeus Kyn­thios à Délos, d'Apollon, d'Artémis, de Sérapis à Délos (4). Ce sont tous des prêtres qui touchent de près ou de loin au cuIte d'Apollon, dieu de ,Délos. Les uns donnent cent drachmes, les autres cinquante drachmes. M. Eustratiadis, qui a fait de ce mo­nument épigraphique une étude très approfondie, observe (5) que ces &7t'CXP;{cxt, dont le taux ne varie guère, ne paraissent pas être des offrandes volontaires, mais qu'elles sont plutôt des contributions,

• imposées par une tradition immuable ou par une loi spéciale. (( Elles ressemblent, dit-il, à un droit qu'aurait eu à payer tout citoyen, investi d'une magistrature ou d'un sacerdoce (6). »

Ce droit aurait servi, selon lui, à couvrir une partie des frais de la théorie qu'on envoyait à Delphes.

Cet usage était-il unique et n'existait-il qu'à cette époque? ou bien chacune des diyinités qui étaient à Athènes l'objet d'un culte public recevait-elle aihsi régulièrement Je chacun de ses prôtres successifs un cadeau d'entl'ée en charge (&7t'CXPi'.cx(), soit en argent, soit en offrande? Il est impossible de s'arrêter dès à pré­sent à l'une ou l'autre de ces deux hypothèses.

(1) C. J. A., II, 470, ligne 5 : 6VO'<XV'tE, T<xr, Èyyp<x,?"r[, 'tlèt et[o't't]"I1't>ÎPt<X.. . (2) C. J. A., II, 326: [È1tEtO>l oÈ à 'EpEV,] g6VO'EV 't<X [El!O't't["I1't>ÎPt<X]. VOIr aussI

325, 453\ 453'. (3) 'E1ttyp<xrp<Xt ètvÉxllo'tot, ètv <xx <x).V rp6 EiO'<Xt x<xl txllo6orO'<Xt V1tO 'tOV

œpy.<xto),oytXOV O'vH6yov, fasc. III (Athènes,1855!. . . (4) A ce moment, Délos était de nouveau une possessIOn athcmenne. (5) 'E1ttyp. ètvéxiJ., p. 18_ . ., (6' Ce qui confirme cette opinion, c'est la rédaction même de l'mscrIptIon :

otllz ~1tÉowx<xv T<XÇ <X1t<xré;. Le verbe œ1tolltiî6v<xt indique le paiement d'une dette, l'acquittement d'une obligation.

CHAPITRE IV.

FO;l1CTIONS DIACONALES DES PRÊTRES. SERVICE DANS L'INTÉRIEUR DU

TEMPLE AUPRÈS DE LA STATUE DE LA DIVINITÉ.

§ 1.

Classement .des roncll:ons sacerdotales.

Les fonctions sacerdotales étaiont très diverses, par la raison que les cultes ne se ressemblaient pas et qu'ils avaient chacun des tl'aditions qui lem étaient propres. Les uns étaient des cultes agri­coles, avec des rites très simples et des cérémonies d'un symbo­lisme naïf, qui se rapportaient aux divers actes de la vie des champs, aux semailles, à la moisson, à la vendange. D'autres étaient des cultes mystérieux, fermés à quiconque n'était pas ini­tié , mêlés de spectacles étranges et de vagues enseignements. D'autres étaient surtout d'imposantes solennités, où s'exaltait le sentiment national, et n'allaient guère sans hécatombes, distribu­tions au peuple, jeux, courses, luttes et représentations dramati­ques. Telle divinité était plus populaire que les autres: son tem­ple s'ouvrait tous les jours et les suppliants y accouraient en foule. Plus loin, au contraire, c'était un temple modeste, une cha­pelle, souvent délaissée, rarement même ouverte. De là, pOUl' les prêtres, une multitude de fonctions spéciales et différentes; de là aussi de grandes inégalités dans leurs attributions.

Nous ne nous y arrôterons point pour ne pas égarer le lecteur dans une multiplicité confuse de détails particuliers: nous nous bornerons à les signaler en passant. Aussi bien ne changent-elles en aucune façon la constitution même du sacerdoce: ce sont des différences tout extét'ieul'es et qui n'impliquent point pour les prêtres un changement de condition. Qu'importe que, parmi les

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44 LES SACERDOCES ATHÉNIENS.

Stratèn-es l'un ait villrrt milÎe soldats à conduire et une expédition o , 0

considérable il terminer, tandis que l'autre ne commande qu'à UIl

faible corps d'armée? Ils n'en sont pas moins, comme stratèges, investis tous deux d'une même magistrature, soumis aux mêmes rèo-Iements, aux mêmes charges j en un mot, leur condition lé-

o • gale est la même. Ce qui est \Tai des sLratèges l'est aussi des pra-tres. Qu'importe que tel d'cntre eux ait à célébrer dix fois plus de sacrifices que tel autre et des sacrifices beaucoup plus somp­tueux? Si dans le sacrifice, quel qu'il soit, ils ont l'un et l'autre à s'acquitter du même ministère j s'ils sont tenus également de se conformer aux rites traditionnels j s'ils sont, au même titre et en tant que magistrats, soumis aux décrets du Conseil et du Peu­ple, n'ont-ils pas, malgré toute la variété de leurs fonctions, une série de devoirs de même ordre? Les magistratures sacerdotales s'exercent suivant une même loi, dans tous les sanctuaires, quels qu'ils soient: c'est cette loi générale que nous voulons recher­cher.

Nous avons vu que chaque· prêtre est attaché au service d'une divinité. Cette divinité s'offre à la piété des hommes sous une forme matérielle, celle d'une statue. Il faut veiller sur cette sainte image, l'orner, la soigner comme une personne vivante. Voilà pour le prêtre un premier groupe d'attributions: nous les dé::;i­gnerons sous le nom de {onctions diaconales (1).

Cette image, on l'honore par des sacrifices: près d'elle s'élève un autel où l'on immole des victimes en lui adressant des prières. Le prêtr~ est présent j c'est lui qui dirige la cérémonie et q.ui fait ob~ servel' les prescription" du rituel: nouvel ordre de fonctlOns, cehu des {onctions liturg iques.

Enfin, ce culte, quel qu'il soit, s'accomplit dans un sanctuaire qui est la demeure de la divinité et où viennent s'entasser u.ne foule d'offrandes de toute sorte ct de toute valeur. Cc sanctuaIre ne doit pas être profané: il importe que l'autorité sacerdotale le "'arde l'entretienne et veille sur les trésors qu'il peut enfermer. Il y ~ donc aussi pOlU' les prêtres des fonctions administra­tives (2).

(1) Ce mot n'est guère usité que dans le langage ecclésiastique. Je le prends ici dans son sens étymologique (Ihcixovoç, serviteur).

(2) II n'entre pas dans mon sujet de parler des fonctions .. mysti~ues. des prô: trcs d'Eleusis. Il y a là un ordre d'attributions tout à fait particulier et qUI touche moins à l'histoire des sacerdoces qu'à la constitution, d'ailleurs très peu connue, des Mystères.

FONCTroNS DIACONALES DES PRÊTRES. 45

§ 2.

Fonctions diaconales : service de la divinité; la toilette et le repas de la statue.

Le premier devoir des prêtres était de soigner la statue de la divinité au service de laquelle ils étaient attachés. On ne com­PFendrait pas de quelle importance était pour eux cette obliga­tion, si l'on s'imaginait qu'elle avait seulement pour objet de con­server une œuvre d'art qui avait du prix ou un souvenir du passé auquel on tenait, de mêmequ'aujonrd'hui, dans telle de nos cathédrales, on conserve le tableau d'un maître célèbre ou quelque châsse du Moyen Age.

Pour les anciens, la statue d'un dieu n'était pas une image inaniméo : ils croyaient que la divinité elle-même vivait enfer­mée sous cette enveloppe de bois, de pierre ou de métal (1). Telle était l'idée qu'ils se faisaient SUl'tOllt de ces idoles grossières, en bois à peine taillé, qu'on appelait ç&xvoc (2), ct que possédaient les sanctuaires les plus vénérés. On ne savait pas au juste d'où elles venaient. Quelques-uns disaient que celle d'Athi.'ua (3), SUl' l'Acro­pole, était un jour tOll1bée du ciel j selon d'autres, c'était le Palla­dion de Troie, que Démophon, fils de Théséo, avait dérobé aux ArgieIls, une nuit qu'ils avaient dù relùcher dans la baie do Pha­lère, au retour de l'expédiLion (i). Ailleurs, le çôocvov avait abordé au rivage (5). C'était toujours la même idée, quo la divinité était venue d'elle-même s'offrir à l'adoration des 11101'Lols.

La tradition, en gardant le souvenir de ceLle origine sumatu-

(1) Platon, Lois, XI, p, 931, A. (2) O. Müller, Archc'dogie der Kunst, G9. Voir dans le Bulletin de correspon­

dance hellénique (III, p. 99 et suivantes, pl. I) la reproduction d·une statue Je marbre en forme de !;oo:vov, récemment découverte à Délos par M. Homolle.

(3) Lysias, Fragment, 214 (Orateurs attiques, Didot, II, p. 291): r,ao:v oÈ Ti'j; 'AO'llvéiç Èv ètxP07to),,,, Tp[o: ètyciÀtJ.O:-.o;, xo:, T<l tJ.Èv Èx TÉXV'll; TO:ÙTO: • ta-,O:TO oi: 7tpO TOVTWV h"pov Il, 0 7t "T É ç. Pausanias, J, 2G, 6 : ÈaTlv 'AO'llvéiç ètyo:),tJ.o: Èv T'li VU., ètxp07toÀe<, ••• q;>1tJ.'Iloè Èç O:VTO Ex'" 7t"aûv Èx TOV ovpo:voiJ. Euripide, lphigénie en Tauride, 87 :

Ào:llûv T' ayO:ÀtJ.o: Saéiç, /j q;o:a" ÈvOcilla ilç TOVÇO" VIXOVç ovpo:voiJ 1r"adv C<1ro.

(4) Pausanias, J, 28, 9. (5) Pausanias, III, 23, 4; VII, 5, 5.

Universitiitsbibliuthek

Eichstlitt

Page 30: Les sacerdoces athéniens

46 LES SACEnDOCRS ATHÉNIENS. - . l'olle, y ajoutaitlc récit des miraclos quo l'idole avait accomplis (1) : on l'avait vuo auitor la main; olle avait sué dos gouttes do sang ('2).

o .. 1.0 regard tl'Artémis à Pellèno desséchait los arbros, faIs~ut t?m-ber les fruits ot jetait la démence dans l'esprit do ceux qUI os~tlent l'affronter (3). Une antique statue d'Apollon, conservéo dans une grotte du Parnasse, communiquait à qui la touchait une ~igueur si extraordinaire, qu'on voyait des hommes sauter faCIlement du haut des rochers les plus escarpés et à travers los précipices, déraciner des arbres énormos ot les porter jusqu'en bas de la mon­ta;ne en suivant les sentiers les plus difficiles (4)_ Tant de prodi­ge~ étalent la marque certaine que sous la matière inerte de l'idole vi vait une force surnaturelle (5).

Aussi ne faisait-on aucune différence entre la statue d'un di ou et ce dieu lui-même. Voulait-on lui faire sentir à quel point la terre était sèche et brûlante, et quel besoin on avait de la pluie? On transportait la statue q.ans la campagne et on la couvrait de poussière : cette cérémonie avait lieu tous les ans à Athènes, à la fête des Shiropho/'ies (6). On croyait posséder le dieu tant qa'on retenait son image; cette image, on l'entourait d'une yénération jalouse et passionnée, de peur qu'un ennemi n'eût yadresse d,e la dérober et, avec elle, la puissance qu'elle enfermaIt. Les Athe­niens s'imauinaient qu'ils fixaient chez eux la Victoiro en lui cou­pant les ailes, et, chez les Lacédémoniens, Arès était chargé de chaînes (7). Si l'imago venait à disparaître, on était pCrBuaflé

(1) Euripide, Iphigénie en Tauride, 1165 ct suiv. : ~pÉ-r<x, oro -r;jç Oeoii mi),1V gôp<x; èmEG-rpa.:p"lj.

_ <xù-rafL<X"t"ov, il VtV GEIG[LQ; ÉG-rpEojJE X.0ovo, ; _ <xù-rOfL<X"t"ov . oojJt~ 8' OfL[La.-r",v ~Wi)WOGEV.

(2) Plutarque, Timoléon, 12; Coriolan, 38. (3) Plutarque, Aratus, 32. (4) Pausanias, X, 32, 6. .. (5) Quand les prêtres d' Ammon trans~ortaient l~ statue du ~I~U, celle-CI leur

indiquait par des signes où elle voulait aller (Diodore de SIcile, XVII, 50). Lucien (de la déesse syrienne, 3G ct 37) s'amuse il racon~er des prodiges analo­gues de l'Apollon syrien. Un jour que les prêtres avalent prls la st~(ue sllr leurs épaules, elle les laissa sur place et s'éleva toule seule dans les airs .. Plus haut (10) il parle du temple d'Hiérapolis, qui renferme « des dIeUX toujours présents. En elfet, les statues y suent, se meu~ent et rendent des ?racIes. Sou­vent une voix sc fait entendre dans le sanctuaire, le temple ferme : beaucoup

l'ont entendue. » (6) Aristophane, GIl~pes (scolie dit vers 926). Voir Sehœmann, Gr. AUerth.,

t. Il, p. 474; Decharme, Mythologi~ de la Grèce,antiq~!e, p~ 8.6., ., (7) Pausanias, III, 15,7 : Y'lwfL"Ij OE A<XXEÔ<xtfLOVt",v orE EÇ -rou-ro Ean oro ctY<X),fL<X x<xl

'AO"ljv<x(",v É, -rYiv • A7tnpov x<x),oufLÉv"ljv N(x"ljv, "t"WV fLl:v ov7ton orOv 'Evua.Àtov rpEvYOV-r<x

FONCTIONS DIACONALES DRS pnÊTnES. 47

que la divinité était partie, et le temple, désormais vide, était abandonné (1).

Ces croyances étaient si enracinées dans les esprits, qu'elles subsistèrent jusqu'aux derniers jours de l'antiquité, même quand l'art, en se développant, eut remplacé ces vieilles idoles des temps primitifs, disparues ou détruites, par des statues à forme humaine, et dont l'origine, connue de tous, n'eut plus rien de miraculeux. On crut moins peut-être à la vie divine de l'image (2), mais on y crut encore, et la vivacité avec laquelle Lucien, à plusieurs reprises, raille cette illusion, montre à quel point, de son temps, elle était restée populaire (3).

. Si la divinité était réellement présente dans le temple, il était naturel qu'on lui fît de ce temple un séjour agréable (4); on s'empressait donc autour d'elle, c'est-à-dire autour de son effigie; on prenait soin de la parer; elle avait ses repas sacrés et jusqu'à ses ablutions. De là, pour le prêtre ou la prôtresse, une série d'obligations particulières, que l'abondance et la précision des documents permettent d'exposer avec quelque détaiL

L'usage était d'habiller la statue, de la couvrir d'étoffes rares, de la charger d'ornements et de bijoux, comme le font encore aujourd'hui les populations)taliennes pour leurs madones. L'As­clèpios rie Titanè (iJ), l'Artémis et le Dionysos d'Egine (6) por­taient une tunique. La Hèl'a argienne avait des vêtements avec des ornements d'or, et c'est pour l'en avoir dépouillée que los filles de Prœtos furent changéos en génisses (7). I-Ièra do Samos est représentée sur les monnaies Ile l'île avec tout le détail (le son costume (8) : elle est vêtue d'une longue l'ohe, coiffée d'une sorte

o!)(1jaEaO<x( aqnalV ÉVE)(a[LEvOV -r<xi, 7tÉIi<Xt" , AO'~v<x(wv /il: -rYiv N(x"ljv rxv-roOt ,hl fLEVÛV 0\1)(. ov't'wv Tt''t'EpWV.

(1) Pausanias, IX, 33, 6 : oro IH {EpOV Èv -r<xi, ' A).<XÀXofLôv<xiç -1J[Lù1jO"lj oro Ot7tO -rOÜÔE (quand Sylla eut emporté la statue) ci~E -1JP"ljfL"'fLSVOV -r;jç OEoii.

(2) Porphyre, sur l'abstinence, If, 18 : -rrxù-r<x (Otya.ÀfL<X"t"<X) y&p X<X(7tEP Ot7tÀwç 7tE7tOt"ljfLÉV<X OEi<x vO[L(~EaO<Xt • -r& liè X<Xtv& 7tôpIÉpy",Ç ElpYC!<rfLÉvrx O<xufLa.ÇEaO<Xt fLÈv, OEOii iiI: lia~<xv Yjnov l)(Etv.

(3) Le menteur, 20 : ta-r' civ " )(<x),xo; fLl:v )(<xhaç, oro iiI: Epyov <1"1j[L1j-rpw; 0 ~nw-7tEX;jO.V dpyrx<1[Lévo;~, où OEo7tot6, -rt" iD,).' Il,/0p'''7t07tOtO; WV , ov7ton '!'o1>1ja0[L <Xt -rov OtVOpla.V-r<x. Voir aus~i sur les sacrifices, 11; Jupiter confondu, 8 ; Jupiter tragique, Ij.

(4) Le temple est la maison, le foyer domestique de la divinité. Voir Lucien, sur les sacrifices, Il : Ë7tEt-r<x iiI: v<XOùç ÈYEiprxvn;, ~v' <Xù-roiç fL~, aOtMt fL"ljôè Otvsano, Ô~OEV watv. Il fallait que les dieux ne fussent pas sans feu ni lieu.

(5) Pausanias, II, Il, 6. (6) Pausanias, II, 30, t. (7) Servius, Commentaire sur Virgile, Eglogues, VI, 48. (8) Overbeck, Griechische Kunstmythologie, t. II (Hèra), A/ünztafel, 1.

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48 LES SACEnDOCES ATHÉNIENS.

de calathos et tellement smêhargée de coll iers, que le buste tout entier disparaît sous l'accumulation des ornements. Dans l'inven­taire (1) , qui a été retrouvé, des objets qui lui appartenaient:, on rencontre les mots suivants plusieurs fois répétés après l'indication d'un vêtement, d'ulle coiffure ou d'un bijou: « La déesse le porte sur elle. » A Athènes, le même usage se retrouve, comme dans le reste de la Grèce. Le xoanon d'Athèna Pollas sur l'Acropole est vêtu du magnifique péplos à broderies d'or que les errhéphores lui préparent, et qu'on vient lui offl'ir solennellement il la fôte des Panathénées. Il porte en outre tous les attributs de la déesse: le casque, la lance, l'égide et le gorgonion (2). Les inventaires du sanctuaire d'Artémis Brauronia mentionnent, parmi les étoffes consaerées, celles que portent les trois statues de la déesse: une tunique d'Amorgos, un ample manteau, un voile amarante, un vêtement moucheté, avec deux manches flottantes qui forment comme deux ailes, le tout SUl' la statue ancienne; un manteau blanc il bandes de pourpre sur la statue de pierre; enfin une tuni· que à tissu varié sur la statue qui est debout (3). Les vases peints et les figurines en terre cuite offrent de nombreux exem­ples de statues ainsi affublées des pieds à la tête (4).

Tout cet accoutrement ne conservait pas longtemps sa fi'aîcheur. L'ail' et la poussière ternissaient les vives couleurs des étoffes et les broderies. Mais rien n'était mieux fait pour fanel' ces brillan· tes paru l'es que les hommages de la piété populaire: ici la statue

(1) C. Curtius, Inschri(ten. WHl Stndien J'ur Geschichte von Samos (Lübeck. IS77), p. 10, no (j : iL1Trl1 ... TO:';T',,'/ -i; OEO; "ZE' - x,rj';'vôç ... TO'J,OV; -i; 000; èCzet -&.7tO ';'OVTW'I 't'hlV Lp.o::dwv 0 tEptJ.ii~ (; Èv 'A?~or3f'trl; €X.Zt ôvo. BuLl. de corr. hcUén., II, p, 4'W, ligne 71 : xocl Tciils 0 Osà; e[zo], (i)'ltl ,st zscpi. Voir Diodore de Sicile, X VII, 50 : « La statue d'Ammon est couverte d'émeraudes et J.·autres orne­ments. "

, (2) O. Jahn, De antiqnissimis Minert'iu simulacris atticis (Bonn, 18G6). Voir les planches.

(3) C. J. G., 155 : Z'TW~OC "'iLôrYwo~ 'It[sr]l t'i> "ik, (ligne 24, 25); "'(J-'ltÉx.o~ov 'ltôpl Ti;> "os, T0 ètpx.oc(tp (1. 38); ÈVT[OC]T1jp[OC "'iL]ocplivmo~ 'ltôpl,i;> HiE' Ti;> "'Pzoc(tp (1. 3a); xQ:'tcilJ'ttY.:rov Bt7t'tipvyov 7tEpt 't'<{> Ëoet 't'iil &pza;(cp (1. 40) ; - L(1.a:nO'J ÀEvxàv 7ta;po:­),ovpys;, tOÙTO Tà ),(Owov ri/la; "'iL'ltiZôTOC' (1. '29, 30) ; - X'TWV(<rXO; XTEVWTà; 'ltôr'­'lto(x,),o; 'ltôpl t0 ",yci~iLOCt' T0 op6i;> (1. Il'!, 4~:.

(11) Elite des monuments céramographiqlteS, t. III, pl. a; JJonumenti dell' Instituto, ISGO, pl. XXXVlI j Annali, t878, Tau. d'Agg., G; Daremberg et Sa­glio, Dictionnaire des antiquités, Cassandra, fig. 1208. Les figurines en terre cuite, trouvées près de Tégée. reproduisent le type de ces xoana habillés. Voir mon Catalogue des figurines en terre cuite du mustie de la Société archéologique d'Athènes, nO' 541-558.

r­I

FONCTIONS DIACONALES DES PRÊTRES , . . 49 etaIt Couverte de fleurs et de guirlandes (1)' r . c'étaient des chevelures (2) Luc' l d" a, .au heu de fleul'f'i,

. . len pal' e une ImaO'e ' d les Jambes étaient garnies de" d 0 sacree OIlt collées avec de la cire (3). pwces e monnaie, qu'on y avait

Comme il fallait que la toilette fût t' . on la renouvelait de temps à t ~uJours dlgn: de !a divinité, ration avait liGU toutes les fOi~u r~;ell~l ,~1e. peut dlre SI ,cotte ~pé­Ou seulement à Îlltervalles ' ql' e aIt devenue necessalro,

reo-u lers et à' fi Athéniens, au mois de Tha' °\1' 1 Jour lxe. Chez les r " IgO IOn, e xoanon d'Ath' P /~s etaIt dé€ouillé de ~es vêtements; le péplos était port:l~a Ph 0-

ere pour y etre trempe dans la mer et lavé le' "a-~cett.e occas~od s'appelaient les Plyntèries ~t l~ss2=:~;1;t~~,!:~r(~)s

.n,m,al:que e ocument~ ~our marquer dans quel ordre elle . celebraIent et à quelles ceremonies 't' l" s se lieu. Leur nom seul indique leur ~:1 IC~ Ieres elles donnaient ne se bornait pas à tremper dans la rac erle. 1: semble qu'on d" 'mer es vetements de 1

eesse, malS que le xoanon lui-même y était lono-,,' .. ~ que la Pallas argienne était baio-née to l P oe, c est mllSI 1'1 h ' 0 us es ans dans les eau d

nac us et , apres le bain frottée d'h '1 (_) x e d'E ,"d l l' , . ' Ul e ;) . Dans la trarréùie

Ullpl e, p llgel1le, prêtresse d'Artémis Tauri " tue ~e la déesse ~ la mer pour la purifier (6). que, porte la sta·

La ne se bornaIent pas les offices pour ainsi d' . qu'il fallait rendre à la divinité Ell'e ava't . 1re, domestIqueS

. ,I aUSSI ses repas .' Dans la plupart des temples, il Y avait à quel ue d' t sacres. statue, une ou plusieurs tables, sur l~squelle~ étai~~l:nc,e de, la toutes sortes d'offrandes des fruits des g' t ~eposees

. (7) U . ..' , a eaux, du mlel du Vlll • ne l11SCrlptlon athénienne déterm' l '

me es morceaux des

(1) Euripide, Hippolyte, 73-84.

(2) Pausanias, II, Il, 6: oux iiv oVllI; ~OVTO (&yocÀ oc) lôO, '" " avto xOiLoc, yvvoc,xwv oc~ XS(pOVTOC' t'ii e - L ' ~ ; pq:o,w;, OVTW 'ltsp,ixo\l<rw

(3) Lucien, Le me'nteur, 20. ,stp. uelen, e la déesse syrienne, 60.

(4) Mommsen, Heortologie, p. 427-439' C 1 A II 4G9 . gne Il. ' " . , , , ligne 10; 470, li-

(5) Cette cérémonie fait le sujet de l' 1" d C Pallas. _ Ovide, Fastes, IV, 135 : e egle, e allirnaque sur les bains ùe

Aurea m.rmoreo redimicula sol vite colla Demite divitias : tata lavanda de. esL

A Sicyone, la prétresse d'Aphroditè s'appelait Àou ' (P . 10, 4). tpoqoopo; ausamas, II,

(6) Euripide, Iphigénie en Tauride 1199 (7) Aristophane, Plutus, seolie du 'vers 678. " ,

xl; T,OÉoccr, T'" imqospo(Lsva. Bull. de corr hellé . sI'O'I' YO:P7Tpci1Cs~a, lv TO'; !SpOl; lv . n", p. 6-78.

4

Page 32: Les sacerdoces athéniens

50 LES SACBRDOCES ATHÉNIENS.

victimes que les sacrifiants devaient laisser dans le sanctuaire pour la nourriture du dieu, Cl. une cuisse, une portion des côtes, la moitié de la tôte et une partie des entrailles (t). Il Les malades, qui venaient passer la nuit dans le sanctuaire d'Asclèpios pour y chercher leur guérison, apportaient avec eux de semblables pré­sents, qui, le lendemain matin, avaient disparu: la croyance populaire, raillée par Aristophane (2), était que le dieu venait dans l'obscurité pour les recueillir et les manger.

Il y avait des divinités auxquelles, à certains jours de l'année, • on offrait un repas en règle, sur une table servie avec le plus grand

soin (3). L'illusion était parfaite: la statue, parée de tous ses ornements, était étendue sur un lit richement décoré et garni de coussins; elle tenait en main, soit un couteau, comme on le voit par l'inventaire de :::lamos qui a été cité plus haut (4), soit un canthare, comme sur une terre cuite d'Athènes, qui représente Dionysos (5). Cette cérémonie est souvent représentée sur les mo­numents. Il suffira de citer les bas-reliefs votifs à Asclèpios, qui ont 8té découverts à Athènes dans ces dernières années. « Sous une édicule ... on aperçoit un lit, sur lequel un homme, nu jusqu'à la ceinture et tenant d'ordinaire un rhyton de la main droite, est à demi couché; près de lui, sur le bord du lit ou sur un siège élevé, recouvert d'un coussin, est assise une femme; des suppliants se dirigent vers eux; devant le lit est dressée une table sur laquelle on remarque diflérents objets, les uns ronds, les au­tl'flS en forme de cônes ou de pyramides (6). » L'usage d'offrir ainsi à la divinité uu banquet sacré explique pourquoi l'on con­servait dans les temples des lits, des tables et tout ce matériel de tapis, de nappes, de coupes, de couteaux, que l'inventaire de Sa-1110S nous fait connaître par le détail. C'était un usage si connu, qu'il est à peine indiqué, par quelques mots d'allusion, dans les

(1) C. 1. A., II, 631 : È'!r' /li 'r.,,~ 'rpci.'!rE~a.~ xWÀi'î~, '!rÀEUpO~ !crxiou, 'l\lLixpa.tpa.~, xopoij;. La mêmc formule revient plusicur s fois.' ,

('2) Aristophane. PLutus, 678. (3) Denys d'Halicarnasse, Antiquités romaines, II, '23: Èyw yov~ ÈOEa.crci.IL'fl~

È~ lEp'"'; o!xta.tç àd1tva. 1tpOXd[J.EVa. OEol; È1tl 'rpa.'!rÉ~<Xt; l;uÀt~<X';, tipX<x'(Xotlç Èv XctV'flcrt x<xl mv<xxlcrl<Otç XEpa.[J.ÉOtç, ti)''!'t'rw~ ILct~otç xotl '!r01t<XVot xotl ~Éot; xotl Xotp'!rw~ 'rtVw~

ti1t<XpXct;. ('1) C. Curtius, lnschriften, 6 : [x]01tt[ç, -iJ)6EOç lXEt (ligne '27); ILctXottP<Xt llL lLot­

xot'POOijXEt ÈVL ~é)<x, 'rOU'rWV ILl <X '!rotpit 'rEl 'Hp<Xt (1. 53). (5) Voir mon CataLogue des figurines en terre cuite dIt musée de La Sodélé ar­

chéologique d'Athènes, n° 737. (6) Paul Girard, Ex volo lb EscuLape (Bull. de corr. heUén" Il, p. 74).

FONCTIONS DIACONALES DES PRÊTRES. 51

inscriptions relatives à l'administration sacerdotal . de. on se contente eCr,~m~rquer ~ue le prêtre a préparé ]e lit et orné la table (1)

etaIt au pretre en eff t ". . . . . '1 ,e , qu etmt remIS le soin d'offrir à ]a di

vllute e repas accout '. -l t t C ume, comme aUSSI de veiller à la toilette de

Oa S a, ue. ette ~ double obligation était désignée par les mots epIX'!twetv et xovp.etv (2) Il d 't '

t d . " eVaI entourer la divinité d'un" solI' . u e attentIve préve '. " ICI-offices journaÙers d,:~rssees :nt oll~~res désir~ et lui renùre tous les

l'VI eUl a son maltre V oil' -' l llom de « serviteurs de 1" d' . . t' .' a pOUl'tlUOI e

• " IVl111 e » est SI souvent tt'b ' pretres daI:s l'anti~uité (3). Ce titre, auquelle~ chrétie~s ~n~o~~~ un sens metaphol'lque et qui ne marque plus po ' ble soumission de l'homme .'t Dieu d" l'ur nous que 1 ham-

't l' < 'v a creature au Créateur aVal pour es anCIens un sens littéral Le prAtl'e t;t~' t'II ' un se··t . . "v ul ree ement lemel~;~ae~~~'nÎeaurrcee q(l~e led~emple auquel. il était attaché était l'éel-

un leU' que ce dIeu 't' . sent; qu'il y vivait commeun'roi dans son Yle.a~t touJo~rs pr~-être du matin au soir prêt a' t' f '. 1 pa ms, et qu'Il fallaIt

sa IS au e es eXlo-ences t 1 . de ce sei.gneur parfois difficile (4). " 0 e es capl'lces

Ce qm montre bien toute la réalité de ceLt le plus souvent le prêtr" du sa t' e charge, c'est (lue

. . '-' nc ua Ire Il'y suffi . t (-VOICI, par exemIJle de qu"lle .. l ,Ism pas ;).

, v mamere es ch . dans ]e temple d'Athèna Polias 'Ath' OSes ~e paSSaIent d, J. a enes La pretre 't' t

auord assistée de quatre petites fill d '. sse e al es e sept a onze ans, qu'on

~l) _Co 1. A." II, 305, ligne 13 : È1tE[J.E),ijO'l[crot]v ai [Xotl 'r'-' , x.ot, "l')ç x[ocr)ILl')[VE(i)ç .. ijç 'rpot1té~"l;). Voir aussi 374 r" /1' crT~Wv,,:o; Ti'î; û,i]v'fl; ligne 11. ,Ione ; 373" ligne 18; 453',

~'2) Lc Bas et ~oucart, ~nscription3 du Péloponèse, 35'2h li.... . , X<J(, crUVEUl<[O]cr[J.[ou]vot. Euripide Ion 94. ~ ,T 'p , one 7 . O"P<X7:"\ioucr<x <I 'B, ' , • W '<'Otuou AEÀ~o! 0" 'Otuov V<XOuç OEp<X1tEUW. Pollux l 14. '_, _ _ 'i' "P<X1teç, ct vers III :

(3) ~ , " . 0' 0" 'rwv OEW~ Ozpcm"uT<X" -el'VlUS, Commentaire sur Virgile Ené'd l 73 ,t '''re'ç.

nu . , h ' te" . « Sacerù d' miDI, oc est ad obsequillill datus E' 'd' os Icatus est ILOt - OE" a 'À '" .)) - unpl e, Ion 131 . x),'t '. -" , " Otvt~ ou <x~ x"r' EX"W. Et plus loin vers 309. '_ 0 ._ "vo, G 01tovo;

E'[J.t Te. '. TOV eo'J lt<X),OU[J.<X' I)ou),o,

(4) Sénèque nous donne un tableau 1 uant d' . " " A/lUS nomina deo subjicit alius h PJq. un lOterICur de temple .

t , , - oras OVl nunciat al' 1- . nnc or, qUI vano motu brachiorum - -t t ' lUS Ictor cst alius '1" Iml a ur un"uentem Su t ' "' lllervœ capll10s disponant : lon"e t / 0 • n quœ J unoni ac d' 't 0 a emp 0 non tanlum ' Igi os movent ornantiurn modo St' a slmulacro stantcs dimonia Sua deus aùvoccnt sun~ qU~nrbq~œ speculum tencant, sunt qui ad va­ceant. Ductus archimimus 'sen . 1 dl e os .offcrant et i110s causam Suam do-

, ex Jam ecrepltus qu t' d - , agebat, quasi ùii libenter spectarent qu 1 .' 0 1 Je III Capitolio mimulll D' l ' , em IOmllles desierant (F

la ogue sur la superstition). » ragments, XII, (5) Pour le bahquct sacré offert à Z f.<

était assisté d'une commission (C 1 A eruIs 3"Oo_ter et Athèna Sotcira, le prêtre • '. " , <».

Page 33: Les sacerdoces athéniens

, 52 LES SACERDOCES ATHÉNIENS.

appelait les ar1'hèphores (1) : un vote à main levée les choisissait chaque année parmi les plus nobles familles, probablement parmi les familles sacer<lotales qui touchaient de plus près au culte d'Athèna. Elles demeuraient dans le voisinage de l'Erechtheion. Deux d'entre elles, appelées « ouvrières, tpylX(jTtVCtt, » tissaient le péplos qui devait figurer aux Panathénées; les deux autres avaient un rôle particulier qui ne nous est pas connu. O. Müller pense qu'elles s'occupaient spécialement, l'une de la toilette, l'autre du repQs de la déesse; il leur attribue les noms de KoO"!,-,:, et de TplX7tE~6J ou TplX7tE~Orp6roç , qui se trouvent mentionnés dans un fragment de l'orateur Lycurgue et que portaient certainement deux femmes chargées d'assister la prêtresse d'Athèna (2). Mais le titre de prêtresses, que donne le texte, s'applique difficilement à des enfants de dix ans. Quoi qu'il en soit, les mots de KOO'P.6J et de TplX7tE~6J indiquent suffisamment le caractère des fonctions qu'ils représentent.

Il y avait, de plus, une famille vouée par tradition au ser­vice personnel de la déesse: c'était le yivo, des Praxiergides. Il avait le privilège patrimonial d'habiller et de parer l'antique sta­tue, le xoanon d'Athèna Polias (3). A la fin du mois de Thargè­lion, lors dos Plyntèries, les membres du yivo" réunis dans le sanctuaire, accomplissaient des cérémonies seerètes, pOUl' dé­pouiller la statue de ses ornements et la couvrir d'un voile (4) ; puis, suivis d'une procession solennelle, ils la portaient à Pha­lère (i»), au bord de la mOl'. C'est lJI'obablement dans cette famille qu'étaient choisies les deux jeunes Hiles aJlpelées rnUV't"FLOEÇ ou Aou­

't"pLOEÇ, dont les fonctions, disent les lexicographes, étaient d'être occupées « autour do la statue (6) , » et qui, sans doute, avaient à laver les vêlemonts sacrés de la déesse, à Phalère. Un autre personnage sacerdotal, désigné sous le nom de X;,('t";,(VL7t't"'tj" et dont le ministère consistait il. nettoyer le bord inférieur du péplos, ap-

(1) Hésychius, 'App"lj\,opol et 'Epyo:uTL'IIXI. Pausanias, l, 27, 3. O . .Müller, lUi­nerrœ Paliadis sacra, p. 101 et suivantes, (dans les Kunstarch. lVerke, t. 1).

(2) Orateurs attiques (Didot), t. II, p. 3Gl. fI'. 48; Ha;'pocration, Tpo:7t€~o\,opoç. (3) Hésychius, IIpCl:çlEpyillO:I. Schœmann, Griechische Alterthümer, II , p. 412.

C. J. A., II, 374, lignes 17, 18. (4)' Plutarque. Alcibiade, 34 : IlpwO"I IlÈ TtX 02Y11X IIpCI:~IspyiolXI 0IXpy"ljl.lwvo; hT'I,J

\,Oi'lOVTO; tX1t(iPP"ljTIX, TO'l H ,,6u(J-ov "",O"),OVTE; "o:l TO 1000; "o:'t"o:.«XÀVo/O:VTEÇ. (5) C. 1. A., Il, 470, li;;l1e 10 : uUVéÇ1jyo:yov Ilà "lXl .. [1j'll Ih)),aè;o: (J-ETtX T';;V yE'I­

'1"1jTWV. Le mot YS'I'lrjT"'I désigne très probablement les Praxiergides. (G) Hésyehius, ÀouTpillô; . IX! rcôpl TO fiè;o; Trj; 'AO"ljv&; 0'.10 T:Cl:pOi'IOt, 1X'1 ,,0:1 II),uv­

TpioE; ).ÉyOVTlXt.

r 1

1

FONCTIONS DIACONALES DES PRÊ'l'I\ES. 53

p~rtenait, selon toute probabilité, à la même famille des Praxier­gIùes (1).

Le rôle que C{iltte famille remplissait auprès de l'imaae d'Athèna parait avoir été dévolu, dans le culte de Dionysos, à une autre far~ille, c?lle des Bacchiades. Elle nous est connue par un autel votIf, orne de masques et de guirlandes, qu'on a retrouvé au sud du théâtre de Dionysos (2). Le titre de 7tOp.7toO''t"O):I.<1IXv-re, ou « di-­re~teurs ~e la pI:ocession, » attribué aux deux personnages qm ont fmt la dedlcace , et l'importance du monument consacré dans l'enceinte même du 't"lP.EVO" prouyent que les' membres de cette famille avaient des fonctions religieuses et que ces fonctions touchaient de très près à la célébration des fêtes de Dionysos: peut-être conduisaient-ils la procession et formaient­~ls con:m~ une garde autour de l'image du dieu, quand cette l~age ,et~lt transportée jusqu'à un petit sanctuaire, situé près de 1 ~ca~emlO, et devant lequel, sur un autel à feu (lO'x.aplX) , on sa­cnfimt en chantant des hymmes, ou bien, quand le soir du même jour, à la lueur des torches, elle était amenée au théâtre, pour les représentations dramati(lUeS du lendemain (3). C'est ainsi que les. Praxiergides faisaient escorte an Palladion et con­duisaient la procession jusqu'à Phalère. Il est Hai que le monu­ment des Bacchiades date de l'époque impériale. Mais la consti­tution de la famille est très ancienne: elle est désignée sous le nom de ylvo;, et l'on voit qu'à l'exemple des yin, d'antique origine elle était administrée par un archonte.

Dans d'autres .sanctuaires, on rencontre également des familles auxquelles appartenait le droit traditionnel de soigner la sta­tue (4). A Olympie, les descendants de Phidias jouissaient du privilège d'entretenir en bon état l'image de Zeus. On les appelait

(1) Grand Etymologique: "<XTIX'Ii1tT"Ij;' !ôpwO"VV"Ij 'A61jVYJO"w, 6 TtX "aTw TOV 1t€7tÀou 't"rjç 'AO"lj'l&; rurcO:WO(J-EVO: &rcoûvvwv.

(2) C. 1. A., III, 97 : IItO"~o"paT"Ij; "o:l 'ArcoÀl.oôwpoç :!:o:~ûpou Aùptô,,, 1tO(J-1toO"~o­),fjulXvTE; "Cl:l ap;'::O'lTE; yS'Io(J-ôVOt TOV y€VOU; TOV BO:"Xto:ôwv tXvÉO·r,,,o:v. Voir' Schœne, Griechische Reliefs, pl. V, VI.

(3) C. J. A., II, 471, lignes 12, 13 : elu1jyo:yov ôÈ ["llXl TOV .1tOvuuov &rco rij; ÈlJxapo:; el; Ti, Oi,,",pov (J-ETtX 'i'WTO;. Philostrate, Vies des sophistes, II, 1, 5 : 6rco't"s il'fi"ot .1W'I~O"to: "lXl "1X~iot Èç 'A""a"ljIJ.llXv ~O TOV .1W'IVIJOU liiloç. Mommsen place cette pro­cessIOn à la fète des Anthestèries (Heortalogie, p. 353. note "). Le caraêtère de cette cérémon~e, qui se célébrait aux Dionysies, a été mis en lumii)re par M. FO~lcart: Sur ~ authenticité de la loi d'Erégaros citée dans la Midienne (llerue de Philologie, aVril 1877, p. 176 et suivantes).

(4) A Mantinée par ex~mple (Le Bas et Foucart, Inscriptions du Péloponèse. 352h).

Page 34: Les sacerdoces athéniens

51 LES SACEIlDOCES ATHÉNIENS.

9,;(~0f1JV-r';(( OU 9êOOV1'(I.[, de 9;l~Fvvm, qui signifie « laver, net­toyer (1). )) Le même titre de 'f'(l.laUV't'~ç se retrouve à Athènes dans certaines inscriptions du temps de l'empire: olles mentionnent le 'f'(l.lOUV't'~ç des deux déesses d'Eleu sis , qui venait annoncer à la prêtresse d'Athèna que les objets sacrés, 1'& lepcf , c'est-à-dire les images, arriyaient d'Eleu sis pOUl' figurer dans la procession (2) ;

. clIcs mentionnent aussi le 'f(l.touV't'·~ç de Zeus Olympios èv &aw, et celui de Zeus Èx IIda'IJ; : ces deux derniers personnages avaient leurs sièges au théâtre de Dionysos (3).

Le 1I1'i vili~ge qui s'attachait à la plupart de ces fonctions est une mar1lue cel'laine de leur importance. C'est qu'il ne s'agissait pas seulement d'entretenir une statue en bon état, c'est-à-dire de conserver intact un objet matériel. Il faut bien comprendre que colte sollicitude prévenante du prêtre et du personnel qui l'assis­tait s'adressait à la divinité elle-même; qu'il y avait là un acte religieux; et que, plus on ('tait attentif ~~ l'accomplir, plus la di­vinité était engagée envers les hommes il se montrer COml)lai­sante à leurs vœux.

(1) Pausanias, V, 14, 5. (2) C. 1. A., III, 5, lignes 13, lIl: 6 'f'~.tôuv~i]; ~oiv 0z[oiv] ciyyùh, x[a~]ci ~,x

7ti-rr t'J. ~~ lôpd'f ~1i; 'AO·~vii;. On voit par les IllOts xa~,x ~,x 7ti~p,a 'lue, si l'ins­cription cst ùe l'épo'llIO impériale, la charge Ùll 'f'atÔu'I~~; ù'Eleusis est une

institution ancienne. (3) C. 1. ,1., III, 2Vl , 283.

r 1

CHAPITRE V.

FO:>lCTIONS LITURGIQUES DES PRÊTRES. DE LA RÉPARTITION DES

SACRIFICES ENTRE LES DIVERS SACERDOCES.

Quelle qu'ait été l'importance des obligations en quelque sorte domestiques qu'imposait aux prêtres la présence supposée de la divinité dans le sanctuaire, ils avaient d'autres fonctions bien plus considérables encore, celles que nous avons désignées sous le titre de fonctions liturgiques. Elles résultaient pour eux des sacrifices que les particuliers et la cité offraient aux différents dieux.

11 n'est pas nécessaire de prouver longuement que la célébra­tion des sacrifices constituait la principale attribution du sacer­doce. Le prêtre est celui qui fait monter l'offrande du sacrifice jusqu'à la divinité (1). Il est souvent appelé « sacrificateur (2). »

De nombreux décrets louent les prêtres d'avoir mené à bien les sacrifices. Avant d'étudier en détail le rôle du prêtre dans l'ac­complissement de toutes ces cérémonies, qui avec leurs rites com­pliqués et leurs formules délicates exigeaient son ministère, il faut d'abord se faire une idée du nombre des sacrifices privés et publics qui se célébraient à Athènes, et chercher à déterminer, au moins d'uue manière générale, quelle part en revenait à cha­cun des sacerdoces.

Dans l'antiquité, la religion se trouvait si étroitement liée aux actes de la vie privée qu'il serait difficile de marquer où elle n'in­tervenait pas (3). Pour l'Athénien, qui n'était pas le moins pieux

(1) Grand Etymologique, !epzv,' 7tapoc -ro fY}{L1 '1'0 7tÉ{L7tW, " ~,xç Ouata, &vamf{L7twv -rij> Oeij>.

('2) Maury, Religions de la Grèce, t, Il, p. 396. (3) Platon, Timée, p. 27, C : ~oil~o ye oi] 7t~v~eç, /laol xa~ xa'l',x ~paxv aw?poo-U'/Y),

Page 35: Les sacerdoces athéniens

LES SACERDOCES ATHÉNIENS.

dos Grocs , los sacl'ificos s'ônchaînaient depuis la naissance jus­qu'à la mort. Il y en avait avant le mariage, pOUl' attirer sur los époux la protection des Euménides (1), de Zeus Téleios et de Hèra Téleia (2); d'autres après le mariage, pour plaire à certaines divi­nités qui portaient le nom de Tpt't"o7tch'opEç (3) et pour obtenir d'elles l'espoir d'un enfant; d'autres, lorsqu'avait lieu, le troisième jour de la fète des Apatouries, l'inscription des enfants dans la phratrie (4) ; d'autres, à l'an ni versaire de la naissance (5); d'autres enfin, lorsque le jeune homme, au moment d'entrer dans l'éphéhie, coupait sa chevelure et la consacrait à quelque dieu (6). S'agissttit-il d'ent,re­prendre un yoyage? on sacrifiait; au l'et 0 lll' , on sacrifiait encore. On sacrifiait pour conserver ou recouvrer la santé, pour réussir dans ses affaires; tous les bonheurs, tous les accidents, les moin­dres comme les plus graves circonstances de la vie étaient au­tant d'occasions de s'adresser aux dieux (7). Xénophon rappelle au commandant de cavalerie de ne jamais manquer àce pieux devoir m'ant d'exercer sa troupe. La première chose que firent Thrasybule et ses amis, quand ils eurent chassé les Trente Tyrans, fut de monter en armes à l'Acropole et de remercier Athèna (8). Après la victoire de Cnide et l'achèvement des fortifications du Pirée, Conon offrit aux dieux une hécatombe et convia tous les Athéniens à partager les chairs COll sacrées (9). Les corporations, comme les individus, avaient leurs usages religieux et leurs

f1.E~ÉZOV<1tv, È .. l mxv~oç 0PiJ-'li xetl <1iJ-tXPOù xetl iJ-EY&),ov TCpriYf1.et~O; BEOV cid TCOV Xet­ÀoveHv.

(1) Eschyle. Euménides, 835. (2) Pollux, III, 38. (3) Grand Etymologique, Tpt.omi.opEç .... <f>etv6o'l)f1.o; ili G''I)<1tv o'rt iJ-0'IOt 'AB'I)vetrot

000V<1t y.etl EIJzoVTet' et-:'~orç {ITCÈp yêVÉ'7EWÇ TCettÔWV. Sur les dieux Trt'OTC&~O~Ç, voir ,lIittheilllngen des d. a. 1nstitutesin Athen, IV, p. 287 : 'une borne trouvée en Attique porte l'inscription suivante, 6poç [ôrov Tpt't'OTCet~piwv Zetxvetllo,[v]. Les Zakyades sont probablement les membres d'une phratrie.

(4) Aristophane, Acharniens, scolie du vers 146; Démosthène. contre Macar-

tatos, 14. (5) Hésychius, YEvi6),tet. (6) Hésychius, XOurêw~t,. (7) Aristophane, Plutus, 1171 et suivants. Les comiques font de fréquentes

allusions surtout à la Jévotion des femmes. Ménandre (lrlisogyne, fragm. 4) : « Nous offrions. dit une femme, cinq sacrifices par jour. » - (Ibid. fr. 3) ; les maris se plaignent: « Ce sont les dieux surtout qui nous ruinent, nous autres hommes mariés; tous les jours, c'est une fête qu'il faut célébrer. » (Me­nandri ct Philclllonis fragmenta, Didot, p. 33.)

(8) Xénophon, Helléniques, II, 4, 39. (9) Athénée, l 5. .

r FONCTIONS LITURGIQUES DES PRÊTHES. 57

sacrifices. Certains artisans avaient une fète qu'on appelait I.Etpo-

7tovfex, et où ils immolaient des victimes (1). D'autres artisans, pro­bablement les forgerons, célébraient les XexÀxii'cx en l'honneur d'Hèphaistos (2). Les méùecins publics sacrifiaient deux fois pal' an à Asclèpios en reconnaissance des guérisons qu'ils avaient opérées (3). Les fètes de ce genre étaient certainement fréquentes dans la vie athénienne. Le souvenir s'en est en gl'ande partie perdu, parce que pour la plupart eUes étaient très simples, et que cette simplicité les dérobait à l'histoire. Les quelques exemples que nous venons de citer suffisent cependant à 1l10utrer que la dévo­tion privée des Athéniens était poussée fort loin, et qu'elle était 'attentive à associer ses dieux à tout.

La cité, de SOIl côté, n'était guère moins prodigue de sacrifi­ces (4). Les uns étaient des sacrifices ordinaires, constitués par la tradition et périodiques; on les désignait sous le nom de 7t&­

",ptot Sucr(ext (5); les autres étaient amenés par certaines circonstan­ces imprévues, extraordinaires; ils étaient institués pal' un décret spécial et s'appelaient pour cette raison Oucr(-X! xC('t"?x ~'lJ9(crll-ct"'c( (6).

Les plus importants des sacrifices ol'dinaires étaient ceux qui se célébraient tous les ans, il jour fixe, en l'honneur de chacune des divinités nationales, d'Athèna Polias aux Pana­thénées, de Dionysos aux Dionysies , de Dèmèter et Corè aux Eleusinies, d'Asclèpios aux Asclèpiées. Chaque dieu avait ainsi sa fète annuelle, qui comprenait souvent un grand nombre de cérémonies diverses, telles que processions, concours gym­niques, représentations dramatiques, mais dont l'acte prin­cipal, la cérémonie par excellence, celle autour de laquelle toutes les autres se groupaient, était (( le sacrifice J), .~ (JucrlC(.

Quelques sanctuaires, le Lènaion pal' exemple, ne s'ouvraient que ce jour-là. Parfois plusieurs divinitôs étaient associées à la même fète et recevaient l'hommage d'un sacrifice, en même temps que la divinité principale qui donnait son nom à la solen-

(1) Hésychius, XEtPOTCOV(et • tOp'rlj Èv 11 TEXV'~et' OUOV<1'. (2) Eustathe (JUade , If, 552). (3) C. J. A., II. 352" : TCri~pt6v È<1~t'l ",or, !et~pOrç 5<1ot Il'l)fLo,muov<1tv BUEtV .0

'A<1x),'1lTCti!> xet, ~Er 'rYtd~ ôl; ~ov ÈVtetU~Ov {mip •• etv~wv xetl ~wv <1WiJ-ri.WV ;:'v l!xet<1-TOt t<Xcrct\l't'o.

(4) Xénophon, Sur les rel'mus. 6, 3 : dIV "(<IP OEt;> TCpetnoiJ-ivwv Elxo; xetl ~<I; TCp<iI;EtÇ TCpotivett ÈTC' 'ta Àt;>ov Ml aiJ-EtVOv cid 't'li TCO),EI.

(5) Lysias. contre Nicomaque, 19. C. 1. A., II, 453": è6v<1EV ... 'ro,; 6EOrç ol. TC&'rpWV ~v.

(6) C. 1. A., II, 477b : 'rat; fJvdetç CtTCri<1etç 't'É6uxtv Xet~at [~<Il o/'1l<P(<1iJ-et.et.

Page 36: Les sacerdoces athéniens

58 LES SACERDOCES ATHÉNIENS.

nité : c'est ainsi qu'aux Pallathénées, des victimes étaient im­molées à la fois aux autels d'Athèna Poli as , d'Athèna Nikè et d'Athèna Hygiée; aux Dionysies, outre le sacrifice principal qu'on offrait à Dionysos Eleuthéreus , il y avait dAS sacrifices en l'honneur de Poseidon Pélaghios, de Zeus Soter et d'Ammon (1). Aux Eleusinies, tandis que la procession s'avançait sur la voie sacrée, elle offrait des sacrifices aux divers autels qu'elle ren­contrait sur son chemin. Ces sacrifices des grandes fêtes annuel­les étaient presque toujours magnifiques. On immolait un grand nombre de victimes, le plus souvent une hécatombe, quelquefois davantage, comme au jour anniversaire de la ba­taille de Marathon, où cinq cents chèvres étaient égorgées sur l'autel d'Artémis Agrotéra (2). Une foule considérable prenait part à ces somptueuses cérémonies. Les corps de magistrats et d'offi­ciers publics, le collège éphébique en armes (3), tous les citoyens, y compris les prisonniers, auxquels on rendait pour quelques jours la liberté sous caution (4), les métèques avec leur famille, les colonies athéniennes et les villes alliées, représentées par des députations ou théories, tout ce monde s'avançait avec ordre vers le sanctuaire de la divinité qu'on célébrait, formant cette proces­sion imposante (7top.r.~) dont le tableau nous reste sur la frise du Parthénon. Pendant la durée de ces fêtes, la vie publique était suspendue (5). Le peuple se livrait à toutes sortes de spectacles et de réjouissances i une distribution de viande et de vin était faite, dans chaque dème, à tous les Athéniens, aux frais de la répu­blique (6).

Après les sacrifices annuels viennent les sacrifices mensuels. Dans un décret cité par Athénée, il est question des sacrifices

(1) 'A 6 -Ii v ot 10 v, VI, p. 482, nO 3 (Voir plus loin la copie de cette inscription en appendice).

(2) Plutarque, Sur la malignité d'IIérodote, 26. (3) Voir les inscriptions éphébiques, C. 1. A., II, 469, 470, etc.; A. Dumont,

Essai sur r éphébie attique, t. l, p. '249 et sui v. (4) Démosthène, contre Androtion, 68, scolie (p. 614, 23) : lOo~ Yiv 7totpIX 'l"oi,

~Ol'jVot(OI' Èv 'l"oi; âlovvO"(olç lIotl Èv 'l"oiç TIotVotOl'jvot(Olç 'l"OÙç ôôO"!J.W'I"otç IXql(ôO"Ootl 'l"OV

ôôO"!J.ov lv ÈlIôtVotlç 'l"otiç T,!J.Épotlç 7totpotO"XOV'I"ot; ÈyyVl'j'l"IXç 7tpOç '1"0 !J.~ qlVyE!V, (Vot lIotl '1"0

EÙO"E6èç ySVl'j'l"otl 7tpO; 'l"OOErOV lIotl ,xO"'i'otÀÈ, vmxpx'I1 'l"oi; XpEto>(J"·<QV!J.ÉV01, !J.~ 'i'Euy6v'I"to>v

'l"WV ÔEO"!J.to>'I"WV. . (5) Démosthène, contre Midias, 12 : 'l"WV 7tpO'l"EpOV YEYEVl'j!J.ÉVto>v IXÔllI'1l[l4'1"WV '1"0

Àot!J.6livEIV ô(lI'1lV È7tÉcrxEn 'l'otV'I"otç 'l"IXç T,!J.€potç. (6) C. 1. A., II, 163, lignes 25 et suivantes. Voir aussi le décret du dème

des Plothéens (C. J. A., II, 570, lignes 34 et suivantes) : [xotl È], 'l'IX lEpIX 'rIX

XOIVIX Èv OO"OIO"LV ~[O"'rIWV]'I"otl TIÀwOij; 01vov 7totpiXEIV T,Ôù[v Èx 'l"OV]XOIVOV.

r FONCTIONS LITURGIQUES DES PRÊTl\ES.

mensuels que devra accomplir le prêtre d'Hèraclès au sanctuaire du Cynosarge (1). Un passage des Hèraclides d'Euripide montre qu'à la nouvelle lune on célébrait des sacrifices sur l'Acropole (2). Le même fait est attesté par un texte de Démosthène (3). L'auto­rité de ces témoignages est encore confirmée par les exemples de sacrifices périodiques semblables qu'on rencontre dans un certain nombre d'autres villes grecques. La loi qui règle les devoirs de la prêtresse d'Artémis Pergaia à Halicarnasse lui enjoint de sacrifier à la nouvelle lune (4). Porphyre mentionne une réponse de l'ora­cle de Delphes à un riche Asiatique qui demandait quelle était la meilleure manière d'honorer les dieux, et signale, entre autres cérémonies recommandées par l'oracle, les sacrifices mensuels (5). Les habitants de l'Elide sacrifiaient une fois par mois à tous les autels d'Olympie (6). D'après Lucien', les sacrifices de ce genre étaient d'un usage général dans la Grèce (7).

Parmi les sacrifices ordinaires de la cité, il faut enfin ranger ceux qu'accomplissaient les différents ordres de magistrats périodiques, pour associer les dieux à leur administration. Tels étaient les sa­crifices des archontes, des prytanes, des stratèges, des agonothè­tes, des eosmètes. Plusieurs inscriptions, qui leur décernent des éloges publics pour le zèle qu'ils ont montré dans l'exercice de leur charge, contiennent, entre autres considérants, la mention des sacrifices dont ils sc sont acquittés. Il en était de même pour les commissions administratives qui se renouvelaient à époque fixe et suivant une tradition régulière, trésoriers des richesses sacrées de la Déesse et des antres dieux, hiéropes annuels, épimélètes des grands et des petits Mystères, épimélètes des Dionysies. En général, on peut dire, Démosthène d'ailleurs le remarque (8),

(1) Athénée, VI, 26, p. 235 : 'rIX ôè È7tI!J.~Vlot Ov€'I'W 6 IEpEù, !J.E'rIX 'rWV 7totpotO"('rwv. Harpocration, l7tl!J.~vtot.

(2) Euripide, Ilèrac!ides, 777-779 : lm( 0"01 7toÀvOV'I'Oç IXd - 'rl!J.IX Xpot(VE'I'otl, oùliè À-li0EI - !J.'1lvwv 'i'0lvli; ,x!J.Épot.

(3) Démosthène. contre Aristogiton, 1. 99 : 7tW; /lè 'roti, vOV!J.'1lV(otlç Elç 'l"Yiv IXlIp6-7tOÀIV .xVot(5ot(VOV'l"E, 'I".xyotM 'r~ 7tO),EI Iltôovotl xotl lxotO''I"oç totV'I't;> 'r01ç OEO"(; EUÇE'I"otl. C. 1. A .• l, 324, fragment c, col. 2, lignes 28 et 29 : lV'I1xotl v[€],!, Elç OUO'totv 'r~ ~O'llVot(ot[I].

(4) C. 1. G., 2656 : 7tOIE(O'Oto> ôè 'Ii lÉpElot xotO' txliO"'I"'1lv vov!J.'1lv(otV l7tlxovp(otV fntèp 7toÀEwç.

(5) Porphyre, Sur l'abstinence, II, 16. (6) Pausanias, V, 1~, 10. (7) Lucien, sur le parasite, 15. (8) Démosthène, sur la. fausse ambassade, 190 : Èyw ô'olô' Ihl 7tlivnç 01 7tpv'rli­

Vol; OVOVO'lV tllctO''I'O'l"ô XOlV~ xotl O"UVÔol1tVOVO':V .xÀÀ~),Olç xotl O"vO"7tÉVOOU<TlV... 'H ~ovÀ~

Page 37: Les sacerdoces athéniens

60 LES SACEIIDOCliS ATHÉ;IIENS.

que presque tous les collègôs de magistrats, d'officiers publics ct de juges avaient à célébrer en commun des sacrifices, réguliers comme la succession même de ces colli:ges périodiquement re­nouvelables. Ils les faisaient au nom de la cité et à ses frais, mais eux seuls y prenaient part et la vie publique n'était pas arrêtée. Plusieurs de ces sacrifices étaient des sacrifices d'inauguration (ElO"t-n1?tiX) (1), ou bien des sacrifices de séparation (~Çt't"~ptiX) (2), que le collège accomplissait avant de commencer ses travaux ou bien au moment de les terminer et de remettre ses pouvoirs.

Les sacrifices extraordinaires de la cité (6UO"{iXt XiXT& <jI"IJ:ptO"f'-GCTiX) étaient institués par décret (3). Il faut se garder de croire ce­pendant que le Conseil des Cinq-Cents et l'Assemblée aient cu toute autorité pour retrancher ou ajouter à la tradition religieuse. Nous avons vu plus haut que cette tradition, qui était une chose divine (4) , devait être immuable. Il ne venait à l'idée d'aucun Athénien que le Peuple, qui était souverain en toutes choses, eût le droit d'y rien changer. Si dans la pratique les usages se modi­fiaient, si de nouvelles cérémonies s'introduisaient à la longue dans le culte, si des sacrifices extraordinaires étaient décrétés, ces innovations étaient ou commandées ou tout au moins auto­risées par la volonté des dieux eux-mêmes. La cité ne prenait jamais aucune initiative religieuse avant d'avoir sollicité la déci­sion d'un oracle. « Le Peuple athénien consulte au sujet du signe qui a été vu dans le ciel (5). Il demande ce que doivent faire les Athéniens, à quel dieu ils doivent om'ir des sacrifices et des prières, pour que les suites de ce signe soient heureuses. - Les Athéniens feront bien, à l'occasion du signe qui s'est montré dans le ciel, d'offrir des sacrifices à Zeus som'erain, à Athèna souveraine, à l-Ièraclès, à Apollon sauveur, et de consacrer aux dieux leur part pour se les rendre favorables. » Plusieurs oracles au même genre sont cités ailleurs par Dcmosthène (6). Tous in-

'totùTOe Totihot , e!O"tT"ptot fOurr., rrUVôtrrTta.6l'l· rr1tovllwv, t.pwv 6XOtVWVl'lrrIXV 01 O"'tpot­'tl'lyol, O"x.llov w; .l1tErV ott dtpxotl 1têÎ.rrott.

(1) Suidas, .lO"t~ptIX. (2) Hésychius. èl;tT"ptot. (3) Voir Démosthène, pour la couronne, 217: o/l'lyirriJ-IX't1X OUO"twv. (4) Til 't1j; orr[IX;, OnÔ"1tOT' èrrTI, 't" rrEiJ-vilv XIXl Til IlIXtiJ-OVlOV (Démosthène, con.,

tre J!idias, 126). Voir plus haut, p. 17.. . (5) Démosthène, contre JJl!1cartatos. 66. . (6) Discours contre jIidias, 52, 54. Voir aussi Aristophane, Paix, 1088 : Hi~ro­

c1ès demande à Trygée en vertu de quel oracle il fait des sacrifices. Les InS­

criptions trouvées par M. Carapanos. à Dodone présentent plusieurs exemples

r FONCTIONS LITURGIQUES DES PRÊTRES. 61

diquent avec précision les sacrifices à faire. L'Assemblée du Peu­ple n'intervenait donc que pour régler les mesures et les détails d'exécution, pour subvenir aux dépenses et désigner les corn..., missaires. En déclarant que tel jour, dans tel sanctuaire, par les soins de tel magistrat, des sacrifices extraordinaires seraient célé­brés, le décret ne sanctionnait pas les décisions d'une autorité ~umaine : il n'était (lue la promulgation légale et la mise en pra­tIque d'un ordre envoyé par la divinité.

Parfois il arrivait qu'au lieu de s'adresser à l'oracle et de de­mander directement un conseil à la divinité, la cité crovait l'econ­n~î~l'e. l'inspiratio~l divine dans certaines des prédi~tions que debItalCnt par la VIlle les devins non officiels, les chresrnologues (;(p''l0"p.oÀ6yot). Cette classe de personnages était nombreuse chez les Athéniens, d'autant plus nombreuse qu'elle avait plus de prise SUl' l'imagination toujours inquiète de ce peuple superstitieux. Thucydi~e p~rle à ~lll~ieurs reprises de ces diseurs d'oracles (1), et les raIllerIes qu Al'Istophane (2) leur adresse témoiO'nent à la fois de leur charlatanisme et du crédit dont ils jouissaient à l'agora, auprès des petites gens auxquelles ils anno~lcaient l'ave­nir. Leurs prédictions, dont ils avaient toujours provi~ion, étaient souvent dédaignées; mais quelquefois aussi on les écoutait : c'était dans les moments de crise publique, quand le dano-er sur­excitait les esprits et que l'agitation était partout. On ~oit par Thucydide que la chose arriva pendant l'expédition de Sicile puis ]u'après le désastre la foule exaspérée s'en prit à eux de se~ espérances trompées. Quand par hasard leurs paroles se l'éaJi­saient, on croyait que réellement un dieu les alait inspirés et la cité s'empressait de décréter les sacrifices qu'ils avaient dem;n­dés; car ils ne manquaient jamais d'en demander en même temps qu'ils faisaient leurs prédictions, indiquant ainsi d'avance comme le pri~ dont il faudrait payer un jour l'heureux avenir qu'ils an­nonçalOnt. Lors de l'expédition de Périclès contre l'Eubée un de­vi~, nommé Hiéroclès, le même probablement dont sd moque Al'lstophane dans la Paix, avait prédit certains é"énements et de­mandé on même temps des sacrifices pour plusieurs dieux. Les événements s'étant produits conformément à ses prédictions, le'

de consultations faites par des villes à l'oracle (Dodone et ses ruines p. 70 n° 1, nO 2; p. 72, nO 4; voir p. 142, note 1). "

(1) Thucydide, II. 21 ; V, '26; VIII, 1. (2) Aristophane, Cheraliers. 100. 797, 818· Oiseaux 960-990' Paix 104~

108' 10' '" , v , 1, 87. Eupohs, dans les Fragmenta comicorum gr:ecorum (Didot) p. 183

fr. tG. ' ,

Page 38: Les sacerdoces athéniens

62 LES SACERDOCES ATHf:NIENS.

Conseil des Cinq-Cents et le Peuple décidèrent d'accomplir les cérémonies prescrites (1). C'étaient des sacrifices décrétés, mais dont l'initiative revenait par le fait à quelque divinité, pnisque le ehresmologue qui avait eu la fortune de ne pas se tromper dans ses conjectures passait aux yeux de tous pour avoir été l'in­terprète d'un oracle divin.

Il y avait d'autres sacrifices extraordinaires, ceux que l'on cé­lébrait pour l'acquittement d'un vœu. Quand les circonstances étaient graves et que la république était en péril, le Peuple athénien, par la bouche du héraut public, qui était l~ voix de la cité (2) faisait un appel à ses dieux. Il s'engageaIt à leur rendre des' honneurs particuliers et à leur offrir un sacrifice solennel précédé d'une procession, si telle entreprise qu'il com­mencait réussissait et si le danger qu'il redoutait était conjuré. C'est" ainsi qu'au début des guerre::; médiques, les Grecs firent aux dieux des vœux extraordinaires pour échapper à l'invasion et sauver la Grèce de la servitude. La guerre terminée, Périclès voulut convoquer un congrès général :des cités helléniques pour aviser aux moyens d'acquitter ces vœux (3). De même, avant la bataille de Marathon, les Athéniens promirent d'immoler à Ar­témis Agrotéra autant de victimes qu'ils tueraient d'ennemis (4). On a de ces vœux publics quelques monuments épigraphiques, qui nous en ont conservé la formule (5). « Le héraut fera immé­diatement un vœu à Zeus Olympios, à Athèna Polias, à Dèmèter et Corè, aux Douzc Dieux et aux Déesses Vénérables, s'enga­geant, si la décision prise au sujet de l'alliance est avantageuse au Peuple athénion, à, célébrer en lour honneur un sacrifice et à organiser uue procession, quand l'aUaire sera terminée confor­inément à la déeision du Peuple. » La même formule était répé­tée et se restitue lians les décrets relatif!' à l'envoi de clèrouqucs

(1) C. J. A., 1 (supplément) , 27", lignes 64 et 65 : 't'IX oè: lepIX 't'IX il< 't'WV XP"flIJ-!,-WV {m~p Eùl')o,:<; &VIJ:<L. Voir Foucart, Mélanges d'épigraphie, p. 13 et suivantes.

(2) Thucydide, VI, 32 : l;u!L7tIXVn:, (mil x~l'vxo,.

(3) Plutarque, Vie.de Périclès. 17. (fI) Plutarque, Sur la malignité d'Hérodote, 26. Voir le vœu des Troyens dans

l'lliade, VI, 91 et suivants. (5) C. l, A" Il, ;) ï b

: EV!;IXIJOIXL (J-è:v 't'oYX~PVXIX IXÙ't"XIX (J-,x),1X 't'ij> ~tt 't'ij> 'OÀv(J-7t(<t>

XlXl 't''ij 'AO"flvq. 't''ij IIoh<ioL XlXl 't''ij ~~(J-"fl't'pL xlXl 't''ij Kop't,J xlXl 't'oi, ~wIlEx[1X 0]w"i, XIX'

't'lXi, ~E(J-VCX"iç 0ElXi;, ÈIXV IJ\JVEVE(yX"l] [' AO"flv ]IX'WV 't'ij> o~(J-<t> 't'IX OO!;IXV't'1X mpl 't'1j. IJV(J-(J-IX' Xi[<>;. OVIJ(o;]v XlXl 7tpOIJOOOV 7tO\~IJEIJOIX[L] 't'û'ov(J-évwv ['t'ov't'wv XIX]OO't'L &v 't'0 1l~(J-<t>

ooxji, Il s'agit d'une alliance des Athéniens avec les Arcadiens, les Achéens, les Eléens et 'les Phliasiens.

FONCTIONS LITUnGIQUES DES PRÊTRES. 63

à ~emnos et à ~otidée (1). De pareils vœux papaissent avoir été f~'equents à ~thenes. Dans les .Chevaliers, Aristophane en raille l.ab.us. Les ~en:ago?ues y voyaIent un moyen commode de mul­tiplIer les dIStl'lbutlOllS de viande en multipliant les victimes et d'assurer ainsi, aux frais du trésor public, leur popularité (2). On peut remarquer que ces sacrifices extraordinaires sont encore à u.l1,certainpoint de vue, dus à l'initiative divine. En réalité'la cI.t,e n~ le~ accomplit pas sans avoir consulté les dieux d'une ma­mere llldirecte. Le succès du vœu ost-il autro chose que la mar­que de leur assentimont, et n'ont·ils pas donné d'avance leur agrément aux solennités qu'on leur promet sous condition? , Signalons enfin les sacrifices qui accompao-naient certains actes de la vie publique, comme l'entrée en camp~nne ou le retour d'~ne armée, la conclusion d'un traité, le dépa~t d'une clèrou. , chIe, les travaux d'une commission temporaire. Ces sacrifices peuvent ~tr~ rapprochés des, sacrificês ordinaires, par la raison qu~ les detalls n en changeaIeut pas, et qu'ils s'accomplissaient tO~Jours d~ la même manière tout\'3 les fois qu'ils se présen­taI.ent; malS comme le retour en était imprévu et qu'ils dépen­d~IeI:t de cert~in~s circonsta~loes d'un caractère exceptionnel, c etaIent, à vraI dIre, des sacl'lfices extraordinaires. D~ns .une ville où la dévotion privée et publique avait pris un

parOlI developpement, la célébration des sacrifices devait imposer aux prêtres des charges considérables. Comment ces charo-es se trouvaient-elles réparties entre tous? t>

Il ne faudrait pas croire qu'elles le fussent d'une manière égale, comme l'étaient, par exemple, les procès entro tous les IIèliastes gl'oupés par tribunaux. Si tous les Hèliastes avaient la même c?mp~tence et pouvaient, selon les hasards du sort qui leur aSSIgnaIt telle ou telle chambre, avoir à connaître indiffé­remment d'une affaire de vol, d'uue contestation d'hé1'itaO'o ou d'une naturalisation, il n'en était pas de même des pr0t1'es. C'est que, pour être juge et régler les différends des citoyens en­tre eux, il suffisait d'être Athénien et d'avoir tous ses droits civil' et poli~iques, au lieu qu:, pour accomplir les sacrifices, il n: suffisaIt pas de porter le tItre de prôtre, J'ai montré au début de ~ette ~tude, que le sacerdoce ne communiquait pas à. qui en était ll1Vesti une aptitude liturgique universelle; mais, qu'attaché à

(1) C. 1. A., II, 14 et 57.

(2} Plutarque, Vie de Dlimt!/riùs, II : EÔ<>yyÉÀLIX QUELV lYpOto/E xlXl xpEwIlIXLIJ'<>V 't'LV", Xet't'<> 'FVÀ~v Èr.O("flIJEV.

Page 39: Les sacerdoces athéniens

LES SACERDOCES ATHÉNIENS.

un sanctuaire déterminé, il ne s'exerçait que dans l'enceinte de ce sanctuaire et auprès de l'autel d'nne seule divinité. Au milieu de ces manifestations multiples de la piété athénienne, les prêtres n'avaient donc à s'occuper que des sacrifices offerts au dieu dont chacun d'eux était le ministre spécial.

Lorsqu'à la fête des Panathénées, on immolait des victimes à Athèna Polias, Athèna Nikè, Athèl1a Hygiée (1), à part les prêtres ou prêtresses de ces trois divinités, personne n'avait d'attributions liturgiques. De même, aux Skirophories, lorsqu'on célébrait cer­taines cérémonies antiques en l'honneur d'Athèna, de Poseidon Erechtheus et d'Apollon-Hèlios, les seuls prêtres ou prêtresses qui eussent des fonctions à remplir et dont l'intervention nous soit signalée sont ceux d'Athèna, de Poseidon et d'Apollon (2). Quand les éphèbes prêtaient serment en recevant leurs armes, les décrets nOlIS disent qu'ils sacrifiaient assistés du prêtre du Peuple et des Grâces (3) : c'est que la cérémonie avait lieu dans l'enceinte du Prytanée et devant l'autel du PeUl)le et des Grâces. Un décret, relatif à la célébration des Dionysies, accorde des éloges aux prê­tres de Dionysos, de Poseidon Pélaghios, de Zeus Soter et d'Ammon, à l'exclusion de tous les autres sacerdoces (4). C'est que dans la solennité. de la fête ces quatre divinités étaient les seules qùi eussent des sacrifices à recevoir. On ne mentionnait pas les autres prêtres, qui cependant assistaient à la procession ainsi qu'à toutes les représentations dramatiques des Dionysies, par la raison qu'ils y assistaient en qualité de magistrats, non de prê­tres j qu'ils faisaient seulement partie du cortège officiel en com­pagnie des archontes, dos stratèges et do tous los hauts personna­ges de la cité, et que leur présence n'impliquait de leur part aucun rôle liturgique dans la cérémonie.

En général, lorsqu'il s'agit d'un sacrifice privé ou public, veut-on savoir qnel prêtre doit officier? Il suffit de considérer à quelle divinité s'adresse l'offrande. Cette divinité a son ministre particulier: c'est lui seul qui est en jeu. Voici 10 héraut du Peu­ple qui a fait un vœu à Zeus Olympios, à Athèna Polias, à Dè­mèter et Corè, aux Douze Dieux, aux Déesses Vénérables (5). Le vœu s'étant réalisé, le cité s'acquitte des cérémonies promiRes.

(1) C. J. A., II, 163. (2) Harpocration, ~lt'pov. (3) C. J. A., Il, 470. (11) 'A a 1jv CHO v, VI, p. 482 (voir plus loin cette inscription en appendice). (5) C. J. A., 11,;:'7".

r FONCTIONS LITURGIQUES DES PRÊTRES. G5

Il, est certain que tous. les prêtres athéniens n'ont point à y prell­dI,~ ~art et ~u.e .1~ SO.lll d~ les mener à bien n'ineombe qu'aux pl et; es des dlvllutes SIgnalees par la voix du héraut. Dussent-ils en etre a~cablé~, il leur .est in:~ossih1e d'en partager le poids a~ec le pretre ,d un san.ctuaIre VOISlll, et celui-ci à son tour même s Il e~~ attache au ~ervI~e d'~ne divinité moins populaire e~ moins honOlce, ne.p~ut JamaIS,. SI grands que soient ses loisirs, prêter SO~l concoUlS a des sacnfices qui ne sont pas l)our eUe. On vit mCl:le un p,r~tre, l'hiérophal1te Archias , condamné il mort pour aVOIr OfficlO Illdùment auprès d'un autel où le droit d" l, 1 " Immo el es VIctImes ne lui appartenait pas (1).

( ,

(1) Démosthène, contre Néère,.1I6 : 0';1;> Èlt.,vou oVO"'1' T>i' aua,a' &'" _'!_ pd(X~. .., ",,, .., , ""a. Tl')., <;:-

5

Page 40: Les sacerdoces athéniens

CHAPITRE VI.

PRÊTRES (SUITE) : LA CÉLÉBRATION DU FO;'!CTIONS LITURGIQUES DES

SACRIFICE.

§ 1.

Dispositions matérielles qni accompagnent l'acte religieux de l'oblation.

Un sacrifice est, à proprement parler, un repas. que l'homme

1 d · . . te' L'autel est une table; les alIments sont le arlafYe avec a 1 Vllll . , d' . p. '''1 l' cl l'or"'e le san'v et les chairs d'une victime. La IV1-vm, cm , ", Cl • • t, 'un feu

ité s'en nourrit: une portion de ces alunents, J ('~ oe SUI , 11 d t 1

11'1 les dévore monte jUSlIU'it elle en fumoe et la repaIt.

al' en l '..' '. 'té con-'1 e s'en nounit aussi : Il recueIlle cc qUI Il a pas 0 . 1, lomm " . "d festlll , t,' des siens achève la coromOllle saCloe u . . Sume ct en-OUle, , t' " 1 , , t ,'fice il distino-uer : 1° 1 acte ma elle Il a donc, dans tou saCIIl " b .,

y l 'e'paratifs plus ou moins complIques et toutes du repas avec es pl , . . , . l' l'accompan-nent· 2° l'acte relIgIeux par ex-les Clrconstances fIu ' <:> , •

, t' e de l'oblation pal' lequel la commUlllon cellence, 1 acte mys IqU . . ., ' s'établit enlre l'hommo et la dlVllutC. 't 'l'à l'un

Chorchons dans quelle mesure le prêtre se trouvaI me 0

ct à l'autre de ces deux actes. .,,' Les dispositions matérielles du sacrifice var~aI.OI~t ,SUlvant ~ 1111-

portance de la cérémonie, les exigences de la dlVlIuto e~,la fOltu~e d fidèles Sc procurer une victime, l'omer, selon usage, e

cs d·' 'lall"es . apporter le bois LJu'on devait allumer sur fleurs et e gUll U " 1 t , , a) J01'ter aussi le vin pour les libations et, ley us souveu, '

1 au~el, III . 1 t l'encens' se présenter enfin la t .. "O couronnee l'hUlle l e nne e ,

FONCTIONS LITURGIQUES DES PRÊTRES, ()7

et dans le costume de rigueur: tels étaient les soins préalables qui s'imposaient aux plus modestes parmi les suppliants (1).

Lorsqu'un simple particulier voulait sacrifier à quelque dieu pour lui et les siens, il disposait tout à l'avance dans sa maison. On le voit dans les Acharniens d'Aristophane. La famille de Di­céopolis se rend processionnellement il l'autel de Dionysos avec, tous les objets destinés il la cérémonie: l::t fille porte la corbeille avec le gâteau qui doit être cousacré, et l'esclave suit ayec le phal­lus (2). Dans les Femmes allX Thesmophories on voit de même le beau-père d'Euripide, Mnèsilochos, déguisé en femme, arriver au Thesmophorion avec une esclave qui porte dans une corbeille les offrandes pour le sacrifice (3). Cette procession vers l'autel est quelquefois représentée sur les monuments figurés: on la ren­contre sur certains bas-reliefs votifs à Asc1èpios, J,es suppliants s'avancent avec la victime, et derrière eux marche une femme qui porte sur la tête une sorte de ciste ou de corbeille (4) recouverte d'un morceau d'étoffe, et dans laquelle se trouvent probablement tous les objets nécessaires à l'accomplissement de la cérémonie (5).

(1) Dans Plaute (Rudens, vers 50 et suivants), un vieillard athénien, Dèmonès, qui loge dans le voisinage d'un temple de Vénus, se plaint d'être importuné continuellement par ceux qui viennent sacrifier, et qui, ayant toujours oublié quelque ustensile, viennent le lui emprunter:

nequo potest clam ms esse, si qui sacrifucant ; semper petunt nquam hine, nut igncm, nut vascula, nut cultrum, nut vern, ' nut aulam extarem, aut aliquid; quid verbis opu'st ~ Venerl paravi vasa et puteum, non mihi.

Et plus loin, vers 188-189, on trouve le passage suivant relatif au costume:

ergo œquius vos eral candidatas veniro hostintasque.

(2) vers 239-261. (3) vers 284 et suiv, :

hl 0p~nlX, T>JV xÎaT'I)V xœOoÀe, X'fT' S:1;eÀô Tel 1t01t1X'1' , 01tW; ÀIX60vaIX Ouaw TlXrV OelXrv.

(4) Harpocration, x IX 'l'Ii l' ci P 0,' ... xIXTÉaT'I)aIXV IX! lv &1;tWfl.IX'" 1tlXpOÉVOt 'l'ÉpôlV Tel XIXVcX T'!j OEe;, , €y' or; .",i"", .. o 't'" "'pil; 't>Jv 6vcrllXv. Un fragment de Diphile nous apprend ce que contenait d'ordinaire cette corbeille. Un personnage comique compare son âne chargé de provisions à la corbeille sacrée J:lleine des objets nécessaires au sacrifice :

ovciptQV,

wa1tep l<IXVOVV, &fl.1X 1tœVT' &vEI11<EUlXafl.ivov, a1tOval\v, o).el" f),lXtOV, laxciBIX;, fl.i).t.

(Fragmentil comicorum grxcorum, Didot, p. 647, fr. 4), (5) JIu Il. de COlT. hellén., II, p. 72; III, p. 191, note5; Le Bas, Voyage archéo­

logique, Monuments figurés, pl. 104 (Bas-relief d'Epidaure). - Un siège de mar-

Page 41: Les sacerdoces athéniens

68 LES SACEHDpCES ATHÉNIENS.

Un vase peint d'Athènes présente de même deux personna~~s qui conduisent chacun leur victime parée à l'autel et devant lImage d'Athèna: l'un d'eux tient un grand plateau chargé de pains et de

fruits (!). ',. Le rôle du prêtre ne commençaIt qu au moment ou cette proce~-

sion arrivait au temple. Il avait à recevoir la victime et à l'examl: ;ler (ooxtp.ri~etv) (2) : il considérait si elle n'é:ait pa~ l~1Utilé: (3~, SI elle était pure « de corps et d'ùme (4), » SI elle etaIt de 1 espece, de la couleur, de l'âge qui convenaient à la di~inité, en ~'au~l'es termes si elle avait toutes les conditions reqmses pour etre Im­molée suivant les rites. Il lui rcstait à prendrc ses mesures 1)our que l'autel fùt en état, l'eau lustrale prête, le feLl allumé, le sanc­tuaire enfin disposé pour l'oblation (5).

La cérémouie terminée, les suppliants rentraient chez eux em­portant leur part des viandes. c?llsacrées. Ils dis~osai,ent. ~ ~eur' D'ré le repas religieux, y conVIaIent parents et anu.s, s y ln r~lCnt b "'me à des excès. Les suites du sacrifice échapp<uent au pretre : :eparfùis il y assistait, ce n'était jamais qu'à titre d'invité et de convive. . .

Ainsi, quand les sacrifices étaiCl~t offerts ?ar. les pa,rt~cLlhers, l'autorité sacerdotale s'occupait à peIne des deta11s materieis de la cérémonie: en était-il de même lorsque les sacrifices étaient of-ferts par la cité? •

Ceux qui n'étaient pas la solennité principale d'une grande fete

bre exposé au palais Corsini, à Rome, présente en bas-relief une procession anaiogue. A gauche, près d'un arbre, s'élèvc un autel, vers lequel ~archent d serviteurs conduisant un bœuf: le premier, armé ù'une hache qu il porte

eux . . l' t 1 't sur l'épaule, marche devant la victime et la tire par un hcou; . au re a SUI

et la pousse avec un bâton. Derrière ce groupe, deux autres serviteurs portent h r l'épaule l'extrémité d'une perche, à laquelle est suspendu par les c acun su . 1 èt h .

granù cl'atère Une femme suit, un skypllos à la mam et a t e c ar-anses un. '1 'd' lateau Enfin s'avancent deux pcrsonnages drapes dans un amp c gee un p • . ' ,

t l'épaule droite découverte et la tête couronnce. Ce sont ceux qUI ce-man eau, . XI 1 9) lèbrent le sacrifice (Annali, 1879, p. 31'2 et suivan.tcs; ~l~nttmentt, t. , p. .

(1) O. Jabn, De antiquissimis AlinervaJ simulacr:s atttclS, pl. III, .?g .. z. . ('2) Le Bas et Foucart, Inscriptions ~u Pé~oponese, (A~dallle), 3'26 , hgne 71 .

"ot; 01. 00"1[J.1X0'6i',"01; (OV[J.IX(),\) O'IX[J..to, E1t\~cr.),o,,,w al IEpol. (3) Pollux, l, '29; Lucien, Sur les sacnfices, 1'2. _, , _ , (4) Plutarque, De la cessation des oracles, 49 : OEI ylXp ,,0 OVO'I[J.oV "'l' ". aw[J.IX"\

"lXl "'li 4vx.'li "",ù:>:pôv dVIXI. '" " • . (5) hllripide, Iphigénie en Tauride, '244 : X.Ep"E>IX; OE "IXI ~1X't'IXPY[J.IX"1X - av" a.v

'PMvoI; av EV"PEmj 1tolOv[J.iv't). - Ménandrc (Fr~gmenta ,com~cor!t~n gr,vcorum.' DI­dot, p. 31). ta Leucadienne : È1t(OEç .. 0 1tÙp, 'lI ~1X"opo;, OV"W(H "IX)...,;. La Samtenne (p. 44) : '(iPE "OV ÀI6IXvwrov . aù O'È1t(OEç "b 1tVp, Tpv'P'Il.

FONCTIONS LITUHGIQUES DES PRÊTRES. 69 comme les Panathénées ou les Dionysies et qui n'étaient que la consécration des actes d'un magistrat, d'un collège de magistrats ou d'une commission administrative, ceux-là étaient laissés aux soins de ce magistrat, lui-même, de ce collège, de cette commis­sion. POUl' s'en convaincre, il suffit d'analyser les considérants des décrets votés par le Peuple en l'honneur de certains person­nages officiels, à l'expiration de leur charge : on voit qU'!'lntre autres choses les personnages en question ont à rendre compte de quelques sacrifices: les agonothètcs (1), de ceux qui accom­pagnaient les jeux organisés par eux; les prytanes (2), de ceux qui ont été offerts aux divinités protectrices du Conseil des Cinq­Cents; le cosmète (3), des sacrifices de l'éphébie. Cela ne veut pas dire que les uns et les autres aient eu à mettre la main aux mille détails matériels dont se composent les préparatifs de ces sacrifi­ces, mais que ces préparatifs ont été faits et bien faits grâce à leur initiative personnelle, aux instructions précises qu'ils ont dOllnées, à la surveillance qu'ils ont exercée sur leurs agents. Ils n'ont rien exécuté, mais tout dirigé. Quand le cosmète est loué d'avoir accompli les sacrifices, c'est en réalité d'avoir tenu la main, comme chef du collège 6phébilfue, à ce que tous les exer­cices religieux, imposés par la tradition aux éphèbes, fussent exac­tement sui vis. Ce sont évidemment les éphèbes qui, assistés de leurs maUr'es divers, ont tout préparé. Le cosmète n'a eu qu'une responsabilité générale: les décrets le prouvent bien par les éloges que le Peu pIe, qui a récompensé le cosmète, décerne ensuite aux éphèbes, à l'occasion des mêmes sacrifices. De même, les éloges que les prytanes, déjà r~compensés pal' 10 Peuple pour leur exactitude religieuse 1 font d6cel'ner à leur secrétaire (4) et à leur trésorier montrent que, si l'ensemble du collège l'end compte des sacrifices célôbrés par la prytanie, ces deux officiers ont été spé­cialerpent délégués à l'administration de ces sacrifices.

Quan<lle sacrifice à célébrer est une cérémonie extraordinaire, dont le soin ne rentre pas dans les attributions légales et tradi­tionnelles d'un magistrat ou d'une commission déterminée, la

(1) C. 1. A., II, 307, 314, 331, 444, 445,446. (2) C. 1. A •• II, 329, 390, 391, 39'2. 393, 39\, etc. (3) C. 1. A., II, 46à, 466, 467, 468, 469, 470, etc. (4.) C. 1. A., II, 431, 454. Le secrétaire, dont il est ici question, est le secrétaire

de la prytanie; il est choisi par elle et dans son sein; ses fonctions cessent avec la prytanie même. Il fant le distinguer du secrétaire du Conseil et du Peuple (yplX[J.[J.lXnvç 't'ijç ~~II),ij; xal "où Ihl[J.OII), qui est annuel depuis le premier tiers du quatrième siècle (368-363 av. J.-C.) •.

Page 42: Les sacerdoces athéniens

70 LES SACEIIDOCES ATHÉNlE!'IS.

cité dôsigue les llersonnes qUI seront chargées d'en préparer l'ac­complissem(Jllt. On lit dans l'inscription relative à l'alliance des Athéniens et des Chalcidiens (1): « Quant aux sacrifices ordonnés par les prédictions pour l'Eubée, trois citoyens, que le Conseil choisira parmi les conseillers, les célébreront avec Hiéroclès. Les stratèges auront soin avec eux que les sacrifices aient lieu 10 plus promptement possible et fourniront l'argent à cot effet. » Au mo­ment où les clèrouques athéniens vont s'emharquer pour la colo­nie de Bréa et qu'il s'agit de faire les sacrifiees de départ. le soin de leur fournir les victimes nécessaires est remis pal' le décret constitutif de la clèrouchie aux officiers qui l'ont organisée: le trésor mot des fonds particuliers il leur disposition (2).

Ce n'étaient là que des sacrificos partiels, dont le prix n'était pas très élo\'é et dont l'organisation devait être assoz simple. On peut dire qu'ils différaiont il poine des sacrifices qu'om'aient les particuliers: au lieu d'un père de famille ontouré des siens, c'était un magistrat accompagné de ses collèguos qu'on voyait s'appro­cher de l'autel et partagor ayec la divinité les chairs d'une victime. Tels n'étaient pas les sacrificos quo la cité célébrait aux grandes fêtes périodiques des divinités nationalos. Ils étaient si somp­tueux, l'organisation en était si complirluée qu'il avait été néces­saire, pour en assuror l'accomplissement, de créer une adminis­tration toute spéciale.

Il ne s'agit plus, dans de pareilles solennités, d'immoler une ou deux victimes, comme daus un sacl'ifice ordinaire. On compte par centaines les ]JrDufs égorgés. En 334, sous l'archonte Ctèsiclès, le produit de la vente des peaux des victimes rapporte au trésor, pour l'année, une somme de cinq mlIle cinq cents drachmes (3). Qui rassemblera tant de hétail? Là cité a, pour cet office, Ulle commission de magistrats, qu'on appelle les ~owvat, les acheteurs de bœufs (4).

(1) C. 1. A., I, '1.7" (supplément), lignes G't-GU : "Ii o~ tep<x ,,<x il< "wv XP"l!1[Jowv tmÈp iveo(ot; OV'l"ext ,;,; -;âZ:'l""ot [Joe'r<X 'lEpoxl.éou; "pet; èiV6?ot; ov; Civ (ltj)."l"ext '" ~ouÀ~ !1'i";;v otV,W" . orew; 0' Ci" "âzt'l"'rot "uO~, 01 'l""pex'r"lyol !1uvem[Joe),Q'l'Owv 1<exl 'to &pyvptOV È; "ex"'rex [reJotpSZov'tO)v.

(2) C. 1. A., l, 31, lignes 3 ct suivantes: 1to['[JoVtex 010 ex!ywJv ex,j'to,; 1texpCX!1XoV'twv ot &1t[ot'X.tcr-r~t xCtÀ),Jt~(ijlj(Xt v-rràp 'ti1; &'it'otxfct;.

(3) Bœckh, Staatshaltung, t. II, p. 119 (Beilagen, VIII). (4) Pollux classe les ~owvext parmi les officiers subalternes, v1t"lpe!1,ext (VIII,

11 ',). Selon Harpocration (~ow',ext), la charge était importante. Midias, l'adver­saire de Démosthène, fut ~OWV"lç (Démosthène, contre Midias. 171 et scolie). Voir Schœmann, Griech. A.!tertht'lmer. t. l, p. 453.

FONCTIONS LITURGIQUES DES PRÊTllES. 71

Lorsqu'arrive le jour de la fête, et qu'il est temps de conduire toutes ces victimes à l'autel, ce n'est plus la modeste procession de Dicéopolis et de sa famille s'avançant vers le temple, c'est la marche solennelle de toute une viIIp-. Au lieu d'uu esclave pour mener le bœuf, il y en a des centaines. Au lieu d'une canèphore, qui porte dans une corbeille les vases et les ustensiles sacrés, en voici une troupe nombreuse, choisie parmi les jeunes filles des plus 110blesraces. Il a fallu parer tout ce monde, assigner à chacun son rang, régler l'ordre général du cortège. Tout cela s'organise dans un édifice particulier, affecté à cet usage (1). Certains officiers ont la charge de ces apprêts. Ils mettent la procession en mouvement; ils en ont jusqu'au bout la direction et la police. On les désigne sous le nom d'épimélètes de la procession, t'ltt/JoEÀ1j'ral 'rÎjç

7t0/Jo7t~ç (2). Les victimes sont à l'autel: on les consacre, on les égorge, on

les dépèce. La part des dieux est d'abord faite, Puis vient l'heure de faire la part des hommes, c'est l<l xpEav0/l-(:X. Les prytanes et les archontes reçoivent chacun cinq portions, les autres magistrats en reçoivent une. Le reste est réparti entre les différents dèmes, chacun d'eux étant traité selon le nomhre de ses habitants. Nou­velle commission d'officiers puhlics, pour veiller de près à toute cette boucherie sainte et pour régler les détails de la distribution des viandes. Ce sont les hiéropes, !ep07toto( (3).

Ces commissions, dont les titres différents impliquent des at­tributions distinctes et qui, à l'origine, ont dû avoir chacune une fonction bien définie dans la préparation des fêtes, paraissent avoir peu à peu changé de caractère et s'être assimilées les unes aux autres, au point de confondre leurs attributions. Au IVe siècle, quand les sacrifices sont devenus très nombreux, elles s'en parta­gent le soi.n avec une égale compétence. Il est rare qu'on les trouve réunies pour l'organisation d'une même solennité; chacune d'elles a ses fêtes: aux Eleusinies, ce sont les épimélètes des Mys­tères; aux fêtes d'Agra, les épimélètes des Mystères d'Agra ; il n'est questiori ni de boônes ni d'hiéropes. Pour les sacrifices aux

(1) Pausanias, l, 2, l, : È!1Û,eOV't'WV Ilè lç 't'~v 1t6ÀIV o!xot6[Jo"l[JoCl. tç 1texPCl.!1XEUf,V ta't'l 't'wv 7to[Jo1twv.

(2) 'AO';'votlov. VII, p. 480 (voir plus loin le texte de cette inscription en appendice).

(3) C. C. A., II, 163, 305. Sur les hiéropes, vo.ir aussi en appendice l'inscrip­tion publiée par l"A6';'vCl.lov, VI, p. 48'1.. Démosthène fut hiérope des Dées­ses Vénérables (contre Midias. 115. et scolie) et hiérope de Zeus Soter à son retour d'exil (Plutarque, rie de Démosthène, 27).

Page 43: Les sacerdoces athéniens

LES SACERDOCES ATHENlE:-IS.

Déesses Vén(\raIJles, on ne rencontre que les hiél'opes; les hiél'opes sont seuls a uSf':i 11 régler les saerifices des Petites Panathénées. Aux Dionysies seulement, on voit 11 la fois des épimélètes etdes hiéropes. Toutes ces commissions ont une fonction commune, qui est de vendre les peaux des victimes: les boônes s'en acquittent aux Dionysies du Pirée et aux Dionysies de la ville, ainsi qu'aux fêtes de Zeus SoLer; les hiéropes aux sacrifices offerts iL la Bonne Fortune, il Asclèpios ct à Bendis; les épimélètes des Mystèl'CS aux Lènéées (1). A ce moment d'ailleurs, les fêtes sont tellement multipliées ct les sacrifices si fastueux, que ces commissions elles-mêmes, quoiqu'elles aient étendu lems attributions, ne suffisent Dlus à la tâche, et qu'on voit non seulement des ma­gistrats de fin:mee, comme les collecteurs du peuple ('2), mais encore les stratèges a\'oir à s'occuper de la vente des peaux (:~).

Les détails qui précèdent nous amènent il cette eonclusioll qne les prêtres n'ont pas plus ft S'occuDcr de l'organisation matérielle des sacrifices publics, qu'ils ne s'occupent de celle des sacrifice;:; privés. Toutes les dispositions sont prises soit par les magistrats ordinaires, soit par des officim's que la cHé délègue il cet effet. II est probable cependant que l'autorité sacerdotale, si elle n'a point la charge de cette administration, n'y demeure pas tout il fait étrangère. Dans un décret, relatif aux fêtes de Zeus Soter et d'Athèna Soteira, il est dit eX[lressément que les commissaires de la cérémonie ont l)I'is toutes les mesures « avec le [lI'êtI'e (4). » Plusieurs antres do­cuments épigI'aphiques louent des I)J'êtres en même temps que des hiél'opes Cl). Cette association dans l'éloge n'est·ellc pas une preuve quo les uns ct los autres ont pu être collaborateurs?

\\1 Bœckh, Staatsh •• t. II, p. 119 et suiv. (Beilagen. VIII). ('2) Bœckh, Staatsh, t. II, p. l'W (Beilagen, VIII) : 7trxp?: ['t'wv 't'ov l O~I~OV O'V),­

[',oJy[i](o)v. - Sur ks Gv).).oyd; 't'OÙ il~lLov, voir ibid., p. 1'27, (3) Bœckh. Staatsh., t. II. p. l 'w : '/trxp" [O''t']prx't''Ilywv. Démosthène sc plaint de

voir les ma,;istrats militaires réduits à ec rôle d'ordonnateurs de fètes (Phi­lippiq1/es, l, 26).

(41 C. 1. A., II, 305: [È7tZILZ]):ri6ljO'rx[v {l.E't'(X-ro]ù !ep[iw;]. Lorsque dans Euripide (lphigcnie ri A ulis, G73, G71), Agamemnon parle ùu sacrifice qu'i! doit faire, Iphig('nic lui dit ù'en j',lgler la cérémonie avec les prêtres: Ar. eùO'cti {I.e OvO'irxv '/t?w't'rx llE'ï 't'w' €vMos. - 1<1'. tiÀl.?: ~V'I !epoT; xvi) 't'ô y' ôùO'el'.lz; O'X07tEÏv.

(5) 'Ae~vrxtov, VI, p. 482 (voir l'Appendice); C. 1. A., II, 581.

FONCTIONS LITURGIQUES DES PRÊTRES. 73

§ 2.

L'oblation du sacrifice. Le minist~re dn prêtre est-il toujours nécessaire?

Nous avons déjà rencontré plusieurs fois les décrets par les­quels le PeuDle donne des éloges publics il certains prêtres sortant ~e charge, et le~ r?compense de l'exactitude pielÎse avec laquelle ll~ se sont acqUIttes de leUI's fonctions. Les considérants de ces ~ecrets c?nti~.nnent, entre autres détails, que le prêtre en ques­tlOq a reguherement cc accompli les sacrifices, » lOuO'ê T&, Oua((X,.

Ly, mot OÔêtY, qui revient plusieurs fois en quelques liO'nes ne t . d' C ,

p~;m pas a vou' autre sens que colui de consommer l'acte reli-gwux, de faire l'oblation du sacrifice, puisque le rôl,e du prêtre ne commence pas avant le moment où la victime a été amenée devant l'autel.

Or, il faut remarquer qne ces mêmes mots OÔêtV T~' Oua((X" se trouvent appliqués non seulement aux prêtres', mais indiffé:'~m­men~ ~ tou~ les magistrats de la cité, il toutes le,; commission,; admullstratl:es. ,~'est une formule invariahle qu'on rencontre toutes les fOlS qu Il est question d'uu sacrifice puhlic (11 ; elle en­tre d~ns les considérants de tous les ,décrets d'éloges : ~rchoutes, s~'atege~, cosm?~es, pryt~n.es, secrétaires et trésoriers de prytanie, acono~hetes, hwropeR, eplmélètes, théores, tous sont loués dans les me~es tern;es q.ue le sont les prêtres. POlI!' montrer jusqu'à q~el pOlllt la redactlOn eRt uniforme, il suffit de rapprocher les ~ecrets rendus, le~ uns en l'honneur des prêtres, les autres en l honneur des colleges de prytanes. Voici pour les prêtres (2) :

• .. 7tEpl J;y &7t(XyyiÀ).et 0 (Epêk.. 7tEpl TNY OuatiOy J;y lOue... Soxii Tet (,l ) - \ , , O'~' t'0V,Et TIX :u.y (XY(X (X oex,êaO(xt T~y ~ou),~Y X(XI TOY S'liiJ-0Y & (l7t(XyyD'ÀEt 0 lE-" \ "~ ! ~,'/' .. r êU, jêYOYEY(Xt ev TOt, EPOtç ,Ot, ~Ouey... l7tetO~ Sé 0 lepe:O, lOuaêY T&, Ou-aiee" etc.

Voici pour leI' prytanes (3) : t' .... ' or .,. ')) ,. .f __

.•• u .. ep (o)Y Ot7tOtyyE, ,ovaty ot 7tpUTrxYEtç '" o7tèp TiOv Ouatwy 6lY lOuoy S " 0 ,\, 0' ~,

:... e:o~X,:t ... ~'!- (J.EY Oty(X (X oeZEal](Xt Tà yeYOy6T(X Èv ToTç !epoTç oTç lOuoy ... e7tEtS~ O€ Ot 7tpUTrxVEtç T,tç TE Oua{(X, (Oua(XY ... etc.

>A(a') _Suidas, 7tpoi(rxptO'nîptrx • ~lLéprx iv ~ 01 Èv 't'ii tipxii 7t(xvnç ... € a v 0 v ~,. . , , ~

(2) C. 1. A., II, 325, 326, 373", 453b, 477b, 453-, etc. La formule ne présente

que de légè,res variantes. Je la donne iei restituée. (3) C. 1. A., II,393, 417, 1'25, 431, 432, 440.

Page 44: Les sacerdoces athéniens

74 LES SACERDOCES ATHÉNIENS.

La même formule revient dans tous les textes du même genre avec une réo-ularité si parfaite que, là où elle manque, on peut presque toujours la restituer à coup sùr. Il ya là une co~nc~dence singulière, qui semble indiquer que les magistrats orrh~~ll'es et les prêtres ont absolument les mêmes attributions rehgle~ses, que tous au même titre ont qualité pour consommer le sacl'lfice, et qu'au moins pour les sacrifices publics l'intervention du prêtre n'est pas indispensable.

Mais, s'il en était ainsi, on ne voit guère quelles attributions resteraient au sacerdoce dans l'exercice du culte public. Si tous les magistrats ordinaires, si toutes les commissions d.éléguée~ par la cité, en un mot si tout citoyen, revêtu d'un caractere officIel, a par le fait qualité pour accomplir à lui seul un sacrifice au n~m de la république, que deviennent les prêtres? Dans quelles Cll'­constances paraissent-ils? Quand ont-ils à offrir aux dieux les vœux du Peuple? Trois fois seulement j'ai pu relever la mention d'un prêtre à côté des officiers publics chargés de sacrifier. Dans deux rapports, l'un qui est fait par la commission des fêtes de Zeus Soter et d'Athèna Soteira (1), l'autre qui est présenté par les hiéropes des Dionysies (2), plusieurs prêtres sont signalés comme ayant sacrifié avec les commissaires. Dans les décrets éphébiques, il est dit que le cosmète était assisté du prêtre du P:u, pIe et des GrAces pour recevoir, au commencement de l'annee, le serment des nouveaux éphèbes et célébrer les f;acrifices d'inau­guration (r& el'1tT"f,pt'l) (lui accompagnaient le serment (3). P~r­tout ailleurs, dans les documents officiels, il n'est pas questIOn d'une intervention sacerdotale. Cette intervention était-elle régulière? Etait-elle seulement accidentelle? ~Iais alors com­ment justifier les éloges et 'les récompenses que décernent aux prêtres les décrets du Conseil et du Peuple? D'où vient qu'on vante leur zde dans l'accomplissement des sacrifices publics? Pour expliquer ces honneurs, il faut supposer que les prêtres jouaient un rôle actif dans l'exercice du culte national. Je crois pouvoir dire que leur coopération était toujours nécessaire, et que, partout où elle n'est pas formellement signalée, elle doit être sous-entend ue.

(1) C. 1. A., II, 305; voir plus haut, p. n, note 4. ('2) 'A6-1jv (HOV, VI, p. 48'2 (voir l'Appendice). (3) C. 1. A .• II, 470. - Les décrets publiés sous les no' 581 et 603 mention­

nent aussi des prêtres en même temps que des commissaires. Il est vrai que ce sont des décrets de dèmes j mais on sait que les dèmes sont organisés à l'image de la cité. .

FONCTIONS LITURGIQUES DES PRÊTflES. 75

Remarquons tout d'abord que l'emploi du même mot « sacl'έfier» (O~m-lOu(r&- lOUO"iXV), appliqué également aux prôtres et il tous les autres magistrats de la cité, n'est pas une raison suffisante po~r condclure que ceux-ci ont le droit, au même titre que les pretres, e consommer les sacrifices. 1"e mot OUm a un sens à la fois très précis et très vague; tout dl'pend du commentaire qu'en dO~1l10 ~e roste .d~ la plll'~se où il se trouvo. Propt'ement, il si­gmfie 1 acte rehgwux qm par la "ertu mystérieuse do certaines f~l':nules toutos pui~;salltes cOllstitue la consécration etqui, par une sene d'actes accomplis suivant les rites devant l'autel où brlile le feu sacré, fait mou ter l'offrande de l'homme jusqu'à la divi­nité. ~Iais, par uue extension toute naturelle le môme mot désigne souvent l'action d'apporter l'offrande o~ la victime de ~ai~e les,frais e~ l~s pr~paratifs du sacrifice, d'assister en suppliant lllteresse à la ceremome de la consécration. De même dans le fran. çai~, en parl.allt d:.ull officier publi~ qui fait un acte d'adj udi­catIon, on dit qu Il vend un domallle, et la même expression ~eut s'appliquer à la personne au profit cIo laquelle la vente a heu.

Quiconque prend l'initiative d'un sacrifice et le fait faire à son intention, peut dire OUto). Pausanias raconte qu'à Potuies en Béo­tie, des jeunes gens ines, venus flour sacrifier à Dion;sos tuè­rent le prêtre petHlant le sacrifice (1). Le prètrfl était donc présent et cependant le texte dit des jeunes gens" O~0V'!"Eç. Nous avons y~ que les sacrifices d'inauguration du collège éphébiflue sont faits par le cosmète assisté du prt!tt'e du Peuple et des Grûces : on trouve néanmoins, dans les décrets, des oxpressions commo celles-ci appliquées aux éphèbes : bEt~~ Ql l?'l/jot ... OUO"iXV'l"Eç '!"iXi, ÈyypiX?iXt, T,x elO"tT'Ij'!"~ptiX (2).

Le traité de Plutarque, « Qn' on ne peut pas vivre henrellx avec Epicllre (3), }) fournit un passage plus explicite encore. Il s'a nit de l'épicurien qui ne croit pas il l'existence des dieux, mais q:i, po~r se con.former aux usages et ne pas heurter les préjugés, s'as­tr~lI1t à f~I~e de~ s~cr~fi~es comme tout le monde. C'est pour lm une ceremome lllcltffo!'eute, une simple formalité et il

. t d' . d' . , y aSSIS ~ ~~1 espnt .1straIt. Il est là auprès du prêtre, aussi peu touche y'u Ille SOl'aIt à côté d'un cuisinier occupé à découper des

(1) Pausanias, IX, 8,2.

(2) C.I. A., II, 170. - Voir le passage des Lois de Platon (X p 909 D) 't' plus loin. .,. , Cl 0

(3) Plutarque, Traités de morale, p. t 102, C.

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76 LES SACERDOCES ATHÉNIENS.

viandes. Ce n'est donc pas lûi qui officie; c'est le prêtre, et cepen­dant Plutarque lui applique le mot OUEIV, Voici le texte qu'il faut citer: xlXt)h~wv (J-~v &, (J-lXydp<r ''ltiXpéO"T"ljltE 't"l:l IEpir aq;&'t"'t"ov't"l, 060"iXÇ a~ ~'lt.!al (1).

Il résulte de ces exemples que l'emploi des termes lOua. 't"&,

Oua(lX, dans les divers décrets d'éloges que nous ayons mention­nés n'implique pas nécessairement que tous les magistrats athé­niens aient eu le droit d'officier seuls et sans la présence d'aucun prêtre. Ces m?ts constatent seulement q~e la cité leur a :emis l'initiative et la responsabilité d'un certam nombre d~ sa.cnfices, pour lesquels ils ont eu à prendre toutes les mesures mdlspensa­bles. S'il n'est jamais question du prêtre, c'est que pour les an-ciens il allait de soi que le pI'être intervînt, .

Seul il avait qualité pour consommer l'acte mystique du ~acrI­fice dans le sanctuaire et sur l'autel de la divinité au serVIce de laquelle les traditions de sa famille ou le choixdu sort l'avaient attaché. Comme les sacrifices étaient fondés avant toute chose sur l'observance exacte et minutieuse d'une foule de pratiques parti­culières, et que la moindre infraction aux formalités traditionnel­les était un sacrilège dont la faute l'etombait non seulem~n,t sur celui qui accomplissait la cérémonip, mais encore sur l~ cIte to~t entière, il importait que l'autorité sacerdotale flit ~ouJours. pr~­sente pour faire respecter les rites et les fo.rmules : :1 ~ ~v~It la, pour ain~:;i dire, une mesure de salut pubhc. AUSSI etaI Hl :nter­dit de sacrifier jamais à aucun sanctuaire sans recourIr au prêtre qui en était le ministre. Platon le dit form~l1~ment dans les Lois, et l'on sait qu'un grand nombre des pre~CI'l~tlOns c~nt~­nues dans ce traité sont empruntées aux constltutlOns qUI re­gnaient du temps de l'auteur (2). Sacrifice et sacerdoce étaient deux idées tellement liées dans l'esprit des anciens que l'une ap­pelait nécessairement l'autre. f( Je ne sais plus à quel prêtre

(1) Voici encore un exemple analogue dans les Oiseaua: ~'Aristo~ha:e. Peisthétairos, qui va fonder la nouvelle ville, se prop~se de sacflfi~r auX no -veaux dieux. II emploie le verbe Ovw et ajoute qu 11 va recouflr au prêtre

(v. 848-849) : 'Ey61 B' f~iX 0 va w 't"ora~ xcx~VOra~'1 Oeoi" 't"av lepÉcx 'ltÉII-4ov't'cx 't'1IV 'ltOIl-'lt1lV XcxÀW.

Et plus loin (v. 86~): __ , IEpeü, ao'l lpyo'l, Oüe 't'or, xcx~'1oi. Oôoi,. , _ ~,

(2) Platon, Lois, X, p. 909 , D : 'ltpà, 't"œ Il"/)1I-6a~cx hw Ouawv XCXI 't'O~, tôpeua~ 'tE

xcxl lôPElCXl_ É'()(ô~p~~É't'w 't'IX OVII-cx't'cx, ,ot, &'('Iô(cx 't"ov't'W'l i'lt~IJÙ",.

FONCTIONS LITURGIQUES DES PRÊTRES. 77

m'adresser (1) , » s'écrie un personnage tragique qui se demande quels sacrifices il pourra encore faire après tous les sacrifices inutiles qu'il a déjà faits. Dans la tragédie d'Andromaqu'e (2) " lorsque Néoptolème, qui est à Delphes, s'approche de l'autel d'Apollon avec les brebis qu'il s'apprête à lui offrir, un prêtre l'arrête et le questionne sur les raisons qui l'ont conduit au tem­ple et sur l'objet de son offrande: « Que demanderons-nous au dieu pour toi, jeune homme? Quel motif t'amène? » Le prêtre intervient ainsi parce que sans lui le sacrifice ne peut se faire, et s'il interroge le suppliant, c'est que les rites sont variables et doi­vent être appropriés à l'intention de la cérémonie,

Le droit pour les prêtres de consommer les sacrifices offerts à l'autel de leur dieu était universellement reconnu dans l'anti­quité (3), Si nous voyons que p~rfois on lui porte atteinte, cette exception ne contribue qu'à confirmer' davantage l'autorité du privilège, Plutarque racont~, dans la Vie d'Agésilas (4), que le roi de Sparte, au moment de s'embarquer pour son expé­dition d'Asie, voulant faire, à l'exemple d'Agamemnon, un sacrifice à Aulis, avait commencé à célébrer la cérémonie dans le sanctuaire d'Artémis, sans a voir recours au ministère obli-

(1) Euripide, Alceste, 119-121 ; Oew~ Il' S'lt' iO'X<ipcx~; - ovx lxw ''ltl 't'I'ICX - II-"/)­),oOv't'cx~ 'ltOpEUOW,

(2) Euripide, Andromaque, 1100-1105. -Parfois même, on ne pouvait pas dé­poser un ex-voto daus le sanctuaire sans l'assistance du prêtre: lorsque, dans l'Iliade (VI, 297-310), Hécube et les femmes troyennes veulent consacrer un péplos à Athèna, elles sont obligées d'aller trouver la prêtresse Théano et de le remettre entre ses mains : c'est elle qui va le placer sur les genoux: de la déesse et qui présente en méme tempg les vœux des Troyennes. '

(3) Ce droit ne pouvait pas être discuté ,daus les sanctuaires qui appartenaient aux anciennes familles sacerdotales. Nous avons vu plus haut qu'en ouvrant l'accès dc lcurs sanctuaires patrimoniaux, elles avaient conservé la propriété du sacerdoce, et, avec cette charge, le secret dcs rites propres à toucher la divinité: sans elles on ne pouvait même pas tenter de faire un sacrifice qui eût valable.

Je ne citerai ici que pour mémoire la prescription de l'esclave Xanthos, qui, instituant un culte en l'honneur de Men Tyrannos, stipule, entre autres condi­tions, que lui seul, le fondateur du sanctuaire, pourra célébrer les sacrifices, et que tous ceux qui voudront invoquer le nouveau dieu devront recourir à J'in­tervention de Xanthos ou de celui qu'il aura constitué prêtre à sa place (Fou­cart, Assoc. religieuses, nO 38. ligne 7, p. 220: ,,:xl II-"/)OÉvCt OuO'~<i~ôw .x'lE~ 't'oü xCX-

6E~ÔpUO'cxlI-évoli 't"o IEpOV). Quoiqu'en général les règlements des sanctuaires privés et des associations religieuses soient analogues à ceux des sanctuaires pu­blics, on pourrait croire qu'il s'agit ici d'une prescription particulière destinée à ménager les droits du fondn!eur.

(4) Plutarque, Vie d'Agrsil.J,s, 6.

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78 LES SACERDOCES ATHÉNIENS.

gatoire du prêtre de la déess~, Les Béotarques, instruits aussi~ôt de cette violation inouïe des rites traditionnels et des droIts sacerdotaux, envoient des députés au roi pour lui faire des re~ montrances et le ramener au respect des lois religieuses: ceUX-Cl tombent au milieu du sacrifice, et, pour arrêter le sacrilège avant qu'il puisse être consommé, se hâtent de répandre à t,erre ,les chairs de la victime qui brûlaient déjà sur l'autel. Ce qUI acheve de montrer à quel point le privilège du prêtre a été méconnu, c'est qu'Agésilas, qui est là avec sa suite, ne songe pas à, ~pp.oser la moindre résistance: il se retire furieux de cette humIlIatIOn, mais soumis et la conscience qu'il a d'avoir commis une impiété l'inquiète po~r le succès de son expédition., L:exemp,le de l'~i~ro­phante Archias, condamné à mort pour aVOIr Immole une vIctIme Sur un autel où la prêtresse seule avait le droit d'immoler, n'est pas moins significatif (1). Le privilège sacerdotal dev,ai: rester inviolable (2), On peut dire qu'aucUI: sacri~ce ne po~vmt etre ~c~ compli dans un sanctuaire sans la coopératIOn du pretre attache a ce sanctuaire.

Cette loi était générale et s'imposait à tout le monde: les magis-, trats qui sacrifiaient au nom ~e la ci,té, n'y éc~~ppaieI~t pas ?l,u~, que les particuliers, Le caractere relIglC?-x qu Ils, avaIent hente des anciens rois ne les dispensait pas de l'mterventIOn sacerdotale. Il ne faut pas oublier que ces anciens rois eux· mêmes n'étaient prêtres que dans certaines circonstances, lorsqu'il s'agissait .de sacrifier, pal' exemple, au foyer de la cité ou d'égorger une VIC­time en temps de guerre, soit avant la bataille, soit après la victoire. Aristote indique très nettement (lU'il y avait des sacrifi­ces, les sacrifices hiératiques (!ep(('mtcd Oucr(((t), qui ne pouvaient pas être accomplis par eux (3) : par ces mots il faut entendre les

(1) Démosthène, contre Néère, 116. , • " " , ('2) C'était sans doute pour ménager les drOIts des pretres qu 11 était IOter~It,

dans le sanctuaire des Orgéons du Pirée, de sacrifier 11 c6téde l'autel, sous peme d'avuir à payer une amende de cinquante drachmes (Foucart, Assac. relig., nO 2, lignes 7-8, p. 189: 'lttxptxow(J.w, oè (J.'I\ lOu;m (J.'tlôÉVtx iv 't<i'> LEpéj> l'I o:pEÎh[L]V'ltEV'tij-

1<O'l'ttx O~txZ(J.tlç). "~ _ _ , (3) Aristote, Politique, III, 9, 7 (Didot) : 1<V?LOt o'~O'txv (o! ~txO'tÀEt;) 't»; 'tE Xtx'ttx

'ltoh(J.ov f,yE(J.OVÎtx; xtxl 'tW'l OUO'tW'I, oO'txt (J.-/j !EpOmXtxt, Il faut rapprocher d~ ce texte un autre passage qu'on lit plus loin (VI, 5, Il): 11 propos des fonchons religieuses qui, parfois concentrées dans une seule main, ,sont le plus ,sou~ent réparties surtout dans les cités importantes, entre un certam nombre d offiCiers publics ~ui ont chacun une charge (im(J.iÀEttx) déterminée, Aristote ajoute: iZ0(J.iv'tl o~ 'ttxu't'tl; (im(J.EÀEÎcx;) il 'ltpil; 't~; OUO'Îtx. ~'PwptO'(J.iv'tl 't~ç xOt'/~ç 'lttlO'tx;, il,O'cxç

(J.-/j ~or; tEp;:VO't'I <i'ltooiowO'tv 0 'IotJ.o., ~ÀÀ' ~'ltO 'ti'j. xot'/i'j. tcr'ttCXr; l)(,ouO't 't-/j'l 'tt(J.'tl'l •

FONCTIONS LITURGIQUES DES PRÊTRES. 79

s~crific,es qui devaient avoir lieu dans un temple et sur un autel d?termmés : là le ~rêtre était la seule personne qui eût le droit d exercer les fonctIOns sacerdotales. Comme toutes les divinités qu'on honorait à Ath~nes d'un culte public avaient leur temple et. ~eu~ sacerdoce offiCIels, tous les sacrifices étaient des sacrifices hurattques ~(1), et ~ chacun d'eux par conséquent devait assister qu?l~ue pretre. VOIlà pourquoi il est rare quela présence de l'au­torIte sacerd~ta~e soit signalée: c'était une chose si naturelle et à l~quell? on etmt tellement habitué, qne l'idée ne venait guère d en faIre la remarque. ,

§ 3.

L'oblation du sacrifice (suite). En quoi consiste le ministère du prêtre?,

Si, toutes les fois que particuliers et magistrats avaient à sacri­fier da~s u,n .sanct~aire public, l'intervention du prêtre de ce sanc~ua~re etait oblIgatoire, il nous reste à déterminer en quoi consI,sta~t cette intervention et de quelle manière le prêtre s'en acqUIttaIt.

Deux choses constituent l'oblation (2) : , IOLe, s~crifice proprement dit (Oucr{((), c'est-à-dire l'immolation

d une vI~tlIne ou la consécration d'une offranùe inanimée, et la ~om,?UstlOn, SUl' un autel, des chairs de cette victime ou de la ~atI~re cIe cette offrande: l'odeur de la fumée monte dans le ~Irs Jusqu'à !a ~ivinité invisible qui s'en repaît, ct que le bien~ ltre de cett~.JoUlSs~n,ce dispose en faveur du suppliant; , 20 La prlC,r~ (Wl.'IJ) , par laquelle, la divinité étant attentive, homme SOllICIte ce dont il a besoin.

XÀOVO't 0' o! fI'~'1 <Xpxov'ttx. :ou'tou;, o! os ~txO'tÀêt;, 01 oè 'ltpU'ttl'lEt;, La distinction ntre les sacflfices des rOIs et ceux des prêtres est Clairement marqu' V' ;' 1 b 1 H 'h ce. olr age S ac l, omertsc e Theologie, p, 198, (1) Tels paraissent avoir été même ceux qui avaient lieu au P t é e d l 'II t ' , , . l'yan e, au

Y r e a VI e, e qu à 1 origine le chef de la cité célébrait à lu' 1 è d f 'lI' 1 seu comme

P re e ami e dans,la maison: on voit, en ejfet, par les décrets éphébi-les, que dans les sacrifices accomplis au Pryhnée, il intervient un rêtre le ~tre du Peu~le et des Grâces IC. 1. A., II, 470). P ,

:2) Platon: I~~thyphr~n~ p, ,14, B : M'I (J.àv x!:;(txptO'(J.i'lcx 'tt. È'ltfO''t7j'tcxt 'toi. aEoi. Et,V 'tE X,txt ~ptx.::'tEt'/, E'J~O(J.!:~o; ~!: x~l ,0UW'l, 'totv't' EO''tt 'tœ oO'ttx _ et plus loin, h, C , OVltOVV 'to OVE!V Olo'?E,O'Otxt EO'"" 'toï, OEoï' 'til 0' Ei,zo~o • _ , v~. ~ .. , ..... "" Vat (X.L't'EtV TOV;

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LES SACERDOCES ATHÉNIENS.

80 . . , -l'ables' on ne donne rien auX dieux Ces deux actes sont lUsepa . t (1) et quant à là

uelque chose en re ·our , . sans leur demander q l' 0' d'une offrande et d'une , , outenue par env l , prière qUl n est pas s. 'demande d'achat sans pale-

1 " 'e qUl n'est qu une , victime, a pfl~I Il ' t qu'une suite de vaines paroles qUl se ment simultane, e en es ':2, ; l

perdent sans toucher les ~le,ux (r~~enait-il au prêtre? Etait-ce le Le soin d'immoler la vlc~lml e d' l't qui mettait à part les

'1 f a't qUI a epeca , prêtre qUl a rapp l , , , 't'? 0 l ·voit par plusieurs exemples chairs destinées .~ la ~1~1l1,lt ~éVO~u. Dans le texte de Plutarque que souvent ce Iole lUI etai. t'e l'épicurien sacrifiant aux qui a été cité plus, hau,t et, q,UI mo~~tre est représenté découpant dieux maloTé son ll1credul1te, le p . ' ' 'el' qui prépare un

o , blable a un CUlSll1l les viandes consacrees, et sem d l'être avec le cuisinier se

(3) Cc même rapprochement u P , ' _) repas. 'h (4) et dans Athenee (;) . retrouve dans Arlstop an~ 'd l ot prêtre est donné comme

Dans un passage d'Eurlpl e, te, m Il!) Sur une fresque trouvée d,' . ur et de meur l'1er \u • ,

synonyme ego~ge , 1 doute d'après le peu1tre grec à Pompéi et qUI,repre~en~~ , ,S~l S Calchas, debout près de l'aut~l" Timanthe, le sacrIfice d Ip Igen e'(7) Sur un vase peint, aupres. tient en main ~n lon~ cO~~:~e de' Dionysos, on voit de même d'une table sacree et dune 1. 0 , d'Ull couteau s'apprêter à

Al' 1 drOIte armee " une pretresse, a mau , d on traité sur les Sacrtfices, immoler une ,chèvre (8). ~u.cle~l, a~~::ercice de ses fonctions de s'amuse à pellldre U~l ,pretIe a~s t la victime égorgée i il la sacrificateur : le VOICI debout evan

. , . t'one n~n ridetur re-, XXVIII 3 1: lIictimas ciluh nne preca 1

(1) PIllle, Il. N., ' , . l'erre. .' tG ' ex! "è'i y,wnl, 6vrrtwv aôy,exl ).6yot l' '0 - ext )(.orrl~ov, ' ... r

(2) Sallustius, II ô r t "E'. W V )(. •

, l'ex! à' "E'.,,x Ovrrtw'i ËliofvY,Ot ),oyOt. !10vov E'. rrtV, 0..., • ) lLO'l, C,

(3) Plutarque, T,-att~s de mor.ale, 1· (4) Aristophane, PalJ.", 1017 . _

Àexll~ _1!V Ii!i/.extr::t~ " EW 01tW; liexyE'.trl)(.wç

rr'l'ci~E'.t; _0'1 01'1, ". l' béotienne il est question (j' g Dans une IllSCflp IOn '.

(a) Athénée, XIV, p, ~, . '1 d ·1 cuisine sacrée et fait offiCiellement " ." ù aux dotal s e a" d'un IiciyEtrO; qUI presi C .'" " éd de Béotie nO 7, ùans les Arc 11-

. 1 culte {Dechal'lue, Recueil d 'lnscr, !Il ' , partie ( u "t l'tl 2' série, t. IV, p, 002). tJcs des missions scwnt. el.: .

(6) HèracL~s furieux, 451, 4<>2 : .' '! '. 'ri- rrm a. y E'.Ù ç 'twv uvrr1to't(LWV, 'tl_ Er EV ç, , T , •

• - '0' È"li- '\'vy,li_ 'l' 0 v EV ç , 30' ~ 't'li:; 'texht~"/}:; 't'"/}, ... , '1' ,1 "tt ten Slddte Campaniens, 1 ",'

(7) Helbig; Wandgemalde der vom Vesuv Ht'C lU e . '

p. (~~~ilonumrnti i~fdili dd' lnstituto, 18GO, pl. XXXVII.

,

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FONCTIONS LITURGIQUES DES PRÊTRES. 81

taille en morceaux et le sang se répand sur lui, sur l'autel et tout alentour (1).

Sous l'exagération plaisante de la parodie, il Y a un fond de vérité, Dans bien des cas, il est évident que le prêtre frappait lui-même la victime et faisait le départ des chaÏl's qui revenaient à son dieu. Mais que ce fùt là pour lui une obligation indispensa­ble, à laquelle il ne pouvait en aucune façon se soustraire, on a quelque peine à le croire. Quand il s'agit de frapper, d'écorcher et de dépecer, non plus seulement un porc ou une brebis, mais un ou plusieurs bœufs, mais une hécatombe et parfois plus encore, on se représente difficilement le prêtt'e s'acquittant de cette beso­gne sanglante et se livrant à toutes les opérations que Lucien se plaît à décrire. Les forces d'un homme et le temps auraient à peine suffi à la tâche. Et, ce qü'un prêtre ne pouvait faire, une prêtresse le pouvait-elle davantage.? S'imagine-t-on, par exemple, que la prêtresse d'Athèna Polias, le jour du sacrifice des Grandes Panathénées, ait eu à immoler de sa main tOI1S les bœufs qu'on offrait à la déesse et dont le nombre devait être considérable, puisque la vente de leurs peaux produisit un jour jusqu'à cinq cent onze drachmes (2), et qu'il y avait asséi de viande pour fournir' au repas des vingt mille citoyens et plus qui prenaient part à la distribution sacrée?

Dans la pratique, la cérémonie de l'immolation était certaine­ment simplifiée. Souvent le prêtre paraît s'être borné à donner à la victime le coup qui l'égorgeait, laissant à d'autres la peine de terminer l'opération. Dans l'Electre d'Euripide (3), Egisthe célèbre en l'honneur des Nymphes un sacrifice auquel il a invité ses hôtes, Oreste et Pylade. La main armée d'un couteau droit, il égorge la victime, que des serviteurs soulèvent devant lui par les épaules, puis il passe le couteau à Qreste qu'il croit Thessalien et, comme tel, habile à dépecer un taureau. Oreste, aidé de Pylade, ouvre l'animal, 10 dépouille, mot les chairs à nu, et tandis que le roi, baissant la tête, èxamine les entrailles, il le frappe et le tue.

Ill1'est pas même nécessaire que le coup mortel soit toujours donné par la main du prêtre, Il suffit d'un simulacre d'immola­tion. Iphigénie, prêtresse d'Artémis en Tauride, parlant des

(1) '0 as lepEv; exù'tO, Ha't'"/})(.E'.v ilIiCtYfl.Évo; xex1 wateEp 6 Kvû,wojJ ix(ivo; o:vex'ti(Lvwv XexL 'tèt lyxex'tex ~~ex(pwv )(.exL xexpotov).xwv )(.ex1 'tà af(Lex 'tijl ~wliij> 'lrE'.rty,iwv (SUl' les sa-crifices, 13). ,

(2) Bœckh, Staatshaltung, t. II, p. 130 et suivantes (BeiJagen VIII). (3) Euripide, Eleetre, 800-84'2.

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82 LES SACERDOCES ATHÉNIENS.

victimes humaines qu'il est d'usage d'offrir à la déesse, explique ainsi les devoirs de son ministère: CI. .Te consacre la victime, mais je ne la tue pas j ce SO~ll appartient à d'autres personnes, quf s'en acquittent à l'intérieur du temple (1). )) Plus loin, lorsqu'Oreste, qu'elle ne connaît pas encore, lui demande, avant d'être sacrifié, de quelle manière se fera la cérémonie et si c'est elle, femme, qui llortera le fer sur les deux hommes destinés à mourir, elle répond qu'elle se bornera à répandre sur leur tête l'eau lustrale et que l'im· molation sera consommée à l'intérieur du temple par les soins de ministres particuliers (2). Dans la Paix d'Aristophane, Trygéc, qui templit les fonctions d'un prêtre et qui se vante, avec l'approba­tion du chœur, de s'y entendre à merveille (3), n'immole pas la victime de sa main, mais envoie son esclave l'immoler à la m~oo. .

Est·il besoin d'insister sur la valeur de ces divers témoignages? On sait avec quelle fidélité les 'usages athéniens se trouvent re­produits sous les fictions des poètes dramatiques .. Doqnel' le .coup mortel à la victime n'est donc pas une des fonctIons essentielles du prêtre. Il peut se contenter de la vouer à l'immolation par une ·cérérr!OllÎe particulière.

Cette cérémonie, par laquelle la divinité prenait, pour ainsi dire, possession de la victime, était un acte de consécration, dont les rites variaient, mais dont on peut retrouver quelques-unes des formalités pl'incipales. Elle s'appelait CI. prendre les prémices de t'offrande, » XIX't'~pZ.EuelXt 't'av [EpElou (4). Dans les sacrifices homéri­ques, on l'accomplissait en coupant SUI' la tète de la victime quel. ques poils, qu'on jetait ensuite sur ,le feu de l'autel (5~.

Je crois voir, au fond d'une coupe a figures l'ouges qlll se trouve au musée du Louvre, la représentation de cette cérémonie de con-

(1) Euripide, iphigénie en Tauride, 40. 41:

xcmxpX0tJ.a:1 tJ.Év, O"<p<iyta: ô' «)J,o tO"tV tJ.éht appl}'t' tO"W6EV 'twvll' iva.x'tôpwv 6Eii,.

('2) Euripide, Iphigénie en Tauride, 621-6'2'1 :

OP. Mm! ~~'I'Et Oûoucra. 61jÀuç &pO"EVa:; ; - Ovx ' à.ÀÀà. Xa.I'tl}V "tJ.<pl <TI)v XEPVI<Ji0tJ.a:I. - '0 Ill: u«a:yëù, 'tl,; El 't<ill' !O"'t0pEiv tJ.E Xp"Îj. - Eto"W llôtJ.wv 'twvll' E10"lv ot, tJ.ÉÀEt 't<iIlE,

(3) Aristophane, Paix, vers 10'26 et suivants. _ _ , (4) Hésychius, xa.'t<ipea:0"6a.t 'tOU !EpEIOU . ~wv ~ptXWV c!:7roO"1t(X<7a:t. (5) Wade, Ill, 273; Odyssée, III, 446; XIY,. 422. - Alceste se vo~e à la mort

en sc coupant une boucle de cheveux (EUripide, Alceste. 74, et scolie). - Bek· ker, Anecdota gr3lca, l, p. 52,10: Muw7ttllla. 6ptE' Yi 'twv 6uotJ.Évwv !EpëIWV, ;jv 7tpà 'tOU 6UE0"6a.I à.7tOXElpOvn, El, 'to 'ltiip ÊtJ.6<iÀÀouaw.

FONCTIONS LITURGIQUES DES pnrhRES. 83 sécration. La scène est un sacrifice à Apollon. A gauche s'él'

1 · à d . eve un pa mIel', rOlte un autel. Au premier plan un éphèbe . 'à 1 . , nu Jusqu ,. a cel~ture et à demi agenouillé, présente à l'autel un porc qu Il s~uleve de la main droite sous le ventre, et de la gauche sous le grom. Au second plan, un autre éphèbe debout demi nu comm~ le précédent, tient un couteau dans la main droite, et tend la mall1 gauche ~u-de~.sus de l'autel, sans doute pour répandre sur le feu les pOlIs qu Il a coupés. Le détail de la peinture est malheureusement endommagé à cet endroit. . Souvent on se ~ornait à répandre l'eau lustrale surla tête dela vic.

tIme, comme dOlt le faire Iphigénie pour Oreste et Pylade: sur un va~e de marb:e, découvert à Rome Sur l'Esquilin et décoré de bas. rehefs, ,?n. ~Ol~ la représentation d'un sacrifice de purification, fait avant IlmtIatlOn a~x Mystères d'Elellsis (1) j le prêtre, debout dev~nt u,n bloc de pIerre qui sert d'autel, verse l'eau lustrale sur l~, tete d UI: P?rc, qu:un serviteur Soulève par les pattes de der­l'ler~ et mamt18nt la tete en bas. Le même sujet est reproduit sur plus18~rs monuments analogues. Au lieu d'eau lustrale, ou bien a:e~ 1 eau lustrale, on versait des grains d'orge Sur la tête de la VIctIme. Plutarque dit que presque tous les Grecs se servaient d'Ol'g? d~ns l~s sacrifices dont l'origine était très ancienne (2). T~ygee,s.en. faIt apporter pour le sien (3). Par ces diverses cérémo. ~lle.s prel~m~naires, la victime était définitivement consacrée; elle etaIt vo~ee a la mOrt et comme marquée pour la divinité. , ,Le fal~ d~ la frapl;~r ?U de lui ouvrir la gorge pour que le sang

s echappat a fl?ts n etaIt plus qu'une simple formalité: un bras profal~e pOUVaIt !'accomplir. En général, elle était abandonnée a~x ~l~es du pret~e, aux s~crificateurs subalternes (4). Parfois c et~lt 1 un, des aSSIstants qUI s'en acquittait. Au troisième chant de 1 Odyssee (5), lorsque Nestor a voué la victime il la livre à son fi~s ~'hrasymèdès, qui l'abat. Quand les éphèbes' sacrifiaient à EleusIs, Ils soulevaient Les bœufs pour les présenter au prêtre et,

(1) Bullelino della commissione archeologica communale di Roma (Cl, sé ' ) VII p 5 18 1 1 II II . " rIC,

. ' .' .' ,p.' ' ,1 (DI un vasocinerario con rappresentan%e relatit'e ai muten dl EleuSl).

('2) Plutarque, Questions grecques, 6. (3) Aristophane, Paix, 9~8.

(4) Ce sont ces sacrifieateurs.subalte~nes que Lucrèce nous montre armés de leur c~uteau, dans la desCl'IptlOn du sacrifice d'Iphigénie (1 91 . l lare mmis/ros). ' • ,errum ce-

(5) Odyssée,' III, 44.5.457.

Page 49: Les sacerdoces athéniens

84 LES SACERDOCES ATHÉNIENS.

après la consécration préalable, les immolaient eux-mêmes dans

l'enceinte du sanctuaire (1). La victime égorgée, les aides du prêtre découvrent les entraille.s

rpli doivent servir à prendre les auspices; puis ils dépouillent.l'am o

mal, coupent les chairs en morceaux, mettent à part ce qUl sera mangé dans le festin après le sacrifice, et aj ustent à de longues broches les viandes destinées à la divinité. Quand tout est prêt, alors commence la seconde partie du sacrifice, la combustion de l'offrande et l'envoi de la prière. Grâce aux représentations de plusielll's vases peints, nous pouvons essayer de nous en faire une idée (:2). Le prêtre, la tête COlll'onnée et l'épaule droite découverte, est debout à côté de l'autel allumé. Il jette d'abord sur le foyer soit de l'encens avec la main, soit de l'huile ou du vin, qu'il verse d'une coupe. C'est la libation préalable. Il a près de lui plusieurs aides, qui tiennent l'un un plateau, l'autre une aiguière, et qui lui tendent ce dont il a besoin. Aussitôt s'approchent les autres serviteurs, armés de leurs broches. Tandis que, debout de ~'autre côté de l'autel, chacun d'eux à son tour expose au feu et faIt brû­ler les viandes consacrées, le prêtre continue à répandre l'huile ou le vin, pour qu'une fumée épaisse et odorante monte vers la divinité. En même temps, au son d'une double flûte, dont joue l'un des assistants, il récite une série de formules rythmées: c'est

la prière. Un grand nombre de Lémoignages montrent qu'en effet, dans

les sacrifices pri n's comme daris les sacrifices publics, le prêtre avait à prononcer la prière et à eXjJrimer les vœux des suppliants. II. Les hommes, dit le Scoliaste d'Aristophane (3), lorsqu'ils sont tombés dans le malheur, s'en vont trouver les prêtres et les con­jurent de prier pour leur délivrance. )) On se rappelle l'.exemple, cité plus haut (4), du prêtre d'Apollon à Delphes qUI, voyant

(1) C. 1. A., II, 4G7, lignes 10, 11 : ~pOtv'to ôÈ Ml 'tor, IlVtrT1lP(Ot, TOÙ, ~OV~ Èv 'EÀovtrrvt 't~ 6v'l"iqt ltOtl Otv'tol ÈlJov6v't1ltrOt\l Èv T<;> 7rEptflô),'I' TOV !opov. Et plus IOIU ,

lignes 28,29 : TOrç To 7tP01JP(o)c-iotç iipOtv'to TO'Jç ~o\i. Èv 'Ehv'l"r\lt ltOt, ihtTOVpY1ltrOtV

f.V T;;' tEp;;' o\J't<hTW;. Voir, sur le sens discuté de ces passages, Mommsen (Heor­tologie, p'. 258, note -). Selon M. A. Mommsen, les mots ~pOtvTO TOÙ; ~ov; signi­fieraient que les éphèbes soulevaient et poussaient les bœufs pour leur faire

gravir les marches du temple et de rail te!. (2) De Witte et Lenormant, Elite des monuments céramographiques, tome Il,

planches CV -CvrIl ; Gerhard, A use~lesene griechische ;asen,bitder, pl~ CL V. , (3) Aristophane, Grenouilles, scohe du vers 297 : Ot llêYOtÀOt; ltOtltOt; 7rEpmm­

TOV'tE; 7rpOç !opd; ÈpXOllo\lOt, IltÉTEvov OtvTOÙ; EVXOCç \mÈp OtVTWV 7tOtÛ'l"OOtt Et; cX7tOtÀ-

ÀOtyfjv. (4) Euripide, Andromaque, 1102-1105.

FONCTIONS LITURGIQUES DES PRÊTRES. 85

Néoptolème s'approcher des autels, lui demande quelle prière il faudra faire pour lui. Dans l'Iliade, les ministres des dieux sont appelés quelquefois des prieurs, &P1J'r1jpE~ (1). Eschine dit des prêtres athéniens qu'ils priaient les dieux au nom du Peuple (2). Lors­qu'Alcibiade, accusé d'avoir parodié les ~Iystères, eut été con­damné à mort par contumace, l'Assemblée, ne pouvant faire exécuter la sentence, ordonna à tous les prêtres et à toutes les prêtresses de lancer contre lui des imprécations (3). Or les impré­cations ne sont pas autre chosn que des prières par lesquelles on cherche à tourner la coIl're divine sur un ennemi.

L'intervention sacerdotale dans la prière s'explique, comme dans le reste du sacrifice, par la nécessité d'assurer l'observance minutieuse de tous les rites. Il y a dans la prière antique deux parties distinctes: l'une, qui est variable, c'est la demande du suppliant, le vœu qu'il souhaite de voir exaucé; l'autre, qui est essentiellement immuable, c'est la formule. Les anciens croyaient à l'efficacité toute puissante de certaines paroles sacramentelles (4). Par une série de mots et de phrases souvent inintelligibles qu'ils appelaient des « contraintes suppliantes (5), D ils pensaient avoir sur la divinité assez de prise pour attirer son attention et forcer sa bienveillance. Ils enveloppaient tous leurs vœux de formules plus ou moins compliquées. Elles étaient différentes pour les différentes situations. La même ne pouvait pas servir pour un serment, une imprécation, une purification, un sacrifice d'actions de grâces ou un sacrifice de départ. Il fallait choisir la bonne. Aussi le secours du prêtre était·il indispensable: la con­naissance des formules d'invocation spéciales à chaque espèce de sacrifices faisait partie de sa science liturgique (6). Il ques­tionnait donc les arrivants SUI' l'objet de leur sacrifice. « Quelle sorte de prière allons-nous faire à ton intention (7)? )) demande le prêLre d'Apollon à Néoptolème; ce qui revient à demander:

(1) lliade, I, Il; V, 78. (2) Eschine, contre Ctésiphon, 18 : TOC, EVXOC; imÈp vllwv 7tpà: 'toù, OéOÙ, EVXOIlÉ­

vov;. (3) Plutarque, Vie d'Alcibiade, 22. Voir aussi Lysias, contre Andocide, 5l. (4) Sur la croyance à l'efficacité des formules, voir Fustel de Coulanges,

Cité antique, p. 176. (5) Euripide, Suppliantes, 39 : cXvœYl<Ot; !ltEtr(OVç. (6) Stobée, &log. ethic., V, [), 122. (7) Euripide, Andromaque, 1l04, 1105 :

fi) VEIXVCct, ·ri cro~

6E<jl ltOtTEv~61lEtr60t ; TIVO; i\lm, xœptv ;

Page 50: Les sacerdoces athéniens

86 LES SACERDOCES ATHÉNIENS.

Cl Dis-moi pour quel dessein _tu viens sacrifier, et nous choisirons la formule. »

Cette formule ne pouvait elle-même être suivie d'effet que si tous les termes en étaient exactement énoncés sans faute et dans l'ordre. Il fallait donc enCOre guider pas à pas l'inexpérience des suppliants. Le rôle du prêtre consistait moins à dire à lui seul la prière au nom de tous, qu'à la faire dire aux assistants (1). Il la leur dictait. Ceux-ci, debout dans l'attitude convenable, la main droite levée et la paume tournée vers l'autel, la répétaient après lui phrase par phrase, sans y rien changer. C'est ainsi que dans Aristophane la prière pour la ville des Oiseaux, prière entre­mêlée de saillies comiques et parodie de celle qui était prononcée dans les sacrifices pub! ics à Athènes, est dite par le sacrificateur et immédiatement répétée par le chœur (2). De même, au début des séances du Conseil des Cinq-Cents et de l'Assemblée du Peuple, quand le héraut public avait à prier pour le salut des Athéniens, des femmes, des enfants et des alliés, et à faire contre les traîtres les imprécations d'usage, il avait près de lui un scribe qui lui dic­tait mot par mot la formule à prononcer (3). Ce rôle de souilleur, pour ainsi dire, appartenait au prêtre dans les sacrifices. Il gui­dait lentement l'invocation des suppliants, et ainsi s'achevait, conforme à tous les rites, l'acte mystique de l'oblation.

Les fonctions liturgiques du prêtre reviennent toutes à un même devoir, qui est de prévenir en toute chose les manquements à la tradition. Voilà pourquoi il ne se mêle pas à tous les sacri­fices et ne dirige que les sacrifices offerts au seul dieu dont il ad­ministre le cuIte. Voilà pourquoi il intervient daùs toutes les cé­rémonies privées et publiques dont son sanctuaire est le théâtre. Voilà pourquoi il préside à l'immolation de la victime et à l'énoncé de la prière. Sa compétence est nécessaire pour assurer dans tous ses détails la valeur du sacrifice. Grâce li lui, l'œuvre sacrée est mellée à bien et, pour employer le terme officiel, <1. devient belle Il

T<X i~p& ytyVETCX! xcxÀcX - XCXÀÀtEpEtTCXt.

tl) Pline, XX VIII, 3, 2: Ne quid t'erborum prœtereatur aut przposterum dica­tur de scripto prteirc aliquem.

(2) Aristophane, Oiseaux, 865-886. (3) Démosthène. sur la fausse ambassade, 70. Cela s'appelait 1I;"I}yeta6otl.

CHAPITRE VII.

FONCTIONS ADMINISTRATIVES DES PR~TRES. GARDE ET ENTRETIEN

DU SANCTUAIRE.

On a montré plus haut que le prêtre athénien, le prêtre anti­que en général, était toujours le desservant d'un sanctuaire et comme l'intendant de la divinité qui l'habitait. Les devoirs reli­gieux du sacerdoce se compliquaient donc, par une conséquence toute naturelle, d'une série de fonctions administratives plus ou moins considérables suivant l'étendue et l'importance du sanc­tuaire. Ces fonctions sont rarement signalées par les anciens d'une manière explicite. C'est à peine si parfois, dans un dé­cret d'éloge voté en l'honneur d'un prêtre, une allusion rapide rappelle, comme pour mémoire, ces obligations secondairéS. On remarque, par exemple, que tel prêtre a, durant sa gestion, pris du sanctuaire les soins convenables, 't"~v xot6-f,xouO"cxv È7ttP.l),EtCXV, ou qu'il s'est occupé de l'entretenir en bon état, bttP.EfJ-D'"1I"rcxt at x:x\ n" TOÙ VCXOÎ.Î tùxoO"p.(w; (1) : formules vagues, qui ne sont pour nous que des banalités, mais qui représentaient pour les anciens un ensemble d'attributions spéciales qu'il s'agit de retrouver.

Nous essaierons de le faire en rapprochant un èertain nombre de témoignages de provenances diverses, qui, pour ne point se rapporter tous à l'Attique, ont néanmoins une valeur ici, parce que la nécessité de surveiller et de conserver les sanctuaires était la même partout, aussi bien _ à Rhodes qu'à Athènes, et qu'elle imposait partout aux prêtres, gardiens des temples, des devoirs il peu près semblables. Nous emprunterons aussi des renseigne­ments aux actes officiels des associations religieuses : elles

(I) C. 1. A • • II, 453b, 477". Voir Foucart, Association$ religi"ltses , nO 0 , li­

gne 8. p. 197 , npo[voovlJ.lv"I} nj; n'pl TO !t)pov .ùxoalJ.iot;.

Page 51: Les sacerdoces athéniens

88 LES SACERDOCES ATHÉNIENS.

aussi ayaient leurs sanctuaiFes, et l'on sait que la plupart d'en· tre elles étaient organisées à l'image de la cité (1).

§ 1.

Police du temple et des abords.

Les statues des dieux étant, non des objets inanimés, mais des images vivantes, des formes sensibles qu'ils avaient prises pour vivre parmi les hommes et recevoir directement leurs hommages, les temples étaient de saintes demeures qu'il fallait assurer contre toute atteinte sacrilège.

Beaucoup de sanctuaires l'estaient presque toujours fermés: le . prêtre seul y avait accès. Tel était, pal' exemple, celui d'Eurynomè à Phigalie, qui ne s'ouvrait qu'un jour ùans l'année et que Pau­sanias, pour cette raison, ne put pas visiter il son passage (2). Il y en avait qui n'étaient accessibles qu'aux hommes; d'autres qui ne l'étaient qu'aux femmes (3). Près ùu mont Kronios, en Elide, s'élevait le temple d'Ilythie Olympienne: « L'autel d'Ily­thie, dit Pausanias, est dans la partie antérieure du temple (car le temple est double), et les hommes peuvent y entrer; mais dans l'autre partie, personne ne peut O111rer que la prêtresse, et encore se couvre-t-elle la U\te et le visage d'un voile blanc (4). II Les prê­tres seuls pénétraient dans la cella du temple d'Apollon Karneios

à Sicyone (5). .. A Athènes, le Thcsmophorion, le Lènaion, l'Eleusimon

étaient strictement fermés et ne s'ouvraient aux citoyens qu'une seule fois par an , le jour de la fête solennelle (.6). Au Thesmo-

(1) Foucart, Assoc. relig., p. 50-52. (2) Pausanias, VIII, 41 , 4. Decharme, ReCltei~ d'inscr. inéd. de Réotie, nO 25

(Archives des Missions, 2' série. t. IV, p. 519): Décret qui règle les conditions auxquelles il était permis de p~l1étrcr dans l'hiérûn d'Hèraclès à Thespies. On ne pouvait y entrer que pendant le mois Damatrios de ~ha~ue ann.ée et en payant une somme d'argent déterminée. Une amende pU\llssalt les VIOlateurs

de la loi. (3) Pausanias, III, 20, 3. Plutarque, Questions grecques, 40. Minutius Felix.

Octarius, 21 , Qu,-edam (ana semel anno adire permit/unt, qUilJdam in !otum ne­ras visere est, qwcdam dro non licet, et nonnulla absque (eminis sacra sun!.

(4) Pausanias, VI, 20, 3. (5) Pausanias, II. 10,2. (6) Démosthène, contre Néère, 76 ; Thucydide, II, 17 : n),iJv Tij. &.xponôÀEw,

xo« 't'ov 'E),ôu,nv'OIJ, x<xl El TI ~).).O ~ôlh,w; xÀ~'nov TJv. - Plutarque, Préceptes de gourernement, 'l6. 7 : XpuO'ov (LÈV El; svt<x 't'wv tôpwv ôl'novTô, t~w xCl.TCl.ÀdnouO't . O'CôY)pov aÉ, wç à.nÀ,;;; El7ttÏv, El, oùOÈv O'UVEtO',?ÉpouO'tv.

FONCTIONS ADMrNrsTRATrVEs DES PRÊTRES. 89

phorion, les femmes seules étaient admises: dans Aristophane, Euripide, qui désire savoir ce qu'on va comploter contre lui pen­dant la fête, est obligé de déguiser en femme son beau-père Mnè­silochos pour l'envoyer au temple (1). Les 'autres sanctuaires, qui étaient plus accessibles que ceux-là, ne l'étaient pas également à tout le monde: les Athéniens frappés d'atimie, les femmes con­damnées pour adultère (2) en étaient irrévocablement exclus.

Des prescriptions analogues protégeaient non seulement le tem­ple où était la statue, mais encore toutes les dépendances du sanc­tuaire , tout ce qui était enfermé dans les limites sacrées du té­ménos et constituait la propriété di vine. Toucher aux arhres qui poussaient dans l'enceinte, aux animaux consacrés, aux ex-voto, c'étaient là autant de sacrilèges, qu'il était nécessaire de préve­nir.

Il n'y a pas lieu d'énumérer ici les diffél'entes lois qui régis­saient chaque sanctuaire. Ce IJu'il importe de remarquer, c'est qu'aux yeux des anciens ces lois étaient des prescriptions divines. On racontait les châtiments qu'avaient envoyés les dieux à ceux qui ne les avaient pas respectées. Pausanias rapporte qu'un cor­don de laine, qui depuis les temps les plus reculés fermait l'entl'ée du temple de Poseidon Hi ppios en Arcadie, ayant un jour été coupé par un certain Aipythos, qui n'avait pas voulu s'astrein­dre soit à sauter par dessus, soit à passer par dessous, le sacrilège fut soudain frappé de cécité (3). Quiconque avait l'audace de pé­nétrm' dans le sanctuaire des Euménides, à Kérynée, devenait fou sur le champ (4). Hérodote raconte ]'histoiro de Miltiade (lui, ayant youlu s'introduire par escalade dans le sanctuaire de Dèmè­ter Thesmophoros à Paros, fnt saisi d'une sainte hOI'reur, recula et dans sa fuite précipitée se fit à la jambe une blessure dont il mourut. Le terrain situé à Athènes le long du mU!' pélasgique de l'Acropole, et qu'on appelait le Pélasgicon, devait rester toujours désert: Apollon l'avait ordonné par un oracle et des imprécations vouaient à la colère du dieu ceux qui auraient osé enfreindre cet ordre (5).

La cité s'occupait de faire respecter ces prescriptions divines:

(1) Aristophane, Les femmes aux Thesmophories, vers 213 et suivants. (2) Démosthène, contre Néère, 86. (3) Pausanias, VIII, 10, 3. (4) Pausanias, VII, 25,7. (5) Thucydide. II, 17: Té 't'E llô),MYlx()'1 XCl.Àov(LôVOV 't'o uno 't'~v Q:xpénoÀIV, a XCl.1

È1tCxp,no'l 't'ô Yjv (LiJ olxtÏv x<x, n xCl.1 llu6txoù (L<xvn,olJ Q:xpO't'EÀôU't'IOV TOtÔVOô otôxw­ÀUE, Àiyov w; Tb IlEÀCl.O'ylxov &pyov ~(LEIVOV.

Page 52: Les sacerdoces athéniens

90 LES SACERDOCES ATHÉNIENS.

elle y était d'autant plus intéressée qu'une fois le sacrilège con­sommé elle en pouvait porter la peine. De là des mesures par­ticulières, par lesquelles elle cherchait à prévenir les profanations les plus légères. Une inscription d'Ialysos, à Rhodes, interdit de laisser paître chevaux, mulets, ânes, en général toute espèce de bête de somme, dans l'enceinte consacrée à la déesse Alektrona : nul n'a le droit de s'y promener avec des chaussures faites de la peau d'un animal impur (1). S'il arrive que quelqu'un coupe des échalas dans le bois sacré de Zeus et d'AlcillOÜS, à Corcyre, il doit payer une amende d'uu statère par échalas (2). Le Thesmo­phoriolJ du Pirée avait des lois analogues, qui avaient sans doute commencé à tomber en désuétude et qui furent de nouveau pro­mulguées lors d'une reconstruction du sanctuaire, dans la seconde moitié du quatrième siècle (3). Le temple ne devait être ouvert aux femmes qu'à certains jours et le bois sacré rester toujours inviolable. La moindre contravention était passible d'une amende. Le Pélasgicon, dont j'ai parlé plus haut et que l'oracle de Delphes avait défendu d'occuper, était aussi protégé par un règlement pu· blic. Les dispositions de ce règlement, qui avaient été proposées par le devin Lampon, nous ont été conservées par une importante inscription du cinquième siècle, découverte récemment à Eleusis et qui contient une ordonnance pour le paiement des prémices aux déesses éleusiniennes. L'amendement. de Lampon interdit d'élever aucun autel dans le PôIasgicon sans un décret du Conseil et du Peuple, d'entamer le mm ou d'emportel' des pierres et de la tel're. Toute infl'action est punie d'une amende de cinq cents dl'ach­mes, infligée par le Conseil sur la simple poursuite de l'archonte­roi, sans autre procédure (4).

(1) Newton, 0!1. two greek inscriptions (rom Kamiros a.nd Jalysos in Rhodes, p.9 (extrait des Transactions o( the R. S. o( literature, nouvelle série. t. XI. 3): l\"o[J.o; il. oVX ii·nov oùôè É'19ÉpetV É; ~O !EpO'1 x<xl 'ro 'rÉ[J.EVO; ~iiç , AÀEX'rpWV<X;' [J.>1 È'1'':w 17t7t0;. ~vo;, T,[J.'ovo;, y'vo;, [J."ljIlÈ <il.l.o ÀOi'OVpov [J."lj6b fJ."ljllè Èa<xyÉ':w El; 'ro ~É­fJ.evo; [J."ljBdç 1:0V~W'1 [J.'/',Bèv [J.YjC;~ Ù7tOO~[J.<X~<X [ei'1J9Epi1:~) [J."ljOÈ vEtOV [J."ljOÉv. '0 n ÔÉ XŒ 1:t; mtpit. 1:0V VO[J.O'I 7tOt~"1I 1:0 1:E tepov x<xl 1:0 1:ÉfJ.EVO; x<xO<Xtpi~w xcd ÈmpE~É1:W ~ Évo· Xc; Ea1:w 1:if àae6d~' El lié x<x 7tpoe'Y.1:<>' dO"eŒi,~ , à7tOn,eŒ1:W Ù7tÈp txciO"1:oV 7tpoeci1:ov àiloÀOv 0 È'1eÛ,wv. Voir The ninetcenth cen/ury, juin Un8, p. 1045.

C~) Thucydide, III. 70. - '.A6~V<XIOV, dl, p. 643, n° 9 (inscription de Syra).

(;)) C. J. A •• II, 573b •

('1) Bull. de corr. hellén., IV, p. 225 et suivantes. Voici dans l'inscript,on (li­gnes 54-59) le paragraphe relatif au Pélasgicon : Tov BI: ~<xa[IJÀÉ<x opta<XL 'rit. [Epœ 1:à Év ["w], nü<xpylxwl XCtl 'ro ),Ot7tOV [J.>1 lv!BpvEa6<X1 ~w[J.Où, tv 'rWI neÀ<xpylxwl .xvev 'rYj, ~ovÀYjç x<xl 'rov 1l~[J.ov, [J."ljôl: 1:0Ù, H6ov; 'ri[J.VEIV lx 1:0V nEÀ<xpylxov [J."ljBè Plv

FONCTIONS ADMINISTRATIVES DES PRftTRES. 91

L'inscription suivante, trouvée en Attique, montrera avec quelle minutie les délits étaient prévus et les peines détermi­nées (1) :

« Le prêtre d'Apollon Iriphaséen, tant en son nom personnel qu'au nom des dèmotes et du Peuple athénien, fait savoir qu'il est interdit de couper les arbres du téménos d'Apollon, ou d'em­porter en dehol's de cette enceinte sacrée bois, branches vertes, branches mortes ou feuilles sèches. Quiconque sera pris en fla­grant délit de couper du bois ou d'en emporter en dehors de l'enceinte malgré la défense, sera passible des peines suivantes: s'il est esclave, il recevra cinquante coups de fouet; le prêtre pren· dra son nom et le nom de son maître, pour en aviser l'archonte­roi et le Conseil, suivant le décret du Conseil et du Peuple athé­niens j s'il est homme libre, le prêtre, assisté du dèmarque, lui fera payer une amende de cinquante drachmes et remettra son nom à l'archonte·roi et au Conseil, suivant le décret du Conseil et du Peuple athéniens (2). »

Si j'ai eité d'un bout à l'autre cette inscription, c'est qu'elle montre, mieux que tout autre texte, l'autorité du prêtre en ma­tière de police religieuse. On \'oit par là qu'il est le premier chargé de faire respecter les règlements établis. Il est le gardien, le surveillant du sanctuaire. Plato:l le compare avec raison aux astynomes, aux agoranomes, aux magistrats de police en géné-

. l'al (:3). En cas de danger il doit .être présent. Quand le Spartiate Cléomène, appelé par Isagoras contre Clisthène et devenu maît!'e de l'Acropole, voulut entrer dans le temple d'Athèna Polias, au mépris des lois sacrées qui lui en interdisaient l'accès, il y trouva la prêtresse, fidèle à son poste et qui, dès le seuil, l'ar-

ÈXO"ŒyEtV [J."ljôè ).COov,. 'Ecl:v /li n, 7tCtp<xe<XtV"lj1 'rOV'rblV TI, à7to'rlvÉ'rW 7tEvT<xxoai<xç IlP<XX[J.ŒÇ • ÈO"Ctyyü),é"w /là [oJ ~<X'1tÀEÙ, Èç 'r>1v ~ovÀ>iv.

(1) 'E9Yj[J.Eplç à:PXCtLO),oytX~. 3139. (2) Voici un règlement !lnalogue chez les Romains: « Hune lucum ne quis

t'iolato, neque e.rvehito neque efferto quod luci sit . neque cxdito nisi quo die res dirina annua fit, eodem die quod rei divinx causâ sit, sine dolo cxdere lieelo. Si quis violassit, Jovi b'Jvem piaculum da/o. Si quis seiens t'iolassit dola malo , Jot'Ï bOl'em piaculum data et asses tercenti multiB sun ta. Ejus piacull mullxque dica/ori (luei) e.ractio esta. » Gori, Archivio storieo artistico, archeologico e lette­rario della cillà e provincia di Roma, vol. III (Je cite ce règlement d'après le texte qu'en a donné M. Chatelain dans la Revue de Philologie. R. des R.III, p. 'ln).

(3) Platon. Lois. VI, p, 758-759. Dans Eschyle (Suppliantes, '1.91), la prê­tresse est appelée û'(Iôovxo;. Voir Euripide, Iphigénie en Tauride, 131 (û'(Iôovxo;), et 1152 (7tV),wpo,).

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92 LES SACERDOCES ATHÉNIENS.

l'êta (1). En tomps ordinaire ,-la stlJ'veillance se bornait à consta­ter les délits et à déférer les coupables au magistI'at compétent.

Si le prêtre négligeait de le faire, il ost ÙJ'obable qu'il était lui· même passible d'une amende. Le prêtre de Hèra, à Amorgos, était tenu de payer chaciue jour, jusqu'à l'expiration de sa charge, dix drachmes à la déesse, s'il lui arrimit de mal garder les abords de l'autel et de laisser commencer un sacrifice par un étranger (2). Il n'y a point d'exemples d'amendes analogues infligées à des prê­tres athéniens. Mais il est bon de se rap[leler ici qu'une des tra­ditions les plus constantes du gouvernement athénien était préci­sément de tenir en éveil le zèle des magistrats et des officiers publics par une menace d'amende. Dans l'inscription d'Eleusis relative au paiement des prémices, il est dit que si les commis­saires ne prennent pas livraison dans le délai vouln des grains offert!'l aux déesses, ils amont à payer chacun une amende de mille drachmes (3). Les officiers chargés des poids et mesures sont passibles de la môme amende, s'ils surveillent mal les mar­chands (4). Il en est de même pour l'archonte qui ne force pas le plus proche pare nt d'une orpheline à l'épouser ou à la doter (5). Il est à présumer qu'en cas de négligence, les prêtres pouvaient eux aussi être condamnés à une peine pécuniaire ..

La police du temple se réduisait le plus souvent pour le prêtre à une surveillance générale, dont il était assez facile de s'acquit­ter. Beaucoup de temples étaient petits et !'l'ouvraient rarement: il n'avait autre chose à faire qu'à en ounirla porte aux jours fixés (6). Quant aux sanctuaires pluR considérables, dont l'enceinte avait quelque étendue et pouvait être <Iisément profanée, ils étaient gardés par le persoIlIlC1 subalterne qu'en plusieurs endroits la cit~ mettait aux ordres du prêtre. Dans un sanctuaire de Lesbos, une inscription nous signale, outre plusieurs esclaves affectés au service de l'autel (oi Btctxovéovnç T<Ji ~w/J-<Ji), un intendant (olxovo/J-0ç), dont le rôle consiste à interdire l'accès du temple à tout indi­vidu étranger au culte, et qui doit surtout veiller à l'exécution des lois et règlements traditionnels (7). A Andariie , pendant la célé-

(1) Hérodote, V, 72. (2) Mittheilungen des d. a. Institutes in A then, l, p. 3Q2. (3) Bull. de corr. hellén., IV, p. 226, ligne 20. (4) C. I. J.., H, n6, ligne 13. (5) Démosthène, contre j[acartatos, 54. (6) Foucart, Assoc. relig., nO 8, ligne 14, p. 196 : Oovo(yovO'et TO lEpOV iv Tet!; Xet-

6"11xov(1ettç iJIJoÉpett •• (7) Bu~!. de corr. ileUm., IV, p. 441.

FONCTIONS ADMINISTRATIVES DES PRÊTRES. 93 bration des Mystères, des prx6èo:popot maintenaient l'ordre parmi les iniLiés et faisaient la police générale de la fête (1). Hésychius }Jarle d'un officier appelé TEP.EVWp6ç, c'est-il-dire gardien du témé­nos (2). Les documents attiques mentionnent plusieurs fois des xÀEtOOÜX.0t : ce sont des serviteurs chargés de conserver les clés du temple (3). Parfois on adjoignaiL au prêtre des gardiens extraor­dinaires : Pisistrate ayant fait savoir que quiconque souillerait les abords du Pythion serait frappé de mort par le dieu, on ne crut pas à cette sanction surnaturelle maladroitement inventée, et comme on se faisait un jeu de la braver, il fallut mettre un poste pour protéger le terrain sacré (4). Parfois aussi, les prêtres étaient directement secondés parles magistrats civils: nous avons vu plus haut que le prêtre d'Apollon Iriphaséen se faisait assister du dèmarque pour infliger l'amende à un homme libre. Pour le Thesmosphorion du Pirée, le dèlilarque devait, de concert avec la prêtresse, prendre toutes les mesures nécessaires au maintien de l'ordre et à la police du sanctuaire (5).

§ 2.

Entretien régulier des bâtiments sacrés.

Il ne suffisait pas de protéger ainsi contre les profanations la demeure de la divinité : il fallait encore que cette demeure fût conservée en bOIl état, ct que la propreté y fût entretenue par des s.oins journaliers. Une inscription d'Asie Mineure marque, parmI les devoirs sacerdotaux, celui de (( prendre soin du porti­que qui se trouve dans l'Asclèpieion, afin que ce portique soit propre (6). »

Voici dans l'Ion d'Euripide le commentaire vivant de ce texte (7). La scène est à Delphes, dans le sanctuaire d'Apollon Pythien, où le jeune Ion a été autrefois J'ecueilli par la prêtresse et où, ùevenu grand, il exerce les fonctions ùe gardien du trésor, d'in-

(1) Le Bas et FOllcart, Inscriptions du Péloponèse, 326 •. (2) llésyclJius, TEIJoEVWPOV • TEIJoÉVOV, <pvÀetxet. (3) Vers les temps romains, la fonction de cleidouque s'élève. Le fils du prê-

tre titulaire porte parfois ce titre (C.I. A., II, 453b ; III, 712&). (4) 8uidas, iv IIuet'!'. (5) C. C. A., II, 573b

(6) 'AOljVetIOv, VII, p. 208, ligne 25 : [l7ttIJoÉjÀEO'Oett ôè etVTOV xetl Tliç O'TOlii[ç ..Ii. &V] Tt;> 'AO'ùmmt'l'. wnwç XetOetp[dt ~]. (7) vers 82 et suivants.

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94 LES SACEII.DOCES ATHÉNIENS.

tendant, en uu mot de sacristain. L'aube vient de paraître et le sanctuaire tout entier se réveille. La IJl'êtresse se prépare à rendre les oracles du dieu, et déjà s'élève la fumée des parfums brûlés; les divers ministres se purifient à la source Castalie, avant d'entrer où les appelle leur ministère. De son côté, Ion va s'acquitter des devoirs qu'il remplit chaque jour depuis son enfance.

Il commence par couper dans les bosquets du dieu des rameaux de myrte et de laurier, dont il fait des guirlandes et des couron­nes et qu'il suspend aux portes du temple; puis, choisissant les branches dont le feuillage est le plus touffu, il les promène par terre et balaie le sol, que de temps en temps il arrose, un vase d'or à la main. Cependant avec l'aurore, les oiseaux ont quitté leurs nids: ils volent aux alentours de la demeure sacrée. Ion s'arrête, les menace et fait du bruit pour les chasser j il prend un arc et, sans vouloir les tuer, les effraie par la vibration inno­cente de la corde. On le voit qui va' et vient sur la scène; il commente tous ses mouvements par un monologue naïf; il parle à ses branches de laurier, au dieu qu'il aime, à ces oiseaux, avec cette candeur de babil qui appartient aux enfants et' aux gens simples; il s'abandonne tout entier au plaisir d'orner et d'embel­lir le temple, avec la piété passionnée (l'un Joas qui ne connaît point d'autre séjour et n'étend pas ses regards au delà.

Tout ce passage a pour nous l'intérêt de présenter dans leur vérité et comme en un tableau les divers actes dont se composait le ménage sacré. Us He succèdent et s'achèvent lentement sons nos yeux. Au lieu d'une sèche énumération, telle qne pourrait la donner un document épigl'aphique, nous avons la vie même d'un sanctuaire: nous le surprenons au point du jour, à son réveil. Sans doute, parmi les Athéniens qui assistaient à la représenta­tion, plus d'un reconnaissait ce qu'il avait vu dans tel ou tel tem­ple de la cité.

Mais il y a là plus qu'un tableau. D'où vient qu'Euripide en a fait l'une des principales scènes de sa tragédie, et qu'il l'a développée avec une si visible complaisance? Il n'y aurait pas eu dans tout ce minutieux balayage de quoi captiver l'atten­tion d'une foule, si la simple curiosité du spectacle n'avait pas été dominée par un autre sentiment, celui d'un pieux recueille­ment. Entretenir la demeure d'un dieu. loin d'être une besogne banale, était un acte saint. Dans tout cet épisode, la puérilité dos détails cache une profonde émotion religieuse. « 0 Prean j

s'écrie le jeune Ion, ô Prean, béni, béni sois-tu, fils de Latone! Le noble emploi, ô Phœbus, de veiller ainsi à ta porte, de décorer le

FONCTroNS AD~fINrSTRATrVES DES PRÊTRES. 95

siège de tes oracles! De quel juste orgueil ils me remplissent ces devoirs serviles que rendent mes mains, non pas aux hom~les mais aux dieux, aux dieux immortels! Oui, un tel travail fait m~ gloire; jamais je ne m'en lasserai ... Puisscnt mes jours s'écouler ainsi tout entiers au service d'Apollon (I)! » Je doute que tous les prêtres athéniens aient eu l'enthousiasmc naïf d'Ion qui, se ?roy~nt fils d:Apollon., ne rêvait pas d'autre bonheut' que d'être à JamaIS attache au serVIce de son père. Mais au moins peut-on dire que, lorsqu'ils se livraient, comme Ion, aux soins matériels de leur temple, l'idée qu'ils plaisaient à la divinité, en s'efforcant de parer sa demeure, relevait à leurs propres yeux l'humilité apparente de leurs fonctions (2).

Bien des prêtres étaient seuls pour faire ainsi la toilette jour­nalière de la propriété sacrée. Mais la plupart de ceux qui avaient à entretenir Ul? sa.nctuaire considérable étaient assistés d'un per­sonnel de sacl'lstmns, tels que l'était Ion dans le temple de Del­phes. Ces aides, appelés ~rfXOpOl (3) et vewxôpcH, étaient presque tou­jours des fonctionnaires subalternes. A Eleusis, dans le sanctuaire de Dèmèter et Corè, les néocores, pen/lant la célébration de la gran~e fêt~, ~taient ~el.égués dans les avcnues extérieures (4). Dans nne ll1SCrlptlOn athemenne de la fin du second siècle avant notre ère, il est question d'un zacore Z(:;blO, :\Il)'t.crw" qni est un esclave ou un affI'allChi (5). . Les inscriptiollS de l'Asclèpieion d'Athènes mentionnent plu­

SIOUl'S zacores. Malheureusement, elles sont prcsque toutes de l'époque impériale: à ce moment il semble que èes fonctions au. ~refo.is secondaires aient changé de caractère et se soient presque elevees au rang du sacerdoce (6). On voit les zacores devenir épo.

(1) vers 125-135; 151-152. ('2) « Dans tout l'Orient grec, les femmes se font encore un honneur et un

pieux devoir de balayer elles-mémes. à certains jours, les églises, et elles at­tachent à cette œuvre une dévotion parliculière. » Heuzey, Mission archéologi­que de .lIacédoine. p. 2'!.

:3) G~and Etymologique, ~œ><opoç . VEWX"PO;, i\youv 1) IltaxovovcrlX 'ltEpl 'rD lEp6v ... li 0 IEPE';; {; 'rov VOtOV XOŒ!LWV xal O'apwv.

('1) Dion Chr!sostôme, Discours, X XX VI, p. 447b• De même. Ion, qui est une sorte de ncocore, ne peut pas s'approcher du trépied sacré (Euripide, Ion, 417 et suiv.).

(5) C. J. Ji., II. 401, ligne 46. ((i) V,n néocore de Néapolis en Macédoine construit à ses frais une dépen­

danc~ Il.nportan~e dans un s~nctuaire: cette libéralité prouve qu'i! ne s'agit pas la d lm serviteur de bas ctage (Heuzey, Mission archéoiogique de Macéd . p. 22). orne,

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9G LES SACERDOCES ATHÉNIENS.

nymes, comme l'étaient jusque là les prêtres titulaires: les actes sont signés et datés de leur nom (1). Ils reçoivent des honneurs publics: plusieurs ont leur buste au-dessus d'un hermès avec inscription (2). Ils ont pris assez d'importance pour qu'il devienne nécessaire de leur adjoindre parfois un ô7to~cfxopo, (3). A l'époque classique, leur rôle était certainement moins considérable, et c'est ce qui explique pourquoi il est à peine question d'eux (4). Aussi ne peut·on guère déterminer quelle était leur condition, dans quelle mesure ils dépendaient de l'autorité sacp,rùotale, de quelle manière ils étaient nommés, enfin à quels temples il était d'usage d'en affecter.

§ 3.

Réparations et constructions dans le sanctuaire.

Malgré toute l'attention des prêtres à entretenir en bon état les édifices sacrés confiés à leur garde, malgré les soins journaliers du personnel subalterne, il arrivait qu'avec le temps ou par suite d'accidents (5) certaines constructions se délabraient et que des réparations plus ou moins importantes devenaient nécessaires.

Il arrivait aussi que les bâtiments d'un sanctuaire ne suffi­saient plus aux besoins croissants d'un culte devenu plus popu­laire. De là ùes travaux souvent considérables, exécutés tantôt aux frais des particuliers, tantôt aux frais du trésor sacré. Dans quelle mesure le prètre y était-il mèlé?

C'est dans une inscription des premiers temps dc l'empire que nous trom'erons sUl' ce point les renseignements les lilus précis (6). La fidélité avec laquelle les Athéniens ont toujours conscrvé les

(1) C. J. A .. III, 23L 181e, 774",780". ('2) C. 1. A .. III; 181", 780b

(3) C. J. A., III, 894". (4) Dans le temple d' Asclèpios à EpiJallre, les zacores jouaient le rôle d'in­

firmiers et faisaient aux malades les premiers pansements (llippys. Fragments des historiens grecs, Didot, t. II, p. 15, 8).

(5) Je ne parle pas de ces acciden ts ex:traordinaires, comme l'invasion des Perses, qui détruisit en une fois la plupart des temples de l'Attique. Pour re­lever tant de ruines. il faUut recourir à des lois exceptionnelles, et Périclès songea mème à convoquer un congrès général des Etats grecs (Plutarque, Vie de Périclès, 17). Certains temples ne fUl'entjamais réparés. Du temps de Pausa­nias celui de llèra, entre Athènes et Phalère, était encore tel que Mardonius l'av~it laissé, à demi consumé, sans toit ni portes (Pausanias, 1, l, 15).

(6) C. 1. A., II, 489b• Bullelin de corr. he!lén" I, p. 36.

FONCTIONS ADMINISTRATIVES DES PRÊTRES. 97

formes de leur ancienne constitution nous autorise à nous servir de ce témoignage d'époque récente, pour rechercher la procédure des siècles précédents. Dioclès, prêtre d'Asclèpios pour l'année de l'archonte Lysiadès, désire restaurer à ses frais une partie des bâtiments sacrés dont il va prendre possession. Il se présente de­vant le Conseil el lui expose en détail son projet de travaux. Le C~ns~iI étudie I~ ~I:opo~ition et décide qu'il y a lieu de l'accepter. DlOcles est autol'lse a faire à ses frais les réparations indiquées dans le projet, et à graver à tels endroits qu'on lui désigne une inscl'ip­tion commémorative. Il est probable qu'au temps de Démosthène les choses se passaient à peu près de même, avec cette restriction que la résolution du Conseil ne pouvait pas suffire: elle devait être soumise à l'Assemblée du Peuple et votée par elle (1).

Ce n'était pas là une précaution prise par la cité contre l'abus qu'aurait pu faire le prêtre de son autorité dans le sanctuaire. Le prêtre, qui était un magistrat de la cité, avait, comme les autres officiers publics, ses fonctions déterminées par une loi tradition­nelle, et, ,comn:e e?x, toutes ~es fois qu'une circonstance impré­vue se presentait, 1l ne pouvait agir sans y être autorisé par un décret spécial. Pour le cas particulier d'un changement à faire dans une propriété divine, on conçoit (lue le prêtre n'ait pas pris sur lui d'entreprendre des travaux, alors que la cité elle-même ne se croyait pas en droit de le faire, si auparavant elle n'avait pas sollicité l'avis de la divinité intéressée. On consultait les dieux pour savoir à quel endroit il y aurait avantage à leur construire un temple (2). La famille des Clytides, à Chio, s'adresse ainsi à sa di vinité protectrice et lui offre un sacrifice, en lui demandant s'il faut construire dans le téménos une maison, où l'on transpor­tera les objets sacrés qui sont la propriété de la famille et qui, jusqu'à cc moment, ont été conservés dans les demeures particu­lières (3). Sous l'administration de l'orateur Lycurgue, les Athé­niens, voulant faire des modifications dans leurs sanctuaires décidèrent de consulter l'oracle auparavant (4). Quand il fallu~ une autre fois réparer la statue d'Athèna, on attendit encore un ordre de l'oracle (5). La procédure que nous avons exposée plus

(1) C. 1. A., II, 363 (fragment très mutilé d'un décret relatif à une construc-tion sacrée).

('2) Inscription d'Anaphè (C. 1. G., 2477, et Addenda, t. II, p. 1091). (3) Bull. de cor. helUn., III. p. 52. (4) C. J. A., Il, 162 et page 411. (5) C. 1. A., 1 II, 'i 1 : XViJcrlX~'tO' 'tov IIIJ6tOIJ S'tL Xp~ Ë't.pov ËÔo[;] T1j; IIlXnâBo_

xlX'tlXcrxeIJâcrlXcrOIXL. Voir aUijsi C. 1. A.., l, 93 : fragment très mutilé d'une ins~

7

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98 LES SACERDOCES ATHÉNIENS.

haut n'a rien que de naturel-et n'est pas le moins (lu monde di­riaée contre le pouvoir sacerdotal.

°Ce n'est pas davantage par défiance contre le prêtre que la cité, une fois qu'elle a autorisé par un décret spécial l'exécution des travaux nomme une commission chargée de les conduire. C'est un princip~ de gouvernement chez les Athén~Cl~s de confier ~in~i les entreprises publiques aux soins de commISSIOns extraordmall'es : la responsabilité plus divisée rend la' surveillance plus active; les commissaires se contrôlent les uns les autres; l'institution est sur­tout un moyen démocratique d'appeler le plus de citoyens possible au maniement des affaires de l'Etat. Les commissaires des travaux publics appelés soit tT:tiJ.EÀ'Il'tOtl ,soit È7tt(mf't(Xt, recevaient des trésorie;s dont la caisse devait subvenir aux dépenses l'argent nécessaire aux constructions. L'adjudication ayant été faite préa­lablement à des entrepreneurs, ils inspectaient les chantiers, sui­vaient de près les progrès de l'œuvre, veillaient à la pleine exécution des charges, prenaient officiellement livraison des tra­vaux et payaient les différents salaires. Leur commissi~n éta!t temporaire et limitée à la surintendance d'une constructIOn de­terminée (1). De là vient qu'à leur titre de surveill~nts ét~it to~: jours jointe la mention de l'œuvre pour laquelle Ils ava18nt ete nommés: c'étaient les épistates de la statue (2) ou des deux sta­tues (3) , les épistales du temple de la Bonne ~o~tll~e,' les épis.t~tes de rOlympieion (4). L'orateur Lycurgue fut epimele~e du theatre de Dionysos et du stade Panathénaïqlle tant qu~ dt~rerent les .tra­vaux (5). Quand tout était terminé, les. commlSS,llres renda18nt leurs compte,; et remettaient leurs pOUVOIrs (6).

Il est bien difficile de savoir si le prêtre de la divinité pour la-

cription relative à des aménagements à faire dans le temple d'Athèna Potias.

On lit (ligne ID) : 6 'A1tô),Àwv EXrllO'EV. ... . . .. (1) C. I. A., 1,298-319. Au Pirée, une commiSSIOn adJomte à un éplmclete

construit une annexe au temple d'Ammon ('Ae" vcttOV, VIII, p. 231. n° 1). -On trouve dans d'autres villes grecques des comm issions semblables : 'A &,,­V ctt OV, IV, p. 369 (commission de VCt01tOtO\ et cahier des charges pour la cons­truction d'un temple à Livadie); Le Bas et Foucart, Inscr. du Pétopo

9nè8e, 340'

(commission d'Èml'-EÀôl'-EvOt à Tégée); C. J. G., 2266,2396,2656, 274 • (2) 'EmO''rŒ'rctt &:YŒÀI'-Ct'rOç (C. I. Â., 1, 298). (3) 'EmO''rŒ'rCtt &:yct)'I'-Œ'rOtV (C. I. A., l, 318). (4) C. I. Â., II, 162. . (5) Vies des dix orateurs, Lycurgue, 4-7 : XCtl .. 0 iv ~to'i1JO'ou 6iCt"pov ÈmO' .. ct'rwv

ÈnÀEv'tllO'E. (6) 'E'l'lll'-Eplç &:pXcttoÀoytX", nouvelle série. t~7~, nO 421 : comptes des

·travaux exécutés dans le temple de Zeus Soter au Plree.

FONCTIONS ADMINlSTRATIVES DES PRÊTRES. 99

quelle se conslmisait ou se réparait le temple était associé ft leurs actes .et dans quelle mesure il l'était. Ce qui est certain, c'est que parml tous les textes et toutes les inscriptions qui nous font con­naître les épimélNes et les épistates des travaux publics, on ne ren­contre pas une fois la mention d'un personnage sacerdotal.

Est-ce à dire que les ministres des sanctuaires devaient demeu. rel' absolument étrangers à tous les travaux qu'on pouvait y en­!reprendr.e ? ?n a quelque peine à le croire. Mieux que personne, Ils connaISSaIent les besoins du culte et les nécessités d'aménage­ment intérieur; leurs avis, à l'occasion, pouvaient être précieux. Peut-être étaient-ils appelés à titre de conseils de la commission des épistates? Peut·être étaient·ils de droit membres de la commis­sion, comme ils l'étaient toujours des commissions de refonte du mat~riel, q~e nous étudierons plus loin? Cette dernière hypothèse explIqueraIt comment, leur présence étant toute naturelle, on ne songe pas à la signaler.

Dans l'exemple qui a été cité plus haut, Dioclès, qui obtient de faire de~ réparations importantes au sanctuaire d'Asclèpios, pa­r~H aVOlr seul le soin d'organise!' les travaux: le décret qui auto­rIse son entreprise n'indique point qu'on lui ait adjoint une com­mission. Il est n'ai quo l'inscription est des temps romains. Et puis Dioclès s'est offert pour prond!'e toutes les dépenses à sa charge: les finance.s de la cité ne sont pas intéressées dans la question; il n'y a pas heu sans doute de nommer une commission officielle.

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CHAPITRE VIII.

FONCTIONS AmlINIsTRATIVES DES PRÊTRES (SUITE). LE MOBILIER, LE MATÉRIEL, LES REVENUS SACRÉS.

§ 1.

Entretien du matériel ordinaire et garde du matériel précieux.

Pour accomplir dans tous leurs détails les cérémonies du cuIte, il était nécessaire d'avoir sous la main un matériel particulier,

• Il fallait des vêtements pour habiller la statue de la divinité, des lits et des coussins pour la coucher, des tables pour lui servir le banquet sacré et, pour couvrir les tables, des nappes, des coupes, des phiales. Quand on en venait aux divers actes du sacrifice, d'au­tres objets étaient encore indispensables: c'étaient des réchauds, des trépieds, des vases d'ean lustrale, des vases à libations, des encensoirs, des couteaux pour immoler les victimes, des broches pour présenter au feu les viandes consacrées, enfin une grande quantité de meubles et d'ustensiles spéciaux, qu'il est aisé de se figurer,

Tout cet attirail devait être à la portée du prêtre, qui par ses fonctions était souvent amené à en faire usage. Il va sans dire qu'aidé de son personnel de zacores, de néocores et d'escla­ves, il avait à entretenir ce matériel, pour le remettre à son suc­cesseur dans l'état où il l'avait reçu. Il répondait des objets mis à sa disposition, comme le trièrarque répondait du navire et des agrès que la république lui avait fournis. Il débutait dans sa charge par un inventaire, et par un inventaire il la terminait.

Le matériel d'usage journalier n'était pas le seul que possédaient les sanctuaires et dont le soin revenait aux prêtres. Grâce à de pieu­ses libéralités, le mobilier et le vestiaire des divinités s'étaient

FONCTIONS ADMINISTRATIVES DES PRÊTRES. 101

augmentés indéfiniment. Il s'était formé une réserve abondante de meu~les, de. tentures, de tapis, de vêtements, de coiffures, de va­~e.~ .et d ~stenslles d~ tou~e espèce et de toute grandeur (1). Il Y d: aIt de~ ta?les garmes d argent et d'ivoire, avec des ciselures d'un riche travaIl; des lits venant de Chio ou de Milet dont les fabri­ques en ce ,g~nre étaient renommées j des lampes (~~i étaient sou­vOI;t d.e vel'ltab~es œ~vres d'art, comme celle, par exemple, qu ~V!llt consacree CallImaque dans le temple d'Athèna Poli as à A,t~~nes, e~ qui représentait un va1mier. Artémis Brauronia pos­sedaIt pl~,sleurs coffres remplis d'étoffes brillantes, destinées à par~r .le ço!Xvov., Nous avons déjà donné une idée du magnifique vestIaIre de Hera, à Samos ('2) : elle avait aussi des tissus de prix brochés d'~r et décorés de bandes de pourpre. Tels étaient égale~ l1l:nt les ,vctements sacrés qui donnèrent lieu au procès plaidé par Dcn:osthene ~ontre Aristogiton et qui, selon le témoignage de Li­bam u.s,. P?r~alOnt .brodés en lettres d'or les noms des donateurs (3). L.es dl~lllltes avalent leurs bijoux, des colliers, des bagues, des f~errel'les, dont Ol~ affublait leurs images aux grands jours de ete. Quant aux phlales, aux coupes, aux encensoirs, le nom­

bre s'en accroissait de jour en jour (4). On a conservé une lon­gue liste de phiales consacrées à un même dieu par des plaideurs helll'eux, Enfin à tout ce matériel s'ajoutaient les dépouilles de la guerre, la dîme du butin, des casques, des cuirasses ciselées, de belles armes: on remarquait dans le temple d'Athèna le cime­terre de ~Iardonius, ainsi que le trône aux pieds d'argent SUl' le­quel Xerxès s'était assis pour contempler la bataille de Sala­mine (5).

Avec le temps, cette réserve d'ustensiles et d'offrandes finissait par former comme un trésor. Tous les dieux d'Athènes avaient

(1) Voir les inventaires des temples d'Athèna Polias ct d'Athèna Nikè (? 1 .. LL, 1, tl7-~76; Le Bas, Inscriptions de 1'.4ttique, n' 157-2'26); ceux d Artemls Brauroma (C. 1. G., 155, et Le Bas, 227-234); celui que firent sans Jou~e .Ies prêtres athéniens du temple d'Egine au moment où l'île passa aux LaceJemoIllens après la bataille d'JEgos-Potamos (C. J. G" 2139), Voir aussi l\IouO'erov ",d ~t~ÀtoO>1"'l1 'tij; ôVOtyyeÀI"ijÇ O';(oÀij; (Smyrne), 1'période, 1" année, 1875-1876, p. n,

(2) Curtius, Inscri{/en, nO 6. (3) Libanius, Argument du discours de Démosthène contre Aristogiton r l,

. (4) Lu~ien (De la déesse 6yrienne, 60) parle d'un usage en vigueur à' Hiérapo­liS ct qUi conSistait à attachel' avec des clous dans le temple des vases d'or ou d'argent dans lesquels on dépo~ait les chevelures des enfants,

(5) Démosthène, contre Timocrate, 129.

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102 LES SACERDOCES ATHÉNIENS.

ainsi le le lU' (1). Thucydide nous apprend qu'au début de la guerre ùu Péloponèse, l'or et l'argent non monnayés, c'est·à-dire les of­frandes publiques et particulii)res, avec les dépouille~ des Mèdes et les autres objets consacrés, formaient pour le sanctuaire d'Athèna seul une Yitleur d'au moins cinq cents lalents, et que les autres sanctuaires, quoique moins opulents, contenaient aussi des richesses ("2).

Tout cela était-il confié à la garde du prêtre ou de la prètresse de chaque divinité? Pour répondre à cette question, il faut se re­porter aux ÎtlYentaires qui contiennent l'état des tréSOl'S sacrés au cinquième et au quatrième siècles, et dont une grande partie nous a été conservée. Ces documeùts montrent qu'il existait une administration spéciale, qui :;;e renouvelait rôgulièrement et qui a,-ait la respollsahilitô de toutes ces valeurs en réserve. Cette ad· ministration n'a pas toujours été la mème (.1) : tantôt on ne ren­contre qu'nne seule commission de trésoriers, le eollllge des tré­soriers de ln, déesse el des autres dieux; tantôt il y a deux collèges séparés, celui des tré-sOl'iers de la déesse et celui des trésoriers des autres dieux. Nous n'avons pas à exposer ici les diffôrentes phases de cette organisàtion financière. Unis en un seul collège ou sépa­rés en deux commissions, les trésoriers sacrés avaient toujours des fonctions analogues. A leur entrée en charge, ils recevaient un catalogue détaillé des objets consacrés à chaque divinité, avec le poids et la matière do chaque objet, et ce catalogue, ils le pas­saient à loms successeurs, après y avoir ajouté ce dont le dépôt s'était accru dans l'espace d'une année, T& lr.ÉTWX. Tout ce qui était consigné dans l'inventaire était sous leur garde (-1). L'édifice où le trésor était conservé n'était accessible llu'à eux; eux seuls pouvaient en ouvrir les portes.

On a des fragments d'inventaires pour la période qui s'étend depuis la seconde moitié du cinquième siècle avant notre ère jusqu'à la fin du quatrième. Vers la 86" olympiade (4:36-433), les trésors de la déesse et des autres dieux, qu'il avait fallu con-

(1) Un passage d'une inscription relative aux comptes de Lycurgue (C. J. A., n, 162, Addenda, p. 411), montre que la plupart des divinilés athéniennes avaient leur trésor: [xJo"f-LOV Ëxœo--rov Il-rov av ~ -rwv 6EWV '.po,.

(2) Thucydiùe, lJ, 13. Le catalogue des off~alldes d'Athèna Polias, par série d'objets ùe même genre. li été fail pal' Michaelis : on y voit quelle était la variété des ex-voto qui constituaient ces trésors sacrés (Der Parthenon, p. 313-315).

(3) Bœckh, Staatsh.; livre II, ch. 5; Kirchhoff, Bem~rkungen;;u den Urkunden der Schalzmeislrr der GüUin et Bemerkungcn zu den Urkunden der Schatzmeisler der anderen Gotter.

(4) C. J. A., 1, 32.

FONCTIONS ADMINISTRATIVES DES PRÊTRES. 103

vel'tir en monnaie pour subvenir aux dépenses de la guerre du Péloponèse, sont définitivement reconstitués sinon avec les obiets

• 'J eux-memes qu'on leur a enlevés, du moins avec les sommes qui en représentent la valeur et les intérêts' ils se conservent s'enri-

. " chlssent pendant quelque temps; puis, peu à peu, ils se réduisent: la cité ne cesse d'y puiser de nouvelles ressources et le tyran La. charès, maître d'Athènes au nom de Cassandre. achève de les piller (1); dès lors on ne les voit 'plus se refor~er le Peuple , " n ayant plus assez de revenus pour rendre à ses dieux l'aro-ent qu'il leur a emprunté. Pendant plus d'un siècle on peut suivre ainsi l'histoire de l'administration des finances sacrées. Or, dans tous les inventaires qui nous restent, il n~est pas question d'un prêtl'e une seule fois. Les commissions de trésoriers se succèdent , se transmettent régulièrement leur dépôt, et jamais aucun prêtre ne paraît se mêler à leurs travaux. Il n'en intervient même pas pour remettre en leurs mains les offrandes nouvelles, consa. crées dans l'année et pendant la durée d'un sacerdoce.

Je ne connais que deux inscriptions, - et ce ne sont pas des inventaires, - où les prêtres soient mentionnés à côté des tréso­ri.ers sacrés. C'est d'abord le décret qui, vel'S la 86" Olym­]llade, avise aux moyens de restituer aux dieux les valeurs qu'on leur a empruntées pendant la guerre du Péloponèse. Il y est dit que les prytanes, de concert avec le Conseil, rendront aux dieux les sommes qui leur sont dues, et qu'après chaque paiement ils effaceront du livre de la dette l'indication correspon­dant~ ; ils auront soin, auparavant, de rechercher les quittances, les lIvres de comptes et tout ce qui existe d'écrit sur la dette de la cité envers les dieux; enfin, les prêtres et les hiéropes et tous ceux qui peuvent en avoir connaissance devront exhiber ces écrits (2). Ce texte prouve seulement que dans le cas particulier, lors de l'emprunt fait aux trésors sacrés, on avait pris chaque prê­tre h témoin de la dette contractée envers son dieu. L'intérêt des différentes divinités était trop engagé dans cette vaste opération financière, pour que l'autorité sacerdotale n'y eùt point sa part de contrôle. Mais je donte qu'il y ait eu là antl'e chose qu'une dispo­sition transitoire, un surcroît de garantie. Le second texte n'est

(1) Sur le pillage de Lacharès, vers l'an 295 avant J.-C. , voir Pausanias, l, 25,7.

(2) C. J. A., I, 32, lignes 10 et suivantes: àrm/i6v-rwv [ôè -rlà XP~f-L,,-r(1. o!1tpvtGt­Vêt; f-LE-rà -rijç ~ov).ij; x"l èl;'ÜE':;>O'ITWV, È1tEt[ôàv] à"oôw<1'V, ~"11T~<1a:VTEç Tâ. -r. r.tVâ.Y.t~ x~.i Tà YP"I1-f-L"nr" Y."l Hf-L1tfov èi),j).o6, ~I YEYP<>f-Lf-Li'/(1. • à1to?<:t,v:6v-r,ùv oè -rà y ô yp (1. ~·IÜ v (1. 0' -r, 'E P [ij , xJa: i 0 t ! E po 1t 0 , 0 ( X" l Et '1"' ç Go. 1. 0, ° 1 il EV.

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104 LES SACERDOCES ATHÉNIENS.

guère plus ùécisif: c'est un fragment épigraphique très mutilé, où il semble qu'il s'agisse d'une contestation portée devant U,l1

tribunal (1) : il y est question du prêtre des Dioscures et des tre­soriers des autres dieux; mais rien n'autorise à conclure que le prêtre et les trésoriers aient été associés dans l'administration du trésor sacré.

On se tromperait cependant si l'on croyait à un éloignement sys­tématique du prôtre. Nous l'avons déjà fait remarquer à propos des constructions faites dans le temple: ilue s'agissait ni de mettre à l'écart l'autorité sacerdotale ni de lui lier les mains d'aucune fac,on ; les Athéniens n'y songeaient pas. Si les prêtres demeu­raient étrangers à l'administration des trésors, la raison en était toute simple: c'est que tous ces trésors n'étaient pas épars dans les différents temples, mais réunis à l'Acropole, dans l'Opis­thodome, ayec les autres trésors de la cité. On lit dans le décret sur la restitution des sommes empruntées aux dieux: Cl, Les tré­sot'iers des autres dieux administreront les trésors des dieux sur l'Acropole, dans l'Opisthodome; » et plus loin : (( les trésors d'Athèna seront conseryés du côté droit de l'Opisthodome et ceux des autres dieux du côté gauche (2). » Toutes les richesses publi­ques étant ainsi concentrées dans la citadelle sous la garde immé­diate de la diyinité poliade, il était naturel que les prêtres, dont l'autorité ne s'exerçait que dans un sanctuaire, n'eussent pas à s'occuper de trésors que leur sanctuaire n'enfermait pas.

Un jour yi nt où la réserve du matériel précieux offert aux dieux ne fut plus transportée à l'Acropole ni conservée dans l'Opistho­dome, mais resta déposée dans les temples des divinités mêmes auxquelles les objets avaient été consacrés. On ne saurait dire au juste à quel moment cet usage prit naissance: les trésors ayant été gaspillés par la cité durant les crises qu'elle avaittI'aversées au quatrième siècle, les nouvelles r6serves qui se fOI'mèrent peu à peu ne furent-elles plus assez considérables pour qu'il y eût lieu de les garùer dans l'Opisthodome? Le pillage que fit La­chari~s des richesses sacrées montra-t-il l'inconvénient qu'il pou­vait yayoir il les concentrer toutes sur l'Acropole, il la merci d'un coup' de main? Toujours est-il que d()s le troisième siècle on

. trouye dans le temple d'Asclèpios les offrandes :précieuses con­fondues avec les autres : des commissions spéciales, dont nous parlerons plus loin, sont nommées pour mettre il, part, en vue

(1) C. J. A., l, 34. (2) C. I. A., 1,32.

FONCTIONS ADMINISTRATIVES DES PRÊTRES. 105

d'une refonte, les objets qui ont quelque valeur métallique. A ce moment, il est naturel que le prêtre du sanctuaire de­

viellne responsable du matériel précieux, dont jusque-là les tréso­riers sacrés ont eu seuls à rendre compte. Gardien du sanctuaire, il garde par le fait l'Ot' et l'argent IJui s'y trouvent en dépôt. On le voit par la rédaction môme des inventaires de l'Asclèpieion. Les objets y sont énumérés dans l'ordre de leur date de consécration, et cette date est marquée par le nom du prêtre (1). Il y est ilues­tion aussi de la livraison des objets faite par le prêtre il la fin de sa gestion (2). Or, à l'époque où l'administration des trésors sacrés appartenait aux trésoriers de la déesse et des autres dieux, les acquisitions annuelles, T,x f:TtÉTet~, étaient marquées sous le nom des trésoriers en charge dans l'année et sous leur t10m seul; la livraison du trésor se faisait d'une commission à l'autre, sans que jamais le prôtre du sanctuaire fût mentionné. Si donc les tréso­riers avaient aussi administré le trésor d'Asclèpios, c'est le nom de chacun d'eux et non point le nom du prêtre annuel que nous retrouverions comme indication chronologique.

Il faut admettre que vers la fin du quatrième siècle il sc pro­duisit un changement dans l'administration des trésors sacrés. Ce qui confirme cette conclusion, c'est qu'à partir ùe cette époque on ne trouve plus un seul inyentaire d'objets sacrés rédigé comnw l'étaient ceux des siècles précédents: on n'a plus que des catalo­gues particuliers faits dans les temples en vue d'une refon te, et la place importante qu'y tient le prêtre montre que tout ce maté­riel était alors remis à sa garde.

§ 2.

Refonte du matériel.

Que la réserve du matériel sacré fùt déposée dans l'Opisthodome du Parthénon ou qu'elle restât enfermée dans le sanctuaire parti­culier de chaque dieu, le ùépôt devenait pat'fois si considérable que la place qu'on pouvait lui affecter ne suffisait pIns. Afin de

(1) Bull. de corr. heUén" II, p, 426, ligne 78 : OpotZ(iJ-otl) .<1.1.<1 li; àvi6'rjx[E K]otÀÀi7t7tl'] È7tl <I>,),i[7t7tJou lap€w;, - p, 431, lignes 17, 18: xotl TOt <iVotT[EOéVTot Èy'

lepiw; AUŒ'Û]ÉOU; ~U7tlx):ljn(tou), - p. 433, ligne 40 : xotl Tâ,oe I;f" lepÉw; Kotn,â,­ôou Aty,),(dw;). Ces formules reviennent souvent dans l'inscription.

(2) Bull. de corr. hellén •• II. p, 426, ligne 74 : [Tlâ,oE 7tpoŒ7totpéôwXEV lepEùç 'A[Œûl']7tlwv, Les mêmes termes se retrouvent plus loin à la ligne 78.

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106 LES SACERDOCES ATHÉNIENS.

pouvoir le conserver où il était et poUt' savoir où mettre les offI'all­des nouvelles, il fallait enlever et jeter à la fonte une partie des objets métalliques. L'opération était d'aut:mt plus nécessaire qu'un certain nombre de ces objets, entassés depuis longtemps à l'air et il la poussière, étaient usés ou détériorés: les feuilles d'or se détachaient des couronnes; les soudUt'es ne tenaient plus; les appliques s'enlevaient. SUt'tout les objets qu'on employait de temps en temps pour la célébration du culte, les vases d'or et d'argent qu'on portait à la procession, les coupes dont se servaient les prêtres finissaient par être hors d'usage (1). Tous ces ustensi­les avaient trop de valeur pour qu'on se bornât à les mettre au rebut: on les refondait poUt' en refaire d'autres analogues, desti­nés aux mêmes cérémonies, ou bien on les convertissait en lin­gots.

L'exemple le plus ancien qu'on ait d'une opération de ce genre date du milieu du quatrièrl1e siècle, yers la 1016 Olympiade. Une commission fut nommée sur la proposition d'Androtion, alors trésOl'ier d'Athèna; Timocrate en fit partie. Démosthène, qui les accuse tous deux de concussion (2), ne nous apprend ni comment la commission était composée, ni <le quelle manière elle conduisit ses travaux. Une autre opération du même genre eut lieu plus tard, vers la 1116 Olympiade, sous la direction de Lycurgue, tré­sorier de l'administration. Le fait, mentionné dans la Vie des Dix orateurs et dans le décret de Stl'atoclès (3), est confirmé par une inscription (4).

C'est dans des documents du troisième et du deuxibne siècles que nous pouvons étudiel' la procéLlure usitée en pareil cas. A ee moment, la situation est changée: le matériel qu'il s'agit de re­manier et de refondre n'est plus à l'Acropole, mai:; dans le temple même auquel il appartient; il n'est plus question ni du trésorim'

(1) Démosthène, contre Androtion, 70 : 'l'-I)'1ct; 6' à:ltOPP"'v 't",x 'l'vÀÀo: 'n;;v '1To'P';'­vwv xo:, '1o:ltpo'.J, ",'/o:t Ot,x Tav Zpovov. - C. l, A., II, 404 : \mctpz"LV T'Ïl a"'Ïl xo:­vovv xo:[i] oiv[0]zl6]'lJv xo:[l lt]OTr,p'o: 'ovo xo:i Àt(>O:'lwTlIlo: xo:l [",ct).'IJ'1] xOli 't"[OlV]TO: yeyovivo:, azp'IJO'TO: a,Ot Tav Zp6[vovJ. - lIull. de corr. hellén., II, p. 432, ligne 32: à:PY'lpWiJ.ctTOl 0\, ol tepd; i.Zpwv't"o. - C. J. G., 1570 : "'VOlt BÈ xo:l 't"wv ltpO, TOr_ 'l"o(zo" à:vo:x"'iJ.Évwv ltElt't"WXOTO: 't"LVcX. - Ibid. : '11liJ.60l(vEt 't'LV,x 't'WV i.1tl 't'i'jç 't"po:1tÉ~'IJ_

TOV 'AiJ.'Pto:pctOIl à:pyllpWiJ.ct't'wv à:ZpdOl yoyO'!É'!Ol' , TLVOt liè i.m'1xEIli'j, Zpdo:v Eze LV ... 1tE7rO'/'lJXÉ"O:' XOli 't'iJv ,?,cX).'lJv 't'iJv ZPIlO'i'jv 't"iJv i.lti rijç 't"pOl1tÉ~'I), ~ '11to'/o01tO,d't"Ol' 0 [e­

pev; XOli ""Olt à:ZpdOlV. (Z) Démosthène, contre A ndrotion, 7U, et jusqu'à la fin; contre Timocrate,

176 et suiv. (3) Vies des dix orateurs (Lycurgue), p. 841 et 852, (4) C. 1. Â., II, 162.

FONCTIONS ADMINISTRATIVES DES PRÊTRES. 107

de la déesse, ni du trésorier de l'administration: c'est le prêtre qui a le rôle important.

Voici comment les choses se passaient (1). Le prêtre se présen­tait devant le Conseil et faisait un rapport ~ur la nécessité d'une mise au rebut partielle ou générale (X'XOdPE'1lç), d'une réparation du matériel hors d'usage (Èm'1xe'J"~), enfin d'une transformation des objets métalliques par une refonte (P.ET'XX'XT'X'1XE\J~). Il demandait qu'une commission lui flit adjointe pour procéder à l'opération. Si le Conseil jugeait que la proposition dont le prêtre a\'ais pris l'initiative était opportune, il rendait une décision favOl'able, et cette décision motivée, portée par les proédl'es à l'assemblée du Peuple la plus proche, était mise en délibération. Le décret voté, l'Assemblée nommait les commissaires.

Les uns l'étaient de droit: c'était d'abord le prêtre du sanc­tuaire ; puis venait le stratège È1tt T~V 1t'Xp'XO'Xeu~v , magistrat qui pa­raît pour la pl'emière fois avec ce titre dans les inscriptions du troisième siècle et dont les autres fonctions ne sont pas conllues (2), enfin l'architecte pour les choses sacl'ées, 0 <XP/.lTixTblV 0 ÈT:l T& (Ep& ,

qont il est difficile de déterminer la compétence et le rôle (3). Les autres membres de la commission étaient électifs: le Peu­

ple les choisissait par un vote à main levée. Leur nombre variait suivant la valeur des travaux à exécuter. Dans l'un des inventaires tl'ouyés sur les ruines du temple d'Asclèpios, inventaire dressl! sous les yeux d'une commission de ce genre, le~ délégués sont au lIombre de dix, cinq choisis dans l'Aréopage, ci nq pris sUl'le nom­bro de tous les citoyens (4). Dans l'inventaire, fait au deuxième sii)cle, du matériel méLallÎllue déposé dans le t'anctuaire du Héros Médecin, le nombre des délégués n'est lIue Lle cinq, dont deux allparLÏennent à l'Aréopage et trois sont des citoyens ordinai­res (5).

(1) C. 1. A., II, 4.03,404.,405, 405b , Bulletin de correspondance hellénique, II, p. 129. ~\a>ÎVOl'O'/, V, p, 103, nO 13.

(Z) Bull. de corr. hellén., II, p. 513. (3) Il semble qu'il y ait eu, comme chez nous, un architecte attaché d'une

ll1anii~J'c permanente à chaque édifice puhlie. Il est fait mention quelque part d'un architecte <In théâtre chargé de ménager des places à certains specta­teurs pOUl' les re;lI'ésentations dramatiques. Les expressions '1:0'/ à:PZ''l:ÉX't"O'/Ol "'0'1 à:d y.o:O''1't"''iJ.E'IOV (C. 1. A" Il, 335. ligne 8) indiquent qu'il s'agit d'une chal'ge 'lui se renouvelle régulièrement. Y avait-il de la même manière des architectes réguliers pour les tcmples? Le fait est probable; mais aucun té­moignagc explicite ne coufirme cette conjecture,

(II) Bill!. de corr. heUrn., Il, p. 4'29, (5) C. 1 • • L, Il, ~03, 405 b

• - Un autre inventaire $e rapportant au temple du

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108 LES SACERDOCES ATHÉNIENS.

Le Peuple, après les avoir désignôs, le~r adj oi,gnai t , ~a: ~e même mode d'élection, un des esclaves publIcs (o'lJ[1-ocrWt), qlll etmt chargé de tenir les écritures et de ch'esser la liste des obj,ets enle­vés. Ce personnage, quoique d'un rang infôl'ieur, avaIt cepen­dant un rôle qui n'était pas sans impOl'tance. ~Iieux qU0 personne, il était au courant ùe la procédure administl'ati ve et pouvait as­surer la régularité des travaux de la commission. C'est ce qui expliquG pourcruoi Démosthène rept'oche ~i :,ivement ~ ~ndro­tion de n'avoir pas associé un esclave publ1c a la commISSIOn de refonte qu'il présidait (1). . ..

La commission se réunissait dans le sanctuaIre, faIsaIt enlever sous ses Teux (2) les objets (lui s'y trouvaient déP?sés, dre~sait au fur et à mesure l'invelltail'e des offrandes en motal, mentIOn­nant la nature, la matière ct le poids de chacune d'elles, avec le nom du donateur; mettait à p:1rt celles d'or, celles d'argent, celles de bronze, ct livrait chacun de ces lots il la refonte, pour les con­vertir en lingots.

Tantôt ees lingots étaient conservés tels quels jusqu'au jour où il fallait en b:1ttre monnaie; tantôt on en faisait des vases, des phiales d'or et d'argent, et rl'autres objets analogues des­tinés aux processions; tantôt, comme fit Lycurgue, on leur donnait la forme de Victoires (3). D:1ns les ÎllYent:1ires de l'As­cll~Jlicion et du temple du Hôros Médecin, le décret illi.ti.al, dont les eonsidérants re]Il'oduisent probahlement la proposItIOn du prêtrc, ddermine la natme des objets qu'on devra fa.briilllcr avec le môtal recueilli. Ici c'est une taille, un encenSOlr, Ulle corbeille et un trépied (4); là c'est une œnochoè seulement (5);

Héros Médecin nous fait connaitre une procédure un peu différente. (C. 1. A., II, 404). Le prêtre fait sa proposition au Conseil, qui l'accepte et qui, sans la renvoyer aux votes de l'AssembI6e, nomme trois commissaires pris dans son sein: il n'y a ni délégués de l'Aréopag'e, ni délégués du Peuple. Les autr~s commissaires sont toujours le prêtre, le stratège È1tl .. i;v 1tClp""y.EV~V et l'archI­tecte ponr les chos~s saerées; la commission est toujonrs assistée d'un esclave public. Je ne sais 11 quoi attribuer les dilf,~rences que présente ce document comparô aux précédents. S'il était possible d'en déterminer la date exactement, peut-être trouverait-on l"explication de cette anomalie dans les circonstances au milieu desquelles la commission a été nommée,

(1) Démosthènc, contre Androtion, 70. (2) ~ 0 ~ v Cl t 0 v, V, p. 103, nO 13 : TallE XClOEtpiO"l), 1t Cl? 6 v T 0 ç TOti [EpÉOlÇ '" xC11

TWV &[P"l)!J.ÉvOlv •••

(3) Vies des dix orateurs, p, 852. (4) Bull. de corr. Iietlén., II, p. 441. (5) C. 1. A., II, 403.

FONCTIONS ADMINISTRATIVES DES PRÊTRES. 109

ailleurs c'est une corbeille, une œnochoè , deux vases à boire, un encensoir et une phiale (1), Cc sont en général des objets de prix et qui servent à la célébration du culte.

La commission prena.it soin d'en faire la commande et de veiller à ce qu'ils fussent aussi beaux que possible, wç àv OUVWVTlXt xct),Àta­

TOV (2). Puis elles les déposait dans le temple, comme une offrande nouvelle, avec une inscription commémorati ve, dont la formule lui avait été donnée par le décret. Cette formule indiquait que l'objet ainsi consacré était formé ùe la l'éunion d'un certain nombre d'of· frandesjetées il la refonte, d7tO TWV dVIXO·IJ:.'-aT(dV ou hi en lx TWV TÛ7tWV (3). EIle portait en outre le nom d'un donatem, qui était tantôt le Con· seil, tantôt)e trésorier en charge, Androtion ou Lycurgue, tantôt le prêtre du dieu. C'était un honneur qned'avoir son nom ainsi gravé sur l'offrande, et voilà pourquoi Démosthène s'indigne de voir le nom impie d'Androtion inscrit sur des phiales consa­crées, alors que les couronnes qu'il·avait fallu fondre pour les faire portaient des inscriptions qui rappelaient aux Athéniens de glo­rieux souvenirs (4). Avant de se séparer, la commission faisait graver sur une stille , dont le trésorier militaire (0 TIX[1-fIXÇ TWV crTplX­

Ttc.mxwv) payait les frais, le décret qui l'ayait nommée, les noms des commissaires, l'inventaire qu'elle avait dressé des objets enlevés, avec les noms des donateurs, le poids total du métal recueilli avant la fonte, le poids de::; lingots déduction faite des déchets, enfin le prix et le poids de chaque offrande nouvelle. Elle dôpo::;ait la s~èle au temple où elle s'était réunie, accomplis­sait un sacrifiee dont la valeur déterminée pal' le décret était prise SUI' la valeur totale du métal refondu; enfin elle venait, deyant le Conseil sans doute, rendre compte de ses actes.

Telle était la procédure il partir du troisième siècle avant notre ère. A ce moment, le prêtre exerçait donc, dans les commissions de refonte, une sorte de présidence: il était inscrit le premier sur la liste des commissaires; l'offrande nouvelle était consacrée sous son nom. On trouve dans les inventaires de l'Asclèpieion : objet consacré par le prêtre aeec le produit des ex-voto (lep.oç EX T'OV

TÛ,,~.)V), comme s'il avait eu qualité pour représenter à lui seul la commission (5) .•

{Il C. 1. J .. 11, 4tH. ('Z) C. 1. A., Il, 403. (3) C. 1. A., II, 403. Bull. <le corr. he!l~n., II, p. 432, lignes 33-36; p. 436, li·

gnes 80, 81 ; p. 437, lignc 93. (Il) Démosthène, contre Androtion, n. (5) Il est vrai que, dans le cas parliculier, on ne saurait affirmer avec cer-

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t 10 LES SACERDOCES ATHÉNIENS.

Il n'en était certainement ·pas de même dans les siècles précé­dents, alors que les trésors des dieux étaient non pas dispersés dans les différents sanctuaires, mais réunis dans l'Opisthodome du Parthénon, sous la garde des trésoriers sacrés. Les prêtres n'intervenaient pas encore dans la constitution des inventaires annuels. On est autorisé par là à penser qu'ils n'intervenaient pas davantage dans les commissions de refonte.

§ 3.

Administration des revenus sacrés.

La réserve du matériel précieux n'était pas un capital mort qui s'entassait indéfiniment, sans que le dieu en tirât profit. C'était moins une collection curieuse !:l'objets d'art et de prix qu'une valeur métallique en dépôt. Cette valeur, mise en circu­lation, pouvait être une occasion de revenus. J'ai parlé des prêtR que les dieux d'Athènes faisaient parfois à la cité. Ces prêts étaient soigneusement enregistrés, et quand le jour venait d'en rembourser le montant, il fallait y ajouter le paiement des inté­rêts (1). Les temples ne prêtaient pas seulement aux villes en dé­tresse (2) : ils prêtaient aussi aux particuliers'. Le temple d'Apol­Ion, à Délos, était une véritable banque (3).

titude qu'il y ait eu une commission. Les mots lepeù, lx 'l"WV 'l"V7rOOV indiquent seulement qu'il y a eu refonte d'offrandes. Il est à remarquer que partout où cette formule revient, la refonte a porté sur des valeurs peu considérables, 19 drachmes, 29 drachmes. 44 drachmes, au lieu que les refontes que nous voyons confiées à des commissions représentent des valeurs de 234 et de 4270 drachmes. En tous cas, qu'il y ait eu ou non commission, il est bon de noter que le prêtre est en nom, ce qui n'arrive ni du temps d'Androtion ni du temps de Lycurgue.

(1) C. 1. J., 1, '273. (2) Avant de s'engager dans de coûteuses expéditions, les villes s'enquéraient

des trésors sacrés auxquels elles pourraient faire des emprunts. Les Corin­thiens poussent les Grecs à la guerre contre la suprématie athénienne, en rap­pelant qu'il y a des trésors en réserve à Delphes et à Olympie pour les be­soins de la guerre (Thucydide, I, l'lI). Avant de se lancer dans l'expédition de Sicile et de se rendre aux instances des Egestains qui les appellent, les Athé­niens envoient des députés à Egeste pour voir si les temples contiennent des ressources suffisantes pour couvrir des dépenses extraordinaires (Thucydide, VI, 6, '20, 46).

(l) Bull. de corr. heLtén., II, p. 34'2 : inscri~~io~ tr~uvée p~ M .. Hom?lle à Délos. C'est une liste de prèts (ôctve(oov) avec IIDdlcatlOn des IDlérets ('I"Gltoov).

FONCTIONS ADMINISTRATIVES DES PRiiTRES. 111

Aux intérêts des soulmes qu'on leur empruntait les dieux joignaient une foule d'autres reveuus. C'étaient d'abOI'ù des dons en argent: On se rappelle la liste des prémices pécuniaires (,x7t'ctpZctC) que payaIent au sanctuaire d'Apollon Pythien la plupart des ma. gistrats athéniens et déliens (t). Les uns donnnent deux cent cinqu.ante drachmes, d'autres deux cents, d'autres cent, d'au­t~~s ~lI1quante seulement. Si cette contribution, qui sans doute il etaIt pas volontaire mais imposée, se renouvelait régulièrement, le temple pouvait en tirer un revenu annuel de trois mille six cents drachmes. Les suppliants faisaient souvent des of­frandes en monnaie. Dans les inventaires de l'Asclèpieion, on rencontre plusieurs fois la mention de drachmes, et de tétra­drachmes que tel ou tel est venu consacrer dans le sanctuaire (2). Le revenu des amendes était le plus considérable (3). Athèna recevait le dixième de certaines amendes et les autres dieux le cinquantième (4). D'autres fois l'amende était tout entière dé­volue à une divinité déterminée. Un décret, relatif à la condition des Phasélitains résidant à Athènes, stipule que si l'archonte viole la loi votée à ce sujet, il paiera dix mille drachmes à Athèna (5). Le magistrat chargé de contraindre les marchands à l'usage des poids légaux paie, s'il est négligent, mille drachmes à Dèmèter et Corè (6). Hèra reçoit mille drachmes de l'archonte qui ne force pas le plus proche parent d'une orpheline à l'épou­ser (7). Toute contravention à la lJolice d'un sanctuaire est pas­sible d'une amende au profit de la divinité qui l'habite. Il faut enfin signaler parmi les revenus sacrés le produit des offrandes en nature ou prémices que l'on apportait aux dieux, ainsi que le produit des biens fonds qui leur appartenaient. Dèmèter et Corè recevaient tous les ans les prémices des récoltes que leur envoyaient tous les dèmes de l'Attique, les alliés et quel­ques villes grecques (8). D'autre::; di vini tés possédaient des ter­rains, bâtis ou non bâtis, des champs, des jardins, des bois, des pâturages, que l'on désignait sous le nom général de 'l"Efl-iY1j

(1) Voir plus haut, p. 42.

(2) Bull. de corr. hel/en., II, p. 425, ligne 60; 426,79,81: 430,8; 432,26; 433, 49 ; 434, 55, 59, etc.

(3) Bœckh, Staatsh., liv. III, ch. 12. (4) Démosthène, contre Timocrate, 120. (5) C. 1. J., II, Il. (6) C. 1. J., II, 476. (7) Démosthène, contre Alacartatos, 54. (8) Bull. de corr. het/m., IV, 225 ct suiv.

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112 LES SACERDOCES ATHÉNIENS.

lu art rovenaient de donations: ou enclos sacrés, et dont la, PD' P Pflls de Dèmomélès et pa-'t' l' emple de ornon, l .

nous avons Cl e ex .. " , Asclèpios une maison ' h' qUI avait consacre a . 1

rent de Demost one, d M >aare achète un terra111, e . . (1) Une femme e e1:>' . et un Jardll1 . , la c"le'bration de certall1S fI: te les revenus a v < . consacre et en a ec ,. .. d' 1'0 riétés aux dIeUX

. (2) L'usage d attrIbuer amSl e:s P.p. Ath'-sacnfices. , . t' u'on ne VIt JamaIS les e était si général et SI ,respe~r~tofre conquis sans commencer par niens faire le partage.d ~,n te en faveur d'Athèna (3). A part les distraire un lot cons~delable 1 _ t'située entre Athènes et

. , t' acre'es qlU comme a ,'1) opCL 1 d al' propl'le es s , t' ours sans culture, es om< _ Méaare (4), devaient demeur~r oUJ "

1:> . 't . ent affermes. , b ' nes des dreux e al d sanctuaires avalent esom "1 f s,;ent ces revenus es . "

Quels qu l su" , "ls l'aient J'amals ete par . . t' Il ne parait pas qu l 't d'être admllllS l'es. " t la Il' ste des emprunts fal s ' " 't'on qlU contI en d les pretres, L 111scrIp l" , s endant la guerre u Par la cité athénienne aux tresors saclrcfOIPS le nom d'un prêtre:

' f me pas une seu e Péloponese ne men 101 m té al' les trésoriers de la déesse, et chacun des emprunts est co p p t calculé par les magistrats ' chaque somme es l'intérêt a payer pour , ~ L'enregistrement des amendes chargés des comptes publ,lCS (::J )'d 1t 'e de la divinité intéres-

' l' l presence u pre l sacrées Il a pas lell el " . de la déesse ou des autres sée: il Si effectue soit devant les treso1'1ers ,

(1) C. l, G., 459. , . . du Péloponèse, nO 25'. _ Xénophon, ('2) Le Bas et Foucart, InscTlptwns , V

3 , "e et au quatnème Anabase, , . l'es athéniennes au cmqulem . (3) Foucart, JIémoire sur les co On! " l'Académie des inscriptlOns. é té par dIvers sat'anls a 't 1 d'eu siècles (Mémoires pr sen s . A 01. os en Asie Mineure, on VOl e, 1

1re

série, t, IX, 1878. p. 33,3) .• - I~ :r;lus de ses revenus. Plusieurs ms-lui-même acheter des proprietes avec rtent à cette opération (Le Bas et

. Louvre se rappo criptions, conservees, au. Ar: eu;e nO' 331-332, 337, 338). WaddinO'ton, Inscr. d ASIe ln ,

(4) PI:tarque, Vie de P~riclè~, 3? (1) üoy(<rocv't]O ot ),oyt<r'toc[l Èv 'tor; 't~'tJ't~P-« ) C 1 A I '273 : [TCLao 'tov 'toxou. , À' (?)] Suit l'énumeratlOn " " ., , "[II 6 'VCLtOC o~e:t Of!e:VOC . , )

<rtV l'to<rtV lx IIctVocOY}'IOCtw" . o'. CLVCL :e de ra 88' Olympiade (1'26 av. J.-C; : des prêts faits dans la trolSleme aln~_ il>Àue:\V xCt.l çuvlipx

ovn; 'En['I)VO'tOCf!tCLt;

['tlioe: ol! 'tOCf!(oct 7tOCpÉoo<r[ocv, 'Avopo,x l'J; , 'xoÀocpye:ï xocl1;u[vlipxou

<rtV, l.7tl rij; Joï xCLl çu'/(xpxou<rt[ v, <r'tpCL't]'I)yor; I7t7tOX~CL't~t , , 'tCLoe:' "f!ÉPOCt È<ro[À'I)ÀuOuCoc;, È7t1

• • • , • '[ oc' 7t°U J'tCLVOUOUa-t]" 'tê't l" l "Olt) KE 007t(00 J' 7tpU'tCLVEtCL; oEU'tE P" ]' '1 EùOvvou <xpxov'to; (" ta en s • xI" "-'to[; ÈypCLf! f!CL'touo, E7t , . en

't'Ii' ~ouÀ'liç ~ll\le:yCt.XÀEtO'I)ç 7tpW h ) trx paiements analogues sont ams.\ m _ 'tô:o; 't[ov'tOt; l.yÉVE'tO, {~636 drac, m~~~ s; termine par le paragraphe sU\v~nt : tionnés, et le chapltle pou; 1 an , 1 ., 'Avap[oùéouç &]px'li; xCLl1;uvocpxov'twv [xE<plliÀCLtoV 'tOV &pX

CLiou &VCLÀWf!CL'tOç ':u 't;; liÀCLWV 'tii> &pyupC'l' 'tii> &vocÀwOiv't[1 È7tl

(261 talents et 2G40 drac~mes). [!)o [v] (li talents, 99 drachmes, et une obole). rij; 'AvopoxÀÉou,) &px'li; XCLI ~UVCLpX.OV'tW

dieux, soit devant l'archonte-roi (1). POUl' faire payer l'amende imposée à ceux qui Coupent du bois dans l'enceinte d'Apollon Iri. phaséen, l'intervention du dèmarque est nécessaire (2). La vente des orges et des froments envoyés comme prémices aux déesses d'Eleusis est faite par les 1!po7t'Otot, de concert avec le Conseil des Cinq-Cents (3). Quant à l'amodiation des propriétés des dieux, une inscription du Pirée (4), montre qu'elle s'opère par voie d'adjudication, sans que l'autorité sacerdotale intervienne.

Un passage d'Eschine prouve d'une manière décisive que les prêtres n'ont pas dans leurs mains l'administration des revenus sacrés. C'est dans le discours contre Ctèsiphon (5). Eschine cher. che à renverser 'par avance le système de. défense imaginé par Démosthène. Démosthène soutiendra qu'il mérite une COuronne. La loi exige que pour recevoir une récompense de ce genre, On ait rendu des comptes, et il avouera qu'il n'en a point rendu. Mais il alléguera aussi qu'il n'avait aucun lieu d'en rendre. Les dépenses que j'ai faites, dira-t-il, je les ai faites à mes frais; je n'ai pas eu de fonds publics entre les mains. Le raisonnement est faux, répond Eschine. Que Démosthène ait eu, oui Ou non, des fonds publics il manier, il est toujours responsable; la loi le veut ainsi. Les prêtres eux-mêmes ne sont pas affranchis de cette obIi. gatiOll Commune il tous les magistrats: et pourtant l'on sait qu'ils n'ont point de fonds publics à manier. Ils se bornent à prier pour le Peuple, eL s'ils reçoivent quelque chose, ce n'est qu'une gratifi. cation en nature après le sacrifice.

FONCTIONS ADMINISTRATIVES DES PRÊTRES. 113

Siles prètrcsnesont pas chargés de l'administration financière des revenus de leur dieu, est-ce à dire que cette administration se fait toujours loin d'eux et qu'ils y demeurent absolument étrangers?

Dans l'ordonnance pour le paiement des prémices des récoltes à Eleusis, il est question de l'hiérophante et du dadouque. Mais leur rôle est secondaire. Le soin de recueillir les grains apportés aux déesses n'appartient pas à eux, mais aux hiéropes, et si l'opé­ration n'est pas terminée dans les délais voulus, l'ordonnance ne

(1) Démosthène, contre Macartatos, 71 : iyypc.<p6vTWV 01 apXov'to" 7tpO; ov, av ~ Yi IHx'I), 'tOt; 7tpcix'top<rtV , Il 'tii> O'l)f!o<r('l' yCyvê'tCLt . Il Ilè 'tr, OEC;; yCYVo'tlXt, 'tor; 'tC.f!CCLt~ 'twv 't'Ii; Oeov. 'E&v èà 1J:i) iyypli",w<rtv, IXV'tO' O<pol),OV'twv. Andocide, sur les '!lystères, 77 : 7tEpl Il~ 'twv lmyeYPO<f!f!Évwv el, 'l'OÙ, 7tpciX'tOpCLç li 'tOù; 'tCt.f!(CL; rijç 6EOii XCL' 'tWV clÀÀwv OEWV li 'tov ~CL(nÀÉCL.

(2) Voir plus haut, p. 91.

(3) Bul!. de corr. hellén., IV, p. 225 et suiv. (4) C. J. G., 103.

(5) Eschine, contre Ctèsiphon, 18.

8

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114 LES SACERDOCES ATHÉNIENS.

s'en prend point ft eux, mais condamne les hiéropes à l'amende (1). Ils se bornent il inscrire sur un tableau (Èv 7ttvrJ.x.(tp) les quantités de grains qu'ont remises les dèmes attiques et les villes alliées, et sont chargés d'en üéposer un exemplaire dans l'Eleusinion ù'Eleusis, un autre dans la maison du Conseil des Cinq-Cents (2). Ils ne sont là que comme témoins. Le décret rendu pendant la guerre du Péloponèse, et relatif il la restitution des sommes dues aux dieux par la cité (3), mentionne de même des tableaux (7ttVr1X.LiX), que les prêtres avaient en main et où se trouvaient consignées les créances de leur dieu. Un fragment de l'orateur Lycurgue (4) signale aussi des tablettes (y?rJ.f1-f1-(l.'teLrJ.), sur lesquelles les pl'etres­ses, comme les prêtres, avaient le droit d'apposer leur sceau.

Quoiqu'on ne puisse pas dire avec certitude s'il s'agit dans les trois circonstances d'une même espèce de tablettes, ces textes prouvent au moins une chose, c'est que les prêtres assistaient quelquefois, sinon toujours, aux diverses formalités qui accom­pagnaient là réception, l'encaissement, la dépense des revenus de leur divinité (:J). Leur présence était une garantie. Les tréso­riers sacrés ou les hiéropes, qui avaient la charge réelle de l'ad­ministration financière, ne représentaient, dans toutes ces opéra­tions, que la cité, la cité qui voyait dans les revenus des temples une réserve en cas de guerre ct de dépenses extraordinaires. Les prêtres représentaient sans doute les intérêts des dieux (6).

(1) Bul!. de corr. hcllén., IV, p. 226, lignc 20. \2) Bull. de corr. hellén., IV, p. :UG, ligncs 26 et suiv. : 'AV(xy~ci,,"(lVTE[' Il]è

à[p.] mV(l)<lWL 1:0 t!É1:20V 1:0U .M?1tOU 1:0U U 1ta?" 1:';;'1 Il·~!!cipx.wv xa1:[" 1:]o[v Ilij]p.o'l €y.ctŒ'tO'J y.cd 'tO\) 'itct~ti 'twv 1tO),EWV Xct't'tX 't7;'1 -r:oi.w €:i<.ciŒ[ 't'tj'J, X ]a:t'CLuiv'twv lv 'tE 'tWt 'EhVI1IV(WL 'EÀov"''I1 l'al tv 1:';;1 ~ov),[oV1:]'I)[p](WL.

(3) C. 1. A., 1. 3~. (4) Lycuq;ue, fragment 51 (Didot, Oratettrs attiques, p. 362). - C. J. A., II,

34 : Fragment très mutilé d'un décret relatif aux revenus du temple des Dios­cures. Il y est question des trésoriers des autres dieux. On y trouve deux fois la mention du prûtrc \lignes 5 et 9). A la ligne 9, Kirchhoff restituc : [&vayp]a;­C;>OV1:WV a.J1:o'l 01 I[opij,].

(ô) Dans unc inscription. on voit un prêtre d'Asclèpios faire une offrande f( avec lc produit des revenus du dieu» il' 1:';;'1 1:0V Ooou 1tpocrôowv. Mais le mo­nument est de bassc cpoque et nc prouve rien pour le cinquième et le qua­trième siècles ('AOf,valov, V, p. 419, nO 10).

(G) Dans les dèmes de l'Attique, l'autorité financière des prêtres paraît avoir été plus considérable que dans la cité. Les prêtres des dieux du dème de Myrrhinonte font des prêts avcc l'argent sacré; ils prêtent sur hypothèques et doivent placer ~ur les domaines des débiteurs des bornes (OpOI) contenant l'indi­cation du prêt et de l'hypothèque. S'ils négligent de le faire, ils sont passibles d'une amende (C. I. A., II, 578),

CHAPITRE IX.

DROITS ET PRIVILÈGES DES PRÊTRES.

§ 1.

Avantages matériels attachés à l'exercice du s d du ' d' acer ace. Logement

pretre ans l enceinte sacrée.

r~e sacerdoce antique était souvent le trtulaire avait les reven' ,une sorte de bénéfice dont

d , us en mellle temps 1 ' un ecret de Gythion (1) que e~ charges. Par c't ' que nous avon,; eu d ". l'

1 el', On voit que tel était 1 ' . ~ eJ<i Occasion de t .' . 1 e Ccll'actcl'e de cerh' ,. llmOl1Ia es, Une famille avait' ", ' mes prctl'lses pa-

plir les cérémonies traùi~i~nn:lI~~rpct~~te le privilège d'accom_ Cette possession lui assurait la pro )l'~~~' bdonneul' d'une divinité. pendances' elle ét"l't m" 't .b leu temple ct de ,;e Q de~ .' " ,,1 l'esse a solu d . - ù -

ce qUI se trouvait enfermé dal1s l' e. u sanctualI'e et de tout voul . t d' ( . encell1te sacrée S· l al y eposer un acte br . . l e Peuple qu'~lle donnât son autorisa~i~n l~t ~~e.()'st~le ,de dé~l'et, il fallait geaIt convenable (2) Elle d '. .slonat l endrOIt qu'elle J'u-. . a l11Ullstrrnt to Il' Immeubles de la divinité touch 't l' . us es nens meubles et son gré. ' al es revenus et en disposait à

Il y eut ainsi des sacerdoces dont les revenus furent si Consi~

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t t 6 LES SACERDOCES ATHÉNIENS.

dérables que plusieurs vilies d'Asio Mineure en vinrent, ~ans leur détresse financière, à mettre en adj udication et aux encl~er~s les rêtrises vacantes de leurs divinités nationales. Denys d H<l: liCa;n<1sso signalo œt ahus (1), et son témoigna~e es~ confirm~ pal' une insel'Îlltion d'Ilalicarnasse même. Lo tltu~aIre de, ee office vénal jouissait d'une partie des revenus. La prctresse d Ar­témis Per'gaia avait le droit de prélever à son profit, dan~ tous les

'fiees publies et privés certains moreeaux des chairs de la sacn , 'fi t 't' t tenus . t" t de plus sur la caisse où les sacrl lan s e aIen 'd'lc lme e , ou p' lusieurs oboles elle touchait annuellement

e verser une ' . , b'n une somme déterminée, à titre d'honoraires et de fraIS d ha l e-

ment (2). , 't Rien de pareil n'existait à Athènes. Aucun sacerdoc,e n ~~S\lral

au prêtre ni la pl'Opriété du temple ni la jouissan?e re?uhere d~s revenus sacrés. 11 Y avait bien des prêtrises patl'lmo~ll~l.es, ma~s elles n'impliquaient jamais que la ~ossessiOI: d'U~l pr~ vlle.ge reli­gieux et l'hérédité d'un office liturgIque. Le tl~ulall'e n aVal~ aucun des avantages qui sont mentionnés dans le decr~t de Gyt?l~n. ~.Jes Etéoboutades, qui se transmettaient de génératlO~ en genera~lOn le sacerdoce d'Athèna Polias, n'avaient aucun drOlt sur les ~lens de la déesse. Nous avons vu que l'administration de ces blens, loin de leur awartenir, était entre les mains et sous l~ ,responsa­bilité d'une commission financière déléguée par la cIte. A plus forte raison n'en avaient-ils pas la jouissance. .

Il en était de même à Eleusis pOUl' les Eumolpldes. Cet~e famille était la plus impOl'tante du culte éleusiI:iOl~;, elle avmt de grands privilèges ,possédait les plus haut~s dIgn~tes saeerdo­tales avait seule le droit ù'interpréter les 1015 sacrees ùes )Iys­tères' et de décider sur l'exégèse des lois non écrites, dans les crimes d'impiété. Mais lorsqu'il s'agissait de pereevoir le rev~nu le plus considéraLle de Dèmèter et Corè, à savoir les prémlces

DROITS ET PnIVILÊGES DES PRÊTRES. 117

des récoltes, c'est à peine si ses membres intervenaient dans l'opération, n'ayant ni à prendre livraison des grains ni à en assurer le dépôt, mais se bornant à inscrire sur un tableau les lluantités recueillies en Attique et dans les différentes eités gree­ques (1). Et quant à ces reyenus, l'ordonnance, qui nous a été conservée, mOntre qu'il ne dôpendait pas d'eux d'en disposer .. Le Peuple avee le Conseil en réglait l'emploi par déeret et ne leur laissait d'initiative que pour l'usag-e à faire du produit du 7téÀtXvoç ou fleur de farine (2), sans doute parce qu'ils avaient certains sacrifices à accomplir ùont les rites étaient leur propriété et sur lesquels il n'était pas permis à l'Assemblée de prendre aucune décision (3).

Si les prêtres athéniens ne disposaient pas des revenus des sanctuaires, ils avaient cependant celtains ayantages , attachés à leurs fonctions et par suite variables selon l'importance de ces fonctions mêmes. Il paI'aît certain que quelques-uns d'entre eux logeaient, soit dans le temple, soit drms les dépendances extérieu­res. Près du temple d'Athèna Polias, sur l'Acropole, il Y avait, au témoignage de Pausanias (4), une mai~on d'habitation, destinée aux arrèphores et sans doute aussi à la prêtresse, qui, ayant ces enfants de sept à onze ans sous sa garde, devait demeUl'er avec elles (5). S'il faut prendre à la lettre un vers d'Euripide, quelques prêtres du culte éleusinien étaient aussi logés dans l'enceinte du sanctuaire. Lorsque, dans les Suppliantes, LEthra, la mère de Thésée, arrive à Eleusis pour invoquer Dèmèter, elle s'adresse ainsi aux prêtres qu'elle rencontre: « Et vous, serviteurs de la déesse, qui habitez ces temples (6)? ))

Ce n'était point un usage partieulier : on le retrouve presque

(1) Bill!. de corr. hellén., IV, p. 2'l6 et suiv. Inscription d'Eleusis, ligne 26 : &va.ypcX"'O'<XV't'ê[Ç Il]è è[Il.]7tLv<Xlt['J' TO Il.ÉTpOV TOU lta.p1tou.

(2) Ibid., ligne 36 : Oum àË. &7tO fÛV TOU 7têMvov lt<xOÔT. <Xv Eùll.0i.1tUh. è[GYJlytj­[<rOl}ITa. ••

(3) Bull. de corr. hellén., IV, p. 237-239. (.1) Paus:lniast I. 27, 3 : 7tO:rl)ivo~ ovo 'rov vaov 'ti]:; TIo),t(Îôo:; Oty.ovŒt'l où r.6pP(J),

x<XÀOUG' àè 'AOYJv<xto. <r~<x; &p~YJi'6rovç. (5) Des sondages exécutés. en 1877, par :M. Lambert, architecte, à l'ouest de

l'Erechtheion, ont mis au jour les fondations d'une maison d'lwbitation 'lui pouvait être celle des arrhèphores (Bulletin de correspondance hellénilJIle, I, p.359).

(6) Euripide, Sttpp!iante.~, 2 : or TE v<xoùç eXETZ, 1tpÔG1to),o. Oê<X;. Ion, 55 :

€V Ô'&'VClX:tOPOt:;

~êOV XCtT<x~ji OEVp' &d <rê!J.VO·1 ~iov.

Page 66: Les sacerdoces athéniens

118 LES SACEl.lDOCES ATHÉèlIENS.

partout en Grèce. Homère, parlant de Maron, prêtre d'Apollon, remarque qll'illogeait dans le bois sacré du dieu (1). A Tithorée, dans l'enceinte consacrée à Asclèpios, il Y avait des habitations à la disposition des suppliants et des serviteurs du temple (2). Près d'Elatée, aux alentours d'un temple d'Athèna Cranaia, s'élevaient des portiques sur lesfluels s'ouvraient des chambres pour le prêtre et tout le personnel sacerdotal (3). Dans le Rudens, Plaute met en scène une prêtresse de Vénus à Cyrène, qui habite le temple même de la déesse (4). Une inscription, con­servée à Smyrne, mentionne un personnage qui, après avoir fait à un di en lIe nombreuses libéralités, a pris soin d'éleyer, aux en­virons du temple, des demeures pour toutes les personnes em­ployées au service du sanctuaire (5).

Cet usage, presque général, s'expliquait par la nature des fonctions dévolues aux prêtres. On a vu il quelle assiduité les astreignait le service personnel d'une divinité ,-qu'il fallait sans cesse entourer lIe soins empressés, dont il fallait parer l'image et à laquelle il y avait des repas à offrir. Il importait aussi qu'ils fussent toujoUt's prêts à intervenir, soit pour régler les cérémonies des sacrifices, soit pour protéger la demeure divine contre les profanations. Platon demandait même que pendant les grandes fêtes, quand les étrangers arrivaient en foule et logeaient sous les portiques et dans les hôlelleries disposées auprès des sanctuaires pour les receyoir, l'autorité sacerdotale eùt il veiller sur eux, afin qu'il ne leur malHluât rien et qu'on ne leur fît point de tort (6). Tout cela n'était possible que si elle demeUl'ait dans le temple même ou dans le yoisinage. ((Quelqu'lm, dit Artémidore, se vit en rêve attaché par une chaine au piédestal de la statue de Poseidon Isth­mien. Il deYint prêtre de Poseidon : car il fallait qu'en tant que prêtre il ne fût pas séparé de l'endroit où il avait à exercer son ministère (Î). » On reconnaissait donc comme un principe que

(1) Odyssée. IX. 200 : Èv ciÀl1e\ oevop~ev'tt - <l'o(~ov 'ATcoÀ),wvo,. (2) Pausanias, X, 32, 12 : ÈV1:0; !ÛV ih)1:oV 7teptflô),ov .. oï; .. e !xé1:lXt; XIX' 0110L

"OV Osav GOi)),OL, .. 001:01; !,-èv ÈV'l:".vOcX El111 XIX' o'lt~(m;. (3) Pausanias, X, 31, 7 : XIX' "1:01X( té 01111 ltlX' Ollt~I1EI; Ihi< .. Wv " .. owv, evOIX 01-

XOV"W oi; tr,v Osov OeplX7tEoJsW ltIXOé"'"'ljltE, XIX' ci),)m; ltlX' !'-,xÀI" .. 1X "0 !epw!,-Év,!,. (4) Plaute, RlIdcns, 178 et suiv. (5) KlXl ... ","oiov xlX,"'P'l.ooo!,-'lj!,-év'ljv xlXl XEltErlX!,-W!,-Év'ljV 7tpO, t'liv O~X'Ij'HV .. Wv IEPO­

ôovÀwv XIX' .. à'l OEàv OEplX7tEVOV"WV (Jlusée et bibliothèque de rEcole é1:angélique, 2' période. Ir' année, 1875-1876, p. 41).

(6) Lois, XII, p. D53, A. (7) Arténlidore, Oneirocritique, V, 1 : 600~É "1; '"OV IIo(mowvo; .. oil lv 'I"O!,-'j>

DROITS ET PRIVILÈGES DES PRÊTRES. 119

le prôtre devait être inséparable du sanctuaire. Le principe était sans doute appliqué chez les Athéniens comme dans le reste de la Grèce.

Quant à l'application, on conçoit facilement qu'elle ne pouvait pas être uniforme et qu'elle lIrwait dépenlIre de l'étendue lIe la propriété sacrée. Souvent cette propriété se rélIuisait à un temple ou même à une chapelle, que le prêtre était seul à garder et à eu­tretenir. Dans ce cas, il e,t probable qu'il y habitait, comme la prêtresse du Rwlcns lIans le modeste temple de Vénus ou comme on voit encore en Orieut quelque moine solitaire dans un ermi­tage (1).

Quand le sanctuaire était plus considérable, il Y avait parfois, comme à Tithorée et à Elatée, des Mtiments spéciaux destinés au logement du prêtre et de ses aides. Parfois aussi, quand le per­sonnel des cleidonques, zac ores et néocores suffisait à garder le téménos, la présence du prôtre n'était l1as aussi immédiatement nécessaire et il pouyait arriyer qu'il ne demelll'ttt point dans les limites de l'enceinte sacrée. A E1eu~is, p:ll' exemple, il est proha­ble que tous les dignitaires du culte de~ n'esses n'hahitaient pas le sanctuaire Cil permanence. Les Enmol pillc:::, les Kèryces et la plupart des memlJres des familles éleusiniennes ôtaient de !!rands personnages dans la cité: ml\lôs de prl~s aux affaires publi'Iues , ils ne pouvaient g'll()re être absents d'Athènes. D'ailleurs leurs fonctions sacel'llotales ne les appebient pas au temple tou:' les jours. Les c.érémonies du cuIte c.ourant étaient faites pm' la prê­tresse éponyme de Dèmèter, qui ne s'éloignait pas d'Eleusis : l'hiérophante, le dadouque, l'hi61'0kèryx n'avaient de rôle litur­gique à l'emplir que pendant la célébr,ltion des ~IYSti'l'è::: on bien les jours où leurs familles accomplissaient leurs" sacrifices traditionnels.

S'il y avait des sanctuaires assez grands pour contenir un per­sonnel de seniteurs et de g;mliens, il Y Cll a,'ait d'autres dans l'enceinte desquels il était interdit d'habiter et où l'on se bor­nait à lIresser des tentes, comme à Epidalll'e nt à Andanie, pen­dant la prriode des fûtes (2).

't~ ~~crEt &J.VO'Et 1troG'aêoiljf}~t . tEpZV; è.yiVE'tO 't'ov nOûeLÔW'lQ~ . ~OEt y~p ct'J't'èl'J à-x cü -ptaTO\! EtVCXt 't'wv 'tij; tEpWGVV"1j; -rOr:wv.

(l) Ion répond à Créuse, qui lui dCmaIl(le s'il halJitc le temple: " La maison d.u .dicu est la mienne ct je couche partout oit le sommeil me surprend" (Eu­rIIJlde, Ion, 315).

(2) Le Bas et Foucart, Inscriptions du Pélo[)(mèse, 1 r? ct 3'Z6'. Euripide, Ion, 806.

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120 LES SACERDOCES ATHÉNIENS.

Les conditions variaient encore suï'vant que le temple était toujours ouvert ou seulement accessible tel ou tel jour déterminé. L'Asclèpieion d'Athènes, où affiuaient les malades pour dormir sous les portiques sacrés (1), le Thèseion, où venaient chercher un asile les esclaves fugitifs (2), ne pouvaient jamais être aban­donnés: il est certain qu'une partie du personnel sacerdotal y demeurait. Pour l'Eleusinioll, au contraire, et le Lènaion, qui restaient clos presque toute l'année, il était inutile qu'un prêtre fùt toujours présent. Ces sanctuaires devaient ressembler à ces nombreuses églises ou chapelles de Rome, fermées en perma­nence, et qui paraissent délaissées, mais qui ont chacune leur titulaire, prêtre, évêque ou cardinal, titulaire toujours absent, sauf le jour de la fête du saint, où il ne manque pas de veniL' officier.

Le but de ces remarques est de montrer que, s'il est vrai qu'à Athènes les prêtres avaient sou vent un logement dans le voisi­nage des temples, l'avantage n'était pas uniforme: tous n'en jouissaient pas également, ni clans les mêmes conditions maté­rielles, par la raison que tous les sanctuaires n'avaient ni la même étendue, ni la même importance, ni des règlements identiques.

§ 2.

Revenus en nature.

C'était de la célébration des sacrifices que les pr!)tres tiraient leurs plus grands avantages. UI! usage, qu'on retrouve partout dans l'antiquité, attribuait aux ministres du cuIte une pal't de la chair ét des dépouilles de la victime immolée (:-l). « Voilà, dit un poète comique, les morceaux réservés aux prêtres, les cuisses, le flanc, la moitié gauche de la tête (4). )) La prêtresse d'Artémis à

(1) Dans le récit que fait Carion de la guérison de Plutus, on voit que le prê­tre d'Asclèpios reste une partie de la nuit sous le portique au milieu des ma­lades (Aristophane, Plutlls, vers 670 et sllivants).

(2) Plutarque, Vie de Thésée, 36. (3) Cette part était désignée sous le nom général de 'tà VO!it~6!iEWL (Aristo­

phane, Plutus, 1185). Suidas, "w À cx" p É't '1l <; . v0!iO; ~v 'tà \moÀEmo!iEVCX 'tjj<; Ouericx; 'tov; 1e?Écx; ),CX!i!>ivEw, "- Elert'i otov oip!icx'tcx "cx. "wÀcxr. H(:sychius, OEU!iO­p (cx . li1tcxpx.-r, Oudcx; 1j il ),CX!iecl.VouertV 01 lEp"'; "picxç, È1tEtoàv OU'1l'tCXt. Artémidore , Oneirocritique, III, 3 : "cxl yilp 'til. 'tWV OEWV li1tcxpx.à; 'tà 1:00; È1tt'tpÉ1tE< cxv'tor; ÀCX!iecl.VEW,

(Ii) Fragments drs comiques grecs, Amipsias, fI'. 3 (Didot, p. 265):

'EvnvOev oer' &v oioo'tcxt !icl.ÀterO' IEpb,eruvcx, "wÀjj, 'tô 1tÀEupàv, 'Ïi!i'''PCXtp' lipternpcl..

DROITS ET PRIVILÈGES DES PRÊTRES. 121

Halicarnasse gardait les cuisses avec les morceaux qui s'y trou­vaient attachés, ainsi que le quart des viscèl'es et des peaux (1). Une inscription de Délos parle d'un sacrifice offert par le6 Pa­riens, où la peau seule de la victime reste au silcrificateur (2). La loi était générale et si bien reconnue qu'oll la rilppelle à peine et presque toujours pal' allusion. Pau::;[lI1ias rernaI'ilue comme une exception extraordinaire qu'il Olympie, tlalls les sacrifices célébrés en l'honneur de Pélops, il ne revenait il l'offieiant aucun des morceaux d'usage (3).

Les plaisanteries fréqnentes d'Aristophane sur les prêtres et les droits en llatul'e qu'ils prélèven t montrent gue sur ce point les ha­bitudes athéniennes étaient conformes il celles des autres peuples helléniques. « Cette l'eau reste la propriété de la prêtresse (4), »

s'écrie .Mnèsilochos, lorsqu'après m'oir été reconnu sous son dégui­sement sacrilège par les femmes réunies au Thesmophorion, il a saisi des bras de l'une d'elles le nourrisson qu'elle portait, et (lue, pour les effeayer, il a massacré cet enülllt, qui n'est qu'une outre de vin. Le prêtre de Zeus, que le poète met en scène à la fin du Plutus (5), se plaint de mourir d'inanition, parce que, depuis que les hommes sont riches, ils ne songent III us il recourir aux dieux: il n'y a plus de sacI'ifice::; et partant plus de ces reve­nus, comme le prêtre en recueillait auparavant. " Ah! quand les hommes n'avaient rien, le marchand échappé du naufrage, l'ac­cusé absous immolaient des victimes; tel autre sacrifiait pOLIr le succès d'un vmu ... .\laintenant, plus la moindre victime, plus un fidèle dans le temple, mais cIes milliers de gens qui viennent le souiller pal' leurs ordures. - Hé! ne prends-tu point ta part de ces offrandes·là ? » lui répond Chrémylos,

On a retrouvé il Athi~nes un fl'agment de loi ou de décI'et qui marque en détail cc qui doit revenir il différents sacerdoces: « La prêtresse cIe Dèmeter Chloe recevra cinq espèces de prémices, il savoir : les dépouilles et tout le rebut des viandes; un demi~ setier de froment, valeur de trois oboles; un cotylè de miel, cI'une valeur de trois oboles; trois cotylès d'huile, valeur d'une obole et demie; des sarments, valeur de deux oboles (G). » Un

(1) C. 1. G., 2656, Voir plus haut, p. 116, note 2. ("2) C, 1. G., '2"!(i5 : 't0 0>0 [o]ipcxç "rOÙ ~oà; Elcr[1tpii;cxt -r:(N 1epicx]. (3) Pausanias, V, 13,2: '';co 'tcxu't'1l; ov yive'tG" 'ti!> !icl.vn, !iOrpcx 'tij; Oucricx;. ('1) Les femmes au.c Thesmophories, 758 ; 'tOU't, 'tà Oip!icx ,* !epeicx; y'yve'tcxt. (5) vers 1171 et suivants. (6) C. I. A" II, 631, lignes 16 ct suivantes: Â~!i'1l'tpo; ~o.O'1lç lepe[,Cf lepe';'cruvcx:

Il : oet:ri]a; "pe,<iv, ;cup,<iv 'Ïi!itt,,-rew : III : !ii[h'toç :-to'tvÀ'1lç : III : ücxiJou 'tptwv xo-

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122 LES SACERDOCES ATHÊNIENS.

décret, dont Athénée cite quelques mots ct dont la stèle était. dé­posée dans le temple des Dioscures ou Analieion, nous fait con­naître quelques dispositions analogues. Dans le nombre des vic­times, deux bœufs, choisis parmi les plus heaux ponr marcher en tête de la procession, sont après le sacrifice répartis de la ma­nière suivante: les chairs forment trois lots qui sont attribués l'un au vainqutmr cles jeux qui accompagnent la fête) l'autre aux 7Co:pctO't't'Ot, officiers publics chargés de la préparer) le troisième au prêtre du sanctuaire (1). Ainsi, les prêtres athéniens percevaient sur les sacrifices quelques droits légalement déterminés.

Ces droits existaient-ils pour tous les sacrifices sans distinction? 11 est hors de doute que tous les particuliers y étaient soumis. Mais en était-il de même quand le sacrifice était offert par la cité? Quelques lignes d'une inscription du cinquième siècle le laissent entendre, mais le passage n'est pas assez clair pour ôtre déci­sif (2). Il faut s'en tenir il la phrase où Eschine, dans le discours contre Ctèsiphon, parle des prêtres « qui reçoivent les dons, 't'oo,

't'& "(Épo: ÀO:P.bctvOV'to:c; (3). » L'emploi de l'article est une preuve qu'il s'agit de gratiflcations d'un usage courant et que tous les audi­teurs avaient présentes à l'esprit. En second lieu, la place que tient cette phrase dans l'argumentation de l'orateur montre qu'il est question de gratificatiolls publiques, faites à l'occasion des sacrifices de la cité, Qllanclla cité immolait aux dieux des victi­mes, les prêtres avaient donc aussi leur part de l'offran(le, comme dans les sacrifices privés.

T\ÙWV : le : ,?pvy,xvwv : II. Les Tcstitutions sont certaines, les mêmes termes re­venant plusieurs fois dans le cours de l'inscription. Le n° G32 est un fragment d'une inscription analogue.

(1) Athénée, VI, '1.7 : 1'.&'1 T~l 'A'I<xxdql È"', Tl'IO; crT>\h,; yiYP"''''T'''l • TO'V ôè ~oorv 't'Ot'} ilYEP.,)'JOW 't'orv èç/lt?oup.É\'Ot'l J 't'o (.Lsv 't'rt';'O'J !J.Éço; E1ç 't'ov &'yG>v(.( • 't'à ôè: ÔVO lJ.ip'/), 'to IJ.Èv S'tEpOV 'tiiJ tEPE' , TO ô10 'ro,; '1t"'p<X"'TOl;. - A Andanie, un repas sact'é réunissait après le sacrifice tous les officiers qui avaient organisé la cé­rémonie, ainsi que les prétrcs, les joucurs de fltite et les serl'iteurs qui les al'aient assistés. On lit dans l'Ordonnance (~ 19) : 'IEpoü Ild",vov. m tepol &"'0 'tW'J aVP.a.'t'h)V 't'wv ciyov·Évû)'IJ iv 't'~ r.o{J-1t~ cl.:re:).OV'tE; !Xli' bvxt1't'ov 't'OC vop.[tfJ.ct] 't'or; Szot.;, ['t'èc lot:~èc 'l.pt:c y.cx';CtXPlJrJclŒOWIj(X'J Eîc; 'r0 tEpOV od7t'vov [.1.z'toc 'tav tEpav Xctt

7t"'pOivwv , x",l "'<XPlû",Gonw TOV Te 'EPi'i [1'.",1 T"'V} tépwv 1'.[",1 T"']V tiPE"'V TOÜ K",p­ve(~v 1'.",1 !IIv",cr[crTP"'Tov 1'.",1 T"''' YVVo:Lx,x 'tE 1'.",1 T"; yen",; «ÔTOi) 1'.«1 TWV nx,VlTiiv 'tov; ),el['tOVpY1i]cr«n«; [h T"']!; x,ope(<<l; 1'.«1 Tiiv v7t'/)pecrliiv 'tou; ),ElTOVPYOVVT«ç cxù't'Ot.;.

(2) C. 1. A., l, 1, lignes 40-43 : ['t]àv E",l 'tt;> ~w!J.';) lEpi" 1'.",1 [TOV tEpÉ« T]O[']V Beo,v 1'.«1 'tov t~pi« TO ... [l,]«VO,xVElV Ëx«crTov TOÜ. « Agi/ur de sacerdotllm spor/u­lis » (Kirchhoff).

(3) Eschine, contre Ctèsiphon, \8.

DROITS ET PIUVILÈGES DES PR:tl:TRES. 123

Il Y a cependant une difficulté qu'il importe de signaler. Nous avons déjà rencontré plusieurs fois et commenté les fragments

, des comptes de l'orateur Lycurgue) qui contiennent le produit du dermaticon, c'est-it-dire de la vente des peaux des victimes publi­ques (1), Si le dermaticon figure parmi les co:-nptes du trésorier de l'administration, c'est que la "ente a été faite au profit du trésor, et non pas au profit des prêtres des sanctuaires. Il semble LIU'il y ait contradiction entre cc texte épigraphique et le passage d'Es­chine.

La contradiction n'est qn'apparente. Les fêtes après lesquelles on a recueilli des peaux à vendre sont classées pal' ordre chrono­logique. Or) des Dionysies champêtres et des Limées) qui se cé· lébraient au sixième et au selltièmo mois de l'année, les comptes passent aux Asclèpiées et aux Dionysies de la ville, qui s'ac­complissaient au neuvième mois, en Elaphèbolion, p;)s un mot des fêtes du huitième mois, des Anthestèries, qui duraient trois jours et donnaient lieu iL de nombreux sacrifices. Les Anthestèries Ile sont pas les seules solennités religieuses dont la mention fasse défaut da1ls les comptes: le chapitI'e relatif il l'année 334 (ar­chontat de Ctè::;iclès) cite dix fêtes publiques selllement, c'est·iL· dire le tiers It peine des fêtes ordinaires. Il y avait donc une grande partie des victimes pul)lilJues dont les dépouilles ne rap­portaient rien au tt'ésor ct, selon toute In'olJaLilité, revenaient aux prêtres des différents sanctuaires.

Si maintenant l'on sc demande d'où vient lJue les dépouilles des victimes tantôt se vendaient au profit du trésor, tantôt étaient abandonnées aux officiers du culte) il suffit) pour s'ex­pliquer cette anomalie, de considérer le caractbre des fêtes citées dans les comptes de Lycnrgue. Cc sont toutes des fôtes somp­tueuses; la plupart sont de ces bdOE'tOt Éop,cd dont la démocratie athénienne abusait tant) contre lesquelles protestbrent si souvent les oratenrs au quatrième siècle et qui plus tard achèveront de ruiner les finances de la république; solennités plus profanes que religieuses, où la citô immolait jusqu'à trois cents bœufs, pour faire au peuple des distributions de viandes ct lui foumir l'occasion de festoyer aux frais du trésor (2). Chacune de ces fêtei; n'étant célébrôe qu'en l'honneur ù'une seule divinité, le prô-

(1) Bœckh, Staatsh" II, p. 11:2 et suivantes (Beilagen, VIII). (2) Isocrate, Aréopagitique, 2g : ovô' (mOTE lJ.~v ll6;mv «UTO", TPl"'''Ocr,ov, ~ov,

e"'EIJ.'1tOV, 6mi'E Ii~ 1VZOlêV, T"; 7t!ll"tp[ov; Bvcr[",; è~i),Emov . oô1lè T"; lJ.èv EmOÉTov, tOPT"; «t, &crT[MI; Tl; "'pocrel'/) 1J."Y",),07tPE7tW; ~yov.

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124 LES SACERDOCES ATHÉNIENS.

Ire de cette divinité eût été seul il officier et .par conséquent seul à recueillir les dépouilles de trois hécatombes. En 3J1 , le derma­ticon des sacrifices offerts il Zeus Soter s'éleva il mille cinquante drachmes (1). On aurait de la peino à concevoir que la cité eût abandonné au prêtre de Zeus Soter le gain d'ulle paroille somme, alors que les finances n'étaient pas prospères et que pour suffire à toutes ces dépenses sacrées, elle était souvent gênée. Il n'était pas d'ailleurs dans les mœurs publiques d'Athènes qu'un magis­trat quelconque pût jamais tirer de ses fonctions un profit pécu­niaire.

Les mêmes objections n'existaient pas quand la cité off~ai~ des !'acrifices plus simples et n'immolait qu'un nombre de VIctImes assez restreint. Les dépouilles d'un bœuf, d'une brebis ou d'un. porc ne représentaient qu'une médiocre valeur. Il était bien inu­tile d'instituer pour elles une vente publique. Le trésor, se com­portant alors comme un particulier, en faisait. l'abandon. Le prêtre du sanctuaire où la cérémonie s'était accompli.6l ajouta~t ,ce maigre avantage il ceux qu'il pouvait retirer des saCrIfices prIves.

Outre ces revenus les prêtres avaient souvent l'usufruit d'un jardin modeste qui e~ltourait le temple. Sur la ro~te d'~le~sis, il y avait un ruisseau, appelé oi PEtTO! et consacre il Demeter et Corè : seuls les prêtres de ces divinités y avaient dl'oit de pèche. Tout cela était peu de chose; mais ce pou était une ressource pour des gens dont la sobriété devait être égale il celle des classes po­pulaires dans la Grece model'l1e.

Les ministres sacrés profitaient moins de ces avantages plus ou moins réguliers que de l'abondance des offrandes en nature, fl'o­mont, fruits, gùteanx, miel et vin, que les fidèles apportaient dans les temples et déposaient sur la table de la divinité devant la sta­tuo (2). Ion dit qu'il se nourrit des dons recueillis sur l'autel d'Apol-

(1) Voici le dermaticon des autres fêtes de la même année: pour les Diony~ sies du Pirée, 30l drachmes; pour les sacrifices à la Honne Fortune, 160 dr., pour les Asclèpiées, '291 dr.; pour les Dionysics de la ville, 808 dr.; p~ur I:s Olympiées, 721 dr. ; pour les Bendidées, 457 dr. La somme totale pour 1 annee s'élève à 5148 dl'achmes et 4 oboles (Bœckh, 8taatsh., t. II, p. 120).

('l) On cite parfois l'exemple de la prêtresse d'Athèna Polias qui, dit-on, recevait un chœnix d'orge, un de froment et une obole, toutes les fois qu.e dans unc famille athénienne il se produisait une naiss:lfice ou une mort. (VOir Bar­thélemy, Voyage d',4nacharsis, ch. XXI). Mais ~ristot:, qui ~O~IS parle de c~t impôt (Economiques, II, 2, 4), nc dit pas qu'il fut paye au ben('fice de la pre­tresse. C'était une mesure fiscale, imaginée par Hippia.s, pour augmenter les ressources du trésor public.

DROITS ET PRIVILÈGES DES PRÊTRES. 125

Ion (1). Dans le Plutus (2), CaI'ion raconte qu'au milieu de l'obs­curité de la nuit il a aperçu 10 prêtre d'Asclèpios faisant le tour des autels, ramassant partout los galottes et los figues ot l'emplis­sant Ull sac de son pioux butin. Le récit est fort plaisallt. Mais on se tromperait si l'on y voyait une arrière-penséo do satire contre les prêtres athéniens et leur avidité. La scène de l'incubation n'est qu'une parodie innocente. Cari on se moque du prêtre, comme il s'est moqué des autres malades couchés avec lui sous les porti­ques, comme il se morlue de lui-même et de son irrésistible gour­mandise on face de la bouillie, comme il se moquera d'Asclèpios et de ses deux filles Iaso et Panakeia. Le poète fait rire aux dé­pens de tout le monde sans prendre personne à partie.

Et quelle raison avait-il de le faire? Que le prêtre recueille les galettes et les figues des suppliants, qu'il en fasse provision et qu'il vive des dons offerts au dieu, rien de plus légitime aux yeux des anciens. « Faire un vol sacrilège, dit Artémidore (3), dérober aux dieux des objets qui leur sont consacrés, c'est pour tous les hommes un crime grave, excepté pour les prêtres et les devins, qui peuvent l'osor impunément. Car l'usage leur permet de prendre los prémices des offrandes apportées aux dieux; ils viyent en quelque sorte des dieux mêmes, et cela sans toujours prelldre ou· vertement ce qu'ils prennent. »

Depuis que Montesquieu, Voltaire et Fontenelle ont cru voir dans les cultes et les sacerdoces antiques des calculs de politique ou des supercheries grossières, on se laisse souvent aller il con­damner des gens dont la religion toute populaire ne comportait aucune de nos délicatesses modernes, et qui avaient plus de naï­veté que d'effronterie. Ce que nous serions tentés d'appeler le dé­tournement des offrandes paraissctit au prêtre ancien et il tous ceux qui le voyaient faire tous les jours une chose toute naturelle. Il ne venait à l'idée de personne qu'il pût commettre un vol en s'en emparant. Il était le serviteur de la divinité; il vivait auprès d'elle et l'entomait de soins assidus. Ne devait-elle pas il son tour nourrir SOIl serviteur, comme tout bon maître ses esclaves? S'il pouvait librement s'approprier ces offrandes, c'est qu'elle le vou·

(1) Euripide, Ion, 52 : vio, tJ-Èv 01)'1 hlV ~fl.91 ~"'tJ-[ovç 'trO<jl<X;, et plus loin, vers 323 : ~"'fl.o[ tJ-' Eq;ept:ov ÔV1t<OlV 't' ciel !;Évo,.

('2) vers 676 et suivants. (30) Oneirocritique, III, 3 : !epolJVÀerv Sè ltOtI Oe';;v civOtû~fl.lt'tOt û'ér.TeIV 'ltéiO'L 'lrO'lt}­

pôv, fl.OVOt, U. 'tor, tepe'JO'L ltOtt fI.<XVTEO't av~,?Épet. KOtl yà? 'tà, 'rWV Oewv <11tOtpZà, 'to OÈo, è1t<'rpir.et Otù'ror. ),OtILIJ<xV;" ltOti 'rp01tOV n'là ~'ltO Oe';;v 'rpiqlov'rOtt ltOtl où 'It<xv't'Ot <jlœvep';;, ÀOttJ-~vovaL.

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126 LES SACERDOCES ATHÉNIENS.

lait bien. Pourquoi les laissait-elle ainsi sur la table sacrée sans les enlever? N'était-co pas comme un aveu de l'abandon qu'elle en faisait à son ministre?

Il n'était pas rare de voir les dieux s'emparer des objets que la piété avait déposés dans leur temple. (! On prétend, à Athènes, dit Hérodote (1), qu'un grand serpent réside dans le temple et garde la citadelle j on le dit, et, comme s'il y était réellement, on lui apporte chaque mois des offrandes pour le nourrir; cette provision pour un mois est un gâteau de miel. Or ce gâteau de miel, qui précédemment avait toujours été consommé, venait récemment de restor intact. La prêtresse en informa les Athé­niens, et coux-ci n'en mirent que plus d'empressement à aban­donner la ville, la déesse ayant abandonné l'Acropole. Il Le même Hérodote (2) raconto qu'au moment où les troupes de Xerxès pa­rurent devant Delphes, les armes sacrées qui étaient dans le sanc­tuaire et sur lesquelles il n'était pas permis de porter la main, se trouvèrent d'elles-mêmes transportées hors du temple : on se persuada qu'Apollon les a.vait prises pour s'en servir contre les Barbares et défendre sa demeure. Un jour qu'à Thèbes les armes consacrées dans le temple d'Hèrac1ès avaient disparu, on crut de même que le héros les avait détachées pour s'armer et courir sur les champs de bataille où devaient combattre les Thébains (3).

Comme on avait l'idée que les dieux venaient ainsi enlever les offrandes, on s'imaginait, par une conséquence naturelle, que les aliments qui l'estaient intacts étaient laissés par eux à dessein, pour nourrir les serviteurs du temple. Cela est si vrai que les fidèles continuaient à déposer sur les autels les prémices de leurs moissons et de leurs fruits. Cari on , qui avait ri du prêtre et de son sac, n'etH pas manqué de venir une autre fois avec une ga­lette et des figues. L'eût-il fait, s'il n'avait pas été persuadé qu'il apportait au dieu lui-même son offrande?

Pour terminer l'énumération des avantages sacerdotaux, il faut signaler les caüeaux de toute espèce que les prêtres avaient l'occa· sion de recevoir des suppliants. Encore aujourd'hui on voit, dans la plupart des villages d'Orient, les papas tenir des paysans leur provision de fromage et d'olives. Comme on n'avait entre soi et la divinité d'autre intermédiaire que le prêtre, l'homme pieux qui

(1) Hérodote, VIII, 41. Le récit se rapporte au moment de l'invasion de Xerxès en Attique.

(2) Hérodote, VIII, 37. (3) Xénophon, Helléniques, VI, 4, 7.

DROITS ET PRIVILÈGES DES PRÊTRES. 127

voulait avoir un avocat toujours intéressé à le servir, prenait soin de s'en faire un ami par tontes sortes d'attentions. Quand le marchand au retour d'un hemeux voyage, le plaideur après le gain d'un procès, le laboureur la moisson faite ou le malade guéri venaient au temple pour rendre grâces au dieu auquel ils attri­buaient le succès de lems espérances, il devait arriver souvent que le prê~re, qui avait été l'instrument de leur bonheur, n'était pas oublié ditns l'effusion récente cIe leur contentement. On sait pal' quelles libéralités naïves sc tl'aduit parfois la reconnaissance d'un paune paysan: si l'on joint à l'expression d'un sentiment très naturel cette expansion généreuse qui est encore une des plus grandes qualités des populations grecques, on se fera mieux l'idée des mille petits avantages journaliers, que les prêtres athéniens pou nient recueillir et qui laissaient tant de regrets au prêtre de Zeus dans le Plutus. Les sacrifices étaient presque tou­jours suivis d'un repas où parents et amis, réunis dans leur maison, mangeaient les chairs de la victime immolée (1). Le prêtre qui avait officié s'y trouvait souvent invité (2).

Est-il besoin de faire remarquer que tous les prêtres athéniens n'étaie lIt pas égale:nent favorisés? J'ai parlé de ces temples mo­destes llui ressemlJlaient sans doute à des ermitages: là, auprès ù'une dh-inité ilui attirait pell 'd'hommages et qu'on n'honorait plus que pal' une vieille tradition, le prêtre menait une vie assez chétive. « Vous ne trouverez pas ici, mes enfants, beaucoup d'ai· sance et de ressources, dit la prêtresse ùu Rudens; moi-même je vis mesquinement; j'y mets du mien en ser\"ant Vénus (3). »

Aillems, dans les sanctuaires où les sacrifices étaient fl"l~quents et les offrandes opulentes, les prêtres pouvaient presllue vivre dans l'abondanco. Certains d'entre eux, comme celui de Dionysos dont il est question dans les Acharniens, donnaient de beaux fes­tins le jour de la fête de leur dieu (4). Il est vrai qu'on ne saurait

(1) Athénée, II, 3 (vers ù'Epicharme) : Èlt [LÈv Ouûia.; 60IV"/l, h ôè OO(V"/l, ml".t; !"[É'IE'O. Euripide, Ion, 603 et suiv. :

àn" TWV ",O,wv 7t'hlPw[J.' tiO?o(()C(ç rjQvOv~CP avv ijoov~.

Aristophane, PLutus, 'U7 et suivants. (2) Aristophane, PLutus, 1182 et suiv. :

{; Il' &v tlta.ntErEt.Ô .. t" lt&[LÉ y' hliht TOV IEpÉa..

(:3) Plaute, Rudens, 201 et suiv. (lI) Aristophane, Acharniens, 1085 et suiv. :

Ii'ltl IJÛ'ltVOV Ta.X,Ù ~ilh~E, .-1)'1 lt(ûnjv ),a.6o,v lta.t TOV x,ôa. • 6 TOÙ â.tovvaou ylip a' lEPEÙ, [LETa.m'[L7tETa.t.

Page 71: Les sacerdoces athéniens

128 LES SACERDOCES ATHÉNIENS.

dire si pour subvenir il ces clé-penses ils ne prenaient pas sur leur fortune personnelle. Dans les démocraties antiques, les pre­mières magistratures civiles et religieuses étaient souvent pour ceux qui les exerçaient des occasions de grands frais.

§ 3.

Honncttrs rendus aux prêtres.

Quels que pussent être les revenus du sacerdoce à Athènes, c'était [leu de chose au prix de la considération dont les prêtres étaient entourés et des honneurs qu'on leur rendait. Les anciens avaient, en g(~néral, pour les mini:;tres du culte une grande véné­ration. On sait par Hérodote jusqu'où allaient les privilèges des rois lacéflémoniens : outre le droit de décider souverainement de la paix et de la guerre, ils avaient les places d'honneur aux festins et aux jeux; ils recevaient les prémices des moissons; la cité subvenait aux frais dé leur nourriture j morts, ils avaient des funérailles magnifiques et le pays entier prenait le deuil (1). Or tous ces honneurs, ils ne les devaient pas à leur autorité politique. Les éphores, qui étaient les vrais chefs du gouvernement, étaient loin d'avoir autant de privilèges. Ce qui donnait aux rois tant de considération, c'était leur dignité sacerdotale. En réalité, ils étaient les deux grands-prêtres de la cité, les chefs suprêmes de la religion nationale. En paix comme en guerre, ils célébraient des sacrifices. Comme les prêtres orùinaires, ils 'recevaient les dépouilles des yictimes· immol(~es. C'était parce qu'ils étaient prêtres qu'ils avaient taut de prestige (:2).

Si les prêtres athéniens n'en avaient pas autant que les rois de Sparte, ils jouissaient celienclanL de priyill'ges encore considéra­bles. L'hiérophante et le dadonque d'Eleusis étaient nourris aux frais de l'Etat dans le Prytanée (3). Aux représentations drama­tiques des Dionysies, le prêtre ùe Dionysos, placé au milieu de l'hémicycle, au premier rang, présidait la fète sur un siège de marbre blanc décoré de bas-reliefs. Autour do lui étaient assis, à des places réservées et marquées d'une inscription, la plupart des

(1) Hérodote, VI, 56 et suiv. (2) Selon Plutarque, le prestige du sacerdoce chez les Grecs était égal au

prestige de la royauté. Èv,axo'j Tl'j; 'Eneiàoç à.vTtppOrrov ~v TO Tij, lepoocrûv1Jç à.ÇtoofLot 7tpO; Ta Tij; ~acr,h,a; (Questions romaines, 113).

(3) C. 1. G., 191.

r 1

DROITS ET PRIVILÈGES DES PRÊTRES. 129

au!res prètre~ de la cité (1). Au Pirée, il la fête des Dionysies, les pretres entralOnt au théâtre, introduits solennellement par le dè­marque, en même temps que tous les personnages de distinction auxquels le dèmo avait attribué une place d'honneur (2). Il est probable qu'il en était de même il toutes les autres solennités religi~uses et q~e. l~ présidence seule variait, dévolue toujours au pretre de la dlYlIute qu'on célébrait. .

.Dans les assemblées du Peuple, nul ne pouvait se présenter à la trIbune avant que le péristiarque eût immolé la victime d'usafl"e et purifié l'enceinte, ni avant que le héraut eût prononcé l'invoc;tion aux dieux nationaux, les imprécations contre les ennemis et les traîtres, enfin la formule d'introduction: « qui veut parler parmi les Athéniens âgés de plus de cinquante ans?)) Une exception àla procéd ure ordinaire était faite parfois pour un étranger, un proxène ou un ambassadeur, à qui le Peuple tenait à rendre des honneurs parti~uliers. Les proédres l'introduisaient et l'amenaient jusqu'à la trIbune, pendant qu'avaient lieu les cérémonies prélimi­naires, iv tepoi, (3); de telle sorte que l'affaire qui le concer­nait passait avant le reste de l'ordre du jour et eutrait immédia­~er.nent e~l discussion au début de la séance (4). Plusieurs textes eplgraplllques montrent que les prêtres étaient favorisés de cette distinction.

En toute circonstance solennelle, les prêtres faisaient partie de c: qu'on pourrait appeler le cortège officiel (5). Dans les proces­SIOns ils marchaient réunis aux autres magistrats. Le jour où Démosthène, rappelé d'exil par un décret du Peuple, arriva au

(1) Dans les sièges marqués qu'on a retrouvés au milieu des ruines du théâ­tre, il n~y a point de place pour tous les prêtres d'Athènes. Les inscriptions ne mentIOnnent que les prêtres des principaux temples. Il est probable que les prêtres des temples secondaires étaient assis sur les bancs voisins, sans avoir pour chacun d'eux une place spécialement réservée. _ C. 1. G., 2421 (inser. de Naxos) : à.px,ep€oo; 'Ap''l"'teipxou T07tO; 7tpoxa'tÉxeTot"

(2) C. 1. A., II, 589 (décret des Piréens en l'honneur d'un certain Callida­mas) : E1vot, Ilè aÙTij> xal 7tpOEOptotv iv 'tij> OeIÎTpt:> OtafLrrOIW'1< IIE'pa,er; 'tIX Awvva,a, ••• xal elcrayiTOO aÙTav 6 of,fLapxo; el; TO &iaTpo'l Xa6tXTCe(p) TOV; lepEi; xotl TOV; «nou; oi; ôÉllota, iJ 7tpoeopta.

(3) C. 1. A., Il, 3~5 : &yot[O~ TV;(l1 oeJôox6a, T[~ ~ou),~ TOV; 7tJpoillpou; oYlmt; &'1 ),Jei;(oocr,'I 7t[poellpevaw "V TJij>Ilf,fLq> El; [T~'I 7tPWT1JJV È'l-ûr,'l"[tav 7tpocrotyotyerJv 'to'/ lepia trOu Ala; TOùJ !:ooTr,pO[; 7tpO; TO'/ oijfLOv] È'I !epor, [xJa[l XP1JfLatt]'l"ot, ••• , etc. _ Voir aussi C. 1. A., Il, 373b •

(4) C. 1. A., II, 209 : xal d,/[ot, aù'tij> 7tpO'l"oooJv rrpo; TE T>liJ.r~[Ou):~v x<xt 'tov i:ij­(L]o'/ 7tptÛT(:> fLeT[IX TŒ lepei]. Ces termes, 7tpw'n:> (L,TŒ TŒ l<pei, sc retrouvent dans d'autres décrets (C. 1. A., I, 36; II, '206).

(5) C. 1 . .4.., II, 589.

9

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130 LES SACERDOCES ATHÉNIENS.

Pirée sur la galère qu'on avait envoyée au-devant d~ lui à Egine, il trouva, en abordant sur le rivage, tons les magIstrats ,et to~s les prêtres qui l'attendaient (1). Lors de l'entrée. d'Attale a ,A,the­nes les prêtres se renùirent avec tous les pouvOIrs de la clte au dev~nt du roi jusllu'au Céramique (2). Pendant le siège d'At~è­nes par Sylla, lorsqu'une députation vint suppli~r l~ tyran ,Al'l~­tion, qui prolongeait la résistance au nom de ~hthl'ldate, d aV?Ir enfin pitié de la ville et de }a liv~er pour;. épa~gner la populatlOn épuisée par la famine, la deputatlOn, qu 11 dIspersa à con~s de flèches, était composée de prêtres et de m~mbr~s du Consel~, des Cinq-Cents (3). On avait pensé qu'il ne réSIsterait pas aux prlOres

de personnages aussi considérabl~s. . ., , . En toutes choses, les prêtres etalOnt assllmles aux premlCrs

maO'istrats de la cité, ou plutôt, pour être plus exact, les. pre­mi:rs maaistrats de la cité étaient regardés comme des pretres. Nous av;ns déjà montré que les archontes ét.aient a~al1t tout des personnages religieux. C'es~ comr,ne tels qu'Jls porta~ent une couronne de feuillage dans l exerCiCe de leurs fonctlOl1s.. l~ couronne étant l'emblème sacré par excell~nce : on ne P?uvmt ,m

'l'brer un sacrifice ni seulement y aSSIster sans avou' la tete œe , d o mée C'est aussi parce qu'ils avaient un caracLere sacer 0-

cour 1 • S' D' h' . H' tIque les man'istrats étaient inYiolables. 1 emost ene, msu, e ; lS le tMâtr: de Dionysos tandis qu'il s'acquitte de son l'ole d~l chorège, accuse son adversaire l\lidias de sacrilège,. c'est que la chorègie est nne fonction religieuse (4). Pour ~l:e. raIson an~­loaue quiconrlue cherchait il faire obstacle aux dec~~lOns _des l'OIS de'" L~cédémone encourait les peines dues au sélcnlege (<J). D~ns le Plutus, l'esclave Carlon, qui s'attache aux pas de son maltre

(1) Plutarque, Vie de Démosthène, 27. ('2) polybe, XVI, '25. .

S Il 13 De meme au début de l'Œdipe-rOI de Sophocle, (3) Plutarque, li a,.' '( 3' t

on voit une députation ,le suppliants, composée de pretres et d e~fa,nts v. '! e . ) 0 lit lhns Julien: « Il ne convient pas seulement de venerer les sta-

su IV. . n ' . ' t 1 tels La tues des dieux, mais aussi les temples, les encemtes sacr.ee.s e eSt au 't'

. " l'on honore les prêtres comme mlllistres e servI eurs raIson veut aus,1 que '. tt' .' d t'nés à nouS représenter auprès d eux et à nous airer

des dieux, comme es lit d t Il leurs bienfaits. Car ils offrent des sacrifices et prient pour le sa u e ous.

d . ste de leur rendre les mêmes honneurs ou de plus grands encore est'à onc .JUqu'

l exercent les fonctions publiques ... Aussi les Grecs ordonnent-

qu ceux . . . (L Il ils que le roi accueille respectueusement un prêtre, qUOique ennemi}) e res,

fI'. 8, traduction Talbot). (4) Démosthène, contre Midias, 126. (5) Hérodote, VI, 56.

DROITS ET PRIVILÈGES DES PRÊTRES. 131

pour le persécuter et le traiter impudemment de fOll, ne craint pas un instant d'être battu; car il sort du temple, il porte sur la tête une couronne, il est un personnage sacré, il est inViolable (1);­L'inviolabilité des prêtres était partout reconnue dans l'antiquité. (1, Quel est l'homme assez impudent pour oser porter la main sur un prêtre? » s'écrie un personnage de PIaute (2). Lorsqu'Alexan­dre s'empara de Thèbe3, il réduisit en esclavage tous les habi­tants à l'exception des prêtres P). Appien rapporte qlle César et Pompée firent proclamer par un héraut que leur armée respecte­rait la ville d'Athènes, parce que les Athéniens étaient comme les prêtres des déesses Thesmophores (4).

La raison de la vénération extraordinaire qu'on témoignait aux ministres du culte était dans le crédit qu'on leur attribnait auprès des dieux. On voyait tous les jours qu'ils étaient puissants à oh­tenir les faveurs et à conjurer le courroux de la divinité. L'Iliade montrait Chrysès recourant à Apollon et aussitôt vengé des Oll­

trages d'Agamemnon. On racontait l'histoire des Calydoniens frappés de démence et de mort par Dionysos, sur la prière de son prêtre Corésos, dont une jeune fille de Calydon avait méprisé l'amour (5). De semblables légendes avaient cours dans toutes les villes et maintenaient partout le respect qU'OIl avait pour les prê­tres. Ce respect populaire allait si loin que non seulement on était attentif à ne jamais les offenser, mais encore on les considérait comme des personnages divins. Homère, parlant d'ull prêtre, dit plusieurs fois qu'il li. était regardé par la foule comme un (lieu (G). »

(1) Aristophane, Plutus, 18 èt suiv. ('2) Plaute, Rudens, 553. (3) Elien, llist. 1:ar., XIII, 7. (/1) Appien, Guerres civiles, II, 70 : (Xù~ov; [Li) à./hxer" ",1)'/ (J"'p(X~iJV ,;,ç fepd; .,,;;,

ee"!1o~Optù" Une expression proverbiale, oùo1o 1tVp'i'0po; ;J.d'PO"/), il ne resta pas un PlIrphore en vie, signifiait qu'on n'avait épargné personne (Parœmiographi gricci, Leutsch et Schneidewin, l, p. 134, 289).

On ne sait pas si les prêtres qui mouraient pendant le cours de leur sacerdoce avaient des funérailles solennelles. Tout au plus peut-on remarquer que les devins officiels ([L(h~etç), dont la coadition était analogue à celle des prêtres, recevaient après leur mort des honneurs particuliers. Dans la liste des morts de la tribu Erechthéide, on rencontre le nom de Tùi,ltlw; [L-:tV't't;. Lc nom est mis à part, comme pour marquer la dignité dn personnage (C. J. A., l, /133. ligne (1). Voir Platon, Lois, XII, p. 917 ..

(5) Pausanias. Vll, '2\, 1 et suivants. - Julien raconte qU'Ul! ]lff1[re de la Mère des Dieux, étant vellu à Athènes, fut maltraité ct chassé. La clr:csse s'ir­rita, et pour apaiser sa colhe on construisit le J![ètroon (./ ulien, S.lr II! .lIère dr. dieux, li.

(G) lliade, V, 78; XVI, G05 : 6EO; 0' w; ""e",o of,f1':>'

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132 LES SACERDOCES ATHÉNIENS.

Artémidore dit qu'il faut croi~'e il la bonne foi des dieux et' des prêtres i des dieux, parce que le mensonge est incompati~le avec leur nature j des prêtres, parce que, parmi les hommes, Ils sont yén ér0s à l'égal des dieux ( 1).

Les prêtres portaient-ils, outre la couronne, certaiI;s, attri~uts (llÜ les distinguaient de la foule, en dehors des caremomes? L'hiérophallle et le dadouque d'Eleusis avaient sur la tête une sorte de diadème (crTpOqltOV) (2). Plutarque raconte qu'après la ba­taille de :Marathon (3), le butin pris sur l'ennemi ayant été laissé dans le camp sous la garde d'Aristide et de sa tribu, le dadouque CaUias parvint à tromper la surveillance et à se glisser dans les tentes où l'or et l'argent étaient cachés. Un des captifs, le voyant avec sa long uo chevelure et son diadème, le prit pOUl' un roi, se prosterna devant lui et alla lui découvrir l'endroit où une partie du butin était entassée (4). On ne sait pas s'il y avait aussi d'au­tres prêtres qui portaient cotte coiffure. D'après un passage d'Ar­témidore, les prêtres antiques avaient sou vent la chevelure lon­gue (;j). Rien ne nous prouve que l'usage n'ait pas existé à Athl'nes. L'Orient s'y est toujours conformé et s'y conforme encore aujourù'hui.

Pour ce qui est du costume, il faut s'en tenir au texte de Pla­ton, (lui dit que la couleur blanche est celle qui convient aux dieux (Ci). A Platées, les archontes, qui étaient aussi des prêtres, dm"aient être vêtus de blanc pendant toute la durée de leur charge (i). Dans la solennité ùes cérémonies ~e l?ur sanctuaire, les ministres sacrés avaient un costume partlcul1er, dont nous n'ayons pas il nous occuper ici, parce que ce costume variait suivant la nature de charlue divinité ot les rites de chaque fête.

(1) Oneiroerilique, II, G~ : Twv, ci~tO ... icr:wv )':Y~fLévwv, ~t; ÀÉ!OVOI 'tL ~t~'WJEt; XV" Y.:>" ,",,(O,oO:>.t, '?"/j!Ll "'pwcov; Et'/:>.t Ot~'J; • Ot,;),o'CptOV ya:~ OEWV 'C~ ojJEIJô.06a:t E7m.:>. \,,~i:t; , tii; yèt.;; :>"J'Cii; 'Coi; 0000'; 1t:>.pit. Ot'/OPW1tOtç 'CE'CVX"ljY.a:Ot 'ttIL"ljç.

U) An'ic:!, ElHrcticns d'Epielète, Ill, 21, lG. (3i Plutarque, l'ie d'Aristide, 5. " , (4) Pllltar'ltlC, ne d'Aristide, 5. L'anc~dotc est su~pecte. On ll~~gma sa.~s

doute pour c:qlliquél' l'oplllence proverbiale des Caillas. Elle est d ailleurs dl­verscmcnt racont(;c (Aristophane, Nuées, scolie du vers 64 ; Suidas, ),a:Y.Y.07t),ov­'to-). Yoir Bu:ckh, Staatshaushaltuv,g, l, p. 630 et suiv.

(5) Artémiùùre, Oneiroeritique, 1; 18 : 'tpiXa:; eXEtV fLEy<xÀa:ç lla:llla:Àèt., lla:l È7t' a:v'Ca:i: ciyci.Hz'JO:>.t ±pOov fLci.Àtcr'Ca: yuva:tlli . \17t€P yèt.p EVILar:;>ta:; Ecr'CtV Il'CE lla:l ciÀÀo­'Cpia:t; 6?t;lv a:l yV'/a:illS; XpWH:>.t. 'Aya:Oov ôè lla:l civôpl cro'!"r y.a:l IEpEr llotl fL<XV'CEt llotl ~otcrt).sr y.'Xl 6(v/OV'" y.'Xl 'Coi; 1tspl 'Cov âtowcrov 'tExvi'ta:t;.

(6) Platon, Lois, XII, p. !)5G A': XpWfLa:'tot BÈ À"Ullèt. npÉnovt' liv OEOr, EI'Il. (7) Plutarque, Vie d'Aristide, 21.

CHAPITRE X.

LA RESPONSABILITÉ SACERDOTALE.

§ 1.

Nature des comptes que les prêtres avaient à rendl'e.

La consid61'ation qui entourait ù Athc'nes les ministres des cul­tes lIationaux et qui les pla(~ait pal'lniles prellliers persOIlIl:lges tIe la république n'avait pJS la "ertu [le le" soustraire ft l'obligation de rendre des comptes comme les autr'es magistrats. Tous ceux qui, de près ou de loin, touchaient ft l'admini"tl'ation des choses de la cité étaient soumis il cette loi.

Les prêtres pourtant ne maniaient point de fonds publir;s. Ils n'avaient pas, comme les stratè'ges et les tril'rarrlues, une solde il toucher et à répartir, ni, comme les officiers chargés des Mli­ments ou d'autres trayaux de l'Etat, cles marchllS il r:tire ex6cnler et des salaires il payer, ni, comme les trésoriers des tIieux, le soill des revenus sacrés et la garde rIes trésors enfermés dans l'O(iÏ;,­thodome. C'est il peine si de loin en loin ils se trouvaient inclirec­terne nt mêlés il (luelque acte financier relatif à lem s,mctllaire, A part les gratifications en nature qu'ils receyaient apriJs les sa­crifices de la cité et dont ils n'avaient pas il répontIre, ils n'<l\';lienl rien en mains qui leur vînt tIu trésor et dont ils eussent il remet­tre le dépôt.

Ils n'en étaient pas moins responsables. La loi était formelle et ne souffrait pas d'exception. Eschine nous l'atteste [Jans cles termes qui ni) laissent place il aucun doute (1) et son témoignage

(1) Eschine, contre Ctèsil'/wn, 18 : 'Cov; (opôr, ll'X' 'C60; ("pôt?:; ~1t2v0Vv'J1J; "t'IO:' XÛ,,,VE~ 6 vop.o;, Y.rlt 'Jv)J.~f.;07jv ~1trt'Jto.; XCtt ZW?tç ~X.c1.0t()V'; xO'.t~ I1C)(J.Ct, ';'vv; 'ri yi~'l.

Page 74: Les sacerdoces athéniens

134 LES SACERDOCES ATHÉNIENS.

est confil'mé pal' tous les décrets d'éloges dont nous avons déjà parlé. Les sacerdoces patrimoniaux., ~ussi bien que, les sa:el:do­ces ordinaires, les prêtresses, aUSSl blCn que les prctres, etawnt soumis au contrôle suprême du Conseil et du Peuple.

C'est que l'obligation de rendre des comptes n'avait pas seule­ment pour oJJjet d'assurer la régularité financière des magistra­tures. Chaque ordre d'officiers publics ayant ses attributions par­faitement détermi.nées, il s'agissait d'examiner si tous, ùurant leur gestion, S'Cil étaient aC(luittés conformément aux lois ct sui­vant les décrets du Conseil et du Peuple athéniens. Il importait qu'avant de les rendre il lelU' indépendance de citoyel:s. et il la pleine jouissance de leurs droits civils, politiques ct reIrglCux, la cité acquît la certituù.e qu'ils n'avaient ni manqué il leurs fonc­tions ni usé injustement de leur pouvoir. C'était une garantie de légalité. _

Les comptes qu'avaient il rendre les prêtres lIe portaient que sur leur exactitude il remplir les devoirs de leur charge. Ces devoirs, nous m'ons vu quels ils étaient: ils consistaient il sur­veiller le service d'un personnel subalterne; il collaborer aux tra­vaux de plusieurs commissions d'administration religieuse; à célébrer des sacrifices; à exécuter, dans la limite cles attributions sacerdotales, les décisions du Peuple relatives aux cérémonies sa­crées. Les prêtres devaient donc prouver qu'ils ne s'étaient déro­bés à aucune de ces charges ct qu'en toutes choses ils s'étaient as­treintsà faire cc que leur enjoignaient les décrets ct les lois (1).

(lÔVIX la.(J.6civov't'lX; xcd 't'tl; €vX.à.; \ntÈp v(lwv r.pà; 't'ûv; Oeo'J; eÙzol1.ivov;, xa.t ooj 110-VO'l tata. ri)J,à xa.t 'l.O~'J~ 't'X ys'r/l, E0p.rJl.7ciàa.; ·'M1.1 K~pvx.a.; Y.rJ.t 't'o':'; (i»).o\J; &rcCIV'ta.;.

(1) Une anecdote, rapportée par Plutarque (Vic d',ilcibiade, 22; Qucstions ro­maines, H) laisserait croire que dans certaines circonstances les prêtres pou­vaient impunément résister aux décrets du Peuple: il s'agit d'une prêtresse, Théano, qui refuse de prononcer contre Alcibiade condamné les imprécations votées par l'Assemblée, disant que sa fonction est de bénir, non de maudire. L'anecdote est suspecte: il n'y a pas d'exemple qu'un magistrat athénien, quel qu'il fllt, ait jamais eu pareille autorité contre les décis.ions p.opulai~es. ~l est probable que la prêtresse intervint seulement dans la diSCUSSIOn qUI pre­céda le vote de l'Assemblée: c'est ainsi que, quelques années plus tard, lors­qu'il fut question devant le Peuple de rappeler Alcibiade, on vit les prêtres d'Eleusis prendre part à la discussion publique et s'opposer de toutes leurs forces au retour de celui dont l'impiété s'était jouée des Mystères (Thucydide, VIII, 53). Les prêtres étaient si peu au-dessus des décrets, que lorsqu'ils eu­rent reçu l'ordre de rCtracter leurs malédictions contre Alcibiade, tous les ré­tractèrent. L'hiérophante même, qui, selon Plutarque, ne voulait point s'y prêter, dut sc soumettre: « Pour moi, dit-il, je ne l'ai pas maudit, s'il n'a fait aucun mal à la cito. Il Cette phrase n'était pas autre chose qu'une for-

LA RESPONSABILITÉ SACERDOTALE. 135

Mais ce qu'il importait surtout llour eux de mettre en lumi(~re, c'était le soin minutieux qu'ils avaient pris ù.'assurer la stricte ob­sen'ance des rites et des formules ct. par là l'efficacité des sacrifices. Car c'était là l1u'était leU!' fonction principale. Ils n'y pouvaient manquer sans danger pour la cité. Comme la prospérité d'Athènes dépendait de la. bienveillance des dieux et que la bienveillance de ces dieux formalistes dépendait elle-même de l'attention des mi­nistres sacrés à se conformer aux traùitions du rituel, le salut du Peuple lui commalldait de tenir en éveille zèle liturgique de tous les pl'êtres par le contrôle sévère qu'à certains jours de l'année il faisait de leurs actes.

Voilà pourquoi, lorsque le prêtre exerçait un sacerdoce patri­monial, la responsabilité, au lieu d'être comme pour les autres magistrats individuelle, était collecth'e et s'étendait à tous les membres du ylvoç en général. Lorsqu'il s'agissait de politique ou de finance, cette responsabilité collective n'existait pas: l'orateur Lycurgue, devenu trésorier de l'administration, était seul tenu de rendre des comptes, sans que la famille des Etéoboutades, dont il était membre, fût le moins du mondo eng:lgre dans sa gestion financière. D'où venait cette différence? C'est (Ille l'EuI11oll'idc ou l'Etéoboutade qui était mêlé aux affaire~ politiques ou finan­cières agissait en son nom, comme citoyen et arec toute son indépendance personnelle, au lieu que l'Eumolpide ou l'Etl>0-boutade qui était prêtre, loin d'être détaché de la famille en , devenait comme le représentant religieux. Il Ll\'ait di~s lors IJOUI' mission d'observer et de faire observer les cérémonies d'un culte , qui était un culte national sans cloute, mais qui n'en était pas moins resté le culte d'une famille.

Les rites n'appartenaient qu'à la famille; elle s'en était réselTé à jamais la tradition, l'exégèse ct l'application. L'Assemblée po­pulail'e, souveraine en toute autre matière, s'abstenait de toneher à ces droits sacrés et imprescriptibles. Elle laissait aux Eumolpi­des, par exemple, leur liberté d'interpréter les lois des jIystèl'es et de prendre les me,;ures nécessaires il la célébration des ~ac:rifl­ces dont ils avaient la [Jropriété : on l'a vu dans l'inscription rela­tive aux prémices d'Eleu sis (1). Les Kèl'yces, qui n'avaient pas, comme les Eumolpides, qualité pour interpréter les lois des

mule adroite pour se conformer à la lettre du décret, sans en respecter l'es" prit (l'ie d'Alcibiade, :22).

(1) Rull. de corr. he!lén., IV, p. 227, ligne 36 : OVôW ôè ... Y.o:Oo·n av E0f1.0)."(-00:1 i[ crY,Jy-.][ crw ]Vto:l.

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136 l.ES SACERDOCES ATHÉNIENS.

Mystères (1), avaient néanmoins leurs sacrifices et leurs rites héréditaires et eux aussi conservaient dans leur domaine reli­gieux leur libre décision ct leur autorité. Il en était de même pour les Etéoboutades et toutes les autres familles sacerdotales.

Cette indépendance, en quelque sorte spirituelle, leur faisait un devoir de veiller à ce que toutes les traditions de leur culte fussent exactement respectées. Le prêtre, sorti de leur sein et dépositaire de leurs rites, devait être soumis de leur part à un . contrôle attentif. Elles avaient il prévenir ou à corriger, si c'était possible, les manquements de ce prêtre dans les cérémonies. S'il leur arrivait de l'oublier, la cité, qui de leur zèle à contenter leur divinité attendait sa pr03périté et qu'une négligence liturgique pouvait mettre en péril, élait en droit .ùe leur demander des comp· tes et de les instituer, avec le prêtre, solidairement responsables de l'impiété commise.

§ 2.

Comment se faisait la reddition des comptes.

On ne sait pas à quelle époque de l'année les prêtres athéniens étaient tenus de soumettre au contrôle du PeUIJle les actes de leur ministère. Les magistrats annuels s'acquittaient d'ordinaire de celte obligation il limr sortie de charge, les prytanes il la fin de leur prytanie, les ambassarlel1l's à leur retour, les commissions temporaires au moment où, leurs travaux terminés, elles devaient se séparer. Pour les prêtres, les documents (1110 l'on possède ne permettent l)as de s'arrêter il une date déterminée. Il nous est resté plusieurs décrets votés pal' le Peuple et relatifs à des ges­tions sacerùotales. Sur les cinq qui ont conservé lems indications chronologiques, deux seulement sont du dernier mois (2) : ce n'était donc pas il la fin de l'année qu'avait toujours lieu la reddi­tion des comptes. On ne peut pas dire dayantage qu'elle se fît ré­gulièrement après la fête solennelle de la divinité; car ils sont tous marqués d'un mois différent. Il faut attendre de nouyelles découvertes épigraphiques pour arri ver il une conclusion certaine.

Si les décrets retrouvés n'apprennent rien sur l'époque de la reddition des comptes sacerùotaux, ils contiennent assez de l'en·

(1) Andocide, SUl' les ]lystèro's, 116: 7tp")'ro~ [Lb iç·~y~. K"IJ?')l<(O)~ W~, ouy. Q,nôv GOt iç-(.yEtaOctt.

('l) C. 1. A., II, i77b , 48\)". Il en a été question plus haut, page 33.

LA RESPONSABILITÉ SACERDOTALB. 137

seignements sur les diverses formalités de cette opération pour qu'on puisse essayer d'en présenter le tableau.

Au jour fixé, le prêtre, vêtu de blanc et la tête couronnée, se présentait devant le Conseil des Cinq·Cents (1), qui avait parmi ses attributions principales celle de veiller aux affaires du culte. Là, il faisait un rapport sur les actes de son administration religieuse. Il montrait qu'il avait honoré suivant les rites la divinité de son

.. sanctuaire et qu'en même teml)S il avait adressé ses hommages à toutes les autres divinités que la tradition lui prescrivait d'invo­quer (2) ; qu'il avait célébré tous les sacrifices ordinaires et ex­traordinaires dont le soin lui revenait (3); enfin, qu'il avait rem­pli tous les devoirs que lui imposaient les lois et les ùécrets (4). Il ajoutait que toutes ces cérémonies, accomplies pour la santé et le sa:ut. du Conseil, du Peuple, des enfants et des femmes (5), s'etalCnt bien terminées, qu'elles étaient d'un favorable augure et qu'on pouvait en attendre de grands biens dans l'avenir (6).

Le texte d'un rapport de ce genre nous a été conservé dans le re­cueil des exordes attribués à Démosthène (1). Ce soilt les mêmes termes que ceux qu'employaient les prêtres. La formule était consa­crée par l'usage, et tous les magistrats, archontes, stratèges, cosmè­tes, prytanes, agonothètes, qui avaient eu des cérémonies à célébrer, s'en servaient, quand ils yeuaient exposer au Conseilles résultats de leurs sacrifice.3. On la retrouve dans un grand nombre de dé­crets (8). Un passage de Théophraste laisse enteudre qu'elle avait

(1) [ITpo}roôo'/ 7tot"IJO"tip.evo; 7tpO; t"~p. ~ov):,,~ (C. J. A., Il, 477 h).

('~) C. J. A., II, 373", lifines 33 et slliv. : mpl ;;''1 tX7to:y[yD.i.]st 6 lepeu; ~ov 'A'1û"IJ[moù '" mpl t"~; Ovdo:; f,; ~Ovsv] t"0 'A'1[z):r,m]~, [zJu.' t"~ ['l'y]tdq: xd Tlor; cD}ot~ OZOt~ Ot~ 7t~o(j·~y.€'J], ou bien Ot; r.1-rÇ<to'l ~'J (153\ ligne 5).

(3). "o:l t"ft; ~v'7io:; "OC7t&::~; t"i_O\~\(sV Y.ct"t"tX [t"tXl \h?t-r[Lo:t"7. (C.I.A., II, 477",1. Il). - t"o:; OV7to:; eO'ne 00"0:; eOSt (;:,03).

(1) imp.el.orHlt .o[i) "t'E lepoù y.o:l t"wv] (J.).).(o)~ ;;'v ot vop.Ot 7tp[ocr.tino\J'1tv] ('A O~­vo:tOV, VI, p. !3i, n° 9,lignc 14). - [,,0:1 "t',;;v &).).(O)~ ;;"/ 7tP0'7]iTo:.["t']ov oï "t'[e VOILOt "o:l.tX 1)."Ij:;;(O"[LO:.1X "t'ov ôr,[Lo]v (C. J. A., II, 3ï4, ligne 13).

(5) [0ûp "t']* [lOV).* ,,0:1 "t'O':) or,V.ov l<O:' 7to:ia[(o),/ ":l.l yV'/O:t"(;;v] (C. 1. A., H, 45310 ,

ligne 8). (G) ysyrJ·d.vo:t .tX h.ptX "o:l.<i "cû o"(o)t"~ptO: 7tœcrtv 'AO"IJ'/O:(Ot; (C. 1. il., II, 477h • 1. 8). (7) Démosthène, E.rordes, 54 : Ko:l oil<O:tOv, 0' &'/opô; 'AO"IJ,/o:rOt, "0:1 l<O:).av ,,0:1

Œ7tOVOa.to'J, 07tEp VtLû, €!WOo:'t'E 1 XCIt Y;[J.i; 7t?OVOEt'l, O'IT6J; "C~ Tt'ç.O.:; "rO'J; SEO';; EV"jd~wc; ËÇet. 'fI [Lb ouv T,p.s"t'ipo: yZyo·/ôv im[Lil.wx v[Lrv El; ôiov • l<o:l y<ip i00cro:p.ev "t'ij> Atl 'nT> ~w't7jpt xcû 't~ )A01l"~ XCl1 't~ Nty.~, XlXt yÉyOVE xcù~ Y.Clt GW't112tC1. 't(L~O) v~r'l 'tOC Ispti. 'E00cro:p.sv oÈ ,,0:1 t"~ ITs:oor ,,0:1 t"~ M"ljt"pl "t'w~ 0ôwv l<o:l t"~) ~7t6).l.",vt, ,,0:1 El<o.l.).tEpOV[LS~ 1'.o:l t"O:Vt" 0:. 'th il' vp'rv 1'.o:l t"<i "t'or; ài.).).o:; OWt; "t'vOivt"o: tEp<i eXcr,?:l.).;j l<o:l ~i(htO: y.o:l l<o:).<i l<o:l O"wt(1)ptO:. Aiy'EGOS ov'/ 7to:p<i t"wv eEW~ Otoovt"(o)v t"eXyo:Oti.

(8) Voir en particulier C. 1. A., II, 305, 307,393,425, 431, 432, 4.10; 'AO~-

Page 76: Les sacerdoces athéniens

J38 LES SACERDOCES ATHÉNIENS.

fini par devenir une déclaration banale ct insignifiante, que les magistrats étaient amenés à répéter. L'auteur se moque d'un sot ambitieux qui, pour le plaisir de se mettre en avant ct de paraître, recherche, lorsqu'il est prytane, l'honneur de venir prononcer la formule d'usage à 111'0pos des sacrifices, et qui, s'imaginant avoir fait un beau discours, rentre chez lui tout fier de son éloquence et de son succès (1).

Le Conseil, reprenant en partie la déclaration du prêtre rédi-­geait ct adoptait une résolution conçue à peu près en ces termes: II. Il plaît au Conseil d'agréer les augures favorables que le prêtre » déclare s'être produits au milieu des sacrifices célébrés par lui » pour la santé et le salut du Conseil, du Peuple, des enfants et » des femmes (:?). » Ce n'était là qu'une décision provisoire (1tpO-

60~),EUP.';), qui de,'ait être soumise aux votes de l'Assemblée popu­laire. Le jour venu, le président de l'Assemblée appelait l'affaire, communiquait au Peuple la résolution du Conseil ct la mettait immédiatement en discussion (3), Si personne ne montait à la tri­bune pour opposer un démenti aux déclarations du prêtre, un vote ratifiait ct transformait en décret cette résolution: dès lors le prêtre n'avait pIns de COml)te;; à rendre. S'il s'élevait au contraire quelque protestation, ct s'il était prouvé que le prêtre avait en quelque chose manflué à ses devoirs liturgiques, l'Assemblée sai­sissait de la question le tribunal compétent en matièl'e d'im­piété (4) : on a des exemples de prêtres qui ont ainsi été jugés ct condamnés (:i).

Telle paraît ;n'oir été la pl'océdul'e au quatrième siècle: elle ét ait simple. L'affaire sui 'l'ait la marche ordinaire et passait du Con­seil à l'.\ssemblée, parfois de l'Assemblée au tl·ibnnal. Le prêtre, déchargé pal' décret de toute sa responsabilité, sc retirait sans

vex 1 0 v, VI, p. 4.8'2, et les textes cités à la fin du présent volume en appen­dice.

(1) Théophraste, Caractères, 21 : 'A[Lé).ôl of. ltexl auvolollt>1aexaOCXt 1texpèt TWV 1tpV­-rctVEWV, 07rW; ,zit(XyyeO,".!J "nT) ô7i~J.(:) 'rcX lsç.a. . xell 7tO=~E07Y.e.V:X(j!J.É\}OÇ lcq.l1t'poV ttJ,cX'ttOV

Y.Ctt ÈO''ts;;CXVW!J.ÉvtJ; 1;C1.pÛ.OW\J alTIErV, w avope; 'A61j'Jcxtot, lOvov-ev ot 'itpV't'cX'IEt; 't'11 M'l)Tpl TW'I 0ewv . ,,<xl Ti< [LS'I !ôpit extalOC ltO".l lt<xH lt<xl up.ôt, otXôaOô .. it liyexOci . ltocl TOCV'tOC lir.ocyyôD,ex;, limwv ÔI1-.y>1'1<X'10al oïltaoô T'ii t<XVTOV yvvOClltl û,; ltOCO' \J1tôp60Ài}v tV'l)[Lôpd.

(2) C. 1. A., II, 373", lignes 12 ct suiv. : [OOltÛ] T'ii ~OVÀE' Tit [LÈv liyexOit [ôé­x€aOOCI Ti< yôyov6~C1. Èv 1 TO', lEpOt; lr;>' Uylôl" ltocl aWT"iP'" "tij; ~Ov).ij; ... etc.

(3) C. 1. A., II, 477" : TOÙ; hxo'l'tC1.; 1tpoiopov, ôt; TY;V Èmovaav [lltù'l)a(jav XP'l)­[[LO(~(cr]o.l 1tôpl TO·J.WV, yv';'[L'l)'1 ôà 1;v[[Lfli).).ôlaO<X1 Tij; ~Ou).ij; d; Tav oij[Lov.

(4) Pollux, VIII, 45 : 't.v oÈ 1tépl liiillt'l)[L<hwv r.po, TOÙ; OlltexaTcX;. (5) Démosthène, contre Néère, 116.

LA RESPONSADILITÉ SACERDOTALE. 139

autre récompense, Il est mome il présumel' que le décret ll'était pas gravé: du moins, parmi les actes publics de cc genre ,- n'en a-t-on point trouvé qui remonte ü cetle époque.

Il n'en fut pas de même dans les sii~cles flui sui \'irent, Le Pen­pIc athénien étaü deyenu pl'Olligue de récompenses. Eschine sc plaint déjü de l'abus (FI'On fait, do :,on temps, Iles élogos ct des couronnes (1). Ap1'0s lui, l'abus s'étend da\'antage. Les magistrats ne sc contentent plus, comme autrefois, d'ulle tiimple Jécharge de leur responsabilité. Dans lour rapport au Conseil, au lieu de sc borner il témoigner de leur exactituJe, ils exaltent leur zl~le pour le bien public. Les protros font 'l'aloir leur piété et leurs re­ligieux efforts pour la gloire de leur dieu ainsi que pour la pros­périté des Athéniens (2), Le Conseil, plus complaisant il ces vani­tés, adopte Jes résolutions moins ~ommaires qu'autrefois : il l'antique formule il ajoute une suite de consiJérants, où sont énumérés les titres du prêtre il une récompellse publique (3). Kon moins complaisant à son tour, le Peuple flécorlle au protre d'abord un éloge, puis une couronne; enlin il Ol'llOlllle IIue le décrot voté soit gravé sur le marbro ct déposé dans le s:\llduaire oille pl'l~,­tre a été ministre (4). Plu:::ieurs Je ces décrets ~ont yellUS jUHlu'à nous: cc sont ceux que nous 'l'enons d'anal ySOl'.

(1) Contrc Ctèsiplwn, IïO. Cl) Voir sur (ont C. 1. A .• Il, 37'1 et 45310

• D'autres prl'lres, comllle Diode',; (Bull. de corI'. hellén., [, p. 3G), faisaient il lcurs frai, ùes réparations all ~anc­tuaire.

(3) C. 1. A" II, 37:3", ligne lG : [Èr.el~Y; os 6 [eps'J;] r.S?' ûd" .. ov 7.010VIJ,ÔVO; ['rirl 7t~à; 't'où; O~ov; EV0't]fiSta.\I ... etc.

(1) C. 1. A., II, 477\ lignes i7 ct suiv. : È7.ctWZIJ'a.t -;0\1 ~~Çti(t ..• IW'.i G'tS??:VWfj?:~

ClV'tOV O:7.I.).où (i't'Syi'J(:l eùtjsbz[o:; svsr.?: xo:t 9~),01'qJ.b.; !rl') izwv o~rJ..EL:r j;rà; 1"00;

Oeov;. 'A,Ja.ypci..~().t ô~ 't6os 'to ?~t~t]"tJ.C( Èv G't"l1):~ ),LOh"{j 'l.o:i cr':"ijI7CU ZV 't~) 't'(/:.I 'AtJy'):'fj­

mou !erti>.

Page 77: Les sacerdoces athéniens

CONCLUSION.

Nous arrivons au terme de cette étude. On a vu de quelle ma­nière est constitué, chez les Athéniens, le ministère des divinités nationales. Chaque divinité a son sanctuaire, temple ou chapelle; chaque sanctuaire a son ministre, prêtre ou prêtresse. Ici ce sont des prêtres à vie, investis d'un privilège patrimonial: ils accom­plissent des cérémonies qui sont la propriété de leur famille, mais dont la portée, d'abord restreinte à la protection de cette famille, s'est peu il peu étendue jusqu'à couvrir la cité tout entière. Là ce sont des prêtres annuels, désignés par le sort dans le nombre des citoyens qui sont de race pure et qui jouissent de tous leurs droits, ci vils, poli tiques et religieux. Tous, les prôtres il vie comme les prêtres annuels, exercent leur ministère au nom du Peuple et sont des magistrats également soumis aux lois et aux décrets. Les sanctuaires n'ayant pas tous ni la même importance matérielle ni les m0mes tr!l(lition~, les fonctions sacerdotales sont l)lus ou moins complexes: ici le prêtre est seul et suffit à tout j là il est assisté, soit d'un personnel permanent, soit de commissions temporaires. Partout il a trois sortes d'attributions: le service de la diyinité, qui \'it dans le temple sous l'apparence inanimée d'Lllle image de hois ou de métal j l'oblation des sacrifices publics et privé,; j la police, l'entretien et l'administration du sanctuaire. Partout son rôle capital est d'être l'intermédiaire officiel et néces­saire entre la cité et Iluel1lu'une de sc::; divinités. C'est à lui qu'est confiée la tradition du rituel: il a le devoir de le faire observer dans sa l'igueLll' minutieuse. Par son zèle il assure l'efficacité des sacrifices auxtJuels la cité attache ses espérances. De là les privi­lèges et les honneurs qu'elle lui accorde, la considération dont elle l'entoure. De lil aussi les comptes qu'elle exige de lui.

On remarquera que dans cette constitution des sacerdoces athé­niens, il n'y a rien qui, de près ou de loin, donne l'idée d'un clergé. La plupart des ministres sacrés sont nommés pour un an.

CONCLUSION. 141

La.prêtrise est une fonction comme ulle autre, qu'on prend, qu'on qmtte, qui n'impose il qui l'exerce ni habitudes nouvelles ni es­prit particulier. Sans doute quelques prôtres ont une charO"e viagère j mais la perpétuité de leurs fonctions no les détache p~s des int~rêts de la vie active: ils se mêlent de près, comme les autres cItoyens, aux affaires de la citô , et ne ~ont prêtres qn'aux heures où il s'agit d'accomplir ccrtailles cérémouies.

Les uns et les autres ne forment pas un corps dbtinct et ne peu­vent pas en former. Ont·ils des tl'aùitiOllS communes, des intérêts communs? Sont-ils unis par le dévouement il une même foi et par l'ardeur d'une même mission? Athènes n'a l)as une reliO"ion o ,

c'est-à-dire une doctrine théologique, Ull enseignement moral des pratiques uniformes: elle a une série de cultes différents, qui ont tous leurs dévotions spéciales, leurs fêtes, leurs cérémo­nies, leur étiquette. Elle a, non ]Jas un sacerdoce, mais des sacer­doces: chaque divinité a le sien, et parmi ces divinités il n'yen a pas deux qui aient la même origine, la même légende, le même caractère, les mêmes goùts. Comme les prêtres n'ont d'antre rôle que celui de plaire il un dieu en faisant les actes et en disant les paroles qui plaisent il ce dieu, ib ont chacun leur formulaire et s'y tiennent. Ils sont dispersés dans leurs sanctuaires, isolés les les uns des autres, voués chacull il un service particulier. Rien ne les rapproche que le nom de tepEu;, l'analogie apparente de leurs attributions et le hasard d'être magistrats ensemble, la même année et dans la même cité. S'ils n'habilaient pas la même ville et s'ils ne marchaient pas réunis dans certaines processions officielles au milieu des autres officiers publics, il n'y amait pas plus de rapports entre eux qu'ilIlC peut y en avoir entre des am­bassadeurs athéniens qui sont députés les uns en Macéùoine et les autr~s en Perse, ou bien entre des trièrarques envoyés avec leurs VaIsseaux dans des directions différentes.

On ne peut même pas dire d'eux qu'ils sont collègues. Pour ê~re collègues, chez les anciens, il faut former parmi les ma­gIstrats un groupe distinct, un collège, avoir des délibérations communes et célébrer en commun certains actes relirrieux. C'est

• • 0

mnSI que les neuf archontes sont collègues: le jour de leur en-trée en charge, ils montent tous ensemble il l'Acropole pour sa­crifier à la déesse poliade. Les cinquante prytanes, qui représen­~ent une tribu au Conseil des Cinq-Cents, sont aussi collègues: Ils prennent leurs repas en commun dans le Tholos' ils accom­plissent ensemble certaines cérémonies en l'hOl1llOl~l' du héros éponyme de leur tribu j ils ouvrent ensemble pal' des prières et

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142 LES SACERDOCES ATHÉNIENS.

des sacrifices les séances du Conseil. Il en est de même des stra­tèges et des trésoriers de la d0e:3se. ~Iais les prètres, où se trouvent· ils jamais réunis pour prier et pour sacrifier, j'entends réunis avec leur caractère sacerdotal? Quand il leur arrive d'être grou­pés, soit dans une procession, soit au thMtre, c'est comme ma­gistrats qu'ils le sont, non comme prêtres. Aux représentations dramatiques, qui sont des cérémonies religieuses, ils n'occupent les premiers gradins qu'à titre d'invités. Le seul prêtre qui, dans la circonstance, soit un ministre sacré, est le prêtre de Dionysos, parce que Dionysos est le clieu de la fète.

S'il n'existe pas de clergé chez les Athéniens, à plus forte rai­son n'y a-t-il aucune hiérarchie sacerdotale. Les officiers du culte remplis:3ent, chacun de leur côté, des fonctions bien déterminées et qui taules ont un caractère différent: leur compétence est res­treinte naturellement aux bornes d'un sanctuaire et ne peut pas s'étendre jusqu'à juger ou corriger ce qui se passe dans un sanc­tuaire voisin. Aussi aucun d'eux n'a-t-il sur les autres la moin­dre juridiction. Tel sacerdoce est plus considéré dans la cité: c'est une marque que telle diyinité est plus populaire. Mais ce surcroît de crédit et d'honneurs n'implique aucune suprématie liturgique. Le sacerdoce d'Athèna e:3t la plus haute dignité: Athèna est la déesse poliade, et son culte domine toute la vie athénienne. Mais les prêtres des autres dieux ne relèvent pas de la prêtresse d'Athèna. On est quelquefois tenté de comparer l'hié­ropllante d'Eleu sis à une sorte de grand pontife et d'en faire comme le chef suprême de la religion athénienne. L'hiérophante fait partie du tribunal des Eumolpides, qui prononce sur certains cas d'impiété non prévus par les lois écrites: comme tel il peut avoir à juger et à condamner un prêtre sacrilège. Mais il n'a sur le détail journalier de l'administration sacerdotale aucune auto­rité directe.

Au-dessus de tous les prêtres ct de toutes les prêtresses,qui sont répandus ùans les sanctuaires, il n'y a qu'une autorité, celle du Peuple. C'est lui qui leur donne les pouvoirs nécessaires pour s'acquitter do leurs fonctions; c'est à lui (lU 'ils doivent des comp­tes; c'est lui seul qui les frappe s'ils ont enfreint les lo!s et les décrets. De lit vient que les sacerdoces athéniens, malgré tout cc qui les sépare les uns des autres, ont quoIque chose de com­mun, ct qu'il a été possible de les étudier dans leur ensemble. Ce Peuple, dont l'autorité souveraine les embrasse, leur a donné une constitution originale, conforme à son caractère politique. On y retrouve, comme dans toute la vie publique d'Athènes, ces habi-

r

CONCLUSION. 143 les t~mpéraments '. ~ui concilient ce qu'il y a d'immuable ct de s~cre dan.s les tra~ltlOns du passé avec les instillcts mobiles de la d~m~c:'atlC, et q.lil, sans portel' atteinte aux droits légaux et à la dl?'l1lte des maglsLrats, laissent touLe puissance au contrôle popu­laIre.

Page 79: Les sacerdoces athéniens

-

APPENDICE

1

LISTE ALPHABÉTIQUE DES CULTES ATHÉNIENS.

J'ai montré (p. 8) que dans l'antiquité il y avait autant de sa­cerdoces que de cultes. Pour compléter cette étude sur les prêtres d'Athènes, il ne sera donc pas inutile de chercher à déterminer quelles étaient les divinités qui étaient l'ohjet d'un euIte puhlic chez les Athéniens, avant l'époque romaine.

A • fi' / '1. Ayav'fj TuZYl.

Un fragment des lois de l'orateur Lycurgue, relatives à l'administra­tion des choses sacrées, mentionne les éristates du sanctuaire ùe la Bonne Fortune (C. 1. A. , II, 162, ligne 20). D'après un fragment de comptes qui se rattache à la même administration, ces épistates sont chargés de vendre les peaux des victimes offertes à la déesse (Bœckh, Staatshaushaltung, Beilagen VIII, t. II, p. H9 et 136).

2. 'AyÀaupoç ou 'AypauÀoç,

Elle avait son sanctuaire dans une grotte, qui s'ouvrait SUl' la face septentrionale du rocher de l'Acropole (Pausanias, l, 18, 2; Bursian , Geographie von Griechenland, t. l, p. 2Çj!1). C'est pal' là que les Perses pénétrèrent dans la citadelle (Hérodote, VIII, 53). Les éphèbes se l'éu­nissaient dans l'Agrauleion pOUl' prèter serment et recevoit' leurs at'mes ( !H'lllosthènl', sur la fausse ambassade, 303 ), Comme les décrets éphé­biques disent que cette cérémonie a\'ait lieu dans le Prytanée (C. 1. A" Il, 470. ligne 5), il est pl'oIJable que l'Agrauleion se trouvait enclavé dans l'enceinte générale du Prytanée (voir .1iillo; xcd Xaptu;).

Une inscription honorifique, trouvée à l'Acropole, fait connaître une prêtresse d'Aglauros, <IlêtOOo"rpa'r'l 'Enox),io\lç AlB"Hoov Ovy<in;p (Le Bas, Inscriptiolls de l'Attique, QI).

Les légendes attiques rapportaient qu'Aglalll'os était une des filles ùe 10

Page 80: Les sacerdoces athéniens

146 LES SACERDOCES ATHÉNIENS.

Cécrops. Son culte se rattachait-donc aux plus anciennes traditions du yivo; des CéCl'opides : pal' suite il est très probable que le sacerdoce d'Aglauros était un sacerdoce patrimonial et se transmettait, comme le sacerdoce d'Athèna Polias et de Poseidon, dans la famille des Etéobou­tades,

3. À~plXC"1'erlX.

Citée parmi les divinités auxquelles Athènes a emprunté de l'argent et paie des intérêts (C. 1. A., l, 273, fi', d, ligne 6 , p. 148 ). Dans une autt'e inscription, elle est associée à la déesse Bendis (C. 1. A., l, 210). Voir Bivôt;.

4,. 'A.~wVtC;.

Les Arlonies sont citées par Aristophane parmi les grandes fêtes athéniennes avec les Panathénées, les :\Iystères et les Diipolies (Paix, 420. Voir aussi Lysistrala , :~R9; Platon. Phèdre, p. 276, B; Plutarque, Vie d'Alcibiade, 18),

5 • Cl _. , • Av·f;W:I.. ApstlX.

Son autel était sur l'Aréopage (Pausanias, 1, 28, 5).

6. ÀO'f;viX: Àpï:r.yÉmc;.

(Aristophane, Lysistrata, 642; Plutarque, Vie d'Alcibiade, 2; C. 1. A., III, 65, 66; A, :'IIommsen, Hcortologie, p. 406, note*).

7. À6'/lvà BouÀlXrlX.

Associée à lE';; Bovb:io; : SUl' les gradins du théâtre de Dionysos on a trouvé une inscl'iption qui marquait la place du prêtt'e de lEV, flOV),OOlO, et 'M"ljvii flov),ool:)c (C. 1 . . 1., III, 272). Voir lEÙç flov),ooioç.

8. ÀO'tlviX: Èv llIXÀÀ·/lv(8t.

Mentionnée parmi les divinités qui ont un trésol' et qui ont prêté de l'argent à la yille (C, T. A., 1, 222; 273, fI'. e f, p, 148; C. l, G" t. 1, p. 907; Euripide, l/éraclides, 849; Athénée, VI, 26, p. 234).

9 • Cl -, \ '\'\ ~/, 1 • AO'fiWJ, S"t ll(tJ\J\ctrJt(P ""~ptovetcp.

Elle avait aussi son trésor, auquel la cité avait fait des emprunts (C. 1. A., l, 273, fI-. e f, p. 148). Le Palladion était un tl'ibunal où l'on jugeait les homicides pal' imprudence, et qu'on disait avoit' été institué à propos d'un accident dont le l'apt du palladion troyen par Démophon avait été l'occasion (Plutarque, Vie de Thésée, 27 ; Pausanias, l, 28, 8 ct 9). VOÎ!' 'AO'llvii 'D.,~,.

APPENDICE 147 10. ÀO"tlviX: 'Epyciv'lI.

(Pausanias, 1, 24, 3; Le Bas, InsCl'iptions de l'Attique ,24, 25, 26, 27 ; Beulé, Acropule d'Athènes, t. l, p, 309 et suivantes),

11. ÀO'/wiX: ZWû1'"tlpllX.

Ai?si désign,ée parce qu'elle avait un autel dans une localité appelée Z",cr't'l}P (Pausamas, 1, 31,1; DUI'sian, Geographie von Griechenlalld, t, l, p, 3::'9), Elle avait un trésor auquella cité fit un emprunt (C. 1. A" l, 273, ft-. e t, p, 148).

1~. 'AO'~viX: 'HcplXtu1'(IX.

'Elle était associée à ''H\,CM'tO; (C. l, A.., II, 114, B, ligne 4). Voit. "H:pootcr'to;.

C'est très probablement la même divinité qu"A8'1}vii è1t1 IIooÀÀooIH<p. Elle est mentIOnnée par Hésychius : '1 À i Et 00 • lop-ri) èv 'A6~voot; . Èv 'IH<p 'AO'l}vii; 'Il.t~oo; >lool 1t0tJ-1t~ >lOOt &ywv.

Associée à Poseidon Hippios. Leur autel s'élevait au bourg de Colone (Pausalllas, l, 30, 4; Harpocration, 'fytdoo ~O"ljvii).

15. 'AO'~viX: 'I1'wVLIX.

Elle avait un trésor (C. 1. A., l, 210).

16. 'AO-~viX: Nrx'll.

Elle se tro~lve mentionnée dans les comptes des trésoriers sacrés (t. 1. A" l, 189-, ltgnes 3, 7, 19; 273, p, 148, col. 2 : U;'llriE pecuniamm Jlli­nervi!' VictoriiE). On lui faisait des sacrifices en même temps qu'à Athlma Polias, 101's de la fête des Panathénées (C, 1. A" II, 163). Voir Ni>l'l} "A1tHrO;,

17. 'AO'llviX: IIlXtWvLIX.

(pausanias, l, 2, 5).

Le centre de son culte était SUI' l'Acropole, dans l'Erechtheioll. Son trésor, dont les comptes nous ont été en partie conselTés, était ad­~i~istré par les trésoriers de l~ dcesse et déposé dans le Parthénon, qui etait. 110n pas un temple destlllé aux cél'émonies sacrées, mais Ull abri pOUl' la statue chryséléphantine ct toutes les richesses consacrées à Athèna Polias (:\Iichaelis, Der Parthmoll, p. 27 et suiv.).

Page 81: Les sacerdoces athéniens

148 LES SACERDOCES ATHÉNIENS.

Le sacerdoce d'Athèna Polias était patrimonial ct se transmettait dans le yÉ'/oç des Etéoboutades. Stt'abon cite une prescl'iption bizarre, à la­quelle il était soumis: la prêtresse devait rigoureusement s'abstenir de fL'omage fmis ct de fromage fait en Attique; seul, le fromage étt'angcr lui était permis (Strabon, IX, 1, t 1).

On connaît quelques-unes des prêtresses antérieures il l'cmpiL'e; (voil' Bulletin de c01'respondance hellénique, III, p. 484 et suivantc's) :

AvcrttJ.ciX1j (Pausanias, l, 27, 4 ; Plutarque, De la fausse honte, 13; Pline, Rist, natur., XXXIV, 19, 26). Elle resta en charge soixante quatre ans ct vécut dans la seconde moitié du cinq uième siècle,

Au quatl'ième siècle, la fille d'un certain Avcricr-rPIXTOç BIX'tij8ôv (Arch. An­zeig., 1850, p. 175). Les fils de Praxitèle firent sa statue.

Au tl'Oisième siècle : La petite fille du même Lysistratos de Batè:, fille de IIo),vôuxTo, BIX-rijOôv

(C, J. A., II, 874). Elle s'appelait probablement .\vcrtcrTpci-r1j.

f)ooêi6q fIo),voVY.TOU 'AtJ.'i't.poreijOô'/ (Hirschfeld, Tituli statua1'iorum, 53b).

fIE'/Tô.r,plç ['lE]poûÉou, <Nviwç (Hit'schfeld, Tiluli statua1'Ïorum, 52; null, de carl'. hellt'n" III, p. 485).

'A6pvnlç i\lt'l.lwvoç K1j,?tcrtÉwç (Le Bas, Attique, 361). Au second siècle : Une prêtresse dont le nom est inconnu. La statue qui fut élevée en son

honneul' porte L~s non1s des artistes Eucheil' et Euboulidès (C. J. G" 6Gli, t. l, jddenda, p. 916). Kaibel (E1JÏgl'ammata grieca, 8J2) propose le nom de <I>thipIX.

XpvGi, )'it,.'ij-rov, connue par un décret des Delphiens qui lui accordcnt la jlroxénie ((J. 1 . .1., II, 5S0).

Au pl'l~llIier siècle avant notre ère: <l'ti,ire,,'/) ?lr,odov, qui fut d'abord canèphore dans une fête il Délos (Bull.

de corr. /wlléa" III, p. 3ï8), ct qui devint plus tard prêtresse d'Athèna l'olias (Vie dJ LycuTguc, 30).

:!:TrIXTOû'ôtlX (Le Bas, Attiljue, 20). On nc sait à quelle époque pl'écise elle exerça la prêtrise.

(Pausanias, l,l, /1; 3G, 4, Pollux, IX, 9G. A, Mommsen, lIeol'tologie, p. 5;:', note).

Associée à Zeus Sotel' (C. J. A., II, 325), Voit' Zôù, l:(J)T~p.

(Pausanias, 1,23,4; Hal'pocl'ation, 'YyldlX 'A61jvii; C. J. A., I, 365; C. J. A., II, 163).

APPENDICE. 149 22. Aiocx.oç.

Aeaque était un des héros protecteurs d'Egine, Les Athéniens, en guel'l'e 'avec les Eginètes au cOlllmeneement du cinquième sièole, chel'­e~èrent à s: concilier ses faveurs, ct, SUI' l'ordl'e de l'oracle de Delphes, lm consaCl'erent une enceinte sacrée dans l'An-ora (Hérodote, V, SU : ,,;j "Èv AlIXXW TÉ"ôVO" ;"', • ,." '. ,b _ , . ' . ... ,...' IXre,UoslXl TOUTO, TO 'lVv ôm Tr,Ç IXyo2'lÇ tO~VTIXI. IIesycIllus, Alcixelov).

23. ÀÀY..p:t1V'tl.

Elle avait un autel dans le sanctuaire d'IIèraclès (Pausanias, I, Hl, 3). Voir 'HpIXxÀijç &V Kuvocrcipyôl.

Héro~ médecin, dont le culte ne nous est connu que pal' un passage de la Vie de Sophocle. Le poète exerça le sacerdoce dans son sanctuaire: ÉIJ~ô IlÈ x~l T~V TOV 'Ahwvoç lorwcrvv'lv 8; 71PW; r.'/ tJ.eT~ 'AlJùr,rewù 1tIXp~ X.ôtpWVt. C e~t. probablemcnt le même héros qui dans certaines inscrip­tIons est deslgné sous le nom de "Hpw; lIXTpÔ;. Voir ces mots.

25. "Ap.p.wv.

Son cultc est mentionné dans les fragments'dC's comptcs de l'oratcur Ly.cul'gue (Bœekh, Staatshallshaltllng, Beilagen nu, t. II, p. 130). Le prC'tl'e d'Ammon jouait un rôle litul'giCJue dans les Dionysics : un dl'Cl'ct décel'lle des éloges, cn même temps qu'au prêtre de Dionysos, au prêtre d'Ammon IIIXvcrt<xor,;<I)IX),r,?ô0ç('AO~vlXtOV, VI,p. /182, nO'!:ligne I~J; ,oit,

plus loin l'appcndice épigl'aphiCJuC'). Une auü'e inscription si~llaiLo des rôpal'ations au te III pIc d'Amlllon ('A 0 ~ v IX 10'1, Y J II, [J. 231, llO l , ligne G : 't'ij; repocrolx000tJ.'IX; [TOÙ !ôpoù TOÙ) 'AtJ.tJ.wvoç),

Il est mentionné sans autre détai! dans un [J'agml'nt de loi qui se rat­tache à l'administl'ation de l'orateul' Lycurgue (C. J • • 1., II, 162, ligne 21).

27. "Avocx.eç ou 'Avrù .. otv.

Le tcmple de Dioscm'es ou 'Aw.lxôtOv est souvent signalé (Thucy,lide, VIII, 93; Pausanias, J, 18, 1; Lucien, Lcs pêchcurs, 42). Il avait S~1l tl'é­Sol' (C. 1. A. I, 'lOG, 210).

Le pl'ôtt'e des Dioscul'es est mentionnô pal' Athénée (VI, :?7), dans Uil

décl'el dont il cite quelques lignes et dont la stèle se tl'ouvait :'t l'Ana­keion (Voit· le texte citô plus haut, p. 122, note 1). ün auU'e texte épi­gl'aphiCJue pal'le d'un pl'être qui, sans doute, est pl'êtl'e des Dioscul'es (C. J. A., l, 34).

On a tl'ouvé au théâtre le siège d'un Ill'être 'Av<x"w'l XIXl71pWO; 'Em,qiov (C. 1. A., III,290). Voir "Hpw; 'EremtylOç,

Page 82: Les sacerdoces athéniens

150 LES SACERDOCES ATHÉNIENS.

28. 'Av"dpwç.

(Pausanias, l, 30, 1).

29. 'A'r;oÀÀwv BO·IJ~potJ.\Oç.

Culte très ancien en Atfique. On lit dans le CI't!mi [{tymologique, TI 0'1)0 P 0 tJ. 1 W V . tJ.-1)V TC!J.pi ''\Û'I)V!J.(Ol; éCP"liT!J.I on Èv !J.VTij' ÈTlwho nO"liàpo~,\O; 'ATCOÀ­).wv. T1jv ôÈ &rz-r,v ~J~dS'J o"n 7to),Z[LOV GVrJ't<Xv't'o; !)A61lvlXtot; XIl.!. 'E),E\JrJt'JtOt::; •• , èVLX'Yj­

(j(1.V 'A01j'J'l.rot. 'A7tà aV'J -ri); 'to'; Œ'tpll.'tE-J(La:t'o; ~oij; 1'1); È1tt 't{r cXcr'tSt ôpcttJ.ourj'"fl;, 0 't'~ 'ATCOntAlV BO"liopotJ.w; Èùf,O'r" lt!J.\ Y) 6VG(!J. lt!J.l 6 tJ.-1)V lt!J.l Tix ~O"liapOfJ.l!J. ÈTCéTehtTO ÉOp't'l1' 30. 'Ar.6ÀÀwv ~ct(f)'J·lJrpopoç.

Le prêtl'e d'Apollon Daphnèphoros avait son siège marqué au théâtre de Dionysos (C. J. A., Ill, 2\l8j. C'est la seule mention qu'on ait de cc culte à Athènes et je ne sais pas s'il existait avant l'époque romaine.

31. 'Ar.oÀÀwv ~ëÀ9tV~oÇ.

(Pausanias, l, 19, 1). Son cultc ét.ait associé à celui d'Al'témis Dcl­phinia. Unc inscription signale un prêtrc d'Apollon Dclphinios ct d'Al" • témis Delphinia (C. J. G., 44~). Voit' 'ApTétJ.I; Aû:p"t!J.,

32. 'Ar.oÀÀwv ~·tlÀ\Oç 'lIctÀ·ljpo\.

Il avait un trésor (C, 1. A., l, 210), On a trouvé au théàtre de Diony­sos Ic siège marqué pOlir lc prêtrc il vic d'Apollon Délicn (G, J, A., Ill, '270). Il est impossiblc ùe dire si ce sacerdocc a toujollrs été viager, même avant l'cmpire,

33. 'Ar.oÀÀwv Èv ~;;'r,Àct((:J.

(Pausanias, l, '28, /1).

3.t. 'AT;oÀÀwv ZWG,·tl(lLOÇ.

Associé à Artémis ct Lèto (Pausanias, J, 31, 1). Leur autel s'é!cyait dans une localité appelée ZtAlGT'fjp (13ursian, Gcogl'. von Gl'iech., t. l, p. 3S9). Le prêtre d'Apollon Zostèl'ios avait sa place marquée au théâtrc dc Dionysos (C. J. A., III, 301).

35. 'Ar.oÀÀwv 'Ip~9c(GëOÇ.

Cuite particulier à un dème. Il n'est connu que par une inscription relative à la policé' du temple ('E:pr,tJ.épl; àpy'!J.w),OY1lt'l1, nO 3139 : j'en ai donné plus haut la tmduction, page 91). On rcmarque dans ce texte quc les mesurcs d'ordl'e sont IH'cscrites par le Conscil et l'Assembléc et quc l'archonte-l'oi intervicnt dans la réprcssion des délits. Il semble donc (IUC

ce cuite n'ait pas été étl'angcr à la cité,

r

APPENDICE. 151

36. 'Ar.oÀÀwv Ksp~!Jovsuç.

Ce cuite n'est connu que pal' la dédicace suivante : A1)tJ.'I1T~W, X!J.~I~ivov A!J.tJ.TCTpéV; lépéVe; 'ATCô[),]),tAl~OC; Ké~ltVo~itAlc; (C. J. A., III, 1203). L'inscription est du temps de l'empire; on ne sait pas si le culte en question exis­tait avant l'époque romaine.

37. 'Ar.oÀÀwv Kûvnoç.

Divinité dont le cuite n'est connu que pal' un textc d'Hésycq.ius : Kv~v(ô~I' yivo; 'M-,j"'I)GIV il; ov" !é~<'V; TOV Kvw(ov 'AmintAlvoc;. On voit pal' ce même texte que le sacerdocc était patrimonial.

38. 'Ar.oÀÀwv AU~SLOÇ.

Le AÛltéWV est souvcnt mentionné (Xénophon, Helléniques, II, 4, 27; Harpocl'ation, AÛltélOV; Pausanias, l, 19, 3; Bursian, Geog. von Griechcn­land, t. l, p. 32t, 322), Le prêtre d'Apollon AUlt<.w; avait sa place mar­quée au théâtre de Dionysos (C. J. A., III, 292).

Harpocration, 1\I"T !J.yel'tVl WV' ôôU'té?OC; 1L-1)~ TC!J.p' 'A(1)V!J.tOlc;, Èv ô1; TOUT':' 'ATCÔnW~I 1\Ié't!J.Yél't~('!' OUOVGI.

.t0. 'Ar.oÀÀwv IIctLwv.

Cité dans les comptes dcs trésoriel's sacrés (C. J. A., l, 210).

.t1. 'AT;r)ÀÀwv IIct't'p(~oç.

On le désignait parfois aussi sous le titre d"Ahi;tlt!J.ltoc; : ce surnom lui avait été donné après la pestc qui sévit à Athènes penùant -la guerrc du Péloponi~se (Pausanias, l, 3, 4).

Apollon Patroos était un dieu apporté cn Attiquc par les tribus ionicn­nes, avant la constitution dc la cité (l\IaUl'y, Religions de la Grèce, t. Il, p. 3). Son culte était donc très ancien et il y a lieu de pcnser qu'il était desservi pal' un sacerdoce patrimonial.

Les seuls documents épigraphiques qui signalent des prêtres d'Apol­lon PaU'oos sont de l'époque impériale (C, 1. A., III, 647,687). On rcn­cont!'c dcux fois la mention d'un prêtre à vie (C, J. A., Ill, 707 ; ~ 6-,jV!J.IOV, V, p. '205, nO 16).

Le siège du prêtre d'Apollon Patroos a été retrouvé au théùtl'e dl' Dionysos (C. J. A., III, 279).

.t2. 'Ar.f)ÀÀWV IIpoG,ct,·tlp~o;.

Divinité protcctl'ice du Conseil des Cinq·Cents. Les prytanes lui oJlhtient dcs sacl'ificcs (C. J. A., II, 390, 3\l2, 408, 417, /131, 432; Démosthène,

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152 LES SACERDOCES ATHÉNIENS.

contl'e Midias, 52). C'est probablement le même dieu que 'A!/'cô).).wv ''\1tO­

't"p01t<x<o;, cité dans un Ol'acle de Dodone (Démosthène, contre ~lidias, S3).

Le rrû8tov était situé non loin de l'Ilissus (Thucydide, II, i 5 ; Pausa­nias, l, Hl, 1). On a retrouvé dans ees dernières années la dédicace d'un monument qu'y avait consacré en souvenil' de son archontat Pisis­trate, fils d'Hippias et petit-fils de Pisistrate (C. 1. A., IV, 373e , Addenda au t. I). Le monument était signalé pat· Thucydide (VI, ;,4).

Le prêtre d'Apollon Pythios avait sa place marquée au théâtre de Dio­nysos (C. 1. A., III, 247).

~""A 'L' 'À ' 'E - 'z' r)' .,..,. P'''; j~VUOC LOÇ Y.aL 'VUtol X.()(~ "eu; e ,ewv.

D'après unc inscription de l'époque impél'iale, ces trois divinités étaient associées dans le même eulte (C. 1. A., III, 2 : lEpEV; "ApEW; 'Evua;­

).(ou X"'t 'Evuov; X"'t Àla; rùio','t"o·;). Pausanias, en parlant du temple d'Arès, y signale la statue d'Enyo (Pausanias, l, 8, 4).

45. "Apn[l-L; 'A·{POTÉpOC.

(Plutarque, De la malignité d'lIérodote, 26; Pausanias, l, 19, 6; BIlI'sian, t. l, p. 320). Elle avait son tréSOI' (C. J. A., I, 210; 223; 273, p. [48).

~6 "A 'A ' 'i'. pTe[l-L; V.OCpUGLOC.

Son sanctuaire se trouvait dans le dème des 'AOJiovel;. C'était un eulte local, mais que la cité célébrait par une fête et des sacl'ifices (pausanias, l, 31, 5).

47. "Ap-reV.L; 'ApLûTOeOVÀ·I).

Temple élevé pal' Thémistocle (Plut:ll'que, Vie de Thel/listocle, 22; De la malignité d'lJérodote, 37).

48. "ApTE[l-'; BouÀaLa.

Divinité pl'otectl'ice du Conseil des Cinq-Cents. Les IJl'ytanes lui of­fraient des sacrifices (C. 1. :1., II, 3\)0, 3\)Z, 408, 417, 431, 432).

49. "ApTE[l-L~ BeWJp<J)VLOC.

Déesse honorée clans le dème de BraUl'on, mais q ni de plus avait un temple SUl' l'Acropole (Pausanias, l, 23, 7 j Beulé, Acropole d'Athènes, t. I, p. 291 et suiv.). Elle avait un tl'ésor assez considél'able, riche surtout en étoffes prérieuses (Le Bas, Inscriptions de l'Attique, 221,223, 2'!.7, 228, 229, 230, 231, 232, 233, 234; Michaelis, der Pal'thenon, p. 308.et suivan­tes; C. 1. A., l, 273 , p. -148). Dans le discours de Dinarque contre A1'is­togiton (Si 12) il est question de la prêtresse d'Artémis Braul'onia.

APPENDICE. 153

Le culte d'Artémis Brauronia était très ancien: la déesse était adol'ée sous l'image d'un ÇO""IOV qu'on prétendait être celui d'Artémis Taurique, apporté pal' Oreste ct l)jl!igénie (Pausanias, l, 23, 7). L'antiquité de ce culte, qui, d'abord localisé :'t Bmuron, était devenu culte national, auto­rise à conjecturer que le sacerdoce en était patrimonial.

50 " )' • Aenv.L; As ,?L'lLrl.

Associée au eulte d'Apollon Delphinios (C. 1. G., 442). Voir 'A1tô).).wv ÀÙy[vto;.

51. "ApTEV.L; 'Ey.clT'll.

Citée parmi les divinités qui ont un trésor (C. 1. A., l, 208). On voit pal' un passage de Pausanias (II, 30, 2) que c'était la même divinité que 'Exrh'IJ 'E7tmupYlô(a; dont la statue, œuvre d'Alcamène, s'élevait à côté du temple de i\"[x'IJ 'À7rHpO;, à l'entrée des Propylées.

SUI' les gl'aclins du théùtre de Dionysos, on a retrouvé la place réser­vée au prêtrc (1tU2yOpo;) des Gràces et d'Artémis Epipyrgidia, ce qui fait supposer que cette divinité était associée au culte des Grâces (C. 1. A., III, 2G8). Voir Xâpl't"E;.

52. "ApTE(1.t; EùY.Àe~()(.

Culte institué au moment de la bataille de ~laratholl (Pausanias, I, 14, S; C. J. G., 4Gi). "Ap'EJi'; EÙû'da; était associée à EV',o~.(a;. Plusieurs textes mentionnent un LEPE':'; Eùûdoc; X<Xt E-:'v0l',["'; (C. J. G., 2;)8; 'E? 'IJ Ji E P l; lip­

Z(UO).OYlXT., 2GRGi. Le prêtre de ces divinités avait sa place lIlarqul'e au théùt!'e cie Dionysos (C. 1. J., III, 2i7).

53. "ApTEV.L; ZWGT'Ij?~oc.

Voir ''\1to),),wv ZWO''t"T,plO;.

54" "ApTEV.L; KOÀOCLV~;.

Adorée, sous la forme d'un ço<xvov, dans le dème de l\JYJ'rhinonte (Pausanias, l, 3t, 4; Aristophane, Oiseaux, scolie du vers 873). Ce culte, d'abord loc:l.lisé dans le dème, paraît être devenu un culte national. Le prl\tl'C d'Artémis Colainis avait son siège au théàtre de Dionysos (C. 1. A., HI, 275).

55. "ApTEF.t; l\Iouvuï. LOC.

(Pausanias, l, 1,4.). Elle avait un trésor (C. J. ,f., l, 21:i; 273, p. 148).

56 " \" • ApTEV'!; llrlVfHrl.

Le nom de cette divinité est douteux ct ne repose que SUl' une con­jecture d'A. Mommsen, qui dans une inscription (C. J. G., 82), au lieu cie

Page 84: Les sacerdoces athéniens

154 LES SACERDOCES ATHÉNIENS.

É1tl IItivôt(X (lectUl'e de Bœckh), restitue 'r'ii II(Xvo(~. Voit· Mommsen, Heor­tologie, p. 60, note *.

..

Culte qui avait une origine thessalienne (Hésychius, cI>EpE!i' 'A6~v'tja, ~E­Vtlt>1 000,. Pausanias, II, 23, 5 : O'É()OVO't Y<XP lt(Xl 'Apyûot cI> 0 P (X ((Xv wAp'rEiJ.tv

lt(X'r<X 'r(xù'r<X 'Ae'tjv(X(Ot; lt(Xl l:tltuoov(Ot;). On ne sait pas à quel moment ce culte eut sa place officielle dans la "ie religieuse des Athéniens.

Divinité protectrice du Conseil des Cinq-Cents. Un décret signale les sacrifices que les prytanes lui ont offerts (O. J. A., Il, 432).

59. 'Aax.À'i'l'rrtoç.

L'Asclèpieion était mentionné pal' Pausanias (l, 21, 4). Des fouilles, entreprises en 1877 pal' la Société archéologique d'Athènes, ont dégagé l'emplacement et les ruines du sanctuaire, sur le vel'sant méridional de l'Acropole. De nombreuses inscriptions y ont été découvertes. La plu­part des décrets relatifs au culte ont été publiés par M. Kœhler (O. 1. A., Il, Addenda et nova Addenda). On a retrouvé plusieurs inventaires des objets consacrés dans le temple. Une partie de ces documents a été publiée pal' M. Koumanoudis dans l"AO~v(X,ov (V, p. :lO3, no 13; p. 189, nO 16; VII, p. 87, no 2). Les autres ont été copiés par M. Paul Gil'ard et moi et ont paru dans le Bulletin de corJ'espondance hellénique (II, p. 419 ct suiv.). Une série très considél'able de dédicaces votives a ét(~ donnée par M. Koumanoudis dans l"A 0 ~'I (X,ov.

Le sacerdoce d'Asclèpio.s était annucl ct soumis au sort. On connaît les noms d'un grand nombre de prêtres. POUl' quelques-uns, la date où ils ont exercé leUl' chargc peut êtl'C détel'minée avec ccrtitude.

Au culte d'Asclèpios sc lI'ouvaicnt associés les enfants du dieu : 'rytE!(X, dont le nom est presque toujours cité avec celui d'Asclèpios; !\I(Xz!ioov (Bull. de COlT. hellén., l, p, 162, na 30); 'AltEO'';', 'lM';', II(Xv,xltE,(X

(Ibid., no 27 ; Aristophane, Plutus, 701,702). Ces divinités secondaires n'avaient pas de sacerdoce spécial.

M. Paul Girard publiel'a prochainement un ouvrage sul' l'Asclèpieion d'Athènes d'après les récentes découveJ'tes.

60. Aùçw.

L'une des Gl'âces : les éphèbes la prenaient à témoin de leul' se l'ment (LycUl'gue, contre Léocmte, 77 ; Dumont, Essai SUl' t'éphébie attique, t. 1, p. 9, 10) ..

V oÎ!' AijiJ.o, lt(Xl XciP''rE<;.

APPENDICE. 155

61. 'Atppo~h''i'l Èv x:~'rrOtç.

(Pausanias, l, 19,2). Elle avait un trésOl' (C. 1. A., l, 273, p. 148) •

6Q ' ~, ", "l' ,q. AtpPOOLT'i'l mL l'rr'rrol\uT!p.

(Euripide, Hippolyte, 32). Elle avait un tl'l\sor (C. 1. A., l, 212).

63 'A~' , 1 • 9?OOtT'1l OU(c(Wl.

(Pausanias, l, 14, 7). Voit· NéiJ.EO";.

6t. 'A.??o~kll IIctvg·llp.oç.

(Pausanias, l, 22, 3).

Le Bcndideion est mentionné plusieurs fois pal' les anciens (Xénophon, llclléniqucs, II, 4, 11 ; Platon, Ré)Jlibliquc, l, p. 3'!7 ct 354; Hésychius, Biviltç). Bendis paraît avoir été associéc au cnlte d'Adrasteia : ces deux divinités sont mentionnées ensemble dans les comptes des h'ésol'Ïers sacl'és,comrne ayant un tréSOI' commun (O. 1 . .1., l, '210). Voil' 'AOp(xO"rEt<x.

66. BopÉC(;.

Son autel était près de l'Jlissus (Platon, Plu\lrc, ;), p. 229, B-D). Pendant les guel'1'es m~diqucs, les Athéniens l'invoquèrent, ct la tem­pête, qni, à Artémision, jeta à la côte la flotte perse, fut attribuée à son intervention (Hérodote, VII, 143; Suidas, 'A 'l'iH ,).

67. Boûrllç.

Héros dont descendaient les Etéoboutades. Il avait son autel à l'Erech­theion (pausanias, l, 26, 5). On a trouvé dans lcs l'uines du théùtre de Dionysos unc inscri!Jtion ainsi conçue: \Epiooç Bov'rov, marquant la place du prétrc dc llo·J."Ij; (O. 1. li., Ill, 302).

68. PÎl KOUPOTpo90;'

(Thucydide, II, 15; Pausanias, l, 22,3; C. J. A., l, 4).

Il est très probable que ce culte est antérieul' à la construction de l'OIYlIlpil'ion d'Arlrien, Pausanias (l, 18, 7) nous apprend qu'il y avait, da ilS lc péribole de Zeus Olympios, un téménos consacré il fij 'O).Ull1tt".

En reconstruisant le tl'llIplc dc Zcus on avait sans doutc respecté le du­maine des di"inités ador('cs avec Zeus dans l'ancien sanctuaire.

Page 85: Les sacerdoces athéniens

156 LES SACERDOCES ATHENIENS.

'70. Ô,C(éLPC(.

II est difficile de marquer avec précision si cette divinité est identique à K6~Y}. Elle était adorée comme fille de Dèmètel' (pausani~s, I, ?8, ? : Clément d'Alexandrie, Protrcpticos, p. 13). Mais elle parait aVOll' ete l'objet d'nn culte distinct à Athènes. Elle reccvait des sacrifices par­ticuliers (Bœckh, Staatsh., t. II, p. 137, Beilagen V!II; :&,.. Mom­msen, lIeortologie, p. 254, note **). Son tréSOI' est mentIOnne dans les comptes des trésoriers sacrôs (C. J. A., I, 203).

Le prêtre de Daeira s'appelait OC<E\p(~Y}ç (Pollux, I, 35). D'après Eus­tathe (Wade, p. 648, 35) il lui était interdit de manger de la chair d'une victime qui avait été immolée à Dèmèter.

'71. ô,'/jtJ .. ~'t"·llp x.rt.t KOp·l}.

Elles étaient honorées ensemble et souvent désignées sous le nom de ~lXrv ElelXrv.

Leur sanctuaire pl'incipal était à Eleusis. Là leur culte était adminis­tré par un nombreux personnel sacerdotal. Parmi les ministres de la reliO"ion éleusinienne, les textes nous font connaître:

1~ L'hiérophante (!epoï'cXV'!:"ljç). C'est le personnage le plus élevé dans la hiérarchie sacerdotale des Mystères. Il est hiéronyme (Lucien, Lexi-hane 10") c'est-à-dire qu'il perd son nom de rivo, et ne doit être dési-

p , , • d t gné que sous le seul titl'e d'hiél'ophante. On en connalt cepen an quelques-uns, surtout à l'époque impériale (.Lel1orm~~t, Recherches., p. 137). POUl' la période qui nous occupe. on Clte les hlerophantes Slll­vants :

L'arrière-gl'and-pl~l'e du personnage pour qui Lysias écrivit le discoul"' contre Andocide (IOR) et qui vécut sans doute vers la fin du sixième siècle. Il pOl'te, dans les éditions de Lysias, le nom de Zacoros. Mais ce nom paraît n'ôtre pas autre chose qu'une glose de !e~o'i'cXv~"Ij;, qui se sera introduite dans le texte.

0e6a",po;, qui, après avoir prononcé les imprécations publiques contre Alcibiade (plutarque, Vic d'Alcibiade, 33), refusa tic sc réll'actel' lorsque Alcibiade eut été l'appelé (fin du cinquième siècle).

'ApZ[IX;, mentionné dans le piaidoYC1' contre NN:r~ (116): II fut c~n­damné à mort pat' le Peuple POlll' avoit· commis une ll1fractlOn aux l'ltes litul'giques (quatl'Î()me siècle). .. .

EôpvûdoY};, contemporain de Démétrius de Phalere, mentIOnne pal' Diogène Laerce (II, lOI). Il voulut pOUl'suivre pour athéisme le philoso-phe Théodore (fin du quatrième siècle). _. .

Deux hiérophantes, dont les noms ne sont pas connus et qUI vecurent vers le commencement du premier siècle avant notre ère. L'un est le fils d'Euh'ophios du Pirée et l'autre est le fils de Ménécleiclès du dème de Kydathènée (Le Bas, Attique, 281). Le~ hiérophantes étaient choisis exclusivement dans la famille des

APPENDICE. 157 Eumolpides (voit' Bosslet" De gentibus , p. 22 et suiv.), la plus impor­tante des familles qui touchaient au culte des .NIystèl'es. Les Eu­molpides avaient seuls le dl'Oit d'interprétel' les lois sacrées d'Eleusis (Andocide , sur les Mystères, 1113). l'OUI' certains crimes d'impiété, dont l'espèce n'était pas prévue pal' les lois éCl'ites , ils se réunissaient en tl'ibunal, et, après délibél'ation, prenaient une décision qui était souve­raine (Lysias, contre Andocide, 10; Délllosthène, contre Androtion, 27). SUl' les quatre épimélètes des :\rystères, les EUlllolpides en foul'llissaient un. Les Eumolpides étaient collectivement responsables (Eschine, con­tre Ctèsiphon, 18). Parmi les EUlllolpides, il faut citet' les d('ux généraux Conon ct Timothée son fils. Bœckh a montré (C. J. G., t. l, p. 446), avec une gl'ande vraisemblance, qu'ils appartenaient à cette famille (voit' Lp­normant, Recherches, p. 139).

2° Le dadouque (llq;oOVï.O;). Le dadouque venait en second lieu dans la hiérarchie sacerdotale des Mystères. Primitivement il appartenait à une branche de la famille éleusinienne des Kèryces, à la branche des Callias, qui prétendait descendl'c de Triptolème (Andocide, sur les Mystères, 127; Xénophon, Helléniques, VI, 3, 6). Bosslel' a essayé de dressel' un tableau généalogique de cette famille (p. 33 et suiv.) pendant un peu plus de deux siècles. On y l'encontre trois dadouq ues : Callias II, qui combattit à Mamthon et qu'on soupçonna d'avoit' volô une partie du butin après la bataille (1) (Plutarque, Vie d'A"istùle, 5); IIipponicos III, son fils, qui mourut en combattant à la bataille de Dé/ion; Callias III, son petit-fils, qui marcha à la tête de l'at'mée athénienne lors de l'invasion d'Agésilas en Corinthie (Xénophon, Helléniques, IV, 5, 13), La famille s'éteignit à la génération suivante: Hipponieos IV épousa sa cousine, la fille d'Al­cibiade, ct mourut sans enfants (Athénée, XII, 52) vers la fin du qua­trième siècle.

La dadouchie passa alors entt'e les mains d'une autre famille sacerdo­tale, la famille des Lycomides, qui, quoique étrangère aux familles é1eu­siniennes, sc l'attachait indÜ'ectell1ent au culte des :\Iystèl'es pal' la pos­session traditionnelle qu'elle avait des hymnes d'Orphée et de Musée en l'honneur de Dèmètel' (Pausanias, 1,22, 7; IV, 1, 6; IX, 27 , 2 ct 30) Les Lycomides comptaient Thémistocle au nombre de leUl's ancêtres (Plutarque, Thémistocle, 1). Il est difficile de savoit· comment sc fit la cession de la dadouchie à cette famille nouvelle. Jusque vers le début du second siècle avant notre ère, les Lyeomides sc succédèrent dans leur chal'ge sans laisser de traces dans l'histoire. Un seul dadouque nous est mentionné, c'est IIv~6a",po;, qui s'opposa au changement du calendrier (lU'On réclamait pour permettre à Démétrius d'ètl'e initié en peu de jours aux petits ct aux grands Mystères (Plutarque, Démé/rius, '26). Vers l'an IGO avünt J.-C., il y eut une alliance cntre les Lycomides ct les Etéoboutades, ct, comme la généalogie des Etéoboutades nous ('st assez bien connue grâce à la Vie des dix orateurs (Lycurgue), la généa-

(1) Sur cette anecdote très suspecte, voir plus haut p. 131.

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158 LES SACERDOCES ATHÉNIENS.

logie des Lycomides s'éclairê en même tcmps. O. :Müller, Déeckh, Bosslel' et Lenormant l'ont successivement complétée (Lenormant, p. 19 et suivantes; p. i63). Les dadouques n'étaient pas hiél'onymes.

30 L'hiérokèl'yx (!.pox~pv1;). C'était le héraut sacré. Dans la hiérarchie éleusinienne, il venait immédiatement après le dadouque (1). Il apparte­nait à la famille des Kèryces, qui était particulièrement chargée de la po­lice dcs Mystères, et dans laquelle on choisissait l'un des quatre épimé­lètes des fêtes d'Eleusis (Harpocration, È1tt[Lû:fj~~;) (l! .

Cette famille était liée de très près à celle des Eumolpides. Toutes deux sont toujours mentionnées ensemble (Suidas, EÙ[Lo),'1tioa,; Eschine, contre Ctèsiphon, 18). On a consel'vé un décret rcndu par les deux famil­les réunies (C. J. A., II, 605) vers le commencement du deuxième siècle avant nolt'e ère. Les Kèryces cependant ne partageaient pas le privilège qu'avaient les Eumolpides de décider SUl' l'exégèse des lois sacrées des Mystères (Andocide, sur les Mystères, 116).

Parmi les Kèryces, on signale Léagoras, contemporain et adversaire de Pisistrate, et l'Ol'ateUl' Anùocide (Bossler, p. 29 et suivantes). Dans Xénophon (Helléniques, Il, 4, 20) il est question d'un héraut sacré, KÀE6xpl~0:;, qui, après la victoire de Thrasybule, s'interpose entre les combattants. Le discours d'Anùocide sur les Mystères (127), mentionne un certain KOtÀÀlô'I1;, qui intente un procès au ùaùouque Callias III.

40 Le pretl'e pour l'autel (6 !EpEV; È'1tl ~i;> ~W[Li;> ou 6 È'1tl Ti;> IlW[Li;> ou 6 È'1tl­~OO[LIOÇ). Personnage sacel'dotal d'un grade inférieur (C. J. A., l, 2; Phi­lostrate, ries des Sophistes, II,ll; EusèlJe, Preparation évangélil.jue, 111,12). On n'a pas trouvé, au théâlt'e de Dionysos, de siège marq ué à son nom. Il figure cependant, aux temps de l'empire, il est vl'ai, parmi les 'Adcrl­TOI du Prytanée. On ne sait ni quelles étaient ses fonctions, ni à quelle famille sacerdotale il appartenait. On ne connaît aucun épibome antérieur à l'époque impériale.

50 L'hiél'ophantùle. Elle était hiéronyme, comme l'hiérophante (C. J. G., 434). Elle seconùait l'hiérophante dans l'initiation des Mystes. Elle était choisie dans la famille des Phillides (Suiùas, q'\J.lûlhl . Èx oz TOU'rWV iJ lÉpEla 'ri'j; A~[L'I1'r?o; 1'.al K6p'l1; iJ [LvoùerOt TOÙ; [L0crTa; f.V 'El,tuerrvI). On ne sait rien de plus ni SUl' l'hiél'ophantide ni SUI' la famille des Phil/ides

60 La femme dadouqlle. M. Guigniaut (Religions de l'antiq!lité, t. III, 30 partie, p. 1162) et M. Lenormant (p. 186 etsuiv.) ont pensé qu'il y avait un office de daùouque exercé pal' une femme, office correspondant à celui du dadouque dont nous avons déjà parlé, comme l'office d'hiéro-

(1) Mom:nsen (Ileortologie, p. 234, 235) pense que l'hiérokèryx avait le même rang que le dadouque. Ordinairement il venait en troisième lieu. Dans une inscription (C. 1. G., 188b ), il est mentionné en second lieu, avant le da­douque.

(2) C. 1. A~, II, 597 : È'1tEIÔ~ EùOvo'l1[LO; 0 '1teXpEÔpO; ~o\.i ~aerl).€wç XIû'WÇ ;(a, '1'1),0-

T([LWI; [LETo.. TOÙ ~[acr]IÀÉwl; xa1 TOÙ yivovç TOÙ K'I1pvx[w)v [È'1t)z(J.El,f,O'l 'r[w]v 'l'I:~pl To.. (J.vcrT~pla.

APPENDICE. 159

phantide corl'espond à celui d'biérophante. Voici sur quelles preuves repose cette hypothèse très vl'aisemblahle : une inscription d'Arcaùie (C. J. G., 1535lmen'tionne une femme dadouque dans le culte ùeDèmèter Prosymna, à Lerne. 01' les Mystères de Lerne avaient de gmndes ana­logies avec les mystères d'Eleusis. Dans un dialogue de Lucien (La t1'aversée, 22), un personnage padant d'une femme qui s'avance vers la bal'que de Charon, dit que c'est une femme daùouque, '1tpocrÉpXE'ral ôq:­ôovxoücreX TI~.

7° La prêtresse éponyme. Elle était probablement chal'gée de la partie extérieure du culte éleusinien. Les monuments consacrés dans le tC'mple étaient datés de son nom (C. J. G., 386h

; Lenol'mant, p. 132, no 27). C'est d'elle qu'il est sans doute question dans le plaidoyer contre Néère (116) à propos de l'hiél'ophante Archias, condamné pOUl' avoit' sacrifié SlU' un autel où le droit d'officier revenait àla pl'êtt'esse. Plutal'que mentionne le nom de la prêtresse Théano (0EOtvw IIlévwvo, 'AypvÀi'j6Ev, qui, dit-il, refusa de maudire Alcibiade (plutarque, Vie d'Alcibiade, 'l2).

On n'est pas d'accord SUI' la famille à laquelle appartenait la prêtt'esse­éponyme. Partant de plusieurs conjectures très vraisemblables de Bœckh SUl' la descendance des Eumolpides, M. Lenol'mant a essayé de montrer que cette prêtresse était choisie parmi les Eumolpides (Recher­ches, p. 138; C. J. G., t. 1, p. 4.16). Mommsen (lleortologie, p. 238, note *) conteste cette conclusion et, se fondant SUl' un texte de Suidas (<plndoOtl), attl'Ïbue ce sacel'doce aux Phillides. Mais le texte en question ne désigne pas la prêtresse éponyme. J'ai montré plus haut qu'il se l'apporte au choix de l'hiél'ophantide.

80 Autres personnagcs saccrdotaux du culte élcusinien :

Mystagoguc. Son rôle est peu connu. Une inscription (C. J. G., 391) en mentionne un qui était Lycomide (Lenormant, p. 194).

Jacchagogue, celui qui conduisait la procession d'lacchos, d'Athènes à Eleusis (C. J, G., 481). Il avait un siège au thétttre ùe Dionysos (C, J • .1., III, 262).

Initié de l'autel, Or.,?' lcr'rla; [Lv'l16d; (C. J. G., 390, 393, 406, 443, 444, 445, 448; Lenormant, p. 27, 9, 215, 36; Le Bas, Attique, 330,331,332,361). C'était un enfant, fille ou gal'çol] , « ùu deuxième âge Il (OEvTipaç iJ),IÛCXç), c'est-à-dire un adolescent. Il était choisi pal' le sort, parmi les Eupa­triùes, dans les familles ùe noblesse sacerdotale (Lenorlllant, p. 20G).

Mentionnons enfin le <falôwT~;, connu pal' une inscl'Îption (C. J. A., III, 5); 1'!Epav),'I1;, cité dans les catalogues d'IlE(erlToI du Prytanée (C. J. G" 184, 187, 188, 190-194, 353); les V (J.v'J>ool et V[Lv~Tplal (Pollux, 1, 3~)), les È1;'I1j1l~cxi (C. J. G., 39l); les cr'1tOVOO:pÔpOl (pollux, l, 35); les '1tavayEL; (Pollux, I, 35; Grand Etymologiq1le, 'H[LEpOy'Û).iç; Suidas, '1tOtvayiç; Hésychius, '1tOtvcxyliç); les =P,?0POI (pollux, l, 35). On n'a d'ailleuI'S aUCune donnée cp!'­taine SUl' les familles dans lesquelles ces diffél'ents ministres étaipnt choisis.

Page 87: Les sacerdoces athéniens

160 LES SACERDOCES ATHÉNIENS. .

Au culte des déesses éleusiniennes se l'attachent plusieurs sanctuaIres

athéniens : . ' t. ait au pied de toL'Eleusinion (Lysias, contre Andoctde, 4), qm se 10UV. il'-

l'Act'opole, sur le versant septentrional (C. J. A., III, 4, lIgne . 'tov

'EÀEv"tv!ov 'tov imo ('t~ 7t]oht). " C' .' à l'entrée de la ville, '1o L'laccheion ('Iet.lt;(dov), ,ntue au Clamlque, . l 2 11'

pr~s du bàtiment où se préparaient les proce~sions (PausanIas, , , , Bursian Geographie von Gnechenland, t. l, p. 279). hll

30 Le' Pherréphattion (<I>ôppô'f'.x:mov), probablement u~e ~ app), eO

sur C 8 Hésychius <I>ôppô'f'et.ntov. n a l'Agol'a (Démosthène, contl'c ,onon,; .,' d Ph "é hattè

retrouvé au théâtre le siège d'un prêtre de Demeler et e ell p

(C. /LA.~ 1l\29;~Àgra sur les bOl'dsde l'Ilissus (Pausanias, ~, 1.4, t; 4 e emp e .' C'est là u'on célébrait les PetIts Mys-

Mommsen, lleortologw, p .. 377). . d : 84-) Le trésor de la déesse A . the Plutus scolIe u vels ;).

tères ( rIs op ,an. ' . ' 't. d les comptes des trésoriers sacrés appelée lIIi),,'fjP ôv Aypet.; est Cl e ans

-(C 1 A l 200; 273, p. 148). , " ou tout ~o 'Le"T':esmophorion, qui paraît être identique à 1 Eleus~nIon, L ;) moins se tt'ouver dans l'enceinte de l'Eleusinion (~rl,~l~pha~e" e~

au '1' du vers 585 . È7td ltet.t et.vooov 't.,v ôtç 't0 t aux Thcsmopho!'!es, seo lC '. T '. A cmmes • . . , l ., 'fj),';; yitp lti:,,,et.t "Il 0ô"(J.o,?optO~. 'ou • 0ô"(J.ol'optOV et.:la!;tV Àôyovertv ~7t Y'l' ,

Mommsen,. Heorto~oghie, p. 2~9) ~es sanctnaÏt'es avait son prêtl'e particulier On ne salt pas SI c acun e .' L 1 purt de

b' 'ls dépendaient tous des sacerdoces éleusllllCns. a p u d ou len Sl,.t' t d'ailleurs ouverts qu'à certains jours de gran e ces temples n e aICn fête.

l '0 1 72. 6:~p:ll'nl? [J.-rr'/la.

. " tion de l'époque impériale. On ne saurait dit'e Citée dans une lllSCllp . (C 1 1 III '16)

si ce culte est parmi les anciens cultes athénH'ns . ..'., ,~.

73. 6:~P.·~1'"I)p X),o't}.

SUI' le versant méridional de l'Acropole (pausanias, Son temple était 1,22, 3).

74.. A'7Ju.oç y.al Xapt1'êç. . ., \ dG'" cs mentionné dans une lllscrlptlOn

Le téménos du Pc~plc et des t I~C ; l'enceinte même du Prytanée; (C. J. A., II, 605) étaIt sans Dl: e . an. t dans le Prytanée pOUt' prêtel'

1 · , les éphèbes se reumssmen G ' cal' e JOUI' ou . 1 . nes le l)t'être du l'euIlle et des \'a-. , t 'eceVOlr eurs aIl , le serment cIvIque: ~ . '1 A Il 470 liO'ne 5, (j : Èm:to-l) 01 e'f'llbOt

. t 't.' la cercmOl1le (0 •. " , '0 - É ces assIS al a _" l' Jv l',;;,] 7tov"et.vdw È7tl '1j:; ltOtV7J, G-

-, fOet.t[. ,,]et. Et[Gt" 'fj"'fjptet. - ,\, ' • [1-... 6v"et.v'.; "et.., qypet.T []_' -v È;'fjY'fl"';;v ltet.l "OÙ IEp.W, "OV 't. ,,!et.ç 'tov ôi)(J.ov (J.."G. ". "OU ltOG(J.'fj" 0 V ltet.t "W

j,i)(J.ov ltet.l"';;'1 xet.p[(]"wv, G ,,' qui à l'époque romaine était de Le pI'être de Peuple et des laceS,

r APPENDICE. 161 plus prêtre de Rome, avait sa place marquée au théâtre de Dionysos (C. J. A., III, 265, 661).

Voir 'AYÀet.vpoç, 'E",Cet. et Xapt,."

75. A"I)p.o~(;)',I.

Cité parmi les dieux qui ont un trésor et auxquels la cité a fait des emprunts (C. 1. A., 1,210; 273, p. 148),

76. Atô'IUGoç AÙÀW'IéUÇ.

Divinité adorée dans une localité appelée ÀV),wv, sur les confins de l'At­tique et da la Béotie (C. J. A., III, 193 et Mittheilungen des d. a. Institu­tes in At/wn, V, p. I1G). Il semble qu'elle fut l'objet d'un culte public à Athr.nes, puisque le prêtre de Dionysos Auloneus avait sa place mar­quée au théâtre (C. J. A., III, 297). On ne saUl'ait dire si ce culte exis­tait avant l'empire : il n'est mentionné que sur des monuments posté­rieurs à notre ère.

77. Atô',Iuûoç 'EÀéU6épéÛ~ ou bien 0 è.'1 aû1'éL.

Son sanctuaire s'étendait au sud de l'Acropole, et occupait entre la citadelle et l'Ilissus l'emplacement qu'on appelait les Marais, A!(J.vet.l. Le temple était désigné sous le nom de Ai)~et.tov (Démosthène, contre Néère, 76 ; Pausanias, l, 20, 3; Bursian J Geographie von Griechcnland, t. l, p. 296 et suiv.). Dionysos Eleuthéreus est mentionné paI'mi les dieux qui ont un trésor (C. J. A., l, un; 'ln, p, 148). Ses fêtes, les Dionysies, étaient parmi les plus importantes que la cité célébrait (Mommsen, /leor­tologic, p. 38ï et suiv.).

Le sacerdoce de Dionysos Eleuthéreus était un sacerdoce ordinaire. Le prêtre présidait les représentations dramatiques au théâtre ; on a retrouvé au premier rang des gradins et au milieu de l'hémicycle le siège qui lui était. destiné (C. 1. A. , III, 240). Voir plus loin le texte d'une inscription qui déeel'ne des éloges à un prêtre de Dionysos, M.t!;t­yi'Ir,; Xo)),dor" (Textes épigraphiques, nO 2).

A la fête des Anthestèries, les cérémonies sacrées en l'honneur de Dionysos étaient accomplies, non pal' le prêtre titulaire du sanctuaÏl'e, mais pal' la femme de l'archonte-roi. On disait d'elle qu'elle était cc joUI' là donnée comme épouse au dieu. Assistée de quatorze femmes appelées r.po:p:xi, elle célébrait d'autiques cérémonies suivant des rites mystérieux. C'est elle sans doute qui dans un texte de Phanodème cité pal' Athé­née (X, ·Hl, p. 437, Cl est désignée sous le nom de prêtresse: 't'li IEpd,!, cl7t'Oy'::?Et'l 't'ov; Ci'tZ?&:vov; '1t'pO; TO Èv AtlJ.vcx,; 't'ÉfL€vo;.

78. ~tÔ'lucrQ; Mùr;ôp.é'lo;.

Il avait un téménos au Céramique (Pausanias, l, 2 , 5). Son sacer­doce n'était pas accessible à tous les citoyens, Les inscriptions h'ollvées

11

Page 88: Les sacerdoces athéniens

162 LES SACERDOCE~ ATHÉNIENS.

't· 'd Dionysos Mel-sur l~s gra?ins ~I~ :!~~~t~:~:l~::~~~~~~I~O~':~i~l;)~:::~tis~es diony~iaq,~es, pomenos, 1 un q l , ' 'ta't I)I'I'S llarmi les Jmnndes,

1 Hl 278)' 1 autre qm e , \ Èl< 't'EX,VEL't'WV (C J. l ., ., "d' ' sent avoir été une ra-

A III '>74) Lcs Ennel es pat aIs <,

Èç EVVELOWV (C, J, :1., ,~' 'T" t', E' v' v E'OCla ' .. ' -yÉvoç V ' , , n dIt l.arpocl'a IOn , mille sacerdotale. O\C~ ce ql,l : E' ."_ , 'O"ocv 61: Y.LOoc?wool1tpo; 't'àç !epovp-itT'd 1CCXp' 'AOi,VCCLOt; o':hw; O'lotJ.~~o{L.:.'JOV __ V'I ... tOCtt. ". J •

-yla.ç 1ta.pÉX,OV't'Eç 'tYiv X,psta.v,

79. ~~6vu(joç Q èv IIe~pcm,'i'. ,

, , fois (Démosthène, contre 1I11-Cette expl'ession se reneontl'e ,plusleUl s Il 11 9, C. J. A" II,

dias, 10; Bœckh, Staatsh., Beliagen ~III 3;i n~t~:*) pe~se qu'elle ne

470, ligne 12), A. Momn:s~n (lleorto'~l~:e~i;nifi~ seulement qu'à ccrtaine désigne pas un culte special, et qu °t' du Lc' naion au théâtre du

~ "t 't tI'anspor cc fête la statue dc f)lOnysos e al t', que ces mots indiquent un

F 't démontré au con ralle , Pirée. M. <O~C~1 a, . ' '; Pirée. Il a prouvé de plus que ,ce

temple d~termlUe qUl et~lt sl~e a~théniens et non le culte particulIer culte était un culte nah,o~ald els l '(1' Evégoros ci/tÎe dans la Mid i e n ne, d'un dème (sur l'authcntLCtté e a Ot , dans la Revue de Philologie, avril 1877, p. 170 et sUIvantes),

80. ~~6(jx.oupo~.

(pausanias, l, 18, 1). Voir 'Ava.'I.sç.

81. ~~W'l"ll.

le tem le d'Athèna Polias. On lit dans les Elle avait un autel dans , dP l'E 'cchtheion . pa..,OWI1SW; 'tWV Y.LO'IWV

t relatifs à la constructIOn el, l c~mp ~s[] 'w' 'tW'I1tO O- 't'OV ~w{-Lov 't'in [1tpoJ; 't'ov ~w{-Lov -rii; J1LWV"IJ; (C, J. A., , 't'wv 'itpO C; E , \'" ., •

324, fragment c, col. II, lignes 46 et sUIvantes),

82. ~(~~ex.(X 8wL

D'eux s'élevait sur l'Agora (C. J. A., II, 57h; Xé-

L'autel des Douze 1 - l'Ill 9) Au service de cet autel était nophon, Le commandant de ctava el:!~~ pl:C; ~u théâtre (C. J. A., III, 284). attaché un prêtre, dont on a l'ouve

83 EI)..é~6ui(X. • , loin de l'Acropole et du

Son temple est signalé parl'~:~:an:~e' D~~:agène 39). Son culte était Prytanéc (l, 18, 5; I~ée, sur rt agI ontrent d~ux dédicaces retrou-

, . t' 'ne pretresse comme e m admmls re par u , " d l'Attique 88 : i1tt ![~plda.ç IIa. .... '!)ç vées à Athènes (Le Bas, Jnscr!pt,wn~ ,eo • Xnvcr(~1t"'V ED,vOda.. _ Mitthd-

, l: l 't'1)V Ov-ya.'L'Epa. a.VE "IlY...-', . , X"Il[p(]wv TL{-LWVOç OU'l,LE.ç , A h III P 197: 'lÀELOU~ <P!ÀOV{-LÉv'!) 'A{-L,!,L{-La.-lungen d. d. a. Jnstttutes m t en, " X,OV -yuv1) &VÉO"llY.E, 'E1t' 'ApX,E~(a.ç IEpda.ç).

r 1 1

" !

APPENDICE. 163 84. Elp·~v"ll.

Elle avait sa statue au P,'ytanée (Pausanias, l, 18, 3). Un fragment des comptes de Lycurgue fait connaUre le prix des pcaux vendues apl'ès les sacrifices publics célébrés en l'honncur d'E,p~v"Il (Bœckh, Staatsh., Beilagen VIII, t. II, p. lilO). D'après le scoliaste d'Aristophane (Paix, scolic du vers 1020), on ne lui offrait que par exception des sacrifices sanglants.

85. 'Evuoc)..\O~, 'Evuw.

Divinités associées au culte d'Arès. Elles n'avaient pas de sacerdoce spécial (Pausanias, 1. 8, 4). VOÜ' 'Ap"Ilç.

86. 'E1t'W'IU!,-o~ (o~).

Héros qui donnent leur nom aux tribus athéniennes (Pausanias, l, 5, l et 2), ce sont: Ala.ç (tribu .<Eantide), AlyEu, (.<Egéide), 'AY.Œ{-La.ç (Aca­mantide; on a trouvé à Athènes un autel dédié à ce héros, Alittheilungen des d. a. Tnstitutes in Athen, IV, p. 288), 'Av't'(ox,o; (Antiochide), 'EpEx,6EUç (Erec.hthéide), 'I1t1toOOWV (Hippothoontide), KÉ'l.poo} (Cécropide), AEw; (Léon­tide) , OlVEVç (Œnéide), IIa.vOIWV (Pandionide). On leur avait élevé près du Tholos à chacun une statue, pOUl' obéir à un oracle d'Apollon (Démos­thène, contre Leptine, scolie, 485, 17). Chacun d'eux avait d'ailleul'S un sanctuaÎl'e et un prêtre dans la tribu dont il était l'éponyme.

Dans un décrct où le Conseil accorde des éloges aux divers fonction­naire d'une prytanie, qui ont accompli régulièrement les sacrifices d'usage, il est question du prêtre de l'Éponyme, 't'OV !spÉa. 't'où É1twvu!J.ov (C, J. A., II, 431, ligne 43). L'Éponyme est ici celui de la tt'ibu Léontide (AEwç).

Il est probable que lorsque la cité avait à invoquer les Éponymes auxquels elle avait élcvé des statues, clIe leur adressait ses vœux et ses sacrifices par l'intermédiaire du pl'êtt'e que chacun d'eux avait dans sa tl'ibu.

87. 'Epé)'. 6eû~.

Héros éponyme (voÎl' l'article précédent). 'EpEX,OEUç est aussi un sur­nom de IIocrELllwv . Voir ce mot.

88. 'Ep!,-7î~ 'ÀloP(x'i'o~.

Statue mentionnée par Pausanias (l, 15, 1). On ne sait pas s'il y avait un .autel et un prêtre. -

89. 'Ef!,-·r.Ç 'EVCtIWVLO~.

(Aristophane, Plutus, scolie du vers 1161; Bœckh, COlllmeutait'e de la X· Neméellne, dans son édition de Pindare, t. II, 20 partie, p. 471 ;

Page 89: Les sacerdoces athéniens

164 LES SACERDOCES ATHÉNIENS.

O. J. G., t. l, p. 252, col. 1). Dans une inscription d'Eleusis, du cin­quième siècle, il est question d'un sacrifice à Hermès Enagonios (Le-

normant, Recherches, p. 70).

90. 'EplJ.'iiÇ 'H)'E[1-0'l~oç.

Culte fondé pal' les Athéniens SUl' l'ordre d'un oracle (Aristophane, Plutus, scolie du vel'S H59 : ltet'rà X~'Y}O"!-,-àv ol 'AO'Y}vet"iot y!yô!-,-OVtOV 'Ep!-,-1jv!opv­aetv'ro). Selon A. Mommsen (lleortologie, p. 04, note **), il aurait été institué au moment de l'expédition d'Alexandre en Asie. Les fêtes célé­bl'ées en l'honneur de cette divinité donnaient lieu à de somptueux sa­crifices (Bœckh, Staatsh., Beilagen VIII, t. II, p. 120),

91. 'Ep[1-'iiç Xar}'1~oç.

(Aristophane, Grenouilles, scolie du verS 2i8).

Il avait une statue et un autel près ùe l'Académie (Pausanias, l, 30, l ; Plutarque, Vie de Solon, t ; A. Mommsen, Heortologie, p. 312).

93. 'Eci'dlX.

Statue dans l'enceinte du Prytanée (Pausanias, l, 18, 3; C. J. A., III, 68). Il est probable que les cérémonies en l'honneur d"EO"'rLet étaient cé­lébrées pal' le prêtre du Peuple et des Grâces tC. J. A., II, 470, ligne 6 : 6vO"etv'tô, ... Èv ['r<ii] TIpu'tetvd'l' È'rI 'r1jç ltOtv)jç la-rLet, 'rOV B'Îj!-'-ou !-,-ô'rà .. , 'rOV !E­piwl; ['t]ov 'rE ~'Îj!-,-ou ltett 'twv Xetp[(]'ro)v). Voir ~)j!-,-Ol;.

9.&... Eùx.Àe(1X x.lXl Eù'l0lJ.(IX.

v , .. E' '\ 1 OIl' Ap't'e[1-~ç Ux."e~IX,

95. EÙpuGc(,'-'1Iç.

Fils d'Ajax, honoré particulièrement à Salamine. Il avait un autel à Athènes (Pausanias, l, 35, 3 j Harpocration, EVpUO",xltEtOV; A, Mommsen,

Heortologie, p. 355 j Pollux, VII, l33).

96. Zeùç 'AG't'plX'ltCt~oç.

Son autel se trouvait enclavé dans le mur d'enceinte de la ville, entre le Pythion et le Delphinion. Dans les trois mois qui précédaient l'époque fixée pour le départ de la théorie pythienne, les Pythaïstes, réunis pen­dant tt'ois jours et trois nuits chaque mois, observaient le ciel et atten­daient les éclairs, dont l'apparition était pour les théOl'es un présage né­cessaire. La cérémonie avait lieu près de l'autel de Zeus Astt'apaios, qu'on invoquait pendant ce temps-là et auquel on immolait des victimes

(Stl'abon, IX, 2, H, p. 404).

APPENDICE.

97. Zeùç BouÀIX~oç x.lXl 'AO'1lvOC BouÀcdlX.

165

C'étaient les divinités protectrices du Conseil des Cinq Cents (Anti­phon , sur le Choreute, 45; Pausanias, l, 3, 5). On rencontre, dans les d~cuments de l'époque impériale, la mention du prêtre de Zeus Bou­lalOs et Athèna Boulaia. Il avait son siège mal'qué au théâtre (C. J. A., III, 272 , 683).

98. Zeùç réÀÉw'l.

(J:Iérodote, V, 66; Plutarque, Vic de Solon, 23). Il parait avoir été as­socié au culte d'Arès (C. J. A., lil, 2). Voir 'Ap'Y}ç.

99. Zeùç rewp/6ç.

(C. J. G., 523; Mommsen, Heortologie, p. 317).

100. Zsùç Èx. llstcr'flç.

On a retrouvé au théâtre le siège du Cf'ettliunl1ç ~tOç Élt ll.(a'Y}ç (C. J. A., III, 2~3). Il est impossible de dire si ce culte était très ancien à Athènes ou S'Il date de l'époque impériale. SUl' l'office du Cf'et;owniç, voir plus haut, p. 54.

101. Zeùç 'EÀeu6Épwç.

(Pausanias, l, 3, 2; C. J. A., III, 7, ligne 17). C'est la m~me divinité que Zeus Soter (Isocrate, Evagoras, 57; Het·mann. Gottesd. Alterth., § 61, 21). Voir Zôù; l;w'r'Îjp.

102. Zsùç È'ltl. llIXÀÀctr%:).

Ce culte n'est connu que par des documents de l'époque impériale (C. J. A., III, 71,273). Mais la mention du Palladion (voir 'AO'Y}viit1rt TIet)).et()(ro) prouve que ce c It 't't t ' . l" .. " '.. u e e aI l'es anCien. ; IllSCl'lptlOn trouvée au thcatre (273) porte nou~vyou !Epi",; ~tOç È'ltt nû).etài,,,. Les descendants de llou~vy'Y}" les Bouzygides, étant une famille sacet'dotale (Grand Etymolo­gique, llou~uyiet), on peut considérer le' sacerdoce de Z.ù; È'ltl nû),etoi", comme un sacerdoce patrimonial.

1 03. ZEÙ; K:I.'1!X~o;.

Cité parmi les divinités qui ont un trésor (C. J. A., l, 208).

103 a. ZEÙ; K T·l.cr~QÇ.

(Antiphon, Tétralogie, l, 16 j Isée, SUI' l'héritage de Ciron, l6; Démos· thène, contre Jl!idias, 53; lIarpocl'ution, KT'Y}O"iou ~t6;).

Page 90: Les sacerdoces athéniens

166 LES SACERDOCES ATHÉNIENS.

104.. Zeù; MeIÀ(x. LO~.

Culte tt'ès ancien et dont les cérémonies étaient dévolues à la famille des Pbytalides (Plutarque, Vie de Thésée, 23 ; Pausanias, l, 37, 4 ; Thu­cydide, 1,126; C, J. A., l, 4; 'A6"vcx~ov, VUI, p. 288). Le sacerdoce de Zeus Meilichios était, selon toute probabilité, un sacerdoce patri­monial.

105. Zeù; MOlplX)'É't"IJ;.

Culte très ancien. Il est mentionné dans un fragment d'inscription ùu cinquième siècle, qui contient des prescriptions relatives à la confection du péplos traditionnel d'Athèna (C. J. A., l, 93).

106. Zeù; 'OÀU(J.1nO;.

L'Olympieion, dont quelques colonnes sont encore debout, est le tem­ple construit à l'époqu~ d'Adrien. Mais Pausanias (l, 18, 6), cn le si­gnalant, parle des &pxcxtcx (l, 18, 7) qu'enfermait le pél'Ïbole. Il existait cn effet un sanctuaire antérieur (Thucydide, II, '15). Il est plusieurs fois mentionné dans les textes épigraphiques du cinquième ct du quatrième siècles (C. J. A., l, 203; II, 162). On a retrouvé au théâtre le siège d'un prêtL'e de Zeus Olympios (C. J. A., Ill, 243) et le siège d'un 'Pcx~ovv~,,; de Zeus Olympios Èv cXcr~.~ (C. J. A., III, 291).

107. Zeù; ncf'i~'II[Loç.

On trouve dans une inscription de l'époque impériale les mots .1~o;

llcxva"[f!Ov], L'éditeur du Corpus (C. J. A., III, 7, ligne 17), M. DittenheL'­gm', considère la restitution comme cm'taine (quo d~ cognominc, ctsi nus­quam invcnio, non villetur duùilandullt esse). Il est impossible de dire si ce culte est antérieur à l'empire,

10R. Zeù; noÀWJ •. . L'un des cultes les plus anciens d'Athènes. L'immolation de la vic-

time avait lieu suivant certains rites bizarres dont l'origine, suivant les tmditions attiques, remontait à l'époque légendaire d'Erechthée (Pausa­nias, l, 24, 4 ; 28, 10).

Pausanias dit que le prêtL'e chargé de la cérémonie d'usage était ap­pelé Bov;;ovo;. Selon Porphyre, il s'appelait Bov~v7to; et faisait partie d'un yivo; sacerdotal, appelé, à cause de ses fonctions, le yévo; des Bov~V7to~. D'après le même POL'phYL'e, il faudrait rattachel' au culte de Zeus Polieus deux autres familles sacerdotales, les K.VTp~<ÎaCX~ ct les .1cx~­~poqPorphyre, Sur l'abstinence, II, 30 : ltcxl yÉvY)~wv ~cxv~cx ôpwnwv EcrT~ vvv, ol f!Èv &7t0 TOV 7tCX'r<ÎÇCXVTO; ~W7t<Î~pov ~OVTV7tO~ ltcx),OVf!.vo~ 7t<Îv~.;, o! 0' &7r0 ~OV 7t.p~.­À<Îcrcxnoç lt.VTp~<Îlicx~, ~où; Il' &'/t0 ~OV È1Wl"lp<ÎÇCXV~o; ocx~~poù; OVOf!<Î~ovcr, a~<x ~-qv &lt ~* ltp_cxvof!(cx; y~yvof!ivY)v ô",,,"cx).

D'après une scolie d'Adstophane (Nuées, \J85) ct une glose d'Hésyclüus

APPENDICE. 167

(0cxv),wv(acx~) les membres de cc yévo; sacerdotal ne s'appelaient pas Bov~v­'/to~, mais 0cxv),wv(llcx~. (~uoi qu'il en soit, le sacerdoce de Zeus Polie us était un sacerdoce patrimonial.

Le prêtre de Zeus Polie us était assis au premier rang du théâtre à côté du prêtre de Dionysos (C. J. il., III, 242).

109. Zeù; ~w"t'"I1p.

Associé à 'AOY)v<i ~'il~dpcx. Culte très important au quatrième siècle (Ly­sias, sur la dokimasie d'Evandros, 6 ; Isocrate, Evagoras, 57; Lycurgue, contre Léocrate. 17; C. J. A., II, 1ü2 ; Dœckh. Staatsh., Deilagen VIII, t. II, p. 130, 13\J), On a retrouvé deux décrets d'éloges en l'honneur d'un collège de !.p07totOI, qui avait, avec le prêtre de Zeus Soter, ac­compli régulièrement les sacrifices traditionnels (C. J. A., II, 325, 326). Un prêtre de Zeus Sotel', N~lto1tÀjjç 'Ayvovcr~o;, est loué dans un autre dé­cret relatif aux Dionysies ('A6"vcx~ov, VI, p. 482, no 3, ligne 18; voü' plus loin le texte de cette inscription), Plutarque nous apprend que Dé­mosthène, à son retour d'exil, fut !Epo7to~6; de Zeus Soter.

On a retrouvé au théâtre la place du prêtre de Zeus Soter ct Athèna SoteÎl'a (C. J. A., Ill, 281). Le sacerdoce de Zeus Soter est un sacerdoce ordinaire. Voir ZEV, 'EÀEVOi?~o;.

110. Zeù; TÉÀëlo;.

Associé à Hèra Téleia (Pollux, III, 3R), Le nom de cette divinité sc l'encontre encore dans l'inscl'Îption suivante trouvée SUl' les gradins du théùtL'e: !.piw; .1~o; Tù.(ov ltcxl nov~vyov (C. J. A., III, 2\J!1). Le mot nov~vyov semble indiquer que le sace l'dace était patrimonial ct sc ü'unsmettait dans le yévo; des Douzygides.

111. Zeu; ·'Yr.IX"t'OÇ.

Son autel s'éleyait ft l'entrée de l'El'echtheion. On ne pouvait pas lui offrit' des animaux en sacl'ilice (Pausanias, l, 26, 5) .

i 12. Z!ÙÇ ·'Y~~Ci"t'o;.

(C. J. G., 498, 503).

Le prêtre de Zeus Philios avait son siège marque au théâtre (C. J. A., III, 285).

114. ·'Hb·ll.

Associée au culte d'Hèl'aclès, elle avait un autel dans le sanctuaire du Kynos:ll'ge (Pausanias, 1. 19,3). Voil' 'IIpt1.û'ij; iv Kvvo,,<Îpy.~.

Page 91: Les sacerdoces athéniens

168 LES SACERDOCES ATHÉNIENS.

115. 'Hyep.ov-n.

L'une des Grâces qu'on adorait au Prytanée. Les éphèbes la prenaient ft témoin de leur serment. Voir .:lijiJ.O; X(1l Xâ~,'t"Eç.

116. ~HÀ\o~.

Le prêtre d'Hèlios prenait part, à côté du prêtre de Poseidon et de la prêtresse d'Athèna, à la fête des Skirophories (Harpocration, ~xÎ ~o v : 'PMl ôÈ o! ypâ'l'(1VTE; 1rEpÎ "rE lo?"rwv )«11 IL'riV"'V 'A01jv'rir,w •.• wç "rD Gxîrov O'",âlbov la't't lLÉyCt, vq?' <t> rpe.~OILÉvtp l~ &x~07t6),EW; e'iç 't'tVIX 't'07tOV xex,),O.J(.LEVOV ~y.i~ov 7rOpEVOV­

't(1' ij "rE "rij; 'AO'/)va; !É~E'(1 x(1l 6 "rOÙ IloO'E,owvoç !EpEÙ; x(11 6 "rOÙ 'H),(ov, XOiJ.Î~ovO', oi: "roù'to 'E'tEOelov'tâô(1'). Le nom d'Hèlios se rencontre encore une fois SUl' un autel votif (C. l. G., 494). Il est étrange qu'une divinité, dont le culte se rattachait de si près aux cultes d'Athèna ct de Poseidon et par con­séquent devait être très ancien en Attique, soit si rarement mentionnée. A. Mommsen, d'après Sauppe, propose, et non sans vraisemblauce, d'identifiel' "m,wç avec l'un des Apollon qu'on honorait il Athènes (Ilcur­talogie, p. 440, note ***).

Au culte d'Hèlios paraît avoit' été associé celui des Heures. Voir TQ~(1,.

117. "HplX.

Un sanctuaire d'Hèra, qui s'élevait entre Athènes et Phalère, fut brûlé pal' les Perses et ne fut jamais reconstruit (Pausanias, l, 1, 5).

H8. flHplX lx, x ••••••

Mentionnée parmi les divinités qui, au cinquième siècle, ont un trésor (C. J. A., l, 197).

119. 'HpClx.À·r.; 'AÀE;rY.!XY.();.

Son temple s'élevait à ~Ié'litè . il avait été consacré il l'occasion de la gl'ande peste d'Athènes (Aristophane, Grenouilles, scolie du vers 501 : 1; oi: rapvO'\ç iyÉVE'tO X(1't1X 'tav ILÉY(1'1 ),O'iJ.ov).

Le KynosaL'ge était une enceinte consacrée ;\ Hèl'aelès et qui conte­nait un gymnase et un sanctuaire. Il y avait là des autels pOUl' 'AhiJ.r.v'/), "HI'Î'/) , '10),(10; ou 'JO),E';; (VOil' chacun de ces Illots). C'était il propl'ement parlel' le sanctuaire des IIèraclides (Pausanias, l, 1 \J, 3 ; Hérodote, V, 63; VI, 116). Une inscription attique, dont la provenance Jlrécise est inconnue, nous fait connaitre un sanctuaire des Hèraclides, où l'on voit de même un autel pOUl' "I1Il'/) et 'AhILf,v'/). Le prêtre s'y appelle !E~EVç 'IIp(1-

xÀE'owv. Il a près de lui une prêtl'esse d'Hèbè et d'Alcmène (C. l. A., II, 58!). Ces {lnalogies m'inclinent à penser que cette inscription se l'ap­porte au sanctuaire du Kynosarge. Si cette conjecture est vraie, le dé-

APPENDICE. 169

cret en question, qui est le décret d'un dème et que M. Kœhler, d'après les renseignements d'ailleurs trl~~ incertains de Pittakis, attribue au dème d'Aixonè, doit être attribué au dème de Diomeia, dans lequel était situé le Kynosarge (Bursian, t. l, p. 275, pl. V).

Athénée cite un décret du Peuple athénien, qui règle l'emploi des victimes immolées il Hèraclès et la part qui en revient au prêtre du sanc­tuaire (VI, 26, p. 235), Ilèraclès du Kynosal'ge est d'autre part men­tionné parmi les divinités qui, au cinquième siècle, ont un trésol' (C. l, A., l, 200; 214; 273, p. 148). Ces témoignages autorisent à croire que le dieu du Kynosarge, quoique honoré particulièrement dans un dème, était aussi l'objet d'un culte puùlic

121. 'Hpo:Y.À'1.; Q lv 'EÀCl\ôr.

'E),(1\E,;ç était un dème de la tribu Hippotboontide. Quoique l'Hèl'aclès qui y avait un sanctllail'e paraisse être la divinité particulière d'un dème, je le mentionne ici parce qu'on le trouve cité parmi d'autres di­vinités de la cité, dont les offrandes précieuses étaient conservées dans le grand trésor du Parthénon (C. l, A., I, 1(4).

A r.lt;)" , , 'I.4i",. Hptù; ET:V~Ey\()Ç.

Associé aux Dioscures. On a trouvé parmi les gradins du théâtre l'inscl'iption suivante: !zpéOlç 'Avâxwl "(11 r,pOloç tr.my(ov (C, J. A., III,2\JO). Voir 'Av(1)(e;.

On a retrouvé les actes d'une commission chargée de faire un triage parmi les offrandes métalliques consacrées au Héros Médecin (C. l, A" II, 404, 405).

Ces documents nous apprennent que cette divinité, vers le tl'oisième siècle avant notre èl'e, était très poplllail'e. Voh' HésychillS, l(1~~o;.

Elle avait un l)l'être et un ~â)(opo; pOUl' administrel' le culte et le sane­tllaire (C. l. A., II, 405, lignes 44 et suivantes: i1rl !EpiOl; .:lwvvO'Îov 'tOÙ 'Ar.o),),OlvÎov K'/)ï',,,,éOl;, ~(1XO~"';ov'to; ZOl6Îov l\I.À'/)O'Îov).

Voit' 'AhOlv, avec lequel le Héros Médecin paraît devoir être identifié,

Son sanctuaÏL'e, appelé 'H"(1,O''tEtov, était situé à l'Académie (Andocide, SUI' les Mystères, 40 ; Pausanias, l, 14, 6), "H'!'(1,O''toç est cité parmi les divinitl;s qui, au cinf[uième siècle, ont un trésor (C. l. A., l, 197 ; 273, p.148).

125. "HrpO:\G1'o; X,Cll. 'A6'Jjva 'HrpCl\G1'tlX.

Les deux divinités, associées dans le même culte, avaient leUl' autel

Page 92: Les sacerdoces athéniens

170 LES SACERDOCES ATHÉNIENS.

dans l'EI'echtheion, sur l'AcI'opole - (Pausanias, l, 26, 5; C. 1. A., Il, 114, p. 51).

1 '26. 0cùÀw.

L'unes des Heures, associée au culte de Pandrosos (pausanias, IX, 35, 2 : T~ aè ~TÉpq. TWV 'Opwv vÉ(Lovenv O(LOü T~ IIavapaa~l Tt(L~~ 01 'A6'1lva,ot, 0aÀÀw T~V 6eov àVo(L"~OVTeç). Les éphèbes la prenaient à témoin de leur ser­ment (Lycurgue, contre Léocrate, 77). Voir II''vllpoaoç.

127. 0i(LLÇ.

Son temple était voisin de l'Asclèpieion, sur le versant méridional de l'Acropole (Pausanias, 1, 22, 1). Une dédicace mentionne une prêtresse de Thémis (Le Bas, Inscriptions de l'Attique, 90).

1 '28, 0eoç Emx,oç.

Cc culte n'est connu que par l'inscription oi! sont mentionnés les in­térêts des sommes ducs pal' la cité à diverses divinités (C. I. A., l, 273, p.H8).

(Pausanias, l, 1.7, 2 ; Bursian, Geographie von Griechenland, t. l, p. 288). Il avait un trésor, auquclla cité fit un emprunt (C. J. A., 1,203,210, 215, 273, p. 148). Le prêtre de Thésée avait son siège marqué au théâ­tre (C. I. A., III, 295).

130. 0u·Il;t:~ç.

Il y avait dans l'Erechtheion un autel dédié à 0v'llXaç : il est mentionné dans les comptes pour la reconsh'uction de cc temple (C. I. A., l, 324, fragm. c, colonne l, ligne 62 : TCapoc TO[V 0]v'llXoÜ [lw(Lô[v]). Cette circons­tance prouve que le culte de 0v'llzaç appartenait à la vieille religion atti­que et donne à penser que le s~cerdoce qui l'administrait était patrimo-nial. '

Pal'mi les inscriptions gravées sur les gradins du théâtre, on a trouvé celle-ci : 0v'llzaov, qui désignait sans doute la place destinée au prêtre de 0v'llX6; (C. 1. A., III, 244). Cette place est au premier rang, à côté du prêtre de Zeus Polieus, qui lui-même est le voisin du prétre de Diony­sos, président de la fête. Le sacerdoce de 0v'llXo; était donc pal'mi les plus importants de la cité.

Le 'IaxxEÏov se trouvait au Céramique, non loin du bâtiment (TCO(L7tEÏOV) où se préparaient les processions (plutarque, Vie d'Aristide, 27; Pausa­nias, 1, 2, 4 ; Bursian, Geographie von Griechenland, t. l, p. 279; Lcnol'-

APPENDICE. 171

mant, Recherches, p. 87). Le dieu "Iaxxoç tenait une place importante dans les fêtes des Mystères et ùans la procession des Eleusinies. On portait son image d'Athènes à Eleusis (Plutarque, Vie d'Alcibiade, 34). A cette cérémonie se rattache l'oillce du ,axxaywyaç (Pollux, l, 35; C. J. G., 481). L'laxxaywya; avait un siège au théùt!'e (C. 1 . .4., III, 262). POUl' l'laxza­ywya; et sa place dans la sél'ie des dignités sacerdotales d'Eleu sis , voÎ!' Â'Il(LYiT'IlP xal Kap'll.

13'2. 'IÀLGÔÇ.

Mentionné parmi les dieux qui ont un trésor (Co 1. A., 1,210; 273, p. 148).

133. 'loÀo(O; ou 'IoÀeuç.

Associé à Hèraclès (Plutarque, De l'amour {raternel, 21 ; Pausanias , 1, 19, 3,. 11 est mentionné pal'mi les dieux qui ont un trésor (C. J. A., l, 210). Voir 'Hpaùij; ~v Kvvoa6.pyet,

134.. "Iwv.

Honoré particulièrement dans le dème appelé IIoTa(Lol (Pausanias, l, 31,3). Il est mentionné parmi les dicux nationaux qui ont un trésor (C. 1. A., l, 210).

135. Kix,po4.

Le Iüxpomov se trouvait dans le sanctuaÏL'c d'Athèna Polias, à l'El'ech­theion. Il en cst plusieurs fois question dans les comptes des officicrs chargés ùe la rcconstl'llction de cc templc (C. 1. A., l, 3n, col. l, lignc 9: lr.1 T~ ywv(q. ~~ TCpO; TOV KexpoTCiov, ct col. l, lignes 38, 39 : lTCl T~ TCpoaT6.aet T~ TCpO, ~0 Key.poTC''!').

Le sacerdoce de Kixp07 était patrimonial et sc transmettait dans le yÉvoç des Arnynandrides. Une inscription dc l'époque impériale, qui con­tient la liste des memhres dc cette famille, mentionnc le !epeù; Kiy.pOTCO, parmi les dignitaires du yivo;, entre l'archontc ct le trésorier (C. 1. A., III, 1276).

136. Kpa'lcw;.

On lit dans Hésychius : Xap,oat . yÉvoç il; ov {, !epeù; TOV Kpav"ov. Lc sa­cCl'doce de Kp6.vao; était donc patrimonial. Mais on ne saurait dirc si Kpci­vaoç était un dieu que les Athéniens honol'aient d'un cultc national, ou bien s'il était particulier au dème de Lamptra (Pausanias, l, 31, 3).

137. Kpovo; x,,xt Î'i,x.

Leur temple, qui était très ancien, fut enclavé dans l'enceinte de l'Olympicion d'Adrien (Pausanias, l, 18, 7; Mommsen, /Icortologie, p. 109 et suivantes).

Page 93: Les sacerdoces athéniens

172 LES SACERDOCES ATHÉNIENS.

138. Aewx.oplXt.

Ce sont les filles du héros éponyme Aetk Elles avaient été immolées pour le salut du pays. Il y avait à l'Agora un sanctuaire ou un autel qui leur était dédié (Démosthène, contre Conon, 7 ; Hal'pocration, Aewxopetov ; Thucydide, l, 20 ; VI, 57 ; Bull. de corr. hcllén., l, p. H8, scolie de Patmos).

139. ktj't'(~.

Adorée avec Apollon et Artémis dans un sanctuaire situé à z'J)("'>1P (Pausanias, l, 31, 1). Voir 'AnoÀÀwv Zwa·",lpto<;.

HO. M'fi't''Ilp È'J "A'YPIX~.

Mentionnée parmi les divinités qui ont un trésor (C. J. A., l, 200; 273, p. 148). Il faut l'identifier avec la déesse ~'lJp.'lj't''lJp qui avait, avec Kop'IJ ou IIepaeqlov'IJ, un sanctuaire à Agra. Voir ces noms.

14,1. M'~rllp 0EC';)'J.

Le Mètroon est souvent mentionné (Démosthène, Exordes, 54; Es­chine, contre Otèsiphon, 187; Pausanias, l, 3, 5; C. J, G., 189).

1 t2. MoUGlXt.

(Elien, Hist. Var., X, 21). Elles avaient lem' tl'ésor (C. J. A., 1,273, p. 148), Le prêtre des Muses avait son siège au théâtl'e (O. J. A., III, 286).

14.3. NÉP.EGtÇ OÙplX'J\IX.

Elle était particulièrement adorée à H.hamnonte, oi! elle avait son sanctuaire (Pausanias, l, 33, 2). Son prêtre avait, comme les autres pl'êtl'es de la cité, une place marquée au théàtre (C. J. A., III, 28U).

1 U. Ntx.·11 "Ar..epo;.

(Démosthène, Exordes, 54; Pausanias, l, 2'l, 4). C'est la même divi­nité que 'AO'IJvii N(x'IJ, Voir ces mots.

14,5. Nup.cpctt.

Sur la colline dite des Nymphes, un rocher pl'ésente l'inscription !eplN Nvp.ql[wv] ~'lJp.o ... (Bu l'sian , Geo(Jr, von Griech., p. 278; O. J. G., 453),

1 t6. IIâ:v.

Culte institué, sur la demande du dieu lui-même, à l'époque de la ba­taille de Marathon IHérodote, VI, i05 ; Euripide, Jan, 938; Pausanias, l, 28, 4; Lucien, Le double accusé, 9).

APPENDICE. 173

Héros éponyme de la tribu Pandionide. Son sanctuaire particulier était au siège de la tribu. Mais il avait de plus, comme les autres héros éponymes, sa statue au pied de l'Acropole, près du Tholos. C'est là que les prytanes venaient l'invoquer au nom de la cité (O. J. A., II, 431, li­gne 43). Voit' 01 'Enwvvp.ot.

Le sacerdoce de Pandion ne pouvait être dévolu qu'à des membres de la tribu Pandionide. Plusieurs textes épigl'aphiques mentionnent le prêtre de Pandion (C. J. G., 1.28; C. J. A., II, 554b

). L'un d'eUle est ce même ~f,p.wv ~'lJp.op.ÉÀov<; IIlXtlXvtev;, parent de Démosthène, qui fut prêtre d'Asclèpios (Voir plus haut, p. 31, note 3).

1 t8. IIc('J~pOGO~.

Le Pandroseion sc trouvait dans le sanctuaire d'Athèna Polias (Pau­sanias, l, 27, 2). Il est mentionné dans les comptes de reconstruction de l'Erechtheion (O. J. A., l, 322, col. l, ligne 45; col. II, lignes 63, 70).

Il est pl'obable que le culte de IIrivllpoao:; , appartenant à la vieille reli-gion attique, était dessel'vi pal' un sacerdoce patrimonial. .

On lit dans Harpocration, è1t(60 tOV • Hv Ili'rt<; 't"ii 'AO'lJvif &J'!I ~oliv, <Xvayxar6v

font xal 't'il IIavllwpq. OVôtv oh p.ô'tOt ~oo;, xlXl ÉxIXÀeL'tO 'til Olip.a En(60tOv. Je crois que dans ce texte il faut l'emplacer IIavllwpcx pal' IIrivopoao.,

(Démosthène, Exol'des, 54; Pausanias, l, 22, 3).

150. IIEpGEcpO'J'II.

(Bœckh, Staatsh., t. JI, p. 137). Voir ~'lJp.'lj't'."p xal cI>eppE:prin'IJ,

151. m.oU't'w'J.

(Pausanias, l, 28, 6; IIermès, VI, p. 106, no -1 : [xÀ(V'IJV a't'pw]aat Trj'> m.ov't'wv[.] xlXl 't'y,v 't'pri1t[ô~av xoap.>jaat]).

152. IIOGEt~W'J rlXt·~ox.oç x.ctl 'EpezOeûç.

L'autel de Poseidon se trouvait dans l'Erechtheion; SUI' le même au­tel on sacrifiait aussi à Erechtheus, pour se confol'mel' aux ordres d'un oracle (Pausanias, l, 26, 5) : d'oi! le surnom d'Erechtheus donné à Po­seidon (O. J. A., J, 387 : IIoaôtowvt 'EpeXOd <XnOi't''lJv).

Le sacerdoce de Poseidon El'echtheus était un sacerdoce patrimonial, h('l'éditaire dans la famille des Etéoboutades (voir le texte cité plus haut, p. 12, note 5).

On a retrouvé au théàtre le siège du prêtre de Pose id on Erechtheus (0, 1. A., III, 276).

Page 94: Les sacerdoces athéniens

174 LES SACERDOCES .ATHÉNIENS.

153. nl)(m~wv ~I .. '7no;.

Mentionné parmi les dieux qui ont un trésOl' dans l'Opisthodome du Parthpnon (C. J. A., I, 1\)7). Son sanctuaire était à l'Académie (Pausa­nias, I, 30, 4; Sophocle, OEdipe Il Colone, 55; C. 1. G., 527),

154. nOüE~~WV KO().O(UPEC.h·r.;.

Mentionné parmi les dieux auxquels la cité a empl'lmté de l'argent et paie des intérêts (C. J. A., I, 273, p. 148).

155. noüe~~wv nEÀo(y~o;. Un décret d'éloges, rendu en l'honneur des lepo'ltoto( des Dionysies et

des différents prêtres qui ont pris part à la fête, signale le pl'être de 110-(môwv lIeÀayloç (Sur l'épithète de Pélaghios, voir Pausanias, VII, 21, 7). Le prêtre en question s'appelle 'I!1epOf.ioç <l'Of.À'Ilpevç et paraît être le frère de Démétrius de Phalère (VOlt' plus loin, textes epigraphiques, n° 2, li­gne 18).

156. nOüé~~WV à-7>à ~I)UVLOU.

Mentionné parmi les dieux qui ont un trésor à l'Opisthodome et aux­quels la cité a fait un emprunt (C. J. A., I, 197,207,273, p, 148).

157. noüe~~wv <lJu"t'o().[L~oç,

On a retrouvé au théâtre le siège du prêtre de Poseidon Phytalmios (C. J. A., III, 269). Poseidon Phytalmios était honoré surtout à la fête des Haloa (Mommsen, llcortologie, p. 322).

158. noüe~~wv Xap.O(~·/j).o;. (C. J. G .. 523, ligne 18; A. Mommsen, Ileortologie, p. 323).

159. npop."/j6e'J;.

Harpocration p,Of.!1'1ta;) signale la fête athénienne des IIpo!1'1l6eiOf., qui don· nait lieu à une lampadophorie. L'autel de Prométhée était à l'Académie (Pausanias, l, 30, 2; Sophocle, OEdipe à Colone, 56).

160. PÉa.

Voir I{pavoç.

161. l:ep.va~ 0éO(L.

C'étaient les Euménides. Leur autel était à l'Aréopage (Pausanias, l,

28, 6). Leur sacerdoce paraît avoit' été patrimonial et s'être tl'Unsmis dans

la famille des 'Havx(oOf.1 (Sophocle, OEdipe à Colone, scolie du vers 489).

r APPEND1CE. 175

La fête des Déesses Vénérables était confiée aux soins d'une commis­sion d'!epo'ltotot. Nous savons par Démosthène qu'il en fit un jour partie (contre l'rIidias, H5).

162. TEÀEüi8p0[1.o;.

.. Ce nom est mentionné dans une inscl'jption éleusinienne du cinquième slecle. Selon M. Lenormant, Télésidromos est un hél'os qui veille aux courses du stade (Recherches, p. 87). L'existence de ce héros est très hypothétique (Mommsen, lIeortologie, p. 257).

163. Tp~1t"t'o).ep.o;.

Mentionné dans la même inscl'iption que le précédent (Lenormant Re. cherches, p. 87 ; Mommsen, Ileortologie, p. 257). Tdptolème avait un t'em. pie près de l'Ilissus, à Agl'a, dans le voisinage du temple de Dèmète l' ~t Corè (Pa~sanias, l, ~4, fI. Dans une inscl'iption Je l'époque impél'iale, 11 est questIOn d'un pretee de Triptolème (C. J. A., III, 704).

L~ sacerdoce de Triptolème était pl'Obablemcnt patrimonial, et appar. tenait sans doute à quelqu'une des familles éleusiniennes.

164.. <l>eppetpo("t"'t''Il.

. Même divinité sans doute que lI·ep'1ôyoV'l). Voir ce mot. IIésychius men. tlOn.ne le. <I.~ppe'l'ocnlOv à l'Agora (voir Démosthène, contre Conon, 7). Parmi les lllscnptlOns du théâtre, on a retrouvé la mention d'un prêtt'e de Dè­mèter et Pherr~p~attè (C. J. A., III, 293). On ne saurait dire s'il y a là un sacerdoce dlstmct des autres sacerdoces de Dèmèter et Corè. VOÎl' .:1'1l!1~'t'ljP XOf.l Kapl).

165. XclpL"t'E;.

Nous avons vu les Gl'âces associées au culte du .:1>j!1oç. Elles avaient à l'entrée de l'Acl'opole, un autre sanctuaire en commun avec Artémi~ Epipyrgidia. Le prêtre qui en était le titulaire s'appelait IIvp'I'opoç et avait sa place marquée au théâtre 10. 1. A., III, 268 : lôp€w; XOf.p('twv XOf.l 'Ap'tÉ!1I• ~oç 'Em'ItVpyIIHOf.ç). V oil' 'Ap'te!1l<; 'Em'ltvpyIIHOf. et .:1>j(J.o,.

166. r!1rct~.

Associées au culte d'IIèlios (Aristophane, Plutus, scolie du vers 1054 : IIvOf.ve~(Olç XOf.l 0apY'llÀLol, 'HÀL'l' XOf.l "OpOf.lç 6uOVO'IV ~6'1lvarol. VOÎ!' "IHIO"

Page 95: Les sacerdoces athéniens

II

TEXTES ÉPIGRAPHIQUES.

Il serait long et inutile de citer ici, comme pièces justificativ~s, tous les textes épigraphiques dont j'ai cu l'occasion de me serVlr. La plupart sont publiés dans des recueils qui se trouven~ d.iu;s toutes les bibliothèques savantes ct qu'on pourra consulter alse~ ment. Je me borne à reproduire quatre décrets d'éloges, qm n'ont encore paru que dans une revue grecque, l"AO~vex tOV, et auxquels il serait plus difficile de recourir.

1.

Koumanoudis, 'A6'~vc(LOV, VI, p. 13.\., nO 9.

[0 E] 0 L ['E'i'tl .... &p]x,wroç, iEpdto)ç ô! 'Avôpo­[xÀéouç tx KEPCCP. ]i(o)v , t'i'tl iijç , Av,rtox.looç 3y. [ÔO'l]ç 'i'tPU'texvE(ex Jç, ~ IIu06ô'I]Àoç IIuOoo~Àou

~ [AlOexÀ(ô'I]ç (?) Èypex ]p.p.a'tEUEV, lV'[I xexl vd/f r-" ] ou " "\ [exp.'I]ÀtWVOç, EX't '!I 't'IJ, 'i'tpU'texVEtIXÇ, EXX/I.'I]er-

[(IX • 'twv 'i'tpo~llp(o)v] è'i'tE<jnî:ptcrEV 'Emylv-Ijç 'Epo­[taô'I]ç • lÔOÇEV 'tw]t Il'~p.1f> • IIpoxÀEiO'I]ç IIccv'tex­[xÀE(OOU (?) Èx KEpex ]p.~(o)v E1'i'tEV • &yexO?i 't0x'?l •

- Il ' ] ", O'~' JI 10 [Oe:00X.0lXt T~) '1) P.t:l • Tct P.EV ctylX ct OEX,EavOU ", t ']' " ~ f [& &'i'texyyEI\.I\.Et 0 , EpWÇ yEyOVEVlXt EX 'tWV E-

[pt;)V, J;V .... lOUE(?)]V • È'i'tEtll~ os 'AvôpoxÀTjç tEp­[lXcrap.EVOç (?) 't~ , Aer JXÀ'I]m~ Èmp.EÀit'text 'tO[U] ['tE tEpOU xexl 'tWV] &ÀÀWV J;v exù't~ ot VOP.Ot 'i'tp-

tS [ocr'tan-oucrtV XIXÀ ]wç XlXl EùcrEbwÇ xexl O! Àex-x.-[OV'tEç ..... ] -r1jç EÙXOcrP.ClXç -r1jç 7tEp~] ['tO IEpOV .... ]v exù'tov tv 't~ ô~p.w[t] •••

tO

" ,i ! APPENDI'CE. ! ' " , "

....... Otç 7ttpl ~v È7t[tp.lÀJ-["ex v 'tOU hpou .... ]t 'Avopox[L. 1 L . '

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. , ! l.l , .. . ::; , '. 1 . '1' . ; ::.. ( 1 .. " ..... ,: . \ \. ,,: J

177

L'inscription est gravée 'cr'tot;('I]OOV et, selon M. Koumanoudis, peut être attribuée au quatrième siècle avant notre ère : . '"

2, . : \ , ' ,\ .

. ......... . , ....... [IIoÀOtU (?)] X'toç K[ u81X6'ljvex]- , "." .'

[lt~, El:c~v ~}m~p J;v &7t:"rrrut~ ,0 ftp't~]ç ~ou ,Âw~o[ aou •. :,)' . , . . ....... [xexl oi Itp07tot]ol 01 ex!pt[6]lV't~(.L . " . ,

[(mo -r1jç ~ouÀ~, Ô7t~p 'tWV IEpWV Jiv l]0uov 't~ Âtovocr~) XlXl ['toT, ~ÀÀOtç GEoiç ot, 7tpocr ]~XE 6~EtV Ô'7t~p -r1jç ~ouÀ~<; xex-[1 'tOU ot,p.ou 'tOU 'A6'ljvexC]oov, ciyex6'ii ..o-x.?l, i'ln1~lcr6ext i(i . ~o . .. .. ' ',' .. uÀ?i. 'to~ç 7tpolopouç ot &v Àax.w[ crI] 7tpOEOpEOttV Lv 't~ o~",-If> Elç 't"Ijv 7tp[ 6) ]'t'IJv lxxÀ'I]crC9!v 7tpocrexyctYEiy 'tov !Epéex XIX~ ] ['t ]o~ç IEp07tOtO~, 7tpO, 'tov ~p.ov xex\ X.P'I]p.at't(crext 7tEpl Jiv

10 Àl,ouertv, yv61P.'I]V ô~ ~up.briÀÀtcr6ext iijç ~ouÀ7jç d. 'tOV ô7j. ' , [fol ]ov, 8'tt ooxEi "?Î ~ou),'ii, 't~ p.~v &yex6~ olx.tcr6~; · ~o~ ' ô7jp.[ 0]­[v] & &7tctyyÉÀÀoucrt 0 IEpE~ç xexl Ot tEpo'i'towl ytyovivext i-v 'toiç !Epoiç otç lOuo~' ~~ Âtov~[ cr]'fI xex\ 'to't, ~ÀÀOt, OE-: oi, l~' ÔytE(/f xexl crW't'IJp(/f iij, ~ouÀ7j" xotl 'tOU à~p.ou :rou

i5 'A6'ljvlX(oov xexl 7tex(owv xex\ yuvextxwv xlXl 'twv ~ÀÀwv x't'l]p.ri't­wv 'tWV 'A6'ljvexlwv • l7textvÉcrcù Ilt 'tov !Epé~ 'tot Âtov~crou 1\It­l~tyÉV'lJV XoÀÀt(Ô'I]V xexl 'tov 'to'ü 110crEtÔwvOç 'tOU IIEÀexy(-ou 'Ip.EpextoV ~exÀ'I]plex xlXl 'tOY 'tou Atoç 'tou Iw-r1jpoç Ntxox­À'ex 'AyvoocrtoV xexl 'tov 'tou • Ap.",oovo, IIexucrtriô'ljv ~exÀ'I]ptrex

20 cptÀo'ttp.lex~ lvEXex iij, "po, 't"Ijv ~ouÀ~v Xexl'EÙcrEbECex, ~_ ' .':. / , r ', . )

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(1) Sur le marbre, 1'1:1 est placo! entre lee deux branchea verticales du II. C'est le ligne numérique 'Ju~ ,co~r~~po,nd ,500., . '. ','" d,' . ; ' .

12

Page 96: Les sacerdoces athéniens

178 LES SACRRDOCES ATHÉNIENS.

[T ]~ÀÀGt Tilt 'ltt?\ -ri}V. • . . • • . • . !mp.[ E]-

[P.]ÉÀ'lIVTGtI êlx!Xlw[ç] X[oÙ] ~['À]o[Tlp.wç, lmmla]GtI TO~Ç tEpO'lt­OIO~Ç E~VOfLOV Eùwvup.ÉGt, [~ubGtph1jV rGtP'fll'm]ov, rvwaiGt-V KUÔGtO'l')VGtllGt, IIIIÀÉGtv IIGt!Ov(81jV [XGtlpE<prfV1jV Iq;~n,ov], . , , II'' [E' .... ']'A' 30 A'ltoÀÀoOWpOV TE/\EGtaIOV, u •••.• '::'U'ltETGtIOVGt, P.IGt-

VTOV AÙplO1jV, 'EmxprfT1)v 'Aq;'OVGttOV, [IIIIÀéaTpGtTOV] IIGtÀÀ"I­

vtGt, àpE't'~Ç rVEXGt x!Xi OIXGtIOaUV"I, TIlç Elç 't'~V ~OUÀ~V xGt-i TOV O1jfLoV TOV 'A[O]"IvGtiwv M[\] Èmp.[E]À[d]Gt[ç] TIlç 'ltEp\ T~ ttp-

~ , .... .,.. " \ [~] XGti aTE:pGtV(OaOtl .xGtaTOV IXUTWV X,pua'Jl aTE:pIXV'Jl omo. , .

Jo [O]pGtXfLWV [l'lt]E[']O&V 't'&ç [E]ù6uvGtç ow[alJ • OOUV!X[I] O~ IXÙTOtÇ xGti

[d]ç OualGtv X!X[ T]' ~v[op]!X [ ... O]plXX,P.&Ç 't'OV 't'GtfLi!Xv 't'ou O~fLOU \ ( , '\ 1 - ('01 , [ ] , lx TÙ'V xGt.ex ~"I'f afL!X't'Gt CXVIX/\laxOP.EVWV T~) o"lfL'Jl' cxvlXy P cx-

~IXI ôè TOOE .TO ['f'~ :P '(),p.cx] .ov yp!Xp.p.!XTl!X TIlç ~ouÀ7jç Èv ~À­!l ÀIOi"!l x!Xi [crlt'.'~ [ cr]1X1 [È]v [Ttr OtrfTPh> [T]O[U] ÂI[OV]Ucro[uJ

~o , ... . d[ ç] ôt -ri}v àvlXyp!X:p~v TYjç a~À"I' OOUV'XI TOV TCX-fL(CXV 'tOU o~fLoU t1M[L1] oPIXXfL&[Ç] lx 'ti;)v xu& ~1j<piap.[IXNIX à]v-

cxÀlaxofLÉvWV Téji o~p.'Jl' ' .

Au-dessous, dix couronnes, entourant chacune le nom d'un des ùix tEpO'ltOIOL

Cette inscription a été trouvée dans les fouilles de la Société al'chéologique d'Athènes sur le versant méridional de l'Acropole. Elle est gravée aTolx,1jOOV. M. Koumanoudis la rapporte à la fin du quatrième siècle avant notre ère. Il y signale en effet (ligne 18) le prêtre de Po:;eidon Pelaghios, 'Ip.Epcxtoç <I)IXÀ"IPEUÇ, qni paraît être le frère de Démétrius de Phalère. Ce personnage mourut vers 322 avant notre ère (Plutarque, Vie de Démosthène , 28; Lucien. Eloge de Démosthime, 31 ; Athénée, XII. 'GO, p. 54~).

3.

KOllmaooudis, 'A.O·t\v«\ OV. ' VII, p. 4,8~ ~ nO 3.

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(XIX]- .' \ <rufL'ltpOE[Ôp0l.. : . . . _. ] ) .' ~ cxç AlcrxuÀou I[ .. . .. ç !l'lt!V • 'ltEpi 6>V cX'ltlXy]-yinu i ~P'/..wv ['lt!pi njç Oua(cxç ~ç' lOu! 'TW]- 1 • C .~ •• 1 [Jo]lovua'Jl, TU;{!I cX[jIXO!i, OEÔOX,OlXtTijiÔ~]- • \ • ~:':\(.

fL'Jl, Tilt p.tv cXylXOIlt olx. EaO[ IXI TOV 01jP.01/ & à'ltIX]-

yyiÀÀ&' li ~px.wv ';Y!jovlvlX[' EV Toiç upoiJ- . '. '.l 1

; olç lOu!v l<p' Ojll(~ xcxi awT1)[p(~ 't7jç ~o J-l •. 1 1 r: :)1';,1- • , . ~,

APPENDICE.

uÀljç XIX\ TOU ô~p.ou 't'OU 'A01jvcxiwv xcx[l TWV xJ-

tO IXp7tWV Tliiv EV Tti ;{(~P~ • i'lt!lÔ~ ô~ 6 4px,w[v 'tCI1]- ' , 't'E ~ÀÀcxç Ouaicxç TlOuXEV 8crcxç OlÙTéji 'ltpoa-

ljXtV O'lttp 't7jç ~ouÀ7j .. xlXl 'tOU o~p.ou xlXÀiijç x-

.~\ E~atbliiç, ÉmfLtfLD.1j't'1X1 ô~ XIX\ njç 'ltOfL'lt7j-

[ç] 't'tr L1[IJovua'Jl P.!T& TWV 'ltlXplôpwv xlXi 't'liiv i-U mp.!À"ITWV, OIIXTEÀ!i ôt XIX\ 'tWV 'lt!pl -ri}v «p­

x.~v 'ltOloulJ.tVOÇ T~V ÉmfJ.ÉÀulXv xGt't'1lt TO~Ç VllfLouÇ, l'ltIXIVÉ()'rxl 't'ov ~PZOVTCX NlxllXv Ill~­WI/O, '<hpuvllX xcxl TO~Ç ~1Xf-tôpOU; IXÙTOÎi, , Ah(!-,-IX):,O'I KÀ!ObOUÀou i\lupplvOUcrlov, 'Av-

%0 TI:ptlV"IV IIo),uxptlTOU 'U't'puvÉGt, EÙcrEbEicxç t­V!XOl xlXl CPIÀOTIP.(CXÇ ~v l.;t,ovTE' OlIXT&ÀOU-

alv 'ltEp\ 'tov O1jp.ov 'tov 'ÂO'''VIX(WV • !'ltcxlvla­

IXI Ot'XIX\ 't'o~ç njç 'ltOfL7t7jç lmp.&À"IT&ç, "lalX­

vopov 'E/.EO~fLOU KUÔIX6"1Y'XltlX, !\IV"Ia(6EOV ,. 'Ex.EI)~p.ou KUÔIXO"lVlXttlX, KIXÀÀ(OEOV BOUJ,rf­

p/.ou <I)ÀUÉIX , 'AVTI:ptl't"~V Eù6uxp(TOU 'AC'l')vl{rx :

KtlÀÀcH<,,(POV L1to't'(p.ou IIIXÀÀ1jYÉrx , 'ÂfL!lVox­),7jv 'Av't":ptlvOU K~nlOv, 'Ilpwvox $EIÔUÀÀOU

A16ox),181jv , KrfÀÀI'lt'ltov 'l'lt'ltoOÉpaou 'Al.lXpv{-

~n IX, lloMC'~ÀoY EÙ1jvopiôou 'A),cxtÉlX. etoyÉY1)­v llOaElÔWY(OU 'AfL:pl'tpO'lt7j~Ev • È'ltlXlvÉacxl Ô-

t x'Xi TOV 'ltcx't'lprx T7jç XIXV1j<pOpou KIXÀ),Iq>WYT-

rx KIXÀÀI:pWV't'oç 'A6fLovÉIX • &vCXyprf'flXl 8! 't'OOE

'to tr]qHap.1X 'tOY yplXp.p.IX't'Éox TOV XIXT& 'ltpU't'IXVE-~s (IXV EY a~À!l À,Giv'!1 xlXl crTIjcrlXl tv Ttr TEP.­

iVEI TOU ÂlovUcrOU, tlç ôÈ: 't"~v dvc.:yplXq>~v x:ti

-M;fL 'ltoi1jalv fL!pialXl 't'o~ ç È'lt\ n i ôlOIX~a!­[1] TO YEVOfL!VO\l cXvrfÀwp.'X.

179

Décret trouvé au sud de la scène du théât."p. de Dion ysos il Athènes. Il remonte à l'année 281 avant notl'e bre ( voi t, C. T. A .. II, 316 et 317). Les lignes sont gravées aToll:~oov .

4.

Koumanoudis, ·Aa·~,,« tO v , IX, p. 234., n° 2.

[ 'E'lt\ ..... ~PJ;I.0VT?Ç , t'ltl 't'ljç A1IXYTlOoç ÔWÔ!XrfT"Iç 1tpU'tOlI/!t'XÇ , ;

....... {V(J}voç 'E'lt,x1jfjlta,oç typlXP.P.tlTEUtV, ~ouÀljç ~Yj:p tafJ.n'X ,

r····· (ÏJv]o; OjÔOt( fL!'t ' ! lXtlOlXç, 'tpinl XCX\ !lxoanl' TIjç 1tP'JTClVt(lII' ,

Page 97: Les sacerdoces athéniens

180 LES SACERDOCES ATHÉNIENS.

[iJtXÀ'I}aIOt '!fL fIup ]Otlii" 'troV' 'ltpOtOpUlV l1CE1jnlCP'~E' ZiotÀo~ Z(J)IÀov I1JÀUt~ç XOtl [aufL1tpOtOPO Jt • lOO~tv nt · ~ObÀÛ ;.' Auxtvo~ N(xwvo~ " AÀ*ouato~ tT7ttll • tl7t[~p 1 [Jill tX7tOtlfÉÀ ]ÀEI 0 {Ept~~ 'tov AtO~ 'taV ~!I)"t7ipb~ 'tou tiL fIEIPOtit! xOtl oi ~7tlp.[ tÀ"I]]. ['tOtl U7t~p 'tWII iJEPWII Jill lOùO\I 'tiii 'tE AIt 'tiii l:!1)'t7jP'1 XOtt "tEt ' AOllll~ "tEt l:w[ n{p~) [xOtt 'tiii 'AaxÀ1)'ltJtiii xêtl nt 'rYtd~ xIXl 'to[r~ ~ÀÀ)oiç 6EotdfOtpOtcmlaOt[V'tE~ ..... )

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Fragment de décré( tr.?·ti~ê ,~.;.. p~ré.~; "n _~e)app'ort·~. à la fin du quatrième siècle. '.', . . ,_

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'Vu ET LU EN SORBONNE ' .'

Le 25 novembre 1880,

Par le Doyen de la Faculté des lettre. de Pari"

H. WALLON.

VU ET PERlIIS D'JIdPRl)IER :' , j •. ' .'

Le Vice-Recteur de l'Académie' de Paris,

GRÉARD. . ,'. " , 1 .. :.:

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ADDITIONS ET CORRECTIONS '

Page a, à la fin de la note 3, mettre un point au lieu d'une virgule après venerantium.

Page 15, ligne 22, mettre un point après « Dèmèter ». Page 19, note l, ligne l, lire : 'ton. Page 19, note 3, lire: Staatshaushaltung. Page 22, note 1. Pendant l'impression de ce travail, M. Hauvette-Besnault a

publié dans le Bulletin de correspondance hellénique (V, p. 39) tine inscrip­tion ùe Mylasa qui montre une femme. prêtresse de Némésis, dédiant un monument votif à la déesse, avec l'autorisation de son mari, (J.ET,z xup(ou TOi)

&.v8pO,. Page 28, note l, ligne 2, lire : Mémoires de l' A cadémie des inscriptionr et

belles-lettres, t. XXIII. Page 28, note 7, ligne 3, lire: la't1'1xEv. Page 3<i, note 1, au lieu de : Vie des Dix Orateurs, lire : Viel . Page 38. lire 25 • lire: u le privilège est transmissible .• Page 47, note 2, ligne l, lire : &'1t'),w;. Page 55. note t , ligne l , lire : IEpEV;. Page 59. note 2, ligne 2, lire : <p6 tv "" Page 67 , note 1. ligne 6, lire: sacruficant. Page 70. note 3. lire: Staatshaushaltung . Page 72, ligne 9. lire : u Lènées. » Page 72. note <i, ligne <i, lire : 'to y' EIo.aE6èç axo1t'trv. Page 80, note 7, lire: verschülteten. Page 81. note 2, lire: Staatshaushaltung. Page 93 , ligne la, lire: " Thesmophorion •• Page 93, note 6. ligne 2, lire : 01t'(o);. Page 107. ligne 9, lire: u avait pris. » Page 125, note 3. ligne 3 : Sio" lire : l6o; . Page 135, fin de la note 1 de la page 134, lire: Vie d' ALclbiœd" 33. Page 146, 0° 3, lire : 'A8pœaulct. Page 152, ni U, lire: 'EVV6>. Page 154, nO a9, ligne 17, lire: 'ry(tlct. Page 159, ligne 6, au lieu de : u parlant d'une femme , » lire : « parlant de

Tisiphonè qui s'avance. »

1 . , ~

Page 98: Les sacerdoces athéniens

TABLl1] DES MATIÈRES

PRÉFACE •••••••••

CHAPITRE PREMIER.

OARACTÈltES CÉNÉRAUX DU SACERDOCE CHEZ LES GRECS.

~ 1. Du r<'lle dn sacerdoce cians la religion helléniqne. ~ '!. Le sacerdoce ne s'exerce que dans un sanctuaire. ~ 3. I,e sacerdoce est une magistrature de la cité .•

CHAPITRE Il.

NOMBRE ET CLASSEMENT DES SACERUOCE~ ATR~NIEN~.

! 1. Du nombre des sacerdoces el de leurs diverses cat":gories •. ~ 2. Des sacerdoGes patrimoniaux •• ~ 3. Des sacerdoces de femmes •• ' .••••••

CHAPITRE Ill.

CHO:X DES PHÉTRES.

t 7 8

Il 14 'W

~ 1. Conditions générale~ 'Ini limitent l'accès "e~ sac>cflloces. • H ~ 2. Choix des prtltres par le sort.. • • • . • • . • • • • • • 29 ~ 3. Si le tirage au SOrl :;'appliquait à tous les sacerdoces.. • • 33 ~ 4. Dol la succession des sacerdoces patrimoniaux dans les yÉv'Ij. • 35 ~ 5. La ÔOXI[J."'<r("'; le serment et sacrifice d'entrée en charge; les à.'1r<"~X",L 39

CHAPITRE IV.

FONCTIO~S DIACONALES DES PRÊTRES. SERVICE DANS L'INTÉRIEUR DU TEMPLE AUPRÈS DE LA STATUE DE l.A DIVINITÉ.

~ 1. Classemen t .Ies fonctions sacerdotales.. • • • • • • • 43 ~ 2. Fonctions diaconales: service de la ciivinité; la toilette et le repas

de la statue. • • . . • • . • • • • • • • . • • • 45

CHAPITRE V.

FONCTIONS LITURGIQUES DES PRÊTRES. DE LA R!ÎPARTITION DES SACRIFICES ENTRE LBS DlVEI\S SAClnwoCES. . • • • • • • • • • • .... • • •• 55

CHAPITRE VI.

FONCTIONS LITURGIQUES DES PRÊTRES (suite) : LA C8LÉBHATION DU SACRIFICE.

~ 1. Dispositions matérielles qui accompagnent l'acte religiellx de l'obla-tion ••••••••••••••••••••••••••••• " 66

Page 99: Les sacerdoces athéniens

184' TABLE DES MATIÈRES.

1 2. L'oblation du sacrifice. Le minisière du prêtre est,·H toujours néces-saire?. . • • • • • • . • • • • • • . . • • • • • • • . . • .• 13

§ 3. L'oblation !lu sacrifice (suite) • .En quoi cOnsiste le ministère du prêtre? 79

OHAPITRE VII.

PONCTIONS ADMINISTRATIVES DES PRÊTRES. GARDE ET ENTRETIEN DU SANCTUAIRE.

! 1. Police du temple et des abords •••••.•.•••• § 2. Entretien régulier des bâtiments sacrés.. • • • . ! 3. Réparations et constructions dans le sanctuaire .•

CHAPITRE VIII. .

88 93 96

FONCTIONS .\DMINISTRATIVES DES PRÊTRES (suite). LE MOBILIER, LE MATÉRIEL, LES

REVENUS SACRÈS.

§ t. Entretien !lu matériel ordinaire et garde du matériel précieux. 100 ~ 2. Refonte du matériel.. . • • • . • 105 ~ 3. Administration des revenus sacrés. . • • • 110

CHAPITRE IX.

DROITS ET PRIVILÈGES DES PRÊTRES.

§ 1. Avantages matériels attachés à l'exercice du sacerdoce. Logement ûli prêtre dans l'enceinte sacrée. • 115

~ 2. Revenus en nature.. • • • . • 120 ~ 3. Honneurs rendus aux prêtres. • 1'l8

CHAPITRE X.

LA HE5PONSABlI.ITÉ SACERDOTALE.

a 1. Nature ûes comptes que les prètres avaient à ren!lre .. § 2. Comment se faisait la reùdition des comptes. CONCLUSION. • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • •

APPENDICE.

I. - Liste alphabétique des cultes athéniens. II. - Textes épigraphiques .• ADDITIONS ET CORRECTION5.

TABLE DES MATIÈRES •••••

FIN DE LA TABLE DES MATIÈRES.

133 136 140

145 176 \8\

183