les relations école- famille dans lhistoire stage rrs mermoz 2011 a de magistra cpc lyon 8
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Les relations école-famille
dans l’histoire
Stage RRS Mermoz 2011 A De Magistra CPC Lyon 8
Une question qui se pose longtemps en ces termes: à qui
appartient l’enfant?
Avant la Révolution Française
• Deux institutions se partagent l’enfance:
- l’Eglise - la famille
- L’école est le fruit du Concile de Trente et de la reconquête catholique: elle vise essentiellement à catéchiser, par le biais de l’alphabétisation
- C’est un lieu qui gêne les familles en ôtant la main d’oeuvre
La France est alors divisée en 2
• Sud et Ouest évitent l’école
• Nord et Est: les familles s’offrent les services d’un enseignant pour catéchiser, lire, écrire, compter
En parallèle deux institutions forment les élites:
- le collège - l’université
• Le collège intègrera l’université à la fin du XVIème siècle• Débouchés: droit , médecine, théologie• « Ex-ducere » (arrachement):Les enfants sont confiés
dès 5/6ans : on délègue la fonction éducative à l’institution scolaire (à fin « utilitaire »)
• L’enfant devient l’élève (terme du XVIIème s)• Ceci jusqu’au XIX ème siècle
• Une autre manière de se décharger de l’élevage et de l’éducation de l’enfant:
le placer en nourrice à la campagne
• Donc, jusqu’à la révolution une grande diversité de positions et de souhaits
Après la Révolution Française
• La plupart des débats et des lois scolaires vont porter sur la liberté de l’école.
• L’enjeu est le rapport:
- de l’école à la famille
- de l’école à l’église
- de l’école à l’état
Ecole républicaine: 2 faits importants vont se conjuguer
• Le fait que l’école devienne gratuite (fait partie du processus d’autonomisation de l’école; école payante jusqu’à la première moitié du XIX ème (droit d’écolage) donc les familles avaient envie qu’on y enseigne les principes auxquels elles tenaient. Le principe de gratuité vient avant celui de laïcisation
• Le fait que l’école s’investisse d’une mission sociétale majeure: libérer la France de l’obscurantisme et du cléricalisme (Gambetta 1881 « le cléricalisme, voilà l’ennemi »)
• Il s’agit de créer une école différente de la famille par son mode de gestion collective et antagoniste des idées qu’elle diffuse
Ferdinand Buisson » Va petit missionnaire des idées modernes »La relation éducative est parfois inversée, l’école faisant entrer dans les familles, par l’enfant, le message qu’elle délivre
• La Révolution a été le cadre d’une rupture majeure: celle de l’église et de l’Etat
• L’idée naît d’une prise en charge de l’école par l’Etat lui-même et d’une « Education Nationale » (terme du XVIIIème s)
Il a fallu plus de 40 ans pour que l’obligation scolaire devienne concrète…
• 1832 Loi Guizot donne l’obligation à l’état de construire des écoles, mais pas aux familles de scolariser leurs enfants
• Lois Ferry: obligation scolaire pour les enfants de 6 à 11 ans (et obligation de créer des écoles de filles comme de garçons) et programmes conçus sur 2 ans seulement
• 1923: programmes sur un cursus CP…CM2 et cours complémentaire
• À la Libération, on associe le versement des allocations familiales à la contrainte scolaire
Pendant ces 40 ans « une course aux élèves »
• 1959: l’ inspecteur d’académie du Loiret envoie ses directeurs d’école dans les familles pour les encourager à inscrire leurs élèves en 6ème
(Aujourd’hui les parents demandent à ce que leur enfant soit chez tel ou tel enseignant)
• La question de la relation école-parent est née avec la « massification » (ou démocratisation) du système scolaire vers les années 60, avec la prolongation de la scolarisation jusqu’à 16 ans en 1959.
Analyse de l’historien Antoine Prost 1)Bascule s’opère: l’école a pris le pouvoir sur la scolarité
des élèves
• Années 59 à 75:• Une fois que la scolarisation est acquise à 100
pour cent jusqu’à 16 ans, mise en place de:
- la sectorisation
- de l’orientation
(par des circulaires,Ce ne sont plus les parents qui choisissent ni l’école ni l’orientation Slogan: »travaillez sinon vous seriez orientés »)
2) Nous sommes entrés dans une société du savoir
• D’où l’importance de l’enjeu de l’orientation: la scolarisation conditionne le statut social et l’accès à l’emploi depuis les années 59/60. L’école est devenue le lieu où se décide l’avenir des jeunes
• 1957 l’examen d’entrée en 6ème disparaît, l’école ne fonctionne plus en termes d’élitisme
• Entraîne une course aux diplômes qui va créer des liens conflictuels Avec la fin du baby boom, plus que jamais l’enfant est porteur des virtualités du devenir familial. Deux conséquences:
- des relations où entrent l’affectif qui conduisent les parents à protéger l’enfant en cas de conflit
- - la relation à l’école se situe en termes de stratégies familiales: l’enfant doit entrer dans un modèle social et l’école est jugée uniquement en termes de réussite de l’enfant, de manière subjective
• Le pouvoir des enseignants est accru par les conseils de classe, …le baccalauréat (sur 15 ans de scolarité de 3 à 18 ans)
• Paradoxalement, les enseignants ont perdu leur prestige (ils ne sont plus l’unique détenteur de savoir comme l’instituteur d’autrefois l ’était) et leur autorité (on peut contester leur avis)
• Paradoxe d’un système scolaire qui vient dire aujourd’hui aux parents « Vous démissionnez » alors qu’historiquement c’est l’école qui a évacué les parents
(59 école maternelle n’est pas née des besoin de faire garder les enfants pour aller travailler mais mot d’ordre « Confiez-nous vos enfants, nous saurons mieux les éduquer que vous ». Idée d’une institutrice« mère éducative »)
3) Dans cette société du savoir, les familles sont réduites à l’affectif
• Pendant les Trente Glorieuses , la famille a cessé d’être une unité de production et d’accumulation du capital
• Avant le travail de l’enfant était nécessaire à la production familiale et aux tâches
domestiques. Ce n’était pas discutable. (En perdant cela la famille a perdu son
autorité, l’affectivité en contre-partie acquiert une place nouvelle.)
• Avec le développement de la psychanalyse
• Des manuels de puériculture (parlent du bonheur que les parents doivent tirer de leurs enfants)
• La famille devient lieu de l’épanouissement personnel où chacun doit développer son propre programme. (Naissance de l’éducation permissive)
• Aujourd’hui la famille n’est plus la cellule de base de la société (disparition du repas à table…)
• L’école est une petite société qui se retrouve en première ligne pour l’apprentissage de la vie en société (qui va à l’encontre du développement personnel)
• L’école est une institution qui ne s’assume pas toujours comme institution mais cherche des arrangements devant les problèmes de violence rencontrés (injures…pas de conseil de discipline)
• De même on « s’arrange » dans la famille• Dans ces 2 lieux perte de la loi et de l’éducation à la
vertu• Paradoxe intrinsèque aux termes eux-mêmes: « Comment faire une société,d’individus? »
ADeMagistraCPC Lyon 8ème