les ouvelles · par corneliu vadim tudor, dont les mem - bres sont issus de l'ancien parti...

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NOUVELLEs ROUMANIE SOMMAIRE Elections locales Analyse, Portraits Résultats Actualité Crise gouvernementale Politique Economie Social Moldavie Société Evénements, Carnet Dossier Expatriés Santé, Minorités Sports, Insolite Tour de Roumanie Connaissance et découverte Cinéma, Musique Littérature, Mémoire Explorateurs roumains Carnet de route Tourisme, Patrimoine Humeur Humour Abonnement Coup de coeur Numéro 72 - juillet - août 2012 Lettre d’information bimestrielle Les de L a Roumanie n'a pas échappé au cycle qui veut qu'en cette période de crise les gouvernants en place soient écartés au profit de leurs adversaires. Mais, si dans les autres pays de l'Union Européenne, ce changement s'opère dans la foulée d'élections, en Roumanie, il s'est effectué par le biais d'une "révolution de palais"… une motion de censure surprise adoptée après que quelques députés de la majorité aient déserté leur camp, suivie de la nomination au poste de Premier minist- re d'un des deux chefs de l'Opposition, le socialiste Victor Ponta, son complice libéral, Crin Antonescu, visant le fauteuil suprême. Non pas que ce vote du Parlement soit illégitime, représentant tout à fait l'état d'une opinion à l'égard de ses anciens dirigeants, qui ont malmené le pays, imposant sans discernement des mesures de rigueur appauvrissant encore davantage les plus démunis, ne laissant aucun espoir aux autres et préservant les plus riches. Les élections locales de juin, véritable référendum anti-Basescu, ont mesuré le gouffre qui sépare désormais le chef de l'Etat de la population et celles à venir, à l'automne prochain, concernant les parlementaires, ne peuvent que le creuser davantage. Mais pour autant, le changement intervenu fin avril, n'a rien de rassurant. Carriéristes, ambitieux, prétentieux, les nouveaux dirigeants sont aussi éloignés du peuple que proches de la nomenklatura communiste - manière Iliescu - dont ils sont issus. Leurs premières mesures, épuration de l'administration, mise sous tutelle des intellectuels, laissent supposer leur intention de confisquer le pouvoir pour s'y instal- ler durablement. La seule ligne politique tangible du duo Ponta-Antonescu repose sur la haine inextinguible vouée au chef de l'Etat, le second rêvant de prendre sa place. Les deux compères, qui se sont partagé les rôles, veulent le faire destituer d'ici la fin de l'année par un référendum, entraînant les Roumains dans ce règlement de comptes. Pour l'instant, ils dénient au président en place tout droit de représenter le pays à l'é- tranger, un véritable affront qui bafoue l'esprit de la constitution. Et ne parlons pas de l'exemplarité dont le nouveau pouvoir entendait faire preuve: deux de ses ministres de l'Enseignement pressentis ont été obligés de renoncer à leurs ambitions pour avoir pla- gié leur thèse de doctorat, Victor Ponta étant lui-même mis en cause à ce sujet. A ce rythme, Traian Basescu a beau jeu de vouloir se refaire une santé. D'autant plus que la Justice cédant aux pressions de plus en plus insistantes de l'UE, vient de lui rendre un fier service en décidant de faire enfin emprisonner les "gros poissons" de la corruption. Pris dans les mailles du filet, Adrian Nastase, l'ancien Premier ministre d'Ion Iliescu, a tenté d'y échapper en se tirant une balle dans la tête. Réflex d'orgueil ou simulacre ? En tous les cas, la classe politique roumaine nage en pleine confusion! Henri Gillet La Roumanie en pleine confusion 2 à 10 11 à 13 14 15 16 et 17 18 et 19 20 et 21 22 à 25 26 et 27 28 et 29 30 à 40 41 42 et 43 44 à 46 47 à 55 56 à 59 60 et 61 62 63 64

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Page 1: Les OUVELLEs · par Corneliu Vadim Tudor, dont les mem - bres sont issus de l'ancien Parti commu-niste et de la Securitate. FDGR (Forum Démocrate des Allemands de Roumanie): parti

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NOUVELLEs

ROUMANIESOMMAIREElections locales

Analyse, PortraitsRésultats

Actualité

Crise gouvernementale PolitiqueEconomieSocialMoldavie

Société

Evénements, Carnet Dossier Expatriés Santé, Minorités Sports, Insolite Tour de Roumanie

Connaissance

et découverte

Cinéma, Musique Littérature, MémoireExplorateurs roumains Carnet de route Tourisme, Patrimoine HumeurHumourAbonnementCoup de coeur

Numéro 72 - juillet - août 2012

Lettre d’information bimestrielle

Les

de

La Roumanie n'a pas échappé au cycle qui veut qu'en cette période de criseles gouvernants en place soient écartés au profit de leurs adversaires. Mais,si dans les autres pays de l'Union Européenne, ce changement s'opère dans

la foulée d'élections, en Roumanie, il s'est effectué par le biais d'une "révolution de

palais"… une motion de censure surprise adoptée après que quelques députés de lamajorité aient déserté leur camp, suivie de la nomination au poste de Premier minist-re d'un des deux chefs de l'Opposition, le socialiste Victor Ponta, son complice libéral,Crin Antonescu, visant le fauteuil suprême.

Non pas que ce vote du Parlement soit illégitime, représentant tout à fait l'étatd'une opinion à l'égard de ses anciens dirigeants, qui ont malmené le pays, imposantsans discernement des mesures de rigueur appauvrissant encore davantage les plusdémunis, ne laissant aucun espoir aux autres et préservant les plus riches. Les électionslocales de juin, véritable référendum anti-Basescu, ont mesuré le gouffre qui séparedésormais le chef de l'Etat de la population et celles à venir, à l'automne prochain,concernant les parlementaires, ne peuvent que le creuser davantage.

Mais pour autant, le changement intervenu fin avril, n'a rien de rassurant.Carriéristes, ambitieux, prétentieux, les nouveaux dirigeants sont aussi éloignés dupeuple que proches de la nomenklatura communiste - manière Iliescu - dont ils sontissus. Leurs premières mesures, épuration de l'administration, mise sous tutelle desintellectuels, laissent supposer leur intention de confisquer le pouvoir pour s'y instal-ler durablement. La seule ligne politique tangible du duo Ponta-Antonescu repose surla haine inextinguible vouée au chef de l'Etat, le second rêvant de prendre sa place. Lesdeux compères, qui se sont partagé les rôles, veulent le faire destituer d'ici la fin del'année par un référendum, entraînant les Roumains dans ce règlement de comptes.Pour l'instant, ils dénient au président en place tout droit de représenter le pays à l'é-tranger, un véritable affront qui bafoue l'esprit de la constitution. Et ne parlons pas del'exemplarité dont le nouveau pouvoir entendait faire preuve: deux de ses ministres del'Enseignement pressentis ont été obligés de renoncer à leurs ambitions pour avoir pla-gié leur thèse de doctorat, Victor Ponta étant lui-même mis en cause à ce sujet.

A ce rythme, Traian Basescu a beau jeu de vouloir se refaire une santé. D'autantplus que la Justice cédant aux pressions de plus en plus insistantes de l'UE, vient delui rendre un fier service en décidant de faire enfin emprisonner les "gros poissons" dela corruption. Pris dans les mailles du filet, Adrian Nastase, l'ancien Premier ministred'Ion Iliescu, a tenté d'y échapper en se tirant une balle dans la tête. Réflex d'orgueilou simulacre ? En tous les cas, la classe politique roumaine nage en pleine confusion!

Henri Gillet

La Roumanie en pleine confusion 2 à 10

11 à 13

14

15

16 et 17

18 et 19

20 et 21

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26 et 27

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Les NOUVELLES de ROUMANIE

222

Elections locales du 10 juin Les NOUVELLES de ROUMANIE Elections locales du 10 juin

223

Les élections en chiffre

n

BUCAREST

ORADEA

BAIA MARE

l

l

TIMISOARA

ARAD

l

SIBIU

l

l

IASI

BRASOV

CRAIOVA

TARGUMURES

GALATI

l

l

l

l

l

l

TULCEA

SUCEAVA

lPITESTI

l

CHISINAU

CLUJ

l La déliquescence de la classe politique roumaine s'est accélérée au cours desdernières semaines, laissant le pays désemparé. Renversement surprise du gouver-nement Ungureanu, élections locales désastreuses pour le président Basescu, conflitde pouvoir au sommet de l'Etat, faux pas répétés des nouveaux dirigeants… et pourcorser le tout, tentative de suicide de l'ancien Premier ministre Adrian Nastase, sur

fond de corruption.

Tout a commencé par le renversement du gouvernement de droite de Mihai-Razvan Ungureanu, à la suite du vote surprise d'une motion de censure parl'opposition, fin avril, trois mois seulement après sa nomination par Traian

Basescu. En remplaçant dans l'urgence, début février, le Premier ministre Emil Boc parle jeune chef des services secrets roumains, le Président prenait acte alors de l'impopu-larité et de l'échec de la politique qu'il avait imposé depuis 2008 et s'était révélée insup-portable pour une grande partie de la population, conduisant nombre de Roumains àse révolter et descendre dans la rue au début de l'année. Les fonctionnaires avaient vuleurs salaires baisser de 25 %, alors que la TVA augmentait de 19 % à 24 %.

Ces mesures drastiques étaient le prix que la Roumanie avait dû payer pour unemprunt de plus de 20 milliards d'euros obtenu en mars 2009 auprès du FMI, de laBanque mondiale et de l'UE. Appliquées sans discernement et sans aucun sens de justicesociale, les classes possédantes étant épargnées, elles ont fait le lit d'une contestation àtravers toute la société roumaine que le nouveau Premier ministre n'a pas eu le tempsd'endiguer, la confiance des Roumains lui faisant irrémédiablement défaut.

L'alliance PSD-Libéraux a raflé la quasi-totalité des judets

En cette année électorale - élections locales en juin, parlementaires à venir en novem-bre - l'opposition a eu alors beau jeu de retourner quelques élus et de faire tomber le gou-vernement, fin avril. Le Président Basescu, en fonction jusqu'à fin 2014, s'est immédia-tement incliné, et a confié à ses opposants, farouches adversaires qui prônent sa destitu-tion le plus tôt possible, les clés du pouvoir.

Non sans arrière-pensée. Mariage de la carpe et du lapin, la nouvelle majorité regrou-pe sous la bannière de l'USL (Union Sociale Libérale) les ex-communistes du PSD(Iliescu) et les capitalistes du Parti national Libéral. En fait, à l'image de l'ensemble de laclasse politique roumaine, des carriéristes issus de la nomenklatura, dont les chefs, ambi-tieux, pressés et prétentieux jusqu'à la caricature, se sont déjà partagés les rôles, avant, unjour, de se déchirer ? A Victor Ponta (PSD) la fonction actuelle de Premier ministre, àCrin Antonescu (PNL) celle de futur Président… quand le duo se sera débarrassé deTraian Basescu.

Le calcul des deux compères a bien fonctionné au niveau des élections locales.Raflant la quasi-totalité des judets et la majorité des grandes villes, l'USL (50 % des suf-frages) s'impose à nouveau comme la force politique dominante du pays. Elle contrôleBucarest, l'Est, l'Ouest, le Sud de la Roumanie et le Sud-Ouest de la Transylvanie, ne lais-sant que des miettes au PDL qui connaît un véritable désastre électoral (15 %), lequel neconserve que quelques fiefs en Transylvanie.

Un leitmotiv: destituer le président Basescu

Cette Bérézina risque bien de se transformer en Waterloo, lors des élections parle-mentaires de l'automne, le nouveau gouvernement Ponta s'efforçant de prolonger l'état degrâce par des mesures populaires. Crin Antonescu se voit président et appelle déjà à unréférendum pour libérer le poste, ayant fait voter par le Parlement une loi permettant dansl'avenir de destituer le chef de l'Etat si la moitié des votants en décident ainsi… mêmes'ils ne sont que 10 % ! Pourtant, le tableau n'est pas aussi rose que cela pour les deuxhommes qui ont surtout fait preuve d'incompétence depuis qu'ils sont aux commandes.

Adrian Nastase, 62 ans, ancien

Premier ministre de Ion Iliescu

(2000-2004), a essayé de se tirer

une balle dans la tête le mercredi

20 juin dans la nuit, alors que les

policiers étaient venus l'arrêter

pour le conduire en prison, afin de

purger sa peine. Intervenant à

temps, ils ont dévié le coup de feu,

la balle ne provoquant qu'une bles-

sure légère à la gorge. Hospitalisé,

le Premier ministre a été opéré le

lendemain matin, avec comme

seule séquelle, une cicatrice.

Quelques heures auparavant, la

Cour Suprême de Bucarest avait

rendu définitive la condamnation

à deux ans de prison ferme à son

encontre, pour avoir récolté des

fonds illégalement lors de sa cam-

pagne électorale à l'élection prési-

dentielle de 2004, où il avait été

battu par Traian Basescu. Son pro-

cès avait déjà été repoussé cinq

fois pour divers motifs et Adrian

Nastase est sous le coup d'autres

procédures pour corruption.

Ses avocats tentent de trouver

une porte de secours lui évitant

une incarcération: raisons médica-

les, recours en annulation, grâce

présidentielle, Cour Européenne

des Droits de l'Homme… alors que

ses détracteurs prelent d’une mas-

carade pour échapper à son sort.

La peur de la sanction

Défaite écrasante pour le Président

l

Une classe politique KO

Analyse

USL: Union Sociale Libérale, for-mée des trois partis suivants, qui se sontprésentés parfois aussi séparément:

-PSD (Parti Social-Démocrate):héritier de la nomenklatura communistereconvertie; leaders: V. Ponta (Premierministre) Ion Iliescu, Adrian Nastase.

-PC (Parti Conservateur): issudu PSD et regroupement des anciens dela Securitate.

-PNL (Parti National Libéral):héritier du grand parti libéral de l'Entre-Deux Guerres; leader: Crin Antonescu.

PD-L (Parti Démocrate-Libéral):parti soutenant le président Basescu.Leader: Emil Boc, maire de Cluj quivient de démissionner de ses fonctions auPDL, ainsi que toute la direction..

UDMR (Union Démocratique desMagyars de Roumanie): présent dans lesjudets hongrois. Leader: Marko Bela.

PCM (Parti Civique Magyar): issud'une scission de l'UDMR. Plus radical.

PP-DD (Parti du Peuple DanDiaconescu): parti ultra populiste du pro-priétaire de la chaîne de télévision OTV

Dan Diaconescu.PRM (Parti de la Grande

Roumanie): parti ultra-nationaliste dirigépar Corneliu Vadim Tudor, dont les mem-bres sont issus de l'ancien Parti commu-niste et de la Securitate.

FDGR (Forum Démocrate desAllemands de Roumanie): parti identitai-re des Allemands. Présent à Sibiu.

UNPR (Union Nationale pour leProgrès de la Roumanie) : parti du centregauche issu du PSD et du PNL, soutientTraian Basescu.

Les principaux partis en lice

Participation: 57,46 %Votants : 8.910.442, USL : 4 437 985 (49,8%), PDL:

1 362 797 (15,29%), PP-DD : 798 583 (8,96%)Nombre de mairies: 3186 USL : 1322 (+ 378) PD-L: 498, UDMR: 203Nombre de conseillers municipaux: 40 294 (PSD: 13

148, PDL: 6.354, PSD : 4.110, PNL: 3150, PP-DD: 3126)

Maires des capitales de judets:- Le PDL compte 10 maires de préfectures de judets (- 5),

le PSD 18 (+ 6), le PNL 9 (+ 2), l'UDMR (Magyars) 2 (- 1),le FGDR (Forum Démocrate des Allemands de Roumanie) 1(idem), les Indépendants 1 (Bucarest, - 1)

- PD-L: Alba Iulia, Arad, Brasov, Cluj, Piatra Neamt,Suceava, Targoviste, Târgu Mures, Tulcea, Turnu Severin

- PSD: Alexandria, Bistrita, Botosani, Buzau, Braila,Constantsa, Craiova, Focsani, Giurgiu, Iasi, Pitesti, Ploiesti,Resita, Satu Mare, Slatina, Slobozia, Târgu Jiu, Vaslui

- PNL: Bacau, Baia Mare, Calarasi, Deva, Oradea, Zalau,Timisoara, Râmnicu Vâlcea, Galati

- UDMR: Miercurea Ciuc, Sfântu Gheorghe- FDGR : Sibiu - PC : Deva- Indépendants : Bucarest

Présidents et conseils des judetsLe PSD obtient 22 présidences de conseils de judets (+ 4),

le PDL, 2 (-12), le PNL 13 (+ 8), l'UDMR, 2 (-2), le PC, 1(+1), le FDGR, 0 (- 1)

PDL: Alba, Arad PSD: Arges (Pitesti), Bacau, Bistrita-Nasaud, Braila,

Constanta, Dâmbovita (Târgoviste), Dolj (Craiova), Galati,Gorj (Târgu Jiu), Ialomita (Slobozia), Mehedinti (TurnuSeverin), Olt (Slatina), Prahova (Ploiesti), Salaj (Zalau), Sibiu,Suceava, Teleorman (Alexandria), Timis, Tulcea, Vâlcea,Vaslui, Vrancea (Focsani)

PNL: Bihor (Oradea), Botosani, Brasov, Buzau, Calarasi,Caras-Severin (Resita), Cluj, Giurgiu, Hunedoara (Deva), Iasi,Ilfov (Bucarest), Mures, Satu Mare

UDMR: Covasna (Sfantu Gheorghe), Harghita (M. Ciuc)

Plusieurs des ministres qu'ils ont nommés, notammentceux chargés de l'Enseignement, ont été invalidés pour avoirtriché afin d'obtenir leurs diplômes universitaires. Victor Pontaest lui-même mis en cause pour avoir copié sa thèse de docto-rat. Il s’oppose désormais tà ce que le chef de l'Etat représen-te le pays à l'étranger, le faisant encadré par le ministre desAffaires étrangères lors du sommet de l'OTAN à Chicago et luia dénié le droit de participer à celui de l'UE à Bruxelles.

Les "gros poissons" enfin inquiétés

Mais un coup de tonnerre… suivi d'un coup de feu a rava-gé le paysage politique, rajoutant à la confusion. Après desannées de tergiversation, de nombreuses échappatoires, et surinjonction d'une UE exaspérée, la Justice roumaine a enfin

décidé de mettre sous les verrous les "gros poissons" de la cor-ruption. L'ancien premier ministre Adrian Nastase, condamnédéfinitivement à deux ans de prison, vient d'en faire les frais eta tenté de se suicider en se tirant une balle dans la gorge, pouréviter l'incarcération. Son geste a soulevé une grande émotiondans le pays, non dénuée de scepticisme, certains y voyant làune mise en scène pour retarder l'échéance dans l'attente d'unegrâce qu'un futur Président et ami pourrait lui accorder. Dansla foulée, la Justice roumaine a également jeté en prison l'es-croc Sorin Ovidiu Vântu, proche du PSD, condamné à de mul-tiples reprises et toujours en liberté… pour raisons médicales.

Difficile dans ce contexte électoral, de ne pas y voir aussiune tentative de Traian Basescu de reprendre la main, en rap-pelant les turpitudes de ses adversaires et montrer à son opi-nion qu'il peut laver plus blanc.

Basescu, nouvelle majorité sonnée par la tentative de suicide d’Adrian Nastase

debout incapable de gouverner un pays désemparé

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Les NOUVELLES de ROUMANIE Elections locales du 10 juin Les NOUVELLES de ROUMANIE Elections locales du 10 juin

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Maires des grandes villes et conseils des judets

JUDET

ALBAAlba-Iulia

ARADArad

ARGESPitesti

BACAUBacau

BIHOROradea

BISTRITA-NASAUDBistrita

BOTOSANIBotosani

BRASOVBrasov

RESULTATS

Mircea Hava (PDL), maire sor-tant (ms), 49,61%Catalin Potor (PNL) 36,32%

Gheorghe Falca (PD-L), ms47,5% Lia Ardelean (PC) 29,08%

Tudor Pendiuc (PSD), ms69,25% Daniel Dragomir (PDL) 17,18%

Romeo Stavarache (USL), ms57,93%Dumitru Sechelariu(Indépendant) 14,09%

Ilie Bolojan (PNL), ms, 66,8% Cseke Attila (UDMR) 18,87%

Ovidiu Cretu (PSD), 47,83%Vasile Moldovan (PDL) 29,38%

Ovidiu Portariuc ( (PSD)47,27%Catalin Flutur (PDL) ms,39,99%

George Scripcaru (PDL), ms44,29%Catalin Leonte (PSD) 40,16%

PRESIDENT CONSEIL de JUDET

Ion Dumitrel (PDL), président sortant, 41,94%Conseillers: PDL 15, USL14, PPDD 3Maires: PDl 45,USL 29 PNL 12, PSD 1, UDMPR 1N. Iotcu (PDL), ps, 38 %Cons.: USL 14, PDL 13PPDD 3, UDMR 2Maires: PDL 40,USL 22,UDMR 5, PNL 5,Indep. 2

Constantin Nicolescu (USL)59,56%Cons.: USL 60,36%, PDL19,44%, PPDD 11,22%Maires: USL 65, PDL 24,PSD 4Dragos Benea ( ), ps, 56%Cons.: USL 22, PDL 7 PPDD 5, PER 2

Cornel Popa (USL) 48,37%Cons.: USL 18, UDMR 7,PDL 7, PPDD 2Maires: UDMR 24, PDL 23,PNL 22, USl 18 PSD 12,PPDD 1, PC 1Emil Radu Moldovan(PSD) 45,26%Cons.: USL 44,33%, PDL 37,58%, PPDD 6,25%Maires: PDL 26, USL 16,PSD 11Florin Turcanu (USL)51,62%Cons.: USL 18, PDL 11,PPDD 3Maires: USL 50, PDL 28

Aristotel Cancescu (PNL)ps, 46,15%Cons.: USL 44,89, PDL27,98, PPDD 6,35Maires: PDL 18, PNL 11,PSD 10

MAIRE

USL: PSD + PNL + PCPSD (Parti Social-Démocrate) PNL (Parti National Libéral)PC (Parti Conservateur)PDL (Parti Démocrate-Libéral)

UDMR (Union Dém des Magyars de Roum.) PCM (Parti Civique Magyar)PP-DD: Parti du Peuple-Dan Diaconescu PRM (Parti de la Grande Roumanie) FDGR (Forum Dém des Allemands Roum.)

PNTCD (Parti National Paysan ChrétienDémocrate)PNG-CD (Parti de la Nouvelle Génération-Chrétien Démocrate) Ind (Indépendants)

JUDET

BRAILABraila

BUZAUBuzau

CARAS-SEVERINResita

CALARASICalarasi

CLUJCluj-Napoca

CONSTANTAConstanta

COVASNASf. Gheorghe

DÂMBOVITATârgoviste

DOLJCraiova

MAIRE RESULTATSAurel Simionescu (USL), ms51%Simona Draghincescu (Indé-pendant) 17,3%

Constantin D. Boscodeala(USL), ms, 47,97%Paul Negoita (Indépendant)30,5%

Mihai Stepanescu (USL) ms64,25%Valentin Blanariu (PP-DD)16,57%

Daniel S,tefan Dragulin(PNL), 56,45%Nicolae Dragu (UNPR) ms,30%

Emil Boc (PDL), ms40,03%

Marius Nicoara (PNL) 38,97%

Radu Mazare (PSD), ms62,76%Cristian Gigi Chiru (PDL)13,49%

Antal Arpad (UDMR),79,91%Madalin Guruianu (PNL) 11%

Gabriel Boriga (PDL), ms43,90%Gabriel Grozavu (PNL)40,93%

Lia Olguta Vasilescu (PSD)45,6%Antonie Solomon (UNPR) ms40,8%

CONSEIL de JUDETBunea Stancu (USL), ps46,49%Cons.: USL 45,82%, PDL21%, PPDD 18%Maires: USL 21, PDL 13,PSD 5Marian Cristinel Bîgiu(PNL), 43,70%Cons.: USL 55,31%, PDL23,51%, PPDD 10,30%Maires: PSD 44, PNL 26,PDL 14Sorin Frunzaverde (PNL)ps, 47,8%Cons.: USL 50,4%, PDL14%, PPDD 12,48%Maires: USL 30, PNL 17,PDL 17Gh. Raducu Filipescu(PNL), ps, 51,59%Cons.: USL 50,9%, PDL28,59%, PPDD 10,47%Maires: USL 26, PDL 14,PNL 9

Horea Uioreanu (PNL),37,43%Cons.: USL 39,8%, PDL31,16, UDMR 12,72Maires: USL 33, PDL 26,UDMR 8

Nicusor D. Constantinescu(PSD), ps, 49,6%Cons.: USL 26, PDL 7,PPDD 3

Sandor Tamas (UDMR)ps, 56,69%Cons.: UDMR 54%, PPM10,65%, PSD 9,31%MairesUDMR 35, PSD 4, PPM 2

Adrian Tutuianu (USL)52,78%Cons.: USL 18, PDl 13,PPDD 3Maires: PDL 38,USl 31, PSD 19

Ion Prioteasa (PSD), ps59,20%Cons.: USL 55,65%, PDL20,14%, UNPR 12,17%, Maires: PSD 38, PDL 28,USL 23

PRESIDENT

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Elections locales du 10 juinLes NOUVELLES de ROUMANIE

76

Les NOUVELLES de ROUMANIE Elections locales du 10 juin

JUDET

GALATIGalati

GIURGIUGiurgiu

GORJTârgu Jiu

HARGHITAMiercurea Ciuc

HUNEDOARADeva

IALOMITASlobozia

IASIIasi

MARAMURESBaia Mare

MEHEDINTITurnu Severin

MAIRE CONSEIL de JUDET

Nicolae Bacalbasa (USL)58,3%Cons.: USL 22, PDL 8, PPDD 4;Maires : USL 37, PDL 10, PSD9, PNL 4, PPDD 1,PRM 1, Partides Roms "Pro Europa" 1Vasile Mustatea (PNL)55,68%Cons.: USL 65,28%, PP-DD13,95%, PDL 12,51%Maires : PNL 22, USL 12, PSD 9 Ion Calinoiu (USL), ps58,60%Cons.: USL 58,8%, PDL16,86%, PP-DD 13,12%Maires: USL 55, PDL 8, PP-DD 2, UNPR 2 Csaba Borboly (UDMR) ps,64,91% Cons.: UDMR 61,43%, PartiCivique Maghiar 13,27%, PartidulPopular Maghiar de Transylvanie10,60%; Maires: UDMR 51,PCM 4, USL 3 Mircea I. Molot (PNL), ps44,24% Cons.:USL 45,65%, PDL30,27%, PP-DD 11,28% Maires: USL 47, USP 16, PNL 1,PRM 1, PSD 1, Indépendants 3

Vasile Silvian Ciuperca(PSD), ps, 65,27%Cons.: USL 59,24%, PDL19,4%, PP-DD 9,58%,Maires:PSD 20, USL 20, PDL 15

Cristian Adomnitei (USL) Cons.: USL 25, PDL 7, PPDD 4

Zamfir Ciceu (USL)Cons.: USL 20, PDL + UNPR9, PP-DD 3, UDMR - 2

Adrian Duicu (USL) 45,20%Cons.: USL 46,77%, PDL39,84%, PPDD 5,84%

PRESIDENTRESULTATS

Marius Stan(PNL) 48,7%Nicusor Ciumacenco(Indépendant) 22,3%

Nicolae Barbu(Indépendant), 60,3%Lucian Iliescu (PNL) ms32%

Florin Carciumaru (PSD)ms, 72,23%Gheorghe Pecingina (PP-DD) 12,26%

Raduly Robert Kalman(UDMR) ms, 64 %

Petru Marginean (PC)52,3% Dorin Gligor (PDL) 23%

Alexandru Stoica (PSD)45 %

Gheorghe Nichita (PSD)ms, 59,4%Tudor Ciuhodaru (UNPR)14,3%

Catalin Chereches (USL),86,03%Stefan Pop (PDL) 5,41 %

Constantin Gherghe(PDL), ms, 49,9%Liviu Moisu (PP-DD)11,7%

JUDET

MURESTârgu Mures

NEAMTPiatra Neamt

OLTSlatina

PRAHOVAPloiesti

SATU MARESatu Mare

SALAJZalau

SIBIUSibiu

SUCEAVASuceava

TELEORMANAlexandria

MAIRE CONSEIL de JUDET

Ciprian Minodor Dobre(PNL) 40,64%Cons.: USL 35,27%, UDMR33,34%, PDL16,59%, Maires:USL 45, UDMR 38, PDL 10

Culita Tarata (UNPR)41,53% Cons.: USL 15, PDL 14, PPDD 5 Maires: USL 40, PDL 36, PSD 6

Paul Stanescu (PSD), ps76,44%Cons.: USL 22, PP-DD 4PDL 4, UNPR 2

Mircea Cosma (USL), ps47,66%Cons.: USL 19, PDL 13, PPDD 3Maires: USL 59, PDL 41, PP-DD 2, PER (écologistes) 1Mihai Adrian Stef (PNL)38,80%Cons.: USL 37,9%, UDMR34,19%, PDL 14,26%Maires:USL 27,UDMR 19, PDL 9 Tiberiu Marc (PSD), ps41,81%Cons.: USL 41,60%, UDMR20,86%, PDL 19,45% Maires: USL 18, UDMR 14,PDL 12

Ioan Cindrea (PSD) 36,69%Cons.: USL 13, FDGR 9PDL 7, PP-DD 3

Maires: USL 39, PDL 21FDGR 2, PP-DD 1

Catalin Ioan Nechifor (PSD)44,22%Cons.: USL 37,9%, UDMR34,19%, PDL 14,26%Maires : PDL 59, USL 46,PSD 4 Liviu Dragnea (USL), ps64,94%Cons.: USL 63,68%,PDL-PNTCD - 22,90%

PP-DD 7,23%Maires : USL 63, PDL 22 PNL 5, PSD 4, PP-DD 2

PRESIDENTRESULTATS

Dorin Florea, (PDL), ms 50,07% Gyorgy Frunda (UDMR)37,26%

Gheorghe Stefan (PDL) ms44,58%Catalin Vasile Dragusanu(PC) 38,68%

Darius Vilcov(PSD) ms69,4%Liviu Moisu (PP-DD) 11,7%

Iulian Badescu (PSD)45,13%Andrei Volosevici (PDL)43,64%

Dorel Coica (PSD), 48,28%Iuliu Ilyes (UDMR) ms37,43%

Radu Capalnasiu (PNL)58,15%, msIoan Abrudan (PDL) 13,73%

Klaus Johannis (FDGR)ms, 77,9%Dragos Floarea (PC) 9,06%

Ion Lungu (PDL) ms45,09%Alexandru Baisanu (PNL)42,65%

Victor Dragusin (PSD) ms84,38%Stelica Talpiga (PP-DD)10,48%

Page 5: Les OUVELLEs · par Corneliu Vadim Tudor, dont les mem - bres sont issus de l'ancien Parti commu-niste et de la Securitate. FDGR (Forum Démocrate des Allemands de Roumanie): parti

Elections locales du 10 juin

Ses amis l'ont baptisé Don Quichotte. Un surnom quilui va comme un gant quand on le voit briser deslances avec les requins de l'immobilier qui sévissent

à Bucarest, s'emparent de tous les emplacements où ils peu-vent élever leurs buildings, les espaces verts et demeures clas-sées passant à la trappe, enlaidissant encore plus une capitalequi a déjà beaucoup souffert par le passé. Mais Dan Nicusorn'est pas habité par la folie du héros de Cervantès. Son "petit

grain" à lui c'est son audace et son opiniâtreté. Ce qui l'a déci-dé à partir à l'assaut de la mairie de la capitale. Sans succèspuisqu'il n'a recueilli qu'un peu moins de 9% des voix, mais enespérant avoir réveillé sa société civile.

Depuis 2006, quand Dan Nicusor est devenu la figure deproue des "indignés" de la capitale, révoltés par le désastreurbanistique qui la menace, ce mathématicien de 43 ans s'at-taque à tous les "gros", affairistes, mai-res de secteurs, qui s'entendent commelarrons en foire pour faire main bassesur la ville. Il a été rejoint par desarchitectes, des sociologues, des jeu-nes, constituant une amorce de sociétécivile au sein de l'association "Salvati

Bucaresti" ("Sauvez Bucarest"). En son nom, Dan Nicusor a enta-

mé 67 procès contre la mairie ou desprojets défigurant la capitale. Il en agagné 23, perdu 7, les autres étant eninstance de jugement. Autant dire quecet empêcheur de tourner en rond n'estpas apprécié par les promoteurs et l'ad-ministration municipale, obligés derefaire leurs plans.

Mais les résultats sont là."Salavati Bucurestiul" a empêché ladestruction de 7 hectares d'espacesverts du parc Tineretului, d'édificesclassés chaussée Kissileff, fait stopperla construction d'un immeuble de 13étages du centre-ville qui menaçait unevieille église. Sa plus belle victoire est cependant, en 2009,d'avoir obtenu du parlement une réglementation de l'urbanis-me qui ne permet plus de faire n'importe quoi et limitant la

hauteur des buildings… à la grande fureur de nombreux mai-res qui ont vu de juteuses affaires leur passer sous le nez.

Actuellement, l'association se bat pour empêcher que leplus grand mall (centre commercial à l'américaine) d'Europe,dévoreur d'espaces verts, ne voit le jour. Grâce à elle, lesBucarestois ont découvert les mérites de l'action civique et,dès qu'ils ont un problème relevant de son domaine, certainsn'hésitent pas à faire appel à ses services. D'ailleurs, ils peu-vent lui être reconnaissants à un autre titre: en gagnant un pro-cès contre des promoteurs, "Salvati Bucurestiul" a épargné à lamairie de la capitale de leur verser 20 millions d'euros de dom-mages et intérêts à la suite de l'annulation de leurs projets.

Elève de l'Ecole Normale Supérieure et docteur en mathématiques à Paris XIII

Dan Nicusor a basculé dans l'en-gagement civique à son retour deFrance, en 1998. Ce natif de Fagaras,ne parlant pratiquement pas un mot defrançais, avait décroché, un peu parhasard, une bourse pour l'EcoleNormale Supérieure de Paris. Il reste-ra six ans en France obtenant un doc-torat en mathématiques à Paris XIII ets'activant auprès de ses compatriotespour qu'ils s'investissent dans la viedémocratique.

S'abstenant pendant plusieursannées d'entrer dans le jeu politique,pour se consacrer à sauvegarder lecadre de vie de la capitale roumaine,le mathématicien se rendra comptefinalement que les politiciens profi-taient de sa naïveté, comme lors desélections de 2008 où ils s'étaient tousengagés à faire voter une réglementa-tion de l'urbanisme à Bucarest, pro-messe non tenue bien sûr. Cette dés-

illusion l'a amené à présenter sa candidature au poste de mairegénéral de la capitale, le 10 juin dernier, en tant que candidatindépendant. (suite page 10)

Les NOUVELLES de ROUMANIELes NOUVELLES de ROUMANIE

8

Elections locales du 10 juin

De la société juste à l'arnaqueJUDET

TIMISTimisoara

TULCEATulcea

VASLUIVaslui

VÂLCEARâmnicuVâlcea

VRANCEAFocsani

ILFOVBucarest

MAIRE CONSEIL de JUDET

Titu Bojin (PSD) 47,61%Cons.: USL 46,66%, PDL25,76%, PP-DD 9,35%Maires: USL 56, PDL 35,UDMR 3, Union pour Timis2, PP-DD 2

Horia Teodorescu (USL)Cons.: USL 16, PDL 11, PP-DD 3 Maires: USL 29, PDL 17,PSD 2 Dumitru Buzatu (PSD)57,07%Cons.: USL 37,9%, UDMR34,19%, PDL 14,26%Maires: USL 53, UNPR 11,PSD 9

Ion Cîlea (PSD), ps 69,08% Cons.: USL 22, PDL 6,PPDD 3, UNPR 2Maires: USL 77, PDL 8,UNPR 2

Marian Oprisan (USL), ps69,08%, Cons.: USL 21, PDL 6, PP-DD 4 Maires: USL 60, PDL 9,Indépendants 4

Marian Petrache (PNL)67,27 %Cons.: USL : 37, PDL, 11,PP-DD 7

PRESIDENTRESULTATS

Nicolae Robu (PNL) 49,76%Adrian Orza (PNTCD) 23,39%

Constantin Hogea (PD-L) ms52,95%Trifon Belacurencu (PSD)30,2%

Vasile Paval (PSD) ms, 79,3%Marius Arcaleanu (PDL) 8%

Emilian Frâncu (PNL) 39,6%Romeo Radulescu (PDL) 24,1%

Bacinschi Decebal Gabriel, ms(USL) - 53,97 %Alin Trasculescu (PDL) 21,26 %

Sorin Oprescu (indep., ms)54,79%, Silviu Prigoana (PNL) 17,12%

Sector 1Andrei Chiliman(PNL), ms74,20%USL: 19PDL: 5PP DD: 3

Sector 5Marian Vanghelie(USL) ms54,83%USL: 18PDL: 5PP DD: 4

Sector 6Rares Manescu(USL), 49,97% USL 11 conseillersPDL: 6PP DD: 3

Sector 3Robert Negoita (USL), 56,53%USL: 20PDL: 7PP DD: 4

Sector 2Neculai Ontanu(UNPR), ms47,21%USL: 14PDL: 5UNPR: 5PP DD: 3

Sector 4Cristian PopescuPiedone (USL) ms80,69%USL: 20PDL: 5PP DD: 4

Candidats

9

Deux personnages, opposés à l'extrême, ont marqué les élections loca-les. L'un, Dan Nicusor, candidat indépendant à la mairie de Bucarest, unpeu rêveur mais opiniâtre, se bat depuis plusieurs années contre la cor-ruption, la spéculation immobilière qui sévissent dans la capitale, avectoutes les injustices qu'elles entraînent. L'autre, Dan Diaconescu, jeuneloup sans scrupules et aux dents longues, propriétaire d'une chaîne detélévision à scandale, a patronné les candidats de son propre parti, le PPDD (Parti du Peuple - Dan Diaconescu), ne se présentant pas lui-même, seréservant pour les élections nationales. Ses propositions démagogues ontdépassé tout ce que les Roumains avaient pu entendre jusqu'ici. Tous lesdeux ont obtenu le même score: entre 8 et 9 % des suffrages.

Don Quichotte à l'assaut des requins de l'immobilier de la capitale

Dan Nicusor en campagne

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Elections locales du 10 juin

Maintenant, Diaconescu ne peut plus être traité avec lafacilité avec laquelle il l'était quelques années auparavant. Dela tribune du "Parti du peuple" se déverse un nationalismedément, des vagues d'injures et de calomnies abjectes à l'adres-se de ses adversaires réels ou imaginaires, mais tout cela, aulieu de révolter, semble plaire à une bonne partie de la popula-tion. L'ascension de Diaconescu rappelle celle de CorneliuVadim Tudor (leader du Parti de la Grande Roumanie, "frère"

de Le Pen et aujourd'hui député européen) arrivé au secondtour de l'élection présidentielle en l'an 2000. Mais on ne peutcomparer entièrement les deux cas. Dan Diaconescu est enmême temps la création d'une partie importante de l'électorat,

généralement inculte et frustrée, mais aussi celle d'une classepolitique qui a encouragé le patron d'OTV, espérant récolter aumoins quelques miettes de son succès.

Lors des dernières élections, Dan Diaconescu a promistout à la fois une maison ou un appartement à tous ceux quin'ont pas de logement… commençant à en distribuer deux outrois, sur ses propres sous, devant les caméras de la télévision.Chaque Roumain devait recevoir 20 000 euros, pris sur "les

richesses nationales" pour refaire sa vie… et, si son parti rem-portait le poste de maire de la capitale, les Bucarestois étaientassurés, dès le lendemain matin d'utiliser gratuitement lemétro.

Les NOUVELLES de ROUMANIE

1110

Les NOUVELLES de ROUMANIEElections locales du 10 juin

Fort de la propagande orchestrée par sa chaîne de télévision à scandale OTV etd'une intense campagne à travers tout le pays, chaque commune étant bariolée deses banderoles, Dan Diaconescu - qui ne se présentait pas personnellement, se réser-vant pour les échéances nationales - et son parti, le PPDD (Parti du Peuple DanDiaconescu) espéraient terminer en troisième position, derrière les inaccessiblesPSD et PNL, mais devant le PDL de Basescu. Peu avant le scrutin, les intentions devote en leur faveur se situaient entre 12 et 14 %. La formation du charlatan, arri-vée quatrième, a dû se contenter finalement de 9,21 % et 845 000 voix à travers lepays, enregistrant cependant l'élection de 3126 conseillers municipaux.

S'il n'existait pas déjà, il est certain que quelqu'un inventerait une formationavec les aspirations et le profil du PPDD (Parti du Peuple -Dan Diconescu),qui se déclare centriste, créé en 2011 par Dan Diaconescu. Cette formation

politique du patron d'OTV, chaîne de télévision privée, est très en vogue en Roumanie.Mais qui sont les leaders du PPDD? Il s'agit essentiellement d'hommes d'affaires dou-teux, de fonctionnaires malhonnêtes, carriéristes notoires ou personnages mondains.

Tout à l'image de Diaconescu, qui a construit sa fortune à partir d'OTV, chaîne spé-cialisée dans le chantage, menaçantcontre espèces trébuchantes quiconquea une dimension médiatique de révélerses turpitudes. Cela a marché et plait,même si sa télé a été interdite de diffu-sion à dix jours des élections locales.Son patron ne s'est pas présenté lui-même, mais des banderoles vantant lemérite de ses candidats barraient l'en-trée de toutes les communes importan-tes du pays. Le "patron", lui, se réser-vait pour les élections générales de l'au-tomne pour se préserver par une immu-nité parlementaire de tous les procèsqui le menacent, et surtout en vue de la

présidentielle de fin 2014.Comment expliquer toutefois l'ascension de son parti ? Pour répondre à cette ques-

tion, il faut se souvenir des mots même de Dan Diaconescu. En 2009, dans une interviewaccordée au quotidien Gandul, le patron d'OTV avait été prié d'expliquer le succès de sonémission: Oglinda TV (Miroir TV). Il affirmait que, en général, il essayait d'attirer desgens qui font de l'Audimat. "Définissez ces gens...", a demandé le journaliste, "qui gesti-

culent, crient, parlent grossièrement et font des fautes, dans lesquels les téléspectateurs

se reconnaissent", a répondu Diaconescu, expliquant que "en général, ce sont ceux qui

gagnent les élections en Roumanie, ceux qui s'érigent en tant que leaders d'opinion ou

analystes, ceux qui ont prétendument quelque chose à dire dans ce pays”. Et il est vraique dans ce registre, au fil des années, le studio TV de Diaconescu a vu défiler des per-sonnages de premier ordre, comme le président Traian Basescu, le maire de Bucarest,Sorin Oprescu, Victor Ponta, le nouveau premier ministre, Silviu Prigoana (le candidatPDL pour la mairie de la capitale) ou l'ancienne ministre du Tourisme, Elena Udrea.

Le fruit d'un électorat inculte, frustré… et de calculs politiques

Et, avec le temps, porté par l'amour public dont il a été entouré, tant par les téléspec-tateurs que par les invités, Dan Diaconescu s'est transformé en un monstre politique. Sonarrestation pour extorsion de fonds en 2010 ne fut qu'un épisode dans sa carrière, ce qui,considéré avec recul, semble avoir eu comme seul effet de renforcer son image de mar-tyr du peuple.

Course contre la montre

La démarche n'a pas été facile

car tout est fait dans le code électo-

ral pour favoriser les grands partis.

Dan Nicusor devait recueillir 36 000

signatures dans les 40 jours précé-

dant la clôture du dépôt des candida-

tures. A deux semaines de l'échéan-

ce, il lui en manquait encore 18 000.

La société civile, notamment les jeu-

nes, se sont mobilisés. 16 formations

musicales ont organisé un concert

géant gratuit dans le parc Carol, un

samedi, réunissant 10 000 person-

nes et collectant 6000 signatures.

Le jeudi 26 avril, dernier jour autori-

sé, un ultime appel a permis d'en

recueillir 10 000 autres. D'immenses

queues se pressaient dans les points

de collecte. Du jamais vu… depuis

Ceausescu ! Au total, 53 000

Bucarestois se sont engagés pour

Dan Nicusor. Un mouvement civique

à la suite d'un combat électoral qui

prenait ainsi valeur pour l'avenir.

Même si, finalement, il n'a pas

réussi à enlever la mairie de

Bucarest, le candidat, élu conseiller

municipal devrait avoir désormais

accès aux dossiers de la mairie, s'é-

tant toujours insurgé contre l'absen-

ce totale de transparence, permet-

tant aux élus de "voler en toute

impunité". Jusqu'ici Dan Nicusor

devait acter en justice pour les

consulter. Mais, malgré son résultat,

on lui conteste ce droit en jouant sur

son statut de candidat indépen-

dant… dont le score devrait être 2 à

3 fois plus élevés que celui de son

concurrent présenté par un parti. Un

nouveau procès en vue… et de nou-

velles lances à briser pour Don

Quichotte ?

(suite de la page 9)

"pour refaire sa vie" et un logement offert à ceux qui n'en n'ont pas...Métro gratuit, 20 000 euros à tous

Dan Diaconescu n'a pas

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BUCAREST

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Candidats

hésité à se payer la tête de ses concitoyens

Fin avril, 235 députés ont votéla motion renversant le gou-vernement Ungureanu, soit

quatre voix de plus que nécessaire.L'opposition a reçu le renfort d'une dizai-ne de députés du PDL, (formation soute-nant Traian Basescu), membres de lacoalition gouvernementale. Au-delà deces défections d'élus soucieux de s'assu-rer un nouveau mandat lors des électionsparlementaires de novembre prochain, lefond du problème était la politique d'aus-térité menée par les autorités pour faireface à la crise économique .

Si celle-ci a évité à la Roumanie unscénario à la grecque, la bataille est loind'être gagnée, les socialistes roumainsayant parlé de tout sauf de cette perspec-tive. "Nous espérons que la Roumanie

respectera ses engagements vis-à-vis de

ses partenaires internationaux, a indiquéle FMI dans un communiqué rendupublic après la chute du gouvernementUngureanu. Une politique macroécono-

mique prudente et des réformes structu-

relles restent essentielles pour assurer

une croissance économique à long

terme". Reste à savoir si le chef du nou-veau gouvernement roumain entendra cesavertissements.

Car la chute d'Ungureanu est interve-nue en pleine mission d'évaluation du

Fonds monétaire international et del'Union européenne, alors que Bucarests'était engagé à privatiser plusieurs com-pagnies énergétiques afin d'attirer descapitaux pour leur modernisation, desréformes justement critiquées par VictorPonta et ses amis, alors dans l'opposition.

La motion de censure adoptée accu-sait le gouvernement d'avoir favorisé lesmaires appartenant aux partis au pouvoirdans l'allocation des fonds publics à l'ap-proche des élections locales du 10 juin.Elle critiquait également le "manque de

transparence" dans la concession de plu-sieurs périmètres au groupe américainChevron en vue d'exploiter des réservesde gaz de schiste, ainsi que la gestion duprojet de privatisation d'une mine de cui-vre.

Victor Ponta, nouveau Premierministre, ambitieux et pressé

Juriste de formation et procureur jus-qu'en 2001, Victor Ponta (notre photo,

avec sa femme) a été l'un des plus jeunesdéputés de Roumanie. Il a brièvementoccupé à deux reprises la fonction deministre, chargé du contrôle des program-mes européens en 2004, puis des relationsavec le Parlement en 2008. En 2001,Adrian Nastase alors Premier ministre,

condamné à deux ans de prison ferme enjanvier dernier pour corruption… luiavait proposé le poste de chef du départe-ment anticorruption du gouvernement,poste qu'il occupera pendant quatre ans.

Chef du parti social-démocratedepuis deux ans, Victor Ponta a créé enfévrier 2011 l'Union sociale-libérale, unealliance politique qui s'est donné commeprincipal objectif de faire tomber le prési-dent Basescu, quitte à en passer par sadestitution.

Admirateur de Che Guevara, VictorPonta, père de deux enfants, aime labonne chère, les vacances à Dubaï et lesrallyes, qui lui ont valu plusieurs scanda-les dans la presse locale. Considérécomme un jeune loup de la politique, par-ticulièrement ambitieux, il est marié avecla fille d'un baron de l'ex PSD de IonIliescu, Daciana Sîrbu, 35 ans, eurodépu-tée élevée dans le sérail.

Le Premier ministre renversé par une motion de censure

Mihai Razvan Ungureanu : trois petits mois… et puis s'en va

A peine trois mois après la mise en place de son gouvernement, le Premier ministre Mihai Razvan Ungureanu a étérenversé par une motion de censure, fin avril. Le président Basescu a été contraint de faire appel à l'opposition pour le rem-placer. C'est le jeune Victor Ponta, 39 ans, chef de file du PSD (socialistes) et vice-président de l'USL (alliance avec les libé-raux de Crin Antonescu), qui a été appelé à lui succéder à quelques mois des élections législatives prévues en novembre.

Accusé de chantage auprès de personnalités, en utilisant sa chaîne de télévision OTV,

Dan Diaconescu a déjà été arrêté pour 24 heures, se servant de cet épisode pour

soigner sa popularité auprès des téléspectateurs.Accusé de chan

tage auprès de

Crise politique

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ActualitéLes NOUVELLES de ROUMANIE

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Les NOUVELLES de ROUMANIE Actualité

En moins d'un mois, une professeur émérite proposée au poste de ministre etun ministre de l'Education ont été accusés de faux ou de plagiat. Ces accusationsau plus haut niveau jettent à nouveau le trouble sur l'ensemble du système d'en-seignement. D’autant plus que le nouveauPremier ministre, Victor Ponta, vient d’êtreaccusé à son tour de tricherie.

Les ministres n'ont désormais qu'àbien se tenir, leur CV sera systéma-tiquement passé à la loupe. "Il sem-

ble qu'il y ait une chaise électrique au ministè-

re de l'Education", déclarait le Premier minist-re Victor Ponta le jour de la démission de sonministre de l'Education, Ioan Mang, le mardi15 mai. Accusé d'avoir plagié plusieurs articlesscientifiques, sa réputation de brillant universi-taire a été définitivement entachée par cessuspicions. Celles-ci ont été confirmées par deschercheurs japonais, taïwanais et israéliens spécialisés en informatique, qui ont confiéà la presse roumaine avoir reconnu des passages entiers de leurs travaux dans des arti-cles publiés par Mang. Même s'il s'agit d'"attaque politique" pour le principal intéres-sé, le mal est fait. Mang est désormais surnommé le ministre "copier-coller".

Nommée par Victor Ponta dans sa première liste ministérielle puis écartée, CorinaDumitrescu a elle aussi été montrée du doigt pour le même genre de "mauvais compor-

tement". Recteur de l'université privée Dimitrie Cantemir et représentante de la sociétécivile auprès du Conseil supérieur de la magistrature, la presse a mis en relief des fau-tes d'orthographes dans son CV, et surtout un diplôme fictif de l'université de Stanford- Corina Dumitrescu assurant de son côté qu'elle y a bien suivi des "cours". Avec sonmari, elle avait déjà été accusée de plagiat quelques années auparavant.

Le Premier ministre à son tour soupçonné

Mais voilà, qu'à sont tour, le Premier ministre est lui aussi accusé par le journalallemand Frankfurter Allgemeine ainsi que le magazine américain Nature d'avoir pla-gié près de la moitié des pages de son doctorat sur la Cour pénale internationale, publiéen 2003, empruntées aux professeurs de droit Dumitru Diaconu et Vasile Cretu. Ce quel'intéressé dément, parlant d'une cabale politique montée par le Président Basescu. Maisvoilà qui la fiche plutôt mal.Depuis 2003, neuf ministres se sont succédés au portefeuille de l'Education, un par anen moyenne. L’'Education se trouve depuis quelques années dans une continuelle réfor-me. Chaque ministre souhaite modifier le système selon sa propre vision, imposant pra-tiquement tous les ans des changements profonds aux élèves. Et comme si cela ne suf-fisait pas, c'est aussi dans ce domaine que le problème du plagiat est le plus présent.

Il touche l'ensemble de l'éducation roumaine et particulièrement les "fabriques à

diplômes" que représentent beaucoup d'universités privées, estime le sociologue MirceaKivu: "En engageant de nombreux politiciens à professer dans leurs universités pour

obtenir les agréments nécessaires, et en leur offrant de gros salaires, les directeurs de

ces universités ont des soutiens au niveau politique et gardent un levier de pression".

A noter que selon l'Institut national de la statistique (INS), plus de 40% des étu-diants roumains étaient inscrits dans des universités privées pendant l'année universi-taire 2009-2010, les plus laxistes. Et cette proportion serait en augmentation.

Jonas Mercier (www.lepetitjournal.com/Bucarest)

L'ancien ministre de l'Agriculture,

Ioan Muresan, a été condamné à

sept ans de prison ferme par la

Haute cour de justice pour détourne-

ment d'argent public. Les cinq juges

en charge du procès ont ainsi confir-

mé en appel une condamnation pro-

noncée en avril 2011. Membre du

gouvernement de centre-droit au

pouvoir entre 1996 et 2000, Muresan

avait été le premier ex-ministre post-

communiste condamné par la justice

roumaine en 2011 après huit ans de

procédures. Deux autres hauts fonc-

tionnaires du ministère ont été

condamnés dans le même dossier.

Ils ont été accusés d'avoir provoqué

un préjudice d'environ 29,5 milliards

de lei à l'Etat, soit plus de 6,6

millions d'euros.

Sept ans de prisonpour l'ancien ministre

Le nouveau gouvernementDeux démissions en moins d'un mois

Le gouvernement Ponta a été investi par le Parlement le 7 mai par 284 voix. Il comprend 20 membres dont 8 PSD (ycompris le Premier ministre), 9 PNL, 2 indépendants, 1 PC et, au total, 2 femmes. Il faut noter, qu'après la démissionen moins d'un mois, à la suite de scandales, de deux ministres de l'Education nationale, pressenti ou nommé, ce poste

est occupé provisoirement par Liviu Marian Pop, également ministre pour le dialogue social.

Les ministres "copier-coller"

qui déconsidèrent l'enseignement

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Sur ordre de Victor Ponta, le nouveau ministre des Affaires étrangères,Andrei Marga, a été envoyé aux côtés du Président Basescu au sommet del'OTAN de Chicago, à la mi-mai, pour l’encadrer. Le premier ministre a

fait ensuite voter dans la foulée, par le Parlement, une motion lui reconnaissant ledroit de représenter son pays à l’étranger et lors des sommets des chefs d’Etat et degouvernement, humiliant encore plus Traian Basescu, auquel il voue une haine féro-ce et qu’il espère bien faire destituer après les élections parlementaires de l’automneprochain. Mi-juin, le Chef de l’Etat ne figurait toujours pas sur la liste de la déléga-tion représentant la Roumanie au Conseil européen du 28 juin, envoyée à Bruxelles.

OTAN et UE : couac au sommet de l'Etat

Ioan Mang, pris la main dans le sac, a dû abandonner sa fonction

de ministre de l'Enseignement.

928 Français sur 1908 électeurs

inscrits (49,8 %) sur les listes électora-

les de l'ambassade de France en

Roumanie ont voté, lors du second

tour de la présidentielle française.

Suffrages exprimés: 908, Nicolas

Sarkozy: 580 (63,9 %), François

Hollande: 328 (36,1 %).

Au premier tour, les résultats

avaient été les suivants: 850 votants

(44,5 %)

Suffrages exprimés : 842,

1.Nicolas Sarkozy : 403, 2.François

Hollande : 178, 3.François Bayrou :

109, 4.Jean-Luc Mélenchon : 52,

5.Martine Le Pen: 46, 6.Eva Joly : 39,

7.Nicolas Dupont-Aignan : 7, 8.Philipe

Poutou : 4, 9.Jacques Cheminade : 3,

10.Nathalie Arthaud : 1.

Présidentielles françaises en Roumanie

Crise politique Politique

Victor PontaPremeir ministre

Victor Paul Dobre,PNL, ministre de

l'Administration, 61ans, ancien ministre

Daniel Chitoiu, PNL,ministre de

l'Economie, 47 ans,économiste

Florin Georgescu,PSD, ministre des

Finances, vice premier ministre, 59ans, ancien ministre

sous Ion Iliescu.

Mariana Câmpeanu,PNL, ministre du

Travail, 64 ans,ancien ministre

Liviu Marian Pop,Indép., ministre pourle dialogue social, et

ministre intérimairede l'Education

nationale, 38 ans.

Eduard Hellvig,PNL, ministre du

Développement etdu Tourisme, 38 ans

Ovidiu Silaghi, PNL,ministre des

Transports, 51 ans,ancien ministre

Daniel Constantin,PC, ministre de

l'Agriculture, 34 ans

Rovana Plumb, PSD,ministre de l'environ-

nement, 52 ans,ancien ministre

Vasile Cepoi, PSD,ministre de la Santé,

ancien ministre

Titus Corlatean,PSD, ministre de la

Justice, 44 ans, juriste

Andrei Marga, PNL,ministre des Affairesétrangères, 66 ans,

ancien ministre

Corneliu Dobritoiu,PNL, ministre de la

Défense, 57 ans,ancien ministre

Dan Nica, PSD,ministre des

communications, 60 ans,

ancien ministre

Leonard Orban(indép.): ministre

des Affaires Europé-ennes (secrétaire

d'Etat sortant), 51 ans, né à Brasov

Mircea Dusa, PSD,ministre délégué aux

relations avec leParlement, 57 ans

Lucian Isar, PNL,ministre délégués

aux affaires écono-miques, 35 ans

Ioan Rus, PSD,ministre de l'Intérieur,

57 ans, ancien ministre

Puiu Hasotti, PNL, ministre de la

culture, 59 ans

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Actualité

En 2008, le géant finlandais de la téléphonie mobile,Nokia, a décidé de fermer l'usine allemande deBochum pour s'implanter à Jucu. Les paysans se

sont réjouis de cet investissement de 60 millions d'euros et des2 000 emplois créés dans la région, alors que la chute du régi-me communiste en 1989 et la transition chaotique des années1990 avaient anéanti le tissu industriel de la région. Mais dèsla fin 2011, Nokia pliait bagages pour déménager au Vietnam,main-d'oeuvre moins chère oblige.

"Nokia a fait un gros coup, lance Vladimir Margineanu,

conseiller à la mairie de Jucu. Ils ont amassé un profit énor-

me et ils sont partis. C'est dommage"; Mais, depuis février, lespaysans de Jucu reprennent espoir.Ils croyaient avoir tout perdu, per-suadés que l'Asie, avec sa main-d'oeuvre bon marché, allait continuerà attirer les capitaux occidentaux.

Quelques mois après le départ deNokia, le village de Jucu a reçu unebouffée d'oxygène inespérée. Le 25janvier, l'entreprise italienne d'élec-troménager De'Longhi annonçait sa décision de récupérer lafabrique de Nokia pour s'y implanter. "La future usine est la

clé de notre stratégie de développement dans une période de

croissance accélérée, assure un communiqué. Cette nouvelle

plate-forme permettra de ramener notre structure de produc-

tion d'Extrême-Orient en Europe".

L'Asie intéressée parles bas salaires de l'Europe de l'Est

De'Longhi s'apprête ainsi à investir 30 millions d'euros àJucu, et les autorités locales prévoient entre 600 et 1 000 nou-veaux emplois. "De'Longhi aura besoin de plusieurs fournis-

seurs qu'on espère trouver dans notre région", affirme ViorelGavrea, directeur du parc industriel Tetarom qui a accueillil'ancienne usine de Nokia.

"En Roumanie, ces dernières années, les salaires ont sta-

gné ou même baissé, explique l'analyste économique Mihai

Mindrutiu. En Chine par contre, ils continuent à augmenter.

La production de marchandises aussi loin ne se justifie plus. Il

est maintenant plus simple de produire au sein de l'Union

européenne".

L'implantation de De'Longhi à Jucu a donné des idées àd'autres. Bosch a confirmé, lui aussi, sa décision de construireune usine dans les champs de Jucu. L'entreprise allemandenégocie l'achat d'une surface de vingt hectares pour y construi-re une de ses futures usines. Un bon choix, car le prix du ter-rain en Roumanie (2 000 euros l'hectare) est actuellement leplus bas de l'Union Européenne.

Bosch va investir 77 millions d'euros dans son entrepriseroumaine qui devrait créer plusieurs milliers d'emplois.

"L'arrivée de De'Longhi et de Bosch

n'est que le début. Nous sommes en

négociation avec d'autres entreprises

qui veulent investir dans notre

région", assure Victor Popa, porte-parole du Conseil départemental deCluj, la ville voisine de Jucu.

Le nom de Tata Motors revientsans cesse. Le constructeur automo-

bile indien voudrait investir dans le futur pôle industriel deCluj, attiré par le bas niveau des salaires, à environ 200 euros.

De plus en plus d'entreprises asiatiques s'intéressent auxmarchés émergents de l'Europe de l'Est pour écouler leur pro-duction en Europe. C'est dans cette perspective qu'en février,le constructeur automobile chinois Great Wall Motors a ouvertune usine d'assemblage à Bahovitsa, un village au nord de laBulgarie voisine. "La Bulgarie est devenue notre base de pro-

duction de voitures en Europe", a déclaré le PDG chinoisWang Feng Ying lors de l'inauguration du site.

Dans la ville de Cluj, les autorités locales accélèrent lamodernisation des infrastructures locales pour attirer d'autresinvestissements. Le petit aéroport met en place une nouvellepiste pour accueillir les vols internationaux de plus en plusnombreux. Une autoroute en construction devrait relier la villeau réseau d'autoroutes européennes et faciliter le transport desmarchandises en direction de l'Europe de l'Ouest. A Jucu, lespaysans ont à nouveau le sourire.

Mirel Bran (Le Monde)

Les NOUVELLES de ROUMANIE

1514

Les NOUVELLES de ROUMANIE Actualité

Le parlement a adopté fin mai le projet de loi soutenu par la nouvelle majoritépour la mise en place d'un système électoral uninominal. Mais cette loi, votée à sixmois des prochaines élections législatives, suscite bien des critiques de la part de lasociété civile.

La loi prévoyant la mise en place du système de vote uninominal majoritaire àun tour était voulue depuis longtemps par le Premier ministre Victor Ponta.La Chambre des députés l'a adoptée à 180 votes "pour", 30 "contre" et 26

abstentions. Auparavant, les parlementaires étaient élus par un vote uninominal mixte,soit un système électoral à la proportionnelle; les députés étaient choisis parmi tous lespartis ayant dépassé le seuil électoral de 5% du total des suffrages exprimés. Cette modi-fication de la loi prévoit la suppression de ce seuil électoral, et c'est le candidat avec leplus grand nombre de voix, par une majorité relative ou absolue, qui obtiendra tous lesmandats en jeu dans sa circonscription. Les autres candidats qui auront moins de votesque lui ne seront pas représentés, même si leur nombre total de voix dépasse la moitié"plus un" des suffrages exprimés.

L'UDMR (parti de la minorité hongroise) s'est quant à lui abstenu de voter ; pour sonprésident, Kelemen Hunor, "cette modification de la loi électorale va détruire le systè-

me politique et électoral". La nouvelle loi électorale prévoit également que les départe-ments où les minorités nationales représentent plus de 7% de la population au dernierrecensement auront un représentant de plus à la Chambre des députés. Les députés ontpar ailleurs rejeté l'amendement proposé par le PDL (Parti démocrate libéral, opposition)prévoyant la réduction du nombre de députés à 300.

Les grands partis avantagés

Lors du débat, des dizaines de représentants d'ONG dont Ecopolis, "Cere" ou APA-DOR-CH, ont manifesté sous le balcon du Parlement. "Nous voulons la démocratie réel-

le maintenant", "Nous serons

beaucoup dans notre grande

minorité", pouvait-on lire surleurs pancartes. En effet, cer-taines ONG sont préoccupéesdes effets négatifs que pourraitavoir cette loi, à savoir lemanque de représentation.

Selon Cristian Pârvulescu,président de l'association ProDemocratia, "l'article 62 de la

Constitution, indiquant que le

Parlement est représentatif du

peuple, est enfreint par la nouvelle loi. Ce système est inégal car ceux qui n'ont pas voté

pour le gagnant ne seront pas représentés. Les gens iront voter, ils choisiront quelqu'un

et puis au final ils ne seront pas représentés du tout". De son côté, Crin Antonescu, lea-der du Parti national libéral, a soutenu que la loi n'était en aucun cas anti-démocratique,anti-constitutionnelle ou non représentative. Il a d'ailleurs pris l'exemple de la Grande-Bretagne où "personne ne remet en doute la solidité de sa démocratie".

Néanmoins, cette loi serait surtout avantageuse pour les grands partis, à l'image pré-cisément des dernières élections législatives britanniques de 2010 où le Parti conserva-teur a obtenu 36% des votes et a gagné 47% des mandats parlementaires. Quoi qu'il ensoit, en attendant les prochaines élections législatives d'automne, la loi doit être validéepar le Conseil constitutionnel et promulguée par le président.

Julia Beurq (www.lepetitjournal.com/Bucarest)

Instauration du système de vote uninominal majoritaire à un tour

La Cour européenne des droits

de l'homme (CEDH) a condamné la

Roumanie à verser 60 000 euros en

dédommagement du préjudice moral

subi par les familles de deux jeunes,

tués lors des "minériades" de 1991.

Aurica Crainiceanu, 27 ans, et

Andrei Frumusanu, 24 ans, avaient

été tués par balles le 25 septembre

1991. Plus de vingt ans après les

faits, l'enquête n'a toujours pas été

finalisée, motif pour lequel la CEDH

a décidé de condamner la

Roumanie. En 2003, le Parquet mili-

taire avait informé les familles des

deux victimes que les accusations à

l'encontre d'un major soupçonné d'a-

voir tiré sur les deux jeunes gens

étaient levées et le dossier refermé,

avant qu'il ne le rouvre fin 2011. La

Roumanie a également été condam-

née par la CEDH pour la non-résolu-

tion des crimes de la révolution de

1989.

Bucarest condamnépour les Minériades

Le traumatisme du départ de Nokia au Vietnam en passe d'être surmontéPolitique

Les paysans de Jucu voient revenir les investisseursLes candidats arrivés en tête rafleront tout

n

BUCAREST

ORADEA

SATU MAREl

TIMISOARA

ARAD

lIASI

BRASOV

CONSTANTA

CLUJ

BRAILAl

l

l

l

l

SUCEAVA

l

PITESTI

l

TARGOVISTEl

VASLUIBACAU

CRAIOVA

TULCEA

l

l

l

l

GIURGIU l

l

l

Selon le rapport "Freedom of the

Press 2012 : A Global Survey of

Media Independence", la Roumanie

occupe la 86ème place sur 197 pays

analysés sur la liberté de la presse.

Au même niveau, plus ou moins, on

retrouve la République dominicaine,

l'Italie, la Bulgarie, la Serbie, la répu-

blique de Moldavie et la Hongrie.

Selon cette étude, la Roumanie

occupe la treizième place dans le

classement des pays d'Europe cen-

trale et de l'Est; l'Estonie, la

République Tchèque, la Slovaquie, la

Lituanie, la Pologne, la Slovénie et la

Lettonie étant considérés comme

ayant une presse libre.

Liberté de la presselaissant à désirer

Economie

Metrorex a annoncé la cons-truction d'une sixièmeligne de métro, permettant

de rejoindre l'aéroport international HenriCoanda d'Otopeni à Bucarest. Elle s'éten-dra sur 14 kilomètres et ses 12 stationsporteront le nom des grandes capitales

internationales. Sa première station serareliée à la ligne 4 qui joint la Gare duNord au quartier du 1er Mai.

L'appel d'offres aura lieu en septem-bre et les travaux d'une durée approxima-tive de cinq ans commenceront en 2013.La valeur estimée des investissements est

de 1,05 milliard d'euros. Ces travauxseront financés par un crédit de320 millions d'euros, accordé par le gou-vernement japonais, par l'intermédiairede l'Agence japonaise de coopérationinternationale (JICA) qui a réalisé l'étudede faisabilité.

Le métro jusqu'à Otopeni en 2018

Sur les routes défoncées, on croise encore des carrioles à cheval. Avec ses maisons modestes, le village de Jucu, au nord-ouest de la Roumanie, semble figé dans le temps. Pourtant, derrière l'image de ce patelin de la Roumanie profonde se joueun véritable ballet de capitaux étrangers.

JUCUl

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ActualitéLes NOUVELLES de ROUMANIE

1716

Les NOUVELLES de ROUMANIE Actualité

A quelques jours près, la Roumanie et la France ont connu deux changementspolitiques majeurs, avec l'arrivée au pouvoir de dirigeants de gauche. BogdanHossu, leader du syndicat de travailleurs Cartel Alfa et syndicaliste roumain leplus influent, également membre du Bureau International du Travail, à Genève, aévoqué au cours d'un entretien avec Henri Gillet, ce que lui inspire ces tournantsqui modifient l'aspect de l'Europe.

Henri Gillet : Qu'attendez-vous du gouvernement Ponta?

Bogdan Hossu : Qu'il rétablisse le dialogue social et, par des décrets d'urgence,mette en application le code du travail négocié entre les cinq confédérations syndica-les et les quatre syndicats d'employeurs. Le gouvernement Boc s'était employé à levider de sa substance que ce soit sur les contrats collectifs, le rôle du Conseil écono-mique et social, les relations entre patrons et employés, etc.

H.G. : Quel prix ont dû payer les Roumains en cette période de crise ?

B.H. : Les Roumains gardent un souvenir amer de la potion libérale du gouverne-ment Boc. Ils ont beau-coup souffert. On a assistéà une véritable dérive versle néo-libéralisme et ons'est éloigné de l'Europesociale. La Roumanie estle seul pays à avoir appli-qué la totalité des cinqmesures d'austérité préco-nisées par le FMI : réduc-tion très forte des salaires(25 %), des pensions (15 à25 %), de l'assistancesociale, augmentation dela TVA à 24 %, réductiondes personnels et licencie-ments (350 000 postesdans la fonctionpublique). Même enGrèce, en Espagne, auPortugal, en Italie, on n'a

mis en place que 2 ou 3 de ces mesures. Cette médication a été terrible et est difficileà comprendre. Elle est profondément injuste : ainsi le régime des retraites était équili-bré jusqu'en 2008. Il n'y avait pas lieu de toucher aux pensions, mais le gouvernementa baissé la participation des employeurs, créant un déficit.

"Sur 240 propositions faites par le patronat et les syndicats

pour relancer l'économie, le gouvernement Boc en a appliqué 3"

H.G. : Quel jugement portez-vous sur le gouvernement Boc ?

B.H. : La philosophie du gouvernement Boc était de compter sur la relance écono-mique européenne pour qu'elle profite à la Roumanie, sans bouger, sans prendre demesures pour le développement. Depuis 2008, pratiquement aucune initiative n'a étéprise pour créer des emplois, booster l'économie. Patrons et syndicats ont fait 240 pro-positions en commun en ce sens. Le gouvernement Boc en a retenu 25…. et appliqué3 ! Encore l'une d'elle, l'introduction du chômage technique quand une entreprise est endifficulté, n'est-elle entrée en vigueur qu'en 2010. Entre temps, des entreprises quiauraient pu survivre ont fermé leurs portes et leurs employés perdu leur travail. En2008 et 2009, chaque année 35 000 emplois qui auraient pu être sauvés ont été détruits.

Une absorption en proportion de

60% des fonds européens se traduirait

par une avancée annuelle de 3,6% du

Produit intérieur brut (PIB), selon le

Centre roumain des politiques euro-

péennes (CRPE) qui a calculé l'impact

des fonds structuraux sur l'économie

pour les années à venir. Si la

Roumanie absorbait intégralement les

fonds qui lui sont alloués, elle verrait

son PIB augmenter de 4%. Et si ce

scénario s'avérait, cela permettrait

également la création de 20 000

emplois par an. Mais sans les fonds

européens, la Roumanie ne peut

espérer une augmentation de son PIB

supérieure à 2%.

Quant à la gestion de ce gouvernement, elle a été calami-teuse. Le FMI nous avait accordé une aide de 13 milliardsd'euros, sous conditions. La Banque Nationale Roumaine,sous l'impulsion de son gouverneur, Mugar Isarescu, et avecl'assentiment du gouvernement et du FMI, a pris des mesuresen faveur des banques étrangères, les seules qui restaient pra-tiquement sur la place roumaine. Elles ont profité des disposi-tions préférentielles accordées pour rapatrier leurs fonds dansleurs pays. En 9 mois, plus de 7 milliards de capitaux ont ainsiquitté la Roumanie si bien que la Roumanie ne s'est finalementretrouvée qu'avec un apport de 6 milliards d'euros du FMIpour sortir de la crise. Cette fuite de capitaux a en outre ren-chéri l'euro et creusé le déficit, créant de graves difficultéspour le budget de l'Etat. Celui-ci représente 30 % du PIB… etla fraude fiscale dans le pays est estimée à 29,6 % du PIB(pour moitié fraude sur le marché du travail avec les cotisa-tions non payées, le travail au noir, pour l'autre moitié la frau-de économique). C'est ainsi un budget entier qui ne rentre pasdans les caisses de l'Etat chaque année.

H.G. : Quels sont les effets sur la population de la poli-

tique menée jusqu'ici ?

B.H. : On a vu apparaître une paupérisation très nette, etpas seulement dans les campagnes. Elle touche aussi les élites,les ingénieurs, les médecins, etc., obligés de s'expatrier. LaRoumanie compte actuellement 2,5 millions d'émigrés, partisessentiellement en Italie, Espagne, Portugal et un peu dans lespays scandinaves.

"Nos compatriotes exilés sont prêts à revenir

au pays, s'ils touchent des salaires au blanc"

H.G. : Assiste-t-on à un retour des travailleurs roumains

exilés avec la crise frappant l'Ouest ?

B.H. : Oui. Les syndicats roumains discutent avec lespays d'émigration pour que ce retour se passe le mieux possi-ble. Nos compatriotes sont prêts à revenir, car les salairesqu'ils touchent ici se rapprochent de plus en plus de ceux per-çus à l'étranger, si on prend en compte les frais supplémentai-res provoqués par l'exil. Mais à deux conditions :

- qu'ils touchent des salaires "au blanc", c'est-à-dire entiè-rement déclarés, comme dans l'UE, et non pas au gris ou aunoir, comme trop souvent chez nous. Ils veulent pouvoircompter sur leurs lendemains et faire des projets.

- bénéficier des mêmes commodités minimales qu'ils ontconnues pendant leur exil, avec des services publics existantsdans leurs communes et villages : écoles, dispensaire, poste,etc.. Ils ont goûté à la vie occidentale.

H.G. : Comment ces travailleurs ont-ils vécu leur séjour

à l'étranger ?

B.H. : Pas toujours très bien. Il leur a fallu parfois comp-ter avec la duplicité d'employeurs comptant sur leur mécon-naissance du droit du travail, de la législation nationale. EnEspagne, certains de nos compatriotes ont été pratiquementséquestrés dans des baraquements, leurs passeports retirés, lessalaires versés n'étaient pas ceux annoncés, on leur retirait lecoût de leur hébergement, contrairement aux engagementspris. En Italie, nous avons entrepris une campagne d'informa-tion sur les droits de nos compatriotes par le biais d'affichettesen roumain et italien dans les bus.

Quand ils reviennent chez eux, il faut bien constater qu'u-ne rupture s'est faite avec leur ancien mode de vie. Avant, sur-tout à la campagne, on continuait de vivre auprès de parents,on se faisait construire une maison à proximité. C'est oubliéaujourd'hui tout çà.

H.G. : Que pensez-vous de l'élection de François

Hollande en France ?

B.H. : C'est trop tôt pour le dire (ndlr : cette interview

s'est déroulée trois jours après l'élection présidentielle fran-

çaise). On va voir dans les six mois. Mais elle nous apporte del'espoir. J'espère que votre nouveau président va taper dupoing sur la table. Mettre à la raison les spéculateurs, réformerles banques, arrêter ce scandale des parachutes dorés, uneinsulte à l'égard de ceux qui ont tant de mal à subsister, bienutiliser l'argent de l'Etat au profit de tous et non de quelquesuns. J'espère bien que le peuple français qui a montré si sou-vent la voie de la révolte contre les injustices sera encore à lahauteur pour entraîner le reste de l'Europe !

Propos recueillis par Henri Gillet

La capitale roumaine est devenue cette année plus accessible qu'en2011, selon une étude de la société de consultance Mercer. Sur uneliste des 214 villes les plus chères du monde, Bucarest se situe à la

176ème place. A en croire le classement réalisé par Mercer, le coût de la vie dansla capitale roumaine a diminué en 2012. L'année dernière, Bucarest occupait la152ème place dans cette même étude, soit 24 places de mieux. Cette tendance estgénérale dans la région selon Mercer, notamment du fait de "la dévalorisation des

monnaies". Seules Sofia et Belgrade, qui se situent respectivement à la 181ème et197ème place, sont dans la région moins chères que Bucarest. Cette étude, réali-sée sur cinq continents, compare le coût de la vie en prenant compte de 200 cri-tères différents, dont les transports, les aliments, les vêtements ou les produits deconsommation courante.

Bucarest moins chère

“J'espère bien que le peuple français

Avec des si…

L'économie roumaine est retombée

en récession suite à une baisse de

0,1% de son Produit intérieur brut

(PIB) au premier trimestre, selon les

estimations publiées par l'Office natio-

nal des statistiques (INS). Ce chiffre

fait suite à une précédente baisse de

0,2% au quatrième trimestre 2011.

Une récession se définit par deux tri-

mestres consécutifs de baisse du PIB.

Après une croissance de 2,5% en

2011, Bucarest retrouve la situation de

2009 et 2010, quand le pays avait

subi une forte récession. Le recul de

l'économie pour le premier trimestre

2012 n'est toutefois pas aussi impor-

tant que les prévisions des analystes,

qui s'attendaient à une décroissance

comprise entre 0,2 et 0,3%. Pour

2012, le Fonds monétaire international

(FMI) continue de prévoir une crois-

sance de l'économie de 1,5%.

L'économie roumaineofficiellement en récession

La Roumanie est l'un des pays lesplus intéressants au monde pourdes investissements dans le

domaine de l'énergie renouvelable, selonun rapport publié par la compagnie d'auditet de consultance Ernst & Young. Dans uneanalyse trimestrielle réalisée sur 40 pays, lepays occupe la 14ème position, devant laPologne ou l'Irlande, et se place près depays comme le Japon, l'Australie ou laSuède. Le leader de ce classement est laChine.

Energie renouvelable

n

BUCAREST

ORADEA

BAIA MARE

l

l

l

l

HUNEDOARA

ZALAUARAD

l IASI

BRASOV

CONSTANTACRAIOVA

TARGUMURES

GALATI

l

l

l

l

l

l

l

l

TULCEA

TIMISOARA

SUCEAVA

lPITESTI

l

CHISINAU

BACAUl

l

Socialqui a montré à l'Europe la voie de la révolte contre les injustices sera encore à la hauteur”

sur l'effet d'entraînement de la France d’après SarkozyBogdan Hossu compte

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ActualitéLes NOUVELLES de ROUMANIE

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Les NOUVELLES de ROUMANIE

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Actualité

Un ingénieur vend à l'Etat moldave l'électricité fournie par son usine de pro-duction de gaz à partir de déchets organiques. Une première dans le pays.

Le biogaz en soi n'est pas une nouveauté. Découvert par le physicienAlessandro Volta en 1776 et identifié sous le nom de méthane, c'est le pro-duit de la fermentation des matières organiques en l'absence d'oxygène. Il a

aussi fait l'objet de recherche en Chine depuis 1920. Mais, pour un Moldave, c'estaujourd'hui une source importante de revenus.

"Il n'existe pas de domaine d'activité qui n'ait besoin d'énergie", affirme VasileMoraru. Suivant l'exemple de certains pays occidentaux et glanant ses informations surInternet avec sa fille cadette comme traductrice, cet ingénieur électricien de formation amené à bien la construction de la première usine de production de biogaz en républiquede Moldavie. Il est fier de sa réalisation, d'autant qu'il a commencé à vendre à l'Etat mol-dave de l'électricité au prix de 1,73 leu (0,12 euro) le kilowatt.

L'idée de Vasile Moraru a germé dans les années 1999-2000, lorsqu'il a appris lelancement en Moldavie d'un projet pilote néerlandais similaire. "Les Néerlandais nous

ont apporté leur savoir-faire et la technologie. Notre rôle

était la construction. Initialement, l'Etat devait me soute-

nir et je n'avais qu'à fournir la bouse de vache", explique-t-il. Mais tous les ministères ont finalement retiré leurspromesses d'aide. Il a alors commencé à chercher par lui-même des moyens pour mettre en pratique le projet. Unevisite aux Pays-Bas, en compagnie de sa fille, et les encou-ragements reçus sur place, l'ont poussé à mettre l'affaire enmarche. "L'entreprise a de l'avenir, comme toute installa-

tion de production d'énergie", lui auraient dit des spécialis-tes du pays des tulipes.

Le Moldave s'est endetté pour construire l'installation:"Quand je pense à tous les obstacles que j'ai dû surmonter

!" s'exclame-t-il en regardant la bâtisse bleue qui produitde l'électricité et de la chaleur. "La technologie est néerlandaise et l'équipement vient de

divers pays: Allemagne, Italie, Belgique. Je suis content d'être allé de l'avant, même si

ç'a été laborieux. Depuis fin 2011, je vends enfin de l'électricité à l'Etat". Le fermierestime que "dans un pays agraire comme la Moldavie le projet vaut son pesant d'or pour

une entreprise agricole. Là où il y a des terres agricoles, il doit y avoir une ferme, et

l'installation peut se caler entre les deux".

Victoria Popa (Jurnal de Chisinau)

Produire 50 000 KW par mois

A 33 ans, Dorin Chirtoaca tient les rênes de Chisinau

Promis à un bel avenir, Dorin Chirtoaca a été réélud'un souffle, en juin 2011, face à un candidat com-muniste. A la tête d'une ville de 750 000 habitants

(le pays n'en compte que 3,5 millions), il incarne une nouvellegénération prétendant aux plus hautes fonctions, polyglotte ettournée vers l'Ouest. Avare de sourires, il essaie de convaincreson interlocuteur plutôt que de le charmer. En français, s'ilvous plaît.

"Comment fait-on pour devenirmaire à 29 ans ?

- La motivation.- En politique, tout le monde est

motivé...- M. Sarkozy est bien devenu maire

de Neuilly très jeune, non ?- De Neuilly, pas de Paris.- C'est juste à côté. Nous, on est à

2 500 km de Paris."On n'est pas sûr d'avoir saisi l'argu-

ment, mais après tout, le maire a raison derelativiser sa précocité. L'âge n'est ni unecirconstance atténuante ni une garantie declairvoyance. En revanche, il autorise desaudaces. Dorin Chirtoaca s'était lancé, àpeine élu, dans la bataille des arbres deNoël. Il voulut en installer un pour le 25décembre devant le siège du gouverne-ment. Fureur du président communiste,Vladimir Voronine, qui s'accrochait aucalendrier de l'Eglise orthodoxe russe, qui fixe Noël au 7 jan-vier. Le chef de l'Etat a fait déplacer l'arbre.

L'incident a résumé, de façon caricaturale, la tension entredeux puissants courants en Moldavie : le premier, russophone,alimenté par les médias diffusés en cette langue et piloté par leParti communiste, rassemble les habitants des zones rurales etles personnes âgées ; le second, urbain, défend la souverainetémoldave, des liens étroits avec la Roumanie et l'intégrationeuropéenne. Une majorité de la population se trouve au milieu,moins sensible à l'embrigadement idéologique qu'au contenudu réfrigérateur. Avec consternation, elle a assisté à la paraly-sie du Parlement, incapable pendant plus de 900 jours de dési-gner un président, jusqu'au 16 mars 2012, où Nicolae Timoftia été élu.

La politique : un gène familial

Outre sa fonction de maire, Dorin Chirtoaca est aussi vice-président de l'une des trois formations de la coalition au pou-voir, le Parti libéral de Moldavie, aux positions conservatrices

et proroumaines. Le grand frère voisin semble toujours flotterau-dessus des débats politiques. Dorin Chirtoaca y est pourquelque chose. Dans les jours qui ont suivi sa première élec-tion, il s'est rendu à Bucarest, à la fureur des communistes.

La présence de drapeaux roumains, agités lors des rassem-blements d'avril 2009, n'a fait que renforcer leur paranoïa surune éventuelle absorption de la Moldavie. "La menace est

peut-être éloignée mais réelle, assure Inna Supac, députée du

PC. Certaines forces politiques ne défen-

dent pas le sens de l'Etat en disant que

c'est un héritage soviétique, qu'on est une

nation roumaine. On tente de diffuser

l'esprit et l'idéologie de la "roumanité"".

Sa "roumanité", le maire de Chisinaula revendique. Sa famille a été très activedans la lutte pour la "libération nationa-

le". Les grands-parents, côté paternel, ontété déportés en Sibérie en 1949. Deux deses oncles sont des personnalités recon-nues. Fondateur du Front national patrio-tique, réclamant le détachement del'Union Soviétique, Gheorghe Ghimpu aété condamné à six ans de prison dans lesannées 1970. Il est décédé en 2000. MihalGhimpu, lui, est une figure de proue duParti libéral. Après les élections de juillet2009, il a occupé les postes de présidentdu Parlement et celui de chef de l'Etat parintérim. "Une énergie s'est accumulée

dans ma famille et en moi", explique le jeune maire.

Formé au collège franco-roumain

Dorin Chirtoaca a fait ses études de droit à l'université deBucarest, tout en fréquentant le Collège franco-roumain d'étu-des européennes. En 2001, il commence à travailler à la télévi-sion, pour l'équivalent local de l'émission "Perdu de vue"."C'était du journalisme d'investigation. Il fallait enquêter pour

vérifier que les gens ne nous mentaient pas." Au bout de deuxans, il revient au pays. Il s'engage au sein du Comité Helsinki,en faveur des droits de l'homme.

Le jeune homme entre en politique en 2005. Lorsqu'ilprend les rênes de la ville en 2007, Dorin Chirtoaca découvreque l'administration précédente a laissé des trous béants dansle budget. "Nous avons engagé une thérapie de choc pour

réduire nos dépenses de 30 %. On a fait des réformes impopu-

laires, en augmentant les tarifs pour l'eau, le chauffage, la pro-

preté. J'ai aussi remplacé un tiers des cadres".

(suite page 20)

Actuellement, comme matière pre-

mière, Vasile Moraru utilise des

déchets organiques, des déjections,

du fumier, des excréments, des eaux

usées provenant de l'industrie ali-

mentaire et de la zootechnie. Pour un

fonctionnement optimal, il faut fournir

quotidiennement environ 40 tonnes

de matière première, constituée d'un

mélange de

12 % de

matières

sèches et

88 % d'eau.

Une petite

installation

de ce type

produit 85

KW par

heure, ce

qui permet

de tabler sur

une produc-

tion journa-

lière de 2 000 KW par jour. Dans l'é-

tat actuel de son installation, il vend

environ 7 000 KW d'électricité

chaque mois à l'Etat, mais, à pleine

capacité, l'usine pourrait atteindre

jusqu'à 35 000 à 50 000 KW par

mois.

En lançant, en 2004, la production

de biogaz, Vasile Moraru a créé une

dizaine d'emplois. Et, depuis, il est

même devenu conseiller dans ce

domaine. Des gens intéressés par

son affaire viennent dans son usine

de Colonita afin de connaître ses

astuces. Selon l'ingénieux Moldave,

sans le soutien de l'Etat, qui s'est

engagé légalement à acheter l'éner-

gie renouvelable produite dans le

pays avant d'en importer, il n'aurait

pas pu mener son projet à bien.

La petite usine de déchets du fermier moldaveMoldavie

"Initialement, je n'avais à fournir

que ma bouse de vache"

Un jeune maire sans complexes face aux communistes

Dorin Chirtoaca se marie. Un gag du jeunemaire qui en 2007 a pris pour épouse la mairiede Chisinau, née en 1436, comme l'établit l'ac-te de mariage dressé. Le marié a alors 31 ans.

La République de Moldavie a choisi le dragondace comme emblème pour les JO de Londres,un symbole particulièrement fort de l'histoire de

la petite République qui la lie à celle de ses voisins et grandsfrères roumains. Cet étendard, obligatoire pour le défilé desdélégations des JO, servira également à leurs éditions ulté-rieures. Le draco ou dragon dace, est un animal fantastiquedans la mythologie des Daces. Il est représenté avec un

corps de serpent et une tête de loup. Il servait dans les armées antiques, comme éten-dard et enseigne. Il est visible sur les représentation des guerriers daces de Decebal dansles bas-relief illustrant les guerres daciques sur la colonne de Trajan à Rome.

Dragon dace aux JO de Londres

Moldavie

La renommée peut tenir à rien. A la précocité, par exemple. Dorin Chirtoaca, 33 ans, est le maire de Chisinau, la capi-tale moldave. Il a accédé à cette fonction à l'âge de 29 ans. Le pays était encore dirigé par le communiste Vladimir Voronine,en ligne directe avec Moscou. Mais, en avril 2009, des dizaines de milliers de personnes ont protesté contre le résultat desélections. L'étreinte du régime s'est desserrée, une coalition pro-européenne est arrivée au pouvoir.

Vasile Moraru: "Dans un pays agraire comme la Moldavie le projet vaut son pesant d'or pour une entreprise agricole".

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SociétéLes NOUVELLES de ROUMANIE

2120

Les NOUVELLES de ROUMANIE Société

n

BUCAREST

ORADEA

SATU MAREl

TIMISOARA

ARAD

lIASI

BRASOV

CONSTANTA

TARGUMURES

BRAILAl

l

l

l

l

SUCEAVA

l

PITESTI

l

TARGOVISTEl

VASLUIBACAU

CRAIOVA

TULCEA

l

l

l

l

GIURGIU l

Evénements

A la gloire de Trajan… ou des chiens errants ?

Une statue de l'empereur romain Trajan nu avec une louve dans les bras, inau-gurée devant le Musée national d'histoire à Bucarest, fait polémique enRoumanie, un passant cité par la presse y voyant plutôt un "ivrogne portant

un chien errant chez le vétérinaire". La statue en bronze du sculpteur Vasile Gorduz(1931-2008) se voulait une interprétation de la genèse du peuple roumain, issu d'unesymbiose entre les Romains et les Daces, deux peuples pour qui la louve représentait un

animal emblématique. Mais la postureétrange et la nudité du personnage mâle,ainsi que la rigidité de l'animal avec unfoulard autour du cou censé rappeler l'é-tendard des Daces ont suscité l'ironie despassants comme des internautes, qui riva-lisent d'imagination pour interpréter cetteœuvre d'art.

"Je n'ai jamais vu quelque chose de

plus grotesque, une louve avec une tête de

pitbull, une queue de lézard et une tumeur

à la gorge, portée par un individu visible-

ment embarrassé par sa nudité", commen-te une passante qui souhaite garder l'ano-nymat. Le directeur du Musée, ErnestOberlander Tarnoveanu, partage ces cri-tiques et assure s'être opposé à ce que lastatue soit installée devant ce bâtimentimposant du centre de Bucarest. "Je ne

suis ni pudibond ni conservateur, mais la

statue n'aurait jamais dû être installée ici en raison de sa qualité artistique discutable",

a-t-il déclaré à l'AFP, ajoutant: "Les gens de la mairie ont fait pression pour qu'on l'ac-

cepte mais je pense qu'ils se rendent compte déjà eux aussi qu'il s'agit d'une erreur".

Sur les sites internet, les lecteurs ne mâchent pas leurs mots à l'égard de ce que l'und'eux appelle une "monstruosité". "Faites-moi comprendre, le type ne porte pas de slip

mais le chien a bien un foulard, alors est-ce qu'il fait chaud ou il fait froid?", s'interro-ge un lecteur sur Hotnews.ro. "La mairie de Bucarest a inauguré le premier monument

dédié aux chiens errants de Roumanie, montrant l'empereur Trajan avec un superbe

exemplaire dans ses bras", s'esclaffe le site Times New Roman.

La Roumanie, cheval de Troie des OGM ?Evénements

Le phénomène s'est amplifié ces dernières années,depuis l'entrée de la Roumanie dans l'UE. Quandces nouveaux paysans venus de l'Ouest, souvent

jeunes, ont choisi de venir mettre en application leur philoso-phie bio dans un pays qui recèle un immense potentiel dans cedomaine… c'est tout bénéfice pour la Roumanie.

Mais d'autres, après être devenus détenteurs de centainesou milliers d'hectares, par le biais de baux emphytéotiques oude sociétés écrans, n'ont qu'en tête un accroissement exponen-tiel de leur production et ne reculent pas devant tous lesmoyens, engrais chimiques en abondance, voire OGM. Dansce dernier domaine, la Roumanie est championne d'Europe,avec l'appui tacite ou ouvertement déclaré de ses ministres del'Agriculture successifs.

Ni vu ni connu, le pays deviendrait un banc d'essai pourles grosses multinationales de l'agro-alimentaire. L'île deBraila, sur le Danube, est devenue ainsi l'objet d'interroga-tions. Culita Tarata, un milliardaire, autrefois sénateur PSD(ex communistes), y a reçu, pour une poignée de lei, la conces-sion de 60 000 ha, sur la terre la plus riche du pays, abondam-ment irriguée sans risque d'inondations. Considérée comme laplus grande ferme d'Europe, elle était déjà le porte-drapeau del'agriculture roumaine sous le communisme.

Les grands noms de l'outillage agricole - Johnn Deere,Mc Cormick, etc. - y procèdent aux essais de leur nouveaumatériel, ce qui est sans conséquence notoire sur l'environne-ment. Mais l'accès à l'endroit, rendu déjà difficile par son insu-larité, est totalement interdit aux personnes non autorisées.Personne ne peut aller ainsi vérifier si on n'y procède pas à desrecherches sur les pesticides ou les OGM. La question n'estpas fortuite.

Hécatombe de chevreuils dans le Sud-Ouest

Dans le sud-Ouest de la Roumanie, en janvier, on a assis-té à l'hécatombe d'une centaine de chevreuils. Leur mort seraitdue à l'emploi en surabondance de produits chimiques par desagriculteurs occidentaux nouvellement installés.

L'utilisation de produits toxiques devient d'autant plus unproblème que, depuis un an, les investisseurs chinois envahis-sent le pays, dans tous les domaines de l'économie, y comprisl'agriculture, utilisant leurs propres produits, assurés par lesautorités qu'ils ne seraient pas dérangés par des contrôlestatillons. Ce qui fait dire à certains : "Voici trois ans, la moitié

de nos terres étaient abandonnées… dans quinze ans, elles

seront toutes pourries".

l

l

Plus habile qu'efficace ?

Aujourd'hui, la mairie de Chisinau

ne reçoit plus d'argent de l'Etat ; au

contraire, c'est elle qui paie le salaire

des professeurs. Prochains objectifs:

la station d'épuration des eaux, l'a-

chat de nouveaux trolleybus.

Toutefois, cette image de réfor-

mateur moderne est relativisée par

des observateurs. Ils lui reconnais-

sent plus d'habileté que d'efficacité.

"C'est un type bien, mais sans

marge de manoeuvre", estime

Ghenadie Brega, de l'ONG Hyde

Park, qui fut l'un des grands anima-

teurs de la "révolution Twitter", en

2009. "On parle souvent de structu-

res criminelles au sein de l'adminis-

tration municipale, autour de fonc-

tionnaires en poste depuis sept, huit

ans. Pourquoi cache-t-il cela ?".

"Seuls les froussards

paient leurs dettes !"

"Le maire est une énorme décep-

tion, assure Igor Botan, politologue

de renom. C'est un homme compé-

tent mais pas concentré. Un admi-

nistrateur doit être un chef, convo-

quant ses directeurs, fixant les

tâches, demandant des comptes".

Igor Botan ne reconnaît même pas

au maire le fait d'avoir comblé les

déficits. "En fait, les communistes

alors au pouvoir ont porté plainte

contre la mairie pour qu'elle rem-

bourse ses dettes. Le tribunal a

contraint Chirtoaca à dégager de

l'argent dans le budget. Vous

connaissez cette blague: seuls les

froussards paient leurs dettes !".

Piotr Smolar (Le Monde)

(suite de la page 19)

Une statue fait polémique à Bucarest

Catastrophé à la suite de l'impuissan-ce des habitants de sa paroisse faceà un incendie ayant ravagé sept

habitations en 2011 - encore le sinistre avait-ilété limité par le passage fortuit d'un convoi depompiers hongrois - Puiu Florea, pope deCornu Luncii (jud Suceava), a décidé de pren-dre le taureau par les cornes. Il a décidé de ven-dre son tracteur personnel, consacrant les

2500 € obtenus à l'achat d'un camion de pompiers frappé par la limite d'âge (7 ans),mais en parfait état, dans une commune française. Des prêtres français ont fait les inter-médiaires, finançant le transfert vers la Roumanie qui a coûté 1500 €. Sur place, l'en-gin a été adapté aux normes locales avec l'aide des autorités compétentes qui s'efforcentégalement de former des pompiers, Puiu Florea se montrant le plus assidu des élèves.

Le pope se fait pompier

De plus en plus d'agriculteurs occidentaux s'installent en Roumanie, occupant désormais une part non négligeable dessurfaces rurales exploitables du pays. Aidés financièrement par l'UE, ils apportent savoir-faire, modernisme et technolo-gie, esprit d'entreprise et emplois à la clé, sur des terres laissées souvent en jachère… non sans provoquer un raidissementparmi une population qui ne dispose pas de leurs moyens et les voit s'approprier leur territoire.

Né en 1925 à Iasi, enRoumanie dans une famillejuive de la petite bourgeoisie

commerçante, Isaac Chiva est obligé, dès1935, avec l'avènement au pouvoir desorganisations nationalistes d'extrêmedroite, fascistes et antisémites, d'inter-rompre le cours normal de ses études. Lasituation de la communauté juive ne fitqu'empirer avec l'entrée en guerre de laRoumanie aux côté de l'Allemagne.

Les 28 et 30 juin 1941, Chiva, alorsâgé de 16 ans, vécut l'horreur d'une desplus sauvages tueries de masse perpétréeau début de la Deuxième Guerre mondia-le. Il survécut par miracle, mais cepogrom qui vit le massacre des Juifs de sa

ville natale dont il fut le témoin terroriséet impuissant, le marquera au long de savie avec une intensité telle qu'il ne pour-ra relater lui-même ses souvenirs parécrit.

A la fin de la guerre, Isaac Chivadécide de fuir la Roumanie alors que lachape d'un autre régime totalitaire com-mence à s'abattre sur le pays. Il arrive enFrance en 1948, à 23 ans, devient le plusproche collaborateur de Claude Lévi-Strauss, puis son successeur.

Elu directeur d'études à l'EHESS(Ecole des hautes études en sciencessociales) en 1970, il anime un séminairedédié à "L'ethnologie des sociétés pay-

sannes" qui devient le lieu de formationde toute une génération de jeunes ethno-logues de l'Europe. Avec Chiva, lesannées 1980, constituèrent un des âges

d'or de l'ethnologie de la France.

L'illustration d'une conceptionrépublicaine de la nation

La trajectoire de Chiva fut extraordi-naire et exemplaire. Juif roumain, ayantfui son pays d'origine il est devenu un desmeilleurs connaisseurs de l'ethnologie dela France, de ses coutumes, de ses paysa-ges, de ses usages, en bref de ce monderural européen dont l'accès lui était, dansson propre pays, interdit.

Cette trajectoire illustre aussi ce quedevrait être une nation ouverte, une idéequ'il défendait et incarnait. Au momentoù certains prônent le repli, l'exclusion, lavie et l'œuvre de Chiva témoignent élo-quemment de la pertinence d'une concep-tion républicaine de la nation.

Isaac Chiva (1925 - 2012) figure majeure de l'anthropologieFigure majeure de l'anthropologie sociale de l'après-guerre, spécialiste du monde rural

européen, proche collaborateur de Claude Lévi-Strauss au Laboratoire d'anthropologiesociale de 1960 à 1982, Isaac Chiva, d'origine roumaine, est décédé le 30 avril 2012. Rienpourtant de par ses origines ne le prédestinait à occuper une telle position.

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SociétéLes NOUVELLES de ROUMANIE

2322

SociétéLes NOUVELLES de ROUMANIE

Comment se définissent les Français de l'étranger ? Difficile de qualifier d'unseul mot une population somme toute très hétérogène. Expatrié, résident de longuedurée, voire émigré (ou immigré, c'est une question de point de vue), chacun abor-de la problématique de l'intégration de façon différente. Environ 2000 Françaissont établis en Roumanie et une soixantaine en République de Moldavie.

Plus de deux millions de Français résident à l'étranger. Ils ont quitté la Francepour du travail, un stage, un séjour de longue durée. On les appelle communé-ment des expatriés. Dérivé du latin, ce mot signifie "hors de son pays natal".

La situation d'un expat est temporaire, il n'a pas quitté son pays pour de bon et comptebien revenir vivre dans son pays d'origine un jour ou l'autre. L'immigration, elle, désignel'entrée d'une personne dans un pays étranger pour s'y installer.

Dans les faits, le mot expatrié confond souvent le salarié détaché par son employeurà l'étranger, qui bénéficie d'assurances santé et retraites, de primes d'installation et descolarisation pour les enfants, avec celui qui organise lui-même son départ et son retour.Une erreur, selon Jean-Luc, qui vit en Espagne, pour qui "l'expatriation est un terme qui

désigne exclusivement les personnes et leur familles qui sont envoyées par une entrepri-

se française ou un organisme passer quelques années à l'étranger avec la sécurité de

retrouver son emploi de retour en France. L'immigré, lui, travaille à l'étranger avec un

contrat local sans autre sécurité que celle de son pays d'accueil, sans sécu française,

sans cotisations aux caisses françaises de retraites…etc. Mais c'est comme ça que va la

France: quand un Maghrébin vient travailler en France c'est forcément un immigré mais

les Français dans la même situation à l'étranger sont des expats…c'est plus chic !"

Pour Karen, en Chine depuis 9 ans: "Je me sens plus immigrée qu'expat puisque je

suis venue par mes propres moyens. Je n'ai pas été envoyée en mission par une entrepri-

se. Je pense que c'est ça qui fait la différence." Emmanuel se considère comme un immi-gré: "je ne retournerai pas en France, et je fais tout pour rester dans le pays ou je me

suis installé, le Japon".

Expats dans leur bulle ou Français voulant s'intégrer ?

Les expatriés "nantis" n'échappent pas aux stéréotypes. Ils conserveraient malgréeux, un regard de touristes paisibles et bon enfant sur leur nouveau pays, et évolueraientpresqu'exclusivement au sein de la communauté française, au contraire des Français del'étranger dans une situation plus précaire, devant fournir beaucoup plus d'efforts pours'intégrer. Ces deux populations aux préoccupations bien différentes coexistent sans tou-jours se rencontrer.

Julie, de Bangkok, parfaitement

bilingue en thaï, estime que "maîtri-

ser la langue, c'est incontournable,

mais ça ne suffit pas pour s'intég-

rer: encore faut-il parler le même

'langage', notamment dans les pays

très différents du sien: se reconnaît-

re dans les mêmes valeurs, avoir

grandi dans la même culture, avoir

partagé le même programme sco-

laire, tout cela compte aussi".

Entre nostalgie et rejet, que

garde-t-on de son pays d'origine

lorsque l'on est expatrié depuis

longtemps? Jean-Luc, en Espagne

depuis plus de 21 ans "5 ans

comme expatrié et 16 ans comme

immigré" a intégré de l'Espagne

"les horaires de déjeuner à partir de

14h qui permettent de faire plus de

choses durant la matinée, les tapas

qui permettent de se restaurer de

façon très pratique, une certaine

légèreté de la vie et de la fête, l'ha-

bitude de traiter d'abord avec des

personnes qui ont une fonction

dans une entreprise et non comme

en France avec des entreprises

représentées quasi anonymement

par des personnes, des mots espa-

gnols francisés qui ponctuent

maintenant mon langage français…

Ce que j'ai gardé de la France c'est

avant tout la rigueur du français que

j'applique autant que faire se peut à

la langue de Cervantès plus riche et

descriptive, le goût pour la culture

francophone".

Zoltan, 20 ans de Maghreb, est

rentré en Hongrie: "Malgré mes

sympathies, je n'aurais jamais pu

être totalement intégré là-bas, et les

habitudes locales que j'ai adoptées

sont seulement culinaires..."

n

BUCAREST

ORADEA

BAIAMARE

l

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TIMISOARA

ARAD

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SIBIU

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IASI

BRASOV

CONSTANTA

CRAIOVA

TARGUMURES

GALATI

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TULCEA

SUCEAVA

BACAUl

lPITESTI

l

BUZAU

SLOBOZIA

Dossier expatriésDeux mille Français sont expatriés

l

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ALBA IULIA

en Roumanie, deux millions dans le monde

Entre nostalgie et rejetde son pays natal

"Expat" temporaire Dan, du Laos, explique: "Je ne me suis jamais vraiment

considéré comme un "expat" car je n'ai jamais vécu au sein de

la communauté française. Si je suis parti si loin, ce n'est pas

pour vivre à la française, entourés de Français! Tous mes

amis, toutes mes relations de travail sont donc locales ou vien-

nent d'autres pays. Je me suis donc toujours senti comme un

candidat à la résidence, un immigré essayant de s'intégrer le

plus possible dans cette nouvelle société".

Bruno, à Singapour depuis 12 ans, "évite les soirées mon-

daines "expat" si possible car je n'ai aucun point en commun

avec les Français de "passage" pour un an ou 2 qui continuent

à rester avec la mentalité française".

“Je n’ai aucun point en commun avec les

Français de passage pour un an ou deux”

Idem pour Xavier, qui s'est installé à New York sans billetretour pour la France. Il témoigne dans French morning surles difficultés rencontrées lors de l'installation d'une familleexpatriée sur son palier: "Je ne supporte pas la communauté

française et tous les expats qui vont avec ! En faisant les

efforts nécessaires pour m'immerger dans la société américai-

ne, je suis devenu l'exemple type du parfait immigré. Mais

depuis que mes nouveaux voisins de palier se sont installés,

mes doutes sur mon identité et ce que je suis venu réaliser ici

ressurgissent. Ce couple d'expats français est si français que

j'ai l'impression de n'être jamais parti ! (…) Les expats, j'ai

parfois envie de les étrangler et en même temps j'ai de l'affec-

tion pour eux car, malgré nos différences, on se ressemble.

S'intégrer demande en effet beaucoup d'efforts, mais lasituation est différente selon les pays. Sophie, fréquente trèspeu de Français à Milan, "et depuis quelques années seule-

ment. Généralement je ne souffre pas du manque de contacts

français, les Italiens étant très sociables et accueillants. Mon

expérience à Prague était très différente, à l'époque on ne

trouvait quasiment pas de nourriture française, ou à prix d'or.

Les journaux français arrivaient avec des semaines de retard,

internet n'en était qu'a ses balbutiements, j'étais donc plus iso-

lée. Je fréquentais davantage de Français, expatriés ou non".

Pour s'intégrer, il faut être deux

Dans l'intégration, il y a aussi la place que les habitantsveulent bien faire aux étrangers. Karen parle couramment lechinois, "mais comme tous les étrangers installés ici, je ne suis

pas intégrée et ne le serai jamais. Ici, l'immigration est faible

et concerne surtout les citoyens des pays limitrophes. Je serai

toujours considérée par les locaux comme une laowai, une

'long nez'. Même si on adopte dans une certaine mesure bien

sûr certaines de leurs habitudes, on ne peut passer inaperçu.

Pour le moment, les personnes de race blanche sont plutôt

bien accueillies par la population locale, surtout dans les

grandes villes, mais cela ne durera pas". Et les efforts de Danpour s'intégrer sont souvent vains: "Pour la plupart des

locaux, le constat est simple: blanc = touriste".

Au bout de 5 ans, Claire n'a pas non plus l'impression d'ê-tre totalement intégrée au Chili : "il m'est difficile de me faire

des amis chiliens. En effet, en parlant avec d'autres étrangers,

nous arrivons tous à la même conclusion: les Chiliens sont

chaleureux, mais pas ouverts. Ils n'acceptent pas la différence

et croient que les immigrés devraient parler l'espagnol chilien

et comprendre tout, tout de suite. Ils nous disent "tu ne peux

pas comprendre parce que tu es Française". Du coup, je me

sens isolée dans un monde entre Chili et France. Pour ce qui

est des coutumes locales, j'ai aussi tenté d'apprendre... En

vain pour l'instant, mais j'ai de la bonne volonté. Au Chili par

exemple, il n'est pas rare que les invités arrivent avec 1 heure

de retard, qu'ils ne vous appellent pas pour prendre de vos

nouvelles, c'est très frustrant. (…) En fait, je me dis souvent

que mon immigration au Chili n'aurait pas été possible sans

mon fiancé, chilien, mais tellement Européen: lève-tôt, sportif,

et assez ponctuel ! C'est un pont entre le Chili et la France !".

"Les expats vivent avec beaucoup

de privilèges mais peu ou pas de droits"

Sur la couverture du livre de Frédéric Amat, La drôle devie des expatriés au Cambodge, John Burdett, célèbre auteurde polars expatrié en Thaïlande, estime que "les expats viventavec beaucoup de privilèges mais peu ou pas de droits".Frédéric Amat renchérit: "On a beau parler la langue, être

marié avec une personne du pays depuis des années, le seul

droit que nous avons est celui d'avoir nos papiers en règle. En

Thaïlande, il n'est pas possible d'ouvrir un business ou d'ache-

ter un terrain en son nom. Il ne faut jamais oublier que nous

ne sommes ici que des immigrés même si le mot est moins exo-

tique qu'expatrié. Le problème est que dans certains pays, l'ex-

patrié a l'impression de jouir d'une grande liberté, d'être un

peu perpétuellement en vacances, de vivre dans un bouillon-

nement croissant où tout est possible, surtout au regard d'une

vie en Europe de plus en plus momifiée".

Autant de raisons poussent au départ... ou à rester sur place

Il y a énormément de raisons différentes qui peuvent pous-ser au départ, et sûrement autant qui poussent à rester surplace. Alors combien sont-ils, ces Français de l'étranger, tou-jours plus nombreux, à se transformer en véritables immi-grants? Et quel est leur véritable degré d'intégration? Aprèstout, le sentiment d'intégration varie surement en fonction desuns et des autres. Expatrié, résident ou immigré, on peut sesentir accepté tout en gardant sa différence. Pour Julie, "on

peut se sentir chez soi à l'étranger, avec un gros plus (une

vision enrichie des choses du fait d'avoir grandi ailleurs) et un

gros moins (ne pas tout comprendre parce que justement on a

grandi ailleurs)". L'important, c'est d'y être heureux.MPP (www.lepetitjournal.com)

ou émigré définitif ?

Le 14 juillet à l'ambassade de France de Bucarest est un rendez-vous incontournable pour nombre de Français établis en Roumanie.

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Société

En effet, l'État italien a multiplié les efforts pour associerles émigrants à la construction de leur nation, toute jeuneencore puisque fondée en 1861. Dès le début, il s'est appliquéà défendre les intérêts, de ses ressortissants à l'étranger.Lorsqu'ils reçoivent l'aide légale ou même matérielle desconsulats de leur pays d'origine, les émigrants expérimententleur appartenance à une communauté italienne pluslarge que leur cercle local d'origine. La répétition descontacts avec l'administration et les autorités consu-laires, qu'a imposé la mobilité, a donc contribué àfamiliariser les émigrants avec les institutions de leurpays d'origine. Et davantage encore quand celui-cimet en œuvre, à partir de 1901, une véritable poli-tique d'encadrement de l'émigration: par-delà la clas-sique protection diplomatique se met en place unvéritable dispositif de protection sociale et juridiquedes émigrants, depuis leur départ jusqu'à leur installa-tion à l'étranger.

Créer ou consoliderun sentiment d'appartenance

L'institution de services administratifs dédiés(inspecteurs d'émigration, médecins à bord despaquebots transatlantiques) et d'un système d'aidejuridique spécifique (en cas de conflit avec destransporteurs maritimes ou avec des employeursétrangers) peut donner un contenu concret, et unesignification positive aux yeux des émigrants, aux notions delien juridique national, de souveraineté, de contrôle mais ausside protection de ses ressortissants par l'État d'origine.

Dans le registre culturel, à l'effort de pédagogie nationaledéployé par l'État libéral à l'intérieur de la péninsule, cor-respond un effort identique en direction des émigrés. En fait,sous couvert de lutter contre la "dénationalisation" des émi-grés, il s'agit bel et bien d'inculquer une identité collective, decréer ou de consolider un sentiment d'appartenance, de forgerpar-delà les frontières une "italianité", véritable "communauté

imaginée", où se mêlent langue italienne, religion catholique,références historiques et pratiques culturelles (comme lasociabilité de la place publique).

N'oubliez pas que vous êtes Italiens (Roumains)!

Les méthodes et les outils de cette politique d'accultura-tion nationale appliquée aux émigrés sont désormais bienconnus: au sein de structures d'assistance et d'associationsrécréatives à base nationale, et non plus locales, en étroite rela-tion avec les consulats, on multiplie les occasions de rencont-res (réunions, banquets, conférences, spectacles), on fait échoaux grands événements de la vie nationale italienne, on cher-che à impliquer les émigrés dans la célébration des grandesfêtes nationales ou les anniversaires de la famille royale.

Les jours de fêtes sont souvent l'occasion de déployer desdiscours d'exaltation de la grandeur historique et mythique dela culture italienne. On s'efforce aussi de diffuser ou d'entrete-nir la pratique de la langue italienne parmi les émigrés avec leréseau des comités Dante Alighieri, et celui des écoles italien-nes à l'étranger.

S'ils restent inégaux selon les pays de résidence, les résul-tats de cette pédagogie nationale ne sont pas négligeables. Unefamiliarisation aux rituels et aux célébrations patriotiques, unapprentissage progressif des éléments d'une culture nationalese sont opérés peu à peu.

Il faut aussi prendre en compte les effets des épreuveselles-mêmes: sous le regard de l'autre, des Français, desAméricains, qui durant toute la période ont stigmatisé et reje-té les émigrés italiens, ces derniers ont pu, en retour, s'ouvrir àla propagande de leur pays d'origine et se réfugier dans uneidentité nationale italienne, afin de retrouver un peu de fiertéet un semblant de sécurité.

La mobilité a ainsi été pour les émigrants une occasion detransformer une culture d'origine le plus souvent rurale, enco-re fréquemment localiste, en une culture faisant plus de placeaux grandes instances et aux grands cadres politiques, commel'État ou la nation, qu'ils ont appris à connaître et dont ils ontpu intérioriser les valeurs et les contraintes, à force de passerles frontières, et de se confronter à des législations et des auto-rités différentes.

En fin de compte, aux Italiens qui ont quitté leur pays, l'é-migration a fait traverser une double expérience apparemmentcontradictoire: celle de la mobilité internationale en mêmetemps que celle de la nationalisation des consciences.

Caroline Douki, Maitre de conférences à Paris VII (L'Histoire)

Les NOUVELLES de ROUMANIE

2524

SociétéLes NOUVELLES de ROUMANIE

L'émigration italienne fut, des années 1870 aux années 1950, un phénomène demasse qui toucha 26 millions de personnes, de toutes les catégories sociales. Ellen'a pas empêché le développement d'un sentiment national qui dépasse les frontiè-res. Même si l'époque a changé, avec l'Union Européenne, Internet, les facilités dedéplacement, la réussite de la "leçon italienne", telle que la rapporte CarolineDouki dans la revue "L'Histoire" est à méditer avec profit par la Roumanie, autreterre de grande émigration, si elle veut conserver des liens privilégiés avec sadiaspora.

Dans le Sud de l'Italie, l'émigration a bien constitué un exutoire pour les pluspauvres, pour les paysans contraints à l'exil par la misère. Mais elle a tou-ché également des régions et des strates de la société italienne qui, loin d'ê-

tre arriérées, vivaient au contraire une modernisation économique. Deux dynamiquesdifférentes ont agi ici. Dans les campagnes du Nord, la modernisation capitaliste de l'é-conomie agraire et l'extension des rapports salariaux a entraîné un phénomène classiqued'expropriation des paysans: la prolétarisation les a incités à partir pour l'étranger. Maisce ne sont pas uniquement les plus pauvres qui ont émigré, dans les campagnes et lesbourgades du Nord et du Centre. Ce sont aussi des paysans propriétaires qui recher-chaient des revenus supplémentaires, des artisans ou des commerçants qui entendaientse constituer à l'étranger une épargne leur permettant de consolider leur position, deretour au village.

Dans pareils cas, l'émigration est moins une contrainte qu'un choix, visant à tirerparti des possibilités qu'offre un marché du travail qui s'internationalise. Cela signifieque le développement de l'émigration de masse peut aussi être interprété comme uneforme d'adaptation active aux conditions et aux contraintes nouvelles du monde envi-ronnant.

L'Etat italien n'a pas ignoré ses émigrés

En dépit de l'importance des liensconservés par les émigrants avec l'Italie,une ample littérature, romanesque oupolémique, a dès la fin du XIXe sièclecomposé le tableau de foules d'émigrésabandonnés face à l'adversité et auxdangers de l'exil. D'inspiration tantôthumaniste, tantôt nationaliste, ces écritssoulignaient le désarroi incontestable denombreux migrants aux prises avec lesdifficultés matérielles du voyage trans-atlantique, ou avec diverses formesd'exploitation économique et de rejetxénophobe à l'étranger.

Une partie de l'historiographie a souscrit à ce sombre tableau, incriminant l'inactionde l'État et en a proposé diverses explications: État coupé des masses et se désintéres-sant d'emblée de cette partie pauvre de la population; État cynique, utilisant l'émigra-tion comme une soupape de sécurité et un mal nécessaire; État inefficace, enfin. Autotal, les émigrants ainsi abandonnés, n'auraient eu comme perspective que de glisseralors dans un processus inéluctable de "dénationalisation" italienne.

Là encore, il faut se départir des représentations erronées. Non seulement les émi-grants italiens n'ont pas été abandonnés par l'État, mais, en dépit de l'éloignement, c'estpar l'expérience même de la mobilité qu'ils ont souvent connu un processus d'accultu-ration nationale italienne, plus tangible et plus rapide que pour les populations ruralesrestées dans la péninsule.

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TULCEABRAILA

BOTOSANI

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CLUJ

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Abandonné par lesautorités roumaines

CHISINAU

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leur sol natal en 80 ans, mais leur Etat ne les a jamais délaissés

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26 millions d'Italiens ont quitté

GIURGIU l

à méditer par la Roumanie d'aujourd'hui

Quatre ans après le cas Crulic,

citoyen roumain mort dans une pri-

son polonaise après une grève de la

faim en signe de protestation contre

son incarcération, un nouveau décès

soulève des interrogations sur la

diplomatie roumaine.

Lundi 14 mai, sur son lit d'hôpital

de la prison de Lecce, en Italie,

Virgil Cristian Pop est mort sans

pouvoir s'expliquer devant la justice.

Ce Roumain de 38 ans, en prison

depuis une année pour vol, a tou-

jours clamé son innocence. Une cin-

quantaine de jours auparavant, il

avait entamé une grève de la faim

dans le but de faire pression sur la

justice italienne et de s'en-

tretenir avec un magistrat.

"Il refusait catégorique-

ment de toucher à tout

type de nourriture, il voulait

parler à un magistrat. Il

répétait toujours: "Le

magistrat doit m'écouter.

Lui pourra me faire libé-

rer"", a déclaré le médecin

du pénitencier de Lecce.

Cette demande n'a jamais

été écoutée. Espérant se

faire mieux entendre,

Virgil Cristian Pop a arra-

ché la perfusion qui le nourrissait.

Ce geste n'a fait qu'accélérer sa fin.

Les médecins n'ont rien pu faire.

"Dans notre pénitencier, nous avons

de nombreux cas identiques, a indi-

qué cyniquement et sans préciser

leur nationalité, le directeur du péni-

tencier de Lecce, Giuseppe Renna.

Actuellement, une quarantaine de

détenus se trouvent en grève de la

faim". (suite page 26)

Une leçon italienneDossier expatriés

Depuis 2008, il existe une Ligue des Etudiants Roumains à l'Etranger qui se propose de maintenir les liens entre ceux qui

sont partis et conserver un attachement avec le pays natal.

La présence d'une communauté italienne à New York remonte à plus de quatre siècles.

Page 14: Les OUVELLEs · par Corneliu Vadim Tudor, dont les mem - bres sont issus de l'ancien Parti commu-niste et de la Securitate. FDGR (Forum Démocrate des Allemands de Roumanie): parti

SociétéLes NOUVELLES de ROUMANIE

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Les NOUVELLES de ROUMANIE Société

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HUNEDOARA

BUZAU l Razvan Stroiu a quitté la Roumanie pour un village de Haute-Loire, Rosières,et ne regrette rien car depuis il mène une vie moins stressante. Aucun méde-cin français n'avait voulu s'y installer. C'est un village de 1400 âmes de

Haute-Loire où un nouveau médecin généraliste a ouvert son cabinet il y a maintenantun an et demi. Au vu de la démogra-phie médicale de la région, cetteinstallation est exceptionnelle. Ce quil'est moins, c'est l'identité du nouvelarrivant à Rosières: Razvan Stroiuvient de Roumanie, un pays devenugrand pourvoyeur de médecins pourles campagnes françaises. Quelque5000 praticiens roumains se sontexpatriés, dont le quart en France.

Razvan Stroiu exerçait déjà enzone rurale dans son pays, avant d'êt-

re contacté par un cabinet de recrutement et la mairie de Rosières: "Je pense bien qu'ils

ont d'abord essayé de faire venir des médecins français, avance-t-il. Mais ceux-ci ne

veulent pas s'installer dans des petits villages et, souvent, ils ne veulent pas être en libé-

ral. Ils préfèrent être salariés. Forcément, ici, ça n'est pas possible".

A Rosières, le docteur Stroiu a rejoint une maison de santé pluridisciplinaire regrou-pant un dentiste, plusieurs infirmières, une psychologue et un autre généraliste. Trèsprisé par les politiques, qui veulent y voir une réponse à l'inégalité de l'accès aux soins,ce type de structure présente l'avantage de mutualiser une offre médicale et de mainte-nir un service dans des déserts médicaux. A écouter Razvan Stroiu, la vie qu'il mène enFrance est moins stressante qu'en Roumanie. Là-bas, il jonglait entre deux cabinets, etfaisait presque 200 kilomètres par jour. Il devait aussi assurer dix à quinze gardes parmois, contre seulement cinq en France. "Je ne sais pas si vous allez me croire, mais avec

le même salaire, rien que pour la qualité de vie, j'aurais accepté de venir ici", assure-t-il. La municipalité lui a avancé plusieurs mois de loyer, et l'a aidé dans certaines démar-ches. L'autre généraliste de la commune a aussi joué le jeu, et dirigé vers lui certains deses patients.

Visiblement, la greffe a bien pris. Le docteur Stroiu reçoit aujourd'hui près de quin-ze visites par jour, contre à peine cinq ou six le premier mois. "Je pense que pas mal de

patients ont fait une visite test, pour voir comment il est, ce médecin qui vient de l'étran-

ger", s'en amuse-t-il.

FOCSANI

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"Il n'avait pas d'antécédent pénal.

Sa situation aurait dû être surveillée

par notre ambassade, estime Eugen

Teteleac, président de l'Association

des Roumains d'Italie, cité par la

presse locale. Mais une institution

sans chef ne peut pas fonctionner".

Car la Roumanie ne dispose plus

d'ambassadeur en Italie depuis

décembre dernier. La "mission diplo-

matique" roumaine en Italie affirme,

par le biais du ministère des Affaires

étrangères, ne pas avoir été infor-

mée par les autorités italiennes du

cas Pop et leur demande aujourd'hui

des informations supplémentaires

sur cette affaire.

Virgil Pop n'est malheureusement

pas le premier Roumain à mourir

dans une prison de l'étranger en cla-

mant son innocence. Son cas res-

semble à s'y méprendre à celui de

Daniel Crulic qui est décédé dans

les mêmes circonstances dans une

prison polonaise, il y a quatre ans.

Lui aussi avait été arrêté pour vol, et

lui aussi clamait son innocence et

avait entamé une grève de la faim. A

l'époque, cet événement avait pous-

sé le ministre roumain des Affaires

étrangères à démissionner.

Autre épreuve pour la famille de

Virgil Cristian Pop: elle n'a pas les

moyens de faire rapatrier son corps

et fait des efforts désespérés auprès

de la communauté roumaine en Italie

pour qu'elle lui apporte son aide.

L'Etat roumain a fait savoir qu'il ne

pouvait rien faire car il n'y avait pas

de cadre législatif existant pour ce

genre de situation.

Jonas Mercier(www.lepetitjournal.com/Bucarest)

(suite de la page 24)

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Le docteur Stroiu a quitté sans regrets la Roumanie

Santé

"Rien que pour la qualité de vie

j'aurais accepté de venir ici"

GIURGIU l

Une scolarisation inadaptée au mode vie des Tsiganes

L'échec de l'ascenseur social de la République

On sait depuis longtemps que les peuples et les cul-tures nomades cohabitent difficilement avec lescultures sédentaires. Les éleveurs et les agricul-

teurs ne développent leurs activités parallèles de façon nonconflictuelle que lorsque l'espace disponible leur permet d'évi-ter la concurrence. On sait depuis La Fontaine que les cigaleset les fourmis ont une philosophie de la vie différente.

A partir des années 80, dans plusieurs grandes villes, lespopulations roms en voie de sédentarisation, qui vivaient dansdes campements insalubres, furent relogées. A Montpellier parexemple, ceux qui vivaient dans des caravanes, dans une citéà l'extérieur de la ville, purent notamment emménager dans lescoquettes maisons d'un lotissement spécialement aménagépour eux. Grâce aux APL (Aides personnalisées au logement)les locataires furent logés gratuitement. Certains bénéficièrentmême temporairement d'une aide financière supérieure auloyer demandé.

Cette opération fut l'occasion d'une prise de consciencepar les élus et les services sociaux de la ville de l'extrême com-plexité de l'exercice. Elle nécessita une longue préparation etune très longue concertation avec les familles concernées. Ilfallut, au cas par cas, essayer de répondre à deux exigencescontradictoires ; éviter le regroupement de tous les relogés aurisque de former des ghettos et éviter l'impensable (pour lesrelogés) éclatement des familles.

Des projets éducatifs pourtant généreux

La plupart des grandes villes qui ont mis en œuvre desprogrammes de relogement identiques ont pu rapidement fairele même constat, malgré d'infinies précautions prises, les relo-gements donnèrent lieu à l'apparition dequartiers homogènes. La mixité socialeet culturelle souhaitée n'ayant pu perdu-rer les écoles des quartiers correspon-dants devinrent rapidement des écolesaux projets éducatifs de moins en moinsambitieux, désertées de ce fait par lesélèves qui venaient traditionnellement.

Après plus de vingt ans d'expérien-ce, la conclusion s'impose: bien quesédentarisées dans des conditions maté-rielles favorables, les populations de culture générique rom ontles plus grandes difficultés à faire monter leurs enfants dansl'ascenseur social que la République essaye de mettre à leurdisposition, à travers les projets éducatifs les plus généreuxpossibles.

De multiples études tentent de rechercher les raisons de cequ'il faut bien appeler un échec. Dans les très nombreux tra-vaux sociologiques publiés sur les Roms, on retrouve l'impor-

tance de la scolarisation ou plus exactement de leur non scola-risation. Quels que soient les pays étudiés, l'école des Gadjéest mal adaptée aux Roms, bien sûr quand ils sont nomadesmais aussi quand ils sont sédentarisés.

Dans l'école actuelle, les relations d'autorité maître élèveset les modes d'apprentissages sont antinomiques avec la cultu-re et les valeurs roms. En Europe, l'école traditionnelle s'adres-se aux élèves comme à des individus. Elle les invite à unapprentissage et à un travail personnel, le seul ayant une valeurà ses yeux. Pour la majorité des Roms le travail et l'apprentis-sage sont des tâches collectives que l'on effectue à son rythmeet dans la longue durée.

La résignation a peu à peu gagné les enseignants les mieux intentionnés

Cette méthode, parfaitement inadaptée aux systèmes sco-laires imposés par les Gadjé, a permis à des générations deRoms de devenir des virtuoses de la musique. Certes, leur vir-tuosité est individuelle, mais leur apprentissage a été essentiel-lement collectif. Les musiciens tsiganes jouent le plus souventdans des groupes formés dès leur plus tendre enfance. Sansconnaître le solfège, ils sont capables de rejouer la totalité durépertoire qu'ils ont acquis en répétant ensemble.

En raison de la complexité et de la persistance des problè-mes liés à la scolarisation des Roms, la résignation a peu à peugagné le monde de l'éducation, même parmi les enseignantsles mieux intentionnés. Jusqu'à maintenant, que ce soit dansles pays de l'UE en général ou en France en particulier, lesrésultats des politiques mises en œuvre ne poussent pas à l'op-timiste. Qu'ils soient nomades ou sédentarisés, les Roms souf-

frent globalement d'une sous scolarisa-tion. Celle-ci pénalise gravement leurinsertion professionnelle, même dansleur pays d'origine. Quand ils viventdans un pays dont ils ne connaissent nila langue ni les principaux codes cultu-rels, leur insertion est encore plus pro-blématique. C'est donc dans les paysd'origine que l'indispensable scolarisa-tion devrait s'effectuer prioritairement.Malheureusement dans les pays dont

sont originaires massivement les Roms la priorité n'est pas àl'amélioration de leurs conditions de vie.

*Cette étude a été réalisée par Pierre Chevallet (ICEO

Montpellier), Nevana Dobreva (correspondante d'ICEO à Sofia),

Michel Labonne (ICEO Montpellier), Ionut Popescu (correspondant

d'ICEO à Bucarest). Elle a été présentée à Sofia par Pierre Chevallet

en octobre 2010 au colloque du New Policy Forum "Europe looks

East", présidé par Mikhaïl Gorbatchev.

Pas d'ambassadeurdepuis six mois

La particularité de Lulica est d'être rom, et cette pou-pée a été conçue pour combattre les discriminationsdont sont l'objet les Roms en Roumanie. Le concept

a été lancé le 8 mai dernier, lors de la journée internationaledes Roms, et depuis, le stock des 500 poupées Lulica est épui-

sé. Aux yeux de son concepteur, Florin Cioaba, le roi des Roms, "cette poupée, avec

laquelle les enfants vont jouer, permettra à terme de casser le mur des discriminations

et des préjugés négatifs à l'encontre de notre communauté". Lulica a les traits et le costu-me d'une Rom, et est inspirée de la grand-mère de son concepteur. Elle est vendue dansle premier magasin rom de Roumanie à Sibiu, qui propose aussi des produits spécifiquesà cette minorité. La poupée coûte entre 80 et 150 lei (20 et 40 €), en fonction de sonhabillement, qui est confectionné manuellement dans ce magasin servant également d'a-telier. Barculica, le partenaire de Lulica, est attendu pour cet automne.

Lulica poupée peu commune

Minorités

Chacun en est persuadé, l'intégration des communautés tsiganes passe par la scolarisation. Mais, c'est plus facile à direqu'à faire. Dans un document* dont suivent ci-dessous des extraits, l'Institut de Coopération avec l'Europe Orientale(ICEO) de Montpellier fait le point sur la question.

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SociétéLes NOUVELLES de ROUMANIE

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SociétéLes NOUVELLES de ROUMANIE

Pas de privilège de l'âge

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Selon la Fédération du patronat du tourisme roumain (FPTR), la finale dela coupe de l'UEFA - disputée le mardi 8 mai au stade National Arena deBucarest et gagnée 3 à 0 par l'Atletico de Madrid contre l'Athletic Bilbao

- a généré des revenus dans le secteur touristique d'à peu près 10 millions d'euros.Les hôtels de la capitale (capacité d'accueil, environ 22 000 places) étaient pleins à95%. Au total, plus de 10 000 touristes espagnols ont séjourné dans les hôtels deBucarest, et 10 000 Roumains de province sont venus à Bucarest pour l'événement.Ces supporters y ont séjourné pour une durée moyenne de 2,5 nuits, dépensant 3millions d'euros dans le logement. 15 000 autres Espagnols ont rejoint Bucarest pourune période de moins de 24 heures. Chacun de ces touristes a dépensé en moyenne150 euros par jour - hors nuit d'hôtel - générant des revenus de 6 millions d'euros.

52 347 spectateurs ont assisté à cette finale qui s'est déroulée au National Arena.Ils auraient même pu être davantage, mais plusieurs dizaines d'entre eux se sont arrê-tés à Budapest, confondant les deux villes !

Deux ans après son dernier titre, le

CFR Cluj, club des cheminots a rem-

porté sur le fil le titre de champion de

Roumanie de Ligue 1 et disputera

directement la Ligue des Champions.

Le classement :1. CFR Cluj 71 pts (Ligue desChampions)2. FC Vaslui 70 pts (qualificationLigue des Champions)3. Steaua Bucarest 66 pts (CoupeUEFA)4. Rapid Bucarest 64 pts (CoupeUEFA)

5. Dinamo Bucarest 62 pts (UEFA)6. Otelul Galati 52 pts

7. Universitate Cluj 47 pts

8. Panduri Târgu Jiu 47 pts

9. FC Brasov 45 pts

10. Concordia Chiagna 45 pts

11. Ceahlaul Piatra Neamt 42 pts

12. Astra Ploiesti 41 pts

13. Gaz Metan Medias 41 pts

14. Petrolul Ploiesti 39 pts

15. Târgu Mures 35 pts (relégué en

Ligue 2)

16. Sibiu 32 pts (relégué en Ligue 2)

17. Sportul Studentesc Bucarest 30 pts

(relégué en Ligue 2)

18. CS Mioveni-Pitesti 12 pts (relégué

en Ligue 2)

Finale de la coupe de RoumanieDinamo Bucarest 1 (Coupe UEFA) -

Rapid Bucarest (0)

Ligue 2Groupe A :

1. Viitorul Constantsa 61 pts (promu en

Ligue 1)

2. CSM Iasi 61 pts (promu en Ligue 1)

Groupe B :1. Poli Timisoara 65 pts (promu en

Ligue 1)

2. Gloria Bistritsa 65 pts (promu en

Ligue 1)

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l FOCSANI

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BISTRITA

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Sports 25 000 Espagnols au National Arena

Cluj encore champion

La roue a tourné pour le Roumain-Canadien Lucian Bute, 32 ans, champ-ion du monde des super-moyens (version IBF), dont le palmarès ne com-portait jusqu'ici aucune défaite et 30 victoires, dont 24 par ko: le boxeur

originaire de Galati, a perdu sa couronne à Londres face au Britannique Carl Froch,34 ans, qui a ainsi conquis son troisième titre. Toujours dominé par son adversaire,acculé dans les cordes, Bute - humiliation suprême - a été mis ko technique au 5èmeround. Bien qu'il ait droit à un match revanche, il n'a pas indiqué pour l'instant quel-le suite il entendait donner à sa carrière.

Un derby très chaud

Le derby de Cluj entrel'Universitatea et le CFR(club des cheminots) a été

suspendu après la 27e minute de jeu, le 6mai dernier. Alors que Cadu, joueur duCFR, chambrait les supporteurs del'Universitatea pour fêter le but qu'ilvenait d'inscrire sur pénalty (litigieux,selon les sources rapportant l'affaire),Mircea Bornescu, le gardien adverse,énervé, a sauté par-dessus les panneauxpublicitaires, partant à sa poursuite, lefrappant violemment et le faisant rouler

à terre. C'est que le gardien n'aime pasqu'on prenne ses supporteurs pour desbilles ! L'ambiance est logiquementdevenue délétère sur le terrain, et la ren-contre a été suspendue.

Mais ce n'était pas tout. Dans le tun-nel ramenant les deux équipes à leursvestiaires, la masseuse d'Universitatea ,entrée dans une colère noire, s'en estégalement pris à Cadu l'insolent, luienvoyant un coup de pied dans des par-ties jugées généralement par les obser-vateurs comme étant délicates…

Les gymnastes roumaines font le plein de médailles européennes

Cela faisait quatre ans que les gymnastes rou-maines n'avaient pas remporté de titre euro-péen par équipe. Mais, à Bruxelles, à la mi-

mai, tout comme en 2008 à Clermont-Ferrand, elles ontdominé la Russie, leur principal adversaire. CatalinaPonor, Sandra Izbasa et Larisa Iordache ont ramené aussitrois autres médailles d'or. Au total, les filles entrainées

par le couple mythique Mariana Bitang et Octavian Belu, qui les préparent égale-ment pour les Jeux Olympiques de Londres de cet été, ont raflé 6 médailles.

Coup (de poing) dur pour Lucian Bute

Les Roumains ont la plus grande espérance de vie… après la mort

Commentant une statistique de Bruxelles qui plaçaitl'espérance de vie des Roumains au dernier rang del'UE, avec 74 ans, le Patriarche Daniel a exhorté

les fidèles roumains à ne pas s'en offusquer… leur assurant queleur espérance de vie après la mort étant beaucoup plus longue,notamment pour les femmes, confinant à l'éternité, car ilsétaient les plus croyants du continent. Le chef de l'Egliseorthodoxe roumaine a aussi rappelé que, dans certains paysdont le niveau de la foi était proche de zéro, l'espérance de vie

après la mort était également nulle.Daniel s'est également félicité que les statistiques de l'UE

montrant le degré de religiosité des Roumains indiquent qu'ilssont non seulement assurés d'une vie au-delà du trépas maisque celle-ci sera aussi de grande qualité car ils iront droit auparadis pourvu qu'ils se confessent au moins à Noël et Pâqueset qu'ils se fassent pardonner leurs péchés avant de mourir,concluant "même les statistiques de Bruxelles sont capables

d'annoncer des miracles".

Insolite

Début mai, un couple se baladait à moto dans lacampagne roumaine avec un détail faisanttoute la différence: la passagère était entière-

ment nue. Bien évidemment, lorsque ce couple motard acroisé la police, il s'est tout de suite fait arrêté. Mais leplus surprenant, c'est l'amende dont la jeune femme aécopé. Elle n'a pas pris une contravention pour atteinte àla pudeur ou exhibitionnisme, mais pour non port ducasque... tout simplement parce qu'il n'y aucune article ducode de la route qui prohibe cette conduite. Les motardspeuvent donc rouler sans rien tant qu'ils portent un casque.Par contre, attention aux gravillons en cas de chute.

Alors que la municipalité de Bistrita a décidé d'ériger une statue du leader chinois Deng Xiaoping, Bucarest a program-mé celle du Prince Rainier de Monaco qui sera réalisée en bronze pour un montant de 200 000 euros… en pleine crisefrappant plus de la moitié de sa population ! La municipalité de la capitale n'a avancé aucune explication à cette déci-

sion, indiquant seulement que le souverain monégasque faisait partie d'un programme d'hommages à des personnalités ayant mar-qué leur époque ou la Roumanie, comprenant aussi cinq autres statues dédiées à l'acteur Gheorghe Dinica, aux philosophes MirceaEliade et Emil Cioran, à la romancière Hortensia Papadat-Bengescu et au révolutionnaire Avram Iancu, le choix ayant été arrêtépar le Conseil scientifique consultatif de l'administration des monuments. Sans-doute s'agit de rendre hommage aux casinos quiont fleuri dans la capitale ?

Gabriel Serban n'en peut plus. Le maire deCampulung Moldovenesc (Jud Suceava) estharcelé par une de ses administrées qui le

rend responsable de la disparition de ses cinq pots defleurs et d'une balance voici quatre ans, entreposés dansun immeuble en cours de rénovation. La retraitée mènedepuis une campagne sans relâche contre l'élu, utilisantles médias locaux, se répandant en accusations dans lescommerces, etc. "Je n'en dors plus" se plaint le maire quia entamé une action en justice demandant 100 000 eurosde dommages et intérêts pour atteinte à son imagepublique… et à l'équilibre de sa vie familiale. GabrielSerban confie qu'il est tellement épuisé qu'il ne peut plusremplir son "devoir conjugal" et tente en vain depuisquatre ans de faire un enfant à sa femme, le premier ducouple. Le maire affirme d'ailleurs que s'il gagne son pro-cès, l'argent ira intégralement à un orphelinat.

Moyens coupés

Nue à vélo… mais verbaliséepour non-port de casque

Statue pour le prince Rainier

Mariana Pisu, 50 ans, de Brasov, est considérée comme laplus vieille prostituée en exercice de Roumanie, maisle privilège de l'âge n'a pas pour autant attendri les

autorités locales qui lui réclament 35 000 € d'arriérés de contraven-tions non payées pour racolage sur la voie publique, au cours de cesvingt dernières années. Elle a en outre été condamnée à 120 heures detravaux d'intérêt général qu'elle devra employer à planter des fleurssur les espaces publics de la ville. La contrevenante profite cependantde l'exécution de sa peine au vu et au su de tout le monde pour conti-nuer son métier. En 2011, elle avait été verbalisée à 90 reprises.Mariana, qui est mariée et a un fils a cependant des principes bienancrés: elle ne travaille pas le jour du Seigneur, lors des fêtes religieu-ses ou quant il pleut, n'accepte que 2 ou 3 clients par jour, et n'exer-ce qu'entre 9 et 17 h, rentrant ensuite chez elle pour s'occuper de safamille. Elle prévoit de prendre sa retraite l'an prochain.

Page 16: Les OUVELLEs · par Corneliu Vadim Tudor, dont les mem - bres sont issus de l'ancien Parti commu-niste et de la Securitate. FDGR (Forum Démocrate des Allemands de Roumanie): parti

ReportageLes NOUVELLES de ROUMANIE

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ReportageLes NOUVELLES de ROUMANIE

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BRASOV

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PITESTI

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Les bergers et leurs troupeaux divaguant sur les hauteurs des Carpates doi-vent certainement se demander ce que peuvent bien chercher ces étranges créa-tures pliées en deux sur leurs drôles de machines montées sur deux roues, pour-suivies par une horde d'engins klaxonnant à tout va, feux allumés en plein jour…et qui s'entête à ne jamais les rattraper. Ils ne sont pas les seuls… les cigognes per-chées sur les toits des maisons saxonnes de Transylvanie, les chevaux courantdans les plaines de Bucovine, les vaches broutant dans les pâturages verdoyantsdes vallées de l'Olt et du Mures se posent la même question: qu'ont-ils donc tousà se faire la course en long et en large à travers toute la Roumanie. Justement, ilsfont le Tour de Roumanie… "La Mica Bucla" comme on l'appelle sur place, enréférence à "La Grande Boucle" ! Justement, les deux épreuves s'apprêtent à fêterrespectivement l'an prochain leur 50ème et 100ème édition. Pour bien saisir leurssimilitudes et différences, Henri Gillet a suivi l'épreuve roumaine pendant toutesa durée, huit jours, début juin !

La Fontaine prendrait sans-doute plaisir à conter dans une de ses fables cesétranges scènes où les hommes partagent l'incrédulité des animaux au pas-sage de la caravane. Femmes tsiganes aux tenues chamarrées qui se rangent

effrayées sur le bas-côté de la route, charrettes de paysans qui se poussent vite-fait.Tous écarquillent des yeux devant ce tintamarre qui dure le temps d'un éclair pour

disparaître vers d'autres horizons, les boucles duDanube, la plaine de la Dobroudja, les confins del'Ukraine et de la Moldavie. Car, il faut le dire touthaut… même si le Tour de Roumanie est ignoré dela quasi-totalité des Roumains - guère plus de 20 -30 000 personnes se pressent, au total, sur ses rou-tes - c'est une belle épreuve qui mériterait uneautre audience.

Mais la "Petite Boucle", comme l'aiment àl'appeler ses promoteurs, doit manger encore beau-coup de soupe pour un jour espérer tourner sonregard vers l'inaccessible grande sœur française.Ici, la "Grande Boucle" est la référence suprême etle rêve nourri par tous les participants est, pour les

plus fous, de s'aligner un jour à son départ, pour les plus raisonnables, d'assister à unede ses étapes. Quatre Roumains seulement ont participé à un Tour de France. C'étantavant-guerre et ils ont abandonné dès les premières étapes. Francophilie aidant, lecyclisme roumain a toujours été à l'école de la France, depuis ses débuts.

Budget: un écart parfois de un à 500 ou 1000 avec "La Grande Boucle"

L'ancêtre du Tour de Roumanie, le Tour de Munténie, est né voici un siècle, inspi-ré alors par le tout jeune Tour de France, apparu en 1903. Aujourd'hui, son organisa-tion est calquée sur l'épreuve reine: voiture balais pour les abandons, radio-Tour pourdonner les consignes et informations, ambulances, commissaires et directeur de cour-se, véhicules techniques, de contrôle anti-dopage, voitures de presse, et même un héli-coptère sponsorisé par Neptun TV, une chaîne de Constantsa qui, pour la deuxièmeannée, assurait une retransmission d'une heure en différé chaque soir, de 23 h à minuit.

Maillot jaune, de grimpeur, de meilleur espoir, par équipes: les trophées portent lamême couleur ou la même appellation, sauf pour celui qui distingue le meilleur sprin-teur, revêtu de rouge et non de vert. Bien sûr, la comparaison s'arrête là: la caravane duTour de France compte 2400 véhicules et peut s'étendre sur 70 km, sa petite sœur, 70s'étalant au maximum sur 3 km.

Samedi 2 juin. - "En roue" pour le

Tour cycliste de Roumanie dont le

départ est donné ce jour à Constantsa

pour un prologue de 8 km. Ici, rien du

gigantisme de la grande sœur françai-

se. Tout se fait à la bonne franquet-

te… mais non sans sueurs froides. Je

m'y suis pris dès janvier pour deman-

der mon accréditation et mes e-mails

ou coups de téléphone restant sans

réponse, je me suis présenté à la

Fédération Roumaine de Cyclisme, le

9 mai, dès mon arrivée

à Bucarest. "Pas de pro-

blème" m'a-t-on répon-

du, "rendez-vous à

Mamaia à l'hôtel Flora".

A l'accueil de l'hôtel,

aucune réservation ne

figure à mon nom…

mais la réceptionniste

me donne une chambre

immédiatement, sans

autre cérémonie, et me

montrant la salle où se

tient le comité d'organisation me sou-

haite "succes !"… ce qui ne manque

pas de m'inquiéter.

Le lendemain matin en entendant

dans les couloirs de l'hôtel des fem-

mes de service partant faire le ména-

ge se souhaitant la même réussite,

j'en déduis qu'il ne faut pas interpréter

au second degré ce vœu. D'ailleurs,

preuve m'est donnée dans la foulée

de l'efficacité de cette organisation "à

la roumaine". Mon nom ne figure pas

non plus dans la liste des journalistes

embarqués dans les voitures de la

course. Qu'à cela ne tienne… le

responsable de la presse me fait mon-

ter dans la sienne, entassant des col-

lègues roumains sur la banquette

arrière. Après tout, je suis venu ici

pour l'aventure !

l

l

Mais pour autant, l'organisation est rigoureuse et les ratésquasi-inexistants. La Fédération roumaine de cyclisme quis'en charge a d'ailleurs bien du mérite, devant compter avec lesinnombrables aléas auxquels on est confronté en Roumanie,dont le moindre n'est pas celui de l'état des routes. D'ailleurs,si les étapes sont relativement courtes - autour de 150 km -c'est pour ménager les organismes durement mis à l'épreuve,car le circuit emprunte rarement les meilleures chaussées, cel-les des routes européennes, pour ne pas se mettre à dos lesFédérations de transporteurs. La "Petite Boucle" n'a pas le brasaussi long que son aînée…

Cette différence saute aux yeux lorsqu'il est question debudget. Celui du Tour de France est estimé à 100 millionsd'euros, en Roumanie, il se situe entre 100 000 et 200 000 €.Un écart parfois de un à 500 ou à 1000. Encore faut-il incluredans cette enveloppe tout l'hébergement pris en charge par lesvilles étapes… et, contrairement au Tour de France, ces der-nières ne se bousculent pas pour accueillir l'épreuve. Ainsi, lesorganisateurs en sont-ils réduits à multiplier les transfertsd'une arrivée à un départ le lendemain matin, une centaine dekilomètres plus loin, histoire de racler une subvention dans lesfonds de tiroirs des mairies. A ce petit jeu, les coureurs du Tour2012 ont effectué 1500 km dans des voitures… et un peu plusde 1100 sur leur vélo. Cette année, le sprint final avait lieu àMarghita, ville proche d'Oradea, à 700 km de Bucarest, quiavait bien voulu mettre la main à la poche, la capitale étantboudée, s'étant montrée trop ladre.

Mégoter des sponsors jusqu'à la dernière minute

Même l'épreuve lancée, les organisa-teurs continuent à chercher des sponsorspour mettre un peu de beurre dans les épi-nards. A Iasi, ville de départ d'étape, l'und'eux avait pris un peu d'avance sur lacaravane… pour aller mégoter la fourni-ture de deux ou trois maillots auprès dumaire, usant d'un sport national, la "pila"

ou piston… que les Américains appellent

aussi le "networking". Mission réussie, car celui-ci ne se fitpas prier, assuré d'avoir sa photo dans les journaux locaux àtrois jours des élections municipales.

Le financement apparaît donc comme le nœud central d'unvéritable démarrage d'un Tour dont on s'accorde à reconnaîtresa valeur sportive. Si la BRD-Société Générale, principalsponsor, supprimait sa subvention de 40 000 €, l'épreuve s'ar-rêterait net. Mais si la Fédération Roumaine de Cyclisme netrouve pas d'autres ressources, elle continuera à végéter.

Les détracteurs de l'équipe dirigeante lui reprochent sonimmobilisme. Pourtant la course progresse. Quatorze motosl'encadraient cette année. On en comptait une seule en 2005.Quinze coureurs roumains se sont alignés au départ, ainsi que6-7 Moldaves, et la Roumanie chapeautait 4 équipes, dontcelle, Tusnad, d'où est sorti le vainqueur… un Croate, il estvrai. L'UCI (Union Cycliste Internationale) a reconnu laFédération en 2009 et délègue maintenant un observateur,chargé de veiller à l'application des règlements. Cette année, ilétait Slovène.

Comme dans toutes les instances, les ambitions et égos sefrictionnent lorsqu'il s'agit de renouveler le bureau. Les diri-geants sont alors régulièrement accusés de se payer (5000 €)par an… à ne rien faire. Dans la presse, on a fait des gorgeschaudes du chargement d'un camion de bouteilles d'eau miné-rale destiné aux concurrents qui aurait disparu en route. Unefois, les élections passées, les passions se calment. (suite p.32)

l

CHISINAU

FOCSANI

l

T. SEVERINl

MARGHITA

l

Tour de Roumanie Ignoré par son propre public, le Tour

Pas de problème !

de Roumanie a toujours rêvé de son grand modèle… le Tour de France

doit manger encore beaucoup de soupe !"La petite Boucle"

TOUR DE ROUMANIE 2012 TOUR DE FRANCE 2012

Nombre d'équipes : 14 de 6 coureurs 22 de 9 coureursNombre de partants : 83 198Longueur du parcours : 1184 km 3479 kmNombre d'étapes : 8 + prologue 20 + prologue

Budget : entre 100 0000 et 200 000 euros 100 millions d'eurosBudget par équipe : entre 7 et 15 millions d'eurosTotal des prix : 24 000 euros 3,5 M€ dont 2 M€ de primesVainqueur : 3000 euros 450 000 eurosVainqueur d'étapes : 700 euros 8000 euros

Caravane : 80 voitures, 200 personnes 2400 voitures, 4500 personnesLongueur de la caravane : 500 m à 2,5 km 12 km à 70 kmIntendance (techniciens et accompagnateurs): 80 2100

Spectateurs : entre 15 000 et 50 000 12 millionsMédias : 40 journalistes et assimilés 2500 journalistes et assimilésDiffusion TV à l'étranger : aucune 186 pays, direct dans 60 paysNombre de licenciés : 112 000

Dans ce tableau, il s'agit d'estimations ou de moyennes. Il ne faut pas confondre ladisparité énorme entre les moyens dont disposent l'une et l'autre compétition, parfoisde 1… à 1000 et leur valeur sportive qui, en fonction de la durée, la longueur et ladureté de l'épreuve, le niveau des concurrents, est beaucoup plus proche, de l'ordre de1 à 3, ce qui est plutôt un bon point pour le Tour de Roumanie.

Catalin Cirnu, officier de presse, et ValeriuAndoniu, directeur de la course, deux hom-

mes-clé du 49ème Tour de Roumanie.

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ReportageLes NOUVELLES de ROUMANIE

3332

ReportageLes NOUVELLES de ROUMANIE

n

BUCAREST

ORADEA

SATUMARE

l

TIMISOARA

ARAD

l

IASI

BRASOV

CONSTANTACRAIOVA

TARGUMURES

GALATI

l

l

l

l

l

l

ll

TULCEABRAILA

SUCEAVA

BACAU l

lURZICENI

l

(suite de la page 30)

Dopage: le jeu en vaut-il la chandelle ?

Quant au dopage, personne n'en parle. Un véhicule et une équipe médicale lui sontaffectés pour respecter les exigences de l'UCI. Régulièrement, lors de la remise desbouquets aux vainqueurs, le speaker annonce que le gagnant de l'étape ne peut pasmonter sur l'estrade, étant parti satisfaire au contrôle. Le jeu en vaut-il vraiment lapeine, vue l'importance modeste de l'épreuve? De temps en temps, la Fédération révè-le avec un certain décalage, un dépistage positif. Ce fut le cas pur un Ukrainien en2007.

Avec un sourire amusé, les Roumains soulignent que les équipes qui dominent leTour de France ne sont pas-celles qui ont les meilleurs coureurs ou entraîneurs ou spon-sors… mais celles qui ont déniché les meilleurs médecins. Toutefois on peut remarquerque, quinze jours après le Tour de Roumanie 2011, le seul Français a y avoir participé,le professionnel Guillaume Pont, 31 ans, avait été contrôlé positif à l'EPO, lors deschampionnats de France sur Route. Suspendu pour quatre ans, l'équipier de la forma-tion grecque Tableware, très présente dans les compétitions en Espagne et habituée dela "Mica Bucla", pouvait considérer sa carrière terminée.

Le pied pour les bénévoles qui vivent une semaine folle

La véritable question pour la Fédération porte sur la dimension à donner à l'épreu-ve. Les dirigeants en place ont choisi de privilégier le volet amateurs. Sur les quatreéquipes roumaines engagées, une seule, Tusnad, avait un statut lui permettant de dispu-ter des épreuves à l'étranger, les autres doivent rester à la maison. Sans le Tour deRoumanie, leur bicyclette ne leur servirait à rien, plaident-ils.

Les cyclistes roumains ne peuvent pas vivre de ce sport soutiennent-ils aussi. Ilsn'ont aucun moyen et ce sont des passionnés, ravis de pouvoir rouler sur des vélos

d'une valeur de 4-5000 € fournispar les clubs ou les sponsors, qu'ilsne pourraient jamais s'offrir autre-ment.

Les accompagnateurs sontlogés à la même enseigne. Desbénévoles, fous de vélo, souventanciens cyclistes eux-mêmes, par-fois de père en fils, qui prennent surleurs congés pour se joindre à l'é-preuve. Pendant une semaine, ilssont à la fête. Certains viennentavec leur propre voiture ou leurmoto, embarquent les journalistes,se transforment en arbitres, ouvrentla course et la route, roulent à touteberzingue, remontent les files de

véhicules, s'engouffrent sur la voie de gauche. Pour ces motards, c'est le pied. Ils n'au-raient jamais eu l'occasion de passer une semaine à plein gaz comme celle-ci… et avecla bénédiction de la police et de la gendarmerie qui assure la protection de l'épreuve.Mais ne nous y trompons pas, tout est fait avec le plus grand sérieux. Leur récompen-se? La Fédération leur rembourse l'essence et assure leur hébergement. L'un d'entre-eux avait pris des congés pour venir du Koweït où il travaille.

Et les organisateurs d'ajouter que le saut exigé par l'UCI pour pouvoir s'exprimerà un niveau de compétition supérieure est hors de portée, actuellement: une garantiebancaire conséquente, pouvant dépasser la centaine de millier d'euros, un accueil dansdes hôtels de meilleure qualité (actuellement, il s'agit de 3 étoiles, très corrects), desroutes en meilleur état, des émissions en direct à la télévision…

(suite page 34)

Dimanche 3 juin.- Le Tour a vrai-

ment du mal à se faire connaître. Déjà

la veille, la présentation des équipes,

le spectacle qui avait suivi, le prologue

contre la montre, n'avaient attiré qu'u-

ne dizaine de spectateurs en dehors

de la caravane. Les concurrents rou-

mains qui passent devant chez eux,

n'ont pas besoin de demander un bon

de sortie au peloton pour passer déta-

ché… il n'y a personne pour les

applaudir !

Je m'attendais à une organisation

"à la roumaine", dont je connais les

mécanismes de puis un certain temps:

on part avec en tête un plan

bien défini, mais rarement

réalisé, compte tenu des

aléas liés à la nature du

pays… Alors, dans la der-

nière ligne droite, on impro-

vise, trouvant une solution

sur le fil. En exagérant, on

pourrait dire que rien ne

marche comme prévu…

mais que finalement tout

finit par s'arranger. C'est

bien le principal et, si on

prend çà avec un peu de

philosophie, c'est même plu-

tôt sympathique ! Mais non !

Loin des clichés, ce Tour me

paraît parfaitement organisé et les

étapes à venir ne le démentiront pas.

Finalement, j'atterris dans le combi

Mercedes d'un des directeurs de la

course, délégué de l'Agence Nationale

des Sports, un bon vivant qui se

délecte à donner des consignes à son

chauffeur… rien moins qu'un colonel

de gendarmerie, non moins ravi d'o-

béir les deux doigts sur la couture du

pantalon aux injonctions… à ne rien

respecter du code de la route !

Pas besoin de bon de sortie

Le Croate Matja Kvasina au-dessus du lot

l

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Le Croate Matja Kvasina, 31 ans, membre de l'équipe roumaineTusnad, a remporté la 49ème édition du tour de Roumanie au termed'une épreuve sans grand suspense. La "Petite boucle" avait réuni 83concurrents au départ, donné à Constantsa sur les bords de la MerNoire, répartis entre 14 équipes. Seulement 67 ont franchi la ligned'arrivée à Marghita, près de la Hongrie.

L'Ukraine était apparue comme la grande favorite du Tour deRoumanie. Venus en force, avec deux équipes, dont une natio-nale, les Ukrainiens ont certes imposé leur domination collecti-

ve tout au long de l'épreuve, remportant quatre étapes dont trois revenantà leur sprinter Andriy Kulyk, plaçant leur deux formations en tête du classement par équipes… mais ils sont repartis sans avoirréussi à endosser les maillots les plus prestigieux, le jaune, bien sûr, le rouge, équivalent du maillot vert consacrant le meilleursprinter, et le blanc attribué au meilleur grimpeur.

Le Grec Tamouridis s'était promis de prendre sa revanche sur l'année précédente, où il avait terminé deuxième, ratant la vic-toire finale dans des conditions jugées particulières. Il s'était incliné sur le fil devant l'enfant du pays, le Roumain Andrei Nichitaqui avait dominé l'épreuve grâce à une échappée lui donnant un quart d'heure d'avance, laquelle se réduisait à une peau de chagrinavant la dernière étape décisive de montagne, domaine où il ne brille pas particulièrement. En passe de perdre son maillot jaune auprofit du Grec, le Roumain l'avait sauvé de justesse grâce à la complicité des coureurs italiens, pays où il s'entraîne, qui l'avait rame-né sur les échappés… et à celle d'une météo défavorable, conduisant les organisateurs à écourter de dix kilomètres la montée, lesplus difficiles. Pas rancunier, Ioannis Tamouridis est revenu pour l'édition 2012. S'il ne s'est finalement pas imposé, il a cependantremporté trois victoires d'étapes, a porté le maillot jaune pendant deux d'entre elles et finalement endossé le maillot rouge de la vic-toire aux points. Il a eu aussi la satisfaction de voir son coéquipier espagnol Gonzales de la Parte, terminé second de l'épreuve, àquelques dizaines de secondes du vainqueur final, Matia Kvasina qu'il n'avait visiblement pas les moyens de surclasser. Grand sei-gneur, le Croate, qui avait pris le maillot jaune dès la 3ème étape, lui a d'ailleurs laissé la victoire de la prestigieuse Transalpina,l'Alpe d'Huez du Tour de Roumanie, avec une arrivée au pic Papusa, à 2094 mètres. Après trente kilomètres d'une montée avec descôtes à 16 % et une vingtaine de lacets dans la dernière partie, les deux hommes ont terminé roue dans la roue.

Décidément fâché avec la montagne, concédant quatre minutes dans la Transalpina, et relégué à la cinquième place du géné-ral, alors que la veille il était encore second à deux secondes, Andrei Nichita n'a pu rééditer son exploit de l'année précédente. Il seconsolera en représentant pour la première fois la Roumanie aux Jeux Olympiques de Londres.

l

l

VASLUI

SF. GHEORGHE

La course

Classement général individuel :1. Matja Kvasina (Croatie, Tusnad Cycling Team), les 1173km en 26 h 54 mn 48 sec. (moyenne : 43,58 km/h)2. Victor De la Parte Gonzales (Espagne, Tableware) à 23secondes3. Johannes Heider (Allemagne, Univega) à 2 mn 514. Denis Karnulin (Ukraine, ISD Lampre) à 4 mn 035. Andrei Nechita (équipe nationale de Roumanie) à 4 mn 166. Berger Henrich (Allemagne, C.S. Mazicon) à 5 mn 45 7. Iurii Leontenko (Ukraine) à 6 mn 36 8. Maksym Vasilyev (Ukraine, ISD - Lampre) à 7 mn 34 9. Enrico Franzoi (Italie, Cycling Team Friulli) à 7 mn 43 10.Martin Grashev (Bulgarie, Nessebar Shockblaze) à 8 mn 02… 17 coureurs sur 83 au départ ont abandonné

Les vainqueurs d'étapes :2 juin: Prologue contre la montre individuel à Constantsa sur8 km: Ioannis Tamouridis (Grèce, SP Tableware)Demi-étape Giurgieni-Galati (142 km) : Andriy Kulyk(Ukraine)3 juin: Galati-Vaslui via Tecuci (180 km) : Maksym Vasilyev(Ukraine)4 juin: Iasi-Botosani (117 km) : Andriy Kulyk (Ukraine)5 juin: Siret-Suceava via Gura Humorului (161 km) : MatjaKvasina (Croatie, Tusnad Cycling Team)

6 juin: Poiana Largului-Târgu Mures via Târgu Neamt (168km): Andriy Kulyk (Ukraine)7 juin: Agnita-Râmnicu Vâlcea via Sighisoara (156 km):Ioannis Tamouridis (Grèce, SP Tableware)8 juin: Râmnicu Vâlcea-Pasul Urdele (Transalpina) via Rânca,(126 km) : Victor De La Parte (Espagne, SP Tableware)9 juin : Deva-Marghita via Stei (113 km) : Ioannis Tamouridis(Grèce, SP Tableware).

Classement général par équipes:1. Equipe nationale d'Ukraine2. ISD Lampre (Ukraine)3. Tusnad CT (Roumanie)

Les maillots:Jaune (classement général) - Matja Kvasina (Croatie, TusnadCT)Blanc (combativité) - Ioannis Tamuridis (Grèce, Tableware),déjà 2ème l’an passéVert (montagne) - Johannes Heider ( Allemagne, Univega)Rouge (sprinters) - Oleksandr Golovas (Ukraine)Bleu (meilleur Roumain) - Andrei Nechita (équipe nationalede Roumanie), vainqueur l’an passéTricolore (meilleur espoir roumain) - Valentin Plesea(Otopeni)

Le Palmarès

Andrei Nechita, terminant 5ème, n'a pu rééditer son exploit de l'anpassé et ramener une deuxième victoire finale à la Roumanie.

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Reportage

L'influence de la France sur la Roumanie du début duXXème siècle peut se mesurer au cyclisme. Alorsque le 1er Tour de France date de 1903, organisé

par le journal L'Auto (qui deviendra l'Equipe) et remporté parle Français Maurice Garin, l'ancêtre du Tour de Roumanie,appelé le circuit de la Munténie (LaTransylvanie fait alors encore partie del'Empire austro-hongrois), de déroule dèsaoût 1910. Organisé à l'initiative… de laRevista Automobila, revue illustrée consa-crée à l'ensemble des sports, il ne compteque 18 participants et sera remporté parl'Italien Mario Sallo.

Il faudra attendre 1934 pour que le 1ertour de Roumanie voit le jour, cette fois-ciorganisé par le Journal "Sportul Zilnic",

quotidien qui est le pendant roumain deL'Equipe, avec le concours de la FédérationRoumaine de Cyclisme. La Roumanie estalors le 7ème pays à disposer d'un tourcycliste national amateur ou profesionnel,après la Belgique (1906), Les Pays Bas(1909), la Bulgarie (1924), la Hongrie(1925) et la Pologne (1928).

Le premier Tour est remporté par leBulgare Nicoloff, le Polonais Daniel s'impo-sant en 1935, et Pierre Gallien, l'année sui-vante. Il sera le seul Français vainqueur de lacompétition. Le départ de l'épreuve étaitdonné traditionnellement de la place du Théâtre national àBucarest.

L'an prochain, le Tour de Roumanie célèbrera sa 50èmeédition… alors que sa grande sœur en sera à la centième. Unecoïncidence qui accentue sa filliation.

28 victoires finales pour les Roumains

Avec 28 victoires finales, les Roumains se taillent la partdu lion, laissant loin derrière ses premiers suivants, lesBulgares (4 victoires), et les Ukrainiens (3 victoires). A noterqu'un Moldave, Igor Bonciucov, a remporté l'épreuve en 1998.

En 78 années, la "Mica bucla" connaîtra 29 années d'inter-ruption, de 1936 à 1946, puis par intermittence, notammententre 1974 et 1983, reprenant alors sans discontinuer jusqu'ànos jours, sauf en 1996.

Au total, 25 nations ou leurs ressortissants ont participé auTour de Roumanie depuis sa création, dont 14 de l'anciennesphère d'influence soviétique: Roumanie, Bulgarie, Hongrie,Pologne, Albanie, Tchécoslovaquie, Yougoslavie, Allemagnede l'Est, URSS, Ukraine, Moldavie, Kazakhstan, Géorgie,Azerbaïdjan, 4 hors Europe : Syrie, Maroc, Chypre, Turquie,et 7 d'Europe occidentale : France, Allemagne, Pays Bas,Norvège, Suède, Grèce, Italie. Des Suisse et des Belges ontparticipé à titre individuel.

L'épreuve comporte aussi un classement par équipes, soitnationales ou regroupant des coureurs de différents pays quandils ne sont pas assez nombreux.

70 villes-étapes à travers le pays

Le cyclisme a bien évolué depuis l'é-poque pionnière d'Avant-Guerre. En 1974,l'étape Pitesti-Bucarest (109 km) a étéremportée à la moyenne de 52,516 km…alors que la moyenne générale de l'éditioninaugurale de 1934 avait été de 24 km/h !Il faut noter que plus de la moitié desquelques 470 étapes disputées depuis l'ori-gine l'ont été à plus de 40 km/h… lamoyenne générale étant cependant de35 km/h.

Avec 1400 km, le parcours 2012 sesitue tout à fait dans la moyenne, le tour leplus long ayant été celui gagné par PierreGallien (2242 km), lors de sa 3ème édi-tion, le plus court se déroulant sur 430 kmen 1991. Cette année-là le record demoyenne horaire - toujours inégalé - de42,2 km/h sera pulvérisé.

Au total, 70 villes roumaines ontaccueilli des étapes, Bucarest, évitée cetteannée, venant très largement en tête (41fois), suivie de Sibiu (28), Cluj (25),

Brasov et Buzau (23), Târgu Mures (22), Oradea et Bacau(18), Vatra Dornei (13), Timisoara et Deva (12), Focsani et Iasi(11).

3300 coureurs ont participé à l'épreuve depuis sa création,avec une moyenne de 65-70 s'alignant au départ de chaque édi-tion, 45-50 franchissant la ligne d'arrivée, soit une moyenned'abandons de 27 % (un peu plus de 900 depuis 1934), les pre-mières éditions enregistrant une véritable hécatombe (1934: 61coureurs au départ, 19 à l'arrivée, 1935: 98-30, 1936: 77-18).

Deux triplés

Certains participants ont acquis une certaine notoriété,comme Constantin Dumitrescu et Mircea Romascanu, vain-queur à 3 reprises ou Ion Cosma et Walter Zigler, 2 victoiresfinales. Marin Niculescu, bien que n'ayant remporté l'épreuvequ'une seule fois, est sans-doute un des cyclistes roumains lesplus connus, forgeant son image grâce à ses 14 victoires d'éta-pes en 6 tours disputés, dont 5 au cours d'une seule édition. Ilest suivi par Gabriel Moiceanu (13 victoires d'étapes, 1 victoi-re finale en 10 Tours) et Constantin Dumitrescu (12 victoires,3 Tours remportés en 8 participations).

La prime de la popularité… et de la longévité revient àTraian Chicomban de Brasov qui a participé de la premièreédition (1934) à la 9ème, en 1954 !

Les NOUVELLES de ROUMANIE

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ReportageLes NOUVELLES de ROUMANIE

n

BUCAREST

ORADEA

SATUMAREl

TIMISOARA

ARAD

SIBIU

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IASI

BRASOV

CONSTANTA

CRAIOVA

TARGUMURES

GALATI

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l

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l

l

l

lBRAILA

SUCEAVA

FOCSANI

l

lR. VÂLCEA

l

(suite de la page 32)

"On ne peut pas suivre"

"On ne peut pas suivre, faute de sponsors" soupire-t-on à la Fédération. Ce à quoi,les opposants rétorquent que pour les séduire, il faut d'abord se faire connaître, regret-tant qu'aucune publicité digne de ce nom ne soit faite pour attirer le public, les routeset les arrivées d'étapes restant désertes. Et d'y voir une volonté délibérée des dirigeantsde ne pas attirer l'attention pour rester tranquillement entre eux, avançant le refus qui aété opposé à un manager italien réputé de prendre le Tour en main pour lui donner l'en-vergure qu'il mérite, à l'instar des tours de Pologne et de Turquie dont la notoriété abeaucoup progressé ces dernières années.

L'éclaircie viendra-t-elle d'ailleurs ? La Fédération ne compte guère que 300 licen-ciés, contre 110 000 en France, ce qui montre à l'envi que ce sport n'y bénéficie pas dela même popularité. Pourtant, de nouvelles courses ont vu le jour ces derniers temps ouse sont renforcées: le Tour de la Dobroudja qui précède de quelques semaines celui deRoumanie, le Tour de Sibiu, disputé sur 3 jours à la mi-juillet, et le Tinul Secuiesc,épreuve qui a un goût de souffre car organisée par les Hongrois du judet de Covasna.

Deux mille participants à "La Première Echappée"

Pour pouvoir se dérouler, ces compétitions doivent impérativement recevoir l'agré-ment de la Fédération qui a la haute main sur le cyclisme. Une toute nouvelle équipe,

le CS Otopeni aime-rait faire bouger leschoses plus vite.Emmenée par lesprinter AlexandruCiocan, en fin decarrière, elle pensequ'on peut profes-sionnaliser la disci-pline. "Mais il fau-

dra du temps pour

faire changer les

mentalités, sans-

doute dix ans" esti-me celui qui estaussi devenu depuisl’an passé commen-tateur à Eurosport.

Le véritableessor que connaît le

VTT est à la fois plus prometteur et significatif. Organisée depuis 3-4 ans, le 2èmesamedi de mai, "La Prima Evadare" ("La Première Echappée") a réuni 2000 partici-pants entre Bucarest et Snagov, sa banlieue chic, lors de sa récente édition. Des benja-mins jusqu'aux vétérans, chacun pouvait s'engager dans la catégorie adéquate contreune contribution de 10 €. Des rallyes de mountain Bike voient également le jour. Lesventes de vélos progressent régulièrement, des magasins de cycles apparaissent, unfabriquant roumain, First Bike, est même présent sur le marché. Finalement, le vélorevient un peu en grâce par l'intermédiaire de la société civile qui ne tient pas plus queçà à voir ses activités "encadrées" pour une pratique qu'elle veut ludique et individuel-le. Quelque soit l'évolution du cyclisme en Roumanie, le Tour 2013 s'annonce commeun grand crû. Il pourrait partir de Chisinau en Moldavie et faire étape en Hongrie, fai-sant ainsi des incursions en terre étrangère, afin de célébrer avec éclat sa cinquantièmeédition… alors que le Tour de France, lui, fêtera sa centième édition. Décidément, entrela Roumanie et la France… c'est une histoire en boucle !

Henri Gillet

Ce pilote expérimenté zigzague

dans le peloton, remonte le long de la

caravane, rampe d'urgence et tous

phares allumés, coups de sirène hulu-

lant, roulant sur la file de gauche,

salué par les policiers en faction le

long de l'itinéraire. Parfois notre véhi-

cule prend de l'avance. Les voitures

venant en face nous signalent que la

route est truffée de contrôles. Notre

colonel rigolard les remercie d'un

salut amical de cette prévenance !

D'autres fois, il se rebiffe face aux

ordres de son patron qui lui cloue le

bec d'un impératif "Ce am spus, am

spus" ("Ce que j'ai dit, je l'ai dit !")…

répété trois-quatre fois avant d'être

suivi d'effet. Un jeu entre les deux

compères.

Lundi 4 juin.- Me voilà soumis au

régime sportif. Le serveur de l'hôtel

me rabroue lorsque je lui demande un

café au petit-déjeuner. Ce sera un

thé, comme les coureurs. Hier soir,

c'était des pâtes et de l'eau plate.

Heureusement, un organisateur avait

eu la bonne idée d'apporter une bou-

teille d'Evian… remplie d'une inno-

cente tsuica de fabrication maison. Et

dans les voitures de la caravane, si

on cherche bien du pied sous les siè-

ges, il n'est pas rare de tomber sur

des packs de bière fraîche.

A l'entrée des villes étapes, les

rues sont constellées d'autant de ban-

deroles que les arrivées du tour de

France, mais là ce sont les portraits

et les slogans des candidats aux

élections municipales et départemen-

tales qui ont lieu le dimanche suivant

qui y figurent. Le Tour a d'ailleurs été

raccourci d'une journée pour ne pas

se télescoper avec le scrutin.

50ème édition l'an prochain… et centième pour le Tour de France

Au régime… comme les coureurs !

l

l

T. MAGURELEl

A. IULIA

l

BUZAU l

Vainqueur de la 3ème édition du Tour deRoumanie en 1936 et seul Français à

avoir remporté l'épreuve, Pierre Gallien,né en 1911 à Paris et mort en 2009 à

Barcelone, à l'âge de 97 ans, a été un coureur cycliste français professionnel de1935 à 1939. Il a remporté une étape du

Tour de France 1939. Il était le plus vieuxvainqueur d'étape du Tour de France

encore en vie en 2009.

Embarqué dans un combi - Mercedes, dont on voit ici l'équipage aucomplet, Henri Gillet (au centre) a suivi pendant huit jours

le Tour de Roumanie, son véhicule étant conduit par un colonel de gendarmerie (avec casquette)

placé "sous le commandement" d'un émissaire de l'Agence Nationale des Sports (2ème à partir de la droite).

Historique

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ReportageLes NOUVELLES de ROUMANIE

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ReportageLes NOUVELLES de ROUMANIE

Tour de Roumanie

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BUCAREST

ORADEA

SATUMARE

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TIMISOARA

ARADSIBIU

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IASI

BRASOV

CONSTANTACRAIOVA

TARGUMURES

GALATI

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TULCEABRAILA

SUCEAVA

BACAU

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lPITESTI

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Le sprinteur roumain est le seul à pouvoir vivre de son sport

Mardi 5 juin.- Une journée sur le

tour suit toujours le même scénario.

Au départ, commissaires et

arbitres vérifient que leurs sif-

flets marchent bien, donnant un

véritable concert. Chaque

matin, ils doivent se poser avec

angoisse la même question

existentialiste: sifflet or not sif-

flet… car que seraient-ils dans

ce monde sans leur indispensa-

ble instrument?

Au bout de deux heures de

course, la caravane commence

à s'agiter. Où trouver un endroit

discret pour s'arrêter et soula-

ger les vessies ? Ces haltes

donnent lieu à des scènes cocasses

avec des accompagnateurs surgissant

des voitures dans des claquements

de portières et s'alignant au bord de

la route, alors que les chauffeurs font

ronfler leur moteur, histoire de faire

accélérer leur débit aux retardataires.

J'ai une pensée compatissante pour

les consœurs journalistes qui doivent

serrer… les dents jusqu'à l'arrivée.

L'étape à peine terminée, la caravane

essaie aussitôt de dénicher l'endroit

où se trouve la secrétaire du comité

d'organisation. C'est elle qui détient

les petits tickets attribuant à chacun

son hôtel, sa chambre et les bons de

repas. Dès qu'elle est repérée, tout le

monde se passe le mot et elle devient

pendant quelques minutes la person-

ne la plus courtisée de l'épreuve.

J'apprend que je suis le seul jour-

naliste étranger à avoir suivi l'épreuve

depuis au moins trente ans… sinon

de puis la fin de la Seconde Guerre !

Comme j'étais invité par la Fédération,

cette année j'ai fait deux tours de

Roumanie… pour le prix d'un !

Deux Tours pour le prix d'un

Aujourd'hui arbitre sur le Tour, le jeune espoir se préparait pour "La Grande Boucle"

l

l

M. CIUC

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TÂRGOVISTE

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Après 30ans dedésert,

Ioan Andoniu a été le premier cycliste roumain à revenir cou-rir sur les routes de France. Le "gamin" de 22 ans, avait étérepéré sur Internet par un manager nantais, Serge Pineau, à larecherche de talents balkaniques. L'offre était trop tentante.Tous les frais, équipement et hébergement payés, le jeuneRoumain pouvait venir tenter sa chance dans le pays de "La

Grande Boucle". Pendant trois ans, Ioan a ainsi fait l'aller-retour avec son pays, y revenant après des périodes d'entraîne-ment de 3 mois. Dans l'attente de son visa de séjour, le gar-çon logeait dans une caravane confortablement équipée, auxAubiers, près de Châteaubriant, en Loire-Atlantique. Pour unespoir, après avoir achevé l'université des Sports, complétéeplus tard par un diplôme d'une école d'entraîneur, sa carte de

visite était déjà prometteuse avant de débarquer en France,avec une sélection en équipe nationale pour disputer des épreu-ves en Allemagne, Grèce, Russie, Bulgarie.

L'épisode français a confirmé les espoirs que Serge Pineauavait mis en lui. Ioan a remporté sept épreuves majeures de larégion nantaise, connue pour être une pépinière de talents fran-çais, dont le Grand prix de Mayenne et de Craon.

Aujourd'hui, à 28 ans, après avoir renoncé à sa carrière, lejeune Roumain travaille aux côtés de son père à la Fédérationde Cyclisme et officie comme arbitre lors du Tour deRoumanie. Il profite aussi de son expérience française pourentraîner cinq coureurs roumains classés à l'UCI et, à son tour,repérer des jeunes talents, déjà une dizaine, qu'il confie à SergePineau. Avec l'espoir que l'un, un jour, participera à sa place à"La Grande Boucle"… un rêve personnel brisé pour une histoi-re de genou trop fragile.

Ioan Andoniu a dû renoncerà ses illusions pour un genou trop fragileVainqueur du Tour de Dobrodjea fin mai, histoire de se mettre en jambes

pour le Tour de Roumanie, Alexandru Ciocan, classe 4ème meilleur coureur rou-main en 2011, est considéré comme le sprinter national et porte surtout sur sesépaules l'espoir d'un renouveau du cyclisme dans son pays.

Alexandru Ciocan n'a pas eu besoin d'élixir pour grandir dans le sport…même si cet ancien étudiant en pharmacie, après avoir terminé l'universi-té de sports, convient, dans un grand éclat de rire que cette discipline est

souvent considérée comme la meilleure adresse de "restaurant" des coureurs. Sonpère, Constantin, a été un des plus grands champions roumains, participant aux JO deTokyo en 1964, et finissant 4ème du contre la montre par équipes des championnats du

monde, avant de devenir le meilleur entraîneur du pays.Quant à sa mère, Gabriela, elle a terminé 2ème du champ-ionnat d'Europe de basket avec l'équipe roumaine.

Alexandru visait une victoire d'étape dans le tour 2012et lorgnait vers le maillot rouge récompensant le meilleursprinter. Il a dû remballer ses espoirs devant une concurren-ce étrangère à la fois plus jeune et supérieure. A 34 ans, leRoumain ne s'en offusque pas. Il sait que sa carrière est der-rière lui et s'apprête à remiser son vélo dans son garage…mais non le cyclisme qui est sa vie.

Car Alexandru Ciocan symbolise la modernité d'unsport qui demande à évoluer en Roumanie. "Il nous faut dix

ans encore, un changement de génération pour parvenir au

niveau continental" analyse-t-il, relevant les quelques pro-grès effectués depuis le début des années 2000. "Nous avons

davantage de meilleurs coureurs et un peu plus d'argent, mais ce n'est pas encore suf-

fisant" constate le champion qui convient qu'aucun coureur roumain ne peut encorevivre de son sport. Justement, Ciocan est l'exception, mais parce qu'il a su organiser sacarrière. Après avoir entraîné en second la section cycliste du Dinamo de Bucarest,parallèlement aux courses disputées, il est devenu la cheville ouvrière d'un nouveauclub, le CS Otopeni, dans la banlieue de Bucarest, récupérant au passage les meilleurséléments de son ancienne formation. Avec une ambition non cachée: en faire un clubfiable entraînant le cyclisme roumain vers la professionnalisation.

Commentateur pour Eurosports

De le même façon le coureur a assuré non pas ses arrières… mais plutôt sesdevants, en devenant depuis 2011 consultant d'Euronews Roumanie pour les grandescompétitions mondiales. Ainsi les téléspectateurs roumains peuvent-ils désormaisentendre des commentaires avisés sur la Vuelta, le Giro, le Tour de France, les JeuxOlympiques, le coureur aménageant le calendrier de ses interventions en fonction deson engagement dans les courses. Une casquette de journaliste qui plait énormémentau Roumain qui souhaite en faire le prolongement dans son engagement dans le cyclis-me. Surtout, elle lui a permis de réaliser le rêve de tout coureur: assister en direct à laGrande Boucle. "C'est géant, plus fort encore que les JO" s'enthousiasme-t-il, s'inquié-tant cependant pour la version 2012: "De grands noms comme Contador et Armstrong

ont été mis hors course pour cause de dopage, mais finalement, ce sont eux qui fai-

saient venir le public… Maintenant, il n'y a plus de grandes pointures".

L'avenir du cyclisme roumain, Alexandru Ciocan le voit donc dans la relève desgénérations, mais plus encore dans le développement de la pratique du vélo dans lapopulation, comme le montre notamment le succès des épreuves de VTT ouvertes àtous. En quelque sorte, le renouveau qui s'imposera par la base.

Tour de Roumanie

Les casquettes d'Alexandru Ciocan

Pour la deuxième année consé-cutive, les Moldaves alignaientune équipe nationale au départ

du Tour de Roumanie, épreuve qu'ils ontdéjà remportée à deux reprises ces vingtdernières années.

Qu'on ne s'y trompe pas… la petiteMoldavie, ex-république soviétique, tientla dragée haute à ses voisins quand il estquestion de cyclisme. Certes, elle n'a pasretrouvé le niveau d'avant la chute ducommunisme, mais elle fait tout y parve-nir. D'ailleurs, sa fédération s'inspire del'époque soviétique pour essayer dereprendre son rang. Elle anime des écolesde sports, financées par l'Etat, et un cent-re d'entrainement.

Dépourvue de moyens, ses dirigeantsont décidé de faire l'impasse sur les cou-reurs adultes, aux prétentions financièreshors de portée, pour tout miser sur lesespoirs. C'est ainsi que la seule grandecourse organisée, "La coupe duPrésident", sur trois jours à la mi-juin,est réservée aux juniors. Ces jeunes, forcevive des 60 licenciés que compte le payset que la Moldavie emmène tout au long

de l'année faire leurs dents dans desépreuves en Azerbaïdjan, Pologne,Ukraine, Turquie, et envoyait encorerécemment se former au centre de prépa-ration mondiale de l'Union CyclisteInternationale, à Aigle, en Suisse.

La fédération moldave confie ainsi sapépinière de talents aux équipes profes-sionnelles étrangères, espèrant qu'ellesrepèreront les plus doués.

Andrei Pliuschin, 25 ans, est ainsipassé pro, voici deux ans, devenant réser-viste dans l'ex-équipe de LanceArmstrong et a été le premier moldave adisputé un Tour de France, en 2010. Cetété il représentera son pays aux JO deLondres lors de l'épreuve sur route, occu-pant la place réservée par l'UCI à laMoldavie.

Andrei Tchmilchampion aux cinq nationalités

Mais le plus connu des coureurs mol-daves est sans conteste Andreï Tchmil, néen 1963 à Khabarovsk (Russie, alors enURSS). Professionnel de 1989 à 2002, il

a été d'abord soviétique, puis a eu ou prisensuite les nationalités russe, moldave etukrainienne, avant d'être naturalisé belge,courant pour ces cinq nations !

Grand coureur de classiques, Tchmil- Cimili en moldave - a remporté Paris-Roubaix en 1994, Paris-Tours en 1997,Milan-San Remo en 1999 et le Tour desFlandres en 2000, devenant ainsi premierau classement général de la Coupe dumonde de cyclisme 1999, deuxième en1995 et 2000, troisième en 1994.

Après avoir raccroché le vélo, à par-tir de 2004, Tchmil s'est s'attelé à la créa-tion de centres de cyclisme en Europe del'Est, à la demande de l'Union cyclisteinternationale. Il a repris la nationalitémoldave et a continué à se consacrer aucyclisme, occupant diverses fonctions ausein du sport moldave depuis 2005 etdevenant président puis manager de l'é-quipe russe Katusha, le plus gros budgetde la compétition mondiale financé parGazprom, de 2008 à 2011.

Aujourd'hui, le Moldave vise la pré-sidence de l'UCI qui doit être renouveléecette année.

Prévoyants, les Moldaves ont toujours eu une longueur d'avance

Ioan Andoniu aurait bien aimé continué sa carrière de coureur. Mais il s'estrangé sagement derrière l'avis de la faculté. Son genou ne tenant plus le choc, ildevait renoncer à ses ambitions. Dur quand on a 25 ans et un père, Valeriu, qui vousa fait enfourché un vélo dès l'âge de 10 ans.

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ReportageLes NOUVELLES de ROUMANIE

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ReportageLes NOUVELLES de ROUMANIE

Tour de Roumanie

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Mitsa Biciclista faisaittourner la tête des rois

Mercredi 6 juin.- Pour la première fois, à chaque étape, un spectacle est organisédans la ville d'arrivée, mettant en scène une légende du cyclisme, "Mitsa Biciclista”.

Née en 1885 à Ditesti, dans la vallée de Prahova, Maria Mihaescu, Mitsa - le diminu-tif de son prénom - se rendit célèbre alors qu'elle avait tout juste 13 ans, en devenant lapremière Roumaine osant se promener à vélo dans les rues dans la capitale. Les bour-geois, les intellectuels, les aristocrates sortaient du célèbre restaurant Capsa, le"Maxim's" roumain, pour l'applaudir quand elle descendait dans son pantalon bouffant,

recouverte d'une voilette en dentelle, la caleaVictoriei. Déjà provocante et femme libérée, sabeauté naissante impressionnait les hommes. Mitsasaura en jouer… Dans ses filets tomberont le RoiFerdinand, le peintre Grigorescu, le poète etPremier ministre Octavian Goga, et même le roiManuel du Portugal qui lui offrit le mariage et unemaison. Les nombreux cadeaux qu'elle reçut de sesamants la firent surnommée "Mita (bakchich) bici-

clista".

Mais la galante, qui se promena aussi à vélodans les rues de Paris, n'eut qu'un véritable amour,le docteur Nicolae Minovici, même si elle choisitde se marier pour la première fois, alors qu'elleavait déjà 55 ans, avec le général AlexandruDumitrescu. Peu de Roumains connaissent la véri-table histoire de cette femme émancipée, disparue

en 1968 dans son pays, mais "Mitsa Biciclista" est devenue une image et une expres-sion poétique volontiers utilisées quand les parents encouragent leurs fillettes à donnerleurs premiers coups de pédales. Sans-doute ne connaissent-il pas la suite…

Nae flashe plus vite que son ombre

Jeudi 7 juin.- Le Tour a ses "gueules"… et on ne peut pas manquer celle de Nae,Nichusor Stan (photo ci-contre), 56 ans, photographe officiel de la Fédération deCyclisme, présent depuis quinze ans sur la ligne d'arrivée de chaque étape. A lui defixer l'image du vainqueur du sprint, entre autres. Ces clichés ont longtemps fait officede juge de paix, avant qu'une caméra ne soit installée sur la ligne d'arrivée… et bien descoureurs ont été déclassés après leur examen par le jury.

Formé à la vieille école, Nae est un autodidacte. "Quand j'ai fait mon premier tira-

ge dans le petit labo que je m'étais installé, j'étais ébloui. Je ne savais pas si la photo-

graphie avait découvert Nae… ou si Nae avait découvert la photographie" confie-t-il,la modestie n'étant pas le fort de ce personnage haut en couleurs qui ne doute pas uninstant être le meilleur photographe sur la place et est très fier d'être reconnu.

Ce "mitica" (parigot de Bucarest), à l'accent prononcé, parle aussi vite qu'il flashela course. Son bagout, sa spontanéité, sa dégaine, mais aussi son grand cœur en font unevedette incontestée de l'épreuve. Sans oublier son talent qui a décidé ses patrons à l'en-voyer couvrir des évènements sportifs de premier ordre, comme le Mondial de football1998 en France. La passion du métier coule jusque dans les veines de Nae. Pendant la"Révolution", il avait emmené sa fillette de quatre ans devant l'Athénée de Bucarest, aubeau milieu des tirs et l'avait faite poser sur un char, entourée de soldats. La photo avaitfait la une des magazines roumains.

Toutefois Nae a aussi appris à savoir jusqu'où ne pas aller. Lors de la visite de BushJunior à Bucarest, venu consacrer l'entrée de la Roumanie dans l'OTAN, il avait réussià se faufiler à moins de cinq mètres du président américain… s'arrêtant quand plein depetits points rouge se sont concentrés sur son visage. Il était dans les viseurs laser desgardes du corps de l'illustre visiteur…

Vendredi 8 juin.- Au sein de la

caravane les véhicules sont informés

minute par minute par Radio Tour.

Quand un coureur s'échappe: "S-a

evadat" annonce la speakerine… ce

qui me fait davantage penser à ceux

qui tentaient de fausser compagnie à

Ceausescu qu'au peloton.

Mon colonel chauffeur et son chef

s'amusent toujours comme des

enfants à actionner sirènes et pha-

res. Gestes impératifs à l'appui, ils

intiment l'ordre de stopper net et ser-

rer à droite. Un haut-parleur cloue sur

place les récalcitrants qui se font tout

petit. Les paysans sont invités à des-

cendre de leur charrette et à tenir la

bride de leur cheval.

Les bergers et leurs troupeaux

doivent débarrasser les lieux sur le

champ. Dommage: un cliché du pelo-

ton empêtré parmi les moutons aurait

sans-doute fait le tour du monde et

beaucoup pour la publicité du Tour de

Roumanie.

Et il en a bigrement besoin. En

dehors des ovins… il n'y a pas un

chat sur les routes.

Samedi 9 juin.- La dernière étape

se déroule au nord-ouest du pays, à

Marghita, non loin de la Hongrie. A

près de 500 km de Râmnicu Valcea,

où nous faisions étape hier soir, ce

qui implique un transfert par voiture

de quasiment 400 km. Au total, j'au-

rais dû effectuer 1200 km supplé-

mentaires, en 24 heures, pour revenir

prendre mon avion à Bucarest, lundi.

Je n'ai pas voulu risquer de le rater.

Piteusement, je quitte le Tour sur la

pointe des pieds, abandonnant mes

compagnons de route à la veille de

l'arrivée. Henri Gillet

Abandon la veille de l'arrivée

l

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M. CIUC

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MARGHITAl

R. VÂLCEA

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Connaissance et découverteLes NOUVELLES de ROUMANIE

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ReportageLes NOUVELLES de ROUMANIE

Tour de Roumanie

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BUCAREST

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TIMISOARA

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TULCEABUZAU

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BACAU

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PITESTI

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Le roi des bloggeurs

Lucian a obtenu la permission de sa femme pour suivre le Tour de Roumanie.Comment Vasilica aurait-elle pu l'empêcher de se joindre à la "Mica Bucla",connaissant sa passion pour le cyclisme, alors qu'il venait de gagner le prix duconcours du meilleur blog organisé la Fédération… soit vivre intégralement lacompétition au sein de la caravane, tous frais payés ?

En lançant leur concours "Pourquoi je devrais être le blogueur du Tour" en col-laboration avec un portail de blogueurs, la Fédération Roumaine de Cyclismeavait aussi en tête de faire contribuer le gagnant à l'amélioration de son site

internet. Elle ne pensait pas toutefois avoir la main aussi heureuse en dénichant LucianIonitsa, un Bucarestois de 31 ans, manager de projets informatiques dans une sociétémultinationale. Son site est le seul à donner en direct des nouvelles du Tour et enregist-

re jusqu'à 300 connections par jour,presqu'un exploit dans un pays où levélo fait figure de parent pauvre. Le "roi

des blogueurs" s'est ainsi trouvé invitéau royaume de "la Petite Reine".

Le jeune marié est avant tout unpassionné de cyclisme. En tant que jour-naliste sportif, il avait déjà participé àdeux tours, en 2003 et 2005. Il sortait deses études, à 21 ans, et avait déjà rem-porté un autre concours organisé par laGazeta Sporturilor (La Gazette desSports), devenu depuis le principal jour-nal sportif du pays. En prime: un contratde quatre ans au sein de sa rédaction,embrassant une profession à laquelle il

n'avait jamais songé. Mais le journalisme ne nourrit pas son homme, et son mariage envue, le jeune homme a opté pour un métier plus lucratif.

Scotché devant la télé à regarder les étapes du Tour

S'il a toujours aimé et pratiqué le sport, Lucian avait opté initialement pour l'athlé-tisme. Sa mère ne voulait pas le voir chuter sur les routes pleines de trous ou se faire ren-verser par les voitures. Mais ici, comme dans bien d'autres domaines, il fallait compteravec l'effet "Révolution". La télévision s'étant libérée, un climat d'anarchie a régné sur lepaysage audio-visuel roumain dans les années 90. Les bouquets de chaines piratées à l'é-tranger ont fleuri… pour des téléspectateurs qui se gardaient bien aussi de payer desredevances.

C'est ainsi qu'un beau jour de juin 1992, rentrant de l'école, Lucian est tombé sur laretransmission d'une étape du Tour d'Italie, retransmise par une chaîne de Berlusconi.L'écolier est resté scotché devant son poste jusqu'à la fin de l'épreuve. Il avait 13 ans, neconnaissait rien de l'étranger, comme beaucoup de Roumains à l'époque, et devra atten-dre 1998 pour effectuer son premier périple hors des frontières, en Grèce.

Pour lui, le cyclisme devenait soudain un pays imaginaire fabuleux. Des paysages,des hommes, des émotions qui le faisaient déjà voyager. Une autre révolution boulever-sera l'univers du garçon: Internet et sa mine fabuleuse d'informations. Grâce à la toile,Lucian se nourrira de toute l'histoire du cyclisme, devenant incollable, faisant remonterses connaissances à l'origine de ce sport. Bien sûr son regard se portera sur l'épreuvereine. Ce Tour de France qu'il rêve de voir un jour de ses propres yeux et plus seulementà la télévision. Il en suit toutes les éditions et pleure encore son champion préféré,l'Italien Marco Pantani, double vainqueur en 1998 du Giro et du Tour de France… décé-dé à 34 ans, en 2004, sans-doute d'une overdose de cocaïne.

La connaissance du français, qu'il

a passé comme épreuve principale

au bac, a aussi encouragé la

passion de Lucian Ionitsa et lui

a permis de la partager avec

un ami Belge, Michel, qui voit

passer régulièrement la

Grande Boucle devant sa

porte. Il a fait connaissance

avec ce Wallon dans le village

de Vaselica, près de Buzau, où

il avait atterri en 1990, dans un

convoi d'OVR, y revenant sans

arrêt depuis. Au cours de ses

visites, Michel lui apporte des

ouvrages sur le cyclisme

amplifiant encore la connais-

sance déjà encyclopédique de

son jeune ami. Il traduit également

en français quelques pages du Blog

"justromania.org" que Lucian a

créé pour présenter son pays et le

faire aimer. Le jeune Roumain est

persuadé qu'il est le plus beau du

monde, mais c'est justement pour

s'en assurer qu'il suit toutes les com-

pétitions cyclistes possibles… du

moins sur son écran.

En 2005, lors d'une étape à Sibiu

du Tour de Roumanie, envoyé par

son journal, Lucian a eu l'émotion de

sa vie: de grandes banderoles indi-

quaient, en français, "Arrivée du Tour

de France". Il s'agissait en fait du

tournage d'un film documentaire par

la RAI sur la victoire de Gino Bartali

dans le Tour 1948, dix ans après son

dernier triomphe. Sibiu avait été

choisie par le réalisateur pour sa res-

semblance avec les villes françaises

d'après-Guerre. Pendant quelques

instants, Lucian s'est trouvé projeté

au cœur de la Grande Boucle.

Simplement partie remise ?

l

l

Le drame du monastère de Tanacu ausculté par la Palme d'or 2007

Lauréat de la Palme d'Or en 2007 avec "4 mois, 3

semaines, 2 jours", Cristian Mungiu s'est à nou-veau attaqué à un sujet difficile en évoquant un

drame qui, en 2005, secoua la Roumanie entière, présenté enavant-première, lors du dernier festival, sous le titre "Au-delà

des collines".

Connu dans le pays comme "l'affaire de Tanacu", cedrame s'était noué autour de la mort d'une jeune femme venuerendre visite à une de ses amies, novice, dans le petit monas-tère du même nom, situé dans une région reculée de Moldavie.Sujette à des crises de violence, hospitalisée puis rendue aumonastère, elle avait été soumise à une sorte de séance d'exor-cisme, attachée sur un brancard, avant de décéder.

La journaliste et écrivain roumaine Tatiana NiculescuBran, en a tiré deux ouvrages sur lesquels Cristian Mungius'est beaucoup appuyé, tout en recourant librement à la fiction.Plusieurs choses frappent dans ce film de 2 h 30. D'abord, uneremarquable maîtrise formelle, qui lui confère une beautésombre et apurée, le préserve des dérives "folkloriques" qu'untel sujet aurait pu engendrer et confirme l'exceptionnel talentde Cristian Mungiu.

Ensuite, une absence de parti pris qui, même si un certainvisage de l'orthodoxie roumaine ne sort pas valorisé de cerécit, préserve de toute tentative de jugement, généralisation

ou condamnation facile. "J'essaie dans ce film de ne critiquer

personne, a-t-il confié en conférence de presse. Il s'agit de per-

sonnages donnés dans une situation donnée et il n'a jamais été

question de viser la religion orthodoxe dans son ensemble".

L'insondable solitude des enfants grandis dans les orphelinats roumains

Enfin, cette œuvre remarquablement interprétée ouvre surdes questions très profondes, touchant notamment au bien, aumal qu'on cherche à combattre, à l'amour et à ses différentesformes, au libre arbitre et aux conséquences des choix, à l'er-reur, la culpabilité, la superstition… Elle parle aussi, en creuxmais de manière très prégnante, d'une insondable solitudeexistentielle, celle que bien des enfants grandis dans les orphe-linats roumains ont connue. Et brosse, chemin faisant, un por-trait de la société roumaine contemporaine.

Cristian Mungiu, dont le film est coproduit par les frèresDardenne, a expliqué qu'il s'attendait à ce que "Au-delà des

collines" ne soit pas reçu partout et par tous de la mêmemanière. "Il me paraît important, a-t-il répété avec insistance,que les croyants en Roumanie aillent le voir et en jugent après

l'avoir vu."

Arnaud Schwartz (La Croix)

Le compositeuret pianiste den a t i o n a l i t é

hongroise Béla Bartók estné le 25 mars 1881 àNagyszentmiklós, dans leBanat, à l'époque où cetteprovince faisait partieintégrante de la Hongrie. Aujourd'huidésignée sous son appellation roumaine,Sânnicolau Mare, cette petite ville propreet tranquille est située à une dizaine dekilomètres de la frontière hongroise, à65 km au nord ouest de Timisoara.

Contemporain de Georges Enesco,Béla Bartok fut sans aucun doute l'un desplus célèbres musiciens de son temps.Initié au piano par sa mère, il étudia àPresbourg - aujourd'hui Bratislava - et à

l'Académie royale demusique de Budapest oùil obtint par la suite unposte de professeur depiano de 1908 à 1934.

C'est à partir de 1905que Béla Bartók commen-ce à approfondir, sous

l'influence d'idéaux nationalistes, sonintérêt pour la musique populaire hon-groise. La même année, il découvre Paris,à l'occasion du concours Rubinstein. Lecosmopolitisme de la ville l'ouvre aumonde et le marque durablement.

Béla Bartok fut l'un des premierscompositeurs dits classiques à avoir réali-sé un collectage très approfondi demusiques populaires, d'abord de Hongrie,puis d'autres pays d'Europe de l'Est. Il a

recensé des milliers de thèmes, témoigna-ges précieux des cultures de ces nations.Le compositeur les a exploités dans sesœuvres, de manières variées: simple har-monisation, création à partir des mélodieset rythmes, jusqu'à l'intégration totaledans sa musique originale d'un "esprit

populaire". La Roumanie est entrée pourune part importante dans ses rechercheset Bartók compte parmi ses œuvres descompositions tirées du folklore roumain,parmi lesquelles les danses roumaines.

Béla Bartok dirigea plus de40 concerts en Roumanie, dont àBucarest, entre 1922 et 1936. S'opposantau nazisme, il s'exila aux Etats-Unis en1940 et mourut le 26 septembre 1945 àNew York, emporté par une leucémie.

Yves Lelong

Quand le Tour deFrance passait à Sibiu

À Cannes, le retour de Christian Mungiu

Le Banat, berceau de Béla Bartok

invité au royaume de "la Petite Reine"

Cinéma

Palme d'Or à Cannes en 2007 avec "4 mois, 3 semaines, 2 jours", CristianMungiu, le chef de file du nouveau cinéma roumain a fait son retour en compé-tition avec un film riche et puissant, "Au-delà des collines" qui a obtenu le prixdu meilleur scénario, alors que ses deux principales actrices, Cosmina Stratan etCristina Flutur se partagent le prix de la meilleure interprète féminine. Ce n'estpas seulement la Roumanie qui est ainsi à nouveau honorée, mais aussi la pro-vince de Moldavie et Iasi, dont sont originaires tous les lauréats.

Musique

SÂNNICOLAU M.l

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Connaissance et découverteLes NOUVELLES de ROUMANIE

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Connaissance et découverteLes NOUVELLES de ROUMANIE

Littérature

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TULCEABRAILA

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PITESTI

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Bram Stoker est mort voici un siècle

Le 20 avril 1912 mourrait Bram Stoker, écrivainanglais d'origine irlandaise, dans sa maison londo-nienne. Celui qui donna vie au plus célèbre des vam-pires était aussi un fou de littérature, un passionnéde culture slave et l'un des premiers auteurs consi-déré comme gothique.

Lorsque Dracula, l'homme de la nuit paraîten 1897, Bram Stoker y travaille depuis déjà10 ans. Il n'a jamais mis les pieds en

Roumanie ni dans les Carpates, où se situe l'intrigue,mais s'est énormément documenté grâce à la bibliothèque de la Royal GeographicalSociety qui comportait énormément de livres et de documents concernant ce qu'ilappelle "l'extrême Europe" et ses croyances. C'est ainsi qu'il découvrit le personna-ge historique qui allait être le ciment de son œuvre: Vlad Tepes Draculea, troisièmedu nom, voïvode (ou commandant) de Valachie, petit royaume coincé entre l'empireOttoman et la Transylvanie à l'époque de son règne, au 15e siècle. Plus connu sousle nom de l'Empaleur, à cause de ce qu'il faisait subir à ses ennemis, il est toujoursen Roumanie un symbole de résistance acharnée contre l'invasion turque. Le tyransymboliquement assoiffé de sang l'est devenu pour de bon sous la plume de Stoker.

Bram Stoker s'inscrit avec ce roman dans la mouvance des auteurs néogothiques,comme d'autres auteurs qui lui sont contemporains: Stevenson avec Docteur Jekyllet Mister Hyde, Sheridan Le Fanu avec Carmilla, Mary Shelley et Frankenstein.L'époque est à la débandade des valeurs victoriennes, qui culmine avec les crimes deJack l'Eventreur. Le contexte est donc propice et Dracula est un immense succèspopulaire. Si ce roman épistolaire est son œuvre la plus connue, il en a pourtant écritbeaucoup d'autres, ainsi que des nouvelles, comme L'homme de Shorox, Les contesde minuit, Le géant invisible ou des versions alternatives de Dracula, commeL'invité de Dracula, une réécriture du premier chapitre publiée par sa femme à titreposthume, en 1914. Ce ne sera que la première d'une longue série d'adaptations dumythe, surtout au cinéma, où les films estampillés Dracula ne se comptent plus.

En 2009, l'œuvre originale a même eu droit à une renaissance grâce à DacreStoker, l'arrière petit-neveu du créateur, qui a coécrit une suite au livre original,Dracula l'Immortel. A sa mort, Bram Stoker a demandé à être incinéré, sans doutepour s'éviter la non-mort qu'il a infligé à son personnage. Après tout... on n'est jamaistrop prudent (Lire aussi en page 57).

Marianne Delaforge

L'assemblée parlementaire du Con-

seil de l'Europe a décidé d'accorder le

Prix de l'Europe à la ville de Sighisoara.

Une première pour une municipalité

roumaine. Selon le ministre des Affaires

étrangères Cristian Diaconescu, cette

distinction est une "reconnaissance des

efforts déployés par Sighisoara pour

promouvoir l'unité européenne". La ville

de Mioveni, dans le département

d'Arges, faisait également partie des

lauréats. La cérémonie de remise du

prix devait avoir lieu lors du festival

médiéval de Sighisoara entre le 20 et le

29 juin.

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CHISINAU

CLUJ

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Sighisoara primée

GHERLAl

Pour boire un verre en ville sous Ceausescu… il fallait vraiment le vouloir

L'auteur de Dracula n'avait jamais mis les pieds en Roumanie

Les amateurs de distractions arroséesn'avaient accès, dans les villes, qu'àun nombre réduit d'établissements,

lesquels étaient soumis à un horaire contraint.La plupart fermaient à 22 heures. "On n'avait

plus le droit de servir une demi-heure avant la

fermeture. Et, à l'heure dite, le bar devait être

vide. La police faisait le tour des bars et res-

taurants et soumettait les responsables contre-

venants à un interrogatoire en règle", raconteNicolae, barman vétéran de l'ère communiste.

Bien entendu, aucun de ces établissementsn'était privé. Les contrôles de police étaientstricts, et pas seulement le soir. "Nous n'avions

pas le droit de servir de l'alcool avant dix heu-

res du matin. Les contrôleurs venaient le soir,

à la fermeture, relevaient le stock des bouteilles et pouvaient

revenir le lendemain, avant l'ouverture, pour vérifier si nous

avions commencé à servir", s'amuse Nicolae. Il admet néan-moins que ceux qui voulaient commencer leur journée inco-gnito, avant dix heures, en avalant un cognac* Zarea ouDobreta, avaient recours à diverses combines.

Serveurs passés en revue chaque matin

Rares étaient les établissements qui proposaient desalcools d'origine étrangère comme le whisky. Outre le cognac,les Roumains devaient se contenter des traditionnelles eaux devie - tsuica, palinca ou slibovitsa -, et de bière locale à la pres-sion ou en bouteille, souvent servies avec des cacahuètes nondécortiquées.

On ne rigolait pas non plus avec la tenue des serveurs. A

huit heures du matin, le chef de salle passait enrevue les ongles, les cheveux, le costume, lesustensiles. "Et il fallait avoir en tête l'inventai-

re du bar et de la cuisine, raconte un ancien

serveur. Un trou inexpliqué dans les réserves

et la direction pouvait enlever toutes les tentu-

res, y compris celles des fenêtres, pour décou-

rager les détournements de marchandises ou

les manœuvres malhonnêtes. Nous n'avions

droit qu'à des voilages si bien que les badauds

qui passaient sur le trottoir ne se gênaient pas

pour reluquer les consommateurs à l'intérieur.

C'était assez pénible pour les clients".

explique Relu, ancien chef de salle dans unrestaurant de quartier.

"Certains soirs, les restaurants étaient

plein à craquer. Il fallait faire cinq fois le tour de la ville pour

pouvoir boire une bière ", se souvient Victor, étudiant à ClujNapoca dans les années 80. "Dans les établissements les plus

sélects, comme celui de l'ancien hôtel Continental, on ne nous

recevait pas si on ne connaissait pas un barman ou un ser-

veur".

"Et de toute façon, les bars fermaient de bonne heure,

explique son acolyte Dan. Nous nous retrouvions ensuite au

cimetière central où au jardin botanique pour continuer la soi-

rée. On avalait des "Vraja Marii", une boisson écœurante au

goût d'orange, jusque tard dans la nuit". Souvent, la soirée sepoursuivait chez un ami… et là, on oubliait l'heure.

Yves Lelong*Cognac: "coniac" en roumain. La production roumaine

de "coniac" utilise le procédé français de distillation, une

mention précisée sur l'étiquette.

Mircea Udrescu, archéozoologue et paléontologue à Bucarest, puis en Belgique, et MichelMasé (pseudonyme de Michel Maes, administrateur de Bruocsella - România ASBL) ontpublié aux éditions universitaires de Bucarest un petit fascicule reprenant une multitude

de récits, de textes divers rédigés par les deux amis; l'un raconte ses expériences d'émigré, ses décou-vertes d'un monde nouveau et aussi ses relations avec ceux qui restés au pays; l'autre narre ses aventu-res en Roumanie lors de la conduite de convois humanitaires et en Belgique avec des expatriés rou-mains. Chacun s'exprime dans sa langue d'origine, suivie immédiatement par sa traduction. Ce livren'est pas écrit comme un roman, quoique certains des textes soient romancés. Il s'agit d'un ensemble derécits n'ayant pas de rapports les uns avec les autres, certains amusants, d'autres critiques.

Ce livre n'est distribué que par courrier et dans certaines librairies de Bucarest. Si un exemplairevous intéresse, vous pouvez vous adresser à Michel Maes par mail [email protected]. Le livre

coûte 8 € et les frais d'envoi pour la France se montent à 7 €. Un virement de 15 € au compte IBAN: BE20 1148 7586 4056, BIC:BKCPBEB1BKB de Michel Maes - Anderlecht et le livre vous sera envoyé dans les jours qui suivent.

Dialogues croisés par Mircea Udrescu et Michel Masé

Bars et restaurants sous haute surveillance

La sobriété d'une étiquette de"vieille prune" sous Ceausescu

Issu de la publicité, Alex Talemba est

un jeune dessinateur de 32 ans de

Bucarest qui vient de sortir sa première

BD en français, Sidi Bouzid Kids, chez

Casterman, dans la collection KSTR. Il

devient ainsi le premier Roumain à être

publié par la plus prestigieuse maison

d'édition de la bande dessinée. Le scé-

nario a été écrit par le français Eric

Borg, qui avait repéré la qualité des

dessins du Bucarestois sur Internet.

L'album raconte l'histoire de la récente

révolution tunisienne. Il est accessible

gratuitement sur Internet pour les

Tunisiens par un site qui leur est réser-

vé et sera bientôt traduit en arabe.

Alex Talamba avait déjà publié un

premier album, Elabuga, mais unique-

ment en roumain (en passe d'être tra-

duit en français), racontant l'histoire des

prisonniers allemands dans un camp

soviétique lors de la Seconde Guerre

mondiale. Il est à noter qu'une demi-

douzaine de dessinateurs roumains de

BD publient actuellement en France et

Belgique, alors qu'on en comptait un

seul voici quatre ans.

AMohacs, en Hongrie, pendant les Jours Gras, les habitants s'affublent demasques effrayants et cornus, de diable ou d'animal, certains peints avecdu sang de boeuf. A Palanca, en Roumanie, au cours des fêtes du Nouvel

An, les hommes remontent les rues portant des faciès d'ours, de cerf et de cheval etles peaux de ces animaux. Dans toute l'Europe se déroulent des fêtes dédiées aux ani-maux et à la sauvagerie: des hommes y prennent l'apparence d'un bouc, d'un chevalou d'un cerf, nos plus vieux totems. Ils s'affublent de tenues faites de corne, de peau,d'ossements ou de branchage. Ils veulent s'"ensauvager". Exorciser leurs forces inté-rieures. Un livre troublant, voire dérangeant, du photographe Charles Fréger montreces hommes décidés à renaître dans une peau de bête. Chacune des images sidère.Wilder Mann ou la figure du sauvage, photographies de Charles Fréger.Thames&Hudson, 272 pages, 32 €.

L'Homme sauvage

La révolution tunisienneen BD par un Roumain

Mémoire

Avant l'heure, ce n'est pas l'heure; après l'heure, ce n'est plus l'heure. Sous Ceausescu, on ne plaisantait pas avec leshoraires d'ouverture des bars et autres débits de boisson. Ils étaient très réglementés et surveillés. Ouverts de dix heuresdu matin jusqu'à 22 heures - minuit pour certains -, il ne fallait pas oublier de consulter sa montre pour éviter de tombersous les foudres des contrôleurs. A cette époque, le choix des boissons était limité. Il n'empêche qu'aujourd'hui leur goûtn'a d'égal que la nostalgie qu'elles peuvent susciter.

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Connaissance et découverte

a mis en valeur la Terre de Feu et Ushaïa

Les NOUVELLES de ROUMANIE

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Certains commentateurs "germanopratins"* du film "Tierra del Fuego" deMiguel Littin (1999), dont le scénario est (très vaguement) inspiré par Iuliu Popper(1857-1893), auraient du mieux se renseigner sur les origines de cet explorateur,avant de le traîner dans la boue: leurs appréciations auraient peut-être été plusobjectives s'ils avaient fait ce travail. Mais, le prenant pour un Roumain ordinaire(c'est-à-dire, à leurs yeux, forcément "bête et méchant"), ils se crurent obligés de lenoircir… Or Iuliu Popper est tout sauf un "Roumain ordinaire"…

Fils de Neftalie Popper , antiquaire fort connu dans le Bucarest de l'époque deCaragiale et d'Eminescu, Iuliu Popper a eu des nounous françaises, et dans safamille on parlait le ladino, langue proche de l'espagnol. Cela va évidemment

bien servir à notre futur explorateur, que son père envoie à Paris suivre les cours de l'É-cole Polytechnique. Il en sort ingénieur en 1879 à 22 ans. D'où, embauche à la

Compagnie du Canal de Suez, où il s'ennuie rapide-ment, et qu'il quitte pour prospecter les opportunitésdu marché du travail en Inde, en Chine, au Japon, enSibérie, avec de fréquents retours sur Bucarest entreses voyages.

Popper n'est pas seulement un jeune ingénieuren quête d'un destin: c'est aussi un géographe, unethnologue et un naturaliste qui envoie à ses cor-respondants, dont George Lahovary, président de laSociété de Géographie, des comptes-rendusdétaillés de tout ce qu'il observe durant des voyages.Finalement, en 1883, il travaille à la Nouvelle-Orléans sur les aménagements portuaires, travailqu'il poursuit ensuite à La Havane. Ce contrat fini, ilpublie plusieurs reportages géographiques au

"Diario de las Forasteros", à Mexico. Il voyage aussi au Brésil.

Le Roumain découvre des mines d'orbat monnaie et imprime des timbres

Lors d'un séjour à Buenos-Aires, il est coopté membre de la Sociedad GeograficaArgentina, qui lui demande de prospecter la géologie du sud du pays : Patagonie et Terrede Feu semblent prometteuses, mais restent encore très mal cartographiées. A la têted'une expédition navale et terrestre de 18 hommes, il s'acquitte si bien de cette tâche(tout en envoyant les doubles de ses comptes rendus à Bucarest) qu'en 1886 il reçoitmandat du gouvernement argentin pour mettre en valeur la Terre de Feu.

C'est l'époque (fort mal) décrite par les "westerns": installation de ranchs, mise enculture, développement des élevages, ouvertures de mines, conflits avec les autochtonesamérindiens, érection d'écoles et d'églises, immigration européenne, tout y est.

Popper découvrit de l'or, exploita 5 mines, battit monnaie pour payer les mineurs,imprima des timbres "Tierra de Fuego" (rarissimes), transforma la petite missiond'Ushuaia en ville et couvrit le pays de villages. Il étudia et décrivit la géologie, la flore,la faune et les peuples autochtones, envoyant des comptes-rendus au gouvernementargentin et aux Sociétés de Géographie de Buenos-Aires et Bucarest. Il donna parfoisdes noms roumains aux lieux (Colonia Carmen Sylva, Cabo Sinaia…).

Assassiné dans sa chambre d'hôtel

El senor Julio Popper n'était ni meilleur ni pire que les autres blancs. Il lui estarrivé de faire tirer sur des guerriers Onas, chasseurs de guanacos craints de leurs voi-sins Cauashcars e t Yaghans, et peuple de guerriers indomptables qui refusaient tout

Comme d'autres nations, les Rou-

mains furent curieux du monde, qu'ils

explorèrent de l'équateur presque

jusqu'aux pôles. Des odyssées

méconnues même en Roumanie où

certains mythes tels "Maitreyi"occultent d'autres aventures.

Les aspects méconnus de la

Roumanie pourraient être classés en

deux grands ensembles: les réalités

ignorées des Roumains eux-mêmes,

et les réalités inconnues aux étran-

gers. Il existe un merveilleux florilège

de clichés occultant ces réalités; il

vaut le coup d'être étudié, ne fut-ce

que pour ce qu'il dévoile des enjeux

sociaux, politiques, économiques et

psychologiques qui gouvernent le

destin des nations.

Le thème des voyageurs et explo-

rateurs roumains appartient à ces

deux ensembles simultanément, car

à part Emil Racovitsa, inventeur de la

spéléologie (en Roumanie, l'opinion

ne connaît en général que le nom),

les autres restent dans l'ombre, aussi

bien dans leur pays natal qu'à l'étran-

ger.

Il faut savoir qu'avant 1939

comme aujourd'hui, la Roumanie

était partie prenante du processus de

développement mondial et européen,

sans hiatus, sans isolement à l'inté-

rieur des frontières, sans destruction

ni déstructuration sociale, culturelle

et économique. Elle connaissait alors

une structure politique et une évolu-

tion sociale semblables à celles des

autres pays européens. Et elle était

plus prospère, mieux alphabétisée et

moins inégalitaire que l'Italie du Sud

ou l'ouest de l'Espagne.

(suite page 46)

Voyageurs et explorateurs roumains méconnus

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CHISINAU

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Explorateurs Elevé par des "nounous"

Iuliu Popper

françaises, le Polytechnicien est devenu un grand explorateur

SAPÂNTA l

Moldaves et boyards, lesGhica-Comanesti père(1840-1889, mort à 49 ans)

et fils (1875-1921, mort à 46 ans) étaientavant tout chasseurs, écumant les forêtsmoldaves et le delta duDanube. Là aussi il faut rappe-ler que de leur temps, l'hommene connaissait encore que deuxtypes de relations avec l'animal: domestication et exploitation,ou bien destruction et chasse.

C'est à Londres que l'idéede se lancer dans un safari afri-cain est venue aux Ghica-Comanesti, et c'est là qu'ils pré-parent leur expédition et achè-tent le meilleur matériel.

Mais les Ghica-Comanestine sont pas de simples chas-seurs : membres de la Sociétéde Géographie de Bucarest, ilssont photographes, ethnologues et natu-ralistes notant et décrivant tout ce qu'ilsvoient. Partis par mer de Trieste, en 1895,ils visent le pays où Rimbaud avait faitdu trafic d'armes, d'esclaves, de perles etd'épices quelques années auparavant: la

Somalie, alors convoitée par la France, laGrande-Bretagne et l'Italie, mais dontl'intérieur reste insoumis. Ils débarquentà Berbera et parcourent l'arrière-pays,encore humide (il y avait des sources, de

la savane arborée, et les animaux quiactuellement ne survivent plus que dansles grands parcs du Kenya et deTanzanie). Nous avons grâce à eux unedescription détaillée de l'état du pays il ya 110 ans, et nous pouvons ainsi évaluer

les progrès de la désertification. Une par-tie des collections et des animaux natura-lisés du Musée Antipa de Bucarest leurest dûe. En 1899, Nicolae se rend égale-ment au Maroc, qui est alors encore un

sultanat indépendant.Partout, les Ghica-

Comanesti décrivent la géolo-gie, la flore, la faune et lespopulations, précisent la carto-graphie, puis publient à leurretour deux livres: Un voyageen Afrique et Cinq mois aupays des Somalis, traduitsaussi en français. Une quinzai-ne d'espèces nouvelles reçoi-vent des noms roumains.

En 1910 et 11, NicolaeGhica-Comanesti parcourt entous sens l'Amérique du Nord,allant jusqu'à Kodiak enAlaska. De ces voyages aussi,

il ramène une riche moisson de notes etd'observations. Il mourra dix ans plustard, à moins de 50 ans, comme son père,les deux étant sans-doute victimes desfièvres tropicales.

Ion Cepleanu (Roumanie Magazine)

Chasseurs, photographes, ethnologues et naturalistesles Ghica-Comanesti ont inventé le safari

compromis, attaquant systématiquement les blancs (logique:les Onas avaient été jusque-là le peuple dominant, or les blancstentaient de les supplanter).

Mais il a aussi fait ouvrir des écoles pour les Cauashcarset les Yaghans, qui commencèrent alors à se métisser. A la findu XIX ème siècle, rares étaient les Européens ou lesAméricains qui se disaient que les cultures indigènes étaientune richesse à respecter; pour tous les blancs, le meilleur bien-fait à apporter aux autochtones était de les "civiliser" en leschristianisant et en les européanisant…

En 1890 sa mission est achevée: il rentre à Buenos-Aires,

fait des conférences à la Sociedad Geografica Argentina etpublie des livres sur la Terre de Feu. Simultanément, il cher-che à nouveau de l'or, cette fois au nord de l'Argentine, où ilentre en concurrence avec d'autres prospecteurs (déjà dans lesud, il avait eu maille à partir avec des orpaillages sauvages etdes braconniers qui tentaient de contourner son mandat).

En 1893, à 36 ans, il préparait une expédition antarctiqueà bord de l' "Explorador " lorsqu'il fut assassiné dans sa cham-bre d'hôtel; on ne sut jamais par qui et pourquoi, mais lessuspects étaient nombreux.

Ion Cepleanu (Roumanie Magazine)

Un père et un fils sur les traces de Rimbaud

*Qu'est-ce qu'un "critique germanopratin" d'après Ion Cepleanu? C'est une personne qui a les moyens d'habiter à Saint-

Germain des Prés, qui n'aime les films à histoires d'amour que si celles-ci finissent mal, qui n'apprécie l'humour que s'il est "grin-

çant ", qui trouve Disney "sirupeux" bien que ses dessins animés soient pleins de sorcières et de fureur, qui parmi les Marguerites

préfère Duras la cynique à Yourcenar l'humaniste, parmi les éducateurs Piaget à Freinet, et parmi les psychanalystes Lacan à

Dolto. Le "critique germanopratin" ne pardonne pas aux Américains d'avoir libéré la France, "préfère se tromper avec Sartre que

d'avoir raison avec Aron", et en veut davantage à ses parents et à son éditeur de n'avoir pas été marxistes, qu'à Staline et Mao d'a-

voir tué des millions d'innocents. D'ailleurs pour le "critique germanopratin", personne n'est innocent, à part lui-même et, peut-

être, les victimes de Hitler. Mais son aire d'habitat est réduite: la plupart des représentants sont concentrés dans le périmètre des

4 ème, 5 ème et 6 ème arrondissements de Paris.

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Connaissance et découverteLes NOUVELLES de ROUMANIE

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Voici un demi-siècle, survivait rue de l'Olympe, aux pieds de la Métropoliede Bucarest, une dame fort âgée qui fumait sans cesse à travers un porte-cigarettes et enseignait le français, l'allemand et la culture universelle, d'une

voix éraillée, aux enfants du quartier. En échange, certains parents lui procuraient ducafé, des aliments, du savon, du tabac, et elle vivait ainsi, car elle n'avait pas de retraite.Le bizarre, c'était qu'il fallait l'appeler "mademoiselle" Asan. C'était une sorte de mater-nelle au noir. Parmi ses livres préférés, il y avait Fram, l'ours polaire de Cezar Petrescuet Le tour du monde en 80 jours de Jules Verne , "car" disait-elle, "mon père a été surla banquise et a fait le tour du monde, lui aussi". Elle racontait aussi de nombreuses his-toires d'îles, les unes glacées, d'autres exotiques. Certains pensaient qu'elle affabulait.Elle est morte dans l'isolement et la misère. Mais tout était vrai. Si mademoiselle Asanvivait de presque rien, c'est parce qu'elle était la petite-fille de George Asan, l'industrielqui avait importé la première machine à vapeur en Valachie, en 1853, et la fille de BasilAsan (1860 -1918), ingénieur et patron de meuneries et d'huileries, mais aussi explora-teur, membre de la Société de Géographie et ami de la famille royale. Un véritable"ennemi du peuple", comme on le voit.

En 1896 et 97, depuis la Norvège, Basil Asan parcourt l'Islande, l'île aux Ours, leSpitzberg, la Laponie et la banquise arctique; il observe, décrit et photographie les ourspolaires, les phoques, les baleines (et les chasseurs de baleines), l'éclipse solaire du 9août 1896, puis la nuit et les aurores polaires. Il participe aux préparatifs de la traverséede l'Arctique en ballon par Auguste Andrée (qui y laissera la vie) et rencontre FritjofNansen sur son navire le "Fram" ("en avant" en norrois).

Basil Asan cartographie les zones méconnues du Spitzberg et baptise une nouvelleîle "Principele Carol" (Racovitsa a aussi découvert et baptisé une île en Antarctique:c'est l'île Cobalcescu , du nom de cet éminent géologue). A son retour en 1897, il publiedes fascicules abondamment illustrés et donne une série de conférences : en fait c'estBasil Asan qui inspira à Cezar Petrescu son roman Fram, l'ours polaire, basé sur l'idéeque la place d'un animal sauvage est dans la nature, et que celle-ci mérite notre respect…

En 1898 Basil Asan fait le tour du monde par la Mer Rouge, l'Océan Indien, Ceylan,la Malaisie, l'Indochine, la Chine orientale, le Japon, les îles du Pacifique et l'isthme dePanama où il observe les travaux du canal: il en donne des descriptions précises et desanalyses pertinentes, affirmant que le Pacifique est "le futur centre du monde", que lesEtats-Unis deviendront la première puissance industrielle, et qu'ils se confronteront tôtou tard avec le Japon ou la Chine. En 1899 il suggère au roi d'envoyer le croiseur"Elisabeta" prendre possession des quelques îles encore non revendiquées des océansIndien, Austral et Pacifique, afin de monnayer les droits de pêche dans ces eaux si pro-ductives, et d'y exploiter le guano. Mais le roi lui rétorque que le coût du charbon, pourprendre possession de ces îles et les garder ensuite, grèverait trop lourdement le budgetde la marine roumaine, et que par ailleurs son parent George V "roi des mers", pourraiten prendre ombrage. Finalement, non seulement la Roumanie n'aura pas d'outre-mer,mais elle devra céder même sa seule île pélagique (l'île des Serpents en Mer Noire) àl'URSS en 1948.

De 1921 à 1938, la Roumanie fut

une démocratie parlementaire. Tout

cela aussi fait partie des réalités peu

connues de l'histoire roumaine. Et

comme d'autres pays Européens, la

Roumanie avait une Société de

Géographie fondée en juin 1875, qui

encourageait, finançait et publiait les

explorateurs de l'époque. Elle cessa

ses activités en 1942.

Ion Cepleanu, dans les portraits

qui suivront, s'est limité à la période

1850-1939 car les périples du diplo-

mate moldave Nicolae Milescu au

service du Tsar russe Alexeï, qui

l'ont mené de Paris à Pékin en pas-

sant par Stockholm, sont assez

connus grâce à ses nombreux

ouvrages (dont un traité de théologie

janséniste imprimé à Paris en 1669).

Chacun sait que le demi-siècle

1939-1989 était peu propice aux

voyages d'exploration des

Roumains. Durant cette période, le

seul explorateur d'origine roumaine

qui a pu se mouvoir librement fut

Ioan Dragescu, du Muséum national

d'Histoire naturelle de Paris, qui par-

courut l'Afrique de long en large,

appareils photo et caméra au poing.

Ses innombrables images remplis-

sent les livres animaliers français

des années 50, 60 et 70. De

Roumanie, seuls Mihai Basescu,

océanographe, et Nicolae Botnariuc,

zoologiste, furent autorisés à partici-

per exceptionnellement à des expé-

ditions vers l'Afrique. Après 1989,

les frontières roumaines s'ouvrirent à

nouveau et il suffit de lire les média

roumains actuels, et notamment l'é-

dition roumaine du National

Geographic, pour avoir une bonne

idée des nombreux explorateurs rou-

mains d'aujourd'hui.

l

CHISINAU

l

l

Basil Asan rêvait de doterla Roumanie de possessions lointaines

Explorateurs Carnet de route

(suite de la page 44)

l

CAMPULUNG M.

Renouveau après 1989

Les Nouvelles de Roumanie sur Internet !

Les Nouvelles de Roumanie disposent désormais d'un site internet www.les-nouvellesderoumanie.eu sur lequel vous pouvez consulter sans exception tous lesnuméros parus depuis le premier (septembre 2000), sauf ceux datant de moins d'unan, réservés aux abonnés). Les articles parus dans nos colonnes peuvent être reprislibrement, sous réserve d'être ni dénaturés, ni utilisés dans un sens partisan ou àdes fins commerciales, et en précisant leur source. Nous voulons ainsi répondre auxsollicitations de lecteurs qui souhaitent se servir de cette base de données pourleurs travaux, leurs bulletins, et que nous mettons volontiers à leur disposition.

www.lesnouvellesderoumanie.eu

Page 25: Les OUVELLEs · par Corneliu Vadim Tudor, dont les mem - bres sont issus de l'ancien Parti commu-niste et de la Securitate. FDGR (Forum Démocrate des Allemands de Roumanie): parti

Connaissance et découverte

Vendredi 11 mai.- Je prends un taxi à la volée. Pas lapeine de se priver à Bucarest où on traverse la ville pour 4euros (et non deux comme le prétendent, avec un certain sensde l'exagération, les Bucarestois). Mon chauffeur, un Tsiganecostaud à la mine patibulaire, au crâne rasé, en maillot decorps usé et savates, n'a rien de rassurant. Apprenant que jesuis Français, il devient tout à coup intarissable: Hugo,Voltaire, Alexandre Dumas, Rostand, Rimbaud, Verlaine ypassent. Il regrette de ne pas parler notre langue mais récitequand même quelques vers de Lamartine, appris sans-douteautrefois par cœur. Stupéfait, je n'en garde pas moins un œilsur la circulation car son enthousiasme l'amène à se retournerfréquemment, oubliant qu'on est en plein centre de la capitale.Au moment de se quitter, il ajoute avec une pointe de fierté :"Mes deux enfants étudient actuellement en France… et eux,

ils parlent bien !".

"Désolé, on a reçu

les bouteilles… mais pas les verres"

Samedi 12 mai.- C'est l'endroit branché du moment.“Lacrimi si Sfinti” (Des larmes et des Saints), le restaurant dupoète Mircea Dinescu a ouvert ses portes en janvier dernier, à50 mètres d'Hanul lui Manuc, dans le Vieux Bucarest. Le maî-tre des lieux assure que tous les plats sont confectionnés à par-tir des produits bio de la ferme qu'il a ouverte près du Danube.Dinescu s'est rendu célèbre, lors de la "Révolution", apparais-sant exalté parmi les siens sur le petit écran.

Beaucoup en gardent l'image d'un pseudo-révolutionnairegrotesque mais qui a su faire son chemin depuis, accumulantune fortune confortable. Son affairisme l'a amené dernière-ment à être condamné à trois ans d'interdiction d'activitéspubliques pour avoir mélangé ses responsabilités au sein de lacommission chargée d'y voir plus clair dans les archives de laSecuritate et ses propres affaires.

Sa table offre une carte qui ne dépare pas la réputation d'o-riginal du personnage: maquereau frivole, canard muet, filet deveau cosmopolite, oie à la juive, champignons calmants,tarte… scène de ménage. C'est assez cher, pas très copieux,mais c'est bon et le vin, servi au verre à un prix très abordable(7 lei), se boit avec plaisir, notamment le Tamaiosa, au parfumdélicat, pour une fois.

Dimanche 13 mai.- Sur les tables de certains restaurantsde Bucarest, mais aussi dans quelques grandes villes de pro-vince (Craiova, Focsani, Brasov, Iasi, Cluj) fleurissent depétillants dépliants, joliment faits, qui mettent… le rosé à labouche. Intitulés "Primavara în rosé" ("Le Printemps desrosés"), ils invitent à la dégustation des meilleurs crûs rosés dupays. Au choix, à la bouteille (entre 12 et 16 €) ou au verre (de2 à 3 €).

Une bonne initiative lancée par le site en ligne Vinul.ro,relayé par le journal économique Ziarul Financiar qui permetde découvrir dix (bons) vins différents, le rosé roumain étantméconnu: Sole roze et Castel Huniade roze (cramele -caves-Recas), Rosé de Purcari (crama Ceptura), Beciul Domnesc(Vincon Vrancea), Budureasca rosé, Caloian rosé (crama

Oprisor), Pinot noir rosé et Byzantine Euxine rosé (crameleHalewood), Urlati roze (Domeniile Dealu Mare, Urlati), et lemousseux Bendis Brut (Petro Vaselo).

Présentant les qualités du rosé, le dépliant rappelle auxnon-initiés qu'il ne s'agit pas d'un mélange de vin rouge et vinblanc, pratique interdite dans le monde entier, sauf aux USA eten Australie, mais d'un processus de fabrication spécifique et,suprême fruit de la tentation, indique que son goût "est aussi

affriolant qu'une belle blonde qui se refuse à vous, tout en vous

faisant du pied" !Les deux restaurants (roumain et libanais) d'Hanul lui

Manuc, lieu de Bucarest le plus visité par les touristes avec lepalais de Ceausescu, ont décidé de se joindre à la fête. Maisquand on demande au serveur de déguster un verre, il répondinvariablement que ce n'est pas possible, alors que le dépliant,où cette possibilité est dûment mentionnée, est bien en vue surles nombreuses tables de cet ancien caravansérail. En insistant,après l'avoir envoyé quérir une explication auprès de sa direc-tion, il revient pour confier: "on a bien reçu les bouteilles…

mais pas les verres".

La Lutwaffe n'aurait pas fait mieux

Lundi 14 mai.- J'entame ma traditionnelle tournée demai-juin à travers la Roumanie. Direction Târgu Mures et leMaramures. En route, je m'arrête saluer deux jeunes françaisqui se sont installés près de Sighisoara pour se lancer dans l'a-grotourisme. J'ai la mauvaise idée de couper par la Nationale104 faisant la liaison entre Fagaras et Hoghiz, alors que je quit-te un beau ruban de bitume qu'on ne voit pratiquement quedans les films de Walt Disney. C'est l'enfer! Trois-quatre trousau mètre carré sur une vingtaine de kilomètres.

Du rarement vu en Roumanie… pourtant emprunté parnombre de camions qui se rendent à la cimenterie Lafarge, surle parcours. Même avec ses pires bombardements, la Lutwaffen'aurait pas réussi à faire mieux. Incompréhensible!...Comment le numéro un mondial du ciment n'a-t-il pu réussir àdécider les autorités à refaire la chaussée, avec toutes les taxesversées? Une pension coquette, la seule située sur le trajet,s'insurge à l'aide d'un immense panneau contre ce désastre quidécourage à l'avance la venue des touristes, alors que l'endroitest charmant.

Les NOUVELLES de ROUMANIE

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Connaissance et découverteLes NOUVELLES de ROUMANIE

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BUCAREST

ORADEA

BAIA MAREl

TIMISOARA

ARAD

FAGARAS

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IASI

BRASOV

CONSTANTACRAIOVA

TARGUMURES

GALATI

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TULCEABRAILA

SUCEAVA

lPITESTI

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Kolkhoze organisé pour les vacances

Mardi 8 mai. - L'avion d'Air-France est bien rempli. Je suis assis à côté de Josette,une arrière-grand-mère de 80 ans qui part à la découverte de la Roumanie avec Robert,son mari. Josette ne doute de rien. Hier après-midi, elle était encore hospitalisée àChartres pour des problèmes respiratoires. N'ayant jamais consulté un médecin de savie, elle avait laissé traîner une mauvaise bronchite, nécessitant un internement d'urgen-ce. Devant son insistance, et après un traitement de cheval, les médecins se sont rési-gnés à la laisser sortir. Robert en a été quitte pour retourner à l'agence faire réactiver lesbillets annulés quelques heures auparavant.

Josette se sentait investie d'une responsabilité morale. Le désarroi avait déjà gagnéla petite troupe de cinq voisins qu'elle avait décidée de l'accompagner dans cette aven-ture roumaine. Ces agriculteurs ou éleveurs de la Beauce consacrent leur retraite àvoyager, au rythme de 3 ou 4 périples par an. Tous connaissent déjà le Vietnam,l'Egypte, la Turquie, la Thaïlande, l'Afrique du Nord, le Sénégal, le Kenya, le Mexique,le Japon, la Chine, etc. Ils ont fait des croisières, sur le Rhin, le Danube, le Nil, dans lesCaraïbes et effectué au moins 2 ou 3 fois le tour de toute l'Europe, du Cap Nord àGibraltar, Madère, sans oublier le Parthénon ou les Pays baltes ! Mais Josette n'a décou-vert le Mont Saint Michel, pourtant à seulement deux heures de route, que l'an passé etn'est jamais montée en haut de la Tour Eiffel.

Voici une trentaine d'années, ces couples amis s'étaient mis en "kolkhoze" pourorganiser leurs vacances. Quand l'un partait, c'est l'autre qui rentrait les foins ou trayaitles vaches… idem pour le partage des week-ends ou quand il fallait aller au mariagedes cousins. "C'est pas avec notre maigre retraite qu'on peut se permettre çà" expliqueJosette, "il a fallu travailler dur pour mettre quelques sous de côté". Je pense à la tête

que feraient les paysansroumains en comparantleur vie de misère.

L'octogénaire memontre le programmequi l'attend.

Impressionnant…Tout le tour de Rou-manie en une semaine,avec des étapes en carde 200 à 300 km, et 4-5visites sur le trajet !Robert, qui marchepéniblement en s'ap-puyant sur ses béquillesne se rend pas comptede ce qui l'attend. Detoutes façons, il gardele moral… En rentrant,

il doit passer sur le billard pour se faire opérer de la hanche.

Chauffeur de taxi tsigane qui récite Lamartine

Jeudi 10 mai. - En passant devant la Bibliothèque Mihai Sadoveanu, dans le cen-tre, une affiche attire mon regard : "A 15 heures, cénacle sur la poésie franco-roumai-

ne et sa traduction". Comme c'est l'heure dite, je me glisse dans la petite salle de confé-rence. Une trentaine de personnes patientent sagement. Le plus jeune a dans les 70 anset la majorité dépassent les 80 ans. C'est à la fois bouleversant d'attachement à la cul-ture française et saisissant devant les limites de son audience. Pas un seul jeune (c'est-à-dire moins de 60 ans). "D'habitude, il y en a" me confie l'organisateur, "mais çà doit

être à cause du match"… qui a eu lieu la veille.

Mercredi 9 mai.- Bucarest vit à

l'heure espagnole. Ce soir le National

Arena accueille la finale de la coupe

UEFA de Foot opposant l'Atletico de

Madrid à Bilbao. Les supporters ont

envahi la capitale roumaine qui s'est

mises au diapason. Il paraît que cer-

tains se sont trompés et ont pris un

billet pour Budapest. Les Bucarestois

regardent avec amusement ces

milliers de fans qui coexistent dans la

bonne humeur et remplissent d'une

joie communicative les rues du vieux

centre. Les Roumains se montrent

très fiers d'accueillir pour la première

fois un évènement sportif

de cette importance. Ils

apprécient aussi qu'il n'y ait

aucun débordement. Les

Espagnols, eux, sont ravis

de payer trois fois moins

cher des canettes de bière

d'une contenance double!

Pour la Fédération

Roumaine de Football, il

s'agit d'un examen de pas-

sage décisif, après le dés-

astreux Rou-manie-France

d'août dernier, servant d'i-

nauguration au National

Arena, dont la pelouse s'é-

tait transformée en champ

de pommes de terre au

bout de dix minutes.

L'examen paraît réussi… hormis la

fausse note du commentateur officiel

de l'UEFA, clamant dans le micro un

quart d'heure avant le coup d'envoi,

histoire de chauffer l'ambiance:

"Bonjour public de Budapest !". Il est

vrai qu'il était à bonne école. A deux

reprises, alors qu'il était en voyage

officiel en Moldavie, visitant Cahul,

ville du sud, Traian Basescu s'était

exclamé "Je suis heureux d'être à

Kaboul" !

De Budapest à Kaboul

l

CHISINAU

l

l

en Roumanie et MoldaviePar monts et par vaux Carnet de route

Une ambiance bon enfant dans les rues de la capitale lors de la finale de la coupede l'UEFA, opposant deux clubs espagnols, l'Atletico de Madrid et Bilbao.

Le restaurant bio du poète Mircea Dinescu, Lacrimi si Sfinti (Des larmes et des Saints) est devenu un lieu à la mode.

Son propriétaire "veut réinventer et moderniser la cuisine roumaine".

SIGHISOARAl

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Connaissance et découverteLes NOUVELLES de ROUMANIE

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Connaissance et découverteLes NOUVELLES de ROUMANIE

n

BUCAREST

ORADEA

BAIAMARE

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TIMISOARA

ARAD

TÂRGOVISTE

l

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IASI

BRASOV

CONSTANTACRAIOVA

TARGUMURES

GALATI

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TULCEABRAILA

SUCEAVA

M. CIUCl

lPITESTI

l

Erasmus première agence matrimoniale européenne

Mardi 15 mai.- Me voilà donc chez le Normand Christophe, 30 ans, manipulateuren radiothérapie et le Bordelais Charly, 26 ans, ex étudiant en agronomie… qui a ren-contré sa femme Anca, voici 6 ans, grâce à la première agence matrimoniale européen-ne… Erasmus. Son programme d'échanges universitaires l'avait conduit à Sibiu où,apparemment, il n'avait pas succombé qu'aux seuls charmes de la vieille ville. Anca l'adécidé à s'investir dans le développement de sa petite commune natale, Saschiz,2000 habitants. Le jeune couple s'est mis à l'œuvre, se lançant dans l'agrotourisme,défrichant le terrain entourant sa ferme, se lançant dans la confection artisanale de confi-ture bio construisant un laboratoire aux normes. Christophe, épris de la Roumanie aprèsl'avoir découverte grâce à une initiative européenne appelant les jeunes à aller à la ren-contre des pays de l'UE en réalisant des interviews et un film vidéo, s'est joint à ses nou-veaux amis, apportant son savoir-faire du bocage normand. L'équipe s'est lancée dans lafabrication de confiture de lait, totalement inconnue ici, et qui a obtenu un vrai succès,notamment à Bucarest. Les touristes de passage n'hésitent pas à faire un crochet pourvenir s'approvisionner, et maintenant ils peuvent être logés dans leurs chambres d'hôteou bien passer commande sur internet (casadepedeal.com).

Bruxelles a bon dos

Les jeunes gens essaient également d'animer la vie du vieux et beau village deSaschiz, ayant organisé un festival du court métrage, éditant tous les 2-3 mois un jour-nal communal, diffusé gratuitement auprès des habitants par la mairie. Ils ont aussiexpérimenté la lourdeur administrative du pays. Pour chaque activité, il leur fallait pré-senter un diplôme: de confection alimentaire pour les végétaux, pour les produits d'ori-gine animale (beurre de lait), pour l'accueil (chambres d'hôte), pour la gestion d'entre-prise, pour guider et accompagner les touristes. Pendant des mois, l'équipe a dû faire lepied de grue dans les couloirs des administrations, deux-trois fois par semaine… réus-sissant à l'usure à obtenir les autorisations nécessaires. De quoi s'arracher les cheveuxpour Gaby qui, en France, avait créé son auto-entreprise multi-services en deux-trois

jours et un entretien d'un quartd'heure où on l'avait encouragé àaller de l'avant.

Encore, les jeunes gens ont-ilseu la chance de tomber dans unjudet où leur persévérance a étéprise en compte, ailleurs, ilsauraient pu se heurter à un mur. Ilsont expérimenté là un des effetspervers de l'entrée de la Roumaniedans l'UE en 2007 et de la mauvai-se interprétation de la réglementa-tion européenne. L'administrationroumaine impose une applicationmaximaliste des normes éditées, etsans délais, alors qu'en fait une cer-

taine souplesse est autorisée. Evidemment, elle en fait porter le chapeau à Bruxelles…Auparavant, au début des années 2000, lorsque le gouvernement roumain a décidé d'en-courager le développement de l'agro-tourisme, les démarches étaient très simples et ona vu les pensions pousser comme des champignons dans la campagne roumaine.

Regarder à deux fois avant de choisir son candidat

Mercredi 16 mai.- Des affiches fleurissent sur les murs des mairies du Maramures:"Prenez soin de votre vue… allez la vérifier gratuitement auprès de l'opticien qui sera

de passage le…. ". Les maires sont ainsi de véritables nounous pour leurs administrés…un mois avant les élections municipales.

Jeudi 17 mai.- Si on parle beau-

coup de la passion que nourrit le

Prince Charles pour les villages

saxons de Transylvanie, où il se

rend fréquemment, y ayant acquis

des propriétés qu'il s'efforce de res-

taurer, son intérêt pour le

Maramures est moins connu mais

tout aussi réel. L'héritier de la cou-

ronne d'Angleterre a acheté en 2005

trois maisons anciennes qu'il a fait

regrouper dans le village de Breb, sa

fondation "Mihai Eminescu Trust"

étant chargée de les retaper. Les

travaux sont gelés pour l'instant,

priorité étant donnée au projet

saxon, mais le Prince est

déjà venu deux fois sur

place. Il a d'ailleurs à nou-

veau séjourné en Roumanie

en mai et a été reçu par le

Président Basescu.

Cet engouement des

Anglais pour le Maramures

est assez rare et ils y vien-

nent d'ailleurs assez peu,

comme si l'architecture en

bois les effrayait, se dirigeant

plus volontiers vers les mai-

sons costauds et en grosses

pierres de Transylvanie.

Une réminiscence de l'in-

cendie qui avait ravagé

Londres en 1666? En tout cas, cela

ne dérange pas le paparazi à la

retraite anglais Duncan Ridgley,

tombé amoureux de la région. Il y a

acheté plusieurs maisons, qu'il

transforme en chambre d'hôtes, se

transformant en ambassadeur du

Maramures, invitant à ses propres

frais des journalistes britanniques à

venir le découvrir.

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Le grand incendie deLondres, les Anglais...et le Maramures

La campagne est financée au niveau du judet par leurorganisation, une convention lucrative ayant été signée avec lesyndicat des opticiens. Il ne reste plus à l'opposition qu'à invi-ter les électeurs à venir subir des test auditifs. Les slogans desuns et des autres sont tout trouvés: "Regardez-y à deux fois

avant de choisir votre candidat", "Il n'y a pas pire sourd que

celui qui ne veut pas entendre vos revendications!".

"Sighet est une véritable bombe!"

Sighetu-Marmatieiest encore marquée parla tragédie qui aendeuillé la ville en jan-vier dernier. Une explo-sion de gaz qui a détruitune maison juste en facedu Mémorial des victi-mes du communisme.Un mort et une vingtai-ne de blessés. Et, depuis, la peur habite les rues car le réseaude gaz est troué de partout. "Sighet est une véritable bombe!"

n'hésite pas à affirmer une rescapée.La catastrophe s'est déroulée un samedi soir, début février.

Quatre jeunes filles s'étaient réfugiées dans les toilettes ausous-sol d'un disco pour fumer, déclenchant la première explo-sion qui fera sept blessées. L'entreprise de gaz est venue aupetit matin pour vérifier l'installation. Elle a omis de coupercelui-ci, alors que les badauds s'accumulaient aux alentours,brûlant cigarettes sur cigarettes.

Dépêchés sur les lieux, les pompiers avançaient dans lesdécombre et essayaient de détecter la fuite… en reniflant l'air.Une seconde explosion retentissait alors, plus des-tructrice encore, faisant un mort et 16 blessés parmilesquels des notables de la ville, le plus gros notaire,les chefs adjoints de la police et des pompiers, plu-sieurs de leurs hommes.

La principale victime était le chef même de l'en-treprise de gaz, dont certaines sources disent qu'il adéclenché lui-même l'explosion en utilisant un détec-teur hors d'usage, payant ainsi de sa vie son interven-tion courageuse à la tête des secours. Une injusticedu sort, car il était arrivé depuis peu et s'efforçait deremettre de l'ordre dans la gestion de la compagnie,minée par la corruption et l'incompétence, se rendanttrès vite compte que la corruption et l'incompétenceétaient ses principales caractéristiques.

On lui avait remis un état des lieux affirmant que "tout va

très bien, Madame la Marquise". Ses employés n'étaient pasdes professionnels du gaz mais des plombiers chargés de répa-rer les tuyauteries d'eau.

Tsuica et cholestérol

Vendredi 18 mai.- La palinca, tsuica doublement dis-tillée, est la marque de fabrique du Maramures. C'est un médi-cament plaide-t-on sur place en remplissant votre verre. Defait, accompagnant la slanina qui trône sur de nombreuses

tables au petit-déjeuner, constituant un véritable réservoir decalories pour la journée, il paraît qu'elle permet à l'organismed'assimiler cette graisse de porc ressemblant à notre saindoux.Mais, de plus en plus de Roumains possédant désormais unevoiture, le verre de palinca matinal a disparu pour éviter d'êt-re pris dans un contrôle d'alcoolémie. Du coup, les taux decholestérol ont bondi.

5000 litres dans la “palincothèque”

Récemment, la femme d'un ingénieur forestierqui venait de décéder, a découvert dans sa cave unvéritable trésor: une "palincothèque". Tout au longde sa vie, sans le dire à quiconque, son mari avaitconservé les plus précieuses palinca que lui remet-taient ses obligés: paysans, bûcherons, trafiquants,etc. Des palinca de fruits sauvages - cerises, poires,pommes, pêches - qu'il classait et étiquetait soigneu-sement. Au total, 5000 litres pour une valeur estiméede 40 000 €. Les acquéreurs se bousculent, mais sa

veuve ne tranche pas, laissant grimper les offres.

Même les cigognes ne font plus la pluie et le beau temps

Samedi 19 mai.- "Il n'y a plus de repères !" se lamententdes paysans. "Avant, on savait quel temps, on allait avoir en

observant les cigognes. Si elles arrivaient tard, cela voulait

dire que le printemps sera pourri, si elles partaient tôt… que

l'hiver sera rude. L'été dernier, elles ont regagné l'Ethiopie dès

la mi-aôut, alors que les petits cigogneaux arrivaient tout

juste à voler… et l'hiver n'est venu qu'en janvier. Là, elles sont

venues faire

leur nid dès

fin mars et le

p r i n t e m p s

n'est pas

fameux".

P o u rcouronner letout, les coqsqui chan-taient à heu-res fixe, tou-tes les 3-4heures, saufquand ils

annonçaient la pluie, en prennent à leur aise et poussent leur"cocorico" n'importe quand !

En route maintenant pour la Bucovine. La jolie route dunord, sauvage, est praticable sans problème jusqu'au piedoriental du col de Prislop. Les ennuis commencent lorsqu'onentre dans le judet de Suceava, avec un passage difficile surune dizaine de kilomètres et une vingtaine plus convenablesjusqu'à l'embranchement de Iacoveni.

Heureusement, sur cette route, ce n'est pas la Lutwaffe quia bombardé… mais l'armée roumaine, ce qui a permis d'épar-gner certains secteurs.

l SIGHISOARA

La palinca, doublement distillée, qui coule tranquillement de l'alambic, meilleur remède contre le cholestérol ?

Le Normand Christophe et le bordelais Charly ont succombé aucharme tranquille du village saxon de Saschiz, près d'Hunedoara.

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Connaissance et découverte

Le 3h10 pour Ulma n'existe plus

Jeudi 24 mai.- Tête en l'air, en venant dans le coin, j'avaisloupé un panneau à une intersection, continuant ma route, aulieu de tourner. Je n'avais pas regretté le détour, découvrant unpaysage magnifique, me mettant l'eau à la bouche. J'ai doncdécidé de partir explorer ce chemin inconnu, au départ de monhôtel, le Sofia, à Sucevita, merveilleux havre de paix en pleineforêt, entouré de ruisseaux. Le grand luxe avec piscine couver-te, eau à 32 degrés, spa, etc… pour 37 € par nuit (50 € pourdeux). Calme assuré pendant la semaine, le week-end étantréservé un an à l'avance pour des mariages.

Je prends donc la route de Marginea (célèbres poteriesnoires), puis j'oblique en direction d'Ulma, longeant pendantune trentaine de kilomètres la frontière ukrainienne, après undétour par le monastère de Putna. Voici 20 ans, j'avais écrit quele cul de sac d'Ulma avait des allures de bout du monde. Ons'arrêtait net à la frontière soviétique, surveillé aux jumellesdepuis un immense mirador. Seul le train conduisait à cetendroit perdu, mais depuis la ligne a été supprimée… et le3h10 pour Yuma n'existe plus. C'est un chemin de terre, assezcarrossable, qui le remplace. A la frontière, une douane flam-bant neuve, en passe d'être achevée, devrait permettre le pas-sage en Ukraine, peut-êtremême dès cet été.

Sur le retour, les plusaudacieux peuvent obliquerà droite à Brodina et décou-vrir ainsi sa vallée. Un par-cours fabuleux au cœurd'une nature sauvage, quimène à Moldovita, sonmonastère, sa mocanitsa,ancien petit train des bûche-rons qui promène les touris-tes sur une quinzaine dekilomètres le samedi et ledimanche, la voie ferréeayant été restaurée par desAutrichiens. On peut ensuiteregagner l'hôtel Sofia par une route non moins splendide, auterme d'un périple de 100-150 km qui prend la journée entière.

Vendredi 25 mai.- Je me plonge dans les dépliants mis àdisposition des visiteurs à l'entrée du monastère de Putna, prin-cipal centre de l'orthodoxie roumaine, que j'ai collectés laveille. C'est édifiant. On y apprend que prendre la pilule peutconduire les femmes au cancer du sein, de l'utérus, du foie, àl'augmentation du taux de cholestérol, à l'hypertension, à l'in-farctus, à la thrombose, au diabète, à l'assèchement de la réti-ne, aux grossesses extra-utérines, à l'infertilité. Sans précisertoutefois si on a le choix ou s'il faut tout prendre. L'usage de lapilule est présenté comme étant en fait une forme déguisée d'a-vortement. Un argument massue est avancé en direction des"pécheresses" qui resteraient malgré tout sceptiques: "Vous ris-

quez de perdre votre libido !".

Cette littérature abondante décrit aussi l'avortementcomme une horreur, avec des photos choc, promet mille fléaux

à celles qui y recourraient, présente les ravages de la pornogra-phie comme plus graves que ceux du cancer, le divorce commela plus triste expérience de la vie. Revenant à un registre moinsculpabilisant, deux ou trois dépliants insistent sur les effetsnéfastes de l'usage trop intensif de la télévision et d'internet et,d'autre part, sur la présence nécessaire des parents auprès deleurs enfants. Enfin, les jeunes filles enceintes sont vivementinvitées à venir prendre conseil auprès de l'Eglise et de sesassociations proches pour discuter d'une solution si elles nepeuvent garder leur futur enfant… comme les abandonnerdans une institution, bien que cela ne soit que suggéré.

Château Vartely a la prétention de concurrencer les vins français

Samedi 26 mai.- En route pour la Moldavie. Je crains lepassage de la frontière, avec ces têtes de gardien de prison despoliciers et douaniers qui donnent envie de rebrousser chemin.Mais, bonne surprise, il n'en est rien. L'affaire est réglée en unquart d'heure. En outre, j'ai pu changer immédiatement mes leiroumains contre des lei moldaves. Pas la peine de se compli-quer l'existence, les taux sont pratiquement les mêmes danstoute la petite République. Vingt kilomètres plus loin, je m'ar-

rête dans le premier magasinOrange rencontré et, pour6 euros, en à peine dix minu-tes, me voilà doté d'un nou-veau numéro sur mon porta-ble qui me permet de télé-phoner une heure dans toutle pays et une autre dans lemonde entier !

Dimanche 27 mai.-Etape au Château Vartely,qui s'enorgueillit de sonappellation à la française. Cedomaine viticole est le plusmoderne de la Moldavie etproduit 3 millions de bou-

teilles par an, dont 90 % à l'exportation, d'un vin de grandequalité élaboré pour plaire au goût occidental. Il ne cache passon ambition de concurrencer les crûs français. On y favorisela culture des cépages secs, merlot, chardonnay, cabernet-sau-vignon, feteasca, blanc et rouges, à l'opposé des consistancessucrées et lourdes des vins russes, dont la Moldavie était lepremier fournisseur.

Le domaine, à la table réputée, héberge aussi les touristesdans de coquettes villas qui permettent un séjour reposant enpleine nature, avec un merveilleux paysage que l'on peutapprécier des terrasses fleuries tout en dégustant un verre devin de glace, confectionné à partir des premiers grains de rai-sin gelés. On peut aussi visiter la cave (compter au minimumune quinzaine d'euros par personne, mais on emmène avec soiles bouteilles ouvertes; intéressant, mais on peut s'en passer).C'est un peu cher (60 € la nuit par personne, 90 € pour deux),comme dans tous les pays de l'ex URSS, mais on ne regrettepas le séjour.

Les NOUVELLES de ROUMANIE

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Un air "léninifiant"

Lundi 21 mai.- Me Voilà donc chez Leonard, dans cette bucolique Bucovine quime fait toujours rêver, au point d'y avoir envisagé acquérir une maisonnette. Je mevoyais bien là écrire sur ma terrasse, sous les grands conifères bercés par le vent, leregard vagabondant des ruisseaux descendant de la forêt aux collines verdoyantes s'é-talant à l'horizon. L'hiver, près de la cheminée, entendant la neige crisser sous les pasdes voisins venus me rendre visite… Leonard m'en a dissuadé: "Tu t'ennuierais vite,

tu te sentirais isolé. La Bucovine ne serait plus un bonheur mais une corvée car tu te

croirait obligé d'y revenir". Et dans sa sagesse de me proposer plutôt de me dénicherun petit chalet à louer pour le temps que je veux.

A son tour, Leonard me parle de ses rêves d'enfants, lorsqu'il habitait Suceava etpas encore Manastirea Humorului. Près de chez lui, une immense cheminée de200 mètres de haut dominait la ville, crachant les fumées d'une usine de cellulose ser-vant à fabriquer des fibres artificielles, dont de la soie. L'enfant s'imaginait voir la TourEiffel, qu'il ne découvrira que 35 années plus tard. La réalité était plus triste. Les gazs'en échappant étaient toxiques, attaquant le cerveau. Les autorités avaient interdit aux

habitants de faire desanalyses pour savoirs'ils étaient touchés.

Mais le commu-nisme avait aussi sesjoyeusetés. Elena, lafemme de Leonard, sesouvient ainsi que songrand-père, un belhomme, qui avaitencore de beaux resteset conservé quelquesbiens, était obligé dedanser avec la femmedu maire… pour payermoins de taxes locales.

Mardi 22 mai.-Elena me confie com-bien elle est étonnéepar la décontraction

des Français qui prennent pension chez eux. "Ils plaisantent toujours. On dirait des

enfants heureux, sans problèmes, auxquels il ne peut rien arriver". Et c'est vrai. Est-ce le climat lénifiant, de la Bucovine… ou plutôt une vie sans trop d'histoires, là-bas,à l'autre bout du continent? Ici, c'est l'air "léninifiant" que l'on supporte encore, avecses injustices, ses colères rentrées, son stress permanent de la vie quotidienne.

Un chien qui a une mémoire d'éléphant

Mercredi 23 mai.- Il faut se méfier des chiens de bergers, le fameux cioban mol-dovenesc. On aurait envie de glisser les mains dans son pelage abondant, de le cares-ser… Mais gare ! Ces chiens ont été dressés pour être méchants et les moutons doi-vent les haïr, à moins qu'ils ne soient paralysés de terreur. Leonard garde le sien enfer-mé pendant la journée dans un chenil de sa construction. L'hiver, quand il fait - 20 etque le village est recouvert d'un épais manteau neigeux, il le lâche dans la nature. Là,il retrouve ses "compères". Ensemble, ils font la fête, se roulent dans la neige, aboient,se battent et vont se coucher dans le foin, sous un hangar isolé.

Le cioban de Leonard a, en outre… une mémoire d'éléphant. S'il est attaché, c'estqu'il se jette sur le voisin qui lui a lancé un seau d'eau froide quand il était petit, ou surle beau-frère qui lui a donné, voici bien longtemps, un coup de pied au c…. Même levétérinaire qui lui avait fait des piqûres de fortifiant autrefois doit subir sa vindicte.

Les NOUVELLES de ROUMANIE Connaissance et découverte

Dimanche 20 mai.- Chirurgien en

Allemagne, Roméo avait quitté la

Roumanie en 1988 et n'avait pas revu

depuis Léonard, directeur de l'école de

Manastirea Humorului, son camarade

d'enfance. C'est

chose faite depuis

aujourd'hui, au cours

d'une visite surprise.

Emus et joyeux, les

deux compères se

sont racontés leurs

souvenirs communs,

dont l'un particulière-

ment cuisant pour

Léonard. Celui-ci

espérait échapper au

service militaire sous

Ceausescu et comp-

tait sur sa forte ten-

sion, aux environs

de 17, pour être

réformé. Le règle-

ment prévoyait

qu'au-dessus de 16,

les recrues étaient

affectées aux bureaux et totalement

exemptés au-dessus de 18. Léonard

s'était retourné vers Roméo, dont le

père était déjà chirurgien, lui deman-

dant conseil pour doper un chouia son

propre taux et ainsi couper à la corvée

promise. Revenu avec la réponse,

Romeo lui avait promis un "score" à

20-22, échappant à toute contestation,

s'il absorbait un demi-litre de ver-

mouth, la veille.

Rassuré, après avoir suivi à la lettre

la prescription, Léonard s'était rendu

en toute confiance à la visite médicale

d'incorporation. Verdict: le tensiomètre

indiquait 12-7… et le jeune homme en

a été quitte pour aller crapahuter pen-

dant six mois dans les Carpates, sac

sur le dos, en plein hiver. C'est ce

qu'on appelle des amis de trente ans !

Des amis de trente ans

n

BUCAREST

ORADEA

BAIAMARE l

TIMISOARA

ARAD

TÂRGOVISTE

l

l

IASI

BRASOV

CONSTANTACRAIOVA

TARGUMURES

GALATI

l

l

l

l

l

l

ll

TULCEABRAILA

SUCEAVA

BACAU

l

lPITESTI

l

l

l

Quel bonheur de se perdre dans les vallées de Bucovine !

Château Vartely, du nom d'une propriété viticole, est l'un des endroits lesplus huppés de Moldavie, où l'on vient se marier ou faire baptiser les

enfants, au cours de fêtes animées par des groupes folkloriques.

ULMA l

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Connaissance et découverteLes NOUVELLES de ROUMANIE

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Connaissance et découverteLes NOUVELLES de ROUMANIE

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A Orhei, le chemin de croix de la Moldavie

Lundi 28 mai.- Comme Orhei, les villes traversées se ressemblent toutes.Alignées, sur de larges boulevards proprets et ombragés, typiques de l'ancienne puis-sance tutélaire, on y trouve des pharmacies à profusion, des salons de coiffure pourdames bien remplis, des banques, avec l'inévitable Western Union, afin de recevoir lesvirements des parents partis à l'étranger, des casinos-salles de jeux. On ne risque pasde tomber en panne d'essence dans le pays… avec une station tous les 5 kilomètres. Onse demande pourquoi… les voitures ne se bousculent pas. Les vieilles Lada et Mos-kovitch ont pratiquement disparu. Place aux berlines occidentales que conduisent fiè-rement ceux qui sont allés "faire fortune" à l'étranger ou reviennent pour les vacances.

Choc en me promenant dans l'artère principale d'Orhei. En cinquante mètre, troismonuments aux morts se succèdent, illustrant le chemin de croix vécu par la Moldavieau cours du XXème siècle. "Gloire à nos Héros" évoque le sacrifice des plus de500 soldats de la région tombés face à l'armée allemande de juin 1941 à 1945.Pratiquement tous les noms sont à consonance russe. Juste à côté, une stèle est dresséeen souvenir des 32 enfants du pays envoyés par Moscou à Tchernobyl pour lutter cont-re l'incendie qui a ravagé la centrale nucléaire en avril 2006 (notre photo). LaMoldavie était alors une république de l'URSS. Tous les noms de famille sont rou-mains. Les premiers sont décédés des radiations dès 1991, la majorité vers 2002, ledernier l'an passé… mais la liste est-elle close ?

Enfin, une imposante composition somme le passant de ne jamais oublier. "Adevar

istorie nemurire"! Les crimes de Staline et du communisme sont là. 1288 déportésentre 1940 et 1941, à la suite du pacte germano-soviétique qui a permis à Moscou defaire main basse sur la Moldavie, appartenant à la Roumanie à l'époque, profitant de ladéfaite française. Ils ne sont jamais revenus, pour la plupart morts dans des camps ou

fusillés, les enfants étant transformés en petits pionniers ducommunisme. 3261 en 1949, lors d'un nouvel épisode de laterreur stalinienne dont 846 hommes, 1377 femmes et1405 enfants.

O, neamale tu/ Adunat gramajora/ Ai putea se incapi/

intra singura icoana (Oh toi mon Peuple/ Rassemblé tout

entier/ Tu pourrais t'incarner/ dans une même icône): lacitation du grand poète national Grigore Vieru, mort voiciun peu moins de trois ans, y fige dans la pierre le destin tra-gique du pays.

Mercredi 30 mai.- Rencontré près de Suceava, un cou-ple d'enseignants retraités d'Echiré, dans la région deParthenay, dans les Deux Sèvres, m'a conseillé d'aller rend-re visite à ses amis de Bobeica, à une cinquantaine de kilo-mètres de Chisinau. Son premier voyage en Roumanieremonte à l'époque de Gheorghiu Dej, voici près de 50 ans.La longue éclipse ceausesciste l'a tenu longtemps éloigné dela région, ses incursions y reprenant après la "Révolution".

La retraite a alors conduit Jean et Mado Cantet à partager leur expérience avecleurs collègues moldaves, rejoignant ainsi l'action menée sur place par SolidaritéLaïque. Pendant plusieurs années, le couple est venu passer deux mois dans cette com-mune rurale de la petite République. Le résultat est saisissant.

Les 700 élèves du lycée continuent de choisir le français comme première langue,enseigné par quatre professeurs, dont les deux directrices qui se sont succédé. Toutesont effectué le voyage à Parthenay, ce qui est loin d'être partagé en Moldavie, où moinsd'un dixième des 2300 enseignants de français ont eu l'occasion de découvrir la France.Bobieca est même devenu la plate-forme de l'Alliance française pour le secteur et sonlycée reçoit des revues pédagogiques, envoyées également depuis Echiré. Tous les ans,deux élèves ou professeurs effectuent une visite et un séjour de deux semaines, danschaque sens et une délégation de pompiers de Parthenay était attendue en juin.Exemplaire, mais malheureusement encore trop rare en Moldavie.

Mardi 29 mai.- Les noces se suc-

cèdent au château Vartely. Deux au

cours de la même soirée. Tout le

monde est sur son trente et un.

Impressionnants talons-aiguilles pour

les filles dont les tenues élégantes

soulignent encore davantage la

beauté proverbiale. Les jeunes

mariées sont éblouissantes dans

leurs robes de tulle et leurs longs voi-

les. Leurs promis font un peu

patauds, surtout quand ils ont le

crâne rasé.

Moment bouleversant quand l'or-

chestre attaque "Noi, suntem

Romani" (Nous sommes Roumains),

repris avec une ferveur rentrée par

toute la noce, comme une prière se

lisant sur les lèvres. On en est tout

remué. La Moldavie va-t-elle un jour

retrouver sa grande sœur roumaine ?

La réponse appartient à son ancien

maître. On ne peut qu'espérer la voir

rejoindre l'Union Européenne et, par

ce biais, se rapprocher encore plus

de sa famille de cœur.

"Noi suntem Romani"

Un passeport bleu

Jeudi 31 mai.- Bobeica me donne l'occasion de faireconnaissance avec Maria, l'ancienne directrice du lycée, à laretraite depuis un an, mais qui donne un coup de pouce à sesanciens collègues de français pour suppléer, dix heures parsemaine, au manque de professeurs. Le français doit énormé-ment à cette jeune sexagénaire, pleine d'entrain, énergique etrieuse. Les échanges franco-moldaves ont été la grande aven-ture de sa vie, reconnue par la France, l'ambassadrice àChisinau lui ayant remis les palmes académiques.

Dans l'histoire, Maria a "perdu" une de ses filles, mariée àun Français et désormais établie à La Rochelle, le couple ayantun enfant. Etudiante brillante, parlant 5 ou 6 langues, elle apassé ses examens à La Sorbonne. Revenue au pays, son uni-versité a voulu la contraindre à recommencer son apprentissa-ge du français… par l'alphabet.

Révoltée par cette bêtise, la jeune femme est retour-née en France pour être confrontée à une aberration dumême genre: la "défunte" circulaire Guéant qui interdi-sait aux étudiants étrangers de travailler à la fin de leursétudes, faisant fuir toute une élite vers d'autres cieux etnous a valu une réputation détestable dans les pays où laFrance faisait figure de référence.

Grâce à la solidarité de Français à l'esprit plusouvert, la Moldave a pu survivre grâce à des petits bou-lots… jusqu'au jour où un bateau russe, confronté à unproblème d'assurance, s'est retrouvé immobilisé dans leport rochelais de La Pallice, faute d'interprète dans larégion. La jeune femme a débloqué la situation à lasatisfaction générale… la compagnie d'assurance, ravie,l'a embauchée sur le champ, et elle y exerce déjà desfonctions importantes.

Réunies autour de moi, les professeurs de françaisde Bobeica me racontent leurs aventures en France. Celles quiont la double citoyenneté moldavo-roumaine, ne rencontrentpas de difficultés aux frontières. Elles possèdent un passeportde couleur Bordeaux, comme les autres citoyens de l'UE etelles passent dans la masse des autres voyageurs. Mais les"pures" moldaves disposent elles d'un passeport bleu qui lesfont immédiatement repérer, les policiers leur faisant signe de

se mettre à l'écart pour une vérification plus poussée de leursdocuments. Ironie de l'histoire, voici 20 ans, sous lesSoviétiques, les Moldaves devaient déjà montrer "patte

bleue", pour pouvoir circuler dans l'ex-URSS, alors que lescitoyens russes se déplaçaient librement, avec leur passeportrouge.

Chisinau à pas trop cher

Vendredi 1er juin.- Il n'y a vraiment aucune raison objec-tive à bouder la Moldavie. Les routes ne sont pas "moins bon-

nes" qu'en Roumanie et on se sent en sécurité dans le pays. Leseul hic réside dans l'hébergement. Contrairement à sa grandesœur, l'agro-tourisme y est encore peu développé, bien qu'uneffort, encouragé par des initiatives francophones, se dessinedans cette direction.

Les hôtels sont très chers à Chisinau (pas moins de70-80 € pour une personne), mais il existe une façon d'yéchapper: louer un studio ou un appartement pour un-deux ouplusieurs jours par le biais des agences qui fleurissent dans lacapitale (rental.md, ou [email protected]). Ils sont toujours trèsconfortables, bien équipés. On peut presque avoir pignon surrue sur le Boulevard Stefan Cel Mare, les Champs Elyséeslocaux, pour 35 € par nuit pour deux personnes.

La réservation peut se faire de France, avec un handicap:on vous demande de verser une caution à l'avance, mais le sys-tème bancaire local n'étant pas moderne, on ne peut pas utili-ser le système pré-pay. L'agence exige alors un versement parla Western Union (très cher)… à moins qu'un Chisinaute devotre connaissance ne vienne régler à son siège pour vous !

Le mieux est d'expliquer que vous n'en avez pas la possi-bilité et, au bout de deux ou trois échanges par e-mail, l'affai-re s'arrange: vous paierez sur place.

Je quitte à regret cette belle capitale de l'Est, mais monvoyage dans la petite République s'achève. Direction, le Tourcycliste de Roumanie ! A chaque retour de Moldavie, je mepose invariablement la même question… qui turlupine tousses visiteurs. Mais où se cache donc la misère dans ce paysdésigné en 2005 par un rapport de la Banque Mondiale commeétant le plus pauvre du continent européen ? Henri Gillet

Les 700 élèves du lycée de Bobeica choisissent toujours le françaiscomme première langue étrangère, grâce à l'investissement de leurs

professeurs (dont Maria, au 1er rang à droite) et l'aide fournie depuis la région de Parthenay, dans les Deux Sèvres.

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Connaissance et découverte

Même si la Roumanie a bien d'autres choses àoffrir aux touristes, elle est d'abord vue commele pays de Dracula, en particulier depuis que

l'histoire de Vlad Tepes l'Empaleur et que le vampire inventépar Bram Stoker se sont superposés. Alors, autant en profiter,estime un mensuel roumain.

Le vampire Dracula et le prince Vlad Tepes nous ont lais-sé un héritage que nous ne savons toujours pas faire fructifier:Dracula! Le meilleur label dans le domaine du tourisme dontpeut bénéficier la Roumanie en ce moment. A quoi les étran-gers associent-ils la Roumanie? D'abord à Dracula, et seule-ment ensuite à Nicolae Ceausescu, Nadia Comaneci,Gheorghe Hagi ou Ilie Nastase.

Les étrangers veulent du Dracula, désirent en savoir plussur Dracula, voir les endroits où Dracula a vécu, manger del'ail en visitant le château de Bran, acheter des souvenirs deDracula, faire la fête dans des bars ambiance Dracula. Nousnous fâchons que notre héros national, Vlad Tepes, soit deve-nu le symbole du vampirisme. Foutaises ! Si les étrangers veu-lent du Dracula, nous devons leur vendre du Dracula. Ils veu-lent des mythes avec Dracula, offrons-leur des mythes ! Dansun monde souffrant d'un imaginaire morbide étouffant, où lesvampires, la sorcellerie et la fiction captent l'attention et fontd'énormes entrées d'argent, notre orgueil national compte peu.

Inconnu des Roumains jusque dans les années 70

Le tourisme à thème "Dracula" a commencé en Roumaniede manière non officielle au cours des années 1950-1960. Biensûr, le roman de Bram Stoker n'avait pas encore été traduit enroumain, donc les guides de l'office national de tourisme desCarpates, réorganisé de fond en comble au début des années1970, ne sont entrés en contact avec l'histoire imaginée par l'é-crivain irlandais qu'à travers ce que pouvaient en dire les tou-ristes occidentaux (principalement Américains etBritanniques) qui posaient des questions sur le "château du col

de Bârgau" (Pasul Bârgaului) décrit dans le livre. Même si Dracula était encore inconnu pour la plupart des

Roumains, les autorités de l'époque n'ont pas hésité à utiliserle mythe pour faire de la publicité. En 1983, un hôtel en formede château, avec des tours, une cour intérieure accessible parune seule entrée, a été construit entre Bistritsa, ville deTransylvanie, et Vatra Dornei, ville de Bucovine. Les deuxlocalités étant reliées par le col de Bârgau, l'hôtel a prétendu-ment été construit à l'endroit approximatif du château décritdans le roman. Jusqu'en 1990, il a été appelé Tihutsa (autrenom du col de Bârgau), même si un autre hôtel inventé parStoker, La Couronne d'or, avait été construit dans la ville deBistritsa, justement pour servir de point de référence pour lestouristes étrangers.

En 2006, l'hôtel rebaptisé Dracula a inauguré un buste del'écrivain irlandais Bram Stoker.

Sous l'impact de la théorie de l'identification entre VladTepes l'Empaleur et le comte Dracula, élaborée à partir de

1972 par Raymond T. McNally et Radu Florescu, l'historiogra-phie roumaine a réagi. L'anniversaire de la mort de Vladl'Empaleur, en 1976, a suscité de nombreuses publications. Lesrecherches des historiens roumains ont servi ensuite commebase pour les guides touristiques afin de dissocier les deux per-sonnages.?

Puis la situation a pris de l'ampleur après 1990. La socié-té roumaine a été outrée par la superposition du personnage duvampire et de celui du voïvode (prince) considéré comme l'undes grands héros roumains depuis le XVe siècle. Les réactionsfurent d'abord négatives. La Roumanie, pays associant demagnifiques paysages maritimes et montagneux avec uneinfrastructure relativement développée (du moins pour lesétrangers) et de nombreux sites antiques, médiévaux oumodernes, se retrouvait dans la situation d'être visitée pour desraisons purement triviales.

Les meilleurs circuits mêlent l'histoire avec le mythe littéraire et cinématographique

Même si chez nous le mythe de Dracula est plus connu àtravers le cinéma que par le biais de la littérature, l'opportuni-té pour le tourisme culturel est immense. Avec ou sans parcd'attractions à thème, les lieux liés à Vlad l'Empaleur et aucomte Dracula sont nombreux et intéressants. Dans un mondedominé par la publicité, Dracula aurait énormément aidé uneéconomie prédisposée aux crises.

Il existe déjà des circuits proposés par diverses agences,les meilleures mêlant l'histoire avec le mythe littéraire et ciné-matographique. Ainsi, en suivant les traces du personnage lit-téraire préféré, les touristes peuvent visiter:

- Curtea de Arges, première capitale de la Valachie, quiabrite aussi un monastère célèbre

- le château fort de Poenari, résidence secondaire de VladTepes rénovée d'après la légende par le travail forcé desboyards (nobles) qui avaient assassiné son grand frère et sonpère

- Suceava, capitale de la Moldavie du XIVe au XVIe siè-cle

- le monastère de Snagov, dans les environs de Bucarest,où l'on suppose que le corps de Vlad est enterré

- Târgoviste, capitale de la Valachie du XIVe au XVIIIesiècle, où les époux Ceausescu ont été fusillés pendant la révo-lution roumaine de 1989,

- Sighisoara, ville historique, lieu de naissance de Tepes, - Brasov, grande et belle ville de Transylvanie, proche du

château Bran, dit "château de Dracula", tous ces lieux étantliés au voïvode médiéval et au vampire moderne.

Ainsi, au lieu de nous irriter devant la question : "Où estle château du vampire Tepes ?" nous devrions saisir l'occasiond'expliquer une confusion et de montrer une Roumanie encoretellement belle. Bien qu'il n'ait pas pensé spécifiquement auxRoumains, Bram Stoker mérite leur reconnaissance.

Bogdan Popa et Marius Diaconescu (Historia)

Les NOUVELLES de ROUMANIE

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Les NOUVELLES de ROUMANIE

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Pas très éloignés de Bucarest, mais souvent ignorés des visiteurs, les belles val-lées de la Prahova, de l'Olt ou de l'Arges méritent vraiment d'être découvertes.Paysages frais, vallonnés, gorges spectaculaires, routes splendides de monta-

gne, monastères, coquettes stations thermales, salines souterraines, caves et propriétésviticoles, artisanat, fabriques de verres en cristal, se succèdent. De quoi occuper unebonne semaine!Au milieu de toutes ces richesses touristiques, un joyau… le grand hôtelSofianu de Râmnicu Valcea, à deux heures et demie de la capitale, le seul quatre étoilesdu judet de Vâlcea mais aussi l'uniquehôtel-musée de Roumanie, d'où l'onpeut rayonner dans toute la région!

Dans le dédale de couloirs, dansles salles de restaurant ou de confé-rence, plus de mille tableaux sontexposés. Des sculptures inspirées del'œuvre de Brancusi jalonnent les pasdes clients et ornent l'agréable terras-se de l'établissement bordée par leparc central de la ville. Car l'hôtel estsitué dans un écrin vert, lui garantissant le calme au cœur même de la cité.

Son propriétaire, Nicu Sofianu, est un ancien journaliste, qui a accumulé une des plusgrosses fortunes du sud de la Roumanie. Devenu millionnaire, il se consacre aussi à ladiffusion de l'art avec sa femme, une poétesse à laquelle on doit cette atmosphère de raf-finement qui imprègne l'hôtel. Car c'est le grand luxe: 64 belles chambres spacieuses,confortables, tranquilles, avec tout l'équipement que l'on peut attendre à ce niveau.Piscine, sauna, salle de fitness, soins de thalassothérapie (100 €/jour hébergement com-pris), etc. Des formules permettent de découvrir la région (de 45 à 75 €/jour, tout com-pris). Il est difficile de trouver un meilleur rapport qualité-prix: le prix de la chambre variede 45 € par personne à 50 € pour un couple, tarifs qui tombent même à 40-45 € pendantle week-end (nuits des vendredi-samedi-dimanche). Et, il ne faut pas oublier le plaisir dela table, avec une carte très inventive : gazpacho aux crevettes poêlées, boulettes de gor-gonzola truffées au noix grillées ou tout simplement une véritable gratinée à l'oignon…

Grand Hôtel Sofianu, strada Stirbei Voda, entrée Parc Zavoï, Râmnicu Vâlcea, JudVâlcea, tel: (0040)(0)350.431.697, (0)747.768.377; fax: (0) 350.431.69; [email protected], site: www.hotelsofianu.ro.

Grand Hôtel Sofianu à Râmnicu Vâlcea

Connaissance et découverte

Tourisme

n

BUCAREST

ORADEA

BAIAMARE

l

TIMISOARA

ARAD

R. VÂLCEA

l

l

IASI

BRASOV

CONSTANTACRAIOVA

TARGUMURES

GALATI

l

l

l

l

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l

l

l

MAMAIA

BRAILA

SUCEAVA

BACAU

l

l

l

l

Depuis quelques mois, il est pos-

sible de découvrir Bucarest en bus

à impériale, comme dans les autres

capitales européennes. Cette pro-

menade d'une heure mérite vrai-

ment d'être tentée. Pour 25 lei (un

peu plus de 5 euros), on passe

devant les principales curiosités de

la capitale, 14 arrêts sont proposés,

où on peut descendre, visiter et

remonter dans les bus suivants qui

se succèdent tous les quarts d'heu-

re, de 10 h à 22 h, le billet, que l'on

prend à bord, étant valable 24 heu-

res après l'avoir validé. Des écou-

teurs commentant le circuit sont à

disposition, gratuitement, malheu-

reusement uniquement en roumain

et anglais pour l'instant. Bucarest vu

de haut apparaît bien différent de

ce que l'on en entrevoit de la fenêt-

re d'un taxi. Et respirer les senteurs

des tilleuls qui embaument les gran-

des avenues des beaux quartiers

est autrement plus sympathique

que celle des effluves des pots d'é-

chappement.

Découvrir Bucaresten bus à impériale

Bram Stoker mérite bien la reconnaissance de la Roumanie

Ils veulent du Dracula ? Donnons-leur du Dracula !Le luxe à pas cher dans le seulhôtel-musée de Roumanie

Patrimoine

Casa Felicia, à Sucevita, sur laroute en direction de Radauti,500 mètres après le monastè-

re. Coquette pension, très confortable,dans un parc paysager adorable. Felicia etTrandafir Cazac, un ancien mécaniciend'hélicoptère, y ont restauré avec amouret talent deux maisons anciennes en bois,dont l'une, située à une vingtaine de kilo-mètres a été entièrement démontée etréassemblée suivant la tradition de l'art…sans un seul clou! Trandafir, peutaccueillir une quinzaine de personnesdans ses 8 chambres spacieuses. Le cou-ple conseille les touristes, aux trois

quarts des Francophones, leur indiquedes itinéraires, avec une disponibilité etun sourire qui ne le quittent jamais.

Casa Felicia, tel: 0744 836 392 ou0740 931 973, courriel: [email protected]. 25 € par personne avec lepetit-déjeuner et le repas du soir.

Chez Leonard, à ManastireaHumorului, à 200 mètres du monastère.L'étape est bien connue et les habitués nemanquent pas de s'arrêter chez Elena etLeonard qui sont devenus les amis denombre de leurs hôtes. Ah les soirées ani-mées sous leur tonnelle à refaire le

monde… et la Roumanie en français,dans leur fermette au pied des mer-veilleuses collines de Bucovine ! On n'apas envie de s'en aller, et quand Léonardse met à raconter son pays, la vie du villa-ge, on est transporté dans un autre uni-vers.

Chez Leonard, tel: 0230 572 818,0744 95 90 47, courriel: [email protected], site: http:/butucea.pers.ro.20 € par personne, avec le petit-déjeuneret le repas du soir. Possibilité de veniravec son camping-car ou sa tente (etmême sa tante !), avec accès aux commo-dités.

Bonnes adresses en Bucovine

Page 30: Les OUVELLEs · par Corneliu Vadim Tudor, dont les mem - bres sont issus de l'ancien Parti commu-niste et de la Securitate. FDGR (Forum Démocrate des Allemands de Roumanie): parti

Connaissance et découverteLes NOUVELLES de ROUMANIE

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Connaissance et découverteLes NOUVELLES de ROUMANIE

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de l’un des plus vieux restaurants de Roumanie

Le vieux Ion, seul serveurrescapé de l'époque communiste

Les démarches pour reprendre possession du restaurantcommencèrent dès la chute de Ceausescu en 1990. Deux ansaprès, la propriété en revint à Nicolae Mircea mais ne futeffective qu'en 2006. "A ce moment, j'ai reçu des offres de plu-

sieurs millions de dollars pour racheter l'établissement, mais

le Caru' cu bere n'é-

tait pas à vendre".

L ' a c t i o n n a i r emajoritaire DragosPetrescu reprit ladirection de la brasse-rie en février 2006.Des travaux de réno-vation furent entre-pris dans la foulée. Ilsont duré huit mois.Rien n'a été modifié.Les murs, moisis etrecouverts de chaux,ont été lessivés etrepeints d'après desphotos retrouvées auMinistère de laCulture.

120 personnesont travaillé sur lechantier avec, pour certains spécialistes, l'agrément desAffaires culturelles. Les cuisines ont été mises aux normes etéquipées de matériel moderne. Coût de l'investissement : 1,3millions d'euros. Sauf pour les meubles qui datent presque tousde 1924.

Il n'est rien resté de l'ère communiste, excepté Ion qui tra-vaille ici depuis plus de 40 ans et qui a du mal à s'adapter à laprise de commande électronique. "Mais le Père Ion bénéficie

d'un régime particulier, c'est une obligation morale pour

nous", assure le gérant. A l'origine, le Caru' cu Bere se fournissait en bière à

Bragadiru, une commune toute proche de Bucarest.Aujourd'hui, la bière maison est brassée par Tuborg Romania,qui consacre 24 heures de son activité mensuelle exclusive-ment à sa production. C'est la bière la plus consommée parmiles treize autres sortes que propose le restaurant.

Les vieilles brasseries et distilleries de Prague, Berlin,Dublin, ou Edinburg, devenues de véritables légendes locales,ont été intégrées aux circuits touristiques. Les propriétaires duCaru' cu bere, quant à eux, assurent seuls la promotion de leurétablissement. Avec un succès certain. Il y a une centaine d'an-nées, les clients s'asseyaient aux côtés des poètes GeorgeCosbuc, Octavian Goga ou de l'écrivain Barbu Delavrancea.Ces dernières années, ils ont été remplacés par les RollingStones, Demi Moore ou le Prince héritier du Japon venus eux-

aussi déguster les "sarmale", les "mititei", les saucisses dePlescoi ou le jarret au chou, spécialité de la maison.

"Atmosphère… Atmosphère…

J'ai encore une gueule d'atmosphère ?"

Mais cette réussite a aussi ses côtés les plus détestables :si le cadre a été préservé, la rentabilité règne en maitre sur les

lieux. On s'y bouscu-le à l'entrée. Il fautfranchir un tourni-quet, fendre la queuedans une foire d'em-poigne pour gagnersa table, obligatoire-ment réservée et quel'on ne peut pas choi-sir. Si vous êtes seul,on vous impose untemps limité pourdéguster votre demiou pour manger. Toutest fait pour que leclient sente qu'il nedoit pas s'attarderoutre-mesure.

On peut à peineparler, ni s'entendedans un brouhaha

perpétuel, couvert par une musique assourdissante, rock ouautre, entrecoupée par l'intrusion soudaine et à intervallesréguliers de danses folkloriques pour Japonais ou Américains.L'endroit est devenu une foire à touristes abrutissante, un pas-sage obligé programmé par les agences de voyage. Et la cuisi-ne y est toujours aussi médiocre!

Elle est loin l'époque de l'entre deux Guerres où l'élitebucarestoise, écrivains, artistes, parlementaires, intellectuelss'y retrouvait se confiant en chuchotant les dernières rumeursparcourant la capitale. "Caru cu bere" avait de la gueule alors."Atmosphère… Atmosphère? Est-ce qu'aujourd'hui j'ai une

gueule d'atmosphère?" rumine le pauvre Ion, qui a bien du malà se frayer un chemin dans la bousculade, sans renverser sonplateau chargé de chopes de bière maison…

Pourtant le visiteur ne doit pas désespérer. Avec un peu d'i-magination, il peut encore se replonger dans cette ambiancedélicieuse du début du XXème siècle, laissant son regardvagabonder de l'immense bar en bois massif jusqu'aux loges àpeine dissimulées, rêvasser aux belles amazones, étoles enfourrure, attablées avec des sénateurs bedonnants mâchonnantleur imposant cigare… Il ne leur en coûtera qu'un euro pourpeu qu'ils prennent la peine de venir y boire leur café, dans lamatinée, à l'heure où les touristes sont à peine levés.

Yves Lelong et Henri GilletCaru Cu Bere, 5 Strada Stavropoleos, Bucarest

"Caru cu bere" … qui a perdu bien de son charme

58

C'est l'histoire d'un restaurant de Bucarest qui, de 1899 à nos jours, a traver-sé le 20ème siècle contre vents et marées. Après avoir résisté à la période commu-niste, le Caru' cu bere réalise aujourd'hui un chiffre d'affaires annuel de cinqmillions d'euros et accueille à sa table des célébrités internationales. Pourtant, ilest bien difficile d'y retrouver le charme désuet qui se dégageait autrefois de ceprestigieux établissement.

L'histoire du "Caru' cu Bere" (la charette de Bière) ne se résume pas auxvingt dernières années qui ont suivi la chute du régime communiste. Elle acommencé il y a 113 ans. L'établissement doit son nom à la charrette tirée

par des bœufs qui, jadis, venait lui livrer la bière. Depuis la révolution, la Roumanie a connu l'invasion des fast-foods. Leur chiffre

d'affaire cumulé avoisine les deux milliards d'euros. La brasserie "Caru' cu bere" fait,à elle seule, cinq millions d'euros à égalité avec les champions de la restauration rapi-de de la capitale comme le self du magasin Ikea ou le Mac Do de la Piata Unirii.

Dès que l'on passe le tourniquet de bois massif, on est plongé dans un cadre auxrelents d'entre-deux guerres. Les vieilles tables aux bords usés par les coudes, les lus-tres, les escaliers en colimaçon sculptés, les hautes voûtes peintes de tons verts etocres, incrustées d'or et de rouge et les vitraux vous ramènent dans une autre époque.Mais les tenues vestimentaires des clients, les verres ou la marque des bouteilles por-tées sur les plateaux sont là pour rappeler la réalité du 21ème siècle…

Les étudiants recevaient gratuitement un repas par jour

Daniel Mischie, l'un des associés de Trotter Prim, la compagnie gérante de l'éta-blissement, ne se lasse pas de raconter l'histoire du "Caru' cu bere". "La brasserie a

été construite en 1899 au moyen d'un emprunt hypothécaire souscrit par Nicolae

Mircea, un natif d'Ardeal, débarqué à Bucarest pour faire des affaires dans la bière.

En peu de temps, il en fit un lieu de rencontre où venaient des retraités de la magis-

trature et de l'armée, des hommes de lettres et aussi des étudiants. Ceux-ci recevaient

un repas gratuit par jour". Nicolae Mircea, petit-fils du fondateur, deuxième du nom,est aujourd'hui propriétaire des murs avec l'un de ses cousins. Il se souvient : "J'ai

gardé beaucoup de lettres envoyées à mon grand-père par les parents de ces étudiants

qui le remerciaient pour son aide. Ma famille a habité ici dès l'origine. On travaillait

au Caru' cu bere jusqu'à la retraite".

Au début, la brasserie était beaucoup plus petite.Le bar et la mezzanine furent ajoutés en 1926. Au-des-sus, la partie habitable compte une vingtaine de chamb-res, inoccupées pour l'instant, dans laquelle on pourraitinstaller un hôtel. En 1949, les communistes réquisi-tionnèrent le restaurant et obligèrent, malgré tout, lafamille Mircea à continuer à rembourser le crédit hypo-thécaire souscrit 50 ans plus tôt pour la construction.

Le Caru' cu bere devint un centre de formation del'industrie hôtelière. Les stagiaires logeaient sur placeet travaillaient au restaurant. L'établissement fut rénovéen 1984 ce qui n'empêcha pas son activité de décliner.Son image se ternit et suscita des commentaires iro-niques. "Si l'on vient en Roumanie, il faut absolument

aller au Caru' cu Bere sans s'y arrêter et sans y man-

ger". "L'atmosphère, à cette époque, était triste à pleu-

rer", affirme Nicolae Mircea. Le restaurant était vide.Les serveurs attendaient les clients toute la journée enregardant la télévision installée devant le tourniquet".

n

BUCAREST

ORADEA

BAIAMARE

l

TIMISOARA

ARAD

TÂRGOVISTE

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IASI

BRASOV

CONSTANTACRAIOVA

TARGUMURES

GALATI

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TULCEABRAILA

SUCEAVA

BACAU

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lPITESTI

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Les boucles d'oreille offertes par

Carol II à sa maîtresse Elena Lupescu

ont été vendues aux enchères à

Londres pour un montant de près de

2 millions d'euros, alors que le prix de

départ avait été fixé à 150 000 euros

et que ses vendeurs n'en attendaient

pas plus de 650 000 euros. Ces

bijoux, des perles rares serties dans

des pendentifs en diamant, dormaient

depuis 35 ans dans le tiroir de la com-

mode d'une femme qui ne les por-

taient pas car ils n'étaient pas à son

goût et ont été découverts par hasard

par ses héritiers. Carol II, descendant

de la reine Victoria a été roi de

Roumanie jusqu'en1940, abdiquant au

profit de son fils Michel. Il est alors

parti en exil avec sa maîtresse qu'il a

épousée, et est décédé à Lisbonne en

1953. Elena Lupescu lui a survécu

jusqu'en 1977. Ayant une réputation

de playboy, sa liaison avait fait d'au-

tant plus scandale en Roumanie que

sa maîtresse était d'origine juive.

l

CHISINAU

l

VISCRI

Des boucles d'oreille hors de prix

Patrimoine La renaissance

Success story pour

Le pauvre Ion (à gauche), quarante ans de service, a bien du mal à s'y retrouver dans cette foire à touristes qu'est devenu le prestigieux établissement.

Page 31: Les OUVELLEs · par Corneliu Vadim Tudor, dont les mem - bres sont issus de l'ancien Parti commu-niste et de la Securitate. FDGR (Forum Démocrate des Allemands de Roumanie): parti

Connaissance et découverte

parcelle de leurs terres (récupérées des griffes du kol-khoze à la roumaine) à quiconque de nos frères euro-péens occidentaux voudrait construire soit unefabrique de textile, soit une fabrique de conditionne-ment de champignons -ah, que les forêts des Carpatesen sont remplies et que les Italiens en raffolent! -, soitd'immenses bâtiments abritant des concessionnairesautos. Alors, pouvant acquérir des voitures et dési-reux de prendre la route en toute liberté et à touteallure, certains d'entre eux ont commencé à adorer lesbords de route. Enfin, ce n'est pas tellement qu'ilsadorent les bords de route; les gens qui y campent nesont pas les plus riches du pays… loin de là, voiresouvent le contraire !

Le bord de route est pratique, on n'y paie pas deplace de camping, pas de chambre à l'auberge ou à l'hôtel, onpeut amener sa bouffe, on ne s'enfonce pas trop dans les rou-tes de montagne, la plupart dans un état tragicomique -on neparle même plus de nids de poule mais plutôt de culs de vache-risquant d'y laisser la voiture.

Montrer à ses compatriotes combien on gagne "là-bas"

Et pour aller plus loin, il y a, je pense, une question devisibilité, de sortie de l'anonymat et de l'isolation dans laquel-le le régime totalitaire a voulu enfoncer l'individu. Au bord desroutes, on nous voit et on voit à notre tour.

Pour ce qui est des plus riches, ils vont eux, se faire voiret regarder en Grèce, en France (sur la côte d'Azur s'il vousplaît), en Croatie, ou choisissent des destinations exotiques quifont rêver le citoyen lambda (des îles tropicales mais haute-

ment touristiques, des safaris en Afrique, des virées d'excès àDubaï). Certains restent en Roumanie, mais se prennent deschambres d'hôtel qui arborent fièrement des prix occidentaux.

Concernant nos braves immigrés qui ramassent des fraisesen Espagne ou lavent les vieux en Italie, de retour au pays, cer-tains sont animés par ce désir si hautement humain de montreraux autres combien ils gagnent là-bas, combien leur voiture estpuissante, et comment ils sont gentils d'amener leurs mamansdont le dos est courbé par le travail de la terre, faire des curesde traitement de boue dans les spas de la mer Noire ou desCarpates.

Ils n'oublient pas de profiter de leurs vacances pour agui-cher une ou deux filles dont ils rêvent depuis tout-petits, et deleur payer une virée en discothèque et une chambre d'hôtel. Etles Roms roumains expulsés de France? Que feront-ils de leurs"vacances" roumaines ?

Mihaela Trifa (http://www.rue89.com)

Les NOUVELLES de ROUMANIE

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Connaissance et découverteLes NOUVELLES de ROUMANIE

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Mihaela Trifa est d'origine roumaine et vit en France. Elle ne manque pasde rentrer dans son pays natal à l'occasion des vacances, ce qui l'a amenée àdresser un portrait humoristique mais aussi acide du comportement de sescompatriotes à cette époque de l'année.

De retour dans mon pays natal, la Roumanie, j'ai pu encore constater l'é-volution des mœurs vacancières et de loisir de mes compatriotes rou-mains. Je ne cherche à faire aucune généralisation en ce qui concerne

leurs comportements! Je ne vais vous décrire que les tendances - quel mot estival !- observées souvent, voire très souvent lorsque j'y passe à mon tour, les vacances.

Transformé en parking-foutoir

Alors que, par goût aigu de l'aventure, par quête désespérée des sentiers solitai-res, lovées dans l'herbe mousseuse des forêts lointaines couvrant ces bellesCarpates, et parfois par fierté stupide d'avoir exploré des endroits dangereux et dif-ficiles d'accès, certains jeunes, sacs à dos et sacs de couchage, se mettent à grimperet à conquérir des sommets isolés, beaucoup de leurs compatriotes se contentent,eux, des… bords de route ! C'est toujours impressionnant de les voir s'y entasser dèsqu'un brin d'herbe se fait jour et que la montagne se profile au loin. Ils viennent envoiture, le coffre rempli de provisions de bouche et d'alcool. Sur des rythmes demusique souvent folklorique, ils ramassent des brins de bois. Certains, plus hardis,armés de haches, vont jusqu'à entreprendre un peu de coupe de ce bois généreux etprolixe des forêts du pays, et c'est parti.

Le feu peut être lancé, les "mici" (sorte de kefta roumain) prêts à se faire rôtirle lard, la bière peut couler à flots et les gamins crier de bonheur à poil. Les bafflescrachent la musique de fête, la fumée des barbecues voile cette atmosphère devacances, d'autres voitures arrivent et bientôt la longue ligne herbeuse qui borde laroute n'est plus qu'un parking-foutoir, avec automobiles garées dans tous les sens,servant de magnétophones sur roues et de repères pour les gamins dans leurs jeuxde cache-cache.

Pourquoi cette nécessité de la foule permanente ?

Je ne dis pas, la plupart des gens se regroupent par affinités, et ce sont souventdes familles amies qui investissent ainsi le bord des départementales. Mais c'estcette promiscuité qui est intrigante: les voitures se touchent, les feux emmêlent leursfumées, les gosses se trompent de maman, les pères se frôlent les bides etc. Pourquoirecréer ce schéma que beaucoup vivent en appartement dans leurs HLM et tours gri-ses voulus par Ceausescu et sa foutue planification de l'habitat ? Pourquoi ne pas s'i-soler un peu, être au calme? Pourquoi cette nécessité de la foule permanente?

Mon père m'a dit -comme tous les pères? - qu'avant, ce n'était pas pareil ! Avant,c'était pendant l'époque du communisme totalitaire de Ceausescu. Les gens avaientpeu de Dacia pour investir les bords de route, et surtout, leurs vacances étaient pla-nifiées, pour la plupart, par ce magnifique régime qui organisait parfaitement lesvies des prolétaires. Ceux-ci recevaient des bons de vacances pour aller dans telleou telle station balnéaire désignée à l'avance, dans les Carpates ou à la mer Noire,dont les plages se chargeaient alors d'humains désireux d'accéder au statut d'écrevis-se (par le vide de la pensée et par la couleur de l'épiderme).

Et la plupart du temps, on transportait ces prolétaires par trains.

Au moins, on n'y paie pas de place de camping

Après la chute de Ceausescu et l'arrivée fracassante du capitalisme, les voituresse sont multipliées, et le commun des mortels a pu, petit à petit, y accéder, grâce auxbienfaits du crédit bancaire, de la débrouille au détriment de l'autre, de la vente d'une

Vacances roumaines…Pratique sur le bord des routes

Olivier Bourguet, guide de voyages et écrivain, offre le fruit de son troisièmereportage après l'Ethiopie, en 2006, et Chypre en 2008, sous la forme d'unmagnifique album, à la présentation très soignée, qui vient de paraître

"Roumanie d'hommes et de lumières". Il y condense en 224 pages et 160 photos, lesimages qu'il a glanées au fil des 7 mois qu'il y a passés et la synthèse de ses lectures, abon-dantes et érudites.

Aux confins de l'Europe, la Roumanie a fait office de rempart aux hégémonies venuesde l'Est, qu'elles soient byzantines ou russes. Le sort des Roumains, sous le ressac de l'his-toire, n'a pas toujours été enviable. Ils ont souvent vécu l'enfer dans des contrées paradi-siaques, au cœur d'espaces naturels insoupçonnables de grandeur et de beauté, au sein des-quels s'épanouissent encore le loup et l'ours.

Terre d'érudition, tant passée que présente, la Roumanie tire sa richesse d'un brassageculturel extraordinaire, puisque pas moins de 23 ethnies minoritaires s'y côtoient. Peuple

attachant, hospitalier, généreux, les Roumains ont la verve latine, le sourire aux lèvres et toujours une rasade d'alcool de prune pourl'accueil et sceller une amitié nouvelle. Découvrir la Roumanie bucolique en leur compagnie, c'est accepter de prendre le temps.De contempler, de rencontrer, d'être freiné par l'animation agro-pastorale qui prend possession des chemins et sentiers, de respirerles odeurs d'une campagne qui avance au rythme de ses animaux et des saisons. C'est aussi parvenir à adopter un rythme nouveau,en phase avec des paysages et des traditions pas encore tout à fait rattrapés par le galop du progrès!

Roumanie d'hommes et de lumières, par Olivier Bourguet, Editions Vilo. A commander directement auprès de l'auteur:Olivier Bourguet, Chaussée de Frasnes, 159, 7540 Rumillies, Belgique en adressant un chèque de 50 € (Frais de port compris)

Roumanie d'hommes et de lumièresParution

Pour mieux connaître la géographie

des judets (départements) de Roumanie

voici, dans l'ordre, leurs noms, celui de

leur préfecture (entre parenthèse), suivis

des initiales qui leur sont attribuées et

figurent sur les plaques minéralogiques

des voitures:

Alba (Alba Iulia): ABArad (Arad): ARArges (Pitesti): AGBacau (Bacau): BCBihor (Oradea): BHBistrita-Nasaud (Bistrita): BNBotosani (Botosani): BTBrasov (Brasov): BVBraïla (Braïla): BRBuzau (Buzau) : BZCaras-Severin (Resita) : CSCalarasi (Calarasi): CLCluj (Cluj-Napoca): CJConstantsa (Constantsa): CTCovasna (Sfântu-Gheorghe): CVDambovita (Târgoviste): DBDolj (Craïova): DJGalati (Galati): GLGiurgiu (Giurgiu): GRGorj (Târgu Jiu): GJHarghita (Mercuriu Ciuc): HRHunedoara (Deva): HDIalomita (Slobozia): IlIasi (Iasi) : ISIlfov (Bucarest) : BMaramures (Baïa Mare): MMMehedinti (Drobeta-Turnu-Severin): MHMures (Târgu-Mures) : MSNeamt (Piatra Neamt) : NTOlt (Slatina): OTPrahova (Ploïesti): PHSatu Mare (Satu Mare) : SMSalaj (Zalau) : SJSibiu (Sibiu) : SBSuceava : (Suceava) SVTeleorman (Alexandria) : TRTimis (Timisoara): TMTulcea (Tulcea): TLVaslui (Vaslui): VSVâlcea (Râmnicu-Vâlcea): VLVrancea (Focsani): VN

Les plaques minéralogiques compren-

nent, dans l'ordre, les initiales du départe-

ment + deux chiffres + trois lettres.

Exemple: PH 97 AMC (PH : département

de Prahova).

Le langage des voitures

Humeur

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Infos pratiquesLes NOUVELLES de ROUMANIE

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Connaissance et découverteLes NOUVELLES de ROUMANIE

62

CHANGE*(en nouveaux lei, RON**)

Euro = 4,45 RON

(1 RON = 0,22 €)

Franc suisse = 3,72 RON

Dollar = 3,52 RON

Forint hongrois = 0,02 RON

(1 € = 285 forints)

*Au 24/06/2012 ** 1 RON = 10 000 anciens lei

Les NOUVELLES

de ROUMANIENuméro 72, juillet-août 2012

Lettre d'information bimestrielle surabonnement éditée par ADICA(Association pour le Développement

International, la Culture et l’Amitié)

association loi 1901

Siège social, rédaction :

8 Chemin de la Sécherie44 300 Nantes, FranceTel. : 02 40 49 79 94E-mail : [email protected] de la publication

Henri GilletRédactrice en chef

Dolores Sîrbu-Ghiran

Ont participé à ce numéro :Laurent Couderc, Yves Lelong,Marion Guyonvarch, Julia Beurcq, Jonas Mercier, Mirel Bran, M. Trifa,Victoria Popa, Piotr Smolar,Caroline Douki, Arnaud Schwartz,Marianne Delaforge, Ion Cepleanu,Bogdan Popa, Marius Diaconescu

Autres sources: agences de presse

et presse roumaines, françaises,

lepetitjournal.com, télévisions

roumaines, Roumanie.com, Le

Courrier des Balkans, sites internet.

Impression: Helio Graphic2 rue Gutenberg ZAC du Moulin des Landes44 981 Sainte-Luce sur Loire CedexNuméro de Commission paritaire:

1112 G 80172; ISSN 1624-4699Dépôt légal: à parution

Prochain numéro: sept. 2012

ABONNEMENTAbonnement aux Nouvelles de Roumanie, lettre d'information bimestrielle,

pour un an / 6 numéros, port compris

Entreprises, administrations : 100 € TTC / anAssociations et particuliers : 80 € TTC / an

Multi-abonnement

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Le système en est simple: vous vous abonnez, devenez ainsi "abonné princi-

pal", et un de vos proches reçoit également à son domicile "Les Nouvelles". Vousbénéficiez tous les deux de 25 % de réduction, l'abonnement passant ainsi de 80 €à 61 € par personne (Multi-abonnement Formule 2, 122 €).

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Et si vous êtes quatre, (Multi-abonnement Formule 4, 170 €) elle passe à50 % (tarif de l'abonnement par personne: 42,5 €).

Ce tarif est valable dans la limite de quatre personnes et ne peut être sous-crit par les associations que dans un cadre strictement interne (Vous ne pouvez pasabonner un membre d'une autre association, même dans le cadre d'une fédération).

Seule règle à respecter: le règlement global est effectué par une seule person-ne, l'abonné principal, avec un chèque ou virement unique, en mentionnant lescoordonnées (adresse, téléphone, fax et e-mail) des autres abonnés.

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Courtoisie

Une femme prend rendez-vous chezun chirurgien plasticien :

-Docteur, vous voyez mon nez?Pouvez-vous m'en refaire un qui soit finet joli ?

-Pas de problème, chère madame…Avec celui que vous avez, je peux mêmevous en faire trois !

Pilules dures à avaler

Un Roumain qui veut émigrer enAmérique arrive à l'aéroport de New-York où un douanier suspicieux commen-ce à fouiller sa valise :

-Ces pilules roses, c'est pourquoi ?-Contre la bronchite-Les blanches ?-Contre les rhumatismes-Les bleues ?-contre l'impotence-Et cette photographie de Basescu ?-Contre le mal du pays !

Question de choix

Un automobiliste stoppe net quand ilvoit une fille prête à enjamber le parapetd'un pont et à se jeter dans le Mures.

-Mais qu'est-ce que tu fais?-Je veux me suicider!Il l'attrape par le bras et l'embrasse

fougueusement. Toute émoustillée, ellelui demande de recommencer.

-Tu vois que la vie est belle… maispourquoi veux-tu te suicider?

-Parce que mes parents n'aiment pasque je m'habille en fille...

Préjugé

Maria à son médecin :- Docteur, cela fait cinq minutes que

vous m'avez demandé de tirer la langue etvous ne la regardez même pas !

-C'était juste pour être tranquille pen-dant que je rédige ton ordonnance !

Recette

- Allô Police! Je viens d'écraser unpoulet. Que dois-je faire?

- Et bien, plumez-le et faites-le cuireà thermostat 6.

- Ah bon ! Et qu'est-ce que je fais desa moto?

Vérités

Un pope explique le catéchisme etl'origine de l'Humanité aux enfants :

-Dieu a crée Adam et Eve est néed'une côte d'Adam.

Bula lève la main :-Mon Père, Papa dit qu'on descend

du singe ?-Ecoute Bula, tes histoires de famille

ne m'intéressent pas, je parle en général !

Avertissement

C'est Bula qui dit à sa maîtresse enlui rendant son carnet de notes:

- Je ne voudrais pas vous inquiéter,mais ce week-end, papa m'a dit que si jen'ai pas des meilleures notes sur mon bul-letin le mois prochain, "y’a quelqu'un qui

va se prendre un bon coup de pied

quelque part...".

Christophe Colomb

La maitresse demande à Bula: - Bula, voudrais-tu aller au tableau,

nous montrer sur la carte géographique,où se situe l'Amérique.

Bula va, et pointe du doigtl'Amérique.

- Maintenant que vous savez tous oùse trouve l'Amérique, Bula peux-tu medire qui l'a découverte?

Toute la classe en cœur: - C'est Bula!

Voilà qui promet

Un représentant sonne à la porte de lamaison de Bula, à peine dix ans, qui luiouvre, un cigare à la bouche, une canettede bière dans la main, alors que sa petitecopine rajuste sa jupe.

- Bonjour mon petit. Est-ce que tamaman est là?

Bula : - Devine...

Arracheurs de dents

En 1979, au Congrès internationaldes chirurgiens dentistes, il y eut de nom-

breuses communications du plus hautintérêt scientifique, mais la plus remar-quée fut celle de la délégation roumaine.La nouvelle méthode d'extraction mise aupoint par les Roumains présentait en effetdeux caractéristiques majeures: la perfor-mance technique et l'originalité.

Il s'agissait d'introduire l'appareil parle fondement du patient, de le faire che-miner à travers les intestins, l'œsophageet le larynx; après quoi, arrivé dans lacavité buccale, le dentiste pouvait sanspeine procéder à l'arrachage de la dentmalade. La démonstration de la méthodeest accueillie par un déluge d'applaudis-sements, et tous les délégués se lèvent.

Curieux cependant, le secrétaire deséance demande:

-Pourquoi prenez-vous le problème àl'envers et ne passez-vous pas directe-ment par la bouche plutôt que de vouscompliquer la vie ?

-Ce serait effectivement une métho-de, reconnaît le délégué roumain… maispar les temps qui courent, personne n'oseplus ouvrir la bouche chez nous.

Dernier vœu

Raluca, vieille paysanne "sans-parti

et réactionnaire", sentant sa fin venir,réunit sa famille et demande à son filsaîné d'aller chercher le responsable localdu Parti. Surpris, celui-ci s'exécute etrevient avec le chef de cellule.

Raluca le fait approcher de son lit et,devant toute sa famille, lui demande del'inscrire au Parti. Le camarade, n'osantaller contre les volontés d'une mourante,l'inscrit au Parti, perçoit sa cotisation etlui remet sa carte. Dés qu'il a franchi leseuil de la maison, le fils aîné s'age-nouille au bord du lit de sa mère et, dessanglots dans la voix, il lui demande :

-Oh, petite mère, pourquoi as-tu faitune chose pareille ?

-Voix tu, Dumitri, puisque quelqu'undoit mourir, il vaut mieux que ce soit undes leurs.

Pensée

-Qu’est-ce que serait le monde sansles hommes ?

-Un monde plein de femmes libres,heureuses... et bien grasses !

BlaguesHumour

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Les NOUVELLES de ROUMANIE

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La vraie vie au cœur du Maramures

Difficile d'imaginer qu'on puisse aimer tant son pays ! Adela et Teo nequitteraient pour rien au monde leur Maramures natal. Pourtant la vie yest dure, aussi bien sur le plan matériel que moral. D'autres se seraient

laissés séduire par la perspective d'une existence meilleure, loin de chez eux. Maiscomment Teo aurait-il pu abandonner ses monts et vallées qu'il parcourt à pied depuis ses 15 ans ? Guide, photographe, journalis-te, à quarante ans il est devenu la mémoire vivante de la région. Adela, elle, arpente les couloirs de l'impressionnant Mémorial desvictimes du communisme, expliquant aux milliers de visiteurs francophones, l'atrocité d'une époque heureusement révolue.

Adela et Teo ont choisi de rester au pays pour le faire valoir. Le couple rêvait d'acquérir une vieille maison en bois et d'yaccueillir les touristes afin de leur faire découvrir les richesses de leur province. C'est chose désormais faite. Une seconde maisonest même venue s'ajouter à ce patrimoine. Située à une trentaine de kilomètres, elle a échappé au funeste sort réservé par les "abat-

toirs de vieilles maison", des scieries en quête de bois de chêne, les transformant en planches, lambris, parquets, meubles anciens,expédiés en Angleterre ou en Irlande. Teo l'a entièrement démontée, pour la réinstaller sur la parcelle à flanc de colline, en pleinecampagne, où le couple vit désormais. Forêt, ruisseaux, silence troublé par les seuls oiseaux, chevreuils et cerfs montrant le boutde leurs cornes, quelques fermettes au loin… Les hôtes séjournent au cœur d'un Maramures immuable, à six kilomètres seulementde Sighet. Le bonheur de dormir les fenêtres ouvertes, de sentir la nature si proche, d'entendre le vieil escalier qui grince, de s'as-soir autour de la table en bois massif… tout en bénéficiant des commodités d'aujourd'hui !

Sacs à dos et porte-bagage pour transporter matériaux et sacs de ciment

Pour en arriver là, Teo n'a pas ménagé sa peine. Toutétait à faire ou à refaire… mais en conformité avec larègle absolue qu'il s'était imposée: respecter le savoir-faire des ancêtres. Seul pour agencer les pierres de taille,soulever les lourdes poutres, il a avancé le chantier au fildes mois, des ans, allant au bout de lui-même, commelorsqu'il a dû déplacer un bloc de 150 kg. Deux jourspour s'en remettre ! Et puis des aller-retours incessantsen vélo jusqu'à la ville, parfois plusieurs fois par jour,pour acheter des matériaux, ramenés dans un sac à dos,les sacs de ciment fixés sur le porte-bagage.

Tout aurait été beaucoup plus simple si, laRoumanie n'avait pas décliné la proposition deBruxelles d'étendre les aides au développement de l'a-gro-tourisme aux zones rurales en périphérie des villes.

Pour quelques centaines de mètres, les espoirs d'Adela et Teo de financer leurs travaux se sont envolés. Ce coup du sort ne les acependant pas fait renoncer. Mais il leur a fallu attendre les maigres rentrées d'argent pour poursuivre le chantier, le retardant d'au-tant. Compter aussi avec les aléas: les hivers rigoureux qui rendent les matériaux inutilisables, les changements incessants de régle-mentation obligeant à tout recommencer. Fils électriques impérativement aériens un jour… aujourd'hui à enterrer.

Toutes les richesses du Maramures à moins d'une demi-heure

Si dans l'adversité le couple a tenu bon, il le doit aussi beaucoup à ses amis français, de la région toulousaine et de Cahors-Agen, qui n'ont pas ménagé leur soutien et sont heureux aujourd'hui de constater qu'il voit le bout du tunnel. Certes, il reste beau-coup à faire dans la seconde maison, mais d'ores et déjà des touristes séjournent dans la première, d'une capacité de 6-7 person-nes. Oubliant la voiture, leurs journées passent vite, entre ballade dans la forêt pour cueillir fraises des bois, champignons, ladécouverte des églises en bois et du musée du village, à proximité, les parties de pêche, les escapades dans les villages voisins, lavisite de l'alambic à palinca.

Ravis de courir dans les collines, de se mêler aux troupeaux de moutons ou d'apprendre à fabriquer des objets en bois, lesenfants oublient totalement leurs jeux vidéo, ordinateurs et postes de télé. Et puis, les joyaux du Maramures, le cimetière joyeuxde Sapinta, les villages de la vallée de Breb, Botiza, Calinesti, leurs fêtes religieuses, le monastère de Bârsana sont à portée devolant… à moins d'une demi-heure. Teo y guide ses hôtes… en français.

La maison Amizadil, Sighetu-Mamatiei (Maramures), Adela et Teo Ivanciuc, (00 40) 0744 289 461 ou 0745 944 555,

[email protected]. Nuit et petit-déjeuner: 20 € pour une personne, 30 € pour une chambre de 2 personnes.