LE PARTI ARCHITECTURALL  

Parti

Enjeu

Idée

PROJET D’ARCHITECTURE

Concept

Objectif

DEFINITION “Cours d’architecturologie” écrit par les professeurs P.Boudon, P.Deshayes, F.Pousin et F.Schatz, editions de la Villette (Paris 1994), texte remanié par Pierre de Cafmeyer.

“Un bâtiment est le plus souvent construit à partir d’un programme donné par le maître de l’ouvrage. Parallèlement, il est soumis à des contraintes de nature diverse : site, règlements, coût, etc… Mais l’édifice n’est pas que la résultante des données initiales et des contraintes : il s’appuie également sur un « parti architectural ». Le travail de l’architecte ne relève pas seulement d’automatismes qui réagissent à des contraintes déterminées. La conception d’un édifice est portée par des choix, des intentions, des décisions que permet, ou auxquelles renvoie, l’idée.

Mais qu’entendre au juste par idée ? Ne doit-on pas déjà distinguer les idées de l’architecte et l’idée qui sous-entend un édifice? (Il ne s’agit pas de donner une définition de l’ « idée », mais bien de prendre conscience que produire un bâtiment nécessite un travail intellectuel).

Les idées de l’architecte sont à comprendre comme des convictions générales, des croyances, des engagements ou, plus simplement, des opinions. Il s’agit aussi d’influences diverses, souvent culturelles, que recherche l’architecte lorsqu’il est en en situation d’éveil, de réceptivité. L’architecte et plus largement tout concepteur se trouvent souvent en recherche d’inspiration. (« L’éducation du regard » dans l’enseignement de l’architecture est, à cet égard, important d’autant plus qu’à ce regard dit sensible s’ajoute celui de concepteur, regard intelligible, c’est-à-dire de quelqu’un qui a l’intelligence de la conception des édifices. Ainsi, lorsqu’il perçoit un environnement bâti, l’architecte est-il en mesure d’émettre des hypothèses quant à une «logique» de conception des édifices regardés.)

L’ idée est à comprendre différemment. Elle permet de mettre en rapport intellect et production matérielle : l’idée, quelque part, opère dans le travail de l’architecte. L’idée soulève le problème du rapport entre l’esprit et la réalité sensible, entre la connaissance intelligible et la connaissance sensible. Un des thèmes fondamentaux concernant le rapport de l’idée à l’œuvre est celui de son rôle : génère-t-elle l’édifice ou est-elle générée par le travail même de l’édifice?

L’idée peut procéder soit d’un choix, d’une intention a priori, soit, dérivant du travail de conception en cours, d’un choix, d’une intention a posteriori. Les architectes parlent de « parti architectural » lorsque l’idée a pour fonction de représenter de façon synthétique l’objet visé mais, même sous cette définition unificatrice, ne doit pas cacher les contradictions inhérentes à tout travail de projet. L’idée sous entend un parti hiérarchisé et oriente les choix de l’architecte, mais ne permet pas forcément de résoudre la totalité des contradictions rencontrées dans la mise au point d’un projet. L’architecte est alors amené à faire des compromis pour résoudre ces contradictions. C’est grâce au caractère ouvert (c’est-à-dire donnant lieu à plusieurs possibles) que l’architecte peut effectuer des choix qui ne seront pas nécessairement arbitraires.

Un « parti architectural » trace des directions, mais fixe également des limites à la liberté totale. Une idée peut se révéler, au cours du travail de conception, floue, approximative voir contradictoire avec les solutions qu’elle suscite, et dès lors ne peut être poursuivie. L’idée première est alors abandonnée au profit d’une autre qui peut être suggérée par le travail en cours.”

C’EST QUOI UN PARTI ? par Marc Crunelle, professeur (mai 2004)

“Le parti, c’est l’idée-force, le choix principal, c’est la colonne vertébrale du projet, le geste qui s’exprime ou que l’on comprend tout de suite. Ce sont donc des décisions franches mais néanmoins longuement réfléchies. Certains architectes ont ainsi trouvé l’expression la plus juste pour le programme demandé, une solution brillante, et quelquefois, une image qui, par la suite deviendra archétype,…

Il existe différents partis: parti en plan, parti de coupe, parti de façade, parti de lumière, parti plastique, etc… Un même projet peut posséder ainsi 3 ou 4 partis forts. Souvent ils s’énoncent clairement en quelques mots-clés ou courtes sentences: “tout transparent”, “tout fluide”, “tout cloisonné”, etc…

Un parti, c’est quoi?Si je fais un parallèle avec un repas: Le programme, c’est un souper pour 7 personnes, avec un budget moyen. C’est à vous à proposer une idée: On peut faire un repas de saison, un repas exotique, un repas low calories, un repas basé sur une couleur principale (tous les plats ont des légumes rouges,…), un repas où les gens sont “actifs” (Bar-B-Q, fondue, etc…),… Mais un parti, c’est plus que cela, C’est par exemple, de proposer un repas basé sur 3 éléments: comprenant un plat de la mer, un plat de la terre et un plat de l’air. C’est un parti fort. Que vous ayez un budget important, cela produira du homard en entrée, et ensuite du sanglier et des cailles, Et si vous avez un très petit budget, cela donnera des sardines, du porc et du pigeon. L’idée forte restera quel que soit le budget. C’est cela un parti.

C’est un certain niveau d’abstraction, c’est plus que du fonctionnel, de l’anecdote. Et plus le parti est fort, plus il résistera aux contraintes, aux aménagements, aux restrictions de budget, aux diminutions de l’ambition de départ.”

01 LUDIQUE RÉSIDENCE D’ÉTÉ Architecte : Claus Hermensen Architects Lieu : Dyngby, Jylland, Danemark 1999 “Située près de la côte danoise, à 25 km au sud d’Arhus, cette residence d’été revisite les formes traditionnelles pour créer une architecture contemporaine humoristique et subtilement subversive. La maison se compose de deux ailes surmontées de toits en pente. Elles forment entre elles un angle qui abrite une cour… Si l’agencement et les proportions sont plutôt conventionnels, le traitement extérieur, en revanche, l’est beaucoup moins. Toutes les surfaces extérieures – murs et toits – sont recouvertes de panneaux de metal déployé sur lesquels pousse du lierre (des panneaux ouvrants ont été places devant les portes et les fenêtres). Dans quelques années, le bâtiment disparaîtra sous le feuillage, réduisant ainsi la maison à des formes archétypales.“

02 SYMBOLIQUE PAVILLON D’ENTRÉE Architecte : Scott Tallon Walker Architects Lieu : Monument Tulach a ‘tSolais 1998 “Ce monument commémore le bicentenaire de la rebellion des irlandais contre les Anglais en 1798. Placé en hauteur à l’extrémité d’un long chemin, il se compose d’un tertre gazonné tranche par un profond passage à ciel ouvert… Les parois abruptes cadrent les rayons du soleil levant et couchant, ainsi que la vue sur Vinaga Hill à l’ouest… Les murs sont en béton brut de décoffrage dans lequel les trous abandonnés par les rivets du coffrage sont la seule décoration. La chambre renferme deux sculptures horizontales, oeuvres de Michael Warren. Ces deux blocs incurves de chêne irlandais de deux cents ans d’âge sont disposés selon le nombre d’or. Au Coeur de ce doux paysage pastoral, la simplicité grave et abstraite du monument est empreinte de puissance. Tulan a’tSolais, le “tertre de lumière”, est le symbole de l’illumination.”

03 MEDITATIF HABITATION THINK TANK Architecte : Gumuchdjian Associates Lieu : Skibbereen, République d’Irlande 1998 “Inspirés des hangars à bateaux et des bâtiments agricoles, de simples écrans coulissants en bois et en verre constituent un jeu de transparence caractéristique des pavillons japonais. Ils son placés sous un toit aux avancées généreuses, qui procure une protection autant physique que psychologique. Conçue pour la lecture et la meditation, cette retraite baptisées “Think Tank” (puits de réflexion) se compose d’un volume unique et ne contient qu’une petite cuisine, des toilettes et une étagère. Surplombant la rivière Ilen, la maison s’appuie sur un socle de pierre contenant un nouveau basin d’eau douce. Des terrasses en bois sont situées au sud et à l’ouest, et un long ponton s’avance vers le milieu du fleuve. De ce côté, le mur a été remplacé par une baie vitrée sur toute la hauteur offrant à l’occupant des lieux une vue ininterrompue sur la rivière. Les couleurs vives et les réflexions des champs verts et du cours d’eau bleu argenté se mêlent au cèdre rouge à la teinte changeante, sombre pendant les pluies, décolorée au soleil.”

04 SCULPTURE WOS 8, RÉCUPÉRATEUR DE CHALEUR Architecte : NL Architects Lieu : Utrecht, Pays-Bas 1998 “Destiné à recycler l’énergie de la centrale électrique UNA située à près de 1 km de là, d’une part, et à fournir de la chaleur aux milliers de nouveaux logements rattachés à cette nouvelle extension d’Utrecht, d’utre part, WOS 8 remplit aussi quatre autres fonctions inattendues : il sert de mur d’escalade et de sculpture d’eau, et c’est aussi une sculpture publique et une porte dérobée surdimensionnée… Les architectes avaient pour mission de concevoir une peau destinée à recouvrir l’ensemble des tuyaux renfermés à l’intérieur. Ils ont utilisé une surface en polyurethane sans joint, don’t les dimensions irrégulières correspondent à la taille et à la densité des tuyaux qu’elle protége. Ce matériau s’est révélé idéal, en particulier pour sa résistance à ses propriétés écologiques. Les équipements publics de ce type sont habituellement inhabités et sont souvent la cible de vandalisme. Les architects ont ici été audacieux dans leur proposition. La peau extérieure est dotée de prises d’escalade, qui, en braille, signifient “la façade aveugle”. Les façades sont modulées de manière à créer un équipement en forme de sculpture qui reçoit et canalise l’eau de pluie. Une surface de verre transparent incassable constitue une cible parfait pour les jeux de ballon, et une porte dérobée inverse permet de voir le mécanisme à l’intérieur.”

05 VEGETAL BÂTIMENT VÉGÉTAL Architecte : Marcel Kalberer Lieu : Weimar, Allemagne 1998 “Le bâtiment végétal a été construit au printemps 1998 par 300 volontaires, sous la direction de l’architecte Suisse Marcel Kalberer, assistés par des entreprises et des artistes du groupe Sanfte Strukturen qui a piloté cette réalisation. Des saules de trois à cinq ans – le seul matériau utilisé – ont été plantés, liés et entrelacés pour former un grand dôme. Les jeunes arbres vont continuer de croître et finiront par remplir les vides, couvrant la structure de leurs feuilles et offrant un espace intérieur protégé. La disposition des troncs évoque les arcs d’une voûte primaire, dans un étrange entremêlement de naturel et de design sophistiqué. Le bâtiment ainsi élaboré est un exemple extrême de conception écologique : mais il rappelle aussi le contrôle drastique et précis exercé sur la nature dans les jardins traditionnels à la française. Le processus de construction a été un événement social, resultant d’un effort commun, et cette realisation est devenue un centre de festivities publiques, tells les fêtes de la pleine lune, ainsi qu’une attraction pour les touristes, dans cette région peu animée…”

06 CONTRASTE ESPACE ZITA KERN Architecte : ARTEC architekten Lieu : Raasdorf, Autriche 1998 “Zita kern, linguiste et agricultrice spécialisée dans les herbes aromatiques, souhitait installer – dans une dependence – une pièce généreuse pour lire et écrire, ARTEC a fait de la vieille étable le socle de la nouvelle structure…L’extérieur entièrement revêtu d’aluminium contraste par sa texture avec les murs de brique qui le soutiennent… L’aménagement se présente comme un objet d’une étrangeté captivante, mais sa simplicité intrinsèque lui permet de s’intégrer à la perfection dans l’ambiance, sans concurrencer l’environnement. Le contraste souligne la division entre les zones de travail manuel et intellectuel…”

07 ENVELOPPE SPRINGTECTURE H Architecte : Shuhei Endo Lieu : Singu-cho 1998 “Ces toilettes publiques sont situées entre une école primaire et un établissement d’enseignement secondaire nouvellement construits, dans un petit parc d’une agglomeration urbaine dense, au milieu des montagnes de la préfecture de Hyogo… L’architecte a retenu deux termes pour qualifier cet edifice : springtecture en raison de son envelope en tôle ondulée apparemment élastique (sprung en anglais) et halftecture (half, à moitié), car il est mi-ouvert et mi-fermé. Il a la forme d’une spirale rigide constituée de tôles cintrées de 3,20 mm d’épaisseur, soutenue par une ossature en acier. Il s’agissait, en effet de créer un lien entre les espaces fermés et ouverts avec une enveloppe continue d’une seule et même matière. Les tôles des parois s’enroulent, se transforment en plafonds et en sols, puis en murs extérieurs et en toits, avant de s’enrouler à nouveau pour délimiter l’espace intérieur. Comprenant trois parties – la loge du gardien, les toilettes homes et les toilettes femmes -, l’équipement, accessible de trois côtés, n’a pas une entrée unique clairement définie. Des sentiers constituent des coudes se rejoignent au centre des boucles décrites par l’enveloppe en tôle, chacun conduisant à des espaces différents séparés par des pans inclinés en verre translucide. Les toilettes sont des structures orthogonales en brique insérées dans chaque boucle en tôle.”

08 PAYSAGE FATHER’S HOUSE, DANS LA MONTAGNE DE JADE Architecte : MADA s.p.a.m Lieu : Xi’an, Shaanxi, Chine 2003 “Father’s Hous, “la maison du père”, est située dans une vallée traversée par une rivière au pied du Qintin, une montagne du nord-ouest de la Chine. Cette vallée a été creusée dans le grand plateau de Shan Xi par des eaux qui ont ruisselé de la montagne Durant des milliers d’années. La maison se compose de deux matériaux basiques, la pierre et le béton. Si les constructions en béton sont fréquentes dans cette partie de la Chine, l’emploi des galets – matériau abondant dans la rivière – est extrêmement rare. Les villageois voisins, qui ont entrepris de construire la maison pour le père de l’architecte, ont passé deux années à ramasser dans le lit de la rivière des galets de tailles, de couleurs et de formes variées qui ont ensuite été soigneusement triés en fonction de leur destination dans l’édifice. Une simple ossature en béton a été érigée, avec des murs composés de galets colorés, ponctués par des fenêtres toute hauteur aux volets en bois. La maison est accessible par un potail menant à un jardin clos en forme de L, accueillant un basin dans sa partie la plus étroite. A l’intérieur, le séjour, au rez-de-chaussée, ouvre sur la cour ; la cuisine et les autres locaux de service lui succèdent. A l’étage, les chambres et les salles de bains surplombent la vallée brumeuse. Les maison est unique dans la region, et bien que construite sans l’aide de techniques locales, elle fait aujourd’hui partie intégrante de son histoire.”

Bibliographie : “Atlas Phaïdon de l'architecture contemporaine”, 2004