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www.societe-de-lecture.ch AGENDA Imprimé sur papier FSC issu de forêts bien gérées, FSC ® C008839 JAB 1204 Genève PP / Journal n 1912, la Société de Lecture comptait environ 350 membres. Jules Brocher, son Président, et le Comité songeaient déjà aux cérémonies du centenaire de sa fonda- tion ( 1818 ). La bibliothèque possédait environ 130 000 volumes et permettait à ses lecteurs d’emprunter deux nouveautés à la fois. Le pasteur Victor Segond, qui dirigeait la bibliothèque depuis 1899, se demandait ce qu’il allait proposer de neuf à ses lecteurs. La « rentrée littéraire » était alors francophone : Stèles de Victor Segalen, Les Pâques à New York de Blaise Cendrars ( LLD 23 ), La guerre des boutons de Louis Pergaud ( LHA 1665 ), L’annonce faite à Marie de Paul Claudel ( LLD 137 ). Enfin, en 1912, André Savignon obtenait le Prix Goncourt pour Filles de la pluie ( LHA 1595 ), et la NRF refusait le manuscrit d’un certain Marcel Proust… Un siècle a passé et la Société de Lecture songe déjà à son bicente- naire. La bibliothèque possède environ 400 000 volumes et permet presque tout à ses lecteurs. La Commission de lecture guette avec fébrilité, et forte de son expérience, le tsunami annuel venu du monde littéraire. Les journaux spécialisés annoncent 646 nouveaux romans, dont ceux de Djian, Echenoz, Gaudé, Quignard, Morisson, Starobinski, J. K. Rowling, Rushdie. Nous ne pouvons pas, bien sûr, citer tous les auteurs ici ; vous trouverez leur noms dans vos revues préférées, même celui d’Amélie Nothomb, évidemment, dont le patronyme constitue déjà en soi un pléonasme de « rentrée littéraire ». Comme chaque année, nous regrettons que l’esprit critique cède le pas à la seule course au profit et que nombre d’éditeurs n’aient pas plus d’ambition conquérante : refuser quelques Proust, si cela permettait d’éditer un Claudel, un Cendrars, un Segalen, pourquoi ne pas prendre ce risque ? Maxime Canals, bibliothécaire et membre de la Commission de lecture E EDITO 16 oct Rencontre avec Annie Ernaux complet entretien mené par Pascale Frey 30 oct Rencontre avec Amin Maalouf complet entretien mené par Pascal Schouwey 19 h : cocktail 19 h 30 - 21 h : conférence Auditoire Frank Martin, collège Calvin Grâce au soutien de Mirabaud & Cie, banquiers privés et du Mandarin Oriental Genève CONTES EXPLORATEURS 17 oct Je trouve qu’elle est trop belle ! par Casilda Regueiro dès 6 ans mercredi 15 h 30 -17 h, goûter offert Grâce au soutien de Valartisbank ATELIERS 9 oct Ce qui m’ouvre, ce qui nous porte Atelier d’écriture théâtrale pour adolescents par Fabrice Melquiot mardi 17h 30 - 19 h 30 11 et Des listes et des mots, 18 oct en forme d’amuse-bouche jeudi 18 h30 - 20 h30 1 er , 15 L’art, quelle histoire ! ? et 29 oct par Marie Pierre de Gottrau lundi 17 h 30 - 19 h 1 er , 8, 15 Yoga intégral et 29 oct par Jean-Paul Duc lundi 12 h 45 -13 h 45 lundi 14 h -15 h 12 et Hatha Yoga 19 oct par Nathalie Weill vendredi 8 h - 9 h 2, 16 et Le Grand Atelier d’écriture complet 30 oct Par Geoffroy et Sabine de Clavière mardi 18 h 30 - 21 h CERCLE DE LECTURE 15 oct Les pieds dans la page animé par Pascal Schouwey lundi 18 h 30 - 20 h 30 1 er et Vous reprendrez bien complet 29 oct un peu de classiques ? animé par Florent Lézat lundi 18 h 30 - 20 h Grâce au soutien de Valartisbank Réservations indispensables à la Société de Lecture au 022 311 45 90 Toutes nos conférences sont enregistrées sur CD et sont disponibles auprès de notre secrétariat. LES LIVRES ONT LA PAROLE Conférences et entretiens 5 oct Rencontre avec Jacques Gamblin, auteur et acteur entretien mené par Anne Bruschweiler 12 h : buffet 12 h 30 -14 h : conférence 9 oct Rencontre avec Philippe Djian entretien mené par Pascal Schouwey 19 h : cocktail 19 h 30 -21 h : conférence 11 oct Ecrire la catastrophe : de l’art de la réplique par Michaël Ferrier entretien mené par Olivier Delhoume 12 h : buffet 12 h 30 -14 h : conférence 18 oct Circulations entre Matthias Zschokke, écrivain, et Gilles Tschudi, comédien entretien mené par Lisbeth Koutchoumoff 12 h : buffet 12 h 30 -14 h : conférence 2 oct Le couple qui dure complet bouge-t-il encore ? par Alix Girod de l’Ain ( alias Dr Aga ) entretien mené par Pascal Schouwey 3 oct Rencontre avec complet Jean-Christophe Rufin 4 oct Rencontre avec complet Jean-Christophe Rufin entretien mené par Patrick Ferla 11 h 45 : buffet 12 h 15 -13 h 30 : conférence n o 366 octobre 2o12 paraît 1o x par an

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Page 1: les livres agendacharmer ceux qui la lisent et l’écoutent. Elle a une belle plume et le don de la parole même si on devine qu’au sein de sa tribu, comme elle le dit, Isabel prend

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SC®

C00

8839

JAB1204 GenèvePP / Journal

n 1912, la Société de Lecture comptait environ 350 membres. Jules Brocher, son Président, et le Comité

songeaient déjà aux cérémonies du centenaire de sa fonda-tion ( 1818 ). La bibliothèque possédait environ 130 000 volumes et permettait à ses lecteurs d’emprunter deux nouveautés à la fois. Le pasteur Victor Segond, qui dirigeait la bibliothèque depuis 1899, se demandait ce qu’il allait proposer de neuf à ses lecteurs. La « rentrée littéraire » était alors francophone : Stèles de Victor Segalen, Les Pâques à New York de Blaise Cendrars ( LLD 23 ), La guerre des boutons de Louis Pergaud ( LHA 1665 ), L’annonce faite à Marie de Paul Claudel ( LLD 137 ). Enfin, en 1912, André Savignon obtenait le Prix Goncourt pour Filles de la pluie ( LHA 1595 ), et la NRF refusait le manuscrit d’un certain Marcel Proust… Un siècle a passé et la Société de Lecture songe déjà à son bicente-naire. La bibliothèque possède environ 400 000 volumes

et permet presque tout à ses lecteurs. La Commission de lecture guette avec fébrilité, et forte de son expérience, le tsunami annuel venu du monde littéraire. Les journaux

spécialisés annoncent 646 nouveaux romans, dont ceux de Djian, Echenoz, Gaudé, Quignard, Morisson, Starobinski, J. K. Rowling, Rushdie. Nous ne pouvons pas, bien sûr, citer tous les auteurs ici ; vous trouverez leur noms dans vos revues préférées, même celui d’Amélie Nothomb, évidemment, dont le patronyme constitue déjà en soi un pléonasme de « rentrée littéraire ». Comme chaque année, nous regrettons que l’esprit critique cède le pas à la seule course au profit et que nombre d’éditeurs n’aient pas plus d’ambition

conquérante : refuser quelques Proust, si cela permettait d’éditer un Claudel, un Cendrars, un Segalen, pourquoi ne pas prendre ce risque ? Maxime Canals, bibliothécaire et

membre de la Commission de lecture

E

ed

ito

16 oct Rencontre avec Annie Ernaux complet entretien mené par Pascale Frey

30 oct Rencontre avec Amin Maalouf complet entretien mené par Pascal Schouwey 19 h : cocktail 19 h 30 - 21 h : conférence

Auditoire Frank Martin, collège Calvin Grâce au soutien de Mirabaud & Cie, banquiers

privés et du Mandarin Oriental Genève

Contes explorateurs

17 oct Je trouve qu’elle est trop belle ! par Casilda Regueiro dès 6 ans mercredi 15 h 30 -17 h, goûter offert

Grâce au soutien de Valartisbank

ateliers

9 oct Ce qui m’ouvre, ce qui nous porte Atelier d’écriture théâtrale pour adolescents par Fabrice Melquiot mardi 17h 30 - 19 h 30

11 et Des listes et des mots, 18 oct en forme d’amuse-bouche jeudi 18 h30 - 20 h30

1er, 15 L’art, quelle histoire ! ? et 29 oct par Marie Pierre de Gottrau lundi 17 h 30 - 19 h

1er, 8, 15 Yoga intégral et 29 oct par Jean-Paul Duc lundi 12 h 45 -13 h 45 lundi 14 h -15 h

12 et Hatha Yoga 19 oct par Nathalie Weill vendredi 8 h - 9 h

2, 16 et Le Grand Atelier d’écriture complet 30 oct Par Geoffroy et Sabine de Clavière mardi 18 h 30 - 21 h

CerCle de leCture

15 oct Les pieds dans la page animé par Pascal Schouwey lundi 18 h 30 - 20 h 30

1er et Vous reprendrez bien complet

29 oct un peu de classiques ? animé par Florent Lézat lundi 18 h 30 - 20 h

Grâce au soutien de Valartisbank

Réservations indispensablesà la Société de Lectureau 022 311 45 90

Toutes nos conférences sont enregistrées sur CDet sont disponibles auprès de notre secrétariat.

les livres ont la parole

Conférences et entretiens

5 oct Rencontre avec Jacques Gamblin, auteur et acteur

entretien mené par Anne Bruschweiler 12 h : buffet 12 h 30 -14 h : conférence

9 oct Rencontre avec Philippe Djian entretien mené par Pascal Schouwey 19 h : cocktail 19 h 30 -21 h : conférence

11 oct Ecrire la catastrophe : de l’art de la réplique par Michaël Ferrier entretien mené par Olivier Delhoume 12 h : buffet 12 h 30 -14 h : conférence

18 oct Circulations entre Matthias Zschokke, écrivain, et Gilles Tschudi, comédien entretien mené par Lisbeth Koutchoumoff 12 h : buffet 12 h 30 -14 h : conférence

2 oct Le couple qui dure complet

bouge-t-il encore ? par Alix Girod de l’Ain ( alias Dr Aga ) entretien mené par Pascal Schouwey

3 oct Rencontre avec complet Jean-Christophe Rufin

4 oct Rencontre avec complet Jean-Christophe Rufin entretien mené par Patrick Ferla 11 h 45 : buffet 12 h 15 -13 h 30 : conférence

no 366 octobre 2o12 paraît 1o x par an

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mai 2oo9 – Le choix de la Société de Lecture2 ROMANS, LITTéRATURE

ROMANS,LITTéRATUREIsabel ALLENDE

La somme des jours, mémoiresTraduit de l’espagnol ( Chili ) par Nelly et Alex LhermillierParis, Grasset, 2012, 408 p.

Dans ce nouvel ouvrage, Isabel Allende égrène la chaîne de ses souvenirs et de ses émotions ; elle fait plonger le lecteur dans les méandres de sa vie et de celle de son entourage. Conteuse hors pair, auteur prolixe, Isabel Allende a le don de charmer ceux qui la lisent et l’écoutent. Elle a une belle plume et le don de la parole même si on devine qu’au sein de sa tribu, comme elle le dit, Isabel prend beaucoup de place ! Proche des esprits et croyant en leur présence constante, c’est à sa fille morte de porphyrie qu’Isabel Allende s’adresse tout au long de son récit. Elle a d’ailleurs publié un livre qui décrit la maladie de celle-ci ( Paula LHD 351 ) et dans d’autres, sa fascina-tion pour le surnaturel ( La maison aux esprits LHD 221, Mon pays réinventé LHD 458 ). Les livres, le mari, ses enfants, leurs enfants, la grand-mère, les amis, les bonheurs, les chagrins, les espoirs forment la trame de cet immense pat-chwork dont Isabel Allende est le pivot central. Cela se passe en Californie dans un environnement multiculturel et très vivant. C’est un beau récit qui

débouche sur la paix retrouvée. Le lec-teur se laisse porter et ne s’en lasse pas, même si l’inspiration d’Allende puise à des sources semblables tout au long de son œuvre. LM 1229

JOHN BANVILLE

Ancient LightLondon, Viking, 2012, 244 p.

John Banville once told an interviewer : “The world is not real for me until it has been pushed through the mesh of lan-guage,” and in his novels this attention to language and rhythm takes prec-edence over plot and characterization as tools of the craft. This novel, however, is plotted out quite skilfully as two distinct narratives taking place 50 years apart. In the first, Alexander Cleave recalls a torrid love affair he had as a boy of fif-teen with a 35 year-old woman, his best friend’s mother. The boy’s sexual edu-cation takes place amid the suspense attending his clandestine meetings with the older woman, as her voracious desire is heightened by the danger of exposure. This story, meanwhile, is told as a child-hood memory by Alexander at age 65. He is a veteran stage actor called back from retirement in order to appear in a film with Dawn Devenport, a glamorous star who, in this fictional world, has the sta-tus as well as the deep-rooted insecurity of a Marilyn Monroe, and who figures as a kind of surrogate for Alexander’s lost daughter. What makes this novel remark-able, however, is Banville’s style, elegiac in tone and cadence, rich in understated

emotion. It is the equivalent in writing to the “ancient light” that suffuses the landscape through which the persons of this novel make their uncertain ways.

LHC 3340

Geneviève BRISAC

Moi, j’attends de voir passer un pingouinParis, Alma, 2012, 134 p.

Désarçonnant au début, la lecture de ce recueil écrit par Geneviève Brisac, nécessite une phase d’apprentissage. Le titre du premier chapitre s’intitule La vie est pleine de choses redoutables, sentence qui donne sa tonalité à tout ce livre. Utilisant un style naïf, empreint de conversations de tous les jours avec la sagace femme de ménage Céleste et l’intelligent fils Nestor, Geneviève Brisac explore l’absurde et la limite de nombres de nos choix. Il y a toujours une histoire d’animal à la clé, comme l’hébergement d’un rat de laboratoire ou l’opération de sauvetage d’un lapin. Partant d’une situation extrême, Geneviève Brisac s’ef-force, et réussit, à nous ramener au bon sens. Elle dénonce aussi l’usage sans fin de certains mots qui se retrouvent déna-turés, ainsi le « tout sympa » ou le « on s’en fout », « on n’est pas d’ici »… Il y a enfin, et ce sont des pages attachantes, des souvenirs de jeunesse cuisants en compagnie d’amies cruelles, ou, pire encore, des moments d’enfermement dans une chambre sans fenêtre. Un livre troublant mais ô combien intéressant, et qui ne lasse jamais. LM 1168

Géraldine BROOKS

L’autre rive du mondeTraduit de l’anglais ( Etats-Unis )par Anne RabinovitchParis, Belfond, 2012, 372 p.

Les lecteurs qu’a subjugués Le livre d’Hanna ( LHC 5172 ) pourraient bien, au premier abord, être rebutés par le petit monde étouffant des puritains débar-qués en Amérique au milieu du XVIIe siècle, des gens pieux qui n’ont que la parole de Dieu à la bouche, mais qui n’hésitent pas, pourtant, à subtiliser aux « sauvages » à qui ils imposent leur présence la baleine échouée qui leur revient par convention. C’est dans l’île de Martha’s Vineyard que l’auteur situe ce roman, inspiré par le fait historique qu’en 1665 un certain Caleb de la tribu des Wanpaonag fut le premier indigène diplômé de Harvard. Entre l’adolescent, neveu du sorcier et la narratrice du même âge, fille du pasteur, se noue une ami-tié grâce à laquelle chacun s’initie au monde de l’autre, celui de la nature pour Bethia, celui des livres et de la culture pour Caleb. Mais c’est surtout Bethia qui apparaît comme figure de premier plan, avec sa curiosité et sa soif d’ins-truction que désapprouvent et décou-ragent à la fois le père et le frère aîné, un personnage de la même veine que les frangins qui régentent les « beurrettes » des banlieues… Les femmes n’ont que faire du latin, du grec ou de l’hébreu que Caleb apprend avec succès ; leur affaire à elles, c’est la cuisine et les enfants. La revendication qui s’exprimait déjà

atar est au bénéfice des certificationsrégulièrement renouvelées et complétées: FSC, PEFC, PSO-UGRA.

atar roto presse sagenève - t + 41 22 719 13 13 - [email protected] - atar.ch

M A Î T R E I M P R I M E U R 1 8 9 6

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Le choix de la Société de Lecture – mai 2oo9 ROMANS, LITTéRATURE 3

avec une finesse allusive dans l’his-toire d’Hanna, emprunte ici les accents didactiques des gender studies. Tout aussi clairement sont stigmatisés l’in-tolérance et le racisme, et soulignée la sagesse instinctive des naturels. Nous sommes donc dans le politiquement cor-rect, mais une fois encore on admire la maîtrise avec laquelle Géraldine Brooks imagine une histoire et en agence des rebondissements qui tiennent le lecteur captif. LHC 3337

William S. BURROUGHS Jack KEROUAC

Et les hippopotames ont bouilli vifs dans leurs piscinesTraduit de l’anglais ( Etats-Unis )par Josée KamounParis, Gallimard, 2012, 187 p.

Cette première œuvre inédite des deux romanciers de la Beat Generation, écrite à quatre mains en 1944, est un texte révélateur de l’univers de cette géné-ration, et initie le parcours littéraire d’écrivains alors totalement incon-nus. On y retrouve le style faussement familier, le ton et les thèmes de prédi-lection de Kerouac et Burroughs, dans la peau de leurs avatars Mike Ryko et Will Dennison. Il s’agit du récit d’une aventure réelle, et traumatisante pour tout le groupe de copains des débuts, étudiants à Columbia, qui aboutira, à la fin de quelques jours d’errance dans Manhattan en plein été, de beuveries et de tentatives d’embarquement dans la marine marchande, au meurtre d’un homosexuel quinquagénaire par un jeune homme qu’il draguait, auquel Kerouac apporta son aide pour dissi-muler l’arme du crime. Cet événement justifia l’interdiction par Lucien Carr, le principal protagoniste du drame, de publier le livre de son vivant. C’est ainsi qu’il fallut attendre 2005 pour que les lecteurs puissent enfin découvrir cette matrice littéraire qui, malgré ses imper-fections, offre un bon exemple de l’éner-gie bouillonnante et de l’esprit festif qui présidèrent à leurs années de formation new-yorkaise. LHC 3342

Andrea CAMILLERI

Le garde-barrièreTraduit de l’italien par Dominique VittozParis, Fayard, 2012, 151 p.

Dans les dernières années du fascisme, Nino et Minica, qui habitent une maison-nette au bord de la voie ferrée à Vigata en Sicile, mènent, malgré la guerre, une existence paisible et champêtre. Afin d’améliorer le quotidien, Nino et son ami Toto jouent de la musique dans le salon du barbier. Pour contenter les clients,

ils offrent des versions revues et corri-gées des marches et chants fascistes sous forme de valse, polka et mazurka. Dénoncés par des fanatiques, ils sont arrêtés pour outrage à l’hymne de la révolution fasciste. Leur vie va bascu-ler. La virtuosité du style, imprégné de tournures populaires déconcertantes, la dimension intemporelle du récit, la consonance surréaliste de certains pas-sages, apportent à ce court roman à la fois tendre et cruel, poétique et trucu-lent, un charme et une saveur incontes-tables. LHE 626

Jean-Claude CARRIERE

Mémoire espagnoleParis, Plon, 2012, 327 p.

Jean-Claude Carrière traversa les Pyrénées la première fois en 1950 pour offrir ses services de scénariste à Luis Buñuel. Ce fut le début d’une collabo-ration et d’une amitié qui dura jusqu’à la mort du cinéaste. Au cours de ces années, l’Espagne s’est profondément transformée, passant du franquisme à la movida. Jean-Claude Carrière s’inter-roge sur ces changements et ce qu’ils révèlent de la permanence d’une hypo-thétique âme espagnole. Sa connais-sance du pays s’est approfondie et lui a permis de dépasser les clichés, au cours de la longue conversation qu’il a poursuivie toute sa vie avec Luis Buñuel et ses amis, José Bergamin, mora-liste paradoxal et amateur de femmes, Fernando Rey, grand comédien qui fut dans ses films le double de Buñuel – un peu comme Mastroianni le fut pour Fellini – ou Paco Rabal, acteur par hasard qui semblait échappé d’un roman picaresque du siècle d’or. Finalement, le caractère espagnol se définit par ses contradictions, qu’il assume avec panache sans chercher à les résoudre. Cette nation fière est composée de régions qui s’opposent mutuellement au point que l’expression « se détester

comme des frères » est devenue prover-biale. C’est dans un grand éclat de rire que s’exprime le désespoir. Les athées ne parlent que de Dieu et débattent des dogmes religieux, alors que les croyants usent abondamment des nombreux jurons blasphématoires que recèle le langage courant. LM 1418

Madeleine CHAPSAL

DavidParis, Fayard, 2012, 137 p.

Madeleine Chapsal n’a jamais quitté la famille Servan-Schreiber, même après son divorce d’avec Jean-Jacques, dont elle fut l’épouse avant celle qui est la mère de David, fils de celui-ci, et de ses trois frères. C’est ainsi qu’elle tissa des liens privilégiés avec David à qui elle a dédié ce recueil de souvenirs. Une grande complicité s’est donc établie entre David Servan-Schreiber et Madeleine Chapsal. De nombreux séjours en commun leur ont permis de travailler, de discuter et de se connaître. C’est pourquoi Madeleine a éprouvé le besoin de revenir sur ces moments d’exception et de partage, particulièrement ceux qui ont existé pen-dant les années de maladie et de rémis-sion de David, luttant contre un cancer du cerveau. Il en émane un récit pétri de chagrin, mais aussi d’espoir, à l’image de cet homme si doué et si chaleureux, capable de transcender ses souffrances grâce à un don de soi aux autres, et à une nouvelle façon d’aborder la maladie.

LM 1533

Catherine CLÉMENT

La reine des CipayesParis, Seuil, 2012, 381 p.

Catherine Clément, avec tout son enthou-siasme, tout son respect du détail histo-rique, toute sa connaissance de l’Inde, nous conte l’histoire extraordinaire de la Rani Lakshmi Bai, vingt-sept ans, fille

d’un brahmane et veuve du maharaja de Jhansi, un royaume libre du centre de l’Inde. En 1857-1858, la Grande-Bretagne, représentée surtout par la Compagnie des Indes orientales, s’appli-quait à détrôner les rajas et à annexer leurs Etats, tout en faisant parfois preuve d’un grand mépris et d’une complète ignorance de la culture indienne ; c’est alors que les cipayes, les soldats indiens engagés dans l’armée britannique, ne supportant plus leurs maîtres anglais, se révoltèrent. La jeune reine prit la tête de cette guerre d’indépendance. Elle fit preuve d’une intrépidité sans pareille. Le lecteur est tenu en haleine par les péripéties qui se succèdent. Les com-bats durèrent deux ans. Selon la tradi-tion, elle mourut au combat, habillée en homme, les rênes de son cheval entre les dents, une épée dans chaque main et ses perles au cou. La rébellion fut écrasée, mais elle avait tout de même mis fin à la domination de la Compagnie des Indes orientales. Aujourd’hui encore, les petits Indiens chantent la chanson de la Rani Lakshmi Bai. LHA 5493

Cécile COULON

Le roi n’a pas sommeilParis, Viviane Hamy, 2012, 143 p.

Cécile Coulon est une jeune auteure très douée, née en 1990, et n’en est pas à son premier roman. Dans celui-ci, elle aborde le sujet terrifiant du poids du destin qui peut tous nous accabler. Ainsi, Thomas est le fils de William qui meurt trop tôt d’un accident brutal dû à son épuisement. William, bien que marié à Mary, aimante et douce, est d’un naturel sombre et marqué par l’alcool ; il vit dans une petite ville à la limite de laquelle il avait acquis un beau domaine qu’il arrive tout juste à garder. Thomas naît de ce couple et tarde à se dévelop-per, mais se révèle intelligent et réussit bien à l’école. Peu à peu sa personna-lité se dessine, mais c’est alors que survient le drame du père. Thomas et sa mère vivent ensemble désormais et Mary commence à développer la même angoisse que pour son mari : la hantise de les voir rentrer avec le pas lourd et les yeux rougis. Il faut dire que les amis de Thomas ne sont pas recommandables, et, de plus, son copain Paul le trahit. Tout est là en germe et les événements dramatiques qui surviennent peu à peu tracent le triste chemin que Thomas va parcourir. Cécile Coulon signe là un roman très achevé et bien écrit ; ses personnages sont soigneusement étu-diés et décrits. Un livre triste, voire tra-gique, mais qui vaut vraiment la peine d’être lu. LHA 5712

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mai 2oo9 – Le choix de la Société de Lecture4 ROMANS, LITTéRATURE

Michaël FERRIER

Fukushima, récit d’un désastreParis, Gallimard, 2012, 262 p.

L’auteur vit depuis 20 ans au Japon où il enseigne la littérature, et il s’y trou-vait ce vendredi 11 mars 2012. A Tokyo, lorsque la terre se met à trembler, on sait ce qu’il faut faire : se mettre sous la table. De là on voit tomber un à un, à mesure des secousses, les livres de la bibliothèque et se soulever les pieds des meubles tandis que grandit un vacarme immense. Les répliques, éprouvantes pour les nerfs, se répéte-ront chaque jour jusqu’en juin, mais le plus grave est le tsunami qui ravage la côte où se trouve la centrale atomique. Le gouvernement semble débordé, des informations contradictoires circulent, des populations sont évacuées. Les col-lègues de l’auteur qui le peuvent, s’en vont. Lui ? Attendu à Paris, il a son billet d’avion, hésite un peu mais il ne partira pas : c’est Mozart qui l’en dissuade, dont il écoute la fin de Così fan tutte où les paroles du chœur semblent répondre à la situation ! Ce sont des traits de ce genre, la qualité de l’écriture aussi, qui font que ce qui pourrait n’être que simple reportage devient littérature. Le livre qui s’ouvre sur la merveilleuse description d’un sismographe en bronze inventé en 132 à la cour des Han, se conclut sur une perspective inquiétante pour l’humanité, inspirée par les informations de la télé-vision corrigeant à la hausse le degré de radiations acceptables à mesure que le désastre s’aggravait : considérer normal de vivre dans des zones contaminées.

LM 1520 Michaël Ferrier sera à la Société de Lecture le 11 octobre

Alix GIROD DE L’AIN

Un bon coup de jeuneParis, Anne Carrière, 2012, 299 p.

Les magazines nous disent que c’est si facile de se rajeunir : quelques piqûres bien faites, quelques crèmes miracle, beaucoup de gymnastique, au pire une petite intervention bien ciblée… Et pourtant Alix Girod de l’Ain va nous montrer que non, c’est un but louable et tentant mais cela ne va pas de soi ! Tout débute à partir d’une photo d’elle et de son mari que contemple, épou-vantée, Alice ( Alix ? ) Mignan Bertin. Elle croit y voir des amis de ses parents, or c’est d’elle et de son mari Nicolas qu’il s’agit ! Et la course commence, racon-tée sur un rythme très alerte par Alix Girod de l’Ain, dont on sent tout de suite l’habileté journalistique. Et tout y passe : l’amie anorexique ayant une histoire malheureuse avec un « bi », les enfants révoltés et goguenards, le mari tenté par l’aventure, le boss qui tente le suicide en se jetant dans la Seine à son niveau le plus bas. Beaucoup de fantaisie et une façon pleine d’esprit de saisir la société actuelle. Et heureusement on retombe sur ses pieds, la morale ou plutôt le bon sens est sauf. Le lecteur suivra et se dis-traira. Alix Girod de l’Ain sera à la Société de Lecture le 2 octobre

Victoria HISLOP

L’île des oubliésTraduit de l’anglais ( Grande Bretagne ) par Alice DelarbreParis, Les escales, 2012, 426 p.

Une quête des origines et un émouvant roman familial, fiction habilement gref-fée sur le très réel îlot de Spinalonga, situé à peu de distance de la côte nord-orientale de la Crète, et que les touristes visitent aujourd’hui. C’est là que furent isolés tous les lépreux de Crète, de 1903 jusqu’en 1957, année où la découverte des sulfones permit de vaincre la mala-

Didier DAENINCKX

Le banquet des affamésParis, Gallimard, 2012, 237 p.

Didier Daeninckx ressuscite un person-nage haut en couleur et révolutionnaire dans l’âme, Maxime Lisbonne ( 1839-1905 ). Il fut tour à tour soldat, comé-dien, colonel des Turcos de la Commune, compagnon de Louise Michel, condamné à mort, déporté en Calédonie, défenseur de la cause kanak, fondateur de l’Ami du Peuple, journal humoristique qui « tire à balles réelles », inventeur du théâtre déshabillé, précurseur des Restos du Cœur et directeur de la brasserie Les Frites Révolutionnaires. Héros anti-conformiste et philanthrope, toujours dans l’action, agitateur culturel et poli-tique, sa vie fut un théâtre permanent. Courage, panache, audace et grandeur caractérisent ce mousquetaire de la Commune. Bien documenté, ce roman d’aventures qui mêle histoire et fiction, nous fait revivre à cent à l’heure dans une langue vivante, chamarrée et tein-tée d’humour noir, l’histoire de ce « sal-timbanque » qui a mené son existence tambour battant. Didier Daeninckx est romancier et journaliste. Auteur de nom-breux ouvrages, il a reçu le Prix Goncourt de la nouvelle en 2012 pour L’espoir en contrebande. LHA 5528

Patrick DEVILLE

Peste et choléraParis, Seuil ( Fiction & Cie ), 2012, 219 p.

Etonnante histoire d’un jeune vaudois, Alexandre Yersin, fils d’un entomologiste, qui se passionne vite pour la recherche scientifique et rejoint l’Institut Pasteur à Paris. On lui devra entre autres le remède contre le bacille de la peste, Yersinia pestis. Lassé par la vie de laboratoire, il part en mer, comme médecin de bord dans les eaux asiatiques. Il découvre un lieu de rêve, une crique en Annam où il compte se fixer. Les guerres européennes

font rage, 1914-1918, 1939-1945, mais Yersin ne veut rien en savoir. Passionné de botanique et de zoologie, il cultive l’hévéa et se lance dans la produc-tion du caoutchouc. Il crée des plan-tations d’arbre à quinquina, agrandit ses domaines de Nha Trang et devient immensément riche. Cette vie aventu-reuse est passionnante. LHA 5525

Jean-Paul ENTHOVEN

L’hypothèse des sentimentsParis, Grasset, 2012, 398 p.

A Rome, un bagagiste d’hôtel échange deux valises identiques. Max Mills, quin-quagénaire et célibataire, qui jouit de tout sans illusions, et Marion d’Angus, riche, fragile et désoeuvrée, cèdent au malicieux hasard et s’engagent dans un adultère improvisé. Entre eux, le mari qui n’a plus toute sa tête, la voyante, le paternel fantôme de l’ami, composent une galerie étoffée de personnages secondaires, douteux, émouvants ou cocasses. Cette passion mélancolique sans éclat brille par sa mise en forme. Car, servie par un art irréprochable du portrait et du descriptif, la narration est entrelacée d’apartés, de doutes, d’hypo-thèses , qui brouillent les situations et se jouent des coïncidences en y instal-lant une distance rafraîchissante. Les ressources narratives sont multipliées : pages du carnet de Marion, rapports de filatures, éléments d’écriture théâtrale, avec répliques et didascalies, notes de bas de page… Il y a du Stendhal dans ce roman délicieusement érudit, où Audrey Hepburn et Anna Karénine ont aussi leur rôle à jouer. La manière pourrait aga-cer ; gageons qu’au contraire c’est son charme, indéniable, qui l’emportera.

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Le choix de la Société de Lecture – mai 2oo9 ROMANS, LITTéRATURE 5

die, sinon les préjugés qui lui étaient attachés. Là s’organisa, dans les restes d’une forteresse vénitienne, une commu-nauté au sein de laquelle, au prix d’être séparé des siens et arraché à son cadre de vie habituel dans un exil imposé, nul du moins ne se sentait exclu. On imagine les drames humains qui pouvaient naître d’une telle situation. L’auteur les a ima-ginés aussi avec une réelle sensibilité mais elle a couronné cette triste histoire d’une conclusion heureuse. Son livre qui connaît un succès immense – et mérité – a inspiré en Grèce une série télévisée très populaire elle aussi. LHC 3338

Jack KEROUAC

Beat Generation, théâtreTraduit de l’anglais ( Etats-Unis )par Josée KamounParis, Gallimard, 2012, 121 p.

Ecrite en 1957, soit juste après la publi-cation de On the Road ( LHC 4650 ), cette pièce de théâtre en trois actes, qui ne fut jamais montée, a été retrouvée dans un entrepôt du New Jersey en 2005. Texte fiévreux, expérimental, il reflète bien la volonté de Kerouac de créer une « prose bop spontanée », une « poésie jazzy », et de s’immerger dans le flot, de se lais-ser traverser par la créativité. Il s’agit d’une suite de dialogues, sans véritable intrigue, entre hommes souvent imbi-bés d’alcool, frénétiques, qui chantent le bonheur du moment présent et phi-losophent tout en tentant de gagner de l’argent en jouant aux courses dans la chaleur aux relents de crottin et de bière d’un dimanche après-midi d’été. Dans Beat Generation, les personnages un peu loufoques, presque des clochards, veulent savoir comment et pourquoi nous sommes au monde, quitte à se lancer dans une délirante discussion théologique avec un évêque venu leur rendre visite le soir venu. Ils en viennent à découvrir qu’au bout du compte, il n’y a pas de réponse, seul existe l’instant et ceux qui le partagent. Les amateurs de Kerouac trouveront dans cette pièce, où les personnages et la langue se bous-culent, un passionnant supplément à son œuvre. LGD 84

Jean-Claude LATTÈS

Le dernier roi des JuifsParis, NiL, 2011, 308 p.

En l’an 10 av. J.-C., à l’orée de l’ère chrétienne et aux marges de ce qui sous Octave deviendra l’empire romain, Marcus Julius Agrippa naît dans un nid de frelons, une cour où, pour le résumer comme Tacite, « on perpétrait les crimes habituels des tyrans ». Son grand-père Hérode, le fastueux bâtisseur doué de sens politique, s’est fait le vassal de Rome, ce qui a évité l’occupation du

sa petite-fille, soutenue par Jacques Derouard, le biographe de l’auteur, déci-dent de publier ce texte dans son état d’origine. Cet ouvrage nous fait décou-vrir une nouvelle facette d’Arsène Lupin d’une grande modernité. Le roman se situe dans la « Zone » la plus misérable autour de Pantin où notre héros préoc-cupé par les inégalités est éducateur de jeunes en difficulté, tout en assumant les fonctions d’urbaniste, d’archéologue et de conférencier. Oscillant entre passé et présent, l’intrigue tourne autour d’un vol de manuscrit, de sacs d’or, de lutte contre l’Intelligence Service. La présence de la jeune et belle Cora de Lerne, dont Arsène Lupin tombe éperdument amou-reux, apporte une touche romanesque à ce récit de lecture agréable où cha-cun retrouvera avec plaisir la magie et l’élégance de l’éternel gentleman cambrioleur. LHA 5532

Katarina MAZETTI

Mon doudou divinTraduit du suédois par Lena Grumbachet Catherine MarcusMonfort-en-Chalosse, Gaïa, 2012, 214 p.

Dans la supérette en bas de chez elle, Wera, journaliste indépendante, trouve une petite annonce sur le tableau d’affi-chage, proposant un stage de plusieurs semaines pour créer sa propre foi. Trouvant le sujet idéal pour un repor-tage, elle décide d’infiltrer cette commu-nauté et de se lancer dans l’aventure. A la Béatitude, ancienne ferme de scouts en pleine campagne, la journaliste va rencontrer des personnages dispa-

pays où il a su en outre se concilier les différentes sectes qui divisent ses sujets et faire cohabiter Arabes et Juifs, mono-théistes et païens. Quant aux problèmes familiaux, il en a réglé expéditivement quelques-uns en faisant noyer un beau-frère trop en vue, lapider la femme qu’il aimait pourtant et étrangler deux de ses propres fils. A Rome, où sa mère a trouvé asile avec ses fils, Agrippa vit à proximité de la famille impériale, se lie avec Drusus, fait les 400 coups avec lui et accumule les dettes. De retour à Jérusalem, l’empereur Claude lui ayant octroyé le royaume de Palestine, il sera accueilli dans la liesse et régnera de 41 à 44, protégé par Rome ( ce qui le fait passer pour « collabo » ), avant de mou-rir, empoisonné semble-t-il. Pour que le lecteur se retrouve, ce qui n’est pas tou-jours facile, dans cette existence riche en péripéties où se mêlent une foule de personnages divers, l’auteur de cette alerte biographie n’a pas ménagé les repères, au nombre desquels une très utile histoire du peuple juif qui recoupe les récits d’histoire sainte dont on aura gardé le souvenir. LHA 5519

Maurice LEBLANC

Le dernier amour d’Arsène LupinParis, Balland, 2012, 260 p.

La dernière aventure d’Arsène Lupin était restée inédite, Maurice Leblanc victime d’une attaque cérébrale n’ayant pu y apporter les corrections néces-saires. Quelques décennies plus tard,

rates et torturés : Madeleine, professeur quadragénaire, Bertil l’ex médecin, la Dame Grise, Annette et Adrian leurs hôtes, Karim l’Iranien, tous en quête de recherche intérieure. « Qu’est-ce qui peut bien pousser toutes ces personnes à venir sonder le fond de leur âme dans ce décor glauque ? ». Après Le Mec de la tombe d’à côté ( LHF 955 ) et Le caveau de famille ( LHF 955 / 2 ), cette comédie divertissante de Katarina Mazetti traite le thème de la quête individuelle de spi-ritualité et des pseudo-méthodes qui permettent d’y accéder, avec humour et légèreté.

Yassaman MONTAZAMI

Le meilleur des joursParis, Sabine Wespieser, 2012, 138 p.

Ce court roman d’une intellectuelle d’origine iranienne vivant en France est un hommage posthume à un père à qui l’auteure a voué dans son enfance un véritable culte, dont elle nous décrit les manifestations avec un sens de l’humour qu’elle semble avoir reçu en héritage de ce personnage hors-norme. En effet Behrooz ( « le meilleur des jours » en persan ), issu de la bourgeoisie aisée de l’époque Pahlavi, ayant vécu toute sa vie, en Iran comme à Paris, aux cro-chets de ses parents – une mère auteure célèbre de recettes de cuisine persane avec laquelle il entretenait des relations fortes et conflictuelles, et un père auquel il était très attaché – était un pas-sionné de justice sociale et un marxiste convaincu qui consacra des décennies à élaborer une thèse volumineuse et jamais achevée sur la détermination de l’histoire dans l’œuvre de Marx. Cultivé, généreux, désintéressé, pénétré d’un sens aigu de la justice et amateur de canulars pen-dables, il était aussi devenu, au fil des années et des déceptions consécutives à la révolution iranienne, amer et désil-lusionné. Les souvenirs évoqués par sa fille nous offrent une savoureuse et tou-chante galerie de portraits d’iraniens de tous bords exilés de l’intérieur ou de l’extérieur qui avaient croisé sa route, et font revivre des scènes de la vie en Iran sous le Shah, puis sous la révolution. Un premier roman prometteur, écrit avec brio dans un style poétique et dense.

LHA 5508

Lorrie MOORE

A Gate at the StairsLondon, Faber and Faber, 2009, 321 p.

A well-known American novelist has called Lorrie Moore “the closest thing we have to Chekhov.” Moore shares with the great Russian writer a sense of the absurd in the midst of tragedy, and a foreboding of the tragic in the

Guy DELISLE

Pyongyang Paris, L’Association, 2003, 176 p.

Le petit personnage que nous avions suivis avec plaisir nous conter ses Chroniques de Jérusalem ( RGA 3 ) fait un nouveau voyage. Il pose son œil candide et son crayon talentueux sur le régime dictatorial coréen. Divertissant, surprenant, le résultat de son travail a tout d’abord une valeur documentaire. Objectif, descriptif, il se veut le témoin neutre d’une situation hors du commun, ubuesque. Grace à la lecture des journaux nous pouvons nous représenter ce qu’est la vie quotidienne en Corée du Nord, mais ne pouvons imaginer un instant ce que Guy Delisle va vivre et décrire dans cet ouvrage : des hommes qui, la nuit, marchent à rebours dans les rues… L’univers inquiétant de Kafka semble avoir pris forme ! On pense aussi, bien sûr, à celui de George Orwell. Guy Delisle, au risque de se faire arrêter, voyage avec un exemplaire de 1984 dans son sac, dans l’intention de le faire lire aux autochtones. RGA 4

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mai 2oo9 – Le choix de la Société de Lecture6 ROMANS, LITTéRATURE

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comme Ida ( portrait émouvant et singu-lièrement moderne d’une star de music-hall luttant contre la déchéance ), Les Fumées du vin ( chargé de réminiscences autobiographiques sur un épisode his-torique lors de la révolution russe ) et La Comédie bourgeoise, peinture de la haute bourgeoisie de province et des affres sentimentales d’une femme sacri-fiée. On y trouve des thèmes chers à l’au-teure : la condition féminine, l’hypocrisie bourgeoise, et la nostalgie des destins inaccomplis. LHA 5497

Anne NOSCHIS

Madame de WarensLausanne, Editions de l’Aire, 2012, 486 p.

En couverture : « Madame de Warens, éducatrice de Rousseau, espionne, femme d’affaires, libertine… » Voilà qui surprendrait Jean-Jacques si une prome-nade solitaire nous le ramenait. A l’édu-catrice qu’il appelait Maman, il a rendu hommage. Il connaissait la femme d’af-faires pour en avoir suivi les entreprises industrielles, agricoles ou minières. Libertine, il s’en doutait. Mais espionne ? C’est ce qu’a découvert l’auteur dans les archives qui documentent minutieuse-ment cette biographie. Françoise-Louise de la Tour naît en 1699 à Vevey, dans une famille de la petite noblesse vau-doise. Bien dotée, elle épouse à 14 ans Monsieur de Warens qui en a 24, mais en 1726 la jeune femme, sous prétexte d’aller prendre les eaux à Evian, quitte nuitamment le domicile conjugal en emportant l’argenterie. Sur l’autre rive du lac, elle se convertit au catholicisme et tombe aux pieds du roi de Sardaigne qui lui promet pension et protection. Non sans contrepartie : d’abord Madame de Warens est une recrue flatteuse, utili-sable comme « convertisseuse » en un moment où catholiques et protestants rivalisent de prosélytisme pour attirer les brebis de l’autre troupeau. En outre, la maison de Savoie n’a pas renoncé

most comic scenes. She also writes in perfectly crafted, vivid sentences that nonetheless appear natural in their sim-plicity : “The cold came late that fall and the songbirds were caught off guard.” A similar fusion of the commonplace and the luminous characterizes the story. Tassie is a country girl from a farm with a cherry orchard, and in her combined innocence and courage is a bit like the character of Anya in Chekhov’s play. In the Wisconsin city where she attends the university, Tassie is thrown into the com-pany of a range of persons who together form a cross-section of contemporary American life, in all its virtues and fail-ures. She is hired as a kind of nanny by a professional couple who don’t really have time for their adopted child. An additional complication is that the child is black, and they are white. She falls in love with a man who seems to be an amiable Brazilian, but who turns out to be something altogether different and more dangerous. Her brother, as inno-cent as she, joins the army and is sent to Afghanistan. Death is everywhere in this novel, but so is life, rendered with a wry sense of humor. LHC 3341

Marta MORAZZONI

La note secrèteTraduit de l’italien par Marguerite PozzoliArles, Actes Sud, 2012, 299 p.

L’enlèvement au couvent étant un scéna-rio qui en son temps a beaucoup servi… il faut oser ! Marta Morazzoni ose, et le résultat est séduisant. Elle s’est inspi-rée d’un événement historique survenu à Milan à la fin du XVIIIe siècle. Une ado-lescente de l’aristocratie, dont sa famille s’est débarrassée en la mettant au couvent, non seulement s’en échappe, mais encore ose affronter, dans un pro-cès éprouvant, la Sacrée Pénitencerie romaine pour qu’elle lui en reconnaisse le droit. Ici, la novice est douée d’une superbe voix de contralto, que la sœur

à reconquérir le pays de Vaud où il se trouve des patriotes qui verraient là une manière de se débarrasser des Bernois. Une trajectoire peu banale donc, indé-pendamment de la notoriété que ses relations avec Jean-Jacques ont value à Madame de Warens. Ajoutent à l’intérêt de ce plaisant ouvrage les documents exploités par sa biographe : inven-taires, testaments, listes de vêtements, de menus, d’ustensiles de cuisine, etc. qui renseignent sur la manière dont vivait au XVIIe siècle. la bonne société veveysane. LCD 130

Jean-Pierre OHLCharles DickensParis, Gallimard, 2011, 306 p.

Cette biographie du célébrissime écri-vain anglais souligne les aspects contrastés de l’œuvre de Dickens, dont la clé se trouve dans les contradictions de son parcours de vie. L’auteur d’Oliver Twist, qui reste le roman le plus lu de Dickens, est souvent considéré comme un écrivain « pour la jeunesse ». Certes, avec un père bohême emprisonné pour dettes et une mère froide et indifférente, Dickens a côtoyé très tôt la misère, le travail à l’âge de douze ans dans une fabrique de cirage, et les conditions de vie insalubres, et deviendra un détrac-teur passionné des injustices sociales et de l’exploitation surtout des plus jeunes, si fréquente dans l’Angleterre victo-rienne de la révolution industrielle. On retrouve cette préoccupation constante dans son œuvre, de Nicolas Nickleby à David Copperfield, Dombey et fils ou La Petite Dorrit. Mais la vie et l’œuvre de Dickens sont complexes ; célèbre et riche très tôt grâce au succès de Pickwick, il recherchera et obtiendra une reconnais-sance durable. Ainsi, en 1950, un jury français élira De grandes espérances meilleur roman étranger du XIXe siècle. Mais les traumatismes de l’enfance, les déboires sentimentaux et conjugaux le

musicienne du couvent se fait une joie de cultiver, malgré la désapprobation de l’abbesse pour cette manière de louer le Seigneur. Toujours est-il que les messes chantées de Sainte Radegonde font cou-rir tout Milan, y compris un diplomate anglais, tout protestant soit-il. La suite va de soi : destination Londres en pas-sant par la Sérénissime et un périlleux voyage en mer. L’auteure qui ne craint pas d’interpeller parfois son lecteur, excelle à rendre palpable l’atmosphère étouffante de Milan et à restituer les dialogues à l’onctuosité chargée de sous-entendus qui s’échangent entre les saintes femmes. Et le délicat passage au bercail de l’époux et père de famille venu demander le divorce à sa femme est traité avec une remarquable finesse de sentiment. LHE 628

Irène NEMIROVSKY

La symphonie de Paris et autres histoiresParis, Denoël, 2012, 230 p.

Conçus à l’origine comme des scéna-rios, même s’ils ne furent jamais portés à l’écran, les six récits que comporte ce livre furent composés par Irène Némirovsky entre 1931 et 1934. Si tous portent la marque d’une écriture ciné-matographique, ils n’en sont pas moins révélateurs d’un style littéraire très maî-trisé qui les apparente plutôt à des nou-velles. Ainsi, si La Symphonie de Paris ( qui relate la chute et la rédemption par l’amour d’un jeune compositeur ), Noël ( qui dénonce le masque des apparences de respectabilité bourgeoise à l’occa-sion d’un réveillon ) ou Carnaval de Nice ( décrivant le trouble qui s’empare d’une honnête femme dans l’ambiance survol-tée du carnaval ) nous frappent par leur aspect descriptif d’objectivité cinémato-graphique, ils portent aussi la marque originale de l’auteur. Cette empreinte apparaît clairement dans d’autres récits

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Le choix de la Société de Lecture – mai 2oo9 ROMANS, LITTéRATURE 7

Banquiers Prives:Banquiers Prives 30.6.2009 12:02 Page 1

pierre philosophale, alors qu’un ennemi du genre humain se lance dans une attaque nucléaire de l’autre côté des montagnes. On rencontre aussi un jeune peintre naïf, une petite fille qui aime les papillons bleus, un château médiéval écossais et les ruines d’un temple au nord du Danemark. Pour ne rien sim-plifier, on évoque aussi le dieu solaire égyptien Aton, lequel sera adopté par les Hébreux sous le nom d’Adonaï. De plus, la pierre noire est un morceau de la pierre connue sous le nom de la Kaaba, située à la Mecque. Enfin, une explosion immense secouera le Valais, car le châ-teau de Valère sera détruit malgré des hexagrammes d’orichalque tracés sur le sol… LHA 5545

Aki SHIMAZAKI

TsukushiArles, Leméac / Actes Sud, 2012, 137 p.

Yûko, épouse de l’héritier de la banque Sumida, découvre dans la table de che-vet de son mari, à l’occasion du trei-zième anniversaire de sa fille Mitsuba, une boîte d’allumettes très artistique et érotique qui va faire chavirer un bon-heur familial apparemment sans faille. L’écriture aérienne, riche en poésie et émotion contenue, dépeint avec délica-tesse et simplicité le poids des origines

sociales et des convenances, la non acceptation des différences, le silence et les secrets, miroir d’une inquiétude col-lective où derrière la beauté se cachent des zones d’ombre et les dérives qu’elles engendrent. Nul besoin d’avoir lu les trois volumes précédents du cycle roma-nesque ( Mitsuba, Zakuro, Tonbo ) pour apprécier ce court roman et se plonger dans l’univers raffiné et pudique de cette auteure d’origine japonaise qui écrit en français. LD 406

Martin SUTER

Allmen et le diamant roseTraduit de l’allemand par Olivier MannoniParis, C. Bourgeois, 2012, 190 p.

Allmen repart en piste, toujours aidé par son assistant Carlos, son distingué jar-dinier-valet de chambre. Le décor est en place, rapidement campé par les bons soins de Martin Suter : Johann Friedrich von Allmen, sulfureux détective, toujours un peu près des sous qu’il n’a plus, se lance dans une aventure risquée. Il va toucher de près les gros bonnets russes des affaires, non sans y laisser quelques plumes, alors que Carlos, plus prudent, s’en sortira mieux que son maître. Un bon roman, bien dans la veine de cet auteur dont les créations sont impatiem-ment attendues. LHB 745

Tenzin WANGMO ( Ed.)

Les contes tibétains du karma. Le prince et les histoires du cadavreGollion, Infolio, 2012, 171 p.

Un beau prince tibétain, suite à une série de mauvaises actions, s’est créé un mauvais karma. Pour se racheter, un ermite lui confie une délicate mis-sion : il doit capturer un cadavre, ce qui permettra au vieux sage de guérir 124 maladies jusqu’ici incurables. Ce n’est pas simple, car le cadavre est rusé : il parle beaucoup, raconte de nombreuses histoires. Sitôt que le prince, distrait par ces merveilleux contes, lui adresse la parole, un sortilège permet au cadavre de s’échapper, et tout est à refaire. Il s’agit de contes didactiques, dont la tradition remonte à l’Inde ancienne. Ils véhiculent les valeurs essentielles du bouddhisme, dont les annexes de ce petit ouvrage divertissant nous donnent les clés. LD 1

hanteront et teinteront son œuvre – et son comportement, surtout à la fin de sa vie – d’éléments sombres et tour-mentés qui en font, derrière l’aspect extraverti et débonnaire, le précurseur de Dostoïevski et Kafka. Cet ouvrage, en nuançant l’académisme classique où Dickens est souvent confiné, nous incite à une relecture de son œuvre, parmi les plus grandes de la littérature moderne.

LCB 627

Jean de PINGON

Le peintre et l’alchimisteChampeau, Hélialys, 2011, 502 p.

La saga débute dans une vieille ferme des montagnes valaisannes, au-des-sus de Martigny. Ces montagnes sont percées de souterrains creusés par les Burgondes à la recherche de pépites d’or. Ils contenaient aussi des rivières, un lac où reposent une pierre noire et une belle jeune fille de 3000 ans. Les choses se compliquent car un alchimiste fou, assis dans une grotte, recherche la

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Marie Bonaparte ( 1882-1962 )50 ans après la mort de Marie Bonaparte ( 1882-1962 ), la bibliothèque présente cette personnalité singulière qui a œuvré pour établir la psychanalyse en France.

salle de géographie

L’AlaskaL’Alaska, ancien territoire russe devenu le 49e état américain, commémore en 2012 le centenaire de son rattachement offi-ciel aux Etats-Unis. De nombreux récits de voyage illustrés sont à découvrir en salle de Géographie.

salle de théologie

La philosophie deJean-Jacques RousseauMultiple, et donc incohérente en apparence, la pensée de Rousseau devient lumineuse lorsque ressortent ses thèmes de prédi-lection, révolutionnaires avant l’heure : l’homme et la liberté.

salle genève

Rousseau et les femmesC’est dans le cadre du tricentenaire de la naissance de Rousseau que nous vous pro-posons, après une exposition sur Rousseau et la nature et Rousseau et les arts, une sélection de titres sur le thème de Rousseau et les femmes. Trois aspects sont envisa-gés : les femmes dans la vie du philosophe ; les femmes dans son œuvre littéraire ; et enfin la vision de l’éducation des femmes dans son livre L’Emile.

salle d’histoire

Les guerres balkaniques En 1912 et 1913, les Balkans sont le théâtre de conflits armés entre différents pays, dont la Bulgarie, la Serbie, le Monténégro et la Grèce. Le déclenchement de la Première Guerre mondiale n’est pas sans rapport avec ces évènements.

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mai 2oo9 – Le choix de la Société de Lecture8 HISTOIRE, BIOGRAPHIES

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distraction et les idées fausses, nous sommes tous ignorants ou indifférents à des problèmes graves. On peut feuil-leter l’ouvrage et trouver des réponses nettes et rapides. Par exemple : Quand Hitler a-t-il décidé la Shoah ? Ou bien s’interroger sur le scandale des comptes américains des victimes de la Shoah. De questions en questions, on peut se faire une idée plus précise d’une époque qui risquerait d’être négligée dans la tourmente actuelle des antagonismes mondiaux. HE 578

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Le bourgeois de Paris au Moyen-AgeParis, Tallandier, 2012, 667 p.

Du XIIIe au XVe siècle, Paris, profitant de sa situation de carrefour fluvial et routier ainsi que des opportunités offertes par la montée en puissance de la monarchie, connaît une très importante expansion démographique, devient la tête diri-geante du royaume et la première ville d’Europe. En même temps, apparaît une nouvelle classe sociale : la bourgeoisie. Il ne s’agit pas réellement d’un statut, mais plutôt de la reconnaissance du poids que procurent l’aisance, la pro-priété, l’appartenance familiale, et peut-être les manières. De Saint Louis à Louis XI, les rois ont joué de leur influence pour saper le pouvoir de la féodalité ; la bourgeoisie a aussi, en favorisant la création artistique, supplanté peu à peu l’Eglise dans son rôle culturel. Ce livre examine l’histoire médiévale de la ville sous de multiples aspects. Il parle de l’organisation des pouvoirs ; rappelle les crises qui agitèrent la période ; décrit les métiers, ceux du ravitaillement comme ceux des affaires ou des finances ; évoque la topographie et l’aspect des rues ; tente de comprendre les structures sociales ; visite la maison d’un cordon-nier et celle d’un procureur ; cherche à

HISTOIRE,BIOGRAPHIESHélène BECQUET

Marie-Thérèse de France. L’orpheline du TempleParis, Perrin, 2012, 414 p.

La vie de Marie-Thérèse-Charlotte de France ( 1778-1851 ), fille de Louis XVI et de Marie-Antoinette, est riche en péripéties, le plus souvent tristes. Elle fut la seule à sortir vivante de la prison du Temple ; libérée en 1795, exilée, elle épousa son cousin germain le duc d’An-goulême, et devint la dernière dauphine de France à l’avènement de Charles X. Entre-temps, son oncle Louis XVIII, monté sur le trône en 1814, fit d’elle l’icône de la Restauration. Elle quitta la France à l’is-sue des Trois Glorieuses pour un ultime exil. Elle porta successivement les noms et titres de Madame Royale, Thérèse Capet, Madame de France, duchesse d’Angoulême, Madame la Dauphine, comtesse de Marnes et même « reine douairière » de France, comme il est écrit sur son tombeau, en référence aux vingt minutes de règne de son mari Louis XIX ( en juillet 1830 ). La loi salique l’exclut du trône, comme toutes les princesses depuis le XIVe siècle, mais sa position n’a pas de précédent. Elle représente en effet à la fois la continuité du sang des Bourbons, c’est-à-dire la légitimité, et la victime immaculée qu’on révère. Elle devient un objet de culte pour les par-tisans de la royauté. En fin de volume, le livre propose des poèmes rédigés à sa gloire, ou en son nom, longs, émouvants, parfois emphatiques… Il propose aussi une chronologie et une bibliographie très complètes, des tableaux généalo-giques et le testament de celle qui aura symbolisé la royauté française à son crépuscule. HG 1805

savoir ce que pensent ces bourgeois, ce qu’ils lisent, de quoi ils rient, quelles paroisses ils fréquentent, comment ils se font enterrer. Au cours de sa longue et brillante carrière, Jean Favier fut directeur des Archives nationales ; il a présidé la Bibliothèque nationale, étu-dié les registres fiscaux, des chroniques, des inventaires, des archives de toutes sortes. C’est sans doute ce qui lui per-met de rendre vivant ce gros livre érudit.

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Olivier GAUDEFROY

Hypatie, l’étoile d’AlexandrieParis, Arléa, 2012, 146 p.

Grecque d’Egypte, belle, intelligente, vertueuse, Hypatie naît dans la seconde moitié du IVe siècle à Alexandrie qui ras-semble autour de sa célèbre bibliothèque toute l’intelligentsia du temps. Instruite par son père Théon, le célèbre mathéma-ticien, elle étudie les mathématiques, l’astronomie, la philosophie néopla-tonicienne et, devenue célèbre, à son tour à une époque où les femmes sont absentes de la vie publique, elle ouvre une école fréquentée, entre autres, par Synésios de Cyrène, l’évêque philosophe, dont les lettres ont traversé les siècles jusqu’à nous. Le patriarche d’Alexandrie, Cyrille dont on sait le caractère rugueux, n’aime guère les philosophes païens, moins encore les femmes qui sont les deux et pas du tout les personnages susceptibles de lui faire de l’ombre. On ignore jusqu’où va sa responsabilité dans le meurtre d’Hypatie, cible de ses diatribes, mais toujours est-il que c’est une troupe de chrétiens excités – moines du désert de Nitrie, marins du port, ou fossoyeurs de la cité, on ne sait – qui l’attaquèrent sauvagement et la mirent en pièces. Ce qu’il faut admirer dans ce petit livre exemplaire, c’est la maestria précise et concise avec laquelle l’auteur

Marella CARACCIOLO CHIA

Un bonheur inattenduTraduit de l’italien par Antonio d’AlfonsoParis, Editions des Syrtes, 2012, 164 p.

La comtesse Vittoria Colonna et Leone Caetani, prince de Teano, son mari depuis 15 ans, mènent des vies indé-pendantes et éloignées. Malgré une existence trépidante entre Londres et Paris, Vittoria se sent « la personne la plus seule au monde ». En été 1916 alors qu’elle séjourne dans l’Isola de San Giovanni, dans un cadre enchanteur d’une élégance absolue, elle rencontre Umberto Boccioni, peintre futuriste et anti-conformiste. Tout oppose ces deux êtres, mais de cet instant magique va naître un amour fulgurant et passionné. Ce récit, entrecoupé de nombreux pas-sages épistolaires découverts dans les archives Caetani de Rome en 2006, nous fait pénétrer dans l’intimité des personnages, et nous offre un voyage culturel et artistique dans l’Italie de la Belle Epoque, dévoilant au passage l’atmosphère de luxe et de simplicité des grandes familles aristocratiques. L’écriture de Marella Caracciolo Chia teintée de nostalgie, le romantisme de cette idylle secrète, donnent au final un livre mystérieusement attachant.

HM 141

M.-A. CHARGUERAUD

Cinquante idées reçues sur la Shoah Tome 1 : de Accueil à JointGenève, Labor et Fides, 2012, 260 p.

La formule du dictionnaire est intéres-sante : on peut choisir des sujets divers et sans rapport entre eux, puis les clas-ser alphabétiquement et permettre une synthèse cohérente. L’auteur a choisi un thème qu’il a déjà beaucoup étudié : la Shoah. Le fait est qu’entre l’oubli, la

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Le choix de la Société de Lecture – mai 2oo9 HISTOIRE, BIOGRAPHIES 9

Brachard & Ciedepuis 1839

10 Corraterie

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Jean-Pierre-Etienne VAUCHER

Journal de mon séjour à Paris ( 1782 )Edition établie, annotée et présentée par Patrick Bungener et Nathalie Vuillemin, Genève, Slatkine, 2012, 146 p.

En février 1782, alors que Genève connaît une période agitée, Jean-Pierre-Etienne Vaucher entreprend un séjour à Paris. Il a dix-huit ans, fait des études de théologie et compte profiter de son séjour pour s’instruire et se perfec-tionner dans l’art de l’éloquence auprès de l’Abbé Fauchet. Celui-ci prêche devant la cour avec un brio qui fait défaut aux prédicateurs protestants. Il voyage avec un camarade, Pierre-Marc Bourrit, dont le père, Marc-Théodore ( celui-là même qui accompagna De Saussure dans les Alpes ) réside alors à Paris, où il s’est constitué un important réseau social, dont profiteront les jeunes gens. En deux mois, Jean-Pierre-Etienne va visiter Paris et ses environs, et faire la connaissance de beaucoup de gens qu’il « faut » avoir ren-contrés ; il raconte de nombreuses anecdotes, trace des por-traits, laisse deviner ses goûts, en particulier son adhésion aux idées de Rousseau. Le journal s’adresse à son cher ami Jean-Louis Duby. Il constitue en quelque sorte un portrait à découvrir, un aperçu sur la vision du monde d’un très jeune proposant. Patrick Bungener et Nathalie Vuillemin, dans une intéressante introduction et d’abondantes notes, se sont attachés à situer les personnages, à expliquer les contextes et, surtout, à préciser ce que fut probablement le texte original. En effet, on n’en connaît qu’une copie, faite par le fils de Jean-Pierre-Etienne Vaucher en 1844.

16.2 VAU

s’adapter, devenir humain et donner un sens à sa survie ? Malgré la souffrance qu’il éprouve à parler de l’horreur abys-sale des camps nord-coréens, Shin estime nécessaire de témoigner pour aider à libérer les dizaines de milliers de personnes retenues aujourd’hui encore dans ces camps, et faire réagir la com-munauté internationale, qui les a jusqu’à présent délibérément ignorés. Dans ce rapport-témoignage, Blaine Harden, qui dirige le bureau du Washington Post à Tokyo, explique de quelle façon la Corée du Nord, ce « haut-lieu de déshumani-sation » utilise la répression totalitaire pour éviter de voir son régime s’effon-drer, et lance un appel à la conscience collective mondiale. HL 985

François KERSAUDY

StalineParis, Perrin, 2012, 275 p.

S’il existe de nombreuses biographies de Staline, ce livre apporte un éclairage ori-ginal, particulièrement sur la période de la Seconde Guerre mondiale. Kersaudy, spécialiste d’histoire diplomatique et militaire, décrit avec brio les années de jeunesse où déjà s’affirment les

traits de caractère du dictateur : intel-ligence, ambition, cynisme, cruauté et manque total de scrupules. Ces carac-téristiques expliquent l’ascension de cet obscur ancien séminariste géorgien qui ne recule devant aucun méfait et se rapprochera de Lénine qui le nommera Commissaire aux nationalités. Homme fort du régime après la mort de Lénine, il éliminera sans pitié ses rivaux, à com-mencer par Trotski. Kersaudy revient sur les grandes purges, les grands procès, les déportations et la terreur instaurée progressivement. Il montre comment, malgré l’élimination des cadres de l’ar-mée et les décisions stratégiques mal-heureuses de Staline imposées par la terreur qu’il inspirait, l’URSS sort victo-rieuse mais exsangue de la guerre grâce au génie militaire de certains généraux, à la mobilisation massive et à l’élan de la population civile et militaire soutenu à la fois par le patriotisme et la crainte de représailles. Il décrit l’habileté et la ruse de Staline vis-à-vis des alliés occi-dentaux, et l’étendue de la désinforma-tion utilisée systématiquement. Ce livre, accompagné de photographies, de cartes et d’encadrés, est instructif et agréable à consulter. HK 726

Claude-Catherine KIEJMAN

Eleanor Roosevelt, first lady et rebelleParis, Tallandier, 2012, 255 p.

Ann Eleanor Roosevelt, née en 1884 dans une famille de l’aristocratie protes-tante américaine, épouse du Président Franklin Delano Roosevelt et mère de cinq enfants, « n’apparaît pas comme une doublure de Franklin Roosevelt mais comme une force politique à part entière ». Etonnante, énergique, se bat-tant avec persévérance pour les liber-tés individuelles et les droits sociaux, défendant les plus démunis, luttant contre le racisme, « The First Lady of the World » occupera également une posi-tion incomparable sur la scène interna-tionale. Prête à briser tous les tabous, menant une vie autonome, au risque de choquer, libérale de gauche, engagée politiquement, réinventant la fonction d’épouse de Président des Etats-Unis, Eleanor Roosevelt n’a cessé de reven-diquer la liberté de ses choix et de ses opinions, tout en prenant soin de ne jamais nuire au Président. Reposant sur des témoignages inédits, cette biogra-phie passionnante retrace le parcours de cette femme exceptionnelle ( 1884-1962 ), qui fut une des personnalités les plus populaires et les plus influentes de son époque. HL 984

a su restituer une époque, un lieu et ceux qui l’animèrent. Et plutôt que de romancer vainement la vie de l’infortu-née – on lui en saura gré – il termine son livre par un chapitre qui recense toutes les œuvres littéraires, picturales, théâ-trales et cinématographiques qu’elle a inspirées. PC 404

Svetlana GORSHENINA

Asie centrale. L’invention des frontières et l’héritage russo-soviétiqueParis, CNRS Editions, 2012, 381 p.

Historienne, spécialiste de l’Asie cen-trale, Svetlana Gorshenina a soutenu en 2007 une thèse traitant de cette région du monde dans l’histoire des idées, entre la cartographie et la géopolitique. Le présent ouvrage, troisième et dernier volet de cette thèse, souligne le rôle des élites locales et analyse l’impact en Asie centrale de la théorie des « frontières naturelles » utilisée par les russes puis les soviétiques pour contrôler la région. Puisant dans des archives inédites et s’appuyant sur une relecture des docu-ments du XIXe - début du XXe siècle et de la période soviétique, elle note que les frontières représentent un processus complexe, faisant appel à la fois aux éléments matériels et à l’imaginaire. Citant de nombreux exemples de l’his-toire de l’avancée russo-soviétique au cœur du continent, elle démontre que les frontières de l’Asie Centrale des XIXe-XXIe siècles sont non seulement le produit de l’idéologie des frontières naturelles et de la logique géographique, linguistique ou ethnographique mais aussi de considé-rations d’ordre militaire, économique, de prestige politique et de croyance en une mission civilisatrice. Elle réfute la thèse du particularisme de la politique coloniale russe et de l’exception centra-siatique. Pour les pays d’Asie centrale,

indépendants depuis une vingtaine d’années, les frontières s’inscrivent fina-lement dans un processus dont on trouve des parallèles dans d’autres régions du monde. HL 986

Blaine HARDEN

Rescapé du Camp 14 : de l’enfer nord-coréen à la libertéTraduit de l’anglais ( Etats-Unis )par Dominique LetellierParis, Belfond, 2012, 280 p.

Neuf ans après la pendaison de sa mère, Shin se glisse entre les barbelés élec-trifiés du Camp 14 et part en courant dans la neige. Il n’a ni connaissance du monde, ni argent, ni contact, ni parent. Avant lui, aucun détenu né dans un camp d’internement ne s’était évadé. « Il n’a connu que 23 ans dans une cage en plein air, dirigé par des tortionnaires qui ont pendu sa mère, abattu son frère, rendu son père infirme, assassiné des femmes enceintes, frappé des enfants à mort, des brutes qui lui ont appris à tra-hir sa famille, qui l’ont supplicié au-des-sus du feu ». Comment ce rescapé, hanté par la culpabilité va-t-il se reconstruire,

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mai 2oo9 – Le choix de la Société de Lecture10 HISTOIRE, BIOGRAPHIES

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moment de l’affrontement de 1812 pour disposer d’un arsenal humain, militaire et logistique suffisant. Le tsar prit, souvent à contre-courant de membres de son entourage plus préoccupés de la politique orientale de la Russie et méfiants envers les visées britanniques, des décisions qui contribuèrent large-ment à la victoire alliée. Mêlant descrip-tions minutieuses des forces en présence et des stratégies de bataille, portraits imagés des protagonistes et analyse des relations internationales, ce livre touffu et documenté qui se dévore d’une traite mérite amplement les prix dont il a été couronné. HK 725 Dominic Lieven sera à la Société de Lecture le 29 novembre

Henry KISSINGER

De la ChineTraduit de l’anglais ( Etats-Unis ) par Odile Demange et Marie-France de PalomeraParis, Fayard, 2012, 560 p.

A 88 ans, le grand diplomate qu’est Henry Kissinger, publie un livre qui fera date, fruit de son expérience diploma-tique mais aussi de ses recherches et de sa réflexion. Aidé d’une équipe de rédac-tion de premier ordre, il offre en effet aux lecteurs, non seulement son expérience au plus haut niveau des relations diplo-matiques de son pays avec la Chine sur les 50 dernières années, mais aussi une mise en perspective historique de cette période. En fin sinologue, il reprend les faits importants de l’histoire chinoise – et notamment depuis la fin de la dynas-tie Qing – car ils sont nécessaires à la compréhension de ce grand peuple qui vit en symbiose avec son histoire, entre-tenant ainsi un rapport au temps d’une autre nature que celui des Occidentaux. Le livre se lit comme un roman, avec pour point d’orgue, bien sûr, le voyage ultraconfidentiel de Kissinger à Pékin en juillet 1971 pour préparer la venue de Nixon et la « réconciliation » des deux pays. Il retranscrit de façon passion-nante les dialogues entre les dirigeants du trio : Etats-Unis, URSS et Chine, et transporte le lecteur dans le monde de la diplomatie du plus haut niveau. En nous faisant partager une réflexion et une expérience qui couvrent les 50 dernières années, l’auteur nous livre aussi de sub-tils portraits des successeurs de Mao, dont l’intelligence et la sagacité res-sortent à travers la formidable réussite économique de la Chine qui a su mieux que certains ne pas s’empêtrer de dog-matisme excessif… Alors que la poli-tique américaine au Moyen-Orient donne parfois une impression de maladresses, relevées à plaisir par les commentateurs européens, force est de reconnaitre à

Nicolas RICHER

La religion des SpartiatesParis, Les Belles-lettres, 2012, 806 p.

Les écrivains de l’antiquité déjà se sont interrogés sur ce qui faisait la supréma-tie militaire des Spartiates, vainqueurs des Athéniens à la fin de la guerre du Péloponnèse, et Xénophon relevait qu’en matière de pratiques religieuses ils surpassaient tous les Grecs. Cet essai, volumineux par sa taille et par la richesse de son contenu, examine en détail les manifestations religieuses des Lacédémoniens, leurs croyances, leurs cultes, leurs fêtes ainsi que les divinités

travers ce livre que les Etats-Unis com-prennent bien mieux qu’eux la Chine et appartiennent de facto et – c’est une chance pour eux – au nouvel ordre qui émerge des succès des économies issues du Pacifique. En conclusion, Henry Kissinger se risque même à rêver d’une « communauté du Pacifique », basée sur l’établissement de relations stables et durables des Etats-Unis avec la Chine qui permettraient d’inclure les Etats de l’Asie, y compris l’Inde et la Russie.

HM 158

Dominic LIEVEN

La Russie contre Napoléon. La bataille pour l’Europe ( 1807-1814 )Traduit de l’anglais par Antonina Roubichou-StretzParis, Editions des Syrtes, 2012, 613 p.

L’ouvrage de Dominic Lieven remet en question nombre de mythes ancrés dans la mémoire collective concernant l’un des épisodes les plus célèbres de l’his-toire des temps modernes : l’affronte-ment entre Napoléon et la Russie. Certes, de nombreux historiens ont analysé cette période du point de vue de l’aventure napoléonienne, immortalisée par Tolstoï dans Guerre et Paix. Mais pour Lieven, dont l’angle d’approche dépasse lar-gement la campagne de Russie pour décrypter les étapes qui menèrent la coalition alliée à travers l’Allemagne jusqu’à Paris et à la chute de l’empire napoléonien, il s’agit de savoir comment la Russie affronta Napoléon et parvint à le vaincre. A la thèse tolstoïenne, reprise par l’historiographie communiste, du sursaut patriotique russe et à celle de la malchance de la Grande Armée confron-tée au terrible hiver russe, il oppose une analyse qui prend en compte les talents diplomatiques d’Alexandre 1er qui sut manœuvrer habilement en retardant le

Philippe SQUARZONI

Saison bruneParis, Delcourt, 2012, 476 p.

Jeune auteur lyonnais, Philippe Squarzoni est un dessinateur et scénariste militant, membre de l’association ATTAC. Auteur d’une dizaine d’albums, il s’est spécialisé dans un registre très particulier et donne à chacune de ses œuvres le poids d’un documentaire. On pourrait le comparer au cinéaste Michael Moore. L’influence du cinéma est d’ailleurs omniprésente, tant dans le découpage et l’agencement des cases de ce roman graphique que dans les nombreux hommages qu’il y rend à de multiples réalisateurs. Résultat de six ans de travail, Saison brune est une mise en scène de la question du réchauffement climatique. Extrêmement didactique, cet ouvrage mêle avec talent dessin et photo, fiction et réalité. A la fin, le lecteur attentif en retient, malgré quelques longueurs, l’impression d’avoir appris beaucoup ; il aura aussi, sans doute, l’envie de se documenter un peu plus, ou, selon son caractère, de baisser les bras en méditant sur la phrase de Woody Allen qui clôt le livre : « J’aimerais terminer sur un message d’espoir. Je n’en ai pas. En échange, est-ce que deux messages de désespoir vous iraient ? ». RGA 5

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Le choix de la Société de Lecture – mai 2oo9 DIVERS 11

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XXe siècle. Certains, indéniablement, ont précipité le cours de l’histoire : ainsi l’attentat de Sarajevo déclencha la Première Guerre mondiale. D’autres ( Stolypine, Raspoutine ) ont contribué à exacerber les tensions qui existaient déjà dans la société russe à l’aube de la Révolution de 1917, ou à radicaliser le mouvement de résistance à l’occupation nazie en France ( le meurtre de l’adju-dant allemand Moser en 1941 ). Certains bénéficiaient d’une préparation minu-tieuse ( l’assassinat d’Aldo Moro par les Brigades rouges ), d’autres semblent n’avoir réussi qu’à la suite de graves négligences dans le système de sécurité ( Alexandre de Yougoslavie, Kennedy ). Quelques-uns ont eu l’effet inverse de l’objectif visé ( Gaston Calmette, Amiral Darlan ). Mais dans tous les cas, l’his-toire détaillée de ces meurtres, des com-manditaires, auteurs et victimes dans sa reconstitution la plus rigoureuse possible, illustre l’action croisée des causalités multiples qui font la grande Histoire. HM 157

DIVERS Kwame Anthony APPIAH

Le code d’honneur : comment adviennent les révolutions moralesTraduit de l’anglais ( Etats-Unis )par Jean-François SénéParis, Gallimard, 2012, 271 p.

Lorsqu’il entend parler de morale, le sage du XXIe siècle tend à lui opposer le terme d’éthique. La morale a quelque chose d’effrayant, de contraignant, de passéiste : on sent tout le poids de la société peser sur les épaules de celui qui la subit. L’un des postulats de ce livre nous rappelle que la morale conduit à un regard sur soi-même, et, lorsque ce regard nous dévoile un défaut insup-portable, cela entraîne éventuellement une révolution afin de changer. L’auteur rapporte cette idée à l’échelle de sociétés entières, en l’illustrant par trois exemples de révolutions morales qui ont mené à un changement de comportement : la tom-bée en désuétude du duel en Grande-Bretagne ( 1829 ), l’abandon du bandage rituel des pieds en Chine ( 1900 ) et la fin de la traite négrière atlantique ( 1833 ). C’est un petit livre d’histoire, extrême-ment précis, riche en informations et surprenant. Jamais avare de références à notre époque, Kwame Anthony Appiah démontre avec talent que l’amour-propre et l’honneur sont des valeurs essentielles pour respecter les autres. Au final, il démontre que l’honneur est aussi une façon de s’épanouir. PA 858

Lucien d’AZAY

Sur les chemins de PalmyreParis, La Table ronde, 2012, 151 p.

Les archéologues ont démontré que la Syrie accueillait l’une des plus anciennes civilisations du monde antique. Damas, sa capitale, a été fon-dée plus de 10 000 ans av. J.-C. : c’est une des plus anciennes villes du monde. La Syrie fut occupée successivement par les Cananéens, les Phéniciens, les Hébreux, les Araméens, les Assyriens, les Babyloniens, les Perses, les Grecs, les Arméniens, les Romains, les Nabatéens, les Byzantins, les Arabes, et partielle-ment par les Croisés, les Turcs et enfin les Français. Lucien d’Azay raconte, dans un style qui rappelle beaucoup celui de Nicolas Bouvier, son voyage vers Palmyre, cette oasis à 200 km au nord-est de Damas, dont les ruines sont classées au Patrimoine mondial de l’UNESCO. Il est accompagné de son épouse, enceinte, et porte un regard acerbe sur la place de la femme dans cette patrie masculine. Ce n’est pas un simple récit de voyage, mais une série de réflexions sur la société arabe et l’his-toire de la Syrie. C’est la découverte cap-tivante, à la veille d’une révolution, d’un pays vivant depuis trop longtemps sous un régime de terreur. GVK 511

Bruce CHATWIN

La sagesse du nomadeTraduit de l’anglais par Jacques ChabertParis, Grasset, 2012, 534 p.

Cette longue suite de lettres écrites à sa femme et à ses amis révèle un être doué, sensible et égocentrique, esthète et plus que tout : nomade. Il a vingt ans lorsqu’il est engagé chez Sotheby’s et commence à courir le monde pour visiter des musées et dénicher des collections. Il commence des études d’archéologie, se passionne pour des objets rares ( tapis de plumes mayas, phoques Inuits ) qu’il échange et revend. Il devient surtout le voyageur le plus frénétique, sautant du Botswana au Mexique, de la Toscane à Hong Kong. Il est marié, mais si peu, donne ren-dez-vous à sa femme à Katmandou ou Buenos-Aires, en quête du neuf et de l’inconnu. Il réalise qu’en fait, il est écrivain : il décrit admirablement l’esprit d’une ville ou d’un paysage. Il cherche éperdument un lieu tranquille où écrire, en Espagne ou au Rajasthan, mais fuit plus loin au bout de quelques semaines. Le nomade se fait mille amitiés mascu-lines. Il écrit : En Patagonie ( GVI 259 ), Le vice-roi de Ouidah et surtout Le chant des Pistes ( GVM 79 ), qui est une vision fascinante de l’Australie centrale et des aborigènes. Cet homme qui se fuyait lui-

qui leur sont particulières outre celles communes à tous les Grecs. A Sparte, les dieux passent avant les hommes en matière d’égards, et les Spartiates sont convaincus que les mortels s’assurent leur bonheur en se rendant les divinités propices par des actes appropriés. Parmi les entités surnaturelles qui les pro-tègent figurent aussi les morts au com-bat, dont les pouvoirs varient selon une hiérarchie précise, allant des anonymes aux rois. Les différentes formes de la maîtrise de soi, la pudeur, la retenue, la peur, le rire, la faim sont sacralisées, et ces abstractions, personnifiées sous forme de statues parfois, font l’objet d’un culte. Il importe aux citoyens de se maîtriser pour servir au mieux la cité et c’est pourquoi toute l’éducation est basée sur le contrôle de soi. En outre, ils terminent toujours les prières qu’ils adressent aux dieux en formulant un seul souhait précis : qu’ils ajoutent l’honnê-teté aux biens qu’ils leur accorderont car ce sont eux qui savent ce qui convient aux hommes. Nuançant l’image un peu sommaire, qu’éblouis sans doute par la splendeur d’Athènes, nous nous faisions de Sparte, l’auteur donne à voir le por-trait d’une cité obéissant à une morale exigeante dont la religion est le fonde-ment, ce qui, pour certains historiens, en explique la longévité. HB 222

Luuk van MIDDELAAR

Le passage à l’EuropeTraduit du néerlandais ( Pays-Bas ) par Daniel Cunin et Olivier Vanwersch-CotParis, Gallimard, 2012, 473 p.

Jeune philosophe ( il a moins de 40 ans ), membre du cabinet du premier président du Conseil européen, l’auteur raconte et analyse l’histoire de la construction européenne, en essayant de saisir la nature du nouvel ordre politique qui s’est installé sur le vieux continent depuis les premiers traités des années 1950. Son originalité est d’identifier l’émergence,

au fil des années, d’une « sphère inter-médiaire » entre la « sphère externe », celle des états-nations qui composent l’Union, et la « sphère interne » que constituent les institutions créées par les traités successifs. L’existence de ce réseau de solidarité et d’interdé-pendances – pas seulement d’ordre économique – en dehors du cadre ins-titutionnel, permet de penser que l’ave-nir de l’Europe ne se résume pas à un débat entre pro- et anti-européens. C’est le poids croissant de la sphère inter-médiaire qui explique que l’Europe a, jusqu’à maintenant, pu surmonter les crises qui ont jalonné son histoire, quitte à bousculer le droit et à rogner la sou-veraineté des états membres. Le Conseil européen est ce lieu où s’expriment des tensions parfois très fortes, mais dont aucun membre ne veut ( ou ne peut ) se retirer. L’auteur ne fait pas de pronostics pour l’avenir, mais son analyse suggère que la politisation de l’Europe – au sens de l’affirmation progressive d’un corps politique autonome - est un phénomène irréversible. HA 649

Dominique VENNER

L’imprévu dans l’Histoire. Treize meurtres exemplairesParis, Pierre-Guillaume de Roux,2012, 269 p.

Ce livre de l’historien Dominique Venner, relatant treize exemples de meurtres politiques décrits avec la rigueur d’une enquête policière et analysés dans leur contexte socio-historique, révèle l’impor-tance de l’imprévu dans le déroulement d’évènements que l’analyse détermi-niste ne suffit pas à expliquer. Tous ces assassinats, extrêmement divers par la clarté de leurs objectifs, leur impact ou leur capacité à atteindre le but visé, ont laissé des traces sur l’histoire du

Page 12: les livres agendacharmer ceux qui la lisent et l’écoutent. Elle a une belle plume et le don de la parole même si on devine qu’au sein de sa tribu, comme elle le dit, Isabel prend

12 DIVERS

de ce voyage. Grand connaisseur de la Russie, il a beaucoup écrit sur ce vaste pays ( Dictionnaire amoureux de la Russie GVL 681, Place Rouge LHA 4770, entre autres ) et est venu à la Société de Lecture en mars dernier afin de rela-ter son périple. Il est donc 6 h 50 ce 28 mai 2010 lorsque le train s’ébranle pour un trajet de 9288 kilomètres. Les voyageurs vont mettre trois semaines à atteindre Vladivostok en parcourant tout le sud de ce pays si large et si rude. En compagnie de Dominique Fernandez, le lecteur va découvrir des lieux chargés d’histoire comme Kazan, Nijni-Novgorod, Ekaterinbourg, Novossibirsk et Irkoutsk. Les descriptions sont belles et intéres-santes, les plus poétiques étant l’évo-cation de la taïga, l’interminable forêt russe, et celle du lac Baïkal. Dominique Fernandez n’oublie pas, bien sûr, le souvenir de tous les déportés, dont les images hantent l’histoire de la Sibérie ; des décembristes aux condamnés au goulag, des cortèges de sacrifiés se sont perdus dans ces contrées glacées et hostiles. Mais voici le kilomètre 9288, le Japon est en face et le voyage se termine avec un hommage au poète Mandelstam, lointain successeur de Tolstoï et de Gorki, dans une rue oubliée de Vladivostok.

GVK 512

Ryoko SEKIGUCHI

L’astringentParis, Argol, 2012, 78 p.

Qu’est-ce que l’astringence ? Le mot japonais shibumi évoque avant tout le goût du kaki astringent ; en France il s’emploie surtout à propos du vin. Le point commun de ces deux aliments est le tanin. Au Pays du Soleil Levant, le goût de l’astringent est tant esthétique que gustatif, son univers est multiple et sub-til. On parle d’un homme astringent pour évoquer le bon goût. Discrétion, raffine-ment, travail soigné, expérience, patine :

telles sont les caractéristiques du shi-bumi. L’astringent ne se mélangeant pas aux autres saveurs, il est idéal pour ponctuer les plats « comme un souffle dans une phrase ». L’astringent nous accompagne dans nos repas tous les jours, le vin pour l’Occident, le thé pour l’Orient. « Tout comme nous n’observons pas notre ombre tous les jours. Pourtant, elle est toujours à nos côtés discrète-ment ». Goût périphérique qui accueille une symbolique très vaste, l’astringent est une énigme. Ryoko Sekiguchi, qui écrit en français et en japonais, signe un court essai d’une étonnante richesse linguistique. Du haïku à l’artisanat de l’astringent de kaki en passant par la gastronomie, nous découvrons une nou-velle facette du Japon qui reflète l’âme et l’art de vivre de ce pays énigmatique.

LAE 236

Matthias ZSCHOKKE

CirculationsTraduit de l’allemand par Patricia ZurcherCarouge, Zoé, 2011, 271 p.

Ce récit de voyage s’ouvre à Berlin, la nouvelle patrie de l’auteur bernois. Après une halte culturelle dans la méga-pole allemande, nous voici partis pour une échappée à Porto. Puis, par effet de zapping, nous serons transposés à Guggisberg afin de nous sensibiliser à la nostalgie du Vreneli-Lied, avant de retourner à Porto et nous évader dans

la tristesse du fado. Du Val Maderan en passant par Saint-Luc, nous tra-verserons l’Atlantique et ferons escale à New York, à douze reprises. Celles-ci seront entrecoupées par quelques haltes à Budapest – pour ses bains, incontour-nables, ensuite Coire, Zürich, et surtout Genève, dont le portrait cinglant mérite une attention particulière. Amman, Petra, Schaffhouse – à chacun ses tré-sors ; aussi Ascona, Hasliberg – pour une touche gastronomique – et, en guise de conclusion, un retour à la case de départ, Berlin. Cependant, cher lecteur, atten-tion ! Une exception s’est glissée parmi cet itinéraire singulier : il s’agit d’un lieu unique où nous ne pourrons nous rendre mais que l’auteur a pourtant souhaité nous faire découvrir. Attachez vos cein-tures et savourez la finesse de l’obser-vation de Matthias Zschokke ; nous vous souhaitons un bon voyage ! GVG 73

Matthias Zschokke sera à la Société de Lecture le 18 octobre

et enCoreGiambattista BASILE, Le conte des contes, Phébus, 2012, 118 p. LHE 627

Philippe DELERM, Je vais passer pour un vieux con, Seuil, 2012, 123 p. LM 1195

John GRISHAM, Les partenaires, Laffont, 2012, 428 p. LHC 5493

Andras KANYADI ( dir.), La fortune littéraire de Sandor Marai, Eds. Des Syrtes, 2012,

259 p. LCB 628

Yves LACOSTE, De la géopolitique aux paysages, A. Colin, 2003, 413 p. GVA 65

même, qui connaissait tout le monde et restait solitaire a laissé des écrits admi-rablement rédigés. LK 411

Alain DUAULT

Robert SchumannArles, Actes sud ( Classica ), 2010, 162 p.

Robert Schumann, qu’Alain Duault voit comme le romantique par excellence, a vécu une existence brève et intense, tra-versée d’orages et d’émotions paroxys-tiques. En voici un récit plein de tendresse et d’admiration, sous-tendu par une culture musicale approfondie. Né en 1810 en Saxe, Robert Schumann n’aura que 46 ans à vivre, à aimer, à créer et à souffrir. Alain Duault sait parfaitement décrire cette course vers l’abîme d’un être déchiré entre sa passion pour la musique et son attirance pour la poésie, entravée par un tourment qui est aussi sa plus forte inspi-ration. La vie de Schumann dans la vieille Allemagne, au sein d’une atmosphère musicienne en compagnie de sa femme Clara, pianiste de génie, est fascinante. D’œuvre en œuvre, parfaitement analy-sées par Duault, le lecteur assiste à la maturation de ce génie de la composition et pénètre dans cette culture germanique comme dans une forêt vaste et profonde. Une seule interrogation subsiste devant ce beau texte. Le goût de l’ombre est le sous-titre qui lui est donné par Duault. Mais lorsque l’on sait les obsessions de Schumann et que l’on est bouleversé par sa tentative de suicide dans le Rhin, n’aurait-il pas fallu écrire : « Schumann ou l’attrait irrépressible pour le néant » ?

BD 143

Dominique FERNANDEZ

TranssibérienParis, Grasset et Fasquelle, 2012, 296 p.

Embarqué en 2010 avec un groupe d’intellectuels à bord du Transsibérien, Dominique Fernandez fait ici le récit

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