les interferences des grandes puissances dans les initiatives diplomatico - strategiques de la rdc
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REPUBLIQUE DEMOCRATIQUE DU CONGO
ENSEIGNEMENT SUPERIEUR ET UNIVERSITAIRE
UNIVERSITE OFFICIELLE DE BUKAVU
B.P. 570/ BUKAVU
FACULTE DES SCIENCES SOCIALES POLITIQUES ET
ADMINISTRATIVES
DEPARTEMENT DES RELATIONS INTERNATIONALES
Anne Acadmique : 2009 2010
Mmoire prsent et soutenu publiquement en vue de
lobtention du Diplme de Licence en Relations
Internationales.
Par : NEEMA BAHATI Atosha Nelly
LLEESS IINNTTEERRFFEERREENNCCEESS DDEE GGRRAANNDDEESS PPUUIISSSSAANNCCEESS
DDAANNSS LLEESS IINNIITTIIAATTIIVVEESS DDIIPPLLOOMMAATTIICCOO
SSTTRRAATTEEGGIIQQUUEESS DDEE LLAA RRDDCC
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PRELUDE
Larme la plus puissante dans les mains des oppresseurs est la volont des opprims.
Stephen BANTU BIKO
Notre soif de connatre trouve surtout sapaiser dans ces uvres de synthse mis notre
disposition par le labeur gnreux dun esprit clair. Par eux nous saisissons dans une vue
densemble, logique et rigoureuse un groupe des connaissances humaines un instant
donn.
Albert CAQUOT
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DEDICACE
A vous mes chers parents ;
A toi mon tendre mari ;
A vous mes chers enfants ;
A vous tous qui mtes chers.
Par le sang,
Par lamour,
Et par la foi,
A tous ceux qui combattent linjustice et qui, par leur vie quotidienne militent pour la paix et
le bonheur chez tous les peuples du monde ;
Je ddie ce travail fruit de mes efforts et de vos soutiens !
NEEMA BAHATI Atosha
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REMERCIEMENTS
Nous voici au terme de notre parcours acadmique aprs avoir pass cinq annes
dtudes au Dpartement des Relations Internationales de lUniversit Officielle de Bukavu.
Cest avec un rel plaisir que nous tenons exprimer travers ces mots notre profonde
gratitude aux personnes qui ont consenti des efforts et sacrifices pour notre formation et
notre parcours acadmique.
Ainsi, nous disons avant tout merci notre Dieu, source de vie et de bonheur, pour
sa bont et sa misricorde, pour avoir guid nos pas et clair notre intelligence durant ces
cinq annes et pour avoir port un regard particulier sur notre existence.
Avec une reconnaissance infinie nous adressons nos remerciements aux autorits
acadmiques et administratives ainsi quau corps professoral de lUniversit Officielle de
Bukavu, spcialement lAssistant MUNENGE MUDAGE Florent qui, malgr ses multiples
occupations sest disponibilis nous suivre de prs dans la rdaction de ce travail et pour y
avoir mis le meilleur de lui-mme. Sans lui ce travail naurait vu le jour.
Nous remercions nos chers parents BAHATI ZIGABE Andr et MUKUZO BORA
Jacqueline .Inspirateurs de nos talents, vous avez seuls le prix de notre ducation et de notre
formation, vous avez peru leur envergure et pourtant vous navez pas cess de nous
encourager dans la recherche du savoir et du bonheur. En aucun moment vous ne vous tes
drobs de vos responsabilits, accomplissant ainsi votre devoir devant Dieu et devant la
socit. Malgr les difficults conjoncturelles que vous avez rencontres, vous avez sacrifi
le meilleur de vous-mme pour faire de nous une femme utile pour nous-mmes et pour la
socit entire. Ce travail est lun des fruits de vos sacrifices.
Nos sentiments damour, de reconnaissance et de gratitude les plus sincres notre
cher poux, Dr. CHISHUGI BARHEZANDI John, pour lencadrement spcial quil nous
accorde en vue dun panouissement social et pour tous les soutiens tant moral, matriel que
spirituel nous apports pour la ralisation de ce travail. A travers lui, nous ritrons notre
attachement et remerciements la famille CHISHUGI BAHIZIRE Fidle et Justine
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NTAKWIGERE qui nous est trs chre ; nous ne savons passer sous silence lamour dont a
fait preuve leur progniture. Nous leur sommes reconnaissantes.
Que nos compagnons de lutte, les amoureux des Relations Internationales ainsi que
nos ami(e)s et connaissances lisent ici lexpression de notre gratitude pour lencouragement,
le soutien et lintrt sous toutes les formes, quils ont port la ralisation ce travail ; ainsi
qu vous tous lecteurs du prsent travail pour lattention, lobjectivit et le soin que vous y
apporterez.
NEEMA BAHATI Atosha
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SIGLES ET ABREVIATIONS
1. ACP : Afrique Carabes et Pacifique
2. AFDL : Alliance des Forces Dmocratiques pour la Libration du Congo
3. AMF : American Minerals Fields
4. BAD : Banque Africaine pour le Dveloppement
5. BM : Banque Mondiale
6. CEEAC : Communaut Economique des Etats de lAfrique Centrale
7. CEMAC : Communaut Economique et Montaire de lAfrique Centrale.
8. CEPGL : Communaut Economique des Pays des Grands Lacs.
9. CIA : Central International Agence
11. CIAT : Comit International dAccompagnement la Transition.
12. CNDP : Congrs National pour la Dfense du Peuple
13. COFED : Cellule dappui lOrdonnateur national du Fonds Europen de
Dveloppement
14. COPS : Comit Politique et de Scurit
15. DDR : Dsarmement Dmobilisation et Rinsertion
16. DIA : Defense Intelligence Agency
17. DSRP : Document de Stratgie et de Rduction de la Pauvret
18. EIC : Etat Indpendant du Congo
19. EUSEC : Europe Scuritaire
20. FAC : Forces Armes Congolaises
21. FADRC : Forces Armes de la Rpublique Dmocratique du Congo
22. FAZ : Forces Armes Zaroises
23. FDLR : Forces Dmocratiques pour la Libration du Rwanda
24. FED : Fond Europen de Dveloppement
25. FMI : Fond Montaire Internationale
26. FRPC : Facilit pour la Rduction de la Pauvret et la Croissance
27. IDH : Indicateur de Dveloppement Humain
28. MIBA : Mines des Bakwanga
29. MLC : Mouvement de Libration du Congo
30. MONUC : Mission dObservation des Nations Unies au Congo
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31. MONUSCO : Mission de lOrganisation des Nations Unies pour la
Stabilisation du Congo
32. MPLA : Mouvement Populaire pour la Libration de lAngola
33. MPR : Mouvement Populaire de la Rvolution
34. NEPAD : Nouveau Partenariat pour le Dveloppement de lAfrique
35. OKIMO : Office dOr de KiloMoto
36. OMC : Organisation Mondiale du Commerce
37. OMS : Organisation Mondiale de la Sant.
38. ONG : Organisation Non Gouvernemental
39. ONU : Organisation des Nations Unies
40. PEG : Programme Economique du Gouvernement
41. PESC : Politique Etrangre de Scurit Commune
42. PESD : Politique Europenne de Scurit et de Dfense
43. PFBC : Partenariat pour les Forts du Bassin du Congo
44. PIB : Produit Intrieur Brut
45. PIR : Programme Intrimaire Renforc
46. PMURR : Programme Multisectoriel dUrgence, Rhabilitation et
Reconstruction
47. PNC : Police Nationale Congolaise
48. PNUD : Programme des Nations Unies pour le Dveloppement
49. PPTE : Pays Pauvres Trs Endetts
50. RCD : Rassemblement Congolais pour la Dmocratie
51. RDC : Rpublique Dmocratique du Congo
52. REJUSCO : Restauration de la Justice en RD Congo
53. RUD : Rassemblement pour lUnit et la Dmocratie
54. RPR : Rassemblement du Peuple Rwandais
55. SADC : South African Development Community
56. SOMINKI : Socit Minire du Kivu
57. UA : Union Africaine
58. UE : Union Europenne
59. UEO : Union Europenne Occidentale
61. UPI : Unit de Police Intgre
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62. URSS : Union des Rpubliques Socialistes Sovitiques
63. UMCN : Union Mondiale pour la Conservation de la Nature
64. WWF : Word Wide Fund
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INTRODUCTION GENERALE
1. Choix et Intrt du sujet
La Rpublique Dmocratique du Congo est un pays de paradoxe, elle recouvre la
plus grande partie du bassin du fleuve Congo, le second au monde par son dbit aprs
lAmazone et le cinquime par sa longueur.
Le pays immense dont lunification administrative et linguistique fut luvre du colonisateur,
vou devenir le premier Etat francophone du globe avec une population denviron
55millions dhabitants en 2003, est aussi le ventre mou de lAfrique.
Depuis lpoque coloniale, la R.D.C. est qualifie de scandale gologique .Elle
possde la moiti des rserves mondiales de cobalt, mtal recherch dans lindustrie
aronautique, dans la production des fibres optiques et dans lindustrie darmement. La
R.D.C. est galement parmi les principaux producteurs du diamant. Elle possde galement le
coltan, mtal qui est utilis dans la fabrication des tlphones mobiles et des ordinateurs,
mais surtout dans lalliage des ttes des missiles anti-blindage, elle est aussi productrice
duranium et important producteur dor pour ne citer que ces quelques mtaux et matires
prcieuses. Ces diffrentes ressources minires ont toujours intress le monde entier qui
continue exploiter sur le sol congolais de gr ou de force.
La R.D.C. a une situation gostratgique au cur de lAfrique et plus
particulirement en Afrique Centrale, ce qui constitue galement un lment qui puisse
susciter la convoitise des puissances trangres soit pour le maintien de la stabilit ou pour le
contrle de la rgion; soit pour la recherche des intrts particuliers.
Ainsi, notre choix de ce sujet sexplique par le souci de faire une lecture et une
analyse du rle de grandes puissances dans la gopolitique de la R.D.C. Nous essayerons de
faire une lecture des diffrentes interfrences des grandes puissances dans la politique de la
R.D.C.
Cette tude revt un triple intrt qui est dabord personnel, scientifique et social.
Sur le plan personnel: en tant que aspirante spcialiste des questions gostratgiques,
cette tude qui constitue le premier pas dans nos analyses des questions gopolitiques,
nous permet de comprendre avant tout la situation dans notre pays pour mieux
comprendre dans lavenir les situations dailleurs.
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Sur le plan scientifique : cette tude apporte une contribution importante en terme de
documentation dans le domaine de la gopolitique et la gostratgie du Congo ; domaines
qui sont souvent vits par les auteurs vu leur complexit et leurs exigences.
Sur le plan social : cette tude invite les dtenteurs du pouvoir en R.D.C. comprendre ce
quont t les cinquante annes dindpendance du pays et les amener ainsi repenser leur
politique de coopration avec les puissances trangres, sous la prime des innovations et
progrs technologiques que le monde connat actuellement, sous celui des avantages que le
pays a de valoriser ses ressources naturelles et enfin du rle que les grandes puissances ont
jou et continuent jouer dans la politique du pays.
2. Problmatique
Comme nombre dEtats africains modernes, le Congo Kinshasa actuel est une
cration de loccident. Les contours de son territoire ont t dtermins par la confrence de
Berlin de 1885 et les consquences de ce partage se font sentir jusqu nos jours. Qui plus est,
les acteurs occidentaux ont jou et continuent jouer des rles dterminants dans la politique
intrieure du pays, soit directement, soit aux travers des organisations internationales. Leur
ingrence ou leur refus dingrence ont t dterminants tout au long de lhistoire1
Depuis la priode coloniale jusqu ce jour; la R.D.C. a toujours t secoue par
plusieurs guerres et troubles qui perturbent la paix et la scurit de sa population, la stabilit
politique des institutions et le dveloppement conomique du pays. Il suffit de penser la
mutinerie de la Force Publique, le 05 juillet 1960, la scession du Katanga le 11 juillet
1960, la scession du Sud Kasa le 09 aot 1960, loccupation par les mercenaires de
Jean Schramme en 1967, aux nombreuses guerres des annes 1967 1970 au Shaba , la
guerre de libration en 1996 et trs rcemment la guerre dite dagression du 02 aot 1998
suivie par plusieurs autres guerres lEst du pays dans les Kivu.
Ces guerres et rebellions ont occasionns plusieurs pertes en vies humaines, en
dtruisant les infrastructures conomiques, sanitaires, environnementales, scolaires,
1 M-F. CROSS, et F. MISSER, Gopolitique de la R.D.C. ; Bruxelles ; Complexe, 2006.
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ouvrant ainsi la voie aux pillages des diverses richesses du pays sans oublier linscurit et
linstabilit des institutions politiques du pays.2
Plusieurs tentatives de rconciliation nationales, la Table ronde de Lopold ville en
janvier 1961, la confrence de Tananarive en mars 1961 en passant par la constitution de
Luluabourg en 1964, la confrence Nationale Souveraine en 1991- 1992, les ngociations du
Palais du peuple en 1993, lAccord de cessez-le-feu de Lusaka de juillet 1999, pour aboutir
lAccord Global et Inclusif du 17 dcembre 2002 Sun City en Afrique du Sud. Aprs les
lections qualifies de correctes par la communaut internationale, les institutions issues des
lections se sont fixes les priorits de poursuivre les initiatives de paix jusqu ce que le pays
retrouve la scurit et la stabilit dont il a besoin pour son dveloppement.
Signalons, cependant que les vnements qui se sont succds en R.D.C. ces
dernires dcennies ntaient pas seulement luvre des congolais et des acteurs rgionaux, il
y a une certaine main invisible des acteurs lointains qui sont des grandes puissances et qui ont
jou des rles assez importants dans la guerre en R.D.C. Qui plus est, ces grandes puissances
ont galement jou des rles dans les initiatives diplomatico stratgiques de la R.D.C.
notamment dans la recherche de la paix et la scurit ainsi que le domaine de dveloppement.
Partant de ces lments danalyse de la situation en R.D.C., nous pouvons nous
poser une interrogation suivante : comment et pourquoi les grandes puissances interfrent
dans les politiques intrieure et trangre de la R.D.C. ?
Comme on peut le voir, une telle problmatique peut reposer sur des hypothses.
3. Hypothses de travail
Comme on peut le constater, le moment est crucial. La chasse croise diplomatique
observe ces derniers temps est certainement un prlude une redistribution des cartes en
Afrique. Gopolitiquement parlant, il y a un signal fort de la R.D.C. sur la scne rgionale et
internationale. Aux dirigeants congolais den prendre conscience et de rebondir. A chaque
courant les occidentaux ont chang de stratgie. Il nest pas question de tolrer que des
intrts privs se bouscules de manire dsordonne et sans vergogne dans ces fameuses
2A. MULUMA MUNANGA, Processus de paix dans lenvironnement post lectoral en R.D.C. , in Congo
Afrique , N405 , Mai 2006 , pp. 171 173.
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zones grises o lautorit de lEtat ne sexerce plus, puis quil y va de la scurit, il
sagit de faire rgner lordre dans les banlieux de la plante.
La R.D.C. a souffert de la convoitise des puissances cause de ses potentialits et de
son rle central en Afrique. Ces puissances ont jou des rles dans les guerres du Congo soit
en tlguidant les acteurs, soit en leurs apportant des appuis politiques et militaires avec
comme raison non avoue une tentative de contrle de ses ressources naturelles et de son
territoire. Toutes les analyses convergentes sur le fait que linvasion de la R.D.C. ne serait
jamais alle sans lappui dcisif entre autre des pays occidentaux dEurope et plus
particulirement des Etats-Unis dAmrique, cest le cas de lappui politique et militaire des
Etats-Unis la guerre en R.D.C.
Ces puissances trangres, dont les Etats Unis, la France, lUnion Europenne, la
Belgique, ont galement jou un rle important prpondrant dans le processus de paix en
R.D.C. lors de la signature de lAccord Global et inclusif de dcembre 2002, lequel rle sest
prolong par la mise en place dun Comit International dAppui la Transition (CIAT).3
A cette poque o lon est en pleine procdure de reconstruction de lEtat en R.D.C., on
assiste plusieurs interfrences des grandes puissances parmi lesquels les EtatsUnis et
lUnion Europenne, qui pour lappui au maintien de la paix, qui pour laide au
dveloppement, Nous noterons ce sujet, le signal dcisif de la relance des relations de
coopration entre les Etats-Unis et la R.D.C., lequel fut exprim dans les propos de la
secrtaire dEtat amricaine Hillary Clinton indiquant, en filigrane; la fin de la paranoa de
stabilisatrice qui a menac lintgrit de la R.D.C. ces dernires dcennies.4
La R.D.C. reoit galement plusieurs aides au dveloppement de la part des EtatsUnis et de
lUnion Europenne.
Pour ces puissances, leurs ingrences dans les affaires intrieures de la R.D.C. se
justifie par le souci de contrle de ce pays continent dont sa stabilit peut influencer la
stabilit de sept pays de ses voisins vue sa position centrale au cur de lAfrique, ainsi que
ses richesses naturelles dont leurs industries ont besoin.
4. Mthodologie
3 R. MINANI BIHUZO, 1990 2007 : 17ans de transitions politiques et perspectives dmocratiques en
R.D.C., Kinshasa, CEPAS/RHODECIC, MEDIASPAUL, 2008. 4 C. KOSISAKA NKOMBE, Les Etats-Unis rajustent leur politique africaine , in le Potentiel(R.D.C.) ,
Kinshasa, le 06 aot, 2009.
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Tout chercheur qui sadonne un travail scientifique doit observer les rgles de la
mthodologie et avoir conscience du but de la recherche, de la nature de raisonnement et de
lexigence dun systme thorique.
Nous galement, pour aborder notre sujet de recherche, nous nous sommes appuyes sur des
mthodes et techniques appropries.
a. Mthode
Dans notre travail nous convoquerons essentiellement les mthodes gopolitiques
appuyes par des approches dialectiques.
La mthode gopolitique
Selon les mots de Franois Thual, la gopolitique est une mthode des situations .
Elle permet didentifier les acteurs, analyser leurs motivations, dcrire leurs intentions,
reprer des alliances en voie de construction soit au niveau local, rgional, continental ou
international.5
Dans cette tude, la gopolitique nous permettra de comprendre que la politique
trangre a cess dtre la dfense des intrts politiques uniquement, de plus elle dpend
aussi des intrts conomiques, lesquels sous-entendent les nouvelles logiques de coopration
entre les Etats.
Elle nous permettra galement de comprendre la volont des grandes puissances de
matriser et de scuriser les ressources, de jouer un rle dterminant dans la politique de la
R.D.C., car disent-ils : qui contrle la R.D.C., contrle toute lAfrique centrale .
Lapproche dialectique
Nous nous sommes servies de lapproche dialectique pour comprendre les enjeux des
relations entre les grandes puissances et la R.D.C. et saisir du mme coup les contradictions
de ces relations.
Nous avons par consquent appliqu les quatre lois de la dialectique, savoir :
- la loi de la totalit : elle nous a permis dtablir la structure des faits pour comprendre la
politique mene par les grandes puissances en la R.D.C;
5 F. THUAL, Gopolitique au quotidien. Apprendre dchiffre lactualit ; Paris ;Dunod ;1993, p.04.
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- La loi de lvolution : elle nous a permis dtablir les diffrentes tapes de lvolution de
cette politique;
- La loi du dveloppement quantitatif : elle nous a permis de comprendre comment chaque
stade de lvolution de cette politique est lev par rapport au prcdent;
- La loi de la contradiction : elle nous a permis de comprendre comment chaque stade de
cette politique nie et contient lautre. 6
b. Technique
Notre cheminement a altern rflexion thorique et travail empirique. Nous ne nous
sommes pas dispenses de faire lconomie de tout ce qui jusqu prsent est sur la
gopolitique de la R.D.C. et les interfrences des grandes puissances. Pour cela, nous nous
sommes appuys sur deux techniques :
la technique documentaire
Comme le dit Maurice DUVERGER : cest sur les documents que les phnomnes
laissent des traces.7 Cette technique nous a permis de collecter des ouvrages et documents
divers relatifs notre sujet de re
la technique de traitement des donnes
Il sagit ici de technique danalyse du contenu qui nous a permis de faire lanalyse des
donnes recueillies au cours de nos recherches.
5. Dlimitation du travail
Tout travail scientifique ncessitant que son champ soit dlimit dans le temps et dans
lespace, le ntre ne peut chapper cette vidence.
a. Dlimitation temporelle
6 M. GRAWITZ, Mthodes des sciences sociales, Paris, Dalloz, 2001.
7 M. DUVERGER, Mthodes des sciences sociales, Paris, Dalloz, 1964 ;pp .03-04.
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Notre tude va de 1990 2010. Lanne 1990 est lune des priodes marquantes de la
seconde moiti du 20me
sicle. Sur le plan international, elle est le tmoin du duopole
amricano-sovitique, mais aussi on assiste au cours de cette anne plusieurs mutations
politiques, conomiques, financires, scuritaires, technologiques, sur la scne
internationale. Pour la R.D.C. cette anne correspond au dbut des transitions politiques qui
ont pris fin par lorganisation des lections instituant la troisime Rpublique.
Lanne 2010 nous intresse parce quau cours de cette anne notre pays totalise ses
cinquante annes dindpendance, ce qui peut amener les responsables actuelles de la
politique du pays faire un bilan sur ce qui sest pass dans le pays pendant des cinquante
annes. Ce travail est donc un de ces bilans.
Disons cependant que nous ne serons pas rigide en ce qui concerne les dates car dans
nos analyses nous serons quelques fois obliges daller au del de cette dlimitation
temporelle.
b. Dlimitation spatiale.
Notre tude porte sur les interfrences de grandes puissances dans les initiatives
diplomatico - stratgiques de la R.D.C.. La Rpublique Dmocratique du Congo constitue
donc le vritable champ spatial de notre tude.
Quant en ce qui concerne les grandes puissances, nous allons prendre le cas des Etats-Unis et
de lUnion Europenne car elles sont reprsentatives des puissances qui sont plus prsentes
dans la politique intrieure de la R.D.C..
6. Difficults rencontres
Les chercheurs sont unanimes sur le fait que la production dun travail scientifique est
le prix dune longue et douloureuse preuve. Nous nous sommes heurtes de nombreuses
difficults ; mais les plus redoutables ont t celles lies la collection des donnes. Nous
nous sommes butes une insuffisance des productions scientifiques relatives notre sujet
dtude disponibles dans nos bibliothques de la place, do nous avons t obliges daller
tlcharger certains ouvrages linternet ce qui nous a valu dnormes moyens financiers. Par
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l il faudra avouer que des difficults dordre social et financier ne nous ont pas permis de
produire un module au temps voulu.
7. Subdivision du travail
Lconomie gnrale de notre travail sarticule autour de trois chapitres, lesquels
sont constitus chacun en deux sections.
Le premier chapitre abordant les considrations gnrales de ltude semploie
clarifier quelques concepts oprateurs avant de donner un aperu sur la gopolitique de la
R.D.C. pour permettre au lecteur de bien comprendre la suite du travail.
Le deuxime chapitre traite des dfis gopolitiques et des initiatives diplomatico -
stratgiques de la R.D.C..
Le troisime chapitre qui incarne le sujet mme de notre travail traite des
interfrences de grandes puissances dans la politique de la R.D.C..
Enfin une conclusion pour rendre effectif notre travail.
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CHAPITRE I. CONSIDERATIONS GENERALES
Section I. CADRE CONCEPTUEL DE LETUDE
1. Le concept de puissance
Equivalent dans lordre politique internationale de ce quest le pouvoir lintrieur
dun Etat souverain; la notion de puissance est un des matres mots de la stratgie et un des
concepts cls des relations internationales; si non son objet central. Mais bien quelle soit un
concept cl dans la thorie raliste, sa dfinition prcise reste un sujet de controverse.
Etymologiquement la puissance peut tre comprise comme le fait de commander, de
dominer, dimposer son autorit. 8
Par extension, elle est considre comme synonyme dEtat et dsigne notamment en droit
international les Etats qui par leur poids dmographique, leurs forces conomique et militaire
jouent un rle dterminant dans la vie politique internationale. Cette dfinition voque dide
de grandes puissances et petites puissances.9
Dans les relations internationales, on a pu distinguer la puissance comme la capacit
dimposer sa volont autrui sur la scne internationale, et le pouvoir comme cette mme
capacit sur le plan interne. Dans tous ces cas la puissance est au moins une capacit
modifier son environnement ou atteindre un objectif.
Le pouvoir exerc par un Etat sur un autre rvle sa puissance. Il sagit donc la fois de sa
force et des moyens de lexercice de celle-ci ; dun tat de fait et dune relation entre au moins
deux acteurs.10
A lorigine de la conception raliste contemporaine de la puissance se trouve Max
Weber ; selon qui, la puissance signifie toute chance de faire triompher au sein dune
relation sociale sa propre volont ; mme contre des rsistances, peu importe sur quoi repose
cette chance.11
8 Le Petit LAROUSSE illustr ; Larousse ; 2006. 9 C. DEBBASH; Lexique de Politique ; 7me dition, Paris, Dalloz ; 2001, p.344. 10 D. ALCAUD et L. BOUVET (dir) ; dictionnaire de sciences politiques et sociales, Paris, Dalloz, 2004. 11 M. WEBER; cit par M-C. SMOUTH ; Dictionnaire des relations internationales, 2me d., Paris, Dalloz , 2006.
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Etudiant de Weber, Hans MORGENTHAU verra donc dans la puissance lemprise dun
acteur sur lesprit et les actions des autres 12
De sa part Raymond Aron la considre comme la capacit dune unit politique
dimposer sa volont dautres units .13
Ainsi dfinie, la puissance comporte deux dimensions :
Positivement : puissance dfensive, elle signifie la capacit dune unit politique de faire
ce quil veut faire comme et quand il veut le faire, de ne pas se laisser imposer la volont
des autres et sa capacit demmener un autre Etat faire ce quil naurait pas fait en
labsence de cette relation.
Ngativement : puissance offensive qui est la capacit dun Etat de ne pas faire ce quil ne
veut pas faire et dempcher un autre de faire ce quil souhaiterait faire, cest la capacit
imposer sa volont autrui.
Surtout, la puissance dun Etat se situe non pas dans labsolu, mais dans linteraction
dans le cadre dune relation dynamique entre deux ou plusieurs units politiques : la
puissance politique nest pas absolue, mais une relation crit Raymond Aron aprs que
Morgenthau ait prcis quil sagit dune relation psychologique entre ceux qui lexercent et
ceux sur qui elle est exerce .
Le fait de concevoir la puissance comme relation entre units politiques nempche pas
les ralistes de lassimiler la plupart du temps ses lments composants ; aux facteurs qui
permettent un Etat dimposer sa volont aux autres.
a. Les lments de la puissance.
Maints auteurs ont numr les lments de la puissance sans que lon aperoive
toujours sils visent la force militaire ou la capacit globale daction, sils se rfrent au
temps de paix ou au temps de guerre. Faute de cette distinction, les numrations semblent
arbitraires, htrognes, sans quaucune liste semble complte ou incontestable.
Par exemple le gographe amricain Spykman Nicolas numre les dix facteurs
suivants : la surface du territoire, la nature des frontires, le volume de la population,
labsence ou la prsence des matires premires, le dveloppement conomique et
12H. MORGENTHAU, Politics among nations, New York, MacGraw Hill, 6me dition ;1993. 13 R. ARON, Paix et Guerre entre les nations, Paris, Calman-Lvy, 2005, pp58-59.
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technologique, la force financire, lhomognit ethnique, le degr dintgration sociale, la
stabilit politique et lesprit national.14
Le professeur Hans Morgenthau, lui, en trouve huit : la gographie, les ressources
naturelles, la capacit industrielle, la population, ltat de prparation militaire, la morale
nationale, la qualit de la diplomatie.15
Rudolf Steinmetz en trouve huit galement : la population, les dimensions du territoire, les
richesses, les institutions politiques, la qualit du commandement, lunit et la cohsion
nationales, le respect suscit et les amitis ltranger et les qualits morales.
Un autre auteur allemand, la veille de la deuxime guerre mondiale, Guido Fisher,
classe les lments de la puissance en trois catgories :
1. Facteurs politiques : position gographique, dimensions de lEtat, nombre et densit
de la population, habilet dorganisation et niveau culturel, types des frontires et attitudes
des pays voisins.
2. Facteurs psychologiques : flexibilit conomique et habilit dintervention,
persvrance et capacit dadaptation.
3. Facteurs conomiques : fertilit du sol et richesses minrales, organisation
industrielle et niveau technologique, dveloppement du commerce et des transactions, force
financire.
Raymond Aron distingue quant lui : le milieu (espace occup par une unit
politique), les ressources (matires premires) et laction collective.16
Ces interventions parmi tant dautres se rejoignent en ce que la varit des donnes
gographiques, matrielles, conomiques et techniques, politiques et humaines, cde
rapidement le pas une hirarchie au sein de laquelle sont de facto privilgies les
ressources objectivement mesurables qui permettent de comparer les Etats entre eux.
Paradigme raliste, cest la force militaire qui est considre comme la source par excellence
de la puissance : selon Morgenthau le fait que la puissance nationale dpende de la force
militaire est si vident quil ne ncessite gure de dmonstration .17
14 N. SPYKMAN., Americas strategy in world politics, cit par Raymond Aron, op. Cit., p.63. 15 H. MORGENTHAU, op. cit ;pp80 et suivantes. 16 R. ARON, op. cit, p. 64. 17 H. MORGENTHAU, op cit., p. 87.
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De nos jours, si le facteur militaire garde bien videmment sa pertinence, on peut
cependant douter du postulat de sa primaut. A limage du facteur espace qui, mis en avant
par lapproche gopolitique des relations internationales na plus ; lpoque des missiles
intercontinentaux et de la Rvolution dans les affaires militaires , le caractre incontournable
quil a pu avoir dAlexandre le Grand jusqu Hitler, le facteur militaire a lui aussi vu son
importance sroder au profit du facteur conomique.
b. Puissance douce et puissance structurelle
Le soft power ou puissance de sduction, de cooptation par opposition au hard power
ou puissance de commandement, de contrainte est lhabilit dun Etat dresser lordre du
jour politique dune manire qui modlera les prfrences exprimes par les autres , la
capacit dune nation de structurer une situation de telle sorte que les autres pays fassent des
choix ou dfinissent des intrts qui saccordent avec les siens propres : plutt que de
reposer sur les lments tangibles de la puissance que sont la force militaire et le poids
dmographique, une telle puissance en douceur sappuie sur des ressources intangibles
telles que la culture, lidologie, les institutions ; limage que donne delle-mme une
socit, la rputation quelle a de servir de modle dans les domaines aussi divers que le
respect des droits de lhomme, le pluralisme politique, la crativit culturelle, linnovation
technologique, lattrait quexercent ses ides.
Quant au structural power oppos au relationnal power , il est dfini comme
la capacit de faonner et de dterminer les structures de lconomie politique globale au
sein de laquelle les autres Etats, leurs institutions politiques, leurs entreprises conomiques
et leurs scientifiques et autres professionnels doivent oprer, manifestement son emprise dans
linfluence diffuse quelle exerce directement sur les individus dcideurs, investisseurs ,
experts, faiseurs dopinions, mais aussi sur les simples producteurs , consommateurs,
pargnants, travers les entreprises, les banques, les mdias, les universits, les club, etc.
Cette puissance structurelle dtermine la faon dont sont satisfaits les quatre besoins
fondamentaux de toute socit que sont la scurit, la production, les finances et le savoir.18
18 M - C. SMOUTH (dir), op cit, pp449 450.
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2. Le concept de gopolitique
Il est difficile de donner une dfinition prcise la gopolitique qui, bien que
rattache aux sciences humaines ne dispose pas des lois gnrales strictement dfinies et ne
peut donc tre considre comme une science. Celle - ci aura dailleurs connu une
interprtation diffrente selon les thoriciens, les pays, les poques. Et si elle nobit pas
des lois gnrales, elle dpend de la combinaison de multiples facteurs : conomiques,
politiques, militaires, idologiques, religieuses, chaque fois diffrents.
La gopolitique nest pas confondre avec la gographie physique ou la gographie
politique ou encore la gostratgie, cette dernire rsultant non pas des rapports entre la
gographie des Etats et leurs politiques, mais des donnes de la stratgie issues strictement de
la gographie physique, conomique et dmographique. Toute fois, les diffrentes analyses
de la gopolitique permettent de dduire quil sagit dune discipline visant tudier les
projets politiques de diffrents acteurs prsents sur la scne internationale en fonction de leur
rapport lespace. Elle concerne donc ltude des multiples influences ( la fois de la
gographie, de la culture, de la socit et de lconomie) qui orientent le comportement
dune nation et le type de relation que cette dernire entretient avec ses semblables.19
Etymologiquement, la gopolitique est dfinie comme ltude des rapports
existants entre les donnes gographiques des Etats et leur politique et qui repose sur le
postulat dune troite corrlation entre elles.20
Dautres auteurs dfinissent la gopolitique comme un organisme gographique ou comme un
phnomne spatial ; cest dire, une terre, un territoire, un espace, ou plus exactement
un pays, cest la science de lEtat en tant quorganisme gographique, tel quil se manifeste
dans lespace.21
19 Y. LACOSTE, (dir.), Dictionnaire de Gopolitique, Paris, Flammarion, 1993. 20 C. DEBBASH., et ali, op cit, p 184. 21 M. FOUCHER; Introduction du sminaire de gopolitique : lanalyse gopolitique et la gographie des crises, Grand Sminaire de gopolitique de lEcole Normale Suprieure ; Master II de gopolitique, Universit Paris I Panthon Sorbonne, Octobre 2007.
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3. Le concept d initiative diplomatico - stratgique
Avant daborder le concept initiative diplomatico stratgique en soi, il se rvle
important de faire brve dfinition des concepts qui le composent, entre autre : diplomatie et
stratgie.
a. La diplomatie
Il nexiste pas une dfinition universelle de la diplomatie. Elle peut tre envisage de
trois faons diffrentes qui sinscrivent dans une certaine approche des relations
internationales.
Dans une perspective dordre international, la diplomatie est la conduite pacifique
des relations entre entits politiques 22
Juge moins coteuse que le recours la violence, moins alatoire que le recours
larbitrage, cette pratique traduit un choix politique en faveur du dialogue. Dans une vision
raliste domine par la logique de comptition entre Etats ; la diplomatie est un instrument
de politique trangre, lart de faire avancer les intrts nationaux par lchange continu
dinformation entre les peuples et les nations. Son but est de changer les dispositions desprit
et les comportements. Cest la persuasion dEtat Etat.
Enfin, si lon considre les relations internationales comme le rsultat dinteractions entre
lappareil public par de l les frontires, la diplomatie est une branche de ladministration
publique spcialise dans les relations avec ltranger. Elle est ne par le besoin des socits
de communiquer et de traiter les uns avec les autres.
Pour dautres auteurs, la diplomatie reprsente lart de reprsentation dun Etat dans
les relations internationales, dans la dfense de ses intrts ltranger et dans les
ngociations avec les autres. Assimile la politique trangre dun Etat, la diplomatie se
comprend comme lensemble des organes et moyens employs pour la conduite des relations
internationales de lEtat.23
La diplomatie est un des instruments que lEtat utilise pour lexcution de sa
politique trangre. La diplomatie se situe sur le plan des relations extrieures des Etats et des
22 H. KEITH et R. LANGHORNE, The practise of diplomacy, Londres, Routledge, 1995. 23C. DEBBASH et ali ;op cit , p.141.
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organisations internationales, des organisations internationales et Etats. Les sujets de droit
international ne peuvent pas vivre isols, replis sur eux-mmes. Ils sont obligs dtablir
entre eux des relations dans beaucoup de domaines dintrts communs. Ils sont aussi
intresss la conduite des affaires lextrieur de leurs frontires et doivent donner une
certaine cohrence cette conduite (Ide dextranit). La diplomatie nexiste que l o il y a
des rapports extrieurs lEtat o lorganisation internationale.
Elle ne peut avoir lieu quentre sujets de droit international qui tablissent entre eux des
rapports volontaires et rciproques.24
b. La stratgie
Comme pour de nombreux termes scientifiques, le mot stratgie (anglais strategy,
Italie strategia) provient du grec strategos (gnral) qui ne comportait pas la connotation
dont il est revtu dans le monde moderne. Les grecs pour dsigner ce que nous entendons par
stratgie employaient lexpression stratgike episteme (le savoir du gnral) ou stratgia
saphia (la sagesse du gnral). Elle signifie ici la direction dune arme en campagne et
correspond la science et lart du gnral. 25
En dpit de cette tymologie, le concept stratgie na gure t utilis en ce sens
grec et en latin. Longtemps, il na t repris dans les langues occidentales que de manire
restreinte pour dsigner la fonction athnienne de stratgie.
A partir de 1876, la stratgie est comprise comme la partie de la science militaire qui
concerne la conduite gnrale de la guerre et lorganisation de la dfense dun pays.
Au 20me
sicle, le terme stratgie a connu une extension sans limite et
paralllement une dilution de sa signification. En dpit de toutes les tentatives plus ou moins
claires et plus ou moins heureuses pour largir le sens du mot stratgie, son emploi le plus
prcis et le plus fiable dans la pratique comme dans ltude des relations internationales reste
celui qui a trait la puissance militaire et ses rapports avec le politique. Il sagit
paralllement de lusage retenu par les diplomates et les militaires.26
24 H. KISSINGER, Diplomatie, Paris, Fayard, 1996. 25 Le Petit LAROUSSE Illustr, Paris, Larousse ; 2007. 26 M-C SMOUTH, (dir), op cit, pp. 514 518.
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Pour Clausewitz, la stratgie tait normative et elle le demeure dans la dfinition
suivante : un art ou un plan (susceptible dtre rvis) qui gouverne la leve, larmement et
lutilisation des forces militaires dune nation (coalition) pour que les fins de celles-ci soient
efficacement poursuivies et atteintes contre un ennemi rel, potentiel ou simplement
prsum.27
La dfinition standard du WebsterThird New International Dictionnary est plus
vaste encore, mais galement prescriptive, la science et lart demployer les forces
politiques, conomiques, psychologiques et militaires dune nation ou dun groupe de nation
en vue dapporter le plus vaste soutien aux politiques adoptes en temps de paix ou de
guerre.28
c. Concept dinitiative diplomatico stratgique
Dans les relations internationales ; les units politiques fires de leur indpendance,
jalouses de leur capacit de prendre seules les grandes dcisions sont rivales par le fait mme
quelles sont autonomes. Chacune ne peut compter, en dernire analyse sur elle-mme. Selon
les mots de Raymond Aron, laction diplomatico stratgique est par dfinition celle qui agit
en fonction de lintrt national, pour ainsi employer le langage des thoriciens des relations
internationales. Toujours pour expliciter ce concept il loppose laction conomique. Il dit
que tandis que la seconde avec un objectif relativement dtermin (bien quil prenne, selon
les circonstances et les personnes, un autre contenu), savoir, la maximisation dune
quantit qui, au niveau le plus lev dabstraction sera appele valeur ; la premire sans autre
caractristique au point de dpart que de se drouler lombre de la guerre et, par suite
dtre contrainte, en raison de tenir compte du rapport des forces.29
Le calcul des forces au quel le diplomate idal peut se soustraire nest ni le premier,
ni le dernier mot de laction diplomatico stratgique. Les amitis et les inimitis un
moment donn ne rsultent pas toutes du rapport des forces. Le diplomate sefforce de
maintenir un quilibre, mais certaines amitis ou inimitis lui sont donnes comme
27 C. Von CLAUSEWITZ, De la guerre, Paris, Grard Challiand, 1999. 28 Cit par Philippe BIYOYA, Notes de cours dInitiation la gostratgie, premire Licence Relations Internationales, UOB, 2008 2009, indit. 29 R. ARON, op. cit. pp98 100.
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irrductibles. Il ne vise pas dabord la maximisation des ressources, il dsire telle position
stratgique. Les units politiques sont en comptition pour la satisfaction damour propre, la
victoire ou le prestige.
Pour clore donc nos analyses sur le concept de laction diplomatico stratgique, il
sied de prciser que cette notion est indtermine et dont la dfinition mme mne des
dbats. Mais nous en retiendrons la dfinition selon laquelle laction diplomatico stratgique
est celle qui agit en fonction de lintrt national lequel est considr comme lensemble des
objectifs poursuivis par un Etat et son contenu varie avec les conditions et ses objectifs
changent selon la politique nationale.30
Section II. APERU SUR LA GEOPOLITIQUE DE LA R.D.C.
1. La position gostratgique de la R.D.C. et son rle en Afrique
a. Un pays au cur de lAfrique
Le Rpublique Dmocratique du Congo recouvre la plus grande partie du bassin du
fleuve Congo, le second au monde par son dbit et cinquime par sa longueur. Ce territoire
est le fruit des tractations entre puissances europennes lors de la Confrence de Berlin de
1885, sur le partage de lAfrique.
Sa superficie de 2.345.000km reprsente plus du quadruple de celle de la France, environ
quatre vingt fois celle de la Belgique et peu prs la taille de lEurope de 25. Ce pays dont
lunification administrative et linguistique fut luvre du colonisateur, vou devenir le
premier Etat francophone du globe avec une population denviron cinquante cinq millions
dhabitants en 2003, qui dpassera bientt celle de la France, est aussi le ventre mou du
continent africain.31
De nombreux pays voisins lentourent : le Rwanda, le Burundi, la
Tanzanie, la Rpublique Centrafrique , la Zambie , le Soudan , lAngola, le Congo
Brazzaville.32
30 R. ARON, op cit, p 103.
31 L. VAN DEN STEEN , sj ; La R.D.C. , lAfrique , le monde, Kinshasa, Ed. Loyola; 1998, p. 8.
32 Idem
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Lengagement dtermin de Lopold II et plutard de la Belgique, conqurir puis
administrer cet espace instaurera jusqu lindpendance en 1960, une stabilit relative entre
coupe par les rvoltes. Mais la dsorganisation de ladministration qui suit le dpart prcipit
des Belges au lendemain de lindpendance et le soutien apport par lex-mtropole et les
compagnies minires aux scessions du Kasa et du Katanga au lendemain de la passation du
pouvoir aux congolais plongeront cet eldorado minier et agricole dans lanarchie.33
De 1960 1967, ladministration centrale instaura le contrle sur la totalit du
territoire que durant de brves priodes, cette fragilit de lEtat congolais sest vrifie encore
par deux fois, en 1977 et 1978 lorsque les allis de Mobutu (Maroc et France) doivent
intervenir au Shaba (Katanga) pour contrer linvasion dex-gendarmes katangais appuys par
lAngola. Par la suite, le contrle de lEtat sur toute ltendue du territoire ne sera que partiel
comme en tmoigne la survivance du maquis de Laurent Dsir KABILA dans les montagnes
du Sud-Kivu de 1967 1985.34
La gographie explique en partie la difficult du Zare de lpoque, entour de neuf
Etats, dfendre ses 9000Km de frontires et empcher les tentatives de mouvements
rebelles hostiles aux rgimes voisins de lAngola, de lOuganda et du Rwanda de se mnager
des sanctuaires sur son sol pour les attaques contre leurs pays dorigine.
Cet Etat affaibli qui est le Congo, occupe cependant une position gostratgique au
centre de lAfrique. Non sans raison, lcrivain Frantz Fanon avait prsent ce pays comme
la gchette du continent . De la stabilit du Congo dpend celle de neuf pays voisins parmi
lesquels deux producteurs importants de lhydrocarbure, le Congo Brazzaville et surtout
lAngola, qui parce quil pourvoit 8% de lapprovisionnement en ptrole des Etats-Unis,
est considr comme une zone dintrt national.
Pour la plupart de ses voisins, la position gostratgique du Congo au cur de
lAfrique ainsi que ses richesses ont largement contribu motiver leur engagement militaire
durant deux conflits qui ont endeuill le pays (1996 -1997, 1998 2003).
33I. NDAYWELL NZIEM., Histoire du Congo. De lhritage ancien la Rpublique Dmocratique, Bruxelles,
Duculot, 1998. 34
I. NDAYWELL NZIEM, op cit ; pp. 580 680.
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b. Un acteur de lintgration en Afrique
La taille du pays ainsi que sa localisation centrale sur le continent explique
galement pourquoi la R.D.C. est un acteur cl de lintgration politique et conomique
africaine, mme sil est encore loin dtre en mesure de jouer pleinement son rle.
Depuis 1976, le Congo Kinshasa est membre, avec deux de ses voisins de lEst,
les deux anciens territoires sous mandat belge que furent le Rwanda et le Burundi, de la
Communaut Economique des Pays des Grands Lacs (CEPGL), dont il hberge le sige de la
Banque Goma au Nord-Kivu.35
Depuis la fin, en 2003, du conflit qui les opposait, les trois
pays tentent de relancer la coopration rgionale.
Lex-Zare est aussi fondateur dune organisation rgionale plus vaste, cre en 1993,
la CEEAC, qui outre la R.D.C. et le Burundi, regroupe lAngola, le Cameroun, la
Rpublique Centrafrique, le Congo Brazzaville, le Gabon, la Guine Equatoriale ainsi que
Sa Tom et Principe.36
Aprs la chute de Mobutu, tout en demeurant membre de ces deux entits rgionales,
pour lessentiel francophone et dAfrique Centrale, le Congo-Kinshasa se tourne vers deux
espaces majorit anglophone. En septembre 1997, il adhre la SADC dont la coopration
recouvre outre les aspects conomiques (nergie, transport, eau), les aspects politiques et
scuritaires. Cet espace comprend la R.D.C., lAngola, lAfrique du Sud, le Botswana, le
Lesotho, la Namibie, le Mozambique, le Swaziland, la Zambie, la Tanzanie et le
Zimbabwe. Ladhsion la SADC se justifie galement par le fait que en raison de la
dtrioration progressive de la voie nationale , la plus grosse partie des exportations
provenant du Katanga est vacue par le chemin de fer vers les ports sud-africains, de
Durban et Port Elizabeth voire par celui de Beira au Mozambique.37
Le Congo-Kinshasa sous la prsidence de Laurent Dsir Kabila accueille le 29 juin 1998
la troisime Confrence dune organisation caractre essentiellement commerciale : le
March Commun de lAfrique Australe et Orientale, plus connu sous lacronyme anglais
COMESA. Il regroupe une partie des Etats membres de la SADC (Angola, R.D.C., Malawi,
35E. MURHULA AMISI , Lavenir du Congo dans la rgions des Grands Lacs :paradoxe autour dune certaine
communaut , in RD Congo, les lections et aprs ?, Paris, lHarmattan ;2006 , p.137. 36
http://www.ceeac-eccas.org 37
T. MARX MICHAEL et C. PEETERS-BERRIES, intgration au sein de la SADC , in D+C Dveloppement et Coopration, n2, Mars - Avril, 1998.
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Maurice, Namibie, Zambie, Zimbabwe, Swaziland) ainsi que Djibouti, Egypte, Erythree,
Ethiopie, Kenya, Madagascar, Ouganda, Rwanda, Seychelles, et Soudan soit 18 pays
membres au total. Cette dernire connat des fluctuations cause de lappartenance de ses
membres plusieurs organisations rgionales.38
Cependant, malgr sa position centrale au cur de lAfrique, la R.D.C. est souvent
considre comme une prsence gnante, elle naurait pas de place dans les structures
rgionales et sous rgionales existantes. Comme le dit le Professeur Philippe BIYOYA, le
principal handicap dans le chemin rgional de la R.D.C. cest son incapacit russir
lintgration interne, faute de projet politique qui vise la construction dune socit nationale
dynamique qui aurait besoin dune rgion stable et dun monde solidaire et pacifique. Par
ailleurs, lintgration conomique africaine souffre de la carence de limpulsion politique que
requiert ce genre dentreprise.39 La R.D.C. ne peut tirer profit de lintgration rgionale quau
sein des structures qui dpendent ou qui dpendraient de la puissance de son conomie
nationale ou de sa vision stratgique comme autre fois la CEPGL ou lancienne Union des
Etats de lAfrique Centrale qui runissait lex-zare, la Rpublique Centrafrique et le Tchad.
Aujourdhui, la R.D.C. apparat, en dpit de ses multiples prsences lEst , au
centre et au sud de lAfrique comme une nation dboussole, une puissance sans encrage
gographique et en qute permanente de point de gravitation, une nation instable et non
comptable, bref, un intrus quand elle nest pas indsirable.
. 2. Les ressources naturelles de la R.D.C.
Stratgique par sa position, la R.D.C. lest aussi par labondance et la varit de ses
ressources naturelles. Cest pourquoi au cours de la conqute, les belges avaient qualifi
juste mesure le Congo de scandale gologique. Il recle non seulement la moiti des rserves
mondiales de cobalt, mtal hautement pris dans laronautique, mais aussi simpose comme
lun des quatre principaux producteurs de diamant avec le Botswana, lAustralie et la Russie.
La rputation mondiale des ressources minires de la R.D.C. pour leur abondance et leur
diversit est reconnue depuis le dbut du 20me
sicle. Le systme colonial a pour son
38http://www.comesa.int
39 P. BIYOYA MAKUTU, Le leadership rgional ou international dpend avant tout et pour tout du bon
fonctionnement des institutions politiques , in Le Potentiel, Kinshasa, le 19 mars 2007.
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bonheur pt mettre en exploitation avec succs les ressources minires qui ont produit les
moyens financiers utiliss aussi bien pour le dveloppement de la mtropole que celui de la
colonie durant cinq dcennies.40
Le Pre Rigobert BIHUZO, dcrit la situation de la R.D.C. lorsquil dit : la R.D.C.
est en Afrique subsaharienne, classe troisime en terme dtendue de la terre arable. Au
niveau mondial, elle est deuxime possder une grande fort tropicale humide et des terres
fertiles, un pluviomtre suffisant, considrable et une varit des ressources minrales . Il
rappelle que dans son histoire, dautres mtaux ainsi que celle du ptrole lui ont procur prs
de 75% des revenus qui lui ont permis de contribuer par exportations au PIB hauteur de
25%.41
a. Les ressources minires
Les richesses de la R.D.C. sont ingalement reparties sur ltendue du territoire
national. Le Katanga, longtemps dcrit comme la province du cuivre, est aussi dtenteur du
cobalt qui lui est souvent associ, du zinc, de germanium et duranium, ainsi que de petits
gisements dor sont situs dans les deux Kasa o se trouvent les grands dpts
kimberlitiques. Les deux Kivu reclent des gisements importants dor, de columbotanlite et
de cassitrite. Des riches dpts alluvionnaires sont situs dans le bassin du kwango
(Bandundu) et dans la rgion de Kisangani. Enfin, lIturi abrite des riches concessions
aurifres, dont la principale est situe Mongbwalu, 80Km de Bunia.42
1. Le diamant
Avec 27, 1 millions de carats expertiss en 2003, reprsentant une valeur de 642
millions de dollars, le Congo est aussi aprs le Botswana, lAustralie et la Russie un
producteur important du diamant. Sa production est estime entre 20% et de 25% de la
production mondiale. Encore que ce chiffre, selon le Centre dEvaluation dExpertise et de
40 Forum de la socit de la R.D.C. : Rvision des contrats miniers en R.D.C.. Rapports sur 12 contrats miniers,
CEPAS, Novembre , 2007. 41
R. MINANI BIHUZO, Problmatique des ressources naturelles en R.D.C.. Etat de lieux et perspectives , in Congo Afrique, N417, Septembre, 2007. 42
M F. CROSS et F. MISSER, op cit , , pp 15-32.
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Certification des matires prcieuses et semi prcieuses (CEEC) cre en 2002, ne tienne pas
compte des fraudes.
Lindustrie du diamant demeure lun des principaux pourvoyeurs en devises du pays
, ses recettes dexportation dpassent de loin celles de toute autre industrie dextraction de
minerai au pays, notamment celles du cobalt et du cuivre. Plus que tout autre produit au
Congo, la richesse que constitue le diamant a jou comme un lment aggravant des deux
conflits (1996 -1997 et 1998- 2003). Ce produit est devenu, en effet lun des principaux
enjeux et le nerf de ces guerres, comme lont dmontr plusieurs rapports de lONU.43
2. Le cuivre
Dans les annes 1980, lex-Zare, dtenteur des rserves de minerais de cuivre dune
haute teneur, rivalisait avec le Chili. Or, en 20 ans ce pays sud amricain a multipli sa
production par sept pour se hisser au premier rang mondial avec 4, 7millions de tonnes,
tandis que la production congolaise a connu une volution inverse, chutant moins de 0, 5%
de la production actuelle du gant chilien. Les causes de leffondrement sont multiples. Elles
dcoulent des ponctions du rgime Mobutu dans la caisse de lentreprise de lEtat
Gecamines, qui a assur jusquen 1997, lessentiel de la production , mais aussi de la
fonction sociale dvolue cette entreprise qui a procur jusquau dbut des annes 1990,
plus de 60% des ressources budgtaires. Aprs la chute de Mobutu, lattribution des
concessions des compagnies minires trangres a laiss augurer une relance de lactivit.
Mais lannulation dune quinzaine des contrats au dbut de lanne 1998, par le
gouvernement de salut public de Laurent KABILA, a introduit une confusion et une
inscurit juridique telles que la plupart des investisseurs trangers ont opt pour lattentisme.
Un mmorandum des travailleurs de la Gcamines envoy au Prsident Joseph Kabila en
octobre 2001 attribuait le dclin de lentreprise lchec des contrats de partenariat avec les
socits trangres.44
3. Lor
43 MANINGA SOLO, Lexploitation du diamant en R.D.C. et son apport sur lconomie nationale. Atelier
Nationale de la socit civile sur la bonne gouvernance et les ressources naturelles et minires de la R.D.C., CEPAS, du 15 au 16 dcembre, 2006. 44
La signature en septembre 1998 dun partenariat entre le groupe Ridge Point Overseas du Zimbabwe en Billy Reatenbach et la Gcamines fut dcrie un contrat lorin par lopposition politique.
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Lor est lun des enjeux de la stabilisation de lEst du pays, et plus particulirement de
la rgion de lIturi, proche de lOuganda et de celle du Sud Kivu. Les rserves situes dans
les concessions de lOffice des Mines dOr de Kilo moto (OKIMO) de Bunia qui couvrent
une superficie quivalente deux fois et demi celle de lancienne mtropole belge, sont
estimes entre 100 et 150 tonnes. Celles de lancienne Socit Minire du Kivu (SOMINKI)
sont du mme ordre de grandeur. Lensemble reprsente, au cours atteint en Avril 2004,
lquivalent de trois milliards de dollars ou 60% du PIB national. Aprs la mise en place du
gouvernement de transition en 2003, on a assist une vritable rue vers la rgion. Certaines
des plus grandes socits aurifres du globe taient dj dtentrices des concessions dans ces
deux rgions.
Au dbut des annes 1990, alors que la production annuelle officielle congolaise tait
estime aux alentours de deux tonnes, le Burundi voisin dpourvu de gisement nen exportait
pas moins une dizaine de tonnes, dont lessentiel provenait de lEst de la R.D.C.
4. Le columbotantalite (coltan)
Le Congo est, de surcrot un acteur sur le march de la columbo tantalite (coltan) ou
nobium , qui entre dans la fabrication des tlphones, des ordinateurs et dans la fabrication
des missiles propres percer les meilleurs blindages. Aprs un boom spectaculaire en 2002,
le cours du coltan a perdu, au dbut de lanne suivante, les deux tiers de sa valeur en dix
mois, en raison dune srie des facteurs , allant de la miniaturisation des tlphones
cellulaires lexcs doffre sur la demande ;d la rcession des industries de la
communication , en passant par la dcision en dcembre 2000 de la Dfense Logistic Agency
amricaine dcouler une partie de son stock stratgique sur le march , et surtout par lentre
en production dune nouvelle mine ciel ouvert en Australie.
En 2003, la production de la R.D.C., qui reprsente peu prs 15% du total
mondial, tait dpasse par celle de lAustralie. Le Congo possde 80% des rserves
mondiales connues de ce minerai. Mais la dtrioration des infrastructures terrestre dans
lensemble du Congo a contribu orienter les flux dexportation essentiellement de contre
bande, vers lEst. Mme aprs la fin de la guerre de 1998 2003, cet tat des choses
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contribue au fait que les fonderies du Rwanda situes Kigali et Gisenyi tournent au moins
pour moiti grce lapprovisionnement en coltan congolais.45
5. Le ptrole : un trsor accapar
Lancien Zare, depuis 1975, est galement un producteur de ptrole
(30.000baril/jour). Les rserves prouves sont situes sur la plate forme littorale
lembouchure du fleuve Congo et sur terre ferme dans la rgion ctire, et totalisaient une
centaine de millions de barils, soit peine dix ans de production au rythme actuel. Elles sont
exploites par la socit Perenco. Paradoxalement, la seule raffinerie dont dispose le pays na
pas t conue pour raffiner le brut national, trop lourd, si bien que le Congo doit importer la
totalit de ses besoins en carburant. La R.D.C. constitue une zone nvralgique cause de
limportance de sa position gostratgique, mais cest aussi grce ses richesses, ses
matires premires successibles de soutenir les conomies des grandes puissances.46
b. Le chteau deau de lAfrique
De tous les atouts pourtant considrables dont dispose le Congo, le plus important est
la richesse hydrographique du fleuve Congo, dans un continent particulirement affect par la
scheresse. Le fleuve Congo est le deuxime en dbit (40.000m3
par seconde) aprs
lAmazone (200.000m3 par seconde). Le fleuve est aliment par des milliers de rivires qui
irriguent un bassin norme dune dimension de 3, 8millions de Km. Ceci fait que la moiti de
toutes les eaux verses dans latlantique provient de ce chteau deau de la R.D.C.. Son rseau
navigable comprend plus de 25.000Km de voies ltat naturel dont prs de 15.000explors et
classifis. Le fleuve Congo et ses affluents constituent une pine dorsale du Congo et un axe
nourricier du pays. Par lui on assure le transport le moins dispendieux. Le fleuve est lune des
voies de communications qui permet des changes massifs des marchandises et des personnes
des cots bas entre diffrentes rgions47
.
45M-F. CROSS et F. MISSER, op cit ; p30.
46 BLANCHARD KOTA, Nouvel ordre mondial. R.D.C., Afghanistan deux zones nvralgiques , in Le Potentiel,
Kinshasa, 12 mars.2010. 47
F. LELO NZUZI et C. TANTU NGINAMAU, les atouts et limites du fleuve Congo face la relance de lconomie post conflit en R.D.C. , in Congo - Afrique, N436, Juin - Juillet 2009.
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Lon comprend donc pourquoi depuis longtemps on se bouscule pour avoir accs
cette source de vie. Cest le cas de la compagnie Italienne Transaqua , qui a ngoci le
march de louverture dun canal qui acheminerait leau du bassin du Congo vers le Sahel. En
2003, cest la compagnie amricaine Saphire Aqua Corporation qui se proposait de
creuser un aqueduc de 2000Km pour amener leau jusquau Soudan ; dautres compagnies
envisageait damener cette eau mme vers lAfrique du Sud. A lheure des changements
vertigineux du climat, on doit sattendre des sollicitations plus que volontaires.48
c. Le poumon de lAfrique
Il est aussi connu que la R.D.C. est classe quatrime en termes dtendue de terres
arables, comme de population. La R.D.C. possde la plus grande fort tropicale humide
dAfrique et la deuxime du monde aprs celle de lAmazonie. Les forts de la R.D.C. (47%
des forts denses dAfrique Centrale et 6, 5% des forts tropicales du monde) couvre un peu
plus de la moiti de ltendue nationale ; elles reclent en outre dimportants puits de carbone
pour la captation de gaz effet de serre, elles influencent galement les caractristiques
climatiques rgionales et locales, et assurent une alimentation en eau essentielle pour une
vaste zone dAfrique. Elles abritent aussi plus de quatre cent espces de mammifres,
presque autant de reptiles, quatre vingt damphibiens, un millier despces de poissons deau
douce, plus dun millier despces de papillon.
La prsentation de cet espace a fait lobjet dun sommet des chefs dEtat du bassin
du Congo pour la prservation des cosystmes forestiers et de la biodiversit en Afrique
Centrale qui sest tenue le 05 fvrier 2005 Brazzaville, en prsence du Prsident Franais
Jacques Chirac. Il a dbouch sur un plan de convergence de 1,3millions deuros et sur
ltablissement dun cadre juridique, technique et financier pour la prservation des forts
du Bassin.
La Belgique, le Canada, la France, lAllemagne, les Etats-Unis, lAfrique du Sud,
le Royaume Unis et lUnion Europenne font partie des membres fondateurs du Partenariat
pour les Forts du Bassin du Congo (PFBC) qui regroupe aussi depuis 2002 outre les
gouvernements de la rgion, lorganisation mondiale des bois tropicaux, la Banque
Mondiale, lUnion Mondiale pour la Conservation de la Nature (UMCN), ainsi que les ONG
48R. MINANI BIHUZO , op cit, p.131.
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qui sefforcent de promouvoir la gestion durable des cosystmes et des ressources naturelles
des forts du bassin du Congo.49
Il est donc temps que la R.D.C. dveloppe elle-mme une lgion des projets
concernant la gestion et la valorisation de la fort tropicale et de sa biodiversit. Ces projets
sont dj en cours un stade avanc dans lhmisphre Nord.50
d. Scandale nergtique
Doublement stratgique, le fleuve Congo et son bassin reclent des potentialits
hydrolectriques les plus importantes du monde. Nombreux pays dAfrique et ceux dailleurs
lorgnent avec convoitise sur les potentialits dInga seul site en Afrique mme de produire
370.000gwatt. Cette potentialit place la R.D.C. quatrime au monde aprs la Chine
(774.000gwatt), la Russie et le Brsil.51
Il reprsente deux tiers du potentiel mondial.
De tous les fleuves, le Congo est le seul prsenter sur son cours infrieur, une pente trs
importante, cela fait du site dInga en aval des rapides, le plus grand gisement dnergie
hydraulique au monde, reprsentant 370.000gwh de puissance ou 44.000Mw dont le faible
cot de production. Quand on sait le rle de lnergie non polluante dans la projection des
projets de croissance conomique du monde, il est ais de deviner lampleur du rle que la
R.D.C. est appele jouer dans lavenir. Le NEPAD lui-mme a explicit plusieurs projets
dans ce domaine.52
. 3. Les relations extrieures de la R.D.C.
Comme nous lavions dj signal ci haut ; comme bon nombre dEtat africain, la
R.D.C. actuelle est une cration de loccident. Les contours de son territoire ont t
dtermins par la confrence de Berlin et les consquences de ce partage se font sentir jusqu
nos jours. Qui plus est, les acteurs occidentaux continuent jouer un rle important dans
lhistoire du pays, soit directement, soit au travers des Nations Unies ou dautres
organisations internationales. Leurs ingrences ou leurs refus dingrences ont t dterminant
49 M C. CROSS et F. MISSER, op cit, p.115.
50 R. MINANI BIHUZO, op cit, P132.
51 R. MINANI BIHUZO, op cit , p133.
52 Projet de cration des autoroutes de lnergie partir dInga, lune des principales stratgies du NEPAD.
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tout au long de lhistoire du pays. Le fondateur de lEtat congolais moderne, le roi Lopold
II, tait parvenu convaincre les puissances europennes de lopportunit de crer un Etat-
tampon qui leur vite un affrontement direct au cur du continent, tout en leur garantissant
un accs aux richesses du pays lors de la Confrence de Berlin de 1885. Mais comme le
rappelle lhistorien belge Jean-Luc Vellut ; laventure qui dmarre avec la cration de lEIC
nest pas uniquement une pope belge, cest aussi une tragdie laquelle sont mls des
britanniques comme Stanley, des italiens et des franais, voire des amricains et des sudois
titre de missionnaires.53
Limportance des richesses du Congo a justifi plusieurs poques lintrt pour ce
pays des puissances occidentales. Le Congo fut un enjeu stratgique durant la seconde guerre
mondiale, en tant que dtenteur de la mine duranium de Shinkolobwe, au Katanga, qui
servit la fabrication des bombes atomiques largues en aot 1945 sur Hiroshima et
Nagasaki.
Durant presque toute la guerre froide, il constituera un fournisseur important de
cuivre et de cobalt du monde libre . Ces raisons stratgiques expliquent les ingrences aux
lendemains de lindpendance des Etats-Unis et de la Belgique pour liminer le Premier
ministre Patrice LUMUMBA qui, pour rduire la scession du Katanga menaait de se
tourner vers lURSS. De la mme manire lengagement des mercenaires et de la Belgique
pour rduire les rebellions, visait aussi contrer le soutien de la Chine et de Cuba, et de
faon gnrale du camp anti imprialiste pour qui, selon lexpression de Frantz Fanon,
le Congo est la gchette qui permettrait de dclancher la rvolution en Afrique .54
Par la suite, de part sa position gographique centrale, le Congo a servi de base
arrire aux tentatives de la CIA pour dstabiliser le gouvernement MPLA Luanda, allie de
lUnion Sovitique. Lenjeu portait dj sur les vastes ressources en or noir de lAngola, qui
ne devaient aucun prix tomber sous la coupe des sovitiques et de leurs allis. Par la suite,
les Etats-Unis ont men une politique schizophrne, laissant leurs compagnies exploiter le
ptrole angolais et verser de substantielles royalties au gouvernement de Luanda, tout en
appuyant lunit de Jonas Savimbi jusquaux accords de Paix en 1991. Pour ce faire, la
53J L. VELLUT, Les mmoires du congo. Le temps colonial, Muse Royal de lAfrique Centrale, Tervuren,
2005. 54
I. NDAYWELL NZIEM, I., op cit, pp. 573 583.
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collaboration du Zare tait indispensable. Cela explique pourquoi, en dpit de tous ses
travers, le rgime de Mobutu a reu un soutien sans failles de la part des Etats-Unis jusquau
lendemain de la chute du mur de Berlin.
Aprs vingt cinq ans dun rgne absolu, totalitaire qui a fait dire que Mobutu avait
endoss lhabit du fondateur de lEIC, lautorit a commenc se dissoudre. Peu peu les
esprits se prparent lavnement dune relve et mme un clatement du pays.55 Des
scnarios de partition sont voqus au Pentagone o lon semble se rsigner leur
inluctabilit. En dfinitive, linitiative est venue en septembre 1996 des acteurs rgionaux
(Ouganda, Rwanda et Tanzanie dabord) dont certains nagure, avaient hberg des
opposants congolais menant quelques petites oprations de dstabilisation aux marges du
Zare. Leur dtermination a t renforce par la non application de la rsolution 1080 du
Conseil de scurit de lONU du 15 novembre 1996, qui autorisait le dploiement dune
force internationale lEst du pays. A partir du moment o larme rwandaise intervient dans
les camps des rfugis et commence les rapatrier, les Etats-Unis considrent que leur
participation une opration visant les protger dun massacre nest plus ncessaire. Tout se
passe comme si Washington avait scell le sort de son ancien partenaire, Mobutu. Les
satellites amricains suivent la progression des troupes des rebelles congolais de lAFDL, et
des militaires ougandais et rwandais, sans communiquer le moindre renseignement Mobutu.
En mai 1997, les rebelles de lAFDL de Laurent Kabila, soutenus par le Rwanda,
lAngola et lOuganda, et dautres allis occidentaux mirent fin au terme dune guerre-clair
de huit mois cette exprience issue de la Confrence Nationale Souveraine.56
Lquation personnelle de Kabila, qui allie de faon insolite le bradage des actifs de son pays
un apptit sans freins et une rhtorique marxiste, va cependant mettre rapidement fin la
lune de miel. La Secrtaire dEtat amricaine, Madeleine Albright rencontre Laurent Kabila
le 11 dcembre 1997 Kinshasa et lexhorte libraliser lconomie, garantir la libert
dassociation et autoriser les activits des partis politiques. Non content de faire une sourde
oreille, Kabila inflige un affront au Prsident Bill Clinton , en refusant de rencontrer son
envoy spcial , Jesse Jackson qui avait rencontr dabord lopposant Etienne Tshisekedi
avant daller voir le Prsident. La dcision, durant le premier semestre 1998, de renvoyer
55M. EKWA bis Isal, sj ; La R.D.C., de la 2
me la 3
me Rpublique. Continuits et ruptures , in Congo-
Afrique, N422, Fvrier, 2008, p.1. 56
C. BRAECKMAN, Lenjeu congolais. LAfrique Centrale aprs Mobutu, Paris, Fayard, 1999.
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chez eux les militaires rwandais et ougandais , suscite de surcrot un conflit peru
Washington comme opposant un partenaire douteux , qui flirte avec la Chine dont lobjectif
dclar est dsormais de se passer du soutien occidental deux allis srs.
Dans ce contexte, pour la seconde fois, dans lattaque dclenche le 02 aot 1998
par le Rwanda et lOuganda qui mettent sur orbite la rbellion du RCD, la lgalit
internationale est bafoue au Congo , la Communaut Internationale , les Etats-Unis en tte
laisse faire.57
Washington poursuit sa coopration militaire avec les deux Etats agresseurs , et
interviendra pour que les troupes rwandaises et ougandaises encercles au Bas-Congo par
larme angolaise, venue au secours de Kabila, puissent sen sortir. Il a fallu lvidence de
lenlisement de la guerre, lchec de rbellion suscit lOuest par les rwandais et les
ougandais renverser Kabila, et lincapacit de la coalition de lEst, comme celle de louest
soutenu par les armes zimbabwenne, namibienne et angolaise avec quelques concours
tchadien et soudanais prendre le dessus dans ce que la secrtaire dEtat amricaine adjointe
pour les Affaires africaines, Susan Rice, a appel la premire guerre mondiale africaine ,
pour que les Etats-Unis et la France embotent les pas la Belgique et dautres pays non
belligrants , la Zambie et lAfrique du Sud afin de faciliter les accords de paix signs
Lusaka en juillet 1999, qui tarderont quatre ans avant dtre mis en vigueur. Ils prvoient
notamment la mise en place dune force de maintien de la paix de lONU pour assurer la mise
en uvre de laccord : la Mission des Nations Unies au Congo (MONUC), actuelle
MONUSCO. 58
Kabila sera assassin le 16 juin 2001 Kinshasa par un militaire attach sa
protection, avec le concours des parrains extrieurs et rgionaux de la crise congolaise.59
Alors que de partout on chafaude un complot pour assassiner Laurent Kabila, la population
dsormais libre de la prsence des troupes rwandaises lui refait confiance. La haine de
loccident contre le Prsident de la R.D.C. finira pour plus dun observateur par en faire un
hros national , son fils Joseph Kabila fut dsign pour succder son pre. Le territoire
congolais sest miett avec la cration de plusieurs composantes politiques (MLC, RCD,
Mai-Mai, ).
57 M - F. CROSS et F. MISSER, op cit, p114.
58 M. BALANDA, Les accords de paix en R.D.C., Kinshasa, Ed. Cherche, 2003.
59 E. NASHI, Pourquoi ont-ils Kabila ? Paris, lHarmattan, 2007, p.54.
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En juillet 2003, a commenc un processus de runification et de stabilisation avec la
mise en place Kinshasa dun Gouvernement dunion nationale. La Communaut
Internationale via lONU et lUnion Europenne, notamment sous limpulsion de la Belgique
qui a financ le Dialogue Inter congolais, na cess de maintenir la pression sur tous les
acteurs congolais et leurs voisins pour faire en sorte que laccord soit appliqu. Les Etats-
Unis, la France, la Belgique, lAfrique du Sud, ont jou un rle prpondrant lequel sest
prolong par la mise en place dun Comit International dAppui la transition (CIAT).60
Avec la fin du processus lectoral, un nouveau chapitre souvre dans lhistoire de la
R.D.C.. Les lections tant qualifies de correctes par la Communaut internationale, la
R.D.C. sest aligne dsormais sur la liste des pays frquentables . Pour sen convaincre, il
suffit de voir le nombre des institutions et missions de haut niveau qui viennent prsenter
leurs civilits aux institutions lues et exprimer leur volont de coopration avec la R.D.C.
soit pour laide au dveloppement, soit pour laide pour la rforme de scurit et la stabilit
du pays. On assiste depuis le dbut de la troisime Rpublique un ballet quasi interrompu
dinvestisseurs la recherche des partenaires conomiques.
Cette section prouve suffisance pourquoi depuis son existence comme entit
gographique, la R.D.C. a souffert des convoitises de la part des puissances cause de ses
potentialits. Chacune cherche maintenir et espace sous son contrle. Au lendemain de son
indpendance, les rebellions et les diffrentes scessions tlguides de lextrieur ont eu
comme consquences linscurit, linstabilit politique ainsi que le retard de dveloppement
du pays. Les deux guerres qua connues la R.D.C. se sont rvles plutard comme une
tentative de composition et de recomposition des alliances gographiques pour faire de la
R.D.C. une sorte despace de libre service.
Mme aprs les lections, la consolidation de lEtat, le progrs de la dmocratie et
lessor de la nation sont fonction de la capacit des gouvernants ayant le pouvoir lgitime sur
le pays contient de relever les dfis majeurs auxquels est confronte la R.D.C. depuis les
annes 1990 et accentus par les deux guerres du Congo par des initiatives diplomatico -
stratgiques.
60R. MINANI BIHUZO, Accompagnement et mobilisation pour laboutissement de la transition, Kinshasa,
RHODECIC, Juillet 2005, p .15.
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CHAPITRE II. DEFIS GEOPOLITIQUES ET INITIATIVES
DIPLOMATICO-STRATEGIQUES DE LA R.D.C.
Section I. LES GRANDS DEFIS GEOPOLIQUES DE LA R.D.C.
Sil est vident que le monde aujourdhui est confront aux grands dfis; la R.D.C.
lest aussi daprs tout. Les grandes puissances de la plante, dont les Etats-Unis dAmrique,
la Russie, lEurope de 27 (avec le point culminant des pays comme la France, lAllemagne et
lAngleterre) ainsi que les pays mergents dont la Chine, lInde, le Brsil, lArabie
Saoudite et lAfrique du Sud se sont retrouvs du 07 au 18 dcembre 2009 dans une
confrence onusienne de Copenhague sur le rchauffement climatique initie dans le but
dviter la
Plante Terre une catastrophe environnement en limitant de ce fait les consquences du
rchauffement climatique61
.
Le plus rcent , le plus visible aussi cest la crise financire mondiale due crise du
crdit qui narrte pas de faire des vagues parmi les conomies de grands pays pourvoyeurs
des capitaux du systme financier international aux consquences nfastes sur les pays en
dveloppement et africains trs pauvres. Les grands dfis pour le Congo daujourdhui et de
demain sont dordre politique, scuritaire, conomique, environnemental et social. Pour
cela, le Congo doit lui-mme crer des conditions qui permettent de prendre en compte son
propre avenir. Le Congo de demain sera limage de ce quil est capable den faire
aujourdhui.
.1. Les dfis dordre politique et scuritaire
La scurit nationale, la dfense de lintgrit territoriale nationale et le respect de nos
frontires hrites de la colonisation demeurent le fondement de la politique de bon voisinage
de la R.D.C., de partenariat conomique international et de solidarit avec dautres nations et
dautres peuples du monde entier. Pour navoir pas donn des garanties suffisantes aux
puissances occidentales sur leur volont de faire de la R.D.C. le point dancrage du
61 Confrence des Nations Unies sur le rchauffement climatique Copenhague (Danemark), du 07 au 18
dcembre 2009.
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capitalisme en Afrique Centrale, Lumumba est mort assassin, plongeant le pays dans une
crise de lgitimit du pouvoir qui dure encore depuis plus de quarante ans.
Outre la dstructuration des forces de scurit, les annes de crise et de guerres (1990-
2003) ont profondment et durablement affaibli lautorit de ltat sur lensemble du pays :
des zones entires chappent au contrle de ltat et lexercice de son pouvoir administratif
au profit des groupes arms trangers ou congolais ; les structures sociales sont trs affectes
par la crise politique et conomique doublement dcennale. Dans un tel paysage, linscurit
est multiforme, allant du manque de garantie pour lintgrit physique des personnes aux
graves violations des droits humains, en passant par le manque de moyens de subsistance. Le
Pays est confront plusieurs dfis dordre politique et scuritaire quil faut tout pris
relever pour prparer le terrain une paix durable et une rforme de la scurit.62
Le premier et le plus important de ces dfis consiste mettre un terme la violence
cyclique dans lEst o il existe une forte interpntration des agendas trangers et locaux