les inégalités en classes préparatoires, par jean-marie vouemba

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EDITION SPECIALE Les inégalités en classes préparatoires : comment les réduire ? Jean-Marie Vouemba Manière de voir Le Monde diplomatique Vers plus dégalité chez les élites ?

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Des mesures pour réduire les inégalités d'accès aux classes préparatoires

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Page 1: Les inégalités en Classes Préparatoires, par Jean-Marie Vouemba

1 Le Monde diplomatique

EDITION SPECIALE Les inégalités en

classes

préparatoires :

comment les

réduire ?

Jean-Marie Vouemba

Manière de voir Le Monde diplomatique

Vers plus d’égalité

chez les élites ?

Page 2: Les inégalités en Classes Préparatoires, par Jean-Marie Vouemba

Sommaire

2 Le Monde diplomatique

p.3 Préambule

p.4 L’Aspect élitiste des classes préparatoires

p.7 Des solutions mies en œuvre pour ouvrir et démocratiser ce milieu

p.12 Des témoignages d’étudiantes vivants ces inégalités

p.15 Conclusion

p.17 Bibliographie

Page 3: Les inégalités en Classes Préparatoires, par Jean-Marie Vouemba

Préambule

3 Le Monde diplomatique

Ce dossier journalistique met avant tout l’accent sur les solutions qui sont mises en place afin

de permettre à des étudiants de milieux dis difficiles de pouvoir bénéficier des mêmes

opportunités que les couches aisés de la société.

Il est important pour moi de remercier les personnes ayant contribué de près ou de loin à mon

accompagnement dans mes études. Et particulièrement les coordinateurs des différents

organismes qui seront présentés dans cet éditorial à savoir Mme Dufour directrice de l’EBI

Cergy et Mr Gérard CPE du Lycée Janson de Sailly à Paris. Ainsi que les intervenants de ces

programmes. Ils donnent de leur temps et de leurs moyens pour que de nombreux étudiants

puissent réaliser leurs objectifs scolaires et professionnels.

Page 4: Les inégalités en Classes Préparatoires, par Jean-Marie Vouemba

4 Le Monde diplomatique

L’aspect élitiste des classes préparatoires

Les classes préparatoires ont souvent pour

réputation de former les élites françaises. Qui

compose alors ces élites ? L’ascenseur social

fonctionne-t-il toujours ?

Figure 1 : Défilé des polytechniciens

source :http://commons.wikimedia.org/wiki/File:Polytechniciens_DSC03265.JPG

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L’aspect élitiste des classes préparatoires

5 Le Monde diplomatique

Un milieu plus difficile d’accès pour certains que pour d’autres On entend parler du milieu des CPGE ou classes préparatoires aux grandes écoles comme d’un milieu élitiste c'est-à-dire d’une institution scolaire visant à favoriser des individus jugés comme étant les meilleurs. Ceci est principalement dû au fait que les CPGE représentent en France un moyen d’accès à un enseignement de qualité, à des écoles prestigieuses et à une carrière professionnelle reconnue.

Il faut savoir que plus de la moitié des élèves de cette filière sélective est enfant de cadres ou de professions intellectuelles supérieurs d’après les chiffres de l’éducation nationale. Ceci a un effet boule de neige dans la société Française puisqu’elle se reproduit alors dans les écoles d’ingénieurs et finalement dans les entreprises, c’est ainsi que l’on y retrouve souvent les mêmes types de profils. Il faut se demander alors s’il est possible à tout le monde d’accéder à ce milieu et si la réponse est « oui », son accès n’est-il pas plus semé d’embuches pour certains que pour d’autres ?

Un phénomène qui dure depuis plusieurs décennies. Dans le livre Les héritiers, les étudiants et la culture datant de 1964, les auteurs Pierre Bourdieu et Jean-Claude Passeron montrent que ce phénomène est déjà présent, à l’époque déjà :

les étudiants issus des classes les plus défavorisées ont moins d’une chance sur vingt d’accéder à l’université quand aux enfants de classes moyennes c'est-à-dire artisans, employés, commerçants, c’est 15 chances sur 100 de poursuivre leurs études.

Par contre pour les cadres moyens un tiers feront des études dans le supérieur, ce chiffre s’étend à hauteur de deux tiers pour les enfants de cadres supérieurs.

Un système remis en cause À ce titre, les classes préparatoires font débats, elles amènent souvent les mêmes personnes aux postes à responsabilités dans les grandes entreprises. Et la question d’une révision de ce système est une question récurrente. Pierre Veltz se demande : « Faut-il sauver les grandes écoles ? » dans son ouvrage du même titre parut en 2008 quand à Vincent Peillon, alors ministre de l’éducation il s’y attaque fermement en 2014 en pointant du doigt le faible pourcentage d’élèves boursiers en classes préparatoires par rapport aux autres établissements d’études supérieurs, il pointe également du doigt les salaires trop élevés des enseignants de ce milieu et cherche à démantelé ce système ceci aboutissant à un bras de fer entre son gouvernement et les enseignants.

Une explication du phénomène Si l’on a vu que les CPGE sont constitués en majorité d’élèves issus de milieux dit favorisés, il faut y voir plusieurs raisons à cela. La réponse la plus évidente serait celle des moyens financiers, un cadre provincial

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L’aspect élitiste des classes préparatoires

6 Le Monde diplomatique

aura plus de facilités à envoyer ses enfants étudier à Paris qu’un ouvrier. Il faut prendre en compte les frais de scolarité pour certains établissements de l’enseignement supérieur auxquels s’ajoutent le coût de la vie et du loyer. Au-delà de cette barrière assez pragmatique, il faut voir d’autres raisons aux disparités sociales en CPGE. Le phénomène de reproduction sociale est omniprésent. J’ai souvent côtoyé des élèves dans ma classe qui ne s’étaient pas retrouvé en CPGE animés par un amour des sciences mais plus par une volonté de leurs parents eux même issus de ce milieu. En leur demandant la raison de leur présence en classe préparatoire, j’ai souvent eu pour réponse que la classe préparatoire était l’alternative à la faculté de médecine. C’est donc l’idée pour ces

étudiants d’une prédestination à faire des études supérieures d’excellence lorsque les parents y ont eu accès afin de continuer le schéma familial. Si l’on a peu d’élèves issus de zones d’éducation prioritaire, communément appelées ZEP, ce n’est pas parce qu’ils n’en ont pas les capacités même s’il faut souligner que leur formation y est moins propice pour accéder aux CPGE. La raison est plus de l’ordre de la communication. J’entends par cela qu’un lycéen de ZEP ou de province sera souvent peu poussé vers le monde de la prépa. On lui dira souvent qu’en prépa il faut vraiment être excellent pour ne pas échouer. Un élève qui n’a pas d’exemple provenant du milieu des CPGE ne pourra se reposer que sur l’avis de son corps enseignant et sera donc plus réticent à risquer l’échec.

Figure 2 : Caricatures Grandes écoles G.Mathieu

Page 7: Les inégalités en Classes Préparatoires, par Jean-Marie Vouemba

7 Le Monde diplomatique

Des solutions mises en œuvre pour ouvrir

et démocratiser ce milieu

Les CPGE veulent changer d’image mais pourquoi et

comment vont-elle y arriver ?

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Des solutions mises en œuvre pour ouvrir et démocratiser ce milieu

8 Le Monde diplomatique

La nécessité d’agir Après avoir établi un bilan de la situation sociale dans laquelle se trouvent les classes préparatoires on voit plusieurs raisons qui justifient un besoin d’agir pour lutter contre ce phénomène d’élitisme. Dans un pays défendant les valeurs républicaines, c’est cette idée d’égalité et de justice sociale que les institutions scolaires essayent de respecter et c’est pourquoi elles tiennent tant à ouvrir les portes des milieux les plus élitistes à tous. C’est également dans un but de mixité et de diversité dans le but de combattre l’élitisme. Ce problème n’a pas l’air si important de prime abord surtout lorsque l’on fait l’amalgame entre élitisme et méritocratie. En effet, à l’instar de l’élitisme, la méritocratie permettrait dans l’idéal à tous ceux qui on les capacités intellectuelles de devenir des élites. Chacun reçoit en fonction de son mérite et non de son origine sociale ou de ses relations individuelles. C’est le meilleur système selon Ben Bernanke économistes et ex-président de la FED même ci se sont

« les personnes les plus chanceuses, en termes de santé physique, de patrimoine génétique,

de soutien familial et de revenus, les plus chanceuses en termes d'éducation et d'opportunités de carrières en retirent le plus de bénéfices » dit-il dans un discours à

Princeton. Ce système a également été plébiscité par nos dirigeants politiques ainsi Nicolas Sarkozy en prône les vertus lors de son quinquennat et met en place les premières cordées de la réussite.

Agir en amont, dans le secondaire C’est donc dans cette optique et afin de montrer que le monde des écoles d’ingénieurs ou de commerces est accessible à ceux qui s’en donnent les moyens que des écoles prestigieuses telles que Polytechniques, Agro Paris-Tech ou l’ESSEC mettent en place des programmes à destination de lycéens. Il est question dans ce type de programme de permettre à des étudiants lycéens de rencontrer des étudiants prestigieux du supérieur et de participer à des ateliers. Ces ateliers sont divers et variés et vont de la culture générale à la communication orale et écrite et ceci durant quelques heures par semaines.

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Des solutions mises en œuvre pour ouvrir et démocratiser ce milieu

9 Le Monde diplomatique

Mon expérience dans un tel programme J’ai moi-même pu bénéficier de ce programme. Ainsi, à raison de trois heures par semaine j’ai pu durant mes trois années de lycée faire des activités d’expression écrite ou orale et de culture générale encadré par des étudiants ingénieurs. J’ai en plus rencontré différents intervenants lors de sessions spéciales à savoir un professeur de théâtre, un avocat, un écrivain, une économiste dans le but de préparer un concours d’expression oral sur le thème de l’indifférence. Et j’ai eu l’opportunité de partir trois semaines en Suède pour un échange linguistique avec des étudiants

étrangers. C’est donc grâce au programme Une grande école pourquoi pas moi ? organisé conjointement entre mon lycée le lycée Galilée à Cergy (95) et l’EBI : école de biologie industrielle de cergy que j’ai pu acquérir un bagage culturel, social et intellectuel indispensable à mon évolution dans mes études. Au-delà des connaissances acquises, ce sont ces idées de partage et de diversité qui sont avant tout mises en avant par de tels programmes car ils permettent aux étudiants n’ayant pas baigné dans un milieu élitiste de pouvoir rencontrer des personnes qui ont réussi, de pouvoir s’ouvrir aux autres, de s’imprégner de cette culture de la réussite et du partage.

Figure 3 et 4 : A gauche lycée Galilée Cergy A droite EBI Cergy Source : www.lyc-galilee-cergy.ac-versailles.fr www.studyramagrandesecoles.com

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Des solutions mises en œuvre pour ouvrir et démocratiser ce milieu

10 Le Monde diplomatique

Le soutien pour les élèves de prépa On a parlé de ce besoin de diversité sociale dans le milieu des CPGE, le but n’est pas de faire changer les statistiques à tout prix afin de montrer de manière hypocrite que les temps ont changé et que désormais les classes préparatoires sont ouvertes à tous. Car même au sein d’une même classe de CPGE les élèves sont souvent inégaux, ils n’ont généralement pas le même bagage scolaire et ceci étant principalement dû à leur provenance géographique. Ainsi, les élèves de lycées secondaires parisiens ou étrangers les plus prestigieux réussissent souvent mieux en début d’année. Et c’est justement le début d’année qui influera le plus pour la suite.

La mise en place de structures visant à soutenir les élèves de quartiers jugés « politique de la ville » ou « zones urbaines sensibles » ayant intégré des classes préparatoires parisiennes est faite dans l’optique de réduire cet écart. Les cordées de la réussite du programme égalité des chances et les internats d’excellence en sont des exemples. L’idée est de proposer à des élèves de classes préparatoires des tutorats dans le but de fournir un soutien évidemment scolaire mais également moral. Le tuteur fait ainsi office de référence pour des élèves voulant réussir mais n’ayant pas eu cet « ancien » qui est passé lui aussi par là et qui peut fournir de précieux conseils.

Figure 5 : Tutorats source : www.laveilleduchangement.com

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Des solutions mises en œuvre pour ouvrir et démocratiser ce milieu

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Un exemple de lycée à l’initiative de ce programme Le lycée Janson de Sailly a Paris à mis en place ce programme. Les 50 étudiants de 1ère et 2e année bénéficient alors 1 à 2 heures de tutorat hebdomadaire avec des étudiants de grandes écoles. Le but est de fournir un soutien scolaire pour combler les lacunes mais également un soutien moral. Les étudiants ont également la présence permanente de deux étudiants de l’école polytechnique effectuant leur service civil et logé dans le lycée ce qui leur fournit un soutien supplémentaire. Sans oublier des stages d’anglais et de Math et de Physique pendant les vacances dispensés par des professeurs ou des étudiants. Auquel s’ajoute un séjour de quelques semaines en Angleterre pour les étudiants en première année.

Figure 6 : Lycée Janson de Sailly source : wikimedia.org

Les moyens financiers et humains mis en œuvres permettent ainsi aux étudiants qui on le courage d’intégrer une classe préparatoire de s’y épanouir et de pouvoir

évoluer dans des conditions propices aux succès. Le foyer des Lycéens de Jean Zay et un internat d’excellence.

Figure 7 : Foyer des lycéens de Jean-zay source : yelp.fr

« L'internat d'excellence s'adresse à des collégiens, lycéens et étudiants motivés, ne bénéficiant pas d'un environnement favorable pour réussir leurs études. Il s’agit de mettre à disposition des élèves qui en ont le plus besoin un établissement innovant dans son fonctionnement et son offre pédagogique et éducative. »

Comme l’explique le ministère de l’éducation nationale, les internats d’excellence permettent d’offrir aux étudiants un cadre idéal pour réussir grâce à la mise à disposition bien souvent d’un CDI au sein même de l’internat et souvent de cours de soutien disponibles à la demande de l’étudiant, sans oublier un suivi effectué par une CPE et un directeur afin de déceler les élèves en difficulté.

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12 Le Monde diplomatique

Des témoignages d’étudiants vivants

ces inégalités

Figure 8 : Salaire source :http://lewebpedagogique.com/

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Des témoignages d’étudiants vivants ces inégalités

13 Le Monde diplomatique

De l’ambition avant tout !

Les trois étudiants présentés ici ont deux points communs à savoir qu’ils viennent tous de banlieue parisienne et de quartiers dits « difficiles » et partagent cette même envie de devenir ingénieur. Louis et Yanis (les prénoms ont été modifiés pour préserver leur anonymat) sont en première année de classe préparatoire, ils habitent respectivement à Etrampes en Essonne et à Garges-Lès-Gonnesse dans le Val-d’oise. Ils font partie du programme des cordées de la réussite du lycée Janson de Sailly à Paris et sont en internat pour leurs études. Ces deux étudiant disent avoir été motivé par le travail en amont des encadrants du programme cordée de la réussite qui visitent des lycées de banlieue Parisienne et sensibilisent les lycéens à faire le pas vers la prépa. Carl, quant à lui est en école d’ingénieur à Paris et habite à Bobigny en Seine-Saint-Denis. Il a fait deux ans de DUT avant d’intégrer son école, il porte un jugement sévère contre les prépas en général que ce soit contre les enseignements dispensés jugés trop théorique ou l’aspect élitiste de ce milieu.

« Une bonne école d’ingénieur ? Un gage de réussite » Après les avoir interrogés sur leur choix de carrière, on comprend vite qu’au-delà d’aimer les sciences c’est la perspective d’une reconnaissance et d’une carrière prestigieuse qui les motive. Pour Louis, la prépa lui permettrait des opportunités inespérées ailleurs, il envisage de faire un double diplôme avec une école de commerce dans une grande école. De même, Yanis vise une bonne école d’ingénieur, il n’a ni été poussé ni aidé à poursuivre des études supérieurs dans ses années lycée et n’a pas dans son

entourage de personne ayant eux aussi effectué une classe préparatoire. Quand on lui parle de la prépa, il se dit très motivé et ne compte pas le temps et les efforts fournis car il ne voit que son

objectif de réussite. Pour Carl « on est loin d’être condamnés à l’échec », il

a toujours été encouragé que ce soit par ses professeurs ou ses proches à continuer ces études dans le supérieur et la motivation porte toujours ses fruits. Il estime cependant que s’il n’a pas intégré une CPGE c’est parce qu’il n’a pas eu la chance de connaitre un programme tel que les cordées de la réussite lui assurant un soutient en cas de difficultés.

Quels sont les difficultés auxquelles on fait face ? Louis et Yanis répondent immédiatement qu’ils ont rapidement remarqué le retard accumulé dans leurs années de lycée par rapport aux autres élèves de prépa, même si Louis estime malgré tout avoir plutôt bien été préparé. Pour Carl la situation est différente, il n’est pas boursier et n’a pas pu prétendre à un logement étudiant, il doit donc faire face à la distance à savoir 1h30 de trajet allez puis la même chose au retour pour se rendre sur les lieux de son école. Il relativise malgré tout car cela lui permet de voir sa famille tous les jours.

Des tutorats jugés indispensables Nos deux élèves de classe préparatoire sont très conscients de la chance qu’ils ont. Ils considèrent que les tutorats dont ils bénéficient sont indispensables et ils ont vu leurs résultats s’améliorer de semaines en semaines. Au-delà du soutient scolaire, Louis considère que les tuteurs sont comme des grands frères qui permettent de les accompagner dans leur

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Des témoignages d’étudiants vivants ces inégalités

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scolarité en leur fournissant des conseils pratiques. Ces deux élèves sont désormais dans la moyenne de la classe. Pour Louis cela lui permet de progresser alors qu’il était parmi les derniers et que ces professeurs s’inquiétaient pour lui. Ces deux élèves expliquent enfin que les cordées de la réussite sont comme une famille, ils se retrouvent ensemble pour manger et le soir pour travailler. Yanis explique qu’il aurait été complètement perdu sans ce programme.

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15 Le Monde diplomatique

CONCLUSION

« Tout groupe humain prend sa richesse dans la communication, l’entraide et la solidarité visant à

un but commun : l’épanouissement de chacun dans le respect des différences »

Françoise Dolto (1908-1988) Médecin, Psychanalyste, personnage médiatique

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L’impact concret de ces initiatives sur ceux qui en bénéficient

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Comment cette aide influe-t-elle sur les résultats des élèves ?

Il est évident qu’avec de tels moyens auxquels s’ajoute un travail régulier de l’élève

ce programme porte souvent ses fruits. Ayant eu la chance de bénéficier de ce

programme, j’ai vu mes résultats s’améliorer. En effet, je n’avais aucun repère sur la

bonne manière de travailler et c’est grâce à ces interventions que j’ai pu apprendre à

optimiser mon temps. Les élèves dont les parents sont cadres ou enseignants du

supérieur bénéficient généralement naturellement de ce soutien. Grâce à ce

programme j’ai eu des résultats que je n’aurais sans aucun doute pas eu si j’avais eu

à travailler tout seul car étant la première génération à avoir intégré le milieu des

CPGE il est souvent difficile de savoir où l’on met vraiment les pieds.

Une idée de continuité

Une des première caractéristique de ces programmes et qu’ils sont basés sur

l’échange. C’est en effet un échange entre ceux qui ont réussi et ceux qui veulent

réussir. Il a été question au début de ce dossier de l’idée de modèle social et c’est

également ce que cherchent à créer les programmes d’égalité des chances. Les

élèves qui en ont bénéficié et qui ont réussi restent souvent plus sensibles au souci

d’égalité.

Ainsi les élèves qui ont été les bénéficiaires du programme des

« cordées de la réussites » se portent souvent à leur tour volontaire

pour être tuteurs. Ils rendent ainsi la « monnaie de leur pièce » et

alimentent ainsi un système qui permet de tendre vers plus de justice

sociale.

Page 17: Les inégalités en Classes Préparatoires, par Jean-Marie Vouemba

Bibliographie

17 Le Monde diplomatique

Page internet

Ministère de l’éducation nationale (www.education.gouv.fr/)

Littérature

BOURDIEU Pierre et PASSERON Jean-Claude (1964). Lest Héritiers, Les étudiants et la Culture,

Minuit, Paris

JANDOT Camille, Né Quelque Part, Manière de voir, Le Monde Diplomatique, PACE 2014

DIETERICH Carole, A chacun selon ses moyens : pourquoi la réussite au mérite est

aussi une forme d’injustice, Atlantico, 6 juin 2013

VELTZ Pierre, Faut-il sauvez les grandes écoles ? De la culture de la sélection à la culture de

l’innovation, Presse de Science Po, 2007

Intervenants

Un remerciement particulier aux intervenants interrogé et à leur contribution à ce travail