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Liberté • Égalité • Fraternité RÉPUBLIQUE FRANÇAISE MINISTÈRE DE LA SANTÉ DE LA JEUNESSE, ET DES SPORTS LES DOSSIERS DE L’IRDS N° 10 - AVRIL 2010 WebDev-FFSA I nstitut Régional de Développement du Sport LA PRATIQUE SPORTIVE POUR LES PERSONNES EN SITUATION DE HANDICAP EN ÎLE-DE-FRANCE La loi du 11 février 2005, dite « loi pour l’égalité des droits et des chances, la participation et la citoyenneté des personnes handicapées » engage l’ensemble des acteurs de la vie civile à s’ouvrir sur le handicap. Il s’agit de créer les conditions d’une égale accessibilité à tous, dans tous les domaines (éducation, emploi, loisirs…). Qu’en est-il dans celui du sport en Île-de-France ? Il n’est plus à démontrer que la pratique d’une activité physique et sportive peut être source de nombreux bénéfices pour les personnes en situa- tion de handicap. Lorsque les conditions néces- saires sont réunies (contexte organisationnel et pédagogie adaptés…), le sport devient un outil efficace dont les effets sont perceptibles tant sur le plan physiologique que psychologique ou social (1) . L’Île-de-France offre-t’elle à ses habi- tants porteurs d’un handicap quel qu’il soit, la possibilité de s’adonner aisément à un sport ? L’IRDS a souhaité dresser un panorama de la situation. Un exercice compliqué à plusieurs titres et notamment du fait de la pluralité du monde du handicap. Les grands éléments de cadrage à la fois quantitatifs et qualitatifs ont cependant été dégagés afin de répondre à quelques questions essentielles : combien y-a-t’il de Franciliens et de Franciliennes concernés par un handicap et parmi ceux-ci, combien pratiquent une activité physique et sportive ? Dans quel environnement ? Quelles sont leurs aspirations ? Quels sont les freins au développement de la pratique ? Quelles sont les pistes d’amélioration envisageables? Combien de personnes en situation de handicap en Île-de-France ? Difficile de répondre à cette question. Les estima- tions de la population handicapée se heurtent à l’absence ainsi qu’à la dispersion des statistiques sur le sujet mais aussi à la multitude de facettes que revêt la notion de handicap (encadré 1). Les données disponibles (2) proviennent de plu- sieurs sources : ministère du Travail, des Relations sociales, de la Famille, de la Solidarité et de la Ville ; ministère de l’Education nationale sur la scolarisation des enfants et adolescents handicapés ; registres de bénéficiaires de presta- tions ; enquêtes de l’Insee. Ces différentes bases d’informations font état de populations qui peu- vent se recouper en partie. Selon l’information retenue, on compte entre 1 et 12 millions de personnes en situation de handi- cap en France. Il existe assez peu de déclinaisons des résultats d’enquêtes sur le plan régional. Quand elles existent, elles sont anciennes (3) ou encore partielles (tranche d’âge, type de handi- cap etc.). (1) Activité physique - Contextes et effets sur la santé. Expertise collective - Synthèse et recommandations - INSERM - 2008 (2) Le handicap en chiffres -2004- CTNERHI, Drees, DGAS, Ministères des affaires sociales, de la santé (3) Une actualisation de l’enquête HID (Handicap, Incapacité, Dépendance) est cependant en cours avec des résultats attendus au 1° trimestre 2010 (collecte des données réalisée fin 2008). Une extension départementale de l’échan- tillon a été réalisée sur les Hauts-de- Seine.

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Liberté • Égalité • Fraternité

RÉPUBLIQUE FRANÇAISE

MINISTÈREDE LA SANTÉ

DE LA JEUNESSE,ET DES SPORTS

LES DOSSIERS DE L’IRDSN° 10 - AVRIL 2010

WebDev-FFSA

Institut Régional de Développement du Sport

LA PRATIQUE SPORTIVE POUR LES PERSONNESEN SITUATION DE HANDICAP EN ÎLE-DE-FRANCELa loi du 11 février 2005, dite « loi pour l’égalité des droits et des chances,la participation et la citoyenneté des personnes handicapées» engagel’ensemble des acteurs de la vie civile à s’ouvrir sur le handicap. Il s’agitde créer les conditions d’une égale accessibilité à tous, dans tous les domaines(éducation, emploi, loisirs…). Qu’en est-il dans celui du sport en Île-de-France?

Il n’est plus à démontrer que la pratique d’uneactivité physique et sportive peut être source denombreux bénéfices pour les personnes en situa-tion de handicap. Lorsque les conditions néces-saires sont réunies (contexte organisationnel etpédagogie adaptés…), le sport devient un outilefficace dont les effets sont perceptibles tant surle plan physiologique que psychologique ousocial(1). L’Île-de-France offre-t’elle à ses habi-tants porteurs d’un handicap quel qu’il soit, lapossibilité de s’adonner aisément à un sport?L’IRDS a souhaité dresser un panorama de lasituation. Un exercice compliqué à plusieurs titreset notamment du fait de la pluralité du monde duhandicap. Les grands éléments de cadrage à lafois quantitatifs et qualitatifs ont cependant étédégagés afin de répondre à quelques questionsessentielles : combien y-a-t’il de Franciliens et deFranciliennes concernés par un handicap et parmiceux-ci, combien pratiquent une activité physiqueet sportive? Dans quel environnement? Quellessont leurs aspirations? Quels sont les freins audéveloppement de la pratique? Quelles sont lespistes d’amélioration envisageables?

Combien de personnes en situationde handicap en Île-de-France?

Difficile de répondre à cette question. Les estima-tions de la population handicapée se heurtent àl’absence ainsi qu’à la dispersion des statistiquessur le sujet mais aussi à la multitude de facettesque revêt la notion de handicap (encadré1).Les données disponibles(2) proviennent de plu-sieurs sources : ministère du Travail, desRelations sociales, de la Famille, de la Solidaritéet de la Ville ; ministère de l’Education nationalesur la scolarisation des enfants et adolescentshandicapés ; registres de bénéficiaires de presta-tions ; enquêtes de l’Insee. Ces différentes basesd’informations font état de populations qui peu-vent se recouper en partie.Selon l’information retenue, on compte entre 1 et12 millions de personnes en situation de handi-cap en France. Il existe assez peu de déclinaisonsdes résultats d’enquêtes sur le plan régional.Quand elles existent, elles sont anciennes(3) ouencore partielles (tranche d’âge, type de handi-cap etc.).

(1) Activité physique - Contextes et effetssur la santé. Expertise collective -Synthèse et recommandations - INSERM- 2008(2) Le handicap en chiffres -2004-CTNERHI, Drees, DGAS, Ministères desaffaires sociales, de la santé(3) Une actualisation de l’enquête HID(Handicap, Incapacité, Dépendance) estcependant en cours avec des résultatsattendus au 1° trimestre 2010 (collectedes données réalisée fin 2008). Uneextension départementale de l’échan-tillon a été réalisée sur les Hauts-de-Seine.

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Pour l’Île-de-France, la fourchette s’établiraitentre 130000 et près de 3 millions de personnes.Il est à noter qu’une forme de consensus sedégage autour d’un taux de 5 % correspondant àla population faisant l’objet d’une classificationd’invalidité. Cependant, la dernière enquête Viequotidienne et Santé réalisée par l’Insee en 2007indique qu’en Île-de-France, environ 7 % de lapopulation vivant en ménage ordinaire considèreavoir un handicap (10 % en France), et 9 % aumoins une limitation fonctionnelle importante(12 % en France(4)).La notion de handicap recouvre des situationstrès disparates. Les personnes peuvent souffrir dedéficiences motrices (13 % de la population),sensorielles (11 %), intellectuelles ou mentales(7 %) ou encore organiques (10 %, problèmescardio-vasculaires ou respiratoires parexemple(5)). Elles peuvent encore cumuler plu-sieurs catégories de handicap (polyhandicap).Ces déficiences sont de gravité variable et entraî-nent des difficultés inégales dans la vie quoti-dienne.Autre point de diversité : l’origine des défi-ciences ou incapacités sont multiples. La situa-tion est par exemple différente entre une per-sonne handicapée depuis sa naissance, une per-sonne qui le devient à 20 ans à la suite d’un acci-dent, une personne atteinte d’une maladie chro-nique (obésité, diabète…), et une personne nona-génaire qui éprouve des difficultés à se déplacer.Selon l’Insee, 12 % des déficiences sont impu-tées à des accidents, et 10 % à des causes «pré-coces» (complications de grossesse ou d’accou-chement, malformations congénitales…). Quantau vieillissement, il est invoqué dans 26 % descas(6). Autant de situations individuelles qui nesont pas neutres pour la pratique sportive et l’of-fre qu’il en est faite.

Combien pratiquent une activitéphysique et sportive?

Jusqu’en 2007, il existait trois fédérations spor-tives spécifiques aux personnes en situation dehandicap : la Fédération française handisport(FFH), la Fédération française du sport adapté(FFSA) et la Fédération nationale des sourds deFrance (FNSA). Cette dernière est rattachéedorénavant à la FFH.- La FFH accueille plus particulièrement les per-sonnes en situation de handicap moteur, lesdéficients sensoriels ainsi que les personnes depetite taille. Le Comité régional Île-de-Francehandisport regroupe 180 associations affiliées.

Au total 43 disciplines de loisir ou de compéti-tion peuvent être pratiquées.

- La FFSA accueille les personnes en situationde handicap mental ou atteintes de troublespsychiques. Le Comité régional regroupe prèsde 70 associations qui proposent également unegrande variété de disciplines.

Certaines associations sportives sont affiliéesaux deux fédérations, chaque sportif souscrivantensuite une licence à la fédération qui gère sonhandicap.Il existe également des sections handisport ousport adapté au sein des clubs ordinaires(8). Lessportifs ont le plus souvent une double affilia-tion : à la Fédération handisport ou sport adaptéet à la fédération de rattachement du club. Oncompte 66 sections de ce type dans le handisportsoit 47 % de l’offre contre une vingtaine pour lesport adapté (31 %).Des personnes en situation de handicap prati-quent aussi au sein de clubs ordinaires sans êtreaffiliées à l’une des fédérations spécifiques.

N° 10 - AVRIL 2010

LA PRATIQUE SPORTIVE POUR LES PERSONNESEN SITUATION DE HANDICAP EN ÎLE-DE-FRANCE2

(4) « Limitations dans les activités et sen-timent de handicap ne vont pas forcé-ment de pair. », Enquête Vie quotidienneet santé, Insee première n° 1254,août 2009(5) « Le handicap se conjugue au plu-riel », Insee Première, n° 742, octo-bre 2000 (exploitation enquête HID)(6) Idem(7) Classification internationale du fonc-tionnement, du handicap et de la santé.(CIF 2001, CIH-2).(8) «Ordinaire » s’emploi par opposition aun milieu spécialisé dans l’accueil depersonnes en situation de handicap.

Le handicap : quelle définition?La notion de «personne handicapée » estapparue pour la première fois dans la loi du23 novembre 1957 relative aux travailleurshandicapés. Elle a ensuite été reprise dans leslois du 30 juin 1975 (loi d’orientation en faveurdes personnes handicapées) puis plus récem-ment du 11 février 2005 (loi pour l’égalité desdroits et des chances, la participation et lacitoyenneté des personnes handicapées).Pour cette dernière, « constitue un handicaptoute limitation d’activité ou restriction de par-ticipation à la vie en société subie dans sonenvironnement par une personne en raisond’une altération substantielle, durable ou défi-nitive d’une ou plusieurs fonctions physiques,sensorielles, mentales, cognitives ou psy-chiques, d’un polyhandicap ou d’un trouble desanté invalidant ».Cette définition se rapproche de celle(7) donnéepar l’Organisation mondiale de la santé, quiconsidère que le handicap est le produit del’interaction dynamique entre un problème per-sonnel de santé et des facteurs environnemen-taux.À ces trois grandes familles de handicap : phy-siques (sensorielles, de la parole et motrices),mentales (intellectuelles et psychiques) et cog-nitif (trouble du langage, des apprentissages,illettrisme…), peut venir s’ajouter celle du han-dicap social qui touche les personnes en situa-tion d’exclusion pour des raisons qui ne relè-vent pas du domaine de la santé stricto sensu :niveau d’instruction, âge, origine sociale, cul-ture, langue…

La notion dehandicap recouvre

des situationstrès disparates.

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LA PRATIQUE SPORTIVE POUR LES PERSONNESEN SITUATION DE HANDICAP EN ÎLE-DE-FRANCE 3

Enfin les adultes ou enfants accueillis dans desétablissements spécialisés bénéficient parfoisd’activités sportives. Cette pratique est dans cer-tains cas mise en place avec l’aide des Comitéshandisport ou sport adapté.Ainsi, de la même manière qu’il est difficiled’évaluer précisément la population en situationde handicap, le dénombrement de ceux qui prati-quent une activité sportive reste un exerciceapproximatif.

Un peu moins de 5000 licencesspécifiques délivrées en Île-de-France

En 2008 les fédérations dédiées aux personnesen situation de handicap ont délivré 4 836licences (hors ATP(9)) en Île-de-France.La pratique des personnes en situation de handi-cap physique est plus important que celle despersonnes en situation de handicap mental : ellereprésente 3130 licences, soit 65 % des effectifs.Cette situation est relativement atypique. Dansbeaucoup de régions (17 cas sur 22), c’est eneffet l’inverse qui se produit. Sur l’ensemble dela France, la Fédération du sport adapté repré-sente près des deux tiers des licences (hors ATP).Les associations sont généralement de petitetaille : 21 licenciés par club en moyenne pour lehandisport, 27 pour le sport adapté (contre 90 enmoyenne tous sports confondus en France). Lesclubs les plus importants sont dans bien des casdes associations adossées à des établissements

d’accueil de personnes en situation de handicap.Là, la demande est concentrée et bénéficie de lalogistique en place (transport, personnel accom-pagnant).Les « licences cadres» destinées aux bénévolesqui gèrent les activités sportives, sont particuliè-rement nombreuses. La pratique handicapéenécessite en effet un taux d’encadrement généra-lement supérieur à la pratique ordinaire. Lesassociations franciliennes handisport comptenten moyenne 6 licences dirigeantes par club pourune moyenne de 21 licences par club. Pour lesassociations du sport adapté c’est un peu moins :4 licences par club, pour une moyenne de 27.La pratique féminine représente un petit tiers deslicences au sein du handisport, comme du sportadapté. Cette représentativité est légèrementsupérieure à celle des fédérations sportives olym-piques (28 %) mais nettement inférieure à celledes fédérations multisports (environ 53 %(10)).

(9) ATP (autres titres de participations) :toute autre forme d’adhésion que lalicence, le plus souvent dans le cadred’une pratique ponctuelle ou de courtedurée.(10) « Les licences et les clubs des fédé-rations sportives agréées en 2007», STATInfo, n° 09-01, juin 2009, ministère de laSanté et des Sports.

0500

1 0001 5002 0002 5003 0003 5004 0004 5005 000

FFSA FFH EnsembleSource : Minsitère de la Santé de la Jeunesse et des Sports - MEOS

Nombre de licences 2008 par fédération

Une demande croissante enfaveur des sports de nature.D.

Echelard-FFH

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LA PRATIQUE SPORTIVE POUR LES PERSONNESEN SITUATION DE HANDICAP EN ÎLE-DE-FRANCE4

La population licenciée est plus âgée que dansles autres fédérations. Que ce soit dans les asso-ciations handisport ou sport adapté, les troisquarts des licences sont détenues par des plus de18 ans alors que dans les clubs ordinaires, unelicence sur 2 est délivrée à des pratiquants demoins de 20 ans(11). Cette situation s’explique enpartie par le fait que la proportion de personnestouchées par un handicap croît avec l’âge (mala-dies, troubles du comportement, accidents).La répartition géographique des structures d’ac-cueil est centralisée en ce qui concerne le handi-sport : Paris et la petite couronne rassemblent67 % des licenciés. Ce sont essentiellement lacapitale et le département des Hauts de Seine quidisposent de l’offre la plus développée (avec,dans une moindre mesure le val de Marne) : envi-ron 45 % des structures d’accueil y sont concen-trées. On notera toutefois le poids important dunombre de licences dans le département desYvelines lequel se démarque des autres degrande couronne.La répartition géographique est un peu plushomogène pour ce qui relève du sport adapté. Lazone dense concentre la moitié des licenciés,mais l’offre reste globalement moins importantesur l’ensemble du territoire.Cette répartition s’explique par le nombre méca-niquement plus important de personnes en situa-tion de handicap à satisfaire dans les grandesvilles(12). Dans les zones rurales la demande estmoins forte et surtout plus dispersée avec des

équipements parfois trop éloignés. Ce phéno-mène s’explique également par l’organisationspatiale de l’offre en établissements d’accueilpour adultes et enfants handicapés dans larégion.

La populationlicenciée est plusâgée que dans lesautres fédérations.

CD 93 CD 77 CD 95CD 91CD 94 CD 78CD 92CD 750

100200300400500600700800900

1 000

Répartition du nombre de licences handisportpar comité départemental, 2008

CD 92 CD 95CD 78 CD 91CD 93CD 75 CD 94 CD 770

100

200

300

400

500

600

Source : Comité sport adapté

Évry

Melun

Paris

Cergy

Créteil

BobignyNanterre

Versailles

Sources : Comité régional Île-de-Francehandisport / Saison 2008-2009Traitement : IRDS

Association handisport :

section en club ordinaire

association d’établissement

club

Nombre de licenciés :

entre 25 et 50

entre 10 et 25

moins de 10

plus de 50

0 10 km

(11) « Les licences et les clubs des fédé-rations sportives agréées en 2007». - op.cit, 2009(12) On peut y ajouter le fait que, 2 per-sonnes handicapées sur 3 vivent enmilieu urbain. Source Insee enquête HID98.

Répartition du nombre de licences sport adaptépar comité départemental, 2008

Source : Comité handisport

L’offre en associations sportivespour les personnes en situation de handicap moteur,

sensoriels ou de petite taille

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LA PRATIQUE SPORTIVE POUR LES PERSONNESEN SITUATION DE HANDICAP EN ÎLE-DE-FRANCE 5

Une pratique licenciée à développer

Il est d’autant plus difficile d’évaluer la part de lapopulation handicapée qui pratique un sport queles chiffres de populations handicapées se révè-lent approximatifs. Néanmoins, en se basant pourcette dernière sur un taux équivalent à 5 % de lapopulation, le taux de pénétration de la pratiquesportive au sein de la population handicapée fran-cilienne se situerait autour de 8 pour 1000. Untaux très inférieur à la moyenne nationale(15 pour 1000). L’Île-de-France se classant au 19e

rang des 22 régions françaises.Ces estimations sont elles fiables? Les enquêtesnationales dont nous disposons semblent indi-quer des taux de pratique plus importants qui res-tent malgré tout systématiquement inférieurs auxévaluations en population générale, particulière-ment chez les femmes. Les hommes déclarantune ou plusieurs déficiences mais vivant à domi-cile, seraient 40 % à pratiquer régulièrement unou plusieurs sports contre 32 % pour lesfemmes(13). Les personnes hébergées en institu-tion présenteraient des taux de pratique infé-rieurs de 3 à 5 points selon le sexe. La pratiquesportive régulière, toutes populations confonduess’élève à 55 % chez les femmes et 65 % chez leshommes(14).Est-ce à dire que les associations spécifiques neréunissent qu’une part relativement faible dessportifs handicapés? Il est probable qu’un cer-

tain nombre de personnes qui présentent une ouplusieurs déficiences pratiquent au sein d’asso-ciations ordinaires ou bien en dehors des associa-tions, de manière autonome.Ces résultats mettent encore une fois en cause laquestion de la définition du handicap.L’exploitation de l’enquête HID dont on livre leschiffres ici concerne des individus touchés par aumoins une déficience motrice – y compris légère– soit plus de 8 millions de Français. Cette popu-lation regroupe des personnes connaissant desdéficiences importantes, telles que des grandesparalysies (tétraplégie, paraplégie etc.), maiségalement des déficiences plus modérées, liéesaux rhumatismes ou encore à l’arthrose(15). Àpriori, ces dernières ne se tourneront pas vers unefédération spécifique pour pratiquer une activitéphysique et sportive. Elles sont donc difficile-ment identifiables.

Une offre insuffisamment attractive?

Le chiffre francilien relativement faible de 4836licences masque donc très certainement une pra-tique en réalité plus étendue. Il constitue toutefoisun indicateur de la difficulté qui existe à dévelop-per l’offre et appelle en creux à une meilleureadaptation à la demande. Si, chez les «valides»,l’extension de la pratique est de nos jours en par-tie conditionnée au développement d’une offre

(13) Marcellini A., Banens M. La pratiquesportive des personnes handicapées :combien de pratiquants et qui sont ils ?in Pratiques sportives et personnes han-dicapées en France, exploitation de l’en-quête HID (Institutions 1998 et Domicile1999) - Université de Montpellier 1,2003.(14) Les pratiques sportives en France -Enquête 2000, Ministère des Sports,INSEP - 2002.(15) Insee Première. Le handicap seconjugue au pluriel - n° 742 octo-bre 2000.

Évry

Melun

Paris

Cergy

Créteil

BobignyNanterre

Versailles

Association sportive :

section en club ordinaire

association d’établissement

club

Nombre de licenciés :

entre 25 et 50

entre 10 et 25

moins de 10

plus de 50

0 10 km

Sources : Comité Île-de-Francede sport adapté / Saison 2008-2009Traitement : IRDS

Le nombrerelativement faiblede licences masqueune pratique plusétendue.

L’offre en associations sportivespour les personnes en situation de handicap mental,

ou atteintes de troubles physiques

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LA PRATIQUE SPORTIVE POUR LES PERSONNESEN SITUATION DE HANDICAP EN ÎLE-DE-FRANCE6

plus ludique et moins compétitive, il est fort pro-bable que le même phénomène s’observe chez lespersonnes en situation de handicap.Cela semble confirmé en tous les cas dans lehandisport. Le Comité recense près de 3200licences auxquelles il convient d’ajouter environ1800 adhérents qui ne participent à aucune com-pétition et n’ont donc pas de licence « fédérale».En outre, le Comité note très clairement unedemande croissante en faveur des sports denature, des sports de «sensation» (parachutisme,ULM, ski, plongée…). Il en va de même desclubs qui proposent des disciplines avec les-quelles le Comité n’a pas l’habitude de travailler(handball, badminton…), ces disciplines n’étantpas représentées dans les grandes compétitionshandisport. Le Comité doit donc s’adapter à unedemande nouvelle, multiforme, à laquelle il n’estpas toujours préparé.

L’analyse est différente en ce qui concerne lesport adapté. En effet, il est généralement pluscomplexe pour les personnes présentant un han-dicap psychique ou intellectuel d’exprimer unedemande, du moins pour les handicaps les pluslourds. En outre, l’influence de la famille ou del’entourage professionnel est souvent forte et ledésir de la personne handicapée difficile à appré-cier.

La Fédération du sport adapté a estimé pour les22 régions de France métropole un taux de péné-tration(16) de la pratique sportive licenciée handi-capée équivalent à 5 %. Ce taux est calculé enrapportant le nombre de licences pour une annéedonnée au nombre de personnes(17) en situation dehandicap intellectuel et psychique recensé dansles établissements d’accueil spécialisés. Lesrésultats obtenus montrent que l’Île-de-France se

situe dans les dernières puisque ce taux est de11 % sur l’ensemble de la France.Quelle que soit la statistique retenue, les résultatslaissent à penser que l’Île-de-France a encore duchemin à faire dans l’accueil des personnes ensituation de handicap au sein des associationssportives.Néanmoins, il convient de relativiser ce bilan. Eneffet, chez les «valides» l’Île-de-France présenteun taux de pénétration de la pratique licenciéesystématiquement inférieure à la moyenne natio-nale. Toutes disciplines et fédérations confon-dues, elle comptabilise 195 licences pour 1000habitants contre une moyenne de 237 au plannational. Cette situation peut s’expliquer par desraisons structurelles, liées à la métropolisationrégionale(18) ainsi qu’à un relatif déficit d’équipe-ments sportifs dans les communes. En Île-de-France, la pratique sportive licenciée s’avère pluscompliquée à développer qu’ailleurs.

Des évolutions en cours(19)

Des changements s’opèrent depuis quelquesannées et des points positifs méritent d’êtresignalés. En 7 ans, de 2000 à 2007, le nombre delicences s’est accru en moyenne de 3,3 % par an,soit un taux annuel légèrement supérieur à celuirencontré sur le plan national (2,7 %). Au coursde la même période le nombre de licences desfédérations non spécifiques a cru moins rapide-ment : 1,6 % en moyenne par an.

Les deux comités franciliens sont entrés depuisenviron 3 à 4 ans dans un processus nouveau dedéveloppement, particulièrement celui du sportadapté dont l’activité était en recul(20).La loi du 11 février 2005 pour l’égalité des droits

Les deux comitésfranciliens sont entrés

depuis peu dansun processus nouveau

de développement.

(16) Alain Dejean, CTR sport adaptéJeunesse et sports - Midi-Pyrénées(17) Il s’agit plus exactement d’un nom-bre de places installées.(18) Mouvements migratoires importants(nombreuses arrivées de jeunes adultesmais départ des jeunes familles et desretraités) ; temps passé dans les dépla-cements (éloignement domicile/travail)etc.(19) Entretiens avec Mmes Marie PauleChampetier et Emilie Laissus (Comitérégional sport adapté), M. Alain Siclis(Comité régional handisport),M. Sébastien Homo (DRDJS).(20) Le Comité francilien était dans unesituation critique il y a 4/5 ans (essouf-flement des bénévoles en place et diffi-culté de renouvellement). Il a bénéficiéd’un DLA en 2007 (dispositif local d’ac-compagnement) en lien avec la DRDJS.Ce dispositif est destiné à soutenir l’acti-vité et l’emploi dans le secteur associatif,il se base sur un diagnostic partagé de lastructure et de ses activités suivi d’unplan de consolidation. L’arrivée d’un CTNde la fédération à mi temps a permis éga-lement de relancer le comité. Enfin, uneconvention partenariale a été signée en2005 avec le Conseil régional d’Ile-de-France avec à la clé une subvention enfaveur du développement de la pratique.

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2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007

Ensemble des fédérations en ÎdFFédérations spécifiques en ÎdFFédérations spécifiques en France

Taux de pénétration* par région de la pratique sportiveau sein de la population handicapée mentale et psychique accueillieen établissements spécialisés

Rythme d’évolution du nombre de licencesselon le type de fédération en Île-de-franceet en France depuis 2000 (Base 100)

* Nombre de licences (2008) pour 100 places dans les établissements (au 01/01/2007)Sources : FFSA, Statiss 2008 Drass et Dress

Lecture du graphique : pour 100 licences dans les fédérations spécifiques en2000, l’Île-de-France en compte 125 en 2007 contre 121 en France et 112dans les fédérations non spécifiques franciliennes.Sources : Ministère de la Santé et des Sports - MEOS

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et des chances, la participation et la citoyennetédes personnes handicapées est en grande partiel’élément déclencheur. Les grands axes définispar le législateur obligent en effet tous les acteursde la vie civile (collectivités territoriales, ser-vices de l’État, partenaires associatifs etc.) às’engager dans une logique d’ouverture sur lemonde handicapé(21). Les mesures et actions quise mettent en place ont pour but de faciliter l’ac-cès de chaque personne handicapée à l’éduca-tion, à l’emploi, aux loisirs… et leur permettreune égale accessibilité en matière de logement,de lieux publics, de transports…Dans ce contexte général, deux grands axes dedéveloppement ont prédominé ces trois dernièresannées au sein des deux comités : le déploiementsystématique des activités physiques dans lesétablissements accueillant des personnes handi-capées ; l’augmentation des possibilités d’inté-gration, pour les personnes qui en ont les capaci-tés, dans les clubs sportifs de leur choix.Le dispositif «emploi Staps(22) » initié en 2006dans le cadre du Plan national pour le développe-ment du sport est venu en appui et a fortementcontribué à la structuration des deux comités etau développement de leurs activités(23).

Le développement de la pratiquesportive au sein des établissementsspécialisés

Les emplois Staps ont eu pour mission d’appro-cher les établissements d’accueil pour jeunes(24) ouadultes handicapés afin de leur proposer de déve-lopper pour les résidents la possibilité d’accéder àune pratique sportive. Quelques établissements(25)

offraient déjà cette possibilité, mais globalementun travail important restait et reste à faire sur larégion. En effet, les structures médico-socialesaccordent, sauf exceptions, peu de place aux acti-vités physiques et sportives dans le projet de viedu résident. Quelques établissements réserventdes créneaux en piscine quand l’offre à proximitéle permet. L’accès aux bassins se fait générale-ment sur des temps qui leurs sont réservés. Biensouvent, ce mode de fonctionnement est voulupar le gestionnaire de l’équipement en réponse àla clientèle grand public qui accepte difficilementla mixité.La plupart des établissements «démarchés» ontreconnu les bienfaits des actions développéesauprès de leurs pensionnaires, tant sur le plan dela santé (lutte contre la sédentarité) que sur leplan psychologique ou social. Des responsablessont allés jusqu’à intégrer ces activités dans leur

projet d’établissement. Certains ont créé leurpropre association sportive affiliée à l’une oul’autre, voire aux deux fédérations spécifiques etont salarié à ce titre « l’emploi Staps» (une quin-zaine au total sur les deux comités). D’autres ontadhéré à une des associations sportives relaismises en place par les comités à cet effet.Quelques uns restent plus réticents et se retran-chent généralement derrière des difficultés bud-gétaires - obstacle réel - mais pas incontournable.Les comités soulignent en effet l’important tra-vail de sensibilisation à mener auprès des direc-teurs mais aussi du personnel médico-socialquant à l’apport des pratiques sportives et de loi-sirs pour le développement et le bien être de lapersonne handicapée. Ceci afin que les choixbudgétaires ne se fassent pas systématiquementau détriment de cet aspect de la vie du résident.Les deux comités ont par ailleurs consolidé, audelà du dispositif initial qui s’achevait fin 2008,entre trois et cinq «emplois Staps» chacun enCDI pour une durée de 4 ans avec l’aide publiquedans le cadre du Plan de pérennisation de cesemplois(26). Ils ont pour mission, entre autres, depoursuivre le développement de la pratique spor-tive auprès des établissements d’accueil. Lesprestations se développent dorénavant contrerémunération auprès des établissements car audelà des 4 ans c’est l’activité générée par le sala-rié qui devra être la source principale de finance-ment du poste.

Le développement de la pratiquesportive en milieu ordinaire

L’intégration en milieu dit ordinaire est un desprincipes fondateurs de la loi de 2005. Permettreaux personnes handicapées d’accéder à une pra-tique sportive au sein des clubs valides s’inscrittotalement dans ce principe. Rappelons toutefoisque le mouvement d’exploration de l’associationsportive ordinaire comme espace possible d’inté-gration sociale des personnes déficientes n’estpas nouvelle. Ce courant remonte en France auxannées 80(27).Des sections handisport ou sport adapté sontdonc implantées dans des associations sportivesdéjà en place. Les fédérations ont développé desformations délivrant des certificats ou attesta-tions de qualification(28) à destination des per-sonnes détentrices d’un diplôme professionneldu champ sportif souhaitant accueillir et enca-drer des personnes en situation de handicap(29).Créé en 1998, le Certificat de qualification han-disport atteste d’une volonté d’insertion des han-

(21) Cette loi s’inscrit elle même dansune politique européenne visant à fairede l’égalité des chances une réalité pourles personnes handicapées - cf. Pland’action de l’UE en faveur des personneshandicapées 2003-2010.(22) Le dispositif du ministère des Sportsélaboré en lien avec celui de l’Educationnationale prévoyait 1000 emplois au pro-fit des structures associatives sportives.Il était construit autour de trois voletsparmi lesquels le développement de lapratique physique et sportive au bénéficedes personnes handicapées. Il concer-nait en priorité les jeunes de niveau II(licence, maîtrise), issus principalementde la filière universitaire Staps (Scienceset techniques des activités physiques etsportives).(23) Les comités ont bénéficié d’environ10 emplois chacun répartis sur 24 mois(24) Le comité handisport menait déjàune politique en direction des centresd’accueil pour jeunes et adolescent via ledispositif Handijeune.(25) A l’exemple de Sport Toi Bien, asso-ciation qui organise les APS au sein desétablissements du Domaine Emmanuel.(26) Fonds du CNDS (Centre nationalpour le développement du port) et déduc-tion des charges patronales par la CNSA(Caisse nationale de solidarité pour l’au-tonomie)(27) Marcellini Anne, « Eléments d’ana-lyse sur l’accueil des personnes présen-tant des déficiences dans les clubs spor-tifs en France », Les cahiers de l’universitésportive d’été, 2007.(28) CQH, Certificat de qualification han-disport, et AQSA, Attestation de qualifica-tion sport adapté.(29) Les formations initiales (BE…) pro-posent généralement un module « handi-cap » mais le contenu de celui ci dépenddes organismes de formation qui n’ontpas d’obligation en la matière. Ce modulecorrespond le plus souvent à un survolrapide de la question.

Ouvrir la pratiqueau sein des clubsordinaires.

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dicapés moteurs et sensoriels dans les clubs ordi-naires antérieure à la loi de 2005. Pour le handi-sport, le frein essentiel au développement de lapratique sportive, outre celui de l’accessibilitédes équipements sportifs, réside dans les pro-blèmes de déplacement (accessibilité des trans-ports et de la voirie). Multiplier les sections dansles structures associatives ordinaires existantespermet de créer un maillage plus resserré de l’of-fre, une plus grande proximité entre clubs et pra-tiquants. Les clubs sont globalement demandeurset le nombre de formations dispensées est gran-dissant. Ce mouvement d’ouverture des clubsordinaires au public handicapé témoigne deschangements qui s’opèrent dans la société et quitendent à rendre visible une population jusque làtraitée de façon séparée. Ce mouvement est aussipour le milieu sportif, le prolongement d’uneouverture progressive des clubs à d’autrespublics qui en étaient auparavant exclus : lesfemmes, les tous jeunes enfants, les seniors, ouencore les non compétiteurs… A ce titre, ilconvient de ne pas négliger l’intérêt économiquede cette ouverture pour les clubs : apport enlicenciés, apport en financements(30), apport enqualifications…Selon les clubs mais aussi les disciplines prati-quées, cette intégration s’opère dans une plus oumoins grande mixité : valides et non valides s’en-traînent voire concourent ensemble sur certainschampionnats, de manière ponctuelle ou régu-lière. C’est souvent le cas des clubs de judo, detennis ou encore de tennis de table ; mais aussi debasket (les valides complètent les équipes enjouant dans des fauteuils), de badminton.

Les formations pour l’obtention de l’Attestationde qualification sport adapté élaborée par laFFSA sont également de plus en plus deman-dées. Le Comité francilien a formé une cinquan-taine de personnes en 2009.

Cependant, le développement de la pratique enmilieu ordinaire semble plus difficile à opérerpour les personnes en situation de handicap men-tal ou psychique. Plusieurs raisons à cela.D’abord la population concernée est encore pourune grande majorité en institution d’héberge-ment de long séjour, même si dans les années àvenir il est à prévoir que l’accueil de jour, ouponctuel et de proximité soit amené à se dévelop-per (encadré 2). Ensuite le sport adapté doit faireface à des blocages plus importants. La famille etl’entourage ont tendance à «surprotéger» la per-sonne handicapée qui n’a pas toujours les capa-cités de ressources d’autodéfense. De leur côtéles «valides» ont souvent une représentationplus négative du handicap mental, ou du moinsse sentent plus désemparés face à lui. Si les men-talités semblent évoluer quant à la perception duhandicap moteur, des blocages plus importantspersistent sur le handicap mental.Enfin cette intégration ne concerne qu’unefrange de la population : celle constituée par lespersonnes qui présentent des déficiences intel-lectuelles ou mentales légères, c’est à dire lesplus autonomes, qui possèdent les capacités àjouer selon des règles. Les clubs ordinaires, dansleur logique fédérale, restent pour la plupart dansune pratique traditionnelle, même si des adapta-tions sont pensées par chacun.Cette pratique convient mieux au monde handi-sport qui s’est historiquement toujours appuyésur le sport de compétition jusqu’à son plus hautniveau comme outil d’intégration. Pour la FFH,la valorisation des capacités et des performancespermet de modifier les représentations collec-tives quant au handicap physique et impacteensuite tous les champs de la société. LaFédération du sport adapté est, quant à elle, mar-quée par une logique essentiellement éducative.Elle accorde une large place au développementd’activités corporelles et motrices qui n’entrentpas dans le champ de la compétition. On observetoutefois des évolutions dans ce domaine. Eneffet, dans le courant des années quatre-vingt, unsystème compétitif a officiellement été mis enplace. En outre depuis mars 2009(31), le ministèrea accordé à la FFSA la reconnaissance du hautniveau pour ses sportifs dans 5 disciplines : athlé-tisme, basketball, football, natation et tennis detable. Le Comité francilien gère depuis peu uncentre d’entraînement de haut niveau en basket.D’abord accueilli par l’Insep, il est localisé doré-navant au Creps de Chatenay-Malabry en tantque Pôle France. En tout, ce sont 18 sportifs fran-ciliens en basketball mais aussi en football quisont classés en haut niveau.

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(30) Les différentes aides financièresaccordées au mouvement sportif (que cesoit par le CNDS, le Conseil régional ouencore les Conseils généraux lorsque cesderniers passent des contrats d’objectifsavec les comités) sont conditionnées àcertaines orientations en faveur depublics cibles. Celui du développementde la pratique handicapée en fait partiedepuis plusieurs années déjà.(31) De plus, par décision du Comitéparalympique international (IPC) prise ennovembre 2009, Les sportifs touchés parune déficience intellectuelle pourrontparticiper à des compétitions labellisées.Les handicapés mentaux vont pouvoirréintégrer les Jeux Olympiques dont ilsavaient été exclus en 2000.

Des formationscomplémentaires

à destinationdes professionnelsdu champ sportif.

La compétition commeoutil d’intégration. G.

Picout-FFH

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Pistes pour un meilleur accèsdes personnes handicapéesaux pratiques sportives

Les freins à l’accès aux pratiques sportives pourles personnes en situation de handicap sont detous ordres. Leur repérage est un premier pasvers la recherche de pistes pour aller vers unaccès généralisé. Cependant quelles qu’ellessoient, elles ne pourront se mettre en place sansune aide maintenue et renforcée des pouvoirspublics à tous les niveaux. Une nouvelle conven-tion (2009/2012) vient d’être signée entre leConseil Régional et les deux ligues franciliennesspécifiques, confirmant ainsi le soutien de la col-lectivité. Cependant, compte tenu des nom-breuses incertitudes qui pèsent sur les financesdes collectivités territoriales (charges en hausseet recettes en baisses), certaines améliorationsattendues risquent d’être ralenties, notamment ence qui concerne l’accessibilité des transports etdes équipements.

Améliorer l’accessibilitéLes équipements sportifs sont encore trop rare-ment accessibles dans leur totalité aux personneshandicapées (aire de pratique, vestiaires, sani-taires, parking etc.). En 2015, selon la loi, laquasi totalité des équipements sportifs devrontêtre accessibles. Le retard semble inévitablecompte tenu des sommes en jeu et des capacitésfinancières des communes. Une étude datant dejanvier 2008(32) sur le coût de la mise en accessi-bilité des établissements recevant du public aproduit une première estimation sommaire pourl’ensemble des Etablissements recevant dupublic(33) (ERP) qui s’élève à 2 milliards d’eu-ros(34).Or selon la Direction régionale jeunesse etsport(35), seulement 16 % des équipements sportifssont complètement accessibles aux personneshandicapées moteurs et 1 % des installations com-portent des aménagements spécifiques pour lespersonnes souffrant d’un handicap sensoriel(36).Au delà de l’accès aux équipements, c’est l’ache-minement à ces équipements et aux structuresassociatives qui posent très souvent problème.Les transports en commun sont encore trop peuadaptés. Si certains adultes sont motorisés, d’au-tres ne le peuvent pas du fait de leur handicap oupour des raisons budgétaires.Le Comité handisport est équipé grâce aux aidesfinancières du CNDS et de la Région de 5 minibus qui servent principalement à l’acheminementdes sportifs sur les lieux de compétition. Le pro-blème réside donc dans l’accès à une pratique

sportive régulière. La mise en place des véhi-cules Pam (Pour Aider à la Mobilité) a contribuéà favoriser les déplacements des personnes àmobilité réduite répondants à certains critères.Présent dans quatre départements franciliens eten projet dans deux autres, ce service peut êtreutilisé pour une activité régulière de loisir. Uneparticipation financière est demandée à l’usager,relativement peu élevée compte tenu du finance-ment croisé du dispositif (Région, STIF, Conseilgénéral). Cependant, la demande est forte et lapriorité est souvent donnée aux déplacementsdont le motif est le travail ou les rendez-vous desanté. Enfin, bien que subventionné, le coûtd’utilisation est supérieur à celui offert par lestransport en commun « classiques ».Pour les personnes souffrant d’un handicap men-tal ou psychique l’accessibilité technique destransports et des équipements ne constitue pas lecœur du problème. Les besoins se font surtoutsentir dans l’accompagnement de la personne.

Développer la qualificationde l’encadrementLes fédérations ont été amenées à développer descertifications afin de permettre aux profession-nels du champ sportif d’accueillir des personnes

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L’Île-de-France comble progressivement son retard,mais reste globalement sous-équipéeLa région accuse depuis de nombreuses années un déficit en nombre de placesdans les établissements spécialisés pour l’accueil des personnes handicapées.Dans les années quatre-vingt-dix, les Commissions départementales de l’éduca-tion spéciale étaient contraintes d’orienter près de 10 % des enfants et adolescentshors de l’Île-de-France, dans des régions limitrophes pour l’essentiel, mais aussidans des régions beaucoup plus lointaines (Midi-Pyrénées) ou encore à l’étranger(Belgique).En 2008, le taux d’équipement régional pour les moins de 20 ans a nettement pro-gressé mais la région reste sous dotée : 7 places pour 1000 enfants et adolescentscontre 9 places au plan national. A titre comparatif, la région Midi-Pyrénées afficheun taux d’équipement de 11. De la même façon, le taux d’équipement régional enaccueil médicalisé, foyer de vie et établissement et service d’aide par le travail(Esat) pour adultes s’élève à 4 pour 1000 personnes (de 20 à 59 ans) contre 7 auniveau national. Par ailleurs d’importantes disparités infra-régionales subsistent.A noter que l’Île-de-France, comme au plan national, s’oriente vers une diversifica-tion de l’offre et notamment vers une prise en charge alternative aux placementsinstitutionnels traditionnels (accueil de jour, aide au maintien au domicile…) et plusgénéralement vers un développement de services pluridisciplinaires de proximité.La France accuse cependant un très net retard par rapport à d’autres pays (Suède,Norvège, Angleterre, Pays de Galles, Italie…) qui ont opéré depuis longtemps unmouvement inverse de réduction du nombre de places en institutions d’héberge-ment de long séjour. Dans ces pays, le principe d’intégration (selon lequel les per-sonnes atteintes d’un handicap doivent pouvoir vivre de façon indépendante, s’im-pliquer dans la société civile et faire des choix pour elle même) a eu un impact trèsimportant sur la législation, souvent depuis plus de 20 ans.Sources : Atlas de la Santé en Île-de-France, IAURIF, ORS, DRASS - septembre 2005Statiss 2008 - données au 01/01/2007DRASS, DREESRapport au Ministre de l’Emploi et de la Solidarité et au Secrétaire d’Etat à la Santé, à l’Action sociale et aux Handicaps -«Personnes handicapées : analyse comparative et prospective du système de prise en charge» - Rédacteur Michel Fardeau -juillet 2001

(32) Etude menée par la Fédération desAssociations Pour Adultes et JeunesHandicapées (APAJH), Dexia, etAccèsmétrie ainsi que la FédérationFrançaise du Bâtiment.(33) Estimation effectuée uniquementsur les établissements publics.(34) Auxquels viennent s’ajouter 25 mil-lions d’euros environ pour les étudespréalables de diagnostic. BertrandJérôme, « Les commissions locales pourl’accessibilité aux personnes handica-pées - Retour d’expériences », étude IAUÎle-de-France, avril 2009.(35) Analyse de l’offre d’équipementssportifs en Île-de-France -DRDJS - Edition2009.(36) Le CNDS a mis en place des créditsde soutien à la mise en accessibilité.(5 millions d’euros au niveau national).L’enveloppe n’est pas consommée car lesdemandes sont peu nombreuses, notam-ment en Ile-de-France. En 2009,124000 euros ont été utilisés et le CNDSa puisé dans l’enveloppe nationale pourla Fédération handisport qui a mis auxnormes son centre parisien (78 0000euros). Le CNDS a élargi la notion demise en accessibilité à l’achat de mini-bus adaptés, ainsi qu’à l’achat de fau-teuils roulants.

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handicapées au sein des clubs ordinaires. Ces for-mations ne donnent pas de prérogatives supplé-mentaires puisque les détenteurs d’un diplôme duministère des sports(37) ou de l’enseignementsupérieur sont habilités à encadrer un public han-dicapé(38). Elles sont donc là pour compléter uneformation initiale insuffisante dans le domaine.Certes la plupart des diplômes offrent la possibi-lité de se spécialiser dans l’encadrement des per-sonnes en situation de handicap puisque des men-tions ou des certifications spécifiques existent.Cependant, les personnes ayant opté pour d’au-tres mentions n’aborderont que très succincte-ment le sujet. Ainsi la plupart des animateurssportifs qui oeuvrent au sein des clubs ordinairesse sentent démunis et sont demandeurs d’un com-plément de formation. Ces formations compor-tent 2 à 3 modules d’une durée comprise entre 16à 56 heures (2 à 8 jours(39)). Si l’intégration enmilieu ordinaire devient la règle pour une grandepart des personnes en situation de handicap, lalogique voudrait peut-être que tout diplômemenant à l’encadrement sportif intègre a minimales certifications mises en place par les fédéra-tions spécifiques.À noter que les exigences ne sont pas les mêmesau sein des deux fédérations. Pour handisport lalicence Staps mention Activités physiques adap-tées est insuffisante car l’approche des publics nese fait pas en lien avec une discipline sportive etreste trop généraliste. Elle demande donc à ceque le diplômé passe le certificat afin que celui-ci acquiert une formation pratique (la secondepartie de la formation se focalisant sur une disci-pline). L’unité de formation en Staps de Nanterrea d’ailleurs intégré le Certificat de qualificationhandisport à sa licence.Enfin, si former les éducateurs est primordial, ilen va de même pour les dirigeants de clubs ordi-naires qui doivent être sensibilisés pour franchirle pas dans l’accueil du public handicapé(40).

Œuvrer à une meilleure prise en comptedu handicapLes comités sont de plus en plus sollicités par lescollectivités locales depuis la loi de 2005. Ils par-ticipent à l’organisation de manifestations de sen-sibilisation destinées au grand public. Ils mettenten place des sessions de formation auprès desagents communaux (gardien d’équipement, hôtede caisse dans les piscines, responsable d’équipe-ments, animateurs sportifs et de loisirs, etc.). Ilssignent des partenariats pour le développementde l’offre en activités périscolaires et ont adoptédes conventions avec l’ensemble des fédérationsscolaires.

Globalement, il y a un réel besoin d’élever leniveau de compétence sur la question du handi-cap au sein de la société. Or les associationssportives spécifiques, par leur longue expériencedans le domaine, s’avèrent détenir des compé-tences qui vont au-delà de la simple pratiquesportive. D’une part, pour le sportif handicapéqui réutilise les acquis par le sport dans la vie detous les jours (manier son fauteuil, apprendre àchuter, aller vers le groupe etc.). D’autre partpour les personnes en milieu ordinaire du fait dela connaissance qu’ont les associations des diffi-cultés que peuvent rencontrer les personnes ensituation de handicap, mais aussi des compé-tences qu’elles sont en mesure de développer.Relever le défi de l’accessibilité de la chaîne dedéplacement à l’horizon 2015, comme le veut laloi, est un enjeu fort. Les Commissions commu-nales ou intercommunales pour l’accessibilitéaux personnes handicapées ont pour mission,d’observer cette accessibilité dans sa globalité(cadre bâti, transports, voirie et espaces publics)et de proposer des améliorations(41). Elles gagne-raient certainement à s’appuyer sur les ligues oucomités départementaux spécifiques(42) sur laquestion des équipements sportifs.

Intégrer la pratique sportivedans le projet de vieLes populations en situation de handicap ont enmoyenne des revenus moins élevés que la popu-lation générale. Elles sont sujettes à un taux dechômage très supérieur(43) ; certaines ne sont pasen capacité de travailler et sont tributaires desallocations handicapées ; enfin les ménages sontplus souvent mono-actif et dans le cas contrairerarement à temps plein du fait de la présencegénéralement requise d’un parent auprès de l’en-fant handicapé. À ce titre, on peut s’interrogersur le coût de la pratique sportive et sur son effetdissuasif auprès d’une partie de la population quirencontre plus souvent que la moyenne des diffi-cultés financières. Les fédérations proposent destarifs de licences comprises entre 28 €et 54 € .En club ordinaire, le sportif peut être amené àpayer une double licence, à la fédération spéci-fique et à la fédération ordinaire de rattachement.Il convient d’ajouter dans certains cas un coût dedéplacement vers le lieu d’entraînement.Enfin, la pratique sportive nécessite parfois unmatériel spécifique coûteux pour le club ou pourl’individu : fauteuils adaptés aux différentssports, dispositifs de fixation pour l’escrime etautres équipements particuliers pour l’équitation,le cyclisme… Les comités ou les clubs en fontsouvent l’acquisition, aidés en cela par des fonds

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Élever le niveaude compétencesur la questiondu handicap.

(37) A l’exception du BPJEPS spécialité« Activités physiques pour tous » qui doitêtre complété par un certificat de spécia-lisation appelé « Accompagnement etintégration des personnes en situation dehandicap ».(38) Le CQH et l’AQSA sont égalementouverts aux bénévoles, encadrant uneAPS, titulaires d’une qualification fédé-rale, dans ce cas la formation n’est pascertifiante.(39) L’AQSA (Attestation de qualificationdu sport adapté) comprend 3 modules,de 16, 24 et 20 heures soit un total de66 heures. Le CQH (Certificat de qualifi-cation handisport) comprend 2 modules,un de 20 heures, l’autre de 17 à42 heures selon la discipline sportivepréparée.(40) cf. expérience menée au comitédépartemental des Pyrénées-Atlantiquequi repose sur la mise en communicationde l’ensemble des acteurs (communes,clubs ordinaires, structures médicosociales, MDPH…).(41) « Les commissions locales pour l’ac-cessibilité aux personnes handicapées -Retour d’expériences », op. cit, 2009.(42) Certaines communes mettent enplace des chartes « accès pour tous »avec pour objectif de permettre aux per-sonnes en situation de handicap de vivrepleinement leur vie de tous les jours danstous les domaines, y compris celui dusport ou de la culture. La ville de Gentillya mis en place une charte à l’issue d’undiagnostic réalisé avec le concours d’unbureau d’études et de personnes ensituation de handicap. Cette charte a étésignée par un ensemble de partenairesintervenant dans les différents aspectsdu « vivre en ville » : bailleurs, missionlocales… mais aussi représentants desassociations sportives.(43) Le taux de chômage des personneshandicapées ne peut être qu’estimé,mais il se situait aux alentours de 20 %en 2006 soit plus du double du taux dechômage national (8,8 %). Agefiph(Fonds pour l’insertion professionnelledes personnes handicapées).

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publics (Conseil régional, CNDS) ou parfois parun système de mécénat de grandes entreprises.Cependant ces équipements spécifiques ne peu-vent être achetés en grand nombre et limitent defait le développement d’une pratique sportive de«masse». Sur ce sujet les Plans personnalisés deCompensation (loi de 2005) qui se basent surl’analyse du «projet de vie» de la personne han-dicapée pourraient permettrent de repérer ce typede freins et apporter des solutions.

Développer le tissu associatif en capacitéd’accueillir un public handicapéAméliorer l’offre en associations sportives per-mettrait une plus grande diffusion de la pratiquesportive au sein des populations handicapées. Lamultiplication de sections spécialisées au seindes clubs ordinaires constitue une bonne solu-tion. Encore faut-il pour certains handicaps queles équipements le permettent. La recherched’une plus grande proximité spatiale entrepublics et clubs se justifie au regard des dis-tances que doivent parcourir certains sportifspour pratiquer la discipline souhaitée, adaptée àleur handicap, à leur sexe et à leur potentiel(niveau de compétition et de classification duhandicap). Néanmoins cette recherche de proxi-mité se heurte au fait que la population concer-née reste relativement rare et diffuse sur le terri-toire lorsqu’elle ne vit pas en institution. Elle esten outre très diverse dans les handicaps qu’elleprésente. Or pour certains sports notamment col-lectifs, la demande sera peut-être insuffisante,particulièrement en milieu rural. Il y a donc cer-tainement à terme à concevoir une organisationen réseau de l’offre en milieu ordinaire.Le développement de la pratique sportive auprèsdes institutions accueillant des personnes handi-capées présente un avantage : ce sont les associa-tions sportives qui vont vers les personnes ensituation de handicap. La grande majorité despratiquants en sport adapté étant en institution, leComité francilien et les établissements d’accueilspécialisés doivent travailler ensemble. L’objectifest de créer des associations sportives adossées àces établissements mais pour une pratique enmilieu ordinaire et non confinée dans leurs murs.Car le défi est de garder un objectif d’intégra-tion. Cependant, dans une région où les créneauxlibres dans les équipements sportifs sont rares, ilfaut disposer des moyens matériels de son orga-nisation.

Structurer le tissu associatifLes associations sportives accueillant du publichandicapé demandent un taux d’encadrement

plus important. Dans le milieu handisport, lespersonnes handicapées s’impliquent sur les deuxvolets : à la fois être sportif et organiser cettesportivité. Il n’en va pas de même pour le sportadapté. Ce sont dans la grande majorité des béné-voles «valides», parents, éducateurs qui organi-sent la pratique. La question de l’encadrement yest donc plus aiguë. Non seulement pour fairevivre les clubs et encadrer la pratique, mais aussipour structurer le sport adapté sur l’ensemble duterritoire (comité régional, départemental…). Enoutre, les spécificités qui entourent la pratiquesportive handicapée en général, qu’elles relèventde la sécurité, de la santé (blessures plus lourdesde conséquences…) ou de la pédagogie et del’éthique (capacité à prendre en compte l’altéritéet à inventer une pratique en conséquence)conduit plus que dans les autres associations àune recherche de personnes qualifiées, de profes-sionnels. Dans ce cadre les emplois Staps ont étéun bon moyen de professionnaliser l’offre, maisdes interrogations demeurent sur la capacité desassociations à les financer sur le long terme.

Améliorer la communicationet l’informationCelles-ci s’organisent de plus en plus à diffé-rentes échelles, en particulier sous l’impulsiondu Pôle ressources national sport et handicaplogé au Creps de la région Centre. Un siteInternet permet de rechercher par région et pardépartement les clubs accueillant des personnesen situation de handicap par type de handicap.Certains Conseils généraux développent l’infor-mation sur leur site comme en Seine-et-Marneou dans le Val-de-Marne. En outre, en applica-tion de la loi de 2005, ont été créées les Maisons

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Développerle tissu associatifen lien avecles établissementsspécialisésdans l’accueildes personneshandicapées.

Anne-SophieHolder-CRSA95

Les activités physiqueset sportives, un outilpour aller vers l’autre.

Page 12: LES DOSSIERS DE L’IRDS...Traitement : IRDS Association handisport : section en club ordinaire association d’établissement club Nombre de licenciés : entre 25 et 50 entre 10 et

départementales des personnes handicapées(MDPH). Ces dernières centralisent dorénavantl’ensemble des informations, conseils, serviceset prestations en faveur des personnes handica-pées. Cependant, après quatre années de fonc-tionnement, ces structures dénoncent le manquede moyens mis à leur disposition. Dans cesconditions, l’accès au sport, au loisir ou à la cul-ture ne représente pas une priorité d’action facenotamment à des problématiques de placementdans des établissements, de droits à allocations,de logement, de transport, d’emploi etc.Enfin, les unités de rééducation hospitalièresconseillent souvent aux patients touchés par unedéficience suite à un accident ou encore unemaladie, de poursuivre une activité physiquedans leur nouvelle vie. Pour autant dans bien descas, aucun des éléments nécessaires ne leurs sontcommuniqués : liste des clubs à proximité dudomicile et surtout personne relais à contacter.Lorsque l’on doit réapprendre à vivre au quoti-dien avec son handicap, il peut paraître secon-daire d’entreprendre des démarches pour recher-cher une structure sportive, en particulier si lapersonne n’avait aucune pratique auparavant.Une communication auprès du personnel soi-gnant en charge de la rééducation serait à déve-lopper.

Favoriser l’accès à l’éducation physiqueet sportive (EPS) dans les écolesLes enfants handicapés scolarisés en milieu ordi-naire ou dans des établissements qui accueillentdes sections spécialisées sont très souvent dis-pensés d’éducation physique pour de multiplesraisons : réticences des familles et du corpsmédical, réticences des professeurs insuffisam-ment formés, responsables d’établissement peumobilisés… Même si les pratiques du sport àl’école et au sein des clubs et des quartiers sontbien distinctes, chacune indispensable dans leurrôle, il serait souhaitable qu’elles s’épaulent aubénéfice de l’élève en situation de handicap. Untravail partenarial avec les fédérations spéci-fiques permettrait de tisser des liens utiles pourun accès pour tous à l’EPS.

Développer ou maintenirla pratique du sport auprèsdes personnes handicapées vieillissantesLes personnes handicapées connaissent, commele reste de la population, une augmentationimportante de leur espérance de vie(44). Cette nou-velle longévité contribue à renouveler la questiondes situations de handicap en matière de disposi-tifs de prises en charge et de représentations col-lectives, de politiques sociales et de citoyenneté.Les associations sportives sont concernées àdeux titres. Elles peuvent aider à prolonger lelien social qui se dilue avec le temps (isolementprogressif des personnes âgées, travailleurs han-dicapés à la retraite…). Elles peuvent contribuerà un retardement des effets du vieillissement(lutte contre la sédentarité(45)). Les comités en serapprochant des établissements médico-sociauxadultes seront confrontés à cette question de lapratique sportive des seniors.

LA PRATIQUE SPORTIVE POUR LES PERSONNESEN SITUATION DE HANDICAP EN ÎLE-DE-FRANCE12

Institut Régional de Développement du Sport

Département autonome de l’IAU île-de-France15 rue Falguière 75740 Paris Cedex 15Tél. : 01 77 49 77 00 - Fax : 01 77 49 79 07http://www.irds-idf.fr

Directeur Gérard LacosteArticle Claire PeuvergneCartographie Jean-Eudes TilloyConception-Réalisation Olivier Cransac

Prix du dossier 5 €

Librairie d’Île-de-FranceTél. : 01 77 49 77 40ISSN : 1959-1020

REMERCIEMENTSCette note a été réalisée

grâce à la participation deMarie-Paule Champetier et

Émilie Laissus (Comité sport adaptéÎle-de-France) ; Alain Siclis

(Comité Île-de-France handisport) ;François Delmotte (CROSIF) ;

Michel Jacquet et Sébastien Chiss(Conseil régional) ; Sébastien Homo

et Isabelle Domenc (DRDJS) ;Bruno Hennebelle (Etablissement

Domaine Emmanuel et associationSport-Toi-Bien).

Le Visiau Sport,un outil cartographique au servicedes ligues et comités sportifsLes deux comités franciliens, sport adapté ethandisport, sont amenés à démarcher les éta-blissements d’accueil pour adultes et enfants ensituation de handicap dans le but de leur propo-ser un développement de l’accès à la pratiquesportive pour leurs résidents.Afin de les aider à prendre connaissance de larépartition de ces structures sur le territoirerégional, l’IRDS avec l’aide de l’ORS(Observatoire Régional de la Santé) a mis à leurdisposition des cartes à requête. Celles-ci facili-tent le repérage des établissements par catégo-rie d’activité : hébergement médicalisé ou non,structures d’insertion professionnelles (Esat,Entreprise adapté…). Elles permettent égale-ment une visualisation par type de handicap etselon la taille de l’établissement (nombre deplaces installées). La sélection d’un établisse-ment sur la carte permet ensuite d’accéder à lafiche détaillée de ce dernier. Ces cartes asso-ciées à d’autres présentes dans l’outil, favorisentune lecture croisée de l’offre avec le tissu asso-ciatif sportif en place ainsi que les équipementssportifs à proximité.Cette cartographie est consultable sur le siteinternet de l’IRDS : www.irds-idf.fr

(44) Cette évolution est particulièrementforte chez les personnes en situation dehandicap mental - B. Azéma etN. Martinez, « Les personnes handica-pées vieillissantes : espérance de vie etsanté ; qualité de vie - Une revue de la lit-térature » - Revue européenne du handi-cap mental.(45) Le Comité sport adapté a pour pro-jet de développer sur l’Ile-de-France àl’aide d’un emploi Staps un programmesport/santé notamment auprès des tra-vailleurs dans les Etablissements etService d’Aide au Travail (ESAT).

� POUR EN SAVOIR PLUS

- www.sportadapte-iledefrance.fr

- www.handisport-iledefrance.org