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Hebdomadaire Nigérien d’Informations générales 5 ème ANNEE N° 225 DU 07 JUIN 2018 - PRIX 300 FCFA Le Nouveau Républicain Gouvernance Paris nous parle Nous étions privés de la parole du chef, de cette parole qui engage, qui éclaire et explique, de cette parole qui apaise et rassure. Les jours, les semaines, les mois se sont écoulés, nous désespérions. Puis, il y a eu Paris. Le Paris de De Gaule, de Maurice Thorez, de Merleaux Ponty, le Paris des grands orateurs. Paris est un lieu de dis- cours, Paris est un lieu d’écoute. À Paris, les orateurs français sont chez eux, ils s’adressent aux Français, en étant chez eux. Ils parlent aux Français. Paris est une tri- bune, Paris est un porte-voix. Société Jeunes, Anciens, et Avenir La tyrannie de l’argent Les intellectuels dans les partis politiques Communiqué Le Groupe de Presse L’Actualité et Le Nouveau Républicain informe les lecteurs que compte tenu de la célébration de la fête du Ramadan, les deux journaux ne seront pas dans les kiosques la semaine pro- chaine. Retrouvez-nous à partir du Mercredi 20 et Jeudi 21 juin 2018. Le Groupe vous souhaite par ailleurs une bonne fête de Ramadan.

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Page 1: les deux journaux ne seront pas dans les kiosques la ... · Le Groupe vous souhaite par ailleurs une bonne fête de Ramadan. POLITIQUE Hebdomadaire Nigérien d’Informations générales

Hebdomadaire Nigérien d’Informations générales 5ème ANNEE N° 225 DU 07 JUIN 2018 - PRIX 300 FCFA

Le NouveauRépublicainGouvernance

Paris nous parle Nous étions privés de la parole du chef, de cette parolequi engage, qui éclaire et explique, de cette parole quiapaise et rassure. Les jours, les semaines, les mois sesont écoulés, nous désespérions. Puis, il y a eu Paris. LeParis de De Gaule, de Maurice Thorez, de Merleaux Ponty,le Paris des grands orateurs. Paris est un lieu de dis-cours, Paris est un lieu d’écoute. À Paris, les orateursfrançais sont chez eux, ils s’adressent aux Français, enétant chez eux. Ils parlent aux Français. Paris est une tri-bune, Paris est un porte-voix.

Société

Jeunes, Anciens, et Avenir

La tyrannie de l’argent

Les intellectuels dans les partis

politiques

CommuniquéLe Groupe de Presse L’Actualité et Le Nouveau Républicain informeles lecteurs que compte tenu de la célébration de la fête du Ramadan,les deux journaux ne seront pas dans les kiosques la semaine pro-chaine. Retrouvez-nous à partir du Mercredi 20 et Jeudi 21 juin 2018.Le Groupe vous souhaite par ailleurs une bonne fête de Ramadan.

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Hebdomadaire Nigérien d’Informations généralesPOLITIQUE

Le Nouveau Républicain N° 225 du 07 Juin 20182

La tyrannie de l’argentIl y a une très belle formule chez Nietz-sche qui pourrait résumer un tant soit peul’état morbide de la gouvernance politique,ou si l’on veut la mal gouvernance.La lutte pour les biens du pouvoir, notam-ment la zététique (recherche) de l’argent,de la richesse a obscurci totalement lapratique normale de la démocratie auNiger. Le politique et beaucoup de nosconcitoyen sont arrivés à la claire évi-dence qu’aujourd’hui tout est basé sur l’ar-gent, tout s’obtient par l’argent. De sorteque « faire de la politique » en cette ère,c’est en dernier ressort espérer gagner unjackpot au terme de l’investissement, oude l’engagement politique. La recherche illimitée de l’argent, a aliénéles valeurs de la République, et aconcouru à diviser aujourd’hui les citoyenstant politiquement, qu’au niveau même dupatriotisme. Ceci pour dire que l’argentconstitue aujourd’hui une pathologie dansnotre République. Certains individus sontarrivés à un niveau dangereux, où l’argentsupplante même la patrie. Cette métas-tase des valeurs est extrêmement inquié-tante. Les discours de SEM. Mahamadou Issou-fou sur le renouveau démocratique, ou «Modernité démocratique », sont arrivés onne peut plus très en retard, tel un médecinaprès la mort. Nous essayerons de nousappuyer sur la tradition gréco-romainepour trouver quelque remède à cette pa-thologie : la tyrannie de l’argent.Polybe (Historien) rapporte que la Grèce,

pour qu’elle fût tranquille, et retrouvât lastabilité politique, il eût fallu en exclure larichesse et la pauvreté, considéréescomme les deux tares, les deux causesdes staseis (conflits, ou des changementspolitiques). Nous savons aujourd’hui avecquelle folie, quelle démesure les nouveauxhommes politiques, communément appe-lés les « Renaissants » s’embourgeoisent,détournent les richesses et les biens del’Etat. Cette propension extrême vers la ri-chesse creuse profondément le lit entreles pauvres et les riches, pire, dans la ges-tion du pouvoir, il n’y a plus d’opprobre deparler de postes juteux et de ministèresvides. Si l’Etat de Sparte par exemple a échappéaux maux des cités démocratiquesgrecques, c’est grâce à la suppression dela classe des riches et celle des pauvres.De même Lycurgue en bannissant l’ava-rice (passion mauvaise), éradiqua du couples causes potentielles des discordes po-litiques. Mais aussitôt que Lysandre intro-duisit l’argent, la bête noire (cause deconflits, de tensions politiques), les deuxclasses refirent surface. Ainsi que nous lepercevons, l’argent est la cause matricielledes maux extrêmes dans une politeia (ré-gime).Epicure, philosophe du IVe-IIIe siècle(époque d’Alexandre le Grand), avait bienperçu la dangerosité de l’argent, aussiconseille-t-il à ses disciples de s’en éloi-gner, de ne pas consacrer intensémentleur existence à la recherche des ri-

chesses et de l’argent qui ne conduisentpas à une vie heureuse, car celui qui re-cherche constamment l’argent est àl’image du tonneau des Danaïdes (ton-neau dont le fond est percé). Cetteconduite, à savoir l’insatiabilité, ou l’illimi-tation du désir de gagner de l’argent vailleque vaille se remarque au niveau de noshommes politiques. En effet, certains hommes politiques et

leurs courtisans, bien qu’ils aient toutgagné dans la politique, hélas sont de-meurés insatiables, et courent toujoursvers leur pathos (souffrance) : l’argent.Certains se déshonorent tous les jourspour la terrible raison que Pouvoir = Ar-gent, Pouvoir= Jouissance illégale desbiens de l’Etat.A l’analyse, ce que nous remarquons,sans oser défendre la thèse de Lycurguede supprimer les riches dans nos Etatsdits démocratiques, c’est que les cycles demal gouvernance produit insidieusementdes démocraties hybrides : Oligarco-dé-mocratie, Aristocratico-démocratie, Pluto-cratico-démocratie. De sorte que nous nesommes plus stricto sensu dans des dé-mocraties vertueuses, car l’argent estérigé en valeur supérieure, hypostasiécomme une divinité. Il n’est pas étonnantde constater que même les droits ci-viques, juridiques, et politiques sont fonc-tion de ce qu’est l’individu, à savoir sonstatut financier : est-il riche ? Que pos-sède-t-il comme bien ? Ou son apparte-nance à la sphère politique de ceux qui

sont au pouvoir, etc. De ce point de vue,nous sommes tentés d’avancer que la per-version morale est patente : l’argent dansnos démocraties représente la clé detoutes les serrures, c’est la clé philoso-phale : la maladie infantile de la démocra-tie. Des analphabètes peuvent aujourd’huifaire de la politique, narguer même ceuxqui ont étudié les sciences politiques et ledroit (les intellos en costume), pour la sim-ple raison qu’ils possèdent de l’argent, etcet argent leur permet d’avoir un pouvoirsur les hommes politiques. Quand lesélections approchent, il est aisé de consta-ter avec quelle bassesse les hommes po-litiques se prosternent devant de groscommerçants pour financer leurs cam-pagnes. Cet esprit du lucre prouve que ladémocratie en Afrique, et au Niger en par-ticulier, est d’essence ploutocrate. Bref,tout peut s’exprimer en logique mathéma-tique : « Si vous avez X (argent) », doncvous obtenez « Y » par la magie de l’ar-gent. On peut donc convenir que la démocratieau Niger est en proie à cette tyrannie del’argent, et particulièrement de l’argentsale. Or, il nous semble, et pour conclure,d’être prudent, et d’écouter la sagesse ducomique grec Ménandre : « Il vaut mieuxposséder un médiocre pécule, honnête-ment acquis, que de folles richesses, quivous chargent d'opprobre. » (Ménandre).

Mika

Le Conseil d’administration du FMI achèvela deuxième revue de l’accord en faveur duNiger au titre de la facilité élargie de créditet approuve un décaissement de 20 millionsde dollars• Cette approbation porte le total des dé-caissements au titre de l’accord à 42,3 mil-lions de DTS (environ 60 millions dedollars).• Les résultats du programme en 2017 ontété satisfaisants, malgré la contreperfor-mance de la mobilisation des recettes bud-gétaires.• Le programme économique du Niger apour objectifs de consolider la stabilité ma-croéconomique et de favoriser une crois-sance élevée et équitable.Le Conseil d’administration du Fonds mo-nétaire international (FMI) a achevé au-jourd’hui [vendredi 1er juin, NDLR], ladeuxième revue du programme écono-mique et financier du Niger qui est appuyépar un accord au titre de la facilité élargiede crédit (FEC). L’achèvement de la revue permet de dé-caisser 14,1 millions de DTS (environ 20millions de dollars), ce qui porte le total desdécaissements au titre de l’accord à 42,3millions de DTS (environ 60 millions de dol-lars). En achevant la deuxième revue, le Conseild’administration a pris note du Plan de Dé-

veloppement Economique et Social (PDES)des autorités pour 2017–2021 qui sert dedocument de développement économiquedu Niger décrivant les mesures macroéco-nomiques, structurelles et sociales à l’appuide la croissance et de la réduction de lapauvreté, ainsi que les besoins de finance-ment extérieur y afférents et les principalessources de financement. Le 23 janvier 2017, le Conseil d’administra-tion du FMI avait approuvé en faveur duNiger un accord triennal au titre de la FECpour un montant de 98,7 millions de DTS(environ 132,1 millions de dollars, ou 75 %de la quote-part du Niger) à l’appui du plannational de développement économique(voir communiqué de presse n° 17/18). Ceplan a pour objectifs de consolider la stabi-lité macroéconomique et de favoriser unecroissance élevée et équitable, ainsi qued’accroître les revenus et de créer des em-plois, tout en renforçant les fondementsd’un développement durable. À la suite des débats du Conseil d’adminis-tration, M. Mitsuhiro Furusawa, directeurgénéral adjoint et président par intérim, aprononcé la déclaration ci-après : ‘’Les résultats du programme en 2017 ontété globalement satisfaisants, malgré unesous-performance de la mobilisation des re-cettes budgétaires. Tous les critères de réa-lisation ont été remplis. Tous les objectifs

indicatifs ont été atteints, à l’exception del’objectif relatif aux recettes budgétaires, quiont été largement inférieures au niveau éta-bli dans le programme pour 2017. La miseen œuvre du programme de réformes struc-turelles progresse, mais plus lentement queprévu. ‘’ Le programme pour 2018 s’inscrit dans

un cadre macroéconomique réaliste, avecune reprise progressive de la croissanceéconomique au cours des prochaines an-nées grâce à des réformes économiques età une aide considérable des bailleurs defonds. L’inflation, aujourd’hui élevée, devraitbaisser rapidement et l’assainissement desfinances publiques devrait ramener le déficiten deçà du seuil de l’UEMOA d’ici 2021. Ledéficit des transactions courantes resteraprobablement élevé, mais il est totalementfinancé par l’aide extérieure.‘’ À terme, il sera important de renforcer lamobilisation des recettes. Le niveau élevédes recettes perçues jusqu’à présent en2018 est encourageant, tout comme lesmesures du budget adoptées cette année.Elles sont soutenues par des mesures sup-plémentaires visant à accroître les recettesà court terme et par un effort systématiquede renforcement des capacités des régiesfinancières. Cependant, l’accumulation denouveaux arriérés de paiements intérieursau premier trimestre doit être contrecarrée

dès que possible. ‘’ Il reste essentiel d’opérer des réformespour renforcer le secteur privé, ainsi que ré-duire les pressions démographiques et lesinégalités hommes-femmes, pour rehaus-ser les perspectives de développement àmoyen terme. Les efforts déployés pouraméliorer le climat des affaires sont salués,le programme mettant l’accent notammentsur des mesures qui améliorent l’accès aucrédit. Il est fondamental de mettre enœuvre ces mesures de manière déterminéepour faire du renforcement louable du dis-positif de gouvernance un succès tangible.Sur le front démographique, en dépit des ef-forts récents, une impulsion plus large etplus rapide s’impose pour avancer de ma-nière décisive. ‘’ La présentation du nouveau document dedéveloppement économique du gouverne-ment qui inscrit le programme appuyé parla FEC dans un contexte plus large et à pluslong terme est notée avec satisfaction. Cedocument révisé veille à ce que la stratégienationale de développement, le PDES, et leplan global de réforme des autorités soientalignés sur les objectifs de stabilité et de dé-veloppement du programme appuyé par laFEC. ‘’

Département de la communication du FMI

Communique de presse du FMI :

Décaissement de 20 millions de dollars en faveur du Niger

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Le Nouveau Républicain N° 225 du 07 Juin 2018 3

Hebdomadaire Nigérien d’Informations générales POLITIQUE

Paris nous parle Nous étions privés de la parole du chef,de cette parole qui engage, qui éclaireet explique, de cette parole qui apaise etrassure. Les jours, les semaines, lesmois se sont écoulés, nous désespé-rions. Puis, il y a eu Paris. Le Paris deDe Gaule, de Maurice Thorez, de Mer-leaux Ponty, le Paris des grands ora-teurs. Paris est un lieu de discours,Paris est un lieu d’écoute. À Paris, lesorateurs français sont chez eux, ilss’adressent aux Français, en étant chezeux. Ils parlent aux Français. Paris estune tribune, Paris est un porte-voix. ÀParis viennent aussi les orateurs étran-gers, laissant derrière eux leurs au-diences, leurs peuples qui quémandentquelques propos. Mais Paris libère laparole. Peu importe que l’audience soitailleurs. Paris c’est Paris, et on écouteParis. On l’écoute partout, même auNiger, à Niamey, à Say, à Zinder, à Oual-lam, à Daykaina, à Kollo, à Tillabéry, aufond des prisons. Paris nous informe surnous-mêmes, nous renseigne sur nospropres affaires. Merci ville-lumières.Nous savons à présent que notre

Constitution ne sera pas triturée, que lelocataire du palais ne briguera pas untroisième mandat. Mais le texte fonda-mental de 2010 nous l’a dit déjà. Oui,mais il s’agit d’une confirmation irrévo-cable. Parole de Paris! Qu’apprenons-nous encore de la capitale française?Qu’il ya au Niger une société civile poli-tique. Cette société civile politique est bi-céphale, elle a une tête démocratique,et une tête putschiste. Ah! Cette sociétéest vraiment un monstre hybride. Pour

être un monstre normal, il aurait falluqu’elle ait en même temps une tête re-présentant la démocratie (qui est un ré-gime politique), et une tête façonnéedans un autre régime politique (aristo-cratie, despotisme, monarchique ouautre). Elle a des têtes appartenant àdes genres différents. C’est en cela quela société civile nigérienne est un mons-tre abominable. Quoiqu’il en soit, ceuxqui s’en réclament, et qui ont été arrê-tés, ne l’ont été ni parce qu’ils appartien-

nent à la tête démocratique ni parcequ’ils appartiennent à la tête putschiste,mais parce que les derniers voulaientmanifester à minuit. Minuit, c’est l’heure du mystère.Mais voyons, voulaient-ils manifester àminuit ou jusqu’à minuit ? Le sens et ladurée de la manifestation changentselon qu’ils la fassent avec la préposi-tion à, ou selon la préposition à, précé-dée avec l’adverbe jusque.Arrêtons-nous même de triturer, noussommes fixés. Il n’y a pas de trituration,il n’y aura pas de modification au Niger.Ailleurs elles restent possibles, ellessont justifiables. Chaque pays est parti-culier, en certains pays les Constitutionspeuvent être triturées, elles peuvent êtremodifiées, cela dépend des circons-tances, et les circonstances évoluent. Au Niger, les circonstances justifiant latrituration et la modification de la Consti-tution pourraient naître d’ici à 2021. Quisait ?Ici Paris, le temps d’antenne est épuisé.

Farmo M.

Suite à l’interdiction de la manifesta-tion prévue le mardi 5 juin par le cadrede concertation et d’actions ci-toyennes, le comité de relève a animéun point de presse pour édifier l’opi-nion publique sur la situation à laquellefait face la société civile nigérienne en-gagé dans une croisade contre la loide finances 2018. Selon le comité derelève, c’est la dixième fois qu’une ma-nifestation du cadre est interdite à Nia-mey.La manifestation a été interdite par ar-rêté de la délégation spéciale de Nia-mey au motif qu’elle est prévue un jourouvrable.Face au refus notoire des autorités depermettre des manifestations du cadre

de concertation et d’actions ci-toyennes, le comité a tenu à rappelerque la liberté de manifestation est un

droit constitutionnel reconnu et garan-tit par la constitution du 25 novembre2018. Le cadre constate aussi qu’un

simple arrêté d’un maire remet encause un droit humain fondamentalgarantit par les instruments juridiquesinternationaux, régionaux et nationaux(du point de vue de la hiérarchie desnormes, il est certain qu’un simple ar-rêté ne peut pas remettre en cause lesdispositions constitutionnelles).Ainsi, le comité de relève a décidéd’attaquer l’arrêté du Conseil de villede Niamey du 12 janvier portant inter-diction de marches et meetings lesjours ouvrables et en soirée. En outre,le comité de relève a décidé d’intro-duire une nouvelle demande de mani-festation dans les jours à venir pourune nouvelle action citoyenne.

M.H

Journées d’actions citoyennes :

Le cadre de concertation s’inquiète !

Dans la nuit du lundi 5 juin 2018, troisterroristes se sont fait exploser à Diffadans le quartier Diffa Koura. Le bilantragique est de 6 morts et 37 blessés,dont 8 graves.

Selon certains témoignages, c’est lapremière fois qu’une attaque pareillevisant la population civile a lieu dansla ville de Diffa. Dans un communiqué rendu public par

le Ministère de l’Intérieur et de la Sé-curité Publique, un appel a été lancé àl’endroit de la population de la régionde Diffa pour faire preuve de plus devigilance et à renforcer la coopération

avec les forces de défense et de sé-curité.

M.H

Attaque à Diffa :

6 morts et 37 blessés

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Le Nouveau Républicain N° 225 du 07 Juin 20184

Hebdomadaire Nigérien d’Informations généralesREFLEXION

Après trois décennies de démocratiejalonnées de coups d’état devenus deplus en plus destructeurs et déstabili-sants pour reprendre une expressiondu Président Olusegun Obasanjo, sui-vis de transitions plus ou moins réus-sies, le multipartisme a pris racine auNiger. Mais, le développement écono-mique gage d’amélioration durable debien-être balbutie et le peuple nigérienfatigué du ‘dernier tango à ...Niamey’ ;un pas en avant deux pas en arrière,attend toujours le ‘grand bond avant’.Seuls les partis politiques demeurentune réalité palpable de notre sociétéquelque soit la situation socio-politiquedu pays. Ils sont les interlocuteurs in-contournables et parfois privilégiésdes autorités de transition et des orga-nisations internationales qui veillent àce que ce monde soit géré selon lesnormes et valeurs des pays dévelop-pés auprès desquels nous sollicitonsaides et appuis divers malgré nos ri-chesses du sous-sol. Souvent accu-sés de chercher à noyauter ouinstrumentaliser les autres structuresde la société civile et les syndicats, lespartis politiques ont toujours su taireleurs divergences et aplanir la mé-fiance de cette même société civilelorsque la démocratie est en dangerexplicitement (coup d’état) ou implici-tement (tazartché). A ce moment, ilssavent se mettre en phase avec le‘reste du pays’ pour sauver l’essentiel: le retour à la démocratie dans lesplus brefs délais. Sans forcémentchercher les remèdes à cette instabi-

lité récurrente ! Au Niger, les gouvernements passent,les régimes trépassent, les répu-bliques se fracassent sur les écueilsde l’inconséquence de la classe poli-tique et la démission de l’intelligentsiamais les partis politiques sont toujourslà ! Cette permanence doit interpellertout un chacun sur le rôle de ces ac-teurs majeurs dans le processus dé-mocratique, la paix et la sécurité, laconsolidation de l’unité nationale et ledéveloppement économique de la na-tion en rapport avec un personnagequi se distingue par sa capacité à cer-ner les problèmes d’une communautéet trouver des solutions pertinentes etacceptables ; à savoir l’intellectuel dé-fini ainsi : « Dans le contexte nigérien,on peut de prime abord dire qu’il s’agitgénéralement d’un individu reconnucomme détenteur d’un haut niveau deculture et dont le statut, la connais-sance et l’expertise dans le champscientifique ou culturel peuvent êtremobilisés à des fins plurielles dansl’espace public ou privé » (Adji, 2016:230). La préoccupation est trop sé-rieuse pour être laissée aux seuls spé-cialistes ! En d’autres termes, les partis poli-tiques peuvent-ils anticiper et sont-ilsprêts à faire face à de nouvelles turbu-lences dans le processus de démocra-tisation, afin de stabiliser celui-ci ?Sont-ils capables de relever le défi dudéveloppement du pays ou mêmed’une croissance extravertie ? Assurerune redistribution équitable et une al-location optimale des revenus subs-tantiels grâce à une meilleureexploitation de nos ressources natu-relles. C’est de leur capacité à prendreen charge ces attentes que les diri-geants des partis politiques doiventêtre jugés ; un principe élémentaire ensciences économiques statuant queseul est responsable d’une situationcelui qui a la décision donc la capacitéà modifier les comportements des unset des autres par des incitations ap-propriées ou la coercition. Cette capa-cité dépendra de la nature desrelations que les partis politiques en-tretiennent avec les intellectuels no-tamment le sort qu’il leur est réservé àl’interne et l’exploitation qu’ils font deleur production scientifique et artis-

tique (notamment la musique qui an-nonce les grands bouleversementssociaux) pour élaborer des pro-grammes de campagne pertinentspour le pays, en déduire des politiqueséconomiques adéquates et affinerleurs stratégies.Vaste questionnement qui ne peut êtreappréhendé dans le cadre de cette pu-blication. Aussi, l’examen du sort ré-servé aux intellectuels dans les partispolitiques peut nous donner des indi-cations quant à la réponse à cette pro-blématique un peu comme la méthodedes variables proxy en économétrie.Alors, quel est ce sort réservé auxintellectuels nigériens dans les par-tis politiques nigériens ? Je répon-drai sur la base de mon expérience entant qu’homme politique et non ‘animalpolitique’ qui ambitionne légitimementd’être reconnu un jour comme hommed’Etat et pas seulement comme un‘cadre techniquement compétent etpolitiquement engagé‘. Bien qu’ayantété de tous les combats pour l’avène-ment, la restauration et la défense dela démocratie, ayant élaboré des pro-grammes de partis et même de gou-vernement dans les moments les plusdifficiles et les plus incertains, et fina-lement malgré une participation effec-tive sur le terrain au cours de toutesles campagnes électorales décisivesavec des résultats probants, j’ai tou-jours été ‘oublié’ pour ne pas dire‘trahi’ en cas de victoire lorsque vientle moment de la distribution des rôlesou plus prosaïquement ‘le partage’ despostes politiques notamment ministé-riels (y compris la primature) auxquelsje pourrai légitimement aspirer sansforfanterie même dans les pays lesplus puissants du monde. Comme sion voulait envoyer ce message clair àtous les intellectuels nigériens : nevous mêlez pas de politique ! Alorsque le Président Kountché, chef de lajunte qui a dirigé le Niger de 1974 à1987 invitait les intellectuels à faire dela politique ou du moins à éviter l’apo-litisme en ces termes : « Je ne vous in-cite par conséquent ni à l’apolitisme,ni à l’indifférence, ni à la neutralité duspectateur amusé ou de l’intellectuelsuffisant qui écrase d’un dédain uni-versel tout ce qui l’entoure. Maiscomme nous ne voudrions pas d’intel-

lectuels martyrs, nous refuserons lesintellectuels mandarins, prêts à s’orga-niser en coteries, prompts à dénigrertout ce qui n’est pas conforme à leursidées……» (Maïdoka, 2016 : 201).Quel paradoxe ?Tout observateur avisé du fonctionne-ment interne des partis politiques auNiger sait que le chef est obsédé parla loyauté envers sa personne et nonenvers un programme, une idéologieà plus forte raison envers le peupledont on sollicite le suffrage et pour lecompte duquel on affirme vouloir exer-cer le pouvoir. Son comportementn’est pas celui d’un homme politiqueporteur de projets et habité par une vi-sion quasi messianique de servir lepays et le peuple. L’ambiance qui endécoule explique, en partie, la répul-sion que les partis politiques inspirentaux intellectuels. Ceux qui s’aventu-rent sont systématiquement et sour-noisement écartés du fonctionnementinterne du parti et surtout dès l’acces-sion au pouvoir avec la complicité duchef du parti si ce n’est pas lui qui està la manœuvre ! Faut-il croire à cetteassertion d’un ancien Premier Ministrecanadien Jean Chrétien : «en politiqueles ennemis se trouvent dans votrepropre camp ; ceux d’en face sont desadversaires » ?La liste est longue des actes de pro-vocation et des actions pour désta-biliser, isoler, fragiliser et‘neutraliser’ tout intellectuel danssa formation politique :• Faire courir le bruit qu’il n’a pas debase donc pas de légitimité • Susciter des frondes récurrentesdans son fief pour ne pas être unbaron• Entraver par tous les moyens la lé-galisation de sa légitimation par lesurnes• Organiser son isolement dans lesinstances dirigeantes du parti si parchance il y accède• Ignorer sa production intellectuelleau lieu de s’en servir pour rehausserle prestige du parti• Le maintenir dans une ignorance desaffaires internes du parti pour avoirtoujours l’air dépassé donc pas inté-ressant• Distiller la rumeur qu’il ne s’investitpas totalement dans le combat poli-

Les intellectuels dans les partis politiquesL’auteur est Professeur de Sciences économiques, Haut Fonctionnaire des Finances, Administrateur Civil de classe exceptionnelle à laretraite, Ancien Cadre-Dirigeant du PNDS-Tarayya (Délégué du Parti à la Conférence Nationale Souveraine et membre du Comité de Ré-flexion stratégique), Ancien Membre du Bureau politique du CDS-Rahama, Consultant-Chercheur indépendant.

Youssouf MAYAKI,Economiste,

Homme politique

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Hebdomadaire Nigérien d’Informations générales REFLEXION

Le Nouveau Républicain N° 225 du 07 Juin 2018 5

tique sous-entendu qu’il est trop oc-cupé ‘ailleurs’ pour être un bon militant• Renverser les valeurs au sein duparti ; l’argent vient avant le savoir, lefinancement avant le programme, lecommerçant avant l’intellectuel• En cas de victoire, éviter de luiconfier des responsabilités politiquesnotamment au gouvernement ou dansl’Administration territoriale.• Ne jamais lui confier des missions àl’Etranger pour ne pas être connu etnouer des relations• Eviter de l’appeler par ses titres aca-démiques pour ne pas le valoriser au-près des militants• Cultiver la méfiance entre lui, le chefdu parti et ses courtisans• Ne jamais soumettre sa candidatureà des postes internationaux statutairesde prestige • Ne jamais le solliciter pour uneconférence • Ne jamais le désigner pour un débatsur les médias notamment ceux télé-visés pour ne pas être connu et re-connu• Dénier à sa personne tout statut spé-cial et toute considération particulièredécoulant d’une expertise ou d’uneconnaissance spécifique puisque « lesavoir est partout » (sic !) et en mêmetemps affirmer hypocritement qu’il n’apas besoin de nomination puisqu’ilpeut vivre de consultation• Ne jamais le désigner chef de délé-gation lors des négociations avec lesautres partis et parties Le constat est là : aucun parti politiquen’a ‘son intellectuel’ ou idéologuecontrairement au reste du monde oumême au Niger à différentes époquesde son histoire. Le PPN-RDA et leCMS avaient chacun ‘son intellectuel’,même la dernière transition militaire,qui n’est pas une référence, a désignéun des putchistes pour jouer ce rôle !En l’absence d’intellectuels, le vide aété comblé par des militants de choc ;véritables ‘voix de son maître’. Le ré-sultat est là : absence de débats desociété sérieux et de résultats écono-miques tangibles contrairement auMali où les débats télévisés sont d’unebonne facture et qui enregistre desperformances appréciables dans laproduction agricole (coton) en dépit dela situation sécuritaire chaotique. Nor-mal, au Mali ce sont les intellectuelsqui font la politique et dirigent les partismais l’on se demande à l’intérieurcomme à l’étranger si réellement ilexiste des intellectuels au Niger. Dieumerci, l’excellent ouvrage collectif paru

sous la direction du Professeur KimbaIdrissa a apporté une réponse magis-trale à cette préoccupation. Certains intellectuels ont voulu réfor-mer leurs partis de l’intérieur sans suc-cès, d’autres ont tout simplementclaqué la porte pour créer leur propreparti avec des résultats plus ou moinsconfidentiels. Contribuant sans le vou-loir à l’émiettement du paysage poli-tique. Il est vrai que ce n’est pas là laprincipale cause. Il ne faut pas oubliertous ces politiciens qui cherchent àmaximiser la rente du ralliement au se-cond tour. Avec comme conséquenceimmédiate le gonflement inconsidéréde la taille du gouvernement. C’est leproblème des marchés incompletsidentifié par les économistes où tout lemonde souffre d’un blocage mais per-sonne ne bouge ! Dans ce cas, le mo-dèle néoclassique suggèrel’intervention de l’Etat pour débloquerla situation. Alors, à quand l’inscription,à l’instar de certains pays, de la limita-tion du nombre des partis et celui desmembres du gouvernement dans laconstitution ? Pour cela, et pour d’au-tres raisons, les intellectuels doivents’impliquer en politique et prendre ladirection des choses.La situation des intellectuels au seindes partis politiques ne présage riende bon quant au sort réservé à ceuxformés par eux : les ‘cadres technique-ment compétents et politiquement en-gagés’. Celui-ci n’est pas enviable.Inorganisés et très peu solidaires, lescadres ne constituent pas une forceavec et sur laquelle il faut compter.C’est pour cela qu’ils ne sont associésà rien en tant que groupe de pression.Au contraire, dans une situation deconfusion et d’amalgame où tous sontinterchangeables (n’importe qui pou-vant prétendre à n’importe quelle fonc-tion), ils sont manipulés à outrance detelle sorte que chacun voit en l’autrenon un camarade mais un concurrentredoutable dont il faut se méfier.N’ayant pas d’objectifs communs, lescadres vivent le drame du choc desambitions personnelles et claniqueshabilement exploitées par le chef duparti.Les nominations demeurent un enjeumajeur car elles permettent d’ « existersocialement » et de mener des activi-tés politiques significatives sur unelongue période. Max Gallo a certaine-ment raison d’écrire que : « le vraipouvoir est le pouvoir de nomination ».Or lorsqu’ils font la politique, les intel-lectuels nigériens ont tendance à né-

gliger cet aspect considérant que c’estde l’opportunisme. C’est seulementaprès qu’ils se rendent compte être lesdindons de la farce. Les autres cama-rades développent un trésor d’imagi-nation et une énergieincommensurable pour être nomméset les plus avisés se positionnent dansles postes au sein du parti qui leur per-mettent de dire leur mot sur toutes lesnominations et comme charité bien or-donnée commence par soi ….. ! Plustard, devenus incontournables et tou-jours aux ‘postes juteux’, ils mettentles autres militants au service de leursambitions personnelles ; le parti de-vient un fonds de commerce. Pourtant,il est politiquement contreproductif etsocialement irresponsable donc suici-daire à long terme pour un parti decautionner le népotisme pratiqué audétriment des cadres ‘techniquementcompétents et politiquement engagés’.Du reste, comment les partis poli-tiques peuvent-ils prospérer (non pro-liférer) sans ce personnage appelé‘public intellectual’ par les anglo-saxons que le philosophe Bourdieudéfinit ainsi : « quelqu’un qui engagedans un combat politique sa compé-tence et son autorité spécifiques, etles valeurs associées à l’exercice desa profession comme les valeurs devérité ou de désintéressement, ou, end’autres termes, quelqu’un qui va surle terrain de la politique mais sansabandonner ses compétences dechercheur » (Adji, 2016 :250) ?Les populations nigériennes sont gé-néralement très critiques vis-à-vis dela gouvernance économique et socialelui attribuant les difficultés de la viesans perspective d’amélioration dubien-être en l’absence d’industriespourvoyeuses d’emplois stables et du-rables et de transferts vers lescouches fragiles de la société poursoutenir une demande domestiquesolvable seule capable de garantir unerelance économique à court terme,une croissance à moyen terme et undéveloppement à long terme sanssubir aucun incident d’ « expérienceéconomique désastreuse » (définiecomme une contraction annuelle duPIB par habitant d’au moins dix pourcent). Le désamour est si grave entreces populations et la classe politiqueissue de la conférence nationale quecertaines composantes se rappellentavec nostalgie des régimes de partiunique et d’exception. Mais, personnene fait le lien entre l’incapacité ou dé-faillance de cette classe politique et sa

relation avec l’intelligentsia. Pour conclure, allons plus loin et élar-gissons notre espace géographique etpolitique pour terminer sur une noteoptimiste car : « l’Afrique peut entreren concurrence [avec le reste dumonde] du point de vue de ses com-pétences, de son coût de main d’œu-vre et de sa localisation mais ce sontsouvent des cadres politiques médio-cres qui font que les pays d’Afriquen’arrivent pas attirer des investisse-ments pourtant bien nécessaires »(Obasanjo, 2017:147)Références1. Souley Adji ; Intellectuels, Crisespolitiques et Espace public au Niger(1976-1996) in Kimba Idrissa (ed) opcit2. Jacques Attali ; Bruits : Essai surl’Economie politique de la Musique,PUF 19773. Jean Chrétien ; Dans la Fosse auxLions, Edition de l’Homme 19854. Max Gallo ; Un Homme de Pouvoir,Fayard 20025. Kimba Idrissa (sous la direction) ;Niger : Intellectuels, Etat et Société,CODESRIA 20166. Edem Kodjo ; Demain l’Afrique,Stock 1985, Nei-CEDA 20157. Aboubacar Maïdoka ; Les Intellec-tuels et l’Etat au Niger depuis l’Indé-pendance : opposition etparticipation…….in Kimba Idrissa (ed)op cit8. Olesugun Obansanjo et alii,L’Afrique en Marche : un Manuel pourla Réussite économique, KAS 2017

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Le Nouveau Républicain N° 225 du 07 Juin 2018

Hebdomadaire Nigérien d’Informations généralesINTERNATIONAL

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La démocratie n’est pas la guerre. Chezles anciens Grecs, la démocratie estd’abord un concept, puis un modèle poli-tique qui a ses vertus comme ses vices.Or, en Afrique, d’abord quand nous imi-tons, nous imitons mal, et nous réinjectonsles maux sur nos peuples. Cette façon devoir ou de faire les choses politiques estdésastreuse. Les armes contre les ci-toyens, contre le peuple, contre la démo-cratie est une négation de l’art politique.Socrate ne prenait pas les armes contreses concitoyens, mais il faisait la guerrecontre l’ignorance. Il suit donc logiqued’avancer que toutes les fois où des indi-vidus prennent des armes pour s’emparerdu pouvoir démocratique ou quand desautorités donnent l’ordre aux forces pu-bliques de faire feu sur les enfants du peu-ple, ils sont tout bonnement des barbareset incompétents pour diriger démocrati-quement un Etat. En réprimant sauvage-ment la marche pacifique du 02 Juin de laCoalition pour l’Alternance, le gouverne-ment d’IBK au Mali a franchi le Rubicon.L’usage disproportionné de la force aporté gravement atteinte aux droits et li-bertés des citoyens de manifester, et à lasouveraineté du peuple malien. Mais cetterépression n’est-elle pas prévisible ?Sciemment orchestrée pour briser l’élande la Coalition pour l’Alternance ? N’illus-tre-t-elle pas la grande peur d’IBK pour lesélections présidentielles qui s’annoncent ?Par essence, il nous semble que la fonc-tion des armes est de servir quand il y aune guerre avec un ennemi extérieur,comme par exemple contre les terroristesdjihadistes. Mais quand ce sont des auto-rités qui braquent les armes contre leursconcitoyens, il ya péril grave dans la Ré-publique. Socrate dans La République in-terdisait la guerre entre grecs, c’est-à-direles conflits civiques, conflits internes. PourAristote, l’origine de la stasis (Conflits ci-viques, discordes) trouve ses fondementsdans l’inefficience de la justice, et doncdes lois (nomoï) qui n’ont pas permis d’as-seoir l’égalité proportionnelle, d’où inéluc-tablement cette lutte quasi-éternelle entrepauvres et riches. Au sens large, la stasisdéfinit les tensions ou les discordes ci-viles, dont leurs exacerbations, ou leursextrémismes peuvent conduire à la guerrecivile. Au Mali, ainsi que nous le savons,depuis les marches de la plate forme AntéAbana qui a permis de rassembler quasi-ment tous les patriotes maliens, le campdu pouvoir a vu et compris sa limite, l’érec-tion d’une nouvelle force politique capablede l’évincer quelles que soient les ma-nœuvres sournoises du pouvoir. Depuislors, IBK ne dort plus, est hanté pas sa fu-ture déconfiture. Le recours à la force, à laviolence par les moyens de l’Etat est de-rechef l’excellente preuve que son régimeagonise. IBK n’a plus d’arguments pourconvaincre les maliens. Il a commis la

grave erreur en ces dernières encabluresdes Présidentielles d’opter pour la répres-sion par les armes.Cette répression de la marche du 02 juinde la Coalition pour l’Alternance en 2018au Mali, est la preuve évidente qu’enAfrique, le pouvoir démocratique estconstamment contesté, et le recours auxarmes, c’est-à-dire aux appareils répres-sifs de l’Etat apparaît comme ultime solu-tion pour les dirigeants qui ne veulent pasl’Alternance, ou qui veulent conserver lepouvoir même contre les Lois Constitu-tionnelles. N’importe quel Président zigotoqui n’est pas en bons termes avec le peu-ple se croît en droit de prendre des armespour piétiner la Constitution. Autant alorsne plus parler de démocratie, mais laisserla place aux armes de décider qui est pluslégitime à défaut de compétence pour di-riger l’Etat.De plus en plus et c’est fort regrettable, ladémocratie en Afrique est en train de setransformer, de se déformer en un malsainprocessus militaro-legitimus, dont le prin-cipe est : puisque que j’ai la majorité, jepeux me permettre de refuser l’Alter-nance, et d’instrumentaliser la force pu-blique à mes fins propres ; pour d’autres àqui ont a refusé le pouvoir, l’usage desarmes devient aussi l’unique solution : ilfaut faire la guerre, ou les maquis pourvenir diriger un jour l’Etat. De la Centra-frique, au Tchad, en Guinée, en Côte-d’Ivoire, au Mali avec Sanogo, etc., lesarmes sont redevenues le sésame de laCaverne du pouvoir. Au Mali, tout porte àcroire que l’épisode Sanogo n’a pas servide leçon aux hommes politiques. Le Pré-sident IBK, est on ne peut plus très aveu-glé par le pouvoir. Il est maintenant prêt àen découdre avec n’importe quel oppo-sant. Il est en train de suivre les traces deson homologue nigérien, qui a plus dechance de ne pas faire des morts lors desmanifs réprimées par la force publique, endehors du tragique décès de l’étudiantMallah Bagalé.Au total, il apparaît clairement qu’il est trèsdifficile de mettre en quarantaine, voired’éradiquer ce nouveau type d’accessionau pouvoir en Afrique : quand ce n’est pasl’armée qui renverse un président démo-cratiquement élu, c’est un Président quiutilise l’arme pour parvenir à ses fins, etailleurs ce sont des rebelles qui s’estimentplus compétents pour gouverner. Si on semet en surplomb comme le sage sur lesévénements politiques en Afrique, notam-ment au Sahel, on peut bien comprendreaujourd’hui les velléités expansionnistesdes terroristes islamistes en Afrique. De-puis des décennies, les Etats africainséchouent à bien gouverner démocratique-ment, à respecter l’alternance démocra-tique. Tout aujourd’hui est prétexte à unrenversement de pouvoir. Pathologique-ment, il y a sans conteste griserie, addic-

tion pour le pouvoir. L’illimitation, l’insatia-bilité, la cupidité, l’insouci de l’intérêt gé-néral par les hommes politiques sont lesmaîtres mots de la déchéance des institu-tions démocratiques. C’est un truisme dele dire : on ne gouverne pas en Afrique, onvient pour jouir du pouvoir. Or la politique, ou l’activité de gouvernerun Etat, n’est pas un lit de relaxation. PourMax Weber, la politique c’est prioritaire-ment, un métier (« beruf »), c’est-à-dire,une « vocation ». De sorte que si on vientau pouvoir par les armes, ou dans le casdu Président IBK et des autres qui veulentconserver le pouvoir en instrumentalisantl’arme à leur seul avantage, il est fort clairque pour le peuple souverain, de tels indi-vidus ne viennent pas pour gouverner,mais dominer, régenter, sévir et profiterdes biens du pouvoir. Si mathématique-ment comme dans une fonction de suitegéométrie, on laisse constamment se ré-péter cette pratique politique _ quasimentprépolitique - , on ne peut pas être perfor-mant politiquement, c’est-dire agir en vraisprofessionnels de la politique.

Notre thèse est que l’Afrique moderne abesoin d’une nouvelle classe d’hommespolitiques, qui va d’abord faire tabula rasaque ces anciennes mentalités rapaces,pour une éthique politique pragmatique etprogressiste.Nous sommes toujours optimistes, qu’unjour et fatalement, le peuple va se vengerde tous ces malfaiteurs et criminels del’ETAT. La révolution au Maghreb, qui futriche en enseignements, ne peut pas nepas se produire en Afrique noire : car lanouvelle génération d’Internet, de Face-book, et des autres réseaux veut une nou-velle Afrique : pas des rebelles, desputschistes, des islamistes, des vieillots,etc., mais des vrais surhommes politiquescapables de réussi la grande politiquepour le bonheur du peuple. Si on veut ci-viliser la démocratie en Afrique, il faudraen finir avec tous ces maux précités. Enfinir d’un mot avec la démocratie souscouvert des armes.

Dr. Youssouf Maïga MoussaCriminophilosophe

Mali :

La démocratie sous couvert des armes

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Hebdomadaire Nigérien d’Informations générales SOCIETE

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La jeunesse s’impatiente, elle rongeses freins. Elle a hâte de prendre la re-lève. Les anciens traînent le pas. Ilss’attachent au pouvoir. Ils tardent à lecéder. Le temps s’étire, leur attitudeprend les formes de la gérontocratie.On tempère la fougue des jeunes, onleur promet l’avenir. Mais l’avenir poureux, c’est aussi la perte de la jeunesseet le rendez-vous avec la vieillesse.C’est le risque d’avoir été jeune sansavoir pris la relève. Un conflit de générations s’ouvre, ma-nifeste ou latent. Que faut-il faire?Mettre les anciens en quarantaine? Ceserait se priver d’un capital importantd’expériences. Les anciens sont d’ail-leurs prompts à brandir l’expériencepour justifier leur position. Mais l’expé-rience s’acquiert, et ils l’ont acquise aucours de leur jeunesse. Pourquoidonc, ne prennent-ils pas les jeunes àleurs côtés afin qu’ils profitent de l’ex-

périence, comme eux-mêmes se sontformés sous la supervision de plus an-ciens? Les anciens ont coutume de se préva-loir de leur savoir. Autrefois, les an-ciens savaient parce qu’ils avaientbeaucoup vécu. Ils savent encore au-jourd’hui, mais les temps ont changé.Le savoir a éclaté en plusieursbranches. Les moyens d’accéder auxsavoirs multiples, sont légion. Lesjeunes peuvent savoir autant que lesanciens. Le nombre des années estpropice à l’acquisition du savoir et àl’accumulation de l’expérience, il tem-père la fougue, soigne la pondération,mène à la maturité. Le même hommeest jeune, le même homme devientancien. Il n’y a pas de jeunesse sansvieillesse ni de vieillesse sans jeu-nesse. Le jeune sera vieux, le vieux aété jeune. Il y a donc entre jeunesse et vieillesseun lien nécessaire inextricable, unecontinuité. La jeunesse annonce etprépare la vieillesse. Au niveau indivi-duel et biologique, le lien est linéaire,inexorable, l’homme n’y peut rien. Auniveau social et politique cependant,l’intervention de la volonté et l’interac-tion entre les hommes, donnent unetournure autre à la relation. La jeu-nesse annonce et prépare la vieillesse(impôts, cotisation, retraite), la vieil-lesse instruit et soutient la jeunesse(relève). C’est là, un idéal qui recom-mande une solidarité verticale entrejeunes et anciens.Peut-on imaginer une société sans

jeunes, et une société sans anciens?Deux visions abominables! La pre-mière est proche de l’extinction, la se-conde prend le même chemin.Solidarité verticale entre jeunes et an-ciens, ai-je dit. Mais la réalité est touteautre.Pour le plus grand nombre d’Africains,la jeunesse n’est ni la saison de l’in-souciance ni celle de l’amusement.Elle n’est pas le temps de l’espoir,mais la difficile transition entre l’en-fance et la maturité. Être jeune enAfrique, c’est au sortir de l’enfancedéjà, se trouver dans l’adversité dumonde, c’est faire l’expérience de lapauvreté et de la misère, de la faim etde la soif; c’est connaître la déscolari-sation, être livré dans la rue, à la vio-lence physique, psychologique etsexuelle; c’est être soldat dans les ma-quis, domestiques dans les ménages,esclaves dans les plantations.Être jeune, c’est aussi, après le col-lège, le lycée ou l’université, aprèsl’obtention de diplômes, entrer dans lemonde du désœuvrement et du chô-mage; c’est vivre sans occupation,survivre sans espoir, et décider deprendre le chemin de l’immigration.Notre jeunesse est marginalisée parles pouvoirs en place, entravée par lerègne interminable des anciens. Lesjeunes sont exclus des circuits de re-distribution des richesses nationales,victimes d’un système dont la perpé-tuation scellerait indéfiniment leur ave-nir et le sort du continent. Les jeunesont besoin de changement, leurs inté-

rêts se trouvent dans le changement.Les anciens doivent lâcher du lestpour que le changement se produisede manière naturelle, de manière pa-cifique. Lorsqu’on a fait son temps, etque l’on a utilisé son temps pour servirla société, on doit se satisfaire du ser-vice qu’on a rendu, et permettre auxplus jeunes de prendre la relève, defaire leur temps, de servir la société, etd’être servi par ceux qu’on a servis. Lechangement ne se fera pas avec lajeunesse seule, elle se fera avec lesanciens aussi. La jeunesse n’est passeulement l’ensemble des personnesjeunes. La jeunesse est aussi unequalité dont les jeunes personnesn’ont pas la propriété exclusive. Lajeunesse ne renvoie pas seulement àun état physique, elle désigne aussi unétat d’esprit. La jeunesse se dit ici du corps et del’esprit. Elle est ouverture et pulsionvers l’avenir, mutation perpétuelle,penchant vers le nouveau, désir dechangement, disposition à inventer età créer. Si elle intéresse les personnesjeunes, elle concerne aussi les espritsjeunes.Au demeurant, je place sous le voca-ble de jeunesse, les jeunes africains,mais aussi l’ensemble des forces pro-gressistes, celles qui savent que lestatu quo les condamne à la régres-sion, celles qui veulent le changementet portent en elles le changement. La jeunesse est avenir, sans doute.Mais la vieillesse est l’avenir de la jeu-nesse. Entrer seule dans l’avenir estpréjudiciable pour l’une comme pourl’autre. Entrer ensemble dans l’avenirest bénéfique pour les deux.

Dr. Farmo M.

Société

Jeunes, Anciens, et Avenir

Au lieu de critiquer de part et d'autrel'action héroïque de Mamadou Gas-sama, le migrant (je dis migrant tout

court et non pas migrant malien parceque je voudrais que cet acte nobleprofite aux migrants en général et à laperception qu'on a d'eux en Occident),posons nous quelques questions, ti-rons-en une leçon : une nation qui as-pire à la prospérité, au rayonnement,doit savoir reconnaître ses talents,permettre aux individus qui en possè-dent d'atteindre leur plein potentiel,faire bénéficier de ces talents la na-tion, encourager le mérite et prendrele meilleur, de quelque origine qu'ilprovienne.C'est ainsi que les scientifiques, écri-vains, artistes, sportifs noirs les plusméritants se retrouvent en Occident etobtiennent la nationalité des pays quiles accueillent. Ces scientifiques, écri-

vains, artistes, sportifs noirs partici-pent au rayonnement des nations fran-çaise, allemande, suisse, canadienne,américaine, et j'en passe, qui les ac-cueillent. Ils participent à la prospéritéde celles-ci. Autant de cerveaux, de talents, perduspour l'Afrique.Le Spider-Man malien a été reconnuet adopté par la nation française àcause de ses qualités de grimpeur,son courage, qu'il saura mettre à profitdans le corps des sapeurs-pompiers làbas. Un Spider-Man perdu pour l'Afrique, leMali.L'Afrique d'autrefois savait conserverles savoirs, encourager le mérite, pro-mouvoir l'émulation saine, valoriser les

talents, les héros. J'en veux pourpreuve des compétitions comme le Ci-wara, censé récompenser le plus cou-rageux cultivateur, qui existe encoredans certains villages. Les hérosétaient valorisés à travers des chantsdans lesquels leurs exploits étaient re-latés, transmis de générations en gé-nérations. L’Afrique d'aujourd'hui coupe les ailes,l'ambition, éteint le mérite, fait le nid dunépotisme, de l'affairisme, encouragela médiocrité et la corruption. CetteAfrique là perd ses fils les plus valeu-reux, ceux qui auraient pu laconstruire.

Dr. Aïcha Yatabary (Côte d’Ivoire)

Héroïsme de Gassama

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Le Nouveau Républicain N° 225 du 07 Juin 20188

Hebdomadaire Nigérien d’Informations généralesNATION

Sigmund Freund, nonobstant sa critique de lareligion comme « illusion », ou « névrose ob-sessionnelle », fait voir son « essence gran-diose », dans les trois fonctions clés qu’il luiassigne : par la première « elle satisfait le désirhumain de savoir », dans la seconde « elleapaise l’angoisse des hommes devant les dan-gers et les vicissitudes de la vie », et la der-nière connue de tous, «elle donne despréceptes, qu’elle édicte des interdits et desrestrictions » (l’Avenir d’une illusion). Sous ceversant apologétique, il nous semble que la re-ligion ne peut plus être envisagée comme lepensait Karl Marx comme « l’opium du peuple», mais criminologiquement parlant, l’hommeest devenu « l’opium de la religion », ou plusexactement l’homme criminel, dans les figurestransversales des djihadistes est devenu l’en-nemi inconscient de la Religion. La mort du divin n’est pas advenue. Nietzschevivant, aurait certainement recorrigé samaxime de la mort du divin. Aujourd’hui «l’homo terroricus » défigure exagérémentl’image du divin. Si comme le pensait BlaisePascal que « la pensée fait la grandeur del’homme et sa dignité », de même au plan reli-gieux, il nous semble que la compréhension ra-tionnelle du divin devrait faire la grandeur del’animal religieux, qu’est l’homme. Nonobstantle fait que l’athéisme, ou agnosticisme (doc-trine philosophique de ceux qui s’abstiennentde se prononcer sur les questions métaphy-siques, ou divines) aient pris le dessus dansquelques endroits du monde, il reste et de-meure que l’homme anthropologiquement etsociologiquement parlant ne peut se définirsans le divin : le divin est consubstantiel del’état normal d’un psychisme bien constitué.Socrate même que d’aucuns taxaient d’athéemasqué, était un religieux original, car il avaitune relation privilégiée avec le divin : son dai-môn (génie, ou divinité) comme il le disait, his-toire probablement de narguer ses concitoyensqui étaient dans l’erreur vis-à-vis descroyances superstitieuses. Ceci pour dire quecelui qui sait, doit éduquer, corriger les autres ;doit les aiguillonner à sortir de la caverne del’obscurité de la religion. Il nous semble que les djihadistes/ou terro-ristes profitent de cette ignorance criarde denos concitoyens. Les philosophes, les hommesde lettres, les théologues, doivent reprendre leflambeau de l’éducation religieuse, car tropd’obscurité (obscurantisme) entraîne le crime,le terrorisme, et nuit gravement à la vie démo-cratique, à la tolérance, à la cohésion sociale,et à la tranquillité publique. Ce présent propostentera de susciter des réflexions et aider àchanger certaines conduites moyenâgeuses,voire de renouer avec la faculté kantienne dejuger par soi-même, de se servir de son propreentendement pratique vis-à-vis de la religion etterrorisme djihadiste.Aujourd’hui, la guerre contre le terrorisme isla-miste doit susciter bien de questions philoso-phiques et criminologiques. Non pas qu’il failleremettre en cause la religion, mais remettre la

religion dans ses droits, dans ses fondements,dans sa quiddité. Il n’est pas exagéré d’avan-cer et de défendre un droit pour la religion. Au-trement dit, la religion doit-elle être un droitdémocratique ? L’homme a-t-il partout le droitd’exercer sa liberté de culte et de croyance ?Les questions sont graves et fort difficiles. Maisil n’est pas impossible d’y répondre. Et chacunpourrait alors apporter son opinion, pour que lareligion, toute religion ne soit plus objet dehaine, de violence gratuite, de guerre inutile.Avec de la réflexion lucide, de la tolérance, etbeaucoup de discours dans les Mosquées, lesEglises, les Synagogues, les Temples, il estpossible de sauver l’homme et sa foi, l’hommeet son dieu, de sauver d’un mot la « Foi et laRaison » chères aux philosophes (de Saint-Au-gustin à Blaise Pascal pour ne citer que ceux-là). A la vérité, n’est-ce pas finalement le mêmeDieu que nous adorons tous ? Ce Dieu quiselon Aristote vit dans une ipséité totale, etdont le philosophe Epicure (IVe-IIIe av. J.-C.)pense qu’il ne s’occupe pas des affaires hu-maines ? Philosophiquement parlant, le djiha-disme a-t-il seulement une once de vérité, sinous admettons avec les philosophes que touthomme se définit par sa raison, par son auto-nomie et son libre-arbitre ? Kant ne parlait-ilpas de la Religion dans les limites de la simpleraison ?La crainte de nos concitoyens est justifiée re-lativement au terrorisme djihadiste dans la re-ligion. À l’aune des nouvelles réalités de laguerre contre le terrorisme, force est de s’inter-roger si la religion est le terreau du « crimino-gène » ? L’évidence saute aux yeux, quandbien même certains auraient du mal à le conce-voir pour moult raisons. La vérité disait l’adageest comme du piment, il brûle les yeux mais neles casse pas. Socrate dans l’antiquité jouait lerôle de moraliste et de criminologue avant lalettre, au sens exact des termes où il faisait voirque le manque de maîtrise de la partie infé-rieure de l’âme, la partie concupiscente, peutconduire aux vices, aux passions mortelles.Dans La République, Platon a fait voir quel’épithuma (la partie concupiscente de l’âme)sans le contrôle du Noûs (la raison) crée unedysharmonie tant dans la psuché (esprit,conscience) individuelle que dans la cité.Lucrèce, des siècles après soutient égalementque : « C’est le plus souvent la religion elle-même qui enfanta des actes impies et crimi-nels. C’est ainsi qu’à Aulis l’autel de la viergeTrivia fut honteusement souillé du sang d’Iphia-nassa par l’élite des chefs grecs, la fleur desguerriers » (Lucrèce, De la nature, livre I, AlfredErnout). L’actualité nous enseigne la cruautéd’un autre visage de la religion : l’islamisme,avec des déclinaisons qui entachent la quidditéde l’Islam : fondamentalisme, salafisme, radi-calisme, intégrisme, moudjahidisme, djiha-disme. Face à ces dérives, les musulmanslaïcs et modérés ne doivent pas restés indiffé-rents. Il est possible de faire la contre offensivecontre un islamisme ravageur et nuisible, dés-humanisant, cause d’islamophobie à l’endroitdes honnêtes et sérieux musulmans-isla-mistes. Depuis le déclenchement de la guerre contrele terrorisme au Mali, et la massive prised’otages dans le site d’In Aménas en Algérie,l’opinion française a changé de regard et determes vis-à-vis de l’Islam, en se braquant crû-ment contre les musulmans. Conséquemment,la peur du djihadiste a induit la peur de l’Islamet de ses fidèles dans le psychisme collectifdes occidentaux. De sorte qu’aujourd’hui leseul fait d’être musulman, vous place à lamême enseigne que le djihadiste et l’islamistecriminel (barbu). Mais sans doute faut-il hic etnunc (ici et maintenant) débrouiller le sens «

d’islamiste », et consécutivement se demanders’il est identique au « musulman » ?Si tous les hommes sont des animaux poli-tiques selon le vieux Aristote, force est de re-connaître que tout le monde n’est pas unanimal religieux. La preuve est donnée par lefait qu’il existe des hommes dits athées, agnos-tiques, et même des indifférents. De fait socio-logiquement et philosophiquement, il estdifficile de créer une communauté humaine,universelle d’homme ayant une religion unique.Mais le Dieu pourrait être commun. Une reli-gion universelle, ce serait un idéal platonicien.En essayant de répondre à nos questions pré-cédentes, émergera lumineusement la quintes-sence du Dieu (theos), qui n’a rien à voir avecle djihad, et la violence meurtrière.Dans un contexte brûlant de violence et deguerre, il est pertinent de s’interroger au nomde [Qui] est employé cette violence du djiha-disme : de la religion, ou de Dieu ? Si de primafacies pour tout musulman authentique Dieun’est pas le destinataire, le bénéficiaire de cedjihadisme indiscriminé ; en revanche on peutaccorder que sous couvert de la religion, cer-tains individu peuvent en effet nuire directe-ment à leurs semblables, et indirectement à laquiddité de la religion musulmane : à partir dece moment il est de bon droit de les qualifierd’islamistes et de djihadistes, au sens où la re-ligion est utilisée comme moyen pour atteindredes objectifs. Aux antipodes de ces énergu-mènes, vous avez le bon musulman, l’honnêtehomme de l’islam, qui est laïc, tolérant, pourqui Dieu est Amour, et qui considère l’islam,comme une religion fondamentalement et es-sentiellement tolérante. Ceci pour dire que laconduite des islamistes radicaux, fondamenta-listes, partout dans le monde impacte sur lavraie nature de l’Islam. Conséquence logique,nous avons aujourd’hui une forte aggravation,une montée volcanique de l’islamophobie enoccident, qui risquerait de se dialectiser en «musulmanophobie », ou qui est déjà là.Il est crucial de le savoir : le djihadisme n’estpas le vrai Islam, ni du vrai djihad, et que le mu-sulman se distingue de l’islamiste pur et dur.En criminologie nous qualifions justement, lesdjihadistes et leurs assimilés de criminels et deterroristes ; des négateurs de l’homme et desvaleurs démocratiques.Etymologiquement, il faut comprendre que re-ligion vient du latin : religio, ou de relegere (lien,ou qui relie). Partant, on peut définir la religioncomme un moyen, un lien qui nous rattache àla divinité. Toute société bien constituée, qui aune culture, des traditions, a eu à un momentdonné de son histoire, à adorer un dieu, desdieux, ou d’autres objets considérés commedes dieux. Ainsi, dans les sociétés primitivespar exemple, ou si l’on veut traditionnelles, lerapport aux dieux, ou à la divinité, n’est pas unrapport d’aliénation, comme le penserait KarlMarx. Mais la religion faisait partie intégrantede la vie civique, comme en Afrique, dans laGrèce, ou ailleurs. Il est donc difficile de conce-voir à l’origine une société athée, ou agnos-tique. Et culturellement, la religion peut secomprendre comme un ensemble decroyances qui unit une communauté, ou le sen-timent sui generis vis-à-vis de la divinité. D’oùla foi en un Etre unique (monothéisme), ou enplusieurs dieux (polythéisme).A l’analyse, il sourd donc qu’il existe plusieursvoies pour atteindre le salut. Chacun au-jourd’hui du point de vue des droits modernes,est donc libre de vivre pleinement sa religion etson incroyance. L’humanité a quitté la cavernede Platon, pour vivre et jouir pleinement des lu-mières de la raison. Les sociétés évoluent etse transforment, et avec elles les pratiques etles cultes religieux. Les jeunes d’aujourd’hui,

ne sont pas comme les vieillots et les demivieillots de la génération précédente. Ils ontune autre weltanschauung (conception dumonde) de la religion. Et ma foi, les dévots desreligions qui prônent aujourd’hui une approcheextrémiste, radicale, fondamentaliste de la re-ligion, vont se casser la figure contre la nou-velle génération, contre la middle-generation,celle qui défend contre tous les diables, lesdroits de l’homme et la démocratie, comme enEgypte sur la place tahrir contre les rétro-grades, ou au Burkina Faso contre les velléitésdictatoriales de Blaise Campaoré.Il nous suffit simplement de porter notre regardsur le cas des jeunes de Gao que les djiha-distes ont privé de leurs droits et libertés. Long-temps habitués à la liberté religieuse, à vivresous et dans les principes de l’Etat laïc, jouis-sant de leurs droits de fumer, de jouer au bal-lon, d’aller en boîte de nuit ; bref de jouir et deprofiter de l’instant comme diraient les épicu-riens, il serait difficile de les reconvertir mêmepar des fouets, ou par des incantations. Ils pré-féreront plus l’approche des philosophes quiemploient les méthodes de la persuasion, et dela démonstration pour mettre sur le tapis le vraiet le faux.Si Karl Marx a vu juste à son époque sur lesdrames de la religion, aujourd’hui, force est deconvenir que c’est le djihadisme, et non la reli-gion, qui devient « l’opium du peuple », «l’opium des ignorants » en ayant occulté la dia-lectique de l’histoire. Tel est le point de départdu djihadisme en anachronisme total avec ladialectique de l’histoire, avec les nouvelles réa-lités advenues. Finalement faut-il le dire, leDieu de Nietzsche n’est pas mort, au reboursce sont les djihadistes qui veulent la mort de lareligion. Dieu ainsi que nous le savons n’estpas atteignable par les actions humaines. Aurebours, les actions violentes, criminelles, per-pétrées au nom de Dieu, sont des abomina-tions, des atteintes contre l’âme du malfaiteur.En prenant des innocents en otages, en lesmoyennant, et pour d’autres, en les assassi-nant, on n’est pas véritablement dans l’œuvrede la divinité, mais dans le Mal, dans le crime.Aussi faut-il convenir et reconnaître, qu’il y ades actions qui éloignent de la divinité. Caraussi longtemps qu’une âme est souillée pardes injustices, des crimes, elle ne pourra ja-mais faire l’ascension vers le monde immuable,vers le monde divin. Plus exactement, une telleâme obscurcie par les crimes, par les péchés,ne verra jamais son Dieu. D’où la nécessité debien agir, de revenir à la vraie religion, à ladroite religion, au vrai djihad qui est une vraiepurification de l’âme : une guerre intérieurecontre ses désirs et ses pensées. Le djihad enIslam est à l’identique de ce que nous enseignel’oracle de Delphes : « connais-toi, toi-même »(gnôthi seauthon), ou le souci de soi (epimeleiaheauton), dont parlait Michel Foucault.Au total débarrassons-nous alors des opinionsétablies, des contrefaçons vulgaires sur la reli-gion sur sa quintessence. Le Dieu (theos) de-puis les philosophes rationalistes, est l’Etreabsolu, infini, autonome, vivant dans une ip-séité totale qui n’a pas besoin qu’on fasse laguerre en son nom. Si Dieu est le maître detoutes choses, et qui voit toutes choses commedisent les stoïciens, alors il est juste de dire quele djihadisme est une perversion de la religion,un nihilisme de l’autre. Le léger regret qu’onpeut avancer, c’est que les musulmans modé-rés ont longtemps mis du temps pour réagir,pour se révolter contre les djihadistes. Crimi-nologiquement, il n’est pas exagéré d’avancerqu’il a fallu que les crimes soient intolérables,pour que le Logos (la Raison) retrouve enfinson droit de cité dans un Etat de droit. L’Islamauthentique, sans violence, sans terreur, sanscoercition, vecteur de paix, et de tolérance, doitretrouver dans cet Univers des droits del’homme, son lit naturel partout dans le monde.

Dr. Youssouf MaïgaCriminophilosophe

Philocriminologie

Le terrorisme djihadisme : l’antireligion