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Les Champs Ecole Paysans une première expérience de vulgarisation paysan-à-paysan dans l’Atacora-Donga Septembre 2016 / Cotonou Afin de tirer mieux profit des opportunités du marché local et de lever le défi du potentiel de production maraîchère, l’Union Régionale des Coopératives de Producteurs Maraîchers de l’Atacora-Donga (URCooPMa-AD), en collaboration avec le Programme Agriculture de l’Agence belge de développement (CTB) et les services de vulgarisation et de recherche agricole, a mis en place un dispositif de Champs Ecole Paysans (CEP), inspiré de l’approche Farmer Field Schools. La particularité de ce dispositif est que sa mise en place ainsi que son fonctionnement sont la responsabilité des coopératives de producteurs maraîchers. La région compte présentement dix-huit CEP dans neuf des treize communes de la région. Les premières expériences avec les CEP sont encourageantes. Cependant, elles ont aussi permis de tirer quelques enseignements qui sont essentiels pour rendre le dispositif plus performant et, à terme, durable sur le plan financier. Contexte Dans les régions de l’Atacora et de la Donga, la production maraîchère est une activité qui connait aujourd’hui un véritable essor en raison des réformes structurelles qui sont intervenues au sein des coopératives de producteurs maraîchers. Ces réformes ont permis aux coopératives, avec l’appui de la CTB, à travers le Programme Agriculture de l’Atacora-Donga, de donner une nouvelle impulsion aux activités de maraîchage. Cette réorganisation, qui a commencé depuis la base au niveau des villages, s’est achevée avec la mise en place d’une nouvelle structure appelée l’Union Régionale des Coopératives de Producteurs Maraîchers de l’Atacora-Donga (URCooPMa-AD) en janvier 2012 1 . L’URCooPMa-AD a un statut de société coopérative régie par l’acte uniforme de l'Organisation pour l'Harmonisation en Afrique du Droit des Affaires (OHADA). Son envergure géographique concerne les départements de l’Atacora et de la Donga. Ainsi, elle représente les maraîchers de ces deux départements au plan régional et national, pour toutes les questions relatives au développement du maraîchage. L’union régionale est le sommet d’une organisation pyramidale. Dans les villages, il y a les Coopératives villageoises de Producteurs Maraîchers (CooPMa) qui se réunissent en Unions Communales de Coopératives Maraîchers (UCCooPMa). Fin Mai 2015, l’union régionale réunissait environ 2.700 producteurs maraîchers dont 58 % de femmes, répartis dans 115 coopératives à la base, elles-mêmes réunies dans 13 unions communales. Les services rendus par l’union régionale à ses membres sont l’accès aux intrants, l’organisation de la vente collective des produits maraîchers, le suivi-appui-conseil des maraîchers dans les différents domaines de l’amélioration de la production maraîchère 2 . Malgré l’augmentation des superficies sous cultures maraîchères, la production locale n’arrive pas toujours à satisfaire la demande locale aussi bien en quantité qu’en qualité. A part le gombo, les autres spéculations (tomate, légumes feuilles, piment) n’arrivent pas à répondre Thomas COUSSENS, Wilma BAAS (CTB), Richard OUOROU BOUN, Bertus WENNINK (KIT) 1 Baas, W., A. Dieng, R. Quenum, H. Emongou, E. Nadjo et B. Wennink (2014). Restructuration et renforcement des organisations de producteurs agricoles. Cas des unions régionales des producteurs de l’Atacora et de la Donga au Bénin. CTB Bénin, Programme Agriculture. 2 Hountondji, T., M. A. Soulemana, W. Baas et B. Wennink (2015). Achat groupé d'intrants pour le maraîchage. Le cas des Unions de Coopératives de Producteurs Maraîchers de l'Atacora-Donga. CTB Bénin, Programme Agriculture. Introduction De par ses bas-fonds et cours d’eau, la région de l’Atacora- Donga représente un important potentiel en production maraîchère. La demande en produits maraîchers, dans la région elle-même et au Bénin, ne fait qu’accroître. Toutefois, ce sont surtout les produits maraîchers du Burkina Faso et du Niger qui sont écoulés sur le marché local. Il y a donc un manque à gagner pour les producteurs maraîchers dans l’Atacora-Donga, d’autant qu’ils se sont organisés en coopératives villageoises, communales et régionale pour pouvoir tirer plus de profit de la demande croissante. Un diagnostic de la filière maraîchère a mis en évidence que les producteurs n'ont pas encore atteint le potentiel de la production maraîchère, faute surtout d’une bonne maîtrise des techniques de production maraîchère. © CTB Bénin

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Page 1: Les Champs Ecole Paysans - Enabel · Les Champs Ecole Paysans une première expérience de vulgarisation paysan-à-paysan dans l’Atacora-Donga Septembre 2016 / Cotonou Afin de tirer

Les Champs Ecole Paysans une première expérience de vulgarisation paysan-à-paysan dans l’Atacora-Donga

Septembre 2016 / Cotonou

Afin de tirer mieux profit des opportunités du marché local et de lever le défi du potentiel de production maraîchère, l’Union Régionale des Coopératives de Producteurs Maraîchers de l’Atacora-Donga (URCooPMa-AD), en collaboration avec le Programme Agriculture de l’Agence belge de développement (CTB) et les services de vulgarisation et de recherche agricole, a mis en place un dispositif de Champs Ecole Paysans (CEP), inspiré de l’approche Farmer Field Schools. La particularité de ce dispositif est que sa mise en place ainsi que son fonctionnement sont la responsabilité des coopératives de producteurs maraîchers. La région compte présentement dix-huit CEP dans neuf des treize communes de la région. Les premières expériences avec les CEP sont encourageantes. Cependant, elles ont aussi permis de tirer quelques enseignements qui sont essentiels pour rendre le dispositif plus performant et, à terme, durable sur le plan financier.

Contexte Dans les régions de l’Atacora et de la Donga, la production maraîchère est une activité qui connait aujourd’hui un véritable essor en raison des réformes structurelles qui sont intervenues au sein des coopératives de producteurs maraîchers. Ces réformes ont permis aux coopératives, avec l’appui de la CTB, à travers le Programme Agriculture de l’Atacora-Donga, de donner une nouvelle impulsion aux activités de maraîchage. Cette réorganisation, qui a commencé depuis la base au niveau des villages, s’est achevée avec la mise en place d’une nouvelle structure appelée l’Union Régionale des Coopératives de Producteurs Maraîchers de l’Atacora-Donga (URCooPMa-AD) en janvier 20121.

L’URCooPMa-AD a un statut de société coopérative régie par l’acte uniforme de l'Organisation pour l'Harmonisation en Afrique du Droit des Affaires (OHADA). Son envergure géographique concerne les départements de l’Atacora et de la Donga. Ainsi, elle représente les maraîchers de ces deux départements au plan régional et national, pour toutes les questions relatives au développement du maraîchage. L’union régionale est le sommet d’une organisation pyramidale. Dans les villages, il y a les Coopératives villageoises de Producteurs Maraîchers (CooPMa) qui se réunissent en Unions Communales de Coopératives Maraîchers (UCCooPMa). Fin Mai 2015, l’union régionale réunissait environ 2.700 producteurs maraîchers dont 58 % de femmes, répartis dans 115 coopératives à la base, elles-mêmes réunies dans 13 unions communales. Les services rendus par l’union régionale à ses membres sont l’accès aux intrants, l’organisation de la vente collective des produits maraîchers, le suivi-appui-conseil des maraîchers dans les différents domaines de l’amélioration de la production maraîchère2.

Malgré l’augmentation des superficies sous cultures maraîchères, la production locale n’arrive pas toujours à satisfaire la demande locale aussi bien en quantité qu’en qualité. A part le gombo, les autres spéculations (tomate, légumes feuilles, piment) n’arrivent pas à répondre

Thomas COUSSENS, Wilma BAAS (CTB), Richard OUOROU BOUN, Bertus WENNINK (KIT)

1 Baas, W., A. Dieng, R. Quenum, H. Emongou, E. Nadjo et B. Wennink (2014). Restructuration et renforcement des organisations de producteurs agricoles. Cas des unions régionales des producteurs de l’Atacora et de la Donga au Bénin. CTB Bénin, Programme Agriculture.2 Hountondji, T., M. A. Soulemana, W. Baas et B. Wennink (2015). Achat groupé d'intrants pour le maraîchage. Le cas des Unions de Coopératives de Producteurs Maraîchers de l'Atacora-Donga. CTB Bénin, Programme Agriculture.

Introduction

De par ses bas-fonds et cours d’eau, la région de l’Atacora-Donga représente un important potentiel en production maraîchère. La demande en produits maraîchers, dans la région elle-même et au Bénin, ne fait qu’accroître. Toutefois, ce sont surtout les produits maraîchers du Burkina Faso et du Niger qui sont écoulés sur le marché local. Il y a donc un manque à gagner pour les producteurs maraîchers dans l’Atacora-Donga, d’autant qu’ils se sont organisés en coopératives villageoises, communales et régionale pour pouvoir tirer plus de profit de la demande croissante. Un diagnostic de la filière maraîchère a mis en évidence que les producteurs n'ont pas encore atteint le potentiel de la production maraîchère, faute surtout d’une bonne maîtrise des techniques de production maraîchère.

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aux besoins (FAO Countrystat 2012). Sans disposer des statistiques officielles, les importations du Burkina Faso et du Niger indiquent de graves déficits en matière de production d’oignons, de tomates et de pommes de terre. A contrario, la grande zone de production maraîchère dans l’Atacora-Donga située dans la commune de Djougou est excédentaire et les grossistes de Cotonou envoient des camions pour acheter des choux et les revendre à Cotonou.

Ensemble avec le Centre d’Action Régionale pour le Développement Rural (CARDER), l’Institut National des Recherches Agricoles du Bénin (INRAB), l’URCooPMa et le Programme Agriculture ont conduit un diagnostic sur la filière maraîchère dans la région. Les principales conclusions sont que les producteurs produisent toujours les mêmes variétés, qui ne répondent pas toujours aux exigences des consommateurs, avec des rendements faibles alors que les itinéraires techniques de production ne sont que faiblement maîtrisés par les producteurs.

En 2009, le Burkina Faso et le Niger comptaient pour presque toutes les spéculations maraichères de meilleurs rendements par rapport à ceux du Bénin. Par exemple, pour la tomate respectivement +72 % et +77 % pour le Burkina Faso et le Niger ; et pour les piments forts +272 % au Niger et +39 % au Burkina Faso3. De plus, il y a beaucoup de pourriture au cours du stockage et de la conservation des produits.

C’est dans ce contexte que l’union régionale a initié un dispositif de CEP qui sont des parcelles pour permettre aux producteurs d’apprendre et d’améliorer leur savoir-faire en matière de maraîchage. Un tel dispositif, basé sur une vulgarisation paysan-à-paysan, comble aussi une lacune dans la disponibilité des agents d’encadrement des services agricoles publics.

La préparation des Champs Ecole Paysans

Le dispositif des Champs Ecole Paysans repose sur deux piliers. D’abord, les coopératives villageoises (CooPMa) qui s’engagent à abriter les parcelles de démonstration et à mobiliser leurs membres qui sont intéressés par l’amélioration de la productivité et de la production maraîchère pour participer aux différentes séances organisées. Ensuite, les unions communales (UCCooPMa) qui identifient les formateurs-relais des CEP et l’union régionale (URCooPma) qui fournit les facilitateurs (Encadré 1).

Les formateurs-relais jouent deux rôles fondamentaux :

• Ils conduisent des opérations culturales innovatrices (ou pas/peu appliquées par les maraîchers) dont ils partagent le savoir-faire aussi bien avec les membres de leurs coopératives qu’avec ceux des coopératives environnantes.

• Ils constituent des relais entre les facilitateurs des CEP et les autres participants qui prennent part aux séances d’animation. Pendant la saison culturale, le formateur-relais organise des séances de démonstration à chacune des phases critiques des opérations culturales (installation de la pépinière, repiquage, application d’engrais chimique et organique, traitements phytosanitaires, etc.).

Les facilitateurs CEP sont de préférence des animateurs de

Une première expérience de vulgarisation paysan-à-paysan dans l’Atacora-Donga

3 Source : Plan de Développement de la Filière Cultures Maraîchères de la Région Atacora-Donga. CTB Bénin, Programme Agriculture.

l’URCooPMa puisque l’objectif est bien d’ancrer le dispositif CEP au sein de l’union comme un service aux membres. Dans les communes où l’union régionale ne dispose pas d’un animateur, ce sont des agents d’encadrement du CARDER qui assument le rôle de facilitateur. Le premier rôle du facilitateur est la modération des débats, la gestion du temps et le remplissage des fiches de suivi. Il est également responsable de renforcer l’appui-conseil technique aux formateurs-relais des CEP. Le facilitateur veille à ce que le formateur-relais prenne des dispositions pour inviter le maximum de participants à chacune des séances de démonstration. Le nombre idéal de participants se situe entre 25 et 30 personnes.

Au début de la campagne maraîchère, (octobre-novembre), les choix des formateurs-relais et facilitateurs sont confirmés au niveau de chaque site. Leur rôle est expliqué par le chargé de programme de l’URCooPMa, un spécialiste du CARDER et un membre de l’équipe du Programme Agriculture et débattu avec la coopérative villageoise.

Pendant la campagne 2014-2015, quinze sites ont été identifiés pour abriter dix-huit CEP dans la région de l’Atacora-Donga (Encadré 1). Quatre animateurs et une stagiaire de l’URCooPMa ont suivi sept CEP tandis que dix agents du CARDER étaient retenus pour suivre la mise en œuvre des onze autres champs dû au nombre insuffisant des animateurs de l’union régionale par rapport au nombre de CEP installés.

Encadré 1 : La sélection des formateurs-relais CEP et le choix des sites

Les sites des CEP et les formateurs-relais sont choisis par les Bureaux Exécutifs des unions communales. Ce choix est validé par une équipe composée du chargé de programme de l’URCooPMa, d’un spécialiste en formation du CARDER et d’un membre de l’équipe du Programme Agriculture de l’Atacora-Donga.

La sélection du formateur-relais est faite à la base des critères suivants :

• Avoir des expériences avérées en production maraîchère ;

• Disposer d’une superficie de production maraîchère supérieure ou égale à 0,25 ha ;

• Etre disponible et engagé pour l’organisation des séances de CEP et en même temps le suivi des participants dans leur propre champ ;

• Parler français et la langue (locale) des participants.

Pour la sélection des sites des CEP, les critères suivants sont utilisés :

• Site non enclavé et facile d’accès ;

• Disponibilité permanente de l’eau pour l’arrosage ou l’irrigation des cultures ;

• Sécurisé et inaccessible aux animaux pouvant détruire les cultures.

Un seul site peut abriter plusieurs CEP mais l’idéal serait de ne pas avoir plus qu’une CEP par site.

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Le fonctionnement des Champs d’Apprentissage Maraîchers

Les CEP sont conduits à tous moments de la campagne en tenant compte de la spéculation à conduire. Mais dans la région de l’Atacora-Donga, le maraîchage le plus développé est celui de contre-saison. Toutefois, certains CEP sont installés en saison des pluies pour les spéculations comme l’oignon. Les CEP sont installés en tenant compte des exigences de chaque spéculation.

des pluies pour les spéculations comme l’oignon. Les CEP sont installés en tenant compte des exigences de chaque spéculation. Un CEP ne concerne qu’une seule spéculation et les thèmes qui y sont traités sont liés aux problèmes posés par les producteurs au cours du diagnostic rapide. En effet, pendant les missions d’installation des CEP, les facilitateurs ont procédé à une explication et confirmation ou pas des thèmes retenus lors du diagnostic rapide. Les pratiques culturales qui sont à la base des difficultés par site, sont discutées en profondeur. Par la suite, les thèmes définitifs pour les CEP, sont définis :

• Choix des variétés ;

• Itinéraires techniques de production ;

• Fabrication du compost et techniques d’application ;

• Conditionnement et conservation des produits maraîchers.

A ces thèmes, on peut ajouter une dizaine de sujets débattus au cours des échanges entre les producteurs pendant les séances, qui sont spécifiques à la spéculation objet du CEP. Par exemple : le traitement des plants de piment contre la mouche blanche et le tuteurage pour la tomate.

L’URCooPMa a fourni les intrants de production pour les CEP à travers les boutiques d’intrants qu’elle a mises en place dans toutes les communes pendant l’année 2012. Mais la plupart des CEP ont subi un retard dans la mise en place des intrants à cause de non-disponibilité des intrants et des problèmes de communication entre les gérants des boutiques et les animateurs de l’union régionale. Dans certain cas, on a dû recourir aux fournisseurs locaux d’intrants.

Pendant les missions de suivi-appui par le CARDER, l’URCooPMa, le Programme Agriculture et l’INRAB, plusieurs explications ont été données pour éclairer les zones d’ombre du formateur-relais et du facilitateur. Ainsi les formateurs-relais et les facilitateurs ont été formés sur le tas par les agents de l’INRAB et du CARDER sur les techniques de production maraîchère. Il n’existe pas encore une formation proprement dite des formateurs-relais et facilitateurs.

Les membres de la coopérative villageoise se rencontrent régulièrement au CEP pour participer aux séances. Lors des séances, ils échangent sur leurs pratiques pour comprendre les difficultés de chacun en matière de maraîchage, surtout comment ils résolvent les problèmes. Par la suite ils adaptent au fur à mesure leurs techniques de production. Il a été constaté qu’environ 40 % des participants des CEP sont des femmes. Cependant elles sont très peu représentées au niveau des formateurs-relais (une femme) et facilitateurs (cinq femmes), malgré le fait que les missions de suivi ont constaté plus d’engagement au niveau des formatrices-relais et facilitatrices qu’au niveau de leurs collègues hommes.

Une première expérience de vulgarisation paysan-à-paysan dans l’Atacora-Donga

Les Champs Ecole Paysans mis en place

Dans sa globalité, le dispositif CEP a bien fonctionné (Tableau 1). Au total, treize CEP ont bien fonctionné et cinq ont rencontré des difficultés dont les principales sont :

• La mauvaise qualité de la semence fournie (Orou-Kayo dans la commune de Kouandé) ;

• La non-disponibilité des formateurs-relais à cause des autres

En moyenne, les CEP ont pu organiser cinq séances d’échange et de démonstration pendant la saison avec en moyenne dix-huit participants dont sept femmes. L’initiative a été appréciée par les unions communales au regard des impressions recueillies au cours de l’enquête réalisée à la fin des CEP. En voulant connaître la satisfaction des acteurs clés (formateurs-relais, facilitateurs et participants), 31 % parmi eux ont donné l’appréciation ‘très bien’ et 63 % l’appréciation ‘bien’ à l’organisation du dispositif (choix entre très bien, bien, moyen, passable et médiocre).

Les premiers enseignements tirés

Les contraintes pour bien mener les opérations culturales dans les parcelles CEP

Quinze parcelles CEP ne sont pas arrivées au stade de la récolte à cause des problèmes de la semence, de la qualité du compost et du manque d’eau. En plus, la majorité des CEP n’a pas envoyé les fiches de suivi avec les données sur la récolte. En effet, environ la moitié des formateurs-relais déclaraient de ne pas avoir suivi les participants de leur CEP à cause de ces contraintes à la production dans les parcelles de démonstration. Les séances bilan des CEP ont attiré l’attention sur la sélection plus rigoureuse des sites et une meilleure organisation de la fourniture des intrants.

Le choix et le positionnement des facilitateurs

Contrairement aux formateurs-relais, dans la pratique, les facilitateurs n’étaient pas toujours disponibles pour être présent au niveau des CEP. En effet, ils n’ont pas été choisis selon des critères bien précis mais ont été plus ou moins désignés, ce qui peut expliquer leur faible performance. Ces constats plaident pour plus de rigueur dans le choix des facilitateurs mais posent aussi le problème de rémunération. La rémunération directe par des unions communales leur rendrait redevables vis-à-vis les participants aux CEP et les unions communales. Enfin, les facilitateurs fournis par l’URCooPMA, qui étaient déjà minoritaires, étaient éloignés des sites d’où l’appel aux agents du CARDER comme facilitateurs car ces agents sont souvent basés dans les villages.

La prise en compte des innovations endogènes

L’approche CEP s’inspire de l’approche Farmer Field Schools qui est basée sur des séances d’échange et d’apprentissage mutuel. Les participants peuvent même organiser des essais. Les acteurs clés ne l’ont pas fait malgré les explications à plusieurs reprises. Les participants suivent l’itinéraire technique comme il faut et comme on leur a appris pendant plusieurs décennies. D’une part, les participants respectent les facilitateurs (animateurs-techniciens), qui sont perçus comme les détenteurs de la « connaissance

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Une première expérience de vulgarisation paysan-à-paysan dans l’Atacora-Donga

Commune Village Culture Thèmes techniques Nombre de séances

Nombre de participants Facilitateur Formateur -

relais

Cobly Centre

Oignon Itinéraire technique 5 10 dont 3 femmes

Femme HommePiment

Choix variétalItinéraire technique

3 17 dont 2 femmes

Kouandé

Orou-Kayo PimentChoix variétal Fabrication du compost

6 23 dont 8 femmes Femme Homme

Zongo-Maro OignonItinéraire techniqueFabrication du compost

8 14 dont 10 femmes Femme Homme

Natitingou

Bérécingou Oignon

Choix variétalFabrication du compostcomparaison compost-engrais

2 13 dont 2 femmes Femme Homme

Moussan-samou TomateChoix variétalFabrication du compost

3 19 dont 7 femmes Homme Homme

Korimbéné Piment Compost et engrais chimique 2 7 dont 2

femmes Homme Homme

Péhunco

Centre Pomme de terre

Choix variétalFabrication du compost

3 25 dont 0 femmes Homme Homme

Gonri Oignon

Choix variétalFabrication du compostComparaison compost-engrais

7 16 dont 2 femmes Homme Homme

Tonri Oignon

Choix variétalFabircation du compostComparaison compost-engrais

3 26 dont 23 femmes Homme Femme

Tanguiéta Sinahoun Oignon

Choix variétalFabrication du compostComparaison compost-engrais

7 20 dont 18 femmes Homme Homme

Bassila

Centre TomateChoix variétalSystèmes de production (comparaison)

5 22 dont 3 femmes Femme Homme

Igbomakro

Tomate

Choix variétalitinéraire technique (tuteurage)Fabrication du compost

7 23 dont 3 femmes Homme Homme

PimentChoix variétalFabrication du compost

4 22 dont 3 femmes Homme

Madjalom Tomate Tuteurage 3 18 dont 5 femmes Homme Homme

CopargoCentre

Oignon

Choix variétalFabrication du compostComparaison compost-engrais

4 11 dont 9 femmes Homme

Homme

Piment

Choix variétalFabrication du compostComparaison compost-engrais

4 9 dont 6 femmes Homme

Singre Piment Comparaison compost-engrais chimique 2 16 dont 8

femmes Homme Homme

Djougou

Centre ChouFabrication du compostComparaison compost-engrais

5 14 dont 0 femmes Homme Homme

Timba PimentChoix variétalItinéraire technique

Pas de séances 0 Homme Homme

Ouaké Akkousite Piment

Compost-engrais chimique 2 8 dont 3 femmes Homme Homme

Choix variétalFabrication du compostComparaison compost-engrais

12 23 dont 16 femmes Homme Homme

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Une première expérience de vulgarisation paysan-à-paysan dans l’Atacora-Donga

Opérationnaliser le suivi-évaluation comme outil de pilotage du dispositif CEP

L’opérationnalisation du système de suivi-évaluation mérite plus d’attention. Il reste essentiel pour suivre les résultats de l’approche CEP, son fonctionnement et le niveau de satisfaction des maraîchers. C’est indispensable pour adapter l’organisation et améliorer les outils tels que les modules de formation, fiches techniques, etc. Dans ce cadre, il est indispensable d’avoir plus de données sur les récoltes. A cet effet, il est envisagé de procéder à une valorisation des résultats obtenus des CEP à travers l’implication des élèves des Lycées Agricoles et Centres de formation agricole en fin de formation.

Renforcer les capacités entrepreneuriales des maraîchers

Les thèmes qui ont été abordés jusqu’à présent ont traité des difficultés rencontrées qui empêchent l’amélioration de la production et de la productivité. Ce choix a été motivé par le fait que la plupart des maraîchers sont en majorité des femmes qui ont une maîtrise approximative des itinéraires techniques de production. Il serait intéressant de réfléchir sur une combinaison des thèmes qui ont trait aussi bien au domaine de la production et de la productivité qu’au domaine de la commercialisation de ces produits. A cet effet, il serait opportun de former les producteurs et productrices sur les outils de recherche de marché en commençant avec l’amélioration de la maîtrise des coûts de production des différentes cultures maraîchères. Cette maîtrise constitue un préalable pour négocier des prix justes pour les produits.

moderne ». D’autre part, ces techniciens ne respectent pas assez le rôle du formateur-relais dans le dispositif et considèrent peu les connaissances endogènes des maraîchers. Un des buts des CEP c’est d’avoir une amélioration de la productivité et de la production maraîchère au niveau du maraîcher et sa coopérative (adoption). A cet effet, il faudra tenir compte des innovations endogènes dans la mise en œuvre des CEP prochains.

La formation systématique des facilitateurs et formateurs-relais

Il devient alors aussi impératif d’élaborer un plan de formation avec une séquence cohérente de sessions pratiques à l’endroit des formateurs-relais et surtout les facilitateurs. Ces formations seront une opportunité pour renforcer leurs capacités d’animation des rencontres d’échange et d’apprentissage et de montage des essais simples. Cela leur permettra aussi d’avoir une meilleure maîtrise des thématiques techniques au cours de la mise en œuvre des CEP et d’intégrer de nouveaux thèmes tels que la gestion efficiente des ressources en eau et l’adaptation de la conduite des cultures aux changements climatiques.

Les défis à relever à court terme

Renforcer l’appropriation locale et la pérennité institutionnelle du dispositif CEP

C’est avec une forte implication des unions des producteurs maraîchers que le dispositif des CEP a été mis en route. Toutefois, l’appui technique et financier du Programme Agriculture reste encore important, ce qui rend le dispositif peu durable pour le moment. D’une part, il faut que dès maintenant les unions décident comment les membres paient pour les services fournis à travers les CEP et/ou de réduire les coûts de fonctionnement du dispositif. D’autre part, il faut encore investir dans la création d’un pool de facilitateurs et formateurs-relais qui constitueront à terme le capital humain du dispositif.

Le suivi du dispositif CEP est encore organisé à partir du niveau régional, à l’URCooPMa, en collaboration avec le CARDER de niveau régional. Ce suivi prend beaucoup de temps et engendre des coûts supplémentaires à cause de la distance physique avec les CEP. Les Unions Communales auront un plus grand rôle à jouer dans la mobilisation de leurs coopératives autour des CEP, dans la sélection leur Facilitateur et les formateurs relais avec l’appui d’un technicien du CARDER affecté à la commune. Un dispositif rapproché permettrait plus rapidement les résultats fixés à travers les CEP.

En plus le plus grand rôle pour les unions communales permettra la multiplication des CEP et d’atteindre plus de maraîchers. En même temps, elle permettra de réduire les coûts récurrents de suivi par CEP. Ces options plaident pour une plus grande responsabilisation des unions communales dans le dispositif, ce qui cadre avec les rôles des différentes entités dans l’organisation des maraîchers dans l’Atacora-Donga.

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Une première expérience de vulgarisation paysan-à-paysan dans l’Atacora-Donga

Notes

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Une première expérience de vulgarisation paysan-à-paysan dans l’Atacora-Donga

Notes

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Une première expérience de vulgarisation paysan-à-paysan dans l’Atacora-Donga

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La CTB, l’agence belge de développement, appuie et encadre des programmes de développement pour le compte de l’État belge et d’autres donneurs d'ordre.

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Notes