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Les barrages électrifiés
Lignes Challes et Morice
Extraits des ouvrages de Belahsen-Bali :
-héros anonymes de la Wilaya 5 zone 1
-une famille ordinaire dans la tourmente
Tlemcen :avril 2012
La ligne Morice
Une « herse » (véhicule armé) patrouillant le long du barrage
entre Port-Say et Gabriel, frontière marocaine.
Un historien de guerre disait :
« La première guerre mondiale s’est caractérisée, au plan tactique, par le
développement sans précédent de l’obstacle barbelé sur le champ de bataille.
Pourtant, ce redoutable fil de fer, inventé par l’Américain Joseph Glidden en 1873,
avait déjà connu un exemple opérationnel durant la guerre des boers, tandis que, plus tard, les
Italiens de Cyrénaïque cherchaient à isoler la Libye de l’Egypte par une ligne de barbelés tirée
de Bardia à Al-Djaboud, sur plus de deux cent cinquante kilomètres dans le désert.
C’est sur la base de ce même concept d’isolement du champ de bataille, sous toutes les
formes de celle-ci, que va être édifiée la fameuse Ligne Morice en Algérie »1.
1 Colonel Jacques Vernet, Docteur en Histoire, in Guerre d’Algérie Magasine n°01.
HISTORIQUE DES BARRAGES MINES-ELECTRIFIES DES
FRONTIERES
EST-OUEST DE L’ALGERIE
(Extraits de « Les barrages de la mort 1957-1959 ,le front oublié »
de Amar Boudjelal, Colonel de l’ANP a la retraite)
De 1954 a 1962, le gouvernement Français s’est inspiré de la fameuse Ligne Maginot
pour installer les lignes et barrages minés électrifiés sur les frontières Est-Ouest de l’Algérie.
Le projet, initialement présenté par le ministre de la défense de l’époque, Mr Morice,est passé
plus tard à la postérité sous les noms de Lignes Morice et Challe.
1-Première phase des grands chantiers des lignes minées électrifiées fin1957 eut lieu
le lancement des chantiers à l’Est et à l’Ouest, à partir des zones Nord et Sud, la jonction se
faisant au fur et à mesure de l’achèvement des travaux, qui nécessitèrent d ‘énormes moyens
financiers :
Implantation des poteaux métalliques sur des blocs de béton.
Minage des terrains.
Mise en place des fils barbelés.
Electrification et mise en place des postes et appareils de contrôle.
Pour ce qui est de la longueur totale des lignes installées, elle peut se calculer en
milliers de kilomètres, la largeur du réseau variant de 8 à 12 mètres truffé de mines posées en
quinconce selon une densité d’une centaine sur 150 mètres carrés.
Le tout renforcé par des miradors, de l’artillerie lourde, des P.C opérationnels et des
camps fortifiés, sans oublier les talus hauts de plusieurs mètres élevés dans le but de protéger
les installations militaires.
Les différents types de mines étaient de redoutables engins de mort difficilement
détectables et placés aux lieux supposés de passage des moudjahidines.
Un contrôle rigoureux était exercé sur les réseaux électrifiés de franchissement, ce qui
permettait l’intervention immédiate et efficace de l’aviation et de l’artillerie, qui pilonnaient
impitoyablement les brèches ouvertes avec de faibles moyens (cisailles, bangalores, T.NT)
par les commandos spécialisés de l’ALN.
2-Les risques encourus par les djounoud :
Les redoutables moyens mis en place par l’armée Française ne laissaient plus aux
combattants de l’ALN que le choix de leur mort :griller sur le réseau électrifié, sauter sur une
mine, être déchiquetés par des éclats d’obus ou des balles de 12,7 tirées par les mitrailleuses
des avions…les années 1958-59 furent catastrophiques pour les commandos de l’ALN, dont
80 pour cent périrent dans des tentatives de passage inexorablement vouées à l’échec.
3-Les jardins de l’enfer :
De larges zones interdites semées d’embuches diaboliques, de mines échelonnées en
profondeur sur trois étages, d’obus piégés dont l’allumage était commandé par de simples fils
de fer, pieux d’apparence inoffensive reliés à des charges explosives habilement dissimulées,
et enfin des mines éclairantes déclenchées par un allumeur de mine anti-personnel.
La mine éclairante bondissante, à parachute, est munie d’une charge propulsive qui lui
permet de s’élever à une centaine de mètres, hauteur à laquelle la charge éclairante s’allume et
le parachute se déplie,sa durée d’éclairage est d’une minute sur un rayon maximum de 300
mètres.
Il y’avait aussi les chevalets métalliques garnis de barbelés et branchés sur un courant
de 6000 Volts. Sans oublier les ingénieux enchevêtrements de mines, que les combattants de
l’ALN avaient baptisés<<Les Champs Elysées>>,et qui explosaient en série au plus léger
frôlement d’un piquet métallique…
4-Après l’indépendance, les mines continuèrent à tuer :
Les mines continuèrent à tuer le long des frontières, augmentant le nombre de victimes
de la guerre d’indépendance. Des enfants, des femmes, des vieillards innocents, mais aussi
des djounoud, sous officiers et officiers des unités de déminage de l’A.N .P que j’ai eu
l’honneur de commander. Beaucoup sont morts au cours de cette noble mission, et d’autres,
amputés, sont restés handicapés à vie.
Les mines les plus grosses, bondissantes anti-groupes et obus piégés ,sont celles dont
l’action est la plus limitée dans le temps, en raison de leur emballage périssable et de la
détérioration de leur système de mise à feu. Par contre les mines anti-personnel, avec leur
emballage plastique, sont quasiment éternelles et peuvent tuer des dizaines d’années après.
Lorsque l’armée française s’est retirée en 1962 , elle ne s’est pas inquiétée de remettre
aux autorités militaires algériennes les plans des zones minées avec les emplacements des
pièges explosifs, qui couvraient les deux cotés du barrage électrifié. De plus, la terre est
vivante. Les imperceptibles secousses sismiques, les crues, les fortes pluies, les affaissements
et autres phénomènes naturels ont fait que nombre de mines se sont déplacées, continuant à
semer la mort là ou l’on s’y attend le moins…
LE BARRAGE DE BARBELES
A travers les monts de Asfour, Tlemcen, Sebdou et Sidi djilali, séparant l’Algérie du
Maroc, l’on distingue nettement un réseau de fils de fer barbelés se déroulant à l’infini : c’est
la fameuse ligne Pedron, du nom de son concepteur ; large d’une dizaine de mètres, elle a été
érigée pour faire échec au passage des éléments de l’ALN, et aussi pour couper toutes les
voies de ravitaillements et de repli. Cet obstacle électromécanique était une pièce maîtresse du
dispositif militaire français qui devait assurer l’étanchéité des frontières, privant ainsi la
révolution algérienne de ses ressources en armements et en hommes. Dans l’esprit des
stratèges français, ce bouclage était la solution parfaite pour faire obstacle à la guérilla, en la
privant de ses sources extérieures d’approvisionnement.
L’une des caractéristiques de cette guérilla était l’aptitude des moudjahidine à se
fondre dans une nature complice. Il fallait donc, pour l’armée française, mettre en place une
structure permanente, facile à construire et à modeler, et surtout capable de dissuader
l’ennemi, contrôler ses mouvements par les déplacements des troupes et par l’amélioration
des communications. Vu le rôle qui lui était dévolu, le barrage devenait un véritable champ
d’expérimentations technologiques, qui ira en s’améliorant tout au long du conflit, pour faire
face à un ennemi de plus en plus puissant et efficace.
Le long de la frontière, le relief est fortement contrasté, depuis la bordure maritime au
Nord, jusqu’à El Aricha, au Sud, sur environ 140 kilomètres. Près des deux tiers de ce
parcours sont plutôt escarpés. On y rencontre d’abord l’extrémité de la chaîne côtière des
Traras, plus au sud de la trouée de Maghnia, et le massif des Monts de Tlemcen qui, avec les
impressionnants monts de Mechamiche, culminent à près de 1600 m. On tombe ensuite
rapidement sur les avant-corps de la grande steppe des hauts plateaux, beaucoup plus sobres,
mais où l’altitude est toujours supérieure à mille mètres : c’est le territoire des communautés
pastorales qui nomadisent sur la « mer d’alfa ». Ces accidents géographiques influaient sur
l’agencement du barrage, bien différent du Nord au Sud.
Dans sa partie nord, qui longe d’assez près la frontière à environ 10 kilomètres, la
nature du terrain a permis de distendre le dispositif de surveillance et de le renforcer par des
postes très rapprochés d’artillerie. Par contre, sur les hauts plateaux, les postes vont s’espacer
et s’écarter de la frontière en direction du Sud-Est jusqu’à hauteur de Mecheria. A partir de ce
point, la haie barbelée protège aussi le grand axe reliant Oran à Bechar. Elle s’infléchit alors
en direction du Sud Ouest par Aїn Sefra, tout en longeant de nouveau la frontière algéro-
marocaine.
Malgré ce dispositif, les frontières restent perméables aux incursions de l’ALN, Qui
échappent à tous les systèmes de repérage et à toute possibilité d’interception. Ainsi, en
janvier 1957, un réseau électrifié est mis en service. Il comprend deux haies à quatre fils
conducteurs aménagées entre deux réseaux de barbelés d’une profondeur d’une dizaine de
mètres chacun. Ils sont renforcés de mines éclairantes qui permettent aux mortiers et à
l’artillerie d’intervenir en cas de besoin. Les moudjahidine effectuant quotidiennement des
coupures nocturnes dans le réseau, les premières mines antipersonnel y sont placées en mars
de la même année. Plus tard, le barrage reçut d’autres perfectionnements destinés à accroître
son efficience, tels les radars de guidage des avions en vol ou encore ceux de surveillance au
sol.
Pourtant, même cet équipement de très haute sensibilité s’avérera inefficace à contrer
les passages des unités combattantes, spécialement entraînées dans ce but, et dont la fréquence
ira en augmentant jusqu’en avril 1958. En effet dans les régions au relief accidenté, ce réseau
de surveillance s’avéra assez peu performant. Il démontra par contre sa pleine efficacité dans
les zones plates ou désertiques où il permettait d’alerter longtemps à l’avance les unités
d’interception. Malgré cela, elles arrivaient le plus souvent trop tard, ne trouvant que le vide
en face d’elles. Encore une fois, la clôture électrifiée va être améliorée : la tension va être
redressée à 2500 V le jour et 5000 V la nuit, ce qui permettra la localisation instantanée de
toute coupure. Cette grille foudroyante bordée de barbelés est doublée à faible distance d’un
lacis de pré alerte miné. Toute la nuit, de puissants projecteurs restent allumés, et
sporadiquement, des phares D.C.A d’une portée supérieure à quatorze kilomètres projettent
leurs faisceaux lumineux dans le no man’s land qui longe la frontière. A la moindre alerte,
l’artillerie tire des obus éclairants tandis que des avions «lucioles » larguent leurs bombes à
effet identique.
Dès octobre 1957, des procédures encore plus sévères sont établies, concernant les
mesures de veille : institution de patrouilles mobiles dans les zones d’ombre, balayages de
projecteurs de part et d’autre des barbelés à intervalles irréguliers, postes de contrôle, toutes
mesures destinées à augmenter l’efficacité dans la définition des armes d’appui(artillerie), le
choix des véhicules et les moyens de liaison, ainsi que la désignation des gradés de quart, des
guetteurs et autres personnels d’intervention. En février 1958, seront instituées les « zones
interdites » le long de la frontière. Des douars entiers seront rasés et leurs occupants déportés,
parqués dans des « villages de regroupement », misérables ghettos ceinturés de barbelés et de
postes de contrôle. Cette opération avait pour objectif de couper la révolution de ses bases
populaires.
Dès les débuts, les forces de l’ALN s’efforceront de causer le maximum de dommages
au barrage, aux unités qui le défendaient et aux systèmes de surveillance de toutes sortes. De
nombreux commandos spécialisés seront formés à des techniques de franchissement mises au
point et corrigées progressivement. L’on s’efforcera en même temps de démythifier le barrage
dans l’esprit des djounoud. Ils seront soumis de jour comme de nuit à des exercices
d’observation et de reconnaissance des obstacles, et seront associés à des actions nocturnes de
sabotage et à des opérations de franchissement, d’abord sur des éléments reconstitués, puis sur
des barrières réelles, afin de les accoutumer et les préparer aux traversées du réseau barbelé.
Mise en place des barbelés en 1957 à la frontière Marocaine
Confrontés aux difficultés grandissantes, certains responsables militaires de l’ALN
avaient reproché à Krim Belkacem, alors chef du département de guerre, d’avoir sous-estimé
le danger de ce rideau mortel. De même, le commandement avait été pris au dépourvu par la
création du no man’s land et des zones interdites le long de la frontière. L’accélération des
travaux de ces ouvrages, auxquels furent employés des prisonniers militaires et civils, a posé
d’insurmontables problèmes au commandement de l’ALN.
Les éclaireurs ont enduré les pires souffrances et payé un lourd tribut pour franchir cet
obstacle, et leurs cadavres accrochés aux barbelés électrifiés affectaient sérieusement le moral
des combattants. Diverses stratégies de franchissement ont été expérimentées en vain, les
Katibate échouant le plus souvent dans leurs tentatives de franchissement en force, au prix de
très grosses pertes en vies humaines. Ces échecs successifs portaient de durs coups à
l’enthousiasme des combattants, et contribuaient à créer un malaise et des crises larvées dans
les rangs de l’armée et de ses instances de commandement.
DANS LES BARBELES
"داخله مفقود، وخارجه مزيود"
« Celui qui entame une traversée du réseau de barbelés est considéré comme mort, et
il ne renaît qu’une fois cette traversée réussie »
Le stage de formation dont j’avais bénéficié à la ferme Belhadj, située à Berkane,
m’avait appris, en théorie, uniquement comment effectuer une traversée sur la ligne barbelée.
Une autre épreuve m’attendait : je devais faire passer des camarades, mais cette fois, à travers
un réseau réel de barbelés minés.
C’est ainsi qu’en novembre 1957, Kaïd Ahmed, alias Capitaine Slimane, me chargea
de faire passer le chef de zone Abdelouahab et son escorte, à travers le point de passage piégé,
entre Figuig et Béni-Ounif. Un réseau de barbelés et un terrain semé de mines distants de 5
km de la ville chérifienne, séparaient les deux localités. Deux heures avant le départ vers
l’Algérie, une équipe de surveillance fut installée à différents points stratégiques du parcours.
Les moussebiline cumulaient diverses fonctions : gardiens, agents de liaison, agents de
renseignements, etc… Un mot de passe fut communiqué juste avant le départ. Le parcours de
Figuig à la ligne barbelée se déroula sans incident et dura un peu plus d’une heure. A ce
moment, ma montre indiquait 22 H 46. La lune, à son second quartier, permettait une
excellente visibilité. Les djounoud se camouflèrent, à 200 m de l’obstacle et attendirent,
pendant que deux groupes de trois, désignés par avance se positionnaient de chaque coté de la
piste, à environ 400 mètres. Ils étaient chargés de placer 2 mines à pression antichar à droite et
à gauche pour assure nos arrières lors du retrait.
C’était à moi de jouer. Délesté de mon fusil belge et de ma djellaba, je ne gardais qu’un
pistolet de 9mm, une grenade quadrillée anglaise et une baïonnette. J’entamais une lente et
prudente progression, abordant le champ de mines jusqu’à un mètre de la ligne, suivi de deux
stagiaires munis de cisailles. Nous avancions à la queue leu leu, pliés en deux. J’auscultais
soigneusement le sol à l’aide de la baïonnette, mettant les pieds là où elle ne rencontrait
aucune résistance, suivi par les stagiaires qui posaient leurs pieds exactement dans l’empreinte
des miens. Mètre après mètre, je déblayais le terrain pour arriver aux barbelés, m’assurant
qu’aucune mine n’était disposée à l’entrée du passage.
Arrivés au premier rang de barbelés, c’était la phase de cisaillement, durant laquelle j’étais
assisté par les stagiaires : d’abord, maintenir des deux cotés le fil de fer à l’aide de pinces
isolantes avant de le sectionner. Ensuite, le fil sectionné doit être détendu et accroché à un
autre fil, en évitant surtout son retour en force qui aurait eu pour effet de déclencher les mines
bondissantes et les fusées éclairantes placées à la base de chaque piquet. Ce qui aurait eu pour
effet de signaler notre présence et notre position avec précision.
Stagiaires à l’œuvre dans les barbelés
Une victime des barbelés
Je devais répéter cette opération de fil en fil, jusqu’au fil sous tension, les stagiaires
me passant les outils à chaque étape .
A ce moment, je pouvais soit creuser un boyau sous la ligne, soit couper les barbelés.
Dans le deuxième cas, je devais au préalable placer les deux pinces isolantes avant de cisailler
le fil, évitant ainsi la coupure de courant qui aurait signalé notre présence au poste militaire
voisin.
L’opération se répète de fil en fil jusqu’au deuxième rang de barbelés, et la même
procédure est entamée. Chaque mine repérée hors du passage déjà signalé est marquée par un
brin de coton au fur et à mesure de la progression.
Je continue ainsi jusqu’à l’arrivée en territoire algérien, et je signale notre présence
aux djounoud par le mot de passe répété selon les instructions à trois reprises. Nos hommes
arrivent alors en file indienne et entament calmement la traversée du terrain balisé et sécurisé
par nos soins, suivant à la lettre les consignes pour éviter toute erreur qui pourrait être lourde
de conséquence.
A titre d’exemple, lors de la traversée d’un boyau creusé sous la ligne de haute
tension, un moussebel , au lieu de continuer à ramper au plus près de du sol, leva brusquement
la tête, heurtant du visage le fil le plus bas. La puissante décharge électrique de 3000 volte qui
suivit le souda littéralement aux barbelés, auxquels il resta accroché sans que nous puissions
rien faire pour le détacher. Il nous fut même impossible de lui desserrer les mâchoires.
Au cours de ces missions, et à chaque passage, je récupère de 20 à 25 mines à pression
que je dévisse au fur et à mesure, séparant l’allumeur du détonateur que je conserve dans les
poches de ma vareuse. Ensuite, je place la mine nue, c’est-à-dire désamorcée, dans la musette
que je porte, accrochée à mes épaules. Dans ma fonction, je n’ai droit qu’à une erreur : celle
qui me coûtera la vie. Bien sûr, la peur m’accompagne à chaque passage mais j’arrive à la
surmonter en récitant, à chaque fois, une prière composée de : « Au nom de Dieu, le Clément
et le Miséricordieux, il n’y a de Dieu que Dieu et Mohammed est Son Envoyé » et enfin, le
verset du Trône. Cela me permettait de retrouver ma sérénité. Lors d’une permission, ma mère
m’avait confié un talisman et ma jeune sœur, dans son amour naïf, avait écrit sur une feuille
de son cahier d’écolière des amulettes dont je ne me suis jamais séparé.
La nécessité faisant loi, j’en arrivais à faire preuve d’une très grande ingéniosité dans
la fabrication de mines artisanales anti-char, en utilisant des pièces de mines personnelles à
encrier insérées dans des petites caisses en bois. Leur système de mise à feu était déclenché
par le poids du véhicule qui les écrasait.
En plus de la formation, c’est dans la pratique que j’ai perfectionné mon métier de
démineur. Au cours de mes différentes traversées, j’ai eu deux incidents. Le premier eut lieu
au cours de l’une de mes premières missions: Le stagiaire qui m’accompagnait laissa le fil
sectionné se détendre brutalement, dégoupillant au passage une mine bondissante. Je fus
légèrement blessé au pied gauche alors que le stagiaire Abdelhaq fut gravement atteint.
Comme nous n’étions qu’à la première rangée de barbelés, nous pûmes nous replier avant
l’arrivée d’une « herse ». Lors de ce qui devait être ma dernière mission, alors que j’avais
ouvert le passage, un vieux moussebbel s’accrocha la djellaba. Essayant de se dégager, il tira
brusquement sur le barbelé qui fit dégoupiller deux mines bondissantes et une fusée
éclairante. Le signal fut ainsi donné au poste militaire et trois minutes après, des sunlights
éclairants s’allumèrent et de puissants projecteurs furent orientés vers nous. Immédiatement
une pluie d’obus de mortier s’abattit sur nos positions, tuant un djoundi et blessant deux civils
laissés sur place. Trois autres civils et moi-même avons été touchés par des éclats. Le
sifflement des balles et les explosions des obus faisaient un vacarme assourdissant. Blessé au
tibia de ma jambe droite, je fus transporté par mes deux stagiaires jusqu’au territoire marocain
où je fus hospitalisé pendant plus de deux mois.
Les obstacles extraordinaires de la Ligne Morice n’ont jamais empêché l’ALN de
traverser les frontières dans les deux sens, bien que nos pertes fussent parfois très lourdes.
Lors de mon passage à la VIIIème zone, sous le pseudonyme l’instructeur Réda, j’ai formé
plus de deux cents djounoud sur le réseau barbelé et ses obstacles. Après plusieurs années,
c’est avec une grande émotion que j’ai retrouvé d’anciens élèves ainsi que les lieux de mes
passages lors de la commémoration de la mort du Colonel Lotfi à Béchar le 27 mars 2008.
Liste des stagiaires démineurs
Nom et Prénoms Grade Région Nom et Prénoms Grade Région
OKBA Mohamed Aspirant 3 LAZRAGUE
Ahmed
Chef de
groupe 2
BENYAKHLEF
Lazrag
Chef de
Section 1
BENAROUSSI
Aissa
Chef de
groupe 4
BEGGA Omar
Ben Said
Chef de
groupe 1
BENYEKHLEF
Mohamed
Chef de
groupe 4
BELLAHCENE
Mohamed
Chef de
groupe 1
BEN MOUSSA
Abdou
Guide
frontières 4
STAIBIB Ghoti Chef de
groupe 2
ALLOUSSE
BenMohamed
Guide
frontières 4
BADAOUI
Boudjamaa
Guide
frontières 3
BENAISSA
Kamel
Guide
frontières 2
M’HAMDI
Abdelkader Djoundi 1
BENAMARA
Hocine
Guide
frontières 1
STADJI Ahmed Djoundi 2 ZOUICHA
Ahmed Djoundi 1
BACHIR
Mustapha Djoundi 1
BELLAHCENE
Mohamed Djoundi 1
SENOUCI
Miloud Djoundi 1
LARADJI
Mohamed Djoundi 1
AFFI Benaouda Djoundi 2 SBILI Djoundi 1
Abdelkader
BELBACHIR
Boucetta Djoundi 1
BEKRI
Benkhetou Djoundi 2
MOKHTARI
Mohamed Djoundi 1
HAMMAD
Mohamed Djoundi 1
SEGAT Sofiane Djoundi 1 LARABI Ahmed Djoundi 2
SEBAH
Abderrahmane Djoundi 2 SEBAA Ahmed Djoundi 1
CHERGUI
Lakhdar Djoundi 1
BELKHEIR
Abdelkader Djoundi 1
KHATOU
Abdelkader Djoundi 2 BENSALIM Ali
Chef
Merkez 1
BENYAKOUB
Kaddour Djoundi 1 SEBAA Boutkhil
N.
Stagiaire 1
BEN EDDI
Boufeldja
Chef de
Section 1
KHOLKHAL
Said
N.
Stagiaire 1
LATRACHE
Mohamed Djoundi 1 KAZI Larbi Djoundi 1
MEZIANE
Boukhalfa
N.
Stagiaire 1
DJELLAT
Brahim Djoundi 2
FELLAH
MESSAOUD Djoundi 2
RAHMANI
Abdelkader Djoundi 1
KHEBIZ Amara Chef de
groupe 4
BOUSOUAR
Ahmed Djoundi 1
HAMMADI
Kouider
Chef de
groupe 1 CHIB Mohamed Djoundi 1
DLIMI Tayeb Chef de
groupe 2
AMICHA
Benamar Djoundi 1
ZAHZOUH
Hamza
Chef de
groupe 2
BELGHIT
Abdelghani Djoundi 1
BENADIL
Djelloul Djoundi 1
BENMOKHTAR
Abdelghani Djoundi 1
ASSOUFI
Mohamed Djoundi 1
BENBAKHTI
Hamza Djoundi 1
TADJ Mohamed Djoundi 1 KHALID
Benkamel Djoundi 1
DIDI Moussa Djoundi 1 BENADDI
Boufeldja Djoundi 1
DIAB Mohamed Djoundi 1 FERHAT Amar Chef de
Section 4
SI-ALLAL Chef Cie
Timimoun 4
BOUAMARA
Abderrahmane
Djoundi 1
LARBI
Benbouziane N.Stagiaire 1
SELLES Ben
Dada
Djoundi 4
BENMOHAMED
Bachir N.Stagiaire 1
M’HAMED
BELARBI
Djoundi 1
BENMOHAMED
Tayeb
Djoundi 1
SAID OULD
AHMED
Djoundi 1
BENCHIKH
Abdelkader
Djoundi 1
BENSAID
Mohamed
Djoundi 4
SAID OUL
AISSA
Djoundi 4
DJAKANI
Mohamed
Djoundi 1
Ahmed Ould
MOUMEME
Djoundi 1
SELLEM
Benaissa
Djoundi 4
BENAISSA
AMAR
Djoundi 4
BENTALEB
M’Hamed
Djoundi 1
CHEIKH
Benamar
Djoundi 1
BENABDELLAH
Oul Salah
Djoundi 1
BENMOHAMED
Lakhdar
Djoundi 1
Mohamed Ouild
Belhadj
Guide
convoi 1
BENDINA Aek Djoundi 4
Ci-dessous les instructions reçues du commandement de la huitième zone relatives aux
obstacles des mines posés par l’armée française à travers le réseau des barbelés. Dès que l’on
recevait ces circulaires, nous devions communiquer l’information et les recommandations à
tous les élèves artificiers.