les affaires récentes commê celle de la bcci n'épargnent ... · rainer land (3) pour qui le...

16
Par ici la bonne soupe! Les"affaires " récentes commê celle de la BCCI n'épargnent ni les gou- vernements (auJapon parexemple), ni les institutions religieuses, pas même uneorgânisation écologiste mondiâlê comme Greenpeace. Enqui peut-on avoir confiance dans un monde pourri parla linance? (voirpages6à10)

Upload: truongdan

Post on 15-Oct-2018

212 views

Category:

Documents


0 download

TRANSCRIPT

Par ici la bonne soupe!Les "affaires " récentes commê celle de la BCCI n'épargnent ni les gou-

vernements (au Japon par exemple), ni les institutions religieuses, pas mêmeune orgânisation écologiste mondiâlê comme Greenpeace.

En qui peut-on avoir confiance dans un monde pourri par la linance?(voi rpages6à10)

Directrice de la publication :Marie-Louise DUBOIN

Recherche et documentation : René MARLIN

Diffusion et relations extérieures : André PRIME

*Rédacteurs (tous bénévoles) :les abonnés qui le souhaitent.Les manuscrits sont choisis

par le comité de lecture et ne sont pas renvoyés.

*Impression : R. PERNEL

Commission paritaire N°57434.Diffusé par les N.M.P.P.

AUAU SOMMAIRESOMMAIRE DEDE CECE NN°° 905:905:

*ÉDITORIALpage 3 La gauche, c'est par où?

par M-L Duboin

* ACTUALITÉS

pages 4 et 10 Lu,vu,entendupage 5 Hypercompétitivité

par A.PrimeLe tires monde se prostitue

page 6 Une banque excentriquepar R.Marlin

…au Japon aussipage 7 l'Eglise anglicane…page 8 les Mormons…page 9 …et même Greenpeace?

* RÉFLEXIONS

page 12 Lettre ouvertepar A.Mollié

page 13 Onze Novembrepar H.Dalgon

* COURRIER page 14 A propos d'Europeet page 15

* RÉSUMÉ DE NOS THESESpage 16 L'ÉCONOMIE DISTRIBUTIVE

* BLOC-NOTES page 12

* LECTURES

page10 Un peu d'objectivitépar A.Prime

page 11 Liberté, j'écris ton nomDésinformation

TARIF DES ABONNEMENTS ANNUELS

France...................................................................110 FFAbonnement d'essai (6mois) ..................................65 FFAbonnement de soutien....................................... 155 FFAbonnement de propagande : ... 5 n° mensuels .175 FF...................................................10 n° mensuels. 220 FFEtranger................................................................140 FF

(Par avion nous consulter)Règlements :par C.C.P. " La Grande Relève ", n° 13 402.39 M Parispar mandat ou par chèque bancaire à l'ordre de :

LA GRANDE RELEVEB.P. 108, 78110 LE VESINET

*Ce journal ne survit que grâce à

la souscription permanente"POUR QUE VIVE LA GRANDE RELEVE"

qui nous permet aussi d'assurer le service du journal àceux de nos lecteurs qui n'ont pas les moyens de payer

leur abonnement aux tarifs indiqués.

TELEPHONEles mardi et jeudi, l'après-midi

(16) 1 30 71 58 04

MINITEL :3614code :

CHEZ *REIN

◊ Pour votre propagande, une brochure à faire lire :L'ECONOMIE LIBÉRÉE

par Marie-Louise DUBOIN, résumant et actualisant les thèses distributistes. Un outil detravail simple, efficace, facile à lire, court (60 pages), avec de nombreux graphiques.

(22 F pièce, franco)

◊ Pour votre réflexion personnelle, un roman :LES AFFRANCHIS DE L'AN 2000

du même auteur. Se lit comme un roman et fait comprendre les mécanismes de l'éco-nomie actuelle et ceux d'une économie alternative. L'économie distributive vécue dansses détails. (Edition Syros, 300 pages, 85 F, franco).

◊ Pour animer une discussion : UN SOCIALISME À VISAGE HUMAIN

brochure de 36 pages par André PRIME, (20 F, franco).◊ Et deux rééditions de livres de JJJJaaaaccccqqqquuuueeeessss DDDDUUUUBBBBOOOOIIIINNNN ::

KOU, L'AHURI et LES YEUX OUVERTStoujours d'actualité ! (65 F franco, chacun des deux volumes).

Tous ces ouvrages peuvent être commandés au journal..

ééééddddiiii ttttoooorrrr iiiiaaaallllLa gauche, c'est par où ?

par Marie-Louise DUBOIN

LA GRANDE RELEVE N° 905

elle est bien la questionqu’on se pose quand on voitles infirmières faire le siège,

jour et nuit, de leur Ministère detutelle pour l’amener à découvrirdans quelles conditions elles assu-ment leurs tâches. Et la violencedes paysans mécontents n’augurerien de bon.

Certains en profitent pour proclamerhaut et fort : “Le socialisme est entrain de mourir ! ”. D’autres, mal-heureusement moins entendus, pré-fèrent réfléchir et faire des proposi-tions “pour redéfinir le socialisme”,tel André Gorz avec le livre (1) qu’ilvient de publier.Comment ne pas adhérer pleine-ment lorsqu’il dit qu’un projet desociété doit mettre “les buts écono-miques au service de l’autonomiedes individus et de la société” ?Car il pose bien les questions fonda-mentales de notre époque : “Quedoit être une société dans laquellele travail à plein temps de tous lescitoyens n’est plus nécessaire niéconomiquement utile? Quellespriorités autres qu’économiquesdoit-elle se donner ? Comment doit-elle s’organiser pour que les gainsde productivité profitent à tout lemonde ?”. Et enfin “Comment doit-elle redistribuer au mieux tout le tra-vail socialement utile, de manièreque tout le monde puisse travailler,mais travailler moins et mieux, touten recevant sa part de richessessocialement produites ? ”

Sa réponse, si elle n’est pas immé-diatement le socialisme distributif,est en tout cas une transition verslui. Elle passe par une politique deréduction du temps de travail (RDT),déjà présentée dans un autre ouvra-ge, “ Métamorphose du travail” quenous avons analysé ici-même, il y atrois ans (2). Cette RDT est uncontrat social : “Il s’agit…de gou-verner un développement en coursen choisissant par avance des finsque nous entendons lui faire servir.La politique, c’est cet ensemble dechoix, ou alors elle n’est rien.…mais

T elle n’aura de portée réelle que si,dès la f ixation de l ’échéance àlaquelle la RDT entrera en vigueur,syndicats, associations d’usagers etde consommateurs participent deplein droit, à tous les niveaux, àl’élaboration des prévisions, desprogrammes et des orientationsprioritaires. C’est là une conceptionélargie des compétences syndicalesqui n’a cessé d’être défendue enItalie et qui commence à l’être enAllemagne et en Grande-Bretagne,au nom de cette démocratie écono-mique inscrite depuis au moins qua-rante ans au programme de toutesles gauches” . Cette dernière remarque, au passa-ge, conforte notre détermination àagir sur le plan européen, commenous essayons de le faire dans lecadre des associations BIE N etEurope 93.

André Gorz offre ainsi une redéfini-tion du socialisme : “Lutter pour lesocialisme, c’est revendiquer danstous les domaines le droit des indi-vidus à l’autodétermination, à l’éga-lité, à l’intégrité de la personne, enagissant pour que puisse être remo-delé tout ce par quoi la société faitobstacle à ce droit ” rejoignant ainsiRainer Land (3) pour qui le socialis-me “est une société qui se dévelop-pe de manière à créer, dans lesdomaines de la civilisation matériel-le, du travail, du cadre de vie, de laconsommation, des espaces crois-sants pour l’épanouissement desindividus”.C’est très exactement le contrairede ce qu’amène le capitalisme libé-ral et son idéologie de compétitivitémercantile, qui entrave le dévelop-pement de la personnalité en dimi-nuant l’autonomie des individus.Nos lecteurs se souviennent de lafaçon dont cette mainmise du mer-cantilisme est dénoncée dans “lesaffranchis de l’an 2000”. André Gorzparle de l’impérialisme de la rationa-lité économique, décrivant “ lesexperts patentés qui vous dépossè-dent de la possibilité de déterminervous-même vos besoins, vos désirs,

votre manière de gérer votre santéet de conduire votre vie.” Il montreque la politique menée par “nosgouvernements” (y compris le nôtrequi se prétend socialiste) parcequ’elle est une politique de l’emploipour l’emploi, creuse de plus enplus le fossé entre les riches et lespauvres et ceci pour la raison sui-vante : les pauvres, si vous aug-mentez leurs ressources, consom-ment plus de produits et de servicescourants donc industrialisés et quidemandent relativement peu demain d’œuvre, si bien que cetteaugmentation de leurs revenus créefinalement peu d’emplois. Aucontraire, en augmentant le revenudisponible des riches on fait aug-menter la consommation des pro-duits de luxe et de services person-nels dont le contenu en travailhumain est beaucoup plus élevé. Etc’est ainsi que se développe “uneénorme sous-classe de serviteurspour agrémenter la vie et lesbesoins de loisirs des couches sol-vables” . Si bien, conclut Gorz,qu’on aboutit à ce paradoxe explo-sif: “la création d’emplois dépendprincipalement, désormais, non pasde l’activité économique, mais del’activité anti-économique…lacréation d’emplois n’a plus pourfonction d’économiser du temps detravail à l’échelle de la société maisde gaspiller du temps de travailpour le plus grand agrément deceux qui ont de l’argent à dépenser.Le but est désormais de réduire laproductivité et de maximiser laquantité de travail par le développe-ment d’un tertiaire qui ne crée pasde richesses !

Une démonstration magistrale del’absurdité de notre époque enmême temps qu'un véritable pro-gramme socialiste.———(1)“Capitalisme Socialisme EcologieDésorientations Orientations ” EditionsGalilée. Octobre 1991.(2)GR n°872 de Novembre 1988.(3) Professeur à l’Université Humboldtde Berlin-Est.

2

lllluuuu,,,,vvvvuuuu,,,,eeeennnntttteeeennnndddduuuu

3 LA GRANDE RELEVE N° 905

LES “CREVETTES DE BIGEARD”Donneuse de leçons, la France - etnotamment aujourd’hui par la voixde son président, ministre pendantla guerre d’Algérie - devrait se fairetoute petite. Le deuxième volet des“Années algériennes”, diffusé par A2le 30 septembre, révélait, outre la“gégène” et les “corvées de bois”,une effroyable “invention” des parasde Bigeard : les “suspects” devaientmettre leurs pieds dans une bassineque l’on remplissait de ciment à titrede lest. Les malheureux étaientensuite balancés d’hélicoptère dansla mer. Comme certains maccha-bées à la longue refaisaient surface,on les baptisa “les crevettes deBigeard”. Depuis, Bigeard a étédéputé et secrétaire d’Etat !

(Transmis par A.P.)

***L’URSS À L’ANPE

“Des Soviétiques sont venus enFrance étudier auprès de l’ANPEcomment gérer le chômage, corol-laire obligé de l’Economie de Mar-ché” déclarait en septembre sur A2Bruno Masure avec le plus grandnaturel.

(Transmis par A.P.)

***MONNAIE ÉLECTRONIQUE

Le journal “Ouest-France” découvrele “porte-monnaie électronique”.Après avoir rappelé que vingt mil-lions d’utilisateurs, 500.000 com-merces utilisent déjà en France lescartes bancaires, et que 200 millionsde télécartes ont été venduesdepuis six ans, il annonce que la“carte à puces” va s’attaquer à tousles domaines. Qu’entre autres, laCaisse Nationale d’Assurance Mala-die envisage d’échanger les feuilles“de la Sécu” contre une de cescartes (25 millions de personnes endisposeraient). Qu’une trentaine devilles françaises ont mis au pointdes cartes communales pour réglerles cantines scolaires, la piscine, lesparkings, etc...Ce journal conclut :” Et puis viendral’heure du “tous les jours”, des pluspetits achats quotidiens, l’heure duporte-monnaie électronique que l’onsortira de sa poche pour payer son

journal, son pain, ses allumettes”.Ah, si les journalistes de Ouest-France lisaient la Grande Relève, ilsauraient averti leurs lecteurs depuislongtemps ! Quand expliqueront-ilsaussi que la monnaie électroniqueest prête pour l’économie distributive?

(Transmis par H.M.) ***

L' URSS SUITLe gouvernement soviétique aconfié l’informatisation de son systè-me bancaire à NCR, entrepriseaméricaine qui a déjà des contratssimilaires avec la Pologne et laTchécoslovaquie. Plus de 100.000ordinateurs vont être livrés. Unecarte bancaire sera bientôt introdui-te en URSS, où un plan d’informati-sation de plus de 10 milliards deFrancs vient d’être mis au point. LaCredobank, banque privée de Mos-cou, va délivrer des cartes Visa pourses opérations en devises

***ENCORE UN ACCORD DE TROC

La Pologne et l’URSS ont signé unaccord de troc estimé à plus de 3milliards de Francs : plusieurs cen-taines de milliers de tonnes de pro-duits alimentaires polonais contre1,5 milliard de mètres cubes de gazet du minerai de fer soviétique.

***

ESTONIELes vagnorkis (d'après le nom duPremier Ministre Vagnoruis) sontcréés en avant-goût d’une monnaielituanienne pour empêcher les non-lituaniens de dévaliser les magasinspour revendre. Chaque salariéreçoit en plus de son salaire, 20 %de ce salaire en vagnorkis. Mais les nouveaux billets s’échan-gent déjà au marché noir…

***L’ENVIRONNEMENT?

UNE AFFAIRE JUTEUSE.L’écologie commence à intéresserbeaucoup les financiers. The Eco-nomist constate que les fonds deplacement spécialisés dans l’inves-tissemnt dit “propre” sont de plus enplus soll icités. De nombreusesentreprises aux Etats-Unis, anciensfournisseurs de l’armée, songent àse reconvertir “dans l’environne-ment”. Les budgets investis,remarque le Los Angeles Times,augmentent à mesure que diminuecelui de la “guerre des Etoiles ” et“sur ce marché d’envergure, lesapprentis dépollueurs sont souventles anciens pollueurs eux-mêmes…quand les dégâts causésdeviennent une source de profit”

***

NOUVELLE RÉVOLUTION EN INFORMATIQUE : UNE PROTÉINE

La mémoire, en informatique, est stockée dans des composants électro-niques en silicium, de plus en plus petits. Mais la limite de miniaturisationsemble atteinte.Or, des chercheurs américains pensent avoir trouvé un nouveau moyen,beaucoup plus dense, de stocker la mémoire : ils ont réussi à enregistrer età lire des données en trois dimensions (et non pas seulement en surfacecomme sur un cristal de silicium ) à l’aide d’un petit bloc de moléculesde…protéine, la bactériorhodapsine. Ce résultat est celui de recherches entreprises il y a dix ans et portant surun grand nombre de molécules organiques et synthétiques. La bactériorho-dapsine change de forme lorsqu’elle est exposée à un rayon laser, elleconvertit à toute allure de la lumière en signaux chimiques et électriques etelle retrouve ensuite très vite sa forme initiale, reproduisant ainsi lesséquences de 0, et de 1 de la mémoire informatique. La manipulationgénétique de cette bactérie l’a rendue cinq fois plus sensible à la lumière. Un cube deux centimètres cubes, récemment fabriqué par l’équipe deR.Birge a démontré ses capacités de stockage, qu’il décrit ainsi : “Six deces cubes seraient capables d’enregistrer la totalité de la bibliothèque duCongrès américain. Plus fort que les rêves les plus fous des chercheurs ence domaine”.

aaaaccccttttuuuuaaaallll iiii ttttééééHypercompétitivité : l'impasse

par André PRIME

LA GRANDE RELEVE N° 905

es thuriféraires du capitalismetriomphant préfèrent, vous l’avez

remarqué, employer les mots “libé-ralisme” ou “économie de marché”.C’est que, au terme d’un bras de ferde plus de 70 ans avec le commu-nisme, la grande masse garde unecertaine méfiance envers “le capita-lisme”, “les capitalistes”. Au cours des quelque quinzeannées qu’a duré “la Crise”, lesavancées technologiques ont étéfabuleuses. Dans l’industrie, avec larobotisation notamment, la part dela main-d’oeuvre, dans les coûts deproduction, est passée en moyennede 50-60 % à 10-15 %. On n’a pasencore bien mesuré les consé-quences de ce changement, fonda-mental sur le plan social ou, toutsimplement, économique.Auparavant, les gains de productivi-té, grâce au contre-pouvoir quereprésentaient les syndiqués plus

L nombreux et le plein-emploi, étaientrelativement bien partagés et tom-baient dans l’escarcelle d’un plusgrand nombre (peu de chômeurs).D’où un “pouvoir d’acheter”constamment accru, en bonne adé-quation avec l’augmentation desproduits. De plus, c’était l’époque oùle tertiaire, en croissance constante,compensait la diminution desemplois industriels.Tout est remis en question au “sortirde la crise” : 1. Le tertiaire à son tour - avecl’électronique, la bureautique, etc,génère des chômeurs... et il n’y apas de quaternaire ! Et le primaire,l’agriculture - nous venons de le voirdébut octobre avec la manifestationpaysanne - fait de même, tout enproduisant toujours plus ; 300.000exploitations sur un million doiventencore disparaitre.2. Mais la grande nouveauté, c’est

que l’ultracompétitivité mondialeconduit les entreprises à partageravec parcimonie les gains de pro-ductivité avec leurs ouvriers etemployés, même s’ils sont de moinsen moins nombreux pour une pro-duction équivalente. D’où stagnationde leur pouvoir d’achat ; à celas’ajoutent les l icenciements(Citroën, à Rennes : 1800 emplois)qui créent une baisse brutale dupouvoir d’achat global. Et la situa-tion dans l’industrie a tendance àdonner le “la” pour les salaires dusecondaire (1).Résultat : à peine sortis de la crise,à peine la victoire du libéralismeproclamée, les pays capitalistes seplaignent de la morosité des affaires- la fameuse sinistrose de Bérégo-voy - du faible développement de laproduction (après deux ou troisbonnes années à la sortie de lacrise). Ils attendaient de nouvelles“trente glorieuses” ; elles ne sem-blent pas au rendez-vous, niaujourd’hui, ni demain. La guerre du Golfe devait relancerl’économie américaine : c’est raté.L’effondrement des pays de l’Estdevait ouvrir des marchés fabuleux.Potentiellement, peut-être. Mais cen’est pas si simple. Et la Yougosla-vie préfigure sans doute l’insécuritégénérale qui r isque de régnerdemain en Europe et en URSS. Quiprendra alors le risque d’investir ? L’hypercompétitivité (2) - et cela estvalable pour l’agriculture - en faus-sant le partage des gains de pro-ductivité qui, auparavant, maintenaitune relative croissance du pouvoird’achat pour tous, risque fort deconduire le capitalisme triomphantdans l’impasse : une croissancestagnante ou faible, insuffisantepour résoudre les graves problèmesque connaissent les sociétésmodernes, chômage, précarité,délinquance.Alors, l’économie distributive ? ——-(1) Voir les discussions dans la fonctionpublique, commencées début octobre. (2) Lire le livre de notre ami Guy Mar-chand “Compétitivité, mère du chôma-ge”. Citoyens du Monde.

4

comment les pays du tiers monde se prostituent

INDE. Le gouvernement indien vient d’annoncer que les sociétés étran-gères pourront désormais prospecter et exploiter le pétrole en Inde, préro-gatives jusque là réservées aux seules entreprises publiques indiennes ; ila de même donné son accord à IBM pour produire des ordinateurs. Fordva produire des radiateurs de voiture, de même General Motors et Kellogannoncent leur retour sur la scène indienne où tout investissement étran-ger avait été interdit en 1977.

L’ANGOLA négocie la vente de ses plantations de café. Les grandesexploitations seront cédées à des entreprises étrangères (anglaise, portu-gaise). Les petites et moyennes “pourront” être achetées par des Angolais.Après la première vague de privatisations engagées en novembre dernier(télécommunications, compagnie aérienne) par le Président Menem, legouvernement argentin, avec l’aide de la Banque mondiale, repart à larecherche d’acheteurs des entreprises de son pays (lignes ferroviaires,compagnies fédérales d’électricité, d’eau et de gaz, régions pétrolifères).“Les banques, dit le Financial Times, sont au coeur de cette course à laprivatisation”.

POLOGNE. Le gouvernement polonais a décidé de privatiser une des plusimportantes banques du pays et envisage d’en céder 20% à une banqueétrangère. Il a aussi demandé aux banques de préparer les dossiers de400 petites entreprises en vue de leur privatisation prochaine.

MEXIQUE.Le Gouvernement mexicain vient de vendre la plus grandebanque du pays, la Banque Nationale du Mexique, nationalisée en 1982, etqui représente 8,4 % du PIB mexicain. Cette banque a été vendue plus dudouble de sa valeur comptable et a rapporté au gouvernement 19,5 mil-liards de francs.

aaaaccccttttuuuuaaaallll iiii ttttéééé

Une banque excentriquepar René MARLIN

LA GRANDE RELEVE N° 905

Le feuilleton de l’été, à multiplesrebondissements, a mis en scèneune entreprise étonnante à plusd’un titre : la “Bank of Credit andCommerce International” BCCI. Iln’est pas terminé et son dénoue-ment risque de réserver encore dessurprises. Il est pourtant significatifen l’état. Nous nous bornerons, bienentendu, ici à en évoquer lesaspects qui nous ont semblé lesplus intéressants et à en tirer lesenseignements.

UNE MULTINATIONALELa BCCI a été créée en 1972 par lefinancier pakistanais Agha HasanAbedi. Bien que son siège social futet est encore à Luxembourg etqu’elle se soit installée dans plus de70 pays, sa direction composéeessentiellement de concitoyens dufondateur, se trouve à Londres. Elleemploie 12.000 salariés et ses actifssont estimés à 20 milliards de dol-lars, soit près de 120 milliards defrancs. Dès l’origine, la BCCI estsoutenue par deux milliardairessaoudiens Gaith Pharaon et KamalAdham “le chef des services de ren-seignements connu pour ses liensétroits avec la CIA et Washington”(1). C’est donc tout naturellement (2)que la Bank of America (B.A.) Cali-fornie, la plus importante du monde,entre pour un cinquième dans lecapital de la BCCI. Elle en sort audébut des années 1980 “avec unminimum d’explications, mais sonimplication passée est un rappel dufait que l’Ouest tenait fermement àparticiper à un établissement quiregorgeait de l’argent du pétrole”(1).En fait il semble que la B.A. se soitlassée de ne pas pouvoir exercerson contrôle sur la Banque. Ce n’estpas étonnant si l’on sait que denombreuses opérations étaient exé-cutées à partir des îles Caïmans (3)ou pour quelques-unes du Luxem-bourg (4) et que les transactionsopérées au sein de l’InternationalCredit and Investment Company

(ICIC) une des principales filiales“étaient traitées en langue urdu, l’undes quatre dialectes pakistanais,inconnu de la plupart des employésde la banque” (5).

LES ENNUIS ET LA SANCTIONDeux agents des douanes améri-caines, infiltrés dans les milieux dela drogue de Medellin, en Colombie,participèrent à l’arrestation de diri-geants de la BCCI, à Tampa en Flo-ride. La Banque dut reconnaitre sesliens avec l’ancien dictateur pan-améen Noriega (6). La BCCI plaidecoupable lors du procès de 1988 etest condamnée à une petite amen-de de 15 millions de dollars. Parmiles clients, on relève alors les nomsdes autres potentats Duvalierd’Haïti, Marcos des Philippines etdes financiers saoudien Adnan Kas-shogi et iranien Manucher Ghorba-nifar l iés au financement desrebelles afghans et à l’aide auxcontras, ainsi que du terroristepalestinien Abou Nidal (7).On découvrit que la BCCI soutenaitle mensuel “South” une sorte d”Eco-

nomist” du Tiers-Monde qui étaittrès bien informé sur le commerceet les matières premières avec unintérêt spécial à dénoncer le com-merce des armes... Elle offrait éga-lement un prix annuel de 100.000dollars qui fut attribué aux “héros”du Tiers-Monde de Julius Nyerere àWilly Brandt. Les prix étaient remisà Londres au cours de grandescérémonies par des personnesillustres dont la princesse royale(1)...Elle finançait aussi les oeuvrescaritatives de l’ancien présidentCarter.Mais si la BCCI était utilisée par deshommes d’affaires à la recherche deprêts,elle était tout naturellement labanque des modestes travailleursmusulmans de Grande-Bretagne etd’ailleurs qui déposaient leurs éco-nomies pour les rapatrier chez eux. En 1989, la Banque est obligée depasser des provisions de 600 mil-lions de dollars sur des créancesdouteuses et annonce une perte de489 millions de dollars. Le cheikZayed d’Abou Dhabi, déjàengagé, doit injecter un

5

Nous avons déjà parlé dans notre précédent numéro, à propos des réflexions de F. Clairemonte dans leMonde Diplomatique, de “l'affaire de la BCCI”. Nous y revenons avec plus de détails et d'autres exemples.

Au Japon aussi…Rappelons que des fraudes ont été révélées aussi au Japon par des scan-dales successifs de la Bourse et des établissements financiers. En Juillet,le vice-président de la Fédération du patronat japonais et dirigeant deNomura Securities a été révoqué pour avoir eu affaire avec la mafia japo-naise (les Yakusas). En août, le président honoraire de la banque Nomuraet le PDG de Nikko ont été convoqués devant la Commission spéciale desFinances de la Diète (Chambre basse), puis les PDG d’autres grandesbanques (Fuji et Sumi Tomo) ont été convoqués et enfin celui de la BanqueIndustrielle du Japon. Sans que leurs témoignages aient fait la lumière surles scandales et autres délits d’initiés découverts...Après avoir fait des déclarations mensongères à la Diète, le président de lachaine de télévision nationale NHK a abandonné ses fonctions. D’autrespersonnalités impliquées dans un scandale ont été révoquées : le PDG dela chaine de grands magasins Mitsukoshi, comme l’ex PDG d’Itoman. Leprésident de NTT, réduit à présenter sa démission fin1988 (affaire“Recruit”) a même été arrété.En règle générale, il ne se passe pas une journée sans qu’une nouvelle“affaire” n’éclate. Au point qu’un journaliste de Tokyo a fait ce commentaireédifiant : “Lorsque les Japonais découvrent qu’il n’y a pas au moins unscandale à la une des journaux, ils se demandent ce qui se passe.”La Fédération du patronat japonais vient de publier une charte de bonneconduite des actes d’entreprises. En quinze principes, destinée à éliminerles transactions pas très claires... Elle peut toujours essayer !

aaaaccccttttuuuuaaaallll iiii ttttéééé

6LA GRANDE RELEVE N° 905

milliard de dollars (8) pour comblerle déficit et racheter la participationdes investisseurs saoudiens, portantson engagement à 77% du capital.Ce fut le début de ses ennuisgraves.Bref, après la remise d’un rapportpar la société d’audit britannique“Price Waterhouse” qui établit,parait-il, la preuve des délits commispar la Banque, les responsablesmonétaires de plusieurs pays ontdécidé, sous l ’ impulsion de laBanque d’Angleterre, de suspendreses activités et de geler ses actifs àpartir du 5 juillet 1991. C’est le jugeSir Thomas Bingham, un hommeau-dessus de tout soupçon, d’après“The Independent” de Londres, quimène l’enquête en Angleterre. AuxEtats-Unis, c’est le célèbre procu-reur Robert Morgenthau qui suitl’affaire.Cheik Zayed vint donc plaider ledossier de la BCCI, notamment enFrance où il a eu des entretiensavec François Mitterrand et EdithCresson du 9 au 11 septembre1991. Bien qu’ami de l’OLP, ce quiest rédhibitoire pour les Etats-Unis,il a des arguments à faire valoir vis-à-vis du gouvernement français.Souverain d’Abou-Dhabi depuis

1966, président des Emirats arabesunis (EAU) depuis leur indépendan-ce, en décembre 1971, i l estmembre du Conseil de coopérationdu Golfe (9). L’armée des EAU quin’est forte... malheureusement...que de 40.000 hommes (sur400.000 autochtones et une popula-tion totale de deux millions d’habi-tants) est équipée à 80 % de maté-riel français et désirerait acquérir lesengins les plus perfectionnés...Avec la collaboration des membresde l’office britannique des fraudes,une trentaine des hauts respon-sables de la BCCI ont été arrêtéspar les autorités d’Abou Dhabi les 5et 8 septembre, d’autres ont étéinculpés par le tribunal de Tampa(Floride) pour “blanchiment d’argentde la drogue”.Des enquêtes sur les méthodes dela BCCI ont lieu un peu partout. AuPakistan, la commission d’enquêten’aurait relevé aucune irrégularité(10).Actuellement le déficit net seraitestimé à dix millions de dollars, soitla moitié de l’évaluation des actifs.Le plus grand krach du siècle. Iln’est pas étonnant que les autoritésmonétaires internationales, quidevront de toutes façons éponger

une bonne partie de cette somme,s’inquiètent...

QUELQUES À-COTÉSLe Trésor britannique a été très lentà réagir après avoir reçu une lettred’un employé de la BCCI qui dénon-çait les turpitudes au sein de labanque, lettre transmise en juin1990 par le parlementaire travaillisteanglais Tony Benn. Gordon Brown,ministre de l’Industrie du Cabinetfantôme, en profite évidemmentpour attaquer le gouvernement “lentà venir en aide aux petits investis-seurs”. Mais il s’agit là de répercus-sions sur la politique intérieureanglaise.Citons de nouveau l ’auteur del’article de “The Independent” (1) :“Il y a presque dix ans, un contrô-leur des banques de Washingtonm’a affirmé qu’il détenait un grosdossier sur les irrégularités de laBCCI et qu’il attendait pour en faireétat ; mais ce n’est que depuisdeux ans que les Américains agis-sent et depuis deux semaines queles Anglais ont décidé de la ferme-ture”. C’est qu’en plus de la difficultépour identifier exactement le délit,après tout l’argent c’est bien connun’a pas d’odeur, la Banque disposaitdes relations et des protectionsréservées aux possédants.Ces retards seraient dus aussi etsurtout à des entraves opposéesaux services américains chargés del’enquête, non seulement par laBanque d’Angleterre, mais par leTrésor et la Réserve fédérale ainsique le Ministère de la Justice desEtats-Unis. C’est que la CIA utilisaitla BCCI pour payer ses agents àl’étranger. Et le “Financial Times” (7)se demande si la Banque était utili-sée de façon routinière comme denombreux autres établissements oude façon extensive... C’est en effettoute la question bien que la nuancesoit très mince...De nombreux journaux occidentaux,ne pouvant être soupçonnés d’anti-capitalisme primaire, affirment quela BCCI était utilisée par les gouver-nements, ou leurs officines spéciali-sées, dans le commerce des armesavec l’Irak, ainsi que les rebellessoutenus par les Etats-Unis dans plusieurscontrées. Cela explique-

L'Eglise anglicane…Est aussi sur la sellette. La richissime (*) institution caritative“Church Com-missioners”, administrateurs des biens d’Eglise, qui a sous son aile le cler-gé de l’Eglise anglicane, s’est vue intenter un procès “amical” devant laCour Suprême, par l’évêque d’Oxford soucieux de la bonne administrationdes biens de l’Eglise, les pratiques financières des Church Commissionersn’étant pas très conformes à l’éthique chrétienne. Le journal de Londres‘Observer Magazine” commente : “Mais, comme chacun sait, il est difficilede faire fructifier ses investissements de façon à la fois morale et rentable”.———(*) Son portefeuille d’actions se montait en 1990 à plus de 7 milliards de francs et luirapporterait 649 millions par an. Ses placements financiers sont impressionnants :plus de 200 millions de francs dans Shell, 202 millions dans BP, 169 dans Glaxo,160 dans Unilever, 236 dans British Gas, 178 dans BT, 10 à 40 dans diverses entre-prises de distribution privatisées d’eau et d’électricité. Sans parler de multiplesautres investissements, tant en Grande-Bretagne qu’à l’étranger, tels, par exemple,que ses 123 millions dans Marks and Spencer et ceux qu’elle a investis dans lesQuaker Oats américains. La rentabilité de ses investissements a atteint 17 % en1990.Sa fortune immobilière n’est pas moins impressionnante : 3,5 milliards de francsd’immeubles commerciaux. Ses magasins (dont ceux d’une galerie commercialedans l’Illinois) sont estimés à 4,5 milliards de francs, son parc de logements àLondres à 2 milliards de francs. Enfin cette institution - caritative, ne l’oublions pas -est propriétaire de près de 64.000 hectares de terres (elle n’est en ce domainedevancée que par la Reine). Bref, un actif total de 2.500 milliards de francs pourune entreprise exemplaire, toute entière dévouée au clergé. Ses revenus en 1990ont été de 2,3 milliards de francs et ses coûts administratifs de ... (seulement) 99millions de francs !

aaaaccccttttuuuuaaaallll iiii ttttéééé

LA GRANDE RELEVE N° 905

rait que les Anglais de “Price Wate-rhouse” qui certifiait les comptes dela Banque depuis plusieurs années,ne se soient “aperçus” des détour-nements de fonds, crédits anor-maux, corruption de dirigeants etc,qui sont reprochés, que depuis leprintemps 1991.La presse pakistanaise, sans nierles irrégularités relevées, assureque ces fraudes font partie de la vienormale de toutes les banques. Ilsuffit en effet d’avoir lu Jean Ziegler(11) pour savoir que les banquessuisses sont également impliquéesdans le blanchiment de l’argent dela drogue. Le fait que cette banqueasiatique se soit glissée dans lecercle très “trilatéral” des grandsétablissements financiers n’est pasnégligeable en cette occasion. Mais,plus important, le mensuel “Newsli-ne” de Karachi (12) écrit que lesAméricains étaient persuadés que laBCCI f inançait le programmenucléaire pakistanais. Ce serait laraison principale des attaquescontre la Banque et de son naufra-ge. Dans cette affaire, les milliers depetits porteurs, principalement desasiatiques vivant en Grande-Bre-tagne et qui vont y laisser toutesleurs économies, sont évidemmenttenus pour quantité négligeable.

Néanmoins, écrivent plusieurs jour-naux arabes et anglo-saxons, cesenquêtes qui ont déjà mis en causecertains personnages influents desmilieux gouvernementaux anglais etaméricains ne sont pas terminées etpourraient bien atteindre des per-sonnalités de premier plan à la veilledes élections présidentielles auxEtats-Unis. C’est en tout cas lamenace qui plane…

LAMENTATIONSET REGLEMENTATIONS

La presse se lamente vertueuse-ment à ce propos sur l’état desfinances internationales : “BCCI : àfinance mondiale, fraude mondiale”(13), ce slogan attirera peut-êtrel’attention de quelques mondialistesqui se satisfont des turpitudes ducapitalisme. L’on regrette que la“dérèglementation” reaganienne etthatchérienne combinée avec larapidité des moyens de communica-tion modernes ait beaucoup facilité

les agissements des trafiquants. Onévoque les mesures timides prisesà l’échelle européenne ou globalecontre le commerce de la drogue.Erik Israelewicz insiste dans “Lafinance malade”, il sous-titre “Afinance mondiale, règlementationmondiale” (10), cela rappellera éga-lement quelque chose à tous noslecteurs mondialistes. Il souhaiteune régulation mondiale des flux decapitaux. Et partout i l parle ducontrôle des ventes d’armes. Ils’agit là, en fait, plus d’un exerciced’exorcisme que de mesures quipourraient être vraiment opérantes.Mais il faut bien contrebattre, avantqu’elle s’impose à l’opinion, l’idéeque le capitalisme est fondamenta-lement lié à de telles opérationsintolérables !La force du régime économiqueactuel réside dans la permissionqu’il se donne d’étaler dans la pres-se internationale les scandales lesplus répugnants. Il favorise ainsi la“banalisation” des crimes, indivi-duels ou collectifs, des guerres eten affaiblit ainsi les répercussions.La soupape de sûreté fonctionne auprix de quelques renvois, dequelques démissions, de quelquesprocès, de quelques suicides. Maisla vulgarisation de la délinquanceentraine de plus en plus d’adeptesattirés par le peu de risques encou-rus et ravis de figurer comme deshéros dans les grands médias.L’indulgence des juges vis-à-vis descriminels en cols blancs reste révol-tante. Aux Etats-Unis les affairesTrump ou Salomon Brothers,

notamment, se perdent dans lessables de la procédure. Au Japonoù l’ensemble du système financier,depuis “Nikko” et “Nomura” lesfirmes de courtage les plus impor-tantes du monde, jusqu’aux petitsopérateurs, est complètement pourriet au service de la mafia, l’on aoublié, dans ce domaine, l’usageancestral du hara-kiri…

Jusqu’à quand l’opinion chlorofor-mée et saturée acceptera-t-elle cespratiques sans, comme l’ont fait lesRusses, mettre en cause le systèmelui-même ? ———(1) Dans “Banques occidentales ethypocrisie” d’Anthony Simpson, TheIndependent, Londres, Août 1991.(2) Surtout que Abedi possédait aupara-vant une banque au Pakistan, la UnitedBank, nationalisée par le Président AliButho et que c’est à la suite de cetteopération qu’il put fonder la BCCI.(3) Paradis fiscal situé au milieu desAntilles britanniques.(4) Autre paradis fiscal.(5) Libération, 20-7-1991.(6) Dont le procès est en cours ... auxEtats-Unis (!)(7) Sunday Time et Financial Times ,15 juillet 1991. Ce dernier, à lui seul apublié 200 articles sur la BCCI en juillet.(8) Ce qui correspondrait à son revenupétrolier mensuel...(9) Arabie Saoudite, Bahrein, Qatar,Oman et EAU. Ces renseignementssont extraits du Monde du 10 -9-1991.(10) Le Monde , 20-8-1991.(11) Notamment “La Suisse lave plusblanc” Editions du Seuil (1990).(12) Traduit dans “Courrier International”n° 39, Août 1991.(13) Titre de Claire Blandin, Le Monde,30-7-1991.

7

les Mormons…Le commerce de la religion est payant aussi pour l’Eglise des-Saints-des-derniers-jours (les Mormons). Cette secte est une de celles qui se dévelop-pent le plus vite au monde. Cette “entreprise” diversifiée contrôle une cen-taine de sociétés dans les assurances, l’édition, la télé, les communica-tions, l’immobilier, l’hôtellerie, l’agriculture, le tourisme, etc... Au niveau dela 110e parmi les 500 sociétés industrielles classées par “Fortune”, elleemploie plus de 10.000 personnes. Depuis les années 1950, elle refuse de communiquer des informations surses finances. Tous ses holdings “appartiennent” à la “Corporation du Prési-dent”, société dirigée par le prophète E.T. Benson (91 ans). La majeurepartie du revenu de l’Eglise proviendrait de ses membres puisqu’un com-mandement spirituel les enjoint de lui verser 10 % de leurs salairesbruts… Ses biens agricoles et commerciaux ont une valeur d’environ 6 mil-liards de francs.

lllluuuu,,,,vvvvuuuu,,,,eeeennnntttteeeennnndddduuuu

LA GRANDE RELEVE N° 905

et même Green peace?Der Spiegel ,journal de Hambourg, a dévoilé un autre scandale : celui del’association mondiale pour la protection de l’environnement, greenpeace,qui serait “un monstre vert ”, comme la couleur du dollar. “Les combattantsde l’arc-en-ciel sont sounmis au feu roulant des critiques : utilisation désé-quilibrée des fonds reçus (l’achat récent, pour la bagatelle de 3,4 millionsde Francs, d’un semi-remorque conçu tout spécialement et transportantune grue mobile et une vedette rapide est cité en exemple, ainsi que le pro-jet d’achat …d’un zeppelin de 7 millions de Francs), méthodes douteuseset absence totale de démocratie (les employés de Hambourg touchent unsalaire de 1632 F par mois, mais le conseil d’administraion consacre 3,4millions de Francs à ses frais divers). L’association qui dispose de statutd’observateur à l’ONU, regroupe 25 organisations nationales, gère quaran-te filiales et dirige par satellite une importante flotte, se préoccuperait plusde son image que de la protection de l’environnement, s’intéressant surtoutaux actions publicitaires : c’est ainsi qu’ une revue néozélandaise, Metro,l’a qualifiée de “ macDonald’s du microcosme écologoque”. Elle auraitengrangé presque 850 millions de Francs à l’echelle mondiale, mais serait“rongée par une grave crise intérieure” et “ressemblerait de plus en plusaux gens qu’elle combat.”Accusée de placer l’argent des donateurs sur des comptes rémunérés etd’être à la trête d’un mouvement peu démocratique, l’administration deGreenpeace-Allemagne, d’après le Frankfurter Rundschau, aurait décla-ré:“Nous sommes un groupe de pression politique et non pas une associa-tion de randonneurs. En faisant participer plus de personnes aux décisions,les buts de l’organisation seraient rapidement pervertis”.

A qui se fier dans un système où l’argent pourrit tout?.

il a précisé : “On retrouve le mêmephénomène dans notre société,dans notre économie. Quand lasituation se dégrade lentement à lasuite d’un changement dans laconjoncture, un évènement impor-tant peut se révèler fatal.”I l rejoint ainsi Edgar Morin,concluant ainsi la remarquableémission “la Marche du Siècle” queJ-M Cavada lui a consacrée :“J’aiespoir…parce qu’il faut croire enl’improbable!”.

M-L D.

Voici la traduction de quelquesextraits d'un article deNewsweek, signé Bill Turque :Enrôler l’armée dans la bataille del’environnement“Tandis que la menace d’un conflitentre les superpuissances s’éloigneet que les budgets de la défensediminuent, l”establishment” de laDéfense américain,déjà profondé-ment engagé dans la guerre contrela drogue, pourrait un jour se trou-ver mobilisé pour combattre desennemis tels que le réchauffementglobal et la déforestation. Le Séna-teur Sam Nunn,…veut redéfinir lamission des militaires américains ety inclure les recherches sur les pro-blèmes de l’environnement dont ildit qu’ils constituent une nouvellemenace pour la nation et pour lemonde.Nunn prévoit que les sous-marinsqui ne chassent plus “Octobrerouge” recueilleront des donnéessur la température de l’Océan etl’épaisseur des glaces polaires. Lessuper -ordinateurs de l'Initiative deDéfense Stratégique pourraient ser-vir à l’étude d’une modélisation afinde prévoir les changements de cli-mat causés par la pollution. Lesgéants de la construction d’armesreconvertiraient leurs connais-sances vers l ’él imination desdéchets dangereux. Nunn voudraitfinancer un nouveau “Conseil pourles Recherches en Défense del’Environnement” sur le budget duPentagone pour l’an prochain.La passion de Nunn …a un but poli-tique pragmatique : la préservationdes bases industrielles et scienti-fiques qui ont créé l’arsenal de laguerre froide. Une bonne partie s’entrouve, en effet, en Géorgie, Etatd’origine du Sénateur démocrate,soit une demi-douzaine d’impor-tantes installations militaires et uneusine Lockheed qui occupe 8.500personnes. Les responsables duPentagone refusent de commentercette idée et ont dit…qu’ils atten-daient plus de détails ... Nos lecteurs auront appréciél’humour volontaire et involontairede ces quelques lignes

R.M.

***8

Taxe sur l'émission de gaz carbonique ?

Lors de la Conférence mondiale surle climat, l’Europe s’est engagée àlimiter l’émission de gaz carbonique.La Commission Européenne àl’environnement vient, dans cetteoptique, de présenter son projetd’une taxe progressive sur le pétrole. Bien entendu, les industriels se sonttrès vivement insurgés. “L’une desdernières choses à faire” a hurlé unresponsable du groupe pétrochi-mique britannique !Qui doit en décider?

***A propos de dinosaures

Le directeur du Département dessciences de la Terre, au musée dessciences du Japon n’a pas commetrop de ses collègues scientifiques(et les miens en France parexemple) des œillères lorsqu’i ls’agit d’autre chose que de sa spé-cialité. Commentant l’énigme de ladisparition des dinosaures sur terre,

Appel à tous les Verts et autresdistributistes.

Faites-vous connaitre dans le butde constituer une commission d'étu-de au sein du parti des Verts. Ilssont de plus en plus en recherche.C'est le moment de bouger.J'ai participé à leurs journées d'été,je constate que l'ensemble progres-se, mais bien trop lentement à mongoût. Il n'empêche qu'un grandnombre dne me donne pas tort.

Jean Grenier

lllleeeeccccttttuuuurrrreeeessssUn peu d'objectivité, Messieurs !

par André PRIME

LA GRANDE RELEVE N° 905

Jean-François KahnNous avons dénoncé dans la der-nière GR le rôle subversif dévolu àcertaine presse qui se donne - ou sedonnait - une teinture de gauchepour mieux servir les puissances del’argent... qui, en fait, les soutien-nent.Dans l’EDJ du 29 août au 4 sep-tembre, le délire de J.F. Kahn, direc-teur de l’hebdomadaire, confine àl’hystérie : “Au-delà du communismequi ne gérait depuis vingt ans que sonagonie programmée, c’est le socialismeen tant que système alternatif mondialqui est en voie d’éradication, impitoya-blement balayé... En réalité le commu-nisme blessé à mort par le putsch terro-riste de 1917, véritable attentat sectairecontre les aspirations démocratiquesd’un peuple...”. Dans la Russie desTsars, en 1917, les aspirationsdémocratiques ! J.F. Kahn est enplein délire.“Rarement les regards de démocrates,les yeux de progressistes, les visagesde conservateurs, les bouilles de réac-tionnaires n’auront irradié, de concert,un tel bonheur ! L’acte de décès ducommunisme a entrainé, en une mêmeronde hilare et folle, autant de “jeunesTurcs” et de baba cools que de croûtonset de vieux chnoques, de smicards quede Crésus. Même notre petite gaucheintello-médiatique découvre soudain lesvertus de ce populisme démocratiquedont elle nous faisait encore procèsquinze jours plus tôt”.Tout son article est de la même eau.Et comme si cela ne suffisait pas,son hystérie le conduit à l’injuregrossière. On peut ne pas aimerMarchais, mais de là à écrire :“Notre crétin de Marchais National”...!Vraiment le débat politique vole bas.Et que dire du débat économique ?Il est inexistant.

Jean Denis BredinAcadémicien, radical de gauche,J.D. Bredin, dans un article parudans le Monde du 31 août, écrivait:

“M. Gorbatchev n’est-il pas un timoréqui s’est avancé, longtemps seul il estvrai, mais l’oeil inquiet, et trainant lespieds, sur le chemin obligé de l’Histoire,où brillait, si haut, l’évident soleil del’économie de marché ? Et les commu-nistes, s’il en reste, ne sont-ils pas desaveugles, qui n’ont pas compris que lecapitalisme avait maintenant pris encharge le destin de l’humanité, qu’il n’yaurait plus de Révolution, mais uneéternelle réforme qui ferait les riches unpeu moins riches, les pauvres un peumoins pauvres, pas de grand soir maisun patient travail des siècles, qui annon-cerait à chacun la liberté et le pain ?C’en est fini des dictatures, de celles dumoins que leur idéologie rendait infré-quentables. Le libéralisme peut prépa-rer, en souriant, les fêtes du troisièmemillénaire : l’ordre parait régner danstoutes les rues du monde. Il peut dormirtranquille. Personne ne promet plus dele déranger.”

Cela dit, J.D. Bredin a le coeur etl’intelligence, contrairement à notreexcité de l’EDJ, de refuser la curéepure et simple. Il poursuit avecobjectivité : “Est-il permis d’avancertimidement que le communisme, sidétestable quand il a tenu le pouvoir, autilement servi quelques démocraties,celles qui n’avancent guère sans êtrebousculées, la nôtre, où il ne fut qu’uneforce d’opposition ? Qu’en un siècle oupresque, le progrès social, dans notrevieux pays conservateur, lui a dû beau-coup ? Que les communistes français,les syndicats qu’ils ont animés, lesinterminables luttes qu’ils ont menées,ont beaucoup fait pour que soient distri-bués, sinon la fortune, du moins lesrevenus d’une société qui répugnait à

tout partage ?...Est-il possible d’avan-cer que tous ces entêtés, ces sectaires,ces grévistes infatigables, ces envahis-seurs de nos usines et de nos rues quifichaient le désordre, ces obstinés quine cessaient de réclamer des réformesen rêvant de la Révolution, cesmarxistes, à contre-courant de l’Histoire,qui empêchèrent le capitalisme de biendormir, nous leur devons beaucoup ? ...Le communisme est mort et c’est lafête. Est-il permis, pensant aux commu-nistes français, à ceux qui sont mortspour que nous soyons libres, à ceux quise sont tant battus pour les déshéritésde chez nous, est-il permis de dire qu’ilsfurent souvent plus désintéressés, plusardents, et plus justes, c’est-à-diremeilleurs, que beaucoup d’entre nous?”.

On le voit, la pensée de J.D. Bredinest d’une autre pointure que celledu directeur de l’EDJ. Et d’une touteautre objectivité.

Jean-Pierre ChevènementDans sa “Lettre de Républiquemoderne” de septembre, J.P. Che-vènement commence par uneremarque proche des conclusionsde J.D. Bredin.

“ Il me semble que si on voulait faire unbilan du communisme soviétique, il fau-drait dire qu’il a moins profité au peuplesoviétique qu’il n’a créé dans le mondedes espaces de liberté, et d’abord pourles classes ouvrières occidentales quiont profité de l’existence de l’URSS etdu défi qu’elle jetait au capitalisme pourmonnayer un certain nombre d’avan-tages.... Espace de liberté aussi pourles peuples du Tiers Monde qui ontgagné leur décolonisation ens’appuyant sur l’URSS”.

J.P. Chevènement poursuit :”... LaGauche continue. Il faut le redire parceque nous sommes affrontés à uneoffensive idéologique d’une ampleurinégalée. La Droite cherche à amalga-mer les socialistes et les républicainsaux communistes dans le but évident dediscréditer toute entreprise de transfor-mation sociale.... Que serait le monde sinous avions renoncé à agir sur lui ?Que serait l’Histoire si nous courbionsl’échine devant les puissants du jour, lesvainqueurs du jour ?”.

9

“Le socialisme est en train de mourir” a déclaré Alain Juppé devant lesjeunes du RPR réunis en Université d’été.Il y a peu encore, la sarabande se faisait uniquement autour de “la mort ducommunisme”. Ce n’était d’évidence pas assez pour la droite dont ladémarche est classique et se répète dans toutes les grandes crises de l’his-toire : d’abord l’extrême gauche, ensuite la gauche pour finir par tout ce qui— idée ou mouvement — risque de “troubler l’ordre établi”.Depuis quelques mois, écrits et déclarations de nombreuses personnalitésvont du délire à une relative objectivité.

lllleeeeccccttttuuuurrrreeeessss

10LA GRANDE RELEVE N° 905

On aime ou on n’aime pas J.P. Che-vènement. Il est parfois déroutant.Mais il faut reconnaitre qu’il n’appar-tient pas à la “Gauche caviar” quibanquette depuis des années plutôtavec les boursiers qu’avec leséboueurs. Ce qui lui vaut sansaucun doute le rejet du “peuple degauche” (voir élections, notammentcelle de C. Evin).

*

Finalement, nous en revenons tou-jours aux mêmes conclusions, encette période où nombre de nosconcitoyens sont troublés, désorien-tés ou dégoutés :

—1. La lutte pour un monde meilleurcontinuera sous des formes nou-velles sans doute qui vont se dessi-ner.—2. Car ce sont les luttes passées,spontanées, syndicales, politiques,et elles seules, qui ont permis lesavancées sociales. Rien n’a étéoctroyé. Des milliers de gens ont étématraqués, emprisonnés, tués (sou-vent assassinés) pour que TOUS -ouvriers, employés, cadres et mêmepatrons - bénéficient des fruits deleur victoire : congés payés, réduc-tion du travail, sécurité sociale, allo-cations familiales et autres.

Cela, i l ne faut pas l ’oublier, àl’heure où les puissances de l’argentsemblent l’emporter. N’en déplaise àses détracteurs, le peuple degauche du monde entier se battrasous diverses formes (voir en sep-tembre le Zaïre) tant que tantd’injustices et de misères subsiste-ront.

Si ce sont essentiel lement lessavants, les chercheurs, les ingé-nieurs qui ont fait avancer les pro-grès techniques, ce sont, aussiessentiellement, les travailleurs dela base, les mal-payés, les mal-logés, qui ont fait avancer le progrèssocial.

Et nous sommes tous, comme nousne cessons de le répéter dans laGrande Relève, héritiers de ces pro-grès, scientifiques ou sociaux.

A.P.

“Liberté, j'écris ton nom” (*)Pierre Bergé, la soixantaine, est Président d’Yves Saint-Laurent et del’Opéra de Paris. Il y a quelque quatre décennies, nous militions ensembleaux Citoyens du Monde (époque Garry Davis). P. Bergé était libertaire,“anar” et, comme nous tous à l’époque, fauché. Depuis, nous nous sommes perdus de vue, mais j’ai lu avec un grand inté-rêt son livre. P. Bergé se définit “patron de gauche”. Il a beaucoup aidé à lafondation de SOS Racisme. Bergé, faut-il le préciser, est, en tant qu”anar”,profondément anticommuniste. Et cependant il se veut objectif et rejointJ.D. Bredin (voir article ci-contre).“Il y a quelque chose d’émouvant à les voir (les communistes) presque seuls, conti-nuer de dénoncer les inégalités et injustices. Ah... ils n’ont pas le look qu’il faut ! Etil est vrai qu’il a parfois quelque chose de pathétique le spectacle de ces pauvresKrasucki ou Lajoinie ressassant leurs vieux refrains dans un monde qui ne lesentend plus. Eh bien cela, oui, m’émeut. Et je répète que je trouve moralement res-pectable l’idée de ces types qui, à l’époque de Tapie et de l’Argent fou, continuent ànous parler de bas salaires et de misère...”. Personnellement, je suis sensible àces remarques émanant sans hypocrisie de la 59e fortune de France.Sur un autre plan, Bergé émet des idées sur le revenu social qui nous inté-ressent. Dans un chapitre “Le droit au revenu”, il écrit, après avoir approu-vé le RMI : “Mais ce n’est pas assez. Et ce que je voudrais, moi, c’est un RMIsans M et sans I, sans “minimum” et sans “insertion”... On me dit qu’il n’est pas pos-sible de reconnaitre le droit au travail... Eh bien, je prétends, dans ce cas, qu’il fautreconnaitre le droit au revenu... Ce revenu ne serait pas limité à un an, comme ill’est aujourd’hui. Ce devrait être un revenu pour tout individu et pour tout le tempsoù il n’a pas d’autres ressources... Et... je souhaiterais même voir cette obligationde tous envers tous inscrite dans la Constitution comme un des droits fondamen-taux. Car si le droit à la subsistance n’est pas un droit de l’homme, alors je medemande bien ce que peuvent être ces droits de l’homme dont on fait si grandcas...”.

A.P.———(*) Ouvrage que P. Bergé vient de publier chez Grasset.

DésinformationAu journal parlé de France-Inter, le 3 octobre 1991, Lionel Stoleru étaitinterrogé, probablement à titre d’expert, sur le financement de l’ex-Alle-magne de l’Est par l’ex-Allemagne de l’Ouest. Il a affirmé que la chargeétait lourde et il a déclaré froidement qu’elle correspondrait à un coûtannuel de 3.000 F par an, s’il s’agissait de Français. En somme le débourscorrespondrait à165 milliards de francs. M. Stoleru participe ainsi à la désinformation de l’opinion sur les phéno-mènes monétaires. Il laisse entendre que chaque citoyen devra verser3.000 F/an. En fait, les experts financiers admettent tous maintenant queles banques créent la monnaie . Le chiffre le plus communément admisétant 80 %. Par conséquent, les crédits destinés à la reconstruction del’Allemagne de l’Est par les banques de l’Ouest (pas seulement alle-mandes) seront à 80 % créés “ex nihilo”, c’est-à-dire à partir de rien.Quant aux 20 % restants, ils figureront probablement en partie au budgetallemand ou accroitront la dette de l’Etat. Bien entendu il y aura, il y a déjà“risque d’inflation” sur le mark car les marchés financiers qui mènent lemonde réagissent comme M. Stoleru. Croyant à ce phénomène, ils l’entrai-nent effectivement. Rassurez-vous, braves âmes, l’appareil productif saurarapidement compenser cette demande par une offre accrue ; il ne lui fau-dra, pour cela, qu’utiliser son potentiel légèrement plus qu’il ne l’est actuel-lement.Mais, bien entendu, les financiers auront empoché, entretemps, lesintérêts des prêts “consentis” et les mercantilistes auront gagné leur diffé-rentiel d’inflation sur les retraités, pensionnés et salariés.

R. M.

aaaaccccttttuuuuaaaallll iiii ttttéééé

11 LA GRANDE RELEVE N° 905

associationsassociations revuesrevuesG.L.E.D

Groupe Liègeoispour l’Economie Distributive

a publié la brochure" Muter ou chuter "

et diffuse livres et journaux distributistes en Belgique.

*G.S.E.D.

Groupe des Salariés pour l’Economie Distributive

11, rue St Vincent-de-Paul13000 MARSEILLE

*EDEN

Equipes pour la Diffusiond’une Economie Nouvelle2, rue Berthe-de-Boissieux

38000 GRENOBLE*

LI A CO FALiaison et action contre la faim

4, square du Nouveau Belleville75020 PARIS

*UNION PACIFISTE

4, rue L. Hoche92100 BOULOGNE

*CITOYENS DU MONDE

15, rue Victor Duruy75015 PARIS

*CLUB DE L'AN 2000

contact : L.Gilot12/59 rue de Belfort

92110 CLICHY*

A CONTRE COURANTsyndical et politique

4 rue des Iris52100 SAINT DIZIER

*

TRANSVERSALESSciences-culture29, rue Marsoulan75012 PARIS

*L’HOMME LIBRE

BP.20542005 SAINT-ETIENNE

*LA LUCARNE

11, rue du Monnel7500 TOURNAY Belgique

*TAM-TAM

33, rue de Rénipont1380 OHAIN Belgique

*INFOR VIE SAINE

127, rue de Fernelmont5020 CHAMPION Belgique

*AGIR ICI

pour un monde solidaire17, place de l'Argonne

75015 PARIS*

COMBAT NATURERevues des associations écologistes et de défense

de l'environnementaffirme dans sa présentation:"L’équil ibre et le bonheur del’homme doivent passer avant laproduction, le profit et la consom-mation. Les besoins collectifsavant les intérêts privés et l’avenirdu monde avant l’exploitationaveugle de la Terre."

BP 304624750 PERIGUEUX

*

bbbblllloooocccc----nnnnooootttteeeessss

Dernières nouvelles :

Conférences-débats Défense de l'homme : “ Maurice Laisant (1909-1991), tous les aspects d'un huma-niste” , salle de la libre pensée, 10 rue des Fossés Saint-Jacques,75005 Paris, le lundi 18 Novembre à 19h30.

L'Association BIEN (Basic Income European Network) prépare un Colloque qui se tiendra à Paris les 3 et4 Avril prochain, avant son Congrès bisannuel qui doit avoir lieu à Genève l'automne prochain.

La revue Transversales Sciences-Culture prépare, pour le début de l'année prochaine, un documentsur les transitions possibles vers une économie "plus distributive" .

Un de nos abonnés nous a trans-mis une lettre ouverte qu'il

adresse au Président de la Répu-blique, en voici

de larges extraits :

Monsieur le Président, Je fais partie de ces Françaismoyens pas très intelligents et entant que citoyen, je m’adresse àvous pour que vous m’expliquiez ceque je n’arrive pas à comprendre.Je ne comprends pas pourquoi vosministres luttent pour le progrès(afin de muscler l’industrie) et sebattent en même temps contre lechômage qu’il engendre et qui estsa conséquence inéluctable ?Je ne comprends pas pourquoi ongémit sur la crise économiquerésultant de la mévente d’une pro-duction pléthorique pendant qu’ons’acharne à abaisser le pouvoird’achat de la grande masse desconsommateurs par des augmenta-tions d’impôts, des taxes, devignettes parfaitement inutiles. Est-ce parce que votre Ministre desFinances manque d’argent et usede tous ces moyens pour s’en pro-curer ? J’ai demandé à la télé si unministre ou un économiste distinguépouvait me donner une définition del’argent et me dire ce qu’il représen-te ; la question n’a pas été poséeet donc n’a pas obtenu de réponse.Est-ce de la démocratie ? La téléne devrait-elle pas être faite pourinformer, expliquer, discuter detoutes les solutions qui s’offrent ?Ce qui pourrait être un merveilleuxmoyen d’enseignement, de culture,d’information, de discussion et dedistraction, est-ce parce qu’onmanque d’argent pour en faire unservice public qu’on l’a remis à desgougnafiers qui s’en ser-vent pour faire du fric. Alors

lettre ouverte

lllleeeetttt ttttrrrreeee oooouuuuvvvveeeerrrrtttteeee

LA GRANDE RELEVE N° 905

pour faire du fric, on achète desdétritus américains qu’on nouspasse, repasse, on profite desheures de grande écoute pour nouspasser de la pub et suprême gouja-terie, on coupe des films pour nousécoeurer avec cette pub. A qui lafaute ? Bien sûr, de temps entemps pour sauver la face, on faitparticiper des journalistes (toujoursles mêmes) à des discussions diteséconomiques où l ’on n’abordejamais les vrais problèmes, où l’onreparle des mêmes remèdes et oùl’on propose les mêmes solutionsqui se sont déjà révélées ineffi-caces. Les hommes qui nous gou-vernent sont-ils incapables de tenircompte de leurs échecs ? N’y a-t-ilchez nos ministres que pouvoir sanspuissance et intelligence sans capa-cité ? Qu’a-t-il été réalisé de socia-lisme depuis 1981 ? Ne sommes-nous pas toujours en plein capitalis-me avec cet argent qui pourrit tout,qui pollue tout, qui salit tout commevous le dites ? Vos Ministres desFinances…se comportent-ils enmendiants parce qu’ils ne sont pasfichus d’être maitres de leur mon-naie ? Comprendront-ils nos politiciensque le chômage est inhérent aurégime capitaliste, qu’il continuera àenfler tant qu’on ne sortira pas dece régime et que tout ne peutqu’empirer ? Inutile de critiquerMadame Cresson : elle n’y peutrien et celui qui lui succèdera ensera encore bien plus empoisonnéD’ailleurs pourquoi en fait-on unecatastrophe et baptiste-t-on chôma-ge ce qui devrait s’appeler liberté,vacances, loisirs, repos ? Toujoursparce que ces malheureux chô-meurs mal argentés ne sont que detristes clients, incapables d’acheterune production tellement abondantequ’on l’a baptisée surproduction !Les cult ivateurs s’en prennentaujourd’hui à M. Mermaz…Pourquoilimite-t-on la production et incite-t-on à mettre les terres en jachèrependant que des êtres humainsmeurent de faim ?N’avez-vous jamais entendu parlerdes propositions que fit JacquesDuboin, voilà soixante ans, sous lenom d'économie distributive ? …Elle serait un exemple et, sortant les

peuples de la concurrence permet-trait leur collaboration pour faire nonl’Europe, mais le monde nouveauauquel tous aspirent.…Je ne pensais pas qu’on parvien-drait à étouffer si longtemps unepareille vision de la vie. Et je com-mence à prendre peur, pas pourmoi (je suis bien assez vieux pourfaire un mort) mais pour mon arriè-re-petite-fille. Quel monde prépa-rons-nous à ces enfants ? …Leshommes essaieront-ils tous lesmoyens de marcher de traversavant de marcher droit, s’aperce-vront-i ls à temps qu’un de cesmoyens de marcher de traversmène à l’apocalypse ? A l’allure oùl’on est en train de détruire la planè-te, j’en ai bien peur. Les rapaces etles cupides qui ne pensent qu’àamasser de l’argent seraient vic-times comme les autres et auraientbeaucoup plus de chances de cre-

ver milliardaires que de vivre cente-naires.J’ai toujours pensé qu’il y avaitbeaucoup de gens plus qualifiésque moi pour vous mettre au cou-rant et vous amener à réfléchir àtout ça, mais je reste à votre dispo-sition pour vous informer dans lamesure de mes moyens. Je ne saispas si je me suis bien expliqué (il yaurait tant à dire mais je ne veuxpas abuser de votre temps). Hélasle monde va à sa perte si on n’enchange pas le cours. Il vous restequatre ans pour y penser, agir etétablir enfin un vrai socialisme etnon pas ce socialisme incapable etimpuissant qui a dégoûté les tra-vailleurs du socialisme.

Aimé MOLLIE

Nous ne manquerons pas rdepublier la réponse, si jamais ellenous parvient.

12

Onze NovembreCeux qui sont morts là-bas dans cette boucherieVous crient encore très fort leur horreur de la guerreDans laquelle ils sont morts au nom de la patrie.Vous qui êtes ici en ce jour triste et sombreEcoutez bien les voix qui viennent de leur tombe.Elles vous disent : assez de morts, partout,Assez de sang versé !Refusez les drapeaux ! Refusez les fanfares !Refusez de tuer au nom de la patrie !Quand ils mouraient, là-bas, ce n’était pas à elleQue pensaient les mourants pendant leur agonie.Ils appelaient leurs soeurs, ils appelaient leur mèreQui pleuraient au pays.Si vous voulez vraiment respecter leur mémoireEn venant en ce jour devant le monumentFaites-leur le serment que jamais plus la guerreNe viendra endeuiller le coeur de leur Maman.Mais pour cela il faut dire Non ! à tous ceuxQui cultivent la haine au nom de la patrie. Il faudra bien qu’un jour ces tristes monumentsSoient enfin remplacés par la gloire à la Vie.Et avec Lamartine, il faut crier bien fort :“L’égoïsme et la haine ont seuls une patrie,La fraternité n’en a pas”.

Henri Dalgon

L’auteur de ce poème a fait paraitre récemment “Le retour au masetdu Raïol”, dernier ouvrage d’une trilogie de Anne et Henri Dalgon.

Ce livre est en vente chez les auteurs, au prix de 98 f., CCP 92573U Montpellier.

ccccoooouuuurrrrrrrr iiiieeeerrrr

LA GRANDE RELEVE N° 905

A PROPOS D’EUROPE

Merci à René Marlin de ses ana-lyses dans la GR N°904. Sur lasource “Quelle Europe”, je cherchele livre, mais, dès l’abord, je mepose des questions: :

—1.Sur les grandes lignes théo-riquesCertes, une centrale bancaireoligar-chique pour les Douze ou pour les35, court-cicuiterait nos chicanesdouanières et nos maquis f is-caux…Mais notre anciennemosaîque est le visage de l’Europedes cultures. Celui-ci m’importe bienplus que les dividendes de peugeotou Matra. Te c’est à un étage com-plètement différent que se tiennentles requins de la finance…ils atten-dent que nos ministres intègres leursignent un pacte d’abandon des“souverainetés” nationales. Je nesuis pas vraiment nationaliste, maisje me souviens de L’EUROPAPOLITIK de MM. Schacht et Hitler.L’impôt mimi-Tontonien me prive devoyages et de bouquins qui m’inté-ressent, mais que serait-ce si laFrankfurt-Zurich Gross Bank avec laSpezial Polizei nous faisaient payerla nouvelle liberté des enfants de laBanque.Question 1. Ne serions-nous pasalors esclaves d’un pouvoir bienplus central, bien plus intouchable

et bien moins amovible—2. Sur un consensus opération-nel éco-politiqueLes plans soviétiques NEP étaient“soutenus” par une majorité captiveet aveugle , en fait unanime à plusde 60 %. Nos présentes pétau-dières de majorités démocratiquesrelatives attaquées par des minori-tés intégristes sont bien moinscohérentes, quoique très servilesaux ordres de donneurs d’emploispar l’investissement bancaire. Notregauche d’apprentis, même soutenueà Bruxelles ne résiste pas au mono-pole mondial : Béré nous voue aufrigo “jusqu’au prochain réveil auxE-U”. Essayons de prouver le mou-vement en marchant, mais /Question 2. Ne croyez-vous pasqu’il faille d’abord assurer un vraidébut de démocratie économiquechez les Douze, par pays, quitte àretarder l’avènement du grand mar-ché? Les obstacles sont ceux denotre développement réel. Pourdonner la démocratie aux pays duGolfe, i l faudra encore plus detemps.—3 Sur les effets d’échelle à laSchumpeterJusqu’à présent le débat européenqui harmonise l’Europe par sec-teurs, sans dissoudre les Etats ,agèné efficacement le monopolebancaire ; mais dans la marche au

développement les frontières nesont plus étanches comme avant leTraité de Rome : dès qu’une métho-de réussit ans l’un des pays d’Euro-pe, les autres l’essaient et l’adap-tent sans qu’on la leur impose et cequi manque, c’est l’extension de ce“partage” technique à un esprit deréalisme économique porteur dudistributisme.Question 3 : Ne pensez-vous pasque la formidable nouveauté distri-butiste sera bien plus facile à réus-sir dans les structures familières depré-démocratie adaptées à chacunde nos vieux pays? Le Crédit d’unenation, c’est l’héritage historiqueaussi. .si les Européens essayaientde se rapprocher d’une économieenfin humaine d’abord, les quelquesgrands escrocs internationaux quitiennent le système bancaire mon-dial seraient bien plus obligés de sedémasquer.—4.Sur le tableau des échangesIl me semble subsister une indéter-mination d’évaluation comptable dumodèle : c’est l’articulation entre lescircuits dynamiques entre produc-teurs et vendeurs de services enamont (secteurs libéraux à monnaiecirculante) et le champ de laconsommation dont les valeurs-cré-dit disparaissent à l’instant de cetteconsommation (titres de revenu uni-versel ou monnair verte).Question 4. La frontière entre lesdeux champs ci-dessus peut)elleêtre définie en pratique? Commentopérer cette scission pour avoir unereprésentation et une mesure exac-te des deux bilans?

Paul Vila, Issy-les-Moulineaux.

Réponse. Merci à notre correspon-dant avec lequel je suis en accordsur presque tous les points. Il mesemble toutefois que la constitutiond’une europe dominée par les puis-sances financières va vite. Malgréquelques avancées, plus redistribu-tives d’ailleurs que vraiment distri-butives, je n’ai pas beaucoupd’espoir que nos thèses progressentassez rapidement pour s’opposer àl’Europe militaro-boursière.

R.M.

13

Au fil des jours de l’EuropeUnion économique et monétaire ?La création de la banque Centrale Européenne était prévue pour 1994. Ellea été retardée jusqu’au début de la “troisième phase”. Mais dèe la début dela seconde étape, un institut monétaire européen remplacera l’actuel comi-té des Banques Centrales avec des “ôuvoirs étendus” et rendra, en 1997un rapport sur le “degrè de convergence des économies”; les Douze déci-deront alors à la majorité quels sont les pays qui pourront participer àl’UEM.Union politique ?Mais cette UEM pourrait se trouver bloquée par l’absence d’union politique.Celle-ci apparait de plus en plus compromise, comme l’a prouvé l’absenced’accord pour intervenir en vue de rétablir la paix en Yougoslavie.Mais bonne union des industrielsLes 45 plus grands entrepreneurs d’Europe, réunis au sein de la “TableRonde Européenne” sont par contre tout à fait d’accord pour exiger “uneEurope plus forte” ! Ils souhaitent l’adoption rapide d’une monnaie uniqueet l’intégration du Marché Unique, mais “estiment que les négotiations duGATT mènent à la catastrophe”.

Nous commençons par une lettre tellement dense qu’elle appelle les réflexions de tous nos lecteurs. Beau-coup d’entre eux nous enverront probablement leur propre réponse aux questions qu’elle pose.

ccccoooouuuurrrrrrrr iiiieeeerrrr

LA GRANDE RELEVE N° 905

A l’heure où toutes les “grandesfamilles politiques” sont en panned’idée pour régler le problèmemajeur de notre société, à savoir lechômage, l’idée de l’économie dis-tributive doit s’imposer.A l’heure où des milliards de francs,de marks, de dollars circulent, fructi-fient, enreichissent les plus forts, etappauvrissent lesplus faibles, sansque personne ne puisse intervenir, ilest temps de creuser l’idée de lamonnaie non thésaurisable.Tout cela est facile à dire, mais biendifficile à mettre en application, carles forts, les riches (qui détiennentl’essentiel des moyens d’informationou de propagande) ont tout à perdreavec l’économie distributive.C’est sans doute pourquoi depuis1934, l’idée de l’économie distributi-ve n’a toujours pas vraiment percé.Ceci dit, l’ère de l’abondance existemaintenant pour l’essentiel desbesoins de l’homme. Mais certaineschoses resteront rares. Ex. lesoeuvres d’artisans réputés, la villabien située sur la Côte d’Azur, legrand vin issu d’un terroir exception-nel. Comment gérer cette rareté, quiexiste bel et bien, dans l’économiedistributive ? J’avoue que cela mepose problème et que je serais inca-pable de répondre à cette question.

J.F.B., LestremRÉPONSE. Les “riches” gagneraientbeaucoup si nos idées étaient appli-quées. Leur vie et celle de tous lesmembres de leur famille ne seraientplus menacées par les milliardsd’affamés qui déferleront bientôt surles pays nantis.Les biens très rares existants reste-raient à la disposition de ceux quiles possèdent jusqu’à disparition. Ilspourraient être mis ensuite sous desformes variées à la disposition descollectivités locales régionales ounationales.

R.M.***

Ayant reçu le journal AD de CharlesLoriant, je viens vous demander sivous êtes au courant de l’assem-blée générale qui doit avoir lieu…En tant qu’abondanciste depuis 55ans, je ne comprends pas que vousne puissiez pas vous mettre

d’accord pour arriver qu’à un seulbut/ l’économie distributive…queJacques Duboin a fondé en 1934…

P.I, NantesRéponse. Nous n’avons pas reçu dedemande de C.Loriant pour informerde son assemblée, pour la bonneraison que son association éditeson propre bulletin où sont publiéesles convocations.de ses adhérents.La Grande Relève n’est pas uneassociation. C’est un journal, celuiqu’a fondé J.Duboin en 1934. Ilconstitue une tribune largementouverte pour débattre des questionsde fond. Par exemple, nous avonsrapporté les réflexions que nousavons reçues de nos abonnés àpropos des mesures de transition .Nous réunissons en ce momentcelles que nous recevons sur l’Euro-pe ainsi que celles sur la notionnouvelle de contrat civique. Nousserions heureux de publier vospropres réflexions sur ces sujetsd’actualité

M-L D.***

Ce qui se passe en URSS n’est rienà côté de ces flots de mots quidéferlent en France, que dis-je :crue, non inondation, cataracte, çadéborde, ça nous submerge, unevraie catastrophe. Les gens desmédias en perdent le souffle, lespolitologues et autres kremlino-logues s’en étranglent, rien ne vabien chez nous, qu’importe, nousélaborons la future politique desautres pays.Enfin, le communisme est mort,large consensus pour l’enterrer engrandes pompes, même le Canard

Enchainé cogne dans la moitié deses pages. Parodiant un anciencomique d’opérette, j’avoue : il y ades moments où la finesse desFrançais m’épouvante, ils entre-voient l’aube d’une nouvelle èresereine en tous points, personne neparait se douter que les problèmesde société demeurent ; lutte desclasses : terminé qu’ils disent...Vous m’en direz des nouvelles dansle futur. On baisse les yeux sur lechômage qui progresse inexorable-ment malgré tous les emplâtres surjambe de bois que l’on applique. Lamise à l’écart du travail, donc d’unevie normale, de masses de gens deplus en plus grandes, va poser desproblèmes qui ne seront pas desproblèmes de mots ou de drapeaux;les populations de l’Est commen-cent à en avoir un avant goût. …Les lendemains chanteront-ils ougrinceront-ils ? L’URSS éclate, chaque région pro-clame son indépendance, ainsi ver-rons-nous les diverses ethnies semassacrer un peu plus souvent. Pour inaugurer la démocratie, lesRusses commencent par interdireun parti politique !!…A quand les nouveaux procès deMoscou? Les peuples savent-ils cequ'i ls veulent? Souvenez-vous,nous avons guillotiné un Roi et ...peu de temps après nous accla-mions un Empereur !

H.B., Saint-Jean de la Porte

***

14

Henry de Mouchyest décédé le 13 septembre 1991à l’âge de 84 ans.Ingénieur des Arts et Métiers, il futl’un des fondateurs de la Sectiond’Angoulême du MFA. Plein d’enthousiasme, orateur fou-gueux, il fut l’un des meilleurs pro-pagandistes de l’Economie Distri-butive.Les distributistes conserveront unexcellent souvenir de ce charmantcamarade.

Raoul Coustillac

SOUSCRIPTION PERMANENTEPOUR QUE

VIVE LA GRANDE RELEVEJ. Frigout 100 - A. Gasnier 90 -Anonyme 107 - Mme Lahens 300 -Y. Houchot 40 - R. Carpentier 100- P. Ingrain 390 - Paklepa 50 - E.Hubert 90 - F. Robin 45 - A. Bou-lenger 40 - A. Naude 20 - L. Faure20 - J. Kahn 20 - A. Ouillon 45 - G.Isabelle 72 - J. Escalettes 85 - A.Lemur 50 - R. Carpentier 50 - L.Poyet 100 - Mme Carbonnel 345 -J. Ménager 90 - L. Diolot 90.

Total 2.339 francsMerci à tous !

Pour produire ce dont il a besoin pourvivre, I’homme a toujours cherché àaméliorer ses techniques, afin d’allégersa peine. Mais en ce XX ème siècle,I’accélération des progrès technolo-giques est une révolution sans commu-ne mesure avec celles du passé. Depuissantes machines et des robotssont capables aujourd’hui de remplacerle travail de l’homme dans toutes lestâches de routine, se substituant nonseulement à ses muscles et à l’agilitéde ses doigts, mais aussi à sa mémoi-re, à la plupart de ses sens, et mêmeaux activités purement logiques de soncerveau.Avec la découverte des codes de lanature (génie génétique en particulier) et lesproductions de matières premières surmesure, I’humanité est en train de vivreune véritable mutation ; elle est auseuil d’une nouvelle civilisation.Cette “révolution de l’intelligence “ est,comme l’annonçait J. Duboin en lan-çant ce journal en 1934, “ la granderelève “ des hommes par la technique,dans tous les processus de production.Fini le temps, où, pour assurer sa sur-

vie, I’être humain était obligé d’y consa-crer toutes ses forces et toute sa vie !L’essentiel des productions nécessairespeut désormais être réalisé par desrobots...Ceci implique d’énormes change-ments dans nos comportementséconomiques. Le pouvoir d’achat ne pouvant plusêtre mesuré par la durée d’un travailaccompli, il faut imaginer d’autresmoyens que le salaire pour accéder àce que les robots doivent fabriquerpour tous.Parce que nous n’avons pas eu le cou-rage de renoncer à des habitudes qui serévèlent inadaptées, nous avons laissénotre monde se transformer en unegigantesque poudrière, où tout craque,où tous s’affrontent. La course au profitdes uns, la lutte des autres pour leur sur-vie, font courir à notre environnement desrisques majeurs , alors que le fossé secreuse entre les riches qui s'enrichis-sent, et les pauvres qui s'appauvrissent.La misère grandit en ce mondeau moment où s'ouvre l'ère del'abondance ! Ce monde absurde

où l'on dépense plus de 10 millions defrancs chaque minute pour la guer-re, mais où on ne trouve pas d’argentpour empêcher des millions de gens desouffrir de malnutrition ! Nous sommes placés à la charnièreentre deux civilisations. Héritièred’un formidable potentiel de savoir-faire et de techniques (qui est le fruitdes efforts accumulés par toutes cellesqui l’ont précédée), notre génération al’énorme tâche d’assurer l’adaptationde la société à cette brutale transfor-mation. Il nous appartient d’ima-giner et d’installer les moyenspour que ces immenses possi-bilités, au lieu d’écraser la plu-part d’entre nous, soient maîtri-sées et organisées pour assu-rer l’épanouissement optimumde tous les êtres humains... etde leurs descendants sur cetteplanète.A l’époque où le monde dit civilisé sur-montait la crise de 1929... pours’enfoncer dans la seconde guerremondiale, ces moyens ont été propo-sés par J. Duboin sous le nom de :

rrrrééééssssuuuummmméééé ddddeeee nnnnoooossss tttthhhhèèèèsssseeeessss

régulièrement son REVENU DECITOYEN (la carte à mémoire estparfaite pour cela) de la naissanceà la mort: tout individu homme oufemme, travaillant ou pas, devientainsi un ê t re économique -ment indépendant . C’est unmoyen pour ce dernier d’exprimerson choix quant à la production àrenouveler (la loi du marchéretrouve donc son rôle) et d’orien-ter les investissements en fonctionde ses besoins.LES INVESTISSEMENTS, de mêmeque le fonctionnement des ser-vices publics, sont pris en comptepour évaluer la production “dispo-nible“ et celle-ci détermine le mon-tant total des revenus à distribuer;il n’y a donc pas d’impôt et lesrevenus augmentent avec la pro-duction.Ainsi l’ère de l’abondance n’est plus lerègne du veau d’or, c’est celui d’unegestion objective des biens de cemonde en fonction des besoins.

L a c o m p é t i t i v i t é f a i tplace à la convivial i té .

LE TRAVAIL : Même en développanttoutes les possibilités, il restera tou-jours les tâches que seul un humainpeut accomplir. Celles-ci doiventêtre partagées entre tous, en fonc-tion des aptitudes et des besoins.C’est à la fois un devoir, celui departiciper, et un droit, celui d’être uncitoyen qui assume son rôle. Cetteparticipation aux tâches néces-saires devient un SERVICE SOCIALdont la durée calculée sur une viene fera que diminuer à mesure desprogrès de l’automatisation. Ainsipeut augmenter pour tous la propor-tion de temps dégagé pour desactivités librement choisies.Dès lors que le temps de travailhumain décroît pour une produc-tioncroissante, il faut dissocier travail etrevenus.LES REVENUS : Les revenus n’étantplus mesurés par le travail, il fauttrouver d’autres critères pour quechacun reçoive sa part d’une pro-duction qui peut croître à volonté.L’économie distributive assure àchacun cette part en lui versant

Mettre l'économie au servicedes gens et non plus l'inver-se , adop te r e t su iv re unesaine pol i t ique de gest iondes ressources, celà n'est paspossible tant que la monnaie(le "sang de l'économie") per-met la spéculation et tant quela créat ion de cette monnaieex -n i h i l o r es te l e p r i v i l ègeexercé par les banques avecleur intérêt pour objectif.

La première et radicale transfor-mation nécessaire est donc celle deLA MONNAIE : la monnaie dis-tr ibut ive n 'est pas thésau-r i s a b l e e t e l l e n e c i r c u l epas . C’est une monnaie deconsommat ion qui s’annule(comme s’annule un bi l let detrain) quand une production ouun service est parvenu à sonconsommateur. Elle est crééeproport ionnellement à la pro-duction : il y a équilibre entrerevenus distribués et montantdes richesses disponibles.

llll ''''ééééccccoooonnnnoooommmmiiiieeee ddddiiiissssttttrrrr iiiibbbbuuuutttt iiiivvvveeee

La Grande Relève, mensuel fondé en 1934, BP 108, 78110 Le Vésinet