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    LEON DENIS_________

    DANS LINVISIBLE

    Spiritisme

    et Mdiumnit_________

    TRAITE DE SPIRITUALISME EXPERIMENTALLES FAITS ET LES LOIS

    PHENOMENES SPONTANES TYPTOLOGIE ET PSYCHOGRAPHIE

    Les fantmes des vivants et les Esprits des mortsINCORPORATION ET MATERIALISATION DES DEFUNTS

    METHODES DEXPERIMENTATION FORMATION ET DIRECTION DES GROUPESIDENTITE DES ESPRITS

    LA MEDIUMNITE A TRAVERS LES AGES

    Absentes adsunt. Experto Crede.

    _________NOUVELLE EDITION CONSIDERABLEMENT AUGMENTEE

    _________

    QUATORZIEME MILLE

    _______ __

    1911

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    INTRODUCTION

    INTRODUCTION

    Depuis cinquante ans, une communication intime et frquente sest tablie entre le monde deshommes et celui des Esprits. Les voiles de la mort se sont entrouverts ; au lieu dune facelugubre, cest un visage souriant et bon qui nous est apparu. Les mes ont parl ; leurlangage a consol bien des tristesses, apais bien des douleurs, relev bien des couragesdfaillants. La destine humaine sest rvle, non plus dure, impitoyable, comme le voulaientdantiques croyances, mais attirante, quitable, claire pour tous des rayons de la divinemisricorde.

    Le spiritisme sest rpandu. Il a envahi le monde. Dabord mpris, honni, il a fini par attirerlattention, par veiller lintrt. Tous ceux que ne retenaient pas les lisires du prjug et dela routine et qui lont abord avec franchise, ont t conquis par lui. Maintenant, il pntre

    partout, sassied toutes les tables, prend place tous les foyers. A ses appels, les vieilles

    forteresses sculaires, la science et lEglise

    1

    , elles-mmes, hermtiquement fermes jusquici,abaissent leurs murailles, entre-billent leurs issues. Bientt il simposera comme un matre.Quapporte-t-il avec lui ? Est-ce toujours et partout lesprance, la lumire, la vrit? A ctdes consolations qui tombent sur lme comme la goutte de rose sur la fleur, cal du rayonqui dissipe les angoisses du chercheur et claire le chemin, ny a-t-il pas aussi une partderreurs et de dceptions ?

    Le spiritisme sera ce que le feront les hommes. Similia similibus ! Au contact de lhumanit,les vrits les plus hautes se dnaturent parfois et se voilent. Elles peuvent devenir une sourcedabus. La goutte de pluie, suivant le point o elle tombe, reste perle ou devient boue.Une cause dinquitude pour nous, cest la tendance de certains adeptes ngliger le ct,lev du spiritisme, la source des purs enseignements et des hautes inspirations, pour se

    confiner dans lexprimentation terre terre, dans la recherche exclusive du phnomnephysique.On voudrait coucher le spiritisme dans le lit troit de la science officielle ; mais celle-ci, toutimprgne des thories matrialistes, rpugne celle alliance. Ltude de lme, dj difficileet profonde, est reste lettre close pour elle. Ses mthodes, dans leur indigence, ne se prtent

    pas davantage ltude, plus vaste, du monde des Esprits. La science de linvisible dborderatoujours les mthodes humaines. Il y a, dans le spiritisme, un ct, non le moindre, quichappe au contrle, lanalyse : cest laction de lEsprit libre dans lespace ; cest lanature des forces dont il dispose.

    Lentement, une science nouvelle se dgage des tudes spirites ; mais lesprit de recherchescientifique, il faut joindre llvation de la pense, le sentiment, les lans du cur. Sans quoi,

    la communion avec les Etres suprieurs devient irralisable ; toute aide de leur part, touteprotection efficace fait dfaut. Or, tout est l, dans lexprimentation. Il nest pas de succspossible, pas de rsultat assur sans lassistance et la protection den haut. On ne lobtientque par lentranement mental, par une vie pure et digne.Tout adepte doit savoir que la rgle par excellence des rapports avec linvisible, cest la loides affinits et des attractions. Dans ce domaine, celui qui cherche les choses basses lestrouve et sabaisse avec elles ; celui qui aspire aux hautes cimes, les atteint tt ou tard et en

    fait un nouveau moyen dascension. Si vous voulez des manifestations dun ordre lev, faites,effort pour vous lever vous-mme. Lexprimentation, en ce quelle a de beau et de grand, la

    1 Voir l'ouvrage de Mgr CHOLLET, vque de Verdun : Contribution de l'occultisme l'anthropologie.Lethielleux, dit., Paris, sans date.

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    INTRODUCTION

    communion avec le mond suprieur ne russit pas au plus savant, mais au plus digne, aumeilleur, celui qui a le plus cl patience, de conscience, de moralit !En rapetissant le spiritisme, en lui imprimant un caractre exclusivement exprimental, oncroit donner satisfaction lesprit positif du sicle, on espre attirer les savants vers ce quona nomm le psychisme. Par l, on russit surtout se mettre en rapport avec les lments

    infrieurs de lau-del, avec celle foule dEsprits arrirs, dont linfluence funeste enveloppe,opprime les mdiums, les pousse la fraude, rpand sur les exprimentateurs des effluvesmalfaisants et, souvent, avec eux, lerreur et la mystification.

    Dans une ardeur de proslytisme louable, sans doute, quant au sentiment qui linspire, maisexcessive et dangereuse dans ses consquences, on veut des faits tout prix. Dans lagitationnerveuse avec laquelle on poursuit le phnomne, on en vient proclamer vrais des faits

    fictifs ou douteux. Par les dispositions mentales quon apporte dans les expriences, on attire soi les Esprits lgers, qui pullulent autour de nous. Les manifestations de mauvais got, lesobsessions se multiplient. Nombre dexprimentateurs deviennent victimes des nergies quilscroient matriser. Nombre de spirites, de mdiums, faute de mthode et dlvation morale,deviennent les instruments des forces inconscientes ou des Esprits mauvais.

    Les abus sont nombreux, et les adversaires du spiritisme trouvent l les lments dunecritique perfide et dun facile dnigrement.

    Lintrt et la dignit de la cause commandent de ragir contre cette exprimentation banale,contre cette mare montante de phnomnes vulgaires, qui menace de submerger les sommetsde lide.

    Le spiritisme reprsente une phase nouvelle de lvolution humaine. La loi qui, travers lestemps, a port les diffrentes fractions de lhumanit, longtemps spares, se rapprocher

    graduellement, cette loi commence faire sentir ses effets dans lau-del. Les modes decorrespondance qui relient les hommes vivants sur la terre stendent peu peu aux habitantsdu monde invisible, en attendant quils atteignent, par des procds nouveaux, les familleshumaines qui peuplent les terres de lespace.Toutefois, dans les agrandissements successifs de son champ daction, lhumanit se heurte de nombreuses difficults. Les rapports, en se multipliant, namnent pas toujours desrsultats favorables ; ils prsentent aussi des dangers, surtout en ce qui touche le mondeocculte, plus difficile pntrer, analyser, que le ntre. L, comme ici, le savoir etlignorance, la vrit et lerreur, la vertu et le vice se mlent, avec cette aggravation que, touten faisant sentir leur influence, ils restent masqus nos yeux. De l, la ncessit daborderle terrain de lexprimentation avec une extrme prudence, aprs de longues et patientes

    tudes.Il faut unir les connaissances thoriques lesprit de contrle et llvation morale pourtre apte discerner, dans le spiritisme, le bien du mal, le vrai du faux, la ralit de lillusion.

    Il faut se rendre compte du vritable caractre de la mdiumnit, des responsabilits quelleentrane, des fins en vue desquelles elle nous est accorde.

    Le spiritisme nest pas seulement la dmonstration, par les faits, de la survivance ; cest aussila voie par o les inspirations du monde suprieur descendent sur lhumanit. A ce titre, il est

    plus quune science ; cest lenseignement du ciel la terre, la reconstitution agrandie etvulgarise des traditions secrtes du pass, le rveil de cette cole prophtique qui ft la plusclbre cole de mdiums, de lOrient. Avec le spiritisme, les facults qui furent autrefois le

    privilge de quelques-uns, se rpandent sur un grand nombre. La mdiumnit se propage,

    mais, ct des avantages quelle procure, il ne faut pas se dissimuler ses cueils et sesdangers.

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    INTRODUCTION

    En ralit, il y a deux spiritismes. Lun nous met en communication avec les Espritssuprieurs et, aussi, avec les mes chres que nous avons connues sur la terre et qui firent la

    joie de notre existence. Par lui seffectue la rvlation permanente, linitiation de lhommeaux lois suprmes. Cest la source puissante de linspiration, la descente de lEsprit danslenveloppe humaine, dans lorganisme du mdium qui, sous linfluence sacre, peut faire

    entendre des paroles de vie et de lumire, sur la nature, desquelles on ne saurait semprendre, car elles pntrent et rchauffent lme ; elles clairent les obscurs problmes dela destine. Limpression de grandeur qui se dgage de ces manifestations laisse toujours uneempreinte profonde dans les intelligences et dans les curs. Ceux qui ne lont jamaisressentie ne peuvent comprendre ce quest le vritable spiritisme.Puis, il y a un autre genre dexprimentation, frivole, mondain, qui nous met en contact avecles lments infrieurs du monde invisible et tend amoindrir le respect d lau-del. Cestune sorte de profanation de la religion de la mort, de la manifestation solennelle de ceux quiont quitt lenveloppe de chair.Cependant, il faut le reconnatre, ce spiritisme de bas tage a encore son utilit. Il nous

    familiarise avec tout un ct du monde occulte. Les phnomnes vulgaires, les manifestations

    triviales fournissent parfois des preuves clatantes didentit ; des traits caractristiques sendgagent et forcent la conviction des chercheurs. Mais on ne doit sy attacher que dans lamesure o celle tude nous est profitable, o notre action peut sexercer dune manireefficace sur les Esprits arrirs qui les produisent. Leur influence est malsaine et dprimante

    pour les mdiums. Il faut aspirer plus haut, monter par la pense vers des rgions plus pures,vers les hautes demeures de lesprit. L seulement lhomme trouve les vritables consolations,les secours, les forces spirituelles.On ne saurait trop le rappeler. Dans ce domaine, nous nobtenons gure que les effets denotre ordre. Tout homme qui, par ses dsirs, par ses appels, entre en relations avec le mondeinvisible, attire fatalement lui des tres en affinit avec son propre tat mental et moral. Levaste empire des mes est peupl dentits bienfaisantes et malfaisantes ; elles stagent tous les degrs de lchelle infinie, depuis les mes les plus basses et les plus grossires,celles qui confinent lanimalit, jusquaux nobles et purs Esprits, messagers de lumire, quivont porter tous les rivages du temps et de lespace les radiations de la pense divine. Sinous ne savons ou ne voulons pas orienter nos aspirations, nos vibrations fluidiques, vers lestres suprieurs et obtenir leur assistance, nous restons la merci des influences mauvaisesqui nous entourent ; dans bien des cas, elles ont men lexprimentateur imprudent aux piresdceptions.Si, au contraire, nous dgageant par la volont des suggestions infrieures, loignant de nousles proccupations puriles, gostes, matrielles, nous cherchons dans le spiritisme unmoyen dlvation et de perfectionnement moral, alors nous pourrons entrer en communion

    avec les grandes mes, messagres de vrit ; des fluides vivifiants, rgnrateurs,descendront en nous ; des souffles puissants nous porteront jusquaux rgions sereines dolesprit contemple le spectacle de la vie universelle, la majestueuse harmonie des lois et desmondes.

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    PREFACE DE LA NOUVELLE EDITION

    PREFACE DE LA NOUVELLE EDITION

    Depuis lapparition de cet ouvrage, dix annes se sont coules, au cours desquelles lespiritisme a poursuivi sa marche ascendante et sest enrichi dexpriences et de tmoignagesde grande valeur. Ceux de Lodge, Myers, Lombroso, notamment, sont venus rehausser son

    prestige, lui donner, avec lautorit scientifique qui lui manquait encore, une sorte deconscration dfinitive. Dautre part, les abus et les fraudes, que nous signalions

    prcdemment, se sont multiplis. Est-ce donc une loi de lhistoire ? Ce quune ide gagne entendue, doit-elle le perdre en qualit, en force, en pntration ?Au point de vue des tmoignages recueillis et des progrs raliss, la situation du spiritismenest pas la mme en France quen certains pays trangers. Tandis quen Angleterre et enItalie, il a conquis, dans les milieux acadmiques, de retentissantes adhsions, la plupart dessavants franais ont pris, vis--vis de lui, une attitude ddaigneuse, mprisante mme1. Ils ont

    montr, en cela, peu de clairvoyance, car lide spirite, si elle prsente parfois desexagrations, repose sur des faits incontestables et rpond aux ncessits imprieuses de notretemps.Tout esprit impartial doit reconnatre que ni la science officielle ni la religion nont donnsatisfaction aux besoins intellectuels et aux aspirations de la plus grande partie de lhumanit.Il ne faut donc pas stonner si tant dhommes ont cherch en des domaines peu explors,quoique trs riches en ressources psychologiques, des solutions, des lumires que les vieillesinstitutions sont impuissantes leur fournir. Ce genre dtudes peut dplaire certains espritstimors ; il peut tre, par eux, critiqu, condamn. Vains propos quemporte le vent ! En dpitdes exigences, des objurgations et des anathmes, les intelligences iront toujours vers ce quileur parat plus juste, plus clair et meilleur. Les mpris des uns, les condamnations des autres

    ny feront rien. Donnez plus et mieux, leur rpondra-t-on. Clercs et savants, vous qui pouvezvous consacrer aux loisirs de la pense, au lieu de railler ou de fulminer dans le vide, sachezconsoler, relever ceux qui sont courbs sous le poids dune lourde tche matrielle, sachezexpliquer le pourquoi de leurs maux et leur fournir les preuves des compensations venir. Cesera lunique moyen de conserver votre suprmatie !On peut se demander, dailleurs, lequel est le plus apte juger les faits et discerner la vrit,dun cerveau bourr de prjugs et de thories prconues, ou bien dun esprit libre, affranchide toute routine scientifique et religieuse ? Lhistoire rpond pour nous.Certes, les savants officiels ont rendu des services minents la pense ; ils lui ont vit biendes garements ; mais quelle obstruction nont-ils pas oppose, en bien des cas, lextension,de la connaissance, vritable et intgrale !Le professeur Ch. Richet, qui est un juge comptent, a fait ressortir avec vigueur, dans les

    Annales des Sciences psychiques de janvier 1905, les erreurs et les faiblesses de la scienceofficielle.Encore aujourdhui, la routine exerce son empire dans les milieux acadmiques ; tout savantqui se refuse suivre lornire trace est considr comme un hrtique et cart des grasses

    prbendes. Lexemple du docteur Paul Gibier, oblig de sexpatrier pour se crer unesituation, en est la pnible dmonstration.Sur ce point, la dmocratie ne sest pas montre moins absolutiste, moins tyrannique que lesrgimes dchus. Elle aspire au nivellement des intelligences et proscrit ceux qui cherchent larracher aux vulgaires matrialits. Labaissement des tudes a appauvri la pense

    universitaire, affaibli les caractres, paralys les initiatives.1 Voir la prface de G. Lebon au livre de LOMBROSO :Hypnotisme et Spiritisme, traduction franaise.

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    Cest en vain quon chercherait en France, parmi nos savants, un exemple de courage moralcomparable ceux quont donns, en Angleterre, W. Crookes, Russell Wallace, Lodge, etc.,Lombroso et dautres, en Italie. Lunique souci des hommes en situation semble tre demodeler leurs opinions sur celles des matres de lheure , afin de bnficier des profits dontces derniers sont les dispensateurs.

    En matire de psychisme, le bon sens vulgaire semble faire dfaut la plupart des savants. Leprofesseur Flournoy en fait laveu : Pour toute lhumanit des anciens ges, actuellementencore pour sa grande masse, cest lhypothse spirite qui est la seule vraiment conforme au

    bon sens le plus lmentaire ; tandis que pour nous, nourrissons de la science gavs demcanisme naturaliste depuis les bancs du collge, cette mme hypothse rvolte jusquen sontrfonds notre bon sens, galement le plus lmentaire1.A lappui de ses dires, il cite les deux exemples suivants2, sappliquant un faituniversellement reconnu exact :

    Le grand Helmholtz - raconte M. Barrett - me disait une fois que ni le tmoignage de tous lesmembres de la Socit royale, ni lvidence de ses propres sens ne pourraient lui faire croire mme la

    transmission de pense, ce phnomne tant impossible. Un biologiste illustre - rapporte aussi M. W. James me disait un jour que, mme si les preuves de latlpathie taient vraies, les savants devraient se liguer entre eux, pour les supprimer ou les tenircaches, parce que de tels faits renverseraient luniformit de la nature et toutes sortes dautres chosesdont les savants ne peuvent se passer pour continuer leurs recherches.

    Pourtant les faits spirites se sont multiplis, imposs avec tant de force que les savants ont dtenter de les expliquer. Mais ce ne sont pas les lucubrations psycho-physiologiques de PierreJanet, les thories polygonales du docteur Grasset, ni la cryptomnsie de Th. Flournoy qui

    peuvent satisfaire les chercheurs indpendants. Lorsquon a quelque exprience desphnomnes psychiques, on est confondu de la pauvret des raisonnements des critiques

    scientifiques du spiritisme. Ils choisissent toujours, dans la multitude des faits, quelques cas serapprochant de leurs thories, et ils passent soigneusement sous silence tous ceux,innombrables, qui les contredisent. Le procd est-il vraiment digne de vritables savants ?Les tudes impartiales et persistantes aboutissent dautres conclusions. Parlant du spiritisme,Oliver Lodge, recteur de lUniversit de Birmingham et membre de lAcadmie royale, a pudire : Jai t amen personnellement la certitude de lexistence future par des preuvesreposant sur une base purement scientifique. (Annales des Sciences psychiques, 1897, p.158.)J. Hyslop, professeur lUniversit de Columbia, crivait : La prudence et la. rserve nesont pas contraires lopinion que lexplication spirite est, jusqu prsent, la plusrationnelle.

    On le voit, si les railleries nont pas manqu aux spirites, dans les milieux scientifiques, il estpourtant des savants qui ont su leur rendre justice. Le professeur Barrett, de lUniversit deDublin, sexprimait ainsi, lors de son installation la prsidence de la Society for Psychical

    Research, le 29 janvier 19043 :

    Bon nombre de mes auditeurs se souviennent sans doute de la croisade qui eut lieu jadis contrelhypnotisme, que lon appelait alors mesmrisme. Les premires personnes qui se sont occupes deces tudes ont t en butte des attaques incessantes de la part du monde mdical et scientifique, dunct, du monde religieux, de lautre. Elles ont t dnonces comme des imposteurs, repoussescomme des parias, mises sans faon la porte des synagogues de la science et de la religion. Cela se

    1

    Esprits et Mdiums, p. 230.2Ibid., p. 226.3 VoirRevue des tudes psychiques, juin 1904.

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    passait une poque assez rapproche de nous, pour que je puisse moi-mme men souvenir. Lascience physiologique et mdicale ne peut sempcher de baisser la tte avec embarras en songeant ce temps-l, et en voyant prsent lhypnotisme et sa valeur thrapeutique reconnus, devenus partieintgrante de lenseignement scientifique dans plusieurs coles mdicales, surtout sur le continent !Ne devons-nous pas rvrer actuellement la mmoire de ces chercheurs hardis, qui ont t lespionniers de cette branche des tudes psychiques ? De la mme manire, nous ne devons point oublier ce petit nombre de chercheurs qui, avant notretemps, ont eu le courage, aprs de patientes recherches, de proclamer leur croyance ces phnomnes,quils appelrent spiritiques Sans doute, leurs mthodes dinvestigation ne furent pas labri detoute critique ; nanmoins, ils ont t des chercheurs de la vrit tout aussi honntes et dvous quenous prtendons ltre, et ils mritent dautant plus notre estime, quils ont rencontr plus doppositionet de drisions. Les esprits forts souriaient alors, comme prsent, de ceux qui se montraient mieuxinforms queux. Je suppose que nous sommes tous ports considrer notre propre discernementcomme suprieur celui de notre prochain. Mais, enfin, nest-ce pas le bon sens, les soins, la patience,ltude continue des phnomnes psychiques qui donnent le plus, de valeur lopinion laquelle, onest parvenu, et non pas lesprit d pntration, ou le scepticisme de lobservateur ? Nous ne devons pas perdre de vue que ce qui est affirm, mme par le plus humble des hommes, par

    suite de son exprience personnelle, est toujours digne darrter notre attention, tandis que ce qui estni, mme par les hommes les plus rputs, alors quils ignorent la chose, ne mrite jamais que nous yprtions attention. Cet esprit puissant et pntrant qutait le professeur De Morgan, le grand dnonciateur ducharlatanisme scientifique, a eu le courage de publier, il y a longtemps dj, quon a beau tcher deridiculiser les spirites, ils ne sont pas moins sur le chemin qui mne tout avancement desconnaissances humaines, parce quils ont lespritet la mthode des premiers temps, lorsque les routesdevaient tre ouvertes travers les forts vierges, dans lesquelles nous pouvons maintenant avanceravec toute facilit.

    Tout en rendant hommage aux spirites, le professeur Barrett, en juge impartial, reconnaissaitque leur zle ntait pas exempt de critiques. Aujourdhui comme alors, cette opinion pourraitse vrifier. Lexaltation de certains adeptes, leur ardeur proclamer des faits imaginaires oudouteux, linsuffisance de contrle dans les expriences, ont souvent nui la cause quilscroyaient servir. Cest peut-tre l ce qui justifie, dans une certaine mesure, lattitude dfiante,

    parfois hostile, de certains savants lgard du spiritisme.Le professeur Ch. Richet crivait dans lesAnnales des Sciences psychiques de janvier 1905, p.211 : Si les spirites ont t trs audacieux, ils ont t, hlas, bien peu rigoureux, et cest unelamentable histoire que celle de leurs aberrations... Cest assez, quant prsent, davoir tabliquils avaient le droit dtre trs audacieux et que nous ne pouvons pas, de par notre science

    faillible, incomplte, embryonnaire encore, leur reprocher cette audace. Il faudrait lesremercier, au contraire, davoir t si audacieux. Les rserves de M. Richet ne sont pas moins fondes que ses loges. Beaucoupdexprimentateurs napportent pas dans leurs tudes la pondration, la prudence ncessaires.Ils recherchent de prfrence les manifestations tapageuses, les matrialisations nombreuses etrptes, les phnomnes bruyants, sans se rendre compte que la mdiumnit ne peut produiredes faits de cette nature quexceptionnellement et de loin en loin. Quand on possde unmdium professionnel de cet ordre, on lobsde, on le surmne, on le pousse donner dessances frquentes. Fatalement, on le fait glisser sur la pente de la simulation. De l lesfraudes, les mystifications signales par tant de feuilles publiques.Bien prfrables, mon sens, sont les faits mdianimiques dordre modeste et plus intime, les

    sances o rgnent lordre, lharmonie, lunit des penses, par o les choses clestesdcoulent comme une rose sur lme altre, lclairent, la consolent, la rendent meilleure.

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    Les sances faits physiques, mme lorsquelles taient sincres, mont toujours laiss uneimpression de vide, de gne, de malaise, par suite des influences qui y dominaient.Sans doute, des savants, comme Crookes, Hyslop, Lombroso, etc., ont d des professionnelsles beaux rsultats quils obtenaient ; mais ils sentouraient, dans leurs expriences, de

    prcautions dont les spirites ne sont pas coutumiers. Au cours de sances de matrialisations

    donnes Paris par un mdium amricain, en 1906 et 1907, et qui eurent un fcheuxretentissement, les spirites avaient tabli un rglement, que les assistants sengageaientdhonneur observer et dont les stipulations avaient pour consquence imprvue de librer lemdium de tout contrle efficace. Lobscurit tait presque entire au moment desapparitions. Les assistants devaient causer haute voix, chanter, se tenir les mains en formantla chane magntique et se garder, par-dessus tout, de toucher aux formes matrialises. Decette faon, la vue, loue, le tact se trouvaient peu prs annihils. Ces conditions, il est vrai,taient dictes par une intention louable, car, en thse gnrale, comme on le verra au cours decet ouvrage, elles favorisent la production des faits ; mais, en la circonstance, elles aidaientaussi masquer les supercheries. Les facults du mdium taient relles, cependant, et, dansles premires sances, il se produisit des phnomnes authentiques, que nous relatons plus

    loin. Puis, ce fut un mlange de faits rels et simuls. Enfin, la supercherie devint vidente etcontinue. Aprs avoir signal, dans une revue spciale, les phnomnes prsentant desgaranties de sincrit, je me trouvai, par la suite, contraint moralement de dnoncer desfraudes avres et compromettantes.Aprs une longue enqute et de mres rflexions, Je nai rien retirer de mes apprciationsantrieures. Jai rendu justice ce mdium en faisant la part de ce quil y avait de rel dansses sances, mais je nai pas hsit dnoncer ses simulations, le jour o des tmoignagesnombreux et autoriss les ont rendues certaines. Parmi ces tmoignages, on rencontre celuidun magistrat de Cour dappel, qui est, en mme temps, un minent psychiste.En faisant le silence sur ces fraudes, en les couvrant dune sorte dapprobation tacite, nousouvrions la porte tout un cortge dabus, qui ont discrdit le spiritisme en certains milieuxet arrt son dveloppement. Dj, la suite de lhabile simulateur, on voyait accourir cheznous des fraudeurs condamns par les tribunaux des pays voisins. Plus rcemment, le mdiumAbendt fut dmasqu Berlin en des circonstances identiques. Puis ce fut Carancini Londres et Bailey Grenoble. Sans le cri dalarme jet par nous, on risquait de glisser sur une

    pente fatale et daboutir quelque effondrement.Les spirites sont des hommes de foi et de conviction. Mais si la foi claire attire nous, surles plans spirituel et matriel, des mes nobles et leves, la crdulit, sur le plan terrestre,attire les charlatans, les exploiteurs de tous ordres, la nue des chevaliers dindustrie qui necherchent qu nous tromper. L est le pril du spiritisme. Il appartient tous ceux qui ont aucur le souci de la dignit et de la vrit de cette cause, de le conjurer. On a rpt satit :

    Le spiritisme sera scientifique ou ne sera-pas ! Nous ajouterons : Le spiritisme doit trehonnte, avant tout !

    Quelques mots encore au sujet de la doctrine du spiritisme, synthse des rvlationsmdianimiques concordantes, obtenues sur toute la surface du monde, sous linspiration desgrands Esprits. Elle saffirme de plus en plus, cette doctrine, et se vulgarise. Il nest pas

    jusqu nos contradicteurs, eux-mmes, qui ne se voient dans lobligation morale de lui rendrejustice, en constatant tous ses bienfaits et les consolations ineffables quelle a rpandues surles mes souffrantes.Le professeur Th. Flournoy, de lUniversit de Genve, en parle en ces termes dans son livre :Esprits et Mdiums : Exempte de toutes les complications et subtilits de la thorie de la

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    PREFACE DE LA NOUVELLE EDITION

    connaissance et des problmes de haute mtaphysique, cette philosophie simpliste se trouvepar l mme assez bien adapte aux besoins de la masse. De son ct, J. Maxwell, avocat gnral la Cour d appel de Paris, sexprimait ainsi dans sonouvrage : Phnomnes psychiques : Lextension que prend la doctrine spirite, est un des

    plus curieux phnomnes de lpoque actuelle. Jai limpression dassister la naissance dun

    mouvement religieux appel de grandes destines. En outre, Th. Flournoy, la suite dune enqute dont il consigne, les rsultats dans louvrageprcit, se livre aux commentaires suivants1 :

    Ici cest un concert gnral dloges sur la beaut et lexcellence de la philosophie spirite, untmoignage peu prs unanime rendu son influence salutaire sur la vie intellectuelle, morale etreligieuse de ses adeptes. Mme les personnes qui en sont venues se mfier compltement desphnomnes et leur en veulent, pour ainsi dire, des dceptions et des doutes quils laissent aprs eux,reconnaissent les bienfaits quelles ont retirs des doctrines.

    Et plus loin :

    On rencontre des spirites qui nont encore jamais assist une exprience et nen prouvent pasmme le dsir, mais qui affirment avoir t conquis par la simplicit, la beaut, lvidence morale etreligieuse des enseignements spirites (existences successives, progrs indfini de lme, etc.). Il ne fautdonc point dnigrer la valeur de ces croyances, valeur indniable, puisque de nombreuses mesdclarent en vivre et y avoir trouv un chappatoire de salut entre lorthodoxie, dune part, dont ellesne pouvaient plus accepter certains dogmes rpugnants (comme celui des peines ternelles), et, dautrepart, les ngations dsesprantes du matrialisme athe2.

    Pourtant, mme au sein du camp spirite, quoi quen dise M. Flournoy, les objections nont pasmanqu. Parmi ceux que le ct scientifique du spiritisme attire, il en est qui font peu de casde la philosophie. Cest que, pour apprcier toute la grandeur de la doctrine des Esprits, il fautavoir souffert. Les gens heureux sont toujours plus ou moins gostes et ne peuventcomprendre quelle source de consolations elle renferme. Les phnomnes peuvent lesintresser, mais, pour attiser en eux la flamme intrieure, il faut les souffles froids deladversit. Les vrits profondes napparaissent dans leur plnitude quaux esprits mris parlpreuve et la douleur.En ces matires, tout dpend des prdispositions antrieures. Les uns, captivs par les faits,sattachent de prfrence lexprimentation. Dautres, clairs par lexprience des sicles

    parcourus ou par les leons de la vie prsente, mettent lenseignement au-dessus de tout. Lasagesse consiste runir les deux cts du spiritisme dans un ensemble harmonieux.Comme on le verra au cours de cet ouvrage, lexprimentation exige des qualits rares.

    Beaucoup, manquant de persvrance sloignent aprs quelques tentatives infructueuses etretombent dans lindiffrence pour navoir pas obtenu, aussi rapidement quils leussentvoulu, les preuves recherches.Ceux qui savent persister rencontrent, tt ou tard, les lments solides et probants sur lesquelssdifiera une conviction inbranlable. Ce fut mon cas. De bonne heure, la doctrine desEsprits ma sduit ; mais les preuves exprimentales ont t lentes venir. Ce nest quaprsdix ou quinze annes de recherches quelles se sont produites, abondantes, irrsistibles. Jemexplique maintenant cette longue attente, ces nombreuses expriences aboutissant desrsultats incohrents et souvent contradictoires. Je ntais pas encore mr pour unedivulgation complte des hautes vrits. Mais, mesure que javanais dans la voie trace, lacommunion avec mes protecteurs invisibles devenait plus troite, plus profonde. Je me sentais

    1Esprits et Mdiums, p. 204. Paris, Fischbacher, diteur, 1911.2 Ouvr. cit, p. 543.

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    PREFACE DE LA NOUVELLE EDITION

    guid travers les embches et les difficults de ma tche. Aux heures dpreuves, de tendresconsolations descendaient sur moi. Aujourdhui, jen suis arriv ressentir la prsencefrquente des Esprits, distinguer, laide dun sens intime et trs sr, la nature et la

    personnalit de ceux qui minfluencent et minspirent. Je ne puis, videmment, procurer autrui les sensations intenses que je perois. Elles expliquent ma certitude de lAu-del, ma

    conviction absolue de lexistence du monde invisible. Cest pourquoi toutes les tentativesfaites pour me dtourner de ma route sont restes et resteront vaines. Ma confiance et ma foisont entretenues par des manifestations quotidiennes ; mon existence est devenue une vie en

    partie double, partage entre les hommes et les Esprits. Aussi est-ce pour moi un devoir sacrde travailler rpandre, mettre la porte de tous, la connaissance des lois qui relientlhumanit de la terre celle de lespace et tracent toutes les mes la voie de lvolutionsans fin.

    Septembre 1911.

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    LA SCIENCE SPIRITE

    PREMIERE PARTIE__________

    Le Spiritisme

    exp rimental : les lois__________

    I. LA SCIENCE SPIRITE.

    A mesure que lhomme avance pas lents dans le chemin de la connaissance, lhorizonslargit et des perspectives nouvelles souvrent devant lui. Sa science est borne, mais lanature est sans limites.

    La science nest que lensemble des conceptions dun sicle, que la science du sicle suivantdpasse et submerge. Tout en elle est provisoire et incomplet. Elle tudie les lois dumouvement, les manifestations de la force et de la vie ; cependant, elle ne sait rien encore descauses agissantes, rien de la force et du mouvement en leur principe. Le problme de la vie luichappe et lessence des choses reste pour elle un mystre impntrable.Malgr les ngations obstines et laveuglement de certains savants, chaque jour leurs vues setrouvent dmenties sur quelque point. Cest ce qui arrive aux reprsentants des colesmatrialistes et positivistes. Ltude et lobservation des phnomnes psychiques viennent

    bouleverser leurs thories sur la nature et la destine des tres.Lme humaine nest pas, comme elles laffirmaient, une rsultante de lorganisme,svanouissant avec lui ; cest une cause qui prexiste et survit au corps.

    Lexprience nous dmontre chaque jour que lme est pourvue dune forme fluidique, dunorganisme intime et subtil, dont elle est insparable. Cet organisme impondrable, qui a sessens propres, distincts des sens corporels, est seul en jeu quand elle exerce ses pouvoirssuprieurs. Grce lui, lme peut, pendant la vie et durant le sommeil, se dgager delenveloppe physique, pntrer la matire, franchir lespace, percevoir les ralits du mondeinvisible. De cette forme fluidique se dgagent des radiations, des effluves, qui peuventsextrioriser en couches concentriques au corps humain1, et mme, en certains cas, secondenser des degrs divers et se matrialiser au point dimpressionner des plaques

    photographiques et des appareils enregistreurs2.Laction dune me sur une autre distance est tablie par les phnomnes tlpathiques etmagntiques, la transmission de la pense, lextriorisation des sens et des facults. Lesvibrations de la pense peuvent se propager dans lespace, comme la lumire et le son, etimpressionner un autre organisme fluidique en affinit avec celui du manifestant. Les ondes

    psychiques se propagent au loin et vont veiller dans lenveloppe du sensitif des impressionsde nature varie, suivant son tat dynamique : visions, auditions ou mouvements.Parfois, lme elle-mme, pendant le sommeil, quitte son enveloppe matrielle et, sous saforme fluidique, se rend visible distance. Certaines apparitions ont t vues par plusieurs

    personnes la fois ; dautres ont exerc une action sur la matire, ouvert des portes, dplacdes objets, laiss des traces de leur passage. Quelques-unes ont impressionn des animaux3.

    1

    VoirDE ROCHAS, Extriorisation de la sensibilit, motricit, passim.2 Voir docteur BARADUC, l'Ame humaine, ses mouvements, ses lumires, passim.3Proceedings of the Society for psychical research, 1882 1902.

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    LA SCIENCE SPIRITE

    Les apparitions de mourants ont t constates des milliers de fois. Les procs-verbaux de laSocit des recherches psychiques, de Londres, lesAnnales des Sciences psychiques, de Paris,en signalent un grand nombre. M. Flammarion, dans son beau livre lInconnu et les problmes

    psychiques, en relate une centaine de cas, avec concidence de mort, ce qui ne permet pas devoir en eux de simples hallucinations, mais des faits rels, avec relation de cause effet.

    Ces phnomnes ont t constats si souvent, ils sappuient sur des tmoignages si nombreuxet si importants, que des savants dune prudence excessive, comme M. Ch. Richet, delAcadmie de mdecine de Paris, ont pu dire : On trouve une telle quantit de faitsimpossibles expliquer autrement que par la tlpathie, quil faut admettre une action distance... le fait semble prouv et absolument prouv. Dans ces phnomnes, nous trouvons dj une dmonstration positive de lindpendance delme. En effet, si lintelligence tait une proprit de la matire et devait steindre la mort,on ne pourrait sexpliquer quau moment o le corps saffaisse, o lorganisme cesse defonctionner, cette intelligence se manifeste parfois avec une intensit plus vive, avec unerecrudescence dactivit.Les cas de lucidit, de clairvoyance, de prvision de lavenir, sont frquents chez les

    mourants. Dans ces cas, le dgagement de lenveloppe ouvre lesprit un champ nouveau deperception. Lme se rvle, au moment de la mort, avec des facults, des qualits suprieures celles quelle possdait dans la vie normale. Il faut voir l une preuve que notre personnalit

    psychique nest pas une rsultante de lorganisme, troitement lie lui, mais quelle jouitdune vie profonde, diffrente de celle du corps, celui-ci tant plutt pour elle une prisontemporaire et une entrave.Cette dmonstration se fait plus vidente encore lorsque, aprs la mort, lesprit dsincarn

    peut trouver dans lenveloppe physique des mdiums les lments ncessaires pour sematrialiser et tomber sous laction des sens.On peut constater alors, laide de balances munies dappareils enregistreurs, que le corps dumdium perd une partie de son poids, et la diffrence se retrouve dans lapparitionmatrialise1.

    Danne en anne, les faits se multiplient, les attestations saccumulent, lexistence du mondedes Esprits saffirme avec une autorit et une puissance grandissantes. Depuis un demi-sicle,ltude de lme est passe, du domaine de la mtaphysique et des purs concepts, celui delobservation et de lexprience.La vie se rvle sous un double aspect : physique et supra-physique. Lhomme participe deux modes dexistence. Par son corps physique, il appartient au monde visible ; par son

    corps fluidique, au monde invisible. Ces deux corps coexistent en lui durant la vie. La mort enest la sparation.Au-dessus de notre humanit matrielle sagite une humanit invisible, compose des tresqui ont vcu sur la terre et ont dpouill le vtement de chair. Au-dessus des vivants, incarnsdans un corps mortel, les survivants poursuivent, dans lespace, la vie libre de lesprit.Ces deux humanits se renouvellent lune par lautre, au moyen de la naissance et de la mort.Elles se pntrent, sinfluencent rciproquement et peuvent entrer en rapport au moyen decertains sujets, dous de facults spciales, nomms mdiums. De chaque me, incarne oudsincarne, mane et rayonne une force, productrice de phnomnes, que lon nomme force

    psychique.

    1Voir W. CROOKES,Recherches exprimentales sur le spiritualisme, pp. 159 et suiv.; A. RUSSEL-WALLACE, lesMiracles et le Moderne Spiritualisme, pp. 325 et suiv. ; AKSAKOF,Animisme et Spiritisme, chap. le,.

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    LA SCIENCE SPIRITE

    Lexistence de cette force est tablie par de nombreuses expriences. On peut en constater leseffets dans les soulvements de tables, les dplacements dobjets sans contact, les cas delvitation, etc.Laction des invisibles se rvle dans les phnomnes de lcriture directe, les casdincorporation, les matrialisations et apparitions temporaires, les photographies et les

    moulages.Des apparitions matrialises ont t photographies en prsence de nombreux tmoins : tellesprit de, Katie King chez W. Crookes, les esprits de Yolande et Llia chez MmedEsprance ; celui dAbdullah, fix sur la plaque sensible par Aksakof1.Des empreintes et moulages de mains, pieds, visages, laisss dans des substances molles oufriables par des formes matrialises, ont t recueillis par Zoellner, astronome allemand, parles professeurs W. Denton et Wagner, les docteurs Wolff, Friese, etc. Les moules, dune seule

    pice, reproduisaient les inflexions des membres, les dtails de la structure et les altrationsaccidentelles de la peau2Cette action se manifeste encore dans les phnomnes dincorporation, comme ceux signals

    par le docteur Hodgson dans son tude sur la facult de Mrs. Piper3. Lauteur, adversaire

    dclar de la mdiumnit dans toutes ses applications, avait commenc son enqute dans lebut de dmasquer ce quil considrait comme une imposture. Il dclare avoir poursuivi sesobservations pendant douze annes, en de nombreuses sances, au cours desquelles cent vingt

    personnalits invisibles se manifestrent, entre autres George Pellew, son ami denfance,membre, comme lui, de la Psychical research Society, dcd depuis plusieurs annes. Ces

    personnalits lui rvlrent des faits inconnus de tout tre vivant sur la terre. Aussi dit-il : La dmonstration de la survivance ma t faite de faon mter mme la possibilit dundoute4. Les professeurs Ch. W. Elliot, prsident de lUniversit dHarward, W. James, professeur de

    psychologie la mme Universit ; Newbold, professeur de psychologie lUniversit dePensylvanie, et dautres savants ont particip ces expriences et contresign cesdclarations.Dans un ouvrage plus rcent5, le professeur Hyslop, de lUniversit de Columbia, New-York,se prononce dans le mme sens au sujet de Mrs. Piper, quil a observe pendant denombreuses sances. Celles-ci ont t menes dans le plus grand secret. Le professeur tait

    prsent sous le nom de Smith. Il portait un masque noir, qui et empch son plus intime amide le reconnatre, et il sest abstenu de prononcer une seule parole, de sorte que Mrs. Piper, niaucune autre personne ne pouvait tre mise sur les traces de son identit.Cest dans ces conditions que le professeur obtint, avec ses parents morts, au moyen desorganes de Mrs. Piper entrance, des entretiens pleins de dtails prcis, de particularits,oublies par lui, de leur vie intime. Aussi conclut-il en ces termes :

    Quand on considre le phnomne de Mrs. Piper, il faut liminer et la transmission de pense etlaction tlpathique. En considrant le problme avec impartialit, il ny a pas dautre explication quelintervention des morts.

    1 Voir W. CROOKES, loc. cit. ; E. D'ESPERANCE, Au Pays de lombre, p. 194 ; AKSAKOF, loc. cit. ; G. DELANNE,les Apparitions matrialises.2 Voir AKSAKOF,Animisme et Spiritisme, pp. 127 138.3

    Proceedings psychical R. S. P., t. XV. Voir aussi M. SAGE,Madame Piper(Leymarie, diteur),passim.4Proceedings, 1897.5 Rapport du professeur Hyslop, Proceedings ; G. DELANNE,Recherches sur la Mdiumnit, p. 355.

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    LA SCIENCE SPIRITE

    Au cours de lanne 1900, du sein des assembles savantes, dimposants tmoignages se sontlevs en faveur du spiritisme. Une place considrable lui a t faite dans les programmes etles travaux du Congrs de psychologie de Paris, par les reprsentants de la science officielle.

    Le 22 aot, une sance plnire, toutes sections runies, tait consacre lexamen des

    phnomnes psychiques. Lun des prsidents dhonneur du Congrs, Myers, professeur Cambridge, justement clbre, non seulement comme exprimentateur, mais encore commephilosophe et moraliste, y donnait lecture dun travail sur la trance1 ou mdiumnit incorporations2 .Aprs avoir numr toute une srie dexpriences attestes par plus de vingt tmoinscomptents, qui assurent que les faits eux rvls par Mrs. Tompson, entrance, taientabsolument inconnus delle et suggrent le caractre et la mmoire de certaines personnesmortes, desquelles les messages obtenus affirment provenir , il conclut ainsi :

    Jaffirme que cette substitution de personnalitou contrle despritou possession marque bien unprogrs dans lvolution de notre race. Jaffirme quun esprit existe dans lhomme, et quil est

    salutaire et dsirable que cet esprit soit, de par ces faits, capable de se dgager partiellement ettemporairement de son organisme, ce qui le favoriserait dune libert et dune vision plus tendues, enmme temps que cela permettrait lesprit dun dcd de pouvoir faire usage de cet organisme laisstemporairement vacant, pour entrer en communication avec les autres esprits encore incarns sur cetteterre. Je prtends que beaucoup de connaissances dans cette voie ont dj t acquises et quil en resterencore beaucoup dautres acqurir dans lavenir.

    Dans la cinquime section de ce Congrs, trois sances furent consacres aux mmes tudes.Les docteurs Paul Gibier, directeur de lInstitut antirabique de New-York, Dariex, directeurdesAnnales des Sciences psychiques, Encausse, Joire, Pascal, etc., envoyrent ou prsentrenteux-mmes des travaux trs documents tablissant la ralit des phnomnes psychiques et

    la communication possible avec les dcds.Un institut international pour ltude des phnomnes psychiques, entre autres ceux de lamdiumnit, a t fond lissue du Congrs de psychologie. Parmi les membres du Comitde direction, nous trouvons, pour la France, les noms de MM. Ch. Richet, professeur laFacult de mdecine, directeur de laRevue scientifique, le colonel de Rochas, C. Flammarion,docteur Duclaux, directeur de lInstitut Pasteur, Sully-Prudhomme, Fouille, Bergson,Sailles, etc. ; pour ltranger, tout ce que lEurope compte de plus illustre parmi lesreprsentants de la science psychique : W. Crookes, Lodge, Aksakof, Lombroso, docteurOchorowicz, etc.Dautres attestations importantes, en faveur du spiritisme, se produisirent au cours de lanne1900. Le docteur Bayol, ancien gouverneur du Dahomey, communiquait au Congrs spirite et

    spiritualiste, runi en septembre Paris, toute une srie dexpriences de matrialisationsallant depuis lapparition dune forme lumineuse jusquau moulage dans la paraffine dunvisage dEsprit quil dit tre celui dAcella, jeune fille romaine, morte Arles, au temps desAntonins. Les docteurs Bonnet, Chazarain, Dusart, de la Facult de Paris, apportrent destmoignages de mme nature et des preuves didentit dEsprits3.Le professeur Ch. Richet, de lAcadmie de mdecine de Paris, dans un article trs tenduayant pour titre : Faut-il tudier le spiritisme ? publi par les Annales des Sciences

    psychiques de janvier 1905, reconnat quil nexiste aucune contradiction entre la scienceclassique et le phnomne le plus extraordinaire du spiritisme. La matrialisation, elle-mme,

    1 Nous adoptons pour ce mot l'orthographe anglaise, le mot franais transe ayant un tout autre sens.2

    Voir Compte rendu des sances duIVme

    Congrs international de psychologie, pp. 113 121, reproduit par laRevue scientifique et morale du spiritisme, octobre 1900, p. 213 ; septembre 1902, p. 158.3 VoirCompte rendu du Congrs spirite et spiritualiste de 1900 (Leymarie, dit.), pp. 211 et suiv.

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    LA SCIENCE SPIRITE

    est un phnomne trange, inconnu, inhabituel, dit-il, mais cest un phnomne qui necontredit rien. Et nous savons, de par lhistoire1, que notre science actuelle est constitue pardes faits qui ont paru jadis tranges, inconnus, inhabituels... Autant la science est inattaquablequand elle tablit des faits, autant elle est misrablement sujette lerreur quand elle prtendtablir des ngations.

    Et M. Ch. Richet conclut en ces termes : 1 Il ny a aucune contradiction entre les faits et thories du spiritisme et les faits positifstablis par la science. 2 Le nombre des crits, livres, mmoires, rcits, notes, expriences estsi considrable et appuy par de telles autorits, quil nest pas permis de repousser cesinnombrables documents sans une tude approfondie. 3 Notre science contemporaine esttellement peu avance encore, par rapport ce que seront un jour les connaissances humaines,que tout est possible, mme ce qui nous parat le plus extraordinaire... Donc, au lieu de

    paratre ignorer le spiritisme, les savants doivent ltudier. Physiciens, chimistes,physiologistes, philosophes, il faut quils prennent la peine de se mettre au courant des faitsspirites. Une longue et laborieuse tude est ncessaire. Elle sera certainement fconde. Peu aprs larticle de M. Ch. Richet, paraissait un important ouvrage, qui eut dans le monde

    entier un grand retentissement :Human Personnality, de F. Myers, professeur Cambridge2.Cest une tude mthodique et approfondie des phnomnes spirites, appuye sur une richedocumentation et couronne dune synthse philosophique, dans laquelle les vastesconsquences de la science psychique sont magistralement exposes.Les conclusions de Frdric Myers sont formelles : Lobservation et lexprimentation, dit-il, ont amen beaucoup de chercheurs dont je suis (of whom I am one) croire lacommunication, soit directe, soit tlpathique, non seulement entre les esprits des vivants,mais encore entre les esprits de ceux qui demeurent sur cette terre et les esprits de ceux quilont quitte3. Le professeur Flournoy, de lUniversit de Genve, dans son livre Esprits et Mdiums, p. 266,apprcie en ces termes loeuvre de F. Myers :

    A lheure prsente, nul ne peut prvoir le sort que lavenir rserve la doctrine spirite de Myers. Siles dcouvertes futures viennent confirmer sa thse de lintervention empiriquement vrifiable desdsincarns dans la trame physique ou psychologique de notre monde phnomnal, alors son nomsinscrira au livre dor des grands initiateurs, et, joint ceux de Copernic et de Darwin, il complterala triade des gnies ayant le plus profondment rvolutionn la pense scientifique dans lordrecosmologique, biologique, psychologique.

    En 1905, 1906, 1907, 1908, lInstitut gnral psychologique de Paris a pris linitiative dungrand nombre de sances exprimentales, avec le concours du mdium Eusapia Paladino, sousle contrle de MM. Curie, Richet, dArsonval, Dubierne, etc. Le rapport de M. Courtier,

    secrtaire de lInstitut, quoique plein de rticences et de rserves, constate cependant que desphnomnes de lvitation et de dplacement dobjets sans contact se produisirent au cours deces sances. Toutes les prcautions furent prises contre les possibilits derreur ou de fraude.Des instruments spciaux furent construits et employs pour lenregistrement mcanique des

    phnomnes. Un contrle incessant fut exerc. Lemploi dappareils photographiques fitcarter toute hypothse dhallucination collective.M. Dubierne ayant dit, au cours dune sance, queJohn, lEsprit-guide dEusapia., peut briserla table, aussitt on entend se rompre le pied de celle-ci.

    1 L'histoire nous apprend galement que les phnomnes d'apparition et de matrialisation ne sont pas aussiinconnus que l'assure M. Ch. Richet.2

    Traduit par le docteur Jankelevitch et publi en franais sous le titre: la Personnalit humaine, rduit en un seulvolume. L'dition anglaise comporte deux in-8. F. Alcan, dit., 1905.3Human Personnality, t. II, p. 287.

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    LA SCIENCE SPIRITE

    Eusapia augmente et diminue volont son poids et celui de la table. A la distance de 45centimtres, elle peut provoquer la rupture dun tube de caoutchouc et celle dun crayon. Elle

    brise en trois morceaux une petite table de bois, pose derrire sa chaise, annonant lavancele nombre des morceaux, chose incomprhensible, tant donn quelle est dans lobscurit ettourne le dos la table1.

    Malgr ces faits, le 29 mai 1908, le docteur Lebon pose, dans le Matin, aux spirites et auxmdiums, le dfi suivant : Bien que le professeur Morselli dclare que le soulvement dunetable, sans contact, soit la b c des phnomnes spirites, je doute fort quelle serait jamaisralise... Joffre 500 francs celui qui me montrera le phnomne en plein jour. Quelques jours aprs, un journaliste bien connu, M. Montorgueil, rpondait dans lclair : Nous sommes des centaines qui avons vu des phnomnes de lvitations de tables, sanscontact. On vient nous dire quil y a suggestion, prestidigitation, un truc. A limitation de M.Lebon, joffre 500 francs au prestidigitateur qui se prsentera lclairet qui nous tromperaavec les mmes trucs en reproduisant, les mmes phnomnes. Lastronome C. Flammarion, de son ct, rpondait, dans le Matin, M. Lebon : On peutvoir dans mon ouvrage : Forces naturelles inconnues, des photographies directes et sans

    retouches, propos desquelles je suis parfaitement dispos donner, moi aussi, un prix de500 francs celui qui pourra y dcouvrir un truc quelconque. Plus loin il dit : On voit des rotations soprer sans contact, de la farine ayant t rpandueavec un soufflet et aucun doigt ne layant effleure... Au cours de ces expriences, nousvoyions un piano pesant 300 kilogrammes rsonner et se soulever, tandis quil ny avaitauprs de lui quun enfant de onze ans, mdium sans le savoir. Enfin le docteur Ochorowicz, professeur lUniversit de Varsovie, publiait, dans lesAnnalesdes Sciences psychiques de 1910 (voir toute lanne), la relation de ses expriences avec lemdium Mlle Tomsick, accompagne de reproductions photographiques de nombreux cas delvitations dobjets sans contact. Ces faits constituent un ensemble de preuves objectives denature convaincre les plus sceptiques.Le professeur Csar Lombroso, de lUniversit de Turin, clbre dans le monde entier par sestravaux danthropologie criminaliste, publiait en 1910, peu avant sa mort, un livre :

    Hypnotisme et Spiritisme2, dans lequel il relatait toutes ses expriences, poursuivies pendantdes annes, et concluait dans un sens absolument affirmatif, au point de vue spirite. Cetouvrage est un bel exemple de probit scientifique opposer au parti pris et aux vuesroutinires de la plupart des savants franais. Nous croyons devoir reproduire ici lesconsidrations qui ont amen Lombroso lcrire : Lorsque, dit-il, jai voulu faire un livresur les phnomnes dits spirites, aprs une vie consacre au dveloppement de la psychiatrieet de lanthropologie, mes meilleurs amis mont accabl dobjections, disant que jallais gterma rputation. Malgr tout, je nai pas hsit poursuivre, estimant quil tait de mon devoir

    de couronner ma carrire de luttes pour le progrs des ides en luttant pour lide la plusconteste et bafoue du sicle.

    Ainsi, de jour en jour, les expriences se rptent, les tmoignages deviennent plus nombreux.Dans leur ensemble, tous ces faits constituent dj une science nouvelle, base sur la mthode

    positive. Pour difier sa doctrine, le spiritualisme moderne na pas eu besoin de recourir laspculation mtaphysique ; il lui a suffi de sappuyer sur lobservation et sur lexprience. Les

    1

    Voir Bulletin de l'Institut gnral psychologique de dcembre 1908 et l'ouvrage de CESAR LOMBROSO,Hypnotisme et Spiritisme.2 CESARLOMBROSO,Hypnotisme et Spiritisme trad. Rossigneux prface.

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    LA SCIENCE SPIRITE

    phnomnes quil tudie ne pouvant sexpliquer par des lois connues, il les a longuement etmrement examins, analyss, puis, par un enchanement rationnel, il est remont des effetsaux causes. Lintervention des Esprits, lexistence du corps fluidique, lextriorisation desvivants nont t affirmes que lorsque les faits sont venus par milliers en dmontrer la ralit.La nouvelle science spiritualiste nest donc pas une uvre dimagination ; elle est le rsultat

    de longues et patientes recherches, le fruit de nombreuses investigations. Les hommes qui enont pris linitiatives ont connus dans tous les milieux scientifiques. Ils portent des nomsclbres et respects.Des enqutes ont t poursuivies pendant des annes par des commissions de savants de

    profession. Les plus connues sont lenqute de la Socit de dialectique, de Londres ; celle dela Socit des recherches psychiques, qui dure depuis vingt ans et a donn des rsultatsconsidrables ; plus rcemment, celle de M. Flammarion. Toutes ont recueilli des milliersdobservations, soumises un examen svre, un contrle des plus rigoureux.Quelle que soit la part que lon ait pu faire aux exagrations, aux fraudes, aux supercheries, ilse dgage de lensemble de ces tudes un nombre si imposant de preuves et de faits, quilnest plus permis, aprs cela, un ami du vrai de rester indiffrent ou silencieux. Le temps des

    ironies faciles est pass. La raillerie nest pas une solution. Il faut que la science se prononce ;car le phnomne est l, revtant tant daspects, se multipliant tellement, quil simpose sonattention. Lme, libre et immortelle, saffirme, non plus comme une vague et idale entit,mais comme un tre rel, associ une forme et producteur dune force subtile, dont laconstante manifestation sollicite lattention des chercheurs.Depuis les coups frapps et, les simples faits de typtologie jusquaux apparitionsmatrialises, le phnomne spirite sest droul sous des formes de plus en plus puissantes,

    portant la conviction chez les plus sceptiques et les plus prvenus.Cest la fin du surnaturel et du miracle, mais de cet ensemble de faits, aussi anciens quelhumanit, mal compris, mal observs jusquici, se dgagent maintenant une conception plushaute de la vie et de lunivers et la connaissance dune loi suprme qui guide les tres dansleur ascension travers les splendeurs de linfini, vers le Bien, vers le Parfait !

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    LA MARCHE ASCENDANTE ; LES MODES DETUDES

    II. LA MARCHE ASCENDANTE ; LES MODES DETUDES.

    La runion du Congrs spirite et spiritualiste international de Paris, en 19001, a permis deconstater la vitalit toujours croissante du spiritisme. Des dlgus venus de tous les points dumonde, reprsentant les peuples les plus divers, y ont expos les progrs de lide dans leurs

    pays respectifs, sa marche ascendante malgr les obstacles, les conversions retentissantesquelle opre, aussi bien parmi les hommes dglise que chez les savants matrialistes. Il en at de mme au Congrs de Bruxelles, en 1910. Un bureau international a t institu. Il a

    pour but dtablir des relations permanentes entre les groupements des diverses nations et derecueillir des informations sur le mouvement spirite dans le monde entier.En dpit des dngations et des railleries, la croyance spirite se fortifie et grandit. Mais, mesure quelle se rpand, la lutte devient plus vive entre ngateurs et convaincus. Le vieux

    monde sinquite ; il se sent menac. Le combat pour la vie nest pas plus pre que la lutteentre les ides. Lide vieillie, incomplte, se cramponne en dsespre aux positions acquiseset rsiste aux efforts de lide nouvelle, qui veut prendre sa place au soleil. Les rsistancessexpliquent par les intrts de tout un ordre de choses qui se sent branl. Elles sont utiles,

    parce quelles rendent plus sages les novateurs, plus mesurs les progrs de lesprit humain.Il est dans la destine de celui-ci de toujours dtruire et reconstruire. Sans cesse il travaille difier des monuments splendides, qui lui serviront de demeures, mais qui, bientt devenusinsuffisants, devront faire place des uvres, des conceptions plus vastes, appropries sondveloppement constant.Tous les jours, des individualits disparaissent, des systmes seffondrent dans la lutte. Mais,au milieu des fluctuations terrestres, la route de la vrit se droule, trace par la main de

    Dieu, et lhumanit sachemine vers ses destines inluctables.Le spiritisme, utopie dhier, sera la vrit de demain. Familiariss avec elle, nos successeursoublieront les luttes, les souffrances de ceux qui auront assur sa place dans le monde ; mais, leur tour, ils auront combattre et souffrir pour le triomphe dun idal plus lev. Cest laloi ternelle du progrs, la loi dascension qui porte lme humaine, dtapes en tapes, deconqutes en conqutes, vers une somme toujours plus grande de science, de sagesse et delumire. Cest la raison mme de la vie, la pense matresse qui dirige lvolution des mes etdes mondes.A mesure que le spiritisme se rpand, plus imprieuse apparat la ncessit dtablir des rgles

    prcises, des conditions srieuses dtude et dexprimentation. Il faut viter aux adeptes desdceptions fcheuses et mettre la porte de tous les moyens pratiques dentrer en rapport

    avec le monde invisible.Pour acqurir la science doutre-tombe, il est deux moyens : ltude exprimentale, dune

    part ; de lautre, lintuition et le raisonnement, que, seules, les intelligences exerces saventmettre en action. Lexprimentation est prfre par la grande majorit de nos contemporains.Elle rpond mieux aux habitudes du monde occidental, encore peu initi la connaissance desressources profondes de lme.Les phnomnes physiques bien constats ont, pour nos savants, une importance sans gale.Chez beaucoup dhommes, le doute ne peut cesser, la pense ne peut sortir de ltat de torpeurque grce au fait. Le fait brutal, le fait probant vient bouleverser les ides prconues ; iloblige les plus. indiffrents scruter le problme de lAu-del.

    1 VoirCompte rendu duCongrs spirite et spiritualiste international de 1900 (Leymarie, diteur).

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    LA MARCHE ASCENDANTE ; LES MODES DETUDES

    Il est ncessaire de faciliter les recherches exprimentales et ltude des phnomnesphysiques, mais en les considrant comme un acheminement vers des manifestations moinsterre terre. Celles-ci, la fois intellectuelles et spirituelles, constituent le ct le plusimportant du spiritisme. Sous leurs formes diverses, elles reprsentent autant de moyensdenseignement, autant de modes dune rvlation sur laquelle sdifie une notion de la vie

    future, plus large et plus haute que toutes les conceptions du pass.Lhomme qui pleure des tres aims, dont la mort la spar, recherche, avant tout, une preuvede la survivance, dans la manifestation des mes chres son cur et que lamour attire aussivers lui. Un mot affectueux, une preuve morale venant delles, feront plus pour le convaincreque tous les phnomnes matriels.Jusquici, chez la plupart des hommes, la croyance la vie future navait t quune vaguehypothse, une foi vacillant tous les souffles de la critique. Les mes, aprs la sparation descorps, ntaient leurs yeux que des entits mal dfinies, confines en des lieux circonscrits,inactives, sans but, sans rapports possibles avec lhumanit.Aujourdhui, nous savons, de science certaine, que les esprits des morts nous entourent et semlent notre vie. Ils nous apparaissent comme de vritables tres humains, dous de corps

    subtils, ayant conserv tous les sentiments de la terre, mais susceptibles dlvation,participant dans une mesure grandissante luvre et au progrs universels, en possession deforces bien suprieures celles dont ils disposaient dans leur ancienne condition dexistence.

    Nous savons que la mort napporte aucun changement essentiel la nature intime de ltre,qui reste, en tous milieux, ce quil sest fait, emportant au del de la tombe ses penchants, sesaffections et ses haines, ses grandeurs et ses faiblesses ; restant attach par le cur ceuxquil a aims sur la terre : toujours anxieux de sen rapprocher.Lintuition profonde nous rvlait bien la prsence de nos amis invisibles et, dans une certainemesure, nous permettait, en notre for intrieur, de correspondre avec eux. Lexprimentationva plus loin. Elle nous procure des moyens de communication positifs et prcis ; elle tablitentre les deux mondes, le visible et locculte, une communion qui va stendant mesure queles facults mdianimiques se multiplient et saffinent. Elle resserre les liens qui unissent lesdeux humanits ; elle leur permet, par des rapports constants, par un change continuel devues, de mettre en commun leurs forces, leurs aspirations, de les orienter vers un mme butgrandiose et de travailler ensemble conqurir plus de lumire, plus dlvation morale et,

    par suite, plus de bonheur pour la grande famille des mes, dont hommes et Esprits sontmembres.Toutefois, il faut reconnatre que la pratique exprimentale du spiritisme est pleine dedifficults. Elle exige des qualits dont beaucoup dhommes sont dpourvus : esprit demthode, persvrance, discernement, lvation de pense et de cur. Quelques-uns arriventseulement la certitude, qui est leur but, aprs des checs nombreux ; dautres latteignent

    dun seul lan par le cur, par lamour. Ceux-l saisissent la vrit sans effort, et rien ne peutplus les en dtacher.Oui, la science est belle ; le, chercheur persvrant trouve en elle des satisfactions infinies.Tt ou tard, elle lui fournira la base sur laquelle se fondent les convictions solides. Cependant, cette science purement intellectuelle qui tudie seulement les corps, il faut, pour lui fairequilibre, en adjoindre une autre qui soccupe de lme et de ses facults affectives. Cest ceque fait le spiritisme, qui nest pas seulement une science dobservation, niais aussi desentiment et damour, puisquelle sadresse la fois lintelligence et au cur.Cest pourquoi les savants officiels, habitus aux expriences positives, oprant avec desinstruments de prcision et se basant sur des calculs mathmatiques, russissent moinsfacilement et se lassent trop vite en prsence du caractre fugace des phnomnes. Les causes

    multiples en action dans ce domaine, limpossibilit de reproduire les faits volont, lesincertitudes, les dceptions, les droutent et les rebutent.

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    Rares ont t pendant longtemps, en France, dans les milieux officiels, les exprimentateursaffranchis des routines classiques et dous des qualits ncessaires pour mener bien ces

    observations dlicates. Tous ceux qui ont procd avec persvrance et impartialit ont puconstater la ralit des manifestations des dfunts. Mais, lorsquils publiaient les rsultats deleurs recherches, ils ne rencontraient le plus souvent quincrdulit, indiffrence ou persiflage.Les hommes de science, pour expliquer les faits spirites, ont entass systmes sur systmes etrecouru aux hypothses les plus invraisemblables, torturant les phnomnes pour les faireentrer dans le lit de Procuste de leurs conceptions.Cest ainsi quon a vu surgir tant de thories tranges, depuis le nerf craqueur de Jobert deLamballe, les articulations claquantes, lautomatisme psychologique, les hallucinationscollectives, jusqu celle du subliminal. Ces thories, mille fois rfutes, renaissent sans cesse.On dirait que les reprsentants de la science officielle ne craignent rien tant que dtre obligsde reconnatre la survivance et lintervention des Esprits.Sans doute, il est prudent, il est sage dexaminer toutes les explications contraires, dpuisertoutes les hypothses, toutes les autres possibilits, avant de recourir la thorie spirite. Toutdabord, la plupart des exprimentateurs ont cru pouvoir sen passer ; mais, mesure quilsexaminaient le phnomne de plus prs, ils sapercevaient que les autres thories taientinsuffisantes et quil fallait recourir lexplication tant ddaigne1. Les autres systmesscroulaient un un sous la pression des faits.Malgr toutes les difficults, on a vu peu peu saccrotre le nombre des investigateursconsciencieux, de ceux dont lesprit tait assez libre et lme assez haute pour placer la vritau-dessus de toutes les considrations dcole ou dintrt personnel. De jour en jour on a vudes savants hardis rompre avec l mthode traditionnelle et aborder rsolument ltude des

    phnomnes. Ils ont dj russi faire entrer la tlpathie, la clairvoyance, la prmonition,lextriorisation des forces, dans le domaine de la science dobservation.Avec le colonel de Rochas, la France tient le premier rang dans ltude de lextriorisation dela sensibilit. Des socits dtudes psychiques se fondent un peu partout. Le scepticismedantan sattnue. A certaines heures, un souffle nouveau semble animer le vieil organismescientifique.Pourtant ne nous y fions pas. Les savants officiels nabordent pas encore ce domaine sansrestrictions. M. Duclaux, le grand disciple de Pasteur, le dclarait dans sa confrencedouverture de lInstitut psychique international, le 30 janvier 1901 :

    Cet institut sera une oeuvre de critique mutuelle, avec lexprience pour base. Il nadmettra comme

    dcouverte scientifique que celle qui peut tre rpte volont.

    Que signifient ces paroles ? Peut-on reproduire volont les phnomnes astronomiques etmtorologiques ? Ce sont cependant l des faits scientifiques. Pourquoi ces rserves et cesentraves ?Dans bien des cas, le phnomne spirite se produit avec une spontanit qui droute toutes les

    prvisions. On ne peut que le constater. Il simpose et chappe notre action. Lappelez-vous,il se drobe ; mais si vous ny pensez plus, il reparat. Tels sont presque tous les casdapparitions distance et les phnomnes des maisons hantes. Les fantmes vont et

    1 C'est le cas de W. Crookes, de Russell-Wallace, Lodge, Aksakof, Myers, Hodgson, Lombroso, et de tantd'autres.

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    LA MARCHE ASCENDANTE ; LES MODES DETUDES

    viennent, sans se soucier de nos exigences et de nos prtentions. Vous attendez pendant desheures et rien ne se produit. Faites-vous mine de partir, les manifestations commencent.A propos de limprvu des phnomnes, rappelons ce que disait M. Varley, ingnieur en chefdes postes et tlgraphes de la Grande-Bretagne1 :

    Mme Varley voit et reconnat les Esprits, particulirement lorsquelle est entrance (tat desomnambulisme lucide) ; elle est aussi trs bon mdium incarnations, mais je nai sur elle presquepas dinfluence pour provoquer la trance, en sorte quil mest impossible de me servir de samdiumnit pour faire des expriences.

    Cest donc un point de vue erron et gros de consquences fcheuses que de considrer lespiritisme comme un domaine o les faits se prsentent toujours identiques, o les lmentsdexprimentation peuvent tre disposs notre gr. On sexpose par l des recherchesvaines ou des rsultats incohrents.Tout en applaudissant au mouvement qui entrane les hommes instruits vers ltude des

    phnomnes psychiques, nous ne pouvons nous dfendre dune certaine crainte, celle de voir

    leurs efforts rester striles sils ne parviennent pas se dpouiller de leurs proccupationshabituelles. En voici un exemple.M. Charles Richet, qui est un esprit sagace et ouvert, aprs avoir constat tant de fois les faits

    produits par Eusapia Paladino et sign des procs-verbaux qui en attestaient la ralit, nereconnat-il pas lui-mme que sa conviction, dabord profonde, saffaiblit et devient flottantequelque temps aprs, sous lempire des habitudes desprit contractes dans le milieu qui luiest familier ?Le public attend beaucoup du nouvel institut et des savants qui le composent. Il ne sagit plusici de psychologie lmentaire, mais de la plus haute question qui ait jamais proccup la

    pense humaine : le problme de la destine. Lhumanit, lasse du dogmatisme religieux,tourmente du besoin de savoir, tourne ses regards vers la science ; elle attend delle le verdict

    dfinitif qui lui permettra dorienter ses actes, de fixer ses opinions, ses croyances.Les responsabilits des savants sont lourdes. Les hommes qui occupent les chaires du hautenseignement en sentent-ils tout le poids et en mesurent-ils toute ltendue ? Sauront-ils fairele sacrifice de leurs petits amours-propres et revenir sur des affirmations prmatures ? ou

    bien se prpareront-ils, au dclin de leur carrire, la douleur de constater quils ont manqu lebut, ddaign les choses les plus essentielles connatre et enseigner ?Nous lavons vu plus haut : le mouvement psychique vient surtout du dehors et saccentue dejour en jour. Si la science franaise refusait dy prendre part, elle serait dborde, devance, etson bon renom plirait dans le monde. Abandonnant ses prjugs et gardant ses mthodes

    prudentes, quelle apprenne donc slever, la suite des savants trangers, vers des sphresplus vastes, plus subtiles, fcondes en dcouvertes. Son intrt lui commande de les explorer

    plutt que de les nier !Quelle fasse du spiritisme une science nouvelle, qui complte les autres sciences en lescouronnant. Celles-ci sappliquent des domaines particuliers de la nature ; elles conduisent

    parfois de faux systmes, et ceux qui sy confinent perdent de vue les grands horizons, lesvrits dordre gnral. La science psychique doit tre la science suprme qui nous apprendra nous connatre, mesurer, augmenter les puissances de lme, les mettre en oeuvre et nous lever avec leur aide vers lme ternelle et divine.

    1Proceedings of the Society psychical research, v. II.

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    LESPRIT ET SA FORME

    III. LESPRIT ET SA FORME.

    En tout homme vit un esprit.Par esprit, il faut entendre lme revtue de son enveloppe fluidique; celle-ci a la forme ducorps physique et participe de limmortalit de lme, dont elle est insparable.De lessence de lme nous ne savons quune chose, cest qutant indivisible, elle estimprissable. Lme se rvle par ses penses et aussi par ses actes, mais, pour quelle puisseagir et frapper nos sens physiques, il lui faut un intermdiaire semi-matriel, sans quoi sonaction nous paratrait incomprhensible. Cet intermdiaire, cest le prisprit, nom donn sonenveloppe fluidique, invisible, impondrable. Il faut chercher dans son action le secret des

    phnomnes spirites.Le corps fluidique, que chaque homme possde en lui, est le transmetteur de nos impressions,

    de nos sensations, de nos souvenirs. Antrieur la vie actuelle, survivant la mort, cestlinstrument admirable que lme se construit, se faonne elle-mme travers les temps ; cestle rsultat de son long pass. En lui se conservent les instincts, saccumulent les forces, segroupent les acquisitions de nos multiples existences, les fruits de notre lente et pniblevolution.La substance du prisprit est extrmement subtile ; cest la matire son tat le plusquintessenci ; elle est plus rarfie que lther ; ses vibrations, ses mouvements, dpassent enrapidit et en pntration ceux des substances les plus actives. De l, la facilit des Esprits traverser les corps opaques, les obstacles matriels, et franchir des distances considrablesavec la rapidit de la pense1.Insensible aux causes de dsagrgation et de destruction qui affectent le corps physique, le

    prisprit assure la stabilit de la vie au milieu du renouvellement continuel des cellules. Cestle modle invisible sur lequel passent et se succdent les particules organiques, suivant deslignes de force dont lensemble constitue ce dessin, ce plan immuable reconnu par ClaudeBernard comme ncessaire pour maintenir la forme humaine travers les modificationsconstantes et le renouvellement des atomes.Lme se dgage de lenveloppe charnelle, pendant le sommeil, comme aprs la mort. Laforme fluidique peut alors tre perue par les voyants, dans les cas dapparition des dfunts oudes vivants extrioriss. Durant la vie normale, cette forme se rvle par ses radiations, dansles phnomnes o la sensibilit et la motricit sexercent distance. A ltat de dgagement

    pendant le sommeil, lesprit agit parfois sur la matire; il produit des bruits, des dplacementsdobjets. Enfin, il se manifeste aprs la mort, des degrs divers de condensation, dans les

    matrialisations partielles ou totales, dans les photographies et les moulages, jusquau pointde reproduire certaines difformits2.Tous ces faits le dmontrent, le prisprit est un organisme fluidique complet; cest lui qui,durant lexistence terrestre, par le groupement des cellules, ou bien dans lAu-del, aveclaide de la force psychique emprunte aux mdiums, constitue, sur un plan dtermin, lesformes, passagres ou durables, de la vie. Cest lui, et non le corps matriel, qui est le type

    primordial et persistant de la forme humaine3.

    1 Voir GABRIEL DELANNE, l'Ame est immortelle, 1re partie, l'volution animique, les fantmes des vivants.2

    Voir AKSAKOF,Animisme et Spiritisme, p. 153.3 Le prisprit ou corps subtil tait connu des anciens. La plupart des Pres de l'glise en affirment l'existence.Voir L. DENIS, Christianisme et Spiritisme, p. 454.

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    LESPRIT ET SA FORME

    M. H. Durville, secrtaire gnral de lInstitut magntique, sest livr des expriences trsdmonstratives. Elles tablissent que, dans les phnomnes dextriorisation, cest le double, dgagdu corps matriel par laction magntique, qui peroit toutes les impressions, les transforme ensensations et les transmet au corps physique laide du cordon fluidique qui les relie jusqu la mort1.Le double extrioris dun sujet endormi tant spar du corps matriel et envoy dans une autrechambre, les expriences suivantes ont t faites sur la vue, loue, lodorat, le tact, le got :Un article de journal est lu par le double et rpt par le sujet endormi dans la salle voisine. De mme,des objets et des personnes sont perus distance par le double et dcrits. par le sujet.Le double entend le tic-tac dune montre ainsi que des paroles prononces voix basse prs de lui. Unflacon dammoniaque est senti par le double, aprs dautres odeurs ou parfums. Le double gotelalos, le sucre, le sulfate de quinine, lorange, etc., et en transmet les sensations gustatives, au corps.Enfin, propos du tact, M. Durville sexprime ainsi : On sait que presque tous les sujets endormis magntiquement sont insensibles, mais on ne sait pas ola sensibilit sest rfugie. Lorsque le sujet est extrioris, la sensibilit rayonne toujours autour delui ; et si on pince, si on brle ou pique les zones sensibles, le sujet peroit une vive douleur, quand ilne peroit absolument rien lorsquon pique le corps. Il en est de mme dans le ddoublement. Le sujetne sent ni les piqres ni les pincements que lon fait au corps physique ; mais il prouve une sensation

    dsagrable et mme douloureuse ds que lon touche le double ou le cordon qui les relie. Cephnomne se vrifie toutes les sances et chez tous les sujets sans exception.

    La forme humaine, nous disent les invisibles, est celle de tous les esprits incarns oudsincarns vivant dans lunivers. Mais cette forme, rigide, compacte dans le corps physique,est flexible, compressible, au gr de la volont, dans le prisprit. Elle se prte, dans unecertaine mesure, aux exigences de lesprit et lui permet, dans lespace et suivant ltendue deses pouvoirs, de revtir les apparences, les costumes qui furent siens dans le pass, avec sesattributs propres qui le font reconnatre. Cela se remarque souvent dans les cas dapparition.La volont cre ; son action sur les fluides est considrable. Lesprit avanc peut soumettre lamatire subtile des mtamorphoses sans nombre.

    Le prisprit est un foyer de puissances. La force magntique, que certains hommes projettenten abondance et qui peut, de prs ou de loin, influencer, soulager, gurir, est une de ses

    proprits. La force psychique, indispensable la production des phnomnes spirites, a aussison sige en lui.Le corps fluidique nest pas seulement un rceptacle de forces. Cest aussi le registre vivanto simpriment les images et les souvenirs : sensations, impressions et faits, tout sy fixe, toutsy grave. Lorsque les conditions dintensit et de dure sont trop faibles, les impressionsnarrivent pas jusqu notre conscience ; elles nen sont pas moins enregistres dans le

    prisprit, o elles restent latentes. Il en est de mme des faits se rattachant nos viesantrieures. Ltre psychique, plac dans ltat de somnambulisme, dgag partiellement ducorps, peut en ressaisir lenchanement. Ainsi sexplique le phnomne de la mmoire.Les vibrations du prisprit samoindrissent sous la chair; elles retrouvent leur amplitude, dsque lesprit se dtache de la matire et reprend sa libert. Sous lintensit de ces vibrations, lesimpressions emmagasines dans le prisprit reparaissent. Plus le dgagement est complet, plusle champ de la. mmoire slargit. Les plus lointains souvenirs se rveillent. Le sujet peutrevivre ses vies passes ; ainsi nous lavons constat bien des fois dans nos expriences. Des

    personnes, plonges, par une influence occulte, dans ltat somnambulique, reproduisaient lessentiments, les ides, les actes oublis de leur vie actuelle, de leur prime jeunesse. Elles

    1 Voir H. DURVILLE, le Fantme des Vivants, un vol. Librairie du Magntisme, 1910. Voir aussi Annales desSciences psychiques, avril 1908.

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    LESPRIT ET SA FORME

    revivaient mme des scnes de leurs vies antrieures, avec le langage, les attitudes, lesopinions de lpoque et du milieu.Il semble, dans ces cas, quune personnalit diffrente se montre, quune autre individualit servle.Ces phnomnes, mal observs par certains exprimentateurs, ont pu donner naissance la

    thorie des personnalits multiples coexistant dans une mme enveloppe, chacune dellesayant son caractre et ses souvenirs propres. Sur cette thorie on a vu se greffer celle de laconscience subliminale ou de linconscient suprieur. En fait, cest toujours la mmeindividualit qui intervient sous les aspects, divers revtus par elle travers les sicles, etquelle reconstitue avec dautant plus dintensit, que linfluence magntique subie est plus

    puissante et les liens corporels plus relchs. Certaines expriences le dmontrent : parexemple, celles du professeur Flournoy avec le mdium Hlne Smith qui, ltat de trance,se replace dans une de ses existences du douzime sicle, accomplie dans lInde1 ; cellesdEsteva Marata et autres exprimentateurs espagnols sur des mdiums entrancs2. Il convientdy ajouter les tudes plus rcentes et plus tendues du colonel A. de Rochas3.

    Le degr de puret de sa forme fluidique atteste la richesse ou lindigence de lme. thre,radieuse, elle peut slever jusquaux sphres divines, participer aux harmonies les plussublimes ; opaque, tnbreuse, elle retombe dans les rgions infrieures, elle nous rive auxmondes de lutte, de souffrance.Par son prisprit, lhomme plonge dans les bas-fonds de la nature et a ses racines danslanimalit ; par lui il tend aussi vers les mondes de lumire, o vivent les mes angliques,les purs esprits.

    Notre tat psychique est notre uvre ; notre degr de perception, de comprhension, est le

    fruit de nos longs efforts. Nous sommes ce que nous nous sommes faits en parcourant le cycleimmense de nos vies. Notre enveloppe fluidique, grossire ou subtile, obscure ou radiante,reprsente notre exacte valeur et la somme de nos acquisitions. Nos actes, nos penses

    persistantes, la tension de notre volont vers un but, toutes les volitions de notre tre mental,ont une rpercussion sur le prisprit et, suivant leur nature, basse ou leve, gnreuse ousordide, en dilatent, en affinent ou en alourdissent la substance. Il en rsulte que, parlorientation constante de nos ides, de nos aspirations, de nos gots, par nos agissementsdans un sens ou dans lautre, nous nous construisons peu peu une enveloppe subtile, peuplede belles et nobles images, ouverte aux sensations les plus dlicates, ou bien une sombredemeure, une prison obscure, o, aprs la mort, lme, limite dans ses perceptions, estensevelie comme en un tombeau. Ainsi lhomme cre lui-mme son bien ou son mal, sa joie

    ou sa peine. Lentement, de jour en jour, il difie sa destine. Son oeuvre est grave en lui,visible pour tous dans lAu-del. Cest par cet admirable jeu des choses, simple et grandiose la fois, que se ralise, dans le monde et dans les tres, la loi de causalit ou de la consquencedes actes, qui nest autre que laccomplissement de la justice.Par un effet des mmes causes, ds cette vie, lhomme attire lui les influences den haut, lesradiations thres ou les grossiers effluves des Esprits de passion, de dsordre. L est la rgledes manifestations spirites ; elle nest autre que la loi mme des attractions et des affinits.Selon le degr de subtilit de notre enveloppe et lintensit de ses radiations, nous pouvons,dans les moments de dgagement, dextase - ou mme, pour quelques-uns, dans le

    1 VoirDes Indes la plante Mars, par TH. FLOURNOY, professeur de psychologie l'Universit de Genve,

    passim.2 VoirCompte rendu du Congrs spirite de 1900, p. 3493 Voir L. DENIS, le Problme de l'tre et de la Destine, chap. XIV, pp. 264 et suiv.

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    LESPRIT ET SA FORME

    recueillement et la mditation - entrer en rapport avec le monde invisible, percevoir les chos,recueillir les inspirations, entrevoir les splendeurs des mondes clestes, ou bien ressentirlinfluence des Esprits de tnbres.

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    LA MEDIUMNITE

    IV. LA MEDIUMNITE.

    Toutes les manifestations de la nature et de la vie se rsument en vibrations, plus ou moinsrapides et tendues, suivant les causes qui les produisent. Tout vibre dans lunivers : son,lumire, chaleur, lectricit, magntisme, rayons chimiques, rayons cathodiques, ondeshertziennes, etc., ne sont que les modes divers dondulation, de vibration de la force et de lasubstance universelles, les degrs successifs qui constituent, dans leur ensemble, lchelleascendante des manifestations de lnergie.Ces degrs sont fort loigns les uns des autres. Le son parcourt 340 mtres par seconde; lalumire, dans le mme temps, franchit 300.000 kilomtres ; llectricit se propage avec unevitesse qui nous parat incalculable. Mais nos sens physiques ne nous permettent pas de

    percevoir tous les modes de vibration. Leur impuissance nous donner une impression

    complte des forces de la nature est un fait assez connu pour que nous nayons pas insistersur ce point.Dans le domaine de loptique seulement, nous savons que les ondes lumineusesnimpressionnent notre rtine que dans les limites des sept couleurs du prisme, du rouge auviolet. Au del ou en de de ces couleurs, les radiations solaires chappent notre vue ; aussiles appelle-t-on rayons obscurs.Entre la limite des sons, dont les vibrations sont de 24 60.000 par seconde, et la sensation dechaleur, qui se mesure par trillions de vibrations, nous ne percevons rien. Il en est de mmeentre la sensation de chaleur et celle de lumire, qui correspond, en moyenne, 500 trillionsde vibrations par seconde1.Dans cette ascension prodigieuse, nos sens reprsentent des tages trs espacs, des stations

    places des distances considrables les unes des autres sur une route sans fin. Entre cesdivers tages, par exemple, entre les sons aigus et les phnomnes de la chaleur et de lalumire, puis de ceux-ci jusquaux zones vibratoires affectes par les rayons cathodiques, il ya pour nous comme des abmes. Mais ces abmes, vides et obscurs en apparence, ne seraient-ils pas combls pour des tres dous de sens plus subtils ou plus nombreux que les ntres ?Entre les vibrations perues par loue et celles qui impressionnent notre vue, ny a-t-il quenant dans le domaine des forces et de la vie universelle ?Il serait peu sens de le croire, car tout dans la nature se succde, senchane et se droule,danneau en anneau, par des transitions gradues. Nulle part, il ny a de saut brusque, de vide,dhiatus. Ce qui se dgage de ces considrations, cest simplement linsuffisance de notreorganisme, trop pauvre pour percevoir tous les modes de lnergie.

    Ce que nous disons des forces en action dans lunivers sapplique galement lensemble destres et des choses, sous leurs formes diverses, leurs diffrents degrs de condensation ou derarfaction.

    Notre connaissance