L’enfaon de Éric Simard Collection « Mini Syros Soon »

Exploitation d’une lecture cursive en séquence, cycle 3

Fiche pédagogique élaborée par Michel Peltier, conseiller pédagogique, ancien responsable éditorial du site ministériel Bien(!)Lire, auteur de Apprendre à aimer lire, Hachette éducation, 2008

Présentation du livre

Un nouvel élève vient d’arriver dans la classe de Leïla. Cet écolier est très différent des autres garçons de

la classe : il a de très grands yeux, un air rêveur et doux. Son nom ? L’enfaon. Leïla en tombe immédiatement amoureuse. Mais L’enfaon n’est effectivement pas un élève comme les autres, il vient du Centre des Humains Génétiquement Modifiés. Alors qu’il n’était qu’un embryon, les scientifiques ont découvert qu’il était atteint d’une très grave maladie, mortelle pour les hommes, mais inoffensive pour les cerfs. Ils lui ont alors injecté des gènes de cerf. Grâce à cette technologie, L’enfaon a pu vivre, mais il est devenu un mélange d’humain et de faon. Éric Simard décrit avec talent les difficultés de ce garçon si différent de ses camarades pour s’adapter à la vie d’une classe ordinaire. Il souligne de façon très fine l’attention minutieuse des enseignants pour aider ce garçon étrange. L’enfaon est un roman initiatique qui permettra lors de débats réglés de comprendre la souffrance parfois infligée à des personnes pour une différence qui fonde leur identité. Ce roman de science-fiction à lire 8 ans (dès le CE2 donc) est d’une sensibilité et d’une sobriété poignante : un texte d’une force poétique incroyable. Si Mary Shelley fut la première à mettre en garde contre les risques de la manipulation génétique en 1817 avec Frankenstein (à une époque où on ne connaissait ni l’ADN ni le clonage...), en littérature, la manipulation du corps humain a longtemps été représentée comme l’œuvre de savants fous (L’île du docteur Moreau, de H. G. Wells, en 1896). Mais de nos jours, la réalité rejoint la fiction !

Séance 1 Débattre avant la lecture

• Organisation pédagogique : En binômes, puis mise en commun collective.

• Mise en œuvre :Organiser une enquête en classe avant d’en venir à la lecture du roman. Il s’agira de répertorier ce que savent les élèves sur les manipulations génétiques (vous allez être surpris !). Les plantes transgéniques font souvent la une des journaux : les principales plantes cultivées (en particulier le soja et le maïs, mais aussi le riz, le colza, la betterave, le coton, le tabac…) ont aujourd’hui une version OGM. Avec les techniques de procréation artificielle ou médicalement assistée, la médecine, qui depuis son origine avait pour finalité de soigner, intervient désormais dans le processus même de la vie. Depuis la naissance de Louise Brown, le premier « bébé-éprouvette », en 1978, puis de la brebis Dolly en 1997 (premier mammifère cloné, Dolly n’est pas née de la fécondation d’un ovule par un spermatozoïde, mais de la fusion d’un ovule énucléé et d’un noyau cellulaire issu des cellules d’une brebis adulte, dont Dolly est donc l’exacte copie génétique), notre espèce sait qu’elle n’est plus à l’abri d’éventuelles manipulations génétiques nous conduisant à une forme de post-humanité, telle que le prophétie d’Aldous Huxley dans Le meilleur des mondes (1931). Identifier collectivement à quoi servent ces manipula-tions : l’objectif visé peut être scientifique, manipuler un organisme permettant de mieux en comprendre le fonc-tionnement ; les OGM végétaux présentent des propriétés très intéressantes pour l’industrie agroalimentaire (meilleure résistance aux insectes ou aux herbicides, aux variations du climat, meilleures qualités nutritives…) ;

les manipulations génétiques sont bien sûr une techno-logie d’avenir dans le domaine médical (production de substances thérapeutiques, telle que l’insuline ; utilisa-tion des organes d’animaux transgéniques pour soigner l’homme ; transfert de matériel génétique pour corriger la déficience de certains gènes)… Les débats autour de ces manipulations sont nombreux, puisque se posent un cer-tain nombre de questions métaphysiques et éthiques (qui peut s’octroyer le droit de créer un individu, de le détruire ? comment garantir le respect de la dignité humaine ? devons-nous reconnaître à la vie une valeur intrinsèque ou accepter qu’elle ait une valeur marchande ?...).

Séance 2 Une première approche du livre : étude du paratexte

• Organisation pédagogique : Travail collectif, chaque élève possédant un exemplaire du livre. On pourra également travailler à partir d’une projection de la couverture.

• Mise en œuvre :1. La première de couvertureFaire décrire l’illustration de la couverture. On pourra poser oralement à la classe les questions suivantes : – Quelle est l’attitude du personnage représenté au premier plan ? Qu’exprime son visage ? Quels détails étonnants remarquez-vous (les bois qui poussent, les motifs sur sa veste) ?– Où se déroule la scène en arrière-plan ? Qui sont les personnages représentés ? Lequel attire plus particulièrement votre attention ? Pourquoi l’illustratrice a-t-elle choisi des couleurs estompées pour représenter cette scène ?– Quelles autres informations nous donne cette couverture ? – De quoi parle ce roman, à votre avis ?Noter les propositions des élèves sur une affiche. La réserver sur un mur de la classe. Il sera intéressant de revenir sur ces hypothèses une fois le roman lu.2. La quatrième de couverture Lecture du texte à haute voix par le maître ou silencieuse par les élèves. S’agit-il d’un résumé de l’histoire ? Pourquoi ? Effectuer un relevé des mots ou expressions-clés, faire rechercher leur signification (L’enfaon ; le Centre des Humains Génétiquement Modifiés...). Pourquoi le premier paragraphe est-il en italique ? À votre avis, qui parle dans ce paragraphe ?Faire expliciter le nom de la collection, « Soon », qui résonne avec le slogan « Des histoires de futurs ». Que connote le choix d’une couleur métallisée ?3. Le dos et la tranche du livreOn pourra comparer avec d’autres livres de la collection « Mini Syros Soon » pour aider les élèves à comprendre ce qu’est une collection. Pourquoi ce nom de « tranche » ?

Séance 3 Les personnages

• Organisation pédagogique : En binômes, puis mise en commun collective.

• Mise en œuvre :On demandera aux élèves de relever des informations concernant Leïla, L’enfaon, la maîtresse, Enfanteau et l’inspecteur. On portera l’attention sur leur nom, leur aspect physique, ce que l’on sait de leur caractère, les difficultés qu’ils rencontrent, leurs actions. On soulignera le regard positif des adultes qui accueillent L’enfaon (l’enseignante et l’inspecteur).Les (futurs) enfants de Leïla et de L’enfaon se nomment Artémis et Ossian. À la BCD, à l’occasion d’une activité en petit groupe, il sera possible de faire des recherches autour de ces deux prénoms. Les élèves auront le plaisir d’apprendre qu’Artémis est, dans la mythologie grecque, l’une des déesses associées à la Lune (en opposition à Apollon, dieu du Soleil). Elle est assimilée dans la mythologie romaine à la déesse Diane. Ses attributs sont la biche, l’arc, le carquois et les flèches. Ossian est, lui, le personnage d’une légende irlandaise, dont le nom signifie « petit faon ».

Séance 4 Écriture : les vacances du futur

• Organisation pédagogique : Brainstorming collectif, puis travail individuel.

• Mise en œuvre :Demander aux élèves de relire la page 10 du roman, dans laquelle les élèves de la classe de Leïla racontent leurs vacances. Une élève a passé quinze jours sur la Lune avec son père, directeur d’une exploitation minière. Leïla a séjourné chez sa tante, qui s’occupe d’un élevage de chimères, les chienchats… Lors d’une phase collective, trouver autant d’exemples que possible de ce qui changera peut-être dans le futur. Consigne pour un travail d’écriture individuel : Nous sommes en 2080, c’est la rentrée des classes. Racontez vos vacances !

Séance 5 La description des émotions amoureuses

• Organisation pédagogique : Travail individuel ou en binômes, puis mise en commun.

• Mise en œuvre :Consigne : relever les passages qui décrivent les émotions amoureuses de Leïla. Chaque élève/binôme pourra se charger d’un ou deux chapitres du livre. Lors d’une phase collective, toutes les informations prélevées seront mises bout à bout pour obtenir le tableau suivant.

Page du roman Information prélevée

Page 6 Je ressentais en moi quelque chose que je n’avais encore jamais connu. Quelque chose qui me grandissait (…). Quelque chose que je ne pouvais pas expliquer parce que je ne trouvais pas les mots. C’était un fil invisible entre lui et moi. (…) L’amour ça fait des bulles dans le cœur. Ça allume des lucioles dans les yeux. Ça soulève le vent dans les cheveux. [j’avais] de la folie dans les mèches.

Page 13 Chaque matin, je me levais avec le bonheur de savoir que j’allais le retrouver. (…) quand j’essayais de lui parler, tout mon courage tombait d’un coup. Je devenais un caramel mou, un chewing-gum usé, un sac de nouilles, une méduse flasque. Je perdais tous mes moyens. (…) J’avais les joues plus rouges que le poisson de ma grand-mère. Mes sentiments tournaient en rond dans le bocal de ma tête.

Page 14 J’avais peur que L’enfaon me dise qu’il ne m’aimait pas, parce que alors la Terre entière se serait écroulée sous moi. (…) J’espérais qu’il ferait le premier pas. Je priais pour qu’il me regarde une fois, rien qu’une fois.

Page 15 Quand il a dit « je partirai », un voile noir a recouvert mes yeux et je me suis évanouie.

Page 16 J’étais heureuse de sentir la main de L’enfaon sur moi. Lui et moi faisions un.

Page 22 J’avais de plus en plus envie de lui avouer mes sentiments. (…) ma timidité le paralysait. Quelque chose me rongeait à l’intérieur. (…) J’aurais voulu que maman lessive mon cœur. Un bon lavage, un bon essorage, quelques heures sur le fil à linge pour faire tomber les dernières gouttes d’amour (…).

Page 25 J’étais morte de tristesse. (…) Je voulais le chasser de mon esprit, ne plus penser à lui.

Page 26 J’étais complètement troublée. (…) D’un seul regard, il avait réussi à raviver mon amour pour lui. Mon cœur était incendié. Il n’y a pas de pompiers pour éteindre ça. (…) Je l’aimais réellement.

Page 29 L’enfaon m’a énormément manqué (…) J’étais de plus en plus angoissée.

Page 30 Mes yeux se gonflaient de larmes. (…) Je commençais à enrager. (…) J’étais si émue que je suis restée toute bête, bouche ouverte, éberluée.

Page 31 Mon cœur battait en moi comme un oiseau paniqué se cognant les ailes contre sa cage. C’était l’affolement.

Page 32 J’étais tétanisée.

Page 38 (…) j’ai senti une chaleur douce monter en moi.

Page 40 Je l’écoutais, à la fois triste (…) et heureuse (…).

Page 41 Je n’avais pas peur à ses côtés. (…) je n’osais toujours pas lui dire que je l’aimais.

Page 42 Avec ses ramures qui nous surplombaient, j’avais l’impression d’embrasser la forêt.

En utilisant plusieurs couleurs, on s’attachera à montrer que les moments de bonheur/plénitude/euphorie alternent avec des moments de peur/affolement/panique et des moments de tristesse/désespoir/découragement. Travailler plus particulièrement sur le rôle de la métaphore pour décrire le sentiment amoureux. En vocabulaire, on pourra rechercher dans différents dictionnaires les nombreux synonymes du mot « bonheur ».

Séance 6 Éducation civique et morale : comment accueillir un nouvel élève

• Organisation pédagogique : En ateliers pour l’étape 1. Travail collectif pour l’étape 2.

• Mise en œuvre :L’objectif de cette séance est d’écrire un texte de loi pour l’école, qui pourra être intégré au règlement de l’établissement.Étape 1 – Mener avec les enfants une enquête au sein de l’école sur la mobilité des familles du quartier. Élaborer un questionnaire, réaliser des interviews, présenter les réponses sous la forme de graphiques (utilisation de l’informatique dans le cadre de la formation au B2I). Il sera possible d’en tirer des conclusions sur la fluctuation des populations, leurs causes, éventuellement leurs conséquences. Étape 2 – Fraternité en classe : amitié, solidarité et entraide. Focaliser l’attention des élèves sur la façon dont L’enfaon a été accueilli dans ce nouvel environnement. Déterminer les étapes de son acclimatation. En classe, donner la parole aux nouveaux arrivants, s’il y en a. Comment ont-ils été accueillis ? Quels conseils pourraient-ils donner afin de faire (encore ?) mieux ? Rédiger collectivement une fiche intitulée « Comment bien accueillir un nouvel élève ». Définir ce qui est indispensable à un bon accueil : visite des lieux, accueil personnalisé, parrainage, livret d’accueil indiquant les horaires et d’autres informations utiles…

Séance 7 Débat d’idées

• Organisation pédagogique : Travail collectif.

• Mise en œuvre :L’interprétation passe par le débat. Il est important que les élèves apprennent à justifier leur point de vue. Voici quelques pistes pour lancer des débats à partir de ce roman : – Quelles émotions avez-vous ressenties tout au long du roman ?– Que pensez-vous de la vie de L’enfaon ? – Les scientifiques ont-ils eu raison de soigner L’enfaon et Enfanteau avec des gènes d’animaux ?–  Comment réagiriez-vous si un Enfaon ou un Enfanteau arrivaient dans votre classe ?– Que feriez-vous si vous possédiez les mêmes pouvoirs que L’enfaon ?, etc.

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