le transport par câble aérien en milieu urbain

79
Auteur : Romain LEO Directrice de mémoire : Kamila TABAKA Maître d’apprentissage : Ludovic GAUTIER Impacts et domaines de pertinence du transport par câble aérien en milieu urbain Master 2 : Urbanisme, Habitat et Coopération Internationale Année : 2013 - 2014

Upload: romain-leo

Post on 21-Aug-2015

118 views

Category:

Science


2 download

TRANSCRIPT

Page 1: Le transport par câble aérien en milieu urbain

Auteur : Romain LEO

Directrice de mémoire : Kamila TABAKA

Maître d’apprentissage : Ludovic GAUTIER

Impacts et domaines de pertinence du transport par câble

aérien en milieu urbain

Master 2 : Urbanisme, Habitat et Coopération Internationale Année : 2013 - 2014

Page 2: Le transport par câble aérien en milieu urbain

2

Avant-Propos :

Le Master UHCI Urbanisme, Habitat & Coopération Internationale propose d’effectuer

l’année de master 2 sous le régime de l’alternance.

J’ai ainsi été accepté dans la section Ville & Transport du bureau d’étude et de maitrise

d’œuvre Ingerop Méditerranée, pour une alternance de 10 mois. J’y ai principalement

travaillé sur des problématiques de transport urbain.

Dans ce contexte, j’ai eu en charge un dossier relativement conséquent : « l’étude de

faisabilité pour l’implantation d’un transport par câble sur le centre-ville de Marseille ». Ce

dossier a éveillé mon intérêt pour ce mode de transport et j’ai pu constater le manque de

données et de retour d’expérience qu’il y avait autour de ce sujet.

Le transport par câble s’est alors avéré comme un sujet de mémoire novateur et intéressant, où

s’impose une vision transversale à laquelle l’urbaniste peut répondre. C’est donc le défi que je

me suis lancé, en essayant d’avoir la vision la plus complète possible le long de ce mémoire

d’étude.

Page 3: Le transport par câble aérien en milieu urbain

3

Auteur LEO Romain

Titre Impacts et domaines de pertinence du transport par

câble aérien en milieu urbain

Date de soutenance 08-sept-14

Organismes

Institut d'Urbanisme de Grenoble

Bureau d'Etude Ingerop Marseille

Directrice du projet de fin d'étude TABAKA Kamila

Collation

Nb de pages : 79

Nb de pages d'annexes : 6

Mots-clefs analytiques

transport, aérien, câble, insertion urbaine,

acceptation, innovation, mobilité

Mots-clefs géographiques Grenoble, Toulouse, Marseille, Brest, Medellin,

Algérie, Bolzano, Val de Marne, Coblence, Portland

Résumé :

A travers le monde, certaines agglomérations utilisent désormais le transport par câble aérien

comme véritable mode de transport urbain. Il recueille un certain succès jusqu’à en devenir

l’emblème de certains quartiers. En Europe et plus particulièrement en France, les

collectivités découvrent cette solution et commencent à élaborer des projets. Mais la prudence

est de mise puisque chaque pays à sa réglementation, et les constructeurs sont encore

inexpérimentés à l’insertion urbaine. En s’appuyant sur les différentes réalisations en service

ainsi que sur la documentation disponible, il est proposé d’étudier les forces et les faiblesses

du transport aérien en milieu urbain et d’imaginer comment ce mode de transport atypique

peut participer à l’amélioration de la mobilité urbaine.

Page 4: Le transport par câble aérien en milieu urbain

4

Remerciements :

Je tiens à remercier Ingerop Marseille pour m’avoir confié des missions qui m’ont permis

d’apprendre énormément et de mettre un pied dans le monde des transports urbains. Je

remercie Messieurs Ludovic GAUTIER et Thomas GRATTAROLA pour leur accueil. Leurs

esprits critiques et leurs connaissances m’ont permis de comprendre rapidement les processus

d’études. Merci également à toute l’équipe d’Ingerop Marseille pour leur accueil dans une

ambiance sympathique et motivante.

Ensuite, je remercie Mme Kamila TABAKA, ma tutrice de stage à l’Institut d’Urbanisme de

Grenoble, qui a su répondre à mes interrogations et m’orienter dans les bonnes directions pour

ce mémoire.

Je remercie également Madame Sandrine ROUSIC, chargée d’étude au CEREMA* et

spécialiste de la question des transports par câble, pour ses avis éclairés.

* Voir Glossaire p 8

Page 5: Le transport par câble aérien en milieu urbain

5

Liste des abréviations : - BHNS : Bus à haut niveau de service - CERTU : Centre d'études sur les réseaux, les transports, l'urbanisme et les constructions

publiques - CETE/CEREMA : Centre d'Études Techniques de l'Équipement - PMR : Personne à mobilité réduite - TC : Transport en commun - TpC : Transport par câble

Page 6: Le transport par câble aérien en milieu urbain

6

Table des matières

Introduction……………………………………………………………………………..8

PARTIE 1 : Généralités sur les TpC ...................................................................................... 11

1.1 Histoire du TpC .............................................................................................................................. 11

1.2 Technologies appropriées à la ville ........................................................................................ 12

1.2.1 Famille des systèmes à deux véhicules ....................................................................................... 13

1.2.2 Famille des systèmes multi-cabines .............................................................................................. 14

1.3 Exemples et retours d’expérience à travers le monde .................................................... 16

1.3.1 A l’étranger .............................................................................................................................................. 17

1.3.2 En France .................................................................................................................................................. 22

1.4 Conclusion ........................................................................................................................................ 26

PARTIE 2 : Caractéristiques techniques et juridiques du TpC ................................... 27

2.1 Avantages techniques .................................................................................................................. 27

2.1.1 Un système capacitaire ........................................................................................................................ 27

2.1.2 Un système accessible à tous ............................................................................................................ 31

2.1.3 Une sécurité exemplaire ..................................................................................................................... 32

2.1.4 Un bilan environnemental remarquable ..................................................................................... 32

2.2 Contraintes et limites techniques ........................................................................................... 33

2.2.1 Un Impact sonore à contenir ............................................................................................................ 33

2.2.2 Coût compétitif mais pas toujours fiable ..................................................................................... 34

2.2.3 Des temps de travaux réduits .......................................................................................................... 36

2.2.4 Une maintenance à réorganiser pour le milieu urbain .......................................................... 37

2.2.1 Des objectifs de confort urbain difficiles à atteindre.............................................................. 38

2.2.1 Un tracé trop géométrique ................................................................................................................ 38

2.3 Encadrement législatif et juridique du TpC ......................................................................... 39

2.3.1 Encadrement français, une réglementation trop contraignante ........................................ 40

2.3.2 Réactions des villes françaises face aux barrières législatives........................................... 43

2.4 Conclusion: ...................................................................................................................................... 44

Page 7: Le transport par câble aérien en milieu urbain

7

PARTIE 3 : Rôles possibles du TpC dans la résolution des problématiques de

mobilité urbaine ............................................................................................................................ 45

3.1 Définition de la mobilité durable ............................................................................................ 45

3.2 Le couple ‘transport & urbanisme’ ......................................................................................... 48

3.3 Le TpC et le franchissement d’obstacle ................................................................................. 49

3.4 Le centre-ville, un espace difficile aux besoins multiples .............................................. 51

3.5 Un outil d’extension du réseau de transport en commun en périphérie .................. 53

3.6 Un outil de désenclavement ...................................................................................................... 54

3.7 Survoler les axes routiers .......................................................................................................... 56

3.8 Conclusion ........................................................................................................................................ 58

PARTIE 4 : Eléments à prendre en compte pour une insertion urbaine réussie du

TpC ...................................................................................................................................................... 59

4.1 L’impact paysager ......................................................................................................................... 59

4.2 Imaginaire collectif de la ville aérienne ................................................................................ 60

4.3 L’impact sur l’espace urbain ..................................................................................................... 62

4.4 Gouvernance autour du TpC...................................................................................................... 63

4.5 La prise en compte citoyenne ................................................................................................... 65

4.6 Conclusion ........................................................................................................................................ 67

Conclusion générale….…………………………………………………………………………………..68

Annexes ...................................................................................................................................... 70

Bibliographie………………………………………………………………………………………………....77

Page 8: Le transport par câble aérien en milieu urbain

8

Introduction :

Pendant les Trente Glorieuses, l’automobile a régné en maitre dans nos villes. Ces dernières

se sont adaptées à la voiture et ont fait d’elle l’acquisition inévitable en la valorisant comme

un moyen de s’offrir une autonomie totale, notamment pour la classe moyenne.

Les politiques de planification et d’aménagement se sont ainsi structurées autour de la voiture

individuelle, donnant à l’espace routier une place prépondérante.

Aujourd’hui, face aux impacts environnementaux et urbains causés par le tout automobile, il

convient de trouver des solutions de circulation alternatives afin que la priorité soit donnée

aux modes de transports doux au détriment des routes qui fracturent nos espaces urbains. Le

tramway et le métro ont jusqu’alors été les grandes alternatives aux déplacements de masse

ces dernières années. Néanmoins, ces modes de transport ne sont pas la panacée. Quand le

tramway continue de marquer l’espace urbain, le métro, lui, implique un coût majeur à la

collectivité, des délais de construction très longs et ne s’adapte pas à toutes les villes.

En parallèle, une grande politique de mise en valeur des modes doux (marche, vélo) est

enclenchée depuis plusieurs années, son succès est certain mais sa part modale est encore très

limitée.

Entre métro, tramway, bus, voiture électrique, vélo et marche, la ville durable a beaucoup de

cartes à sa disposition et aujourd’hui un nouveau mode fait son entrée sur la scène urbaine : le

transport aérien par câble (noté TpC dans ce dossier)

Le TpC est une technologie de transport qui permet de déplacer des personnes à l’aide de

véhicules non motorisés (des cabines) propulsés par un câble. On qualifie de téléportés les

systèmes de transport par câble aériens dont les véhicules sont supportés et entraînés par un

ou plusieurs câbles. Les téléportés s’opposent aux systèmes de transport sur rail, tirés par un

câble (comme les funiculaires). C’est au mode téléporté que s’intéressera ce mémoire : la

solution aérienne.

De manière générale, un transport par câble permet de relier une station A à une station B

selon une trajectoire rectiligne en plan et avec des appuis intermédiaires. Jusqu’alors réservé

aux milieu montagneux, certains l’imaginent demain comme un élément à part entière de la

mobilité urbaine. En effet, si ce mode de transport reste encore considéré en France comme

Page 9: Le transport par câble aérien en milieu urbain

9

une exception en milieu urbain, le nombre conséquent de villes dans le monde qui étudient,

planifient voire réalisent des systèmes de transport aérien par câble nous donne à penser que

son statut va évoluer.

Pour l’heure, c’est principalement en Amérique et en Afrique du Nord que l’on trouve des

systèmes de transport par câble pleinement intégrés aux réseaux de transport en commun de

villes majeures. En Europe, la législation limite pour l’instant le développement en milieu

urbain des systèmes de TpC dans la plupart des pays, mais les échos provenant d’autres

continents attisent la curiosité des collectivités et nombreuses sont celles à se pencher sur le

sujet. En France les TpC sont aujourd’hui à l’état de projet, six agglomérations françaises ont

annoncé étudier l’aménagement d’une ligne de transport en commun téléportée

Après le temps de l’avènement de la voiture durant les Trente Glorieuses, puis le retour du

Tramway dans les années 80-90, serait-ce aujourd’hui au tour des téléphériques d’avoir leur

place dans l’urbain ? Il faut dire que le téléphérique a des atouts à mettre en avant : une

emprise au sol quasi nulle, un coût relativement faible, des rejets de CO2 dérisoires et un

avantage incontestable à faire fi de tous les obstacles, qu’ils soient naturels ou urbains.

Pourtant si les téléphériques urbains réalisés à l’étranger recueillent un réel succès, en France

leur place en ville fait largement débat.

Ainsi, on peut se demander quels sont les impacts du transport par câble en milieu

urbain en France, et si ses particularités lui permettent-elles d’apporter des solutions

nouvelles et durables aux agglomérations françaises ?

Face à ces questionnements, nous nous efforcerons de proposer une réflexion transversale et

la plus objective possible, avec pour souci premier d’appréhender les enjeux de l’innovation

dans nos villes.

Page 10: Le transport par câble aérien en milieu urbain

10

Dans une première partie, nous apporterons au lecteur une vision générale du transport par

câble en retraçant son évolution à travers l’histoire et en dressant l’inventaire des technologies

actuellement disponibles. Cette partie comprendra également une description de différentes

réalisations de téléphérique en milieu urbain en activité à travers le monde ainsi que les

projets français dans le domaine.

Par la suite, la deuxième partie nous permettra de comprendre les particularités techniques de

ce mode de transport, avec les avantages mais aussi les limites qu’elles impliquent. La

réglementation juridique applicable sera également analysée, dans la mesure où elle peut

représenter un frein au développement des TpC

Dans notre troisième partie, nous nous appuierons sur les éléments étudiés pour identifier les

contextes dans lesquels l’utilisation du téléphérique peut être une réponse pertinente dans la

résolution de problématiques urbaines et dans la transition vers la ville durable.

Enfin, dans une quatrième et dernière partie, nous analyserons de manière transversale les

multiples éléments à prendre en compte pour une insertion réussie de ce mode de transport

encore atypique dans nos villes.

Rappelons, avant de commencer, que le sujet traite exclusivement de l’implantation sur le

territoire français. Cependant pour les besoins d'informations et de comparaisons, certains

exemples se situent à l'étranger.

Page 11: Le transport par câble aérien en milieu urbain

11

1 Généralités sur les TpC

1.1 Histoire du TpC

Si les études autour du téléphérique urbain se multiplient, la technique n’est pas pourtant pas

novatrice. En effet les hommes savent depuis bien longtemps combiner roues, poulies et

câbles.

Des gravures découvertes dans des grottes en Chine en 250 Av J.C. témoignent que le câble

est une des plus vieilles technologies de transport que l’on connaisse1. A cette époque les

hommes utilisaient déjà le câble pour traverser des cours d’eau ou déplacer du matériel ; son

utilisation était alors ponctuelle et locale.

C’est suite à l’invention du câble toronné par l’allemand Wilhelm Albert en 1834 que le

transport par câble va se moderniser et devenir un élément des machineries pendant la

révolution industrielle. Aujourd’hui l’usage industriel du câble a quasiment disparu au profit

d’autres technologies. Cependant l’époque industrielle a permis de mettre en place des

technologies assez fiables pour une utilisation en tant que transporteur de personne.

En effet, à la fin du XIXème siècle, le transport de personne par système téléporté est utilisé

dans certaines grandes expositions temporaires, et perçu comme un symbole de modernisme.

Si son usage en ville reste exceptionnel, la popularité du transport par câble explose dans les

stations de sport d’hiver au début du XXème. A la fin de la 1ère guerre mondiale, les classes

moyennes se développent et amplifient la demande en loisir sportif, ainsi des investissements

massifs sont alors engagés pour le ski et l’alpinisme.

Le développement des téléphériques sur les sommets montagneux donne des idées en

contrebas. C’est ainsi qu’en 1934 Grenoble devient la première ville au monde à construire un

téléphérique urbain, entre le centre-ville et le site de la Bastille. Par la suite, d’autres projets

1 Société de transport Laval, Quebec, http://www.stl.laval.qc.ca/

Page 12: Le transport par câble aérien en milieu urbain

12

voient le jour, dont l’emblématique téléphérique urbain Colombien de Medellin en 2004, qui

sera le premier projet de ce type intégré dans un réseau de transport urbain multimodal 2

Toujours à Amérique Latine, c’est au tour de Rio de Janeiro de se lancer dans la construction

d’un téléphérique urbain en 2011. Ce sera la première ligne à cinq tronçons au monde.

De son côté, l’Europe avance à tâton quant à l’utilisation de cette infrastructure dans ses

grandes villes. Néanmoins les récents projets de téléphériques de Londres et Coblence ont

apparemment été des éléments déclencheurs puisque de nombreuses villes européennes ont

lancé des études sur ce mode de transport.

Cette timidité à utiliser le TpC en Europe peut sembler paradoxale dans la mesure où le

continent accueille les plus grands constructeurs mondiaux (Poma, Doppelmayr). On peut y

voir une forme de sagesse dans le fait d’attendre plus d’études et de retours d’expérience.

D’autant plus que l’intégration des TpC en milieu urbain soulèvent énormément de question

et que les nombreuses technologies de câble tendent à compliquer les diagnostics.

Dans la sous-partie suivante, nous dresserons un inventaire des différentes technologies de

TpC qui semblent appropriées au milieu urbain.

1.2 Technologies appropriées à la ville

Il existe aujourd’hui une large typologie de transport par câble. Nous nous attacherons ici

uniquement à des modes de transport par câble aériens, équipés de véhicules fermés, qui

semblent être la solution la plus appropriée à l’application urbaine.

Dans son rapport intitulé « Le transport par câble en aérien milieu urbain » le Certu3 s’attache

à décrire ces différents systèmes.

2 Société de transport POMA

3 CERTU, Transport par câble aérien en milieu urbain, collection Référence, p 12

Page 13: Le transport par câble aérien en milieu urbain

13

1.2.1 Famille des systèmes à deux véhicules

• La télécabine va-et-vient :

La structure ne comporte que deux véhicules qui se

déplacent de manière simultanée, à la même vitesse

mais en sens contraire. Ils atteignent donc les stations

opposées en même temps. Cette disposition permet

d’équilibrer les masses ce qui limite fortement

l’énergie de fonctionnement. Cette technologie peut

fonctionner avec un seul câble (monocâble) ou deux

câbles porteurs (bicâble), la seconde permettant

d’utiliser des véhicules de plus grande capacité

d’accueil.

• La télécabine va-ou-vient :

Avec ce système, un véhicule unique circule sur un (ou deux) câble(s) porteur(s) en aller-

retour. Le système peut être doublé, comme c’est le cas du téléphérique Roosevelt Island à

New-York, où au final deux systèmes indépendants circulent de manière pendulaire. La

solution peut être couteuse puisqu’elle implique deux machineries, mais elle s’avère bien

moins contraignante que les autres systèmes en terme de maintenance et de modularité des

débits.

• Télécabines pulsées à mouvement unidirectionnel discontinu :

Comme les deux précédentes, cette installation est

prévue pour ne supporter que deux véhicules ou deux

trains de véhicules (un dans chaque sens) Le câble

tracteur suit un mouvement unidirectionnel (boucle

tournant dans le même sens) et la vitesse du câble

varie en fonction de la position des véhicules. Cette

installation permet notamment d’effectuer facilement

un arrêt total de la cabine en station. Elle fonctionne

avec des technologies monocâbles, bicâbles ou

Figure 1 - téléphérique va et vient, http://technologie.ac-dijon.fr/

Figure 2 - Téléphérique pulsé, Grenoble

Page 14: Le transport par câble aérien en milieu urbain

14

tricâbles. Les installations « pulsées », compte tenu de leurs caractéristiques, sont adaptées

aux trajets courts et à des débits modestes.

Il existe quelques réalisations de systèmes à deux véhicules dans les métropoles du monde,

principalement à usage touristique. Les particularités de ce système en font un des TpC moins

onéreux, mais il a l’inconvénient majeur d’avoir un temps d’attente relativement long. Un

transport urbain doit proposer des temps d’attente courts et adaptés à la demande. C’est une

condition essentielle pour s’inscrire dans un réseau de déplacement urbain et garantir une

fonctionnalité et une vitesse de transport dans les pôles d’échange intermodaux4. Cette famille

de TpC ne semble pas capable de remplir cet objectif. Cela restreint son utilisation en milieu

urbain.

1.2.2 Famille des systèmes multi-cabines

Il s’agit d’installations de transport par câble à mouvement unidirectionnel, dont le câble

fonctionne à vitesse constante. La capacité souhaitée et les contraintes techniques (longueur

des portées et importance des dénivellations) conditionnent les choix technologiques

(monocâbles, bicâble, tricâble). Ces systèmes sont très souvent débrayables, les véhicules

peuvent alors circuler en station à une vitesse plus réduite que celle du câble pour plus de

confort à la montée. Ces systèmes sont désignés ici comme multi-cabines, puisqu’ils peuvent

utiliser plus de deux cabines (ou plus de deux trains de cabines).

Le système débrayable est plus adapté pour des distances longues (supérieures à 500 m),

sinon il devient trop couteux par rapport au service rendu. Néanmoins, en milieu urbain, les

distances parcourues seront à relativiser en fonction de l’amélioration du temps de

déplacement. En conséquence les systèmes débrayables sont tout de même envisageables sur

de courtes distances.

4 Un Pôle d'Echanges Intermodal (PEI) tend à faciliter l'utilisation de plusieurs modes de transports (marche,

vélo, tramway, bus, métro, train, avion) au cours d'un même déplacement tout en garantissant l'accès des lieux à

tous.

Page 15: Le transport par câble aérien en milieu urbain

15

Ces systèmes peuvent être différentiés en trois grandes catégories :

• Télécabines monocâbles :

C’est le système plus simple qui peut être mis en place. Avec cette technologie, les véhicules

doivent parcourir les zones d'embarquement à vitesse réduite.

• Télécabines doubles monocâbles :

Deux câbles porteurs-tracteurs assurent la traction et la sustentation des véhicules. Le

principal avantage réside dans la stabilité au vent. Certaines installations doubles monocâbles

fonctionnent en va-et-vient, c'est à dire sans pince débrayable réduisant les coûts de

réalisation mais également la capacité en terme de débit.

• Télécabines bicâble « 2s » ou tricâble « 3s » :

Un ou deux câbles porteurs assurent la sustentation et un câble tracteur assure la traction du

véhicule. En station de ski, les cabines ralentissent sans impacter le fonctionnement global. Le

système « 3s » est celui qui présente les meilleures caractéristiques de débit avec jusqu’à 5000

voyageurs/h/sens.

Les systèmes multi-cabines sont plus complets que ceux à deux cabines. La technologie

débrayable permet d’atteindre des performances de débit, de vitesse et de temps d’attente qui

se rapprochent des transports en commun utilisés aujourd’hui dans nos villes.

Figure 3 - Téléphérique 3S, Coblence

Page 16: Le transport par câble aérien en milieu urbain

16

En somme, il existe une importante variété de systèmes de transport par câble, avec pour

chacun, ses caractéristiques propres. Les collectivités peuvent alors choisir le TpC qui

correspond le mieux à leurs besoins, en fonction de la capacité recherchée, du prix, mais aussi

du paysage qu’elles souhaitent créer par la mise en place de l’infrastructure.

D’autres technologies plus récentes ont fait leur apparition sur le marché du TpC. Elles sont

moins familières, très peu (voir jamais) éprouvées et donc ne peuvent faire l’objet de cette

étude. Néanmoins certaines d’entre elles essaient d’adapter leur infrastructure aux spécificités

urbaines, nous listerons les plus remarquables en annexe 3.

Il convient maintenant d’étudier des cas concrets d’implantation urbaine de ces technologies.

C’est à l’extérieur de nos frontières que nous trouverons les meilleurs exemples.

1.3 Exemples et retours d’expérience à travers le monde

A l’étranger, plusieurs agglomérations fonctionnent aujourd’hui avec des transports par câble

aériens complétement intégrés dans leur réseau de transport collectif urbain. Selon le CERTU,

« certaines réalisations emblématiques ont prouvé que les transports par câble aérien peuvent

être pertinents dans le champ des transports urbains, dans des contextes marqués chacun par

ses spécificités propres. » 5. Dans cette sous-partie nous tacherons d’analyser les réalisations

les plus pertinentes pour notre étude. Pour bien visualiser le contexte urbain propre à ces

projets, d’autres photos seront disponibles en annexe 2.

Figure 4 - Localisation des réalisations et projets de TpC. Source : Sylvain Chastant, les transports par câble en milieu

urbain, 2013

5 CERTU, Transport par câble aérien en milieu urbain, collection Référence, p 8

Page 17: Le transport par câble aérien en milieu urbain

17

1.3.1 A l’étranger

• A Medellin, Colombie

.

A Medellin, le téléphérique est perçu comme un véritable mode de transport de masse. Il est

devenu à la fois un vecteur "propre" de mobilité dans une agglomération polluée et un outil

formidable de désenclavement des quartiers les plus pauvres. Le succès est tel que la ville a

développé trois lignes (2004, 2008 et 2010) et envisage la construction d'une quatrième ligne.

Chacun des téléphériques débite 3 000 personnes par jour et par sens en moyenne. Sur les

trois lignes, deux desservent des bassins de population alors que le troisième a une fonction

plus touristique. Ce mode de transport a réussi le pari audacieux de désenclaver des quartiers

populaires situés dans la Cordillère des Andes, jusque-là non desservis en transport en

commun et inaccessible en moins de deux heures de marche. Des réunions publiques en

amont ont permis à la population de s’approprier les projets, ils sont aujourd’hui un emblème

de certains quartiers mais aussi de la ville entière qui l’utilise comme outil de marketing. 6

Les téléphériques sont intégrés au réseau de transport en commun et sont reliés aux lignes de

métro. Medellin est peut-être l’exemple de la meilleure utilisation des transports par câble : le

désenclavement des quartiers populaires éloignés de la ville.

6 Dossier Qu’en Savons Nous n°56, Septembre 2013, www.aucame.fr/web/publication/,

Figure 5 - Téléphérique de Medellin, Colombie

Page 18: Le transport par câble aérien en milieu urbain

18

Il faut cependant noter que la comparaison avec la France n’est pas possible puisque la

législation Colombienne permet le survol de parcelles privées, une pratique interdite dans

notre pays.

• A Londres – l’équipement des J.O

En dessinant le célèbre plan schématique du métro de Londres en 1933, Harry Beck ne se

doutait peut être pas qu’il faudrait en 2012 y rajouter une ligne de téléphérique. L’Emirate Air

Line (nom d’une entreprise commerciale) traverse la Tamise. Construit pour l’ouverture des

Jeux Olympiques (J/O) de Londres, il relit le quartier de Greenwich à celui des Docks.

Le coût de la traversée est d’environ £4.30. Il n’est pas intégré à l’abonnement aux transports

en commun londonien et reste, même après les J.O, un mode transport à dimension

touristique.

Les pylônes permettent aux 34 cabines de flotter dans les airs à 90 m de haut sur une distance

de 1.1 km. 2500 passagers par heure et par sens peuvent emprunter ce transport. La durée du

trajet est de 5 minutes aller et il fonctionne tous les jours de 7 h à 20 h.

Ce transport urbain est relié à deux lignes de métro du réseau Londonien. Son tracé a été

critiqué puisqu’il dessert une zone très utilisée pour les J.O mais qui comprend peu d’habitats

et d’emploi. Néanmoins, le nombre de grues visibles aujourd’hui semble indiquer que les

projets fleurissent aux Royal Victoria dock et des immeubles d’habitation et des restaurant

sont en construction. La zone deviendrait un nouveau quartier de London Est. On peut alors

imaginer que si la demande augmente, le rôle de l’Emirate Air Line pourrait évoluer vers une

dimension moins touristique et donc plus urbaine.

Figure 6 - Téléphérique de Londres, UK

Page 19: Le transport par câble aérien en milieu urbain

19

D’un point de vue financier le projet a fait scandale plus d’une fois. Estimé d’abord à 25 M£,

il devait entièrement être financé par des sociétés privés, mais son coût est monté à 45 M£,

puis finalement à 72 M£. Face à ces coûts exorbitants, la société Emirate Air Line a proposé

de financer le projet à hauteur de 36 M£ en échange d’un sponsoring de 10 ans.

Ce TpC urbain n’est pas le premier à avoir été sous-estimé. La ville est un ensemble complexe

dans laquelle les projets de transport doivent appréhender beaucoup d’éléments. Sans cela les

projets s’exposent à des ralentissements ou des blocages qui pèsent lourd sur les budgets. Les

erreurs dans l’estimation budgétaire commises à Londres nous montrent que l’inexpérience

des collectivités comme des constructeurs peuvent avoir de lourdes conséquences. 7

• En Algérie – Une solution face à une morphologie urbaine très dense

Dans plusieurs villes algériennes, comme Constantine, Skikda, Tlemcen ou Alger, les

télécabines font leurs preuves dans les réseaux urbains. Restreint par l’étroitesse des ruelles

des médinas et de la densité des villes, l’Algérie a trouvé sa solution face au manque de

place au sol : les airs.

Dans ce pays, les téléphériques sont dans les mœurs depuis 20 ans déjà et ont permis de

désenclaver des centres-villes ainsi que des zones périphériques. Les plus capacitaires

débitent aujourd’hui jusqu’à 2500 personnes par heure et par sens. La capitale Algérienne

compte encore faire évoluer son réseau de transport par câble. Ce dernier est un symbole de

7 http://www.lepetitjournal.com/londres/a-la-une-londres/115310-telepherique-londres-l-in-the-air-r.html

Figure 7 - Téléphérique de Constantine, Algérie

Page 20: Le transport par câble aérien en milieu urbain

20

modernisme pour le pays et est utilisé pour des trajets domicile-travail ; preuve que les

téléphériques ne sont pas réservés à un usage touristique. Pour autant, la situation est très

différentes des villes françaises puisque les vieilles villes du Maghreb sont généralement

restées très basses (la mosquée devant rester le point le plus haut) et que le survol de parcelles

privées est toléré.

• A Portland, USA

Depuis 2006, L’Aerial Tram de Portland permet de relier un quartier en développement du

Sud du centre-ville à une zone en hauteur comprenant deux hôpitaux et un pôle universitaire

(de 4000 étudiants).

Le coût annoncé du trajet était fixé à 1,70$ mais il atteint finalement 4$ à cause des coûts

supplémentaires liés à la construction. On constate une nouvelle fois une erreur considérable

dans l’estimation du coût du téléphérique. Cependant, seuls les touristes payent le prix fort

puisque le trajet reste gratuit pour les étudiants, employés, patients et visiteurs de l’hôpital.

Pour les autres, le prix du ticket est inclus à la communauté tarifaire urbaine des transports en

commun de la ville. Contesté en amont par certains riverains, le téléphérique est aujourd’hui

populaire et transporte deux fois plus de passagers que prévu. Grâce au design élégant des

stations, des pylônes et des cabines, il est devenu un emblème de la ville de Portland. Son

constructeur a su s’adapter aux demandes urbaines, à l’instar des équipements de liaison audio

et vidéo dans les cabines.8

8 dossier Qu’en Savons Nous n°56, Septembre 2013, www.aucame.fr/web/publication/,

Figure 8 - Téléphérique de Portland, USA

Page 21: Le transport par câble aérien en milieu urbain

21

• Bolzano, Italie, l’exemple Européen

C’est peut être en Italie que l’on trouve

l’exemple européen de transport par câble le

plus abouti en milieu urbain. Via la

technologie 3S pulsé (voir partie 1.2.2), le

téléphérique du Renon s’étend sur 4,5 km

pour rallier la ville de Bolzano à un bourg de

1000 habitants perché à 1200 m d’altitude. Il

permet ainsi d’accéder à un espace isolé

mais également de faciliter l’accès à

l’espace naturel aux touristes et aux

habitants de Bolzano.

Etudié et souvent visité par les élus et acteurs urbains Français, il s’impose en tant que

véritable modèle européen. Son débit peut atteindre les 3000 personnes par heure et par sens

et s’adapte facilement à la demande. Les larges cabines garantissent un accès à tous et un

débit important. Le design de la station en ville a fait l’objet d’un gros travail architectural et

accueille quelques commerces. A proximité de cette station, un parking et une zone

commerçante sont en construction.

La proximité du tracé avec des immeubles d’habitation nous montre que la législation

italienne est plus souple qu’en France sur la question du survol, néanmoins ce cas d’étude

peut nous permettre de mieux appréhender l’impact visuel sur les bâtiments riverains

• New York, USA, une ballade au dessus de Manhattan,

Le téléphérique de Roosevelt Island a été

construit en 1976 et rénové par la société

POMA en 2010. Il relie la petite île nommée

Roosevelt Island à Manhattan. Initialement

prévu comme mode de transport temporaire

en attendant le développement d’une ligne

de métro, il a réussi à conserver sa place

Figure 9 - Téléphérique de Coblence, Italie

Figure 10 - Téléphérique de New-York, USA

Page 22: Le transport par câble aérien en milieu urbain

22

notamment grâce à sa popularité. En effet il est devenu emblématique pour les New-Yorkais

et apparaît dans de nombreux grands films comme Spiderman ou Léon. Le téléphérique est

pleinement intégré dans le réseau de transport en commun de la ville et il est compris dans les

abonnements et l’achat d’un ticket de métro permet inclut une traversée. Long d’un kilomètre,

il a déjà transporté 26 millions de passagers depuis sa rénovation.

1.3.2 En France

Les projets de transport par câble en milieu urbain peinent à voir le jour en France. Pourtant,

la loi Grenelle de l’environnement de 2009 encourage les villes à se pencher sur le sujet. Les

collectivités ont donc été relancées par le récent appel à projet du Ministère des transports.

Dans cette sous-partie nous listerons les principaux projets de transport par câble qui

souhaitent se placer comme un des maillons du système de transport en commun d’une

agglomération.

• Brest, la traversée du Penfeld,

En France, c’est Brest qui mettra en place en premier un véritable téléphérique urbain, avec

une mise en service prévue à 2015.

Ce dernier enjambera le fleuve

Penfeld pour relier le centre-ville à

l’éco-quartier des Capucins.

Perché à 60 m de haut et long de 460 m pour un budget total de 15 M€, le téléphérique pourra

transporter 1200 personnes par heure et par sens soit 675 000 personnes par an. Il

fonctionnera toute l’année avec une cabine toutes les cinq minutes. Il a ainsi su se démarquer

de ses concurrents (pont transbordeur, pont levant routier, passerelles dédiées modes doux)

grâce à un très bon rapport coût/efficacité.

Figure 11 – Modélisation du téléphérique de Brest,

Etude de faisabilité

Page 23: Le transport par câble aérien en milieu urbain

23

Totalement intégré dans le réseau de transport urbain brestois, il sera accessible via la

tarification urbaine et connecté avec le tramway et les bus. La gare sur le plateau des

Capucins ne sera pas qu’une simple desserte mais bien une future centralité secondaire. En

effet la ville a fait l’acquisition d’une friche industrielle et souhaite y construire plus de 600

logements, une médiathèque, un multiplexe et un parking de 700 places. Cette vision

transversale augmente son intégration dans le réseau lourd urbain.

Deux autres facteurs ont été décisifs pour le choix de ce mode de transport :

- La faible émission de gaz à effet de serre : le téléphérique émet 10 grammes de CO2 par

kilomètre par passager, contre 17 pour le tramway, 76 pour le bus et 300 pour la voiture.

- L’attractivité touristique : en même temps qu’il participe de la requalification d’un

quartier, le téléphérique devient un symbole de la ville. » 9

• Toulouse, L’Aerotram,

Mis en avant lors des élections

municipales toulousaines de 2014

(puis plus récemment mis à l’écart

par le conseil de la SMTC de

Toulouse), ce projet de téléphérique

urbain prévoit de relier en 2017

l’Oncopole (campus de 220 Ha) au

plateau du Rangueil et à l’Université

Paul-Sabatier en seulement 10

minutes contre 32 minutes

aujourd’hui.

Grace à sa capacité à enjamber la Garonne et à franchir la colline Coteau de Pech David, le

projet outrepasse les contraintes physiques et propose ainsi de desservir 14 000 habitants à

horizon 2020. Son inscription dans le PDU de Toulouse depuis 2012 démontre son futur poids

9 dossier Qu’en Savons Nous n°56, Septembre 2013, www.aucame.fr/web/publication/,

Figure 12 - Insertion du téléphérique de Toulouse dans le plan du réseau de transport

Page 24: Le transport par câble aérien en milieu urbain

24

dans le système de transport où il est voulu comme un maillon et non comme un projet

indépendant.

Avec trois stations et vingts cabines le long de son tracé de 2,6 km, le projet prévoyait de

transporter 7000 personnes / heure (en faisant un des projets des plus capacitaire) pour un coût

total fixé à 44 M €. Malheureusement les chiffres ont été sous-estimés et le coût final de

l’étude de faisabilité a atteint 63 M€, un coût jugé trop haut par le SMTC Toulousain qui a

décidé de suspendre le projet.10

• Marseille, vol au dessus du Vieux-Port (Annexe 3)

La ville de Marseille étudie le câble pour

s’affranchir des contraintes

géographiques et urbaines de son centre-

ville. Son projet a plusieurs vocations :

améliorer l’accès à Notre-Dame de la

Garde (site touristique le plus visité de la

ville avec un million de touriste par an) et

améliorer la liaison entre les deux rives

du Vieux-Port (enjeu touristique et

économique). C’est aussi un moyen de désenclaver le quartier d’Endoume, où les cars

touristiques se rendant à Notre-Dame encombrent les ruelles étroites. Le vieux port de

Marseille est un espace majeur de l’agglomération avec une histoire importante et un fort

sentiment d’appartenance de la population.

Ces dernières années, de nombreuses modifications ont été réalisées sur le centre ville

marseillais, avec notamment pour objectif de réduire fortement la place de la voiture. Si les

opérations portent leurs fruits, il convient maintenant de faciliter l’accès piéton. Le TpC a

donc été étudié comme une possible solution. Afin d’appréhender au maximum l’impact

paysager et urbain, une insertion 3D du projet a été réalisée avec un niveau de modélisation

très poussée.

10 http://www.ladepeche.fr/article/2014/07/22/1922298-le-projet-d-aerotram-a-fait-long-feu.html

Figure 13 - Insertion 3d du projet de téléphérique, Etude de faisabilité, Ingerop & Tangram, Marseille

Page 25: Le transport par câble aérien en milieu urbain

25

• En Île-de-France, franchir les barrières urbaines de périphérie,

Plusieurs projets sont aujourd’hui à l’étude en Ile de France. Ils ne sont pas pensés

uniquement pour des problèmes de topographie mais pour libérer des espaces concentrant des

infrastructures difficilement franchissables : autoroutes, voies ferrées ou entrepôts.

Le projet du TeleVal au Val de Marne prévoit de rejoindre Créteil à Villeneuve-Saint-Georges

en passant par Valenton et Limeil Brévannes, en se jouant des infrastructures au sol. Il a été

comparé à d’autres solutions comme le prolongement du RER A (saturé), de la ligne 8 du

métro ou par un bus en site propre (qui obligeait à l’expropriation de quinze pavillons et au

déménagement d'un monument aux morts.). La comparaison penche alors du côté du transport

par câble. Son coût est estimé à 32 M€ pour 4,5 km de trajet et 4 stations. Il est aujourd’hui un

des seuls projets en périphérie française, avec pour particularité de ne pas chercher à survoler

un cours d’eau mais des barrières urbaines comme les routes ou les rails. 11 12

11 http://www.urbanews.fr/2013/10/02/36092-telepherique-urbain-televal-confime/

12 http://www.demainlaville.com/le-val-de-marne-aura-bientot-son-telepherique/

Figure 14 - Insertion du téléphérique dans le plan du réseau de transport, Val de Marne

Page 26: Le transport par câble aérien en milieu urbain

26

1.4 Conclusion

Au regard des réalisations récentes il semble qu’une nouvelle page soit en train de s’écrire

dans la longue histoire du TpC. Après sa vocation industrielle puis montagneuse, le câble

commence à s’imposer maintenant au monde de l’urbain.

Armés d’une batterie de technologies différentes, les constructeurs attisent la curiosité des

collectivités. Pour autant, gagner sa place ne sera pas facile car les modes de transports

concurrents sont déjà bien implantés. Néanmoins, en jouant de ses qualités particulières, le

TpC a les moyens de convaincre et certaines agglomérations ont déjà franchi le pas.

Pour l’heure, ce sont les villes les plus denses et contraintes qui ont fait le choix d’utiliser le

TpC comme un élément moteur de leurs réseaux de transport urbain, notamment en Amérique

du Sud et au Maghreb. Le succès est tel que l’on trouve maintenant dans ces agglomérations

jusqu’à quatre lignes. Le câble a permis le désenclavement de certains quartiers dont il est

aujourd’hui l’emblème.

En France, certaines villes lancent des études sur l’opportunité d’un TpC dans leur périmètre

urbain, mais la prudence est de mise face à ce mode de transport innovant. Cette vigilance est

justifiée, car les projets semblent fragiles face à la mobilisation citoyenne, à l’instar des

projets de Grenoble et de Marne la vallée. Autre risque, le coût. En effet si les chiffres

annoncés par les constructeurs sont souvent en-deçà des modes de transport concurrents,

l’inexpérience sur le terrain urbain peut remettre en question le bilan économique des TpC et

certaines réalisations ont subi de fortes majorations de coût.

Dans la partie suivante, nous nous intéresserons aux particularités techniques du TpC pour

cerner ses avantages mais aussi ses limites. Aussi, nous tacherons d’analyser le régime

juridique français autour de ce mode de transport et de le comparer à la situation à l’étranger.

Page 27: Le transport par câble aérien en milieu urbain

27

2 Caractéristiques techniques et juridiques du

TpC

Si aucun projet de TpC n’a encore vu le jour en France, des études sur les particularités de ce

mode de transport ont été menées par des bureaux d’ingénierie et d’urbanisme publics comme

privés. Cette partie propose une compilation de différentes données, qui permettra de cerner

correctement les avantages et les limites de ce transport, tout en mettant en lumière les zones

d’incertitudes liées à l’inexpérience française dans ce domaine.

2.1 Avantages techniques

2.1.1 Un système capacitaire

Définition : La capacité des systèmes de transport par câble est déterminée en

multipliant la capacité unitaire d'une cabine par le nombre maximal de cabines

pouvant passer en station en une heure. Le débit maximal est atteint lorsque,

notamment, l'organisation des flux de passagers est optimale en station.

Dans son ouvrage sur les Transports en Commun en Milieu Urbain, le CERTU désigne la

capacité comme un élément crucial dans le choix d’un système de transport. La capacité est

généralement calculée en nombre de passagers par heure et par sens.

La capacité nécessaire est évaluée en fonction de la demande et de son évolution. En effet, la

mise en place d’un système de transport peut bouleverser les flux de personne sur un axe de

déplacement : un mode de transport urbain doit pouvoir s’adapter à ces fluctuations.

C’est aussi un enjeu de rentabilité et de qualité pour les gestionnaires du réseau et les

collectivités, puisque les TC fonctionnent à l’économie d’échelle. C’est à dire que plus une

Page 28: Le transport par câble aérien en milieu urbain

28

ligne est utilisée, plus elle est rentable et plus le coût unitaire d’un déplacement et les temps

d’attente sont réduits. 13

Le CERTU a mis en place des tableaux permettant de comparer les performances de

différents modèles de TpC, à l’exemple du tableau ci-dessous :

On remarque que le TpC bicâble ou tricâble avoisine une capacité de 4500 voyageurs par

heure et par sens. Ce chiffre est conséquent mais on peut se demander si les conditions

d’implantation en ville permettent vraiment une aussi grande capacité. En effet, les TpC

existants en milieu urbain et intégrés aux réseaux de TC, comme à Londres, en Algérie, à

Medellin ou encore à Bolzano, ont des capacités bien en deçà qui oscillent plutôt entre 2500 et

3000 voyageurs par heure et par sens au maximum. Le constat est le même en France, les

villes de Toulouse et de Brest sont les plus avancées sur leurs projets de transport urbain par

câble, les agglomérations annoncent respectivement une capacité de 1500 et 1200 personnes

par heure et par sens.

13 François Mirabel, Economie des transports en commun, La Découverte, 2013

Figure 15 - Capacité maximale théorique de différents systèmes de transport, Sources : CERTU, Constructeur.

Figure 16 - Capacité de systèmes de transport par câble existants.

Sources : Constructeurs, Exploitants

Page 29: Le transport par câble aérien en milieu urbain

29

Ainsi les capacités théoriques des systèmes de TpC en milieu urbain sont élevées mais celles

des projets réalisés bien plus restreintes. Plusieurs éléments expliquent cet écart, notamment

le fait que les constructeurs manquent d’expérience sur le sol urbain français et annoncent

alors des chiffres correspondant plus au milieu montagneux. Il est pourtant évident que le

milieu urbain a tendance à réduire les performances des TpC. Par exemple, en ville ils devront

effectuer un passage en station très ralenti et relativement long pour assurer l’accès à tous les

types de PMR. Certaines communes proposent même un arrêt total de la cabine, à l’instar des

autres TC, ce qui limite fortement la capacité.

Cette estimation haute de la capacité est aussi une manière pour les constructeurs de comparer

les performances des TpC à celles des tramways (un système qui peut atteindre une capacité

de 7000 passagers/heure/sens). Les futurs projets atteindront peut être les chiffres annoncés,

mais pour l’heure, les systèmes de TpC existants dans les villes à travers le monde atteignent

des performances qui correspondent plus à celle des BHNS.

Il est aussi important de connaître l’évolutivité d’un mode de transport pour pouvoir l’inscrire

dans une vision à long terme où la demande évolue, mais aussi pour l’adapter aux heures de

pointe et aux heures creuses qui rythment la journée.

Il y a plusieurs façons d’augmenter la capacité d’un système :

- en mettant des véhicules supplémentaires en circulation, à vitesse constante ;

- en augmentant la vitesse de circulation, à nombre de véhicules constant ;

- en remplaçant les véhicules existants par des véhicules de capacité supérieure.

Par rapport aux tramways, bus et métros, il est plus difficile pour des systèmes de transport

par câble de faire évoluer leur capacité. En effet si l’on souhaite ajouter des cabines ou les

remplacer par des cabines plus lourdes, le système devra être dimensionné dès la phase de

conception, sinon c’est tout l’installation qui sera à modifier.

Le dossier du CERTU 14 nous donne cependant deux exemples de systèmes par câble

évolutifs :

Le télécabine tricâble de Bolzano ne tourne aujourd’hui qu’avec huit cabines en heure de

pointe mais a été dimensionné pour supporter deux cabines supplémentaires en cas de hausse

14 CERTU, Transport par câble aérien en milieu urbain, collection Référence, p 39

Page 30: Le transport par câble aérien en milieu urbain

30

de la fréquentation. En heure creuse, six cabines sont stockées (trois dans chaque station) et

seulement deux cabines sont mises en circulation.

Autre exemple, à Medellín. Ici c’est sur la vitesse que l’on a joué, ainsi les lignes K et J du

Metrocable fonctionnent à 5, 4 ou 3,5 m/s suivant l'affluence en station. Les temps de trajet

varient alors respectivement de 7 à 11 minutes et de 9 à 14 minutes pour les lignes K et J.

Ces cas d’étude nous démontre que les TpC sont capables d’évoluer, néanmoins cela nécessite

des études en amont assez conséquentes et une vision à long terme du développement urbain.

Ajoutons également que le dimensionnement d’un système de transport par bus, tramway ou

métro est calculé sur la base « d’un remplissage des véhicules avec une densité de 4 personnes

par m² ». Dans la pratique, ce ratio peut être revu à la hausse, puisqu’on estime que la densité

effective d’un transport très chargé est de l’ordre de 6 personnes par m², ce qui permet

d’absorber le trafic en heure de pointe. Mais si un voyage dans un bus ou un tramway

surchargé est possible, la surcharge d’une bulle de télécabine est pour l’instant formellement

interdit.

Le Bureau d’Etude E.R.I.C estime que la vitesse de fonctionnement d’un système de transport

par câble est comprise entre 15 et 25 km/h et que ses véhicules peuvent avoir des tailles

modulables avec des cabines allant de 4 à 200 places selon le type de téléphérique. Nous

avons vu précédemment que les débits horaires et les fréquences de passage sont également

modulables. Ainsi, les formes que peuvent prendre ce mode de transport en commun sont

variées, ce qui laisse aux collectivités, la possibilité de choisir un téléphérique urbain ‘à la

carte’ correspondant au mieux à leur besoin, comme elles le font avec les autres modes de

transport en commun.

Notons également que si la vitesse des TpC est plus faible que celle des BHNS, le

téléphérique urbain ne rencontre ni obstacle ni circulation et propose un temps

d’embarquement et de débarquement très réduit. Son temps de parcours est donc

généralement beaucoup moins long que celui d’un bus.

Vous trouverez ci-dessous un comparatif des temps de parcours des différents modes de

transport réalisés dans le cadre de la traversée du vieux port de Marseille. Face à cette barrière

naturelle, on remarque que si l’on considère le débarquement, la durée du trajet et le temps

d’attente moyen à l’embarquement, le transport par câble se démarque largement des autres

TC.

Page 31: Le transport par câble aérien en milieu urbain

31

2.1.2 Un système accessible à tous

La loi n° 2005-102 du 11 février 2005 pour l'égalité des droits et des chances, la participation

et la citoyenneté des personnes handicapées impose « l'accessibilité de l'ensemble des services

de transport collectif à l'horizon 2015 ». Les dispositions de la loi ont été reprises par les

articles L1111 et L1112 du Code des transports. L'accessibilité concerne l'ensemble de la

chaîne du déplacement de son domicile à sa destination.

Les cabines des TpC, quelle que soit leur taille, doivent être accessibles aux poussettes, aux

fauteuils roulants et même aux vélos. Outre la cabine elle-même c’est plus au mouvement que

l’on doit s’intéresser. Car si le skieur entre facilement dans une cabine d’un téléphérique

débrayable en mouvement, certaines personnes auront besoin d’un arrêt total de la cabine en

milieu urbain pour pouvoir s’y installer. Le téléphérique urbain doit prendre en compte cette

contrainte dès le début du projet et calculer son temps de parcours en conséquence.

Sandrine ROUSIC15, chargée d’étude au CERTU, estime qu’un arrêt des cabines en station

limite le débit, donc la capacité du système de transport. La perte de temps et les installations

nécessaires à cette phase d’arrêt totale sont encore difficiles à quantifier, d’autant plus que la

règlementation reste encore floue sur le sujet. 15 Entretient avec Sandrine Rousic, chargé d’étude au Certu, travaillant sur le thème des TpC

Figure 17 - Comparaison des temps de parcours de différents modes de transport. Source : Etude de faisabilité pour la mise un place d'un transport par câble, Ingerop, Marseille

Page 32: Le transport par câble aérien en milieu urbain

32

2.1.3 Une sécurité exemplaire

Bien entendu, le fait de s’élever dans les airs déclenche une appréhension chez certain, mais la

législation française considère le transport par câble comme le modèle le plus sûr au monde.

Selon une étude du STRMTG sur les remontées mécaniques françaises entre 2002 et 2011,

c'est à dire après un peu moins de 715 millions de passages, les experts ont relevé un accident

causant un mort et deux accidents causant deux blessés graves.

Selon Sandrine ROUSIC, la difficulté majeure est l’évacuation en cas de panne, avec le

sentiment de panique ou de claustrophobie qu’un arrêt prolongé d’une cabine peut procurer.

En milieu montagneux, certaines évacuations doivent se faire par hélicoptère, ainsi les villes

voulant intégrer un TpC devront soit former leur gestionnaire du réseau, soit former une

équipe de pompier. Malgré tout, l’évacuation par hélicoptère peut être très compliqué en

milieu urbain. Pour s’adapter, les sociétés de câble commencent à mettre en place des

aménagements permettant de continuer à la ligne de tourner le temps de l’évacuation grâce à

un petit moteur secondaire.

2.1.4 Un bilan environnemental remarquable

En termes de rejet de gaz à effet de serre, le transport par câble présente un bilan qui surpasse

tous ses concurrents. La technologie de câble ne requière l’utilisation que d’un seul moteur

qui entraine tout le système, ainsi que d’un seul système de frein. Les technologies actuelles

limitent au maximum les frottements au passage des pylônes et en gare, si bien que l’énergie

nécessaire à la traction des câbles est relativement faible et peut être issue d’énergie propre.

Selon Pierre Jaussaud16, expert dans les transports par câble, le rapport de frottement entre le

TpC et le tramway est de 5, et de 10 avec la voiture.

16 Interview téléphonique avec Pierre Jaussaud, directeur de l’association EFcables

Page 33: Le transport par câble aérien en milieu urbain

33

C’est également lors de la phase de chantier que ce mode de transport se démarque, l’emprise

faible des poteaux et des gares ne nécessite que très peu de béton comparé aux tramways, aux

métros et aux BHNS.

Si ses rejets de CO2 sont minimes, le transport par câble peut par contre présenter un impact

sur la biodiversité, notamment sur les zones protégées oiseaux. Le projet de TpC entre

l’agglomération Grenobloise et le plateau du Vercors fait l’objet d’une forte contestation,

notamment parce qu’il traverse une zone privilégiée pour les oiseaux migrateurs.

2.2 Contraintes et limites techniques

2.2.1 Un Impact sonore à contenir

On pourrait imager qu’il y ait une corrélation entre les frottements réduits du système de

transport par câble et son impact sonore. Pourtant dans son rapport le CETE de Lyon17 estime

que son impact acoustique est comparable à celui du tramway. En effet, plusieurs sources

sonores se cumulent (voir schéma ci-dessous) entre les vibrations au passage des pylônes, les

nuisances des cabines elles-mêmes et celles des stations. Selon les technologies mises en

place le rayon d’incidence autour des pylônes peut varier entre 15 m et 40 m. En station ce

sont les phases d’accélération et de décélération des cabines qui conditionnent le rendu

sonore, donc la vitesse d’exploitation du système.

17 CERTU, Transport par câble aérien en milieu urbain, collection Référence, p 78

Figure 18 - Emission de gaz à effet de serre par mode de transport. Source : Etude de faisabilité pour un transport par câble, Brest

Page 34: Le transport par câble aérien en milieu urbain

34

L’élément sonore est ainsi une contrainte supplémentaire à l’implantation du téléphérique

dans le milieu urbain déjà saturé en nuisances acoustiques diverses. Cette contrainte peut

influer dans le choix de l’emplacement des pylônes et des stations. L’isolation du système

peut diminuer les nuisances mais également avoir un impact fort sur le coût total du projet.

2.2.2 Coût compétitif mais pas toujours fiable

La question du coût est évidemment un élément majeur lors du choix d’un système de

transport. La crise économique de 2008 a particulièrement touché les pays européens qui ont

encore aujourd’hui des difficultés à se relancer. Une politique d’austérité a été lancée sur le

continent ce qui a poussé la France à réduire ses dépenses publiques. Les collectivités ont

alors vu leurs budgets se réduire et sont d’autant plus à l’écoute de solutions novatrices et

économiques. C’est dans ce contexte que le transport par câble peut tirer son épingle du jeu.

En effet son rapport coût/capacité est avantageux notamment lorsque les autres modes de

transports sont contraints de franchir des barrières urbaines ou une topographie particulière.

A l’exemple du projet de câble de la région Grenobloise entre le Vercors et Fontaine où une

comparaison des coûts de réalisation a été donnée entre tramway et téléphérique. Les résultats

sont les suivant : de l'ordre de 30 M€/km pour le tramway, contre 7,5 M€/km pour le TpC.

Le cas de Londres nous incite à la prudence dans les estimations. Et le récent projet avorté à

Toulouse confirme la fragilité des prix. En effet la ville avait préféré son projet de TpC

(nommé aérotram) plutôt qu’un tunnel ou un contournement routier car qu’il était bien moins

Figure 19 - Localisation des nuisances sonores émises par un transport par câble. Source : CETE Lyon

Page 35: Le transport par câble aérien en milieu urbain

35

couteux. Estimé à 45 M€, une étude complémentaire a revu le coût à la hausse , le portant à

63€. Devant cette augmentation la ville a choisi d’abandonner le projet.18

Au final on peut estimer que les projets de téléphérique urbain qui ne rencontrent ni

complication technique ou foncière, ni de complication lors des travaux ont un coût oscillant

entre 5 et 15 M€ / kilomètre.

Ainsi dans la majorité des cas, il est plus avantageux financièrement de mettre en place un

téléphérique plutôt qu’un tramway (coût moyen environ 25 M€ / km) ou qu’un métro (coût

moyen 55 - 80 M€ / km). Le téléphérique urbain vient se placer dans la même gamme de prix

que les BHNS.

Ces chiffres sont pour autant à relativiser et évolueront notamment en fonction du design des

pylônes et des gares ainsi que du confort recherché. Par exemple, le téléphérique Londonien

enjambant la Tamise (voir partie 1.3 ) a été équipé de pylône au design très travaillé, chiffrés

à 5 M€ pièce. Ce projet a également rencontré de multiples problèmes durant sa construction

et au final le coût total du projet a quasiment doublé : 72 M€ pour seulement un kilomètre. Il

est ainsi le téléphérique au prix kilométrique le plus cher du monde et nous montre la fragilité

des prévisions financières.

18 (http://vercorstv.wmaker.tv/Le-projet-du-siecle-un-tele-que-feerique_v449.html)

Figure 20 - Comparatif de différents modes de transport. Source : Le transport par câble en milieu urbain, CERTU

Page 36: Le transport par câble aérien en milieu urbain

36

2.2.3 Des temps de travaux réduits

La durée du chantier est un domaine où le téléphérique va une nouvelle fois se démarquer par

rapport aux autres modes de transport en commun. L’avantage réside dans le fait que la

majorité des éléments peuvent être préfabriqués et que les travaux au sol sont réduits aux

emprises des pylônes et des stations. En travaillant sur plusieurs éléments en simultané, la

phase de construction ne dure en général que quelques mois. Par exemple, les projets de TpC

brestois et marseillais dont les temps de réalisation sont estimés respectivement à 9 et 12

mois. 19 Même lorsque le tracé survole une voirie, la circulation durant le chantier est peu

impactée comparé aux projets de BHNS ou de tramway qui imposent souvent de fermer des

axes de circulation. Ci-dessous les plannings des études de faisabilité des projets de TpC de

Brest et de Marseille :

19 Etude de faisabilité pour un transport par câble sur le centre ville de Marseille, Ingerop, 2014

Figure 21 - Coût moyen d'investissement des systèmes pour un km de voie double (matériel roulant compris). Source : Le transport par câble en milieu

urbain, CERTU

Figure 22 - Planning, téléphérique de Brest

Figure 23 - Planning, Téléphérique de Marseille

Transport par câble

Page 37: Le transport par câble aérien en milieu urbain

37

2.2.4 Une maintenance à réorganiser pour le milieu urbain

Contrairement aux téléphériques de montagne qui sont à l’arrêt presque 6 mois par an, le

téléphérique en milieu urbain doit rester opérationnel la majorité de l’année s’il veut vraiment

être considéré comme intégré au réseau de transport en commun. Par exemple, pour le projet

de TpC marseillais la collectivité souhaite que les périodes hors exploitation se limitent aux

périodes nocturnes et aux périodes annuelles de révision pout une durée de quelques jours.

La maintenance est une problématique majeure pour les transports urbains car ils sont

fortement sollicités. Dans son dossier sur les TpC en milieu urbain, le CERTU estime qu’une

installation de transport par câble serait « cinq à six fois plus utilisée qu’une installation de

montagne sur la même période ». Or, la maintenance n’est pas un point à prendre à la légère,

elle peut devenir un poids financier et affecter la rentabilité d’un système de transport.

Collectivités et constructeurs doivent la penser en amont pour éviter les interruptions

inopinées ou une dégradation trop rapide du système.

Cependant, les réalisations à travers le monde sont encourageantes. En effet les villes de

Medellin, Barcelone et Portland ont réussi à concilier une maintenance de qualité avec une

intégration urbaine. Des contrôles sont faits durant la nuit et un arrêt du service est effectué

chaque année pour une durée de quelques jours. Cela nous amène à un autre point important

de la maintenance du transport par câble : il n’y a pas de véritable intérêt à disposer d’un

garage, à la différence des modes de transport au sol qui doivent stocker leur matériel roulant

pour éviter toute dégradation. La maintenance et le stockage du TpC sont ainsi théoriquement

moins coûteux que les autres modes de transport urbain.

Figure 24 - Planning, Téléphérique de Brest

Page 38: Le transport par câble aérien en milieu urbain

38

Il conviendra en revanche de disposer d’un espace réduit dans une des stations permettant de

stocker quelques véhicules en cas de problème avec un véhicule de ligne. 20

2.2.1 Des objectifs de confort urbain difficiles à atteindre

Pour être attractif les transports urbains doivent proposer le maximum de confort à l’usager.

Par confort on entend notamment la fréquence de passage, le nombre de places assises, la

ventilation, le chauffage, l’éclairage, la liaison avec le personnel de sécurité ou encore

l’information en temps réel. Ces attentes sont très éloignées de ce qui est généralement

proposé dans les TpC en milieu montagneux. Les constructeurs doivent adapter toute leur

infrastructure pour atteindre un niveau de confort équivalent à celui du reste du réseau de

transport dans lequel ils s’implantent, il en va de la cohérence du réseau urbain.

Cette adaptation ne se fera pas sans surcoût, notamment ce qui touche le confort en cabine

puisqu’il apparaît difficile de fournir une alimentation électrique suffisante à ces dernières.

C’est en effet une lacune majeure du TpC. Certaines infrastructures, comme à Medellin, ont

installé des écrans vidéo qui sont alimentés par un panneau photovoltaïque sur le toit de la

cabine. D’autres ont mis en place des batteries sur les cabines qui se rechargent lors du

passage en station. Ces solutions sont coûteuses et pas encore vraiment équivalentes au niveau

de confort des tramways ou des BHNS français.

2.2.1 Un tracé trop géométrique

Le tracé en plan d’une ligne de transport par câble se résume à une succession de sections

droites. En effet les constructeurs expliquent qu’au passage d’un pylône le tracé ne peut

dévier que de quelques degrés.21

Pour effectuer un virage, la mise en place d’une station intermédiaire est nécessaire. De

manière générale, cette gare intermédiaire est également utilisée comme point de desserte.

20 Etude de faisabilité pour un transport par câble sur le centre ville de Marseille, Ingerop, 2014

21 Entretient avec ingénieur Poma

Page 39: Le transport par câble aérien en milieu urbain

39

Evidemment, chaque station intermédiaire implique un coût supplémentaire important. Il

apparaît ainsi difficile d’offrir une desserte fine garante du bon fonctionnement du duo

‘transport-commerces’ dans les centres-villes français, espaces généralement denses et

composés de voies sinueuses voire étroites. 22

2.3 Encadrement législatif et juridique du TpC

Avant d’étudier si le TpC a sa place ou non dans nos agglomérations, il convient de savoir

comment la loi française appréhende ce mode de transport en milieu urbain, puis de regarder

comment il est accueilli hors de nos frontières. 23 24

Le droit français place les remontées mécaniques sous deux régimes réglementaires différents.

Les appareils présents dans les stations de sports d’hiver, c'est-à-dire ceux se trouvant dans

des espaces définis comme des zones dites de montagne, sont soumis au code du tourisme et à

la loi du 9 janvier 1985 relative au développement et à la protection de la montagne dite « loi

Montagne ». Les installations de remontées mécaniques qui se trouvent en dehors des zones

dites de montagne sont quant à elles considérées comme des transports guidés urbains (TGU)

et sont sous l’autorité des décideurs urbains.

22 (Journée technique - CoTITA Centre-Est et Méditerranée - 27 septembre 2011 – Transport par câble en milieu

urbain et périurbain)

23 http://www.agent-foncier.com/actualit%C3%A9s/t%C3%A9l%C3%A9ph%C3%A9rique-urbain-un-nouveau-

projet-en-%C3%AEle-de-france/

24 Textes : Loi du 8 juillet 1941 établissant une servitude de survol au profit des téléfériques

Code du Tourisme Articles L342-7 à L342-26. L'Arrêté du 7 août 2009, modifié par l’Arrêté du 20 mai 2010,

relatif à la conception, à la réalisation, à la modification, à l'exploitation et à la maintenance des téléphériques.

Décret n°2003-425 du 9 mai 2003 relatif à la sécurité des transports publics guidés (dit décret « STPG »).

Article R*126-1 du Code de l’urbanisme.

Page 40: Le transport par câble aérien en milieu urbain

40

2.3.1 Encadrement français, une réglementation trop contraignante

• Classification zone de montagne

La zone de montagne est définie par l’article 3 de la loi montagne (n° 85-30 du 9 janvier

1985) et se caractérise par des handicaps liés à l’altitude, à la pente, et/ou au climat, qui ont

pour effet de restreindre les possibilités d’utilisation des terres et d’augmenter de manière

générale le coût de tous les travaux. La classification d’une commune ou partie d’une

commune en zone de montagne se fait grâce au calcul d’une « note de handicap » prenant en

compte l’altitude et la déclivité de la zone considérée. Notons que pour qu’une commune se

trouvant à moins de 700 m d’altitude soit classée zone de montagne il faut que la commune se

caractérise par des pentes de plus de 20% sur 80% du territoire à classer.

• Hors des zones de montagnes

Pour toutes les remontées mécaniques la loi du 8 juillet 1941 établissant une servitude de

survol au profit des téléfériques accorde, en cas de déclaration d’intérêt public, une servitude

de libre survol à 50 m au dessus des terrains non bâtis. Cette servitude est donc relativement

obsolète en milieu urbain et restreint l’utilisation du téléphérique en ville à des zones non-

bâties, ce qui peut s’apparenter à un non-sens. Au final, en rendant quasi-impossible le survol

de parcelles privées, la législation française restreint les téléphériques urbains aux

franchissements d’espaces publiques ou d’espaces non résidentiels

• Une absence de référence concrète

Ainsi en ville, la règlementation relative au droit de propriété privée (applicable à la

réalisation d’équipements d’intérêt public) pèse sur le déroulement des projets de TpC. Au

final, la contrainte majeure réside dans l’absence de référence concrète concernant

l’installation de ce mode de transport en milieu urbain.

Pour implanter un téléphérique urbain en zone urbanisée, deux solutions s’offrent alors à la

maîtrise d’ouvrage :

- L’expropriation dans le cadre d’une déclaration d’utilité publique, qui entraîne une

indemnisation du propriétaire à la valeur de son bien.

- La constitution d’un dossier de servitude dans le cadre d’un accord amiable.

Page 41: Le transport par câble aérien en milieu urbain

41

• Des conditions de survol inadaptées à l’urbain

La réglementation française impose aux remontées mécaniques de respecter des distances de

sécurité importantes vis-à-vis des sources potentielles d’incendie. Si l’objectif est louable, les

conditions de survol des bâtiments semblent avoir été établies pour des zones très peu dense

(propre au milieu montagneux). En effet, il convient d’observer une distance verticale de 20

m entre le point le plus bas du véhicule et le point le plus haut des bâtis survolés et une

distance horizontale de 8 mètres.

Ces mesures de sécurité deviennent une difficulté importante pour intégrer un transport par

câble aérien dans un environnement densément bâti.

• Distance de sécurité à observer vis-à-vis des espaces boisés :

Il convient d’observer une distance de 30 m entre le point bas des véhicules de la remontée

mécanique et la cime des arbres survolés. Cette disposition ne fait à ce jour l’objet d’aucune

possibilité de dérogation. La réglementation fait toutefois référence aux « espaces boisés » il

conviendrait de définir précisément un espace boisé, un arbre d’embellissement urbain ne

répondant à priori pas à cette définition. Quoi qu’il soit, cette mesure de sécurité est une

nouvelle fois restrictive à l’implantation des TpC en ville, cela limite notamment son potentiel

à survoler un parc urbain.

La distance de sécurité horizontale de 8 m repousse encore les opportunités d’implantation,

obligeant le téléphérique à s’installer dans des espace de plus de 20 m de large. Ainsi même

Figure 25 - Distance de sécurité incendie

Page 42: Le transport par câble aérien en milieu urbain

42

avec le projet de loi en cours, les opportunités de développement de ce mode de transport

resteront très limitées.

• Hypothèses d’évolutions possibles de la réglementation en milieu urbain :

Même s’il n’est pas encore prouvé que les villes Françaises aient besoin de ce mode de

transport, la réglementation peut tout de même être remise en question.

Ci-dessous, nous listerons quelques pistes de réflexions à approfondir dans le cas d’une

évolution de la législation :

- Les distances verticales et horizontales de sécurité pourraient être largement réduites et

ainsi s’approcher davantage des bâtiments si la réglementation impose des dispositifs de

protection contre les incendies. Des dispositifs déjà éprouvés par ailleurs par les

constructeurs

- L’obligation de défricher les parcs arborés ou les forêts survolées est tout simplement

incompatibles en urbain pour des raisons de zonage et de préservation d’espaces verts. De

même, le survol minimum de 30 m au-dessus de la cime des arbres apparait comme

surdimensionné pour le milieu urbain.

- En milieu urbain, les zones industrielles « à risques » et les couloirs aériens peuvent aussi

nécessiter une adaptation du tracé ou du profil en long d'une installation.

- Le passage à proximité des lignes électriques est également contraignant dans les villes.

En respectant certaines dispositions constructives (par exemple, nappe de câbles

protégeant l'installation contre les risques liés aux courants induits ou aux chutes de

câbles), la réglementation pourrait être adoucie.

Pour encadrer correctement ses éventuelles évolutions de la loi concernant les téléphériques

urbains, il convient de regarder ce qui a été fait à l’étranger. En effet certains pays n’ont pas

hésité à accueillir les téléphériques dans leurs villes, en faisant parfois même l’emblème de

leur modernisation et le fer de lance de leur développement.

Page 43: Le transport par câble aérien en milieu urbain

43

2.3.2 Réaction des villes françaises face aux barrières législatives

Il est intéressant de constater que les contraintes législatives n’ont pas découragées les

grandes villes françaises qui continuent d’étudier l’implantation de téléphériques dans leurs

aires urbaines. Aujourd’hui nombreuses sont les municipalités qui étudient ce mode de

transport, tout en sachant que leurs projets seront restreints sans une évolution de la

réglementation. Les collectivités peuvent aussi déroger à certaines dispositions techniques

prévues dans les guides RM1 et RM2 (voir encadré ci-dessous) sous réserve de satisfaire aux

exigences de sécurité pour les usagers et le personnel. La justification du respect des

exigences de sécurité peut par exemple se fonder sur un retour d'expérience constitué à partir

d'un système ou d’un composant comparable à celui concerné, situés dans un pays de l'Union

européenne. Ainsi, un travail entre collectivité et constructeur peut permettre d’assouplir

certains points réglementaires.

Les exigences techniques réglementaires sont définies par l'arrêté du 7 août 2009 modifié par

l'arrêté du 20 mai 2010 relatif à la conception, à la réalisation, à la modification, à

l'exploitation et à la maintenance des téléphériques. Cet arrêté est accompagné de plusieurs

guides techniques rédigés sous la direction du STRMTG :

- Le guide RM2, « relatif à la conception générale et la modification des téléphériques

(et des télécabines) »

- Le guide RM1, « relatif à l'exploitation et la maintenance des téléphériques (et des

télécabines) »

Les exigences de sécurité prévues par l'arrêté sont présumées satisfaites dès lors que les

dispositions prévues par les guides RM1 et RM2 sont respectées.

Page 44: Le transport par câble aérien en milieu urbain

44

2.4 Conclusion:

Si les constructeurs aiment à comparer le TpC au tramway, les exemples à travers le monde

nous montrent que sa capacité en milieu urbain correspond plus à celle des BHNS, ce qui

reste tout de même intéressant. Côté accessibilité, les TpC ont su d’adapter aux normes PMR

européennes (comme cela a été fait en Italie et en Angleterre) mais le ralentissement, voire

l’arrêt, en station limite fortement le débit maximal du système.

Le système va aussi se démarquer économiquement, en effet certaines réalisations affichent

un coût au kilomètre très compétitif pour la capacité atteinte. Cela est d’autant plus vrai lors

que le tracé implique le franchissement d’un obstacle urbain, où aucun ouvrage d’art, ni

contournement n’est nécessaire. Il convient néanmoins de rester prudent devant les coûts

constructeurs annoncés puisque les conditions d’implantation dans le milieu urbain français

impliquent un design travaillé et un confort de qualité, ce qui peut avoir une influence

significative sur les prix. De plus, les stations intermédiaires des TpC coûtent très chères, et

seront obligatoire si l’on souhaite ajouter un point de desserte supplémentaire ou même

simplement effectuer un virage. Autre avantage du câble, l’emprise au sol de l’infrastructure

est très réduite, un avantage majeur dans nos agglomérations où le foncier disponible se fait

de plus en plus rare. Cette particularité permet aussi un temps de chantier rapide et impactant

peu la circulation en place. Ce mode de transport est aussi très peu énergivore. En effet grâce

à ses frottements réduits, un seul moteur permet d’assurer tout le mouvement. Les rejets de

CO2 sont donc très faibles et conviennent parfaitement aux enjeux de développement durable.

S’il cumule les avantages, le TpC a aussi son lot de contraintes, à commencer par son tracé,

qui se résume à une succession de lignes droites. Sans station intermédiaire, le système est

incapable d’effectuer un virage ce qui limite fortement les possibilités d’implantation. Déjà

limité techniquement, le tracé est aussi limité juridiquement. En effet la règlementation

française impose une distance de sécurité horizontale de 8 m, et verticale de 20 m, portant un

coup d’arrêt au développement du câble dans tout espace légèrement étroit. Le survol des

espaces verts s’avère relativement compliqué, quant au survol des parcelles privées, il est

aujourd’hui quasiment impossible.

A l’aide de ces éléments techniques, juridiques et des retours hors de nos frontières, nous

pouvons maintenant nous intéresser aux façons dont le TpC pourrait s’implanter dans les

agglomérations françaises. C’est à quoi tachera de répondre la partie suivante.

Page 45: Le transport par câble aérien en milieu urbain

45

3 Rôles possibles du TpC dans la résolution des

problématiques de mobilité urbaine

Il est évident qu’aucun mode de transport ne peut être cantonné à un rôle précis, puisque cela

reviendrait à dire que toutes les villes sont identiques. Néanmoins, les particularités

techniques du TpC, ses limites juridiques et l’analyse des exemples étudiés dans les parties

précédentes vont nous permettre de mener une réflexion sur la façon dont le transport par

câble peut être utilisé, pensé ou repensé pour la ville.

3.1 Définition de la mobilité durable

La mobilité durable s’inscrit évidemment dans le contexte global du développement durable,

très présent dans nos sociétés actuelles. Le rapport Brutland25 décrit le développement durable

comme suit : « un mode de développement qui répond aux besoins des générations du présent

sans compromettre la capacité des générations futures à répondre aux leurs ».

En milieu urbain, la mobilité durable, aussi appelée écomobilité, fait référence à une politique

d’aménagement et de gestion de la ville veillant à garantir le déplacement des biens et des

personnes de façon pratique, prospective, accessible à tous et respectueuse de

l’environnement. Beaucoup de domaines sont concernés, dont l’urbanisme, les infrastructures,

la manière d’organiser le réseau de déplacement, les applications informatiques, l’éducation,

ou encore la sensibilisation.

On constate aujourd’hui un accroissement de la demande habitante en mobilité durable. La

prise de conscience environnementale mobilise citoyens et politiques à s’engager dans la

transition énergétique pour une ville plus mobile, plus verte et plus juste.

25 Rapport Brutland, Nations Unis, 1987

Page 46: Le transport par câble aérien en milieu urbain

46

Les modes de déplacement qui s’inscrivent dans les pratiques de la mobilité durable peuvent

avoir plusieurs visages : technologiques, alternatifs, partagés, doux. Leur organisation se

développe via une stratégie prospective qui implique de se projeter dans l’avenir et de penser

aux générations futures.

La mobilité joue aujourd’hui un rôle important dans notre manière de consommer, de

travailler et de nous socialiser. En se complexifiant, elle est devenue une condition à notre

intégration urbaine et sociale. François Ascher décrit le « droit à la mobilité comme le

nouveau droit à la ville ». 26

Enfin, la mobilité durable doit faire face aux exigences économiques actuelles. Elle doit

réussir à tenir des objectifs de rentabilités tout en restant abordable pour les habitants comme

pour les entreprises. Elle est d’ailleurs un levier important de dynamisme économique pour de

nombreux secteurs. 27

Ainsi, bien plus d’être un simple enjeu environnemental, la mobilité urbaine est aussi un enjeu

social et économique conditionnant notre façon de vivre et de faire la ville.

26 François Ascher, La société hypermoderne. L’Aube, 2001

27 Yves Chalas et Florence Paulhiac, la mobilité qui fait la ville, Actes des 3èmes rencontres en urbanisme de

l’Institut d’Urbanisme de Grenoble, Ed du CETU, 326 p

Figure 26 - Nuage de point autour de la mobilité durable. Source : http://www.evolutours.fr/les_thematiques/transport_deplacement/document/defin

ition_mobilite_durable.htm

Page 47: Le transport par câble aérien en milieu urbain

47

En France, le chapitre concernant la mobilité durable du Grenelle de l’environnement fixe un

objectif de déploiement de 1500 kilomètres supplémentaires de ligne de transport en commun

en site propre d’ici à 202028. Cet objectif est mis en danger par la fragilité financière des

collectivités qui hésitent à investir de grosses sommes, notamment dans les secteurs où les

transports en commun classiques peinent à être attractifs, abordables tout en permettant une

alternative à la voiture.

Néanmoins, pas une année ne se passe sans qu’une commune Française ne se lance dans la

réalisation d’un tramway, d’un métro sans parler des BHNS qui recueillent un véritable

succès. S’ajoute à cela des solutions plus alternatives comme le vélo en libre service, l’auto-

partage ou la promotion de la marche. Via la combinaison de modes de déplacement, les

collectivités cherchent à développer l’intermodalité et ainsi pouvoir répondre à différentes

demandes de déplacement et ce à des temporalités différentes. Pour cela, elles cherchent à

mailler le mieux possible leurs réseaux. Quel que soit le territoire, elles font face à de

nombreuses contraintes et devront utiliser tout les moyens en leur possession pour réussir.

On voit ainsi apparaître des modes de transport innovants comme l’utilisation de navettes

maritimes pour traverser les rades de Lorient ou de Toulon, et depuis peu le transport par

câble, une nouvelle carte ajoutée aux mains des collectivités.

En effet dans certaines situations les TpC semblent être une opportunité pour les

agglomérations de concilier développement du réseau et maitrise financière

Il convient maintenant aux collectivités de juger des avantages comme des effets pervers que

peut entrainer l’entrée d’un TpC dans le système de transport d’une agglomération. Comme

nous l’avons précédemment expliqué, les retours sur expérience de TpC en milieu urbain sont

peu nombreux et ne correspondent à pas souvent au contexte Français. Ce manque de

connaissances sur le sujet nous impose à faire preuve d’humilité dans nos analyses. Les sous-

parties suivantes s’attèlent à poser des bases de réflexion, sans pour autant se réclamer comme

exhaustives.

28 Fanny Domenach, Mémoire « Cohérence urbanisme – transports : vers de nouvelles pratiques qui refondent

les relations entre acteurs du territoire », ENTPE, p 9

Page 48: Le transport par câble aérien en milieu urbain

48

3.2 Le couple ‘transport & urbanisme’

« il ne peut se produire d’innovation dans la technique des transports sans une évolution des

concepts eux-mêmes relatifs aux transports. Ainsi il faudra s’attendre à une conception

nouvelle du transport qui émergera sur la base d’un métissage des concepts modaux, »29

Georges Amar

Lors des études à la mise en place d’infrastructures de transport, les collectivités réfléchissent

à l’inter-influence entre le transport et l’urbanisme. La répartition des ménages suit des

logiques d’économie de marché difficilement manipulables et la mobilité résidentielle

française fixée à 9%/ an30 fragilise toute analyse prospective. Néanmoins si on ne peut

contraindre la population à se repartir comme on le souhaiterait, il est possible d’influencer les

tendances de répartition via la mobilité. En effet, en restreignant ou en facilitant l’accès aux

moyens de transport, la mobilité peut servir de levier à l’urbanisme, sur la répartition des

habitants d’un territoire.

Les infrastructures de transport permettent alors de réguler en partie le développement urbain

et jouent ainsi un rôle urbanistique, économique et social important. Ce rôle donne à la

mobilité une grande responsabilité sur laquelle des projets urbains en tout genre peuvent

s’appuyer. Elle doit alors être étudiée avec minutie et transversalité car malgré les précautions

prises, le développement des réseaux de transport permet encore trop souvent à plus

d’étalement urbain, à l’exemple des politiques de parkings relais qui permettent parfois aux

habitants de vivre plus loin des centres urbains, en utilisant toujours autant leur voiture.

Les expériences de ces dernières années nous ont montré que la mobilité doit – autant que

faire ce peut - être en cohérence avec des politiques foncières et d’aménagement. D’autant

plus que l’étalement urbain participe à la dé-densification et peut ainsi diminuer la rentabilité

économique des projets des infrastructures.

29 Georges Amar, Homo Mobilis, Collection Présence, 2010, 228 p

30 Yves Chalas et Florence Paulhiac, La mobilité qui fait la ville, p 124

Page 49: Le transport par câble aérien en milieu urbain

49

Le TpC devra alors trouver sa place dans le monde de la mobilité en démontrant sa plus value

urbaine autant que son rôle de transporteur. C’est ainsi qu’il légitimera son arrivée dans les

airs de nos agglomérations

3.3 Le TpC et le franchissement d’obstacle

De multiples barrières à la mobilité peuvent être présentes en milieu urbain. Si certaines

relèvent simplement de la topographie des lieux, d’autres se sont développées au fil de

l’urbanisation de la ville. Ces contraintes physiques peuvent devenir de véritables obstacles

urbains et enclaver des parties de territoire. Contrairement aux modes de transport au sol

(tramway, bus, vélo, voiture), le TpC enjambe sans surcoût, ni contournement, la majorité de

ces barrières de déplacement.

Ci-dessous est établie une liste des principales contraintes physiques liées à la ville:

- Les contraintes urbaines : route, autoroute, gare, ligne de train, parc, espace industriel.

parking, espace délaissé, construction publique imposante en ville (ancien fort,

muraille, ...).

- Les contraintes naturelles : cour d’eau, espace boisé ou agricole, zone natura 2000.

- Les contraintes géographiques : colline, pente.

Il est intéressant d’observer que, pour l’heure, la majorité des projets de TpC en milieu urbain

ont pour objectif la traversée du cours d’eau principal de la ville dans laquelle ils

s’implantent. En effet, les infrastructures de transport lourdes traditionnelles (tramway, métro,

bus), ne peuvent les franchir sans surcoût important. Les villes de Londres, New-York,

Portland, Moscou, et les projets français de Marseille, Toulouse et Brest ont tous choisi le

TpC pour franchir des cours d’eau.

Plusieurs éléments expliquent cet attachement à voir le TpC survoler des fleuves plutôt que

d’autres fractures urbaines.

C’est tout d’abord une histoire de hauteur. En effet à la différence d’une autoroute ou d’une

ligne ferroviaire, le franchissement d’un cours d’eau nécessite une hauteur de survol

Page 50: Le transport par câble aérien en milieu urbain

50

minimum importante pour laisser passer les véhicules maritimes et leurs tirants d’air de

sécurité. Le dimensionnement de l’infrastructure de franchissement peut alors très vite

atteindre plusieurs dizaines de mètres de haut. Dans le cas d’un pont, des hauteurs importantes

impliquent une très forte montée des coûts, ce qui n’est pas le cas pour les TpC. A l’exemple

du projet de TpC au dessus du vieux port Marseillais, atteignant 95 m de hauteur de vol pour

laisser rentrer certains bateaux à mats.

Une autre raison probable de cet attachement à survoler les fleuves, c’est le fait de rester au

large des zones habitées et d’éviter l’hostilité des riverains ainsi que de ne pas survoler de

zones en mouvement ou occupées par l’homme. L’intrusion visuelle est alors beaucoup moins

redoutée, ce qui permet de faciliter acceptation sociétale (qui nous verrons par la suite peut

être un frein important aux projets de TpC). Les élus prennent en effet moins de risque de

contestation de leur politique lors du survol d’un fleuve que lors du survol d’un parc ou d’une

autoroute, le fleuve étant considéré comme une zone non urbanisée.

Il est également probable que cette vocation à franchir l’obstacle naturel qu’est le cours d’eau

provienne de l’image liée au milieu montagneux que véhicule ce transport, ainsi le survol

d’une zone naturelle, même en ville, est plus facilement accepté.

Les projets de TpC franchissant d’autres contraintes physiques urbaines (comme les

boulevards périphériques, les lignes ferroviaires, les espaces industriels ou les parkings) sont

encore rares. Ce constat est bien entendu à relativiser du fait de l’arrivée récente des TpC en

ville. A travers le monde, les projets survolant ce type d’obstacles urbains se trouvent

principalement dans des pays où le survol des parcelles privées est autorisé.

Figure 27 - Téléphérique du New-York, USA

Page 51: Le transport par câble aérien en milieu urbain

51

En France, Le projet de Televal à Marne la Vallée31 est pour l’instant le projet le plus avancé

qui prévoit d’utiliser un TpC pour survoler des contraintes urbaines non naturelles. En effet,

ce projet propose de mettre en lien les communes de Créteil, Limeil-Brévannes, Valenton et

Villeneuve-Saint-Georges par un TpC à 5 arrêts, relié à la ligne 8 du métro Parisien. Le TpC

survolerait toutes les fractures urbaines qui enclavent aujourd’hui le site : plusieurs voies

ferrées et une route nationale.

3.4 Le centre-ville, un espace difficile aux besoins multiples

Depuis une trentaine d’années, les centres villes français ont changé de visage. Le consensus

sur la nécessité de limiter la voiture dans les centres urbains a poussé la plupart des villes

Françaises à mettre en place des projets de piétonisations, à apaiser les vitesses, et à varier les

usages de déplacement (tramway, vélo libre service, marche).

Parallèlement à cela, il était aussi question de proposer des centres villes dynamiques en

assurant un maintien de l’offre de commerces de proximité, ces derniers étant garants

d’emplois, de lien social, de développement durable et participent à l’équilibre des territoires.

Les commerces de proximité sont soumis à une dangereuse concurrence de la part des grandes

surfaces qui se sont développées en périphérie et leur sauvegarde se fera notamment en

proposant des centres villes attractifs, c’est à dire en agissant sur la qualité de l’espace public,

les transports et l’accessibilité.

31 http://www.urbanews.fr/2013/10/02/36092-telepherique-urbain-televal-confime/

Figure 28 - Téléphérique du Val de Marne, France

Page 52: Le transport par câble aérien en milieu urbain

52

Donner vie à un centre ville relève d’une alchimie entre différents éléments dans laquelle le

tramway a su s’imposer. Les projets de tramway ont été un succès dans de nombreux centres-

villes, amenant avec eux toute une restructuration urbaine. Ils ont souvent pris le dessus sur

les bus, notamment grâce au faible bruit qu’ils émettent et à leur pollution restreinte. Ils ont su

s’adapter aux centres-villes français parfois étroits et sinueux et parviennent à garantir une

desserte fine en toute sécurité.

Laurent Gaillard, directeur de l’urbanisme à Grenoble - une des villes pionnière en France a

avoir réintroduit le tramway en 1987 après Nantes – raconte dans une interview que l’impact

du tramway « n’a fait que s’amplifier au niveau des côtés positifs, puisque, si les travaux sont

toujours une période difficile, les résultats sont énormes au niveau du changement urbain. ». Il

explique également que certains boulevards qui étaient autrefois infranchissables car occupés

par la voiture sont aujourd’hui « un endroit merveilleux où les piétons, les vélos, tout le

monde traversent, les commerces reprennent vie, les terrasses fleurissent, c’est extraordinaire

! »32

Face à ce constat, il est difficile d’imaginer un TpC jouant un rôle structurant en centre-ville

comme peut le faire le tramway. En effet, certaines spécificités techniques et juridiques du

TpC vues précédemment le rendent incapable de répondre aux besoins des centres-villes,

comme la nécessite d’avoir une zone non bâti de 8 m de chaque coté du tracé, l’impossibilité

d’effectuer une courbe, et l’évolutivité restreinte du système. De fait le TpC n’est pas capable

d’assurer une desserte fine, et de s’adapter aux ruelles étroites des centres-villes.

Le centre ville est un espace complexe qui présente toute une dynamique commerciale et

touristique dans laquelle le téléphérique semble encore trop impactant. C’est aussi un lieu où

la sensibilité paysagère est très forte car l’espace appartient au patrimoine historique de la

ville.

Sans généraliser leur utilisation, les TpC semblent davantage enclin à devenir une

infrastructure exceptionnelle en centre-ville permettant de terminer le maillage en reliant des

points injoignables par d’autres modes.

32 http://www.caissedesdepots.fr/fileadmin/PDF/06._solutionsdurables_tv/sdtv_em06_mobilit_s_original.pdf

Page 53: Le transport par câble aérien en milieu urbain

53

3.5 Un outil d’extension du réseau de transport en commun en

périphérie

Devant le constat de la poursuite de l’étalement urbain et de l’utilisation de la voiture, les

collectivités s’interrogent sur le périmètre des transports collectifs urbains le plus pertinent.

Comme nous l’avons explicité précédemment, le passage de la ville automobile à la ville

durable ne se fera qu’à condition de réussir à mettre en cohérence les outils fonciers,

d’aménagement et de développement de la mobilité.

Dans son ouvrage Jacques Stambouli33 nous parle d’un modèle qui semble être approuvé par

beaucoup, celui d’une ville à l’espace périphérique correctement maillée, disposant de parc

relais aux limites de l’agglomération. Le reste de l’aire urbaine pourrait ensuite être relié à ces

parkings relais par le train, le bus ou d’autres modes de transport innovants à l’exemple du

tram-train. Les parkings relais en limite d’agglomération peuvent pousser à plus d’étalement

urbain. Une politique foncière d’aménagement et de réduction des vitesses doit parvenir à

contenir ce problème. Bien entendu, ce modèle se heurte à des limites économiques et

sociales et ne se développera qu’à condition d’un choix modal maîtrisé.

De nombreuses collectivités avancent vers ce modèle, mais si les centres villes sont

aujourd’hui habituellement bien maillés, on trouve encore des espaces périphériques

d’agglomération où il n’y a pas de réelle alternative à la voiture individuelle. Ces espaces sont

parfois décrit comme pas assez denses pour accueillir un transport lourd qui soit rentable, ou

alors trop compliqués et trop chers à relier à cause de fractures urbaines.

C’est dans ce contexte que le TpC peut être une carte à jouer car il s’accommode aux

demandes faibles ou moyennes propres aux périphéries ( de 1000 à 5000

voyageurs/heure/jour). De surcroit, il enjambe sans surcoût les obstacles urbains qui se

trouvent souvent à la lisière ‘centre-ville – périphérie’ (pas besoin de grands ouvrages de

franchissement) et sa rapidité de mise en place évite le mécontentement citoyen lié aux

travaux longs, comme c’est le cas à Grenoble.

33 Jacques Stambouli, les territoires du tramway moderne : de la ligne à la ville durable, paru dans

Développement durable et territoires, 2005

Page 54: Le transport par câble aérien en milieu urbain

54

Ainsi, il permet de concilier stabilité politique, budgétaire et de réussir à mailler un espace

périphérique isolé avec un mode de transport collectif en site propre à la fiabilité exemplaire

et pouvant fonctionner sur les mêmes plages horaires que les transports lourds, donc proposer

une vraie intermodalité.

Le TpC a donc le potentiel pour avoir sa place dans le modèle de ville durable actuel. On

l’imagine clore un maillage ou alors même jouer le rôle du ‘dernier kilomètre’ d’un réseau de

transport. Il devra s’inscrire dans une vision à long terme et anticiper la demande puisque son

évolutivité est très limitée contrairement aux autres modes de transport.

Le périurbain et la liaison centre-périurbain semblent être des territoires dans lesquels le TpC

peut le plus faire valoir ses atouts. Les projets devront néanmoins faire avec la contrainte

législative de survol ne permettant pas de survoler du parcellaire privé. Mais la morphologie

de certaines périphéries laisse à penser que des projets de TpC pourraient s’implanter sur des

distances assez longues. Cela se fera au cas par cas pour chaque ville.

3.6 Un outil de désenclavement

En enjambant les barrières urbaines les TpC s’affranchissent de leur simple rôle de

transporteur et deviennent un outil de résolution de deux problématiques urbaines

récurrentes : l’enclavement urbain et la marginalisation sociale.

En effet, en permettant de relier deux portions de territoire jusque là séparées par des fractures

urbaines, le TpC enclenche un processus de dynamisation et de développement.

Contrairement à un projet de tramway qui va nécessiter tout un travail de restructuration du

réseau, de la voirie et parfois même un traitement des façades des bâtiments riverains, un TpC

peut venir s’intégrer rapidement dans le maillage existant et changer la valeur d’une entité

urbaine simplement en augmentant ses connexions avec le reste du territoire. La dynamisation

peut également être impulsée par l’atypisme de l’infrastructure. Le TpC peut ainsi devenir

l’emblème d’un quartier de part son côté novateur et de part la balade visuelle qu’il propose.

En somme, loin des grands travaux et des grandes distances du tramway ou des BHNS, le

TpC peut s’établir sur des distances courtes ou moyennes et devenir un maillon

Page 55: Le transport par câble aérien en milieu urbain

55

complémentaire du réseau de transport permettant de relier un quartier à un autre ou à un pôle

de rabattement.

Le projet de TpC prend alors une dimension transversale, à l’exemple des projets de Toulouse

et de Brest, où il permet l’intégration de quartiers exclus de la ville vers les centres. Le câble

devient bel et bien facteur de développement social.

Si ces deux projets proposent de relier des espaces qui sont en rupture physique avec le reste

de la ville, ce ne sont pas pour autant des espaces dits ‘sensibles’ ou règne un sentiment

d’insécurité. En effet, il n’y a pour l’heure pas de projet de TpC en France projetant de relier

un quartier sensible de nos périphéries.

Ces derniers semblent pourtant faire parti des espaces les plus enclavés physiquement. Dans

son ouvrage34 Hervé Vieillard-Baron explique que des contraintes spatiales particulières

pèsent sur la majorité des quartiers sensibles. L’auteur explique qu’ils ne sont généralement

pas physiquement éloignés des centres villes (distant en moyenne 2,3 km des centres en

province, 18 km à Paris) mais ce sont « les temps de déplacement, les signes physiques de

rupture et les carences relationnelles qui sont vivement ressenties. »

Il ajoute qu’en 1990 L’INSEE constate que « 83% des quartiers étudiés sont longés par des

voies rapides ou des grandes routes nationales, 13% d'entre eux sont traversés et 30% bordés

par une autoroute. Si un tiers est desservi par une gare, 40% sont simplement longés par une

voie ferrée. Près de la moitié d'entre eux sont survolés ou limités par une ligne à haute

tension. »

Autre particularité des quartiers sensibles, une grande partie d’entre eux conçus dans les

années 60-70 - à l’époque des ZUP - ont été pensés comme des enclaves monofonctionnelles

(cité-dortoir). Ainsi ces espaces n’ont pas été intégrés correctement à leurs communes dès le

départ. Isolés à la base, les plans de circulation se sont développés autour d’eux sans les

intégrer ce qui explique leur enclavement profond et l’on comprend mieux comment ils se

sont retrouvés à un tel point bordés de fractures urbaines.

34 Hervé Vieillard-Baron les quartiers sensibles, de la globalisation à la distinction, (texte paru dans "Les

Sciences sociales devant la question de l'inégalité" sous la direction de J.C. Combessie ("Travaux et documents"

N°25, Université de Paris 8-Vincennes Saint-Denis), 2008

Page 56: Le transport par câble aérien en milieu urbain

56

Les collectivités doivent maintenant penser aux TpC dans les opérations de renouvellement

urbain sur les quartiers sensibles et juger de leur utilité. Si le contexte juridique est très

différent, elles pourront s’appuyer sur certains projets d’Amérique du Sud, notamment celui

de Medellin, qui ont réussi à faire du câble un outil de réintégration de quartiers sensibles.

Au final, le téléphérique a une relation avec son territoire de projet beaucoup plus complète

en milieu urbain qu’en montagne. En montagne, son rôle se résume à monter les sportifs aux

sommets, tandis qu’en ville le TpC prend une dimension sociale, économique et

environnementale. Il participe à la prolifération des dynamiques urbaines vers des espaces

exclus de par leur environnement (fractures urbaines ou topographie forte).

Le téléphérique trouve alors sa pertinence dans un projet de transport en milieu urbain lorsque

deux conditions sont réunies : la nécessité de franchir un obstacle urbain important et la

volonté de raccorder un espace au réseau de déplacement. Dans un tel contexte, le TpC peut

se démarquer des autres modes même si sa pertinence peut être remise en cause par ses

limites techniques et juridiques.

3.7 Survoler les axes routiers

Les contraintes techniques du système et les distances de sécurité incendie obligent les projets

de TpC à trouver des espaces larges et rectilignes. Les axes routiers semblent remplir ces deux

conditions. La ville de Bordeaux a récemment lancé une étude pour un câble longeant un

boulevard de la ville.

De manière générale, un transport en commun longeant un axe routier doit avoir une forte

capacité puisque la demande sur le tracé est logiquement importante. Un transport peu adapté

serait rapidement en situation de sous capacité et la qualité du transport en serait affectée

(temps d’attente trop long, dégradation accéléré du matériel). Le TpC devra alors prendre

garde à ne pas se retrouver dans cette situation.

Lors de la mise en place d’un tramway parallèlement à un axe routier, la voirie est retravaillée

et la capacitaire routière est généralement réduite. Sans cela, le débit routier est réduit

quelques temps (puisqu’une partie utilise désormais le tramway) mais il est ensuite remplacé

Page 57: Le transport par câble aérien en milieu urbain

57

par de nouveaux utilisateurs qui sont attirés par la baisse du trafic. Au final au bout de

quelques années, on se retrouve au même niveau de congestion qu’auparavant. 35

Le transport par câble devra appréhender le survol d’axe de la même manière, et l’espace au

sol libéré par le rétrécissement de la voie routière pourrait être mis à profit pour développer

des espaces verts ou des pistes pour modes doux. En libérant de la place au sol, le TpC permet

de rendre à la collectivité un bien précieux : du foncier. Elle devra l’utiliser à bon escient. La

mise en place d’espace vert est intéressante pour l’acceptation du TpC puisque les riverains se

voient alors compenser le passage du câble dans les airs par un travail au sol sur la réduction

de nuisance automobile et les espaces verts.

Le survol d’un axe pose aussi une question sécuritaire, car même si nous sommes habitués à

rouler sous des ponts où dans des tunnels, la gêne procurée par un transport en mouvement

circulant au dessus des conducteurs est difficile à estimer. Des études devront être menées au

cas par cas.

35 François Mirabel, Economie des transports en commun, La Découverte, 2013, p 50

Figure 29 - Image de synthèse, société Skytran

Page 58: Le transport par câble aérien en milieu urbain

58

3.8 Conclusion

Les enjeux de la mobilité durable sont à la fois environnementaux, sociaux et économique.

Pour atteindre leurs objectifs, les collectivités ne doivent pas hésiter à utiliser tout les moyens

en leur possession et faire preuve d’innovation. Le TpC semble s’inscrire parfaitement dans

cette situation demandant innovation, maîtrise et vision à long terme.

En France le TpC est encore principalement utilisé pour franchir les cours d’eau qui sillonnent

nos agglomérations, mais demain il pourrait jouer un rôle plus important en permettant de

terminer certains maillage à un coût raisonnable.

S’il apparaît comme assez contraint pour assurer une desserte fine dans les centres urbains, le

TpC semble adéquat pour relier certains espaces des périphéries d’agglomération. Nous avons

vu que nos villes ont créé leurs propres barrières de déplacement au cours de leur

développement depuis la moitié du XXème siècle. Ces barrières sont très présentes en

périphérie des villes, en particulier autour des quartiers sensibles. En restreignant les moyens

de rejoindre ce type d’espace, ces barrières participent à leur enclavement physique et social.

Le TpC semble être le seul mode de transport lourd à avoir la capacité d’outrepasser ces

barrières urbaines sans surcoût, sans grands travaux et tout en assurant un débit conséquent et

évolutif. Il devient alors un outil de désenclavement et devra savoir s’insérer dans des projets

globaux de rénovation urbaine, à l’instar des grands projets de ville actuels.

Il existe un autre domaine où le TpC peut mettre en avant ses avantages sans être brider par la

juridiction : le survol des routes. Cela peut permettre d’inscrire le TpC dans un projet global

comprenant une revitalisation de la surface routière gagnée grâce au transport aérien au profit

d’espaces verts par exemple.

Au final, il va s’en dire qu’en ville le TpC est un transport très contraint par ses modalités

techniques et juridiques. Néanmoins lorsqu’il parvient à trouver l’espace et les conditions

permettant son implantation, il propose un rapport ‘coût / capacité / rapidité d’exécution’

imbattable.

Page 59: Le transport par câble aérien en milieu urbain

59

4 Eléments à prendre en compte pour une

insertion urbaine réussie du TpC

Les transports collectifs lourds marquent l’urbain de leur passage. Aujourd’hui les

déplacements sur rail et sous terre sont acceptés et éprouvés. La câble reste lui un élément

encore étrange et atypique dans les villes françaises. Pour réussir son insertion, il faudra alors

prendre en considération les changements qu’il implique, tant comme objet physique que dans

la représentation mentale.

4.1 L’impact paysager

Il va sans dire qu’une infrastructure de transport par câble aérien a un impact significatif sur le

paysage qu’elle traverse et de manière plus générale sur le territoire dans lequel elle

s’implante.

Bien entendu, chaque agglomération a sa propre morphologie et sa propre topographie.

L’impact paysager d’un téléphérique ne peut donc pas être généralisé et doit faire chaque fois

l’objet d’une étude paysagère spécifique.

Pour autant, la sensibilité paysagère est subjective et sera impactée par le côté novateur et

atypique d’un mode de transport urbain à dimension aérienne. Cette appréhension face à la

nouveauté peut être mise en parallèle avec celle vécue lors de la réintroduction du tramway en

France, à Nantes en 1985.

Alain Chenard, Maire Nantais à l’époque, raconte que si le tramway était reconnu comme la

solution de transport « la plus intelligente »36 à mettre en place, cela nécessitait de réaménager

complètement les voiries, ce qui « politiquement, c’était un suicide ». Le maire a en effet dû

faire face à de nombreux opposants au projet, y compris à l’intérieur même de son équipe

municipale.

Après presque quinze années de pourparlers et un coût final presque cinq fois supérieur au

36 http://fr.wikipedia.org/wiki/Tramway_de_Nantes

Page 60: Le transport par câble aérien en milieu urbain

60

coût initial - dû au manque d’expérience des différents acteurs - le projet vit le jour. Il

rencontra rapidement un franc succès jusqu’à devenir un emblème de modernité pour la ville.

Sa fréquentation a été beaucoup plus forte que prévue et aujourd’hui, la plupart des grandes

villes françaises sont équipées de tramway urbain. Si les deux modes de transport ne sont pas

toujours comparables, on peut néanmoins estimer que le transport aérien par câble en milieu

urbain peut rencontrer des difficultés d’implantation similaire.

L’insertion paysagère est aussi très dépendante au design de l’infrastructure. Chaque élément

est à travailler : les pylônes, les stations ainsi que les cabines. C’est une différence notable

avec d’autres modes de transport comme le bus ou le tramway dont les designs sont

principalement liés aux seuls matériels roulants.

Ce travail de design a pour but de former un ensemble qui s’insère au mieux dans le paysage

urbain et qui se doit également d’être en cohérence avec les autres modes de transport en

commun. Comme nous l’avons vu dans la partie relative aux coûts (voir partie 2.2.2 ), le

design, notamment celui des pylônes peut avoir un effet significatif sur le coût total.

En utilisant le domaine aérien, le transport par câble créé du paysage autant qu’il le marque,

en proposant aux usagers des points de vue nouveaux sur la ville. En ce sens il est créateur de

paysage.

4.2 Imaginaire collectif de la ville aérienne

L’acceptation d’une infrastructure passe aussi par l’image qu’elle renvoie. Pour l’instant le

transport par câble reste l’image d’une structure rattachée aux sports d’hiver. Sa transition de

la montagne vers l’urbain est difficile, surtout en France où la culture de la montagne est

forte, l’usager estimant que l’infrastructure n’a pas sa place en ville.

On ressent également cet attachement au milieu montagneux dans la réglementation. Comme

nous l’avons vu en première partie, cette dernière est encore très orientée montagne et peine à

évoluer. Elle est un des principaux freins au développement du transport par câble en ville.

Malgré sa figure montagnarde, en ville la dimension supplémentaire et « suspendue » que

propose le transport par câble nous renvoie aussi à l’imaginaire des villes du futur. La

dimension aérienne du déplacement est d’ailleurs présente dans de nombreux romans ou films

Page 61: Le transport par câble aérien en milieu urbain

61

de sciences fictions. Cette imaginaire participe peut être au rejet de ce mode de transport par

certain, vécu comme trop technologique et moins humain. On peut pourtant considérer que la

ville est déjà aérienne depuis bien longtemps, avec ses buildings, ses ponts et ses terrasses. La

dimension supplémentaire est atteinte depuis bien des années dans la morphologie urbaine

française.

Il en va de même pour la présence du câble dans le paysage, élément souvent utilisé comme

argument contre le mode de transport, alors que les ciels de nos agglomérations déjà

encombrés par des fils en tout genre auxquels nos yeux se sont habitués.

Le rejet du câble par une partie de la population est évidemment compréhensible, mais il ne

doit pas faire oublier les m2 de béton que le câble peut remplacer, et le m3 de gaz à effet de

serre qu’il permet d’éviter. Cette acceptation d’un paysage nouveau, c’est peut être là

l’équation de la ville durable de demain : quels changements nous sommes prêt à accepter

pour une ville plus propre et plus respectueuse de l’environnement ? il va de soi que pour

atteindre les objectifs de transition énergétique, le visage de nos agglomérations devra

obligatoire évoluer.

Ce changement de visage et cette prise de risque apparaît nécessaire à beaucoup de grands

penseurs de la ville, à l’exemple de David MANGIN qui estime que, dans la recherche de

solutions urbaines plus respectueuses de l’environnement « le droit à l’expérimentation

devrait venir à la rescousse, car la ville durable doit s’inventer de manière audacieuse, dans

ses formes, ses pratiques, ses matériaux et ses modes de faire »37

L’auteur estime également que l’urbanisme doit élargir ses connaissances et ses techniques

pour mieux appréhender les « investissements scientifiques et technologiques, avec les

nécessaires spécialisations et capitalisations des connaissances ».

Les téléphériques urbains font assurément partis de ces ‘expérimentations audacieuses’ que

les enjeux financiers et environnementaux nous imposent de prendre, quitte à bousculer notre

imaginaire de la ville.

37 David Mangin, la ville passante, Ed Parenthèses, 2008

Page 62: Le transport par câble aérien en milieu urbain

62

4.3 L’impact sur l’espace urbain

Aujourd’hui, pour rendre les transports en commun attractifs, les villes s’efforcent de leur

donner le maximum de confort en proposant un matériel roulant de qualité, de taille et de

fréquence adaptées à la demande. Le transport aérien par câble doit remplir ces objectifs et

peut même aller plus loin, en proposant un confort à l’usager qui serait aussi visuel, une

véritable balade au-dessus du patrimoine urbain. Outre l’attractivité touristique, c’est aussi

une façon nouvelle d’aborder le transport urbain pour les citadins, qui s’oppose aux longs

tunnels sombres des métros ou aux transports au sol qui restent mélangé à la circulation

automobile.

En ville, le téléphérique peut permettre de prendre la hauteur nécessaire pour se couper un

temps des nuisances de la ville. Il apporte une nouvelle dimension aux déplacements

quotidiens comme à l’espace urbain. Il multiplie les façons de profiter de son voyage en

donnant à l’usager un plaisir visuel à 360°. C’est une manière de découvrir la ville par un

angle nouveau, avec plus de hauteur et de calme.

Cette prise de hauteur peut être l’occasion de penser l’espace public voire l’espace privé

d’une nouvelle façon, par les architectes et les urbanistes, notamment dans les zones voisines

au tracé d’un téléphérique urbain. Dans ce cas, le TpC doit s’insérer dans un projet plus

Figure 30 - Téléphérique de La Paz, Bolivie. Photographe : Alberto Benitez Reyes

Page 63: Le transport par câble aérien en milieu urbain

63

global, axé sur l’espace au sol libéré, sur les nouveaux points paysager créés et sur le duo

transport-urbanisme notamment aux points de desserte.

Le déplacement dans les airs touche aussi à un autre élément du milieu urbain : l’intimité.

L’intimité est une richesse que les TpC peuvent remettre en cause par leur passage. Cécile

Clement-Werny, directeur d'études "Systèmes innovants et territoires spécifiques" au Certu

explique que cette possible intrusion visuelle a généré des inquiétudes chez les riverains mais

aussi chez les décideurs, car elle pourrait entrainer une dévalorisation immobilière des

bâtiments proches du tracé38. Il conviendrait alors que quantifier l’intrusion visuelle, et de

réfléchir à des solutions pour la diminuer. Des solutions ont été imaginées (installation de

fenêtres-miroirs sur les bâtiments, angle mort dans les cabines, ..) mais peu d’applications se

sont concrétisées.

4.4 Gouvernance autour du TpC

La dynamique entre les différents acteurs concernés par un projet de TpC en milieu urbain en

est encore à ses débuts en France et apparaît parfois comme un frein au développement des

projets.

Tout d’abord, intéressons nous aux constructeurs, ces derniers accusent depuis quelques

années une baisse des commandes de remontées mécaniques en stations d’hivers. En effet les

installations ont une durée de vie de presque 30 ans et le parc montagneux mondial est

aujourd’hui relativement bien maillé. L’implantation en milieu urbain est donc une occasion

de se lancer sur un nouveau marché très prometteur.39 40

Il semble pourtant que les collectivités ne soient pas pleinement satisfaites de la manière donc

les constructeurs appréhendent l’urbain. Habitués à la règlementation de montagne, les

constructeurs se sont vu reprocher de ne pas avoir su d’adapter à la complexité des villes. A

l’exemple du projet de Brest, où les constructeurs n’ont pas su répondre à la demande de la 38 http://www.actu-environnement.com/ae/news/transports-par-cable-aerien-une-solution-envisageable-16900.php4

39 SOURCE : Le site internet www.usinenouvelle.com publie le 15 novembre 2007 un article intitulé « les

remontées mécaniques visent d'autres sommets » [Sylvie Andreau et Sarah Sermondadaz, 2007] .

40 le téléphérique sur la pente urbaine, Libération, 2013

Page 64: Le transport par câble aérien en milieu urbain

64

collectivité qui souhaitait travailler le design de l’infrastructure, notamment celui des cabines,

en impliquant la population grâce à la concertation. 41

Les constructeurs doivent comprendre les enjeux du transport urbain (confort, intermodalité,

design, implication citoyenne) et modeler leurs projets en conséquence.

Les collectivités montrent aussi une réticence face au faible nombre de constructeurs. Elles

savent que le monde du TpC est un microcosme où POMA et DOPPELMAYR se partagent

une large part du marché. Il arrive alors parfois qu’un seul constructeur réponde à une offre,

celui ci se retrouve alors en situation de monopole, sans concurrence, et donc sans pression

sur ses coûts.

L’inexpérience des constructeurs n’est pas le seul obstacle. Le facteur politique a aussi une

importance capitale car ce type de projet ‘atypique’ dans le milieu urbain peut rapidement

créer des tensions.

A Grenoble le projet entre Fontaine - Vercors a rencontré une forte opposition. Ce projet met

en lien la communauté de communes du massif du Vercors avec la communauté

d’agglomération Alpes Métropole (la Métro). Le fait d’être à cheval sur deux territoires s’est

relevé être une difficulté supplémentaire, les habitants du Vercors rejetant un projet qu’ils

trouvent « trop accès pour les Grenoblois ». De plus, c’est en principe au département et non à

la Métro que revient la compétence transport pour gérer ce type projet liant deux territoires.

Le transfert de compétence vers la Métro a complexifié les débats.

Le projet d’Issy-les-Moulineau a également rencontré une opposition très forte au point que le

projet fut abandonné en 2008. L’association « touche pas à mon ciel » faisant barrière au

projet. Ce projet a aussi était l’occasion pour l’opposition de se saisir d’une opportunité

politique et affaiblir la municipalité en place. Le maire M.SANTINI a d’ailleurs annoncé

l’abandon du projet peu avant les élections. 42

Au final, sans un environnement administratif et politique maitrisé, les projets de transport par

câble peuvent amener à un contexte difficile et mettre les municipalités en difficulté. Le

téléphérique devient alors un choix politique risqué où la collectivité investie une forte somme

41 Entretient avec Sadrine Rousic, chargé d’étude au Certu, travaillant sur le thème des TpC

42 Sylvain Chastant, les TCA en milieu urbain, Mémoire d’étude, 2013

Page 65: Le transport par câble aérien en milieu urbain

65

dans un objet atypique en milieu urbain et s’expose à un mécontentement d’une partie des

électeurs.

En devenant un risque politique, le transport par câble prend une dimension supplémentaire

qui peut faire oublier ses avantages en terme de coût, de performances et d’environnement.

La gouvernance autour des projets de transport par câble est ainsi complexifiée par divers

facteurs, chaque acteur ayant sa part de responsabilité. Un modèle de travail doit alors être

mis à disposition de tous, mais pour cela, des collectivités doivent accepter de franchir le pas

et faire preuve d’audace.

4.5 La prise en compte citoyenne

Les discutions autour d’éventuels projets de téléphérique urbain suscitent plusieurs réactions

chez les citoyens concernés, allant de la curiosité au rejet.

D’une part, certains décrivent la dimension aérienne comme très anxiogène. Ils ressentent une

peur du vide et n’ont pas confiance à ce mode de transport notamment face aux intempéries.

Cette situation est accentuée par le côté novateur de ce mode de transport en milieu urbain. Le

TpC en ville doit réussir à prouver sa fiabilité et vaincre les aprioris, c’est par la

sensibilisation qu’il réussira ce pari, les premières implantations auront également un rôle

crucial.

Le rejet citoyen concerne aussi l’infrastructure de manière générale. Décriée comme impropre

au milieu urbain par certain, voire comme gadget qui n’a rien à faire en ville, certains projets

font face à des réactions virulentes.

Cette difficulté d’acceptation peut mener à l’annulation de projet. C’est le cas du projet

d’Issy-les-Moulineaux, où l’implantation des pylônes métalliques de 55 m de hauteur (un sur

la place du marché, un sur une place publique et un dans le parc Henri-Barbusse) a été un

élément déclencheur de la contestation qui s’est rapidement structurée en association et qui a

mené à l’abandon du projet.

Page 66: Le transport par câble aérien en milieu urbain

66

En plus du risque électoral qu’a voulu éviter l’équipe municipale, la contestation impacte

également sur la rentabilité du projet en ralentissant son développement et en complexifiant la

phase chantier.

A l’inverse, le projet Brestois de transport aérien par câble s’est déroulé sans encombres,

malgré l’annulation tardive du projet participatif de design des pylônes pour des raisons

financières. Si aucune contestation ne s’est formée, il faut noter que ce projet survol

uniquement la base navale de la ville. On peut alors corréler l’importance de la concertation et

de la communication en fonction du type de territoire survolé.

Si l’échec d’Issy-les-Moulineaux n’a pas empêché d’autres agglomérations de se lancer dans

l’étude d’un TpC, ces dernières doivent en tirer un retour d’expérience. Il semble que la

population ne soit pas disposée à accepter l’installation d’un téléphérique sur son territoire

pour les seules raisons économiques ou environnementales. L’intégration au plus tôt de la

population et une communication efficace semblent être des conditions indispensables à la

réussite de tels projets. Pour cela, il est nécessaire que les élus et les constructeurs soient

préparés à répondre aux questionnements citoyens. Ils leur faut alors connaître en détail le

système ainsi que les enjeux du transport urbain. La façon de ‘vendre’ le TpC sera alors

déterminante dans d’acceptation citoyenne. Les exemples à travers le monde sont encore

relativement rares et beaucoup d’entre eux se sont développés dans des pays émergents où ils

relient des quartiers informels et où les cabines passent parfois juste au-dessus de quartiers

d’habitation ( 1.3 ). Les collectivités devront faire preuve de subtilité, rester humble sur notre

inexpérience en la matière et veiller à ne pas donner une image low cost de ce transport par

une comparaison trop axée sur les pays émergents qui utilisent souvent le TpC pour rejoindre

des quartiers informels.

Ainsi, les premiers projets Français devront parvenir à conjuguer cette acceptation citoyenne

sans pour autant estomper la rentabilité des projets. Lors d’une interview sur France Info,

M.BOUVIER (Vice Président de POMA) expliquait l’importance de la réussite des premiers

projets notamment par leurs aspects jurisprudentiels.43

43 http://www.franceinfo.fr/emission/noeud-emission-temporaire-pour-le-nid-source-315/2012-2013/des-

telepheriques-dans-la-ville-03-09-2013-08-50

Page 67: Le transport par câble aérien en milieu urbain

67

4.6 Conclusion

Les TpC ont la capacité de bouleverser nos paysages mais aussi nos habitudes de

déplacement. Le déplacement devient alors un voyage et une découverte visuelle. Mais s’ils

créent de nouveaux points de vue, ils en obstruent d’autre. Le TpC jongle alors avec les

paradoxes, de la même manière il est le transport le plus sécuritaire et pourtant l’un des plus

anxiogène.

Le déplacement dans les airs relève de l’imaginaire, parfois du futuristique, il est alors

compréhensible que certains le rejettent et le perçoivent comme un danger. C’est aussi le droit

à l’intimité dans l’espace urbain qui est mise sur le tapis. Ces rejets fragilisent les projets de

TpC déjà vulnérables face à une juridiction inadéquate et une gouvernance difficile.

Néanmoins, dans la partie précédente nous avons abordé un certain nombre de domaines dans

lesquels le TpC semble être pertinent et le moins impactant. Ils peuvent être à la fois espace

d’expérimentation et à la fois une opportunité au TpC de montrer ses atouts et de se

familiariser avec l’urbain.

La réussite des premières implantations sera cruciale pour lancer un volontarisme politique et

favoriser l’acceptation sociétale. Les collectivités devront appréhender en amont les multiples

éléments transversaux pour mener à bien l’insertion du TpC dans le milieu urbain. Elles

devront parvenir à impliquer le citoyen et lui faire assimiler que la mobilité durable impose de

prendre des risques et de bouger les habitudes.

Page 68: Le transport par câble aérien en milieu urbain

68

CONCLUSION GENERALE

Le TpC a bel et bien entamé sa mutation vers la ville. Les constructeurs tentent

d’adapter leurs technologies et d’approfondir leurs connaissances du milieu urbain. De la

même manière, les collectivités et les professionnels du transport s’intéressent de plus en plus

au câble. Ce dernier est même devenu un sujet à part entière dans les conférences autour du

thème de la mobilité.

Les téléphériques suscitent un réel intérêt en recueillant un certain succès principalement en

Amérique du Sud et en Afrique du Nord. Pour autant, cela n’est pas suffisant pour être mis sur

le même piédestal que les modes de transport lourds habituels en France ou en Europe. La

transition vers l’urbain est encore longue et les constructeurs devront tirer l’expérience des

premiers échecs et s’adapter en conséquence. Nous avons vu que les performances techniques

comme économiques des TpC sont parfois largement supérieures aux autres modes de

transport en commun, mais ces résultats sont trop souvent inconstants et les chiffres varient

d’un projet à l’autre. Cette situation fragilise les analyses comparatives et diminue la

confiance des décideurs. Les études sont également complexifiées par la diversité des

infrastructures de TpC, présentant chacune leurs spécificités.

Cette fragilité dans les diagnostics complique la communication avec les citoyens. Ces

derniers assimilent parfois les TpC à un destructeur de paysage et un outil d’intrusion visuelle.

Ils n’hésitent pas à se mobiliser et peuvent mener à mal les projets. En effet, le rejet citoyen

n’est pas à prendre à la légère puisque le TpC est très mal protégé par la loi, son régime

juridique et règlementaire étant encore trop tourné vers le milieu montagneux.

Ainsi, en plus d’investissements conséquents dans les études, les collectivités doivent mener

un travail de communication et de concertation de qualité en amont du projet afin de rassurer

les riverains face à cette infrastructure atypique en ville.

Les collectivités ne doivent pas pour autant être intimidée et négliger le câble comme solution

urbaine de transport collectif. Nous avons décelé que dans certaines circonstances, le TpC

pouvait répondre à des enjeux jusqu’à maintenant inatteignables avec les modes de transport

urbains traditionnels. En effet, le câble est imbattable lorsqu’il s’agit de rejoindre des espaces

enclavés par les barrières urbaines. Mais à quel prix ? C’est là un des principaux problèmes du

TpC : ses forces sont aussi ses faiblesses.

Page 69: Le transport par câble aérien en milieu urbain

69

En utilisant la voie des airs, il se crée instantanément un site propre. Grâce à cela, le TpC peut

atteindre une capacité de transport similaire à celle du BHNS mais avec un temps de parcours

beaucoup plus fiable. Il enjambe sans encombre les obstacles naturels ou urbains sur son

chemin. Le TpC peut alors relier à moindre coût, des espaces jusque là en marge du reste de la

ville. Ces espaces sont souvent situés dans les zones périphériques, les plus enclavés d’entre

eux étant généralement des quartiers sensibles. En devenant un outil de désenclavement et de

renouvellement urbain, le TpC prend une dimension sociale, avec toutes les problématiques

qui en incombent.

Le câble peut aussi changer notre façon d’aborder le déplacement. Il offre une ballade visuelle

permettant de redécouvrir chaque jour sa ville par le haut. Un instant de tranquillité, protégé

des nuisances acoustiques de l’urbain.

Toutefois, un câble tendu dans les airs n’a pas d’autre choix que de suivre un trajet rectiligne.

Cette contrainte, cumulée aux distances de sécurité incendie et à l’interdiction de survol des

parcelles privées, restreint drastiquement les espaces d’implantation des TpC en ville. Le TpC

se retrouve alors souvent muselé par la réglementation.

Le domaine aérien de nos agglomérations n’est pas un espace acquis. Si l’on se réjouit des

travaux au sol favorisant les modes propres, doux, la fluidification et l’apaisement de la

circulation, on s’insurge lorsque l’on touche au domaine aérien pour les mêmes raisons. De

fait, il est difficile de concevoir la manière dont un TpC va modifier le paysage du site dans

lequel on l’implante. Les collectivités et les bureaux d’étude essaient de modéliser et de

quantifier cet impact mais le trop peu d’expérience laisse parfois place au scepticisme voir au

rejet. En France, certains projets de TpC ont été abandonnés face à la mobilisation citoyenne

ou à l’opposition politique. S’il est important que chacun puisse s’exprimer et peser dans le

processus décisionnel, cela ne doit pas être un frein à l’innovation. Les objectifs de

développement durable sont de l’intérêt du plus grand nombre et imposent forcement de rester

ouvert à la nouveauté et de savoir accepter les changements. Le TpC n’est pas la solution à

tous les maux, pas plus que les modes de transport actuels sont la panacée. Ce n’est qu’en se

dotant d’une palette de solutions la plus large possible que nous répondrons aux challenges de

demain.

Page 70: Le transport par câble aérien en milieu urbain

70

Annexes

Page 71: Le transport par câble aérien en milieu urbain

71

Annexe 1 – Tableau comparatif des différentes technologies :

Mode

Critères

Pulsé Télécabine

débrayable

Téléphérique va-

et-vient

Téléphérique

débrayable (3S)

Débit atteignable 500 – 1000 p/h Jusqu’à 3000

p/h

500 – 1000 p/h Jusqu’à 5 000 p/h

Possibilité de station

sans rupture de charge

Oui uniquement

en ligne droite

Oui en ligne

droite et en

angle

Oui

uniquement en

ligne droite

Oui en ligne droite et

en angle

Capacité de survol Contraintes au-

delà de 30 en

monocâble. Non

limité en bi-câble.

Contraintes au-

delà de 30 m

limitant le débit.

Non limité. Non limité.

Capacité de

franchissement

Limitée Limitée Très

importante

Très importante

Possibilité d’arrêt en

station

Oui avec

réduction du

débit.

Oui, mais temps

d’arrêt réduit.

Oui avec

réduction du

débit.

Oui, temps d’arrêt

confortables grâce aux

véhicules de grande

capacité.

Résistance au vent Env. 70 km/h en

exploitation

Env. 70 km/h en

exploitation

Plus de 100

km/h en

exploitaiton

Plus de 100 km/h en

exploitaiton

Angle en plan hors

stations

Non Non Non Non

comparatif de différentes technologies de câble, Source : Etude TpC Marseille, Ingerop, 2014

Page 72: Le transport par câble aérien en milieu urbain

72

Annexe 2 - Projets et réalisations :

Page 73: Le transport par câble aérien en milieu urbain

73

Figure 31 - Source : Etude de faisabilité pour un TpC sur le centre ville de Marseille, Ingerop & Tangram, 2014

Page 74: Le transport par câble aérien en milieu urbain

74

Annexe 3 – Le T.U.C :

Le T.U.C est une technologie où les cabines sont posées sur le câble, assurant ainsi une

stabilité qui amène un confort recherché en milieu urbain et minimise l’impact acoustique.

L’installation en est encore à ses débuts, peu de données techniques sont disponibles,

néanmoins elle semble à première vue pourvoir s’affranchir de certaines contraintes de tracé

propre aux téléphériques habituels, notamment dans sa capacité à effectuer des virages. Le

T.U.C ne sera pas étudié dans ce mémoire, mais peut constituer une source d’inspiration pour

de futur écrit.

Figure 32 - Modélisation 3D, http://www.creisselstechnologies.com

Figure 33 - Modélisation 3D, http://www.creisselstechnologies.com/

Page 75: Le transport par câble aérien en milieu urbain

75

Annexe 4 – Etude de faisabilité Marseille, modélisation :

La ville de Marseille a souhaité maîtriser la communication dès le lancement des études sur le

projet de transport par câble sur son centre-ville. Elle a alors demandé au maitre d’œuvre de

lui fournir rapidement une insertion 3D dans laquelle un premier travail de design de

l’infrastructure devrait être représenté.

L’infrastructure a ainsi été insérée directement dans le logiciel Google Earth. On peut alors

observer le TpC à partir d’un point de vue choisi.

Figure 34 - Vue d'ensemble, TpC Marseille, Ingerop & Tangram, 2014

Figure 35 - Vue de la digue, TpC Marseille, Ingerop & Tangram, 2014

Page 76: Le transport par câble aérien en milieu urbain

76

Figure 36 - Vue du quai des Belges, TpC Marseille, Ingerop & Tangram, 2014

Page 77: Le transport par câble aérien en milieu urbain

77

Bibliographie

Ouvrages :

• François Mirabel, Economie des transports en commun, La Découverte, 2013

• François Ascher, La société hypermoderne. L’Aube, 2001

• Yves Chalas et Florence Paulhiac, la mobilité qui fait la ville, Actes des 3èmes rencontres en

urbanisme de l’Institut d’Urbanisme de Grenoble, Ed du CETU,

• Georges Amar, Homo Mobilis, Collection Présence, 2010,

• David Mangin, la ville passante, Ed Parenthèses, 2008

• Jacques Stambouli, les territoires du tramway moderne : de la ligne à la ville durable, paru

dans Développement durable et territoires, 2005

• Hervé Vieillard-Baron les quartiers sensibles, de la globalisation à la distinction, (texte paru

dans "Les Sciences sociales devant la question de l'inégalité" sous la direction de J.C.

Combessie ("Travaux et documents" N°25, Université de Paris 8-Vincennes Saint-Denis),

2008

Etudes :

• Etude de faisabilité pour un transport par câble sur le centre ville de Marseille, Ingerop, 2014

Documents Institutionnels :

• CERTU, Transport par câble aérien en milieu urbain, collection Référence,

• Journée technique - CoTITA Centre-Est et Méditerranée - 27 septembre 2011 – Transport par

câble en milieu urbain et périurbain

Page 78: Le transport par câble aérien en milieu urbain

78

Entretiens :

• Entretient avec Mme ROUSIC Sandrine, chargée d’étude au Certu

• Entretient avec M. BASTIN Yoann, ingénieur chez Poma

• Entretient avec M.JAUSSAUD Pierre, expert dans les TpC, association EFcable

Articles :

• Société de transport Laval, Quebec, http://www.stl.laval.qc.ca/

• Société de transport Poma, http://www.poma.net/

• Dossier Qu’en Savons Nous n°56, Septembre 2013, www.aucame.fr/web/publication/,

• Article sur le téléphérique de Londres, http://www.lepetitjournal.com/londres/a-la-une-

londres/115310-telepherique-londres-l-in-the-air-r.html

• Article, le téléphérique de Toulouse a fait long feu,

http://www.ladepeche.fr/article/2014/07/22/1922298-le-projet-d-aerotram-a-fait-long-feu.html

• Articl, le téléphérique urbain televal confirmé, http://www.urbanews.fr/2013/10/02/36092-

telepherique-urbain-televal-confime/

• Article, Val de Marne aura bientôt son téléphérique, http://www.demainlaville.com/le-val-de-

marne-aura-bientot-son-telepherique/

• Article sur le téléphérique du Vercors, (http://vercorstv.wmaker.tv/Le-projet-du-siecle-un-tele-

que-feerique_v449.html)

• Article sur la règlementation téléphérique en milieu urbain, http://www.agent-

foncier.com/actualit%C3%A9s/t%C3%A9l%C3%A9ph%C3%A9rique-urbain-un-nouveau-

projet-en-%C3%AEle-de-france/

• Article,le téléphérique urbain televal confirmé, http://www.urbanews.fr/2013/10/02/36092-

telepherique-urbain-televal-confime/

Page 79: Le transport par câble aérien en milieu urbain

79

• Article sur les solutions de mobilité durables,

http://www.caissedesdepots.fr/fileadmin/PDF/06._solutionsdurables_tv/sdtv_em06_mobilit_s

_original.pdf

• Emission France Info, Des téléphériques dans la ville,

http://www.franceinfo.fr/emission/noeud-emission-temporaire-pour-le-nid-source-315/2012-

2013/des-telepheriques-dans-la-ville-03-09-2013-08-50

• Le site internet www.usinenouvelle.com publie le 15 novembre 2007 un article intitulé « les

remontées mécaniques visent d'autres sommets » [Sylvie Andreau et Sarah Sermondadaz,

2007] .

• Article, le transport par câble aérien une solution envisageable, http://www.actu-

environnement.com/ae/news/transports-par-cable-aerien-une-solution-envisageable-

16900.php4

Mémoires de fin d’étude :

• Fanny Domenach, Mémoire « Cohérence urbanisme – transports : vers de nouvelles pratiques

qui refondent les relations entre acteurs du territoire », ENTPE, 2008

• Sylvain Chastant, les TCA en milieu urbain, Mémoire d’étude, 2013

• Mohamed Zainnoudini, TpC aérien à St Quentin sur Yvelines, Mémoire d’étude, 2013