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Terminale SES – Documents de cours – LGF – P. Savoye Page 1 PARTIE 2 : SOCIOLOGIE THEME 1 : Classes, stratification et mobilité sociales Section 2 : Comment rendre compte de la mobilité sociale ? Notions Term. : Mobilité intergénérationnelle/intra- générationnelle, mobilité observée, fluidité sociale, déclassement, capital culturel, paradoxe d'Anderson. Rappel de 1 ère : groupe d'appartenance, groupe de référence, socialisation anticipatrice, capital social. Après avoir distingué la mobilité sociale intergénérationnelle d'autres formes de mobilité (géographique, professionnelle), on se posera le problème de sa mesure à partir de l'étude des tables de mobilité sociale dont on soulignera à la fois l'intérêt et les limites. On distinguera la mobilité observée et la fluidité sociale et on mettra en évidence l'existence de flux de mobilité verticale (ascendante et descendante) et horizontale. On étudiera différents déterminants de la mobilité et de la reproduction sociale : l'évolution de la structure socioprofessionnelle, le rôle de l'école et de la famille. Sensibilisation : Q1 Que suggère le dessin de Plantu ? On peut opposer les sociétés où les statuts sociaux sont affectés de manière prédéterminée, (…) à celles où les conditions d'accès aux statuts permettent des changements et des cas plus ou moins fréquents de déplacement dans la structure sociale, ou de mobilité sociale. Dans le premier cas, on parlera de statuts sociaux "assignés", (…) dans le second, de statuts "acquis", sur lesquels ils ont une certaine prise ou qui peuvent être l'objet d'une compétition ouverte, ce qui permet de changer de statut ou de ne pas être enfermé dans celui que peut définir la "naissance" dans un milieu social. La mobilité sociale est aussi un enjeu politique : dans les sociétés où l'organisation politique se réfère à des principes démocratiques et l'organisation économique au libéralisme, il semble logique qu'à l'égalité des citoyens et à la liberté d'entreprendre corresponde dans le domaine social, sinon l'égalité des situations sociales, du moins l'égalité des conditions d'accès à différentes situations. Lanalyse de la mobilité sociale renvoie au principe de l' "égalité des chances", et les sociétés démocratiques et libérales peuvent chercher à évaluer la réalité ou l'efficacité de leurs principes de fonctionnement à l'importance des flux de mobilité sociale qu'elles permettent. » Dominique Merllié, « La mobilité sociale », Les mutations de la société française, vol. II, La Découverte, 2007 Q2 Dans quel type de société peut-on étudier la mobilité sociale ? Q3 Pourquoi la mobilité sociale est-elle un enjeu politique ? Formulation d’hypothèses : Les sociétés démocratiques permettent-elles aux individus de « changer de statut ou de ne pas être enfermé » dans son milieu social d’origine ? ………………………………………………………………………………………………………………………………… …………………………………………………………………………………………………………………………………… …………………………………………………………………………………………………………………………………… …………………………………………………………………………………………………………………………………… A. Une mobilité sociale limitée 1) Qu’est-ce que la mobilité sociale ? a) Les types de mobilité 1- Mobilité : de quoi parle-t-on ? La question de la stabilité ou du déplacement des individus dans la structure sociale peut être examinée de différents points de vue. La mobilité sociale, qui n'implique pas de déplacement physique, se distingue de la mobilité géographique, qui ne donne pas nécessairement lieu à un changement de niveau social, même si les migrations géographiques, internes ou externes à un même pays, sont très souvent liées à la mobilité sociale. Changer d'emploi ou simplement trouver un emploi peut conduire à quitter la campagne (exode rural) ou son pays (émigration). La mobilité proprement sociale, qui implique un changement de statut social, se distingue aussi de la mobilité seulement professionnelle, qui peut consister à changer d'entreprise ou de type de travail sans impliquer nécessairement une modification de niveau social, même si changer de profession est un moyen de passer à un autre statut social. La mobilité sociale peut être étudiée également de différents points de vue selon qu'on ne considère que la carrière d'un individu, qui peut changer ou non de statut au cours de son existence d'adulte, ou que l'on réfère les individus à leur origine familiale, en comparant leur statut à celui de membres des générations antérieures, comme leur père ou leur grand-père. On parle alors de mobilité intragénérationnelle (ou en cours de carrière) et intergénérationnelle (ou entre les générations). Dans les publications de l'INSEE, la première est désignée comme mobilité professionnelle, la seconde comme mobilité sociale. Dominique Merllié, « La mobilité sociale », Les mutations de la société française. vol. II, La Découverte. 2007.

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Page 1: Le Site SES de P. Savoye - PARTIE 2 : SOCIOLOGIE THEME 1 : … Part2Th1Sect2... · 2016-12-08 · L’analyse de la mobilité sociale renvoie au principe de l' "égalité des chances",

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PARTIE 2 : SOCIOLOGIE THEME 1 : Classes, stratification et mobilité sociales

Section 2 : Comment rendre compte de la mobilité sociale ?

Notions Term. :

Mobilité intergénérationnelle/intra-générationnelle, mobilité observée, fluidité sociale, déclassement, capital culturel, paradoxe d'Anderson.

Rappel de 1ère :

groupe d'appartenance, groupe de référence, socialisation anticipatrice, capital social.

Après avoir distingué la mobilité sociale intergénérationnelle d'autres formes de mobilité (géographique, professionnelle), on se posera le problème de sa mesure à partir de l'étude des tables de mobilité sociale dont on soulignera à la fois l'intérêt et les limites. On distinguera la mobilité observée et la fluidité sociale et on mettra en évidence l'existence de flux de mobilité verticale (ascendante et descendante) et horizontale. On étudiera différents déterminants de la mobilité et de la reproduction sociale : l'évolution de la structure socioprofessionnelle, le rôle de l'école et de la famille.

Sensibilisation :

Q1 Que suggère le dessin de Plantu ?

On peut opposer les sociétés où les statuts sociaux sont affectés de manière prédéterminée, (…) à celles où les conditions d'accès aux statuts permettent des changements et des cas plus ou moins fréquents de déplacement dans la structure sociale, ou de mobilité sociale. Dans le premier cas, on parlera de statuts sociaux "assignés", (…) dans le second, de statuts "acquis", sur lesquels ils ont une certaine prise ou qui peuvent être l'objet d'une compétition ouverte, ce qui permet de changer de statut ou de ne pas être enfermé dans celui que peut définir la "naissance" dans un milieu social. La mobilité sociale est aussi un enjeu politique : dans les sociétés où l'organisation politique se réfère à des principes démocratiques et l'organisation économique au libéralisme, il semble logique qu'à l'égalité des citoyens et à la liberté d'entreprendre corresponde dans le domaine social, sinon l'égalité des situations sociales, du moins l'égalité des conditions d'accès à différentes situations. L’analyse de la mobilité sociale renvoie au principe de l' "égalité des chances", et les sociétés démocratiques et libérales peuvent chercher à évaluer la réalité ou l'efficacité de leurs principes de fonctionnement à l'importance des flux de mobilité sociale qu'elles permettent. » Dominique Merllié, « La mobilité sociale », Les mutations de la société française, vol. II, La Découverte, 2007

Q2 Dans quel type de société peut-on étudier la mobilité sociale ? Q3 Pourquoi la mobilité sociale est-elle un enjeu politique ?

Formulation d’hypothèses : Les sociétés démocratiques permettent-elles aux individus de « changer de statut ou de ne pas être enfermé » dans son milieu social d’origine ?

…………………………………………………………………………………………………………………………………

………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………

A. Une mobilité sociale limitée 1) Qu’est-ce que la mobilité sociale ?

a) Les types de mobilité

1- Mobilité : de quoi parle-t-on ? La question de la stabilité ou du déplacement des individus dans la structure sociale peut être examinée de différents points de vue. La mobilité sociale, qui n'implique pas de déplacement physique, se distingue de la mobilité géographique, qui ne donne pas nécessairement lieu à un changement de niveau social, même si les migrations géographiques, internes ou externes à un même pays, sont très souvent liées à la mobilité sociale. Changer d'emploi ou simplement trouver un emploi peut conduire à quitter la campagne (exode rural) ou son pays (émigration). La mobilité proprement sociale, qui implique un changement de statut social, se distingue aussi de la mobilité seulement professionnelle, qui peut consister à changer d'entreprise ou de type de travail sans impliquer nécessairement une modification de niveau social, même si changer de profession est un moyen de passer à un autre statut social. La mobilité sociale peut être étudiée également de différents points de vue selon qu'on ne considère que la carrière d'un individu, qui peut changer ou non de statut au cours de son existence d'adulte, ou que l'on réfère les individus à leur origine familiale, en comparant leur statut à celui de membres des générations antérieures, comme leur père ou leur grand-père. On parle alors de mobilité intragénérationnelle (ou en cours de carrière) et intergénérationnelle (ou entre les générations). Dans les publications de l'INSEE, la première est désignée comme mobilité professionnelle, la seconde comme mobilité sociale.

Dominique Merllié, « La mobilité sociale », Les mutations de la société française. vol. II, La Découverte. 2007.

Page 2: Le Site SES de P. Savoye - PARTIE 2 : SOCIOLOGIE THEME 1 : … Part2Th1Sect2... · 2016-12-08 · L’analyse de la mobilité sociale renvoie au principe de l' "égalité des chances",

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Q1 Définissez mobilité professionnelle et mobilité géographique. Q2 Définissez mobilité intragénérationnelle et mobilité intergénérationnelle. Q3 Illustrez les situations suivantes par des exemples : mobilité géographique sans mobilité professionnelle ; mobilité géographique avec mobilité professionnelle ; mobilité professionnelle qui s'accompagne d'une mobilité sociale.

Récapitulatifs : Question de cours : En quoi l’étude de la mobilité sociale intergénérationnelle

consiste-t-elle ?

b) Mesurer la mobilité sociale 2- Les tables de mobilité sont au nombre de 2 :

- Une table de mobilité en terme de recrutement (origine) : elle consiste à partir du présent (fils/fille) à remonter vers le passé (origine – père). C'est s'interroger sur l'origine des individus occupant une position donnée.

D'où viennent les occupants de la catégorie X, c'est-à-dire : Que faisait leur père ?

Sur 100 cadres combien sont fils/filles de …?

- Une table de mobilité en terme de destinée : elle consiste, à partir du passé (de la catégorie du père) pour se projeter vers le présent (position occupée par le fils/fille). C'est donc s'interroger sur le devenir des individus ayant une origine donnée.

Que sont devenus les fils/filles de …?

Sur 100 fils/filles de cadres combien sont …?

… car la référence aux pères se traduit par les fils/filles de …

3- Les tables de mobilité

A. Table de destinée en France en 2012 B. Table de recrutement en France en 2012

APSAP : Autres personnes sans activité professionnelle. Les chômeurs et les retraités sont inclus dans leur dernière catégorie socio-professionnelle. Champs : hommes actifs ou anciens actifs de 40 à 59 ans résidant en France métropolitaine.

→ Travail Maison Entraînement - Document 5 p. 231. Répondre aux questions proposées.

Récapitulatifs : Synthèse : Comparez la destinée des hommes et des femmes salariées en 2012

C1 C2 C3 origine (père)

C1? C2? C3? position fils/fille

C1? C2? C3 ? origine père

C1 C2 C3 position fils/fille

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2) Une société plus mobile et plus fluide ?

→ Document 5 p. 233. Répondre aux questions proposées.

4-

- La mobilité observée Le taux de mobilité permet de mesurer la part des individus en mobilité sociale : c’est la mobilité observée. On peut mettre en évidence des flux de mobilité horizontale, ascendante ou descendante. Ces flux varient dans le temps.

→ Document 2 p.232. Répondre aux questions proposées.

- La mesure de la fluidité sociale

L’importance des flux de mobilité d’une catégorie sociale à l’autre dépend de la taille des groupes socioprofessionnels. En effet, le flux est nécessairement faible vers un petit groupe. Étudier la fluidité sociale, c’est mesurer les flux de mobilité indépendamment de la taille des groupes.

→ Document 4 p.232-233. Répondre aux questions proposées.

Récapitulatifs : Question de cours : Comment mesure-t-on la fluidité sociale ? Synthèse : Vous montrerez que, pour étudier la mobilité sociale, il est nécessaire de

distinguer mobilité observée et fluidité sociale.

3) Les limites des tables de mobilité sociale 5- Les limites des tables de mobilité À la suite de Louis Maurin, Dominique Merllié et Jean Prévot, on peut émettre plusieurs critiques à l'encontre des tables de mobilité : - D'abord, mesurer l'évolution de la mobilité sociale n'est pas une mince affaire. L'INSEE commence par évaluer globalement le nombre de personnes qui ont changé de catégorie sociale entre deux années données. Ces mesures dépendent beaucoup des contours des catégories : en effet, plus on découpe la société de façon précise, plus on observe de mouvements. La réalité même de ces catégories se modifie : une grande partie des cadres supérieurs de 2010 n'ont pas le même prestige social que ceux des années 1960. - Ensuite, le passage du métier de garagiste à celui de boulanger, qui implique une rupture professionnelle forte, n'est pas analysé comme mobilité « sociale » ou « professionnelle » selon le code des catégories socioprofessionnelles qui les regroupe comme activités artisanales. À l'inverse, le passage de mécanicien automobile (salarié) à celui de garagiste (à son compte), qui correspond au même métier avec des conditions d'exercice différentes, est enregistré comme mobilité d'ouvrier à artisan. - En outre, pour obtenir une mesure fiable, il ne faut pas prendre en compte les plus jeunes car leur situation n'est pas figée : ils peuvent progresser dans la hiérarchie sociale. Inversement, si l'on prend les plus âgés, on mesure pour une bonne part ce qui se passait il y a des dizaines d'années. Peu éclairant pour comprendre les évolutions actuelles. De plus, les données officielles sur la mobilité sociale demeurent très lacunaires : les dernières remontent à 2003. Or la crise de 2008 a probablement accentué les difficultés. - Enfin, l'INSEE isole le plus souvent la situation des 40-59 ans et étudie seulement la mobilité masculine. Les femmes sont écartées des études de mobilité sociale du fait de la très forte élévation des taux d'activité féminins, qui rend difficile toute comparaison avec les générations précédentes.

Q1 Expliquez la phrase soulignée. Illustrez-la par un exemple. Q2 Pourquoi les actifs jeunes ne sont-ils pas pris en compte ? Q3 Quel est l'impact d'une crise économique sur la mobilité sociale ?

6- Mobilité mesurée et mobilité vécue Un tableau de mobilité présuppose que les positions hiérarchiques relatives des différentes catégories sociales n'aient pas changé d'une génération à l'autre et que l'appartenance à une catégorie donnée ait toujours le même sens et la même valeur d'une génération à la suivante. Or il n'en est rien dans une société en constante transformation. Ainsi, le statut (notamment en termes de prestige, mais aussi de revenu) d'un instituteur ou d'un professeur de lycée n'est plus aujourd'hui ce qu'il était il y a un siècle ou même seulement un demi-siècle ; de la même manière, on sait combien le statut de certaines catégories féminisées d'employés (par exemple les employées de commerce) s'est dégradé et dévalorisé au cours de ces quarante dernières années en termes de formes d'emploi, de conditions de travail, de rémunération ou de prestige social. Inversement, l'élimination des exploitations agricoles les moins rentables a élevé le statut moyen des agriculteurs.

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Dans ces conditions, une immobilité apparente (le maintien du fils dans la catégorie du père) peut en fait masquer une mobilité, descendante ou ascendante selon le cas, et inversement une mobilité apparente, ascendante ou descendante, peut correspondre à une immobilité réelle. Ce qui complique nécessairement l'interprétation des tables de mobilité. Enfin, on peut s'interroger sur la congruence entre la mobilité sociale objective et les sentiments subjectifs de mobilité.

Alain Bihr, Roland Pfefferkorn, Le Système des inégalités, La Découverte, coll. « Repères », 2008

Q1 En quoi le changement social rend-il difficile l'appréhension des phénomènes de mobilité ? Q2 Un fils d'instituteur, lui-même devenu professeur des écoles au XXIème siècle, reproduit-il simplement la position de son père ? Q3 Que signifie le passage souligné ?

Récapitulatifs :

Question de cours : Citez au moins 3 limites des tables de mobilité. Synthèse : Le changement de PCS est-il un bon indicateur pour étudier (ou évaluer)

la mobilité sociale ?

B. Quels sont les déterminants de la mobilité sociale ? 1) Le rôle de la structure socioprofessionnelle

a) La mobilité en partie structurelle → Documents 1 (et 2 maison) p. 236. Répondre aux questions proposées.

b) Le phénomène de déclassement → Documents 3 et 4 (et 5 maison) p. 236-237. Répondre aux questions proposées.

Récapitulatifs : Question de cours : Pourquoi l’évolution de la structure socioprofessionnelle est-

elle un déterminant de la mobilité sociale ? Synthèse : Vous montrerez comment les transformations structurelles de la société

française ont provoqué en France de la mobilité sociale ascendante.

2) Le rôle de la famille dans la mobilité sociale a) L’influence du milieu social et des choix éducatifs des familles

7- L’influence du milieu social : l’approche déterministe de P. Bourdieu Les étudiants les plus favorisés ne doivent pas seulement à leur milieu d’origine des habitudes et des attitudes qui les servent directement dans leurs tâches scolaires ; ils en héritent aussi des savoirs et un savoir-faire, des goûts et un « bon goût » dont la rentabilité scolaire, pour être indirecte n’en est pas moins certaine. La culture « libre », condition implicite de la réussite scolaire universitaire en certaines disciplines, est très inégalement répartie entre les étudiants originaires de milieux différents, sans que l’inégalité des revenus puisse expliquer les écarts constatés. Le privilège culturel est manifeste lorsqu’il s’agit de la familiarité avec les œuvres que seule peut donner la fréquentation régulière du théâtre, du musée ou du concert (fréquentation qui n’est pas organisée par l’Ecole, ou seulement de façon sporadique). Il est plus manifeste encore dans le cas des œuvres, généralement les plus modernes, qui sont les moins « scolaires ». (…) On doit conclure que les inégalités devant la culture ne sont nulle part aussi marquées que dans le domaine où, en l’absence d’enseignement organisé, les comportements culturels obéissent aux déterminismes sociaux plus qu’à la logique des goûts et des engouements individuels.

P. Bourdieu et J.C. Passeron, Les héritiers, les étudiants et la culture (1964), Ed. de Minuit, Coll. Le sens commun, 1985

Q1 Vous montrerez comment la vision holiste de Bourdieu explique l’influence de la famille sur la réussite scolaire ainsi que sur la mobilité (ou immobilité) sociale.

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8- L’approche de l’individualisme méthodologique de R. Boudon Pour Raymond Boudon, une des sources dans la production des inégalités, et la plus déterminante, provient du fait que les familles apprécient différemment les risques, les coûts et les avantages de l’investissement scolaire ( les individus des classes inférieures accordent en moyenne une valeur plus faible à l’enseignement comme moyen de réussite, surestiment les risques de l’investissement scolaire …) Si l’on veut bien se représenter le système scolaire comme un ensemble de points de bifurcation où chaque jeune et chaque famille décident des modalités de l’orientation, alors il est possible de considérer ces décisions comme rationnelles (et non comme résultante d’une quelconque ruse de la reproduction sociale). Les solutions retenues par les familles sont certes variables – et elles contribuent à alimenter l’inégalité scolaire – mais elles dérivent simplement de contraintes socialement différenciées.

Michel Lallement, Histoire des idées sociologiques, tome 2, Nathan, 1993.

Q1 Vous montrerez comment l’approche de Boudon explique l’influence de la famille sur la réussite scolaire ainsi que sur la mobilité (ou immobilité) sociale. Récapitulatifs : Question de cours :

Comment la famille peut-elle être un atout pour la mobilité ?

Synthèse : Vous montrerez que, si la famille contribue à la mobilité sociale, l’individu n’est pas totalement déterminée par sa famille et garde des marges d’action

b) Mariage, fratrie et mobilité sociale

→ Documents 1, 2 et 3 p.240. Répondre aux questions proposées.

3) Le rôle de l’école a) Massification et démocratisation de l’Ecole à l’épreuve des faits

9- L’Ecole au service de « l’égalité des chances » L’une des missions centrales de l’école est de rendre possible l’égalité des chances en permettant à chaque individu, indépendamment de son origine sociale, d’accéder à un diplôme, condition essentielle de son insertion professionnelle et sociale. Ce faisant, l’école concourt à la réalisation de l’idéal démocratique que l’on peut définir comme la situation où les positions sociales sont distribuées en fonction du mérite individuel et non selon l’appartenance sociale. Les mutations du système éducatif renforcent la démocratisation scolaire et le rôle de l’école dans l’insertion professionnelle et sociale Sous l’effet de politiques éducatives volontaristes – création du collège unique, objectifs de 80 % d’une classe d’âge au niveau du baccalauréat, de 50 % d’une classe d’âge au niveau licence – le système scolaire s’est massifié et relativement démocratisé en permettant aux enfants des catégories populaires, jusqu’alors exclues de l’école, d’accéder aux diplômes du second degré, puis du supérieur. Cette élévation du niveau de formation renforce encore le rôle de l’école dans les conditions d’insertion professionnelle et sociale, cela est particulièrement vrai dans une société où l’emprise de la technologie et des qualifications est de plus en plus forte. En répondant aux besoins croissants de l’appareil productif en main d’œuvre qualifiée par la création de nouveaux diplômes (création des brevets de techniciens supérieur, des diplômes universitaires de technologie, développement des écoles d’ingénieurs ou de commerce), l’école facilite les possibilités de mobilité structurelle liées à l’évolution de la répartition socioprofessionnelle d’une génération à l’autre (déclin de la part des ouvriers dans la population active et augmentation de celles des PI et des CPIS par exemple). Dans une société démocratique tendant selon Tocqueville à « l’égalisation des conditions », l’école apparaît comme un vecteur privilégié de l’émancipation des individus vis-à-vis de certaines contraintes sociales contribuant à la reproduction sociale. De fait, on observe, dans la société française actuelle, de réelles possibilités de mobilité sociale ascendante pour certains groupes sociaux. En effet, 67 %, des fils de PI occupent une PCS différente de celle leur père, et parmi ceux-ci la moitié deviennent CPIS ; de la même façon, 50 % des fils d’employés deviennent soient PI, soit CPIS. Ces situations de mobilité illustrent une certaine fluidité de la société française dans laquelle l’école a un rôle essentiel.

Annabac Hatier, Sujet corrigé du Baccalauréat 2007

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→ Document 1 p.238. Répondre aux questions proposées. 10- Répartition par filière des bac 2009 selon leur origine sociale

b) Le rôle de l’Ecole dans la reproduction sociale et dans la mise en œuvre de stratégies de promotion sociale

→ Document 2, 4 et 5 p.238-339. Répondre aux questions proposées.

Récapitulatifs : Question de cours : Quel est le rôle de l’école dans la mobilité sociale ? Synthèse : Vous montrerez que l’école contribue à la mobilité sociale ascendante,

mais qu’elle n’y parvient pas toujours.