LE ROMANTISME

ORIGINESRomantique est apparu au XVIIe sicle en France avec le mme sens que romanesque. Puis Mme e de Stal lutilisa au dbut du XIXe sicle pour traduire le mot allemand romantisch qui sopposait classique : quelques annes dj avant la fin du XVIIIe sicle, en Angleterre et en Allemagne, surtout, avec le mouvement Sturm und Drang - Tempte et lan - des crivains dits prromantiques ragissent contre le rationalisme du sicle des lumires.Entre 1820 et 1830, romantique va supplanter le mot romanticisme invent par Stendhal (avec un sens plus large que romantisme).Romantisme (mme si ce mot na jamais eu de dfinition prcise) dsigne donc un art, une pense et un tat dme caractristiques de lpoque 1820-1850.

CARACTRISTIQUESDes aspirations souvent contradictoires coexistent et rendent toute dfinition globale malaise.

DE NOUVELLES CONCEPTIONS ARTISTIQUES.

UNE RUPTURE AVEC LE CLASSICISME :- Les crivains du XVIIIe sicle respectent encore les codes imposs par le XVIIe (cf. les tragdies de Voltaire !). Les romantiques privilgient la posie, plus apte dcrire les passions et les mouvements de lme, et font triompher le roman... deux genres passablement mpriss pendant le sicle prcdent. UN LARGISSEMENT DES SOURCES DINSPIRATION :- Les paysages romantiques : recherche de paysages nouveaux, du dpaysement. Immensit; infini ; dsordre ; mouvement. Montagne ; mer ; orages ; temptes... Paysage et tat dme : la nature est la fois une confidente et une consolatrice. A travers elle, le romantique exprime sa sensibilit. Il en cherche les symboles, la dcouvre par la contemplation (Hugo) et le rve ou en dchiffre les correspondances (Baudelaire). - Attrait pour les pays trangers : got du pittoresque ; mode du Nouveau Monde, des pays orientaux et mditerranens (Hugo, Chateaubriand, Stendhal, Mrime...). - Ltrange vient parfois du pass : les romantiques se passionnent pour le Moyen ge totalement oubli jusque l ! - Le Moi : le romantique est un pote ou romancier lyrique ! Si le moi de lpoque classique est hassable (Pascal), au XIXe sicle lcrivain est un individualiste qui met sa sensibilit et son art son propre service : le moi (le moi de lenfance, le moi amoureux, le moi en qute de spiritualit...) est la source dinspiration ! LE MAL DU SICLE.SENTIMENT DE MALAISE ET DINSATISFACTION :- Le romantique prouve un sentiment dinadaptation par rapport la rapidit des bouleversements historiques (cf. Musset dont le hros dplore labsence didal, limpossibilit de sillustrer sur les champs de bataille depuis la dfaite de Waterloo). Il pense ne plus avoir sa place en ce monde auquel il ne s'identifie plus : en proie au vague des passions il saccuse lui-mme ou, le plus souvent sen prend la socit qui ne le comprend pas, lesprit bourgeois : le romantique est avant tout un anticonformiste qui provoque (cf. le dandysme)pour masquer son malaise. - Complaisance la mlancolie : lhomme est vou la souffrance. Le romantique finit par senfermer dans la tristesse dont il semble avoir besoin ! Le thme du dclin, de lautomne et de ses temptes, est un lieu commun de lesprit romantique. Etre part, vou un destin sur lequel il na aucune prise - cf. Hernani de Hugo -, le romantique va mettre profit cette insatisfaction pour chapper au monde soit par le rve (limagination est la reine des facults, la grande plongeuse ; vasion dans le temps, lespace ; got de lhorreur...) soit par la dbauche, le dandysme. Parfois, il la dpassera pour transformer le monde...NERGIE DE LA PASSION.LA PASSION COMME SOURCE D'NERGIE :- Cette insatisfaction et cette tristesse peuvent tre positives, dans la mesure o elles deviennent pour certains romantiques une source dnergie, de rvolte (cf. Lorenzaccio de Musset). L'exaltation de la passion est source dnergie : cf. Julien Sorel (Stendhal) ou Rastignac (Balzac). - Mditation sur lhistoire : au sentiment de la fuite du temps, de la vie phmre de lhomme, lcrivain romantique peut opposer les vastes mouvements de lhistoire, les popes de lhumanit (cf. Chateaubriand et Hugo). - Engagement : dans laction politique ou sociale : cf. Lamartine, Hugo, Vigny. Conscience dune mission accomplir pour lamlioration du sort de lhumanit : le pote est un guide, un phare, un mage, un prophte charg dune mission divine. Pourtant, lorigine, le romantique est politiquement conservateur (individualiste et litiste, il prne le royalisme, le patriotisme) : ce nest que progressivement quil voluera vers la dmocratie et l'internationalisme. - La qute dun absolu: lhomme est avant tout une me, do la facult de choisir le Bien contre le Mal, lEsprit contre la Matire.

Cnacle romantiqueAu XIXe sicle, la vie mondaine s'organise surtout dans les Salons. Comme ils l'on t pour la Prciosit au XVIIe sicle, ils sont au XIXe le berceau du Romantisme.En 1820, apparat le groupe que l'on va qualifier par la suite de romantique: le Cnacle.Compos de jeunes crivains franais, il se runit entre 1820 et 1823 d'abord la bibliothque de l'Arsenal (dont Charles Nodier tait le conservateur) avec Vigny et Dumas puis chez Hugo.Le Cnacle accueille aussi de jeunes peintres, musiciens, sculpteurs (Berlioz, Liszt, Chopin, Deschamps, Delacroix et de jeunes auteurs romantiques (Charles Nodier, Saint-Beuve, Musset, Nerval, Alexandre Dumas, Thophile Gautier, Vigny. Tous se passionnent pour les Mditations Potiques de Lamartine.Ils "passent l'action" en 1830, le 25 Fvrier, lors de la premire d'Hernani, drame de Victor Hugo la comdie franaise, jusqu' alors rserve aux tragdies.

Biographie de Madame de Stal (1766-1817)Germaine de Stal naquit Paris en 1766. Elle fut leve avec une sollicitude extrme par une mre protestante et par son pre Necker. tonnamment prcoce, elle rsumait quinze ans l'Esprit des lois, causait avec les philosophes, lisait Rousseau avec passion. Elle pousa, ge de vingt ans, le baron de Stal Holstein, mais se spara de lui peu d'annes aprs. On connait sa liaison avec Benjamin Constant. Madame de Stal accueillit d'abord la Rvolution avec enthousiasme, dtesta les crimes commis pendant la Terreur, mais resta fidle aux ides de la Constituante.Ses premiers crits politiques furent des Rflexions sur la paixadresses M. Pitt et aux Franais et des Rflexions sur la paix intrieure (1793).En 1796, elle publia un ouvrage moral et politique : De l'influence des Passions sur le bonheur des individus et des Nations, et, en 1799, crivit, pour faire suite ce livre, un ouvrage longtemps indit: Des circonstances actuelles qui peuvent terminer la Rvolution. On sait comment, ayant fait de salon, en 1802, un centre d'opposition contre Bonaparte, elle fut perscute sous le Consulat et l'Empire. Nous ne pouvons ici la suivre dans les mille pripties de son aventureux exil.Elle publia, en 1800, un livre important, De la littrature considre dans ses rapports avec les institutions sociales; en 1802, le roman Delphine, confession mue qui eut un grand succs en 1807, Corinne et, en 1810, son fameux ouvrage: l'Allemagne.Aprs avoir voyag en Autriche, en Russie, en Sude, en Angleterre, en Suisse, (o elle sjourna longtemps dans son chteau de Coppet), en Italie et en Allemagne, Mme de Stal rentra Paris, aprs la chute de l'Empire. Mais elle mourut peu aprs, en 1811, ayant peine eu le temps d'achever ses Considrations sur la Rvolution franaise, le plus remarquable de ses ouvrages politiques.Madame de Stal occupe dans l'histoire littraire une place importante : elle et Chateaubriand sont les deux grands initiateurs du romantisme. Dans l'histoire des ides politiques, son rle est plus secondaire. Elle n'a pas proprement parler une philosophie politique. Elle s'est dclare tour tour en faveur de la Rpublique et de la monarchie constitutionnelle. La dmocratie l'effrayait : elle ne comprenait et n'aimait pas le peuple. Elle n'a gure aperu les problmes sociaux sous les problmes politiques. Elle n'a pas apport l'tude de ceux-ci une mthode originale et neuve. Mais il reste qu'elle est, avec Benjamin Constant, le plus brillant reprsentant des ides librales. [Extrait de: Les crivains politiques du XIXe sicle. Extraits. Albert Bayet et Franois Albert. Librairie Armand Colin, 1907]Madame de Stal et De lAllemagne (1813-2013) - Bibliographie Madame de Stal par Franois Grard, 1810 En 1813 parait Londres un essai promis un bel avenir : De lAllemagne. Son auteur, Madame de Stal, est lune des figures intellectuelles dominantes de cette priode. Rpublicaine, elle est la plus farouche opposante lEmpereur, animant Coppet (Suisse) un cnacle qui regroupe une grande partie de lintelligentsia europenne. Alternant uvre politique, essais littraires et romans (Delphine, Corinne ou lItalie), elle annonce une nouvelle sensibilit. Dans De lAllemagne, considr comme lun des premiers essais de littrature compare, Madame de Stal trace un portrait en profondeur de ce pays. Elle inscrit la culture allemande dans son contexte politique, social, historique, mais aussi climatique et gographique. Elle pense que les franais, limage de leurs voisins, devraient chercher une nouvelle inspiration, un nouveau style, puisant dans leurs traditions, souvrant aux crivains trangers, et laissant libre cours lmotion voire la passion. Le succs de cet ouvrage est retentissant car il jette les bases du Romantisme franais. Mais Madame de Stal ne verra pas le triomphe de ses ides : elle meurt en 1817, 51 ans.Rsum et commentaire de loeuvreGermaine de Stal est la fille de Necker, le clbre ministre de Louis XVI. Elle grandit au milieu du salon prestigieux que tient sa mre, et sinitie la philosophie des Lumires. En 1786, elle pouse lambassadeur de Sude, le baron de Stal-Holstein. partir de la Rvolution, son prestige ne cesse de crotre. Elle est favorable une monarchie constitutionnelle, elle intrigue, elle se lie avec lcrivain Benjamin Constant. Ses ides politiques librales ennuient Napolon, qui lui ordonne de sloigner dau moins quarante lieues de Paris. La voici donc en exil, en Allemagne, en Italie, en Autriche, mais la police impriale ne cesse de lennuyer. Femme admirable et cosmopolite au confluent de deux sicles, elle a travers lEurope, rencontr de grands hommes, et marqu de son empreinte lhistoire du romantisme naissant.En effet, dans ses deux ouvrages thoriques De la littrature considre dans ses rapports avec les institutions sociales (1800), et De lAllemagne (1813), Mme de Stal dfinit le mal du sicle, cette mlancolie caractristique de lme romantique, le gnie et linspiration. Elle fait connatre la France la littrature allemande, et prcise quelques oppositions demeures clbres entre posie du Midi et posie du Nord, classicisme et romantisme. Mme de Stal fait ainsi le lien entre le rationalisme critique du XVIIIe sicle et le romantisme enthousiaste du XIXe sicle.Mais elle sest aussi illustre par ses romans. Delphine, roman pistolaire* publi en 1802, raconte les amours contraries de Delphine et de Lonce. Celui-ci croit tort linfidlit de son amie, et finit par pouser Mathilde. Lorsquenfin il se rend compte de son erreur, il ne se rsout pas au divorce, tandis que Delphine entre dans les ordres. Il se jette dans le feu de la guerre o il trouve la mort, bientt rejoint par Delphine.Corinne ou lItalie (1807) voque la passion de Lord Oswald, de voyage en Italie, pour la potesse Corinne. Les sentiments sexaltent au spectacle enthousiasmant des beauts du pays. Revenant en Angleterre, Oswald se laisse vaincre par les prjugs de son entourage, pouse Lucile et renonce Corinne qui, lapprenant, meurt dans les bras des jeunes fiancs.Dans ses romans, face la socit et ses rgles, Mme de Stal rhabilite la passion et rclame le droit au bonheur daimer. Elle jette toute son ardeur dans ses rcits, aux accents bien souvent autobiographiques.

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