le projet de station touristique

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  • Vincent VLES

    Le projet de station touristique

    Contribution des sciences de l'amnagement aux mthodes de planification touristique

    Cet ouvrage est paru en 1996 aux Presses Universitaires de Bordeaux sous le titre :

    Le projet de station touristique. Collection Le territoire et ses acteurs, Pessac : Presses Universitaires de Bordeaux, 403 p., ISBN 2 86781 184 8

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  • Cet ouvrage s'intresse plus aux savoir-faire, la praxis des amnageurs qu' la gographie des amnagements touristiques : on y analyse l'ensemble des actions visant transformer les moyens de production de l'espace et de l'conomie touristiques.

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  • Cet ouvrage traite du savoir-faire du technicien, de l'ingnieur, du directeur d'office de tourisme qui faonne, depuis maintenant prs de trois dcennies, le territoire local de la production touristique : la station. Il analyse les stratgies, les mises en uvre, les pratiques de l'amnagement et du dveloppement touristique. Il propose une construction du projet de station, mthode qui est l'aboutissement d'expriences de terrain. Il prsente un guide des interventions. Il dcrit des modes opratoires, tmoigne moins des savoirs que des savoir-faire ncessaires la planification et la programmation locales. Il expose une articulation possible d'outils juridiques et techniques complexes. Il insiste sur leur cohrence pour articuler, dans le projet de station, les solutions possibles avec les finalits locales, les finalits avec les objectifs, les moyens avec les objectifs, les outils avec les moyens. Il souhaite aider l'oprateur hirarchiser les problmes, dterminer les priorits et saisir les opportunits en fonction d'une analyse raisonne des atouts et des contraintes du dveloppement d'une station touristique. Les travaux de Vincent Vls portent depuis plus de 30 ans sur les stations touristiques. Cet ouvrage, publi aux Presses Universitaires de Bordeaux en 1996, aujourdhui puis, fut sa premire publication de synthse sur les stations touristiques (aujourdhui complte par une trentaine de publications, dont les plus marquantes sont disponibles en archives ouvertes dans la banque en ligne HALSHS du CNRS. Aprs une exprience professionnelle au sein des services de l'Etat et de la Rgion Aquitaine, il est nomm matre de confrences en 1985 puis professeur d'amnagement et d'urbanisme l'Universit Michel de Montaigne-Bordeaux 3 en 1993. Il dirige de 1990 2002 le D.E.S.S. "Amnagement et gestion des stations touristiques" et, depuis 1993, l'Institut d'Amnagement. Directeur de lIUP Amnagement, des masters damnagement touristique, Vice-Prsident de lUniversit de Pau et des Pays de lAdour, il dirige depuis 2002 des recherches sur lamnagement et les stations de montagne, notamment des Pyrnes au sein de deux laboratoires de recherche : lUMR SET de luniversit de Pau et lUMR CERTOP de luniversit de Toulouse 2.

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    Sommaire Table des graphiques et tableaux Table des tudes de cas Liminaire : la station, territoire du projet de dveloppement touristique p. 9 Chapitre 1 : Le positionnement de la station dans son environnement conomique p. 23 Introduction 1. La station touristique comme destination : utiliser les units de compte bon escient 1.1. Frquentation de la station et structure de l'hbergement rceptif p. 25 1. les htels, cafs, restaurants (H.C.R.) p. 28 2. les autres hbergements : rsidences secondaires, de tourisme, meubls, gtes, l'hbergement social p. 32 3. l'htellerie de plein air p. 51 1. 2. Mthodes de mesure des flux et retombes du tourisme en station p. 53 1. Les mthodes d'valuation du dveloppement touristique . l'approche des flux par l'examen des publications statistiques p. 53 . l'approche des retombes par l'examen des publications statistiques p. 59 2. les mthodes d'valuation du phnomne touristique en station p. 70 . les mthodes de mesure de l'volution de l'offre en hbergements p. 70 . les mthodes de mesure des frquentations touristiques en station p. 71 . les mthodes de mesure des retombes conomiques en station p. 74 2. Les acteurs du march : les couples produits/clients p. 76 2.1. Les nouvelles caractristiques de la demande (les clients) p. 76 2.2. Les rigidits de l'offre (la production) p. 79 1. les types d'intervenants 2. les investisseurs privs, cls de l'offre p. 82 2.3. Les contraintes financires de l'amnagement de la station p. 83 1. Le financement de l'entreprise touristique . le volume de l'investissement touristique p. 83 . les modalits de financement de l'entreprise touristique p. 85 2. Les contraintes du financement de l'immobilier en station p. 86 . les contraintes du financement du foncier p. 88 . les contraintes du financement de l'immobilier p. 89 3. Le financement de l'amnagement et des quipements touristiques publics p. 90 . les difficults financires des communes touristiques p. 91 . les ressources communales spcifiques p. 92 3. Les dynamiques rcentes du march de l'amnagement et des quipements touristiques p. 96 3.1. Les stations littorales confrontes la crise p. 97 1. les problmes lis une frquentation peu diversifie 2. l'adaptation de l'immobilier aux souhaits de la demande p. 98 3.2. Stations de montagne en restructuration p. 101 1. vers une mutation de la production de l'amnagement touristique 2. l'amnagement neige confront la ncessaire pluri-activit p. 104 3.3. Les parcs thme et de loisirs p. 105 3.4. Les stations thermales p. 107 3.5. Les sites patrimoniaux et urbains, le tourisme culturel p. 107

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    Conclusion du chapitre p. 119 Chapitre 2 : La station comme projet politique d'amnagement et de dveloppement p. 121 Introduction : L'environnement des politiques europennes p. 121 1. Le projet touristique franais p. 131 1.1. Schma simplifi de l'organisation touristique en France p. 133 1. l'organisation centrale et dconcentre du tourisme de l'tat franais p. 135 2. les comptences attribues par l'tat aux collectivits locales et leurs outils p. 140 1.2. La lgislation sur les stations p. 145 1. La station comme catgorie juridique de commune 2. La station comme organisation politique et technique des communes touristiques p. 147 2. L'tat, amnageur touristique : de l'intervention l'arbitrage p. 149 2.1. Le temps de l'ordonnancement du dveloppement (1963-1983) p. 150 1. l'amnagement par la planification spatiale (1963-1984) . les missions d'amnagement du littoral . le Conservatoire du Littoral et des Rivages Lacustres p. 162 2. l'amnagement par l'encadrement technique de la montagne (1965-1983) p. 165 . le rle du S.E.A.T.M. p. 166 . l'adaptation de l'offre touristique la demande p. 167 3. l'amnagement par l'incitation : l'tat et le tourisme rural avant 1983 p. 170 2.2. Dcentralisation, solidarit et devoir d'assistance (1983-1993) p. 173 1. les nouvelles U.T.N. et la leve des tutelles pour les montagnes (1985) p. 178 2. la protection des espaces naturels au centre de la loi "littoral" (1986) p. 188 3. tourisme rural : la poursuite des politiques contractuelles et intercommunales p. 192 4. le Plan de l'tat et les contrats de Plan Etat-Rgion (depuis 1984) p. 195 . le IXe Plan et les contrats de Plan 1984-1988 p. 196 . le Xe Plan et les contrats de Plan 1989-1992 p. 207 3. Les politiques de dveloppement touristique des rgions et dpartements p. 210 3.1. La nouvelle organisation rgionale et dpartementale du tourisme p. 211 1. l'organisation touristique rgionale 2. l'organisation touristique dpartementale p. 212 3.2. Interventions budgtaires et programmes d'amnagement p. 214 1. des politiques rgionales d'amnagement et de dveloppement autonomes 2. des politiques dpartementales trs diversifies p. 219 3.3. Des programmes orients vers la promotion touristique institutionnelle p. 220 1. budgets et moyens 2. pratiques de la promotion institutionnelle p. 221

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    Conclusion du chapitre p. 224

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    Chapitre 3 : La conduite du projet de station p. 225 Introduction : Mettre en place une politique gnrale de station p. 225 1. Principes de la planification touristique p. 229 1.1. Anticiper les volutions venir p. 230 1.2. Programmer les phases du plan touristique local p. 232 1. le diagnostic . objet et contenu . l'exemple d'un diagnostic : Saint Emilion p. 233 2. la mise en uvre stratgique et oprationnelle p. 246 . La programmation et le plan d'action p. 247 . L'valuation du projet p. 247 2. Les outils de l'analyse stratgique et de la direction des stations p. 249 2.1. L'analyse de l'historique de la station p. 251 2.2. L'analyse externe et concurrentielle : le positionnement de la station dans son march p. 253 1. Les modles de prvision des marchs : une dmarche pralable l'amnagement p. 259 . Les composantes sociologiques du march touristique p. 264 . Mthode de l'tude du march de la station p. 269 2. l'ajustement du produit "station" l'environnement touristique p. 282 . L'ajustement l'environnement touristique . La concurrence p. 283 2.3. L'audit interne de la station : la matrise des couples cible-offre p. 285 1. le produit p. 286 2. le prix p. 294 3. la distribution et la commercialisation p. 298 4. la stratgie de communication p. 224 2.4. L'laboration des axes stratgiques et d'un plan d'action court terme p. 312 1. Mthodes 2. L'exemple de Saint Emilion p. 314 2.5. Le choix des outils de gestion des stations, des quipements et des amnagements touristiques p. 325 1. Les classements p. 327 . La station classe p. 327 . Le classement des organismes assurant l'accueil et l'information du public p. 328 2. Les modes de gestion p. 330 1. la gestion directe p. 331 . la rgie sans personnalit morale ni autonomie . la rgie dote de l'autonomie financire . la rgie personnalise p. 332 . la rgie "Office Municipal de Tourisme" (O.M.T.) p. 333 2. la gestion indirecte publique p. 336 . par march de prestation de services . par contrat de service public 3. la gestion indirecte prive p. 338 4. la gestion indirecte mixte p. 339

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    . l'Office de Tourisme associatif loi 1901 (O.T./S.I.) p. 339 . le Groupement d'Intrt conomique (G.I.E.) p. 341 . la Socit d'conomie Mixte Touristique Locale (S.E.M.) p. 341 2.6. Le tableau de bord de gestion des stations touristiques p. 348 1. le concept de tableau de bord de gestion des stations . un instrument d'valuation adapt chaque situation locale p. 350 . un instrument de pilotage et non d'observation p. 352 2. le fonctionnement pratique de l'outil : l'exemple du Ple du Mdoc Bleu p. 353 . les fiches prestataires . les fiches d'oprations . les requtes 3. un outil d'valuation pour la gestion long terme des stations p. 360 . ds sa mise en place, donner l'outil toute sa porte en termes de management p. 361 . la matrise du court terme comme moyen d'accs au dveloppement touristique p. 363 Conclusion du chapitre : Le tableau de bord de gestion des stations touristiques, un moyen d'affirmer la lgitimit des politiques touristiques institutionnelles p. 366 Conclusion : une contribution des sciences de l'amnagement aux mthodes de planification touristique p. 369 Glossaire de l'amnagement et de la gestion des stations p. 375 Bibliographie p. 391

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    Table des graphiques et tableaux Part relative de chaque catgorie du parc d'hbergement 1985-1994 p. 28 Capacit et frquentation moyennes de l'htellerie homologue p. 29 Rsidences de tourisme : les principaux groupes p. 34 Rpartition gographique des rsidences de tourisme p. 39 La progression du tourisme international p. 55 Classement des principaux pays dans le tourisme international p. 55 Les touristes trangers en France p. 55 Le tourisme franais dans le monde p. 56 Destinations des touristes franais p. 57 Mode d'hbergement des touristes franais p; 58 Un apport de richesses valoriser l'chelon national p. 61 Un apport de richesses valoriser l'chelon rgional p. 61 Le poids conomique de l'amnagement dans le tourisme p. 62 La cration d'emplois et l'amnagement du territoire p. 64 Exemples de quelques montants de dotation particulire et supplmentaire p. 94 Les composantes du tourisme urbain p. 108 Conceptions de la culture patrimoniale p. 112 Formes du tourisme lies la culture p. 117 Acteurs et institutions du systme politico-administratif touristique p. 122 Schma simplifi de l'organisation politique, administrative et technique du tourisme institutionnel en France p. 134 Les acteurs de l'amnagement et du dveloppement touristique des stations p. 142 La nouvelle rpartition des comptences dans l'amnagement et la gestion des stations p. 143 L'engagement de l'tat et des rgions au IXe Plan p. 197 L'analyse stratgique d'une station p. 250 Analyse de l'adaptation des stratgies au march par l'exemple des couples produits-clients p. 256 La rvolution "copernicienne" dans la management des stations p. 260 Cycle de vie d'un produit touristique en station p. 262 Pyramide de Maslow adapte au tourisme en station p. 265 Les variables comportementales p. 266 Les styles de vie d'aprs le C.C.A. p. 268 Innovation pour la station et le march p. 287 Courbes de vie d'un produit p. 288-290 Stratgie et cycle de vie d'un produit p. 291 Classification des produits de la station selon leur position dans leur courbe de vie par rapport la concurrence p. 292 Grilles d'analyse stratgique du Boston Consulting Group p. 293 Connatre l'lasticit de la demande par rapport au prix p. 296 Liens entre l'image de la station et ses cibles de clientle p. 304 tapes de la matrise des couples cibles/offre p. 305 Les prescriptions stratgiques selon Mac Kinsey p. 313 Le tableau de bord de gestion de station p. 360

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    Table des tudes de cas

    L'adaptation du tourisme social au march : le cas du Club Mditerrane p.49 Les stations des Pyrnes maintiennent la population montagnarde p. 67 La Mission Languedoc-Roussillon p. 151 La Mission Interministrielle d'Amnagement de la Cte Aquitaine p. 153 Un exemple de ralisation du Conservatoire du Littoral : le Domaine de Certes p. 163 Une procdure dconcentre des U.T.N. p. 181 Le dossier U.T.N. p. 182 L'exemple d'un diagnostic : le cas de Saint Emilion p. 233 Grilles B.C.G. de Sarlat et de Biarritz p. 293 La distribution et la commercialisation : le cas de Biarritz p. 299 La stratgie de communication : le cas de Biarritz p. 301 Biarritz : diagnostic externe p. 306 Biarritz : diagnostic interne p. 308 Exemple de stratgie et de plan d'action prconiss Saint Emilion p. 314 Le fonctionnement pratique d'un tableau de bord de gestion de station : le ple du Mdoc Bleu p. 353 Les indicateurs du Mdoc Bleu p. 364 Les indicateurs de Biarritz p. 364

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  • Liminaire 9

    Liminaire

    La station, territoire du projet

    de dveloppement touristique

    es travaux publis dans le domaine de l'amnagement touristique tudient d'ordinaire le phnomne par une approche descriptive et statistique de ses rsultats. Ils livrent des lectures plus ou moins diversifies de l'histoire de l'quipement du territoire, proposent une gographie de la demande et de

    l'offre touristiques (Cazes, Dewailly, Hoerner...), construisent des systmes d'in-terprtation des stratgies d'entreprise (Spizzichino, Michaud). L'espace touris-tique y fait l'objet d'une rflexion sur des phnomnes macro-conomiques (Baretje, Cazes, Py, Sessa, Vellas, Wackermann...), micro-conomiques (Bonomi, Tortelli...) sur la conduite des politiques (Frangialli, Grolleau), dressent des typologies (Beau) ; on y applique encore, en 1993, l'analyse systmique (Clary, Gaulis). Ces tudes sont autant de contributions la connaissance du phnomne touristique, des flux humains et conomiques qu'il gnre dans l'es-pace et dans le temps, mais s'intressent peu aux savoir-faire du technicien, de l'ingnieur, du directeur de station qui faonnent, depuis maintenant prs de trois dcennies, l'outil de production. C'est cette connaissance des savoir-faire, de la praxis des amnageurs et ges-tionnaires de station dont il est ici question : on y analyse l'ensemble des actions visant transformer les moyens de production de l'espace et de l'conomie tou-ristiques locales. L'ouvrage analyse des pratiques, des mises en uvre, des mtiers. Il propose une construction mthodologique du projet de station, issue d'exprimentations et d'expriences conduites dans l'amnagement et la gestion oprationnels des villes et des sites touristiques. Il prsente un raisonnement apte guider l'intervention sur le terrain travers les finalits de l'action. Il dcrit des modes opratoires, tmoigne moins des savoirs que des savoir-faire nces-saires la planification et la programmation locales. Il expose un mode d'articula-tion d'outils conceptuels au maniement complexe. Il insiste sur la ncessaire co-hrence de la pense qui articule, dans le projet de station, les possibles avec les plausibles, les plausibles avec les finalits, les finalits avec les objectifs, les objectifs avec les moyens, les moyens avec les outils, l'ensemble du dispositif faisant l'objet d'une valuation permanente. Il souhaite aider l'oprateur hirarchiser les problmes, dterminer les priorits et saisir les opportunits en fonction d'une analyse raisonne des couples forces/faiblesses de la station.

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  • 10 Le projet de station Il tente galement de rconcilier les optiques d'amnagement touristique et de production touristique parfois prsentes comme divergentes : on entend sou-vent, surtout dans les professions de la promotion touristique, des propos qui dressent un portrait caricatural du dveloppement des stations : leur dification serait issue d'une volont purement politique et immobilire et aurait ignor leur mise en march conomique. Le constructeur ayant achev son travail, le pilotage des stations reviendrait actuellement uniquement au vendeur de sjours. L'homme du marketing succderait ainsi l'amnageur. Cette doctrine parat pour le moins rductrice et le travail en station permet d'af-firmer le caractre permanent de l'amnagement touristique, y compris sur le terrain du marketing appliqu au tourisme. L'opposition entre production immobi-lire et mise en march de produits de loisirs apparat pour le moins arbitraire. Bien peu d'amnagements, on le verra, permettent de postuler que leur projet politique fondateur n'a tenu aucun compte de la contrainte conomique et qu'il n'volue pas avec elle. La production institutionnelle de l'amnagement touris-tique a t directement lie l'expression de la demande de loisirs et l'a mme souvent anticipe. Ce sont les formes de la consommation de loisirs, leurs ac-ception anthropologique qui, en voluant plus rapidement que la ralit urbaine, fige par sa matrialit, ont provoqu des dcalages entre l'outil de production et le march. D'o la ncessit de faire voluer l'amnagement pour l'adapter la demande. En termes oprationnels, toute la problmatique de dveloppement des stations se situe aussi dans la modification de l'offre immobilire, dans le rajeunissement d'un projet urbain qui avait t conu pour une socit o seules comptaient la consommation primaire de loisirs : on passait ses vacances en 1970, on les vit en 1995. Cet ouvrage est donc le fruit d'un double projet : favoriser le rapprochement entre les praxis du couple amnagement/marketing dans la planification et la gestion des stations touristiques d'une part, engager un dbat sur les mthodes opratoires du directeur de station touristique d'autre part. Il ne s'agit pas de re-transcrire l'histoire de l'amnagement touristique mais de formaliser sa fonction et ses mthodes. Les enjeux de l'amnagement et du dveloppement touristiques, parce qu'ils impliquent l'action sur un territoire, font du projet de station un passage oblig par l'anticipation pour agir. On le considre ici sous le double clairage de l'exp-rience et du cadre thorique bauchs dans trois crits immdiatement prc-dents, Production de l'amnagement rural et recherche de l'quit spatiale (1992), La porte d'une thique de la compensation dans la pratique de l'am-nagement (1993, I et II) et Le tableau de bord de gestion de station, outil de ma-nagement local (1994). A la lumire de ces travaux et des rflexions qu'ils ont provoques dans la communaut scientifique, la conduite du projet de station est dcrite ici la fois comme instrument d'utilit sociale, et comme outil d'amna-gement du territoire : l'amnagement oppose la contrainte conomique la re-cherche raffirme d'une meilleure rpartition des hommes et des activits sur l'espace, la mise en uvre d'une "quit " de l'intervention sur le territoire, concept que les recherches prcdentes avaient approch sous le terme de "justice spatiale". Les dbats sur l'amnagement du territoire relancs en 1993 dans le cadre de la prparation de la loi de 1994 n'ont pas rellement infirm

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  • Liminaire 11 cette hypothse. L'actualit qui fut celle du dbat sur l'aide aux zones de faible densit, sa problmatique pose en termes de solidarit nationale, ou encore celle de la tentative du traitement des exclusions de la ville par l'appel aux solida-rits persistent mettre en lumire la dichotomie de l'amnagement, balanant entre utilit conomique centripte et redistribution spatiale centrifuge. Ces concepts, qui sont apparus pour la premire fois dans la loi d'amnagement du territoire vote par le Parlement en 1995, sont ici confronts aux pratiques strictement oprationnelles du dveloppement des stations touristiques. On s'in-terroge sur le sens que les acteurs publics et privs donnent l'amnagement dans ce cadre. Le considrent-ils seulement comme un aboutissement, l'envisa-gent-ils qu'en tant que rsultat, consquence, produit purement matriel de lo-giques conomiques et sociales ? La poursuite du travail de rflexion pistmologique engag prcdemment, la confrontation des concepts aux objections des tudiants dans les cours ou celles des chercheurs et des professionnels pendant sminaires et congrs montrent la ncessit de procder une construction de la pense analytique de l'amnagement touristique en partant de son objet principal : l'tude du sens de la conduite du projet de l'intervention sur l'espace. L'tude des modes de conduite du projet d'amnagement touristique examine l'application dtaille de ces concepts. Leur comprhension repose non pas sur la seule observation, mais aussi sur l'exprimentation. C'est la recherche de la signification de l'am-nagement qui justifie cet essai : analyse du contenu d'un projet en tant que signe, d'un ensemble de signes, recherche autour d'un rapport rciproque qui unit le signifiant et le signifi, tude des signifis... Il s'agit ici d'tablir une diff-renciation des ordres et des plans qui lgitiment l'acte d'amnager pour le tou-risme: qui veut quoi - et pourquoi - et qui peut quoi ? Quels sont les jeux des ac-teurs du dveloppement des stations et comment le domaine du politique s'arti-cule-t-il avec celui du technique ? O le rgne de la faisabilit technique finit-il dans la conduite du projet, et o commence celui de la ncessit symbolique ? Restreindre l'approche de l'amnagement touristique sa seule dimension co-nomique ne peut qu'en limiter la pertinence, l'acception propres. Cette perspec-tive occulte son concept fondateur, son "signifi(*)", au profit de la seule "signi-fiance(*)" : la production. Invention du XIXe sicle, le tourisme souffre d'une in-suffisance conceptuelle due la rduction de son sens au couple travail/capital. Cette forme de rduction est particulirement valable dans la conduite du projet d'amnagement touristique. L'tude des projets de station occupe une place marginale dans l'examen traditionnel de la gestion spatiale du tourisme ; on ne le pose pas comme objet d'analyse scientifique mais on le considre tout au plus comme une application, une manifestation matrielle issue d'enjeux qui la d-passent. C'est tout au plus un signe (*) dont l'analyse du contenu ne saurait rele-ver d'un champ scientifique, car il lui serait extrieur. Mais l'amnagement touris-tique n'est pas que cela. Car partir du moment o l'on admet son existence en tant que projet, on en soumet la gense un code (*) qui n'est pas seulement un protocole opratoire : il suit des rgles qui lui sont propres. Le projet d'amna-gement touristique n'est pas uniquement un reflet ou le produit d'une volont po-

    (*) : ce symbole renvoie au glossaire en fin d'ouvrage

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  • 12 Le projet de station litique ou d'un processus conomique mais il est aussi porteur de son propre symbolisme. Force est alors de lui reconnatre une intention particulire. Le dveloppement touristique ne saurait tre rduit une simple activit de vente de services marchands. Est-il besoin de rappeler que l'amnagement des sta-tions a permis le fort et rcent dveloppement de l'conomie du littoral, des montagnes et d'une partie du monde rural? Que la seule commercialisation des produits touristiques ne reprsente aujourd'hui en France que 20 % du chiffre d'affaires touristique ? C'est un fait de socit, nous dit Urbain, que prs de 80 % des vacanciers sont dsormais, "non seulement dans leurs ttes, mais aussi dans les faits, y compris sur le plan international", de "libres voyageurs". Ils choisissent et se rendent de leur propre chef dans leur lieu de vacances, en vitant parfois soigneusement les filires de commercialisation des produits. Les fonctions que recouvre le mot tourisme sont donc varies et n'ont souvent que peu de liens entre eux. Les r-duire la seule production de services marchands en diminue le rle, l'impact social et culturel. D'ailleurs il convient de rappeler que mme au sens strictement conomique du terme les statistiques officielles ne reconnaissent pas une unique filire touristique : l'activit du cafetier n'est pas directement lie celle du promoteur... Les interdpendances, qui se font jour peu peu entre ces mtiers, ne font que rarement encore l'objet d'une action concerte, de politiques uniformes. Les stations rellement intgres (resorts 1 ) sont encore marginales et fonctionnelles: dans la grande majorit des sites d'accueil, l'implantation du cafetier obit une logique professionnelle et sociale de cafetier, la construction d'hbergement celle du promoteur, la ralisation d'quipement celle de la collectivit. Comment des stratgies si diversifies s'imbriquent-elles dans un projet commun ? La question n'a gure t traite ; le vocabulaire qui dcrit le fonctionnement de la station touristique apparat souvent complexe et recouvre des significations trs diffrentes selon les interlocuteurs. Le nophyte l'utilise souvent contre-sens, mais il n'est pas le seul : une partie de la profession2 de l'encadrement touristique donne aux mots du tourisme un sens qu'ils n'ont jamais eu. Les cher-cheurs buttent galement sur ces dfaillances qui entretiennent "l'obscurit 1 : le terme anglo-saxon resort signifie, tymologiquement, lieu de sjour ou de vacances. Il correspond naturellement au mot station de la langue franaise. L'anglicisme usit en France de resort rduit considrablement le sens du mot des lieux de sjours composs uniquement d'entreprises intgres : Walt Disney Resort n'est pas pour rien dans ce dtournement smantique. Georges Cazes (1992, tome II) propose une rflexion riche sur la notion d'intgration, et en juge les expriences "riches mais disperses et fragmentaires"(p. 168-188). 2 : Un ingnieur d'une grande compagnie d'amnagement touristique du Limousin donne ainsi , en 1993, une dfinition personnelle du taux de dpart et en compare ensuite les rsultats avec des moyennes nationales collectes par l'INSEE selon des critres diffrents. Les conclusions de l'tude en sont bien entendu fausses d'autant.

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  • Liminaire 13 scientifique"(Cazes). "Le phnomne est encore mal compris. Il est analys de faon superficielle et partielle, en fonction de schmas conceptuels inadquats. Il n'y a gure de domaine dans les sciences sociales o le dcalage entre le dis-cours politique ou scientifique et la ralit des faits est plus flagrant" crit la so-ciologue M.F. Lanfant3. Quelques dfinitions, explications et descriptions - notamment statistiques - s'imposent donc d'emble. Leur objet est autant de prciser la porte des termes utiliss dans ces mtiers que de circonscrire clairement les conditions de la conduite du projet oprationnel en station. Cette "lexicologie" peut donner au dbut de ce premier chapitre l'allure rbarbative d'un tat des lieux des tech-niques de l'amnageur touristique, celle d'un "prcis " universitaire, mais com-ment avancer dans l'analyse pistmologique du projet de station, comment s'orienter si on mconnat le sens de son action ?

    Tourisme

    S'interroger sur le sens du mot tourisme n'est pas le but de cet ouvrage : l'ensemble des ouvrages scientifiques publis ce jour abordent, chacun leur faon, le concept. Rappelons seulement quelques vidences. Le mot "touriste" semble antrieur celui de "tourisme" : l'apparition de tourist en anglais (issu du franais tour) vers 1800 est postrieure celle du mot va-cances. Curieusement, les deux mots et, par voie de consquence, les deux concepts ne sont pas lis ; les vacances sont, tymologiquement, le temps o l'on ne va pas en classe. Le tourisme est une activit vacancire associe la mobilit. Par extension, le tourisme est devenu une pratique de loisirs, notion relativement complexe que l'on peut dfinir par opposition au temps "contraint", qui recouvre lui-mme des significations varies selon les cultures, les conven-tions sociales, les conceptions individuelles. Le tourisme est fond sur le dplacement, la qute de la diffrence, le dpay-sement. Sans ce changement de "pays" ou, plus simplement, de dcor, il ne peut y avoir proprement parler de tourisme, pas plus que de loisir dplac. Le tourisme unit l'conomie l'espace : pour le professionnel, c'est une activit qui consiste rapprocher une "demande" (le dsir de dpaysement, de repos, de dcouverte, d'motion...) d'une "offre" (un territoire, un espace, un patrimoine, c'est--dire une histoire, un mode de vie, etc.). C'est l'ensemble des activits qui concourent satisfaire les besoins des voyageurs. Les gographes et les conomistes, pionniers dans l'approche scientifique du phnomne touristique, insistent sur la structure de son dveloppement dans l'espace : le tourisme se polarise en fonction d'une trame, d'un rseau, d'une armature - le plus souvent urbaine - capable d'offrir des relais de dcisions, d'harmoniser la rencontre entre offre et demande d'un loisir dlocalis, de per-mettre des adquations au sein des couples produits/touristes. 3 : Revue Internationale des Sciences Sociales, 1, 1980.

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  • 14 Le projet de station Amnagement touristique

    Nous donnerons au terme d'amnagement touristique sa plus large accep-tion, celle qui recouvre toutes les stratgies d'intervention et d'organisation de l'espace social et naturel. En aucun cas il ne s'agira ici de le limiter sa dfini-tion strictement administrative, oprationnelle ou l'urbanisme. L'amnagement touristique recouvre l'ensemble des actions crant les conditions favorables une exploitation qui se veut rationnelle de l'offre et de la demande touristiques en tenant compte des destinations concurrentielles (optique "march"), de l'ac-ceptation des populations locales (optique "politique publique"), des moyens de mise en uvre (optique "institutionnelle"). Retenons que cette approche, qui avantage le rapprochement entre l'optique de la production de l'amnagement et l'optique commerciale est aussi celle du ministre du Tourisme (Mac, 1987). L'amnagement touristique est plus qu'une simple action de juxtaposition d'h-bergements et d'quipements de loisirs pour les touristes : il les insre aussi dans une perspective d'amnagement du territoire. S'il concrtise la demande sociale en contribuant crer l'offre correspondante, le choix des implantations sur le territoire est issu de l'affrontement des ides d'utilit (conomique) et de rgulation, de solidarit (politique), d'un quilibre symbolique entre des revendi-cations d'autonomie locale et des devoirs d'assistance. Les crises de l'un ou l'autre de ces lments fondateurs (crise conomique, qui restreint la demande ou crise politique, qui drgle le systme de gestion de l'offre) dbouchent sur des incertitudes et parfois des revirements dans les politiques publiques d'am-nagement touristique. On ne saurait en rduire l'approche en termes d'utilit ou d'efficacit. Le projet de station n'est pas seulement fait d'un ensemble d'actions d'organisation de l'espace : il intgre galement la planification conomique lo-cale (les appellations "anglo-saxonnes" de l'amnagement touristique font bien apparatre cette distinction smantique : on le nomme planning of resorts en secteur public, corporate business planning en secteur priv). On a parfois tendance rduire la problmatique du dveloppement et de l'am-nagement touristique la seule difficult qu'il y a concilier l'exploitation et la protection du patrimoine (naturel ou humain). L'quipe de M.F. Lanfant a fort justement critiqu l'optique rductrice qui consiste rduire l'analyse du milieu local la mesure de l'impact du tourisme, comme si la station n'tait qu'une cible, lieu vid d'autonomie politique et sociale et sans capacit de prise de dcision. L'espace patrimonial et l'amnagement touristique sont, bien entendu, perptuel-lement en tension: il est quasiment impossible d'amnager ou de dvelopper un site pour le tourisme sans altrer ou sans dnaturer ce qui fonde le dplacement. Mais il n'y a pas de dplacement sans amnagement, ni infrastructure. Et, s'il est vrai que le tourisme porte sa part de responsabilit dans la dgradation d'une partie du patrimoine qui constitue l'offre touristique, il est abusif de conclure que l'amnagement touristique est par nature et toujours destructeur. De nombreux exemples parmi les plus prestigieux programmes montrent le contraire. Le tou-risme amnag est vraisemblablement la principale activit apportant une valeur ajoute aux actions de protection et de sauvegarde du patrimoine. Il en permet souvent le financement ou la restauration (fac-simil de Lascaux II, abbayes, grands sites...). Le paradoxe entre mise en valeur et destruction d'un mme pa-

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  • Liminaire 15 trimoine n'est qu'apparent. Il en cache un plus profond et plus fondamental, qui confronte systmatiquement les motifs conomiques de l'amnagement touris-tique au projet politique qui le porte. C'est de cette confrontation qu'il est question ici.

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  • 16 Le projet de station Station

    Station : du latin statio, stare : se tenir debout, s'arrter. La station est le lieu o s'arrte le voyageur1 . Francesco Frangialli, qui occupa la fonction importante de "Directeur de l'In-dustrie touristique" au Ministre franais du tourisme avant d'occuper celle de Secrtaire Gnral Adjoint de l'Organisation Mondiale du Tourisme Madrid insiste sur cette structure basique de la production de l'activit touristique : "le tourisme de vacances n'chappe pas la notion de station, qu'elle soit littorale, thermale, de montagne ou demain rurale"(1991) . Qu'est-ce qu'une station touristique ? Le traitement de la question peut sembler superflu tant le concept de station semble bien rpondre une ralit cono-mique et sociale locale. Il convient pourtant de prciser tous les sens d'un terme qui, appliqu inconsidrment au milieu rural, la ville touristique, aux lieux cul-tuels, au patrimoine de l'humanit parat parfois dplac. Car le mot recouvre des images varies dans l'esprit des usagers, images distinctes auxquelles s'ajoutent des catgories juridiques diffrentes. Du point de vue conomique et social, la station est "la forme la plus labore de l'offre touristique rsidentielle, c'est--dire qu'elle est faite pour accueillir des per-sonnes pour des sjours de courte ou de longue dure" (Mac, 1987). Le concept, qui renvoie au territoire communal, sert de cadre la plupart des projets de dveloppement touristique marchand:

    - du point de vue conomique, la station offre un systme territorial de production et de distribution de biens et services dont la coordination et la responsabilit relvent de la responsabilit de la commune ou du grou-pement de communes support. Cependant, la station ne saurait tre as-simile une entreprise : la commune n'est pas une structure de droit priv et la municipalit n'a pas autorit sur les oprateurs conomiques et acteurs sociaux. Les rgles de services rendus la population, qui fon-dent les choix d'une collectivit locale, ne sont pas assimilables celles qui dterminent la rentabilit d'une entreprise. - du point de vue de l'amnagement du territoire et de la planification g-nrale, c'est l'chelon de la station qu'est organis le tourisme. A partir de la gestion d'quipements qui lui sont particuliers, le tourisme contribue polariser l'urbanisation et induire un dveloppement conomique. - du point de vue social et culturel, la station offre des activits de loisir fondes sur une mise en valeur de ressources naturelles (rivages de mer, montagne, eaux thermales, espaces agro-sylvo-pastoraux, patrimoines culturels), ou sur l'enrichissement personnel (de l'esprit, du corps). Elle permet des populations fort diffrentes de se rencontrer, de se connatre.

    1 : l'approche smantique du voyageur est impossible rsumer en quelques mots : parmi d'autres, Jean-Didier Urbain y consacre 260 pages !

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  • Liminaire 17 Dans ces acceptions smantiques, les villes ou les agglomrations, quelle qu'en soit la taille, offrent les fonctions de service et de commandement ncessaires et suffisantes l'extension de l'activit touristique. Elles rythment la rpartition de la consommation touristique en ples aux formes, la nature et au fonction-nement diffrents. Le concept de station recouvre ici une ralit bien plus vaste que celle des seules stations classes : les amnageurs parlent de station pour qualifier les fonctions de tout site touristique offrant un minimum d'hbergements et de prestations, gr de manire autonome par les oprateurs et les lus. On chappera l'obligation, certes usuelle et utile dans les mtiers de la statistique mais qui a peu de sens pour notre propos, de chiffrer la limite minimale de la capacit d'hbergement permettant de distinguer la commune station de celle qui ne l'est pas : on s'en tient ici la dfinition tymologique qui dit qu'il y a sta-tion ds lors que l'on peut stare (rester, en latin) : il y a station lorsque le touriste peut trouver un hbergement sur son lieu de sjour1 . Le financement et la gestion des quipements et services touristiques par la commune structurent l'conomie gnrale de la station. En effet, historiquement, le service public touristique est de nature municipale et tient sa lgitimit de l'intrt local. Le Prfet autorise son intervention dans la commercialisation des loisirs lorsqu'il constate, la demande de la collectivit, que l'initiative prive fait dfaut localement en la matire. La gestion d'une station valorise ainsi le rle des pouvoirs locaux en les conduisant mettre sur le march conomique des produits consommables sur place et non stockables. Les localits, communes ou groupements de communes, sont ainsi devenus progressivement les animateurs du dveloppement touristique, mme lorsqu'ils ne font qu'accueillir les matres d'ouvrages ou les oprateurs. Car la station touristique est assimilable une entreprise constitue d'units de production multiformes dont le commandement hirarchique lui chappe : unit spatiale organise d'hbergements et d'quipements, concentrant un volume de lits et offrant un ensemble de prestations gnralement diversifies, elle est g-re comme une ville, mais surtout elle peut tre apprhende et dirige comme un ple de vente de services constitu de sites multiples. Voici la station tablie comme ensemble politico-conomique : sa position l'intersection de l'intervention prive et publique l'institue en territoire sur lequel la municipalit peut agir en partenariat avec les oprateurs privs pour dvelop-per l'activit touristique. La loi du 23 dcembre 1992, qui a officialis des comp-tences exerces dj depuis prs de vingt ans par les collectivits locales dans le domaine du tourisme, a accru le pouvoir des autorits publiques dans ce do-maine conomique. Elle reconnat aux offices de tourisme, outil techniques des collectivits locales et amnageurs, le droit grer le tourisme en termes mar-chands et de commercialiser certaines formes de sjours. Elle a donn aux 1 : Jean-Pierre Sonois (1987), responsable de la Compagnie des Alpes et C3D (filiales de la Caisse des Dpts et Consignation) estime que la station "doit comporter (...) une importante capacit d'hbergement locatif vocation touristique (...) au moins 3 4000 lits"; cependant, le voyageur s'hberge souvent en station en rsidence secondaire, c'est--dire en hbergement non locatif. Dans certains sites, ce mode d'hbergement peut atteindre 70 % des nuites. En consquence, limiter l'usage des mots des seuils chiffrs en termes de lits revient en rduire considrablement la porte symbolique et le sens.

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  • 18 Le projet de station communes la possibilit de considrer comme missions de service public les fonctions des offices de tourisme en matire de coordination des divers parte-naires du dveloppement touristique local. Elle leur a permis de grer les projets d'quipements collectifs touristiques et les a autorises commercialiser des prestations touristiques dans les conditions prvues dans la loi du 13 juillet 1992. L'ensemble des producteurs touristiques sont ainsi amens, en station touris-tique, se concerter avec la collectivit locale qui est devenue en grande partie responsable de la stratgie, de la promotion, de l'image du lieu. Les oprateurs sont contraints, en ville d'accueil, de composer avec un "patron" institutionnel qui n'est autre que le Maire, principal amnageur public et des "administrateurs" (les "socioprofessionnels" du Conseil d'Administration des offices de tourisme) qui relvent, pour la plupart, du secteur marchand du "produit touristique". On dnombre aujourd'hui en France 3000 Offices de Tourisme qui grent indnia-blement l'espace touristique, celui de la production et de la consommation des services. La direction d'une station touristique est devenue un mtier : le Ministre du Tourisme1 en a mme prcis le profil, tant il considre que la fonction d'animation gnrale du dveloppement touristique local doit tre re-connue sous ce titre et confie un spcialiste "de haut niveau" (Ministre du Tourisme, 1987) plac directement sous l'autorit de l'lu municipal responsable de ce secteur ou sous celle du prsident de l'organisme lgataire, le directeur de station tant, dans le cas d'un office du tourisme, le directeur de cet office. Telles sont les principales significations conomiques et sociales du terme sta-tion. Cependant, le mot recouvre galement un certain nombre de catgories ju-ridiques varies. Si l'appellation prcise station touristique ne correspond au-cune nomenclature particulire figurant au code des communes (1993), l'tat re-connat, dans la fiscalit locale qu'il met en uvre, trois catgories de communes diffrentes : la station classe, la commune touristique, la commune forte frquentation journalire, dont les modes de gestion font l'objet des chapitres suivants dans cet ouvrage. Ces distinctions juridiques introduit un principe de diffrence fiscale (aujourd'hui partiellement remis en cause) destin corriger les ingalits des chances qui dsavantagent indniablement les communes supportant les cots induits par une forte frquentation. Ce principe de diffrence dans la rpartition de l'aide au fonctionnement des amnagements tmoigne de la solidarit ponctuelle de l'tat dans la correction des ingalits conomiques qui contraignent le dveloppement des stations. Le premier chapitre de l'ouvrage examine les mthodes du positionnement de la station dans son environnement conomique. Car lorsqu'on voyage au sein de l'histoire des idaux sur lesquels il se fonde, l'amnagement touristique apparat infailliblement li des signes sociaux, des mtaphores, des symboles et des codes. Il n'est pas question ici de reprendre l'approche du tourisme sous une forme purement smantique, comme a pu le 1 : Mac, op. cit.,1993, p. 40.

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  • Liminaire 19 faire, dans le domaine du voyage, l'excellente analyse anthropologique crite par Jean-Didier Urbain (1991). Cependant, s'interroger sur les concepts qui permet-tent d'interprter globalement une srie de phnomnes ncessite, pour le moins, de prciser la valeur de quelques termes du vocabulaire usuel de l'am-nageur touristique car on verra que leur sens varie selon l'interlocuteur ou l'ac-teur. Dans la mesure ou cet essai est de nature thortique (qui vise la connaissance des mthodes de programmation des stations) , il importe avant tout de s'entendre sur les termes qui fondent des mtiers et des politiques d'quipement du territoire. Ces usages sont confronts la ralit conomique de la station, car si les mots de l'amnagement n'ont pas toujours la forme mme de la volont qui les a produits et ne naissent pas toujours de l'affirmation d'une intention, le projet touristique et sa ralisation sont des signes d'une ide et ils peuvent aussi justifier ou clairer l'action qui en dcoule. La varit des do-maines tudis dans leur relation avec la gestion de l'espace touristique est si grande (urbanisme, amnagement, promotion immobilire, conservation et pro-tection du patrimoine et des milieux naturels sensibles, conomie de la produc-tion, de la consommation, promotion commerciale, management des organisa-tions publiques ou prives) qu'il est apparu important de prciser, avant toute chose, la signification exacte de l'ensemble du vocabulaire du dveloppement touristique : l'exprience de terrain montre qu'en ce domaine neuf, bien des par-tenaires s'ignorent et ignorent encore plus la ralit des mtiers des uns et des autres. L'cart est encore immense aujourd'hui entre les stratgies de l'immobi-lier, qui fondent en partie la production des services, et celles du secteur com-mercial qui permet leur mise en march. L'aperu lexicologique du premier chapitre est donc cens prciser d'abord la valeur et l'utilit de termes, les logiques conomiques et politiques qui les fondent, plus qu' dcrire les phnomnes spatiaux qu'ils recouvrent. Cet exercice de smiologie applique vise galement diffrencier prcisment les rgles qui en prsident l'utilisation, puisque c'est l une des conditions premires d'une thique de l'amnagement, de son entendement et, par voie de consquence, de sa conduite. La principale cause des paradoxes entre projets et rsultats de l'amnagement tient la propension des acteurs associer, souvent sans discernement, dans leur structure analytique, les faits qui relvent de la sphre technique et ceux qui relvent de la sphre politique. Les contradictions oprationnelles viennent de cette habitude courante des acteurs mlanger, dans la conduite d'un mme raisonnement, les causes et consquences, raisons et suffisances de l'intervention politique - qui donne la parole aux idaux et la justice - avec celles de la ncessit technique - qui s'occupe de l'ordre rationnel des faits, de l'efficacit de l'argent investi. On a vu que cette confusion des rles, cette ngation d'un ordre sriel (hirarchique) dans l'intervention spatiale amne valuer des principes qui rpondent des contraintes d'ordre politique, l'exercice d'une rgulation, d'une justice, d'une compensation spatiale avec des critres qui relvent d'un jugement port sur la contrainte conomique, matrielle, de production ou d'utilisation. Les principes qui lgitiment ces deux domaines ne justifient pas les mmes modes de conduite de projets. On ne peut donc pas les assembler sur le mme plan, dans un discours unique sans mettre en pril la cohrence de l'ensemble. Il convient, pour le gestionnaire de station, de choisir lequel des deux arguments aura la primaut sur l'autre. Exposer clairement les raisons de ce choix est d'autant plus fondamental qu'il permet de prciser les limites concrtes du programme d'amnagement.

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  • 20 Le projet de station Le second chapitre de l'ouvrage tudie le fonctionnement de la station en tant que projet politique et administratif local. La mthode de reprage des contraintes conomiques expose, le propos analyse le projet d'amnagement et de dveloppement des stations. Il donne un aperu chronologique des politiques d'aide au tourisme dans une perspective d'amnagement du territoire. Il dcrit les manires dont le pouvoir politique gre les relations entre la demande sociale et l'offre institutionnelle. Ds l'origine, la station apparat au cur de l'amnagement oprationnel pour au moins trois raisons :

    - l'identification et le traitement des opportunits spatiales demandent aux acteurs - et de manire notoire, l'origine, l'tat - une attitude faite si-multanment d'implication dans les "coups", dans des actions fortes de dveloppement spatial et de distanciation par rapport au flux incessant d'initiatives qui peu peu mergent du gouvernement local. Le chemin direct qui mne de l'intention la ralit concrte, c'est--dire de l'ide l'image et de l'image la ralisation impliquent un terrain de mise en uvre, de projection. Espace-support, ce terrain va devenir trs vite, ds la dcentralisation, territoire, c'est--dire espace produit (Vles, 1992, p. 63). En amnagement touristique, ce terrain a un nom : la station , que le milieu soit urbain, patrimonial, balnaire, montagnard, rural. - le second facteur qui situe la station au centre des proccupations du dveloppement et de la commercialisation touristiques rside dans le fait que l'acteur public est dans la ncessit, pour agir, de recourir l'amna-gement, la planification et la programmation, donc de dpasser l'phmre et de prendre en compte le temps dans la trame qui porte son action : l'espace gographique n'est pas la seule variable que l'amna-geur doit prendre en compte : "l'espace de temps", le moment ("moment" tait la dfinition du mot espace au XIIe sicle) dterminent le sens de son intervention. Le concept de station est porteur aussi d'histoire, fut-elle courte (on pense ici aux stations nouvelles, qui n'en sont pas moins por-teuses de mmoire politique puisqu'elles se situent dans une stratgie de dveloppement local long terme). - enfin, seul le territoire de la station fait l'objet des dcisions concrtes qui permettent, par le mcanisme de l'explicitation (tude de faisabilit, tude des impacts, ngociation et concertation, information de la popula-tion), d'enchaner l'intention d'amnager et de dvelopper (qui appartient au politique) sa matrialisation (qui relve du domaine des techniques). On insistera donc sur les liens qui unissent l'espace, le territoire, le pa-trimoine dans la reprsentation du site touristique.

    Les politiques d'amnagement touristique acquirent, dans cette perspective, "une appropriation collective (politique) de l'espace gographique par la mdia-tion de ralisations techniques : constructions de dispositifs techniques, modifi-

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  • Liminaire 21 cations de configurations spatiales, toutes initiatives locales visant faciliter cette appropriation. S'il passe toujours par des ralisations techniques, l'amna-gement ne s'y arrte pas. Il s'agit d'une activit en perptuel devenir, sans cesse reprendre : l'amnagement est celui du patrimoine de l'humanit (au sens large : bti, paysager, naturel), donc est constitutif de l'espace habitable (Boutinet, 1993, p. 103). La rorganisation territoriale est certes fonction de techniques, de potentialits, de gisements. Mais aussi et surtout du jeu dmocratique d'appro-priation des projets sur le plan local. Le lent dsengagement de l'tat dans la conduite des politiques d'amnagement touristique au profit des collectivits lo-cales marque l'avnement d'une nouvelle forme de la conception de l'intervention conomique sur l'espace qui laisse une large place aux principes d'aide l'galit des chances , de respect de la diffrence et de contractualisation (Vles, 1993, I, p. 13-14). Le troisime et dernier chapitre de l'ouvrage traite de la conduite du projet de station. L'tude des modes de conduite du projet d'amnagement touristique permet l'application dtaille de ces concepts. Leur comprhension scientifique repose non seulement sur l'observation, mais bien plus sur l'exprimentation. Car tout concept d'amnagement finit par perdre son utilit, sa signification mme me-sure que l'on s'carte des conditions exprimentales au sein desquelles il a t formul. Le dessein, les mthodes, tout est fonction du domaine d'exprience et implique la prise en compte, en amnagement, de trois paramtres principaux :

    - le diagnostic des atouts et contraintes et l'identification des possibles, de ce qui constitue la singularit du projet d'amnagement touristique en station ; ils impliquent une analyse diffrentielle des avantages sur l'espace social, un examen critique des diffrences port en termes d'opportunits et de forces, de menaces et de faiblesses. - la dtermination du possible et du plausible, la prise en compte du temps avec ses dlais, son horizon indtermin qui disqualifie, tout particulirement en station, ce qui est de l'ordre du ponctuel et de l'immdiat. La construction du projet d'amnagement de la station se fonde ainsi sur un mode d'anticipation adaptatif : la prvision de l'volution de la demande de loisirs. Cependant, dans des cas qui ne sont pas ncessairement rares, ce mode d'anticipation est volontiers de type empirique, il est bti sur la prvoyance (les oprations innovantes, notamment, reposent pour une large part sur l'exprience acquise sur le tas, sur l'observation intuitive des vnements) ou sur la prvention (Plans d'Exposition aux Risques, Loi Littoral, Loi Montagne, etc.). - la dfinition du programme par la ngociation permanente (le contrat) entre les diffrentes instances de la collectivit qui cherche matriser l'espace ; en tant que tels, les projets d'amnagement relvent le plus souvent de procdures de concertation entre acteurs dont les objectifs et les reprsentations sont diffrents ; c'est sur ce principe de diffrence qu'est contractualise la distribution de l'aide au dveloppement touristique. En dveloppant le projet de station, en le rendant

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  • 22 Le projet de station

    oprationnel, l'amnageur transforme les modes d'anticipation par la rationalisation : le mode d'anticipation opratoire "dcoupe" les figures de l'anticipation en but, objectif, plan. La science de l'amnagement met ses moyens au service de l'anticipation : elle se veut elle-mme prvision et ses calculs se sont dvelopps en mme temps que les calculs de probabilit. Les anticipations de type rationnel ou dterministe de l'amnageur hirarchisent la construction du projet vis--vis d'une logique de l'action humaine :

    - la politique de station dfinit la stratgie et finalise l'activit en lui fixant un niveau de performance; elle est insparable de l'action dont elle constitue le terme ; elle formalise un but et c'est l une difficult majeure pour l'amnageur, souvent enclin substituer l'action au but, le moyen la finalit, l'quipement touristique sa destination. - l'objectif est une quantification du but : il consiste fixer, selon une chelle numrique, un niveau de rsultat atteindre. L'objectif est normatif, producteur d'une norme extrieure atteindre. - le plan d'actions dfinit les tapes intermdiaires par lesquelles doit passer l'action pour atteindre le but ou l'objectif fix.

    La planification du projet d'amnagement touristique de la station considre dans un mme ensemble la fin poursuivie par l'action et les moyens qu'il lui faut mettre en uvre. Elle ordonne but, objectifs et moyens dans un projet d'esquisse entre le possible et le souhaitable. A partir d'un diagnostic de situation, elle articule l'ensemble des paramtres qui agissent sur le traitement de la question. A son issue, l'analyse profile dj une ralisation possible qui prend en compte des manques, carences, zones d'incertitude, insuffisances, dysfonctionnements ob-servs, contraintes et obstacles, les uns considrs comme insurmontables, les autres surmontables selon des critres spcifier.

    On le voit, la prospective du projet d'amnagement de la station touristique met en confrontation des solutions d'ordre politique et institutionnel (volont, strat-gie), des problmes d'ordre mthodologique, et un aspect rglementaire ; son analyse est celle de la construction d'une action locale, aborde sur plusieurs fronts : le projet d'amnagement constitue un guide efficace l'action, permet de passer sans encombre de la phase de conception la phase de la ralisation. Les dcalages entre ce qui a t projet et ce qui sera ensuite concrtis sont inhrents au projet mais dpendent aussi d'erreurs de mise en uvre. Le projet est plus qu'un simple concept : il porte une part de l'avantage marchand que ses promoteurs comptent en tirer. Il devient ds l'origine porteur de symbole. S'interroger sur ces symboles revient analyser le projet de station touristique non plus seulement dans sa valeur anticipatrice mais galement comme rgula-teur social.

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  • Liminaire 23 La crise de lgitimit que semble connatre le systme de production de l'amnagement touristique amne les acteurs politiques une dissociation entre prvision et projet. En effet, contrairement ce qui s'tait pass jusque dans les annes 1980, les systmes de prvision sur les consommations touristiques apparaissent aujourd'hui comme de plus en plus alatoires. Incapables de prvoir les formes de l'actuelle mutation socio-conomique et ses diffrentes manifestations dans le secteur de la consommation des loisirs, ils sont galement dans l'incapacit de tracer l'pure de l'volution choisir en station. C'est sans doute la raison pour laquelle le concept mme d'amnagement touristique est entr provisoirement en crise. On y parle de moins en moins de prvision, de planification, de prospective. Et pourtant le paradoxe veut que l'on assiste encore une inflation dans le recours au projet : la conduite du projet d'amnagement touristique est mobilisateur. Elle existe peut-tre mme moins comme outil de programmation que comme moyen de fdrer les groupes sociaux. On l'a apprci souvent en tant que tel. La gestion des carts entre ce qui a t planifi et ce qui est ralis a permis de reconnatre sur quelques tudes de cas l'autonomie de la pratique par rapport au projet, d'valuer les impondrables et, plus encore, la capacit des stations les tolrer. Cependant, on a toujours veill mettre en vidence le ou les para-mtres qui tiennent le principal rle dans ce qui fait la singularit du projet d'amnagement de la station, c'est--dire qui permettent de rendre compte de sa russite ou de son chec. En consquence, l'analyse des modes d'amnagement et de gestion des sta-tions touristiques propose ne cherche ni constituer un recueil exhaustif des faits ni en dresser une typologie. Elle s'efforce par contre de mettre en relief les modes d'intervention jugs pertinents au regard du contexte gnral du tourisme et susceptibles de revaloriser le projet d'amnagement de station aussi bien que les acteurs, les enjeux et les stratgies qui ont produit et dvelopp ces stations jusqu' ce jour.

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    Chapitre 1

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    Introduction Les deux premiers chapitres de l'ouvrage traitent des mthodes de l'analyse qui permettent l'expert d'laborer son diagnostic conomique et social de la station : ils positionnent le projet de station touristique comme rsultante de phnomnes conomiques et sociaux d'une part, de politiques publiques locales d'autre part. La mthode propose scinde volontairement les deux logiques. Certes, partir de l'tude de l'volution des mthodes de conduite du projet on peut reconstituer les idaux de ceux qui le proposent. Mais comme l'amnageur est parfois plus proccup de doctrine urbaine que de march conomique, la mthodologie expose rappelle que l'amnagement des stations est directement li aux logiques marchandes et qu'il convient, avant toute chose, d'en bien discerner les contours. Car le systme de production touristique local rpond l'volution de la demande de loisirs, une consommation de produits qu'on appelait encore, il y a trente ans de cela, "vacances"(*) : cette demande et avec elle le produit touristique ont chang. On ne peut rduire les objectifs de l'amnagement de la station la seule affirmation d'une intention politique. S'il reproduit parfois l'impression qu'un dessein a laiss dans l'espace, il est souvent aussi l'empreinte du changement social. Les plans de dveloppement de la sta-tion ne sont pas seulement les signes d'une politique urbaine, ils refltent ga-lement le mode de vie de toute une socit. Dans cette perspective, revisiter le vocabulaire usuel pour comprendre non seulement le sens des mots employs, mais surtout leur acception diachronique s'avre utile. Car la smantique(*) de l'amnagement touristique n'est pas fon-de sur une corrlation fixe entre arguments et ralisations, sur une dpendance qui serait tablie par un code, sur une quivalence entre l'expression de la volont des dcideurs et les interventions des oprateurs. L'amnagement n'est pas seulement un ordonnancement technocratiquement hirarchis, mais il apparat plutt comme la rsultante d'une dynamique ngocie de composition

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    sociale et spatiale : la politique publique d'amnagement et de dveloppement de la station infre et suit l'volution des situations du march et de la socit. Cependant le projet de station est dot d'une fonction symbolique chaque fois qu'un amnagement suggre, au-del du sens qui lui est immdiatement assi-gnable, un signifi indirect. Le projet de station est symbolique : il reprsente autre chose en vertu d'une correspondance analogique1. Les signes concrets de l'action touristique voquant quelque chose d'absent ou d'impossible percevoir appartiennent au champ symbolique : le btiment du Palais des Congrs ou du Casino, symbole du pouvoir financier d'une activit conomiquement puissante "marque" la station ou la ville de destination. Cet emblme concret s'adresse di-rectement l'intuition tant du citoyen que du touriste. Souvent, plus il demeure indchiffrable ou cach, plus il vit et prospre ; pour qu'il y ait politique publique d'amnagement touristique, il faut qu'il y ait symbole, c'est--dire analogie mais aussi opacit. Le projet de station est messager d'une symbolique non seule-ment lorsqu'il est porteur d'analogie entre des formes de l'urbanisation touris-tique et la demande sociale, mais aussi lorsqu'il recouvre un flou de significa-tions. C'est dans cette optique que s'insre l'tude du sens des stratgies conomiques et politiques du projet de station. Elle requiert la mise en uvre d'un certain nombre de mthodes spcifiques aux sciences de l'amnagement appliques au dveloppement touristique.

    *

    * * Les contraintes conomiques psent sur la conduite du projet oprationnel de station. Elles interviennent tous les chelons gographiques, territoriaux et dterminent les conditions dans lesquelles joue la concurrence. A l'chelon international, par exemple, les flux touristiques constituent une des activits les plus dynamiques des changes conomiques. L'Organisation Mondiale du Tourisme a observ qu'entre 1960 et 1992, le nombre de touristes dans le monde est pass de 70 475 millions de personnes et que les recettes induites ont progress de 7 278 milliards de dollars. Ce mouvement est en forte crois-sance : les recettes ont augment de 14% de 1980 1985 et de 120% de 1985 1992 (+ 17,8 % par an pour les recettes procures par le tourisme international en France). Les arrives ont augment de 15 % de 1980 1985 et de 40 % de 1985 1990 (+ 7,1 % par an en France de 1985 1992). Cependant ces taux 1 : dfinition du symbole donn par le dictionnaire philosophique Lalande, 1968, p. 1080.

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    d'augmentation du phnomne connaissent un lger tassement en cette dernire dcennie du sicle. Toutes les stations ne sont pas touches de manire identique. Qu'y a-t-il, derrire ces termes et ces chiffres, qui puisse aider laborer un projet de station ? 1. La station touristique comme destination : utiliser les units de compte bon escient La station tire son originalit conomique du processus invers qui lie la consommation touristique au dplacement des consommateurs vers le produit consommer. Ce phnomne de dlocalisation a le grand avantage de per-mettre, par la mesure des flux de clients, l'valuation de la consommation mais galement celle des processus de relocalisation qui concernent la production des quipements d'accueil. On aurait tort cependant de rduire l'analyse des destinations la perception de sommes d'argent se dplaant dans l'espace. La rduction de la connaissance des flux celui de la connaissance des pouvoirs d'achat, des investissements, des gisements conomiques est lourde de signification : cette forme de mpris (J.D. Urbain, p. 47) dvalorise le touriste en ne le reconnaissant pas en tant qu'homme. A terme, elle dvalorise donc galement ce mme produit, le banalise et, ce faisant, provoque en station des rfrences et des comportements antitouristes. Si l'estimation conomique lgi-time l'action du planificateur, la sous-estimation culturelle du tourisme peut dterminer sa sous-estimation conomique. Le travail sur la satisfaction du visiteur en tant qu"tre culturel" est indissolublement li la valorisation long terme de la station. La diffrence fondamentale entre le touriste et la vache lait est que le touriste est Homme : au fil des annes, l'homo touristicus , exigeant, a acquis une autonomie de dcision qui embarrasse dj (et embarrassera sans cesse davantage) les professionnels de la commercialisation du produit touristique. Les tenants de l'optique "produit" le savent pourtant bien : on n'attire pas le touriste en station comme on coule des paquets de lessive en supermarch. La diffrence entre ces deux "objets" qui justifient leur mise en vente est essentielle et rside entirement dans leur contenu : le produit touristique tmoigne de l'insertion dans la vie sociale et culturelle et rfre l'panouissement de l'individu ; c'est un service d'enrichissement de l'tre humain. Le paquet de lessive est d'essence purement utilitaire et matrialiste : il agit sur le paratre. Ces raisons, qui paraissent essentielles, fondent la prsentation qui suit de la station comme destination (*) . On y rduit l'analyse conomique ce qu'elle doit rester nos yeux : un moyen, non une fin. (*) : ce symbole renvoie la dfinition du terme propos en fin d'ouvrage dans le glossaire (rappel)

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    1. Frquentation de la station et structure de l'hbergement rceptif Les services d'accueil, d'hbergement et de transport constituent la base de l'ac-tivit touristique. Leur importance, leur qualit, leur adaptation la demande conditionnent l'importance des flux touristiques, mais galement en dpendent. Ces services prsentent trois contraintes majeures en terme de gestion de la station : leur activit est, pour une large part, saisonnire, ce qui requiert une souplesse de gestion des structures, une surface financire suffisante et un vo-lant de trsorerie important ; d'autre part, leur fonctionnement ncessite beau-coup de main-d'uvre, ce qui aggrave la prcarit de l'emploi en station lie son caractre saisonnier ; enfin, leur production ne peut pas tre stocke: une structure d'hbergement ou de transport non utilise ne peut tre reporte. Les infrastructures touristiques sont prvues pour les priodes de pointe: elles sont donc sous-utilises en dehors de la haute saison. Cette non utilisation est co-teuse. Seule une politique tarifaire labore permet d'chapper cet inconv-nient majeur.

    Le travail en office de tourisme ou en Socit d'conomie mixte sur la structura-tion de l'offre en hbergement est donc incontournable en station touristique. L'quipement rceptif comprend la fois les installations que le touriste utilise pour se loger, mais aussi pour se nourrir et les services qui y sont rendus. Il lui offre la possibilit d'acheter une nuite, donc de sjourner. L'hbergement est ainsi la composante principale du produit touristique, mme si elle n'est qu'un segment de la production touristique. D'autres formes de services s'adressent aux touristes : la restauration, les produits "souvenirs" en sont les manifestations les plus courantes, les moins originales mais pas des moins prises. Si l'Etat a mis en place depuis quelques dcennies une politique de structuration de l'offre (il exerce un contrle qualitatif de l'hbergement), l'quipement rceptif de la station a toujours t entirement soumis aux lois du march. Aujourd'hui encore, ce secteur cl de l'industrie touristique, touch par les phnomnes de consommation et de standardisation des produits, connat une prodigieuse di-versification des formes de sa gamme, adaptes chaque clientle. On value la capacit d'accueil de la station avec une unit de compte commune: le lit. Lorsqu'on n'en connat pas le nombre prcis, on l'estime en affectant les donnes recenses d'un coefficient : Htel homologu : nombre de chambres x 2 Camping class : nombre d'emplacements x 3 Gtes et chambres d'htes : nombre de gtes x 4 Rsidences secondaires : nombre de rsidences secondaires x 5 Meubls touristiques : estimation par les agences immobilires, source FNAIM.

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    L'hbergement rceptif d'une station (souvent nomm en jargon de mtier " le rceptif") est compos : * de lits(*) banaliss (mis en location)

    - de l'htellerie et de ses formes drives (para htellerie) : villages de va-cances(*), maisons familiales de vacances(*) , - du camping(*) et de ses formes drives (htellerie de plein air) : carava-nage(*) , habitations lgres de loisirs(*) , - des meubls et de leurs formes drives : gtes ruraux(*) , familiaux(*) , communaux(*) , villages de gtes(*) , chambres d'htes(*) , gtes d'tape(*) ...

    * de lits non banaliss (indisponibles pour la location) : les rsidences secon-daires et les rsidences principales accueillant parents et amis. L'augmentation de la part du nombre de lits banaliss dans la capacit totale d'hbergement de la station est fondamentale en termes de gestion : la matrise de la frquentation en hors saison, l'accueil de clientles nouvelles, le choix de cibles diversifies, la segmentation du march par la direction de station ne sont possibles que lorsque l'hbergement est adapt. Les lits banaliss permettent l'application des politiques commerciales locales. Le rsident secondaire, pro-pritaire de son logement et qui ne le met pas en location lorsque ce dernier est inoccup, fige l'hbergement rceptif et, ce faisant, empche une possible ex-tension de l'conomie touristique de la station. Malheureusement, mme si leur part diminue globalement1 , leur nombre reste important, spcialement dans les stations balnaires. Le nombre de rsidences secondaires en France reste lev : en 1982 on en comptait 2 666 700 et 2 822 295 en 1990 (l'valuation du nombre de lits de r-sidences secondaires est donne dans le Recensement Gnral de la Population publi par l'INSEE). 1 : Les comparaisons demeurent dlicates sur la dernire dcennie : le Ministre du Tourisme tient jour, avec le concours des directions rgionales de l'Insee et les services prfectoraux, les fichiers des hbergements classs, c'est--dire conformes des prconisations prcises par voie rglementaire. Il s'agit notamment du parc htelier, des campings classs, des villages de vacances et des rsidences de tourisme. Ces informations sont compltes par des donnes fournies par les principales organisations reprsentatives des hbergements de jeunes (Auberges de jeunesse), des gtes ruraux et des locations meubles saisonnires. Cependant, la cration d'une nouvelle catgorie - celle des logements occups occasionnellement - tout en apportant une clarification ncessaire dans le recensement du parc des rsidences secondaires, perturbe les comparaisons avec le pass. On note globalement en France que :

    - dans la dcennie prcdente (1975-1985), l'augmentation des lits avait t trs forte dans certains secteurs (Villages de vacances: + 34 %, campings: + 77 %, gtes ruraux: + de 100 %) plus faible dans d'autres : htels = 993 000 lits en 1985 (+15 %par rapport 1975), rsidences secondaires (+ 25 %). - par contre, le nombre de lits d'htels a diminu sensiblement de 1992 1993 = - 20 000 environ ( 1 198 272/1 178 432), le nombre de lits de campings classs a fortement augment (2 662 200/2 798 742

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    Part relative de chaque catgorie du parc d'hbergement en France (17163 lits au total en 1994)*:

    Nature de l'hbergement * Part en lits 1985 Part en lits 1994 Htels homologus 6,8 6,6 Campings classs 16,2 16,1 Villages de vacances 1,4 1,4 Gtes et chambres d'htes 0,9 1,3 Rsidences de tourisme 1,1 1,4 Meubls touristiques 2,6 Auberges de jeunesse 0,1 0,1 Rsidences secondaires * 73,0 70,0

    (Estimations : Direction du Tourisme)

    1. Les htels, cafs et restaurants (H.C.R.) Forme traditionnelle de l'hbergement touristique en station, l'htel de tourisme(*) loue des chambres ou appartements meubls la nuit, la semaine ou au mois. La notion de chambre en htellerie recouvre un local o deux personnes peuvent prendre place. La France dispose d'un parc d'hbergement htelier considrable et qui a t, jusqu' ces dernires annes, en augmentation constante : 1,19 millions de lits en 1992 contre 0,97 millions de lits en 1985. Ce parc connat ce-pendant une diminution de sa capacit depuis 1992 (baisse de 20 000 lits de 1992 1993). Certains sites, notamment urbains, apparaissent aujourd'hui sur-quips. Les htels de tourisme et les rsidences htelires offrent la location environ 30% de lits en plus qu'en 1985. Cependant, en valeur relative, la part de l'htel-lerie dans la capacit totale d'hbergement dcrot. Si l'htellerie offre les plus fortes capacits d'hbergement dans les pays indus-trialiss, sa place, en valeur relative diminue : 7,9% des touristes franais y ont sjourn en 1992 contre 9 % en 1970. La Direction du Tourisme recense, en France, environ 19 147 htels de tourisme (homologus) offrant 567 000 chambres (catgorie en augmentation de 4 % par an jusqu'en 1989, en lgre diminution depuis 1991) et 29 000 htels de Prfecture (non homologus) offrant 300 000 chambres (catgorie en diminution de plus de 1 % par an).

    Ces htels sont classs en cinq groupes (une, deux, trois, quatre et quatre toiles luxe) en fonction du niveau de confort . Le premier but de ce classement est d'informer le touriste par un label de qualit. Cette opration administrative s'appuie sur des critres objectifs (nombre de chambres, surfaces, quipements

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    divers) et relve de la responsabilit du Prfet qui classe partir d'un tableau annex l'arrt du 16.12.1964, aprs avis d'une Commission dpartementale. On constate un glissement trs sensible vers les catgories moyenne et haut de gamme. Ainsi, de 1985 1994, la catgorie une * (1) diminue de plus de 50% (4751 h-tels, 80 000 chambres) ; la catgorie deux * qui offrait 175 000 chambres connat un dveloppement rapide du fait du dveloppement des chanes volontaires et intgres: IBIS, CLIMAT DE FRANCE, ARCADE, CAMPANILE... et offre 302 854 chambres (augmentation de plus de 70 %) (10602 htels) ; la catgorie trois * qui offrait 82 000 chambres augmente galement (+ 80 %) (3267 htels, 148 334 chambres) ; la catgorie quatre * "luxe" qui offrait 34 000 chambres augmente, mais plus faiblement : elle offre 30 090 chambres dans 527 htels. Capacit et frquentation moyennes de l'htellerie homologue : Catgorie Capacit 1985 Capacit 1994 Evolution Nuites nombre de nombre de 85-94 1993 chambres chambres % millions 1 * 175 000 80 124 - 54 19, 2 * 175 000 302 854 + 73 75,7 3 * 82 000 148 334 + 81 36,9 4 * et luxe 34 000 36 090 + 6 10,3

    Sources : Ministre du Tourisme, Direction de Tourisme Les deux dernires catgories jouent un rle important auprs des touristes trangers qui reprsentent respectivement 60 et 80 % de leur clientle. Ces htels offrent des types d'hbergement trs diversifis : relais de tourisme(*), motels(*), htels - rsidences de tourisme(*)...

    n station touristique, on aura avantage diffrencier le parc en au moins deux grands types d'tablissements : les htels familiaux au comportement patrimonial et les htels intgrs ou comportement

    entrepreneurial. Le premier type regroupe l'htellerie traditionnelle, en voie de marginalisation progressive, mais qui occupe encore la part la plus importante de l'offre. Ces h-tels totalement indpendants sont de type familial, regroups essentiellement dans les stations touristiques anciennes balnaires ou de montagne et en milieu rural, et offrent essentiellement des chambre de catgorie une ou deux toiles. Leur gestion financire rpond la plupart du temps un comportement patrimo-nial o le retour sur investissement n'est pas la proccupation dominante. Leur rentabilit dpend de nombreux facteurs qu'ils ne matrisent pas et de la rigueur de leur gestion : ils subissent gnralement des cots fixes levs ds aux lon- (1) : * usage de transcription de l'appellation " une toile "

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    gueurs des priodes de fermeture et au faible taux d'occupation en basse saison. Leur cot de rachat lev, leur rentabilit faible provoquent souvent des dif-ficults de transmission qui se soldent souvent depuis les annes 85 par une cessation d'activit. Le CREDIT D'EQUIPEMENT DES PETITES ET MOYENNES ENTREPRISES (C.E.P.M.E.) et les syndicats hteliers ont cr en 1980 "ACOTEL", association qui facilite le rapprochement des vendeurs et acqureurs et propose des services d'tude et un fichier. Depuis 1991, les enqutes de conjoncture font apparatre des rsultats contrasts mais dans l'ensemble peu satisfaisants concernant ce type d'tablissements : le comportement gnral de la clientle semble dsormais plutt dfavorable cette forme d'hbergement. L'enqute annuelle ralise par le C.E.P.M.E. confirme cette tendance qui a tou-ch en 1992 toutes les catgories d'htels. Les tablissements implants en sta-tion rurale sont plus fortement touchs par ce mouvement : les baisses de fr-quentation y sont plus marques, pouvant aller jusqu' dix points d'cart par rap-port aux autres catgories d'tablissement. En station, ces htels sont soumis aux alas de la frquentation saisonnire et aux changements des comportements de clientle. Le retour sur investissement n'est possible pour cette activit qu'aprs une priode assez longue (4 6 ans en moyenne). Les htels de chane font donc face aux fluctuations de frquenta-tion plus facilement. Dans l'htellerie familiale marque par un trs grand nombre de petites et moyennes entreprises, le recul de l'activit d'hbergement, lui-mme li celui de la restauration, entrane ces dernires annes une baisse du chiffre d'affaires. Les tablissements les plus touchs par ce mouvement ont t les trois toiles, surtout ceux avec restaurant qui ont perdu 12 % en moyenne de leur chiffre d'affaires. Les marges de manuvre tant rduites la com-pression des frais de personnel et la rduction des postes de consommations intermdiaires, l'adhsion des chanes volontaires a permis de rduire certains cots et de bnficier en retour d'une bonne frquentation de la clientle tran-gre europenne. Ces chanes volontaires apportent aux hteliers indpendants des avantages comparables aux chanes intgres, appels "effets de chane" : dition de guides de promotion communs, campagnes de publicit et de pntration de marchs nouveaux, systmes de rservation centraliss et informatiss, grou-pements d'achats pour les quipements hteliers, assistance technique et conseil en gestion. Ces chanes sont spcialises dans certains crneaux du march htelier : MAPOTEL aujourd'hui affilie la chane amricaine BEST WESTERN, INTER HOTEL, chane europenne (165 tablissements de 2 3 *), LOGIS DE FRANCE qui regroupe des "htels familiaux" 1 et 2* et des "auberges", plutt localiss en milieu rural et reprsentant la branche "traditionnelle" des 2 *, ou l'ASSOCIATION TOURISTIQUE HOTELIERE, implante en rgion parisienne et Val de Loire, FRANCE-ACCUEIL, cooprative dans l'Ouest, les Pyrnes et l'Auvergne (143 tablissements en 1990), CHATEAUX INDEPENDANTS, RELAIS ET CHATEAUX qui regroupent des chteaux-htels, des relais de campagne en Europe et hors Europe(377 tablissements en 1990 rpartis dans 37 pays offrant surtout des 3 et 4 *), LES RELAIS DU SILENCE, spcifiquement "calmes" ou rputs tels, chane implante en France, en Rpublique Fdrale d'Allemagne et Suisse. A ct de cette catgorie htelire traditionnelle, le second type d'tablissements est constitu par les chanes intgres qui contrlent j